vendredi 26 avril 2019

Eric Zemmour "Le suicide français" - On n'est pas couché 4 octobre 2014


On n'est pas couché - Eric Zemmour - Livre "Le suicide français"
4 octobre 2014 - Laurent Ruquier avec Léa Salamé & Aymeric Caron

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L'ENSEIGNEMENT DE L'IGNORANCE ET SES CONDITIONS MODERNES
Pour comprendre l'évolution actuelle de France Culture et plus généralement des systèmes d'éducation publique de nos sociétés néo-libérales, Joëlle, auditrice de FC nous recommande le livre suivant :

L'ENSEIGNEMENT DE L'IGNORANCE ET SES CONDITIONS MODERNES
par Jean-Claude Michéa
Editions CLIMATS, 470 Chemin des pins 34170 Castelnau Le Nez
Réédité en 2006 dans la collection Climats Flammarion
Prix éditeur 12 €. Disponible en librairie ou sur les sites fnacamazonalapagechapitre, etc.

Ci-dessous quelques extraits choisis pour vous encourager à découvrir et acheter le livre :

<< Le mouvement qui, depuis trente ans, transforme l'Ecole dans un sens toujours identique, peut maintenant être saisi dans sa triste vérité historique. Sous la double invocation d'une « démocratisation de l'enseignement » - ici un mensonge absolu (27)et de la « nécessaire adaptation au monde moderne » (ici une demi-vérité), ce qui se met effectivement en place, à travers toutes ces réformes également mauvaises, c'est l'Ecole du Capitalisme total, c'est-à-dire l'une des bases logistiques décisives à partir desquelles les plus grandes firmes transnationales, - une fois achevé, dans ses grandes lignes, le processus de leur restructuration pourront conduire avec toute l'efficacité voulue la guerre économique mondiale du XXIe siècle.
   Si l'on conserve le moindre doute à ce sujet, ou si l'on trouve ces propos exagérés, il suffit - conformément aux recommandations de Machiavel - de se placer un instant au point de vue de l'ennemi et de se demander ce qu'il est condamné à vouloir étant donné ce qu'il est. Ce travail de vérification est heureusement simplifié, du fait que les seigneurs de guerre des Royaumes combattants de l'économie mondiale, avec toutes leurs armées de légistes et de lettrés, sont en permanence contraints de se réunir afin de coordonner leurs stratégies rivales et de veiller à ce que jamais elles ne mettent en péril ce qu'ils appellent si bien la gouvernabilité de ce monde. De là, un certain nombre de rapports, documents, comptes rendus, notes d'information, memoranda ou tout simplement témoignages qui, s'ils ne parviennent généralement jamais à la connaissance du grand public, demeurent encore, du moins pour l'instant, en partie accessibles aux esprits curieux et aux enquêteurs obstinés (28) 
   C'est ainsi, par exemple, qu'en septembre 1995, - sous l'égide de la fondation Gorbatchev - « cinq cents hommes politiques, leaders économiques et scientifiques de premier plan (29) », constituant à leurs propres yeux l'élite du monde, durent se réunir à l'Hôtel Fairmont de San Francisco pour confronter leurs vues sur le destin de la nouvelle civilisation. Étant donné son objet, ce forum était naturellement placé sous le signe de l'efficacité la plus stricte : « Des règles rigoureuses forcent tous les participants à oublier la rhétorique. Les conférenciers disposent tout juste de cinq minutes pour introduire un sujet : aucune intervention lors des débats ne doit durer plus de deux minutes (30) ». Ces principes de travail une fois définis, l'assemblée commença par reconnaître - comme une évidence qui ne mérite pas d'être discutée - que « dans le siècle à venir, deux-dixièmes de la population active suffiraient à maintenir l'activité de l'économie mondiale »Sur des bases aussi franches, le principal problème politique que le système capitaliste allait devoir affronter au cours des prochaines décennies put donc être formulé dans toute sa rigueur : comment serait-il possible, pour l'élite mondiale, de maintenir la gouvernabilité des quatre-vingts pour cent d'humanité surnuméraire, dont l'inutilité a été programmée par la logique libérale!
  La solution qui, au terme du débat, s'imposa, comme la plus raisonnable, fut celle proposée par Zbigniew Brzezinski (31) sous le nom de tittytainment. Par ce mot-valise (32) il s'agissait tout simplement de définir un « cocktail de divertissement abrutissant et d'alimentation suffisante permettant de maintenir de bonne humeur la population frustrée de la planète ». Cette analyse, cynique et méprisante (33), a évidemment l'avantage de définir, avec toute la clarté souhaitable, le cahier des charges que les élites mondiales assignent à l'école du XXIe siècle. C'est pourquoi il est possible, en se fondant sur elle, de déduire, avec un risque limité d'erreur, les formes a priori de toute réforme qui serait destinée à reconfigurer l'appareil éducatif selon les seuls intérêts politiques et financiers du Capital. Prêtons-nous un instant à ce jeu.
   Tout d'abord, il est évident q'un tel système devra conserver un secteur d'excellence, destiné à former, au plus haut niveau, les différentes élites scientifiques, techniciennes et manageriales qui seront de plus en plus nécessaires à mesure que la guerre économique mondiale deviendra plus dure et plus impitoyable.
  Ces pôles d'excellence - aux conditions d'accès forcément très sélectives devront continuer à transmettre de façon sérieuse (c'est-à-dire probablement, quant à l'essentiel, sur le modèle de l'école classique (34) non seulement des savoirs sophistiqués et créatifs, mais également (quelles que soient, ici ou là, les réticences positivistes de tel ou tel défenseur du système) ce minimum de culture et d'esprit critique sans lequel l'acquisition et la maîtrise effective de ces savoirs n'ont aucun sens ni, surtout, aucune utilité véritable.
  Pour les compétences techniques moyennes - celles dont la Commission européenne estime qu'elles ont « une demi-vie de dix ans, le capital intellectuel se dépréciant de 7 % par an, tout en s'accompagnant d'une réduction correspondante de l'efficacité de la main d'oeuvre (35) » - le problème est assez différent. I1 s'agit, en somme, de savoirs jetables - aussi jetables que les humains qui en sont le support provisoire - dans la mesure où, s'appuyant sur des compétences plus routinières, et adaptés à un contexte technologique précis, ils cessent d'être opérationnels sitôt que ce contexte est lui-même dépassé. Or, depuis la révolution informatique, ce sont là des propriétés qui, d'un point de vue capitaliste, ne présentent plus que des avantages. Un savoir utilitaire et de nature essentiellement algorithmique - c'est-à-dire qui ne fait pas appel de façon décisive à l'autonomie et à la créativité de ceux qui l'utilisent - est en effet un savoir qui, à la limite (36), peut désormais être appris seul, c'est-à-dire chez soi, sur un ordinateur et avec le didacticiel correspondant. En généralisant, pour les compétences intermédiaires, la pratique de l'enseignement multimédia à distance, la classe dominante pourra donc faire d'une pierre deux coups. D'un côté, les grandes firmes (Olivetti, Philips, Siemens, Ericsson etc.) seront appelées à « vendre leurs produits sur le marché de l'enseignement continu que régissent les lois de l'offre et de la demande (37) ». De l'autre, des dizaines de milliers d'enseignants (et on sait que leur financement représente la part principale des dépenses de l'éducation nationale) deviendront parfaitement inutiles et pourront donc être licenciés, ce qui permettra aux Etats d'investir la masse salariale économisée dans des opérations plus profitables pour les grandes firmes internationales.
   Restent enfin, bien sûr, les plus nombreux ceux qui sont destinés par le système à demeurer inemployés (ou à être employés de façon précaire et flexible, par exemple dans les différents emplois MacDo) en partie parce que, selon les termes choisis de l'OCDE (38), « ils ne constitueront jamais un marché rentable » et que leur « exclusion de la société s'accentuera à mesure que d'autres vont continuer à progresser ». C'est là que le tittytainment devra trouver son terrain d'élection. I1 est clair, en effet, que la transmission coûteuse de savoirs réels - et, a fortiori, critiques -, tout comme l'apprentissage des comportements civiques élémentaires ou même, tout simplement, l'encouragement à la droiture et à l'honnêteté, n'offrent ici aucun intérêt pour le système, et peuvent même représenter, dans certaines circonstances politiques, une menace pour sa sécurité. C'est évidemment pour cette école du grand nombre que l'ignorance devra être enseignée de toutes les façons concevables. Or c'est là une activité qui ne va pas de soi (39), et pour laquelle les enseignants traditionnels ont jusqu'ici, malgré certains progrès, été assez mal formés. L'enseignement de l'ignorance impliquera donc nécessairement qu'on rééduque ces derniers, c'est-à-dire qu'on les oblige à « travailler autrement », sous le despotisme éclairé d'une armée puissante et bien organisée d'experts en « sciences de l'éducation ». La tâche fondamentale de ces experts sera, bien entendu, de définir et d'imposer (par tous les moyens dont dispose une institution hiérarchisée pour s'assurer la soumission de ceux qui en dépendent) les conditions pédagogiques et matérielles de ce que Debord appelait la « dissolution de la logique (40) » : autrement dit « la perte de la possibilité de reconnaître instantanément ce qui est important et ce qui est mineur ou hors de la question ; ce qui est incompatible ou, inversement, pourrait bien être complémentaire; tout ce qu'implique telle conséquence et ce que, du même coup, elle interdit ». Un élève ainsi dressé, ajoute Debord, se trouvera placé « d'entrée de jeu, au service de l'ordre établi, alors que son intention a pu être complètement contraire à ce résultat. I1 saura pour l'essentiel le langage du spectacle, car c'est le seul qui lui est familier : celui dans lequel on lui a appris à parler. I1 voudra sans doute se montrer ennemi de sa rhétorique : mais il emploiera sa syntaxe (41) ».
  Quant à l'élimination de toute "common decency", c'est-à-dire à la nécessité de transformer l'élève en consommateur incivil et, au besoin, violent, c'est une tâche qui pose infiniment moins de problèmes. I1 suffit ici d'interdire toute instruction civique effective et de la remplacer par une forme quelconque d'éducation citoyenne (42), bouillie conceptuelle d'autant plus facile à répandre qu'elle ne fera, en somme, que redoubler le discours dominant des médias et du showbiz; on pourra de la sorte fabriquer en série des consommateurs de droit, intolérants, procéduriers et politiquement corrects, qui seront, par là même, aisément manipulables tout en présentant l'avantage non négligeable de pouvoir enrichir à l'occasion, selon l'exemple américain, les grands cabinets d'avocats.
   Naturellement, les objectifs ainsi assignés à ce qui restera de l'Ecole publique supposent, à plus ou moins long terme, une double transformation décisive. D'une part celle des enseignants, qui devront abandonner leur statut actuel de sujets supposés savoir afin d'endosser celui d'animateurs de différentes activités d'éveil ou transversales, de sorties pédagogiques ou de forums de discussion (conçus, cela va de soi, sur le modèle des talk-shows télévisés); animateurs qui seront préposés, par ailleurs, afin d'en rentabiliser l'usage, à diverses tâches matérielles ou d'accompagnement psychologique. D'autre part, celle de l'Ecole en lieu de vie, démocratique et joyeux, à la fois garderie citoyenne - dont l'animation des fêtes (anniversaire de l'abolition de l'esclavage, naissance de Victor Hugo, Halloween...) pourra avec profit être confiée aux associations de parents les plus désireuses de s'impliquer - et espace libéralement ouvert à tous les représentants de la cité (militants associatifs, militaires en retraite, chefs d'entreprise, jongleurs ou cracheurs de feu, etc.) comme à toutes les marchandises technologiques ou culturelles que les grandes firmes, devenues désormais partenaires explicites de « l'acte éducatif», jugeront excellent de vendre aux différents participants. Je pense qu'on aura également l'idée de placer, à l'entrée de ce grand parc d'attractions scolaires, quelques dispositifs électroniques très simples, chargés de détecter l'éventuelle présence d'objets métalliques. >>
¤ ¤ ¤ ¤ ¤
27. Même Antoine Prost a fini par reconnaître que « les réformes voulant assurer l'égalité des chances ont eu le résultat contraire » (l'enseignement s'est-il démocratisé 1992). Par exemple, « le pourcentage d'étudiants d'origine populaire à l'ENA, l'ENS et l'X est passé de 15,4% pour 1966-1970 à 7% pour 1989-1993 ». (bak)

28. Après la révélation par certaines organisations non gouvernementales des tractations secrètes sur l'AMI, certains des seigneurs de guerre se sont d'ailleurs plaints de cette accessibilité et ont promis des mesures pour y faire face. On sait que dans le monde des médias, c'est précisément la fonction d'un Alain Duhamel (j'emploie ici ce nom dans un sens générique, comme on dit un Tartuffe ou un Quisling) de dissimuler au public l'existence de ce genre de documents puis - s'ils viennent a être découverts - de mentir avec aplomb sur leur signification réelle. Rappelons, au passage, que le véritable Alain Duhamel est un des membres éminents du « Siècle », c'est-à-dire de « l'un des clubs français très fermés où se côtoient les élites du monde politique, de la finance, de l'industrie, des médias » (Pierre Bitoun, Les Cumulards, Stock 1998, pp. 44 et 230.) Au train où vont les choses, ce dont les citoyens auront bientôt besoin pour découvrir les décisions qui sont prises "en leur nom", ce n'est plus d'esprits curieux, mais bel et bien d'agents secrets. (bak)

 29. Cf. Hans Peter Martin et Harald Schumann, Le Piège de la mondialisation, Solin-Actes Sud, 1997. Toutes les citations qui suivent sont empruntées à ce témoignage direct. (bak)

30. De fait, il est difficile de faire plus court que John Gage, dirigeant américain de Sun Microsystems: « Nous engageons nos employés par ordinateur, ils travaillent sur ordinateur et ils sont virés par ordinateur. » (bak)

31. Ancien conseiller de Jimmy Carter et fondateur, en 1973, de la Trilatérale, « club encore plus impénétrable que le Siècle, qui regroupait en 1992 environ 350 membres américains, européens et japonais » et qui constitue « un des lieux où s'élaborent les idées et les stratégies de l'internationale capitaliste» (P. Bitoun, op. cit. p. 44.) (bak)

 32. Entertainment signifie divertissement et tits, en argot américain, les seins. (bak)

 33. Analyse où l'on retrouve sans trop de peine la représentation que les élites intellectuelles et médiatiques se font spontanément des gens ordinaires (de cette « France moisie » comme dirait l'élégant Sollers) : un monde peuple de "beaufs" et de "Deschiens", cible quotidienne des dessins de Cabu ou des Guignols de l'info. On notera ici l'étonnante puissance de récupération du système : au XIXe siècle, le Guignol était l'une des quelques armes dont disposait encore le petit peuple pour brocarder ses maîtres. I1 est devenu aujourd'hui l'artillerie lourde que l'élite emploie pour se moquer du peuple. On peut imaginer ce qu'il adviendra de Robin des Bois le jour où, pour des raisons d'Audimat, Vivendi demandera à ses employés de lui donner à nouveau une existence télévisée. (bak)

34. Le Capital ne plaisante plus avec la pédagogie chaque fois qu'il s'agit des affaires sérieuses et qu'il a besoin de résultats réels. Quand, par exemple, le sport cesse d'être un jeu et une fête pour devenir une industrie où seule la victoire est rentable, on se garde bien de confier la formation des futurs vainqueurs à des Foucambert ou des Meirieu. Comme l'écrit Liliane Lurçat, (La Destruction de l'enseignement élémentaire et ses penseurs, Paris 1998, p. 25) : « La rigueur pédagogique a déserté les bancs de l'école pour s'exercer dans les lieux où l'on pratique les sports. Curieusement, dans ces lieux, on ne prétend pas s'appuyer sur le constructivisme, et la rigueur pédagogique n'y est pas considérée comme une entrave à la spontanéité. » Et, étrangement, l'origine populaire de la plupart des sportifs n'est jamais invoquée ici comme un obstacle à cette rigueur pédagogique traditionnelle. (bak)

35. Rapport du 24 mai 1991. Cité dans Tableau Noir (Gérard de Selys et Nico Hirtt, EPO, Bruxelles, 1998). Ce petit livre indispensable reproduit abondamment les textes que la Commission Européenne, l'OCDE ou 1'European Round Table (l'un des lobbies communautaires les plus discrets et les plus efficaces et dont Edith Cresson est la passionaria infatigable) consacrent, depuis quelques années a définir les « ajustements structurels » exigés par la réforme capitaliste de l'ecole. Comme ces rapports ne sont pas destinés à être lus par le "peuple souverain", les auteurs s'y expriment avec un cynisme qui est tout à fait stupéfiant. (bak)

36. « Parenthèse sur l'enseignement : on bavarde interminablement sur la crise de l'enseignement, chaque ministre produit sa réforme, et on laisse de côte, et pour cause, l'essentiel. Comme le disait déjà Platon, il y a 2500 ans, à la base de toute acquisition et de toute transmission de savoir, il y a l'eros : l'amour pour l'objet enseigné qui passe nécessairement par une relation affective spécifique entre enseignant et enseigné » (C. Castoriadis, La fin de l'histoire, Éditions du Félin, 1932.) Ces évidences de base nous rappellent les limites  a priori de tout télé-enseignement. Ce que la machine peut inculquer c'est, au mieux, un savoir coupe de ses supports affectifs et culturels et par conséquent privé de sa signification humaine et de ses potentialités critiques. Dans son principe, il n'est pas différent de celui qu'un dressage habile pourrait « enseigner » à un animal. Mais on sait bien que « les milliards de Bill Gates sont nés, entre autres, de cette petite lumière imbécile qui s'allume dans le crâne d'un ministre dès qu'on prononce devant lui les mots ordinateurs, informatique ou modernité ». (Charlie-Hebdo, 17.9.1997). Est-il utile de préciser que cet article de Philippe Val est consacré à M. Allegre! (bak)

37. Commission européenne. Rapport cité. (bak)

38. Rapport de la « Table Ronde de Philadelphie », février 1996. Cité dans Tableau noir, p. 43. (bak)

39. Si on enseigne à un élève que « Socrate est un homme » et que « tous les hommes sont mortels », il faut, dans les conditions normales, déployer plus d'efforts pour l'empêcher de conclure que « Socrate est mortel » que pour l'amener à cette conclusion. Le rôle des sciences de l'éducation est précisément de détruire ces conditions normales afin d'obtenir de l'élève l'illogisme politiquement utilisable. (bak)

40. G. Debord, Commentaires sur la Société du Spectacle. Ed. Lebovici, 1988, p.36. I1 s'agit, notons-le, d'une véritable révolution culturelle car, comme le précise Debord, jusqu'à une période récente, « presque tout le monde pensait avec un minimum de logique, à l'éclatante exception des crétins et des militants » (p. 39). En ce sens, on pourrait dire que la réforme scolaire idéale, du point de vue capitaliste, est donc celle qui réussirait le plus vite possible a transformer chaque lycéen et chaque étudiant en un crétin militant. (bak)

41. G. Debord, p. 40. (bak)

42. Quand la classe dominante prend la peine d'inventer un mot (« citoyen » employé comme adjectif) et d'imposer son usage, alors même qu'il existe, dans le langage courant, un terme parfaitement synonyme (civique) et dont le sens est tout à fait clair, quiconque a lu Orwell comprend immédiatement que le mot nouveau devra, dans la pratique, signifier l'exact contraire du précédent. Par exemple, aider une vieille dame à traverser la rue était, jusqu'ici, un acte civique élémentaire. I1 se pourrait, à présent, que le fait de la frapper pour lui voler son sac représente avant tout (avec, il est vrai, un peu de bonne volonté sociologique) une forme, encore un peu naïve, de protestation contre l'exclusion et l'injustice sociale, et constitue, à ce titre, l'amorce d'un geste citoyen. (bak)
 
 
Texte © Jean-Claude Michéa & Editions CLIMATS - Merci de ne pas reproduire sans autorisation

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