jeudi 2 novembre 2017

Islamisme et politique (30.10.2017)

Kenya: Kenyatta remporte la présidentielle avec 98,26% des voix (30.10.2017)
Yémen: l'Iran rejette les accusations "ridicules" de l'Arabie (30.10.2017)
Un Polonais décède après s'être immolé (30.10.2017)
L'Iran lève les restrictions sur le transit frontalier avec le Kurdistan (30.10.2017)
Attaque du Thalys : 4 personnes interpellées en Belgique (30.10.2017)
Israël dit avoir fait exploser un tunnel entre Gaza et son territoire (30.10.2017)
Les USA annoncent 60 millions de dollars d'aide pour le G5 Sahel (30.10.2017)
Syrie: un convoi d'aide entre dans la Ghouta (30.10.2017)
Macron signe la loi antiterroriste controversée (30.10.2017)
Kurdistan irakien : Massoud Barzani renonce à être président (29.10.2017)
Syrie : le forcing russe pour des négociations (29.10.2017)
Inégalités salariales : une perte de 62 milliards pour l'économie française (30.10.2017)
Accusations de viol: Tariq Ramadan dénonce «une campagne de calomnie» (30.10.2017)
Disparition en Haute-Saône : la piste de l'enlèvement privilégiée (30.10.2017)
«Génération porno» : la fabrique du porc (30.10.2017)
EN DIRECT - Le parquet veut poursuivre les dirigeants catalans pour rébellion (30.10.2017)
EN DIRECT - Le procès Merah à l'heure des réquisitions (30.10.2017)
Fatiha Boudjahlat : «Les néo-féministes sont les idiotes utiles des indigénistes» (27.10.2017)
Diam's : «Ce que j'ai gagné par le passé me permet de vivre aisément» (29.10.2017)
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Week-end de fête protestante à Strasbourg (27.10.2017)


Kenya: Kenyatta remporte la présidentielle avec 98,26% des voix (30.10.2017)
  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 

  • Mis à jour le 30/10/2017 à 15:46
Le président sortant du Kenya, Uhuru Kenyatta, a remporté avec 98,26% des voix l'élection présidentielle du 26 octobre, boycottée par son principal opposant, Raila Odinga, a annoncé aujourd'hui le président de la Commission électorale (IEBC).
Kenyatta a réuni sur son nom 7,483 millions de voix, contre 73.228 à M. Odinga. La participation est de 38,8% des électeurs inscrits, en forte baisse par rapport au scrutin du 8 août (79%), annulé par la Cour suprême pour "irrégularités".
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Yémen: l'Iran rejette les accusations "ridicules" de l'Arabie (30.10.2017)
  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 

  • Mis à jour le 30/10/2017 à 09:18
Téhéran a qualifié aujourd'hui de "ridicules et sans fondement" les accusations de l'Arabie saoudite selon lesquelles l'Iran empêcherait toute solution politique au Yémen en attisant le conflit par l'envoi d'armes aux rebelles houthis. "Les affirmations du ministre des Affaires étrangères saoudien selon lesquelles notre pays met des obstacles sur le chemin de la paix au Yémen sont ridicules et sans fondement", déclare le porte-parole de la diplomatie iranienne Bahram Ghassemi, dans un communiqué publié en ligne.
"L'Iran a condamné dès le début l'agression [contre le Yémen] et a demandé l'arrêt de la guerre et [...] il fera tout pour arrêter cette guerre meurtrière et détestable", ajoute M. Ghassemi. Pour le porte-parole iranien, les "fausses accusations [ne feront] pas baisser la responsabilité [...] de ceux qui ont commis des crimes hideux, notamment les meurtres, les destructions d'écoles et d'hôpitaux et la réduction de population innocentes à la famine". Le chef de la diplomatie saoudienne Adel al-Jubeir a affirmé dimanche que "les rebelles [houthis] n'auraient pas pu poursuivre leurs exactions sans le soutien du plus grand parrain mondial du terrorisme qu'est le régime iranien".
Le chef d'état-major de l'armée saoudienne, le général Abdel Rahmane ben Saleh al-Banyane, a accusé pour sa part hier l'Iran d'apporter "un soutien sans limite" aux rebelles. "L'Iran envoie des armes de contrebande aux Houthis et à leurs alliés", et "sabote tous les efforts pour une solution au Yémen, ce qui a fait échouer les négociations politiques entre le gouvernement légitime et ces milices", a ajouté le ministre saoudien.
La guerre civile au Yémen oppose les forces du gouvernement du président Abd Rabbo Mansour Hadi, soutenues par l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, aux Houthis, rebelles issue de l'importante minorité zaïdite (chiite), alliés à des unités de l'armée restées fidèles à l'ex-président déchu Ali Abdallah Saleh et accusés de liens avec l'Iran. Après la prise de Sana par les Houthis en septembre 2014, le conflit a pris une tournure internationale avec l'intervention d'une coalition militaire sous commandement saoudien contre les rebelles en mars 2015.
Devant les pertes civiles occasionnées, notamment par les raids aériens de la coalition, le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU a décidé fin septembre d'envoyer des experts internationaux enquêter sur les allégations de crimes de guerre au Yémen. Selon l'Organisation mondiale de la santé, la guerre civile yéménite a fait plus de 8650 morts et quelque 58.600 blessés, dont de nombreux civils.

Un Polonais décède après s'être immolé (30.10.2017)
  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 

  • Mis à jour le 30/10/2017 à 11:03
L'homme qui s'était immolé par le feu il y douze jours dans le centre de Varsovie, un acte dicté par son opposition au pouvoir conservateur, est décédé à la suite de ces blessures, ont rapporté les médias aujourd'hui.
La victime est décédée hier dans un hôpital "sans avoir retrouvé la conscience", a indiqué OKO.press, portail indépendant de vérification des faits, informé par la famille.
Le 19 octobre, Piotr S. (la famille ne souhaite pas divulguer son nom, ndlr), un chimiste de formation de 54 ans, s'était versé un liquide sur le corps puis y a mis le feu en criant "je proteste", selon les témoins, devant un des grands bâtiments de la capitale polonaise.Sauvé in extremis, il avait été transporté dans un état grave dans un hôpital.
Dans ces tracts, repris les médias polonais, il avait également accusé le président du PiS Jaroslaw Kaczynski et la direction du parti "d'avoir son sang sur les mains" et appelé les Polonais à changer ce pouvoir "avant qu'il ne détruise entièrement notre pays, avant qu'il ne nous prive complètement de la liberté"."J'aime la liberté avant tout. C'est pour cela que j'ai décidé de m'immoler et j'espère que ma mort ébranlera les consciences", avait-il écrit.

L'Iran lève les restrictions sur le transit frontalier avec le Kurdistan (30.10.2017)
  • Par  Le Figaro 

  • Mis à jour le 30/10/2017 à 11:23
L'Iran va lever "dans les prochains jours" les restrictions qu'il avait imposées sur le transit frontalier vers la région autonome du Kurdistan irakien en représailles au référendum d'indépendance organisé le 25 septembre par les autorités kurdes.
Si Le Kurdistan tente de mettre en oeuvre ses velléités de sécession à l'égard de l'Irak, "il y aura un bain de sang en Irak et les pays voisins seront affectés", a déclaré le général Mohammad Baqeri, chef d'état-major des armées iraniennes cité par l'agence Isna.
Le président du Gouvernement régional du Kurdistan (GRK), Massoud Barzani, a annoncé qu'il quitterait ses fonctions mercredi après cette consultation référendaire qui a divisé la classe politique kurde et ranimé les tensions militaires dans la région.

Attaque du Thalys : 4 personnes interpellées en Belgique (30.10.2017)
  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 

  • Mis à jour le 30/10/2017 à 11:35
Quatre personnes ont été interpellées aujourd'hui en Belgique après des perquisitions de la justice belge, dans le cadre de l'enquête sur l'attaque déjouée du 21 août 2015 dans un train Thalys, a annoncé le parquet fédéral.Les personnes arrêtées "ont été emmenées pour audition" et "le juge d'instruction décidera ultérieurement de leur maintien ou non en détention", est-il précisé dans le communiqué. 
Six perquisitions ont au total été menées dans la matinée par la justice belge, dont deux dans la commune populaire de Molenbeek à Bruxelles, souvent accusée d'être une base arrière du jihadisme international.Les autres ont eu lieu à Anderlecht et Laeken, des communes de Bruxelles, et à Andenne et Marche-en-Famenne, dans la région francophone de Wallonie."Ni arme ni explosif n'ont été trouvés", souligne le parquet dans son communiqué.
Le 21 août 2015, Ayoub El Khazzani, un Marocain parti de Bruxelles avait ouvert le feu dans un Thalys peu après son entrée en France, armé d'une kalachnikov et de neuf chargeurs pleins.Il avait blessé deux passagers avant d'être maîtrisé par des militaires américains en vacances, évitant un potentiel carnage trois mois avant l'équipée meurtrière des commandos du 13 novembre 2015 à Paris, qui avaient fait 130 morts.
Longtemps silencieux, le tireur, incarcéré en France, a finalement avoué en décembre 2016 qu'il était monté dans ce train sur les ordres du jihadiste Abdelhamid Abaaoud. Homme-clé des attentats du 13 novembre, ce dernier a été tué cinq jours plus tard dans un assaut policier à Saint-Denis, près de Paris.

Israël dit avoir fait exploser un tunnel entre Gaza et son territoire (30.10.2017)
  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 

  • Mis à jour le 30/10/2017 à 13:55
L'armée israélienne a indiqué aujourd'hui avoir fait exploser un tunnel entre le sud de la bande de Gaza, contrôlée par le mouvement islamiste Hamas, et son territoire, une action rare depuis la guerre menée en 2014 dans l'enclave palestinienne.
"Il y a quelques minutes, le commandement du sud de l'armée a neutralisé un tunnel terroriste qui menait au sud d'Israël depuis la zone de Khan Younes", a dit à des journalistes le porte-parole de l'armée Jonathan Conricus, estimant qu'il s'agissait d'une riposte à une "violation inacceptable de la souveraineté israélienne".

Les USA annoncent 60 millions de dollars d'aide pour le G5 Sahel (30.10.2017)
  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 

  • Mis à jour le 30/10/2017 à 14:50
Les Etats-Unis se sont engagés aujourd'hui à apporter jusqu'à 60 millions de dollars à la force antijhadiste pour le Sahel, a annoncé le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson. La France dirige lundi une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU pour tenter de consolider l'aide à ce G5 Sahel, une force conjointe formée de soldats du Mali, du Niger, du Tchad, du Burkina Faso et de Mauritanie.
"Pour vaincre le terrorisme, il faut s'assurer que les organisations terroristes ne bénéficient d'aucun refuge sur aucun continent", estime Rex Tillerson dans un communiqué. "Dans cette optique, sous réserve de l'issue des consulations avec le Congrès, les Etats-Unis s'engagent aujourd'hui à soutenir pour un montant pouvant atteindre 60 millions de dollars les efforts antiterroristes de la Force conjointe du G5 Sahel", ajoute-t-il.
Selon lui, ces fonds vont "renforcer nos partenaires régionaux dans leur combat pour assurer la sécurité et la stabilité" face au groupe jihadiste Etat islamique et aux autres "réseaux terroristes". "C'est un combat que nous devons gagner, et cet argent va jouer un rôle-clé pour y parvenir", insiste le chef de la diplomatie américaine.
Le département d'Etat n'a pas précisé dans l'immédiat s'il s'agit d'une aide bilatérale aux pays concernés où s'il s'agit d'un soutien financier par le biais des Nations unies. Paris souhaitait obtenir l'aide logistique et financière de l'ONU, ce à quoi les Américains, premiers contributeurs de l'organisation, s'opposaient jusqu'ici.
Dans son communiqué, Rex Tillerson salue les efforts de la France, engagée militairement dans cette région d'Afrique très instable avec l'opération Barkhane et à la manoeuvre pour renforcer le G5 Sahel. Mais il ne participera pas en personne lundi à New York à la réunion de l'ONU, dirigée par son homologue français Jean-Yves Le Drian. Les Etats-Unis seront représentés par leur ambassadrice auprès des Nations unies Nikki Haley.
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Syrie: un convoi d'aide entre dans la Ghouta (30.10.2017)
  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 

  • Mis à jour le 30/10/2017 à 14:56
Un convoi de l'ONU et du Croissant rouge syrien transportant de l'aide pour 40.000 personnes est entré aujourd'hui dans la Ghouta orientale, une zone rebelle assiégée près de Damas, a indiqué  une porte-parole de l'ONU.
Ce convoi formé de 49 camions est entré alors que la situation humanitaire dans ce secteur a empiré selon des médecins locaux, avec des cas de malnutrition sévères notamment parmi les enfants.
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Macron signe la loi antiterroriste controversée (30.10.2017)
  • Par  Le Figaro.fr avec agences 

  • Mis à jour le 30/10/2017 à 15:33

Emmanuel Macron a signé aujourd'hui, devant les caméras dans son bureau à l'Elysée, la loi antiterroriste, qui entrera en vigueur dès mardi pour prendre le relais de l'état d'urgence.
"Dès demain, elle entrera en vigueur", a déclaré le président de la République au cours d'une courte allocution sur cette loi adoptée par le Parlement le 18 octobre et qui "sera évaluée d'ici deux ans".
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Kurdistan irakien : Massoud Barzani renonce à être président (29.10.2017)

  • Mis à jour le 29/10/2017 à 18:30 

  • Publié le 29/10/2017 à 17:40
VIDÉO - Le père de l'autonomie du Kurdistan irakien a annoncé dimanche quitter la présidence de cette région après son pari raté d'obtenir l'indépendance il y a un mois au cours d'un référendum, qui a conduit à la perte de presque tous les territoires que les Kurdes disputent à Bagdad.
Le président du Kurdistan irakien Massoud Barzani a annoncé dimanche dans une lettre adressée au Parlement de la région autonome qu'il ne sera plus président «après le 1er novembre», sur fond de crise sans précédent entre Erbil et Bagdad. «Après le 1er novembre, je n'exercerai plus mes fonctions et je refuse que mon mandat soit prolongé», affirme-t-il dans cette missive dont l'AFP a obtenu une copie.
«Changer la loi sur la présidence du Kurdistan ou prolonger le mandat présidentiel n'est pas acceptable», poursuit le dirigeant, grand architecte du récent référendum d'indépendance, qui a débouché sur la perte par les Kurdes de la quasi-totalité des territoires qu'ils revendiquaient en dehors de leur région autonome. «Je demande au Parlement de se réunir pour combler la vacance du pouvoir, remplir la mission et assumer les pouvoirs de la présidence du Kurdistan», poursuit le fondateur de cette région autonome mais aussi le responsable de sa plus grave crise.
À 71 ans, le leader kurde toujours revêtu de l'habit kaki des combattants kurdes (peshmergas), y affirme encore qu'il va «rester un peshmerga dans les rangs du peuple du Kurdistan et je continuerai à défendre les acquis du peuple du Kurdistan».
«L'échec de la politique kurde»
Cette lettre a été communiquée au Parlement kurde réuni dimanche après-midi à Erbil pour décider de la répartition provisoire de ses pouvoirs d'ici l'élection présidentielle, dont la date n'est pas encore fixée. Plusieurs fois repoussée, la session s'est ouverte à huis clos et a été émaillée de tensions. L'opposition, notamment le parti Goran qui plaidait pour la démission de Massoud Barzani et un «gouvernement de salut national», s'oppose à la répartition des pouvoirs proposée par les grands partis kurdes, le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) de Barzani et son rival de l'Union patriotique kurde (UPK), ont indiqué des députés. Massoud Barzani «symbolise l'échec de la politique kurde et la seule chose qui lui reste à faire est de s'excuser publiquement», a lancé avant l'ouverture de la session Raboun Maarouf, député de Goran. Des partisans du président kurde l'ont aussitôt pris à parti.
Le mandat de Massoud Barzani, premier président élu de la région autonome, avait expiré en 2013. Il avait été prolongé de deux ans par le Parlement puis s'était poursuivi sans élection ni décision formelle face au chaos engendré par l'offensive du groupe Etat islamique (EI) en Irak. Le Parlement kurde a récemment gelé les prérogatives de Barzani à la suite des conséquences désastreuses du référendum d'indépendance qu'il a initié. Cette consultation, où le «oui» l'a largement emporté, a créé une crise sans précédent entre Bagdad et Erbil. Bagdad a envoyé ses troupes reprendre le contrôle de toutes les zones situées hors de la région autonome où les Kurdes avaient étendu leur emprise depuis 2003, dont la riche province pétrolière de Kirkouk (nord) qui aurait pu assurer la viabilité économique d'un hypothétique Etat kurde. Erbil n'a en outre pas obtenu le soutien international qu'il espérait concernant le référendum sur l'indépendance.
À voir également - Irak: session tendue au Parlement kurde

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International


Syrie : le forcing russe pour des négociations (29.10.2017)

Sergei Lavrov (à gauche), ministre russe des Affaires étrangères, et son homologue syrien, Walid al-Moualem lors d'une réunion à Sotchi, en Russie, le 11 octobre. - Crédits photo : Maxim Shemetov/REUTERS
International | Par Georges Malbrunot
Mis à jour le 29/10/2017 à 18h38
Sur le terrain, les Russes misent sur des zones de désescalade, tandis qu'ils tentent d'ouvrir le jeu diplomatique.
Envoyé spécial à Damas
Alors que la menace de Daech recule en Syrie, comme en Irak, la Russie, principal acteur du jeu diplomatique dans le dossier syrien, relance des négociations pour calmer le front des combats et ouvrir, après bientôt sept ans de guerre, un processus de transition politique à Damas.
Ce lundi, à Astana, au Kazakhstan, se tiendra un septième round de pourparlers entre la Russie, l'Iran (alliés de Damas) et la Turquie (alliée des rebelles), après la mise en place en mai de quatre zones de désescalade des violences. Elles se situent dans les régions d'Idlib, de Homs, dans la Ghouta orientale, près de Damas, ainsi que dans le sud du pays, et doivent permettre à terme un cessez-le-feu durable. Si, dans le Sud, la tension est retombée grâce au déploiement de la police militaire russe, dans la Ghouta les violences restent meurtrières.
«Les Russes ont dit aux Saoudiens que s'il n'y avait pas de délégation unique de l'opposition, il n'y aurait pas de Genève, et qu'à la place ils mettraient sur pied leur propre délégation»
Un diplomate de l'Onu
Signe que le processus d'Astana - qui réunit également des représentants du gouvernement syrien et des rebelles armés - gagne en crédibilité, quatre pays devaient s'y joindre: la Chine, les Émirats arabes unis, l'Égypte et l'Irak, qui jouissent tous de bonnes relations avec Moscou. «Les Chinois par exemple veulent avoir des observateurs sur le terrain», commente un expert syrien à Damas. Mais au dernier moment, l'hostilité turque envers l'Égypte a fait capoter cette initiative. Pour cette session, les Nations unies souhaitent que soit également abordée la question des milliers de prisonniers, otages et disparus des deux camps.
Le 10 novembre, à Riyad, devrait se tenir une autre conférence, réunissant cette fois les principaux opposants à Bachar el-Assad, avec un objectif: former une seule délégation pour la prochaine session de négociations à Genève, le 28 novembre, sous l'égide de l'ONU. C'est une exigence du régime, appuyée par son allié russe. Or, depuis la visite, début octobre à Moscou, du roi saoudien Salman, l'Arabie aurait donné son accord pour mettre tout son poids dans la balance en faveur d'une délégation unique aux prochains pourparlers de Genève. «Les Russes ont dit aux Saoudiens que s'il n'y avait pas de délégation unique de l'opposition, il n'y aurait pas de Genève, et qu'à la place ils mettraient sur pied leur propre délégation», confie un diplomate onusien. Juste après la réunion de Riyad, le 15 novembre, Moscou prévoit en effet de rassembler près de leur base militaire de Hmeimim, sur le littoral syrien, des opposants de l'intérieur et de l'extérieur, ainsi que des dignitaires tribaux et kurdes.
Levier d'influence
Les parrains saoudiens de l'opposition syrienne semblent avoir compris le message. À Riyad, un ménage devrait être fait parmi les adversaires d'Assad. Selon plusieurs sources à Damas et à Genève, les opposants liés aux Frères musulmans et au Qatar devraient être exclus de la délégation unique qui ira à Genève. C'est aussi une des conséquences de la crise qui oppose depuis juin l'Arabie à son voisin qatarien, lequel utilise les Frères musulmans comme levier d'influence en Syrie et ailleurs. Or les islamistes ont été mis sur une liste noire par Riyad. «La délégation de Genève sera formée de modérés pro-Russes et de modérés pro-Saoudiens», anticipe le diplomate onusien. Des représentants des Kurdes syriens, alliés des Américains contre Daech mais jouissant de bonnes relations avec Moscou, pourraient également rejoindre les anti-Assad.
«Les choses peuvent bouger sous la pression russe»
Un proche de Bachar el-Assad
À Genève, la Russie souhaite que, cette fois, opposants et représentants du régime se parlent directement, et non plus par le truchement de Staffan de Mistura, l'émissaire des Nations unies pour la Syrie, comme lors des précédentes sessions qui se sont toutes soldées par un échec. «Les choses peuvent bouger sous la pression russe», analyse un proche de Bachar el-Assad. Alors que 92 % du territoire syrien a été libéré de Daech, selon le ministère russe de la Défense, Vladimir Poutine a récemment évoqué la feuille de route permettant un retour à une certaine stabilité en Syrie.
«À partir des zones de désescalade, nous espérons avancer vers la convocation d'un congrès du peuple syrien, rassemblant tous les groupes ethniques et religieux, le gouvernement et l'opposition», a déclaré le leader russe au Forum de Valdaï, tout en insistant sur l'aide que l'Arabie, l'Égypte et les États-Unis pourraient lui apporter. Cette conférence pourrait se tenir en mars à Damas, juste avant l'élection présidentielle russe.
D'ici là, ajoute un observateur du conflit syrien au Liban, «les Russes veulent transformer les conseils locaux dans les zones de basse tension en représentants politiques de la population». En recevant jeudi dernier une délégation russe, Bachar el-Assad a affirmé être prêt à s'engager sur une réforme de la Constitution et la tenue d'élections parlementaires. Mais ses adversaires doutent fortement de sa sincérité.
Cet article est publié dans l'édition du Figaro du 30/10/2017. Accédez à sa version PDF en cliquant ici
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Inégalités salariales : une perte de 62 milliards pour l'économie française (30.10.2017)
Dans l'hypothèse d'une application stricte de l'égalité salariale, Bercy bénéficierait d'un nouveau levier fiscal qui permettrait de dégager 168,74 milliards d'euros supplémentaires durant un quinquennat. 72205790/ibreakstock - stock.adobe.com

INFO LE FIGARO - Résorber les inégalités salariales entre femmes et hommes pourrait renforcer notre économie, selon une étude que dévoile la fondation Concorde. L'écart de salaires entre hommes et femmes est de 26,3% chez les cadres.
Les inégalités de rémunération entre les hommes et les femmes ont un coût abyssal pour les entreprises françaises: 62 milliards d'euros de pertes annuelles, selon les calculs de la Fondation Concorde, un think-tank économique indépendant qui détaille également, dans une étude que Le Figaro s'est procurée, les effets positifs pour l'économie française qu'engendrerait une application stricte de l'égalité salariale. Entre la hausse de la TVA, la hausse des recettes de l'impôt sur le revenu et la hausse des cotisations sociales et patronales, le gain de recettes pour l'État serait 33,7 milliards d'euros. Et cela n'est pas tout. La Fondation Concorde calcule également que la résorption des inégalités salariales engendrerait une hausse de 6,16 milliards d'euros de l'épargne, et une hausse de la consommation de 21,98 milliards.
Dans l'hypothèse d'une application stricte de l'égalité salariale, Bercy bénéficierait d'un nouveau levier fiscal qui permettrait de dégager 168,74 milliards d'euros supplémentaires durant un quinquennat. «Ce levier permettrait de réfléchir à de nouvelles réformes afin de lever le carcan fiscal qui pèse sur les entreprises et l'investissement, expliquent au FigaroErwann Tison et Clélia Aucouturier, co-auteurs de l'étude. Il faut qu'une prise de conscience s'opère du côté des entreprises. Tout le monde peut être gagnant». Parmi les réformes possibles avec ces gains budgétaires: la réduction totale des déficits des différents régimes de retraites, de la sécurité sociale et de l'assurance chômage, l'allègement durable de 33 milliards euros par an de charges sur les salaires, une baisse de 3 points de TVA, ou une baisse de 40% de l'impôt sur le revenu...
Trois lois en dix ans
La parité salariale entre les hommes et les femmes, c'est pour quand? Une question publique qui est très fréquemment posée depuis dix ans. La réponse a été donnée dans un récent rapport du Forum économique mondial: en 2186, soit dans quelque 170 années... En d'autres termes, nos contemporains peuvent s'armer de patience. Pourtant, il serait faux de dire que le monde politique ne se soucie pas du sujet. Au contraire. Pas moins de trois lois (2006, 2012, 2014) ont été promulguées en faveur de l'égalité salariale durant ces dix dernières années.
L'opinion s'est également saisie du sujet dans plusieurs pays avec de grandes campagnes de sensibilisations, modernes et innovantes. Plusieurs initiatives ont eu lieu pour dénoncer le phénomène. En octobre 2016, en Islande, plusieurs milliers de femmes ont cessé le travail à 14h38 précises, heure à partir de laquelle elles commencent à travailler «bénévolement» par rapport aux hommes. Dès 2010, en Islande avait été organisée une manifestation similaire qui avait débuté trois minutes plus tôt. En France, c'est le collectif «Les Glorieuses» qui a invité les salariées à cesser le travail le 7 novembre 2016 à 16h34 précises. Ce même collectif appelle d'ailleurs à cesser le travail le 3 novembre cette année, soit 4 jours plus tôt que l'année dernière.
Malgré la présence du débat et l'organisation d'événements, rien ne change: l'écart de rémunération entre les hommes et les femmes restent de... 19% en moyenne selon l'Observatoire des inégalités. Une tendance plus flagrante chez les cadres (26,3%) que chez les employés (9,3%). En moyenne, lorsqu'un homme cadre perçoit un salaire mensuel net de 4380 euros, une femme cadre ne percevra que 3469 euros.
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Accusations de viol: Tariq Ramadan dénonce «une campagne de calomnie» (30.10.2017)

  • Mis à jour le 30/10/2017 à 11:29
Tariq Ramadan, lors d'une conférence à Bordeaux en mars 2016. MEHDI FEDOUACH/AFP MEHDI FEDOUACH/AFP
VIDÉO - L'islamologue a annoncé sur sa page Facebook qu'il avait porté plainte pour «dénonciation calomnieuse» après que deux femmes ont déposé plainte contre lui.
Visé par deux récentes plaintes pour viol, Tariq Ramadan a réagi pour la première fois, samedi, en publiant, sur sa page Facebook, un message dénonçant une «campagne de calomnie» de la part de ses «ennemies de toujours». L'islamologue et théologien suisse, visé depuis lundi par une enquête à Paris pour «viol, agression sexuelle, violences et menaces de mort», s'exprimait au lendemain de la révélation d'une nouvelle plainte, déposée à Paris jeudi et qui dénonce des faits similaires.

Selon les quotidiens Le Monde et Le Parisien , le récit de cette femme, qui fournit des certificats médicaux à l'appui, fait état de «scènes de violence sexuelle d'une grande brutalité». Elles se seraient déroulées dans un grand hôtel de Lyon en octobre 2009. Son témoignage succède à celui d'une ancienne salafiste devenue militante féministe et laïque: Henda Ayari, 40 ans, a publié ses accusations sur sa page Facebook le 20 octobre, en plein débat autour du harcèlement sexuel dans la société. Elle a été entendue mardi par les enquêteurs sur ces faits, qui auraient eu lieu en 2012 à Paris.
«Serein et déterminé»
Alors que son avocat a annoncé avoir porté plainte lundi pour «dénonciation calomnieuse», Tariq Ramadan affirme qu'une «nouvelle plainte sera déposée dans les prochains jours puisque mes adversaires ont enclenché la machine à mensonges». «Je suis depuis plusieurs jours la cible d'une campagne de calomnie qui fédère assez limpidement mes ennemis de toujours», écrit ce professeur d'études islamiques contemporaines à l'université d'Oxford (Grande-Bretagne). «Il est triste de voir nos adversaires réduits à soutenir l'imposture et la tromperie érigées en vertu», poursuit-il avant de conclure: «Le droit doit maintenant parler, mon avocat est en charge de ce dossier, nous nous attendons à un long et âpre combat. Je suis serein et déterminé».
Tariq Ramadan, 55 ans, petit-fils du fondateur de la confrérie égyptienne islamiste des Frères musulmans, bénéficie d'une forte popularité dans les milieux musulmans conservateurs. Il est aussi très contesté, notamment dans les sphères laïques, qui voient en lui le tenant d'un islam politique. La journaliste et essayiste Caroline Fourest affirme avoir été alertée par quatre victimes présumées en 2009.
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Disparition en Haute-Saône : la piste de l'enlèvement privilégiée (30.10.2017)

  • Mis à jour le 30/10/2017 à 12:28 

  • Publié le 30/10/2017 à 08:51
VIDÉO - Alexia Daval a disparu samedi matin alors qu'elle faisait son jogging sur les rives de la Saône. Alors que les recherches s'intensifient, la justice exclut maintenant la disparition volontaire.
«Nous craignons le pire», a reconnu le procureur de la République de Vesoul, Emmanuel Dupic. Lors d'une conférence de presse ce lundi matin, il a affirmé que la disparition d'Alexia Daval, 29 ans, à Gray-la-Ville (Haute-Saône), n'était pas due à «un suicide ou à une disparition volontaire». Une information judiciaire a été ouverte pour enlèvement et séquestration afin de faire la lumière sur la disparition de la jeune femme alors qu'elle faisait son footing habituel samedi matin.
Samedi vers 9 heures, cette employée de banque quitte son domicile pour aller courir sur les bords de Saône. Son mari, ne la voyant pas revenir, signale sa disparition à 12h25 à la gendarmerie de Gray. Depuis, silence radio. Et ce malgré des premiers témoignages recueillis après la diffusion d'un appel à témoins, lu par 3 millions de personnes sur la page Facebook de la gendarmerie.
De taille moyenne, elle a des cheveux mi-longs blonds et porte des lunettes rouges. Au moment de sa disparition, elle était vêtue d'une tenue de sport, d'un short noir, d'un gilet rouge et des baskets roses. Partie sans son portable, elle n'a pas pu être géolocalisée.
«Comment ne pas penser au pire?»
Alors que les recherches se poursuivent, un juge d'instruction va être désigné ce lundi. Dimanche, 200 personnes, principalement des riverains, se sont jointes au travail des enquêteurs, participant à une battue de plusieurs itinéraires «dans un rayon de 40 minutes» du domicile, correspondant aux chemins empruntés habituellement par la jeune femme. Lors de la conférence de presse, le commandant de police J. M. Blaudez a reconnu que «la joggeuse avait l'habitude de courir sur plusieurs trajets, ce qui complique la tâche des chiens».
La mère de la disparue, Isabelle Fouillot, a également participé aux recherches: «Comment ne pas penser au pire?», a-t-elle expliqué à L'Est Républicain . Les enquêteurs de la section de recherches de Besançon et de la brigade de recherches de Vesoul ont ratissé le secteur de Gray en quête d'indices, appuyés par un hélicoptère de la gendarmerie, une équipe cynophile et des plongeurs chargés de sonder la Saône. Ces derniers ont «sondé un endroit où les chiens de la gendarmerie auraient perdu la trace de la joggeuse», a indiqué le procureur.
«On est parti (...) très vite notamment parce que cette jeune femme n'est pas connue pour avoir des tendances suicidaires. Elle est même plutôt en bonne santé», a précisé à l'AFP le procureur. Selon des témoignages recueillis par La Presse de Vesoul, la Grayloise était en effet «débordante de joie de vivre». Mais d'autres proches, dont les propos ont été rapportés par L'Est Républicain, l'auraient néanmoins trouvée «perturbée» ces derniers jours.
Le quotidien fait par ailleurs état de «plusieurs agressions ou tentatives d'agressions de jeunes femmes par le propriétaire d'un utilitaire de couleur claire» dans ce secteur, sans pour autant faire un lien direct avec la disparition d'Alexia Daval. Ces pistes n'ont pas été confirmées par le procureur, Emmanuel Dupic, qui a également expliqué que «la piste du voisin qui la harcelait n'était pas plus crédible qu'une autre».
Un numéro a été mis en place: 0384651145. Le procureur rappelle que les enquêteurs ont «besoin de tous les témoignages». «Même quelque chose qui peut paraître insignifiant à Gray», a-t-il souligné.

«Génération porno» : la fabrique du porc (30.10.2017)

Thérèse Hargot - Crédits photo : Jean-Christophe MARMARA/Le Figaro
Vox Societe | Par Thérèse Hargot
Mis à jour le 30/10/2017 à 15h28
FIGAROVOX/TRIBUNE - Pour la sexologue Thérèse Hargot, il faut agir contre la pornographie et l'hypersexualisation de la jeunesse si on veut lutter contre le harcèlement.
Les porcs que l'on balance, ce sont nos maris, nos frères, nos fils, nos oncles, nos grands-pères, nos amis, nos collègues, nos professeurs, nos religieux, nos employeurs. Exit le grand méchant loup. Le porc est parmi nous. Un flot incessant de témoignages déferle sur la Toile. On a attendu l'aval des célébrités pour enfin dire, enfin dénoncer. Moi aussi, moi aussi. Oui, comme ces femmes adulées mondialement pour leur corps de rêve, objet de tous les fantasmes dans leur robe immensément sensuelle, moi aussi. Face à la perversité, nous sommes à égalité. Et c'est un soulagement. «Ah bon, je ne suis pas seule?» Pourtant, dans le secret de mon cabinet, c'est quotidiennement et plusieurs fois par jour qu'elles me confient l'agression, le harcèlement, l'attouchement, le viol subi.
J'ai fini par douter qu'il puisse exister une femme au monde qui n'ait jamais perçu dangereusement son corps féminin. J'ai fini par douter aussi qu'il puisse exister un homme sur terre qui n'ait jamais été «ce porc», en pensée ou en acte. Comment pourrait-il en être autrement? N'est-ce pas ce qui nous est demandé à nous, les femmes, que d'être objets de jouissance? N'est-ce pas ce qui est demandé à vous, les hommes, que d'être consommateurs de ces objets? Et ne dit-on pas qu'il faut «jouir sans entraves»? Je suis née en 1984 et pardonnez-moi si je n'ai pas bien compris la leçon. Je veux dire la leçon de morale à laquelle on assiste depuis quelques semaines. Pourquoi s'offusquer tout d'un coup?
La fabrique à pouf et à porc commence très tôt. Il s'agit, non pas d'une «culture», comme le disent les féministes, mais au contraire d'un principe d'acculturation
Déshumaniser femmes et hommes, faire des premières des appâts et des seconds des porcs à qui on peut faire avaler n'importe quoi en les maintenant au stade pulsionnel de leur développement pour favoriser l'achat compulsif, c'était l'objectif, non? Sinon comment voulez-vous que la société de consommation puisse-t-elle fonctionner? La fabrique à pouf et à porc commence très tôt. Il s'agit, non pas d'une «culture», comme le disent les féministes, mais au contraire d'un principe d'acculturation. Là où la différence des sexes était apprivoisée par la civilité, elle est aujourd'hui caricaturée dans l'univers marchand.
Pendant que des pseudo-féministes s'acharnent à faire disparaître les Blanche Neige et Belle aux Bois dormant des bibliothèques des enfants par peur, pensez donc, que les petites filles veuillent épouser des preux chevaliers, on bombarde ces jeunes esprits à coup d'images publicitaires mêlant femme et objets à vendre, on pose pour modèle féminin les Nabilla, Zahia et autres starlettes en «a» au corps ultrasexualisé, touchantes et désespérantes à la fois. Réussir quand on est une fille, c'est réussir à provoquer le désir. Au même moment, des millions d'heures de vidéos pornographiques sont consommées par des adolescents à peine pubères, que dis-je, des enfants laissant libre court à des pulsions sexuelles qui, pourtant, demandent à être éduquées pour vivre en société.
Par vengeance ou par revanche, nommer «porcs» des hommes qui ne respectent pas la dignité des femmes, revient à les déshumaniser à notre tour et entretenir de ce fait un rapport de domination
On y représente des morceaux de corps qui s'emboîtent et se désemboîtent à la faveur des fantasmes mis en scène pour exciter toujours plus l'individu qui les regarde tout en se masturbant et le faire revenir, encore et encore, habituant ainsi et le plus tôt possible et durablement à «consommer du sexe». La sexualité pulsionnelle, récréative, génitale, mécanique et technique est exaltée. Dans la rue, sur les écrans, au travail: sollicités à outrance, les hommes sont tout autant victimes de cette hypersexualisation de la société. Et personne ne semble s'émouvoir que cela puisse produire, et de façon massive, harceleurs, agresseurs, abuseurs, violeurs, c'est-à-dire des individus enchaînés dans un rapport compulsif au sexe, à l'autre sexe.
En France, mon inquiétude face au devenir de la «génération porno» me vaut le doux titre de puritaine parLes Inrocks , le même journal qui affiche en une un homme qui a battu à mort sa femme. Mais puisqu'il fait vendre, où est le problème? Le profit. Voilà à quoi concourt tout le système dans lequel libéralisme sexuel et libéralisme économique marchent main dans la main: pousser à la consommation en faisant de nous des enfants capricieux qui maximisent leur plaisir à coup de «C'est quand je veux, si je veux, comme je veux».
Par vengeance ou par revanche, nommer «porcs» des hommes qui ne respectent pas la dignité des femmes, revient à les déshumaniser à notre tour et entretenir de ce fait un rapport de domination. La condescendance des femmes à l'égard des hommes «Ils ont des besoins sexuels, eux» et «Ils ne savent pas se maîtriser, eux» est une forme de violence à l'encontre de ceux qui auraient préféré être nos preux chevaliers, eux. La délation sur les réseaux sociaux est basse, elle introduit de la suspicion. Entre la vierge et la putain, entre le gentil garçon et le macho, qui sait aujourd'hui sur quel pied danser? Si l'on ne comprend pas que les hommes sont aussi victimes de ce système tout en condamnant sévèrement les actes, la dénonciation est non seulement vaine mais intensifie la guerre des sexes. Trêve d'hypocrisie. Ne nous trompons pas de cible. Pour éviter d'avoir à instaurer une police des mœurs dans le monde adulte, la première des priorités est de protéger la jeunesse des ravages de la pornographie et de l'hypersexualisation.
Auteur d' «Une jeunesse sexuellement libérée (ou presque)», éditions Albin Michel, 2016.

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EN DIRECT - Le parquet veut poursuivre les dirigeants catalans pour rébellion (30.10.2017)
AFP PHOTO/ Josep LAGO
Après la démonstration de force des anti-indépendantistes dimanche à Barcelone, la vie reprend son cours lundi matin en Catalogne avec une première journée d'administration directe de la région par le gouvernement espagnol.
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30/10/2017 à 20:58
Albert Rivera tance le gouvernement catalan

Albert Rivera, leader des Ciudadanos a fustigé sur Twitter l'attitude du gouvernement catalan : "Ils demandent aux citoyens et aux fonctionnaires de violer les lois, mais ils votent secrètement, changent de nom ou fuient vers un autre pays"

Le chef de la formation centriste s'est exprimé suite aux informations publiées dans la presse selon lesquelles Carles Puigdemont et cinq de ses anciens ministres, sont à Bruxelles aujourd'hui.


30/10/2017 à 20:06
L'Espagne reste dynamique mais craint l'impact de la crise catalane
La croissance espagnole s'est de nouveau montrée vigoureuse au troisième trimestre, mais la crise en Catalogne, représentant le cinquième du PIB national pourrait ralentir l'économie à moyen terme.
Entre juillet et septembre, le PIB espagnol a continué à croître à un rythme soutenu, gagnant 0,8% par rapport au trimestre précédent, selon la première estimation publiée lundi.
Mais cette bonne nouvelle a un écho limité en Espagne car les chiffres, clos le 30 septembre, ne reflètent pas les affres dans lesquelles le pays est plongé depuis le référendum d'autodétermination du 1er octobre en Catalogne, qui a donné le coup d'envoi d'un féroce bras-de-fer entre Madrid et les indépendantistes catalans.
30/10/2017 à 20:01
Les banques catalanes rebondissent à la Bourse à Madrid
Les cours des deux principales banques de Catalogne, CaixaBank et Banco Sabadell ont fortement rebondi lundi à la Bourse de Madrid, prenant plus de 4% après avoir chuté vendredi dans la foulée de la déclaration d'indépendance du Parlement de la région.

CaixaBank, troisième banque d'Espagne, a terminé en hausse de 4,17% tandis que Sabadell prenait 5,67% dans un marché en hausse de 2,44%, signe de la confiance retrouvée après la mise sous tutelle de la région.

Vendredi, ces valeurs avaient dégringolé, en particulier Banco Sabadell (-4,85%). Dans l'après-midi, le Parlement catalan avait voté une déclaration d'indépendance de sa région, qui n'a été reconnue par aucun pays. Quelques heures plus tard, Madrid avait annoncé la mise sous tutelle de la Catalogne et la destitution de ses dirigeants indépendantistes.
30/10/2017 à 19:38
Le chef de la diplomatie espagnole souhaite que la Catalogne redevienne "la société qu'elle était auparavant"
En visite en Ukraine, le chef de la diplomatie espagnole, Alfonso Dastis, a dit espérer que la Catalogne reste au sein de l'Espagne après les élections du 21 décembre et qu'elle redevienne "la société qu'elle était auparavant, ouverte et intégrée".

Le ministre des Affaires Étrangères, qui effectuait sa première visite officielle à Kiev, a appelé au respect de la souveraineté de l'Ukraine, en dressant un parallèle avec la situation vécue par ce pays lors de l'annexion de la Crimée par la Russie. Pour lui les positions des deux pays sont "identiques et solidaires". 
30/10/2017 à 18:49
Le FN demande la rupture d'un accord entre la Catalogne et la région Île-de-France
Le Front national a demandé la dénonciation d'un accord de coopération signé l'an dernier entre la Catalogne et la Région Ile-de-France. Cet accord voté le 23 septembre 2016 stipule que les deux régions "décident de favoriser le développement de leurs relations dans plusieurs domaines tels que l'innovation médicale et le secteur pharmaceutique, l'éducation, la gestion des déchets urbains, l'innovation et la recherche", selon le site internet de la région.

"Il ne nous est pas permis, en tant que collectivité régionale française, d'encourager la division d'autres peuples et d'autres territoires par l'entretien de relations procurant à leur désir d'autonomie une forme de reconnaissance internationale", écrit dans un communiqué, Wallerand de Saint-Just, président du groupe FN au Conseil régional. "Aujourd'hui, il est clair que la décision de maintenir l'accord de la région avec la généralité séparatiste de Catalogne encourage la déstabilisation de l'unité espagnole. C'est une responsabilité que notre collectivité régionale ne peut pas porter", ajoute le FN qui demande "solennellement" à la présidente LR Valérie Pécresse de "renoncer explicitement à cet accord".

30/10/2017 à 18:17
Cinq conseillers avec Puigdemont
Cinq ex-conseillers accompagnent le président catalan destitué à Bruxelles en Belgique. Il s'agit selon le journal El Periodico, de Quim Forn, Meritxell Borràs, Dolors Bassa, Toni Comín y Meritxell Serret.

Toujours selon le journal, ils auraient tous été conduits à Marseille en voiture. Puis auraient pris un avion à destination de la Belgique.
30/10/2017 à 16:23
Le parti de Puigdemont participera aux élections
Le parti indépendantiste du président catalan destitué, Carles Puigdemont, a annoncé aujourd'hui qu'il participerait aux élections régionales convoquées le 21 décembre par l'État espagnol.

«Le 21, nous irons aux urnes, nous irons avec conviction et nous sommes très attachés à ce que la société catalane puisse s'exprimer», a indiqué la porte-parole du parti PDeCAT, Marta Pascal.
30/10/2017 à 15:57
La juge doit décider si elle accepte d'être saisie
La juge Carmen Lamela, déjà saisie dans un autre dossier lié à l'indépendantisme catalan, doit décider aujourd'hui si elle accepte d'être saisie et s'il y a lieu d'inculper les personnes visées. La juge peut retenir toutes les charges requises ou seulement certaines d'entre elles. La rébellion est la plus grave de toutes car elle peut déboucher sur des peines de prison de 15 à 30 ans, autant qu'un assassinat ou un acte de terrorisme.

Dans le cas de la sédition, et s'agissant de représentants des autorités, la peine peut atteindre 15 ans.
30/10/2017 à 15:41
Carles Puigdemont est à Bruxelles
Selon le quotidien espagnol El Periodico, le président catalan destitué, Carles Puigdemont, est actuellement à Bruxelles en Belgique où il doit rencontrer les dirigeants flamands. L'information a été confirmée par une source gouvernementale à l'AFP. «Il est à Bruxelles», a déclaré cette source, sans davantage de précisions. Le quotidien catalan La Vanguardia affirmait pour sa part qu'il était accompagné d'autres membres de l'exécutif catalan.

Cette visite intervient alors que le parquet général espagnol vient d'engager des poursuites contre lui ainsi que d'autres membres de l'exécutif catalan. Hier, le secrétaire d'État à l'immigration du gouvernement belge avait offert «l'asile» à Puigdemont. Mais le premier ministre Charles Michel avait démenti cette information.

30/10/2017 à 15:19
Le parti ERC présent aux élections du 21 décembre
Le parti de gauche indépendantiste Esquerra Republicana de Catalunya (ERC) a indiqué vouloir «être présent» aux élections du 21 décembre.

«Participer aux élections le 21 décembre est une opportunité pour consolider la République. Ils ont appelé à des élections illégitimes, à un piège. Mais nous n'avons pas peur des urnes», a déclaré le législateur Sergi Sabria lors d'une conférence de presse.
Sergi Sabria lors de sa conférence de presse. (Photo REUTERS/Jon Nazca)
30/10/2017 à 14:49
Le parquet engage des poursuites pour «rébellion» contre l'exécutif catalan destitué
Le parquet général espagnol a requis des poursuites contre l'exécutif catalan pour «rébellion». La «plainte contre les membres du govern (exécutif catalan) a été présentée» devant le tribunal de l'Audience nationale, à Madrid, et vise aussi des faits de «sédition, malversation et prévarication». Il appartiendra à cette juridiction de décider si elle est recevable.

30/10/2017 à 14:40
Le Parlement catalan annule une réunion hebdomadaire
Après la mise sous tutelle de la région, le Parlement catalan a annulé aujourd'hui une réunion de travail hebdomadaire, a indiqué une source parlementaire.

30/10/2017 à 14:34
La provocation de Puigdemont
Le président catalan, Carles Puigdemont, destitué depuis la mise sous tutelle, a posté une photo sur Instagram où l'on voit l'intérieur du palais de la Généralité. La photo est accompagnée de la légende "Bonne journée" et d'un smiley. Une photo qui ressemble à une provocation alors que sa destitution ne lui donne normalement plus le droit de travailler. De fait il n'a officiellement plus de pouvoirs, plus de signature, et plus de fonds à distribuer.

30/10/2017 à 14:00
Carles Puigdemont poursuivi pour "rébellion" ?
Selon une journaliste de France Télévisions, le parquet général espagnol va annoncer à 12H30 les poursuites judiciaires qu'il lancera à l'encontre de Carles Puigdemont, président destitué de la région catalane. Hier le parquet avait annoncé vouloir le poursuivre pour "rébellion".


30/10/2017 à 13:44
EN IMAGES - Des militants devants le palais de la Généralité
Plusieurs militants indépendantistes mais aussi d'autres qui veulent une Espagne unie sont ce matin devant le palais de la Généralité.

LLUIS GENE/AFP

LLUIS GENE/AFP

LLUIS GENE/AFP

JUAN MEDINA/ Reuters
30/10/2017 à 13:28
Un membre de l'exécutif catalan destitué présent à son bureau
Josep Rull, membre du gouvernement catalan en charge des infrastructures, des travaux publics et des transports, a assuré qu'il continuait à exercer ses responsabilités. Il a pourtant été destitué après la mise sous tutelle de la région par Madrid.

Il a posté une photo sur Twitter avec inscrit : "Au bureau, pour assumer les responsabilités que nous a confiées le peuple de Catalogne".

Les consignes du gouvernement espagnol dans le cas où des membres de l'exécutif régional bravent leur destitution et se présentent à leur bureau de la Généralité, siège du gouvernement catalan à Barcelone, ou ailleurs, est de les faire escorter par un policier régional pour leur permettre de récupérer leurs effets. S'ils refusent ensuite de quitter leur bureau, le fonctionnaire dresse un procès-verbal et le transmet à la justice.


30/10/2017 à 12:57
Le drapeau espagnol flotte toujours au-dessus du palais de la Généralité
Ce matin, le drapeau espagnol flottait toujours au dessus du palais de la Généralité, siège de l'exécutif catalan. Des dizaines de journalistes étaient sur place afin de savoir si le président catalan Carles Puigdemont chercherait à reprendre ses fonctions après sa destitution par le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy.

YVES HERMAN/Reuters

De nombreux journalistes étaient présents ce lundi devant la Généralité. (Photo REUTERS/Yves Herman)
30/10/2017 à 12:48
LES BONS LIENS - Quelques articles pour comprendre la situation en Espagne
30/10/2017 à 12:35
De nombreuses destitutions dans les institutions catalanes
Après la mise sous tutelle, le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, a destitué Carles Puigdemont, président de la Catalogne. Le chef de la police catalane, Josep Lluis Trapero, s’est également vu démis de ses fonctions. Au total, ce sont près de 150 personnes qui ont perdu leurs postes administratifs ou institutionnels.
30/10/2017 à 12:34
Rajoy réunit le Parti populaire
Le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy doit réunir son mouvement, le Parti populaire. L’ordre du jour sera le cas catalan ainsi que les élections prévues au mois de décembre.
30/10/2017 à 12:33
Rappel – La Catalogne indépendante, puis sous tutelle
Vendredi, le Parlement de Catalogne a déclaré l’indépendance.  Le gouvernement espagnol a lui directement réagi. Il a été autorisé par le Sénat, en vertu de la Constitution, à administrer directement la région.
Le week-end a été le théâtre de nombreuses manifestations. Samedi, le président catalan, Carles Puigdemont a dénoncé, dans une allocution télévisée, « une atteinte contre la volonté des catalans » et a invité ses compatriotes à « être patients, persévérants et avoir de l’espoir ».
Dimanche, ce sont les anti-indépendantistes qui ont défilé dans Barcelone. Selon la police municipale, ils étaient 300.000 personnes, la préfecture, qui représente l’État, a, elle, recensé près d’un million de manifestants.

» Retrouvez notre live de la journée de dimanche
» Catalogne : les questions posées par cette mise sous tutelle
30/10/2017 à 12:29
Bienvenue dans ce live Catalogne

Bonjour à tous, bienvenue sur notre live. Nous allons vous faire suivre en direct, la première journée de la Catalogne sous la tutelle de Madrid.

EN DIRECT - Le procès Merah à l'heure des réquisitions (30.10.2017)

  • Mis à jour le 30/10/2017 à 14:04

Abdelkader Merah est poursuivi pour complicité des sept assassinats terroristes commis par son frère Mohamed Merah. Un autre homme, Fettah Malki, comparaît également. Il a reconnu avoir fourni un soutien logistique au "tueur au scooter".
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TERMINE : Fin du direct : 31/10/2017 à 10:33
30/10/2017 à 19:37
L'audience suspendue jusqu'à demain matin
Au terme de trois heures de réquisitoire, l'audience a été suspendue.

Elle reprendra demain à 9h30. 
30/10/2017 à 19:36
L'avocate générale requiert la perpétuité pour Merah et 20 ans pour Malki
"Quand Abdelkader Merah dit: "J'ai besoin d'un avis religieux pour savoir si je dois condamner" les actes de son frère, ce n'est pas les paroles d'un homme dans la provocation. La question que se pose Abdelkader Merah c'est de savoir si les sept morts de son frère lui permettent d'avoir le statut de martyr. Car lorsque quelqu'un accède au statut de martyr, il peut intercéder en faveur de sa famille. Cette question va le torturer jusqu'à la fin de ses jours. Suis-je le frère d'un martyr ou d'un assassin?" Dans notre démocratie, c'est un assassin, conclut-elle. "Je vous demanderai de répondre "oui" à la question de la culpabilité des deux accusés."

L'avocate générale requiert la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une peine de sûreté de 22 ans pour Abdelkader Merah.

Quant à Fettah Malki, elle demande 20 ans de réclusion, avec une peine de sûreté des deux tiers.

Au moment où elle demande ces peines, des parties civiles applaudissent. 
30/10/2017 à 19:29
Le second accusé, un homme «sans loi, sans foi, sans morale»
L'avocate générale ne veut pas oublier Fettah Malki, le second accusé. Un homme "sans loi, sans foi, sans morale", décrit-elle. Avec Fettah Malki, "il faut que ça rapporte. C'est le parfait opportuniste, y compris avec la justice", lance la magistrate. Un exemple : devant les juges antiterroristes, il dit que la fourniture des armes n'avait rien à voir avec le terrorisme. Devant les juges toulousains, il leur a dit que ce n'était pas pour commettre des braquages. "Alors c'était pour quoi ?", demande l'avocate générale.

Même s'il ne connaissait pas le projet exact des frères Merah, il est logique que Fettah Malki ait été accusé d'association de malfaiteurs, soutient l'avocate générale. En effet, il n'est pas nécessaire de partager l'idéologie terroriste pour être poursuivi d'association de malfaiteurs, dit-elle. Il suffit de savoir que le projet était potentiellement terroriste.

Naïma Rudfloff revient aussi sur les multiples versions de Fettah Malki devant les policiers. Durant le procès, celui-ci a reconnu avoir menti à plusieurs reprises parce qu'il avait peur de se retrouver dans une affaire qui le dépassait.

Fettah Malki a donc fourni arme, munitions et argent, résume l'avocate générale. Reste alors une question : connaissait-il la radicalisation des Merah ? Pour l'avocate générale, la réponse est oui car ils se connaissaient depuis longtemps et qu'il y avait un lien de confiance entre eux. 
30/10/2017 à 19:18
«A chaque meurtre, Mohammed Merah est accompagné peu de temps avant ou après par son frère»
Le président écoute avec attention l'exposé de l'avocate générale. Ses assesseurs prennent de nombreuses notes.

«On nous a dit que le blouson ce n'est que deux tueries sur trois.» La défense a soulevé ce point mercredi dernier. «Ce n'est pas vrai que le blouson n'est pas utilisé à l'école juive», affirme Naïma Rudloff. «On le voit très bien, lorsqu'il se rend chez le militaire, le 19 mars, qu'il se filme avec l'autre blouson. Cela ne change rien à la complicité s'il n'utilise pas le blouson acheté par Abdelkader Merah pour sa dernière tuerie.»

"Le 11 mars c'est le premier passage à l'acte terroriste", tonne l'avocate générale. C'est le jour de l'assassinat d'Imad Ibn-Ziaten. L'avocate rappelle quels témoins ont pu voir Mohamed Merah discuter avec son frère au stade."On n'a pas sonorisé le stade, mais les deux frères se parlent alors que nous sommes moins de deux heures avant le premier assassinat ! On nous dit que c'est normal que deux frères se parlent. C'est aussi normal qu'ils se passent des coups de téléphone. Ce qu'ils ne font pas."

"Entre les trois fusillades, les frères ne vont cesser de se voir, affirme-t-elle encore. "Le 15 mars, alors que deux militaires sont tués, tout est fini à 14h30. Les deux frères passent l'après-midi ensemble. Ils vont faire les courses ensemble. Il tombent alors sur leur sœur Aïcha. Ils passent la soirée dans un bar américain. Comme si de rien n'était. Voilà un homme qui a tiré sur quatre hommes en quelques jours. Les deux frères donnent le change."

"Le 19 mars, troisième fusillade". Cette dernière a lieu au petit matin. L'avocate générale indique que les deux frères étaient encore ensemble la veille au soir, où un plein de la moto de Mohamed Merah est effectué.

Naïma Rudloff conclue : "A chaque fois, Mohamed Merah est accompagné, dans un temps très court avant ou après, par son frère. Assez pour que le doute ne s'installe pas. Abdelkader a façonné Mohammed Merah. Sa culpabilité ne fait pas de doute."
30/10/2017 à 19:08
L'avocate générale tente de démontrer que les frères Merah se sont entendus avant les tueries
Le président de la cour écoute et regarde l'avocate générale dérouler son réquisitoire tandis que les assesseurs prennent des notes. La magistrate continue de démontrer les éléments de complicité entre les deux frères Merah.

Elle évoque notamment le dialogue entre Mohammed Merah et sa première victime Imad Ibn Ziaten, le 11 mars 2012. Quelques minutes avant d'être tué, Imad Ibn Ziaten, qui pensait vendre sa moto après avoir posté son annonce sur le Bon Coin, se retrouve nez à nez avec Mohammed Merah et lui demande : «C'est pour ton pote ?». Mohammed Merah lui répond alors : «Non, c'est pour mon frère. Il va arriver». «Ce n'est pas une preuve», reconnaît l'avocate générale mais c'est quand même étonnant que Mohammed Merah évoque son frère à ce moment clé. On peut s'interroger, ajoute Naïma Rudloff.

L'avocate générale revient sur le vol du scooter le 6 mars 2012, deux-roues qui a servi aux tueries de Toulouse et Montauban. «C'est un vol d'opportunité, il ne pouvait pas être prémédité», affirme-t-elle dans un premier temps avant d'apporter une précision de taille : «Ce qui est prémédité, c'est la filature du scooter», dit-elle. Pour l'accusation, le vol du scooter a été planifié par les deux frères Merah, ce que conteste la défense qui parle d'un vol spontané de Mohammed Merah. Abdelkader Merah n'était pas au courant, disent ses avocats.

Mais pas pour l'avocate générale. La magistrate estime qu'il y a forcément eu une entente préalable entre les deux frères pour voler le scooter. La preuve : les frères Merah, qui étaient en voiture au moment du vol, n'ont pas eu le temps de voir «les clés» qui étaient sur le scooter lorsqu'ils sont passés en voiture. Calculs à l'appui, elle cherche à montrer que Mohammed Merah n'a donc pas pu décider de voler ce T-Max en un instant aussi court. Pour l'accusation, c'est clair : les frères ont poursuivi ce scooter avant de le voler. Le scooter a été «repéré» et fait l'objet d'une filature, insiste-t-elle.

L'avocate poursuit son exposé : «cette entente» est même confortée parce qu'il se passe avant et après le vol du scooter ce 6 mars 2012. Pour la magistrate, il est étonnant qu'Abdelkader Merah, qui a condamné le vol du scooter commis par son frère, va quand même lui acheter un blouson en fin de journée, à 18h04. Elle pense aussi que Mohammed Merah s'est renseigné sur le tracker avant le vol du scooter, signe que tout cela était prémédité. 
30/10/2017 à 18:46
«La connexion du 4 mars: la première erreur des frères Merah»
L'avocat générale Naïma Rudloff, pour la reprise de sa démonstration, en vient à «la phase opérationnelle des attentats», les 11, 15 et 19 mars.

«Ce qui est important c'est ce que les investigations établissent, mais aussi ce qu'elles n'établissent pas», explique-t-elle. L'avocate générale affirme que tous les membres de la famille s'appellent, même ceux qui sont en froid. Tous sauf les deux frères. «Pourquoi ?» se demande-t-elle. Elle enchaîne ensuite les questions. Pourquoi est-ce que les deux frères utilisent le même cybercafé alors que ce n'est pas le plus proche de chez eux  et qu'ils auraient pu en utiliser un autre ? Pourquoi Abdelkader Merah multiplie les crédits à la consommation ? Les objets qu'il a acheté ont une grande valeur mais aucun n'a été retrouvé. «Je m'interroge sur ce fait», explique-t-elle. Les talkies-walkies ont été achetés par Abdelkader Merah avec des crédits à la consommation également. «Il est intéressant de noter qu'à l'époque les talkies-walkies n'étaient pas interceptables par la police», souligne-t-elle.

"A partir du 2 mars, il y a une présence quasi constante d'Abdelkader Merah au Izards" affirme l'avocate générale, qui liste toutes les dates intéressante pour sa démonstration. Elle enchaîne : «La connexion du 4 mars c'est la première erreur des frères Merah. La connexion se fait à partir de la télévision de la mère des frères Merah. Cette connexion trahit les frères Merah. Mais je n'ai pas la preuve que ce soit Abdelkader Merah. Il y a des doutes que cela soit Mohammed Merah car son téléphone de travail de borne à cet endroit (...) : la question reste entière. Le 11 mars, cela ne fait aucun doute que c'est Mohammed Merah qui se connecte depuis le cyber. Il y a son ADN et sa clio borne à cet endroit. Mohammed Merah a ciblé une victime, prend rendez-vous avec sa victime."

Cela sera sa première victime, le militaire Imad Ibn-Ziaten.
30/10/2017 à 18:16
Reprise de l'audience
Après une demi-heure de suspension, l'avocate générale reprend son réquisitoire. 
30/10/2017 à 18:15
Cafouillage au moment de rentrer dans la salle d'audience
De nombreux médias et curieux souhaitant assister au réquisitoire de l'avocate générale, les forces de l'ordre ont filtré les journalistes au moment de revenir dans la salle d'audience, au point de les faire attendre pendant plusieurs minutes. Alors que les journalistes commençaient à s'agacer, les gendarmes leur ont laissé entendre qu'ils pourraient ne pas retrouver leur place au vu de l'affluence. Une vingtaine d'entre eux se sont donc retrouvés coincés devant la salle sans savoir s'ils pourraient assister à la fin de l'audience. La situation s'est finalement débloquée au bout de plusieurs minutes.
30/10/2017 à 17:43
L'audience est suspendue
L'avocate générale poursuivra son réquisitoire dans 15 minutes. 
30/10/2017 à 17:43
«La maturation terroriste des frères Merah arrive à son terme au moment des attentats»
Depuis 1h30, l'avocate générale déroule son réquisitoire sur un ton rapide et incisif. Enchaîne les noms et les dates, assemble les faits pour démontrer sa thèse. Si le ton est sûr, les digressions de son discours perdent parfois l'auditoire.

«La radicalisation des frères à l'approche des actes est confirmée par les écoutes. Quand on veut faire passer Souad pour responsable de la radicalisation des frères, les bras m'en tombent. En tant que femme, elle n'a pas accès au même réseau que les deux hommes.»

L'avocate générale poursuit : «Le prosélytisme est confirmé par la DCRI. Il pratique également la roqya, l'exorcisme musulman : c'est soit un imam soit quelqu'un qui est en devenir de cette fonction. C'est celui qui peut affronter les djinns. Cela implique un statut de sachant. En prison, tous les aumôniers refusent d'avoir Abdelkader Merah car il cherche à "convertir" ceux qu'il côtoie.»

Pour l'avocate générale, «il y a ceux qui combattent qui ont vocation à mourir et ceux qui savent, et qui doivent rester.» Et c'est exactement le schéma des frères Merah, selon elle, pour qui la «maturation terroriste arrive à son terme au moment des attentats». Enfin, termine-t-elle, il y a une «identité parfaite entre les cibles contenues dans les documents d'Abdelkader Merah et les cibles de Mohammed Merah.»
30/10/2017 à 17:36
L'avocate générale se plonge dans la bibliothèque d'Abdelkader Merah, «monsieur 10%»
Après avoir évoqué les séjours à l'étranger des frères Merah, l'avocate générale parle maintenant de la "bibliothèque" d'Abdelkader Merah qu'elle surnomme ironiquement "monsieur 10%". Durant le procès, ses avocats avaient mis en avant le fait que les fichiers djihadistes ne représentaient que 10% de la documentation de leur client.

"10% de documentation terroriste, 90% de quelconque dans la bibliothèque d'Abdelkader Merah. Il aurait pu les jeter dans la Garonne, nous dit-on mais, je vous rappelle qu'il a fallu les récupérer", lance Naïma Rudloff. En effet, Abdelkader Merah a reconnu avoir effacé des fichiers sur son iPod. Par ailleurs, insiste la magistrate, je vous rappelle qu'il manque un ordinateur, quatre téléphones et des fichiers sur la Palestine.

Et de souligner, toujours sur un ton dur et rapide : "Il n'y a aucun texte qui condamne les attentats". Dans la bibliothèque d'Abdelkader Merah, on trouve "toutes les figures d'al-Qaida (...) un texte sur les innocents qui justifie les pertes humaines en cas de djihad, y compris de femmes et des enfants musulmans. On y trouve des fatwas. On a le fichier "La fabrique du terrorisme" pour déjouer les techniques de renseignement. Téléchargés en 2010, alors qu'il était en Egypte, ces fichiers ont été transférés sur un autre appareil quelques semaines avant les tueries de Toulouse et Montauban.

Enfin, elle enchaîne son exposé sur le rôle de l'émir que Mohamed Merah est allé voir au Pakistan en 2011. "L'émir fait le lien entre les deux frères, les attentats de Toulouse et al-Qaida", assure l'avocate générale. Elle insiste sur ce point car la défense ne comprenait pas pourquoi Mohammed Merah était parti au Pakistan chercher une approbation étant donné qu'Abdelkader Merah, présenté par l'accusation comme la tête pensante, pouvait le faire en France. "Si Mohammed Merah va jusqu'au Pakistan, c'est pour avoir la validation d'un émir", explique l'avocate générale. Or, poursuit-elle, Abdelkader Merah est un sachant, pas un émir. Qu'est-ce que c'est un émir : c'est un savant et un stratège militaire à la fois". 
30/10/2017 à 17:26
L'avocate générale se penche sur les voyages d'Abdelkader Merah
«Je me suis posé la question de savoir pourquoi Abdelakder Merah va toujours dans des zones agitées, dans des zones visées par des groupes djihadistes», explique Naïma Rudloff. Elle reprend les quatre voyages en Égypte de l'intéressé. Il arrive une première fois en Égypte le 26 octobre 2006, il en repart le 24 décembre. Elle note que Sabri Essid est alors arrêté alors qu'il veut partir faire le djihad en Irak. «Est-ce un hasard?, questionne-t-elle. Je ne crois pas dans ce type de dossier. Abdelkader Merah liquide les dettes de Sabri Essid qui a l'intention de mourir au combat.»

Au moment des arrestations policières liées à la filière d'Artigat, il part en Algérie, poursuit l'avocate générale, qui estime qu'il est parti «se mettre au vert». «Abdelkader Merah a loué une maison pour un an, de 2008 à 2009, dans un lieu où est actif le Groupe salafiste pour la prédication et le combat.»

Il rentre de son troisième voyage en Égypte le 25 mars 2009, alors que, remarque-t-elle, il y a eu l'attentat du 22 février au Caire qui a coûté la vie à une jeune Française.

Elle en vient enfin à son dernier séjour de 14 mois au Caire. Il rentre le 23 décembre 2011, au début des printemps arabes. L'agitation est à son comble et l'Égypte est une cible d'Al-Qaïda. Clain part au Yémen mais il en est refoulé et arrive en Égypte à ce moment.

Pour elle, il faut voir dans chaque voyage un épisode du parcours djihadiste d'Abdelkader Merah.
30/10/2017 à 17:16
Me Dupond-Moretti quelque peu agacé durant le réquisitoire de l'avocate générale
Alors que l'avocate générale poursuit son réquisitoire, Me Dupond-Moretti peste discrètement sur les bancs de la défense. Il se tient la tête entre les mains, soupire, secoue la tête en signe de désapprobation, se tourne vers ses confrères pour s'indigner de ce que dit la magistrate. On n'entend pas ce que dit l'avocat mais on devine son agacement. Demain, ce sera à lui de plaider devant les juges et de défendre son client. 
30/10/2017 à 17:10
Les voyages en Égypte d'Abdelkader Merah, «première étape du djihad armé»
L'avocate générale, qui parle depuis cinquante minutes maintenant, poursuit son réquisitoire. De manière méthodique, elle explique pourquoi Abdelkader Merah est poursuivi pour complicité d'assassinats. Elle détaille d'ailleurs les éléments matériels qui justifient la qualification retenue.  

Elle évoque notamment le vol du scooter. "Il est retenu comme acte matériel de la complicité et infraction", affirme la magistrate. "Abdelkader Merah nous a inventé une infraction : soustraction frauduleuse sans volonté de commettre le vol. Autrement dit, je suis présent au vol mais je ne voulais pas le faire", dit-elle ironique. On entend quelques rires dans la salle.

L'avocate générale poursuit son long exposé, tient à apporter des corrections sur des éléments que la défense avait fait valoir.

Pour l'avocate générale, il y a un tournant en 2010 entre les deux frères. A partir de ce moment-là, l'idéologie devient action armée, soutient-elle.

Elle revient aussi sur l'affiliation à al-Qaïda et l'explique notamment par cet élément : la hijra. "La hijra, c'est l'idée que là où le musulman est persécuté, il doit émigrer, partir", développe-t-elle. "C'est, selon al-Qaida, la première étape du djihad armé". C'est la raison pour laquelle Abdelkader Merah part en Egypte en 2006, suivi de près par Mohammed Merah, assure l'avocate générale, qui dit s'appuyer sur la documentation retrouvée chez Abdeklkader Merah. Quant au choix de l'Égypte, il est dû à l'effervescence des milieux djihadistes au Caire, ajoute-t-elle.  
30/10/2017 à 16:57
L'avocate générale : «Abdelkader Merah a fabriqué Mohammed Merah»

Le débit de l'avocate générale, déjà rapide, augmente au fur et à mesure de son réquisitoire. Elle explique que Fettah Malki est poursuivi pour association de malfaiteurs criminelle à cause de l'arme à feu qu'il a cédée à Mohammed Merah. "Le ministère public n'a jamais soutenu que Malki savait que Merah allait frapper des militaires et des juifs, mais il connaissait le potentiel terroriste des deux frères", affirme-t-elle.

Elle enchaîne sur la complicité d'Abdelkader Merah. "Le complice, c'est celui sans lequel l'action ne peut pas se faire. On lui reproche un soutien logistique matériel, mais également les recommandations qu'il a données à son frère. Il pousse, galvanise, exhorte à commettre l'infraction. C'est lui qui a le statut de sachant (...) Les militaires sont le symbole de l'Etat, les juifs, symbole du sionisme: c'est ce que l'on trouve dans les documents d'Abdelkader Merah. Peu importe si les tueries ne sont pas fixées à l'avance, c'est le symbole qui est important. La preuve, le 19 mars, Mohamed Merah ne savait pas qu'il allait tuer dans l'école juive. Il avait prévu de tuer un militaire. Il n'y a rien de personnel avec les victimes, mais c'est le symbole qu'elles représentent qui est visé." Selon Naïma Rudloff, toutes les instructions sont contenues dans un document en possession d'Abdelkader Merah: "La fabrique des terroristes". "Des instructions pour déjouer les services de renseignements. Ce n'est pas de la culture générale de posséder un tel document, contrairement à ce qu'il prétend."

Autre élément à charge selon l'avocate générale, c'est "l’accompagnement physique: au foot, au garage, au kebab, au magasin de moto, chez Corel. Sauf à un seul moment, lorsque Mohammed Merah tire. Le provocateur agit dans l'ombre (...) Abdelkader Merah a fabriqué Mohammed Merah."
30/10/2017 à 16:38
«On ne naît pas assassin, on le devient», veut rappeler l'avocate générale
Toujours dans un débit très rapide, l'avocate générale se lance dans un calcul quelque peu macabre : elle évoque "trois scènes de crime" étalées sur "huit jours", durant lesquels Mohammed Merah a tiré à "29 reprises sur des cibles humaines". "Jamais sa raison ne lui a commandé d'arrêter", souligne-t-elle.

"Je ne connais aucun homme" qui soit capable de commettre ces crimes sans justification, dit-elle en dépit de son expérience des assises. "Un homme ne peut tuer que s'il est convaincu. Il a fallu une puissante justification pour qu'il tire sur des cibles humaines et des enfants". Elle dit que c'est un processus classique : "on ne naît pas assassin, on le devient".

Pour l'avocate générale, cette justification, "elle vient de quelqu'un". "Ce ne sont pas les talibans qui ont pu maintenir cette motivation et légitimer les actions de Mohammed Merah". D'ailleurs, Mohammed Merah a eu des doutes, fait-elle remarquer. Durant les négociations avec le Raid, le tueur au scooter a reconnu qu'il avait "demandé des avis".  Et pour l'avocate générale, il n'y avait qu'un seul individu qui pouvait le faire: Abdelkader Merah.

Dans le box, l'accusé se frotte les yeux, bouge un peu sur sa chaise. Fettah Malki regarde l'avocate générale en se rongeant les ongles. Tous deux fixent la magistrate qui fait parfois de grands gestes pour accompagner sa parole.
30/10/2017 à 16:32
Face au manque de preuves «le moindre élément visible doit être exploité et contextualisé»
L'avocate générale parle rapidement, est emportée par le flot de ses paroles. Elle martèle son propos en frappant tantôt son bureau de son point, tantôt en pointant l'accusé de son doigt.

"Avant 2012, il y avait terrorisme et clandestinité: on se retirait de la société avant de frapper. Depuis 2012, il y a terrorisme et dissimulation: on est dans la société. La dissimulation on la trouve dans la bouche d'Abdelkader Merah. On se fond dans la masse, on donne le change". "C'est pour cela que le moindre élément visible doit être exploité et contextualisé. C'est l'ensemble des éléments visibles qui doivent être utilisés." Elle cherche ainsi à éviter les critiques sur le manque de preuves tangibles qui ont été pointées lors des audiences.

L'avocate générale explique qu'elle va donner trois exemples pour justifier son propos et sa volonté d'exploiter chaque signe pour étayer la culpabilité de l'accusé. "C'est pour cela que lorsque Mohammed Merah rentre du Pakistan et qu'il est hospitalisé pour une hépatite A, que toute la cité est au courant et passe le voir, Abdelkader Merah ne se déplace pas : quand c'est chaud, ne pas bouger!" Quelques temps plus tard, pourtant, Abdelkader organise le mariage de Mohammed Merah : "Une réconciliation fulgurante qui n'est compréhensible que dans un but djihadiste", selon l'avocate générale.

Elle enchaîne ensuite avec les crédits à la consommation accumulés par Abdelkader Merah, incompréhensible pour un bon musulman tel qu'il se décrit. "C'est l'argent des mécréants, c'est Mohammed Merah qui le dit lorsqu'on l'interroge sur le fonds dont il a bénéficié."

Troisième illustration, "le déménagement d'Abdelkader Merah à 37 km de Toulouse (...) Il n'a pourtant jamais été aussi présent aux Izards, où on le voit partout. Vous avez la même ambivalence avec Mohammed Merah, qui fréquente les boites de nuit alors qu'il fait toutes les prières."
30/10/2017 à 16:22
Il faut apporter des preuves, «je ne me déroberai pas à la tâche», promet l'avocate générale
Debout, dans sa robe rouge de magistrat, l'avocate générale regarde le président de la cour et ses assesseurs qui rendront leur verdict jeudi prochain. Elle parle vite, pèse chacun de ses mots, met l'accent sur certaines phrases, le tout sur un ton incisif.

"Vous ne jugez pas un tueur en série, ni un psychopathe", met-elle en garde. "Vous ne jugez pas des crimes mafieux. Vous jugez des faits qui ont été proclamés par al-Qaïda", assure la magistrate. "Vous jugez des assassinats dans un contexte terroriste, des crimes qui sont en lien avec une organisation terroriste", lance-t-elle aux juges.

D'ailleurs, "entre les frères Merah et les victimes, il n'y a rien de personnel", fait-elle remarquer. "Leur identité n'a aucune importance. Ce sont des symboles : c'est l'Etat français pour les militaires, la religion juive pour les victimes juives". Elle parle des "frères Merah" au pluriel. Ils avaient, selon la magistrate, tout "un catalogue de victimes" : Mohammed Merah avait notamment filmé et prévu d'attaquer le chef de la bac, un couple de militaire mais sans calendrier précis.

Sans le contexte terroriste, les crimes des Merah n'ont pas de sens, poursuit Naïma Rudloff. Alors il faut "remettre le dossier à l'endroit" : il faut partir du projet terroriste pour comprendre la responsabilité de chacun. Abdelkader Merah et Fettah Malki ont des degrés de responsabilités différentes, souligne-t-elle. Le premier est poursuivi pour complicité d'assassinats, pas le second.

"Bien sûr, j'ai entendu que le ministère avait la charge de la preuve. Je ne me déroberai pas à la tâche", prévient-elle. "Ne comptez pas sur le ministère public, pour vous amener une carte d'appartenance à al-Qaïda avec mise à jour des cotisations (...) Mais, promet-elle, je vais démontrer la culpabilité d'Abdelkader Merah". 
30/10/2017 à 16:15
«La rigueur de la justice doit parler»
"Madame l'avocate générale vous avez la parole pour vos réquisitions", commence le président. Naïma Rudloff, l'avocate générale, est déjà debout, prête.

"De toutes les parties présentes ici, personne n'a le mot juste pour décrire le chaos", commence-t-elle. "Il y a les images, insoutenables. 19 mars 2012, journée pluvieuse, il aura fallu seulement quelques secondes pour pulvériser 4 vies (...), il y a deux survivants (...) 15 mars, jeudi noir, il tire des balles jusqu'à ce qu'il n'y ait plus signe de vie. 11 mars 2012, cet après-midi de chien. Un militaire ne verra pas la fin de la journée (...) Tous aimaient la vie, honoraient la vie. Qui était visé ? C'est l'Etat français, c'est l'apostat, c'est le 17e RGP, c'est la France à l'international, c'est non seulement la communauté juive mais sa descendance. C'est la démocratie qui était visée !

"Avec Abdelkader Merah, c'est l'état islamique qui devient l'état musulman, l'extrémiste devient le musulman orthodoxe. Mais le but est le même: rependre les lois de l'islam par la terreur", affirme Naïma Rudloff. "Le terrorisme n'a ni nationalité ni religion. Le terroriste a aujourd'hui un nouveau visage. La justice a aujourd'hui un rendez-vous qu'on ne peut pas manquer. Derrière tous ces bruits et toutes ces agitations, c'est la rigueur de la justice qui doit parler."
30/10/2017 à 16:05
Reprise de l'audience
L'avocate générale, Naïma Rudloff, a la parole. 
30/10/2017 à 16:04
Bon à savoir avant les réquisitions
Avant le réquisitoire, on vous rappelle les raisons pour lesquelles les deux accusés sont le box depuis quatre semaine aux assises spécialement composées, au palais de justice de Paris.


Le premier, Abdelkader Merah, 35 ans, est le frère de Mohammed Merah. En détention provisoire depuis le 25 mars 2012, ce franco-algérien est poursuivi pour :
- participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un crime d’atteinte aux personnes
- complicité d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste
- vol en réunion en relation avec une entreprise terroriste.
Concrètement, on lui reproche de s’être entendu avec Mohammed Merah pour commettre, au nom d’al-Qaida, plusieurs attaques terroristes, visant des militaires et des membres de la communauté juive. On l’accuse aussi d’être complice des crimes de son frère. Complice parce qu’il l’aurait incité à commettre ces attaques, l’aurait aidé en participant au vol du scooter utilisé lors des équipées meurtrières, et lui aurait acheté un blouson, un geste aujourd’hui considéré comme un soutien logistique. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
Lors de ses interrogatoires, Abdelkader Merah a nié avoir aidé son petit frère dans son entreprise mortifère. Il reconnaît toutefois avoir été présent au moment du vol du scooter. De même, il admet lui avoir acheté un blouson, se doutant bien que son frère “allait faire des conneries avec”, tels que “des braquages, des vols, des agressions”. Enfin, il savait que son cadet s’était rendu dans un magasin pour se renseigner sur la manière d’enlever un traqueur d’un scooter, outil qui permet de géolocaliser le deux-roues en question.
Le second accusé s’appelle Fettah Malki, un délinquant multirécidiviste. Son nom n’apparaît qu’en 2013 lorsqu’il est arrêté et écroué après plus d’un an d’investigations. Comme Abdelkader Merah, cet Algérien de 35 ans est poursuivi pour participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un crime d’atteinte aux personnes. Plus concrètement, on lui reproche d’avoir fourni des armes, des munitions et des fonds à Mohammed Merah, dont il connaissait l’idéologie radicale. Il est aussi poursuivi pour avoir recelé, en récidive, un gilet par-balles appartenant à la police et l’avoir donné à Mohammed Merah. Ce qu’il reconnaît. 

30/10/2017 à 15:40
On fait la queue pour venir écouter le réquisitoire de l'avocate générale

Alors que l'audience doit débuter à 14h, les rangs du public et de la presse sont déjà bien remplis en ce début d'après-midi. A l'extérieur de la salle, de nombreuses personnes font la queue sur une vingtaine de mètres avant le passage de sécurité pour assister au réquisitoire de l'avocate générale, Naïma Rudloff. Les journalistes lancent des paris sur la longueur de son intervention : quatre heures?, interroge une consœur. "Six heures", pense une autre.

Les accusés, eux, ne sont toujours pas arrivés. Tout comme l'avocate générale et la plupart des avocats. Quant aux rangs des parties civiles, il se remplissent tout doucement. 
30/10/2017 à 13:37
L'audience est suspendue
Elle doit reprendre à 14 heures.

C'est la fin des plaidoiries des parties civiles, cet après-midi on entendra le réquisitoire de l'avocate générale.
30/10/2017 à 13:35
«La France est son ennemie»
"Pour pouvoir motiver votre décision, explique Me Chabert aux juges, il faut imager que le crime dont Abdelkader est complice, est un crime dont les victimes sont symboliques. L'objectif est de s'en prendre au symbole. Nous sommes dans des circonstances exceptionnelles que l'on n'a jamais vues. Ce qu'il veut, c'est s'en prendre à la France. La France est son ennemie. C'est cette logique là qui doit entrer dans votre résonnement."

L'avocat prononce une citation de la période révolutionnaire, de 1794 : "La terreur ne fait que des esclaves". "Ce que je vous demande aujourd'hui c'est de dire que nous ne sommes pas des esclaves et que nous sommes des hommes libres. Les éléments existent pour dire que la culpabilité est totale et absolue."
30/10/2017 à 13:32
Entre les deux frères, "tout s'est organisé, rien n'est le fruit du hasard", soutient un avocat
Me Charbert, dernier avocat des parties civiles à plaider dans ce procès, tente de prouver la culpabilité d'Abdelkader Merah sous forme chronologique, par étapes. Pour lui, la complicité entre les deux frères commence fin 2011. "Que vient faire Mohamed Merah chez Olivier Corel avec Abdelkader Merah ?", demande l'avocat qui plaide devant les juges. Sur les rangs de la défense, on sent un agacement. L'accusé a démenti s'être rendu chez Olivier Corel avec son frère Mohamed Merah.

"Le 6 janvier 2012. Abdelkader Merah accompagne son frère à la salle de sport (...) Nous savons qu'Abdelkader Merah réside à Auterive. Nous savons que Mohamed Merah réside à Toulouse. 38 km les séparent et selon Google Map, 40 minutes. Tout ça sans téléphone. Donc ils se croisent par hasard ? interroge l'avocat. "Tout s'organise, rien n'est le fruit du hasard. Quand on va vous plaider cela, ce n'est pas possible".

L'avocat, témoins à l'appui, soutient ensuite que l'accusé a rasé sa barbe peu de temps avant les tueries de Toulouse et Montauban "pour se fondre dans la foule". Puis il continue d'égrainer les dates où les deux hommes se sont vus : le 6 mars 2012, jour du vol du scooter. Le 11 mars 2012, "c'est la discussion sur le terrain de foot", rappelle l'avocat. "Leur conversation semblait sérieuse. Il est 13h20. A 16h, Imad Ibn Ziaten est assassiné".

Puis, il continue et cite le 14 mars, jour de repérage à Montauban, le 15 mars, jour de l'attaque de Montauban. Le soir même, les deux frères mangent ensemble avec leur sœur Aïcha. Il parle encore du 18 mars. "Une rencontre par hasard encore ?", s'agace l'avocat, qui termine sa chronologie par le 19 mars, jour de la tuerie de l'école Ozar Hatorah. 
30/10/2017 à 13:19
"Chaque one man show a son mettteur en scène"
L'avocat évacue en une phrase le cas de Fettah Malki, rappelant qu'il a transmis l'Uzi et le gilet pare-balles transmis à Merah.

"Concernant Abdelkader Merah, qui est-il ?" tonne Me Benoît Chabert, de sa voix puissante. Il évoque des auditions d'Abdelkader Merah plaçant les lois de l'islam au-dessus des lois républicaines. Il évoque les discussions de l'accusé avec sa famille alors qu'il était en prison, montrant selon lui l'admiration d'Abdelkader Merah envers les actes commis par son frère.

Il revient lui aussi sur le loup solitaire. Pas besoin de micro pour l'avocat dont la voix porte aisément dans toute la salle d'audience. "Lorsque vous sortez d'un one man show, vous ne pensez pas qu'il y a eu un scénariste, un metteur en scène, qu'il y a eu un producteur ? C'est contraire aux libertés fondamentales de dire que lorsque l'on est seul sur scène, il y a beaucoup de personnes autour à avoir permis le spectacle tragique de Mohamed Merah ? On va plaider le loup solitaire ? De qui se moque-t-on ? il y a eu obligatoirement eu un ou plusieurs complices. Il y a a là le complice principal, Abdelkader Merah."  
30/10/2017 à 13:09
"Abdelkader Merah a tout fait pour qu'on ne retrouve pas de preuves matérielles"
Vient le dernier avocat des parties civiles à plaider dans ce procès. Me Benoît Chabert représente l'Etat. "Je suis assez fier de la robe que je porte aujourd'hui", attaque-t-il d'emblée avant de parler de l'ambiance du procès. "Parfois on s'est un peu emporté, on a été impulsif (...) mais personne ne peut dire que notre robe n'a été déshonorée, d'un côté comme de l'autre".

Pour l'avocat à la puissante voix, "la seule personne accusée" est Abdelkader Merah. Comme d'autres avant lui, il s'attaque à son système de défense : "Ce n'est pas la première fois que les accusés nous disent qu'il n'y a pas de preuves matérielles. C'est l'objectif même de l'assassin de base, du complice de base (...) J'entends déjà la défense et je leur dis que ça arrive très souvent [qu'il n'y ait pas de preuves]", s'emporte-t-il devant les juges.

"Tout a été fait par Abdelkader Merah pour qu'on ne retrouve pas de preuves matérielles". Alors il compare la culpabilité d'Abdelkader Merah à un tableau en pointillisme, technique picturale consistant à utiliser de petites touches de couleur juxtaposées. "La défense vous dira de regarder les petits points mais moi je vous dis de prendre du recul et de regarder l'ensemble", demande-t-il aux juges. 
30/10/2017 à 12:54
"Il manque des preuves ! Mais que vous faut-il ?", plaide un avocat
"Le scooter, c'est une arme", continue Me Klugman, avant dernier avocat de la partie civile à plaider dans ce procès fleuve. "Que vous manque-t-il ? On n'a cessé de nous dire qu'il manquait des preuves. Mais que vous faut-il ?", lance-t-il aux juges.

Il évoque plusieurs éléments qui lui semblent à charge. Parmi eux, "il y a le parloir du 4 octobre 2012. "Par Allah, c'est le meilleur cadeau que m'a fait Mohamed". Que vous faut-il ? Il revendique", dénonce l'avocat.

(...)

"Vous avez les faits, les preuves, l'audience... Ce monsieur [Abdelkader Merah] rajoute un sixième pilier à l'islam, le djihad. Avant, pendant, après, vous n'avez cessé d'avoir Abdelkader Merah".

Depuis le banc de la défense, Me Dupond-Moretti secoue la tête en signe de désapprobation.

Me Klugman termine sa plaidoirie en demandant de substituer l'Etat de terreur par l'Etat de droit.
30/10/2017 à 12:51
Selon un avocat, Abdelkader et Mohamed Merah sont "inséparables"
"Nous avons l'impression que nous avons cheminé vers la vérité, affirme le conseil de Samuel Sandler. Le loup solitaire est mort devant vous par son auteur putatif, Bernard Squarcini." L'ancien patron des renseignements, qui avait avancé un temps la thèse du loup solitaire afin d'affirmer qu'il était impossible d'arrêter Merah, est en effet venu témoigner au cours de ce procès. L'avocat se sert de ce passage à la barre de Bernard Squarcini pour mettre en avant la thèse d'un loup solitaire qui protégerait un réseau. Un schéma un peu curieux lorsque l'on connait ce qu'est la thèse du loup solitaire à l'origine.

"Ce procès permet une accusation juste, affirme Me Klugman. Nous savons qu'Abdelkader Merah est un salafiste. Nous savons que c'est lui qui embrigade son frère. C'est un binôme. Abdelkader Merah c'est celui qui donne les ordres. Mohamed Merah, lui n'a pas les qualifications (...) Si vous enlevez Abdelkader Merah, vous ne comprendrez jamais Mohamed Merah."

Pour l'avocat, rien ne tient dans la défense d'Abdelkader Merah. La brouille entre les deux frères ne serait qu'une tactique de dissimulation. Il évoque les fichiers effacés de l'iPod et du disque dur d'Abdelkader Merah, preuve de l'embrigadement des deux frères. Mais plus qu'une simple dissimulation, Me Klugman estime qu'en réalité les deux sont "inséparables". 
30/10/2017 à 12:40
"Les droits de la défense sont essentiels, mais il y a aussi les droits de la décence"
Mains posées sur la table des pièces à conviction, Me Klugman se tourne vers Abdelakder Merah. "L'accusé continue d'appeler l'assassin 'son petit frère'. Il espère qu'il est au paradis. Qu'est-ce qui nous reste après ça ? Ce n'est pas facile de trouver du sens. Quand on n'a pas été frappé dans sa chair, c'est pire. Comment on tient? On tient en se disant que l'injustice n'est pas totale. Qu'une forme de justice est possible. Ce qui reste, ce sont des gens qui croient en l'Etat de droit. Nous sommes debout, chacun dans notre position, nous sommes capables de juger la terreur. C'est ça qui fait que nous sommes restés des hommes", plaide l'avocat en regardant les magistrats qui rendront leur verdict dans trois jours. "Avec la loi [la Charia] qu'on cherche à nous imposer, c'est l'exécution".

"Il était important ce procès", poursuit l'avocat. "Il garantit les droits de l'accusé de garder le silence, de prendre un avocat (...) de demander une remise en liberté (...) ce procès est fondamental parce qu'il est public alors que le pays est menacé (...) Nous devons ici préserver ce rare privilège. Ce procès est essentiel car il se tient, parce que nous avons appris des choses". Notamment le fait que Jonathan Sandler s'est interposé entre le tueur au scooter et les enfants à l'école juive le 19 mars 2012, ajoute le conseil de Samuel Sandler, le père et grand-père de victimes.

Puis l'avocat s'en prend à Me Dupond-Moretti qui a prononcé "la phrase de trop" dans ce procès. L'avocat d'Abdelkader Merah avait suscité l'indignation dans les rangs des parties civiles lorsqu'il avait déclaré que la mère de Mohamed Merah avait elle aussi perdu un fils. "C'est la mère d'un mort", avait lancé l'avocat. "Alors les droits de la défense sont essentiels", déclare Me Klugman. "Mais il y a aussi les droits de la décence". 
30/10/2017 à 12:29
"La terreur ne s'est jamais arrêtée, elle s'est propagée"
Me Klugman poursuit son anaphore: "Ça s'arrête quand la terreur?" "Ça s'arrête quand pour ces familles?  L'assassin a choisi ses victimes pour ce qu'elles symbolisaient: les parachutistes défendaient la France. Ils ont été attaqués désarmés. Les familles de l'école avaient choisi la France. Pas pour les allocations."

L'avocat de Samuel Sandler continue de questionner devant la cour. "Ça s'arrête quand la terreur ? Elle ne s'est jamais arrêtée. Elle s'est propagée, elle s'est disséminée, à cause de Toulouse et Montauban. Ça s'arrête quand la terreur quand on voit en 2015 Sabri Essid, le beau-frère d'Abdelkader Merah [dans une vidéo d'exécution en Syrie], celui qui incitait à faire le djihad en Mercedes. Ça s'arrête quand, quand Jean-Michel Clain, revendique les attentats du Bataclan ? Il y a eu Toulouse, Montauban, et puis cela ne s'est jamais arrêté. Charlie Hebdo, l'Hypercacher, le Bataclan, la Promenade des Anglais..."

Les deux accusés sont très attentifs. On avait pu les voir avachis lors des deux premières journées de plaidoiries. 
30/10/2017 à 12:24
"Ça s'arrête quand la terreur?", demande un avocat sans relâche
Avant dernier à plaider dans ce procès, Me Klugman, avocat de Samuel Sandler - père et grand-père de trois victimes tombées sous les balles de Mohamed Merah en mars 2012 - s'avance vers les juges. "Ça s'arrête quand la terreur ?", demande-t-il à plusieurs reprises. "Ça s'arrête pas quand un homme arrive casqué, armé et tue un homme, des enfants, ça s'arrête pas quand une arme s'enraye, ça s'arrête pas quand on prend une autre arme...ça s'arrête quand la terreur ? C'est quoi cette guerre qui a été déclarée à la famille Sandler ? De quoi étaient-ils les soldats ?", interroge encore l'avocat.

"Dans l'ipod de l'accusé [Abdelkader Merah, ndlr], on a trouvé beaucoup de choses (...) Alors ça s'arrête où la terreur ? Il était aussi armé d'une caméra GoPro. Le crime n'était pas seulement de tuer, c'était aussi de filmer. Il aura eu le temps de monter, de renommer la vidéo et de l'envoyer aux journalistes. Alors ça s'arrête où la terreur ?"

L'avocat évoque alors "la solution finale", plan d'extermination mis en place par les nazis pendant la seconde guerre mondiale. "Voilà le crime de terreur que vous avez à juger", lance-t-il aux juges. "ça s'arrête quand la terreur?", demande-t-il encore une fois. 
30/10/2017 à 12:12
Reprise de l'audience
Plusieurs personnes se constituent parties civiles. Il s'agit notamment de plusieurs anciens élèves de l'école Ozar Hatorah.

Vont suivre deux plaidoiries des parties civiles. 
30/10/2017 à 12:06
Les deux accusés habillés en blanc pour le réquisitoire
Abdelkader Merah, poursuivi pour complicité d'assassinats et association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste, et Fettah Malki, notamment poursuivi pour avoir fourni une arme et un gilet pare-balles au tueur au scooter, viennent de s'asseoir dans le box pour la cinquième semaine consécutive. En ce jour de réquisitoire, ils sont tous deux habillés en blanc : une chemise pour Abdelkader Merah et une veste de jogging pour Fettah Malki.

Contrairement à jeudi et vendredi - journées entièrement consacrées aux plaidoiries des parties civiles - leurs avocats sont tous présents aujourd'hui. Ils discutent longuement avec leurs clients. 
30/10/2017 à 11:35
L'audience commence à 10 heures ce matin
Le procès commence un peu plus tard ce matin. 10 heures au lieu de 9h30 habituellement. Le président est venu déposer quelques dossiers sur son bureau, les avocats de la défense sont arrivés tôt. Les places réservées au public sont déjà presque pleines et il y a foule dehors pour remplacer tout départ éventuel.
30/10/2017 à 10:43
Tout le procès dans notre dossier
Retrouvez nos précédents articles et directs dans notre dossier sur le procès Merah, le meilleur moyen pour retrouver, jour après jour, l’essentiel des audiences.

Le Palais de Justice de Paris, lundi 30 octobre.Julien Licourt / Le Figaro
30/10/2017 à 10:43
Jeudi et vendredi, deux journées de plaidoiries pour accabler Abdelkader Merah
Jeudi et vendredi, les avocats des parties civiles se sont succédé à la barre pour donner leur vision de l’affaire. Pour eux, elle est entendue. Abdelkader Merah était le cerveau, Mohamed Merah le bras armé des attentats. «M. Merah, si vous prenez la vie, vous devez rendre votre liberté», a ainsi tonné Me Mouhou, avocat de la famille Ibn Ziaten.
Cliquez ici pour retrouver l’intégralité des plaidoiries de jeudi
Cliquez ici pour retrouver l’intégralité des plaidoiries de vendredi
30/10/2017 à 10:08
L’avocate générale doit prononcer son réquisitoire
C’est une journée déterminante dans le procès puisque l’avocate générale, Naïma Rudloff, doit prononcer son réquisitoire cet après-midi. Ce moment est attendu par tout le monde. Il est capital: au cours du procès, les failles de l’accusation sont apparues. S’il semble évident qu’Abdelkader Merah a fréquenté et pris part au milieu de l’islam radical toulousain, les preuves de son implication dans les crimes commis par son frère ne sont pas évidentes. Le second accusé, Fettah Malki, accusé d’avoir fourni les armes au terroriste, a lui tenté de minimiser son rôle, affirmant être à 1000 lieues de toute considération religieuse, point sur lequel tout le monde semble s’accorder.
Ce matin, les deux dernières plaidoiries des avocats de parties civiles doivent avoir lieu.
30/10/2017 à 10:07
Dernière semaine du procès Merah
Bienvenue dans notre nouveau live consacré à la couverture du procès du frère de Mohamed Merah. Ce jeudi est le vingt-et-unième jour d’audience, et le procès entre dans sa dernière semaine. Le verdict est attendu le jeudi 2 novembre. Comme chaque jour, Lefigaro.fr revient dans la salle Voltaire, à la cour d’assises spécialement composée.
On y juge Abdelkader Merah, pour complicité d’assassinats, mais aussi Fettah Malki, délinquant toulousain, poursuivi pour avoir fourni des armes à Mohamed Merah. Le premier dément toute implication, le second reconnaît ses torts mais nie avoir été au courant du dessein mortifère de son ami.

Fatiha Boudjahlat : «Les néo-féministes sont les idiotes utiles des indigénistes» (27.10.2017)

  • Publié le 27/10/2017 à 21:31
FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN - Dans un premier livre salutaire, Le Grand détournement, Fatiha Boudjahlat montre comment les communautaristes de toutes obédiences ont dévoyé les idéaux du féminisme, de la tolérance ou de la République. En exclusivité, la jeune essayiste répond aux questions du FigaroVox.

Le Cerf
Fatiha Boudjahlat est cofondatrice avec Céline Pina du mouvement Viv(r)e la République. Elle est aussi l'auteur de l'essai à paraître le 3 novembre aux éditions du Cerf: Féminisme, tolérance, culture: Le grand détournement.

Le 8e numéro de “La Revue du crieur” dresse un portrait sans concession d'Elisabeth Badinter, l'accusant de faire la promotion d' «un universalisme blanc pour le riches»?Que cela vous inspire-t-il?
Fatiha Boudjahlat: Je serai curieuse de voir la photo de la rédaction de ce média d'opinion. Je ne serais guère surprise d'y voir à l'œuvre des blancs refusant l'universalisme aux non blancs au nom d'une prétendue générosité pleine de misérabilisme et condescendance. Il me semble qu'Elisabeth Badinter défend des valeurs universelles avec la même exigence pour toutes et tous, quelque soit le revenu, et quelque soit l'épiderme. Je me sens plus respectée par elle en tant que son égale, que par des militants comme ceux de la Revue du Crieur qui dans les faits entérinent le fait que ce qui est bon pour eux, pour leurs sœurs, leurs femmes, leurs filles ne l'est pas pour moi.
Le féminisme est-il en train d'être dévoyé?
Sans aucun doute. Et c'est autant le résultat d'activistes politiques que d'universitaires dogmatiques. Quand Judith Butler explique que les femmes afghanes ne doivent pas se délester de leurs burqas grillagées, pour ne pas prêter leur concours à l'impérialisme américain, je vois une grande bourgeoise blanche américaine dans le confort de son bureau, qui livre pieds et poings liés ces femmes à leur sort. Ce nouveau féminisme racialiste combat le patriarcat blanc, mais valide son pendant oriental. Il se réduit alors à un combat pour que les femmes non-blanches, puisque l'ethnie est déterminante, puissent obtenir le maximum de ce qu'elles peuvent espérer dans les limites du cadre mental, culturel, juridique que les hommes de leur communauté religieuse auront fixées. Ce féminisme est parfaitement décrit par Houria Bouteldja quand elle écrit: «J'appartiens, à ma famille, à mon clan, à mon quartier, à ma race, à l'Algérie, à l'islam. J'appartiens à mon histoire et si Dieu veut, j'appartiendrai à ma descendance.» Elle écrivait avant: «Nous [les femmes] appartenons à notre communauté et nous l'assurons de notre loyauté.». En tant que femme et en tant que féministe, je n'appartiens à personne. C'est le B-A BA du féminisme. Celui-ci est détourné de façon à ce que les femmes non-blanches occupent la place que les hommes de la communauté leur assignent. Interrogeons nous sur cette indignation à géométrie variable. De tels propos tenus par des blancs feraient hurler ces féministes relativistes qui pourtant restent bien silencieuses quand ils sont tenus par des femmes non-blanches. Par respect de la diversité? Par grandeur d'âme? Par esprit de tolérance? Ou parce que trotte dans leurs esprits une conception misérabiliste du bon sauvage: «C'est comme cela que ces gens-là fonctionnent. C'est un passage obligé pour ces gens-là qui ne sont pas encore entrés dans la modernité.» Ce sont pourtant des femmes nées et scolarisées en France.
La cause des femmes est au cœur de l'actualité depuis l'affaire Weinstein et la polémique #BalanceTonPorc. Pourtant, la question de la violence qui touche les femmes dans certaines cités ainsi que celle de la pression exercée par l'islam est éludée du débat …
Il y a en effet un deux poids deux mesures. Ce féminisme dévoyé valorise les intérêts de la communauté religieuse, c'est-à-dire de ses leaders masculins aux dépens de la dignité des femmes. C'est ainsi que l'opposition de ces néoféministes à la pénalisation du harcèlement de rue s'entend: la souffrance des femmes est secondaire face au confort de ces hommes-là. La parole des femmes doit s'effacer devant l'impunité des hommes. Et les mêmes s'activent à balancer leurs porcs? Aussi longtemps et seulement si ceux-ci sont blancs? Toute religion a une structure patriarcale. C'est celle-ci qu'il faut combattre quand on se dit féministe. Quel que soit la religion. Mais avec les phénomènes de ghettoisation et la prime aux leaders les plus orthodoxes, c'est la forme la plus rétrograde de l'islam qui est valorisée. C'est une forme parmi d'autres. D'autres formes toutes aussi légitimes et authentiques existent.
Les twitteuses les plus intraitables sont aussi celles qui proposait pour régler la question du harcèlement de rue à la Chapelle «d'élargir les trottoirs» …
C'est une proposition aussi outrancière que celle qui a récemment fleuri dans la presse britannique et sur les réseaux sociaux proposant d'appliquer les commandements religieux juifs ou musulmans interdisant aux hommes de se retrouver seuls avec une femme dans une pièce. On externalise le contrôle des pulsions au BTP, en élargissant les trottoirs, au lieu de responsabiliser les hommes. Quelle différence avec les hommes qui justifient le viol par la tenue de leurs victimes? C'est aux ingénieurs de mieux concevoir la ville et les modalités de circulation. C'est aux femmes de ne pas se mettre en position d'être désirables. Quand donc allons nous exiger de ces hommes qu'ils s'empêchent? Qu'ils se contrôlent? Ces néo-féministes ont-elles suggéré d'élargir les couloirs de l'Assemblée après l'affaire Denis Baupin? D'élargir les chambres d'hôtels avec l'affaire Weinstein? Cela revient à dire que ce que l'on exige des hommes blancs ne peut être exigé des hommes non-blancs. Et que donc leur comportement est lié à leurs origines et non à leur volonté propre. C'est dans leurs mœurs? C'est plus fort qu'eux? Parce que c'est culturel? Qui est alors dans le racisme? Dans l'association d'un comportement avec une origine ethnique ou religieuse?
Dans votre livre, Le Grand détournement, vous écrivez que certaines féministes «trahissent la cause des femmes … orientales.» Que répondez-vous à celles qui présentent l'universalisme comme un impérialisme et rappellent, parfois à juste titre, que certaines femmes choisissent délibérément de se voiler?
L'universalisme ne consiste pas à exporter notre modèle de civilisation dans les autres pays. Il consiste d'abord à appliquer le Droit sur tout le territoire de la France. Nulle coutume, nulle norme religieuse, nulle tradition n'est supérieure aux lois qu'une Nation de citoyens éclairés s'est donnée.
Je récuse la vision qui consiste à faire des femmes voilées des victimes. C'est un choix, mais la liberté de se voiler n'exclut pas la notion de contrainte. Ainsi, pour le voile, on ne pourrait parler de choix libre que s'il y avait une équivalence morale entre les deux termes de l'alternative. Or celle-ci se résume à ce choix: la vertu avec le voile, le vice sans le voile. Ces femmes ne portent pas le voile sous la menace d'une arme, mais sous la contrainte intégrée du triptyque propre à tous les patriarcats: virginité, pudeur, modestie. Le fichu se fait fétiche de ces exigences masculines qui font toujours du corps de la femme le récipiendaire de l'honneur de la famille. Le féminisme est un combat politique pour l'émancipation individuelle et collective des femmes. Il n'y a pas de choix libre sans éducation au choix. Enfin, que dire du voilement des petites filles? Comme tous les enfants, elles veulent plaire et faire plaisir à leurs parents en se conformant à leurs attentes. Laquelle d'entre elles acceptera-t-elle de se dévoiler adolescente ou adulte et de provoquer la déception de ses parents?
La culpabilité de classe et de race des néo-féministes sert de levier à l'offensive universitaire, médiatique, associative des indigénistes.
Quelles sont les origines de ce féminisme différentialiste. Peut-on parler de rupture avec la tradition française et d'américanisation de la société française?
La matrice et le logiciel de ce féministe différentialiste sont indubitablement nord-américains et liés au multiculturalisme. Rappelons que la multiculturalité des sociétés est un fait empirique, que seuls les identitaires combattent et regrettent. Le multiculturalisme fait de cette réalité un facteur de partition et de différentiation du droit. Ce n'est en rien moderne. Sous Clovis la justice était rendue en fonction des lois propres de la tribu à laquelle le justiciable appartenait. La centralisation puis surtout l'installation de la République a mis en avant une Nation, c'est-à-dire une organisation politique du peuple basée sur la contractualisation réciproque de droits et de devoirs. Le modèle d'intégration à la Française est plus respectueux et généreux que ce modèle communautariste. Dans le premier, je forge mon opinion et je me rassemble avec les autres habitants. Dans le second, je suis sommée d'être dans la loyauté et l'hyperconformité vis-à-vis de ceux qui me ressemblent. Enfin, le libéralisme et le refus d'un Etat interventionniste interviennent aussi.
Quels sont les points communs entre ce néo-féminisme et le «néo-antiracisme indigéniste»?
Ils partagent la même vision racialisée des rapports sociaux. Ils ont le même ennemi: le mâle blanc occidental. Ils dénoncent la structure patriarcale de la République, mais s'accommodent fort bien voire célèbrent le patriarcat oriental. La culpabilité de classe et de race des néo-féministes sert de levier à l'offensive universitaire, médiatique, associative des indigénistes. Les deux courants idéologiques revendiquent une appartenance à la gauche, et pourtant les deux privilégient en toute circonstance l'hypothèse ethnique à l'analyse sociale de la lutte des classes. Ils portent une vision libertaire très libérale, qui vise à réduire la sphère d'intervention de l'Etat au bénéfice de la régulation sociale des leaders communautaires. Les premières sont les idiotes utiles, pardon les idiot.e.s utiles des seconds. Qui sont dans un racisme tout aussi révoltant que les identitaires.
Ces militants appellent cela «la convergence des luttes». Que signifie ce glissement intersectionnel?
Les indigénistes sont dans la même logique que les identitaires et les tenants du grand remplacement. Ils veulent grand-remplacer, à titre de dédommagement historique et ontologique quand les autres craignent d'être grand-remplacés. Dans les faits, la convergence des luttes favorise seulement le facteur ethnique. Vous êtes femme, noire, lesbienne. Cela fait partie de l'identité reçue. Et pourtant, c'est ce qui va commander votre mobilisation politique et vous donner de la valeur: vous comptez pour ce que vous êtes, et ce que vous êtes commande ce que vous pensez. A la fin, c'est toujours la couleur de peau qui est déterminante. C'est le règne de l'AOC-AOP appliqué aux humains, la partition raciale de l'espace revendiquée dans les espaces de non-mixité va de pair avec une traçabilité ethnique de ses occupants. Ce qui permet de voir les indigénistes et les islamistes dont l'orthodoxie condamne et l'homosexualité et les homosexuels, devenir des compagnons de manifestations de militants homosexuels adeptes de l'intersectionnalité.
L'expression outrancière de « nègre de maison » devient l'acceptable concept de « native informant ». Mais le sens est le même.
Celle-ci relève du verbiage et de l'ingénierie sémantique qui conduit surtout à détruire toute notion d'intérêt général et toute réalité d'un corps politique national et populaire. La communauté d'assignation et ses intérêts prévalent. Et ce logiciel conduit à valider une terminologie raciste en la parant d'un vernis universitaire. L'expression outrancière de «nègre de maison» devient l'acceptable concept de «native informant». Mais le sens est le même: si vous ne pensez pas comme votre épiderme et vos intérêts de «race» commandent de penser, vous êtes un traître. Le plus cocasse apparait quand des bourgeois-pénitents blancs multi privilégiés somment une femme «racisée» comme moi de penser comme eux décident qu'il est bon et juste de penser: ils sont dans la parole blanche experte, même quand ils prétendent la dénoncer. S'ils étaient cohérents, je pense qu'ils devraient s'autodétruire ou être atteints de combustion spontanée.
Le grand détournement débute par une référence à la novlangue d'Orwell et se présente comme une réflexion sur le sens des mots. Quels sont les mots qui sont détournés aujourd'hui? Certains mots, comme le mot République», ne sont-ils pas tout simplement épuisés à force d'être vidés de leur sens?
Les mots de tolérance, de culture, de féminisme ont été détournés de leur sens politique universel pour devenir des facteurs et des prétextes à la partition ethnique. Mais c'est vrai: nous sommes épuisés. Les offensives sont multiples. Et efficaces. Et à grande échelle. Les mots, eux, ne le sont pas, épuisés. Ils n'existent que par nous, que par nos ambitions, que par nos exigences. Il faut vraiment s'être juste donné la peine de naître pour renoncer à voir dans la République ce qu'elle est: une promesse de l'aube de plus en plus ténue mais aussi sans cesse à tenir, qui nous oblige. Ce n'est pas un état de béatitude. C'est un horizon commun. Son modus vivendi est moins le patriotisme que le compatriotisme, qui consiste à reconnaître à l'autre la qualité de compatriote et de cosouverain, c'est-à-dire notre égal en droits et en devoirs, et dont la nation nous rend responsable. L'empathie ne repose pas alors sur la ressemblance physique, épidermique, patronymique: c'est l'identification à des valeurs, à un patrimoine qui créent cette communauté nationale. C'est un effort en effet. Qui fait de nous des citoyens cosouverains, et non des consommateurs.
Vous vous présentez comme une militante de la laïcité. Ce concept est-il compatible avec celui d'héritage? Pour le dire autrement, peut-on vraiment mettre en France sur le même plan l'islam et le christianisme?
Je défends la laïcité comme modus vivendi du pacte républicain. Mais je ne la fétichise pas. Elle a été réduite à une loi, celle de 1905. Comme toutes les lois, l'interprétation de celle-ci est évolutive. L'actuel Observatoire de la laïcité privilégie une lecture minimaliste. Je la récuse et ne suis pas moins légitime qu'eux dans la vision que j'en ai.
La laïcité peut s'entendre comme principe, plus haute norme juridique depuis les constitutions de 1946 et de 1958. Elle peut aussi s'entendre comme valeur, c'est-à-dire comme idéal moral. Elle ne contredit en rien la notion d'héritage ou de filiation historique. Il y a des jours fériés chrétiens qui profitent à toutes et à tous. Mais la loi prévoit aussi des absences aux examens pour les grandes fêtes religieuses des autres cultes. L'idéal moral n'interdit pas le pragmatisme ni la prise en compte de la réalité multiculturelle de la France. On a le droit d'être croyant et pratiquant en France. On a le droit d'être dans l'orthodoxie. Et même dans la radicalité. Mais le Droit prime au final.
Avec une grande hypocrisie qu'il faut dénoncer : les mêmes qui crient au nationalisme mortifère quand il s'agit de la France, le célèbrent quand il concerne le pays d'origine.
Mettre sur le même plan l'islam et la chrétienté serait une erreur historique, mais l'un et l'autre ont toute leur place en France. Factuellement il y a une antériorité chrétienne en France. Mais je ne m'égare pas dans la botanique, les souches sont pour moi des arbres morts. Rester dans le registre politique et historique est plus pertinent que de basculer dans celui de l'horticulture, qui sert ici à naturaliser l'identité. La prise en compte de cette antériorité ne fait pas de toutes et de tous les Français des chrétiens. Par la laïcité et les vertus républicaines d'une nation, par cette filiation politique, étanche à toute considération ethnique et biologique, souhaitée par les identitaires de l'extrême droite et des indigénistes de l'extrême gauche, nous embrassons cet héritage pour ce qu'il est: le signe que le monde existait avant nous, et que l'histoire ne commence pas avec nos revendications individuelles ou communautaires. C'est aussi le gage de notre liberté. Comme l'écrivait Rabaut Saint-Etienne: «On s'appuie sur l'histoire ; mais l'histoire n'est pas notre code.» Assumer cette histoire ne revient pas à la cautionner dans son intégralité, ni à vouloir la perpétuer.
«De culture arabo-musulmane, je n'ai jamais vu les compatriotes comme des ennemis héréditaires. Je n' ai pas grandi dans cette haine des autres et dans cette culture des miens. Mon pays est la France», écrivez-vous. Comment expliquez-vous la détestation que voue une partie de la jeunesse à la France?
Pour la majorité des descendants d'immigrés, c'est une détestation de façade. Leurs parents, enfants d'immigrés de la première génération ont tendance à entretenir leurs enfants dans un conflit de loyauté: le bled ou la France. Il suffit de discuter avec eux en évacuant toute sommation et toute alternative, pour qu'ils reconnaissent très vite qu'ils sont heureux de vivre en France. Heureux d'aller en vacances au bled, avec un pouvoir d'achat européen et le statut de touriste, mais heureux de vivre en France. Il faut faire verbaliser cet attachement à la France, sans quoi celle-ci apparait comme un guichet de prestations. Ce qui se traduit par un ultra-consumérisme antinomique avec l'identité de citoyens. L'attachement au pays s'apprend s'il s'enseigne. Avec une grande hypocrisie qu'il faut dénoncer: les mêmes qui crient au nationalisme mortifère quand il s'agit de la France, le célèbrent quand il concerne le pays d'origine.
Restons dans le registre politique: La haine de la France est d'abord la haine de la République. Elle existe et motive les gauchistes multiprivilégiés, les indigénistes et les islamistes, parce qu'elle les prive de leur ascendant sur la communauté. Ce sont des promoteurs de haine. Et la haine s'enseigne très bien. Ils restent en France, tout en la conspuant. Les frontières sont pourtant ouvertes. C'est bien le régime politique et ses valeurs d'émancipation de fraternité nationale qui sont leur cible. L'Etat doit cesser d'organiser son impuissance au nom d'une prétendue culpabilité. Je ne reproche pas aux Français d'ici et de maintenant ce qu'ils ont fait aux parents de mes parents durant la guerre d'Algérie. Et je ne reproche pas aux Arabes d'ici et de maintenant la traite négrière, plus longue et plus importante que la traite occidentale. Et enfin, j'invite les bourgeois multiprivilégiés à cesser de profiter de leurs privilèges médiatiques et politiques, tout en se berçant de la chaleur réconfortante de la pénitence. Ils ne servent que leurs intérêts de classe.

Diam's : «Ce que j'ai gagné par le passé me permet de vivre aisément» (29.10.2017)

  • Publié le 29/10/2017 à 15:28
Diam's dans sa dernière interview télévisée en 2015. Capture d'écran / TF1
Dans un entretien accordé au JDD, la chanteuse se confie sur ses projets. Elle a notamment décidé de lancer une marque d'articles de papeterie.
Depuis l'arrêt de sa carrière en 2012, Diam's se fait rare dans les médias. Deux ans et demi après son interview donnée à Sept à Huit , l'interprète de La Boulette a accepté de se confier à Aïda Touihri pour Le Journal du Dimanche ce 29 octobre.
L'ex-rappeuse, âgée aujourd'hui de 37 ans, commence par répondre aux rumeurs d'un potentiel nouvel album. «Des rumeurs sans fondement», affirme-t-elle dans les colonnes de l'hebdomadaire. «Peut-être certains ont-ils du mal à accepter que l'on trouve le bonheur en dehors de certains codes admis de tous, comme la gloire, la quête d'argent sans limite… D'autres choses brillent à mes yeux aujourd'hui». Mélanie Georgiades, de son vrai nom, a en effet décidé de lancer une marque d'articles de papeterie nommée «Mel By Mel». Sur ces produits seront partagés de longs textes ainsi que des rimes courtes. «Ce que j'ai gagné par le passé me permet de vivre aisément. L'argent n'est donc pas une motivation première pour ce projet», ajoute-t-elle. Le lancement d'une ligne de vêtements pour enfants fait également partie de ses nouvelles ambitions.
Même si elle reconnaît n'avoir jamais cessé d'écrire, Diam's a fait un trait sur le rap. «Je n'écoute plus. Je n'aime pas ce que véhicule ce mouvement comme orgueil, violence et consumérisme. Penser que le rap puisse changer quelque chose aux réalités douloureuses me semble si naïf aujourd'hui. Je l'ai été aussi, mais j'ai changé». D'ailleurs, cette mère de famille n'a gardé aucun contact dans ce milieu.
La nouvelle cérémonie des NRJ Music Awards prévue le 4 novembre prochain sur TF1 ne l'intéresse pas non plus. Il y a dix ans pourtant, elle y remportait pas moins de trois trophées. «Cela me replongerait dans des souvenirs plein d'angoisse et de tristesse. Je préfère tourner la page et me consacrer à ce qui m'épanouit.»
«Je croise des parfois des regards inquiets»
Diam's
Enfin, Diam's a accepté d'évoquer le voile qu'elle porte depuis 2008, année de sa conversion à l'islam. Dans le JDD, elle décrit le regard des autres. «Je rencontre énormément de bienveillance et de gentillesse. Je croise parfois des regards inquiets mais j'essaie de comprendre plus que de condamner».
La dernière fois que Diam's s'est exprimée dans les médias remonte à mai 2015. C'était dansSept à Huit avec Thierry Demaizière pour promouvoir son autobiographie. L'année dernière, elle avait seulement posté un message sur Facebook après la polémique du burkini pour prôner la tolérance.
La rédaction vous conseille

Ces Français juifs qui fuient la violence des banlieues (24.10.2017)

Sarcelles, dans le Val-d'Oise. - Crédits photo : Alain GUILHOT/Alain Guilhot
France | Par Stéphane Kovacs
Mis à jour le 24/10/2017 à 20h12
ENQUÊTE - Insultes, menaces et même violences… Certaines familles, principalement franciliennes, choisissent de quitter leur quartier pour vivre dans des secteurs où elles se sentent davantage en sécurité.
«Mais qu'est-ce qu'on a fait pour devoir fuir et vivre cachés comme des malfrats?» Cela fait maintenant cinq mois que Sophie*, Laurent et leurs trois enfants ont dû quitter, en catastrophe, leur pavillon de Romainville, en Seine-Saint-Denis. Après s'être fait cambrioler en mars, cette famille retrouve un matin de mai sa voiture pneus crevés, taguée au tournevis en grosses lettres: «Juif», «Israël», et une étoile de David… «Ça fait trop, ils vous ont repérés, partez!», leur conseille la police. Agressions, vandalisme, menaces, injures, ce sont des dizaines d'actes antisémites que le Bureau national de vigilance contre l'antisémitisme (BNVCA) recense chaque année. Certes, leur nombre a baissé en 2016, selon les statistiques officielles. Mais dans certaines banlieues, cet «antisémitisme étouffé», regrette le BNVCA, est tellement prégnant qu'il pousse de nombreux juifs à déménager. Pas forcément pour Israël, mais en une sorte d'«alya intérieure», pour d'autres communes plus tranquilles.
«Ça fait trop, ils vous ont repérés, partez !»
La police s'adressant à des victimes d'antisémitisme
Selon une étude de la Fondation pour l'innovation politique, publiée en septembre, sur la violence antisémite en Europe, la France, qui compte la plus importante communauté juive d'Europe, présente aussi le plus grand nombre d'incidents violents, estimés à 4092 sur la période 2005-2015. Elle obtient un score bien supérieur à celui des autres pays lorsqu'il est question d'envisager l'émigration, la crainte d'être agressé physiquement et l'antisémitisme: 60 % des Français juifs se disent «inquiets d'être agressé(e)s physiquement dans la rue parce que juif (ve)s». Dans la rue, «et depuis quelque temps au sein même de leur domicile», souligne le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), Francis Kalifat, qui a appelé les autorités «à une vigilance renforcée et à des sanctions exemplaires et dissuasives» après qu'une famille juive a été séquestrée, violentée et cambriolée en septembre à Livry-Gargan, en Seine-Saint-Denis. «Il faut que la politique de l'autruche cesse», réclamaient pour leur part dans une tribune une quinzaine de personnalités après le meurtre de Sarah Halimi, une retraitée juive orthodoxe, aux cris d'«Allah akbar», en avril dernier.
Le phénomène commence lors de la seconde intifada, en 2000, et se ressent fortement en région parisienne, où vit la moitié des quelque 500.000 juifs de France. Aux chiffres déjà impressionnants de l'alya, l'émigration juive vers Israël (5000 départs en 2016, 7900 en 2015), à l'exil vers des pays comme la Grande-Bretagne, les États-Unis ou le Canada, vient s'ajouter une «forte mobilité», globalement de l'Est vers l'Ouest parisien, selon Jérôme Fourquet, directeur du département opinion de l'Ifop, et auteur de L'An prochain à Jérusalem?**. «On constate des pics de violences antisémites, soit en lien avec ce qui se passe au Proche-Orient, soit après des cas médiatisés, comme les affaires Merah ou Sarah Halimi, analyse le politologue. Cela rend ces faits encore plus insupportables et angoissants.»
La Seine-Saint-Denis particulièrement touchée
Sophie et Laurent viennent de retrouver un logement social. Plus petit, plus loin, et «avec tout à refaire». «Nous qui avions entièrement réaménagé notre pavillon loué à Romainville, nous devons repartir de zéro!, se lamentent-ils. À 50 ans, nous voilà à quémander des heures supplémentaires.» Encore très perturbée, Sophie n'a pas encore signalé son changement d'adresse à La Poste. «Mais le plus dur, confie-t-elle les larmes aux yeux, c'est que personne, ni la mairie, ni les voisins, n'a pris de nos nouvelles.» Paul, lui, aura sans doute du mal à vendre sa maison de Noisy-le-Grand. En avril, deux enveloppes ont été déposées dans sa boîte aux lettres. Avec à chaque fois une balle et des menaces: «Allah akbar boum boum», «À mort les juifs», «C'est bien vous la cible», «La 3e balle est pour toi ou ta famille». Puis les murs ont été tagués: «Vive Daech.» «Comment voulez-vous que je laisse mes quatre enfants jouer dans le jardin?, interroge ce plombier. On a déménagé, mais ils font des cauchemars, ma femme est terrorisée, et moi, au moindre bruit, je me réveille en sursaut. Quant aux tags, la mairie a eu beau venir les effacer, ils sont revenus, il y a dix jours encore…» Cela faisait cinquante ans qu'elle habitait cette HLM de Stains: Monique, 87 ans, ne veut plus y mettre les pieds. Fin août, elle a reçu un courrier, «Je vais vous tuer», signé «Ramé». Elle y voit «Merah», «en verlan». Sauf que la police, raconte-t-elle, lui a dit qu'«une seule lettre ne suffit pas pour porter plainte». Quant à Alain, qui vient de quitter Bondy, sa plainte pour «discrimination raciale ou religieuse» a été classée: «sale juif, vive la Palestine», avaient écrit les cambrioleurs au rouge à lèvres sur le mur de sa chambre. Mais les ados retrouvés deux jours plus tard au volant de sa voiture n'ont jamais parlé.
En Seine-Saint-Denis, particulièrement touchée, les actes antisémites seraient «encore plus nombreux» dans les communes communistes, selon Sammy Ghozlan, président du BNVCA. «Certains élus font du palestinisme sans discernement: jumelages avec des villes palestiniennes, soutien au mouvement Boycott Désinvestissement Sanctions (BDS), contre les produits israéliens, et quand il y a des manifestations sociales, on laisse des gens crier “mort aux juifs!”, explique-t-il. Beaucoup se plaignent aussi que leur dossier de retraite ou de Sécu ne soit pas traité sérieusement. Résultat: 60.000 juifs d'Île-de-France ont déménagé ces dix dernières années.» Au profit notamment des XVIe et XVIIe arrondissements de Paris. «Il y a cinq ans, il y avait trois restaurants casher dans le XVIIe, précise Sammy Ghozlan. Aujourd'hui, il y en a une centaine.»
«L'exposition à la violence antisémite est très corrélée au port de la kippa»
Jérôme Fourquet, directeur du département opinion de l'Ifop
Autre refuge: Sarcelles, dans le Val-d'Oise, 60.000 habitants, qui mérite «plus que jamais» son surnom de «petite Jérusalem», selon son ancien maire, le député PS François Pupponi. «On est submergés de demandes de relogement: plusieurs dizaines par mois!, s'exclame-t-il. Les victimes d'antisémitisme ont tendance à se regrouper. Ici, ils ont le sentiment d'avoir des élus en phase avec eux, et peuvent vivre leur judaïsme en toute sécurité.» Au sud-est de Paris, Saint-Mandé, 22.000 habitants, reste marquée par l'attentat à l'Hyper Cacher, en janvier 2015. «On a eu une dizaine d'otages saint-mandéens, rappelle le maire Patrick Beaudouin (LR). Une vingtaine de familles sont parties, mais aujourd'hui, d'autres les ont remplacées. On a pris toutes les dispositions en matière de sécurité: des caméras, une police armée et des kits de détresse dans tous les bâtiments publics.»
Un mois après cet attentat, le président du consistoire de Limoges publiait une drôle de petite annonce. Il invitait ses coreligionnaires à faire leur alya… à Limoges. «Petite communauté très sympa serait heureuse d'accueillir dans une grande et belle synagogue des familles juives souhaitant fuir la région parisienne, indiquait Charley Daïan dans la presse locale. Il ne faut pas rejoindre Israël par peur mais par vocation.» Deux ans plus tard, il est «un peu déçu»: «J'ai eu beaucoup de coups de fil, mais seulement une dizaine d'arrivées, précise-t-il. Surtout des personnes seules. Aujourd'hui, je lance un appel aux familles!» Plus au sud, Bordeaux a, elle, accueilli «une trentaine de couples l'an dernier, comme chaque année depuis trois ans, indique Erick Aouizerate, président de la communauté juive de la ville. Ils viennent essentiellement de banlieue parisienne et de Marseille. Ici, ils peuvent se promener sans problème avec leur kippa en centre-ville».
«Un Maghrébin m'a pointé un revolver entre les deux yeux, en me disant “mets toi à genoux”. M'est venue l'image des prisonniers de Daech.»
Yoni, victime d'agression
Car selon une étude réalisée par l'Ifop en 2015, «l'exposition à la violence antisémite est très corrélée au port de la kippa», assure Jérôme Fourquet: 21 % des hommes de confession juive ne portant jamais la kippa déclarent avoir déjà fait l'objet d'une agression antisémite, mais la proportion grimpe à 77 % chez ceux qui la revêtent régulièrement. À Marseille, où l'on relève une trentaine d'actes antisémites par an, Yoni, qui porte la kippa, a été agressé en centre-ville un matin de juin. «Un Maghrébin m'a pointé un revolver entre les deux yeux, en me disant“mets toi à genoux”, raconte-t-il. M'est venue l'image des prisonniers de Daech. Je lui ai coincé le bras, mais il m'a frappé au thorax avec une masse qu'il tenait dans l'autre.» Au commissariat, «on m'a demandé s'il avait crié “sale juif”, poursuit-il. Comme ce n'est pas le cas, on m'a dit que ce n'était pas un acte antisémite, et l'affaire a été classée.»
À Strasbourg, pas question de cacher sa kippa: après l'agression à la machette, en janvier 2016, d'un enseignant juif à Marseille, le rabbin Mendel Samama en a même distribué! «Près de ma synagogue, il y a des fichés S, affirme-t-il. Alors je m'investis énormément dans le vivre-ensemble, mais, en même temps, je me suis mis au self-defense.»
*Les prénoms ont été changés. 
**Éditions de l'Aube.

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Week-end de fête protestante à Strasbourg (27.10.2017)

Plus de 11.000 protestants seront au rendez-vous ce week-end à Strasbourg. Ici, la place Kléber, vendredi. - Crédits photo : protestants-strasbourg.fr
France | Par Yolande Baldeweck
Mis à jour le 27/10/2017 à 20h08
Les fidèles commémorent pendant trois jours la Réforme, qui a 500 ans. En ordre dispersé : les évangéliques ont décidé de boycotter le rendez-vous.
Strasbourg vit depuis vendredi sous le signe de «Protestants en fête». Partout, il y a des affiches appelant à «Vivre la fraternité». Plus de 11.000 personnes, venues de France et d'autres pays d'Europe, essentiellement d'Allemagne, ont acheté leur «Pass» pour participer aux manifestations visant à montrer le protestantisme dans sa diversité. «Même si nous avons été bien accueillis à Bordeaux et à Lyon, nulle part ailleurs qu'à Strasbourg, on ne pouvait espérer organiser un tel événement», s'est réjoui François Clavairoly, président de la Fédération protestante de France (FPF), qui s'est largement appuyée sur l'Union des Églises protestantes d'Alsace et de Moselle. À l'ouverture, vendredi, place Kléber, il a adressé un clin d'œil à son président, Christian Albecker. «Il a osé lever la main quand j'ai demandé où nous pourrions célébrer le 500e anniversaire de la Réforme», a souri Clavairoly.
«C'est comme une réunion de famille, on se sent moins minoritaire»
Un réformé strasbourgeois
Labellisée «cité de la Réforme» par les organisateurs allemands de l'Année Luther, Strasbourg compte entre 10 et 15 % de protestants. Le régime local «crée une situation d'équilibre et de confiance réciproque entre les cultes et les autorités politiques», reconnaît le président de la FPF, ancien étudiant à la Faculté de théologie de Strasbourg. Mais «Protestants en fête, ce n'est pas la Protestants Pride!» a-t-il tenu à nuancer, en insistant sur «l'ouverture à l'autre différent».
Sur la plus grande place de Strasbourg, les différentes églises, œuvres, associations liées au protestantisme historique ou évangélique se présentent au grand public, sous de grandes tentes. Les aumôniers militaires voisinent avec les diaconesses de Reuilly et de Strasbourg, les seules encore à porter une cornette. L'Armée du salut n'est pas loin. «Nous sommes venus voir ce que font les autres associations», souligne une jeune femme du Pôle local de Marseille. Les gens se croisent, se reconnaissent, se saluent. «On est dans une petite paroisse. Il y a là une autre dimension de l'Église», se réjouit un jeune couple de Dunkerque, venu avec ses trois enfants et d'autres paroissiens. «C'est comme une réunion de famille, on se sent moins minoritaire», appuie un réformé strasbourgeois. Le responsable du Conseil régional du culte musulman, Abdelhaq Nabaoui, lui, est venu «pour l'échange, pour voir ses frères en humanité».
«Ce qui nous sépare et ce qui nous unit»
Place Gutenberg, dédiée au père de l'imprimerie, qui a contribué à diffuser les idées de la Réforme, ce sont les journaux, radios, éditeurs protestants qui se présentent. Un peu plus loin encore, la place Saint-Thomas est réservée aux fondations et associations, avec comme thème le climat.
Samedi matin, on entrera dans le vif du sujet, avec une quarantaine de conférences. Le pasteur et théologien François Clavairoly débattra avec Mgr Didier Berthet, président du Conseil pour l'unité des chrétiens, de «ce qui nous sépare et ce qui nous unit». Il sera question de finances, du christianisme social, des questionnements entre catholiques et évangéliques, mais aussi de questions éthiques, comme la fin de vie, la procréation avec le médecin Didier Sicard, et de «transhumanisme» avec le professeur Israël Nisand.
La programmation d'un «culte religieux inclusif», avec des personnes homosexuelles, a cependant suscité l'ire des évangéliques, qui représentent les trois quarts des pratiquants en France, soit 700.000 personnes. Le Conseil national des évangéliques de France, qui assure avoir découvert ce rendez-vous au dernier moment, a annoncé son intention de boycotter la fête. Il estime en effet que les revendications des groupes chrétiens LGBT sont «contraires à la Bible».
Vendredi soir, la manifestation se poursuivait au Conseil de l'Europe. Un lieu symbolique, avec comme intervenants le ministre de l'Intérieur, en charge des cultes, Gérard Collomb, et le nouveau président du Bundestag, Wolfgang Schäuble, lui-même un protestant engagé dans son église. Deux visions de la laïcité.

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