mercredi 23 mai 2018

Banlieues : Marine Le Pen et un député égyptien mettent en cause l'influence du Qatar (22.05.2018)

Lors d'une conférence de presse commune, Marine Le Pen et le député égyptien Abdelrahim Ali ont dénoncé le financement du « fondamentalisme islamiste » par des « Pays corrupteurs ».

«Nul n'est prophète en son pays.» C'est par cette maxime que Marine Le Pen a justifié, mardi, l'invitation à l'Assemblée nationale du journaliste, islamologue et député égyptien, Abdelrahim Ali, venu mettre en garde la France lors d'une conférence de presse sur la dérive du «fondamentalisme islamiste» ayant court sur son territoire, à «l'aube d'actions très dangereuses.»

Par Charles Sapin Publié le 22/05/2018 à 21h39 LE SCAN POLITIQUE - 

Des avertissements en rien nouveaux dans le discours du Front national: «Certains diront que nous ne pensons qu'à ça. La vérité est que nous sommes les seuls à y penser», a balayé en guise d'introduction la cheffe de file du FN aux côtés du député des Pyrénées-Orientales, Louis Aliot. Mais puisqu'en France, il existe selon elle, «un amalgame entre lutte contre le fondamentalisme religieux et islamophobie», l'idée, ce mardi, était de faire passer le message par une émissaire difficilement soupçonnable de sentiments anti-musulman. A savoir, le docteur Ali, président fondateur du Centre des Études du Moyen-Orient à Paris, spécialiste reconnu de la mouvance des frères musulmans. «On veut donner une mauvaise image du parti de Marine Le Pen alors qu'elle respecte les religions, elle respecte l'islam», a salué en introduction l'expert, réputé proche du pouvoir égyptien comme des Émirats arabes unis.

Dans une longue prise parole retraçant en cinq actes l'histoire des Frères musulmans - de 1984 jusqu'à la naissance en 2014 de ce qu'il présente comme leur «fille»: Daech - le docteur a attiré l'attention de son auditoire sur les «douze milliards de dollars» injectés par l'organisation sunnite en Europe pour, prévient-il, «semer la zizanie, via différentes associations, dans la génération future.» Dans le viseur du parlementaire égyptien, les importants investissements du Qatar notamment «dans les banlieues françaises où sont financées des écoles pour semer la haine et où on apprend à faire le djihad», assure-t-il. «Est-ce qu'il est normal d'ouvrir les bras à un pays pour qu'il finance le terrorisme? Il ne faut pas réfléchir de manière naïve», conclut-il.


Des propos explosifs, sur lesquels n'a pas manqué de rebondir Marine Le Pen, fustigeant un «gouvernement qui fait la politique de l'autruche» comme «un certain nombre de responsables politiques qui ont été ou sont encore payés par le Qatar.» Une référence au livre de Christian Chesnot et Georges Malbrunot ( journaliste au Figaro ), Nos très chers émirs, publié aux Éditions Michel Lafon. Si la présidente du Front national veut croire à l'existence d'une collaboration entre l'Égypte et la France en matière de lutte contre le terrorisme, c'est une coopération beaucoup plus approfondie qu'elle appelle de ses vœux dans ce «deuxième étage du combat», qu'est «la lutte contre le projet politique du fondamentalisme religieux.» Par manque de coopération ou en raison de mauvaises relations diplomatiques, croit savoir la députée du Pas-de-Calais, le renseignement français est amputé d'informations capitales, telles que «la liste des 250 associations sur le territoire national affiliées aux frères musulmans» détenue par l'Égypte ou encore les informations détenues par les autorités russes sur «le Tchétchène qui a acquis la nationalité française», auteur d'un attentat à Paris le 12 mai dernier.







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