Résistants d’extrême-droite ? Est-ce un oxymore ? Loin s’en faut !
“C’est la gauche qui a exploité la Résistance, mais ce sont des gens de droite qui l’ont créée ! “
Ainsi s’exprime en 1987 François de Grossouvre, conseiller personnel de François Mitterrand et ancien résistant, face à l’historien Dominique Venner, qu’il incitera 2 ans plus tard à écrire sa grande “Histoire critique de la Résistance”.
La droite qu’évoque François de Grossouvre n’a d’ailleurs rien de modéré, les premiers Résistants étant très souvent issus de l’extrême-droite des années 30. C’est d’ailleurs le même euphémisme qu’utilise Alain Griotteray, plus jeune chef de réseau de la France combattante, dans le titre de son livre “1940 : La droite était au rendez-vous. Qui furent les premiers résistants ?”
En témoigne également l’ancien député SFIO Félix Gouin : “Les premiers émissaires du gaullisme participaient à peu près tous de l’état d’esprit qui animait les adhérents de Londres […] Nous fûmes inquiets et troublés des liaisons que nous découvrions entre eux et tel groupement de droite et d’extrême-droite. A la réflexion, cela peut s’expliquer, je crois, assez facilement. Les gens de droite étaient en général des hommes d’action en lutte violente avec le conformisme régnant.“
En effet, contrairement à la vision manichéenne de la Seconde Guerre Mondiale qui s’est imposée dans la doxa, la Résistance comptait dans ses rangs de très nombreux hommes issus de l’extrême-droite, et ce sont mêmes les premiers à s’être mobilisés dès 1940. Ces résistants sont très souvent issus de l’Action Française, mouvement royaliste dirigé par Charles Maurras, mais également de la “Cagoule”. Originellement nommée Organisation secrète d’action révolutionnaire nationale (OSARN), la Cagoule est une organisation nationaliste clandestine qui mène des actions de terrorisme (assassinats, attentats, trafics d’armes) dans les années 30. Son idéologie puise à la fois dans l’anticommuniste, l’anti-républicanisme et l’antisémitisme.
Pourtant, les hommes de l’Action Française (AF) et de la Cagoule vont massivement se mobiliser contre les Allemands dès l’armistice. De même, des gens de gauche, socialistes, communistes ou pacifistes vont se retrouver dans la Collaboration active, d’une façon bien plus marquée que Vichy qui mène une bien tiède “collaboration” de compromis.
C’est un paradoxe français qu’on a du mal à comprendre lorsqu’on étudie les événements en noir et blanc comme on l’a généralement fait à l’école.
Dans cet article, nous avons donc choisi de mettre en avant dix personnalités aux destins variés mais qui partagent tous deux points communs : ce sont des Résistants, et ils sont issus de l’extrême-droite.
1) Paul Dungler
Paul Dungler est dans sa jeunesse dirigeant des Camelots du roi de Thann, mais il rompt avec l’Action Française pour rejoindre la Cagoule. Au moment de l’armistice, il projette de retourner en Alsace pour organiser des groupes de combat clandestins en s’appuyant sur ses anciens camarades de l’AF et de la Cagoule. Sachant que plusieurs de ces derniers sont en poste à Vichy, il s’y rend en juillet 1940 où il rencontre son ami Gabriel Jeantet, un ancien de la Cagoule.
Il retourne clandestinement en Alsace à la fin du mois d’août, et fonde le 1er septembre 1940 à Thann la première cellule de ce qui deviendra la 7e Colonne d’Alsace. Il se rend ensuite à Lyon où il expose ses projets au général Frère, avant de retrouver Jeantet à Vichy. Celui-ci a créé en décembre 1940 l’Amicale de France, centre privé de propagande et de liaison créé dans le cadre de la Révolution nationale.
“Pendant près de 4 ans, dira Paul Dungler, l’Amicale de France, à Vichy, aura été ma maison et celle de la 7e Colonne d’Alsace. Elle est parvenue à me remettre régulièrement des fonds importants pour notre organisation.”
Le 23 février 41, par l’entremise de Jeantet et du Dr Ménétrel, il a été reçu par le Maréchal Pétain qui lui a remis 500000 francs. Le chef de l’Etat lui a garanti sa protection et s’est longuement informé de la situation dans les 2 départements alsaciens annexés par le Reich.
Dungler est arrêté avec Jeantet à Vichy, fin juillet 1944, par la Gestapo et ils sont déportés en Tchécoslovaquie où les Américains les délivreront le 8 mai 1945. Ce résistant d’extrême-droite sera fait Officier de la Légion d’Honneur et recevra la Médaille de la Résistance.
2) Jacques Renouvin
Jacques Renouvin est avocat, ancien Camelot du roi qui rompt avec l’Action Française après l’échec du 6 février 1934. C’est un homme passionné et violent qui se fait remarquer en 1938 en giflant publiquement Paul-Etienne Flandin, ancien ministre et homme respecté. Ce dernier avait en effet envoyé un télégramme de félicitations aux signataires de l’accord de Munich. Renouvin correspond donc bien au qualificatif “d’excité d’extrême-droite”.
En tant qu’ancien militant de l’Action Française, il voue une haine viscérale à l’Allemagne, et après l’armistice, il part vers Montpellier. Là-bas, il rejoint le mouvement clandestin Liberté mené par un groupe de professeurs chrétiens-démocrates. Il commence également à mener des expéditions punitives contre les Français favorables à la tiède “collaboration” de Vichy.
Renouvin parvient à organiser des Groupes Francs (GF) dans la France libre. Ceux-ci vont commencer par de l’intimidation (déchirages d’affiches, sabotages de réunions, etc.) puis la violence va augmenter (ils brisent les vitrines ou incendient les locaux de leurs adversaires politiques). A la fin de 1941, Renouvin passe aux explosifs et organise des “Kermesses”. Ce sont des coups programmés à la même heure, le même jour dans plusieurs villes contre le même type d’objectifs.
A partir de l’occupation de la zone libre, les GF vont désormais organiser des attentats contre des réputés collaborateurs (policiers ou adversaires politiques). Renouvin, premier responsable des GF unifiés, est arrêté à Brive en février 1943. Le résistant royaliste sera torturé pendant des mois avant d’être déporté en Allemagne, où il meurt d’épuisement en janvier 1944.
3) Maurice Duclos
Maurice Duclos est un ancien membre de la Cagoule, matricule 478 dans l’OSAR, où il s’est principalement occupé du transport des armes entre la Belgique et la France. Son implication dans des actions terroristes de la Cagoule lui vaudront de passer 3 mois et demi à la Prison de la Santé.
Dès l’annonce de l’armistice, le 17 juin, il décide de passer en Angleterre et traverse la Manche à bord d’une barque de sauvetage. Il apprend l’appel du Général De Gaulle et se rend le jour même à Carlton Gardens pour se mettre à sa disposition.
Suivant le code Cagoulard, il prend un pseudonyme choisi dans le plan du métro parisien : Saint-Jacques. Duclos est le 2e agent de la France Libre envoyé en zone occupée. Sa mission est de mettre en place un premier réseau de renseignements.
Dès son arrivée à Paris 2 semaines plus tard, le résistant d’extrême-droite se rend chez son ami Gabriel Jeantet, ex-Cagoulard rallié au Maréchal. Ensemble, ils se rendent à Vichy où Pétain et plusieurs membres de son entourage sont informés de la présence de l’envoyé de Londres, mais il demeure libre de se déplacer. Duclos découvre qu’il bénéficie à Vichy de la protection de ses anciens amis cagoulards, ce qui va faciliter sa circulation en zone libre.
Duclos est un agent très actif de la France libre et il se couvre de gloire dans les combats de 1944. Après la Libération, il sera traîné devant la justice pour répondre de ses activités d’avant-guerre. “Malgré la guerre, la défaite, la Résistance, la vieille République n’a rien oublié et continue de poursuivre ses adversaires”, raconte affirme fort justement l’historien Dominique Venner.
Duclos s’expatriera définitivement en Argentine après ce procès de la Cagoule dont il gardera un sentiment amer.
4) Honoré d’Estienne d’Orves
Honoré d’Estienne d’Orves est ce que l’on pourrait appeler un “héros pur et sans reproche”, qui a su être à la fois gaulliste et pétainiste.
Honoré d’Estienne d’Orves est un monarchiste de très ancienne tradition. Ses aïeux, d’Autichamp et Suzannet, dont il invoquera l’exemple peu avant sa mort, ont chouanné, sacrifiant l’un sa liberté, l’autre sa vie, par fidélité à leur roi.
Au lycée, il est naturellement proche de l’Action Française. Il entre à Polytechnique en 1921 et en sort en 1923 et s’engage à la Marine Nationale. Il devient Lieutenant de vaisseau à partir de 1930.
L’armistice le surprend à Alexandrie où il sert sur le “Duquesne” en qualité d’aide de camp du vice-amiral Godfroy. En désaccord avec lui, il décide de rejoindre la France libre. Il arrive à Londres dans les derniers jours de septembre 1940.
Il est incapable de tenir en en place, et il se porte volontaire pour l’une de premières missions en France occupée. Il est le premier agent de la France libre à être muni d’un poste émetteur, et il organise un réseau de renseignement en Bretagne. Il prend des contacts à Paris, mais de retour à Nantes, il est trahi par son opérateur radio et arrêté par des agents de l’Abwehr, le 21 janvier 1941.
En mai 1941, il est condamné à mort avec huit de ses camarades par la cour martiale allemande. L’amiral Darlan fait tout son possible pour sauver sa tête en négociant avec l’amiral allemand Canaris mais le 21 août, l’aspirant Moser est abattu d’une balle dans le dos par un militant communiste, ce qui provoque une réaction allemande en représailles.
Dans sa cellule, se sachant condamné à mort, il dira sa fidélité au Maréchal Pétain en écrivant à sa famille : “Comme mes camarades, j’ai toujours respecté le Maréchal […]. Je n’éprouve bien entendu aucune amertume vis-à-vis de ceux qui n’ont pas donné à leur action la même direction que moi […] et je suis sûr qu’ils n’ont eu comme moi qu’un but : la grandeur de la France.”
5) Georges Loustaunau-Lacau
Georges Loustaunau-Lacau est un Béarnais, héros de 14-18, fondateur des réseaux “Corvignolles” (l’une des branches de la Cagoule militaire) en 1936, destiné entre autres à faire obstacle à des sabotages communistes qui s’amplifieront en 1939-40 à la suite du pacte germano-soviétique.
Loustaunau-Lacau crée 2 publications : l’une pour dénoncer le danger allemand, “Notre Prestige”, l’autre plus orientée sur l’anticommunisme, “Barrage”, à laquelle succédera “L’Ordre National”. Il y publie en 1938 plusieurs articles à caractère antisémite, ce qui ne l’empêche pas d’être farouchement anti-allemand.
Il loue à partir de septembre 1940 à Vichy l’hôtel des Sports pour y organiser, avec Marie-Madeleine Fourcade, un réseau de renseignements. Celui-ci prendra le nom de réseau Alliance, travaillera directement avec l’Intelligence Service (MI-6), et sera l’un des plus importants réseaux de résistance de toute la guerre.
Pendant plusieurs mois, Loustaunau-Lacau bénéficie de la protection occulte du Maréchal, son ancien chef, qu’il voit souvent en cachette et qu’il informe d’une partie au moins de ses activités.
Cependant, il manque de discrétion et après avoir tenté, avec près de 2 ans d’avance sur le débarquement allié, de fomenter un complot en Algérie, il est arrêté (le 18 juillet 1941) sur ordre de Weygand et expédié dans une geôle de métropole.
Toujours détenu lors de l’occupation de la zone sud, il sera capturé par les Allemands et déporté au camp de Mauthausen, dont il reviendra vivant à la fin de la guerre.
6) Marie-Madeleine Fourcade
Née Bridou, Marie-Madeleine a été mariée en premières noces à un officier du service de renseignement, le futur général Edouard Méric. (Après son divorce intervenu en 1947, elle épousera Hubert Fourcade.)
Marie-Madeleine est secrétaire générale de la publication anticommuniste “L’Ordre national” créée par Loustounau-Lacau, et son assistante au sein des réseaux Corvignolles.
Ensemble, ils vont créer le réseau Alliance, qu’elle reprend après l’arrestation de Loustounau-Lacau (18 juillet 41) avec le commandant Faye de l’armée de l’Air. Le réseau est parfois surnommé l’Arche de Noé, car les surnoms choisis par ses membres sont généralement des surnoms d’animaux. Elle est surnommée “Hérisson”.
Arrêtée par la Gestapo à deux reprises, elle parviendra à chaque fois à s’évader. Marie-Madeleine devient l’un des plus célèbres agents français de l’Intelligence Service.
“C’était une femme extraordinaire, d’une témérité et d’une audace incroyables” dira d’elle l’écrivain Armand Petitjean.
7) Colonel de la Rocque
Le colonel de la Rocque est avant la guerre président des Croix-de-Feu, mouvement nationaliste modéré car respectueux de la légalité républicaine, puis du Parti Social Français. C’est donc une personnalité politique de premier plan.
Il publie le 16 juin 1940 sous le titre “Résistance!” un éditorial qui condamne implicitement l’armistice à venir. La Rocque se tient en marge de Vichy, bien qu’il ait été nommé, membre du conseil national de l’Etat français sans le souhaiter.
Dès 1940, La Rocque établit des relations avec l’Intelligence Service (MI-6) et constitue le réseau Klan à partir de son large réseau. Il est arrêté par la Gestapo le 9 mars 1943 et déporté en Tchécoslovaquie.
Dès son retour de déportation, en mai 1945, il sera emprisonné, sans inculpation, sur ordre du Ministre de l’Intérieur, le socialiste Adrien Texier, à la suite d’une campagne des communistes. Le colonel de la Rocque mourra en détention le 28 avril 1946.
8) Georges Groussard
Georges Groussard a organisé à partir de 1936 la résistance aux menées communistes dans l’armée : les réseaux qu’il avait constitué étaient liés à ce qu’on appelle “la Cagoule militaire”. Il a ainsi noué des contacts avec Eugène Deloncle et les chefs de ligues ou partis nationalistes. Bien qu’il ait nié par la suite toute adhésion au CSAR, il figurait sur la liste des “abonnés” de l’organisation sous le matricule 537.
Ancien commandant de l’Ecole de Saint-Cyr en 39-40, il a créé, dans le cadre du ministère de l’Intérieur de Vichy, une structure officielle, les Groupes de Protection (GP) qui dissimulent le premier groupement destiné à une résistance armée en métropole.
Ainsi qu’il l’a expliqué dans ses souvenirs, Groussard recrute ses hommes au sein de l’ancienne Cagoule et dans les ligues nationalistes. Son second est François Méténier, ancien cagoulard, poursuivi par la justice pour complicité dans l’attentat contre le siège du patronat en 1937. Groussard confie le “service de renseignements” du CIE au Dr Félix Martin, ancien Camelot du roi devenu chef du 2e Bureau de la Cagoule sous les ordres de Deloncle.
L’aventure des GP de Groussard s’achève brusquement le 13 décembre 1940. Ce jour là, ils procèdent à l’arrestation de Pierre Laval, mais le régime nazi n’accepte pas cette intervention qu’il considère comme une tentative pour s’emparer du pouvoir, et envoie ses troupes le libérer. Groussard est désavoué et les Groupes de Protection sont officiellement dissous.
En juin 1941, toujours sous la protection du général Huntziger, Groussard part à Londres pour tenter de convaincre Churchill de signer des accords secrets avec Vichy. Il est arrêté à son retour sur ordre de Darlan mais il finit libéré puis passe en Suisse où il réactive des réseaux de renseignements militaires baptisés pour l’occasion «Réseaux Gilbert» et qu’il fait travailler pour l’Intelligence Service.
À la Libération, il refuse les étoiles de général que lui propose le Général de Gaulle, puis quitte l’armée et reste un antigaulliste viscéral.
9) Pierre de Bénouville
Pierre de Bénouville fait partie des résistants d’extrême-droite qui sont des anciens Camelot du Roi en rupture avec l’Action après la déception du 6 février 1934. C’est un jeune journaliste qui fut un temps proche de la Cagoule également.
Il est mobilisé en 1939 et fait prisonnier par les Allemands, mais parvient à s’évader en décembre 1940.
Maréchaliste dans un premier temps, il est rédacteur en chef du journal L’Alerte fondé par Léon Bailby. Il rejoint cependant la Résistance française, en s’engageant à Combat aux côtés d’Henri Frenay.
Bénouville devient membre du comité directeur de Mouvements unis de la Résistance lors de leurs création. Il s’implique dans la mise en place de contacts entre les mouvements de Résistance intérieure, sous le pseudonyme Barrès, en référence à l’écrivain Maurice Barrès, figure du nationaliste français.
Il rejoint Alger en avril 1944 pour échapper à la Gestapo puis combat en Italie. Bénouville est promu général de brigade à trente ans par le général de Gaulle, ce qui fait de lui l’un des quatre généraux de brigade FFI. Naturellement, il est aussi fait Compagnon de la Libération.
10) Pierre Fourcaud
Pierre Fourcaud, dont l’activité avant-guerre n’est pas claire bien qu’il semble avoir fréquenté de très près la Cagoule ou les réseaux Corvignolles, rejoint le SR de la France libre le 15 juillet à Londres.
Ce futur résistant d’extrême-droite est rapidement envoyé en métropole via le Portugal, et il retrouve à Vichy ses amis Loustaunau-Lacau et Groussard.
Sa mission était de créer un réseau de renseignement, mais à son retour à Londres, il explique que c’est inutile, car les gens de Vichy ont fait eux-mêmes le travail. Tous ceux qu’il a rencontrés (Jeantet, Groussard, Loustaunau-Lacau, Heurteaux, etc) lui fournissent les renseignements sur les Allemands qu’ils peut transmettre aux Anglais. A Vichy, il est connu de tous, si bien qu’on l’appelle même “le représentant du général de Gaulle” !
Le 28 août 1941 il est arrêté par la sûreté du territoire à la gare de Marseille avant d’être transféré à Clermont-Ferrand d’où il parvient à s’évader le 10 août 1942. Le 1er septembre, il s’envole en compagnie de Henri Frenay et Emmanuel d’Astier de la Vigerie vers Londres.
Pendant les années 1942 et 1943, Fourcaud s’occupe principalement de structurer les commandos parachutistes de la France libre. En février 1944, il est déposé dans le Jura pour effectuer une mission en Savoie. Il est arrêté par les Allemands en mai 1944 mais parvient à s’évader et retourne à Londres.
Il rentre définitivement dans la France libérée en septembre 1944.
Sources :
“Histoire critique de la Résistance”, Dominique Venner
“L’extrême-droite dans la Résistance”, première et deuxième parties, Jean-Claude Valla
“Histoire de la Résistance”, François-Georges Dreyfus
“Quand l’extrême droite résistait, 1939-1945”, de Florent Leone et Christophe Weber (Fr., 2017, 55 min)
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14/12/2017 – 09h45 Paris (Breizh-info.com) – Ce sont deux reportages historiques de grande qualité que le service public a proposé il y a quelques jours sur la 5. Avec « Quand l’extrême droite résistait » et « Quand la gauche collaborait » les deux réalisateurs Florent Leone et Christophe Weber ont mis les pieds dans le plat de l’historiquement correct devenu doxa et brisé des tabous qui sclérosaient l’histoire contemporaine de la France depuis plus de 70 ans.
Quand l’extrême droite résistait
La légende veut que les pionniers de la résistance et ceux qui rejoignirent les premiers le Général de Gaulle aient uniquement été des hommes de gauche. Bien sûr, on connaissait quelques noms comme Pierre de Bénouville, Honoré d’Estienne d’Orves ou le futur Colonel Rémy. Mais leur origine politique était cachée . Or les premiers résistants, hormis les juifs, venaient le plus souvent d’une droite nationaliste très anti allemande, anciens de la Cagoule ou de L’Action française de Charles Maurras. De Londres à Alger ou dans les réseaux de résistance de la France occupée ou dans les maquis , leur rôle fut minoré car non conforme aux canons résistancialistes. En 2000 l’historien Jean Claude Valla consacra le premier, deux ouvrages à leur action sous le titre « l’extrême droite dans la résistance » (Réédité chez Dualpha).
https://www.youtube.com/watch?v=4Q2VPtBEkqk
Quand la gauche collaborait
Plus explosive encore est la révélation du soutien de nombreux hommes de gauche au gouvernement du Maréchal Pétain comme l’ancien Ministre du Front populaire Charles Spinasse , allant pour certains au collaborationnisme le plus ultra avec l’occupant allemand. Les premiers le firent souvent par pacifisme n’ayant pas à l’égard des allemands les préjugés de la droite nationaliste. Les deux grands partis de la collaboration furent le PPF de l’ancien dirigeant communiste Jacques Doriot et le RNP de l’ancien socialiste SFIO Marcel Déat. C’est le Paradoxe français bien décrit dans le film par l’historien israélien Simon Epstein . Celui-ci a étudié le parcours de personnalités qui s’engagèrent dans l’antiracisme dans les années précédant la Seconde Guerre mondiale avant de s’impliquer dans la collaboration sous l’Occupation. Inversement, il établit la surreprésentation par rapport à leur poids politique des militants d’extrême droite, en particulier antisémites, parmi les fondateurs de la Résistance et les premiers soutiens du général de Gaulle. De son côté [1]l’historien Pascal Ory professeur à Paris I montre bien l’influence qu’ a pu avoir l’ouvrage d’Alphonse de Châteaubriant La gerbe des forces ( récit hagiographique de ses voyages dans l’Allemagne nazie) sur des militants de mouvements de jeunesse socialistes ou ajistes comme le journaliste Marc Augier (le futur écrivain Saint Loup).
Un documentaire indispensable avait écrit l’Obs, ajoutant : « le téléspectateur n’est pas au bout de ses surprises ». Bien vu !
https://www.youtube.com/watch?v=gmQGhPTsR5I
Crédit illustration : DR
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