mercredi 30 mai 2018

Islamisme et politique 28.05.2018


Crise politique en Italie : quelles sont les prochaines étapes ? (28.05.2018)
Sergio Mattarella se pose en arbitre de la crise italienne
Des héros de la Révolution à Mamoudou Gassama : que signifie la naturalisation au mérite ? (28.05.2018)
Hétéro, cisgenre et monogame : qui rêve encore d’être « normal » ? (27.05.2018)
Italie : qui est Carlo Cottarelli, alias «monsieur ciseaux», chargé de former un gouvernement ? (28.05.2018)

Jean-Pierre Robin : «La zone euro est trop petite pour l'économie allemande en pleine forme» (27.05.2018)
Économie américaine: et si Trump réussissait? (18.05.2018)
Dans les quartiers de Lille, des «rodéos» de plus en plus violents (27.05.2018)

Crise politique en Italie : quelles sont les prochaines étapes ? (28.05.2018)

  • Mis à jour le 28/05/2018 à 13:00

  • Publié le 28/05/2018 à 09:11
Crise politique en Italie : la colère de la Ligue du Nord et du Mouvement 5 étoiles
VIDÉO - Chargé par la Ligue et le M5S de former un gouvernement, Giuseppe Conte a choisi de renoncer à sa mission après le refus du président italien d'avaliser un ministre de l'Économie eurosceptique. Alors qu'un gouvernement de transition se prépare, Le Figaro fait le point sur les prochaines dates essentielles.
• Dimanche 27 mai - Le président italien, Sergio Mattarella, a mis son veto au choix de l'eurosceptique Paolo Savona comme ministre de l'Économie et des Finances, tel que le proposait Giuseppe Conte, chargé de former un gouvernement dans le cadre de l'alliance entre la Ligue et le Mouvement cinq Étoiles (M5S), les deux partis ayant remporté les élections législatives du 4 mars. Cette décision présidentielle a poussé le professeur de droit Giuseppe Conte à renoncer à la mission dont il avait été chargé quatre jours auparavant et a déclenché l'ire des dirigeants de la Ligue et du M5S, qui estiment que le président italien a trahi la Constitution et répond aux ordres des puissances européennes.
• Lundi 28 mai - À l'opposé des positions de l'alliance entre la Ligue et le M5S qui s'érigent contre les règles d'austérité budgétaire fixées par l'Union européenne, Sergio Mattarella convoque, au palais du Quirinal, Carlo Cottarelli, dit «monsieur ciseaux». Le président italien a demandé à cet économiste, ancien du Fonds monétaire international, de former un nouveau gouvernement de transition. Actuellement directeur de l'Observatoire des comptes publics, ce dernier a multiplié récemment les mises en garde sur le coût économique du programme de gouvernement signé par le Mouvement cinq Étoiles et la Ligue.
• Fin mai/début juin - Si Carlo Cottarelli parvient à former un gouvernement de techniciens, il verra néanmoins son choix avalisé, ou non, par le Parlement italien, une réponse favorable étant très improbable dans la mesure où les deux chambres sont dominées par le M5S et la Ligue, qui lui sont hostiles. Néanmoins, même si son gouvernement n'obtenait pas la confiance du parlement, il resterait en place pour expédier les affaires courantes, notamment pour élaborer avant la fin décembre le budget pour l'année 2019 et éviter une hausse automatique de la TVA en cas de creusement du déficit.
• Septembre/octobre - Si le gouvernement de Carlo Cottarelli n'obtenait pas la confiance du Parlement, ce qui est, en l'état, le plus probable, de nouvelles élections seraient organisées, au sortir de l'été. D'après les derniers sondages, de nouvelles élections pourraient profiter à la Ligue, qui a remporté 17% des voix en mars, tandis que le M5S consoliderait sa base. Si elle était maintenue, leur alliance emporterait donc une majorité plus large encore qu'aujourd'hui, ce qui ne laisse pas présager d'une sortie de crise politique en Italie.

Crise politique en Italie : la colère de la Ligue du Nord et du Mouvement 5 étoiles
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Sergio Mattarella se pose en arbitre de la crise italienne (28.05.2018)
  • Par   Le figaro.fr 
  • Mis à jour le 28/05/2018 à 15:38 
  • Publié le 28/05/2018 à 15:11
Dans un pays qui a déjà connu 64 gouvernements depuis 1946, le rôle de gardien sourcilleux de la Constitution qu'endosse le président de la République italienne a toujours été essentiel.
En temps ordinaire, la fonction se veut honorifique, régime parlementaire oblige. Pourtant le président de la République italienne, Sergio Mattarella, a pesé de tout son poids ces derniers jours dans la vie politique de son pays, n'hésitant pas à provoquer une crise sans précédent dans la péninsule. Garant du respect des traités internationaux, il a ainsi refusé dimanche soir la nomination de l'eurosceptique Paolo Savona, présenté par le Mouvement 5 Étoiles et la Ligue, au poste stratégique de ministre de l'Économie et des Finances. Pour justifier cette décision, il a expliqué que son devoir était de protéger les intérêts des épargnants italiens, estimant que cette nomination aurait constitué signal négatif envoyé aux marchés. «On ne peut m'imposer les noms des ministres», a réaffirmé Sergio Mattarella bien conscient que son rôle d'arbitre au-dessus de la mêlée est essentiel.
Droit de grâce, promulgation des lois, commandement des forces armées.... les prérogatives du président, figure institutionnelle très respectée dans le pays, résident principalement dans cette capacité à nommer le chef du gouvernement et les ministres sur proposition de ce dernier. Celle-ci lui est reconnue par l'article 92 de la Constitution. Ce n'est pas la première fois qu'un président italien en fait l'usage. Il existe au moins trois cas de ce type dans l'histoire de la République italienne. L'un des plus célèbres concerne Silvio Berlusconi. Le vainqueur des législatives en 1994 avait présenté au président d'alors, Oscar Luigi Scalfaro, le nom de son avocat Cesare Previti au poste de ministre de la Justice. Le président avait refusé de le faire, et le magnat des médias s'était finalement incliné.
Vers de nouvelles élections
Le président italien pourrait être amené à utiliser d'une autre arme institutionnelle pour sortir de la crise: la dissolution des Chambres. Cette dernière a beaucoup servi dans l'histoire de la République, la péninsule a connu pas moins de 64 gouvernements depuis 1946. Car le gouvernement technique que Carlo Cottarelli a été chargé de former pourrait rester mort-né s'il n'obtenait pas la confiance du Parlement. Or le scénario paraît plus que probable. Les parlementaires italiens ont en majorité déclaré qu'ils la lui refuseraient. Le gouvernement intérimaire risque donc d'expédier les affaires courantes en attendant la tenue de nouvelles élections. Ces dernières, selon le nouveau président du Conseil, se tiendront à l'automne ou au début de l'an prochain.
«Le président Mattarella n'a fait qu'exercer ses pouvoirs constitutionnels.»
Massimo Luciani, président de l'association des constitutionnalistes italien
En Italie, le débat fait désormais rage pour savoir si le président n'est pas sorti de ses prérogatives. «Le président Mattarella n'a fait qu'exercer ses pouvoirs constitutionnels», estime Massimo Luciani, président de l'association des constitutionnalistes italiens. Le président français, Emmanuel Macron, a salué a loué le «courage» et le «grand esprit de responsabilité» de son homologue. Mais en jouant les premiers rôles dans la crise actuelle, Sergio Mattarella s'est aussi exposé aux critiques. De son côté, Luigi di Maio, le chef de file du Mouvement 5 Étoiles, souhaite mettre le chef de l'État en accusation devant le Parlement et ainsi obtenir sa destitution. Celle-ci n'est possible qu'en cas de «haute trahison» ou d'«atteinte» à la Constitution. Elle a d'autant moins de chance d'aboutir que Matteo Salvini a clairement rejeté l'idée.
(Avec AFP)
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Des héros de la Révolution à Mamoudou Gassama : que signifie la naturalisation au mérite ? (28.05.2018)
Par Michel Renard
Publié le 28/05/2018 à 18h30
FIGAROVOX/TRIBUNE - Mamoudou Gassama, qui a sauvé un enfant sur un balcon à Paris, sera naturalisé français. Cette «citoyenneté d'honneur» était déjà prévue par une loi de 1792, selon l'historien Michel Renard, qui en interroge la pertinence à l'heure de l'immigration de masse.

Michel Renard est professeur d'histoire, et auteur avec Daniel Lefeuvre de Faut-il avoir honte de l'identité nationale? (éd. Larousse, 2008).

Devenir français à titre de récompense ou à titre d'honneur n'est pas nouveau. Encore faut-il mesurer les motivations de cette décision politique qui sanctifie plus souvent le symbole qu'elle n'évalue la portée manifeste de ses conséquences.
Par une loi d'août 1792, la Révolution française accordait le titre de citoyen français à «des hommes qui, par leurs écrits et par leur courage, ont servi la cause de la liberté, et préparé l'affranchissement des peuples, [et] ne peuvent être regardés comme étrangers par une Nation que ses lumières et son courage ont rendue libre». Mais comme ce titre n'était lié à aucune des obligations habituelles (résidence en France et prestation du serment civique), la mesure restait emblématique. C'était une citoyenneté d'honneur, marque de l'horizon universaliste des Jacobins, sans plus d'implication. Furent de la sorte distingués des Américains, des Anglais, des Allemands, des Polonais: Thomas Paine, George Washington, Jeremy Bentham, Anacharsis Cloots, Thadée Kosciuszko et d'autres encore. On oublie souvent que la Convention annula de fait cette loi par les décisions du 5 nivôse an II (2 décembre 1793): «tous les individus nés en pays étrangers sont exclus du droit de représenter le peuple français», et «les citoyens nés en pays étrangers qui sont actuellement membres de la Convention nationale ne pourront à compter de ce jour, participer à aucune de ses décisions».
L'image généralisante se heurtait aux réalités concrètes des conflits qui opposaient la France aux puissances européennes.
Dans un autre sens, le 26 octobre 1870, le gouvernement dit de «Défense nationale» décrète que les étrangers qui auront pris part à la guerre aux côtés de la France seront naturalisés sans délai. Or, les Allemands constituaient la première colonie étrangère à Paris (70 000 personnes) et voyaient grandir la suspicion à leur égard. De nombreux Allemands déposèrent donc des dossiers de naturalisation en référence à cette loi exceptionnelle, arguant de leur participation à la Garde nationale ou de leur mariage avec une Française (voir l'article de Mareike König, «Les immigrés allemands à Paris, 1870/71», éd. Mémoire-Génériques, 2010).
Dans ce cas, la loi a précipité une francisation de cœur et le choix d'une patrie d'adoption déjà effectuées. Ce qui ne recoupe pas la conjoncture présente.
À naturaliser des symboles, on risque de passer à côté des courants profonds de l'histoire concrète et de ses périls.
Plus près de nous, en 1999, une polémique a opposé au garde des Sceaux, la socialiste Elisabeth Guigou, la droite soutenant les revendications des légionnaires. Avant de naturaliser automatiquement un légionnaire blessé en mission, la Chancellerie souhaitait pouvoir vérifier son «degré d'attache avec la France». Le symbole du «sang versé» ne semblait pas suffisant. Le héros n'était pas immédiatement reconnu tel. On va plus vite aujourd'hui. Le 30 novembre 1999, le député Claude Goasguen s'exclamait en séance à l'Assemblée: «J'étais pour moi persuadé que servir dans la Légion donnait droit à l'acquisition de la nationalité française ; comme beaucoup de nos compatriotes, j'ai été surpris d'apprendre que ce n'est pas le cas, même pour ceux qui ont été blessés. Les dossiers s'accumulent dans des administrations dont les fonctionnaires n'ont jamais connu le feu». Finalement, les parlementaires socialistes déposèrent une proposition de loi qui allait dans le même sens que celui de l'opposition et la garde des Sceaux s'y rallia non sans susciter les sarcasmes pour sa volte-face. La loi ne concernait que quelques cas par an.
En France, 66 654 étrangers ont été naturalisés par décret en 2017, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur. Ils ont, en principe, répondu à des exigences juridiques et d'assimilation en matière linguistique et de connaissances de l'histoire et de la culture françaises.
Le malien Mamoudou Gassama est une «exception» souligne le président Macron. Peut-être. Mais n'est-il pas prisonnier d'une campagne d'opinion qui vante les mérites de l'immigration de masse en France et tait toutes les violences et les impossibles défis qui l'accompagnent? Mamoudou Gassama semble être celui qui devrait effacer ce qu'on ne veut pas voir. Tâche dont à lui seul, bien sûr, il ne s'acquittera pas. Comment ne pas opposer l'incroyable écho du geste du jeune Malien et la désolante pudeur devant les morts de soldats français, au Mali, par exemple?
L'instrumentalisation d'une naturalisation pour «héroïsme» a déjà fonctionné avec Lassana Bathily lors de la prise d'otages à l'Hyper Cacher de la Porte de Vincennes, le 9 janvier 2015. On pétitionnait pour qu'il obtienne la naturalisation immédiate. Ce qui fut le cas. Mais si Manuel Valls avait uniquement salué «l'acte de bravoure», le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, n'hésitait pas à déclarer que Lassana Bathily était «devenu le symbole d'un islam de paix et de tolérance».
À naturaliser des symboles, on risque de passer à côté des courants profonds de l'histoire concrète et de ses périls.
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Hétéro, cisgenre et monogame : qui rêve encore d’être « normal » ? (27.05.2018)
Le sexe traditionnel et ses pratiques peu originales ne font plus rêver les jeunes, estime Maïa Mazaurette, la chroniqueuse de « La Matinale du Monde ».
Le Monde | 27.05.2018 à 06h36 • Mis à jour le 27.05.2018 à 15h20

LE SEXE SELON MAÏA
Qui veut encore être « normal » ? Pas les jeunes. Selon une étude américaine, 20 % des millennials (18-34 ans) se définissent comme LGBTQ (GLAAD, 2017). Même son de cloche en Angleterre, où 43 % des 18-24 ans se voient comme non strictement hétérosexuels (Yougov, 2015). Rangeons notre scepticisme : cette évolution ne provient pas d’un sursaut hormonal ou d’une mode (combien de temps allons-nous utiliser l’argument « mode » dès qu’un changement sociétal nous déplaît ?). Il ne s’agit même pas forcément d’une contestation solide des normes. Objectivement, le label hétéro cisgenre monogame ne fait plus rêver. Trop rigide, trop hiératique ! Ses pratiques sexuelles notamment perdent leur pouvoir d’adhésion. Alors, le temps de l’autocritique est-il venu ? Certainement.
Il n’est pas inexact que la sexualité « tradi » a des ratés : culpabilisation (des femmes en particulier), goût du secret, attraction/répulsion envers les organes génitaux… et une amplitude des pratiques réduite comme peau de chagrin. Le script psychosexuel « normal » ne connaît que cinq pratiques : baisers, caresses, fellation, cunnilingus, pénétration vaginale (déclinée en quatre positions populaires : missionnaire, levrette, amazone, petites cuillères). Tout le reste est du domaine de l’exceptionnel (un massage érotique pour la Saint-Valentin) ou du soupçon (pénétrations anales sur les hommes ou les femmes, jeux de rôles, costumes, utilisation de substances ou d’accessoires, fist-fucking, BDSM, tantra, nipple play, masturbations prises au sérieux, la liste est plus épaisse qu’une baguette tradition).
Non seulement cette sexualité « normale » se focalise sur le génital, mais elle est terriblement arrogante. Ainsi entendons-nous régulièrement des personnes se ravir d’un érotisme consistant à mettre des excroissances dans des orifices, et qui vantent les mérites de la libération sexuelle. Le ridicule ne tue pas : on a découplé la sexualité de l’intention reproductrice, tout en gardant comme incontestable Graal l’unique pratique permettant de se reproduire (sous vos applaudissements).
Encore aujourd’hui, la pénétration vaginale règne en maîtresse incontestée, et pas toujours commode, sur nos vies sexuelles. Elle marque chaque étape importante de notre trajectoire, de la défloration à la nuit de noces, de la validation d’une aventure (« on l’a fait ») aux orgies libertines (« on l’a fait, mais à plein »), du discours amoureux (« après les préliminaires, on l’a fait ») à la première débandade (« je n’ai pas pu le faire »). Nous voici face à l’exact même acte, répété sur une vie entière, avec tous les partenaires – un intérêt monomaniaque pour une pratique qui en outre, n’est pas particulièrement efficace (un tiers des femmes n’ont habituellement pas d’orgasme, contre 5 % des hommes – et chez les femmes qui en ont, l’adjonction d’une stimulation manuelle et/ou d’un cunnilingus est la meilleure manière d’obtenir une jouissance).
Sexualité format timbre-poste
Côté désir, ça ne va pas vraiment mieux, puisque l’imaginaire hétérosexuel oublie d’érotiser la moitié de la population. Le corps des hommes ? Quel corps des hommes ? A ma gauche, les tenants d’une vision à œillères (« les femmes sont naturellement plus désirables »). A ma droite, les fatalistes (« les hommes ne se rendront jamais plus désirables, ils perdraient leur virilité »). En attendant, ça fait moitié de désir en moins.
Enfin, les formes de renouvellement actuellement proposées manquent d’imagination : au lieu d’exploser les cadres de la pénétration, on l’accélère (le « petit coup vite fait »), on la rend moins personnelle (en s’échangeant les uns les autres), on en supprime certains enjeux émotionnels (en couchant avec des inconnus, ou sans sentiments)… bref, une resucée du même. Changer les partenaires sans changer les pratiques ? On s’en mord la queue.
Vous me direz : et pourquoi pas, si ça rend les gens heureux de passer une vie entière à mettre des pénis dans des vagins ? Je suis absolument d’accord. Mais ça ne rend pas les gens heureux, du moins pas à long terme… or la monogamie rêve de long terme. Si ce système fonctionnait réellement, les sexologues, psys, vendeurs de lingerie à moumoute, experts en relations extraconjugales et avocats millionnaires spécialisés en divorce seraient au chômage. Leurs clients ne sont pas des imbéciles, ni des perdants. Ils sont simplement coincés dans une sexualité format timbre-poste, immobile, identique du premier rapport au dernier, à deux-trois détails près. Exactement comme si on était condamnés à manger les mêmes frites à la cantine tous les jours, avec pour Noël de la mayonnaise plutôt que du ketchup.
Cette absence de témérité est-elle structurelle ? Si vous êtes hétéro, cisgenre, en couple monogame, êtes-vous condamné(e) au délitement du désir et à l’ennui ? Eh bien, pas du tout. Les héritages existent : ils peuvent aussi être examinés, gentiment déclinés et raccompagnés au vestiaire. Une sexualité moins obsessionnellement répétitive émerge. Elle explore, elle se tâte (c’est un bon début), elle frôle le queer sans le phagocyter (de fait, se qualifier de « bizarre » quand on est majoritaire serait aberrant, et diluerait la force politique du concept).
Ne tombons pas dans l’exception qui confirme la règle
On pourrait en revanche parler d’influence queer : un couple fidèle (ne cherchant pas à faire un bébé dans l’immédiat) peut renoncer à la pénétration obligatoire, ou peut la décorréler du corps des femmes. Il peut ne plus penser du tout en termes de pénétration. Il peut se sentir bien dans ses genres, mais s’être débarrassé des comportements qui leur sont associés. Il accepte qu’on puisse être en situation de réceptivité sans être en position de passivité, ou qu’on puisse pénétrer en étant dominé. Il sait que les hommes sont pénétrables par la bouche, par l’anus et par le pénis (au risque de retourner le couteau dans la plaie), et présentent donc le même potentiel de réceptivité que les femmes. Il considère les parties génitales comme une simple option érotique, et cesse de découperles corps en morceaux hiérarchisés. Il sort le rapport de sa temporalité purement charnelle. Et parce que la liste serait infiniment longue, embrayons directement sur le plus important : ce couple hétéro-cisgenre-monogame-un-peu-queer-mais-pas-tradi adopte des pratiques non scriptées au quotidien, et ne les réserve aucunement à des moments exceptionnels.
Parce que dans le cas contraire, ça s’appelle de l’hypocrisie. Tout le monde a essayé, au moins une fois, de sortir de l’enchaînement confortable du sexe « comme à la télé ». Le problème ne se situe pas dans une absence de médiatisation des pratiques alternatives – elles sont volontiers épluchées publiquement – mais dans leur présentation comme des piments, escapades ou gratifications spéciales. Nous tombons alors dans l’exception qui confirme la règle : des petits pansements utiles quand l’ennui devient trop visible, mais remisés au placard après usage. Or si l’expérimentation ne sert qu’à se replier sur les valeurs sûres, non seulement on se promène en touriste comme dans un safari, mais on se donne bonne conscience en se vantant d’avoir transgressé son confort… mais sans avoirchangé de paradigme. Cet évitement de toute remise en question ne trompe pas la nouvelle génération.
Une sexualité fluide ne consiste pas à marcher à côté de l’autoroute en suivant le sens du trafic, ou en « finissant » sur l’autoroute. Sinon, effectivement, on peut se moquer de cette pusillanimité – un juste retour de balancier, étant donné l’ampleur de la condescendance dont nous accablons les plus jeunes. Alors, tous « has been » ? Les pratiques peut-être, mais pas les personnes. Dur à entendre ? Certes, mais gratter où ça démange constitue un excellent point de départ. Avant la sortie de route.

Italie : qui est Carlo Cottarelli, alias «monsieur ciseaux», chargé de former un gouvernement ? (28.05.2018)
  • Par  AFP, Reuters Agences 

  • Mis à jour le 28/05/2018 à 15:51 

  • Publié le 28/05/2018 à 00:20
Cet ancien haut responsable du Fonds monétaire international (FMI) a été chargé par le président italien de former la nouvelle équipe gouvernementale.
Le président italien Sergio Mattarella, à la recherche d'une solution après l'échec de Giuseppe Conte dans sa tentative de former un gouvernement, a demandé à l'économiste Carlo Contarelli de former le gouvernement, sans l'aval du Mouvement 5 étoiles et de la Ligue, grands vainqueurs des législatives du 4 mars.
Sergio Mattarella lui a demandé de former un gouvernement de transition composé de techniciens et chargé d'élaborer avant la fin décembre le budget 2019, notamment pour éviter une hausse automatique de la TVA en cas de creusement du déficit. Si ce gouvernement venait à ne pas obtenir le soutien du Parlement, il resterait en place pour expédier les affaires courantes. Carlo Contarelli a annoncé que de nouvelles élections se dérouleraient au plus tard début 2019.
«Dans cette période, je veux simplement redire, compte tenu de cela, mon amitié et mon soutien au président Mattarella qui a une tache essentielle à mener, celle de la stabilité institutionnelle démocratique de son pays qu'il fait avec beaucoup de courage et un grand esprit de responsabilité», a réagi le président Emmanuel Macron ce lundi.
Rassurer les marchés
Âgé de 64 ans, Carlo Cottarelli est diplômé en économie à l'université de Sienne (Toscane) et à la London School of Economics. Après six ans passés dans la division chargée du secteur financier et monétaire à la Banque d'Italie, il a été un haut responsable au Fonds monétaire international (FMI) et s'est vu attribuer le surnom de «Monsieur Ciseaux» quand il a été chargé de la révision des dépenses publiques par le gouvernement d'Enrico Letta (centre gauche) en 2013. Le successeur de Letta, Matteo Renzi, l'a ensuite nommé au FMI où il a assumé les fonctions de directeur exécutif pour l'Italie, la Grèce, et Malte, entre autres pays, avant de quitter ses fonctions en octobre 2017. Il est depuis cette date le directeur de l'Observatoire des comptes publics, multipliant à ce titre les mises en garde sur le coût économique du programme de gouvernement signé par le Mouvement cinq Etoiles (M5S, antisystème) et la Ligue (extrême droite). Interviewé par Les Échos en milieu de semaine, il évaluait son coût entre 110 et 150 milliards d'euros.
Les marchés, inquiétés par la constitution d'un gouvernement eurosceptique dont la politique menacerait les fragiles finances publiques italiennes, pourraient être rassurés par l'éventuelle nomination de Cottarelli. En revanche, sa désignation ne devrait pas manquer d'attirer les foudres de ces deux forces politiques, qui ont dénoncé dès dimanche soir la main mise des «lobbies» de la finance et des grandes banques. «Un Monsieur Personne qui représente la finance internationale», a dit de lui dimanche soir Matteo Salvini, le patron de la Ligue, dans une vidéo sur Facebook. «Il est un de ces experts donneurs de leçons qui nous ont accablés en taillant dans la santé, l'éducation, l'agriculture», a lancé de son côté Luigi Di Maio, chef de file du M5S devant ses partisans réunis à Fiumicino, près de Rome.
Spécialiste de finances publiques, Cottarelli avait multiplié les interviews mettant en garde contre les dérives financières potentielles contenues dans le «contrat de gouvernement» adopté par la Ligue et le M5S.
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Crise politique en Italie : la colère de la Ligue du Nord et du Mouvement 5 étoiles

La rédaction vous conseille
AFP, Reuters Agences

Jean-Pierre Robin : «La zone euro est trop petite pour l'économie allemande en pleine forme» (27.05.2018)

Par Jean-Pierre Robin
Mis à jour le 27/05/2018 à 22h54 | Publié le 27/05/2018 à 17h30
CHRONIQUE - L'Allemagne est de plain-pied dans la mondialisation face à la Chine. Ses relations commerciales avec le reste de l'Union monétaire diminuent d'année en année.
Destatis, l'office allemand de la statistique, dresse actuellement le bilan économique 2017 de son pays, tout comme ses homologues (l'Insee entre autres) le font au printemps. S'agissant du commerce extérieur, c'est dit sans ambages: «Pour la seconde année consécutive, la République populaire de Chine est le premier partenaire commercial (de notre économie).» Les Pays-Bas arrivent au deuxième rang, puis les États-Unis en troisième, et la France quatrième, alors qu'elle était encore seconde en 2016, nous précise-t-on.
Et Destatis ne peut s'empêcher de rappeler, en termes très sobres comme il convient à des statisticiens, ce constat tout simple: «De 1975 à 2014, la France a été le plus important partenaire commercial de l'Allemagne.» Le monde d'autrefois… quand le couple allemand était le moteur de l'Europe, car les deux pays étaient l'un pour l'autre l'interlocuteur primordial.
Afin d'établir ce classement, Destatis prend en compte la somme des exportations et des importations réunies, laquelle s'est élevée à 187 milliards d'euros pour le commerce bilatéral germano-chinois. Quant aux échanges franco-allemands, ils ont représenté 169 milliards en 2017. Certes, l'Hexagone reste le deuxième marché d'exportation pour le made in Germany, avec 105 milliards d'euros. Les États-Unis constituent pour leur part le premier débouché (111 milliards), ce qui, entre parenthèses, explique pourquoi les oukases de Donald Trump font si peur outre-Rhin, que ce soit sur l'acier, l'aluminium, et maintenant le secteur automobile où Washington pourrait imposer des droits de douane.
Depuis le lancement de l'euro en 1999, les relations commerciales de l'Allemagne avec le reste de l'Union monétaire ont-elles vu leur poids relatif diminuer d'année en année
C'est principalement dans l'autre sens, en tant que fournisseur de l'Allemagne, que la France a perdu du terrain. Alors que la Chine a vendu à hauteur de 101 milliards d'euros l'an dernier, le chiffre d'affaires du made in France n'a été que de 64 milliards, moins des deux tiers. On constate à cet égard que le déficit bilatéral franco-allemand s'est élevé à 41 milliards en 2017, plus de la moitié de tout le déséquilibre commercial français de l'an dernier. Si nous avons un problème de compétitivité, il s'exprime surtout vis-à-vis de nos voisins, et en particulier le plus gros d'entre eux.
Voilà des chiffres bien rébarbatifs en soi, mais ces statistiques n'en sont pas moins éloquentes: elles montrent sans détour la perte d'influence, au moins relative, du partenaire français pour l'économie allemande. Or l'arbre ne doit pas nous cacher la forêt: c'est à vrai dire tous les pays ayant adopté la monnaie unique qui sont devenus moins essentiels pour la première puissance économique du continent.
Ainsi, depuis le lancement de l'euro en 1999, les relations commerciales de l'Allemagne avec le reste de l'Union monétaire ont-elles vu leur poids relatif diminuer d'année en année. Pour ce qui est de ses importations, la part des produits de la zone euro représentait 46 % des achats à l'étranger au moment du lancement de l'euro ; elle n'est plus que de 36,5 % aujourd'hui. D'autres fournisseurs ont monté en puissance, la Chine avant tout.
En tant que client également, le marché européen apparaît en perte de vitesse, au moins relative. Alors que les pays ayant rejoint l'euro absorbaient 46 % de ses exportations en 1999, ils ne constituent désormais que 37 % des débouchés du made in Germany.
Le désengagement relatif des entreprises allemandes vis-à-vis des pays de l'Union monétaire est manifeste. Avec ce paradoxe, l'Allemagne est l'un des grands gagnants de la monnaie unique, car ses produits ont élargi leurs parts de marché, notamment dans l'automobile. Mais en même temps ses industriels sont encore plus dynamiques sur les marchés extra-européens.
On touche là du doigt le drame de l'Europe, qui s'avère incapable d'investir son épargne sur son territoire alors que les besoins sont énormes. En France et en Italie par exemple
«L'Allemagne est-elle encore un vrai membre de la zone euro?», s'interrogent les économistes de la banque Natixis, après avoir analysé ces chiffres. La question est d'autant plus pertinente qu'il n'y a pas que le commerce où la zone euro semble perdre de son attrait pour les Allemands. Il en va de même pour les investissements, car du fait de ses excédents commerciaux précisément, qui ont atteint 244,4 milliards d'euros en 2017, le pays dispose de gigantesques surplus financiers, lesquels par construction doivent être investis hors de ses frontières.
Jusqu'en 2008-2009, ces capitaux étaient placés principalement dans les pays de l'Union monétaire. Or ce n'est plus le cas aujourd'hui où ils sont recyclés hors d'Europe. La preuve en est que la zone euro elle-même (incluant l'Allemagne) affiche désormais un fort excédent de sa balance des paiements, soulignent les économistes de Natixis.
On touche là du doigt le drame de l'Europe, qui s'avère incapable d'investir son épargne sur son territoire alors que les besoins sont énormes. En France et en Italie par exemple. Et dans ce jeu, les Allemands et leur formidable machine à dégager des excédents extérieurs (et maintenant budgétaires) ont une responsabilité éminente.
Cette préférence pour le grand large, la mondialisation, et la défiance vis-à-vis de l'entourage immédiat ont de quoi surprendre. On croyait que l'Europe était l'horizon indépassable de l'Allemagne réunifiée en 1990. Se serait-on trompé?
Poser la question, c'est raviver une vieille obsession française, telle que l'avait exprimée par exemple François Mauriac, dans les années 1950, «j'aime tellement l'Allemagne, que je préfère qu'il y en ait deux». C'est la même obsession qui avait conduit François Mitterrand, au tout début des années 1990, à vouloir créer l'Union monétaire et l'euro, pour que l'Allemagne réunifiée ne se retrouve pas seule avec la puissance financière «du roi mark». Il fallait l'ancrer sur ses voisins. Le stratagème serait-il en train de capoter?

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Économie américaine: et si Trump réussissait? (18.05.2018)

Par Fabrice Nodé-Langlois
Publié le 18/05/2018 à 19h51
DÉCRYPTAGE - Volontarisme fiscal, brutalité commerciale : les critiques pleuvent sur la méthode du président américain, mais les États-Unis affichent d'excellentes performances économiques.
Sur le climat, l'Iran, Israël, il s'est mis au ban de la communauté internationale. Ses tweets rageurs matinaux, son imprévisibilité, sa brutalité, laissent pantois. Ses démêlés avec le FBI et la justice interrogent sur sa capacité à mener son mandat jusqu'à son terme.
Et pourtant. La méthode de Donald Trump, exposée il y a trente ans déjà, dans son best-seller l'Art du deal, du temps où le futur président de la première puissance mondiale n'était qu'un loup new-yorkais de l'immobilier, semble faire mouche. Depuis qu'il est installé à la Maison-Blanche, Donald Trump l'a éprouvée à plusieurs reprises, notamment avec la Corée du Nord. Il profère les pires menaces, exerce une pression maximale sur l'adversaire ou le partenaire, puis se dit prêt à discuter.
Sur le front commercial, le président américain a marqué des points. Il a arraché des concessions au Brésil, son deuxième fournisseur d'acier ainsi qu'à la Corée du Sud. Évidemment, disposer du plus gros budget militaire de la planète (610 milliards de dollars, davantage que les sept pays suivants réunis) et diriger la première économie (un PIB de 19.000 milliards de dollars, une fois et demie celui de la Chine) offre quelques arguments. «Face à des “petits” pays, les États-Unis ont des leviers de négociations, commente Steven Friedman, économiste américain chez BNP Paribas AM. Mais avec des grands pays comme la Chine, il faudra sûrement de longues négociations pour trouver un compromis.»
De fait, Washington et Pékin ont repris leurs négociations vendredi. L'Administration Trump a fixé un ultimatum à mardi prochain, 22 mai: faute d'accord, les États-Unis imposeront des droits de douane sur des produits chinois importés représentant une valeur de 50 milliards de dollars. L'issue est encore très incertaine, mais Trump a réussi à amener les Chinois à la table pour discuter d'une réduction du déficit commercial américain.
L'Europe prévient l'OMC qu'elle est prête à riposter
Washington n'a pas non plus gagné son bras de fer contre l'Europe. L'Union européenne affiche au moins une unité de façade. Elle a même notifié, vendredi, à l'OMC (Organisation mondiale du commerce) qu'elle est prête à prendre des contre-mesures tarifaires. Au sommet de Sofia, jeudi, les chefs d'État européens ont répété qu'ils voulaient d'abord une exemption définitive des surtaxes sur l'acier et l'aluminium avant de négocier une plus grande ouverture de leur marché.
«Au moins, Donald Trump a eu le mérite d'encourager le débat sur l'impact de la mondialisation sur l'économie, c'est sain», remarque Steven Friedman, pourtant critique du président. «Sa tactique de négociation est de taper fort et de se faire mousser auprès de son électorat, ajoute Florence Pisani, économiste chez Candriam et coauteur d'un livre sur l'économie américaine (*). C'est un jeu assez dangereux, car cela crée de l'incertitude et reporte les projets d'investissement.» Les bons indicateurs qui se succèdent semblent pourtant démentir cette vision pessimiste. À 3,9 %, le chômage est au plus bas depuis près de vingt ans, l'industrie crée des emplois, les ménages ont davantage confiance qu'au début du mandat. Résumé en langage Trump, cela donne ce tweet, publié jeudi: «Malgré la chasse aux sorcières dégoûtante, illégale et injustifiée, nous avons accompli les meilleurs 17 premiers mois d'une Administration dans l'histoire américaine».
Un leg solide
«Il n'y a pas eu de changement majeur de tendance depuis l'arrivée de Trump, nuance Christian Leuz, économiste allemand installé depuis quinze ans aux États-Unis, à l'University of Chicago Booth School of Business. Obama a laissé une économie en bonne santé, il est encore trop tôt pour attribuer les bons résultats à Trump.»
Ce leg solide est aussi largement imputable à dix ans de politique monétaire généreuse de la Fed, rappellent de nombreux économistes. Sa réforme fiscale, arrachée de haute lutte au Congrès, devrait tout de même avoir un impact positif sur l'économie. Elle a gonflé le profit des entreprises et permis à certaines comme Apple de rapatrier des milliards mis à l'abri à l'étranger. Florence Pisani pondère encore: une enquête récente de la réserve fédérale d'Atlanta indique que moins de 10 % des entreprises envisagent d'investir davantage malgré les réductions d'impôt.
Quant aux ménages, ils pourraient perdre en impôts locaux (ceux des États) ce qu'ils ont gagné sur les impôts fédéraux. Même si le programme des grands travaux reste encore dans le flou, les dépenses votées par le Congrès devraient cependant soutenir l'activité de 0,3 % de PIB supplémentaire, concède Florence Pisani.
Un surcroît de dépenses qui pourrait léguer au successeur de Trump «un déficit budgétaire de plus de 5 % du PIB et une dette alourdie», avertit Steven Friedman. Il faudra attendre la fin de l'année pour mieux mesurer l'impact des mesures de Trump. Surtout, il ne faut jamais oublier qu'aux États-Unis, en matière de politique intérieure, rien ou presque ne se décide sans le Congrès. «Il y a comme un pacte de Faust entre Trump et les parlementaires républicains, explique Christian Leuz. En échange d'avancées sur des sujets qui leur sont chers, ils sont obligés d'accepter le style Trump.» Jusqu'à ce que les divergences sur l'immigration et le libre-échange, ou les élections de novembre, ne fassent voler ce pacte en éclats.
(*) «L'Économie américaine», avec Anton Brender, éditions La Découverte.

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Journaliste au Figaro, chef du service Economie internationale
Twitter: @Fnodelanglois
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Dans les quartiers de Lille, des «rodéos» de plus en plus violents (27.05.2018)

Par madeleine vatel
Mis à jour le 28/05/2018 à 13h42 | Publié le 27/05/2018 à 20h09
À scooter, en quad, ces bandes qui écument les quartiers s'en prennent violemment aux passants.
Dans la rue Pierre-Legrand à Lille, en fin de journée ce dimanche, les rodéos continuent: des jeunes sont grimpés sur des quads et des motos et roulent souvent sans casques. Ils foncent sur la roue arrière, grillent les feux, multiplient les coups d'accélérateur. Dans ce quartier populaire de Lille, des scooters ont traversé le marché dimanche 22 mai et attaqué des badauds, faisant 2 blessés. «Été comme hiver, ils sont là sur cette place, s'indigne Christian, 35 ans, qui habite le quartier depuis quatre ans. Ils se prêtent les engins, ils se regardent, ils s'applaudissent. Ils font beaucoup de bruit.»
«L'exaspération est telle que les riverains ont voulu intervenir. Ces bandes ne prennent pas seulement des risques pour eux-mêmes, ils mettent en danger les autres, ils s'en prennent à des familles !»
Roger Vicot, président du Forum français de la sécurité urbaine et maire de Lomme
Les riverains et les commerçants sont exaspérés par ce groupe qui squatte sur la place Degeyter, dans le quartier de Lille-Fives. Charline, 24 ans, reconnaît qu'ils ne l'agressent pas mais voit bien qu'ils continuent leur trafic de drogues et leurs rodéos sauvages. «Ils s'amusent à leur façon», tempère Stessy Duboc, qui a grandi dans le quartier et les connaît. Pour tous, ces rodéos sauvages font malheureusement partie du paysage. Mais les dérapages récents ont durci les réactions. Dimanche 22 mai également, à Bois Blancs, un autre quartier de Lille, un groupe s'en est violemment pris à un père de famille et l'a tabassé. «L'exaspération est telle que les riverains ont voulu intervenir. Car ces bandes ne prennent plus seulement des risques pour eux-mêmes, ils mettent en danger les autres, ils s'en prennent à des familles! Il faut passer à la vitesse supérieure en matière de répression», estime Roger Vicot, président du Forum français de la sécurité urbaine et maire de Lomme, une commune voisine. Il observe que la thématique de ces rodéos et des comportements de provocation monte en puissance dans d'autres villes. Suite à ces différents événements, la maire de Lille, Martine Aubry, a demandé dans un courrier adressé au premier ministre Édouard Philippe, le renforcement des peines encourues et la qualification «de mise en danger de la vie d'autrui».
«Le jour où un habitant m'a dit qu'il allait tendre un câble dans la rue, je n'ai plus hésité. Et les engins ont été rangés dans les garages»
Gustave Dassonville, élu de la métropole
Une proposition de loi contre les rodéos motorisés en secteurs urbain et rural passera fin mai en commission des Lois de l'assemblée nationale et en séance publique début juin. À Halluin, une commune de 20 000 habitants située dans la métropole lilloise, le maire Les Républicains n'a pas attendu de nouvel arsenal législatif pour agir. L'été dernier, face à la colère des habitants, Gustave Dassonville a pris un arrêté municipal antiquad dans le centre-ville. «Le jour où un habitant m'a dit qu'il allait tendre un câble dans la rue, je n'ai plus hésité. Et les engins ont été rangés dans les garages», résume l'élu, qui attend maintenant ce vote des parlementaires. Sinon, il mettra en place un autre arrêté.

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