Ivan Rioufol : « L'Europe se perd, en étouffant les peuples »
(31.05.2018)
FIGAROVOX/CHRONIQUE - Crise
politique en Italie, «fake news», liberté d'expression... tant de sujets que
notre chroniqueur déplore comme «une violation d'un processus démocratique», où
la volonté du peuple est mise à l'écart.
La politique de l'étouffoir, encouragée
par l'Union européenne aux abois, ne fera pas taire la colère des peuples.
C'est à un jeu dangereux que se prêtent les dirigeants, à commencer par
Emmanuel Macron, qui justifient la censure sur Internet, veulent
interdire les «fake news»(fausses nouvelles), rejettent les votes des
électeurs indociles. Les sermonnaires dénoncent en Vladimir Poutine une injure
à la démocratie. Mais eux-mêmes se comportent en autocrates quand ils craignent
la parole libérée. Cette intolérance attise les braises. Il faut vouloir être
sourd pour ne pas entendre les protestations des réseaux sociaux ou des
consultations électorales.
Le sommet dans la provocation de
la caste a été atteint, dimanche, avec
le pied de nez de Sergio Mattarella, le président italien, aux
électeurs de la péninsule. Ceux-ci avaient donné, le 4 mars, une majorité
parlementaire aux mouvements antisystème: un choix que l'UE et ses soutiens ont
jugé inacceptable.
Il est loisible de parler de coup
d'État légal pour qualifier la décision de Mattarella d'entraver la formation
du gouvernement issu des urnes. Certes, la Constitution italienne permet au
président d'avoir son mot à dire sur la préservation des intérêts supérieurs de
l'Italie. Mais lui-même est dépourvu de légitimité: Mattarella a été désigné
par l'ancienne majorité parlementaire du Parti démocrate, qui a perdu les
élections.
Son refus de nommer à l'Économie
Paolo Savona, coupable d'avoir qualifié l'euro de «prison allemande», s'est
opposé à la volonté des vainqueurs du scrutin (la Ligue et le Mouvement 5
étoiles). La pression de l'UE, c'est-à-dire des marchés financiers et des
agences de notation, a été plus forte que l'expression majoritaire. Or c'est ce
coup de force que Macron a approuvé en déclarant: «Mattarella a fait preuve de
courage et d'un grand esprit de responsabilité.»
» LIRE AUSSI - L'Italie
embourbée dans la crise politique
La décision de Sergio
Mattarella révèle la dérive autocratique de l'UE, dont le chef de l'État
français est l'avocat de moins en moins convaincant
Cette violation d'un processus
démocratique révèle la dérive autocratique de l'UE, dont le chef de l'État français
est l'avocat de moins en moins convaincant. Ceux qui reprochent à cette Union
sans affect son éloignement des gens et son mépris des nations ont, avec cette
déclaration de guerre aux populistes, confirmation de leurs accusations.
Lors de l'accord de coalition
passé entre les deux mouvements antisystème, le ministre français de
l'Économie, Bruno
Le Maire, avait déjà jugé bon, l'autre jour, de faire la leçon aux Italiens:
«Chacun doit comprendre en Italie que l'avenir de l'Italie est en Europe et
nulle part ailleurs.»Matteo
Salvini (la Ligue) avait eu beau jeu de lui rétorquer: «Que les
Français s'occupent de la France et ne mettent pas leur nez dans les affaires
des autres.» Les nouvelles élections, rendues nécessaires depuis ce blocage
institutionnel, s'annoncent risquées pour l'avenir de l'UE, voire de l'euro. La
chute du Système est envisageable.
Le rejet des États souverains a
toujours été la faille de cette Europe de la globalisation. En
2015, Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne,
avait avoué: «Il ne peut pas y avoir de choix démocratique entre les traités
européens. On ne peut pas sortir de l'euro sans sortir de l'Union européenne.»
Mardi, le commissaire Günther Oettinger a renchéri: «Les marchés vont apprendre
aux Italiens à bien voter.» Cette arrogance souligne l'irresponsabilité des
eurocrates.
Qui pleurerait leur mise en
congé? Dans C'était de Gaulle, Alain Peyrefitte relate sa conversation avec le
Général, en 1964, à propos de l'impossibilité de quitter le traité de Rome. De
Gaulle: «C'est de la rigolade! Vous avez déjà vu un grand pays s'engager à
rester couillonné […]? Non. Quand on est couillonné, on dit: “Je suis
couillonné. Eh bien, voilà, je fous le camp!”» Les Italiens, et bien d'autres,
commencent à penser tout pareillement…
Despotisme bruxellois
Plus l'UE peine à séduire, plus
elle se fait despote. Les citoyens réclament, partout, plus de démocratie
directe et moins d'interdictions de penser. Mais Bruxelles s'entête dans une
résistance incongrue. L'Europe force au silence des urnes insolentes et veut
mettre sous surveillance le trop libre Internet. Au prétexte de lutter contre
les «discours de haine», l'UE impose depuis 2016 un «Code de conduite»
aux acteurs des réseaux sociaux. Facebook, Twitter, YouTube, Microsoft,
Instagram, Google+, Snapchat ont avalisé la traque au politiquement incorrect,
également promu par la Silicon Valley et la macronie.
Cette préoccupation est légitime
quand il s'agit de terrorisme ou de pédophilie en ligne. Elle est inquiétante
quand l'UE prétend lutter contre des «propos racistes ou xénophobes». Quiconque
émet des réserves sur les bienfaits de l'immigration ou de l'islam peut tomber
sous ces accusations des censeurs. C'est ainsi que le compte
Facebook de Génération identitaire a été fermé à la demande des
pouvoirs publics, tandis que celui des black blocs, néofachos d'extrême gauche,
reste ouvert.
En apparence, Macron se montre
sensible à la liberté d'expression.
En apparence, Macron se montre
sensible à la liberté d'expression. À ceux de la communauté turque en
France qui
ont exigé cette semaine le retrait des kiosques de la une duPointqualifiant
le président turc de «dictateur», il a tweeté: «La liberté de la presse n'a pas
de prix: sans elle, c'est la dictature.» C'est pourtant le chef de l'État qui
est à l'origine de la proposition de loi liberticide sur les «fake news», actuellement
examinée en commission des lois.
Cette législation viserait à
faire cesser en référé la diffusion d'informations «manipulées» en période
électorale. Cependant, le risque est de voir la justice décider ce qu'il serait
permis de dire, en fonction d'une vérité d'État qui entrerait en contradiction
avec la liberté d'expression et ses inévitables excès. Alors que les lois sur la
presse multiplient, depuis 1881, les entraves à la libre parole, rien n'est
moins urgent que ces nouveaux obstacles qui s'ajoutent à la dictature de la
pensée officielle. Le nouveau monde ne se reconnaît pas dans cette
macrocrature.
Geste héroïque
Même
le FN n'a pas émis la moindre réserve après la décision du chef de l'État
d'honorer Mamoudou Gassama pour son geste héroïque, filmé et
diffusé sur Internet. Ce jeune clandestin malien, qui a sauvé un enfant en
escaladant quatre étages d'un immeuble parisien en moins de 40 secondes, a été
reçu à l'Élysée avant d'être régularisé. Sa naturalisation sera accélérée. Le
geste de Marin, jeune Lyonnais grièvement blessé en 2016 pour être venu à
l'aide d'un couple agressé parce qu'il s'embrassait, n'a pas eu droit à un tel
engouement. La naturalisation des héros étrangers accélèrera-t-elle
semblablement la déchéance de nationalité des crapules?
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élections italiennes prouvent que la zone euro a basculé dans la
post-démocratie»
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la lutte contre les «fake news» est devenue une affaire d'États
«Les élections italiennes prouvent que la zone euro a basculé
dans la post-démocratie» (31.05.2018)
FIGAROVOX/ENTRETIEN - Guillaume
Bigot voit dans la situation italienne une crise majeure pour la zone euro,
qu'il juge anti-démocratique. Pour lui, les déséquilibres entre les économies
de la zone euro sont trop importants pour que l'union monétaire puisse éviter
l'explosion.
Guillaume Bigot est essayiste
et directeur général du groupe Ipag Business School Paris Nice.
FIGAROVOX.- Pourquoi
estimez-vous que le président italien s'est enfermé dans une contradiction
insurmontable?
Guillaume BIGOT.- En
refusant d'entériner la constitution d'un gouvernement appuyé par les deux
partis arrivés en tête aux législatives, le président Mattarella serait dans
son bon droit mais il ne fait aucun doute qu'il a politiquement tort.
On peut considérer que les
Italiens se sont trompés en consacrant une majorité eurosceptique. On peut
également penser que rompre le cadre ordo-libéral est suicidaire. Mais si l'on
reste démocrate, on ne peut vouloir décider contre le peuple. Mattarella aurait
dû se souvenir de cette réplique mémorable mise par Brecht dans la bouche de
son personnage, Arturo Ui: «Puisque le peuple vote contre (...), il
faut dissoudre le peuple.»
La méfiance à l'égard du suffrage
universel formait déjà l'un des fondements inavoués d'une construction
européenne conçue par Jean Monnet comme une camisole de force destinée à
maintenir les peuples dans le cadre des droits de l'homme et du marché.
La réaction de Mattarella, comme
celle du Commissaire Oettinger souhaitant que les marchés apprennent aux
Italiens à bien voter, font franchir à l'UE un cap, celui qui sépare la
défiance originelle de l'hostilité assumée.
Le projet européen n'a jamais été
franchement compatible avec le fonctionnement régulier d'institutions
démocratiques mais les événements actuels font basculer l'utopie européiste
dans une phase ouvertement post-démocratique de son histoire.
Pourquoi le pari européiste de
Mattarella serait-il perdu d'avance?
La réaction des peuples européens
en général et des Italiens en particulier est facile à prévoir. Lorsque l'on
prêche le mépris et la défiance à l'égard d'un souverain, c'est-à-dire d'un
supérieur hiérarchique, on a toutes les chances de l'irriter, de le provoquer
et de l'inciter à réagir. Mais les réactions menaçantes des européistes telles
que Mattarella, Le Maire ou Oeninger ne tiennent aucun compte des rapports de
force.
Ce que les élites du vieux
continent, massivement favorables à Bruxelles, semblent avoir du mal à
comprendre, c'est que tant que les démocraties ne sont pas abolies, elles ne
disposent que du pouvoir que les peuples leur ont confié. Pas une once de plus,
ni de moins. Que cela leur plaise ou non, dans le vieux monde, le patron
demeure la vox populi nationale.
Le projet européen n'a jamais
été franchement compatible avec le fonctionnement régulier d'institutions
démocratiques.
Pour sortir de ce système dans
lequel le peuple est le souverain, il faudrait que la majorité du peuple
renonce démocratiquement à son pouvoir.
Or, c'est tout le contraire qui
se produit. Partout en Europe, même outre-Atlantique, alors même que l'offre
politique est extrêmement limitée et se résume parfois à des bouffons (le
fondateur du Mouvement Cinq étoiles), à des personnages outranciers et
caricaturaux (Donald Trump, Marine Le Pen ou Viktor Orban), les peuples
préfèrent brandir ces épouvantails plutôt que de se laisser dicter une conduite
contraire à leurs aspirations mais aussi, disons-le, à leurs intérêts par une
élite soi-disant compétente.
Pourquoi, selon vous, la zone
euro est-elle condamnée à exploser?
Tout simplement car la zone euro
connaît des déséquilibres croissants que les violentes thérapies austéritaires
non seulement ne peuvent résoudre mais qu'elles tendent à aggraver. Il y a d'un
côté les pays du nord, Allemagne en tête, qui affichent d'insolents excédents
commerciaux et un bel équilibre budgétaire ; et de l'autre, des pays du Sud qui
voient leurs déficits commerciaux se creuser et/ou leur dette publique
s'envoler. Les premiers prêtent, les seconds empruntent. L'Italie dispose d'un
excédent commercial mais celui-ci est à mettre en regard de l'endettement
massif du pays qui devrait aboutir à une dépréciation de sa monnaie et des
créances de ses prêteurs.
Mais l'institution d'une monnaie
unique bloque ce mécanisme naturel d'ajustement qui pourrait s'opérer de
manière indolore via des dévaluations. L'Allemagne et ses voisins du nord ne
veulent pas entendre parler d'un desserrement de l'étau monétaire: d'abord, de
leur point de vue, cela reviendrait à s'appauvrir, et ensuite leur industrie se
porte comme un charme et n'a nullement besoin d'un tel remontant. Et la théorie
économique néo-classique qui intoxique nos dirigeants les persuade que le
rétablissement de la compétitivité et de l'équilibre des finances publiques
passe par une déflation ou une dépression salariale.
D'autres mécanismes de
correction des déséquilibres économiques entre le Nord et le Sud de l'Europe
sont pourtant possibles?
Certes, mais ils sont interdits.
Berlin et les autres capitales du
Nord de l'Euroland ne se contentent pas d'imposer une monnaie forte, ils
interdisent également tout rééquilibrage par transferts budgétaires. La théorie
de la zone monétaire optimale de Robert Mundell démontre de manière implacable
que si une zone monétaire connaît en son sein des déséquilibres de niveau de
productivité, les écarts vont se creuser sauf si un budget vient redistribuer
les excédents des zones les plus riches vers les zones les plus pauvres ; sinon
les écarts ne peuvent que se creuser. Les pauvres devenant de plus en plus
pauvres et les riches de plus en plus riches. C'est ce que l'on observe puisque
la monnaie unique surévaluée, en l'absence d'un budget fédéral compensateur,
aboutit à la désindustrialisation croissante du Sud et au renforcement constant
des industries du Nord. Les pays du Sud ont beau se désindustrialiser, ils ne
peuvent totalement cesser de consommer et achètent donc de plus en plus à
l'Allemagne qui produit de plus en plus ce qu'eux produisent de moins en moins.
Cet ajustement par les quantités de PIB ou de production s'opère car
l'ajustement par la baisse des salaires est limité par ce qu'Orwell aurait
appelé des considérations de «décence commune». Le pouvoir d'achat au Sud de
l'Europe ne peut descendre en dessous du minimum de subsistance, c'est donc la
production en volume qui se réduit et les usines qui ferment au Sud.
Cela ne suffit pourtant pas à
rendre le système intenable et explosif.
L'Allemagne veut maintenir une
monnaie forte et ne cédera jamais sur le budget fédéral. Mais elle impose
également à ses partenaires de la zone euro de renoncer à actionner leur propre
budget pour éponger les dégâts sociaux engendrés par le caractère non optimal
de la zone euro. Interdiction leur est également faite de subventionner leurs
entreprises. Berlin prend ainsi la majeure partie des pays de la zone euro en
tenaille: la pince monétaire (avec une BCE qui lutte éternellement contre
l'inflation comme si l'euro était un Deutsche Mark étendu au continent) creuse
les déficits commerciaux et la pince de l'orthodoxie budgétaire empêche toute
reprise durable comme le suggère le léger trou d'air économique actuel.
La zone euro est un cercle
vicieux pour les pays du sud mais est-elle pour autant un cercle vertueux pour
les pays du Nord, Allemagne en tête?
Le système fonctionne jusqu'à
présent à l'avantage de Berlin et des autres économies fortes: tandis que les
pays du Sud doivent assumer le fardeau d'une monnaie surévaluée, l'industrie
allemande profite d'une monnaie sous-évaluée (le Mark serait naturellement plus
fort que l'euro et minimiserait les excédents records du commerce extérieur
germanique). Ces excédents, pour partie réalisés sur le dos des autres pays
européens, ne sont pas redistribués par un budget fédéral. Les écarts se
creusent, les chômeurs du sud de l'Europe, s'ils veulent travailler sont
contraints de se déplacer en Allemagne pour s'employer dans les usines
allemandes. Le salaire étant rigide à la baisse et les gouvernements du sud de
l'Europe ne voulant pas laisser la misère éclater (Ceux qui l'ont fait, à
l'instar de la Grèce ou les salaires ont baissé de près de 40 % en valeur
réelle depuis 2011 ne s'en portent pas mieux pour autant), les déficits se
creusent avec moins de cotisants et plus de bénéficiaires (les charges sociales
augmentant les entreprises deviennent de moins en moins compétitives et c'est
la faillite).
Si le mouvement eurosceptique
s'amplifie, la zone euro telle que nous la connaissons aujourd'hui aura bientôt
cessé d'exister.
Mais les Allemands et leurs
alliés refusent que les États du Sud laissent filer leur déficit. Le
déséquilibre va croissant. La solution de maîtriser les déficits et de laisser
une partie de l'Europe s'appauvrir ne fonctionne pas, ou plutôt elle fonctionne
trop bien, mais ce dumping au profit de l'Allemagne arrive au bout de sa
course. C'est là où nous retrouvons le résultat des prochaines élections
italiennes.
Dans un tel contexte, quel
risque le deuxième scrutin italien fait-il courir à la zone euro?
Si le mouvement eurosceptique
s'amplifie, la zone euro telle que nous la connaissons aujourd'hui aura bientôt
cessé d'exister.
Les dirigeants du M5S et de la
Ligue sont bien plus futés que Marine Le Pen et que Jean-Luc Mélenchon. Ils ne
vont pas commettre les erreurs de leurs homologues français: d'abord, et c'est
toute la différence, ils sont d'accord pour gouverner ensemble. Ensuite, ils
savent très bien deux choses: primo, le système monétaire européen est
irréformable de l'intérieur. Les pays forts de l'euro-zone refuseront pour les
raisons déjà indiquées toute relance continentale autre que cosmétique. Deuxio,
en l'absence de réforme, le système est voué à l'explosion. Tertio, on ne peut
sortir sans coup férir d'une monnaie unique, et ceci autant pour des raisons
techniques que pour des raisons d'exposition du pays à des effets spéculatifs
ravageurs. Voilà une autre différence de taille d'avec nos propres populistes.
Bruxelles a donc raison de
paniquer car les Italiens sont sérieux: ils ne vont pas sortir de l'euro sur un
coup de tête, mais ils risquent d'en faire sortir l'Allemagne.
L'Allemagne pourrait finir par
être éjectée de la zone euro?
Par en être éjectée ou par la
quitter d'elle-même. Car in fine, lorsqu'il faudra prendre ses
pertes, l'Allemagne ne voudra pas jouer ce que les banquiers appellent le rôle
de prêteur en dernier ressort. Après avoir accumulé des excédents, les
Allemands pourraient choisir de claquer la porte de l'euro-zone.
Pour le comprendre, commençons
par rappeler que la production monétaire reste entre les mains des pays membres
et des banques centrales locales.
Or, 12 pays sur 19, une majorité
de pays de la zone euro pâtissent de l'euro fort et auraient besoin d'une
dépréciation et d'une bonne dose d'inflation pour apurer leur dette. Certes
l'Italie affiche des excédents commerciaux, mais son tourisme et ses belles
entreprises exportatrices familiales verraient dans ce coup de pouce monétaire
un moyen commode de gagner davantage en compétitivité.
L'UE est un système de lâcheté
institutionnelle organisée.
Le gouvernement italien pourrait
donner l'ordre à la Banque d'Italie d'émettre des liquidités. Rome se
comporterait ainsi comme un passager clandestin: en faisant du déficit ou en
fabriquant de la monnaie, le pays ne sera pas du tout attaqué par les marchés
financiers tout en restant à l'abri de l'appétit des spéculateurs protégés par
l'euro.
La Banque d'Italie forcerait
l'euro à se déprécier. Le résultat pour Rome sera le même que si les Allemands
avaient consenti à un mécanisme de redistribution par le budget.
Les Allemands et les eurocrates
fanatiques partisans d'un euro fort hurleraient à la mort, dénonceraient la
violation des traités mais ils ne pourraient pas s'y opposer.
Pourquoi l'UE ne pourrait-elle
pas sanctionner l'Italie et sortir le fraudeur de la zone euro?
Ceci pour trois raisons.
L'UE est un système de lâcheté
institutionnelle organisée: c'est une sorte de super État conçu et organisé
pour ne prendre aucune décision. Pour ne fâcher personne.
L'UE n'a ni armée, ni police, ni
légitimité d'aucune sorte, c'est une chimère juridique qui n'a de consistance
que celle que ses adeptes lui reconnaissent.
Ensuite, l'Italie est trop grosse
pour être lâchée. Le risque bancaire qu'elle emporte est trop «systémique»,
comme disent les spécialistes: c'est la théorie dite du «too big to
fail».
Enfin, l'exemple italien finirait
fatalement par créer des émules. C'est alors que l'on assisterait à
l'éclatement de la zone euro.
Une fois le précédent italien
survenu, c'est-à-dire, une fois que la situation sociale et économique de
l'Italie se sera améliorée, que se diront les autres peuples?
On leur a promis que la foudre
des marchés allait s'abattre sur eux s'ils refusent l'austérité. Au contraire,
en cessant de vouloir rembourser ses dettes, on cesse de se surendetter et on
peut même finir par aller mieux... Ils finiront par quitter le navire à leur
tour.
Les peuples européens vont ainsi
découvrir la supercherie: l'euro n'est qu'un mécano de subvention de
l'industrie allemande, qui peut faire du dumping monétaire sur le dos des pays
moins productifs, et cette BCE que l'on nous vend comme un paratonnerre
anti-mondialisation financière est en fait là la solde des grandes institutions
financiers et bancaires mondiales.
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Italie: l’Europe contre les peuples (épisode 3) (28.05.2018)
Quand le peuple a tort, il
faut lui faire entendre raison
Par Henri Temple - 28
mai 2018
Le chef de gouvernement désigné,
Giuseppe Conte, a renoncé à devenir président du Conseil. Ici à Rome, le 23 mai
2018. SIPA. AP22204946_000013
L’Irlande et la France l’ont
appris lors des référendums européens de 2005 et 2008: quand le peuple a tort,
il faut lui faire entendre raison. En Italie, le chef du gouvernement désigné,
Giuseppe Conte, a renoncé à devenir président du Conseil après que le
président de la République, Sergio Mattarella, a refusé la nomination d’un
ministre des Finances eurosceptique.
Sergio Mattarella, président de
la quatrième économie européenne, a donc pris la lourde responsabilité de
bloquer le processus démocratique en Italie. Il s’est, en effet, opposé à la
désignation de certains ministres proposés par le président du Conseil, Giuseppe
Conte, mandaté par Luigi Di Maio (M5S) et Matteo Salvini (Ligue du Nord),
larges vainqueurs du dernier scrutin législatif. Giuseppe Conte voulait
notamment nommer aux Finances l’eurosceptique Paolo Savona.
Le peuple italien sera
« européen » ou ne sera pas
La presse en général, française
en particulier, diffuse massivement la fausseté selon laquelle ce président
serait dans son droit en garantissant le respect des traités européens et
l’euro. Or les pouvoirs du président de la République sont strictement
délimités par les articles 87 et 92 de la constitution italienne. « Il représente l’unité
nationale (…) ratifie les traités internationaux après, s’il y a lieu,
l’autorisation des Chambres (ratifica i trattati internazionali, previa,
quando occorra, l’autorizzazione delle Camere). Il a le commandement des
Forces armées, préside le Conseil suprême de défense constitué suivant la loi,
déclare l’état de guerre décidé par les Chambres », précise
l’article 87. Quand l’article 92 déclare : « Le président
de la République nomme le président du Conseil des ministres et, sur
proposition de ce dernier, les ministres (Il Presidente della
Repubblica nomina il Presidente del Consiglio dei ministri e, su proposta di
questo, i ministri) ».
A lire aussi: L’Italie et l’euro: bella ciao ?
Or, ce dimanche soir, le chef du
gouvernement désigné par la coalition représentant plus des deux tiers des
Italiens, Giuseppe Conte, a renoncé à ses fonctions en raison du refus
juridiquement injustifié de Sergio Mattarella de nommer le gouvernement choisi
par les vainqueurs de l’élection. On voit bien que le maintien dans l’euro et
dans l’Europe est l’impératif sous-jacent. Il y aura donc probablement de
nouvelles élections et entre-temps, pendant 3 ou 4 mois, un gouvernement
transitoire désigné par Sergio Mattarella, et sans doute présidé par Carlo
Cottarelli, un apparatchik du Fonds monétaire international (FMI), convoqué dès
lundi par Mattarella, ce qui en dit long sur les puissances effectives qui se
substituent désormais aux démocraties en Europe.
« Il est inutile d’aller
voter… »
Comment le peuple italien va-t-il
réagir, ainsi frustré de son choix démocratique ? Le système européen, euro
compris, est à bout de souffle et discrédité, et ceux qui en tirent des profits
personnels, ainsi que le système financier mondial, ont décidé de ployer les
peuples. Sergio Mattarella (cynisme ou inconscience ?) l’a même clairement
reconnu : « La désignation du ministre de l’Économie constitue
toujours un message immédiat de confiance ou d’alarme pour les opérateurs
économiques et financiers », a-t-il expliqué à la presse. « J’ai
demandé pour ce ministère un représentant politique de la majorité cohérent
avec l’accord de programme (…) qui ne soit pas vu comme le soutien à une ligne
qui pourrait provoquer la sortie inévitable de l’Italie de l’euro. » Matteo
Salvini et Luigi Di Maio ont immédiatement pris le pays à témoin et dénoncé un
coup de force contre la démocratie: « Il est inutile d’aller
voter, puisque les gouvernements ce sont les agences de notation, les lobbies
financier et bancaire qui les font », a osé Luigi Di Maio. « Nous
ne sommes pas une colonie des Allemands ou des Français », a rappelé
Matteo Salvini.
Sergio Mattarella,
ministre membre de la démocratie chrétienne jusqu’à la disparition de
ce parti dans des scandales de corruption en 1994, a tout de même surnagé.
Il est devenu président grâce à l’appui de Matteo Renzi en 2015. Une certaine
eurocratie défend, semble-t-il, ses privilèges et tente de subjuguer le peuple
italien comme elle l’a fait avec son cousin grec. Tout s’est mis en place pour
le grand dénouement final européen. Les responsables n’en seront pas les
peuples d’Europe mais ceux qui ont essayé d’en profiter.
Le parti AfD veut traduire en justice Angela Merkel pour avoir ouvert les frontières du pays https://www.suavelos.eu/le-parti-afd-veut-traduire-en-justice-angela-merkel-pour-avoir-ouvert-les-frontieres-du-pays/
C'est une dictature molle
Le nouveau monde des nations, des souverainetés, des frontières et des identités est en train de faire tomber les dominos les uns après les autres. Dernier en date, l’Italie. Plus il se rapprochera du centre névralgique franco-allemand et plus les convulsions seront violentes...
N’ayez aucun doute que tous les instruments à la disposition de l’Etat seront utilisés par l’ancien monde au pouvoir pour empêcher la bascule : justice, banques, médias, censure et la manipulation des réseaux, etc. Mais nous irons jusqu’au bout, drapeau tricolore au vent !
La Pologne et la Hongrie ne vont pas dans le sens de l'UE ? L'UE veut leur supprimer le droit de vote.
Les italiens ne votent pas dans l'intérêt de l'UE ? l'UE fait de sorte d'annuler l'élection.
Une dictature qui n'en a pas le nom, voilà ce qu'est l'UE !
https://twitter.com/themys073/status/1001043127296249857
..."courage" donc de ne pas respecter la décision de la majorité des électeurs italiens.
C'est moi ou la Démocratie prend un tournant curieux dans "l'Europe non illibérale" ?
Le virage est entrepris depuis longtemps, juste qu'il s'accentue : Lisbonne, Grèce, Maïdan, Catalogne, Italie...
D'ailleurs avez-vous lu ce papier qui devrait vous intéresser ?
Centrists Are the Most Hostile to Democracy, Not Extremists
By DAVID ADLER MAY 23, 2018
https://www.nytimes.com/interactive/2018/05/23/opinion/international-world/centrists-democracy.html
Pour s'installer, je pense qu'un régime autoritaire et/ou fascisant a un énorme besoin de gens "un peu surpris de la tournure des événements"
@EmmanuelMacron : Le seul et unique président européen à se déclarer ouvertement pour le non respect du vote du peuple Italien en soutenant leur président. Les autres n'ont pas osé.
Cela fait bien longtemps que nous nous ne sommes plus en démocratie... Depuis 1992 au moins... Ce serait-il passé quelque chose? L'étau se resserre de plus en plus sur les peuples!
L’UE est anti démocratique, y a que nos gouvernants qui veulent nous faire croire le contraire!!!
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https://twitter.com/Anice_L/status/1001181506629459968
Le Président de la République italienne est dans son rôle de garant des institutions et de l’unité nationale.
Rappelons qu’Hitler fut élu «démocratiquement».
En France, le deuxième tour du scrutin présidentiel joue le rôle de fusible contre l’arrivée au pouvoir du totalitarisme.
La faiblesse des démocraties modernes réside dans les modes de scrutin qui favorisent les populistes qui ciblent des minorités bouc-émissaires en temps de crise.
Le rôle de fusible de notre deuxième tour présidentiel, ou du Président italien, permettent de barrer la route aux partis populistes, mais ils peuvent paradoxalement sembler anti-démocratiques.
Pourtant, ils existent des modes de scrutin beaucoup mieux adaptés contre la bipolarité politique quand tout va bien (conservateurs vs progressistes), et l’arrivée des populistes en temps de crises.
Par exemple, le #VoteDeValeur permet de favoriser le consensus au sein des démocraties, tout en pénalisant la démagogie politicienne.
Plusieurs études ont démontré l’efficacité de ces modes de scrutins modernes. Dont une du CNRS :
http://www.liberation.fr/politiques/2017/04/13/et-si-on-votait-autrement_1562529
Trump n’aurait jamais passé les primaires républicaines avec ce genre de scrutins. Pourtant, nos politiques sont très frileux. Comme pour tout, il faudra peut-être une nouvelle guerre mondiale pour oser changer de scrutin.
Il est urgent d’introduire dans le débat public l’idée de changer de mode de scrutin avant que le pire n’advienne. Le vote de valeur est sûrement ce qui empêcher le nouveau nazisme d’arriver au pouvoir : http://votedevaleur.org
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Ben je dirais que si ça se voit trop " l'autoritaire" les gens se braqueraient. Mais là et ils y vont tout smoothie ça passe.
L'UE nous aura livrés aux barbares, n'aura rien fait contre la législation extra-territoriale US et ne nous protégera pas de la crise financière qui s'annonce.
Elle a en revanche acté le blocage des comptes courants, la limitation des retraits et la ponction sur l'épargne...
Autre exemple : les Anglais ont voté le Brexit, leur chambre des Lords essaie d'annuler ce vote en faisant obstruction.
On peut aussi rajouter : la suppression par le pouvoir néerlandais du référendum d'initiative populaire, car à la dernière consultation au sujet de l'entrée ou non de l'Ukraine ds le marché commun, ls hollandais avaient dit "NON"...
Luigi Di Maio, a déclaré vouloir invoquer l'article 90 de la Constitution italienne, permettant la mise en accusation du chef de l'Etat pour «haute trahison» ou «atteinte à la Constitution» pour avoir bloqué la nomination d'un ministre eurosceptique.
https://francais.rt.com/international/51104-le-leader-dumouvement-5-etoiles-veut-la-destitution-du-president-italien
En Italie, un président qui n'est pas désigné par les urnes s'oppose à la formation d'un gouvernement représentatif de la volonté populaire. Une fois encore cela montre la confiscation du vote démocratique par les élites européennes. Un jeu dangereux qui discrédite les élections.
Coup d’Etat européen en #Italie : scandaleuses pressions contre un gouvernement élu par le peuple. L’UE ne cache plus son mépris pour la démocratie. Il est urgent de restaurer le principe fondamental des peuples à disposer d’eux même. Ce n’est pas à Bruxelles de décider pour eux!
De Mussolini à Mattarella, les chefs d’Etat Italien ont un petit problème avec la démocratie ! @VerlaineDJENI @LesOrwelliens @lafrancelibretv @GWGoldnadel @AlexDevecchio @DLF_Officiel @FranckDedieu
Puisque le Peuple vote contre l’UE, il faut dissoudre le peuple : Mattarella, génie italien du début du 21e siècle. @AlexDevecchio @VerlaineDJENI @DLF_Officiel @lafrancelibretv @FranckDedieu @LesOrwelliens #Italexit #Matarella #MatteoSalvini
Macron n’est pas dénué d’habileté sauf lorsqu’il est question de son obsession européenne. Là le fin stratège devient un petit adjuvant chef fanatique. Macron, l’Europe va le perdre !@AlexDevecchio @lafrancelibretv @GWGoldnadel
La phrase a été prononcée par le commissaire européen au Budget et aux Ressources humaines, l’Allemand Günther Oettinger
https://youtu.be/_0raGfNJ86Q
EU budget chief APOLOGISES after 'DISRESPECTFUL' Italy remarks spark FURY across Europe
https://www.express.co.uk/news/world/966710/italy-news-latest-eu-gunther-oettinger-apology-election-five-star-lega
Soros: EU facing major financial crisis, but I've a plan to save Europe
https://www.rt.com/business/428132-soros-new-financial-crisis-europe/
L’art. 92 de la constitution italienne permet au président de la République de refuser un ministre proposé par la majorité dans des cas précis : conflit d’intérêt ou crimes avérés. Tel n’est pas le cas de Savona qui est juste un euro-sceptique. Il y a donc bien eu coup d’état ...
Macron exprime au président italien son admiration et son courage pour avoir fait fi de la volonté du peuple ; Raffarin qui promet aux Français la guerre s’ils osaient imiter les Italiens... les symboles de la dictature En Marche en France. Résistance !
http://lefigaro.fr/flash-actu/2018/05/28/97001-20180528FILWWW00171-macron-salue-le-courage-du-president-mattarella.php
L'engagement de M.#Macron d’interdire le #glyphosate en 3 ans a disparu car selon un ancien article de l’Opinion, la France ne peut pas interdire le glyphosate de son propre chef. Sur ce sujet comme sur beaucoup d'autres, c'est bien l'#UE qui décide. #Frexit
SOUTENONS LES ITALIENS ET LEUR GOUVERNEMENT [première partie] (Jean Goychman)
https://minurne.org/billets/15942
Donald Tusk, président du conseil européen : My appeal to all EU institutions: please respect the voters. We are there to serve them, not to lecture them. #Italy @dwnews
https://twitter.com/eucopresident/status/1001456134761472000
Réponse E : j'appelle Mamoudou😉
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