Shmuel Trigano a réuni les contributions d'historiens français et israéliens pour souligner les points commun dans "l'exode oublié" d'environ un million de Juifs des pays arabes, de Turquie et d'Iran, essentiellement des années 1940 aux années 1970, et présenter l'histoire des modalités d'émigration de communautés Juives implantées souvent depuis des millénaires, généralement avant la conquête arabe, dans onze pays. Le 20 juin 2018, pour la Journée mondiale des réfugiés, le mouvement anti-israélien BDS (Boycott Désinvestissement Sanctions) sudafricain a tweeté que les "Palestiniens sont le groupe au monde le plus important et souffrant depuis la période la plus longue". Il a illustré son twitt par quatre photos dont une prise en 1950 dans un camp israélien de transit accueillant des Juifs ayant fui ou été expulsés de pays Arabes et musulmans après la recréation de l'Etat Juif. Puis, ce twitt a été cité sur Twitter par le Congress of South African Trade Unions (COSATU), un syndicat d'Afrique du Sud qui n'a pas mentionné sa source.Lire la suite : http://www.veroniquechemla.info/2012/09/la-fin-du-judaisme-en-terres-dislam.html
« La fin du judaïsme en terres d’islam » sous la direction de Shmuel Trigano
« La fin du judaïsme en terres d’islam » sous la direction de Shmuel Trigano
En quelques décennies, de 1945 aux années 1970, environ 900 000 Juifs - un nombre plus élevé que celui des réfugiés Arabes de la Palestine mandataire en 1947-1948 estimé à583 121-609 071 individus - ont quitté une dizaine de pays musulmans, dont certains devinrent Judenrein, alors que la présence des Juifs y était souvent antérieure à la conquête arabe, voire (pluri)millénaire.
Numériquement faibles, les communautés Juives qui y demeurent constituent de quasi-dhimmis instrumentalisés.
Sous la direction de Shmuel Trigano qui avait organisé un symposium international en 2001 sur ce thème de "l'exode oublié" (Forgotten Exile), dix historiens d’universités françaises et israéliennes nous présentent une histoire par pays – Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Egypte, Yémen, Syrie, Liban, Turquie, Iran, Irak - de cet « exode oublié ». Un exil dont les Juifs concernés ont longtemps occulté les circonstances effroyables, douloureuses, tragiques, caractérisées notamment par les dénaturalisations, les marginalisations, les spoliations, les exclusions, les expulsions, sous prétexte d’antisionisme.
Ces études comparatives révèlent « des parallèles transnationaux, des récurrences d'événements symptomatiques ». Shmuel Trigano a modélisé cet "ensemble de dispositifs juridiques, économiques et politiques", visant à isoler, marginaliser et exclure, voire expulser, les Juifs de la société : "dénationalisations, discriminations juridiques, isolement et séquestration des personnes, spoliations économiques, discriminations socio-économiques, événements pogromiques". Un "vrai "statut des Juifs" de facto", et de jure décidé par la Ligue arabe. Des violences sanglantes annoncées à l'ONU par un délégué égyptien le 24 novembre 1947.
Les raisons de cet exil méconnu et oublié de tant d'histoires officielles ? Le refus par les dirigeants du monde musulman de la recréation de l’Etat Juif, cette « rébellion contre l’islam » ; des pays arabes indépendants où l’islam devint religion d’Etat et « l’arabisme et le panarabisme furent relayés par l’islamisme et le panislamisme, après le court intermède du « socialisme arabe » ; la décolonisation menaçant les Juifsdu retour au statut de dhimmis ; les liens entre des chefs de mouvements nationaux arabes, dont le grand mufti de Jérusalem Hadj Amin el-Husseini, et des dirigeants du Reich, tel Hitler.
Et les souvenirs de la dhimmitude en « terre d’islam » et de pogroms ayant marqué durablement les mémoires, tels ceux à Hébron et Safed en 1517, le Yagma el Gabireh (« grande destruction ») à Hébron le 24 juillet 1834, le pogrom à Shiraz (Iran) le 30 octobre 1910, le Tritel (pogrom antisémite) à Fès (17-19 avril 1912, 30 nissan 5672), « pogrom au nom du djihad »(Shmuel Trigano) - 27 victimes Juives, enfants et adultes, le pogrom, précédé le 3 août 1934 de violents incidents dans le Constantinois, du 5 août 1934, à Constantine (Algérie), sans intervention de l’Armée française, le farhud (ou farhoud), pogromarabe et nazi à Bagdad (Iraq), en juin 1941, au cours duquel des foules arabes musulmanes ont tué 175 Juifs, blessé 1 000 Juifs et détruit 900 maisons Juives…
Il convient d'ajouter les Juifs contraints de fuir la vieille ville de Jérusalem conquise par les forces Arabes pendant la guerre d'Indépendance de l'Etat d'Israël (1948), et ceux obligés de fuir d'autres Etats musulmans non étudiés, par exemple le Bahreïn, les entités musulmanes de l'ex-URSS (Asie centrale, Caucase), etc. L'histoire de ceux-ci est largement méconnue, voire ignorée, d'historiens souvent francophones.
Ce livre passionnant, émouvant, est indispensable pour comprendre un des contentieux, avec notamment la dhimmitude, du peuple Juif à l’égard du monde musulman. Et il est essentiel que ce différend soit inclus dans les négociations entre l'Etat d'Israël et l'Autorité palestinienne, et que l'histoire de ces communautés Juives intégrées honnêtement dans les manuels scolaires des pays Arabes ou/et musulmans concernés.
Le 24 juin 2014, la Knesset a approuvé la proposition de loi instituant la journée du 30 novembre en Jour marquant l'exil des Juifs des terres arabes et d'Iran (Day Marking the Exit and Deportation of Jews from Arab Lands and Iran), et présentée par les parlementaires Shimon Ohayon (Likud Beiténou) et Nissim Zeev (Shas).
Plusieurs ministres se mobiliseront : celui des personnes âgées dirigera la cérémonie ouvrant la commémoration, celui de l'Education encouragera des activités éducatives liées à ce Jour et celui des Affaires étrangères organisera des événements, dont certains se dérouleront dans les ambassades israéliennes, afin d'augmenter la prise de conscience internationale des Juifs réfugiés ayant quitté les terres arabes et l'Iran et leur droit à indemnisation. La Knesset tiendra une réunion spéciale pour marquer ce Jour.
Cette loi précise : ”Durant ce long exode, les Juifs vivant en terres arabes ont subi de nombreux pogroms. Le monde arabe a répondu gravement au renforcement du mouvement national Juif et au sionisme à la veille" du rétablissement de l'Etat d'Israël. "Cette opposition s'est exprimée par des attaques cruelles à l'égard des Juifs et une augmentation des troubles contre eux. Des ordres et lois officiels émis par les régimes des terres arabes ont empêché les Juifs de bénéficier des droits de l'homme ou de ceux des citoyens ainsi que d'avoir un travail, leurs biens leur ont été confisqués, leur nationalité leur a été retirée. De nombreuses fois, les Juifs sont été victimes de meurtres, d'arrestations arbitraires infondées, d'emprisonnements, de torture et de déportation. De 1947 à 1972, environ 856 000 Juifs des terres arabes ont été déracinés, dépossédés de tout et sont devenus des réfugiés". On ne peut s'empêcher de dresser un parallèle entre des actes infamants préjudiciables édictés contre ces réfugiés Juifs et ceux visant le Dr Krief depuis quelques années dans la France républicaine du début du XXIe siècle.
Le choix du 30 novembre pour marquer les "droits des réfugiés Juifs des terres arabes s'explique ainsi : "Après la partition décidée par le Conseil de sécurité de l'ONU le 29 novembre", les Etats arabes ont attaqué activement les communautés Juives dans leur pays dans le but d'empêcher" la refondation d'un Etat Juif sur la terre d'Israël.
"Ce jour n’est pas défini par la catégorie de « Jour du souvenir/Yom Zikaron) mais sous un terme qui désigne une moindre importance. Tsyoune pourrait être traduit par « marquage », « indication »: « Jour pour marquer… » si une telle catégorie du souvenir existait. Cette gradation n’est pas dénue-ée de sens comme on le verra. L’événement commémoré est, par ailleurs, défini par la loi d’une double façon: « sortie » (yetsia) et « expulsion » (geroush)", explique Shmuel Trigano (21 décembre 2014).
Et de poursuivre : "Ce partage est crédible, et je l’ai défendu moi-même dans un ouvrage il y a quelques années , sauf que la notion de « sortie » suppose un choix volontaire , là où il faudrait parler d ‘ »exclusion », hadara, pour désigner un processus d’exclusion sociale, politique et économique des Juifs, les poussant nécessairement au départ. La disparition quasi totale d’une population juive dans les pays arabes contemporains est en effet l’indice d’une rupture sous le coup de la violence. Toutefois, ces deux termes n’expriment pas l’état de fait qui s’est alors installé. Nous n’avons pas encore de mot pour désigner l’éradication de communautés juives millénaires dans 10 pays, un terme qui désignera ce que l’histoire retiendra de cet événement. » Destruction du judaïsme sépharade/ Heres yahadut sfarad »? Deux problèmes se posent, à ce propos, dans le formulé de la loi de la Knesset. La définition de la population qui a vécu cette épreuve reste problématique: « Juifs des pays arabes et d’Iran »: dès le départ, on observe que cette distinction n’a pas de sens sous le jour de l’islam, que partagent ces pays et qui permet de ne pas oublier un pays dans cette nomenclature, un pays qui n’est ni perse, ni arabe mais aussi musulman: la Turquie. En disant « Juifs des pays arabes et d’Iran », la loi définit en effet cette population par un référent externe à sa condition (arabe et Iran) et par l’oppression dont elle a été victime. Elle ne la définit pas comme un ensemble réel – ce que fut le peuple juif dans la conscience de l'exil », la galout. Cet ensemble a subi, certes, dans dix Etats différents, les mêmes avanies de l’histoire mais cette souffrance n’est pas à l’origine de son existence et de son identité. Les Juifs de ces pays avaient aussi conscience de leur destin commun, autant culturellement que politiquement. Nous en avons l’illustration, avant même la proclamation de l’indépendance de l’Etat d’Israël, en 1946, dans une déclaration très importante de l’ensemble des communautés sépharades, je dis bien « sépharades », sous la forme d’un memorandum présenté devant la Commission Anglo-américaine qui s’intitule « Memorandum des envoyés des communautés sépharades en Eretz Israel ». La loi de la Knesset de 2010 recense 3 caractères qui font un « réfugié » - une définition restrictive qui omet en particulier la Turquie :
« est réfugié juif » tout originaire des pays arabes et d’Iran qui réunit toutes les caractéristiques suivantes :
1) Citoyen d’Israël (a fortiori s’il était résident d’Eretz Israel avant la constitution de l’Etat) ;
2) Résident de l’un des pays arabes et d’Iran qu’il a quittés, entre autres, du fait de persécutions ou de sa judéité et où il fut privé de sécurité du fait de persécution ;
3) Qui a abandonné dans le pays de son origine les biens qui étaient en sa possession »
Le 10 décembre 2014, à 18 h 30, la salle des fêtes de la mairie du XVIIe arrondissement de Paris a accueilli la soirée Fragments de la mémoire sepharade (Testimony Film Screening) au cours de laquelle seront projetés les témoignages filmés recueillis par Hélène Trigano. Animée par Josiane Sberro, une table-ronde suivra sur Les réfugiés juifs du monde arabe, entre mémoire et politique, avec Georges Bensoussan, Daniel Sibony, Shmuel Trigano.
Les anti-Israéliens multiplient les manifestations pour la Nakba.
Le Centre Culturel et Communautaire Juif de Montpellier a présenté l'exposition Les réfugiés juifs du monde arabe. "Le 30 novembre a été décrété par l’Etat d’Israël Journée de commémoration de l’expulsion et de l’exode des Juifs des pays arabes et d’Iran. La terre d’Israël est le berceau du peuple juif depuis plus de trois mille ans. Depuis l’antiquité, les centres de civilisation juive se sont installés dans de nombreux territoires des régions adjacentes. Des communautés juives significatives existaient dans tout le Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord, à la Babylonie, au Levant, dans la péninsule Arabique, au Yémen et dans la région du Golfe ; depuis plus de 2000 ans, des siècles avant l’avènement de l’Islam et la conquête arabe. En vertu de la loi islamique, les Juifs étaient considérés comme « dhimmi », citoyens de seconde zone, obligés de payer des impôts spéciaux, de porter des signes et des habits distinctifs et de subir d’autres décrets et législation discriminatoires. Là où le régime de la « charia » a été mis en oeuvre strictement, les orphelins juifs ont été pris par la force hors de leur communauté et convertis sous la contrainte. Avant le plan de partage des Nations unies, qui a appelé à la création d’un Etat juif aux côtés d’un Etat arabe en Palestine mandataire, le Comité politique de la Ligue arabe a rédigé une loi régissant le statut juridique des résidents juifs. Cette loi prévoyait que les comptes bancaires des Juifs des pays de la Ligue arabe devaient être gelés et utilisés pour financer la « résistance aux ambitions sionistes en Palestine» ; et que les Juifs – soupçonnés d’être des sionistes actifs – seraient internés en tant que prisonniers politiques et leurs biens confisqués. De tels actes de répression parmi d’autres encore ainsi que des violences d’État, ont précipité un départ en masse des anciennes communautés juives, souvent dans des circonstances économiques désespérées. Au total, plus de 850 000 Juifs ont été contraints de quitter les pays arabes, dans un processus d’expulsion et d’exode qui s’est poursuivi jusque dans les années 1970. Une exposition composée de 15 panneaux à voir du 4 au 17 janvier 2016, du lundi au jeudi de 12 h à 19 h, entrée libre". On ne peut que déplorer l'omission des Juifs contraints de fuir une partie de Jérusalem conquise par la Transjordanie et la Turquie.
Vernissage le 14 janvier 2016 à 19 h avec la projection du film The Silent Exodus, de Pierre Rehov. « Les réfugiés du silence » retrace "l’histoire du million de Juifs qui ont été contraints de fuir les pays arabes où leur famille était établie depuis des centaines, voire des milliers d’années. Ces personnes qui avaient été dépouillées de tous leurs biens avant leur départ. Ce qui fit d’eux des réfugiés. Bien qu’ils n’aient jamais demandé ce statut et n’en aient jamais bénficié. Pas plus qu’ils n’ont reçu la moindre compensation. Pierre Rehov utilise des films et photos d’archives, souvent inédits. Il y mêle le témoignage de témoins qui sont, soit des personnalités connues, comme l’historienne Bat Yor, ou des personnes inconnues, qui ont souhaité s’exprimer pour la premire fois sur un sujet très douloureux. Deux Sénateurs américains prennent également la parole, ainsi que l’ancien Président américain Jimmy Carter, par exemple. Pierre Rehov, né à Alger, Algérie, est un réalisateur français résidant à New York se spécialisant dans le conflit israélo-arabe et de la psychopathologie terroriste. Licencié en droit. Journaliste puis producteur de films". Pierre Rehov a publié sur Youtube son remarquable documentaire sur cet exode.
La valeur des avoirs - comptes bancaires, bijoux, maisons, terrains et entreprises personnels et communautaires (synagogues, centres, hôpitaux) - confisqués ou laissés par les Juifs fuyant ces pays, notamment en Iraq et en Egypte, s'élève à plusieurs dizaines, voire centaines de milliards de dollars.
Le 19 novembre 2017, de 19 h à 19 h 50, le mahJ (Musée d'art et d'histoire du Judaïsme) proposa Juifs d’Égypte, du Yémen, de Libye, d’Irak et du Maroc - Les Réfugiés oubliés (The Forgotten Refugees), de Michael Grynszpan (Israël, États-Unis, 2005, 49 min, VOSTF) en présence du réalisateur (sous réserve). Le film évoque plus de deux millénaires de présence juive au Moyen-Orient qui ont profondément imprégné les vies politiques et artistiques locales, mais se sont soldés par l’exode massif de ces « réfugiés oubliés » à partir des vagues nationalistes arabes des années 1930. Avant 1945, Palestine exceptée, plus d’un million de juifs vivaient dans le monde arabe. Aujourd’hui, ils ne sont plus que quelques milliers".
Le 20 juin 2018, pour la Journée mondiale des réfugiés, le mouvement anti-israélien BDS (Boycott Désinvestissement Sanctions) sudafricain a tweeté que les "Palestiniens sont le groupe au monde le plus important et souffrant depuis la période la plus longue". Il a illustré son twitt par quatre photos dont une prise en 1950 dans un camp israélien de transit accueillant des Juifs ayant fui ou été expulsés de pays Arabes et musulmans après la recréation de l'Etat Juif. Puis, ce twitt a été cité sur Twitter par le Congress of South African Trade Unions (COSATU), un syndicat d'Afrique du Sud qui n'a pas mentionné sa source. Une gaffe qui lui a valu les moqueries d'Internautes : "Thank you Cosatu for bringing to the world attention the plight of Jewish refugees exiled from their homes in the 40’s and 50’s. Truly doing good work!!”.
Plusieurs ministres se mobiliseront : celui des personnes âgées dirigera la cérémonie ouvrant la commémoration, celui de l'Education encouragera des activités éducatives liées à ce Jour et celui des Affaires étrangères organisera des événements, dont certains se dérouleront dans les ambassades israéliennes, afin d'augmenter la prise de conscience internationale des Juifs réfugiés ayant quitté les terres arabes et l'Iran et leur droit à indemnisation. La Knesset tiendra une réunion spéciale pour marquer ce Jour.
Cette loi précise : ”Durant ce long exode, les Juifs vivant en terres arabes ont subi de nombreux pogroms. Le monde arabe a répondu gravement au renforcement du mouvement national Juif et au sionisme à la veille" du rétablissement de l'Etat d'Israël. "Cette opposition s'est exprimée par des attaques cruelles à l'égard des Juifs et une augmentation des troubles contre eux. Des ordres et lois officiels émis par les régimes des terres arabes ont empêché les Juifs de bénéficier des droits de l'homme ou de ceux des citoyens ainsi que d'avoir un travail, leurs biens leur ont été confisqués, leur nationalité leur a été retirée. De nombreuses fois, les Juifs sont été victimes de meurtres, d'arrestations arbitraires infondées, d'emprisonnements, de torture et de déportation. De 1947 à 1972, environ 856 000 Juifs des terres arabes ont été déracinés, dépossédés de tout et sont devenus des réfugiés". On ne peut s'empêcher de dresser un parallèle entre des actes infamants préjudiciables édictés contre ces réfugiés Juifs et ceux visant le Dr Krief depuis quelques années dans la France républicaine du début du XXIe siècle.
Le choix du 30 novembre pour marquer les "droits des réfugiés Juifs des terres arabes s'explique ainsi : "Après la partition décidée par le Conseil de sécurité de l'ONU le 29 novembre", les Etats arabes ont attaqué activement les communautés Juives dans leur pays dans le but d'empêcher" la refondation d'un Etat Juif sur la terre d'Israël.
"Ce jour n’est pas défini par la catégorie de « Jour du souvenir/Yom Zikaron) mais sous un terme qui désigne une moindre importance. Tsyoune pourrait être traduit par « marquage », « indication »: « Jour pour marquer… » si une telle catégorie du souvenir existait. Cette gradation n’est pas dénue-ée de sens comme on le verra. L’événement commémoré est, par ailleurs, défini par la loi d’une double façon: « sortie » (yetsia) et « expulsion » (geroush)", explique Shmuel Trigano (21 décembre 2014).
Et de poursuivre : "Ce partage est crédible, et je l’ai défendu moi-même dans un ouvrage il y a quelques années , sauf que la notion de « sortie » suppose un choix volontaire , là où il faudrait parler d ‘ »exclusion », hadara, pour désigner un processus d’exclusion sociale, politique et économique des Juifs, les poussant nécessairement au départ. La disparition quasi totale d’une population juive dans les pays arabes contemporains est en effet l’indice d’une rupture sous le coup de la violence. Toutefois, ces deux termes n’expriment pas l’état de fait qui s’est alors installé. Nous n’avons pas encore de mot pour désigner l’éradication de communautés juives millénaires dans 10 pays, un terme qui désignera ce que l’histoire retiendra de cet événement. » Destruction du judaïsme sépharade/ Heres yahadut sfarad »? Deux problèmes se posent, à ce propos, dans le formulé de la loi de la Knesset. La définition de la population qui a vécu cette épreuve reste problématique: « Juifs des pays arabes et d’Iran »: dès le départ, on observe que cette distinction n’a pas de sens sous le jour de l’islam, que partagent ces pays et qui permet de ne pas oublier un pays dans cette nomenclature, un pays qui n’est ni perse, ni arabe mais aussi musulman: la Turquie. En disant « Juifs des pays arabes et d’Iran », la loi définit en effet cette population par un référent externe à sa condition (arabe et Iran) et par l’oppression dont elle a été victime. Elle ne la définit pas comme un ensemble réel – ce que fut le peuple juif dans la conscience de l'exil », la galout. Cet ensemble a subi, certes, dans dix Etats différents, les mêmes avanies de l’histoire mais cette souffrance n’est pas à l’origine de son existence et de son identité. Les Juifs de ces pays avaient aussi conscience de leur destin commun, autant culturellement que politiquement. Nous en avons l’illustration, avant même la proclamation de l’indépendance de l’Etat d’Israël, en 1946, dans une déclaration très importante de l’ensemble des communautés sépharades, je dis bien « sépharades », sous la forme d’un memorandum présenté devant la Commission Anglo-américaine qui s’intitule « Memorandum des envoyés des communautés sépharades en Eretz Israel ». La loi de la Knesset de 2010 recense 3 caractères qui font un « réfugié » - une définition restrictive qui omet en particulier la Turquie :
« est réfugié juif » tout originaire des pays arabes et d’Iran qui réunit toutes les caractéristiques suivantes :
1) Citoyen d’Israël (a fortiori s’il était résident d’Eretz Israel avant la constitution de l’Etat) ;
2) Résident de l’un des pays arabes et d’Iran qu’il a quittés, entre autres, du fait de persécutions ou de sa judéité et où il fut privé de sécurité du fait de persécution ;
3) Qui a abandonné dans le pays de son origine les biens qui étaient en sa possession »
Le 10 décembre 2014, à 18 h 30, la salle des fêtes de la mairie du XVIIe arrondissement de Paris a accueilli la soirée Fragments de la mémoire sepharade (Testimony Film Screening) au cours de laquelle seront projetés les témoignages filmés recueillis par Hélène Trigano. Animée par Josiane Sberro, une table-ronde suivra sur Les réfugiés juifs du monde arabe, entre mémoire et politique, avec Georges Bensoussan, Daniel Sibony, Shmuel Trigano.
Les anti-Israéliens multiplient les manifestations pour la Nakba.
Le Centre Culturel et Communautaire Juif de Montpellier a présenté l'exposition Les réfugiés juifs du monde arabe. "Le 30 novembre a été décrété par l’Etat d’Israël Journée de commémoration de l’expulsion et de l’exode des Juifs des pays arabes et d’Iran. La terre d’Israël est le berceau du peuple juif depuis plus de trois mille ans. Depuis l’antiquité, les centres de civilisation juive se sont installés dans de nombreux territoires des régions adjacentes. Des communautés juives significatives existaient dans tout le Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord, à la Babylonie, au Levant, dans la péninsule Arabique, au Yémen et dans la région du Golfe ; depuis plus de 2000 ans, des siècles avant l’avènement de l’Islam et la conquête arabe. En vertu de la loi islamique, les Juifs étaient considérés comme « dhimmi », citoyens de seconde zone, obligés de payer des impôts spéciaux, de porter des signes et des habits distinctifs et de subir d’autres décrets et législation discriminatoires. Là où le régime de la « charia » a été mis en oeuvre strictement, les orphelins juifs ont été pris par la force hors de leur communauté et convertis sous la contrainte. Avant le plan de partage des Nations unies, qui a appelé à la création d’un Etat juif aux côtés d’un Etat arabe en Palestine mandataire, le Comité politique de la Ligue arabe a rédigé une loi régissant le statut juridique des résidents juifs. Cette loi prévoyait que les comptes bancaires des Juifs des pays de la Ligue arabe devaient être gelés et utilisés pour financer la « résistance aux ambitions sionistes en Palestine» ; et que les Juifs – soupçonnés d’être des sionistes actifs – seraient internés en tant que prisonniers politiques et leurs biens confisqués. De tels actes de répression parmi d’autres encore ainsi que des violences d’État, ont précipité un départ en masse des anciennes communautés juives, souvent dans des circonstances économiques désespérées. Au total, plus de 850 000 Juifs ont été contraints de quitter les pays arabes, dans un processus d’expulsion et d’exode qui s’est poursuivi jusque dans les années 1970. Une exposition composée de 15 panneaux à voir du 4 au 17 janvier 2016, du lundi au jeudi de 12 h à 19 h, entrée libre". On ne peut que déplorer l'omission des Juifs contraints de fuir une partie de Jérusalem conquise par la Transjordanie et la Turquie.
Vernissage le 14 janvier 2016 à 19 h avec la projection du film The Silent Exodus, de Pierre Rehov. « Les réfugiés du silence » retrace "l’histoire du million de Juifs qui ont été contraints de fuir les pays arabes où leur famille était établie depuis des centaines, voire des milliers d’années. Ces personnes qui avaient été dépouillées de tous leurs biens avant leur départ. Ce qui fit d’eux des réfugiés. Bien qu’ils n’aient jamais demandé ce statut et n’en aient jamais bénficié. Pas plus qu’ils n’ont reçu la moindre compensation. Pierre Rehov utilise des films et photos d’archives, souvent inédits. Il y mêle le témoignage de témoins qui sont, soit des personnalités connues, comme l’historienne Bat Yor, ou des personnes inconnues, qui ont souhaité s’exprimer pour la premire fois sur un sujet très douloureux. Deux Sénateurs américains prennent également la parole, ainsi que l’ancien Président américain Jimmy Carter, par exemple. Pierre Rehov, né à Alger, Algérie, est un réalisateur français résidant à New York se spécialisant dans le conflit israélo-arabe et de la psychopathologie terroriste. Licencié en droit. Journaliste puis producteur de films". Pierre Rehov a publié sur Youtube son remarquable documentaire sur cet exode.
La valeur des avoirs - comptes bancaires, bijoux, maisons, terrains et entreprises personnels et communautaires (synagogues, centres, hôpitaux) - confisqués ou laissés par les Juifs fuyant ces pays, notamment en Iraq et en Egypte, s'élève à plusieurs dizaines, voire centaines de milliards de dollars.
Le 19 novembre 2017, de 19 h à 19 h 50, le mahJ (Musée d'art et d'histoire du Judaïsme) proposa Juifs d’Égypte, du Yémen, de Libye, d’Irak et du Maroc - Les Réfugiés oubliés (The Forgotten Refugees), de Michael Grynszpan (Israël, États-Unis, 2005, 49 min, VOSTF) en présence du réalisateur (sous réserve). Le film évoque plus de deux millénaires de présence juive au Moyen-Orient qui ont profondément imprégné les vies politiques et artistiques locales, mais se sont soldés par l’exode massif de ces « réfugiés oubliés » à partir des vagues nationalistes arabes des années 1930. Avant 1945, Palestine exceptée, plus d’un million de juifs vivaient dans le monde arabe. Aujourd’hui, ils ne sont plus que quelques milliers".
Sous la direction de Shmuel Trigano, La fin du judaïsme en terres d’islam.Ed. Denoël, 2009. 510 pages. 25 €. ISBN : 9782207261040.
Photo : John Phillips, Expulsion des habitants Juifs de la vieille ville de Jérusalem sous la menace de soldats jordaniens armés. Photo publiée par Life Magazine en 1948.
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Affiche Les Réfugiés oubliés (The Forgotten Refugees) de Michael Grynszpan
© DR
Articles sur ce blog concernant :
Cet article a été commandé et non publié par L'Arche. Il a été publié en une version plus longue sur ce blog le :
- 20 septembre 2012 à l'approche de l'ouverture, le 21 septembre 2012, de la conférence The Untold Story of the Middle East, Justice for Jewish Refugees from Arab countries à New-York ;
- 2 novembre 2012 alors que le journal égyptien al-Ahram alléguait la saisine par les autorités égyptiennes de 13 cartons contenant des documents sur les biens des Juifs égyptiens des années 1940 aux années 1960 ;
- 28 février 2013 alors que deux films - une série télévisée qatarie, un documentaire égyptien - sont réalisés avec pour thème : les Juifs ayant vécu jadis dans le monde arabe ;
- 8 août 2013 alors que Ronen Bergman a listé les noms des propriétaires Juifs d'immeubles ou d'appartements place Tahir (Le Caire, Egypte) et dont ils ont été spoliés par Nasser (Yediot Aharonot, 12 juillet 2013). Un article traduit en anglais par le blog Jewishrefugees ;
- 17 février 2014. Le 17 février 1948, la Ligue Arabe a décidé que ses Etats-membres sanctionnent leurs populations Juives. Le 14 juillet 2013, à l'initiative du parlementaire Shimon Ohayon (Likud Beiténou), le Comité ministériel pour la Législation au sein de la Kensset a choisi le 17 février - date du plan arabe - comme Journée nationale de commémoration des Juifs réfugiés ayant fui leurs pays natals : Etats arabes, Turquie, Iran et partie de Jérusalem ;
- 27 juin 2014, 16 mai et 3 novembre 2015, 13 janvier 2016, 18 novembre 2017.
- 28 février 2013 alors que deux films - une série télévisée qatarie, un documentaire égyptien - sont réalisés avec pour thème : les Juifs ayant vécu jadis dans le monde arabe ;
- 8 août 2013 alors que Ronen Bergman a listé les noms des propriétaires Juifs d'immeubles ou d'appartements place Tahir (Le Caire, Egypte) et dont ils ont été spoliés par Nasser (Yediot Aharonot, 12 juillet 2013). Un article traduit en anglais par le blog Jewishrefugees ;
- 17 février 2014. Le 17 février 1948, la Ligue Arabe a décidé que ses Etats-membres sanctionnent leurs populations Juives. Le 14 juillet 2013, à l'initiative du parlementaire Shimon Ohayon (Likud Beiténou), le Comité ministériel pour la Législation au sein de la Kensset a choisi le 17 février - date du plan arabe - comme Journée nationale de commémoration des Juifs réfugiés ayant fui leurs pays natals : Etats arabes, Turquie, Iran et partie de Jérusalem ;
- 27 juin 2014, 16 mai et 3 novembre 2015, 13 janvier 2016, 18 novembre 2017.
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