lundi 18 novembre 2019

Trois retraités tués atrocement, une jeune femme violée cruellement... Les barbares mahorais de Montluçon devant la justice

 Après le meurtre d’un couple de retraités, premier d’une série de crimes qui avait secoué Montluçon (Allier) en mars 2017.

Deux jeunes sont accusés d’avoir tué sauvagement trois personnes âgées et infligé un long supplice à une jeune femme violée à de multiples reprises, en 2017, dans l’Allier. Leur procès s’ouvre ce lundi.

 Après le meurtre d’un couple de retraités, premier d’une série de crimes qui avait secoué Montluçon (Allier) en mars 2017.



Du sang, partout. Sur les murs, les plafonds, les meubles, les objets. Lorsqu'ils pénètrent, ce 3 mars 2017, dans le modeste appartement des époux Degl'Innocenti, les policiers comprennent très vite qu'ils n'ont pas à faire à un simple cambriolage. Ils découvrent un carnage.

http://www.leparisien.fr/amp/faits-divers/trois-retraites-tues-une-jeune-femme-violee-les-barbares-de-montlucon-devant-la-justice-18-11-2019-8195430.php

Sur son lit médicalisé, Ginette Degl'Innocenti, 85 ans gît, le crâne déformé par les coups, dans une marée rougeâtre parsemée de tessons de bouteille. Dans une autre chambre, sous un monceau de vêtements, son époux Massimo, 71 ans, est allongé au sol, le corps lacéré et le visage enfoncé. Les deux retraités ont été suppliciés, entre autres, à l'aide d'un marteau, d'aiguilles à tricoter, d'une barre de penderie, d'un couteau à pain. Le ou les agresseurs n'ont même pas épargné les perruches du couple, qui reposent sur le flanc, dans leur cage.

Insoutenable, la scène n'est pourtant que le prélude d'une série de crimes atroces qui allait secouer la ville de Montluçon en mars 2017, provoquant un début de psychose dans cette sous-préfecture tranquille du département de l'Allier. Dix jours durant lesquels une autre retraitée, Jeanine Ponce, 74 ans, sera mise à mort dans des conditions similaires, et une jeune femme violée pendant des heures en présence de son compagnon…

Des crimes dont répondent à partir de ce lundi 18 novembre, et jusqu'à vendredi devant la cour d'assises des mineurs, à Moulins, deux jeunes garçons originaires de Mayotte. Alors âgés de seulement 17 et 18 ans, ils auraient agi sans raison, si ce n'est par désœuvrement.

«Un scénario à la Orange mécanique»
« C'est un scénario à la Orange mécanique, la musique classique en moins », avait résumé un enquêteur. Une référence au film de Stanley Kubrick soulignant la dimension gratuite et ultra-violente de ces crimes, que laisse entrevoir les qualifications juridiques retenues : meurtres accompagnés d'actes de torture et de barbarie sur personnes vulnérables, vols, tentative de viol sur personne vulnérable, viols en réunion, séquestration.

Au lendemain du massacre des époux Degl'Innocenti, la police dispose toutefois d'éléments sérieux : des empreintes de doigts et des traces d'ADN et une description physique d'au moins un des agresseurs.

L'alerte a en effet été donnée par une collègue de Massimo Degl'Innocenti, porteur de journaux afin d'arrondir sa maigre retraite et subvenir aux besoins de son épouse, impotente depuis un accident vasculaire cérébral (AVC) cinq ans plus tôt. Vers 3 heures, ne le voyant pas venir pour sa tournée, cette femme s'était rendue chez lui et s'était trouvée face à face avec un jeune homme qui lui avait claqué la porte au nez.

Un calvaire de deux heures et demie
Nouvelle scène d'horreur le lundi 13 mars, cette fois au domicile de Jeanine Ponce, une retraitée vivant seule avec son chien. Son corps partiellement dénudé et lardé de coups de couteau est étendu dans une flaque de sang et de vomi. Son dentier a été brisé sous la force des coups, son appartement retourné. A son doigt, son ou ses agresseurs ont passé un anneau surmonté de l'inscription « friends » (NDLR : amis en anglais)… le même que celui jeté au sol, parmi d'autres verroteries, au domicile de M. par ses deux agresseurs en guise de « paiement ».

La veille, dimanche 12 mars au matin, cette jeune femme avait été violée à d'innombrables reprises chez elle par deux hommes s'étant introduit à son domicile, en plein cœur de Montluçon.

Vers 6 heures, elle les avait vus entrer dans son salon, munis de haches. Très vite, posant la lame sur son cou, l'un des agresseurs lui impose une fellation tandis que son comparse part chercher dans la salle de bains, L., son compagnon. Celui-ci est frappé avec le dos de l'arme, jeté au sol, menacé de se faire « couper les mains et les pieds ». Il est ensuite ligoté, son visage, jusqu'à ses yeux et ses oreilles, recouvert de ruban adhésif.

La suite n'est qu'un long calvaire pour M., violée brutalement dans toutes les pièces par ses agresseurs, parfois à deux, tandis que lui sont extorqués ses codes de carte bleue. Deux heures trente durant lesquelles elle les supplie d'arrêter. Ultime humiliation, en partant, son violeur principal émettra même l'idée qu'ils pourraient « être ensemble » désormais…

Un suspect se vante d'être «le tueur de Montluçon»
Le 13 mars au soir, Zaki Ali Toumbou est interpellé, ivre, en pleine rue. Ce Mahorais de tout juste 18 ans, déjà connu pour des vols, a été formellement reconnu par M. et L. sur une vidéo tournée quelques heures avant leur séquestration, le samedi 11. Il avait été filmé, titubant et menaçant, par les videurs de la discothèque du Diams, alors qu'il se vantait d'être « le tueur de Montluçon ».

Des aveux réitérés en garde à vue, sans une once d'empathie ni de prise de conscience. Egalement confondu par son ADN, il tentera de minimiser ses gestes en impliquant de pseudo-complices, finalement mis hors de cause… sauf un. Il s'agit de D. A., un ami Mahorais âgé de 17 ans qui vit de trafic de stupéfiants et domicilié à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), où il sera interpellé quelques semaines plus tard.

Tout en minimisant ses actes, le duo reconnaîtra les atrocités commises sur les victimes, notamment une tentative de viol sur Jeanine Ponce par D.A., qu'il dit avoir essayé d'étrangler, notamment avec ses câbles d'oxygène, lui avoir sauté à pieds joints sur le ventre avant de l'étouffer en lui vidant deux bouteilles d'insecticides dans la bouche. Une cruauté qu'ils n'expliquent pas, racontant simplement avoir voulu « ouvrir des portes » pour voler, sous l'emprise de l'alcool et de cannabis. Leur butin ? Quelques centaines d'euros et des bijoux en toc.

«À Mayotte, il a été confronté à une violence folle»
Pour leurs défenseurs, l'enjeu du procès sera de comprendre la dérive de gamins élevés à Mayotte puis confiés à la garde d'un oncle, un cousin, un frère en métropole. En vain. Tous deux étaient alors sans emploi ni formation, abonnés à la petite délinquance.

«À Mayotte, il a été confronté à une violence folle et a sombré dans l'alcool et les stupéfiants dès l'âge de 13 ans, avant d'être livré à lui-même en métropole…», détaillent Me Renaud et Gilles-Jean Portejoie, avocats de Zaki Ali Toumbou, qui encourt la réclusion criminelle à perpétuité. « Aussi abominables soient les faits, reprennent-ils, la question qui se posera au tribunal sera de savoir si aucune évolution n'est et ne sera possible ».

« C'est une vie que l'on juge », abonde Me Jean-Louis Deschamps, dont le client, A.D., du fait de sa minorité à l'époque des faits, risque, lui, jusqu'à trente ans de prison.

Le procès devrait se tenir à huis clos, c'est-à-dire sans public ni médias, à moins que les parties civiles n'acceptent un huis clos partiel.

Par Louise Colcombet
Le 18 novembre 2019 à 06h31

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