samedi 19 mai 2018

Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane assassiné ? Des rumeurs insistantes... (17.05.2018)

Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane assassiné ? Des rumeurs insistantes...

Le 21 avril 2018, certaines sources d’information ont diffusé des images d’une vraie guerre civile : celle-ci avait pour décor des rues donnant sur le palais du prince héritier Ben Salmane, situé en pleine capitale saoudienne, Riyad. Des images mettaient en scène des chars, des blindés sur fond de bruits assourdissants des échanges de tirs. 


Quelques heures plus tard, les sources indépendantes ont évoqué une tentative de coup d’État impliquant la garde nationale laquelle se serait servi des drones de combat. Les médias « mainstream », eux, ont parlé de l’assaut d’un quadricoptère, qu’aurait pulvérisé dans le ciel la chasse du palais, version qui n’a convaincu personne. 

Depuis ce fameux 21 avril, plus personne n’a vu le tonitruant prince, d’habitude si prolifique en termes d’annonces et de tweets, si enclin à s’afficher en public. Et cette absence qui dure depuis 27 jours a fait des heureux :

À commencer par l’ex-prince héritier du royaume, Mohammad Ben Nayef, reclus chez lui, depuis le coup de force qui l’a bouté hors de la cour : craintif pour sa propre vie et pour la vie de ses proches, Ben Nayef s’était tu. Mais le voici sorti depuis quelques jours des limbes. Sur son compte Twitter, Ben Nayef vient d’accuser dans les termes les plus vifs Ben Salmane d’avoir détruit « des décennies d’autorité du royaume » :

« 100 milliards de dollars, c’est le montant de la fortune des investisseurs yéménites qui cherchent à l’heure qu’il est à quitter l’Arabie. Pourquoi ? À cause des politiques stériles de Ben Salmane.

Le royaume a baissé dans le classement des pays sûrs pour investir. Un État est un État lorsqu’il a le soutien de son peuple. Toute restriction ou tentative de changer l’identité d’un peuple qui y est solidement attaché, est une atteinte à sa survie. » 
Mais le tweet n’en reste pas là. Il dénonce l’étroitesse de vue de Ben Salmane qui « a mis en danger le destin de l’Arabie voire son existence... La mosquée d’al-Aqsa n’a rien à envier à La Mecque en termes de l’amour et de l’attachement que lui vouent les musulmans. Aucun prince arabe ou musulman n’a osé afficher une si grande indifférence à l’égard de la Palestine, comme l’ont fait Ben Salmane et ses proches. Qods est la capitale éternelle de la Palestine ».
Que Ben Nayef ose s’exprimer aussi ouvertement sur les failles de la gouvernance de Ben Salmane, cela signifie qu’elle se sent affranchie d’une contrainte, celle que représente Ben Salmane. 
Les analystes relèvent aussi d’autres faits suspects qui entourent la mystérieuse disparition du successeur au trône : la visite précipitée du secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, à Riyad où il a dit avoir rencontré Ben Salmane sans que la moindre image en soit diffusée, le durcissement des positions du Qatar qui jusqu’ici avait choisi plutôt de souffler le chaud et le froid pour éviter une escalade avec les Saoud, et enfin une lettre secrète adressée par Trump aux dirigeants du Conseil de coopération du golfe Persique où l’auteur se contente de réitérer tout ce qu’il a déjà dit, ce qui n’est l’usage en diplomatie américaine que lorsqu’un accident grave menace les alliés. Ces jours-ci, une information fait le tour des réseaux sociaux. Le soir du 21 avril, Ben Salmane aurait reçu deux balles et n’aurait pas survécu à l’une d’entre elles.


"MBS s'est entretenu par téléphone avec Emmanuel Macron"
http://www.parismatch.com/Actu/International/MBS-s-est-entretenu-par-telephone-avec-Emmanuel-Macron-1524356

Paris Match| Publié le 23/05/2018 à 17h22 |Mis à jour le 23/05/2018 à 17h58
Interview Kahina Sekkai
Le prince héritier Mohammed ben Salmane, photographié le 15 avril 2018.Le prince héritier Mohammed ben Salmane, photographié le 15 avril 2018.
Bandar Algaloud / Courtesy of Saudi Royal Court / Handout / Reuters
Mohammed ben Salmane n'a pas été vu en public depuis le 28 avril dernier, un silence inhabituel de la part d'un prince héritier habituellement sur le devant de la scène. Journaliste, Clarence Rodriguez a vécu et travaillé pendant plus de 10 ans en Arabie saoudite. Elle revient pour Paris Match sur ce silence étonnant pendant une période chargée.

Paris Match. Le prince héritier Mohammed ben Salmane (MBS) n’a pas été vu en public depuis le 28 avril, provoquant une série de questions. Certains se sont même demandés, notamment dans les médias russes et iraniens, s’il n’avait pas été tué.
Clarence Rodriguez. L’absence de communiqué officiel de la part du palais pour contredire les bruits de couloirs a alimenté la rumeur selon laquelle il avait été tué lors de l’attaque du palais le 21 avril, lorsque les autorités ont allégué qu’un drone, un jouet, avait été abattu. Il y avait quand même des salves de tirs nourris. Le 28 avril, on l’a vu en photo avec son père pour inaugurer ce grand projet touristique à Riyad, la cité du divertissement de Qiddiya. C’est la dernière fois qu’on l’a vu. Son absence est un peu anormale : jusqu’à présent, il était sur tous les fronts. Il intervenait partout en public, on le voyait partout, en photo, à la télé et là ça a été le silence radio et la coupure d’images. C’était forcément inhabituel. Beaucoup ont effet nourri la rumeur selon laquelle il aurait été tué, notamment du côté des Qataris et des Iraniens. J’ai appris qu’il était blessé, mais on ne sait pas si cela est lié à l’attaque du 21 avril. On n’a aucune indication sur la gravité de sa blessure. Mais officiellement, on n’en parle pas. 

A lire : «Le prince héritier prend des risques inconsidérés pour que l'Arabie saoudite change»

Ce silence radio était d’autant plus étonnant qu’il survenait à un moment où Donald Trump a annoncé son retrait de l’accord iranien, dont il aurait pu se féliciter publiquement.
Ça a donné l’avantage sur un plan diplomatique aux Iraniens car il s’est absenté à un moment opportun, après avoir fait sa tournée aux Etats-Unis, en Europe. Quoi qu’il en soit, c’était anormal de ne pas avoir de réaction de sa part. C’est presque une erreur de la part des autorités saoudiennes de ne pas avoir communiqué, car ça a permis de laisser la rumeur se répandre.

"MBS veut que toutes les réformes viennent de lui"
A-t-on une idée du retour de MBS sur le devant de la scène?
Hier soir, il s’est entretenu au téléphone avec Emmanuel Macron à propos de la conférence humanitaire sur le Yémen qui aura lieu le 26 juin à Paris. J’ai appris qu’il répondait aux messages sur WhatsApp, mais on ne l’a pas encore vu physiquement.

A lire : Mohammed ben Salmane à Paris, entre sujets qui fâchent et selfies

Depuis plusieurs mois, MBS met en avant une forme d’ouverture, avec des réformes comme le droit de conduire pour les femmes à partir du 24 juin prochain, mais la répression n’est pas du tout amoindrie, comme le montrent les arrestations de la semaine dernière.
Il y a une politique de contradiction de la part de MBS, qui veut absolument tout contrôler. Parmi ceux qui ont été arrêtés, la plupart sont des militantes pour le droit de conduire, alors que l’Arabie saoudite communique grandement sur l’ouverture de ce droit aux femmes. Pourtant, on arrête ces femmes, qui ont été des leaders dans le domaine. Ça veut dire qu’en fait, le prince MBS veut s’accorder la paternité de tout cela, ne veut pas entendre parler des anciens militants, de ceux qui essaient de faire bouger les choses, il veut que tout vienne de lui. Les Saoudiens et Saoudiennes avec qui je me suis entretenue déplorent l’absence de tribune, de lieu public pour s’exprimer ou débattre. 

A terme, peut-on espérer de vraies avancées et non des réformes de façade?
Il y a de réelles avancées, mais il ne faut pas oublier qu’elles sont réalisées à des fins économiques et non des fins humanistes. Pour diversifier l’économie du pays et car un seul salaire dans un foyer ne suffit plus, il faut permettre aux femmes de travailler. Avec pour but la réalisation du plan Vision 2030, qui mettrait fin à la dépendance du pétrole. 

"MBS essaie de museler tous ceux qui peuvent porter atteinte à sa politique"
Des dissensions se sont fait entendre au sein même de la famille royale saoudienne.
Au sein de la famille royale, et même du gouvernement, les arrestations des militants la semaine dernière ont surpris. Il y a une ambiance un peu délétère, tout le monde n’adhère pas à la politique de changement aussi drastique et brutale, voire violente, du prince héritier. Ça ne se dit pas d’une façon ostentatoire mais les gens en parlent et ont peur. Je pense que ça finira par poser des problèmes à l’international car MBS veut attirer les investisseurs à construire Neom, ce projet de ville futuriste à 500 milliards de dollars, mais ce n’est pas en se comportant comme il le fait que les investisseurs vont venir. S’il veut vraiment les séduire, il faut qu’il y ait plus d’ouverture. On ne peut pas prôner l’ouverture, dire qu’il y a des réformes, tout en arrêtant les gens qui aspirent à ce changement. Il peut très bien y avoir une implosion dans ce pays, notamment alimentée par la diaspora saoudienne, qui se trouve à l’étranger. MBS est allé trop loin, il a pu jouer la carte du silence car certains lui ont dit qu’il était allé trop loin, qu’il fallait qu’il se mette en retrait. Il ne faut pas croire que tout le monde adhère à sa politique, y compris parmi les jeunes : tous ne sont pas concernés, certains ne sont pas allés à l’école, sont analphabètes… L’Arabie saoudite se trouve à la croisée des chemins, à l’heure du choix. S’il veut vraiment que son pays change, se renouvelle, et donne une autre image, il va falloir qu’il fasse des efforts sur les droits de l’Homme. On voit un homme comme Raif Badawi, par exemple, qui est en prison depuis six ans pour avoir prôné la même chose que prône le prince héritier, le changement pour que les femmes conduisent, pour l’ouverture. La répression, c’est aussi de garder les prisonniers d’opinion comme lui. MBS essaie de museler tous ceux qui peuvent porter atteinte à sa politique. 

Et qui pourraient demander un peu plus, d’aller encore plus loin dans les réformes?
Il veut s’arroger toutes les réformes, se poser en grand réformateur. Ça lui permet de contrôler le rythme. Même si en deux ans, il y a eu de réelles avancées, comme la possibilité pour les femmes de créer une entreprise ou de ne plus porter l’abaya, c’est presque anecdotique par rapport à ce à quoi on assiste en terme de répression.


Vous pouvez suivre Clarence Rodriguez sur son compte Twitter : @ClarenceArabie

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