jeudi 2 novembre 2017

Islamisme et politique 31.10.2017 suite

Procès Merah : la défense plaide l'acquittement (01.11.2017)
Un directeur d'école égorgé par Boko Haram (31.10.2017)
New York : une attaque à la camionnette-bélier fait huit morts (31.10.2017)
GB: rencontrés sur un site, ils sont poursuivis pour préparation d'attentat (30.10.2017)
Nantes: elle refuse d'acheter son tapis, il vole son chien (31.10.2017)
Marseille : 100 Roms expulsés d'un squat (31.10.2017)
Turquie: reprise du procès des journalistes du Cumhuriyet (31.10.2017)
L'armée irakienne prend le contrôle de la frontière entre la Turquie et le Kurdistan (31.10.2017)
Collomb recevra les familles des victimes de l'attaque de Marseille (31.10.2017)
Aisne: 5 membres d'une famille tués par balle dans leur maison (31.10.2017)
La Russie lance une invitation aux kurdes pour un " congrès des peuples de Syrie" (31.10.2017)
Portugal: saisie de 1,3 tonne de cocaïne (31.10.2017)
Kaboul: forte explosion dans le quartier diplomatique (31.10.2017)
Kenya: Odinga promet de ne pas en rester là avec cette "parodie d'élection" (31.10.2017)
Chrétiens du Levant : 60.000 kilomètres en 4L pour rencontrer et témoigner (31.10.2017)
Europe : une pénurie de douaniers en vue avec le Brexit (30.10.2017)
Sept Palestiniens tués dans l'explosion d'un tunnel à la lisière de Gaza (30.10.2017)
Il y a cent ans, la déclaration Balfour ouvrait la porte à la création d'Israël (30.10.2017)
En Syrie, la famine ronge la région de la Ghouta (30.10.2017)
Enquête russe : selon Facebook, un Américain sur 3 exposé à un contenu de propagande (31.10.2017)
Cette nouvelle vague populiste qui secoue la Vieille Europe (30.10.2017)
Un algorithme est parvenu à identifier des personnes aux idées suicidaires (31.10.2017)
Signature de la loi antiterroriste : l'absence de Belloubet fait polémique (31.10.2017)
Joggeuse disparue : un corps «brûlé» a été retrouvé (30.10.2017)
À la Cinémathèque, Polanski dénonce les «zinzins» qui voudraient détruire son œuvre (30.10.2017)
32 attentats déjoués, 4457 perquisitions, 625 armes saisies : le bilan de l'état d'urgence (31.10.2017)
Catalogne : Carles Puigdemont s'exfiltre chez les Belges (30.10.2017)
Catalogne: les entrepreneurs prennent le large en catimini (31.10.2017)
La croix de Ploërmel ou la décomposition française (30.10.2017)
La France en a-t-elle fini avec la désindustrialisation ? (30.10.2017)



Procès Merah : la défense plaide l'acquittement (01.11.2017)
Par Jean Chichizola
Mis à jour le 01/11/2017 à 11h06 | Publié le 31/10/2017 à 20h30
«Si vous condamnez Abdelkader Merah, vous n'aurez pas rendu justice», a asséné son avocat, Me Dupond-Moretti, lors des plaidoiries mardi.
«On ne condamne pas sur un faisceau d'indices, sur la preuve par le vide.» Après plus de quatre semaines d'échanges, la défense, en l'occurrence Me Antoine Vey, n'a pas perdu de sa pugnacité pour les dernières heures du procès Merah. Une pugnacité il est vrai plus que nécessaire pour les deux accusés, car lundi, l'avocate générale a requis le maximum des peines: la perpétuité contre Abdelkader, frère de Mohamed. Et vingt ans pour le fournisseur des armes, Fettah Malki.
«L'accumulation de non-preuves ne peut constituer une preuve.»
Me Antoine Vey
Concernant l'accusé principal, les trois avocats d'Abdelkader Merah se sont partagé les rôles. Le premier, Me Archibald Celeyron, qui à l'occasion s'appuie sur des cartes qu'il montre à la cour, aborde les rencontres entre les deux frères et l'assistance logistique imputée à l'accusé. Il soutient que la brouille entre Mohamed et son frère, mise en doute par l'accusation, a bien duré pendant une bonne partie de 2011 et que, de ce fait, «Mohamed Merah a engagé les préparatifs à une époque où il n'avait aucun contact avec son frère». Sur l'aide logistique, Me Celeyron rappelle quelques données: quatre ans d'enquête, un dossier de 117 tomes, plus de 250 fonctionnaires de police mobilisés et plus de 5000 procès-verbaux dans les neuf premiers mois.
Toutes les pistes de complicité matérielle explorées pour en arriver à deux éléments: le vol du scooter utilisé par le terroriste et l'achat d'un blouson par Abdelkader Merah pour son «petit frère» (blouson qui n'a même pas fait l'objet de recherches de traces de poudre, remarquera Me Dupond-Moretti). Sur le scooter, Me Celeyron rappelle que sans les déclarations de l'accusé nul n'aurait su qu'il était présent lors du vol, le 6 mars 2012. Un vol d'opportunité, qu'il ne pouvait voir de là où il était. Sur le blouson noir comme élément de complicité, l'avocat note qu'Abdelkader Merah, accusé de dissimulation par l'accusation, achète le vêtement «à son nom pour pouvoir bénéficier des points de fidélité de la boutique de moto dont il est un client régulier».
«Le terroriste le plus con de la planète»
Me Antoine Vey s'est ensuite attaqué à l'association de malfaiteurs terroriste criminelle qui pèse sur son client. «L'accumulation de non-preuves ne peut constituer une preuve», a-t-il lancé à la cour en dénonçant un «fourre-tout», une «infraction poubelle», renchérira Me Dupond-Moretti. Maître Vey a contesté en bloc l'adhésion de son client aux thèses d'al-Qaida, ses «préconisations» supposées à son «petit frère» et la proximité des deux hommes, présentant un Mohamed Merah faisant ses choix de manière autonome. En conclusion, Me Vey a demandé à la cour d'«acquitter Abdelkader Merah, même si je conçois que pour l'opinion et les parties civiles, ce soit insupportable».
«Si vous condamnez Merah, vous aurez jugé, mais vous n'aurez pas rendu justice»
Me Dupond-Moretti
Me Éric Dupond-Moretti est le dernier à prendre la parole. Dans la même veine que la conclusion de Me Vey, il dit savoir que sa parole «sera une blessure supplémentaire infligée aux victimes» à qui on a dit «impudemment depuis cinq ans que, par défaut, l'artisan de leur malheur est Abdelkader Merah»… Puis, à sa façon caractéristique, alliant humour et coups de griffes, il a asséné, provocateur: «Abdelkader Merah est le terroriste le plus con de la planète.»
Et de reprendre les éléments développés par ses confrères et collaborateurs: le grand dissimulateur Abdelkader Merah, ainsi présenté par l'accusation, parle spontanément aux policiers de sa présence lors du vol de scooter, garde des ordinateurs et des fichiers plutôt que de s'en débarrasser, organise des réunions conspiratives pendant une partie de foot ou au restaurant avec sa sœur… Rappelant les acquittements obtenus dans l'affaire Érignac ou dans le dossier Chalabi, l'avocat interpelle la cour: «Les terroristes veulent changer notre mode de vie, de penser et aussi de juger. Votre responsabilité aujourd'hui est écrasante (…). Si vous condamnez Merah, vous aurez jugé, mais vous n'aurez pas rendu justice.» Le verdict est attendu jeudi.

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Un directeur d'école égorgé par Boko Haram (31.10.2017)
  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 
  • Mis à jour le 31/10/2017 à 17:08 
  • Publié le 31/10/2017 à 17:04
Le directeur d'une école primaire a été "égorgé" par des éléments de Boko Haram, à Gueskérou, une bourgade de la région de Diffa, dans le sud-est du Niger proche du Nigeria, a annoncé aujourd'hui le ministre de l'Enseignement.
"C'est avec une profonde indignation que j'ai appris l'assassinat par Boko Haram d'un enseignant et directeur d'école à Gueskérou", a précisé Daouda Mamadou Marthé, le ministre de l'Enseignement primaire, sur sa page Facebook.
La victime, Bilal Mamadou, a été "égorgé froidement samedi dernier vers 5 heures", a déploré Mamadou Marthé, qui "condamne" cette "effroyable tragédie" avec "la plus grande fermeté".
A Diffa, "les écoles et les professeurs" sont "très ciblés" par les attaques de Boko Haram dans le but "de tenter d'enlever la possibilité aux enfants de cette région d'apprendre", a déclaré Marie-Pierre Poirier, directrice régionale de l'Unicef pour l'Afrique de l'Ouest et l'Afrique centrale, qui s'est rendue en juin à Diffa.
Après les premiers raids du groupe islamiste nigérian Boko Haram en 2015, enseignants et élèves avaient déserté 166 écoles dans cette zone, avant que l'Unicef et le Niger ne réinstallent 99 d'entre elles en 2016 dans des endroits à l'abri des attaques islamistes.
En revanche, une trentaine sont toujours fermées dans la région de Diffa, selon l'ONU, dans des zones difficilement contrôlables. Des écoles ont été "mises à sac ou brûlées" par Boko Haram et "des enseignants ont reçu des menaces de morts", ce qui les a "poussés à fuir", avait expliqué à l'AFP un élu local.
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New York : une attaque à la camionnette-bélier fait huit morts (31.10.2017)
VIDÉOS - Mardi, un homme à bord d'un pick-up a remonté une piste cyclable à contresens, fauchant plusieurs personnes, avant de percuter un bus scolaire. Le conducteur armé a été interpellé et placé en garde à vue. Le maire de New York, Bill de Blasio, a dénoncé un « acte de terrorisme lâche ».
Les cadres disloqués de plusieurs bicyclettes gisent sur la chaussée. Une camionnette de location exhibe sa calandre enfoncée au coin de Chambers Street et West Street, au sud de Manhattan, entre la rivière Hudson et le Mémorial du World Trade Center.
Sous un beau soleil d'automne, en ce jour d'Halloween, New York a été à son tour frappée par une attaque au camion bélier mardi après-midi.
Peu après 15 heures locales, le chauffeur d'un pick-up de location Home Depot s'est engagé délibérément sur une piste cyclable à contresens, la remontant sur près d'un kilomètre et fauchant plusieurs promeneurs sur son passage. Après avoir percuté un car scolaire sur Chambers Street, l'assaillant serait sorti du véhicule avec deux armes à la main - un pistolet de paintball et une carabine à plomb - selon le récit livré mardi soir par le préfet de police James O'Neill. Un officier de police aurait alors fait feu, blessant l'individu qui a aussitôt été interpellé et transféré vers un hôpital. L'homme aurait été rapidement identifié par les enquêteurs, mais ceux-ci n'ont pas immédiatement révélé son identité.
Le bilan était mardi soir de huit morts et d'une dizaine de blessés, dont deux enfants et deux adultes qui se trouvaient à l'intérieur du bus scolaire. Ces derniers présenteraient des blessures graves mais leurs jours ne seraient pas en danger.
EN DIRECT - New York: une attaque «terroriste» au camion-bélier fait 8 morts
Le caractère terroriste de l'attaque a rapidement été évoqué par les forces de l'ordre. Des témoins sur place ont affirmé avoir entendu les cris de «Allah Akbar» (Dieu est le plus grand, ndlr). S'exprimant lors d'une conférence de presse avec James O'Neill et le gouverneur de New York Andrew Cuomo, le maire Bill de Blasio l'a confirmé: «Ceci est un acte terroriste particulièrement lâche», a-t-il déclaré. Au moment de quitter sa camionnette, l'assaillant aurait fait une déclaration qui confirme que son geste est une attaque terroriste, a précisé le préfet.
«C'est une journée très difficile pour New York», a ajouté Bill de Blasio, en demandant aux New-Yorkais d'être plus vigilants que d'habitude et de signaler toute anomalie. Donald Trump a réagi dans la soirée sur Twitter, qualifiant l'assaillant de «personne malade et déséquilibrée». «Les forces de l'ordre suivent cela de près. PAS AUX USA!», a ajouté le président américain, dont la résidence principale se trouve à Manhattan.
Un mode opératoire de plus en plus utilisé
Un déploiement massif de forces de sécurité et d'ambulances a très rapidement bouclé le quartier huppé de TriBeCa, à la pointe sud de Manhattan. Le drame s'est déroulé à deux pas du lycée Stuyvesant, d'où les élèves sortaient à cette heure. Sur la grande artère de Houston Street, beaucoup de passants se pressaient en cette journée ensoleillée, et s'apprêtaient à fêter Halloween.
Avec 34.000 hommes en uniforme, la police de New York est de loin la plus importante du pays. Le FBI et sa Terrorist Task Force ont pris le commandement de l'enquête.
Après des attaques similaires à NiceLondres et Barcelonedes parpaings de bétonont été disposés sur les trottoirs de certaines avenues de New York, notamment Broadway, mais toutes ne peuvent en être pourvues. La dernière alerte de ce type remonte au 22 mai dernier, lorsqu'un ancien militaire avait lancé sa voiture à toute allure sur le trottoir à Times Square, tuant une jeune femme et blessant 22 autres personnes. Quant à la dernière attaque djihadiste, elle remonte au 17 septembre 2016, lorsqu'un jeune Américain d'origine afghane, Ahmad Rahimi, avait posé deux bombes dans le quartier huppé de Chelsea. Une seule avait explosé, faisant une trentaine de blessés légers.
Le pick-up du terroriste a fini sa course contre un bus scolaire sur Chambers Street, dans le sud de Manhattan, où un périmètre de sécurité a rapidement été déployé.
La rédaction vous conseille

GB: rencontrés sur un site, ils sont poursuivis pour préparation d'attentat (30.10.2017)
  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 

  • Mis à jour le 30/10/2017 à 21:34 

  • Publié le 30/10/2017 à 21:32
Un couple qui s'était formé via un site de rencontres pour musulmans a comparu aujourd'hui devant le tribunal de l'Old Bailey à Londres, accusé d'avoir préparé un attentat, inspiré par le groupe Etat islamique (EI). Munir Mohammed, 36 ans, avait rencontré Rowaida El-Hassan, une pharmacienne de 33 ans, par l'intermediaire du site internet singlemuslim.com (litteralement musulman célibataire), où elle disait chercher un homme " très simple, honnête et direct, craignant Allah avant toute chose".
"Cette affaire est le reflet de l'époque dans laquelle nous vivons", a estimé la procureure, Anne Whyte. "Elle montre la relative facilité avec laquelle des actes de terrorisme peuvent être préparés, grâce à internet". D'après l'accusation, "Munir Mohammed était résolu à procéder à une attaque en loup solitaire, et Rowaida El-Hassan était au courant de son implication dans un tel projet". Les deux accusés, eux, nient les faits.
"De par ses qualifications, Rowaida El-Hassan avait une connaissance professionnelle des produits chimiques", a affirmé Mme White. "Elle a aidé M. Mohammed en lui fournissant des informations sur les composants nécessaires à la fabrication d'une bombe, la façon de se les procurer, et l'a assisté dans ses recherches".
Au moment de son arrestation, en décembre dernier, Munir Mohammed était en possession de deux des trois composants requis pour fabriquer du TATP, ou peroxyde d'acétone, souvent utilisé par l'EI lors de ses attentats. Il disposait également de manuels sur la fabrication d'explosifs, de détonateurs fabriqués à partir de téléphones mobiles, et de ricin, dont la graine contient une toxine toxique.
Selon la procureure, Munir Mohammed était en contact, via Facebook, avec un homme qu'il pensait appartenir à l'EI, et s'était porté volontaire pour "un nouvel boulot au Royaume-Uni", censé désigner un attentat. Il avait prêté allégeance au groupe jihadiste en août 2016.

Nantes: elle refuse d'acheter son tapis, il vole son chien (31.10.2017)
  • Par  Le Figaro.fr 

  • Mis à jour le 31/10/2017 à 09:17 

  • Publié le 31/10/2017 à 09:09
Hier matin, une habitante d'un quartier au nord de Nantes ouvre la porte de son domicile à un commerçant ambulant. L'homme offre à la nonagénaire d'acheter un tapis. Mais la vieille dame refuse. D'après 20 Minutes , le commerçant, vexé sans doute, décide alors d'attraper le chihuahua de la propriétaire des lieux et de s'enfuir dans son véhicule.
La victime a donc contacté la police pour lui signaler la disparition de son chien. "De couleur marron, tatoué et porteur d'un collier avec une clochette" comme l'indique la police, le chihuahua n'a toujours pas été retrouvé.

Marseille : 100 Roms expulsés d'un squat (31.10.2017)
  • Par  Le Figaro.fr avec Reuters 

  • Mis à jour le 31/10/2017 à 11:49 

  • Publié le 31/10/2017 à 10:43
Une centaine de Roms, dont 52 enfants, ont été expulsés aujourd'hui  d'un campement sauvage à Marseille, à la veille de la trêve hivernale qui empêchera les expulsions jusqu'au 31 mars, a-t-on appris auprès des associations caritatives.
Plusieurs dizaines d'occupants avaient quitté les lieux dans la nuit en raison des rumeurs d'évacuation. Les autres seront relogés provisoirement dans des hôtels sociaux."On est indignés face à cette expulsion qui intervient la veille de la trêve hivernale dans un bâtiment dont le propriétaire, lié en grande partie à la mairie de Marseille, reconnaît n'avoir aucun besoin à court ou moyen terme", a dit à Reuters la coordinatrice technique de la mission bidonville de Médecins du Monde, Laurie Bertrand.
Les militants associatifs estiment que les évacuations réduisent à néant les efforts d'intégration des familles avec des expulsions qui aggravent les "situations d’extrême précarité d’enfants et de leurs familles, contraints à l’errance".La préfecture a mis en avant deux décisions de justice pour justifier l'évacuation de ce local appartenant à la Soleam, une société d'aménagement dont la mairie de Marseille est le principal actionnaire. 

Turquie: reprise du procès des journalistes du Cumhuriyet (31.10.2017)
  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 
  • Mis à jour le 31/10/2017 à 11:52 
  • Publié le 31/10/2017 à 10:34

Le procès pour "activités terroristes" de collaborateurs du journal d'opposition Cumhuriyet, emblématique de l'érosion de la liberté de la presse en Turquie, a repris aujourd'hui à Istanbul, peu avant celui de la romancière Asli Erdogan accusée de "propagande".
Au total, 17 dirigeants, journalistes et autres employés actuels ou passés de Cumhuriyet, dont quatre sont en détention préventive, sont accusés d'avoir aidé trois "organisations terroristes armées". Ils risquent jusqu'à 43 ans de prison.
Peu avant le début de l'audience, des soutiens de Cumhuriyet, un journal farouchement critique du président Recep Tayyip Erdogan, s'étaient rassemblés devant le tribunal de Caglayan pour réclamer "justice", selon une journaliste de l'AFP."Stop à la chasse aux opposants, à l'arrestation de journalistes", ont-ils également scandé.
Cette nouvelle audience du procès, symbolique des atteintes à la liberté de la presse depuis la tentative de coup d'Etat du 15 juillet 2016, se déroule un an jour pour jour après une première vague d'arrestations visant des collaborateurs de Cumhuriyet.

L'armée irakienne prend le contrôle de la frontière entre la Turquie et le Kurdistan (31.10.2017)
  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 
  • Mis à jour le 31/10/2017 à 10:34 
  • Publié le 31/10/2017 à 10:27
Des soldats irakiens ont pris aujourd'hui le contrôle de l'unique point de passage entre la Turquie et le Kurdistan irakien, cinq semaines après un référendum d'indépendance dans cette région rejeté par Bagdad et Ankara, ont indiqué des médias turcs.
Les forces irakiennes, accompagnées de soldats turcs, sont arrivées au point de passage Ibrahim al-Khalil depuis le territoire turc où ils avaient participé ces dernières semaines à des exercices militaires conjoints avec l'armée turcs, selon les agences de presse Anadolu et Dogan.

Collomb recevra les familles des victimes de l'attaque de Marseille (31.10.2017)
  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 

  • Mis à jour le 31/10/2017 à 11:31 

  • Publié le 31/10/2017 à 11:25
Le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb a annoncé aujourd'hui qu'il recevrait "dans quelques jours" les familles des deux victimes de l'attentat de Marseille, une attaque qui avait déclenché une vive polémique et conduit au limogeage du préfet du Rhône.Cette rencontre avec les familles permettra de "leur dire où en est l'enquête précisément, parce qu'elles ont le droit à la vérité sur la mort de leurs filles", a-t-il expliqué sur RTL.
"Ces deux jeunes filles mortes à Marseille, cela montre que la menace continue à exister et donc qu'il faut pouvoir protéger les Français", a-t-il poursuivi. Il a ainsi justifié l'adoption de la nouvelle loi antiterroriste, signée lundi par le président Emmanuel Macron pour prendre le relais de l'état d'urgence en vigueur depuis fin 2015, période durant laquelle "32 attentats" ont été "déjoués".
Le 1er octobre, un Tunisien de 29 ans, Ahmed Hanachi, avait tué au couteau deux cousines à la gare Saint-Charles de Marseille, avant d'être abattu par la police.

Aisne: 5 membres d'une famille tués par balle dans leur maison (31.10.2017)
  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 

  • Mis à jour le 31/10/2017 à 13:03 

  • Publié le 31/10/2017 à 12:10
Cinq personnes, un couple d'exploitants agricoles et leurs trois enfants, ont été trouvées tuées par arme à feu dans une ferme ce matin à Nouvion-et-Catillon au sud de Saint-Quentin (Aisne), a indiqué le parquet de Laon.
Il s'agirait d'"un drame familial", le père aurait tué sa femme et ses enfants "avant de retourner l'arme contre lui", a déclaré à l'AFP le parquet. "On ignore la cause du drame, on n'a pas retrouvé de lettre d'adieu", a dit la source.
C'est un employé de l'exploitation agricole qui a découvert les corps vers 8h15 ce matin, selon une autre source, proche du dossier.
Les parents étaient âgés de 47 ans. Parmi les trois enfants figure un majeur âgé de 20 ans, selon des sources concordantes. Les deux autres étaient des adolescents âgés de 18 et 12 ans, selon le parquet de Laon.
Une enquête a été ouverte pour "homicides volontaires" et confiée à la brigade de recherches de la gendarmerie de Laon ainsi qu'à la section de recherches d'Amiens.


La Russie lance une invitation aux kurdes pour un " congrès des peuples de Syrie" (31.10.2017)
  • Par  Le Figaro.fr avec Reuters 

  • Mis à jour le 31/10/2017 à 12:40 

  • Publié le 31/10/2017 à 12:31
Les autorités kurdes du nord de la Syrie ont été invitées à participer à une conférence de paix qui doit réunir les représentants des différents groupes ethniques en Russie, a annoncé aujourd'hui un de leurs conseillers.
L'idée de ce "congrès des peuples de Syrie", qui pourrait se dérouler à la mi-novembre à Sotchi, a été récemment évoquée par Vladimir Poutine lors d'un forum d'universitaires étrangers.
Selon Alexandre Lavrentiev, chef de la délégation russe aux discussions d'Astana sur la Syrie, il portera sur la recherche "de solutions de compromis en vue d'un règlement politique" du conflit.

Portugal: saisie de 1,3 tonne de cocaïne (31.10.2017)
  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 

  • Mis à jour le 31/10/2017 à 13:34 

  • Publié le 31/10/2017 à 13:29
Les autorités portugaises ont saisi près de 1,3 tonne de cocaïne à bord d'un porte-conteneurs au large de l'océan Atlantique et arrêté 17 personnes, a annoncé mardi la police judiciaire. La drogue saisie à bord du navire en provenance "d'Amérique latine était destinée au continent européen où elle devait être distribuée ensuite dans différents pays", précise le communiqué de la police.
Au cours de cette opération, 17 personnes de nationalité étrangère, ayant entre 24 et 63 ans, ont été arrêtées. Les autorités portugaises les soupçonnent d'appartenir "à une organisation criminelle de dimension transnationale", a indiqué la police portugaise, ajoutant que l'enquête va se poursuivre en coopération notamment avec les autorités françaises et britanniques.

Kaboul: forte explosion dans le quartier diplomatique (31.10.2017)
  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 

  • Mis à jour le 31/10/2017 à 13:16 

  • Publié le 31/10/2017 à 13:13
Une forte explosion a secoué le quartier diplomatique de Kaboul mardi à 13h30, à l'heure de sortie des bureaux, ont rapporté des témoins faisant état de nombreuses victimes.
La déflagration ainsi que de très nombreuses sirènes d'ambulances se dirigeant sur les lieux ont été nettement entendues depuis les bureaux de l'AFP qui sont proches.
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Kenya: Odinga promet de ne pas en rester là avec cette "parodie d'élection" (31.10.2017)
  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 

  • Mis à jour le 31/10/2017 à 14:50 

  • Publié le 31/10/2017 à 14:46
Le leader de l'opposition kényane, Raila Odinga, a promis aujourd'hui de ne pas en rester là avec la "parodie d'élection" du 26 octobre, qu'il avait boycottée et qui a débouché sur la victoire du président sortant Uhuru Kenyatta, avec 98% des voix.
"On ne peut pas en rester là avec cette parodie d'élection", a déclaré Odinga lors d'une conférence de presse, au cours de laquelle il a redit son intention d'organiser une campagne de résistance nationale, avec toutes les "formes légitimes de protestation".
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Chrétiens du Levant : 60.000 kilomètres en 4L pour rencontrer et témoigner (31.10.2017)

  • Publié le 31/10/2017 à 06:00
REPORTAGE - Quel est l'état du patrimoine culturel des chrétiens du Levant ? Dans le cadre de l'exposition sur l'histoire de ces communautés qui a lieu à l'Institut du monde arabe, à Paris, jusqu'au 14 janvier, retrouvez notre carnet de route. Aujourd'hui, rencontre au Liban avec Vincent Gelot. Ce jeune nantais est allé, deux ans durant, seul à la rencontre de toutes les églises d'Orient. De la Turquie à l'Éthiopie, de l'Égypte au Kirghizistan.
La Renault 4L de Vincent Gelot doit arriver cette semaine sur le parvis de l'Institut du monde arabe (IMA), à Paris. Convoyé depuis Beyrouth, ce véhicule antédiluvien, cabossé, couvert de symboles et de graffitis, sera installé-là jusqu'à la fin de l'exposition que le lieu consacre à l'histoire des différentes communautés chrétiennes du Levant.
Vincent Gelot, les connaît bien, et pas seulement elles mais toutes celles d'Orient. De la Turquie à l'Éthiopie, de l'Égypte au Kirghizistan. En août 2012, alors qu'il avait 23 ans, il est en effet parti seul à leur rencontre avec sa voiture-roulotte baptisée Habibimobile. Ses 60.000 kilomètres parcourus dans 22 pays l'ont profondément marqué. Témoin: cette croix copte qu'il a tatouée au poignet. «C'était déjà, dès le IIIe siècle, un signe de résistance face aux persécutions. La marque servait à identifier les croyants à l'entrée des lieux clandestins de culte. On passait la main à travers le guichet de la porte... Aujourd'hui c'est un honneur et une fierté de la porter.»
L'aventure était prévue huit mois, elle a duré plus de deux ans. Caché sous son siège Vincent Gelot a promené un grand livre d'or sur lequel il a recueilli d'innombrables témoignages, souvent des appels à l'aide des chrétiens rencontrés mais aussi des dessins, des collages, des messages d'espoir... Le livre a été remis au pape François à l'issue de l'odyssée, alors qu'il voyageait en Terre Sainte. Il est actuellement visible dans la dernière salle de l'exposition de l'IMA. On y lit, après des poèmes et des petits mots en arabe, en farsi, en russe, en pachto, en araméen ou encore en amharique, ce mot du Pontifex romanus: «Je rends grâce pour ces témoignages de l'Église en Orient, une Église qui a donné tant de saints, et qui souffre aujourd'hui».
La voiture d'amour
La Habibilimobile (qui peut se traduire par «voiture d'amour») affiche déjà 151.000 km au compteur quand le jeune homme, ancien scout nantais, diplômé de Science Po et en master de droit humanitaire, l'acquiert. «J'étais nul en mécanique, je ne savais même pas changer une roue», dit-il. Son idée est de gagner Beyrouth rejoindre Benoît XVI. Le pape venait alors au Liban pour remettre aux Églises d'Orient une feuille de route concernant les prochaines décennies.
Vincent Gelot prend la route avec 15.000 euros d'économies qui seront complétées au cours du projet par une levée de fonds sur Internet. Il découvre alors l'Orient compliqué. Celui des Coptes, Maronites, Syriaques, Arméniens, Chaldéens... Un monde complexe avec des dizaines de rites différents mais qui est d'abord - il ne cesse de le rappeler - le berceau de la chrétienté.
L'aventurier y plonge résolument, sillonnant déserts et mégalopoles, steppes et montagnes, pour entrer en contact avec ces communautés, certaines persécutées, d'autres interdites, ou encore menacées de s'éteindre. Ceux qui l'accueillent lui parlent de leur vie difficile et aussi de leur foi. Il enregistre leurs voix, leurs musiques, prend des photos, rédige son journal de bord...
De -25°C certaines nuits à 60°C à l'ombre
Ce voyage le change profondément. «J'ai eu une expérience presque monastique, confie-t-il. Ces communautés multiséculaires vivent souvent dans leur bulle, chacune a son histoire, sa langue, ses pratiques.» En Iran où il est hospitalisé parce que des chiens l'ont mordu à la jambe, on manque de vaccin contre la rage pour cause d'embargo occidental. Heureusement, il tient bon. Il estime à 65 000 les chrétiens sur place. Aucun ne peut accéder à un poste élevé dans la société. Quant aux conversions, elles sont punies de mort. Finalement ses blessures n'étaient pas si terribles...
Vincent Gelot conserve d'autres souvenirs pénibles. Comme lorsqu'il a croupi deux jours durant dans une aire aéroportuaire pour s'entendre dire que son passage au Yémen lui était refusé. En Éthiopie, un camion a percuté sa 4L. L'Arménie, la Géorgie et l'Azerbaïdjan ont manqué de lui coûter quelques doigts de pieds car ils ont été traversés par des températures chutant jusqu'à - 25°C la nuit. À l'inverse, dans les embouteillages des villes du Golfe persique par 60°C à l'ombre, il a frit dans sa carlingue.
En Ouzbékistan un homme l'a particulièrement rendu heureux. Ce père, prêtre de gitans, était un Polonais grandi en Russie sous le régime soviétique, quand l'Église était interdite. Il avait officié dans les steppes de Sibérie, en avait été expulsé en 2002 et se retrouvait à la tête d'un petit groupe de croyants clandestins. Pourtant tout rassemblement était interdit. Peu de temps après leur rencontre, ce père a de nouveau été expulsé. Aux dernières nouvelles il serait missionnaire en Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Au Yémen, il s'est lié d'amitié avec un autre religieux. Lui s'était fait kidnapper par les islamistes et était demeuré tel pendant 18 mois. «Discrimination, guerres, crises économique et même querelles de clochers: le XXe siècle aura été pour tous ces chrétiens d'Orient, extrêmement rude», résume-t-il.
Et de rappeler qu'en Syrie au début de l'insurrection, au printemps 2011, la communauté chrétienne comptait bien deux millions d'âmes. En 2014, après avoir bouclé son voyage à Jérusalem alors que le pape François arrivait lui aussi en Israël, EI déferle sur Mossoul et la plaine de Ninive. Alors, fort de son expérience et fidèle à ses amitiés, Vincent Gelot retourne dans le Kurdistan irakien. Il participe à la création d'une radio basée à Ainkawa, le quartier chrétien d'Erbil. Elle porte la voix des réfugiés.
Basé aujourd'hui au Liban, marié et père d'un petit Joachim (qui signifie en hébreu ancien «Dieu met debout»), le voilà devenu responsable des programmes de l'Œuvre d'Orient pour les réfugiés en Syrie, Liban et Jordanie. Il précise que l'Œuvre d'Orient est une association française au service des chrétiens d'Orient depuis plus de 160 ans. Elle l'a aidé dans son périple. Aujourd'hui les droits d'auteur d'un livre qui résume ses deux années exceptionnelles lui sont reversés et vont intégralement à l'effort d'entraide.
Chrétiens d'Orient - Périple au cœur d'un monde menacé, Vincent Gelot, préface de Mgr Pascal Gollnisch, Albin Michel, 272 p., 49 €.

Europe : une pénurie de douaniers en vue avec le Brexit (30.10.2017)
Par Armelle Bohineust
Mis à jour le 30/10/2017 à 21h17 | Publié le 30/10/2017 à 20h30
Si la Grande-Bretagne opte pour une séparation complète, les déclarations en douane exploseront.
Faut-il craindre, à partir de mars 2019, de longues files de camions devant les ports de la Manche et des kilomètres de poids lourds bloqués à l'entrée du tunnel? Peut-on imaginer des pénuries de denrées périssables en Grande-Bretagne?
Les Britanniques commencent à le redouter, en cas de Brexit dur - c'est-à-dire faute d'accord sur futures relations commerciales entre le Royaume-Uni et l'Union européenne (UE). «La sortie de l'Union fera exploser, d'environ 50.000 aujourd'hui à 130.000 en 2019, le nombre d'importateurs de marchandises dans le royaume. Simultanément, le nombre de déclarations en douane sera multiplié par cinq, à près de 255 millions», pointent Bob Jones et Olivier Sorgniard, du cabinet KPMG.
«L'Union européenne devra homologuer près de 130.000 importateurs en cas de Brexit dur. En France, pas loin de 25.000 nouveaux opérateurs devraient être ainsi référencés»
Selon les spécialistes de KPMG
Cette perspective inquiète les services des douanes britanniques. «Il nous faudra cinq à sept ans et 800 millions de livres» pour mettre en place les nouvelles règles douanières, expliquait en septembre devant le Parlement, John Thompson, directeur général du HMRC, le service des taxes et des douanes du royaume. «Il faudra des milliers de nouveaux douaniers», ont insisté les dirigeants du HMRC. Ils réclament des avancées rapides, avant six mois, dans les négociations avec Bruxelles afin d'adapter leurs services aux nouveaux besoins.
Il n'y a pas qu'en Grande-Bretagne, dont l'UE est le premier partenaire économique, que les services douaniers s'inquiètent. Le Royaume-Uni pèse lourd également dans l'économie continentale, d'autant plus que des biens provenant d'autres pays, en particulier du Commonwealth, y sont aujourd'hui dédouanés avant d'arriver de ce côté-ci de la Manche.
L'Union européenne devra homologuer près de 130.000 importateurs en cas de Brexit dur, prévoient les spécialistes de KPMG. En France, pas loin de 25.000 nouveaux opérateurs devraient être ainsi référencés.
Les nouvelles règles d'import-export entre la Grande-Bretagne et les pays de l'UE entraîneront une explosion des charges administratives. Elles généreront aussi une recrudescence des contrôles. Ceux-ci visent 0,4 % à 0,5 % des containers, à la recherche de marchandises illégales ou non déclarées à leur prix.
350 agents à Calais
Cela représentera une charge significative. En France, 4 à 5 millions de passages de marchandises ont lieu chaque année entre Douvres et Calais, soulignent les experts de KPMG. Or, les services douaniers du tunnel sous la Manche et de Calais Littoral ne mobilisent que 350 agents environ.
Évitant sans doute le pari pessimiste d'une séparation totale, ni la France ni les autres pays de l'Union n'ont mis en place de politique de formation de nouveaux douaniers
En cas de Brexit dur, de nombreux pays de l'Union se retrouveront donc à cours de douaniers, pointe le quotidien britannique Financial Times. Pourtant, évitant sans doute le pari pessimiste d'une séparation totale, ni la France ni les autres pays de l'Union n'ont mis en place de politique de formation de nouveaux douaniers.
Et il paraît désormais impossible qu'ils renforcent leurs effectifs dans les délais. Il faut en effet trois ans pour former un douanier en Allemagne ou aux Pays-Bas. Dans l'Hexagone, même en décidant de recruter maintenant de nouveaux douaniers, ce serait difficile d'être opérationnel au printemps 2019, souligne Pascal Huet, secrétaire général adjoint de FO-douanes.
Sur le plan de la circulation des personnes, quelle que soit la forme finale du Brexit, rien ne devrait, en revanche, changer. La Grande-Bretagne étant en dehors de l'espace Schengen, les contrôles douaniers sont déjà en place. Ils ne devraient pas évoluer. Sauf évidemment si les Britanniques ou les pays de l'Union décidaient d'imposer un visa aux citoyens d'en face.

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Journaliste

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Sept Palestiniens tués dans l'explosion d'un tunnel à la lisière de Gaza (30.10.2017)

  • Publié le 30/10/2017 à 22:39

L'armée israélienne indique avoir employé «une technologie nouvelle» pour détruire cet ouvrage détecté aux abords du kibboutz Kissoufim.
Correspondant à Jérusalem
Au moins sept Palestiniens ont été tués et douze autres blessés lundi en milieu de journée lors de la destruction à l'explosif d'un tunnel par l'armée israélienne aux abords du kibboutz Kissoufim, non loin de la frontière avec la bande de Gaza. «Nous avions détecté cet ouvrage, qui s'étend de Khan Younès jusqu'à l'intérieur du territoire israélien, il y a déjà quelques temps», a indiqué le lieutenant-colonel Jonathan Conricus, porte-parole militaire, qui a dénoncé «une violation grave de notre souveraineté». Le mouvement islamiste Hamas, qui contrôle la bande de Gaza depuis l'été 2007, a dénoncé «une escalade contre [notre] peuple et contre la résistance, qui vise à briser notre résilience et notre unité».
Selon des informations communiquées par les factions palestiniennes, cinq des victimes étaient membres de la branche armée du Djihad islamique. L'une d'entre elles, Arafat Abdullah Abou Morshed, est présentée comme un officier de haut rang qui dirigeait les activités du groupe dans le centre de la bande de Gaza. Les deux autres tués étaient affiliés aux brigades Ezzeddine al-Qassam, la branche armée du Hamas. «L'ennemi sera tenu pour responsable de cette escalade», a prévenu un communiqué diffusé en fin de journée par l'organisation. «Nous ne souhaitons pas que la situation s'envenime mais sommes prêts à toutes les configurations», a rétorqué Jonathan Conricus. Des batteries anti-missiles «Dôme de fer» ont été déployées par l'armée israélienne à proximité de l'enclave côtière.
Selon plusieurs médias israéliens et palestiniens, les services de renseignements égyptiens ont exercé tout l'après-midi de fortes pressions pour dissuader les groupes armés de répondre à cet incident d'une gravité sans précédent depuis la guerre de l'été 2014. Ceux-ci veulent sans doute éviter que le processus de réconciliation engagé le 17 septembre dernier, sous leur patronage, entre le Hamas et le Fatah du président Mahmoud Abbas, ne soit torpillé par ce regain de tension. Le mouvement islamiste doit en principe confier d'ici mercredi le contrôle des trois points de passage vers Israël et l'Egypte au gouvernement de l'Autorité palestinienne. Celui-ci doit par la suite prendre le plein contrôle de la bande de Gaza au plus tard le 1er décembre.
Le Hamas, dont le nouveau chef dans l'enclave côtière, Yahya Sinwar, a décidé d'avancer à marche forcée sur la voie de la réconciliation, traverse actuellement une zone de fortes turbulences.
Le Hamas, dont le nouveau chef dans l'enclave côtière, Yahya Sinwar, a décidé d'avancer à marche forcée sur la voie de la réconciliation, traverse actuellement une zone de fortes turbulences. Le chef de ses services de sécurité intérieure, Tawfik Abou Naïm, a été blessé vendredi dernier par un engin explosif de moyenne puissance placée sur son véhicule. Le mouvement islamiste, pour une fois, n'a pas d'emblée accusé Israël de cette tentative d'assassinat. Abou Naïm, un ancien prisonnier libéré par l'Etat hébreu en 2011, est l'un des artisans visibles du rapprochement entre le Hamas et l'Egypte, que de nombreux militants salafistes djihadistes dénoncent comme une trahison. Le 17 août dernier, un membre de la branche militaire du Hamas a été tué par la ceinture d'explosifs que portait l'un d'entre eux à Rafah, dans le sud de l'enclave, alors que celui-ci tentait de s'infiltrer clandestinement vers l'Egypte.
Visiblement désireux de ne pas laisser la situation s'envenimer
Visiblement désireux de ne pas laisser la situation s'envenimer, le Hamas a affirmé lundi soir que ses hommes ont été tués alors qu'ils s'étaient engagés dans le tunnel pour porter secours aux disparus après la première explosion. Cette déclaration vise manifestement à accréditer l'idée que le mouvement n'a pas participé à la construction de cet ouvrage offensif - alors même qu'il a par le passé décrit ces galeries comme l'une des pièces maîtresses de son arsenal. L'armée israélienne, qui affirme avoir utilisé «une technologie nouvelle» pour neutraliser le tunnel, a pour sa part indiqué que les victimes ont été tuées par une explosion secondaire. Une façon de laisser entendre qu'elle n'a pas recherché un aussi lourd bilan.
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Il y a cent ans, la déclaration Balfour ouvrait la porte à la création d'Israël (30.10.2017)
Par Cyrille Louis
Mis à jour le 31/10/2017 à 14h32 | Publié le 30/10/2017 à 20h29
ENQUÊTE - Le 2 novembre 1917, lord Arthur Balfour, alors ministre des Affaires étrangères de Sa Majesté, s'engagea à ce que la puissance mandataire appuie de «tous ses efforts» la création d'un foyer national juif en Palestine. Cette lettre est considérée comme la pierre fondatrice sur laquelle l'État d'Israël fut édifié trente et un ans plus tard.
Correspondant à Jérusalem
Le lieu de la cérémonie devrait être tenu secret jusqu'au dernier moment pour compliquer la tâche d'éventuels trouble-fête. Quelque 150 convives triés sur le volet, dont les premiers ministres Theresa May et Benyamin Nétanyahou, seront réunis ce jeudi à Londres pour célébrer le 100e anniversaire de la déclaration par laquelle lord Arthur Balfour, alors ministre des Affaires étrangères de Sa Majesté, s'engagea à ce que son pays appuie de «tous ses efforts» la création d'un foyer national juif en Palestine. Cette lettre, adressée le 2 novembre 1917 au député conservateur Lionel Walter Rothschild, est considérée comme la pierre fondatrice sur laquelle l'État d'Israël fut édifié trente et un ans plus tard.
«Notre pays n'aurait certes pas vu le jour sans les implantations, les sacrifices et la volonté de se battre pour lui, mais la déclaration Balfour lui a incontestablement donné un élan sur le plan international», a résumé dimanche le chef du gouvernement israélien. De nombreux dirigeants palestiniens, à l'image du premier ministre Rami Hamdallah, somment au contraire le gouvernement britannique de présenter des excuses pour «une injustice historique». «La déclaration Balfour est le legs d'un colonialisme paternaliste et raciste, dénonce Hanan Ashrawi, membre du comité exécutif de l'OLP, et il est grand temps que la Grande-Bretagne répare ses torts en reconnaissant enfin les droits des Palestiniens.»
Réflexion sinueuse
Ce court message, dont l'original tapé à la machine sur un papier jauni est conservé à la British Library, fut l'aboutissement d'une réflexion sinueuse engagée au début du premier conflit mondial. L'entrée en guerre de la Turquie aux côtés de l'Allemagne et de l'Empire austro-hongrois avait d'emblée aiguisé les convoitises de la Grande-Bretagne et de la France au Moyen-Orient. Redoutant que les Turcs n'invoquent l'obligation du djihad pour susciter un soulèvement des populations musulmanes dans leurs colonies d'Égypte et d'Afrique du Nord, les deux pays s'empressèrent de nouer contact avec les dirigeants arabes de la Syrie et du Hedjaz. Mais la Grande-Bretagne fut, à ce jeu, la plus entreprenante.
En 1915, le haut-commissaire britannique au Caire, Henry McMahon, approuva dans une correspondance secrète avec le chérif de La Mecque, Hussein Ben Ali, la création, sur les décombres de l'Empire ottoman, d'un califat sous influence britannique. La France, de son côté, entendait bien préserver ses intérêts en Syrie. Des négociations confidentielles furent engagées par l'intermédiaire de l'ancien consul général de France à Beyrouth, François Georges-Picot, et d'un jeune parlementaire familier de l'Empire ottoman, sir Mark Sykes. L'accord portant leur nom, signé en mai 1916 avec l'aval de la Russie, prévoyait le partage de la région en deux zones d'influence - l'une, française, au nord ; l'autre, britannique, au sud. La Palestine et ses lieux saints, précise le document, seraient soumis à un contrôle international. Quant aux revendications sionistes, elles ne furent abordées qu'en marge des négociations.
«L'intuition politique primordiale de Weizmann - elle sera le moteur de sa réussite - fut de faire des revendications sionistes un instrument totalement et exclusivement au service des exigences de la situation britannique dans le monde»
Henry Laurens, historien
Les partisans d'un retour du peuple juif sur la terre de ses lointains ancêtres, pourtant, n'étaient pas restés les bras croisés. Tandis que l'armée du chérif, commandée par le prince Fayçal et conseillée par T. E. Lawrence, se lançait à l'assaut des Ottomans, l'homme politique Herbert Samuel transmit au gouvernement de Sa Majesté un mémorandum sur «le futur de la Palestine». Rejetant tout projet d'internationalisation, il proposait d'y installer 12 millions de Juifs sous protection de la Couronne. Le chimiste et futur premier président de l'État d'Israël Chaïm Weizmann, qui dirigeait à l'époque l'Organisation sioniste mondiale, obtint pour sa part d'être reçu par l'ancien premier ministre Arthur Balfour. «Son intuition politique primordiale - elle sera le moteur de sa réussite - fut de faire des revendications sionistes un instrument totalement et exclusivement au service des exigences de la situation britannique dans le monde», écrit l'historien Henry Laurens (1).
À court terme, plaident les dirigeants sionistes, le soutien de la Couronne à leurs projets ne manquera pas d'éveiller un puissant courant de sympathie parmi les Juifs du monde entier. Une telle démarche, ajoutent-ils, incitera mécaniquement la communauté juive américaine à appuyer l'entrée en guerre des États-Unis. Sir Mark Sykes, architecte d'un partage négocié du Moyen-Orient, se laisse séduire par leur vision. Le gouvernement britannique, sur le point de lancer l'offensive militaire contre la Palestine, décide d'en prendre le contrôle. Les Français, fait-on observer, auront bien de quoi se consoler avec la Syrie. Quant aux Arabes, ils pourront exercer leur souveraineté sur d'immenses étendues désertiques…
Premières violences en 1920
Chaïm Weizmann, cependant, affronte une rébellion au sein même de la communauté juive britannique. L'entreprise sioniste, dénonce le Conjoint Committee, menace de jeter un doute sur la loyauté des Juifs vivant dans la diaspora et donc de remettre en cause leur assimilation. La Palestine, ajoutent ces détracteurs, est à la fois trop petite et trop pauvre pour accueillir une immigration de masse sans que celle-ci ne suscite des tensions avec la population arabe locale. L'argument pousse les sionistes à modérer leurs prétentions.
Plutôt que d'approuver explicitement la création d'un État juif, la déclaration Balfour indique que «le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l'établissement en Palestine d'un foyer national pour le peuple juif et emploiera tous ses efforts pour faciliter la réalisation de cet objectif». Il précise que «rien ne sera fait qui puisse porter atteinte soit aux droits civils et religieux des collectivités non juives existant en Palestine, soit aux droits et au statut politiques dont les Juifs disposent dans tout autre pays». L'essentiel, aux yeux de Weizmann, est acquis. Vingt ans après la tenue du premier congrès sioniste à Bâle, le projet imaginé par Theodor Herzl peut se prévaloir du soutien d'une grande puissance.
Des aspirations «irréconciliables»
Les inquiétudes arabes, d'abord étouffées par les combats en cours, se débrident dès que l'armée britannique prend le contrôle de Jérusalem. La déclaration Balfour, aussitôt publiée par la presse britannique, suscite l'incompréhension des intellectuels qui animent alors un nationalisme balbutiant. On réclame un moratoire sur les ventes de terres, on proteste contre un projet d'achat par les sionistes du mur des Lamentations - que les musulmans voient comme une partie intégrante de l'esplanade des Mosquées. Les premières violences éclatent en 1920. L'inscription, deux ans plus tard, de la déclaration Balfour dans la charte du Mandat britannique renforce les craintes des Arabes.
En 1929, l'installation d'un panneau en bois destiné à séparer hommes et femmes au pied du mur des Lamentations fournit le prétexte au déclenchement de violentes émeutes à Jérusalem, et surtout à Hébron, où 67 Juifs sont tués par la foule. L'intensification, dans les années suivantes, de l'immigration juive, accroît encore la défiance. Les aspirations des sionistes et des Arabes de Palestine sont «irréconciliables», admet en 1937 la commission chargée de faire la lumière sur la violente révolte qui a éclaté l'année précédente. Mais il faudra encore attendre dix ans avant que l'ONU ne vote le «plan de partage» de la Palestine en deux États, et que n'éclate une guerre au cours de laquelle 700.000 Palestiniens seront contraints à l'exil.
«Le fait que les Palestiniens aient reconnu Israël ne leur suffit pas. Ils voudraient que nous devenions sionistes et ne supportent pas d'entendre que la création de leur État fut notre tragédie»
Hanan Ashrawi. membre du comité exécutif de l'OLP
Un siècle après la signature de la déclaration Balfour, les historiens n'ont pas fini de débattre sur les ambiguïtés de sa formulation. Le texte constitue-t-il une trahison flagrante des engagements pris en 1915 vis-à-vis du chérif Hussein? Portait-il en germe une injustice historique et condamnait-il Juifs et Arabes à un interminable conflit, comme le soutiennent ses contempteurs? «Cette terre comptait alors 700.000 Palestiniens pour seulement 60.000 Juifs, rappelle Hanan Ashrawi. Pourtant, la lettre de lord Balfour ne nous mentionne que de façon négative et ne nous reconnaît aucun droit politique.» En Grande-Bretagne, une campagne appelant le gouvernement à présenter ses excuses pour cet acte fondateur a récemment recueilli plus de 13.000 signatures.
«Nous sommes fiers de notre rôle dans la création de l'État d'Israël», a cependant balayé un communiqué officiel, précisant que «l'établissement d'un foyer pour le peuple juif sur la terre avec laquelle ils ont des liens historiques et religieux d'une telle force était une chose juste». Lundi soir, le ministre des Affaires étrangères, Boris Johnson, s'est montré plus nuancé, en admettant que «le projet vital de la déclaration Balfour, qui consistait à préserver les autres communautés, n'a pas été pleinement mis en œuvre». En Israël, plusieurs voix ont dénoncé la tonalité «antisémite» de la campagne palestinienne contre le texte. «Le fait que les Palestiniens aient reconnu Israël ne leur suffit pas, sourit tristement Hanan Ashrawi. Ils voudraient que nous devenions sionistes et ne supportent pas d'entendre que la création de leur État fut notre grande tragédie.»
(1) «La Question de Palestine», tome I, Fayard.

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En Syrie, la famine ronge la région de la Ghouta (30.10.2017)

Par Delphine Minoui
Mis à jour le 30/10/2017 à 22h00 | Publié le 30/10/2017 à 19h18
VIDÉO - Frappée en 2013 par un bombardement au gaz sarin, cette zone rebelle située près de Damas est toujours assiégée par le régime syrien. Ce lundi, un convoi d'aide humanitaire a pu pénétrer dans le secteur.
Correspondante à Istanbul

- Crédits photo : LE FIGARO
Un épais nuage de poussière. Le staccato des armes. Puis, ces regards affolés d'enfants fuyant les tirs de mortier s'abattant sur leur école. Encore une vidéo de désolation, extirpée des entrailles de la guerre syrienne. Sauf que la scène se déroule ce dimanche à Kafr Batna, village rebelle de la Ghouta orientale assiégée depuis 2013 par le régime de Damas, un jour avant la reprise, ce lundi, des pourparlers de paix sur la Syrie dans la ville d'Astana, la capitale du Kazakhstan. “C'est une tactique délibérée du régime syrien pour dire aux derniers opposants: si vous n'acceptez pas nos conditions, vous êtes morts”, se désole un opposant, réfugié en Turquie, sous couvert de l'anonymat. Le septième round de ces négociations, parrainées par la Russie et l'Iran (alliés de Damas) ainsi que la Turquie (soutien des rebelles), qui ont abouti à la mise en place de zones de désescalade dans plusieurs régions du pays, vise - en marge des discussions de Genève - à mettre fin à un conflit qui a fait plus de 330.000 morts et des millions de déplacés et réfugiés en six ans. “En réalité, ces prétendues discussions ne font qu'ensanglanter encore plus le pays, en imposant de force de nouvelles règles du jeu, tout en fermant les yeux sur la crise humanitaire qu'elles sont censées résoudre”, poursuit le dissident.
«La privation délibérée de nourriture comme méthode de guerre constitue une violation claire du droit humanitaire internationale»
Zeid Ra'ad Zeid Al-Hussein, Haut Commissaire aux Droits de l'homme
Nourrissons squelettiques
Selon Sarraj Mahmoud, le porte-parole des Casques Blancs, la défense civile syrienne, dans la banlieue damascène, “les forces prorégime ont délibérément visé des zones civiles de la Ghouta, ce dimanche, en menant des tirs d'artillerie sur les localités de Hamouriya, Sabka et Kafr Batna”. Joint via WhatsApp, il ajoute que “le bilan s'élève à douze morts, dont deux femmes et un enfant”. Cette nouvelle tragédie se greffe à une autre forme de violence, moins visible, mais encore plus sournoise: celle de la pression par la faim, comme l'ont déjà connu les anciennes villes assiégées de Madaya ou encore Daraya. Faute d'accès à l'aide humanitaire constamment bloquée par les forces prorégime, les quelque 400.000 habitants de la Ghouta, déjà frappée en août 2013 par un bombardement chimique, au gaz sarin, manquent de vivres et de médicaments. Selon l'Unicef, les cas de malnutrition ont drastiquement augmenté ces trois derniers mois, mettant en danger la vie de nombreux nourrissons comme cette petite syrienne squelettique de quelques jours, décédée la semaine passée, et dont la photo a inondé les réseaux sociaux. “La privation délibérée de nourriture comme méthode de guerre constitue une violation claire du droit humanitaire internationale”, a réagi vendredi le Haut Commissaire aux Droits de l'homme, Zeid Ra'ad Zeid Al-Hussein. Mais pour l'opposant syrien précité, “les mots ne suffisent pas. Nous attendons des actes”. “Tant qu'Assad continuera à avoir l'impression d'agir en toute impunité, avec l'entier soutien de Téhéran et de Moscou, et face à l'apathie occidentale, la liste des morts de la Ghouta ne fera que s'allonger dans la plus grande indifférence”, dit-il.
Ce lundi, 49 camions transportant de l'aide humanitaire ont pu enfin entrer dans la Ghouta orientale. L'ONU et le Croissant rouge ont affirmé que ce convoi de nourriture et des médicaments est destiné à 40.000 personnes .Le précédent acheminement remonte à la fin septembre.
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Enquête russe : selon Facebook, un Américain sur 3 exposé à un contenu de propagande (31.10.2017)

  • Publié le 31/10/2017 à 12:19

Le réseau social reconnaît qu'il a sous-estimé l'ampleur de l'exposition des Américains aux publications de messages politiques par des acteurs russes afin d'influencer le débat politique aux États-Unis.
Au début du mois, Facebook estimait à 10 millions le nombre d'Américains exposés aux publicités à caractère politique achetées en Russie dans les mois qui ont précédé et suivi l'élection présidentielle de novembre 2016.
Dans un dossier remis au Congrès, à quelques jours de son audition devant la commission parlementaire du Sénat le 1er novembre, le réseau social affirme désormais que près de 80.000 messages politiques ont été publiés sur Facebook entre juin 2015 et août dernier par des acteurs russes afin d'influencer le débat. Par le jeu des partages, des commentaires et des mentions «j'aime» , ces messages auraient été vus par quelque 126 millions d'Américains. C'est donc la moitié de la population électorale qui a pu être exposée. Début octobre, il avait remis au Congrès les copies de 3000 publicités russes.
Selon Facebook, ces contenus sponsorisés («ads») étaient financés par près de 500 comptes liés à des acteurs russes et en particulier par une entité appelée «Internet Research Agency» , destinée à diffuser des messages sur les réseaux sociaux via de faux comptes d'utilisateurs. Ces messages auraient servi à manipuler l'opinion, principalement en attisant les clivages idéologiques au sein de la société américaine.
«Preuves de tentatives de détournement de nos plateformes»
Outre les «ads», Facebook a relevé que cet organisme, basé à Saint-Pétersbourg, avait également diffusé des contenus non-payants -des «posts» traditionnels- qui ont atteint un nombre beaucoup plus important d'utilisateurs, selon le témoignage écrit préparé par Facebook en vue de ses auditions au Congrès, et cité par le Wall Street Journal et le Washington Post lundi.
Sur son blog , Google a reconnu lundi, pour la première fois officiellement, avoir également détecté des dépenses publicitaires liées à Moscou de l'ordre de 4.700 dollars pendant le cycle électoral 2016. «Nous avons trouvé des preuves de tentatives de détournement de nos plateformes pendant l'élection américaine de 2016 par des acteurs liés à l'Internet Research Agency en Russie», écrit Google, qui parle «d'activité limitée» sur le moteur de recherche et sa plateforme vidéo YouTube. Il a annoncé la construction d'une base de données sur les publicités liées à l'élection.
Dans la ligne de mire du Congrès américain
De son côté, selon une source proche du dossier, Twitter a identifié 36.746 comptes (soit 0,012% du nombre total de ses comptes ) apparemment liés à un compte russe et ayant «généré de façon automatisée des contenus liés à l'élection» dans les trois mois précédant le scrutin. Ces comptes ont diffusé environ 1,4 million de tweets liés à l'élection, qui ont produit 288 millions d'interactions sur le réseau (réponses, etc...).
Facebook, Twitter et Google sont dans la ligne de mire du Congrès américain, qui enquête sur une possible ingérence russe dans la campagne qui a mené à la victoire de Donald Trump et qui considère que les réseaux sociaux ont servi de plateformes pour de la propagande venue de Russie.
Cette question de l'ingérence de la Russie dans la campagne américaine donne lieu à diverses enquêtes au Congrès et par un procureur spécial, Robert Mueller. Ce dernier a mis en cause lundi pour la première fois trois personnes, dont l'ancien directeur de campagne de Donald Trump Paul Manafort.
(Avec Reuters)
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Cette nouvelle vague populiste qui secoue la Vieille Europe (30.10.2017)
Par Laure Mandeville
Mis à jour le 30/10/2017 à 20h44 | Publié le 30/10/2017 à 19h52
INFOGRAPHIE - Les législatives allemandes, autrichiennes et tchèques ont été marquées par la progression des partis hostiles à l'immigration et aux ordres de Bruxelles. Partout la colère gronde contre les élites.
La vague de rébellions populaires anti-immigration, anti-élites et antiglobalisation qui souffle sur l'Occident n'est pas près de s'arrêter, si l'on en juge par les résultats des scrutins qui se sont tenus en Europe ces dernières semaines, successivement en Allemagne, Autriche et République tchèque. Après la sidération suscitée par le Brexit en Grande-Bretagne en juin 2016, puis l'élection fracassante de Donald Trump à la présidence des États-Unis, les élites occidentales, avides de «bonnes nouvelles», s'étaient hâtées, au printemps, de lire dans la victoire d'Emmanuel Macron face à Marine Le Pen le signe d'un «reflux de la vague populiste».
Elles avaient envie d'oublier le fait que les scores cumulés de Le Pen et de Mélenchon avaient donné plus de 43 % des voix à des candidats antisystème, réalité chiffrée têtue qui montrait bien qu'Emmanuel Macron, lui-même représentant de l'élite, mais décidé à révolutionner tout le système politique, n'avait fait que détourner la révolte. Le score plus modeste qu'attendu du mouvement anti-immigration de Geert Wilders aux Pays-Bas, arrivé en deuxième position, fut également perçu comme un signal du reflux, de même que l'échec - pourtant de justesse! - du candidat de l'extrême droite autrichienne, Norbert Hofer, à arracher la présidence en Autriche. Du coup, beaucoup de journaux multiplièrent les titres sur «le coup d'arrêt» porté au «populisme» européen, terme vague et fourre-tout désormais utilisé pour qualifier la colère populaire.
«La réalité est que la vague qui traverse l'Occident, loin d'être une fièvre, est le signe d'un changement de monde» 
Joshua Mitchell , professeur de théorie politique
Loin d'insister sur la révolte identitaire profonde qui se manifestait, le Brexit fut interprété comme un nouveau coup de traître de la perfide Albion qui, au fond, n'avait jamais voulu de l'Europe. Le même prisme nourrit les analyses de l'élection de 2016 chez les démocrates américains, qui persistent à voir dans «l'ouragan Donald» le coup de force illégitime d'un seul homme ; sans réaliser que l'arbre Trump cache la forêt d'une rébellion trumpienne toujours bien vivante. «La réalité est que la vague qui traverse l'Occident, loin d'être une fièvre, est le signe d'un changement de monde», confiait le professeur de théorie politique Joshua Mitchell cet été, préoccupé par la dérive potentielle de cette rébellion vers une «forme de nationalisme ethnique» en Europe, si elle n'appelle pas de réponse concrète. Mais laquelle? C'est la question qui mine le continent.
En s'imposant comme la troisième force du Bundestag avec un score de 13 %, l'Alliance pour la démocratie (AfD) allemande a fait exploser en septembre les espoirs d'un reflux. Même l'Allemagne, si longtemps «sanctuarisée», en raison du passé nazi, n'échappe plus à la rébellion identitaire. La vague migratoire de 2015, et le choix imprudent d'Angela Merkel de laisser les frontières grandes ouvertes ont pesé lourd. En Autriche, début octobre, c'est le jeune leader du parti conservateur Sébastian Kurz qui a raflé la mise, essentiellement parce qu'il a su aller chercher des électeurs sur les terres du FPÖ, situé à l'extrême droite, en reprenant l'essentiel de ses slogans anti-immigration. Le FPÖ engrange lui-même un score de 26 % des voix et pourrait rejoindre la coalition gouvernementale. En République tchèque, le milliardaire Andrej Babis a gagné les législatives en se présentant comme un entrepreneur hors système capable de lutter contre la corruption et les «ordres» de Bruxelles sur la question des réfugiés.
«La vague populiste est loin d'être arrêtée, l'agenda de l'extrême droite est en réalité repris par les partis traditionnels»
Ruth Wodak, professeure à l'université de Vienne
Dans des pays traditionnellement accueillants, comme la Suède ou le Danemark, la mouvance anti-immigration se porte aussi très bien. «La vague populiste est loin d'être arrêtée, l'agenda de l'extrême droite est en réalité repris par les partis traditionnels», constate Ruth Wodak, professeure à l'université de Vienne.
Les observateurs occidentaux ont tous souligné les similarités du récent coup de sang populiste tchèque avec les cas hongrois et polonais. De la Hongrie de Viktor Orban, à la Pologne du parti Droit et justice (PiS), une «révolte» des pays du groupe de Visegrad, monte sourdement contre Bruxelles. Elle est dopée par la peur du multiculturalisme et une forme de désaffection de la démocratie. Ce n'est pas surprenant, dit Wodak: «Dans ces pays et l'ex-RDA, qui a voté massivement pour le parti anti-immigration AfD, il n'y a pas eu de travail de mémoire sur le totalitarisme nazi, les peuples sont donc plus enclins au nationalisme.»
Partout, les classes populaires «en insécurité culturelle », expriment leur peur de perdre leur identité et exigent des frontières renforcées
Il serait trompeur d'en déduire toutefois que le nouveau schisme sera un schisme Est-Ouest, reconnaît-elle. Car la vague de colère transcende les divisions géographiques. À l'Est comme à l'Ouest, c'est une division verticale opposant élites libérales et classes populaires et moyennes qui se creuse. Le thème des «deux pays», celui des centres urbains inscrits dans la globalisation et des «pays périphériques» - qui a dominé l'élection américaine - est omniprésent. Partout, les classes populaires «en insécurité culturelle», pour reprendre la formule du géographe Christophe Guilluy, expriment leur peur de perdre leur identité et exigent des frontières renforcées. Partout, elles dénoncent «l'impuissance» du pouvoir.

La politique de Macron «pas sans risque»
Jusqu'ici, la réaction des élites européennes avait surtout consisté à diaboliser les «populistes» et à présenter toute remise en cause du principe des frontières ouvertes comme l'expression d'une «dérive nativiste» dangereuse, position qui a fait le miel de l'extrême droite, lui laissant un quasi-monopole sur les thématiques d'identité nationale. Mais la nouvelle tendance semble être de prendre ces questions au sérieux. «L'Europe, constate l'intellectuel Benjamin Haddad, dans The American Interest, est devenue un laboratoire des réponses à apporter à la vague populiste.» Emmanuel Macron, poursuit-il, a décidé de formuler une politique libérale et proeuropéenne, approche «qui n'est pas sans risque» car «en rapprochant le centre droit et le centre gauche, il consacre les extrêmes comme la seule vraie opposition». Le président français a aussi durci son discours sur les questions d'immigration et de sécurité.
En cette période de division extrême, la recherche de nuances et de positions pragmatiques intermédiaires devient un impératif politique
Mais une autre approche, incarnée par l'Autrichien Sebastian Kurz, cherche à répondre plus directement aux préoccupations de l‘extrême droite tout en refusant le racisme et l'euroscepticisme ouvert, note Haddad, qui se demande si «la route étroite» que le nouveau leader de l'Autriche veut dessiner, «en s'insurgeant contre la politique de l'UE sur les réfugiés sans pour autant abandonner Schengen», pourrait fonctionner. Kurz a appelé à la mise sur pied de bataillons européens chargés de sécuriser la frontière extérieure. Benjamin Haddad évoque sa stratégie d'intégration des réfugiés et son rôle dans la mise en place d'une loi qui a imposé un cadre à la fois protecteur et contraignant pour l'islam autrichien.
La démarche ne rassure pas Ruth Wodak, qui voit chez Kurz un alignement sur l'extrême droite «dangereux». Haddad reconnaît que le jeune chancelier «a une marge de manœuvre étroite» et que les risques sont réels, comme l'a, écrit-il, expérimenté David Cameron, qui en voulant marginaliser le parti antieuropéen et anti-immigration Ukip, a de fait précipité le Brexit. Mais il apparaît désormais impossible de ne laisser au peuple qu'un choix binaire entre le camp des frontières ouvertes et celui de l'extrême droite, semble plaider Haddad. En cette période de division extrême, la recherche de nuances et de positions pragmatiques intermédiaires devient un impératif politique.

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Un algorithme est parvenu à identifier des personnes aux idées suicidaires (31.10.2017)

  • Publié le 31/10/2017 à 09:02

L’ordinateur a également réussi à distinguer du groupe les personnes ayant tenté de mettre fin à leurs jours.
Cela ressemble à un scénario de science-fiction. Des chercheurs du département de psychologie de l’Université Carnegie Mellon à Pittsburgh (Etats-Unis) ont mis au point un algorithme capable d’identifier, dans 90% des cas, les personnes ayant des idées suicidaires. Et ce n’est pas tout. La machine a également réussi à repérer, au sein du groupe, celles ayant déjà fait une tentative de suicide. Ces résultats déconcertants ont été publiés le 30 octobre dans la revue Nature Human Behavior.
En pratique, les chercheurs ont enrôlé 17 jeunes adultes âgés de 18 à 30 ans, ayant récemment fait part de leurs idées suicidaires à leur psychologue. Dans le même temps, ils ont proposé à 17 autres personnes en bonne santé mentale («neurotypiques») de participer à l’étude. Ils ont ensuite fait passer à chacun des 34 participants une IRMfonctionnelle (imagerie par résonance magnétique). Cet examen - qui ne présente aucun danger car il n’utilise pas de rayons X — permet d’explorer en direct l’activité cérébrale, par le biais de l’observation de l’afflux de sang oxygéné.
Une fois dans l’appareil d’IRM - sorte de tube de deux mètres de long - les participants ont vu s’afficher sur un écran 30 mots les uns à la suite des autres. Certains mots étaient positifs («insouciance», «vitalité», «gentillesse»,...), d’autres négatifs («cruauté», «inquiet», «obscurité»,...) et 10 mots étaient spécifiquement associés au suicide et à la mort («sans espoir», «funèbre», «désespéré»). Les chercheurs ont alors demandé aux participants de réfléchir à chaque mot tandis que, dans le même temps, ils observaient les parties du cerveau en action.
Repérer les passages à l'acte
Toutes les images obtenues par IRM fonctionnelle ont ensuite été fournies à un algorithme. Pour chaque mot, les chercheurs ont indiqué à l’ordinateur si les images appartenaient aux personnes ayant des idées suicidaires ou à celles en bonne santé. Ils lui ont ensuite soumis des images qu’il ne connaissait pas et lui ont demandé de «classer» les personnes. Dans 91% des cas, l’algorithme ne s’est pas trompé. Les scientifiques ont alors voulu mettre la machine à l’épreuve en lui présentant les images des cerveaux de 21 personnes ayant des idées suicidaires, qui avaient été exclues de l’analyse en raison de leur mauvaise qualité. Là encore, l’algorithme a réussi à détecter ces personnes dans 87% des cas.
Les chercheurs se sont ensuite uniquement intéressés aux patients suicidaires, qu’ils ont séparés en deux groupes: ceux ayant tenté de se suicider (9 patients) et ceux qui ne l’avaient pas fait (8 patients). Dans 94% des cas, l’algorithme a réussi à reconnaître ceux qui avaient tenté de mettre fin à leurs jours.
En 2016, des chercheurs de l’université de Cincinnati avaient développé un algorithme capable de détecter les idées suicidaires à partir de l’analyse conjuguée des données verbales et acoustiques.
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Signature de la loi antiterroriste : l'absence de Belloubet fait polémique (31.10.2017)

  • Mis à jour le 31/10/2017 à 13:06 

  • Publié le 31/10/2017 à 11:48

LE SCAN POLITIQUE - Selon l'ex-garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas, «l'Histoire retiendra qu'une loi modifiant le Code de procédure pénale» a été lancée sans l'actuelle ministre de la Justice qui, en retour, dénonce une «polémique politique».
La sortie de l'état d'urgence signe-t-elle le retour de l'État de droit? À entendre l'aile gauche de l'opposition, la réponse est non. En effet, la fin de ce dispositif exceptionnel - qui sera effective mercredi à minuit -, et son remplacement par la nouvelle loi antiterroriste - qui modifie le droit commun -, inquiète plusieurs élus écologistes, socialistes, ou de La France Insoumise. Tous dénoncent une restriction des libertés publiques et préviennent contre les risques d'une dérive sécuritaire.
D'autres, comme l'ancien Garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas, préfèrent s'attarder sur la manière dont a été promulguée la nouvelle loi... Et notamment l'absence de la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, qui n'a pas assisté à la très médiatique signature du texte, mise en scène par Emmanuel Macron lundi après-midi. «L'Histoire retiendra qu'une loi modifiant le Code de procédure pénale fut signée par le chef de l'État en présence que du ministre de l'Intérieur», a asséné Urvoas sur Twitter.
Même réprobation de la part de la sénatrice PS de Paris, Marie-Pierre de la Gontrie, qui s'est elle aussi insurgée de cette absence. «La garde des Sceaux s'excuse, il n'y avait plus de place à la table, c'est ballot», a-t-elle ironisé sur le réseau social. «Signature d'une loi de procédure pénale sans la ministre de la justice...», a quant à lui relevé l'ancien député écologiste des Français de l'étranger, Sergio Coronado, joignant le hashtag («mot-dièse», ndlr) «#justiceécartée» à son message.
Invitée de Public Sénat ce mardi matin, Nicole Belloubet a tenu à répondre aux critiques. «Là, nous sommes dans l'ordre de la polémique politique», a-t-elle regretté. «Je le respecte et j'ai beaucoup d'amitié pour mon anté-prédécesseur (Jean-Jacques Urvoas, ndlr) mais je crois que ce n'est pas tout à fait la réalité. Je le dis ici clairement: lorsqu'il y a besoin du juge, le juge a été introduit. Et j'en serai vraiment la garante et j'en garantis le respect», a-t-elle promis sur la chaîne parlementaire.
Lundi, le double-symbole de l'absence de Nicole Belloubet (Justice) et de la présence de Gérard Collomb (Intérieur) lors de la signature de la loi antiterroriste a renvoyé aux traditionnelles oppositions et frictions entre la police et la justice. Sous le quinquennat de François Hollande, cette opposition s'était par exemple cristallisée autour de l'affrontement entre le ministre de l'Intérieur Manuel Valls, jugé ultra-sécuritaire, et la ministre de la Justice, Christiane Taubira, étrillée par ses adversaires pour son laxisme supposé.
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Joggeuse disparue : un corps «brûlé» a été retrouvé (30.10.2017)

  • Mis à jour le 31/10/2017 à 13:10 

  • Publié le 30/10/2017 à 08:51
VIDÉO - Alexia Daval a disparu samedi matin alors qu'elle faisait son jogging sur les rives de la Saône. Lundi, un corps «volontairement brûlé» a été découvert à proximité. Une enquête pour assassinat a été ouverte. L'autopsie aura lieu jeudi.
Un corps brûlé a été découvert lundi après-midi dans un bois isolé, à plusieurs kilomètres du parcours de footing habituel d'Alexia Daval, 29 ans, disparue samedi à Gray (Haute-Saône). Seule une autopsie permettra son identification: «Il est trop tôt pour affirmer qu'il s'(agit) bien d'Alexia» Daval, a précisé le procureur de Vesoul, Emmanuel Dupic, alors qu'une enquête a été ouverte pour assassinat.
Depuis, la scène de crime est «gelée». Les enquêteurs de la gendarmerie et les techniciens en investigation criminelle s'affairent dans le bois de Velet, aidés de trois drones. Les appareils ont été mobilisés «pour permettre, vu du ciel, d'identifier des éléments qui seraient lointains et peu visibles pour un observateur au niveau du sol», a expliqué le commandant de gendarmerie de Haute-Saône, Jean-Michel Blaudez.
«Le corps découvert est celui d'un individu plutôt jeune (...) L'identification sera certaine avec l'autopsie jeudi», a souligné le magistrat, qui a reçu les parents de la jeune femme en début de soirée lundi, avant de confirmer la macabre découverte. «Il n'y a aucun suspect à ce stade de l'enquête. Elle va être compliquée et longue», a-t-il estimé.
Velet, commune limitrophe de Gray-la-Ville où vivait Alexia, est située à «plusieurs kilomètres de l'itinéraire habituel» de course de la joggeuse, a précisé Jean-Michel Blaudez. Le corps retrouvé grâce à un «ratissage méthodique (...) a été brûlé sur place», expliquant le choix du bois, «assez isolé», selon le magistrat.
«On n'est jamais à l'abri d'un acte isolé»
Depuis lundi, la piste d'un enlèvement était privilégiée et une issue fatale était redoutée. «Les investigations, très minutieuses, n'accréditent pas du tout la thèse de l'accident, donc on est obligé de penser à quelque chose de plus grave», avait reconnu le procureur, ouvrant une information judiciaire pour «enlèvement et séquestration», avant la découverte du corps.
Alexia Daval avait quitté son domicile de Gray-la-Ville samedi vers 9 heures pour aller courir. N'ayant pas vu revenir son épouse, partie sans son téléphone, son mari avait prévenu vers midi les gendarmes. Au moment de sa disparition, la jeune femme blonde portait des lunettes rouges. Elle était vêtue d'une tenue de sport composée d'un short noir, d'un gilet rouge et de baskets roses.
La mère de la jeune femme, Isabelle Fouillot, espérait que sa fille soit retrouvée vivante, tout en avouant redouter le pire. «Je pense qu'elle a été enlevée. Quelqu'un la retient ou s'est débarrassé d'elle et on va retrouver son corps», avait-elle confié lundi à la mi-journée. Employée de banque et mariée depuis deux ans, Alexia Daval n'avait «aucun problème particulier», selon le procureur. Ses parents sont très connus dans le secteur de Gray où ils tiennent un café PMU et où sa mère est conseillère municipale.
Parents, amis, riverains, près de 400 personnes ont bravé le vent froid dimanche et lundi, pendant plusieurs heures pour pratiquer des battues sur les différents chemins empruntés habituellement par la jeune femme lors de ses jogging. «Le parcours qu'empruntait Alexia est très fréquenté. Beaucoup de gens marchent et courent à cet endroit et il n'y a jamais eu de problèmes. Alexia ne s'est pas mise en danger. Mais on n'est jamais à l'abri d'un acte isolé», a reconnu Christophe Laurençot, maire de Gray, commune de 5000 habitants.
Harcelée par téléphone?
Tout en souhaitant éviter la psychose, l'édile s'est dit «très inquiet» à l'idée qu'«un criminel en cavale» puisse se trouver dans les environs de sa commune. Et les rumeurs se multiplient depuis la disparition. L'une fait état d'une fourgonnette blanche dont le conducteur aurait abordé de manière agressive des jeunes filles dans le secteur de Gray. «Il y a énormément de rumeurs publiques comme c'est le cas dans ce genre de dossiers», met en garde le procureur. «Tout sera vérifié». De son côté, la mère de la disparue a indiqué lundi à l'Agence France-Presse qu'Alexia Duval était «harcelée» téléphoniquement depuis plusieurs mois par un jeune homme. Un élément en cours de vérification par les enquêteurs.
Un numéro a été mis en place: 03.84.65.11.45. Le procureur rappelle que les enquêteurs ont «besoin de tous les témoignages». «Même quelque chose qui peut paraître insignifiant à Gray», a-t-il souligné.
À la Cinémathèque, Polanski dénonce les «zinzins» qui voudraient détruire son œuvre (30.10.2017)

  • Mis à jour le 31/10/2017 à 07:46 

  • Publié le 30/10/2017 à 20:57

NOUS Y ÉTIONS - Quelques dizaines de manifestants ont protesté lundi contre l'hommage que l'institution parisienne consacre au cinéaste franco-polonais, accusé de viol sur mineurs. Des activistes que le réalisateur a comparés aux nazis qui détruisaient les livres dans les années 1930.
Une quarantaine de personnes a répondu à l'appel des collectifs de féministes qui entendent protester, lundi soir, contre la programmation d'une rétrospective consacrée à Roman Polanski à la Cinémathèque de Paris. Scandant «extradition pour Polanski», les manifestants se sont retrouvés sous des drapeaux Osez le féminisme, nom de l'association à l'origine du rassemblement.
Quelques pancartes précisent leurs griefs. «Si violer est un art, donnez à Polanski tous les César», indique l'une d'elle. Une autre est brandie par Voltuan, une figure connue des manifestations. Sur son panneau blanc aux grandes lettres colorées, on peut lire «stop sexual assault against women»: «arrêtez le harcèlement sexuel contre les femmes». L'activiste a ajouté un «girls» en surimpression de «women», pour les jeunes filles. Le tout est accompagné du hashtag #Wetootogether.
À l'intérieur de la Cinémathèque, où la soirée d'inauguration de la rétrospective se prépare, les invités sont parfois interloqués, souvent indifférents. Le directeur de l'institution, Frédéric Bonnaud est lui manifestement tendu et crispé. Il se glisse dans le hall en coup de vent pour accueillir Anne Sinclair, avant de filer en coulisse.
Roman Polanski est bien là. «Merci ce soir d'être ici», lance-t-il simplement à l'assistance où l'on reconnaît son scénariste Olivier Assayas, le compositeur Alexandre Desplat et la comédienne Emmanuelle Seigner. Polanski souligne à dessein le travail de conservation «de tous les films» de la Cinémathèque. Puis se lance dans un parallèle entre la situation actuelle et les destructions les livres organisées par les nazis. «Avant on pouvait brûler les livres, comme Hitler», lance-t-il en évoquant les «pellicules en nitrate» hautement inflammable. Le réalisateur s'estime heureux qu'«aujourd'hui avec le tout numérique, on passe d'un support à l'autre en dépit de certains zinzins».
Olivier Assayas prend à son tour la parole. «Admirateur depuis l'adolescence» du travail de Roman Polanski, il explique avoir été très heureux de travailler avec lui. Puis, le film est projeté sans autre forme de procès.
Dehors, autre ambiance. «À ceux qui veulent protéger les agresseurs, les femmes leur disent résistance», lancent les militants et militantes, encouragés par un mégaphone. Autour d'eux, les journalistes sont presque aussi nombreux. «Un procès pour Polanski maintenant», entend-on encore. Quand des invités sortent de la Cinémathèque, ils sont hués au cri de «public complice». Mais le calme retombe toujours très vite.
Malgré les appels des collectifs, la Cinémathèque avait annoncé la semaine dernière qu'elle maintiendrait la manifestation et notamment sa soirée de lancement à l'occasion de laquelle Roman Polanski était attendu pour présenter son dernier film, D'après une histoire vraie, avec Emmanuelle Seigner et Eva Green. La rétrospective est prévue pour durer jusqu'au 25 novembre. Et ce qu'importent les appels à manifester et les protestations des collectifs de défense des droits des femmes comme Osez le Féminisme qui invoquent les accusations d'agressions sexuelles à l'encontre du cinéaste pour tenter de faire annuler l'événement.
Les premières accusations datent de 1977. Roman Polanski avait plaidé coupable «pour attouchements sexuels sur une mineure de 13 ans». Après une incarcération de 47 jours suivie d'une libération sous caution, le réalisateur avait fui les États-Unis en découvrant qu'il risquait une peine de prison de cinquante ans. Le cinéaste, aujourd'hui âgé de 84 ans, ne remettra plus les pieds sur le territoire américain. En 2009, après la sortie du documentaire Roman Polanski: Wanted and Desired, l'affaire rebondit. Les autorités suisses placent Roman Polanski en résidence surveillée pendant 10 mois, mais finissent par refuser de l'extrader vers les États-Unis.
En 2010, l'actrice britannique Charlotte Lewis avait déclaré que le réalisateur l'avait forcée à avoir une relation sexuelle lorsqu'elle avait 16 ans. Une troisième femme a accusé en août dernier le réalisateur d'agression sexuelle lorsqu'elle avait tout juste 16 ans, en 1973. Des accusations portées au nombre de quatre, début octobre, alors que le cinéaste a été à nouveau accusé d'un viol sur mineure datant des années 1970 par une artiste californienne.

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32 attentats déjoués, 4457 perquisitions, 625 armes saisies : le bilan de l'état d'urgence (31.10.2017)

  • Publié le 31/10/2017 à 11:43

Mis en place au lendemain des attentats du 13 novembre 2015, le dispositif de sécurité prend fin ce mercredi pour être remplacé par une loi antiterroriste. Le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, détaille les deux années où la France a vécu au rythme de l'état d'urgence dans un entretien accordé à L'Express.
Instauré au soir des attentats du 13 novembre 2015 à Paris, l'état d'urgence, renouvelé à six reprises, prend fin ce mercredi pour être remplacé par une loi antiterroriste qui doit assurer «pleinement la sécurité» des Français selon les propos d'Emmanuel Macron. À cette occasion, le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, dévoile mardi dans les colonnes de L'Express le bilan chiffré de ce dispositif de sécurité.
● 32 attaques terroristes déjouées
Depuis novembre 2015, «les services de sécurité ont réussi à déjouer pas moins d'une trentaine d'attentats dont 13 cette année soit grâce à des renseignements venus de l'étranger, soit grâce à des mesures spécifiques liées à l'état d'urgence», a annoncé Gérard Collomb. Certains suspects arrêtés envisageaient par exemple de commettre une action terroriste durant un meeting politique lors du premier tour des présidentielles. D'autres préparaient l'attaque d'une salle de concert, d'un centre commercial à Parisou encore de s'en prendre à une centrale nucléaire.
● 4457 perquisitions administratives et 625 armes à feu saisies
Sur simple décision du préfet, près de 4457 perquisitions administratives ont permis aux services de sécurité d'intervenir chez des particuliers suspectés d'entretenir des liens étroits avec la mouvance djihadiste. Lors de ces interventions, près 625 armes à feu ont été saisies. Parmi elles, 78 sont considérées comme des armes de guerretelles que des kalachnikovs, des fusils d'assaut et un lance-roquettes.Des suites judiciaires ont été données dans près d'un quart des cas: 998 enquêtes judiciaires ont ainsi été ouvertes, donnant lieu à 646 gardes à vue.
● 752 individus assignés à résidence
En deux ans, 752 individus ont été assignés à leur domicile. En temps normal, les assignations à résidence doivent être prononcées par un juge d'instruction ou un juge des libertés et des détentions. Dans les deux cas, il s'agit de proposer une alternative à l'emprisonnement d'une personne. Cependant, en période d'état d'urgence, la décision d'assigner à résidence peut être prise par le ministre de l'Intérieur et des préfets à l'encontre de toute personne «dont l'activité est dangereuse pour la sécurité et l'ordre publics». Sur les 752 suspects, seuls 41 d'entre eux sont encore assignés chez eux dont huit l'ont été sans interruption durant les 23 mois du régime d'exception. La personne assignée à résidence doit impérativement rester à son domicile pour un laps de temps défini par l'autorité qui prononce l'assignation. Dans le cas des dernières mesures prises depuis les attentats, certaines personnes visées sont obligées de rester à leur domicile entre 20 heures et 6 heures du matin, doivent pointer entre deux et trois fois par jour auprès de la gendarmerie ou de la police et ont interdiction de quitter la commune, sauf avec l'autorisation du préfet.
● 19 lieux de culte fermés en deux ans
En deux ans, 19 lieux de cultes, soupçonnés d'abriter en leur sein des prédicateurs incitant à la haine ou à la violence, ont été interdits d'accès sur décision administrative. Actuellement, onze mosquées ou salles de prières sont encore fermées au public. Deux d'entre elles l'ont été ces quinze derniers jours. «Avec la fin de ce régime d'exception, certaines vont pouvoir rouvrir», a confié Gérard Collomb car «les choses ont évolué». Néanmoins, le ministre de l'Intérieur reste vigilant et précise que «le sort de d'autres mosquées sera toutefois examiné».
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Catalogne : Carles Puigdemont s'exfiltre chez les Belges (30.10.2017)
  • Par  Mathieu de Taillac 

  • Mis à jour le 30/10/2017 à 20:50 

  • Publié le 30/10/2017 à 20:24

VIDÉO - Les deux grands partis indépendantistes dont celui du président catalan destitué participeront aux élections régionales convoquées par Madrid.
À Madrid
Accusé de sédition, de rébellion et de malversation par le parquet, le président catalan, destitué samedi dernier par Madrid, est apparu par surprise ce lundi… à Bruxelles. Accompagné de cinq des membres de son gouvernement régional, lui aussi révoqué, Carles Puigdemont compterait, selon la presse catalane, demander l'asile politique à la Belgique. Selon le récit d'El Periódico de Catalunya, les six compères se seraient rendus en voiture à Marseille, d'où ils auraient pris un avion pour Bruxelles. Faute d'avoir encore été notifiés de leur probable inculpation, dont doivent encore décider les juges, les ex-dirigeants ne sont soumis à aucune restriction de mouvement ni en Espagne ni à l'étranger. Il n'en a guère fallu davantage au député indépendantiste Lluis Llach pour saluer sur Twitter «le président de la République en exil».
Lundi, le secrétaire d'État belge à l'Asile et à la Migration, membre du parti indépendantiste Nouvelle Alliance flamande (N-VA), avait jugé «pas irréaliste» d'accorder l'asile à Puigdemont, avant d'être corrigé par son premier ministre, Charles Michel. Sans aller jusqu'au droit d'asile, la Belgique offre, en cas de mandat d'arrêt européen, des garanties dont ne bénéficieraient pas Puigdemont et ses collaborateurs dans d'autres pays communautaires. Dans le cas d'un mandat d'arrêt pour rébellion, la justice belge devrait se prononcer sur le fond du dossier avant de décider de livrer les accusés à l'Espagne.
Les sécessionnistes face à la réalité légale
Carles Puigdemont, son gouvernement régional, ainsi que le Bureau du Parlement autonome ont été formellement accusés ce lundi par le procureur général, José Manuel Maza. Le délit de rébellion est défini par le Code pénal espagnol comme un soulèvement «public et violent» assorti d'un objectif politique déterminé, et la déclaration d'indépendance est spécifiquement mentionnée. Il est passible de quinze à vingt-cinq ans de prison. Celui de sédition, qui exige un soulèvement «tumultueux» destiné à «empêcher l'application des lois» ou «l'exercice légitime des fonctions d'une autorité ou d'un fonctionnaire», peut être sanctionné par des peines maximales de quinze ans de prison.
Maza a évité d'indiquer s'il assortirait ses poursuites d'une demande de détention préventive, réservant cette annonce pour les jours des auditions. Il réclame toutefois aux juges d'imposer à chaque accusé une caution d'un peu plus de 300.000 euros, soit plus de 6,2 millions pour le total des 20 responsables concernés. Les membres déchus de l'exécutif seront convoqués par l'Audience nationale, le plus haut tribunal pénal espagnol, tandis que les représentants de la Chambre régionale, couverts par leur immunité parlementaire, devront se défendre devant le Tribunal suprême.
La particulière «fuite de Varennes» des six membres de l'ex-gouvernement catalan et les accusations contre les principaux artisans de la déclaration de sécession ont rythmé ce qui devait être, pour les indépendantistes, le premier jour ouvré de leur République catalane, proclamée vendredi dernier. Pour le gouvernement espagnol et pour la légalité en vigueur, il s'agissait au contraire du premier jour de la mise sous tutelle de la région. Les membres du gouvernement déchu avaient l'interdiction de se rendre à leur poste de travail, sous peine d'être accusés d'un délit d'usurpation de fonctions.
«Au bureau, en train d'exercer les responsabilités que nous a confiées le peuple de Catalogne. On continue»
Josep Rull , conseiller au Territoire et au Développement durable, sur Twitter
Seul un ministre régional, le conseiller au Territoire et au Développement durable, s'est risqué à entrer dans son bureau, profitant sans doute de la tolérance de la police régionale, qui avait accepté que les ex-responsables passent récupérer leurs affaires. Josep Rull est resté une heure, le temps de se faire prendre en photo assis à sa table de travail et de poster l'image sur Twitter. Avec ce message: «Au bureau, en train d'exercer les responsabilités que nous a confiées le peuple de Catalogne. On continue.»
En fait de continuation, les indépendantistes se sont surtout pliés de facto à la réalité légale du Bulletin officiel de l'État, où ont été publiés samedi les décrets de destitution du gouvernement catalan et de dissolution du Parlement régional. La présidente de la Chambre, la très souverainiste Carme Forcadell, a renoncé à réunir le Bureau de l'Assemblée, qu'elle avait convoqué pour ce mardi avant de retirer cette prévision de l'agenda. Surtout, les deux grands partis de l'indépendantisme se sont rangés de manière spectaculaire derrière la légalité espagnole, en annonçant dès la mi-journée qu'ils participeraient aux élections régionales convoquées par Mariano Rajoy le 21 décembre.
Un porte-parole d'ERC (centre gauche indépendantiste), un parti à qui toutes les enquêtes d'opinion promettent la première place, a assuré que les élections étaient «un piège tendu» par Madrid, mais qu'il faudrait «être présent» pour «consolider la fragile République». Le PDeCAT (centre droit indépendantiste), dont est issu Puigdemont, a lancé un «Rendez-vous dans les urnes, monsieur Rajoy!». Relégué à la quatrième place dans les sondages s'il se présente en solitaire, le PDeCAT cherche à rééditer sa coalition avec ERC qui avait dissimulé sa chute lors des dernières élections, en 2015. Un sondage réalisé par le quotidien El Mundo à la veille de la déclaration d'indépendance donnait les deux blocs indépendantiste et unioniste au coude-à-coude: 42,5 % pour les premiers, 43,4 % pour les seconds. Entre les deux, avec 11 % d'intentions de vote, la gauche radicale proche de Podemos défend un référendum d'autodétermination mais refuse de se prononcer sur le fond de la question.
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Catalogne: les entrepreneurs prennent le large en catimini (31.10.2017)
Par Guillaume Mollaret
Mis à jour le 31/10/2017 à 17h53 | Publié le 30/10/2017 à 18h03
Ils sont plus de 1700 patrons à avoir, début octobre, déménagé hors de Catalogne le siège social de leur entreprise par crainte d'une déclaration d'indépendance.
Envoyé spécial à Barcelone
«J'étais à New York quand, vendredi, l'indépendance a été prononcée… Sur une heure de rendez-vous avec un fonds d'investissement, j'ai dû expliquer la situation politique en Catalogne au lieu de parler de notre activité. Ce n'est pas une situation confortable pour un chef d'entreprise.» De retour des États-Unis, Carlos Buesa, dirigeant-fondateur de la société de biotechnologies Orizon, s'exprime depuis ses bureaux de la banlieue sud de Barcelone. Il est parmi les premiers entrepreneurs à avoir, début octobre, déménagé hors de Catalogne le siège social de son entreprise par crainte d'une déclaration d'indépendance. Dans son sillage, ils sont plus de 1.700 patrons à avoir fait de même. Un mouvement massif. «Ces 1.700 entreprises représentent à elles seules 30 % du PIB de Catalogne. Banco Sabadell, CaixaBank ou encore le gazier Gas Natural, pour ne citer qu'eux, sont les fers de lance de l'économie catalane. C'est donc le symbole même de la réussite vantée par les indépendantistes qui quitte son berceau. Il est à redouter que ce mouvement soit pour beaucoup définitif à l'instar de ce qu'il s'est passé à la fin des années 1970 au Québec», analyse Daniel Lacalle, professeur d'économie à l'Instituto de Empresa de Madrid, une des principales écoles de commerce du pays.
La crainte d'une instabilité prolongée
«Il ne s'agit pas d'un chantage politique mais d'une nécessité pour la pérennité de notre activité», assure pour sa part Carlos Buesa. «Nous faisons valider nos productions dans le cadre d'essais cliniques soumis aux normes de l'Agence européenne du médicament. Nous ne pouvons pas nous permettre d'évoluer dans une sorte de vide juridique où ces essais pourraient être invalidés pour des raisons réglementaires», détaille le dirigeant avant de préciser que la mesure a également pour vocation de rassurer les fonds d'investissement étrangers et investisseurs boursiers déjà présents à son tour de table. Conséquence: Orizon réalise donc ses conseils d'administration à Madrid et y tiendra également ses réunions de direction.
Autre déménagement de poids programmé dans les jours à venir: celui de Freixenet, le roi du vin effervescent catalan appelé cava. Pour ce producteur réalisant quelque 540 millions d'euros de chiffre d'affaires, il ne s'agit évidemment pas de délocaliser ses vignes ou sa production, régies par une appellation d'origine contrôlée, mais de manifester une crainte réelle de devoir quitter l'Union européenne.
«L'indépendance de la Catalogne entraînerait de fait une sortie de l'Union. Ce serait, pour nous qui réalisons 80 % de notre chiffre d'affaires à l'export, une catastrophe. J'ai du respect pour les opinions de chacun. Nous sommes dans un pays libre. Mais d'un point de vue économique, une indépendance n'a aucun sens», analyse José Luis Bonet, président de Freixenet et de la chambre de commerce d'Espagne.
«Il est tout à fait légitime d'aspirer à plus d'indépendance politique mais que vaut-elle si cette dernière nous appauvrit sur le plan économique?»
Carlos Buesa, dirigeant-fondateur de la société de biotechnologies Orizon
Massif, l'exil des sièges sociaux hors de Catalogne se fait dans le silence. Rares sont en effet les patrons à prendre publiquement la parole en dehors des communiqués de presse laconiques publiés par leurs sociétés. Impossible même d'obtenir un commentaire de la chambre de commerce de Barcelone sur la situation actuelle… «Les chefs d'entreprise ont peur de donner un avis qui apparaisse contraire à la majorité médiatique qui s'exprime. C'est bien dommage car cela a entraîné une absence de débat autour des conséquences économiques d'une éventuelle indépendance», affirme Carlos Buesa qui compte sur les deux mois restant avant les prochaines élections pour apaiser les esprits et aider la population à faire son choix.
Pour davantage de certitudes, le chef d'entreprise espère qu'une majorité claire se dégagera. «Faut-il qu'elle soit à 60 %? À 75 %? Je ne sais pas. Mais à 50,1 % dans un sens ou dans l'autre, on risque de repartir pour une période indéterminée d'incertitude et d'instabilité. Nous referons alors un audit de la situation en agissant au mieux pour l'intérêt de notre activité et de nos salariés.» Comme si son propos n'était pas assez clair, Carlos Buesa interroge: «Il est tout à fait légitime d'aspirer à plus d'indépendance politique mais que vaut-elle si cette dernière nous appauvrit sur le plan économique?»

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La croix de Ploërmel ou la décomposition française (30.10.2017)
Par Eugénie Bastié
Mis à jour le 30/10/2017 à 19h37 | Publié le 30/10/2017 à 19h23
ANALYSE - Les réactions à la décision du Conseil d'État d'imposer le retrait de la croix de la statue de Jean-Paul II dans cette commune bretonne illustrent les fractures quant à la question religieuse en France, où tout acte de déchristianisation est perçu comme une propédeutique à l'islamisation.
#MontreTaCroix. Après la décision du Conseil d'État de confirmer le retrait d'une croix d'une statue de Jean-Paul II installée depuis 2006 sur la place de la petite commune de Ploërmel, dans le Morbihan, des internautes se sont emparés de ce mot dièse pour manifester leur colère. De Varsovie à Maaloula, de la Provence à la Bretagne, des images innombrables de crucifix, calvaires et églises ont envahi les réseaux sociaux. Cette exhibition était bien plus qu'une «Catho-Pride»: des non-chrétiens affichaient aussi leur attachement viscéral à un héritage commun.
C'est qu'en France, la croix est plus qu'un symbole religieux, elle est patrimoine et paysage. On la rencontre au détour d'un chemin creux sur un calvaire (rien que dans le département du Finistère, il y en a 3000), jusque sur le dôme du temple laïc du Panthéon.
L'histoire de Ploërmel prend des allures de parabole tant elle est révélatrice des fractures françaises
On pourrait juger cette affaire comme l'énième épisode d'une longue litanie: de la RATP censurant la mention «pour les chrétiens d'Orient» d'une affiche de bonnes œuvres à l'interdiction de crèches dans certaines mairies, en passant par la curieuse aphasie frappant le dernier président de la République lorsqu'il fallait prononcer le mot «chrétien» après un attentat en Égypte ou en Irak, ce n'est pas la première fois qu'une laïcité tatillonne nie le legs de la «fille aînée de l'Église».
Pourtant, l'histoire de Ploërmel prend des allures de parabole tant elle est révélatrice des fractures françaises. Ce n'est pas un hasard si elle se passe en Bretagne, champ de bataille particulier de la laïcité. La devise de la ville «tenax in fide» («tenace dans la foi») en témoigne: pendant la Révolution française, les chouans y coupèrent les arbres de la Liberté, lors de la loi de séparation de l'Église et de l'État en 1905, on y manifesta au son du tocsin contre les soldats venus déloger les frères des écoles.
Dans son œuvre majeure Composition française, l'historienne Mona Ozouf raconte merveilleusement son enfance bretonne passée entre le calvaire, l'école républicaine et ses parents militants régionalistes, «les trois lots de croyances avec lesquelles il me fallait vivre: la foi chrétienne de nos ancêtres, la foi bretonne de la maison, la foi de l'école dans la raison républicaine». Cette concurrence n'était pas sans heurts, mais les relations, même tissées de méfiance, existaient sous le sentiment d'appartenance à une nation commune. Chacun faisait des concessions. Elle évoque par exemple le pragmatisme de Jules Ferry et de Ferdinand Buisson lors du retrait des crucifix à l'école. «Fallait-il décrocher les crucifix tout de suite, et partout? À ces questions épineuses ils avaient apporté une réponse nuancée, l'œil sur une constante boussole, le “vœu” des populations. Ils recommandaient de profiter des vacances, ou d'une campagne de réfection des locaux scolaires, pour décrocher le crucifix, et oublier de l'y remettre, quitte à lui rendre sa place si l'entourage s'en émeut», écrit-elle.
Cet équilibre délicat, trouvé par tâtonnements après beaucoup de sang et de larmes, entre les racines chrétiennes, les identités régionales et l'universalisme républicain est aujourd'hui fragilisé par l'irruption d'un quatrième facteur : l'islam
Cet équilibre délicat, trouvé par tâtonnements après beaucoup de sang et de larmes, entre les racines chrétiennes, les identités régionales et l'universalisme républicain est aujourd'hui fragilisé par l'irruption d'un quatrième facteur: l'islam. La place grandissante d'un islam visibilisé par le voile et les mosquées rend brûlant le sentiment d'une dépossession. «Ce qui choque, c'est de voir l'État retirer une croix, comme les islamistes, et de les laisser se développer en France #MontreTaCroix», écrivait un twittos. Aussi, la décision concernant Ploërmel est jugée incompréhensible au regard du blanc-seing donné par ce même Conseil d'État au «burkini» (et ce indifféremment du cadre juridique évidemment différent).
Nous ne sommes plus dans la vieille querelle européenne entre Peppone et Don Camillo, le curé et le «libre-penseur». L'«insécurité culturelle» est désormais telle que tout acte de déchristianisation est perçu comme une propédeutique à l'islamisation. Dans cette «décomposition» française à l'œuvre, la laïcité aveugle des «intégristes républicains» (Mona Ozouf) n'est pas un ciment efficace, mais au contraire un catalyseur. En 1906, l'écrivain catholique Charles Péguy - qui plaidait pourtant pour «la séparation de la métaphysique et de l'État» - pressentait déjà les ravages auxquels conduirait une conception étriquée de la laïcité. Il citait avec stupeur Viviani, ministre du Travail sous la III e République, qui se vantait à la tribune de l'Assemblée: «Nous avons éteint dans le Ciel des Lumières que l'on ne rallumera plus», et qui célébrait l'avènement de «l'homme à qui nous avons fait le Ciel vide». Dans Situation de la France, le philosophe Pierre Manent faisait de la conservation de la «marque chrétienne» de la France la condition d'une bonne intégration des musulmans. «Ils n'entrent pas dans un lieu vide, ils ont à trouver leur place dans un monde plein», écrivait-il. L'angoisse de Ploërmel, c'est l'angoisse d'un ciel vide que viendraient remplir d'autres dieux.

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La France en a-t-elle fini avec la désindustrialisation ? (30.10.2017)
Par Anne Bodescot
Mis à jour le 31/10/2017 à 08h03 | Publié le 30/10/2017 à 17h40
INFOGRAPHIE - Après des décennies de baisse, l'industrie crée de nouveau des emplois et les ouvertures d'usines sont supérieures aux fermetures. La France doit se mobiliser pour se réindustrialiser. Un immense défi.
L'espoir renaît pour l'industrie française. Certes, les géants européens sont toujours à la peine, et des usines ferment encore, comme celle de Caterpillar - pourtant rentable - dans le Pas-de-Calais ou celle de Tupperware à Joué-lès-Tours. Mais les statistiques le montrent, ce secteur si longtemps malmené connaît un retour à meilleure fortune depuis quelques trimestres. Est-ce l'ébauche de cette réindustrialisation qu'ont appelée de leurs vœux les gouvernements successifs? Plus compétitive qu'autrefois sur le coût du travail, grâce notamment au CICE, la France peut-elle redresser la barre et retenir ses industries? C'est ce que certains espèrent, grâce à la révolution digitale.
Une embellie tirée par la croissance
Le constat était sans appel. La part de l'industrie dans l'emploi est passée de plus de 16 % il y a quinze ans à 12,5 % aujourd'hui, alors qu'elle atteint 23 % en Allemagne. Mais depuis peu, les embauches repartent: 13.000 créations d'emplois nettes ont été comptabilisées dans l'industrie sur la période 2016-2017, selon l'Observatoire du cabinet Trendeo. Sur les deux années précédentes (2014-2015), 20.600 postes avaient disparu. Une inflexion décisive? «Dans les statistiques de l'Insee et de la Dares, l'emploi industriel se redresse grâce aux emplois intérimaires. Sans eux, il commence en réalité tout juste à se stabiliser», tempère Denis Ferrand, directeur général de COE Rexecode, qui met en garde contre les conclusions trop optimistes.
De nombreux emplois industriels ont disparu en France parce que les entreprises du secteur ont externalisé certaines fonctions (comptabilité…). Les hommes et les femmes qui les réalisent ont donc quitté les statistiques de l'industrie pour réapparaître dans celles des services. «Or, ce mouvement touche à sa fin, et cela contribue à la stabilisation des effectifs dans le secteur», précise l'institut de conjoncture.
Le moral des industriels, remonte en flèche. Il est à son plus haut niveau depuis dix ans, selon l'Insee
Mais l'emploi n'est pas le seul indicateur à virer au vert. Les usines qui ferment leurs portes sont de moins en moins nombreuses. La France crée plus de nouveaux sites industriels qu'elle n'en perd (87 créations d'usines employant plus de 10 personnes, contre 61 fermetures, selon Trendeo). Même la production industrielle - encore inférieure de 10 % à celle de 2007 - se redresse. Si le premier trimestre 2017 avait montré une simple consolidation (+ 0,1), le deuxième a été plus fructueux, avec une hausse de 1,3 %, tiré, selon l'Insee, par la production de biens de consommation.
Le moral des industriels, remonte en flèche. Il est à son plus haut niveau depuis dix ans, selon l'Insee. Les chefs d'entreprise envisagent d'accroître leurs investissements de 7 % cette année. Ce serait la plus forte progression depuis vingt ans. «Ils voient la demande intérieure et extérieure progresser depuis quelques années. Cela les incite à investir», relève Frédéric Saint-Geours, vice-président du Conseil national de l'industrie (CNI).
Ils y sont d'autant plus enclins que l'appareil de production en France, trop ancien, risque d'être bientôt saturé. «Il a 19 ans d'âge en moyenne, soit le double de l'Allemagne», rappelle cette figure du patronat français. Le taux d'utilisation des moyens de production, après avoir progressé régulièrement ces dernières années, est repassé au-dessus de sa moyenne historique. L'an dernier, les achats de robots et autres machines ont bondi de 16 % dans l'Hexagone. Pourtant, malgré ces signes encourageants, personne ne crie victoire. Car ce redressement est en bonne partie conjoncturel, tiré par le retour de croissance en Europe et dans le monde. «Le rebond de l'industrie est même plus marqué encore dans d'autres pays de la zone euro, notamment en Allemagne, que chez nous», observe Denis Ferrand.

- Crédits photo : Insee, Douanes et Trendeo
De lourds handicaps
Les faiblesses de l'industrie tricolore se font d'ailleurs plus criantes à mesure que l'investissement et la consommation se reprennent. Tant d'entreprises ont disparu ou produisent à l'étranger désormais qu'il «n'y a souvent plus d'offre en France à mettre en face de cette demande qui repart», analyse Louis Gallois, auteur en 2012 du «Pacte pour la compétitivité de l'industrie française». Ce sont donc les importations qui explosent. Si le gouvernement prévoit un déficit commercial de 62,7 milliards d'euros cette année - presque 15 milliards d'euros de plus qu'en 2016 -, c'est en partie parce que les entreprises, justement, investissent. Et que les nouvelles machines-outils et le matériel informatique qu'elles commandent proviennent de l'étranger. «Un point de demande supplémentaire dans le pays fait progresser de 0,3 % la production industrielle française… et de trois points les importations» chiffre Frédéric Saint-Geours.
Sur le front de l'emploi aussi, les années de désindustrialisation pèsent lourd. «Les jeunes se sont détournés de nos métiers, ils ne sont plus formés pour nos industries», constate David Soulard, le directeur général des Meubles Gautier, qui peine à recruter 40 personnes dans son entreprise vendéenne. «Avec le redémarrage de l'économie, cela devient un réel problème. Trouver des techniciens de maintenance par exemple est difficile», avance-t-il. Mais le secteur a pris conscience de cette faiblesse et veut redresser la barre. Cet automne, industriels, organismes de formation et services de l'emploi cogitent pour tenter de gagner la bataille de la formation.
«Faute de pouvoir remplacer les entreprises disparues ou les fleurons industriels passés sous pavillon étranger, les industriels et l'État misent sur les PME»
Recréer un écosystème
Faute de pouvoir remplacer les entreprises disparues ou les fleurons industriels passés sous pavillon étranger, les industriels et l'État, bien décidés à réindustrialiser le pays, misent sur les PME. «Il faut les inciter à investir, pour moderniser l'outil de production», plaide Frédéric Saint-Geours. Leur taux d'investissement est, selon les années, de 5 à 10 points inférieur à la moyenne des entreprises françaises.
La politique industrielle de la France, à laquelle le gouvernement Macron veut donner un nouvel élan, entend aussi les aider à grandir, car la France a besoin des ETI (entreprises de taille intermédiaire). Plus grosses, elles exportent davantage que les PME. Or, avec seulement 4600 ETI, la France est loin derrière l'Italie (8000) ou l'Allemagne, qui en compte 12.000. Est-ce pour cette raison que l'Hexagone compte trois fois moins d'entreprises exportatrices que ses voisins?
La France n'est pas assez compétitive
C'est aussi que la France, malgré ses progrès, n'est toujours pas assez compétitive. Les marges des industriels tricolores sont plus faibles que celles de leurs homologues allemandes. Mais accuser le coût du travail du pays n'est plus de mise. «Il est désormais inférieur à celui de l'Allemagne grâce aux efforts qui ont été faits, notamment avec le CICE (crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi)», relève Frédéric Saint-Geours.
La qualité, en revanche, n'est pas toujours au rendez-vous. Aujourd'hui, à prix égal, le made in France est jugé de moindre qualité que le made in Germany, constate COE Rexecode. «Nous aurons gagné quand nous serons plus compétitifs, ce qui ne veut pas dire seulement les moins chers, mais aussi les plus rapides à produire et à livrer des produits de bonne qualité» résume Moundir Rachidi, directeur au Boston Consulting Group (BCG).
Le numérique rebat les cartes
La révolution digitale pourrait offrir cette chance à l'industrie française. À l'image des imprimantes 3D, qui permettent de fabriquer vite et sur mesure, les industriels parient sur un nouveau modèle économique, où s'adapter rapidement à la demande du client pour lui livrer tout aussi vite des produits personnalisés deviendrait plus important que d'afficher le prix le plus faible. De quoi laminer la concurrence des pays à bas coûts, comme la Chine, dont la production, pour afficher des prix compétitifs, voyage par bateau. Lentement. «Cette production plus personnalisée oblige à plus de proximité avec le client et est donc favorable aux pays qui ont la zone de chalandise, c'est-à-dire les consommateurs», assure Louis Gallois, également président du think-tank La Fabrique de l'industrie.
S'agit-il d'une piste pour relocaliser les usines dans la Vieille Europe? Avec la gestion des données et le «digital twin» (le jumeau digital de tout objet connecté), il sera possible d'en mesurer à tout moment l'usure, ou d'organiser une «maintenance prédictive» (arrêter les chaînes de production avant que l'incident ne se produise). «Cette industrie 4.0 est synonyme de gains de productivité, avec une amélioration de 15 % à 20 % de la performance», explique le spécialiste du BCG, qui y voit aussi une façon d'offrir d'autres services et de nouveaux produits. La France commence à prendre conscience de l'enjeu, mais elle a déjà pris du retard par rapport à l'Allemagne, au Japon, au Royaume-Uni, «qui envisagent ces technologies de façon beaucoup plus pragmatique, comme un levier pour produire mieux», assure le spécialiste du BCG.
Ainsi, l'Allemagne, déroule un plan national Industrie 4.0. La France, elle, part avec un handicap. Dotée de moins d'industries, elle voit aussi naître moins de start-up industrielles que sa voisine. «D'où l'urgence d'aider celles que nous avons, qui vont soutenir les grands groupes dans ce virage technologique et qui sauront exporter», insiste Moundir Rachidi. Un premier pas en ce sens a été fait par le gouvernement et Bpifrance qui ont lancé la French Fab, un dispositif d'accompagnement pour les jeunes pousses industrielles. Mais tout n'est pas gagné.
Bpifrance vient de publier une étude montrant que près de la moitié des dirigeants de PME et d'ETI estiment que l'impact du digital ne sera pas majeur pour leur activité dans les cinq années à venir. La banque publique, pourtant, est précisément convaincue du contraire.

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