mardi 14 novembre 2017

Edwy Plenel

15 novembre 2017 : Riss condamne la fatwa d'Edwy Plenel sur Charlie Hebdo

ccbern : Ce petit monsieur n'est qu'un triste sire, un pauvre type incapable de reconnaître ses erreurs. Au contraire, il s'entête et s'enferre dans le déni de réalité, le mensonge, l'hypocrisie et l'invective, comme l'ont fait les gauchistes de l'époque de l'URSS, véritables thuriféraires et zélateurs du moustachu de Moscou, l'un des pires dictateurs criminels de son temps avec son homologue Hitler. De plus, comme les thuriféraires de Staline, il est incapable de se remettre en cause. Il n'a même pas l'honnêteté d'un Montand qui, égaré un temps par de "bons sentiments", a su dénoncer les crimes de Staline et reconnaître ses erreurs. Ça au moins c'était avoir de la classe. Ce tout petit monsieur, lui, n'est qu'un minable. Je pense même qu'il ne mérite pas le qualificatif de monsieur. Le pire c'est de voir qu'il a des soutiens de poids, 130 au total, comme vous pouvez le voir dans la liste qui suit. Quelle honte pour la France !

LISTE DES 130 SOUTIENS DU TROTSKYSTE ISLAMO-COMPATIBLE EDWY PLENEL CONTRE CHARLIE HEBDO
Nadia Aissaoui, sociologue, féministe,
Paul Alliès, juriste,
Claude Alphandéry,
Pouria Amirshahi, citoyen,
Salah Amokrane, militant associatif,
Louis Astre,
Lucien Attoun, homme de théâtre,
Micheline Attoun, femme de théâtre,
Régis Aubry, professeur de médecine, membre du CCNE,
Gabrielle Babin Gugenheim,
Andrew Bampfield, scénariste,
Christian Baudelot, sociologue,
Jean-Philippe Béja, Directeur de Recherche émérite,
Jay Bernfeld, musicien,
Olivier Besancenot, membre du NPA,
Jean-Paul Besset, ex-député européen,
Pascal Boniface, géopolitologue,
Nicolas Bordas,
Sophie Bouchet-Petersen, conseiller d'Etat retraitée et féministe,
Abdelkrim Branine, journaliste
Jean-Louis Brochen, avocat,
Julie Brochen, actrice et metteur en scène,
Ian Brossat, adjoint (PCF) à la Maire de Paris, élu du 18e,
Michel Broué, président de la Société des amis de Mediapart,
Dorothée Browaeys, journaliste scientifique et auteur,
Louise Bruit Zaidman, historienne,
André Burguière, historien, EHESS,
Alain Cabos,
Claude Calame, anthopologue, EHESS,
Michel Calvo,
Jean-Claude Carrière, écrivain, dramaturge,
Carmen Castillo, écrivaine et cinéaste,
Patrick Chamoiseau, écrivain,
Suzanne Citron, historienne,
Rémi Cochard, militant associatif (LDH),
Laurence de Cock, historienne,
Philippe Corcuff, ancien chroniqueur de Charlie Hebdo,
Marie Cosnay, écrivaine,
Constantin Costa-Gavras, réalisateur,
Michèle Costa-Gavras, productrice,
Thomas Coutrot, économiste,
Sylvain Cypel, journaliste
Pierre Dardot, philosophe,
Caroline De Haas, militante féministe,
André Deledicq, prix Erdös 2004,
Marc-François Deligne, vidéaste
Manthia Diawara,
Ian Dufour, militant syndical,
Françoise Dumas, productrice et réalisatrice,
Éric Fassin, sociologue,
Michel Feher, philosophe,
Sylvie Fennec, comédienne,
Lydia Flem, psychanalyste, photographe, écrivain,
Dan Franck, écrivain,
René Gallissot, historien,
François Gemenne, chercheur à Sciences-Po,
Alain Genestar, journaliste,
Denis Gheerbrant, cinéaste,
Sylvie Glissant, Institut du Tout-Monde,
Caroline Glorion, productrice et réalisatrice,
Anouk Grinberg, comédienne,
Caroline Gruson, mathématicienne,
Christophe Hadri,
Claire Hocquet, avocat
Pascale Iltis,
Erich Inciyan, journaliste,
Hugues Jallon, écrivain et éditeur,
Samy Johsua, professeur émérite des universités,
Geneviève Joutard, historienne,
Philippe Joutard, historien,
Leslie Kaplan, écrivain,
Naruna Kaplan de Macedo, cinéaste,
Pierre Khalfa,
Christiane Klapisch-Zuber, historienne,
Thierry Kuhn, militant associatif,
Jean Labib, producteur,
Mehdi Lallaoui, président de Au Nom de la Mémoire,
Nicole Lapierre, socio-anthropologue,
Mathilde Larrère, historienne,
Céline Larrière, attachée culturelle,
Sylvain Larrière, sculpteur,
Bernard Latarjet,
Patricia Lavail, musicienne,
Olivier Le Cour Grandmaison, universitaire,
Catherine Legalery, cadre de santé
Jean-Louis Legalery, universitaire
Séverine Leidwanger, universitaire,
Michael Lowy, directeur de recherche émérite au CNRS,
Dominique Lurcel, metteur en scène,
Emmanuel Maheu, médecin,
Ziad Majed, politologue, professeur universitaire,
Noël Mamère, ex-député,
Gilles Manceron, historien,
Philippe Mangeot, militant associatif,
Farouk Mardam Bey, éditeur,
Philippe Marlière, politiste,
Roger Martelli, historien, co-directeur de Regards,
François Marthouret, comédien,
Muhammad Marwan, auteur, statisticien,
Francine Mazière, linguiste,
Muriel Mesguich,
Jean-Pierre Mignard, avocat,
Véronique Nahoum-Grappe, anthropologue,
Océanerosemarie, auteure et comédienne,
Heitor O'Dwyer de Macedo, psychanalyste,
Maurice Olender, historien (EHESS), éditeur (Seuil),
Paul Otchakovsky-Laurens, éditeur,
Gilbert Pago, historien,
Bernard Paillard, chercheur à la retraite,
Marc Paquien, metteur en scène,
Christian Paul, ancien ministre,
Willy Pelletier, sociologue, Fondation Copernic,
Nicole Phelouzat, sociologue à la retraite, membre de la LDH,
Alfredo Pena-Vega, sociologue (EHESS),
Martyne Perrot, sociologue CNRS,
Thomas Piketty, directeur d'études à l'EHESS,
Manuel Piolat Soleymat, écrivain et critique dramatique,
Vincent Présumey, professeur d'Histoire et syndicaliste,
Jérôme Prieur, réalisateur et historien,
Salvatore Puglia, photographe,
Lydie Rappaport, directeur de recherche au CNRS, retraitée,
Sylvain Rappaport,
Marie Raymond,
Michel Ricard,
Carol Rio,
Régine Robin, historienne,
Barbara Romagnan, militante politique,
Dominique Rousseau, professeur à l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne,
Isabelle Saint-Saens, militante associative,
Christian Salmon, écrivain,
Elias Sanbar, écrivain,
Jane-Lise Samuel, biologiste,
Shlomo Sand, historien,
Sarkis, artiste-sculpteur,
Eva Sas, ex-députée EELV,
Denis Sieffert, journaliste,
Jean-Pierre Siméon, poète et dramaturge,
Béatrice Soulé, directrice artistique, militante,
Xavier Soule, architecte,
Bernard Stéphan, éditeur,
Enzo Traverso, historien, Cornell University,
Aurélie Trouvé, militante altermondialiste,
Francoise Vibert-Guigue,
Christine Vitrani,
François Vitrani, président de l’Institut du Tout-Monde,
Patrick Viveret, philosophe,
Eleni Vrikas, maître de conférences émérite, Paris 8,
Michelle Zancarini-Fournel, historienne.

Roanluis : L'idéologie c'est tout ou rien. Soutien inconditionnel dit bien son nom. On vote communiste parce que l'idée est belle ou que le capitalisme est laid. Que Staline soit derriere, on ne le sait que 30 ans après si on nous le dit...Les liens des Brigades Rouges avec l'islam et l'antisémitisme qui s'en est soucié parmi les gauchistes à l'époque. Il faut avoir discuté sur Médiapart pour comprendre que les sympathisants de Plenel ne veulent pas discuter.

Plenel contre Charlie : j’ai choisi mon camp (E. Lévy)




Plenel contre Charlie : j’ai choisi mon camp (14.11.2017)


Un grave danger menace la liberté de la presse en France. Ce danger s’appelle Charlie Hebdo. C’est (résumé avec un micro-zeste de mauvaise foi), ce qu’affirment les 130 signataires d’un texte intitulé « En défense d’Edwy Plenel et de Mediapart » – et publié sur Mediapart. Alors que la France honore les 130 victimes du 13 novembre 2015 – et avec elles, toutes celles tombées sous les coups du terrorisme islamiste –, il y avait en effet urgence à faire cesser « la campagne inique » et « dangereuse » menée contre « le symbole d’une presse libre, indépendante des pouvoirs quels qu’ils soient, au service du droit de savoir des citoyennes et des citoyens.» Rappelons, pour ceux qui auraient manqué cet événement planétaire, que ce mauvais coup contre la démocratie est une « Une » de Charlie Hebdo dessinée par Coco, où on voit Edwy Plenel se prendre, si l’on peut dire, les pieds dans sa célèbre moustache, celle-ci lui servant à ne rien voir, ne rien entendre et ne rien dire au sujet de Tariq Ramadan.

À Mediapart, on a le sens du symbole. Le fait que cette prétendue « campagne » ait été menée par une rédaction qui a payé un lourd tribut à cette liberté de la presse si chère à Plenel aurait pu conduire celui-ci à tempérer ou à reporter ses protestations. Mais non, rien ne vaut à côté de l’honneur blessé de notre éminent confrère qui ne prend pas tant de gants avec celui des autres. L’occasion de jouer la vertu outragée, un rôle qu’affectionne le patron de Mediapart, était trop belle. Depuis mercredi dernier, c’est Voltaire qu’on assassine et même Manouchian : notre redresseur de torts n’a pas hésité à comparer la « Une » scélérate à l’affiche rouge, ce qui fait de lui l’égal du chef de la MOI (Main d’œuvre immigrée, la résistance juive), et qui fait de Coco…, mieux vaut ne pas chercher. La décence, il y a des maisons pour ça ?

Irresponsable et ridicule

Il nous a ensuite expliqué que cette caricature de Plenel s’inscrivait dans une « guerre contre tous les musulmans » menée par une « gauche égarée ». Passe encore qu’il s’auto-accorde ainsi un statut d’icône des musulmans – il est vrai qu’il y a une place de maître-à-penser à prendre. Mais accuser Charlie de mener une guerre contre tous les musulmans, avec le risque que ces propos soient repris en boucle sur les réseaux sociaux, est carrément irresponsable.

Enfin, à la veille du 13 novembre, il a donc rameuté le ban et l’arrière-ban du gauchisme universitaire pour accuser Charlie Hebdo d’être derrière une « campagne politique qui, loin de défendre la cause des femmes, la manipule pour imposer à notre pays un agenda délétère, fait de haine et de peur ». Rien que ça. Les copains, il faut arrêter l’herbe bio d’urgence. Ce genre de diatribe, déjà passablement ridicule quand il s’adresse aux « méchants », « fachos », « réacs » et assimilés, devient un brin scandaleux quand on parle à Charlie Hebdo, à Coco, qui est là par miracle, à Riss qui vit entre six policiers, alors faudrait redescendre sur terre. Vous avez été vexés par une « Une » ? Répondez par une blague, vous savez ce truc qui fait rire et qui, il est vrai, n’est pas votre spécialité. Mais ces trépignements et pleurnicheries sans fin parce que vous êtes vexés, c’est un peu démesuré, non ?

Je reste Charlie

Puisque nous sommes sommés de choisir notre camp, entre deux journaux de gauche irréconciliables, je choisis sans hésiter un journal et une rédaction qui, en dépit du danger, en dépit des menaces, en dépit de la solitude, continuent à défendre ce que nous défendions tous le 11 janvier : l’esprit voltairien, le droit de se moquer des croyances des uns et des autres, la laïcité. On n’a pas entendu Mediapart, cet été, après l’attentat de Barcelone, quand la « Une » de Charlie sur « l’islam religion de paix éternelle » a suscité la salve habituelle d’imprécations, ni d’ailleurs toutes les autres fois. Sans doute étaient-ils occupés à traquer le racisme d’Etat et l’islamophobie répandue par quelques esprits malfaisants.

Et pourtant, il faut reconnaître que, dans un premier temps, la « Une » par laquelle le scandale est arrivé m’a quelque peu embarrassée. Il est difficile de ne pas se réjouir de la chute de l’ex-idole des jeunes musulmans : le scandale Ramadan fera peut-être plus reculer l’islam radical que toutes les « Unes » de Causeur ou de Charlie. Et on ne peut pas feindre de ne pas avoir entendu les témoignages atroces formulés à son encontre. Reste que Tariq Ramadan a le droit à la présomption d’innocence et, en tout cas, à un procès en bonne et due forme. Or, il est désormais presque impossible de ne pas le voir comme l’ignoble prédateur que décrivent ses victimes présumées. On ne peut pas y faire grand-chose mais cela doit être souligné.

« L’islamisme n’est pas un grave problème » (Jade Lingaard, journaliste à Mediapart)

Par ailleurs, rien ne permet d’affirmer que la complicité idéologique entre Plenel et Ramadan ait conduit le premier à couvrir les turpitudes sexuelles du second. Aussi a-t-il fallu toute l’outrecuidance et la prétention grotesque de la défense de Mediapart pour venir à bout de mes réticences. Une petite phrase prononcée par Jade Lingaard, présidente de la société des journalistes, a achevé de me convaincre. « L’islamisme n’est pas un grave problème », a-t-elle déclaré lors d’une émission à laquelle je participais.

"L'islamisme n'est pas un phénomène 'grave'."

Jade @Lindgaard , journaliste @Mediapart en 2017. 

Quel aveu : ce n’est pas sur la vie sexuelle de Ramadan que Plenel a fermé les yeux, mais sur son influence déplorable sur une partie de la jeunesse musulmane, sur son combat contre notre société libérale. Et, au-delà de Ramadan, sur la sécession en cours dans les territoires perdus. Alors, on ne va pas se plaindre si, dans l’affaire, il perd un peu de son aura de chevalier blanc. Depuis trois ans, il nous serine, de livres en articles, que le principal problème de la France n’est pas l’islamisme, mais l’islamophobie – qui a en effet fait un nombre considérable de victimes – et que tout le mal vient de Zemmour et Finkielkraut.


Le 16 janvier 2015, Mediapart publiait un long article intitulé « L’enfance misérable des frères Kouachi » où on apprenait que les assassins de Cabu, Charb et des autres avaient eu un père absent et une mère prostituée. Bref, pour Plenel, l’immigré musulman est la nouvelle figure du damné de la terre de sa jeunesse. C’est la définition précise de l’islamo-gauchisme. Et tant pis si cette vérité froisse sa susceptibilité exacerbée.

Pour Riss, "Plenel condamne à mort Charlie Hebdo" (14.11.2017)


Paris Match| Publié le 14/11/2017 à 19h01

La Rédaction, avec AFP

Laurent Sourisseau, dit RissJOEL SAGET / AFP

Le torchon brûle de plus en plus entre Charlie Hebdo et Mediapart. Dans un édito à paraître mercredi, le directeur de Charlie Hebdo, Riss, accuse nommément Edwy Plenel d'appel au meurtre. 
Le directeur de Charlie Hebdo, Riss, a accusé le directeur du site d'information Mediapart, Edwy Plenel, de "condamner à mort une deuxième fois" sa rédaction en disant que le journal satirique prenait part à une campagne "générale" de "guerre aux musulmans".

"Charlie Hebdo n'a nulle envie de faire la guerre à quiconque", souligne Riss. "Cette phrase, "La Une de Charlie Hebdo fait partie d'une campagne générale de guerre aux musulmans", nous ne la pardonnerons jamais. En la prononçant, Plenel condamne à mort une deuxième fois Charlie Hebdo. Cette phrase n'est plus une opinion, c'est un appel au meurtre", accuse le directeur de Charlie Hebdo dans un édito à paraître mercredi, aux côtés d'un longue "mise au point" sur Edwy Plenel.


Une tribune en soutien à Mediapart

"La phrase que me prête l’édito de Charlie n’a jamais existé", a réagi mardi Edwy Plenel sur Twitter, dénonçant une "pure manipulation" de la part de Charlie Hebdo. Le journal satirique avait publié en Une, le mercredi 8 novembre, un dessin se moquant du site d'information et de son directeur, avec pour titre "Affaire Ramadan, Mediapart révèle : on ne savait pas", en référence à l'islamologue Tariq Ramadan, objet de deux plaintes pour viol.


Edwy Plenel avait réagi en déclarant: "La Une de Charlie Hebdo fait partie d'une campagne plus générale que l'actuelle direction de Charlie Hebdo épouse. M. Valls et d'autres, parmi lesquels ceux qui suivent M. Valls, une gauche égarée, une gauche qui ne sait plus où elle est, alliée à une droite voire une extrême-droite identitaire, trouvent n'importe quel prétexte, n'importe quelle calomnie, pour en revenir à leur obsession : la guerre aux musulmans, la diabolisation de tout ce qui concerne l'islam et les musulmans". Une interview diffusée notamment sur le site de franceinfo. 

Selon Riss, le propos d'Edwy Plenel, "qui désigne Charlie Hebdo comme un agresseur supposé des musulmans, adoube ceux qui demain voudront finir le travail des frères Kouachi", qui avaient abattu le 7 janvier 2015 huit collaborateurs de l'hebdomadaire dont cinq dessinateurs, un invité du journal, un agent d'entretien et deux policiers.

"Si demain on nous liquide tous, si demain nous ne sommes plus là, espérons qu'il subsistera quelques courageux qui demanderont justice contre ceux qui nous auront frappés, mais aussi contre ceux qui les auront armés", conclut Riss, qui vit encore sous protection policière, comme une partie de l'équipe du journal.

Charlie Hebdo avait déjà consacré la Une de son numéro précédent à Tariq Ramadan, représentant le théologien le pantalon déformé par un énorme sexe en érection et proclamant : "Je suis le 6e pilier de l'islam". Le titre "VIOL La défense de Tariq Ramadan" accompagnait ce dessin, qui a valu à l'hebdomadaire des menaces de mort. Le journal a porté plainte et une enquête a été ouverte.
Dimanche, cent trente personnalités ont signé une tribune en soutien à Mediapart, dénonçant "une campagne politique qui, loin de défendre la cause des femmes, la manipule pour imposer à notre pays un agenda délétère, fait de haine et de peur. »

Le vrai problème que pose la Une de Charlie Hebdo sur Plenel (13.11.2017)

Didier Hanne — 13.11.2017 - 14 h 03, mis à jour le 13.11.2017 à 14 h 11
Le débat autour de la caricature symbolise parfaitement l'état délétère de l'opinion publique.

Charlie, avec ses défauts et ses qualités, est entré, un sale matin de janvier 2015, puis par l’effet d’une immense manifestation sans précédent, dans le patrimoine national et républicain. Depuis, Charlie n’appartient pas seulement à toutes les personnes qui y travaillent: il est à nous, peut-être est-il devenu nous. Désormais, si on touche à Charlie, on touche à la France et aux Françaises et Français. Et voici qu’à nouveau cet indispensable journal reçoit de terrifiantes menaces. On a décidément toutes les raisons de rester «je suis Charlie».

Pourtant, la dernière Une, celle consacrée à Mediapart et à son directeur de la publication, Edwy Plenel, pose un sérieux problème. Que dit-elle, que fait-elle, cette caricature?


Publiée après les plaintes de femmes contre Tariq Ramadan, elle «représente» Edwy Plenel, et lui reproche, par dessins et sous titres dénués d'ambiguïté:

-de ne pas avoir entendu les victimes des crimes sexuels reprochés à Tariq Ramadan (Plenel oreilles bouchées).

-de ne pas avoir vu que c'était un prédateur sexuel (Plenel fermant les yeux).

-de ne pas avoir révélé dans Mediapart ce qu'il savait (Plenel bouche close).

Bref, nous voici sommés de nous gondoler à la vue d’une caricature insinuant qu’Edwy Plenel aurait odieusement dissimulé l'existence de graves infractions dont il aurait été en quelque sorte le témoin, et par son silence ignoble le complice indirect...

Basée sur quoi, au fait, l’insinuation? Aucun fait précis, aucune information vérifiable. Sur rien. Parce que, et puis c’est tout.

Voici qu’aussitôt une armada s’est levée, applaudissant, jubilant: ah, l’aubaine! On le tient, ce sale bonhomme! Et, comme il ne faut pas se gêner, Edwy Plenel, qui comme tous les criminels porte sur son physique les traces de son ignominie, est affublé du surnom de «moustachu», qui tourne en boucle sur Twitter et Facebook…

De la complicité criminelle par extension

Que se passe-t-il? Au yeux de certains, Plenel n’est plus un journaliste critiquable, un homme aux engagements discutables, qui a parfois eu raison, mais qui s’est aussi trompé. Non, Plenel, par la grâce de cette Une d’une violence remarquable, est enfin devenu ceci: un type dégoûtant. Comment? Par rapprochement avec un être répugnant, possiblement auteur de crimes sexuels: Tariq Ramadan. Pas encore jugé, certes, même pas encore mis en examen, mais évidemment coupable, et tous ses «complices» avec lui. Plenel? Déjà complice du P.I.R., le parti des Indigènes de la République, et maintenant complice du pire.

Il m’est arrivé de critiquer publiquement ses positions, et je demeure en désaccord assez profond avec ses analyses et sa vision de la société française. N'empêche. Ce dessin revenait, c'était là sa fonction assumée, à l’accuser, sans aucune preuve ou élément factuel versé au débat, si l’on peut dire débat, d'avoir su, et délibérément celé les crimes sexuels reprochés à Tariq Ramadan.
Les tentatives de faire croire que cette caricature, après tout, ne visait que les accointances idéologiques de Plenel et Ramadan relèvent d’une mauvaise foi carabinée: fin octobre des plaintes sont déposées contre Tariq Ramadan –Mediapart les signale dès le 28 octobre. Début novembre, Charlie livre cette caricature sous le bandeau: «Affaire Ramadan, Médiapart révèle: on ne savait pas». Question: «l’affaire Ramadan», dans le contexte actuel, qu’est-ce que c’est d’autre que la révélation des crimes sexuels de Tariq Ramadan?

Quant à se réfugier derrière l'immunité que confère la caricature pour jubiler du sort fait ainsi à Edwy Plenel, c'est, d'une part, oublier qu'une caricature peut être ignoble (cf. les dessins antisémites avant guerre et sous l'Occupation), et que, d'autre part, si cette quasi immunité existe en droit, elle bénéficie au caricaturiste et absolument pas aux hordes qui s'en vont partout désormais pour proclamer qu'Edwy Plenel est l’ignoble complice des crimes sexuels reprochés à Tariq Ramadan.

La vérité est que cette caricature mobilise une définition de la complicité par proximité idéologique. Vous êtes, ou plutôt, vous avez été proche d’un tel (1). Un tel, on vient de l’apprendre, se serait livré à des avanies, voire à des crimes? Vous en êtes automatiquement le complice rétroactif. Oh, certes, ce n’est pas nouveau. C'est aussi comme cela que Finkielkraut s’est vu assimilé aux nazis, interdit de séjour dans certains lieux, mis au ban et, par certains fanatiques «antifa», carrément menacé.

Démolir, disent-ils

Cette complicité par extension, contamination idéologique, subreptice et rétroactive, semble bel et bien renvoyer à un trait de l’époque.

On peut pourtant être en désaccord avec quelqu'un, sans s'efforcer de le détruire, de le transformer en salaud définitif, en s'aidant d'amalgames expéditifs. Mais il faut constater que cela est perdu de vue. Même si je suis encore «Charlie», et que je ne suis toujours pas «Plenel», les procédés utilisés pour «tuer» ce dernier, pour le bannir, et ainsi s'épargner la corvée d'avoir à réfuter ce qu'il dit et écrit vraiment, me semblent inquiétants.


Nous sommes en train de changer d’époque. Le régime du débat politique se modifie sous nos yeux. Voici (re)venu le temps de la véhémence, celle qui ne s'interdit plus rien. Dans certains courants de pensée, on ne discute pas, on ne réfute plus: on disserte à coups de marteaux, ad personam, ad nauseam. Défaite de la «pensée Camus» ou de la pensée «Merleau-Ponty». Haro sur le sens de la mesure, les scrupules de la vérification et de la pondération. On a planté –puissamment aidé par le triomphe des réseaux sociaux (immédiateté + impunité à peu près garantie + oubli rapide des énormités proférées)– le décor d’un nouveau style de «discussion». Il s’agit de substituer, aux affrontements politiques traditionnels, une sorte de tournoi opposant d'un côté des gens biens et de l'autre des salauds.

Qu’est-il permis contre un salaud? Tout. Sans retenue, sans précaution, sans limite. N’ayez plus d’adversaires à critiquer, à réfuter, à combattre: ayez des salauds en face de vous, et tout sera plus simple. La dénonciation calomnieuse? Un nouveau devoir national.

La démocratie sacrifiée?

Bon. Des salauds, il y en a: les faiseurs d’attentats, les camionneurs de la mort, les criminels de toutes espèce. Le destin de ceux-là: la justice, puis la prison, autant que faire se peut. Sur un autre registre, la bataille contre l'intégrisme islamiste est certainement une tâche de l’heure: il mine les fondements de la République. Il est également légitime de critiquer ceux qui sous-estiment ce danger. Mais cette lutte a-t-elle besoin d'approximations scabreuses, de télescopages violents, et d'accusations ineptes étendues à quiconque ne partage pas ce jugement, ou exprime des désaccords avec la façon dont vous pensez qu’il faut mener ce combat?

Hélas, on dirait bien que les démolisseurs sont au travail. Pour ruiner les principes, même les plus élémentaires (présomption d’innocence, refus de la disqualification systématique des personnes, refus de toute attaque sur le physique, etc.), ils sont infatigables. Venant de tous côtés, ils infectent tout, même les causes les plus honorables.

Doit-on laisser faire? Est-il prudent de s’accommoder de la rhétorique brutaliste qui se répand comme un venin? Faut-il que la déraison ait le dernier mot?
11 novembre 2017

1 — Dés 2016, Médiapart publiait une enquête assez fouillée sur Tariq Ramadan, laquelle déplut souverainement à ce dernier. Edwy Plenel n’a jamais eu aucune relation personnelle et assidue avec lui. Il n’a participé qu’à deux débats publics, en tout et pour tout, avec Tariq Ramadan. Il l’affirme. Personne ne le réfute. Ça ne fait rien: il ment forcément, vu ce qu’il est, n’est-ce-pas ? Retourner à l'article




Ramadan, Plenel, Charlie Hebdo : la polémique en quatre actes (14.11.2017)
  • Par  Etienne Jacob 
  • Mis à jour le 14/11/2017 à 20:32 
  • Publié le 14/11/2017 à 19:39
Le directeur de Mediapart a été récemment épinglé par Charlie Hebdo dans une couverture satirique. Il est accusé d'avoir protégé l'islamologue suisse Tariq Ramadan, objet de deux plaintes pour viol, ce que contestent le journaliste et plusieurs de ses soutiens.

Quels sont les liens entre le directeur de Mediapart, Edwy Plenel, et le théologien suisse Tariq Ramadan, récemment accusé de viol et d'agressions sexuelles? Après avoir titré «Affaire Ramadan, Médiapart révèle: “on ne savait pas”» dans son édition du 8 novembre, Charlie Hebdorevient à la charge. Dans un édito à paraître mercredi, son directeur, Riss, accuse le journaliste de «condamner à mort une deuxième fois» sa rédaction, après avoir affirmé que le journal satirique prenait part à une «campagne générale» de «guerre aux musulmans». Lundi, une journaliste de Mediapart, Jade Lindgaard, avait déclaré: «L'islamisme, en tant que tel, n'est pas, en soi, une chose grave. L'islamisme est un phénomène qu'il faut comprendre et expliquer». De l'affaire Tariq Ramadan aux accusations de Charlie Hebdo, en passant par Manuel Valls... Le Figaro revient sur cette polémique politico-médiatique.


● Conférences communes

Régulièrement taxé d'«islamo-gauchisme», Edwy Plenel est aussi accusé de collusion avec Tariq Ramadan. Les deux hommes ont en effet participé à plusieurs conférences communes. Notamment à l'Institut du monde arabe, en septembre 2014, en janvier 2015, peu après les attentats de Charlie Hebdo, puis en vidéoconférence pour un colloque à Bruxelles, en mars de la même année. Après cette deuxième conférence postattentats début 2015, Plenel confiait au Petit Journal que Ramadan était un «intellectuel respectable». En 2016, il publiait un billet dans lequel il expliquait que ne pas priver le théologien de parole publique est «une question de principe». Ces propos sont aujourd'hui reprochés au journaliste. Car Tariq Ramadan, petit-fils du fondateur de la confrérie égyptienne des Frères musulmans, est un intellectuel contesté par les laïques, qui voient en lui le tenant d'un islam politisé.

Fin octobre et début novembre, Ramadan a été successivement visé par deux plaintes pour viol et agressions sexuelles. Depuis ces plaintes, les critiques se sont faites d'autant plus vives à l'encontre d'Edwy Plenel. Ses détracteurs lui reprochent d'avoir gardé ces faits sous silence et d'avoir débattu avec l'islamologue. L'un des premiers à allumer la mèche est Manuel Valls, le 5 novembre. Dans l'émission le «Grand rendez-vous Europe 1/CNEWS/Les Echos», l'ex-premier ministre dénonce des «complicités» entre Edwy Plenel et Tariq Ramadan. Le soir même, le journaliste lui répond, sur BFMTV: «Personne d'entre nous à Mediapart ne savait», assure-t-il, évoquant une enquête sur l'intellectuel suisse, publiée en avril 2016.


• Affiche rouge

Après avoir publié une première Une sur Tariq Ramadan le 1er novembre,Charlie Hebdo titre une nouvelle fois sur l'islamologue, le 8 du même mois: «Affaire Ramadan, Mediapart révèle: on ne savait pas». Sur le dessin de couverture, signé Coco, on voit plusieurs versions du visage d'Edwy Plenel. Sa célèbre moustache lui masque les yeux, les oreilles puis la bouche, une référence au symbole asiatique des trois singes de la sagesse.

Dans un tweet incendiaire, Plenel ne tarde pas à réagir, dénonçant «l'affiche rouge» de Charlie Hebdo contre Mediapart. Fabrice Arfi, chef du pôle enquête du site, y va de son commentaire: «Soutien absolu à Charlie quand ils sont menacés ; les combattre avec les mots, les idées et les faits face à une Une aussi abjecte». La société des journalistes de Mediapart également: «La liberté de la presse et la liberté d'expression par les caricatures ne sont pas négociables» mais cette liberté ne «donne pas licence pour désinformer et calomnier».

«L'islamisme, en tant que tel, n'est pas, en soi, une chose grave. L'islamisme est un phénomène qu'il faut comprendre et expliquer»
Jade Lindgaard, journaliste à Mediapart

Au lendemain de cette Une, le bras de fer se poursuit entre Mediapart et Charlie Hebdo. Le journaliste Fabrice Nicolino attaque Edwy Plenel dans un billet diffusé sur Facebook: «Il renverse les rôles, se prend pour Manouchian et désigne Charlie comme - on reste mesuré, hein? - malfaisant. Au passage, n'oublierait-il pas que c'est l'équipe de Charliequi a été pulvérisée au matin du 7 janvier 2015, et pas lui?». «La satire, il y a un message derrière. Un dessin qui sous-entend une complicité de Mediapart avec Tariq Ramadan, c'est faux», lui répond Fabrice Arfi sur France 5, quelques jours plus tard. «L'islamisme, en tant que tel, n'est pas, en soi, une chose grave. L'islamisme est un phénomène qu'il faut comprendre et expliquer», juge pour sa part la journaliste de Mediapart, Jade Lindgaard.

• Mediapart versus Charlie

«Dire que dénoncer les islamistes, dénoncer Tariq Ramadan, c'est porter atteinte aux musulmans, c'est une assimilation préjudiciable à tous les musulmans qui vivent en France
Laurence Rossignol, ex-ministre des Droits des femmes

Se rendant coup pour coup, les deux camps ont chacun reçu des soutiens divers. Côté Mediapart, cent trente personnalités ont signé une tribune en soutien au site d'information. «Il semble bien que nous soyons confrontés ici à une campagne politique qui, loin de défendre la cause des femmes, la manipule pour imposer à notre pays un agenda délétère, fait de haine et de peur», souligne le texte. Parmi les signataires, on compte les écrivains Patrick Chamoiseau et Jean-Claude Carrière, l'économiste Thomas Piketty, la militante féministe Caroline De Haas, l'ex-député Christian Paul (PS) ou encore l'artiste Sarkis.

Côté Charlie, Renaud Dély, directeur du journal Marianne, a assuré dans un édito que «Charlie peut tout se permettre». Laurence Rossignol, ex-ministre des Droits des femmes, a chargé Edwy Plenel. Il «confond les musulmans et les islamistes», a-t-elle fustigé. «Dire que dénoncer les islamistes, dénoncer Tariq Ramadan, c'est porter atteinte aux musulmans, c'est une assimilation préjudiciable à tous les musulmans qui vivent en France».

• Guerre aux musulmans

Dans un édito à paraître mercredi, Riss, le directeur de Charlie Hebdo en remet une couche. Il accuse Edwy Plenel de «condamner à mort une deuxième fois» sa rédaction, en disant que le journal satirique prenait part à une campagne «générale» de «guerre aux musulmans». «Cette phrase n'est plus une opinion, c'est un appel au meurtre», dénonce-t-il.

Riss fait référence aux propos tenus par l'ex-journaliste du Monde sur franceinfo: «La Une de Charlie Hebdo fait partie d'une campagne plus générale que l'actuelle direction de Charlie Hebdo épouse. M. Valls et d'autres, parmi lesquels ceux qui suivent M. Valls, une gauche égarée, une gauche qui ne sait plus où elle est, alliée à une droite voire une extrême droite identitaire, trouvent n'importe quel prétexte, n'importe quelle calomnie, pour en revenir à leur obsession: la guerre aux musulmans, la diabolisation de tout ce qui concerne l'islam et les musulmans», avait-il déclaré. Réagissant sur Twitter, Edwy Plenel a affirmé que cette phrase n'avait «jamais existé».


Riss : «Les “islamo-gauchistes” sont tellement démagogiques qu'ils en perdent toute crédibilité» (06.11.2017)

Mis à jour le 15/11/2017 à 12h16 | Publié le 06/11/2017 à 18h45

INTERVIEW - Le directeur de Charlie Hebdo, qui vient de sortir un ouvrage, estime que «la crise que traverse la gauche française frappe aussi» la gauche radicale. Il s'exprime également sur Tariq Ramadan, le procès Merah et l'avenir de l'hebdomadaire.

La dernière une de l'hebdomadaire satirique qui présente un Tariq Ramadan au sexe hypertrophié, proclamant «Je suis le 6e pilier de l'islam!», a placé à nouveau le journal au cœur d'une polémique. Riss, son directeur, se veut debout envers et contre tout. «Depuis janvier 2015, nous avons l'obligation de durer», estime-t-il.

Le dessinateur vient de publier, aux Éditions Les Échappés, un grand format sur Charlie Hebdo, 1992-2017, et un hors-série de 48 pages sur le procès Merah, qu'il a suivi de bout en bout.

LE FIGARO. - Charlie Hebdo fait l'objet de menaces de mort, à la suite de la une sur Tariq Ramadan, le prédicateur musulman. Est-ce, désormais, le prix à payer pour votre liberté d'expression?

RISS. - Ce n'est pas la première fois, depuis janvier 2015, que nous recevons de nombreuses menaces de mort. Mais il semble que pour cette couverture, leur nombre soit plus élevé que d'habitude. Depuis janvier 2015, la parole s'est libérée et l'appel au meurtre s'est banalisé, en particulier sur les réseaux sociaux. Aujourd'hui, la violence terroriste peut frapper n'importe qui, et pas seulement Charlie Hebdo. Le «prix à payer», s'il doit y en avoir un, est désormais pour tout le monde.

Vous avez passé cinq semaines au palais de justice de Paris à croquer le procès d'Abdelkader Merah. Pourquoi vous être mis, vous, au cœur d'un tel événement?

Je suis journaliste avant tout, et j'y ai assisté en tant que dessinateur. Ce procès, même s'il parlait beaucoup de celui qui n'était pas là, Mohammed Merah, avait une intensité palpable. Il a permis de comprendre des mécanismes de la construction de l'extrémisme religieux. L'affaire Merah, c'est le début de quelque chose, l'explication d'un type d'attentat inédit en France.

J'ai passé des semaines à écouter cette famille expliquer que l'Amérique et Israël tuaient leurs frères arabes, et qu'il fallait les venger. Ou que l'on devenait un élu de Dieu si on passait par la case prison. Assis à l'étage, en face du prétoire, j'ai dessiné, rempli des grandes pages, qui formeront un hors-série de planches commentées.

Ce procès, c'était une forme de mise en abîme pour vous…

En quelque sorte. S'il y a un procès en 2018 impliquant le réseau à l'origine des attentats de janvier 2015, je serai forcément appelé en tant que témoin. Le procès Merah m'aura préparé à cette confrontation qui, je le sais d'avance, sera très difficile.

«Le 7 janvier, j'étais dans la salle de rédaction, et ce que j'ai vécu - jusqu'au bruit, au ressenti ou aux odeurs - ne peut se raconter dans le détail, sauf à deux ou trois personnes»
Riss

Depuis 2015, vous êtes entouré de gardes du corps. Comment vit-on ainsi?

On fait avec. Aucun de nous, dans l'équipe, ne pourra plus jamais avancer sans avoir cette journée à l'esprit. Elle plane au-dessus de nos têtes, tout le monde y pense, sans jamais en parler.

Vu de l'extérieur, le 7 janvier a une unité de lieu et de temps. Mais pour ceux qui étaient à l'intérieur des locaux de Charlie Hebdo, le temps et l'expérience n'ont pas été les mêmes. Chacun d'entre nous a vécu quelque chose de différent, selon l'endroit où il se trouvait. Pourtant, chacun s'est vu au centre du drame. J'étais dans la salle de rédaction, et ce que j'ai vécu - jusqu'au bruit, au ressenti ou aux odeurs - ne peut se raconter dans le détail, sauf à deux ou trois personnes. Luz a écrit un livre sur son expérience. Moi, je n'ai pas les mots pour, et, de toute façon, je ne sais pas si mon récit serait compris des autres.

«Quinze ans après le premier numéro de Charlie, nous sommes confrontés à l'obligation de durer. Nous avons le devoir de continuer, tout en ayant les mêmes soucis que tous les autres journaux papier»
Riss

Vous employez les mêmes mots que les rescapés de la Shoah, après-guerre.

C'est du même ordre. Certaines choses relèvent d'une langue inconnue du commun des mortels. Pourquoi parler, au final? Je me le demande moi-même. Tout ce que je sais c'est que je ne veux pas être enfermé dans un statut de victime, d'autant que tout le monde se perçoit comme tel. L'avocat Dupond-Moretti a même été jusqu'à affirmer que la mère de Mohamed Merah «était aussi la mère d'un mort»…

Quel est l'avenir de Charlie Hebdo?

En janvier 2015, les gens ont compris que nous pourrions disparaître. Ce qu'ils ne savent pas, c'est que c'est toujours le cas. Après le drame, nous nous sommes retrouvés investis d'une mission, à notre corps défendant. Nous essayons d'y répondre en nous centrant sur ce que nous aimons faire, le dessin d'humour. Nous avons toujours été pessimistes, de toute façon!
Mais quinze ans après le premier numéro de Charlie, nous sommes confrontés à l'obligation de durer. Nous avons le devoir de continuer, tout en ayant les mêmes soucis que tous les autres journaux papier. En 1992, il y avait 36.000 points de vente pour la presse, il n'en reste plus que 20.000. Pour nous, la gratuité sur Internet va de soi: nous ne pouvons pas être que mercantiles, et la seconde génération de lecteurs lit largement sur le Web. Il faudra toutefois trouver un juste équilibre entre le payant et le gratuit.

«Les “islamo-gauchistes” ne nous surprennent plus, et répondent à des schémas idéologiques tellement démagogiques qu'ils en perdent toute crédibilité»
Riss

On avait vu 4 millions de Français dans la rue, en janvier 2015, clamant qu'ils étaient Charlie. Aujourd'hui, qui sont vos soutiens?

L'existence même du journal conforte ceux qui nous avaient soutenus et nous conforte, nous, dans notre détermination à continuer à le faire. Il y a un intérêt réciproque, entre les lecteurs, les citoyens et les membres du journal, à voir exister Charlie Hebdo, bientôt trois ans après l'attaque. Il faut tenir: Charlie Hebdo doit survivre à Daech.

Les récentes manifestations des «islamo-gauchistes» vous inquiètent-elles?

Les «islamo-gauchistes» font partie du paysage politique depuis déjà longtemps. Ils ne nous surprennent plus, et répondent à des schémas idéologiques tellement démagogiques qu'ils en perdent toute crédibilité. Comme la gauche conventionnelle incarnée par le PS, les «islamo-gauchistes» sont eux aussi en pleine décrépitude. La crise que traverse la gauche française frappe aussi cette partie de la gauche. Les gauches dites «radicales» ou «alternatives» sont elles aussi en train de toucher le fond. Le renouveau de la gauche française, si renouveau un jour il y a, devra concerner toutes les familles de la gauche, y compris les plus radicales.

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