samedi 26 mai 2018

Entrisme à l'UNEF


« Avec la racialisation de l'islam, la cause des femmes est devenue secondaire : il ne faudrait pas critiquer le voile par crainte de "stigmatiser" les musulmans. Celles qui refusent le voilement sont ainsi perçues comme des traîtresses ou "islamophobes".»





Quand c’était le christianisme ou le judaïsme qui étaient caricaturés de façon ordurière, extrême-gauche et autres islamistes nous expliquaient qu’on pouvait rire de tout. Mais quand c’est l’islam, les islamo-gauchistes sortent l’islamophobie et les menaces de mort ...



«La dérive de l'UNEF, un mouvement de fond qui touche une partie de la gauche» (25.05.2018)
  • Par  Naëm Bestandji 

  • Publié le 25/05/2018 à 19:40
FIGAROVOX/TRIBUNE - Naëm Bestandji revient sur la polémique autour de Maryam Pougetoux, la présidente de l'UNEF voilée. Cette affaire traduit selon lui une offensive plus globale de l'islam politique, qui pratique une forme d'entrisme dans le monde universitaire et syndical.

Naëm Bestandji est militant féministe et laïc.

Le voile n'a d'autres raisons d'être que de stigmatiser, discriminer et hiérarchiser une partie de l'humanité. Considérées comme tentatrices, les femmes devraient bâcher leurs corps coupables, y compris leurs cheveux, le cou, les bras, etc., pour ne pas exciter la libido des hommes.
Avec la racialisation de l'islam, l'essentialisation de l'ensemble des musulmans, la cause des femmes est devenue secondaire: il ne faudrait pas critiquer le voile et son sexisme par crainte de «stigmatiser» LES musulmans. Les musulmanes qui refusent le voilement sont ainsi perçues comme moins pieuses, voire comme des traîtresses ou «islamophobes» lorsqu'elles militent pour le dénoncer. Par ce que j'ai nommé la rhétorique d'inversion, la dénonciation de ce racisme sexuel à travers son marquage vestimentaire est accusée de racisme par les intégristes musulmans, accusation reprise en chœur par leurs soutiens. Le dernier exemple en date est celui de l'UNEF.
Ce syndicat étudiant a fait le choix d'être représenté par une jeune femme couverte d'un symbole opposé à tout ce qu'il défend. Le fait de questionner et de critiquer ce choix est accusé de vouloir l'interdire, voire de racisme. Par ces anathèmes, l'UNEF est dans le rejet du débat démocratique sur ce sujet, de voir ce que signifie ce voile, ses valeurs, qui le prescrit (l'islam a bon dos) et pourquoi. Il est à l'unisson avec les intégristes musulmans qui ont su convaincre que le racisme et le sexisme du voile seraient une forme d'émancipation, un féminisme différent, un «féminisme islamique».
Comment ce syndicat, dont l'histoire est l'inverse de ses dérives actuelles, en est arrivé là? C'est le fruit de graines semées il y a cinquante ans. La récolte idéologique dépasse l'UNEF. C'est un basculement générationnel qui touche toute une partie de la gauche, qui s'explique par l'Histoire et la stratégie efficace des Frères Musulmans.
Depuis plusieurs décennies, les islamistes ont tout fait pour remettre les musulmans sur ce qu'ils estiment être «le droit chemin»: prêches, livres, librairies, supports audios et vidéos, chaînes satellitaires, conférences, créations d'associations dans tous les domaines (centres «culturels», soutien scolaire, apprentissage de la langue arabe, activités périscolaires, centres de loisirs, aide humanitaire, syndicat étudiant, etc.). L'UOIF (les Frères Musulmans de France) ont même fondé l'Institut Européen des Sciences Humaines qui a pour vocation de former des cadres qui partiront aux quatre coins de France pour diffuser l'idéologie des Frères.
Contrairement aux salafistes, les Frères Musulmans ne rejettent pas la politique et la société. La ré-islamisation des musulmans, en inculquant leur interprétation de l'islam, est aussi un marchepied pour transformer l'ensemble de la société. Le moyen n'est pas la violence mais la patience. Un des principes des Frères Musulmans est “on a le temps”. Que ce soit dans 50 ou 70 ans, ils sont convaincus qu'ils réussiront à islamiser l'ensemble des sociétés dans lesquelles ils se trouvent. Il suffit d'être stratégique et patient. Ils n'hésitent pas, en apparence, à reconnaître les lois des pays laïques et démocratiques, et appellent les musulmans à se servir de leur citoyenneté. Une stratégie politique dans laquelle la rhétorique d'inversion est centrale. L'intérêt est l'imposition de leurs spécificités et de «l'identité islamique» à l'ensemble de la société à travers les moyens que leur offre la démocratie. En France, cela dure médiatiquement depuis la première affaire de voile dans un collège de Creil en 1989. Ce n'est pas un hasard. Par leur obsession sexuelle, leur sexisme maladif, le corps des femmes est le principal champ de bataille et la première arme politique des islamistes. Le voile est leur cheval de Troie.
L'alliance entre les islamistes et une partie de la gauche ne date pas d'aujourd'hui.
Les communistes français ont toujours considéré, du moins dès les années 1950, les peuples «arabes» comme des opprimés exploités par la colonisation, comme le seraient les ouvriers par les patrons. En référence aux principes de la Révolution Française, ils militaient pour l'émancipation des peuples. Ils avaient soutenu le FLN lors de la guerre d'Algérie. Les indépendantistes maghrébins étaient motivés par ces mêmes raisons. L'ensemble de leurs combats affichait surtout des motivations socialistes.
Les luttes contre les régimes autoritaires et pour la cause palestinienne dans les années 1960 et 1970 avaient gardé les mêmes motivations chez les immigrés arabes et maghrébins. Elles étaient exclusivement politiques sans préoccupations religieuses. Leurs références étaient «arabes», pas «musulmanes», avec des discours de gauche anti impérialistes. Les étudiants étrangers venant de pays musulmans créaient des associations politiques du genre «Comité de Liaison des Étudiants Progressistes Arabes». Ces étudiants étaient fortement soutenus par des étudiants français d'extrême gauche. Ils voyaient en eux des camarades de lutte défendant les mêmes valeurs pour un même idéal et réciproquement.
L'intégrisme musulman s'est substitué au communisme comme idéologie révolutionnaire opposée à «l'impérialisme occidental».
Des étudiants islamistes étaient bien présents en France dès les années 1960. Mais ils étaient étrangers, comme les autres, et peu nombreux. Une fois leurs années d'études terminées, ils repartaient dans leur pays. Mais ils posèrent les jalons de ce qui deviendra l'UOIF et firent glisser peu à peu la sémantique et les orientations de ces étudiants laïques vers la religion, dès les années 1970. Les contenus des tracts étudiants de cette époque sont révélateurs. Les formules religieuses et noms d'associations avec le terme «musulman» ont remplacé progressivement les formules et noms issus du langage de gauche. La révolution islamique iranienne en 1979 n'a fait que galvaniser le phénomène, notamment par son arme politique qu'est le voile. Mais l'extrême gauche, ne mesurant pas cette évolution dangereuse vers l'extrême droite, n'a pas rompu ses liens avec eux.
Cette collusion entre des militants arabes et maghrébins, intégrant de plus en plus de religiosité dans leurs valeurs, et l'extrême gauche, explique en grande partie pourquoi aujourd'hui encore cette dernière est si complaisante avec les intégristes musulmans. De plus, la chute du communisme au début des années 1990 renforça ces liens, l'intégrisme musulman se substituant au communisme comme idéologie révolutionnaire opposée à «l'impérialisme occidental».
Avec un discours toujours teinté de gauche sur les questions économiques et sociales, et de «lutte contre l'impérialisme», les Frères musulmans ont su garder cette tendresse que l'extrême gauche avait pour les militants laïques arabes et maghrébins. Dès la fin des années 1990, Tariq Ramadan avait un succès fou auprès des altermondialistes. La perte des ouvriers, dont une partie s'est tournée vers le FN, a renforcé cette attraction pour les intégristes musulmans, identifiés comme les nouvelles victimes de «l'impérialisme», en imaginant qu'ils représentent l'ensemble des musulmans. C'est cet héritage que nous voyons aujourd'hui. Une partie de la gauche soutient aveuglément les islamistes. Auréolés de leur statut de victimes permanentes des méchants colons blancs racistes et oppresseurs, déclamant des discours sur les problèmes sociaux dans les quartiers populaires, sur la lutte contre le «néocolonialisme occidental» ou les questions socio-économiques, cela ne pouvait que séduire une bonne partie de l'extrême gauche (car toute l'extrême gauche ne les soutient pas) en mal d'opprimés à défendre.
La lune de miel est si romantique que les frontières sont poreuses. Des Frères Musulmans militent également dans des mouvements de gauche. Leurs discours et leur rhétorique sont un mélange de religion, de racisme et de lutte sociale. Cette alliance entre l'extrême droite religieuse et une partie de l'extrême gauche s'est concrétisée par la création du Parti des Indigènes de la République.
Le milieu estudiantin est un des nerfs de la guerre. L'enseignement forme les citoyens de demain. Les islamistes ont conscience qu'ils ne réussiront pas à convaincre leurs adversaires d'aujourd'hui. Ils savent qu'ils n'ont pas la moindre chance de faire supprimer la loi de mars 2004 qui protège les petites filles du désir islamiste de les voiler. Les futurs citoyens sont des proies de choix. Les islamistes comptent sur eux pour un jour supprimer cette loi comme d'autres dispositifs laïques.
Les personnes de plus de 40 ans ont connu l'islam sans voile. Certains ont vécu la guerre civile algérienne et ont conscience de la violence symbolique du voile. D'autres ont connu l'émancipation des femmes en Tunisie. Quant à ma génération de français d'origine maghrébine, nous avons connu l'islam malékite bien éloigné de ce qui est aujourd'hui l'islam intégriste importé du Moyen-Orient et qui tend à devenir partout la norme, y compris en France.
La laïcité française est perçue comme intolérante face à une laïcité anglo-saxonne faussement plus ouverte.
Les musulmans nés à partir des années 1990 n'ont pas les mêmes repères et sont fortement influencés par l'islamisme qu'ils imaginent être l'islam tout court. L'ensemble des Français nés à partir de cette époque est également habitué à voir des voiles et à entendre des propos extrémistes qu'ils considèrent être de simples positions pieuses. Cette normalité ne les amène pas à s'interroger sur les enjeux. Au contraire, l'accepter serait une forme de tolérance. Chez ces jeunes générations, l'universalisme prôné par notre pays évolue lentement vers l'acceptation du multiculturalisme voire du communautarisme. La laïcité française est perçue comme intolérante face à une laïcité anglo-saxonne faussement plus ouverte. Cette dernière est un rêve pour les islamistes car elle leur permettrait de s'épanouir sans entrave.
Cette situation est aussi le résultat de l'infiltration islamiste dans les milieux universitaires. L'UOIF a créé l'EMF dans l'objectif de ré-islamiser les étudiants identifiés comme musulmans. Le deuxième intérêt est de développer leur intégrisme par des revendications religieuses portées par l'EMF au sein des universités.
Entre temps, la rhétorique d'inversion et la victimisation permanente se sont développées et ont été intellectualisées. La création des Indigènes de la République, alliés aux islamistes, a permis le développement d'un néo-racisme qu'ils désirent faire passer pour de l'antiracisme. L'accès aux universités a pour but d'orienter les recherches universitaires vers leurs thèses, car c'est là que sont formés les futurs enseignants et une partie des travailleurs sociaux.
Ces dérives débordent et éclatent à présent au grand jour. Le terme «islamophobie» développé par les intégristes musulmans tente de devenir un synonyme de racisme pour décrédibiliser toute critique à leur égard. Certaines universités ont validé ce point de vue.
En mai 2017, l'École Supérieure du Professorat et de l'Éducation de l'académie de Créteil avait organisé un colloque intitulé «Penser l'intersectionnalité dans les recherches en éducation». Développant toutes les thèses racialistes et colonialistes des indigénistes, certains thèmes abordés avaient pour titre «L'institution scolaire au risque de l'islamophobie» ou encore «Comment l'institution scolaire fabrique le «problème musulman»».
En octobre 2017 devait se tenir un colloque intitulé «Lutter contre l'islamophobie, un enjeu d'égalité?», organisé par la Chaire «Égalité, inégalités et discriminations» de l'université Lyon 2 en partenariat avec «l'Institut Supérieur d'Étude des Religions et de la Laïcité». Il allait rassembler la fine fleur de la nouvelle extrême droite française: des associations islamistes alliées à l'intégrisme chrétien, des antisémites, des militants politico-religieux, et même un fiché S. Par la rhétorique d'inversion, tous se présentaient comme des militants démocrates et antiracistes. Aucun contradicteur, pas le moindre militant laïque ni même de musulmans progressistes n'ont été invités. Par cet entre-soi inquiétant, ce colloque était loin d'avoir une portée scientifique. C'était un moyen pour les intervenants de s'en servir comme caisse de résonance et permettre de légitimer encore un peu plus l'indigénisme et l'intégrisme musulman sur le plan universitaire.
Face au tollé, l'université a préféré l'annuler.
Quelques semaines plus tard était également prévu un séminaire d' «études décoloniales» à l'Université de Limoges. L'invité d'honneur devait être Houria Bouteldja. Raciste, antisémite et homophobe, elle est la porte-parole du Parti des Indigènes de la République et auteur du livre Les Blancs, les Juifs et nous: vers une politique de l'amour révolutionnaire. Nouvelle polémique, nouvelle annulation.
En s'alliant avec des islamistes et en choisissant une étudiante vêtue de l'uniforme des Frères Musulmans, l'UNEF se situe dans ce mouvement de fond.
Autre lieu, autres dates mais mêmes orientations: les 18 et 19 décembre 2017, le syndicat Sud Éducation 93 organisa à Saint Denis un stage syndical «Au croisement des oppressions - Où en est-on de l'antiracisme à l'école?». Ce stage était proposé aux enseignants fonctionnaires et agents non titulaires. Par ses intervenants indigénistes et islamistes, ainsi que les thèmes des débats proposés, il déroula toute la logorrhée indigéno-racialiste qui sert aussi de tremplin à l'idéologie islamiste.
Plus récemment, lors des grèves étudiantes en avril 2018, les mouvements grévistes ont été infiltrés par les indigénistes. À l'Université Libre de Tolbiac, des débats aux relents racistes ont été organisés, tels que «Les mouvements sociaux et la question de la race: les angles morts de l'extrême gauche blanche». Étaient également prévus des débats sous les thèmes «autonomie politique indigène, impérialisme gay, Palestine».
En s'alliant avec des islamistes et en choisissant une étudiante vêtue de l'uniforme des Frères Musulmans, l'UNEF se situe dans ce mouvement de fond. Les anciens du syndicat sont éberlués et choqués de constater les dérives de la nouvelle génération de militants.
L'EMF est la branche estudiantine des Frères. Par de multiples actions et conférences, les liens entre l'EMF et d'autres représentants de l'islamisme politique sont étroits. Le plus régulier est la Rencontre annuelle des Frères au Bourget. EMF y a son stand, à côté des librairies vendant des livres misogynes et homophobes, et d'autres stands vendant poupées voilées et voiles pour les fillettes.
En perte de vitesse, l'UNEF s'est alliée à EMF afin de gagner des sièges aux CROUS et ailleurs. L'élection puis la mise en avant d'une jeune femme portant le symbole sexiste et politique des islamistes n'est pas de la tolérance et encore moins un acte laïque. C'est l'aboutissement visible de l'alliance politique entre ce syndicat et l'intégrisme musulman. Cette évolution signe le déclin idéologique d'un syndicat qui défendait historiquement le féminisme et la laïcité.
L'infusion de la rhétorique d'inversion des Frères Musulmans ne touche pas seulement le milieu universitaire. Le féminisme est également concerné. Plusieurs associations et militantes considèrent que le voile est compatible avec le féminisme. Certaines estiment même que le voile est une forme de féminisme… Cette évolution générationnelle touche également un mouvement mythique à mes yeux, le Planning Familial.
Dans les années 1960 et 1970, le Planning Familial était en première ligne face au patriarcat et à l'intégrisme catholique. Les militantes de l'époque étaient conscientes du danger pour les femmes d'inclure la religion comme argument de régulation des rapports entre les sexes.
En 2004, le Planning Familial avait été un partenaire indéfectible du mouvement Ni Putes Ni Soumises (NPNS). Toute la sphère islamiste attaquait sans relâche cette jeune association. Les liens entre NPNS et le Planning Familial étaient si forts que pour la manifestation de la journée internationale des droits des femmes de mars 2004, en plein débat sur les signes religieux à l'école, les deux mouvements manifestèrent ensemble, pour se séparer du cortège principal qui intégrait des associations religieuses pro-voile.
À la tête du comité NPNS de Grenoble, j'avais eu plusieurs fois l'occasion d'intervenir à cette époque dans des débats publics en binôme avec une représentante du Planning.
Chaque avancée de la manifestation intégriste de ce voile est un recul et une pression supplémentaire pour les musulmanes qui ne le portent pas.
Mais ça, c'était avant… Depuis quelques années, le mouvement vit une lente évolution de l'universalisme vers le relativisme. Des dissensions internes existent au sein du Planning opposant, pour faire simple, l'ancienne et la nouvelle génération de militantes. Si les anciennes sont conscientes du danger de l'alliance avec des religieux, quelle que soit la religion, les plus jeunes y voient une forme d'intolérance, mais uniquement envers l'islam. Le racisme et le sexisme du voile, les valeurs qu'il véhicule, notamment sur le corps des femmes et leur sexualité, sont à l'opposé de tout ce que défend le Planning Familial. Pourtant, tout comme à l'UNEF, ce symbole du patriarcat est perçu par certaines jeunes militantes comme un symbole féministe.
Le virage officiel fut pris à l'été 2017 par son soutien à Lallab, une association «féministe» qui s'inspire de l'idéologie des Frères Musulmans. Le Planning Familial a toujours lutté pour la mixité entre garçons et filles. Elle soutient aujourd'hui une association qui assume le refus de la mixité et qui défend le voilement des enfants par son désir de supprimer la loi de mars 2004.
Chaque avancée de la manifestation intégriste de ce voile est un recul et une pression supplémentaire pour les musulmanes qui ne le portent pas. Ce port est éminemment politique, surtout dans un syndicat censé défendre des valeurs laïques et féministes tel que l'UNEF. Peu importent les intentions de celle qui s'en couvre, il en est la quintessence. L'UNEF participe à sa banalisation et au développement de l'intégrisme musulman en France. Le féminisme est devenu secondaire au profit de la défense d'une idéologie politico-religieuse qu'ils déclarent être de l'antiracisme. C'est un mouvement de fond, héritage historique du mariage entre l'intégrisme musulman et une partie de la gauche.
Le CCIF, idéologiquement la branche juridique des Frères Musulmans, profite justement de cette polémique pour user encore de la rhétorique d'inversion. Il affiche sur les réseaux sociaux la photo d'une femme voilée avec pour accroche «les femmes musulmanes contre le sexisme et l'islamophobie». Les musulmanes non voilées seront ravies de savoir qu'elles ne sont pas musulmanes. Les autres seront satisfaites de voir que le sexisme ne vient plus du voile mais des féministes. Islamisme et revendications étudiantes, nous sommes bien dans la «convergence des luttes».
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Quand je dis que les barbus font de l'entrisme à l' #UNEF, je note que peu conçoivent ce concept dans la pratique. Je vais donc vous raconter deux histoires vécues d'entrisme pour l'illustrer.

Pour intégrer en groupe une orga (parti, syndycat, assoce...), normalement, tu fais ça ouvertement : tu n'es pas là pour phagocyter, mais pour faire du gagnant-gagnant en respectant la règle du jeu (ex.: les anciens PSU au PS, les Mamère chez les Verts, etc.).


Mais en cas de crainte d'une réaction (divergences, intentions inavouables), il faut faire de l'entrisme : arriver progressivement. En appeler au respect des minorités et de la proportionnelle. Les premiers à entrer sont ceux qu'un ami appelle ironiquement les "moines-soldats".

Ils donnent de leur personne : contrôle du discours, acculturation, engagement, connaissance des statuts. Puis, la main sur le coeur, prise de contrôle d'une structure locale. Se faire adouber par des anciens, encadrer les nouveaux, accéder aux échelons intermédiaires...

...faire des alliances, solidifier une tendance minoritaire (ça ne marche que dans les orgas qui fonctionnent à la proportionnelle). Et ne JAMAIS admettre qu'on est en manoeuvre permanente, que l'objectif est autre. Eviter les sujets qui fâchent, faire la Sainte-Nitouche.

Une fois que tu tiens solidement une tendance à 15/20%, tu peux (si c'est l'objectif) tenter la prise de pouvoir : tu t'allies avec les ennemis de tes ennemis, tu fais de la casse sur n'importe quel sujet, ça fait partir les anciens, et c'est gagné (ActUp, MRAP... @UNEF ?).

On a eu une fois un cas comme ça chez les Verts dans les 90'. On était très faibles, genre 100 dans la région. Ils sont arrivés en couple : des jeunes profs gauchistes fraîchement mutés, très intellos, très forts, déterminés. Origine politique floue.

En résumé, l'objectif du parti était de gagner les élections, mais eux ils étaient là pour utiliser le parti pour faire de l'agit-prop à visée révolutionnaire. Leur objectif stratégique n'était pas le même que le nôtre.

Ils ont pris un département facilement à la tchatche et par le travail. Assez vite, on comprend qu'il n'y a pas de deal possible : ils vont s'attaquer à la région. Ils accèdent aux instances parisiennes via une tendance nationale, commencent à structurer leur affaire.

Or, même majoritaire, on ne peut pas, statutairement, virer qq'un qui n'a pas fait de faute : ça a pris des années pour les neutraliser. Des centaines d'h au tél à préparer des coups de billard à 3 bandes, des dizaines de soirées et we dans des salles municipales...

Des pleurs, des crises d'asthme en réunion. Des engueulades, des démissions. Mais on a finalement gagné : ils ont demandé à nouveau leur mutation. Ils étaient seulement deux, mais on a récupéré une section départementale en ruines, et on était lessivés.

Autre exemple : élections européennes. Chabada F/H/F/H + chabada non-vert/vert chez les H. Je suis désigné par les militants premier H vert de la macro-région, donc 4e sur la liste (sans aucun espoir d'être élu, hein).

Là, j'apprends que la comission nationale de tambouille pré-électorale me dégage pour faire de la place à un gars de la périphérie lilloise (que j'avais battu, donc). Nom arabe. Ca se fait, de faire monter (sans le dire) les "minorités" sur les listes (je l'ai souvent fait).

Un événement pro fera que je ne pourrai pas être candidat de toute façon, mais j'avais déjà googlisé le gars.

Il est porte-parole d'une officine frériste : ils sont fans de Ramadan, reproduisent les fatwas de Qaradawi, etc. Si vous ne faites pas la différence entre musulmans et Frères Musulmans, lisez ça :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Frères_musulmans …

Un candidat pratiquant, on s'en fiche (un parti laïque n'a pas à en connaître). Le sujet, c'est qu'il est militant religieux ET politique : on commence à tout mélanger. Qui plus est, militant religieux radical : c'est franchement n'importe-quoi.

J'appelle la patronne pour gueuler. Elle assume. Elle me dit qu'il faut un "musulman" assez haut. Elle mélange arabe/musulman/islamiste comme ça l'arrange... Elle m'explique en gros qu'on fait un mauvais procès à ce gars, très sympa, qui l'a assurée ne pas être extrêmiste.

Bref, entre ceux qui te le vendent comme une tactique électorale assumée, ceux qui ne veulent pas de bagarre, et ceux qui te sautent à a gorge si tu dis qqch parce qu'ils ont fait de leur complexe de culpabilité post-coloniale une sorte de raison de vivre, ça passe crème.

Après, ça devient compliqué : comme personne ne comprend rien aux Frères musulmans, à Qaradawi, toussa, si tu continues à gueuler, c'est que tu es raciste. On devient "l'extrême droite du parti" (joke de JVP). Ca emmerde tout le monde, ce genre de sujet.

Le gars, lui, a suivi la polémique : il donne des gages sur les cantines bio, l'Europe, toussa. Entendu : "il ne peut pas être extrêmiste, machin l'a vu boire une bière". A ce stade, tu ne peux plus rien faire, sauf à passer pour un cinglé. C'est fini : partie perdue.

Bref, un parti peut se prétendre du "camp du progrès", soutenir le mariage gay et les drag-queens qui jettent des préservatifs à Monseigneur Machin, et en même temps présenter à quatre élections successives un gars à côté de qui les lefébvristes sont des yéyés.

Par calcul électoraliste un peu, mais aussi parce que si la manoeuvre d'entrisme est bien faite, on n'y peut plus rien, sauf à constituer une majorité prête à engager une grosse baston interne, bien longue et bien destructrice.

Le gars, trankilou, a appelé en 2013, avec ses amis fréristes, à participer à la manif pour tous, parce qu'après l'homosexualité, que pourra-t-on "répondre envers ceux qui souhaiteront la reconnaissance de l'inceste ou de la pédophilie" ? (sic)

Entrisme réussi, donc. Le gars peut désormais faire sa tambouille d'extrême-droite tranquille et même avoir des subs pour son assoce "culturelle" (!) perso : il est couvert par un parti de gauche, a des appuis au conseil municipal, à la métropole, à la région...

Je ne dis pas son nom parce que je n'ai pas trop envie de me prendre un procès (c'est leur truc, ça...).

Mai 2018 : L'@UNEF est régulièrement alliée à l'EMF, mouvement étudiant de l'UOIF (branche française des Frères musulmans). 
https://fr.wikipedia.org/wiki/Étudiants_musulmans_de_France …

La cheffe de l'Unef UP4-Sorbonne porte un hijab (personne n'a jms vu une croix à l'Unef) : je ne peux pas affirmer qu'elle est partie-prenante de l'entrisme dans l'Unef ou qu'elle est mise en avant par des idiot-e-s utiles de cet entrisme...

Mais je trouve bien péremptoires tous ceux qui affirment qu'il faut la préserver parce que (je caricature) c'est une jeune féministe/progressiste, arrivéee là par hasard, qui a pour seuls soucis la défense des intérêts des étudiants de son syndicat et l'avenir de l'Université.

M'est plutôt avis que les derniers laïques vont fuir de l'UNEF, que la majorité des sections vont tomber, et que mon premier syndicat (snif !) va devenir, si ce n'est pas déjà le cas, la façade/caution/vivier "de gauche" de l'EMF.

Comme les lefébristes ont pour objectif de re-christianiser l'Europe, les fréristes français ont pour objectif d'islamiser la France, et pas d'émanciper les femmes, de favoriser la liberté d'expresssion ou de développer l'Université (regardez la Turquie !).

Alors oui, @Charlie_Hebdo_ peut bien moquer/dénoncer la cheffe de l'@UNEF, alliée des fréristes, autant qu'il moque/dénonce Marion Maréchal-Le Pen, Christine Boutin ou Fillon, allié de LMPT/Sens commun.

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