On nous rebat les oreilles avec la colonisation et on s’emploie à nous la faire payer.
Vous y étiez, vous, à Nantes, aux XVIIe et XVIIIe siècles ? Vous étiez né ? Je gage que non. Combien étaient-ils, les salauds qui déportaient dans les îles et en Amérique de pauvres gens pour les faire travailler dans les plantations ?
Pas nombreux. Tels nos oligarques d’aujourd’hui, ils se foutaient éperdument du reste de la population française qui d’ailleurs ignorait leur activité, et ils exploitaient tous ceux qu’ils pouvaient. Leurs servantes et leurs valets – des blancs – étaient sous payés et maltraités car la morale ne les étouffait pas, ces petits oligarques d’alors. Non, ils n’étaient pas nombreux, ces ordures, semblables aux ordures d’aujourd’hui qui exploitent les peuples moins développés ou moins riches qui ne peuvent réagir. Qui les exploitent d’ailleurs avec la complicité active des dirigeants de ces peuples. Tout comme ces esclavagistes des siècles antérieurs achetaient des esclaves aux chefs et roitelets africains qui vendaient leurs populations ou celles des voisins en échange de colifichets. Une alliance de Nantais et d’Africains. Et que je sache, les Africains d’aujourd’hui ne font pas repentance pour le tort incommensurable que leurs ancêtres ont fait à ces populations.
Vous y étiez, vous, Français d’aujourd’hui ? Non, bien sûr, sinon vous auriez trouvé le secret de l’immortalité. Alors quelle est votre faute ? Aucune. Moi, je refuse de me repentir pour ce que je n’ai pas fait à une époque dans laquelle je n’existais pas et pour des actes que jamais je n’aurais commis. Je refuse d’endosser la responsabilité d’une poignée de salauds qui sont morts depuis belle lurette et dont la majorité de la population ignorait les activités. Et je refuse l’idée que mes descendants se voient obligés à leur tour de faire repentance pour les crimes commis par notre président, car ce qu’il reproche aux Français d’autrefois, il le commet, lui.
Comme les Français d’autrefois, ceux d’aujourd’hui ignorent, malgré les moyens informatiques qui n’existaient pas alors, les activités ignominieuses de nos dirigeants à l’étranger. Oui, ils commettent des horreurs alors même qu’ils incriminent les ancêtres. Oui, ils maltraitent des peuples, les gazent, les mitraillent, les torturent, les assassinent. Oui, ils commettent des génocides. Voyez le malheureux Yemen. Et je parle d’aujourd’hui, en ce moment même. La France, troisième plus gros vendeur d’armes mondial, alimente grassement l’Arabie saoudite qui a acheté entre 2000 et 2010 pour 9 milliards d’armes à notre pays. Les Français, dans leur majorité, l’ignorent, comme ceux d’autrefois ignoraient les activités de la traite et de l’esclavage. Le Yemen, attaqué par une énorme coalition, est soumis à la famine, aux épidémies, à la destruction de l’antique ville de Saana, aux horreurs de l’occupation, viols, pillage, tortures, assassinats, ensevelissements vivants dans les décombres de leurs habitations. Et notre gouvernement fait des vols de reconnaissance pour le compte de l’Arabie saoudite, lui a transféré des nacelles Thalès Damoclès XF de téléguidage des bombes, lui a livré des avions ravitailleurs, des canons, des hélicoptères, des blindés, des véhicules légers, et j’en passe. Au profit entre autres de la firme française Nexter qui en fabrique une bonne partie. Cette firme, je la compare aux grandes compagnies négrières d’antan.
Et nous, peuple de France, qu’y pouvons-nous ? Et d’ailleurs la plupart d’entre nous ignore ces faits, dont beaucoup sont classés secret défense. Vous pensez bien que nos gouvernants ne vont pas se vanter de leur ignominie, et que de toutes façons, notre implication dans cette guerre immonde est camouflée sous des prétextes tous plus mensongers les uns que les autres. Comme cela fut le cas en Irak ou en Libye. Et je ne parle ici que du Yemen, car notre gouvernement fait bien d’autres victimes dans le monde.
Alors non, Monsieur Macron, quand on commet des horreurs encore pires que l’esclavage, car oui, on peut faire encore pire, on ne peut se permettre de réclamer la repentance pour des actes d’autrefois et faire payer des gens qui n’étaient pas nés. La repentance, c’est aujourd’hui que vous devez la faire. Sur les crimes commis aujourd’hui sans l’accord de votre population. Vous devez la faire vous-même, en personne. On ne va tout de même pas demander à nos descendants, ceux qui naîtront dans un siècle, de se repentir, non ?
Louise Guersan
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