dimanche 28 avril 2019

Histoire de la collusion entre le Wahhabisme et le monde Anglo-Saxon (1703-1979)

3) WAHHABISME ET REFORMISME SALAFISTE : LA SYNTHESE DES FRERES MUSULMANS
Le réformisme islamique ou salafisme
Durant le XIXe siècle, un courant réformiste islamique (« islâh ») naquit parallèlement à l’essor du wahhabisme. Ce mouvement visait à une réforme globale du monde arabo-musulman permettant une renaissance Arabe moderne (« nahda ») à la fois politique, culturelle et religieuse face à un Occident à la fois pris pour modèle et pour cible. Ce courant réformiste fut assimilé au courant salafiste à partir du XXe siècle.
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Le salafisme, le réformisme et le fondamentalisme appartiennent au même champ sémantique. Dans le mot « Salafiyya » (salafisme), le préfixe « salaf  » désigne les pieux devanciers (le prophète et ses disciples), la déclinaison « iyya » s’apparente à « islah » (réforme) pour améliorer le sort des musulmans et enfin ce mot se rapproche de « usuliyya » (fondamentalisme), car la réforme escomptée consiste à retourner aux fondements[1]. Le salafisme doit se comprendre comme un compromis entre un retour aux valeurs des pères fondateurs de l’islam et une volonté d’adaptation à l’idéologie moderne occidentale[2]. À l’instar du wahhabisme, les réformistes veulent rouvrir les portes de l’effort d’interprétation (« ijtihâd ») à chaque individualité (aux non professionnels) et sans intermédiaire (les oulémas)[3]. Ce courant réformiste fut porté par des acteurs précis qu’il s’agit d’identifier.



































































Les réformistes majeurs

Après Mohammed Ben Abdelwahhab, qui peut être considéré comme un précurseur du réformisme salafiste, nous trouvons Mirza Malkam Khan (1833-1908), 

un Iranien d’origine arménienne converti à l’islam chiite. Créateur de la première loge maçonnique[4] d’Iran après avoir découvert le rite à Paris, il souhaite intégrer l’islam dans le concept de modernité en plaidant pour une religion de l’humanité proche de la religion naturelle de Rousseau. Selon Thierry Zarcone, historien, chercheur au CNRS rattaché à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales et spécialiste du soufisme et de la franc-maçonnerie, c’était une façon de « présenter les idées occidentales aux Iraniens en des termes religieux qui rendraient celles-ci plus acceptables »[5].

Sayyid Jamâl Al-Dîn Al-Afghâni (1838-1897) fut un réformiste majeur et un résistant panislamiste contre le colonialisme occidental. À l’instar de son homologue chiite Malkun Khan, l’iranien Jamâl Al-Dîn Al-Afghâni voulait réformer l’islam, mais du courant sunnite. 

Ce cosmopolite, que l’on disait agnostique voir athée, passa sa vie à offrir ses services aux Russes, aux Anglais et aux Turcs[6], tandis que ses idées furent diffusées par le biais de loges maçonniques implantées principalement en Égypte, selon Henry Laurens, chevalier de la Légion d’honneur, professeur au Collège de France et docteur agrégé d’histoire faisant autorité dans le domaine du monde arabe[7].

Jamâl Al-Dîn Al-Afghâni avait formé un disciple nommé Mohammed Abduh (1849-1905), qui fut un autre réformiste important. Il fut un théologien et mufti[8] d’Égypte qui justifiait l’affaiblissement de l’islam par l’obscurantisme et le déclin d’un rationalisme bien présent aux origines de la religion. 

En conséquence, il prôna le renouement de la Raison moderne et de la spiritualité musulmane. Mohammed Abduh voulait reconstruire une nouvelle orthodoxie sur les vestiges de l’ancienne à laquelle il était hostile. Il déclara à ce propos : « nous ne coupons la tête de la religion que par l’épée de la religion »[9]. Soutenu par les autorités anglaises, il tenta de modifier le contenu des programmes de l’université Al-Azhar en Égypte, ainsi que son organisation interne[10]. Sa compréhension de la rationalité économique « autonome » l’amena notamment à édicter une fatwa autorisant le prêt à intérêt (« ribâ »), majoritairement interdit (« haram ») en islam.

 Le dernier réformiste majeur, et non des moindres, fut Mohammed Rachid Rida (1865-1935), né à Tripoli et étudiant en Égypte auprès de son mentor Mohammed Abduh. Bouleversé par la disparition du califat ottoman en 1923, il se tourna vers le wahhabisme dans l’objectif de reconstituer l’institution disparue. Ses positions, plus radicales qu’Al-Afghâni et Abduh, l’amenèrent à projeter la création d’un parti politique visant à la restauration du califat et la mise sur pied de l’imamat. Ce fut cet homme qui fit le mieux la jonction entre wahhabisme et réformisme salafiste, probablement grâce ses contacts étroits avec Abdelaziz Al-Saoud qui finançait sa maison d’édition et sa revue Le Phare (« Al-Manâr »), creuset idéologique de l’islam politique. Rida publia dès 1923 toute la littérature wahhabite qui était pour la première fois offerte au grand public. Ceci érigea progressivement le wahhabisme, qui était encore considéré comme une hérésie, en orthodoxie islamique[11]et servit à la formation des cadres dirigeants de la future confrérie des Frères musulmans (cf. infra).


Le wahhabisme d’État et le salafisme

Initialement, le salafisme fut un vaste mouvement politico-religieux réformateur implanté en Égypte, en Syrie, en Irak et en Inde à partir du XVIIIe siècle. Le salafisme se subdivise en plusieurs courants, mais revendique toujours un retour à l’islam des origines fondé exclusivement sur le Coran et la Sunna. Si Ibn Tamiyya (cf. supra) avait justifié ses préceptes par la présence étrangère mongole et tatare en terre d’islam, la résurgence de la pensée salafiste a été favorisée et justifiée par le colonialisme britannique et français. Le terme fut réactualisé au XIXe siècle par Jamâl Al-Dîn Al-Afghâni, Mohammed Abduh et plus tard avec Rachid Rida ainsi que par un de ses proches, Yussuf Yasin. Ce dernier fut directeur de La mère des villages (« Umm Al-Qura  »), l’organe de presse officiel du futur Royaume d’Arabie Saoudite, déterminant dans la transition du wahhabisme vers le salafisme[12].
Avec la création de l’Arabie Saoudite en 1932, le terme wahhabisme (« wahhabiyya ») fut progressivement abandonné dans les discours des politiciens et religieux saoudiens, car connoté trop négativement, et fut remplacé (amalgamé) par le terme moins polémique de salafisme (« salafiyya »)[13]. Cette opération de grande envergure destinée à redorer le blason du wahhabisme séduisit plusieurs intellectuels et oulémas influents et prit pied patiemment[14]. Finalement, le réformisme islamique ou salafisme ne s’avèrerait être qu’un versant libéral de la doctrine wahhabite[15] ou encore une sorte de néo-wahhabisme intégré et adapté au monde moderne.

La confrérie secrète des Frères musulmans

Concentrons-nous désormais sur l’Égypte, le plus grand état arabe sunnite du Moyen-Orient. Ce pays est majeur d’un point de vue géopolitique, avec le canal de Suez, et d’un point de vue religieux, avec la présence de la plus grande et ancienne université théologique musulmane sunnite du monde, Al-Azhar, qui forme des oulémas du monde entier. C’est également le lieu de naissance du nationalisme arabe ou panarabisme, dont nous allons entrapercevoir l’histoire.
Ici entre en scène l’incontournable Hassan Al-Bannâ (1906-1949), 

le disciple du réformiste salafiste égyptien Mohammed Rachid Rida. Dans une continuité idéologique invraisemblable, il s’avère que le père d’Hassan Al-Bannâ était également un disciple de Mohammed Abduh, autre grand réformiste (cf. supra). Instituteur, professeur de théologie et imam égyptien, Hassan Al-Bannâ prolongea la synthèse entre le réformisme salafiste et le wahhabisme. Il reprit à son compte le célèbre nom des combattants Ikhwan d’Ibn Saoud pour fonder la confrérie secrète des Frères musulmans (« al-Ikhwān al-Muslimūn  ») en 1928 à Ismaïlia, en Égypte.

Aux yeux d’Al-Bannâ, l’abolition du califat par Mustafa Kémal en 1924, qui brisa la dernière chaîne historique et politique qui unifiait le monde arabo-musulman depuis le XVIe siècle, fut vécue comme un cataclysme. Il en fut de même concernant la prise de distance des dirigeants arabes vis-à-vis de l’islam, qu’il considérait comme la plus grande victoire de la colonisation sur le monde arabo-musulman. L’objectif déclaré d’Al-Bannâ était de prendre le pouvoir pour recréer le grand califat islamique abolissant les frontières coloniales et rétablissant la loi islamique (« charia ») et le style de vie de l’Arabie du VIIe siècle[16]. Toute velléité d’indépendance arabo-musulmane doit donc, selon lui, s’affirmer sur le retour du modèle de l’État islamique.
En réaction à la domination britannique, malgré l’indépendance de l’Égypte en 1922[17], les Frères musulmans (FM) construisirent leur mouvement avec une triple identité religieuse, politique et sociale. Il s’agissait de (ré)islamiser la société par le bas en dépassant toutes les écoles juridiques et théologiques et en prônant l’unité de la communauté des musulmans (« oumma ») contre l’impérialisme militaire, économique et culturel responsable de la pauvreté et du déclin de la moralité. Les FM eurent donc une implication offensive en faveur d’un islam global, imprégnant toutes les sphères de la société.
À cette fin, les FM usèrent d’un pragmatisme politique à toute épreuve dans leur collaboration avec des acteurs internes et externes au pays pour prendre le pouvoir. En effet, durant la Seconde Guerre mondiale, les disciples d’Al-Bannâ avaient établi des contacts avec le roi Farouk d’Égypte[18] ainsi qu’avec ses opposants, mais également avec les Allemands et les Britanniques. Al-Bannâ n’avait d’ailleurs pas caché son intérêt pour Mussolini et Hitler, dans leur promotion d’un esprit social et dans leur rejet de l’individualisme et du matérialisme. De nombreux FM étaient associés au IIIe Reich comme Youssef Nada, le financier du bureau international des FM, qui était en même temps agent de l’Abwehr, le service de renseignement militaire allemand[19]. La structure de la confrérie comprenait l’obéissance aveugle au chef, ainsi qu’un organe clandestin et paramilitaire : « l’appareil secret », financé dans les années 1930 par le parti nazi[20].
Après l’échec de l’Axe à la fin de la Seconde Guerre mondiale, les FM s’inspirèrent des conceptions révolutionnaires, émancipatrices et anticolonialistes de l’idéologie communiste. Le marxisme-léninisme inspira l’ossature de l’organisation internationale du mouvement[21], de ses discours socialisants au grand potentiel mobilisateur et de son projet d’instaurer la paix universelle sur la Terre.
LOGO OFFICIEL DES FRERES MUSULMANS

Les FM gagnèrent la sympathie des masses populaires grâce à leurs actions caritatives, financées par de généreux donateurs du Golfe. Après 1945, la confrérie réunissait plus de deux millions de partisans en Égypte. Le gouvernement du roi Farouk, subordonné des Britanniques, décida d’interdire l’organisation en 1948 pour entraver leur activisme trop subversif, comprenant des assassinats de personnalités politiques[22]. En réaction, la confrérie assassina le Premier ministre égyptien Mahmoud Fahmi El-Nokrashi, le 28 décembre de la même année. Et en représailles, Hassan Al-Bannâ fut tué par la police secrète du régime, le 12 février 1949[23].
En 1952, le coup d’État des « officiers libres », menés par le colonel Gamal Abdel Nasser (un ancien FM de l’appareil secret[24]

et le Général Mohammed Naguib, renversa la monarchie au profit d’un régime républicain dans lequel ces derniers devinrent respectivement Premier ministre et président en 1953. À un degré incertain, les FM s’étaient associés aux officiers libres dans ce coup d’État. Nasser, qui avait prêté serment à Al-Bannâ, ne tint pas la promesse qu’il leur avait faite d’islamiser la nouvelle constitution égyptienne et bloqua petit à petit les ambitions de cette confrérie décidément  trop ambitieuse. Un membre de l’appareil secret, bras armé des FM plus ou moins autonome, tenta de l’assassiner le 26 octobre 1954[25], ce qui entraîna une nouvelle vague de répression des FM par Nasser. Naguib fut écarté du pouvoir et Nasser arriva à la tête de l’Égypte le 14 novembre 1954, devenant le chef de file du nationalisme arabe[26]. Beaucoup de FM se réfugièrent alors en Arabie Saoudite, en Syrie[27], en Jordanie[28] et en Algérie, où les régimes étaient hostiles à Nasser. Ce fut particulièrement la famille Saoud qui mobilisa toutes ses ressources pour aider les FM contre le dirigeant panarabe qui concurrençait l’expansion de leur idéologie. En juillet 1954, des attentats à la bombe avaient été également organisés par le service de renseignement militaire israélien, Aman, dans le cadre de l’opération Susannah, visant à empêcher l’application de l’accord anglo-égyptien sur le retrait des troupes britanniques de la zone du canal de Suez[29]. Même avec ces incidents, les FM ne parvinrent pas à renverser le régime de Nasser, qui jouissait d’une popularité importante malgré ses nombreux ennemis. Beaucoup de FM furent emprisonnés, dont un certain Sayyid Qutb.


L’idéologue des Frères musulmans 

L’histoire de la confrérie ne peut se comprendre sans l’apport de Sayyid Qutb, membre officiel des FM depuis 1953. Il s’agit du principal idéologue du courant radical des FM. 

D’abord marxiste et agrarien, Qutb islamisa sa pensée notamment après un voyage d’études aux États-Unis, où un orientaliste britannique, James Heyworth-Dunne, tenta notamment de le recruter dans la CIA[30]. De retour en Égypte,  il y prôna le jihad offensif, c’est-à-dire le recours à la violence pour revenir aux sources de l’islam orthodoxe et instaurer un Califat mondial. Pour se faire, il mit en avant le concept de « jâhilîya », selon lequel le monde non-musulman est dans un état d’ignorance et de perdition préislamique, dans son œuvre de référence Jalons sur la route de l’islam (1964), également traduit en Signe de piste (« Ma'alim fi tarîq »). Ce concept de « jâhilîya » (ignorance) a été inspiré de l’écrivain indien Abul Hasan Ali Hasani Nadwi, auquel Qutb a rédigé la préface de son livre Ce que le monde a perdu avec le déclin des musulmans(1951). Qutb étendit ensuite cette théorie aux pays musulmans où les dirigeants n’avaient pas adopté l’islam comme système politique, économique et social. Il fut également fortement inspiré par Ibn Tamiyya (cf. supra) et par Sayyid Abul Ala Maududi (1903-1979)[31], le fondateur d’un des plus influents partis politiques religieux du Pakistan (le Jamaat-i-Islami).

À l’instar d’un Mohammed Ben Abdelwahhab, Sayyid Qutb dénonça les institutions religieuses officielles de son milieu et de son temps (notamment l’Université Al-Azhar) et les dirigeants tels que Nasser[32] comme mécréants (« kuffâr ») qui ont renié l’islam en légitimant le socialisme arabe nationaliste et laïc[33]. Ceci fit rapidement de lui une menace pour le pouvoir en place et après plusieurs séjours en prison, il fut finalement exécuté en 1966. Ses écrits lui coutèrent la vie et le statut de martyr de la cause du jihad, ce qui le légitima d’autant plus.
Sayyid Qutb va notamment inspirer un islamisme groupusculaire radical nommé qutbismeou encore takfirisme (de la racine « takfîr » : excommunication). En affirmant que les exactions du régime égyptien infligées aux FM ne pouvaient être l’acte que d’apostats, ces derniers pouvaient donc être excommuniés, ce qui revenait à les condamner à mort. Son œuvre fut la doctrine principale des FM et la « bible » de tous les mouvements de l’islam radical contemporain : Qutb y donnait une définition stricte de l’État islamique, justifiait l’assassinat de tout souverain musulman ainsi que le renversement de tout régime jugé contraire à la loi canonique islamique (« charia  »). Il fut désavoué par la direction des FM de Hassan Al-Hudaybi, plus modéré, qui préférait la voie de l’islamisation « par le haut », par le biais de l’accès démocratique au pouvoir politique.

L’arrivée du « président-croyant » au pouvoir

Après le revers militaire de la guerre des Six Jours en 1967, Nasser fut politiquement affaibli. De plus, les échecs de ses réformes socio-économiques permirent une montée en puissance des FM : le panarabisme céda du terrain à leur panislamisme comme substitut à l’idéologie de résistance au colonialisme et à l’amélioration des conditions de vie.
La confrérie fut interdite jusqu’à l’arrivée au pouvoir du « président-croyant », Anouar El-Sadate, le 28 septembre 1970. Ce successeur de Nasser (décédé d’une crise cardiaque) fut aussi un ancien membre des FM. Il proclama une amnistie générale et fit libérer de nombreux militants des FM ainsi que d’autres opposants politiques, afin de peser politiquement face aux communistes et aux nassériens[34]. Le système socialiste à bout de souffle de Nasser fut remplacé par un système ouvert aux FM et aux libéraux, appelé la « Révolution de rectification », qui amena une libéralisation de l’économie égyptienne.
Sadate pensait pouvoir contrôler et utiliser les FM à ses fins. Ce fut une grave erreur. Derrière le discours officiel des FM, de renoncement à la violence et de compatibilité avec le pluralisme politique, se terrait une bien violente réalité. En effet, dès le début des années 1970, les groupes radicaux armés issus de la confrérie se multiplièrent et lancèrent des opérations paramilitaires contre l’État égyptien[35]. Nombreux de ces groupes devinrent un moyen de pression indirect des FM sur les institutions politiques égyptiennes. Le contrôle des médias devint également un outil privilégié des FM pour transmettre l’idéologie wahhabo-salafiste aux masses. Sadate les laissa faire, car il nourrissait l’ambition secrète de rétablir le califat à son profit[36] avec l’aide des FM, qui bloquèrent finalement ses ambitions. Comme Hassan Al-Bannâ, Sadate nourrissait une admiration profonde et assumée pour Adolf Hitler et le IIIe Reich allemand. Interrogé sur ce qu’il aurait dit à Hitler s’il lui avait écrit une lettre, dans un entretien accordé à la revue égyptienne al-Mossawar le 18 septembre 1953, il déclara ainsi : « Mon cher Hitler, je te félicite du fond du cœur. Même si tu sembles avoir été vaincu, en réalité tu es victorieux. Tu as réussi à créer des dissensions entre Churchill, le vieil homme, et ses alliés, les fils de Satan. L’Allemagne va vaincre, car son existence est nécessaire pour préserver l’équilibre du monde. L’Allemagne va renaître malgré les puissances occidentales et orientales. Il n’y aura pas de paix jusqu’à ce que l’Allemagne devienne une nouvelle fois comme elle était »[37]

LA CRAVATE POLEMIQUE DU PRESIDENT SADATE LORS DE SA VISITE A JERUSALEM LE 19 NOVEMBRE 1977. ICI EN COMPAGNIE DU PREMIER MINISTRE ISRAELIEN MENAHEM BEGIN (A DROITE)

Officiellement, cet assassinat était dû au revirement de Sadate avec accords de Camp David et à la paix avec Israël signée en 1979. Mais selon l’égyptien Chérif Amir, docteur en géopolitique de l’université Paris VIII et spécialiste de l’impact des religions sur les conflits armés au Moyen-Orient, « Cette image est tout autant éloignée de la vérité. Aucune des victimes de ces évènements n’étaient en réalité le martyr de sa cause, c’est-à-dire la paix avec – ou l’opposition à – l’État hébreu. Il s’agissait bien en réalité de la poursuite de la rivalité entre les Frères musulmans et les gouvernements successifs de l’Égypte depuis 1928. En d’autres termes, vingt ans avant la naissance de l’État d’Israël, la rivalité entre Frères musulmans et les dirigeants du pays existait déjà  » [38] . Leur soif d’atteindre le pouvoir peut justifier cette thèse[39]. Le laxisme de Sadate vis-à-vis de la confrérie ferait de lui un des grands responsables de l’émergence de groupes islamistes puissants ; ses politiques intérieure et extérieure étant encouragées par les États-Unis et notamment par l’ancien secrétaire d’État américain, Henry Kissinger[40]. Le « président-croyant » fut assassiné le mardi 6 octobre 1981 par des membres du Mouvement du Jihad Islamique (« Gama’at al-jihad al-Islami »), le principal groupe wahhabite d’Égypte, proche des FM, et massivement financé par l’Arabie Saoudite. Ce fut le célèbre cheikh aveugle Omar Abdel Rahman, mufti du groupe, qui émit une fatwa autorisant le meurtre de Sadate et de son entourage, en raison de leur politique infidèle à l’islam. Les FM se mobilisèrent ensuite pour renverser le régime et prendre le pouvoir, une fois de plus en vain : le vice-président Hosni Moubarak assura une transition rapide et anéantira la subversion de la confrérie.
De nombreux FM et personnes issus de la confrérie furent donc jugés et condamnés dont notamment le docteur Ayman El-Zawahri, le futur numéro un d’Al-Qaïda (en 2011 après la mort d’Oussama Ben Laden). Il fut relâché ensuite pour participer au jihad afghan contre l’Union soviétique, suivant la stratégie étasunienne du géopolitologue et conseiller du président Carter, Zbigniew Bzrezinski. Cette stratégie consistait à armer la résistance afghane pour pousser à une invasion soviétique sur ce territoire, ce qui arriva six mois plus tard, en juillet 1979[41]. Sadate avait déjà participé à l’envoi des FM trop subversifs vers le jihad américain en Afghanistan, conformément à la politique globale de Londres et Washington : soutenir et promouvoir le wahhabo-salafisme face aux mouvements socialistes et communistes dans le monde.

Les Frères musulmans, vecteurs des intérêts anglo-saxons

À l’instar de tous ses successeurs, le roi Farouk d’Égypte voyait dans les FM un instrument utile pour endiguer l’influence de ses ennemis politiques dès son arrivée au pouvoir en 1936. Le premier contact direct documenté entre des officiels Britanniques et les FM date de 1941, à une époque où les Britanniques considéraient officiellement les FM comme une menace en Égypte[42]. Dès 1942, Londres finança directement les FM contre le parti nationaliste égyptien Al-Wafd (parti le plus conséquent à l’époque) et les communistes. Dans le même temps, une liste des membres les plus dangereux était transmise au gouvernement égyptien, toujours dans cette stratégie de soutenir toutes les parties présentes au sein d’un rapport de force[43].
Les Britanniques ont donc noué très tôt des contacts réguliers avec Hassan Al-Bannâ, avec lequel ils se réunissaient à l’ambassade britannique du Caire. « Le succès des Frères musulmans sur la scène politique égyptienne durant les années 1930 et 1940 n’aurait pu survenir sans l’approbation des Britanniques et leur soutien implicite »[44]. Ces relations, qui ont semblé s’affaiblir durant la Seconde Guerre mondiale, ont repris de plus belle avec l’arrivée au pouvoir de Nasser en 1952, à cause de sa politique de non-alignement sur les intérêts anglo-saxons. Selon Le Nouvel Observateur, à cette époque « les Frères musulmans bénéficient d’une aide financière et militaire de la CIA américaine, prête à tout pour affaiblir un pouvoir soutenu par l’URSS »[45] .
En juillet 1953, le président américain Dwight Eisenhower reçut à la Maison-Blanche une délégation des FM, où fut présent l’éminent Saïd Ramadan (1926-1995).


LE PRESIDENT DWIGHT D. EISENHOWER S’ENTRETIENT DANS LE BUREAU OVALE AVEC LA DELEGATION DES FM CONDUITE PAR SAÏD RAMADAN (LE SECOND A DROITE) LE 23 SEPTEMBRE 1953


Ce dernier fut le fondateur de la branche palestinienne armée de la confrérie (1945)[46], du Centre islamique de Munich (1958)[47], du Centre islamique de Genève (1961), du Conseil des sociétés et des communautés islamiques d’Allemagne (1962), d’un centre islamique à Londres (1964)[48] et fut également un des pères de la Ligue Islamique Mondiale (1962), une célèbre ONG sur laquelle nous reviendrons. En juillet 1953, le président américain Dwight Eisenhower reçut à la Maison-Blanche une délégation des FM, où fut présent l’éminent Saïd Ramadan (1926-1995).
Saïd Ramadan, membre des FM depuis 1940, fut notamment le gendre et l’héritier spirituel d’Hassan Al-Bannâ. Homme fort du mouvement, il fut le pionnier des relations extérieures entre les FM et les gouvernements occidentaux, et le précurseur de la diffusion de l’islam en Europe, avec le soutien des monarchies du Golfe. Par exemple, le Qatar[49] lui mettait à disposition une villa à Genève[50], la Jordanie en avait fait son représentant à l’ONU et l’inévitable Arabie Saoudite lui donnait de généreuses donations (12 000 francs par mois [environ 3000€] déclarés en Suisse en 1970). Il eut des relations apparemment ambiguës avec ce dernier pays et s’en éloigna progressivement, car exaspéré par leur envie de tout contrôler[51] .
En septembre 1965, Saïd Ramadan avait été accusé d’avoir fomenté un coup d’État en Égypte avec d’autres FM. Une note rédigée par un diplomate à la même période énonçait clairement qu’il était plus qu’un simple propagandiste apprécié pour son anticommunisme : « Saïd Ramadan est, entre autres, un agent d’informations des Anglais et des Américains »[52]. C’était également un collaborateur de la police fédérale suisse[53]. Il semble en effet, le personnage aurait eu des liens privilégiés avec la CIA et le MI-6, évoqués dans de nombreux documents[54]. La création du réseau européen des FM remonterait à la fin des années 1950 lorsque « Robert Dreher, l’agent de la CIA qui dirigeait l’Amcomlib de Munich [un organe de propagande de la CIA à l’époque où les États-Unis dépensèrent un demi-milliard de dollars pour infléchir l’opinion publique mondiale contre l’URSS[55]], décida de faire appel à une pointure reconnue de la Confrérie »[56] pour construire et gérer la première mosquée des Frères en Europe, à Munich. Cette stratégie avait été initiée par les nazis, convaincus que l’islam les aiderait à vaincre le communisme[57]. En cas d’échec de Ramadan pour contrôler la communauté musulmane de Munich et pour le mettre en concurrence, les services américains avaient également envoyé sur place leur collaborateur Ahmad Kamal[58], à la tête de l’organisation caritative Jami’at al islam[59].
Utiliser les mouvements séparatistes, musulmans ou non, en Ukraine et dans le Caucase pour créer un cordon d’États tampons aux frontières de l’URSS fut également une stratégie affirmée dès 1927 par Alfred Rosenberg, un vieil ami d’Hitler[60]. Elle fut reprise ensuite par le MI-6 dès les années 1940[61] et durant la guerre froide notamment via l’intermédiaire nazi reconverti dans la CIA et le BND (service de renseignement allemand créé en 1956), Gerhard Von Mende (1904-1963). Alors que la plupart des analystes cherchèrent en Afghanistan les causes des attentats du 11 septembre 2001, le journaliste Ian Johnson, lauréat du prix Pulitzer, considère que tout a commencé quand les Frères musulmans prirent le contrôle de la mosquée de Munich, avec l’aide américaine et ouest-allemande, dans le cadre de leur expansion en Occident durant la Guerre froide[62]
Toujours dans une double filiation idéologique et de parenté, les fils de Saïd Ramadan (et petits-fils d’Hassan Al-Bannâ) Tarik et Hani Ramadan furent nommés à des postes influents en Europe. Alors qu’Hani Ramadan hérita du poste de directeur du Centre islamique de Genève, son frère Tarik devint conseiller du gouvernement britannique dans sa lutte contre le terrorisme[63], professeur à Oxford et directeur du Centre de Recherche sur la Législation Islamique et l’Éthique au Qatar[64]. Certains iront jusqu’à dire que le siège non officiel du bureau international des FM est basé à Londres, « où la liberté d’expression ne connaissait pas d’entraves, leur accordait une latitude plus grande que partout ailleurs en Europe »[65]. À tel point que la capitale britannique a été surnommée « Londonistan », par les services secrets français dès les années 1990, à cause du nombre important de wahhabites y résidant[66].
À partir de Saïd Ramadan s’est donc construit un réseau qui se matérialisa à travers l’Union des Organisations Islamiques en Europe (ou Fédération des Organisations Islamiques en Europe) dans les années 1990, chapeautant les représentations « fréristes » dans plusieurs pays d’Europe. Cette entité fut à l’origine notamment de la création de l’Union des Organisations Islamiques de France (UOIF), intégrée en 2003 par le ministre de l’Intérieur de l’époque, Nicolas Sarkozy, au sein du Conseil Français du Culte Musulman. Ce conseil se veut être la principale organisation de représentation de l’islam de France. L’UOIF, quant à elle, est l’organisme le plus influent des FM en Europe et constitue le noyau idéologique de sa doctrine depuis 1983 sur le continent[67]. Elle dispose d’un réseau important dont des associations (les Jeunes Musulmans de France, la Ligue Française de la Femme Musulmane, etc.), des écoles privées, une soixantaine de mosquées et un rassemblement annuel au Bourget, la Rencontre Annuelle des Musulmans de France[68]. Ses responsables actuels affirment qu’un quart du budget annuel de l’UOIF provient de donateurs d’Arabie Saoudite, des Émirats Arabes Unis et du Koweït[69].
Une des grandes victoires de la confrérie fut permise dans un pays colonialement lié au Royaume-Uni, où le premier coup d’État réussi des FM arriva. Le putsch de Khartoum[70] de 1989 amena le Soudan à être gouverné par le Frère Omar Al-Bashir[71], toujours en place depuis. Tandis que les FM participent actuellement à la vie politique de nombreux pays du Moyen-Orient (Jordanie, Koweït, Tunisie …).
Les FM recouvrent de nos jours un réseau mondial de plus de quatre-vingts pays, selon le journaliste Michaël Prazan, qui n’hésite pas à les qualifier d’Internationale islamiste dont le Bureau de la guidance égyptien serait le centre des décisions, malgré des dissensions internes, des scissions et des organes plus ou moins autonomes.

Conclusion sur les Frères musulmans

De nos jours, Hassan Al-Bannâ est encore considéré comme le représentant de la branche modérée des FM, tandis que Sayyid Qutb serait le référent de la branche radicale. Au vu des éléments précédemment établis, cette dichotomie nous semble erronée, car l’idéologie des deux personnages se rejoint finalement sur le fond (bien qu’ils ne connaissaient pas personnellement[72]). Il faut aussi noter que les traductions officielles des écrits du fondateur des FM auraient tronqué des passages trop radicaux et polémiques, selon le professeur de lettres arabes, islamologue et politologue franco-syrien, Bassam Tahhan [73].
Modéré ou non, il n’apparait pas excessif de souligner que la charia et l’état islamique mondial furent l’unique programme politique des FM à cette époque, bien que des projets socio-économiques très concrets et une intégration dans le jeu démocratique fussent également réels. Difficile de trancher sur le fait que ces derniers éléments aient été utilisés dans l’objectif du Grand Califat ou non. D’un point de vue purement géostratégique, il est établi que ce panislamisme (des pays du Golfe et des FM), ouvert aux alliances avec les occidentaux, semblait particulièrement en phase avec les intérêts anglo-saxons pour contenir le panarabisme arabe et le communisme.

(A suivre)

Franck Pengam



[1] Hamadi Redissi, op. cit., p.181.
[2] L’idéologie moderne peut être ici définie comme la réduction de tous les intérêts à l’intérêt technico-instrumental.
[3] Hamadi Redissi, op. cit., p.183.
[4] Ici, la franc-maçonnerie doit être considérée comme un des fers de lance de l’idéologie moderne occidentale en Orient.
[5] Thierry Zarcone, Secret et société secrète en Islam – Turquie, Iran et Asie centrale, XIXe-XXe siècles, Archè Milano, 2002, p.130, cité par Youssef Hindi, op. cit., p.109.
[6] Hamadi Redissi, op. cit., p.159.
[7] Henry Laurens, L'Orient arabe : arabisme et islamisme de 1798 à 1945, Armand Colin, 1993, p.90, cité par Youssef Hindi, op. cit., p.112.
[8] Mufti : interprète sunnite de la loi musulmane ayant l'autorité d'émettre des avis juridiques (« fatwa »).
[9] Dans une lettre reproduite in Kedourie, p.45, cité par Hamadi Redissi, op. cit., p.162.
[10] Henry Laurens, op. cit., p.95, cité par Youssef Hindi, op. cit., p.116.
[11] Hamadi Redissi, op. cit., p.176.
[12] Ibid, p.172.
[13] Aïssam Aït-Yahya, op. cit., p.188.
[14] Surenchères traditionalistes en terre d’islamhttp://www.monde-diplomatique.fr/2015/03/MOULINE/52734
[15] Youssef Hindi, op. cit., p.123.
[16] Chérif Amir, Histoire secrète des Frères Musulmans, Ellipses Marketing, 2015, p.25.
[17] Après un siècle d’occupation coloniale, la Grande-Bretagne maintint son contrôle sur l’armée, sur le canal de Suez et en coulisse sur le pouvoir politique égyptien même après l’indépendance, voir Michaël Prazan, Frères Musulmans : Enquête sur la dernière idéologie totalitaire, Grasset, 2014, p30.
[18] Le roi Farouk peinait par un manque de légitimité populaire : il s’appuya sur la religion en s’associant fructueusement avec les FM durant une décennie jusqu’à que les relations se dégradent à partir de 1945, voir Michaël Prazan, op. cit., p.60.
[19] Chérif Amir, op. cit., p.24.
[20] Ibid, p.34 et Michaël Prazan, op. cit., p.41.
[21] Dès les années 1930, les FM se développèrent également en Syrie, en Palestine et progressivement dans tout le Proche et Moyen-Orient, où ils se firent connaître par leurs réseaux sociaux et religieux.
[22] Assassinat du Premier ministre égyptien Ahmed Maher le 24 février 1945, du ministre des Finances Égyptien, Amin Osman, le 5 janvier 1945 (en collaboration avec le futur président Anouar El-Sadate), du juge Ahmed El-Khezendar le 22 novembre 1947 et du préfet de la police du Caire Séliem Zaki le 4 décembre 1948, voir Chérif Amir, op. cit., p.37, 40 et 41.
[23] Michaël Prazan, op. cit., p.63.
[24] Nasser quitta la confrérie au plus tard en septembre 1949, voir Ibid, p.71.
[25] Chérif Amir, op. cit., p.70.
[26] Ibid, p.69, 70 et 71.
[27] La première antichambre des FM fut en Syrie ; tous les dirigeants de la lutte armée en Palestine dans les années 1930 en sont originaires, voir Anne-Clémentine Larroque, op. cit., p.43.
[28] « Les FM luttèrent avec les dirigeants hachémites contre les partis de gauche jusqu’au milieu des années 1980 », voir Ibid, p.49.
[29] Affaire Lavon : des révélations qui soulèvent de nouvelles questionshttp://fr.timesofisrael.com/les-nouvelles-revelations-sur-laffaire-lavon-soulevent-plus-de-questions/.
[30] Laurence Wright, La guerre cachée : Al-Qaïda et les origines du terrorisme islamiste, Robert Laffont, 2007, p.25.
[31] Né en Inde, Sayyid Abul Ala Maududi est à l’origine de l’islamisme pakistanais et une des figures les plus importantes de l’islamisme du XXe siècle.
[32] Nasser et Qutb se fréquentaient jusqu’au coup d’État du 22 juillet 1952, voir Michaël Prazan, op. cit., p.101.
[33] Toutes ces notions (nationalisme, laïcité, etc.) sont assimilées à l’Occident et sont donc non islamiques. Par exemple, la notion de nation n’existe pas pour Sayyid Qutb et les FM : seul l’espace géographique dans lequel s’applique la charia détermine la patrie du musulman. Tout système qui s’écarte du programme coranique, qui se fonde sur la race, le territoire ou la classe sociale est un système ennemi de l’islam.
[34] Michaël Prazan, op. cit., p.167.
[35] Nous pouvons citer le Mouvement du Jihad Islamique (« Gama’at al-jihad al-Islami »), Excomunication et immigration (« al-Takfir Wal Hijra ») également appelée la Communauté des musulmans (« Jama’at al-Moslemine »), Les rescapés du feu ou Ceux qui ont choisi le bon chemin ne seront pas jetés en enfer (« al-Najoun Men al-Nar »), Les soldats d’Allah (« Jond-Allah »), Les jeunes de Mohamed (« Shabab Mohamed  »), Le Groupe Islamique (« al-Gama’a al-Islamiyyah ») ou encore le Parti de la libération islamique (« Hezb l-Tahrir al-Islami ») formé en 1974 pour renverser le régime égyptien conformément à la doctrine de Sayyid Qutb.
[36] Chérif Amir, op. cit., p.112.
[37] Ibid, p.113.
[38] Ibid, p.107.
[39] Les nombreux régimes nationalistes et laïcs syrien, tunisien, libyen, égyptien, dirigés par les ennemis déclarés des FM, ont amené ces derniers à faire un nombre incalculable de coups d’État dans ces pays (cf. infra).
[40] Chérif Amir, op. cit., p.109 et John K. Cooley, CIA et Jihad 1950-2001 : contre l'URSS, une désastreuse alliance, Autrement, 2002, p.60.
[41] John K. Cooley, op. cit., p.27 et 28 et "Oui, la CIA est entrée en Afghanistan avant les Russes …“ par Zbigniew Brzezinskihttps://www.les-crises.fr/oui-la-cia-est-entree-en-afghanistan-avant-les-russes-par-zbigniew-brzezinski/.
[42] Mark Curtis, Secret Affairs : Britain's Collusion with Radical Islam, Serpent's Tail, 2012. Un livre recommandé par le quotidien britannique The Independent, voir www.independent.co.uk/arts-entertainment/books/reviews/secret-affairs-by-mark-curtis-2038691.html.
[43] Chérif Amir, op. cit., p.208.
[44] Ibid, p.66.
[46] Anne-Clémentine Larroque, op. cit., p.42.
[47] Ibid, p.58.
[48] Michaël Prazan, op. cit., p.230.
[49] À la tête de la monarchie wahhabite du Qatar règne la famille Al-Thani, issue de la même tribu (Banu Tamim) que Mohammed Ben Abdelwahhab.
[50] Si la Suisse était officiellement neutre durant la guerre froide, elle était peu favorable au soviétisme.
[51] Ian Johnson, Une mosquée à Munich, Les nazis, la CIA et la montée des Frères musulmans en Europe, JC Lattès, 2011, p.250 et 251.
[52] Pour plus d’information sur Saïd Ramadan, voir le journal de référence de la Suisse romande et francophone : Quand la Suisse protégeait l'islam radical au nom de la raison d'Étatwww.letemps.ch/opinions/2004/10/26/suisse-protegeait-islam-radical-nom-raison
[53] Ian Johnson, op. cit., p.320.
[55] Ian Johnson, op. cit., p.73.
[56] Michaël Prazan, op. cit., p.225.
[57] Ian Johnson, op. cit.,, p.20.
[58] Ibid, p.197, 201 et 216.
[59] À ne pas confondre avec le parti politique pakistanais Jamaat-i-Islami cité précédemment. 
[60] Ian Johnson, op. cit.,, p50.
[61] Ibid, p.83.
[62] Ibid, p.245.
[64] Tariq Ramadan : La réforme radicale » passera par le Centre de recherche pour l'éthique au Qatarwww.saphirnews.com/Tariq-Ramadan-La-reforme-radicale-passera-par-le-Centre-de-recherche-pour-l-ethique-au-Qatar_a13947.html.
[65] Michaël Prazan, op. cit., p.233.
[66] La nouvelle adresse des Frères musulmans : Londres, www.huffingtonpost.fr/olivier-guitta/la-nouvelle-adresse-des-f_b_4492484.html.
[67] Anne-Clémentine Larroque, op. cit., p.57.
[68] Géopolitique du culte musulman en France : des rivalités locales aux enjeux internationauxwww.diploweb.com/Geopolitique-du-culte-musulman-en.html#.
[69] Ian Johnson, op. cit., p.297.
[70] Khartoum et son Université Internationale d’Afrique (UIA) ont la mauvaise réputation de servir de centre de formation intellectuelle aux djihadistes africains notamment du groupe Boko Haram, voir Quand Khartoum "éduque" et islamise l’Afrique,www.lemonde.fr/afrique/article/2015/11/20/quand-khartoum-eduque-et-islamise-l-afrique_4814347_3212.html.
[71] À partir de cette prise de pouvoir et durant une dizaine d’années, tous les acteurs de la subversion wahhabite allèrent se réfugier à Khartoum : les FM égyptiens persécutés par le régime, les Égyptiens des Gamaa Islamiyyah qui préparaient des attentats contre Moubarak, les militants armés du Groupe Islamique Combattant Libyen, les islamistes somaliens, les militants du FIS algérien, le cheikh Omar Abdel Rahman et Oussama Ben Laden, voir Chérif Amir, op. cit., p.13.
[72] Hassan Al-Bannâ fut assassiné le 12 février 1949, date à laquelle Sayyid Qutb était aux États-Unis et n’était pas membre des FM.
[73] Bassam Tahhan a enseigné notamment à l’École de Guerre, à l'Université Paris III, Paris IV, à l’École polytechnique et à l’École nationale supérieure de techniques avancées. Bassam Tahhan : Les Frères Musulmans sont une organisation terroristehttps://www.youtube.com/watch?v=yVPvu6nodEY.

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