Goldnadel : migrants, féminisme... méfions-nous de l'américanisation du débat (15.01.2018)
Gilles-William Goldnadel : «Ce n'est pas seulement Bizet qu'on
assassine» (08.01.2018)
Goldnadel : «Yann Moix est un idiot utile de la cause migratoire»
(29.01.2018)
Goldnadel : «Le premier devoir de l'homme est de protéger ses enfants
innocents» (05.02.2018)
Immigration, salafisme, mosquées... Extraits exclusifs du livre choc de
Philippe de Villiers (06.10.2016)
La CEDH condamne la France pour l'expulsion d'un djihadiste
(01.02.2018)
Terrorisme: la Cour européenne des droits de l'homme condamne la France
(01.02.2018)
Goldnadel : la gauche morale la plus bête du monde (19.02.2018)
Goldnadel: «Cachez cette croix que je ne saurais voir!» (30.10.2017)
Zineb El Rhazoui : pourquoi l'islamisme est un totalitarisme
(11.11.2016)
Élisabeth Lévy : «L'inquisition d'aujourd'hui est de gauche !»
(13.10.2014)
Georges Bensoussan : «Nous entrons dans un univers orwellien où la vérité c'est le mensonge» (07.07.2017)
Goldnadel : sur l'immigration, le «en même temps» ne suffit plus (26.02.2018)
TPMP : échange très tendu entre Bernard de La Villardière et Rokhaya Diallo (27.02.2018)
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Goldnadel : migrants, féminisme...
méfions-nous de l'américanisation du débat (15.01.2018)
- Par Gilles
William Goldnadel
- Mis à
jour le 15/01/2018 à 13:26
- Publié le
15/01/2018 à 12:15
FIGAROVOX/TRIBUNE
- Tands qu'outre-Atlantique la grand-messe du Bien «télégénique» a trouvé en
Oprah Winfrey une nouvelle prêtresse, la France continue de s'agiter après la
tribune signée par une centaine d'alter-féministes. Gilles-William Golnadel
donne sept conseils à ceux qui veulent résister à la folie médiatique.
Gilles-William
Goldnadel est avocat et essayiste. Il est président de l'association
France-Israël. Toutes les semaines, il décrypte l'actualité pour FigaroVox.
À
ceux qui souhaitent résister au vent de folie idéologique qui souffle, j'ai,
immodestement, sept conseils à offrir.
Premier
conseil: d'abord, ne doutez surtout pas de la folie du temps. La semaine passée
aura été aussi venteuse que les précédentes. Sur ces deux fronts, qui en fait
n'en font qu'un.
Dans
l'hebdomadaire de la gauche convenue, on vous a expliqué, un prix Nobel
littéraire en tête, que le gouvernement français s'apprêtait à déchoir en
prétendant vouloir résister aux grands flux migratoires. C'est là qu'arrive
déjà mon deuxième conseil: n'oubliez pas que ceux que vous lisez n'ont ni complexe,
ni humilité, ni mémoire. Ils se sont systématiquement et monstrueusement
trompés depuis des décennies. Ils vous ont dit que le communisme était une
bonne idée. Ils vous ont dit que l'immigration était une chance pour la France.
Ils vous ont dit que les migrants étaient inoffensifs.
Ils
savent que ce ne sont pas eux qui en paieront le prix.
Ils
vous ont dit que le printemps arabe était une merveille. Ils vous ont dit que
l'antisémitisme n'avait rien à voir avec l'islamisme.
Ils
continuent ainsi leurs errements esthétiques avec le même narcissisme agréable
et gratuit.
Ils
savent que ce ne sont pas eux qui en paieront le prix.
Mon
troisième conseil est juridique: ils sont en train de dévoyer impunément le
droit d'asile.
Celui-ci
est réservé exclusivement à ceux qui encourent personnellement dans leur pays
les violences de l'État.
Lundi
dernier, à la radio active de notre État passif, en présence du responsable
administratif de l'OFPRA, on détournait effrontément la loi internationale de
l'asile en voulant abusivement et follement l'étendre à l'ensemble des
habitants de la planète. On vous expliquait doctement que les migrantes violées
par leurs compagnons de traversée, que l'immigrant climatique comme
l'économique avaient le droit irréfragable de pénétrer sans droit et comme bon
lui semble sur le territoire national.
Ici
demeure la démence et commence la souffrance pour les hommes de France.
Car
mon quatrième conseil est moral: le devoir d'humanité n'est pas réservé
exclusivement à l'Autre, sauf à se faire inhumain pour son pays et ses propres
enfants. N'ayez pas honte et soyez même fier de les aimer davantage que ceux
des autres qui ne sont pas meilleurs. Et de vouloir les protéger contre la
dilection névrotique de l'altérité.
L'autre
vent de folie est venu, comme désormais après chaque marée médiatique, des
Amériques.
On
nous a expliqué avec un enthousiasme qui se devait communicatif que lors de la
cérémonie des Golden Globes à Los Angeles le 7 janvier, Oprah Winfrey avait «électrisé» son
assistance hollywoodienne. Avec un art consommé de la mise en scène
empathique, on pouvait voir des acteurs en transe quasi-hypnotique recevoir les
imprécations prophétiques d'une télévangéliste noire et féministe.
Le
camp du Bien télégénique était de retour sans être jamais parti. Celui d'Harvey
Weinstein et celui qui avait couvert les frasques d'icelui. Et la
télévangéliste féministe les absolvait et leur promettait des lendemains qui
chantent après la pluie. Mais n'oubliez jamais que la nuit américaine est un
artifice trompeur. Ceci est mon cinquième conseil.
En
France, des femmes courageuses et qui refusent de marcher au pas de l'oie
blanche en fureur, ont publié une tribune globalement
intelligente pour dénoncer précisément la folle
imposture de la traque électronique du porcin dans tous ses états. Il s'est
ensuivi une exceptionnelle chasse à la femme libre de vouloir penser autrement
qu'en horde déchainée.
Certaines
pétitionnaires, comme Élisabeth Lévy, furent insultées en des termes indignes
d'un débat civilisé. Le fait de ne pas être d'accord n'autorise pas de telles
bassesses.
Femmes
courageuses, qui luttez contre la folie du radical-féminisme, ne vous excusez
surtout pas.
Michelle
Perrot, incarnant l'éternelle féministe, expliqua sans rire que les
pétitionnaires coupables avaient attenté à leur obligation de solidarité envers
les femmes. Ce qui me conduit logiquement à déduire que les hommes devraient
faire montre d'un esprit de corps symétrique envers leurs semblables à double
testicules. Ainsi se poursuivrait donc la guerre des sexes qu'elles veulent.
Brigitte
Lahaie, ordinairement mieux inspirée, et pour avoir prétendu qu'il était arrivé
que des femmes violées connaissent l'orgasme, fut couverte de sarcasmes par
Caroline de Haas et paya au prix fort pour toutes les pétitionnaires. La pauvre
inonda de larmes les microphones périphériques.
Elle
eut bien tort et ce sera mon sixième conseil: femmes courageuses, qui luttez
contre la folie du radical-féminisme, ne vous excusez surtout pas. Quoi qu'il
vous en ait coûté, vous avez marqué un coup d'arrêt à l'hystérie sans frein.
N'ayez ni honte ni peur. Car vos adversaires n'ont pas de ces pudeurs. Caroline
de Haas ne s'est pas excusée pour avoir préconisé l'élargissement des trottoirs
afin de lutter contre le violent sexisme migratoire. Et encore moins pleuré de
rage après que Houria Bouteldja a expliqué «que si une femme noire est violée
par un noir, c'est compréhensible qu'elle ne porte pas plainte pour protéger la
communauté noire».
Cette
indignation indignement sélective montre combien les deux folies à lier sont
alliées.
Il
est un angle mort aussi indicible qu'affolant: la chasse au porc, c'est la
chasse au mâle blanc.
Et
la migration sans résistance aucune, c'est le droit pour l'Autre oriental de
pénétrer où il veut, quand il veut sur la terre de l'homme occidental, déchu
pour cause de racisme congénital.
Lors
d'un récent débat télévisé consacré au lynchage de Champigny-sur-Marne, j'étais
le seul à oser questionner ce racisme-là dans les quartiers.
Si
l'on veut arrêter cette folie qui s'étend, il faut pourtant impérativement le
faire.
Sans
être impérieux , c'est mon ultime et insistant conseil.
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sont les idiotes utiles des indigénistes»
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trouve dans les territoires perdus de la Répub
Gilles-William Goldnadel : «Ce n'est
pas seulement Bizet qu'on assassine» (08.01.2018)
- Par Gilles
William Goldnadel
- Publié le
08/01/2018 à 13:50
FIGAROVOX/CHRONIQUE
- Gilles-William Goldnadel revient cette semaine sur la réécriture de Carmen
par Léo Muscato. Il y voit la marque d'un révisionnisme culturel importé tout
droit des États-Unis. La culture de progrès s'arroge désormais tous les droits.
Gilles-William
Goldnadel est avocat et essayiste. Il est président de l'association
France-Israël. Toutes les semaines, il décrypte l'actualité pour FigaroVox.
Merveilleuse
nouvelle pour les femmes, mais moins bonne pour leurs porcs: Carmen ne meurt
plus assassinée, car elle donne la mort au postfranquiste Don José.
Par
décret directorial du théâtre de Florence, le metteur en scène Léo Muscato a
décidé de modifier la fin tragique de la belle cigarettière gitane.
En
effet, selon le directeur directif et de progrès du Teatro del Maggio: «à notre
époque, marquée par le fléau des violences faites aux femmes, il est
inconcevable qu'on applaudisse le meurtre de l'une d'elles».
La
même hystérie vengeresse s'est abattue sur le pays à partir de l'affaire
hollywoodienne et ses frasques weinsteiniennes.
Je
passe, hebdomadairement, mon temps à écrire assez invariablement dans ces
colonnes que l'époque est dangereusement névrotique. Depuis la rentrée de
septembre et les hystéries électroniques venues de l'Atlantique, je décris
désormais un effet d'emballement.
Les
émeutes estivales de Charleville et les destructions de statues de généraux
sudistes ont traversé l'océan et fait des émules jusque dans Paris où l'on a
exigé la mise à bas des suppôts d'esclavagistes Colbert et Dugommier.
La
même hystérie vengeresse s'est abattue sur le pays à partir de l'affaire
hollywoodienne et ses frasques weinsteiniennes. Non seulement un porc français
est publiquement balancé chaque semaine par-dessus bord, mais plus gravement,
le discours public est révisé et sévèrement corrigé.
C'est
dans ce cadre rien moins que rationnel que j'ai été conduit à plaindre avant
les fêtes le sort réservé à un humoriste du nom de Tex, congédié comme un
malpropre - et dans l'indifférence - par le service public audiovisuel pour
avoir osé faire de l'humour noir sur une femme imaginaire, l'œil au beurre
assorti.
Pour
ceux qui viendraient à douter de ce que la tragi-comédie de Carmen se situerait
dans ce strict cadre révisionniste, la lecture d'un article sans état d'âme
publié ce 5 janvier de l'an nouveau sur le site de France Culture est
riche d'enseignements. Notamment, les déclarations approbatrices d'Olivier Py
qui, comme chacun sait, siège comme un pape de la culture de progrès en
Avignon.
À
la question, effectivement assez pertinente, peut-on changer la fin d'un opéra
datant du XIXe siècle? l'homme qui se vante d'avoir déjà réglé son compte à Don
José dans une adaptation pour l'opéra de Lyon en 2012, répond doctement: «dans
la version que j'ai faite à l'opéra de Lyon, Carmen ne mourait pas non plus,
elle se relevait et partait, comme si le geste de Don José n'avait pas été un
geste mortel, elle l'abandonnait à son sort.»
Puis
ce décret moralisant pour l'avenir: «je pense qu'il y a dans certains opéras du
XIXe, une manière de traiter les personnages féminins, qui, dans certains cas,
n'est plus acceptable aujourd'hui. Je peux donc comprendre que l'on propose une
autre fin»
Pour
persuader encore le sceptique que l'œuvre de révision féministe radicalement
engagée est à relier indissociablement au gauchisme culturel de toujours,
celui-ci sera sans doute édifié d'apprendre que Léo Moscato à Florence, tout à
son ardent désir modificateur, a également transposé le récit dans un camp de
Roms des années 80 occupé illégalement par des forces de l'ordre en tenues
antiémeutes: «Carmen, qui travaille dans une manufacture de cigarettes voisine
du camp, est soumise aux coups de matraque répétés de Don José, un policier
irascible et violent» (le Monde du 5 janvier).
Halte
là! On ne passe plus les gitanes à tabac. Seulement les policiers.
À
coups répétés de boutoir, la bêtise idéologique hystérique, en majesté
médiatique, est en train de rendre fou, à lier, l'univers intellectuel et
culturel occidental.
Ainsi,
en prononçant la peine de mort contre Don José, l'homme de théâtre de progrès
ne supprime pas seulement un mâle espagnol trop dominant, mais aussi un flic
fascisant.
En
collaborateur zélé des démiurges de progrès qui veulent désormais réviser la
culture aujourd'hui inacceptable d'un passé dépassé, je propose avec
empressement les modifications suivantes:
L'ouvrière
Fantine, acculée misérablement à la prostitution, plutôt que de mourir de faim
pourrait, en un geste de révolte féminin autant que citoyen, étrangler l'homme
Javert de ses deux pauvres mains.
Dans
la liste de Schindler, Spielberg, sévèrement chapitré, ferait pendre à présent
les SS d'Hitler par des juifs en colère.
Je
propose, encore plus définitivement, qu'à la fin, ce soit le méchant qui meurt.
Donc l'homme, le policier, plutôt européen.
De
manière plus générale, je suggère que l'on impose moralement pour tous
les-crèves-la-faim, une meilleure fin.
Mais,
trêve de persiflage. À coups répétés de boutoir, la bêtise idéologique
hystérique, en majesté médiatique, est en train de rendre fou, à lier,
l'univers intellectuel et culturel occidental.
Ce
n'est pas seulement Bizet qu'on assassine, c'est tout simplement la raison.
Goldnadel : «Yann Moix est un idiot
utile de la cause migratoire» (29.01.2018)
- Par Gilles
William Goldnadel
- Mis à
jour le 29/01/2018 à 15:02
- Publié le
29/01/2018 à 11:52
FIGAROVOX/CHRONIQUE
- À la suite de la tribune publiée dans Libération pour
dénoncer de supposées violences policières à Calais, Gilles-William Goldnadel
regrette que Yann Moix gaspille son talent dans d'odieuses et calomnieuses
dénonciations.
Gilles-William
Goldnadel est avocat et essayiste. Il est président de l'association
France-Israël. Toutes les semaines, il décrypte l'actualité pour FigaroVox.
Ce
sont toujours les garçons intelligents qui se conduisent comme des idiots
utiles. Sinon l'idéologie dominante du moment ne les utiliserait pas. Prenez
Yann Moix: qu'est-ce qui a bien pu le pousser à sortir pareille énormité que de
prétendre que la France et son président seraient tombés en barbarie?
Mettons
de côté l'hypothèse du désir de paraître ou du narcissisme esthétique, qui
relève du procès d'intention et de la spéculation intellectuelle un peu
vulgaire.
Il
n'en demeure pas moins que soutenir sérieusement que les policiers français
auraient commis des actes de torture barbares en utilisant des gaz lacrymogènes
contre les migrants de Calais participe, littéralement, du discours névrotique.
De
la malhonnêteté intellectuelle aussi, qui fait fi des circonstances
d'utilisation d'un matériel classique pour réprimer les manifestations. Comme
il l'a été souvent écrit depuis, les participants à la Manif Pour Tous n'ont
pas bénéficié d'une égale compassion.
«
Yann Moix, dans votre tribune, vous n'évoquez pas la violence des migrants »
Grâce
soit rendue à Fabien Sudry, préfet du Pas-de-Calais qui, délaissant un peu la
posture convenue du haut fonctionnaire, a su, en termes précis et vigoureux,
régler leur compte aux approximations et aux contrevérités du précité: «Il y a
à l'évidence deux Yann Moix, le premier, à qui j'ai parlé au téléphone, qui
m'expliquait en s'excusant qu'il avait été «outrancier» sur le plateau d'«On
n'est pas couché» et mentionnait que «quelques pourcentages seulement» des
images qu'il avait filmées montraient ce qu'il appelait des «violences
policières, et le second, auteur d'un brûlot dans Libération ,
qui semble découvrir qu'il est très légitimement fait usage proportionné de gaz
lacrymogènes à chaque fois que cela est nécessaire pour empêcher l'intrusion de
migrants dans le tunnel sous la Manche ou dans le port de Calais… ou pour
protéger les transporteurs routiers».
Même
dans Libération, on confirme exactement ce qui précède. C'est ainsi
que dans une tribune du 26 janvier, Julien Pouyet de la rédaction de Nord
littoral écrit: «Yann Moix, dans votre tribune, vous n'évoquez pas la
violence des migrants, les barrages réguliers sur les routes, les caillassages.
Vous n'avez pas filmé ces images qui sont aussi une partie de la réalité que
vous ne décrivez pas. Vous oubliez les Calaisiens, les riverains que l'on a
laissés pendant de longs mois livrés à eux-mêmes, face à la jungle et ses dix
mille migrants, face à une pression migratoire sans précédent, sans réponse de
l'État. Yann Moix, dans l'émission «Quotidien» de Yann Barthez, vous avez lancé
un appel à témoins d'actes de violences policières envers les exilés. Pour être
équilibré, votre propos aurait dû s'accompagner d'une demande pour réunir les
mêmes documents visant à prouver qu'il y a aussi des actes de violence des
migrants envers les policiers et les Calaisiens et également des actes de
violence de migrants entre eux!»
Les
faits étant posés, je voudrais d'abord expliquer pourquoi je n'hésite pas à
qualifier le discours de Moix de littéralement «névrotique». À longueur
d'articles, j'écris dans ces colonnes que la volonté d'empêcher, au moyen de
tous les actes ou arguments, le peuple français, son État, sa république et ses
lois de réguler l'entrée des étrangers sur le territoire national est issue du
traumatisme de la Seconde Guerre mondiale. Plus qu'un autre, Yann Moix est
hanté par le drame de la Shoah. Il lui est arrivé d'écrire ou de dire, avec
courage et passion, sur le peuple juif ou sur Israël des choses très
touchantes. Malheureusement, et il n'est pas le seul, sa vision fantasmée du
passé déforme caricaturalement le présent. Au risque, mais il ne le comprend
désespérément pas, de le faire revivre autrement.
Ainsi
sa vision des actes de la police française, qu'on croirait extrêmement droit
sortie d'une histoire de la Milice.
Ainsi
de l'usage sans économie du mot de barbarie.
Moix
se comporte en idiot très utile de la cause migratoire sans freins.
Ainsi,
de l'emploi subliminal, caricatural, grotesque, saugrenu, inconvenant, du gaz,
et des larmes des enfants migrants étrangers pour disqualifier le pouvoir
policier.
Sorte
de remake grossier du «CRS-SS» par un soixante-huitard attardé.
Ainsi
encore, de cette dilection caractéristique pour l'altérité, cette sollicitude à
sens unique envers le clandestin étranger dans l'illégalité, dénuée de tous
égards pour ces soutiers de la république que sont les policiers, dont 4600 ont
été blessés cette année.
Qui
s'est vraiment conduit en bourgeois à Calais?
Enfin,
je veux écrire que, volontairement ou non, je ne sais, Moix se comporte en
idiot très utile de la cause migratoire sans freins. Au moins, M. Martinez a eu
la rude franchise prolétarienne et internationaliste de reconnaître souhaiter
voir tous les migrants qui le veulent pénétrer sur le territoire français. Les
choses sont dites. Si, à la République ne plaise, elles se déroulaient
conformément au désir du patron de la CGT, elles entraîneraient les pires
malheurs, mais elles ont le mérite d'être dites cyniquement peut-être, mais
sans hypocrisie.
Les
critiques sans fondement de Moix sont d'une autre nature. Elles prennent place
dans le travail quotidien et systématique de sape qui veut émasculer le pouvoir
d'État dans sa nécessaire fonction répressive en matière de régulation légale
des flux migratoires. Au même titre que certaines associations, dont le
président de la République a eu le surprenant courage intellectuel de préciser
qu'elles étaient autant d'officines de promotion de l'immigration sans freins
ni frontières.
Ce
désir névrotique d'empêcher l'État de droit de protéger la population française
est en majesté médiatique, et en premier lieu sur le service public. Chaque
soir, la chaîne franco-allemande ARTE, elle-aussi hantée par le passé, consacre
une rubrique empathique et unilatérale en faveur de la migration sans bornes.
Quant
à la principale radio de service public, on se contentera d'observer sans
commentaires superflus que le lundi 22, son préposé à la revue de presse
débutait celle-ci par la lecture de l'article de Moix. Le mardi 23, celui-ci
était invité pour la commenter.
Ce
désir névrotique d'empêcher l'État de droit de protéger la population française
est en majesté médiatique.
Difficile
de faire mieux. Ou pire, après que France 2 a dégoupillé la première grenade
lacrymale. C'est donc avant tout l'audiovisuel de service public qui s'est
fait, aux frais du contribuable et du citoyen français, l'auxiliaire de Moix
dans sa charge névrotique contre la police de service public.
Le
défi migratoire est déjà difficile à relever dans des conditions juridiques,
politiques et administratives normales. Si la névrose historique du passé s'en
mêle, une nouvelle histoire tragique est déjà écrite.
La
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Paris
Goldnadel : «Le premier devoir de
l'homme est de protéger ses enfants innocents» (05.02.2018)
- Par Gilles
William Goldnadel
- Publié le
05/02/2018 à 10:51
FIGAROVOX/CHRONIQUE
- Gilles-William Goldnadel s'insurge contre la condamnation de la France par la
CEDH, qui reproche aux autorités d'avoir expulsé un terroriste sans se soucier
suffisamment de ses droits. Au nom de quelle morale le droit des ennemis
supplante-t-il le devoir de protéger ses proches ?
Gilles-William
Goldnadel est avocat et essayiste. Il est président de l'association
France-Israël. Toutes les semaines, il décrypte l'actualité pour FigaroVox.
Ainsi, la France vient d'être condamnée par la Cour
Européenne des Droits de l'Homme pour avoir précipité en 2015 l'expulsion
vers son pays d'un Algérien condamné pour terrorisme afin de l'empêcher
d'exercer pleinement son droit de recours à résider en France.
Pour
motiver cette décision, la juridiction strasbourgeoise indique que les rapports
du Comité des Nations Unies contre la torture et plusieurs ONG décrivent une
situation «préoccupante» en Algérie concernant le sort réservé aux personnes
liées au «terrorisme international».
Cette
situation «préoccupante» documentée par l'impartiale ONU et les ONG révérées,
nous fait déjà trembler.
Concernant
le requérant triomphant, celui-ci avait été impliqué dans des mouvements
islamistes en Algérie durant les années 90, avant de rejoindre la France où il
a été condamné à sept ans de prison en 2006 pour son implication dans un réseau
de recrutement de combattants islamistes qui avaient préparé un attentat à
Paris. La condamnation de cet individu était assortie d'une interdiction du
territoire français contre laquelle celui-ci a introduit un recours, rejeté
pour des raisons de procédure par la Cour de Strasbourg, puis une demande
d'asile en France également rejetée en février 2015.
La
CEDH semble moins préoccupée par la difficulté pour les autorités françaises de
relever le défi terroriste.
C'est
donc dans ces conditions parfaitement légales que les autorités françaises, en
période d'attentats, l'ont placé sans désemparer dans un avion sept heures
après la notification du rejet sans que la Cour, qu'il avait de nouveau saisie,
ait le temps d'inviter éventuellement la France à surseoir à son expulsion dans
l'attente d'un examen de son cas. La Cour européenne, décidément très sensible,
est irritée par le fait que la décision de refus de demande d'asile du 17
février n'a été notifiée au requérant que le 20 février, alors que les modalités
de son transport avaient déjà été retenues et qu'un laissez-passer avait été
délivré par les autorités algériennes. Pour les juges européens «les
autorités françaises ont créé des conditions dans lesquelles le requérant ne
pouvait que «très difficilement» saisir la Cour d'une seconde demande de
mesures provisoires. Elles ont délibérément et de manière irréversible,
«amoindri» le niveau de protection des droits énoncés par la Convention
Européenne des Droits de l'Homme». Vous avez bien lu: les juges européens
n'écrivent pas que la France a commis des actes illégaux mais qu'elle a rendu
plus difficiles les recours du terroriste avéré à vouloir rester en France en
dépit de décisions de justice. Il faut reconnaître qu'une telle personne
méritait une sollicitude particulière, et l'on comprend l'attention de la Cour
pour sa situation «préoccupante» en Algérie. Quant à la difficulté pour les
autorités françaises de relever le défi terroriste, la Cour européenne semble
moins préoccupée.
Dans
le même temps, nous apprenions qu'à Calais, des migrants afghans (dont
certains, à en croire Yann Moix déclamant Victor Hugo dans la langue de
l'auteur des Châtiments) tirent à balles réelles sur des migrants érythréens.
Toujours
dans le même temps, le Guardian du 31 janvier rapportait
qu'Interpol se préoccupe de ce que 50 personnes suspectées d'être des
combattants de l'État islamique, toutes de nationalité tunisienne, soient
arrivées en Italie par la mer. Selon Interpol, ces Tunisiens avaient accosté en
Sicile entre juillet et octobre 2017 à bord de bateaux de pêche ou
d'embarcations abandonnées. Toujours selon Interpol, «l'un d'entre eux
aurait pu déjà traverser la frontière italo-française, pour atteindre le Gard»…
Dans
le même temps, une bataille médiatique est en train d'être menée
progressivement pour tenter de persuader une partie de l'opinion publique
française que la France serait bien inspirée, pour des raisons juridiques et
morales, de juger sur son sol ses djihadistes partis combattre en Syrie plutôt
que d'en laisser le soin aux autorités locales dont le Code pénal prévoit la
peine capitale.
La
lecture de ce qui précède devrait susciter à tout homme de raison une
déclinaison de sentiments colorés allant de la blanche sidération à la colère
noire.
Commençons
par quelques considérations juridiques. La France n'a en rien attenté à la loi
interne ou internationale. Les juges européens, dans leur extrême sollicitude
pour le terroriste, considèrent seulement que sa célérité à l'expulser a rendu
plus malaisés ses nouveaux recours éventuels.
Les
juges européens se sont basés sur l'ONU ou sur les ONG pour considérer que la
situation des terroristes en Algérie était «préoccupante». Il est dommage
qu'ils n'aient pas demandé un rapport sur la situation de la population civile
en France en 2015.
Il
est certain que la clé de voûte d'une société civilisée repose sur le respect
de la règle de droit.
Mais
le respect n'est pas la dévotion mystique et encore moins la bigoterie à
géométrie variable.
Rien
n'est plus étranger à la morale humaine que la morale artificielle.
Les
faux dévots légalistes acquis à la religion des droits de l'homme qui
applaudissent onctueusement les décisions à la mode de Strasbourg sont les
mêmes qui ne voient pas d'inconvénients à ce que les lois républicaines sur l'entrée
et le séjour sur le territoire de la République soient foulées aux pieds. Idem
quant au respect de la légalité des frontières-gruyères européennes. Et c'est
la même Cour européenne dévouée aux droits de l'homme qui rend pratiquement
impossible l'exercice étatique de leur respect en multipliant les obstacles
juridiques.
Les
faux dévots qui craignent pour la vie des djihadistes détenus en Syrie en
raison de la possibilité de les voir encourir légalement la peine de mort
siègent dans le même camp idéologique que ceux qui regardent avec une infinie
compréhension les grands massacres commis par les régimes révolutionnaires de
1793 jusqu'à Che Guevara. Ces pervers paradoxaux n'acceptent la peine de mort
que lorsqu'elle frappe les innocents.
Et
je ne crains à présent pas d'écrire que le sort d'un djihadiste français en
Syrie - que je peine à prendre pour un compatriote puisque j'aurais souhaité
qu'il soit déchu de sa nationalité - ne me préoccupe pas davantage que celui
d'un trafiquant de drogue en Iran menacé lui aussi par la peine capitale.
Rien
n'est plus étranger à la morale humaine que la morale artificielle. Rien n'est
plus étranger à l'humanité vraie que de réserver sa sollicitude première pour
la méchante altérité au nom de principes dont on a oublié jusqu'au sens.
Le
premier devoir de l'homme est de protéger ses enfants innocents. Lorsque la
prétendue Cour européenne «des droits de l'homme» met en danger nos propres
enfants en oubliant jusqu'au principe de réalité, elle bafoue ceux-ci plutôt
que de les honorer.
Il
est du droit de l'homme de se rebeller contre l'ordre devenu injuste.
Il
est aussi du devoir du citoyen français de s'interroger sur la conformité de la
Cour européenne avec le droit des hommes.
La
rédaction vous conseille
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de l'homme condamne la France
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l'expulsion d'un djihadiste
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Extraits exclusifs du livre choc de Philippe de Vi
Immigration, salafisme, mosquées...
Extraits exclusifs du livre choc de Philippe de Villiers (06.10.2016)
Philippe
de Villiers est reparti en croisade. Non contre l'Europe, les farines animales
ou les insecticides, mais contre un certain islam aux visées hégémoniques,
accusé de travailler en sous-main, avec la complicité de nos élites, à la
déconstruction du pays. Villiers, qui n'a jamais pratiqué la langue de bois, ne
craint pas de recourir aux mots qui fâchent. «La France, clame-t-il, n'a pas
vocation à devenir la fille aînée de l'islam» Voici, en exclusivité, de larges
extraits de son livre choc, Les cloches sonneront-elles encore demain?.
Moins
d'églises, plus de mosquées
Il
fallait oser. Il a osé. Quand on se croit en pays conquis et qu'on a des
complices dans la place, on peut tout oser. En ce jour de Pâques, le
5 avril 2015 au Bourget, devant un public en liesse de
50.000 croyants, le recteur de la Grande Mosquée de Paris - un tenant de
«l'islam modéré» - a décidé de lancer un ballon d'essai. Il dévoile un objectif
à atteindre: «Nous avons 2200 mosquées, il en faut le double d'ici deux ans!»
L'idée
d'abandonner un lieu de culte à une religion concurrente ne choque pas la
cohorte des dévots utiles. Ils sont les compagnons de route des conquérants du
Coran.
Petite
gêne chez les politiques, juste une approbation discrète - «il faudra bien un
jour - confesse-t-on - sortir de l'islam des caves, où se dissimule le
fanatisme». Chacun s'exerce à la compréhension. En revanche, l'accueil tourne
aux allégresses publiques parmi les cléricatures médiatiques et les
cléricatures tout court: Monseigneur Dubost bat sa coulpe et confie sa
préférence «pour que des églises deviennent des mosquées plutôt que des
restaurants». On ne veut pas rester en arrière du mouvement. L'idée
d'abandonner un lieu de culte à une religion concurrente ne choque pas la cohorte
des dévots utiles. Ils sont les compagnons de route des conquérants du Coran.
Ainsi
dopé par ce test jugé encourageant, le recteur Boubakeur, s'exprimant sur
Europe 1 quelques semaines plus tard, redoublera d'audace. Il poussera son
avantage et ira jusqu'à proposer de transformer les églises vides en mosquées.
Quand le journaliste Jean-Pierre Elkabbach, un des archontes du
«Vivre-Ensemble», l'invite avec gourmandise à préciser sa pensée, Dalil
Boubakeur réplique sans ciller: «Pourquoi pas? C'est le même Dieu, ce sont des
rites voisins, fraternels…»
Dans
sa Lettre ouverte aux Français, le recteur de la Grande Mosquée
justifiera sa proposition: «Si on va vers une vision mathématique des choses,
on pourrait effectivement mettre les plus à la place des moins»: moins
d'églises = plus de mosquées, deux biens substituables. Des mosquées
qui manquent, des églises vides qui ne demandent qu'à se remplir. C'est si
simple…
Dans
la foulée, le président de l'Union des organisations islamiques de France
(UOIF) franchira une étape supplémentaire en réclamant, je cite, la
construction de «mosquées-cathédrales». Cet homme-là est proche des Frères
musulmans; on connaît leur profession de foi: «L'islam est notre objectif, le
Prophète est notre chef, le Coran est notre loi.»
Nicolas
Sarkozy et Dalil Boubakeur, recteur de la Grande Mosquée de Paris, en 2003 pour
l'assemblée du Conseil français du culte musulman. - Crédits photo :
AFPLes islamistes radicaux veulent la France, ils veulent le monde. La nouvelle
conquête spirituelle est en marche. Après chaque acte de guerre, nos dirigeants
font les gros yeux et répondent au crime par un délit, le délit de fuite, la
fuite devant les mots: on ne désigne pas l'ennemi, on ne nomme pas le mal. On
lutte «contre le terrorisme». Avec ledit «terrorisme», il y a deux sortes de
gens face à face: ceux qui terrorisent et ceux qui sont terrorisés. Les
premiers instaurent la panique: avec le couteau, ils égorgent; avec la
kalachnikov, ils rafalent; avec le camion, ils écrasent. Les seconds descendent
dans la rue, ils déposent des bougies et murmurent en se tenant la main, comme
pour émouvoir les tueurs, «ils n'auront pas ma haine…». Peut-être pensent-ils
qu'en dessinant des petits cœurs et en reprenant la chanson Imagine de
John Lennon qui célèbre la paix perpétuelle et la fraternité universelle, ils
vont attendrir et fléchir les assassins.
L'idée
sous-jacente de la riposte des bougies nous en dit long sur la peur et la
lâcheté: on est tous frères, on est tous de la même terre, il faut s'entendre.
Pourquoi
ne pas inaugurer une ère nouvelle de la fusion des cœurs, d'une paix de
consensus, une ère de confusion des mosquées et des églises? […]
L'œcuménisme
post-conciliaire encourage ceux qui, soucieux de «l'Accueil de l'Autre»,
piaffent à l'idée de confier leurs édifices religieux à des sacristains en
djellaba
Sans
doute le recteur fut-il ravi d'apprendre que l'évêque d'Auch, Mgr Maurice
Gardès, avait distrait une partie du denier du culte pour l'affecter à la
reconstruction de la mosquée d'Auch. L'œcuménisme post-conciliaire encourage
ceux qui, soucieux de «l'Accueil de l'Autre», piaffent à l'idée de confier
leurs édifices religieux à des sacristains en djellaba. L'évêque d'Evry invite
les musulmans à psalmodier le Coran dans la basilique de Longpont, dans
l'Essonne. La presse, elle, brûle des bâtons d'encens. Il y a de l'émotion dans
la plume, on communie aux deux espèces de la laïcité et des droits de l'homme.
Bientôt,
quelques voix fortes s'élèvent, autour de l'écrivain Denis Tillinac,
qui monte dans les tours et sonne le tocsin: «Une église n'est pas une
mosquée!» Une pétition circule avec quelques noms de conséquence qui carillonnent
d'indignation. Ils en appellent aux ressorts intimes de notre imaginaire, on
invoque Millet avec son Angélus. On va même jusqu'à prendre à témoin les mânes
de François Mitterrand, on ressort son affiche de mai 1981 où il pose
devant une église de campagne - La Force Tranquille. Qu'on soit croyant ou
indifférent, on ouvre son cœur à la France des terroirs. Avec cette trilogie
immémoriale qui résonne encore dans le cœur des Français: l'église, la mairie,
l'école. Et un peu plus loin, le cimetière.
Ils
sont chez nous presque chez eux
La
classe politique a viré de bord. Elle accompagne le mouvement. C'est en 1983
que tout se retourne: Mitterrand écoute Delors, il se convertit au monétarisme
et à l'européisme. Le capitalisme financier va prospérer. Chaque jour
davantage, les délocalisations déchirent nos tissus. Les friches, l'exode, le
chômage de masse. On abandonne à leur sort, au nom de la religion des coûts
mondiaux, les petits commerçants, les petits métiers, les petites gens, les
ouvriers. Ils sont trop chers. Ils vont être euthanasiés. Toutes les élites se
mondialisent. Et annoncent la parousie. On travaille pour le monde. Et le monde
travaille pour nous. La mondialisation sera heureuse ou ne sera pas.
Le
grand patronat veut changer de main-d'œuvre: l'Algérie, le Maroc sont tout
près. Mare nostrum…
La
gauche mute vers la prolophobie. Les ouvriers décrochent. Ils ne voteront plus
pour elle. Elle ne les aime plus. Elle va changer d'électorat. Elle cherche un
prolétariat de substitution. Très vite, elle le trouve: le nouveau peuple élu
sera l'Autre, l'Immigrant.
Tous
les décramponnés des villes et des campagnes se regardent, effarés, au milieu
d'un étrange ballet: le porte-monnaie qui se vide, l'usine qui se démonte, la
mosquée qui s'installe.
Avec
le cynisme consommé du politicien de la IVe République, Mitterrand se
souvient du ministre de l'Intérieur qui tonnait en 1956: «L'Algérie, c'est la
France.» Le ministre, c'était lui. Il renverse le logiciel: «La France, c'est
l'Algérie.» Il réforme la carte de séjour. Il ouvre les bras aux étrangers et
prononce la phrase célèbre: «Ils sont chez eux chez nous!»
La
colonisation est en marche. La défrancisation aussi. Les «faces de craie»
commencent à raser les murs
Aujourd'hui,
le programme est accompli. Ils sont chez nous presque chez eux. Et nous, nous
ne sommes plus tout à fait chez nous. Bientôt chez eux. La colonisation est en
marche. La défrancisation aussi. Les «faces de craie» commencent à raser les
murs. Le temps vient où les barbus-bernard l'hermite sortent de leurs
coquilles, qui ont été abandonnées par l'espèce française en voie d'extinction.
Avec
arrogance, ils nous enjoignent de «réécrire l'HistoiredeFrance à la lumière de
l'apport de la civilisation islamique». Les profs jubilent. Enfin du neuf, enfin
de nouvelles histoires à raconter… Toutes les élites européennes prêtent une
oreille complaisante aux sermons visionnaires des prédicateurs zélés, comme
celui de la mosquée Bilal de Berlin qui marquera les esprits: «L'Europe moderne
est la fille de la civilisation islamique, mais c'est une fille ingrate, qui
oublie tout le bien que lui ont prodigué ses parents et qui se frappe la tête
contre le mur… Sans la civilisation islamique, l'Europe moderne n'aurait jamais
vu le jour…»
Un
an après, le 7 février 2016, seul sur la scène du Grand Palais de Lille,
entouré de drapeaux français, devant un public de femmes voilées et de barbus
portant le qamis, c'est-à-dire la tenue du Prophète, le théologien Tariq
Ramadan va enflammer la salle. Ce jour-là, il se découvre: «La France est une
culture maintenant musulmane. L'islam est une religion française. La langue
française est la langue de l'islam. Vous avez la capacité culturelle de faire
que la culture française soit considérée comme une culture musulmane parmi les cultures
musulmanes.» Et il ajoute avec un brin d'ironie: «Tout ce que je dis est
dangereux pour ceux qui aimeraient qu'on continue à se penser comme des
béni-oui-oui minoritaires… La France a un grand besoin de renouveau de sa
classe politique». A bon entendeur, salut…
A
la fin de l'année 2015, le traumatisme du Bataclan inspire au ministère de
l'Intérieur des mesures exceptionnelles pour la sécurité des «fêtes de Noël».
Par un dimanche «œcuménique», dans plusieurs villes de France, des «gardes
musulmanes» se mettent en place pour la messe de minuit.
Devant
l'église Saint-Léger de Lens une vingtaine de musulmans, proches de l'UOIF,
forment une haie de protection pour les fidèles ainsi rassurés.
A
Béziers, la cathédrale Saint-Nazaire est gardée par une patrouille de jeunes
protecteurs de bonne volonté. Le maire, Robert Ménard, reconnaît l'un d'entre
eux, qui avait notamment publié sur les réseaux sociaux une photo d'une
Marianne décapitée, dont la tête avait été remplacée par un Coran. Alors il
pose la question: «Une garde musulmanequiprotège une cathédrale? Mais contre
qui? Des hordes de moines bouddhistes? Des chamans sibériens? Depuis quand les
pyromanes nous protègent-ils des incendies?»
Par-delà
l'anecdote de ces patrouilles de Noël, ces initiatives ont une portée
symbolique très forte. Voilà que, dans notre pauvre pays tuméfié, apeuré, une
religion inscrite au cœur de son identité semble si faible qu'il apparaît
possible aux tenants radicaux d'une autre religion de s'arroger le droit de la
protéger.
La
terre de France porte dorénavant deux peuples: un peuple neuf qui s'installe
avec ses fiertés et un peuple exténué
Le
lendemain de Noël, le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a publié -
sur le réseau social Twitter - une brève déclaration: «Respect pour les
musulmans qui ont protégé les églises pour Noël. Concorde et Fraternisation
dans la République.» Ce communiqué laisse entendre que les musulmans ont
autorité pour faire la loi, puisqu'ils assurent les missions de sécurité
publique qui incombent officiellement à l'Etat. Il renvoie à l'imaginaire de la
dhimma islamique traditionnelle, un pacte de soumission - protection qui
s'imposait en terre d'islam aux chrétiens et aux juifs, les dhimmi.
La
France porte le deuil d'une grandeur défunte. Elle a connu bien des malheurs
dans son histoire. Elle s'est toujours relevée. Elle garde, de toutes les
épreuves traversées - l'occupation allemande, la guerre de Cent Ans, les
invasions barbares - une mémoire douloureuse mais victorieuse. Pour la première
fois, elle doit affronter la crainte de disparaître. Notre manière d'habiter la
France n'est plus tout à fait la même. Nous ne sommes plus seuls. C'est
désormais une manière de cohabiter. Car la terre de France porte dorénavant
deux peuples: un peuple neuf qui s'installe avec ses fiertés et un peuple
exténué qui n'est même plus conscient des conditions de sa survie, un peuple
hagard qui ne sait plus où il habite.
Ces
deux peuples appartiennent à des civilisations singulières. Ils n'ont pas
d'histoire commune. Ou plutôt si, une histoire commune chargée de retours
d'amertume et de ressentiments. On vit dans la postcolonisation: les mœurs, les
coutumes, les croyances et les indifférences se heurtent. De temps en temps,
dans les «zones sensibles» comme on dit, un mot un peu radical part d'une
fenêtre et traverse la rue à l'adresse des ultimes céfrans, des kouffars - les
mécréants -, les infidèles. Il y a de la francophobie dans l'air. Et dans les
airs avec les rappeurs comme Ministère amer qui mettent leurs mélodies au service
de la revanche millénaire: «Poitiers brûle. Et cette fois-ci, pas de Charles
Martel. On vous élimine puisque c'est trop tard», ou encore: «La France pète,
j'espère que t'as capté le concept.»
Cette
France toute neuve s'installe tous les jours
Cette
nouvelle figure d'une France renouvelée, transfusée, est bien là désormais,
inscrite dans nos paysages, méconnaissables. Elle a remplacé l'autre, vidée
d'elle-même. Désaffiliée. Cette France toute neuve s'invente tous les jours.
Elle migre en ses modes de pensée et ses accointances. Analphabète de son
propre passé. Satellisée, tourbillonnante, désorbitée, atomisée. Devenue une
géographie de circonstance. Deshistoricisée. On s'y côtoie sans se fréquenter.
Il n'y a plus de destin désiré.
La
citoyenneté s'en est allée, avec les anciennes ferveurs, le matrimoine et le
patrimoine sont tombés en désuétude. Ils sont sujets à dérision. Il n'y a plus
d'héritage. On n'hérite de rien d'autre que du cosmos.
On
n'a plus qu'un seul devoir civique: «sauver la planète». Nous sommes tous
devenus des planétaires universels, des légataires cosmiques. L'Etat n'existe
plus comme fournisseur du Bien Commun. Il n'a aucun droit sur nous. On a des
droits sur lui.
Sur
le forum de toutes les bigarrures, où se croisent des hybrides solitaires-solidaires,
la vie n'est plus que Créance. On vit dans le hors-sol, la mobilité absolue. On
est tous des nomades. […]
De
nombreuses grandes surfaces, comme ici à Mulhouse, proposent un espace halal,
ici à l'occasion du ramadan. - Crédits photo : PHOTOPQR/L'ALSACELes unes
après les autres, les villes basculent dans la France halal. Lunel n'est plus
de l'Hérault. Oyonnax est devenue turque comme Lons-le-Saunier. Graulhet n'est
plus d'Albigeois, Creil n'est plus du pays de France, Yssingeaux de Velay, Chauny
de Picardie. Petit à petit la France glisse: Avignon n'est plus la Cité des
papes mais celle des salafistes. Partout les Français de souche souffrent. Ils
sont déjà dans une culture de minoritaires. Ils se taisent. Leur histoire,
leurs attachements deviennent exotiques. […]
Saint-Denis
n'est plus dans Saint-Denis. Sur le parvis de la basilique, on voit passer des
boubous et des barbus, parfois même des toutes petites filles drapées dans le
linceul islamique. Si la paroisse reste bien vivante, c'est grâce au zèle de la
communauté chrétienne des Africains et des Tamouls. Le cimetière des Rois n'est
plus qu'une enclave. Signe des temps: face au grand porche des Rois, le
bar-tabac a changé de nom: il s'appelle le Khédive. La basilique a pris un coup
de jeune. Sa pierre est blanche. Sa façade a été ravalée. A Saint-Denis, on
l'appelle avec un brin de tendresse, «la belle étrangère». On ne lui fera pas
de mal. Elle appartient à une histoire qui ne compte plus. Gilles Kepel décrit,
dans Quatre-Vingt-Treize, la ville de Saint-Denis comme
«La Mecque de l'islam de France». Le 11 juin 2016, les «Indigènes de
la République» ont organisé sur l'esplanade de la basilique, avec le soutien de
la mairie, une rupture de jeûne du ramadan. Voilà. La boucle est bouclée. Le gisant
de Charles Martel dort d'un marbre définitif. Saint-Denis vit au Stade et dans
l'Oubli.
Comment
a-t-on pu en arriver là? Que s'est-il passé pour que nous acceptions de voir
notre pays muter aussi vite et aussi mal? Il aura fallu une incroyable conjonction
de lâchetés, d'imprévoyances et de démissions pour emporter notre pays loin de
ses bases et le conduire aux portes de l'abîme.
Le
salafisme s'installe
Nos
autorités ne nous ont pas protégés. Les conséquences de leur légèreté sont
incommensurables. La peine sera lourde. L'histoire sévère. Le jugement
impitoyable.
Trois
générations d'hommes politiques ont livré le pays à l'islam. Comment osent-ils
encore se montrer au public pour déplorer ou nier les effets des maux dont ils
ont, pendant quarante ans, chéri les causes? Ils savaient. Oscillant entre
l'irréflexion et l'aveuglement, avec cette petite pointe d'exotisme qui
poussait les cyniques postmodernes à aller s'encanailler en terre d'islam.
Les
Français ont assisté, incrédules, impuissants, à l'incroyable séquence
historique. Ce fut un enchaînement fatal. Nous avons glissé le long d'une
spirale qui ouvrait sur un gouffre: il y eut trois étapes dans la
transplantation d'un nouveau peuple: la première fut celle des «darons», des
immigrés maghrébins, celle de l'islam en France, contrôlé par l'Algérie et la
Grande Mosquée de Paris.
La
deuxième étape commença avec l'affaire du voile de Creil, que Gilles Kepel
appelle l'âge des «Frères et des blédards». Les Frères, ce sont les Frères
musulmans. A partir de 1989, ils nous testent pour acclimater la charia. Ils
vont connaître leur véritable apogée lorsque Nicolas Sarkozy ira les adouber au
Bourget en assistant à leur congrès au printemps 2003. […]
L'interdiction
du voile intégral a été votée en 2009 par le gouvernement Fillon, mais elle est
souvent défiée. - Crédits photo : Hervé LequeuxIl ne connaît pas encore
Patrick Buisson et ignore donc qu'il effectuera dans quelques mois un virage
sur l'aile sécuritaire et identitaire qui lui aliénera le soutien des cités pour
ratisser plus large. On passera du «Je vous ai compris» du Bourget au «Je vais
vous passer au Kärcher» d'Argenteuil.
Jusqu'en
1989, l'islam français se vivait comme la réplique, le miroir des communautés
nationales. On se retrouvait entre soi: les Algériens avec les Algériens, les
Marocains avec les Marocains…
A
partir des années 2000, «une nouvelle ligne de fracture apparaît: l'opposition
entre les courants salafistes, prônant un islam séoudite, et les courants
fréristes, se plaçant du côté du réformisme et encouragés par le Qatar.»
La
troisième étape, à partir de 2004, est celle du halal, de l'espace identitaire.
«Sa principale expression se traduisit par la structuration d'un marché
islamique pour la viande égorgée rituellement.» Les entrepreneurs du halal
français ont de l'argent. Une classe aisée, islamique, française va naître.
L'Arabie séoudite prend le relais du Qatar, le salafisme s'installe et va
connaître une croissance exponentielle.
Personne
n'a rien vu venir. La classe politique a vendu la France par morceaux.
Aujourd'hui, l'impuissance publique est totale. Nous sommes devenus des
fabricants de terreau terroriste qui cherchent le bon désherbant.
Dans
le vent des cloches
Entre
toutes les appellations et allégories dont se nourrit l'imaginaire national, la
première, dans l'ordre d'ancienneté, et qui nous vient du fond des âges, c'est
la formule de la «Fille aînée de l'Eglise». Comme le disait Platon, la vérité
d'une chose est dans ses commencements. Ceux de la France sont très éloignés de
la mythologie laïciste: «L'Etat n'est pas, en France, né de la sécularisation
du pouvoir mais tout au contraire de la rencontre providentielle du trône et de
l'autel, de l'alliance féconde du temporel et du spirituel, du pouvoir et du
sacre. C'est ce qui fait que la France est bien, de ce strict point de vue, “la
Fille aînée de l'Eglise”.» Contrairement à la Hongrie, la Russie, la Pologne,
la France n'est pas une nation païenne devenue chrétienne par son baptême. La
France est née du baptême de son roi. Du baptistère est sortie la nation. […]
-
Crédits photo : DRCe n'est pas que le peuple français, plus qu'un autre, soit
mystique ou méditatif. Mais la France du subconscient va chercher ses secours
en les secrets dépôts qui ont forgé des millions d'âmes. Même Mitterrand
confiait avant sa mort: «Je crois aux forces de l'Esprit.» Il y a un souffle,
un mystère français. Il y a comme un petit angelot qui se promène au-dessus des
toits dans le vent des cloches. Comme une réminiscence et une présence
Les
Cloches sonneront-elles encore demain? par Philippe de Villiers. Albin
Michel, 320 p., 22,50 €.
La
rédaction vous conseille :
La CEDH condamne la France pour
l'expulsion d'un djihadiste (01.02.2018)
La
France a été condamnée aujourd'hui par la Cour européenne des droits de l’homme
pour avoir précipité en 2015 l’expulsion vers son pays d’un Algérien condamné
pour terrorisme, afin de l’empêcher d’exercer son droit de recours. La
juridiction du Conseil de l’Europe rappelle que les rapports du Comité des
Nations unies contre la torture et plusieurs ONG décrivent une situation
"préoccupante" en Algérie s’agissant du traitement réservé aux
personnes liées au "terrorisme international".
Le
requérant avait été impliqué dans des mouvements islamistes en Algérie durant
les années 90, avant de rejoindre la France où il a été condamné à sept ans de
prison en 2006 pour son implication dans un réseau de recrutement de
combattants islamistes qui avait préparé un attentat à Paris. La condamnation
était assortie d’une interdiction du territoire français contre laquelle il a
introduit un recours, rejeté pour raisons procédurales devant la Cour de
Strasbourg, puis une demande d’asile en France rejetée en février 2015.
Il
a été mis dans un avion sept heures après la notification du rejet sans que la
Cour européenne, qu’il avait de nouveau saisie, ait eu le temps d’inviter la
France à surseoir à son expulsion dans l’attente d’un examen de son cas.
"La décision de refus de demande d’asile du 17 février n’a été notifiée au
requérant que le 20 février, alors que les modalités de son transport avaient
déjà été retenues et qu’un laisser-passer avait été délivré par les autorités
algériennes à son insu", notent les juges.
"Les
autorités françaises ont créé des conditions dans lesquelles le requérant ne
pouvait que très difficilement saisir la Cour d’une seconde demande de mesure
provisoire. Elles ont, délibérément et de manière irréversible, amoindri le
niveau de protection des droits énoncés par la Convention (européenne des
droits de l’homme)", concluent-ils. Ils condamnent la France pour
violation du droit de ne pas être soumis à la torture (ou au risque de torture)
et pour avoir entravé le droit de tout citoyen à saisir leur juridiction.
La
Cour de Strasbourg indique au gouvernement français qu’il lui
"incombe" d’entreprendre toutes les démarches possibles pour obtenir
des autorités algériennes l’assurance que le requérant, placé en détention dès
sa descente d'avion à Alger, ne sera pas soumis à de mauvais traitements.
L’arrêt est susceptible d’appel.
LIRE
AUSSI:
Terrorisme: la Cour européenne des
droits de l'homme condamne la France (01.02.2018)
La
CEDH estime qu'il ne fallait pas expulser vers l'Algérie un ancien détenu
islamiste.
La
France rappelée à l'ordre par la Cour européenne des droits de l'homme. Jeudi,
cette dernière a condamné la France pour avoir renvoyé
le 17 février 2015, vers l'Algérie, un de ses
ressortissants condamnés en 2006 à sept ans de prison et à une interdiction de
territoire pour son implication dans une organisation terroriste. En
l'occurrence, il s'agirait d'un des 27 prévenus du procès des «filières
tchétchènes». Ces individus - pour la plupart aussi impliqués dans les
mouvements islamistes algériens des années 1990 - avaient été condamnés pour
avoir notamment projeté des attentats en France en 2001 et 2002.
Après
avoir purgé sa peine jusqu'en 2010, cet homme, assigné à résidence depuis sa
sortie de prison, aurait épuisé une partie des recours possibles afin d'éviter
son expulsion. En février 2015, alors que l'Office français de protection
des réfugiés et apatrides (Ofpra) vient de le débouter de sa demande d'asile,
il est expulsé vers son pays d'origine. La CEDH valide son ultime recours
d'examen alors que l'avion s'apprête à décoller. La France passera outre la
demande de la CEDH, et ne retiendra pas cet hôte jugé indésirable. Nous sommes
trois semaines après les attentats de janvier 2015 et le pays prend
brutalement conscience de la menace terroriste. À cette époque se pose crûment
la question de ces assignés à résidence longue durée qui ont été en lien avec
les nouveaux prétendants au djihad, comme Djamel Beghal, mentor des frères
Kouachi.
«Mon
client aurait été accueilli à son arrivée par les services secrets algériens,
aurait disparu pendant 15 jours, puis n'aurait pas pu bénéficier d'avocat
pendant quatre mois avant d'être incarcéré»
Me
Fanny de Berco, l'avocate du requérant
La
CEDH reproche aujourd'hui à la France de ne pas avoir respecté deux principes
de la Convention européenne des droits de l'homme: l'obligation de maintenir
sur son territoire un individu dont le recours a été accepté par la Cour de
Strasbourg mais aussi celui de ne pas renvoyer des ressortissants vers des pays
qui les exposent «à un risque réel et sérieux» de mauvais traitements, y
compris la torture. Selon Me Fanny de Berco, l'avocate du requérant, son client
«aurait été accueilli à son arrivée par les services secrets algériens, aurait
disparu pendant 15 jours, puis n'aurait pas pu bénéficier d'avocat pendant
quatre mois avant d'être incarcéré au centre pénitentiaire de Chlef». La France
est aujourd'hui condamnée à payer les frais d'avocats et les dépens. Elle est
aussi invitée à «entreprendre toutes les démarches possibles pour obtenir des
autorités algériennes l'assurance concrète et précise que le requérant n'a pas
été et ne sera pas soumis» à de tels traitements. Pour l'avocat William
Bourdon, spécialisé dans le contentieux terroriste, «la Cour européenne des
droits de l'homme rappelle à la France qu'elle doit être exemplaire dans le
respect des valeurs européennes et que même au nom de la lutte contre le
terrorisme, on ne peut y déroger».
Particulièrement
investi dans les dossiers des assignations à résidence, il fait également
partie des défenseurs des cinq individus déchus de leur nationalité en 2015 et
pour lesquels plusieurs recours sont pendants, notamment devant la Cour de
Strasbourg. Trois ans après la vague d'attentats qui a touché la France, la
CEDH, comme le Conseil constitutionnel, semblent reprendre la main sur des
décisions et des textes adoptés dans l'émoi et l'urgence de ces événements.
La
rédaction vous conseille :
- La CEDH condamne la France pour
l'expulsion d'un djihadiste
- Le casse-tête de l'expulsion des
islamistes étrangers
- Islamisme: menacés d'expulsion, ils en
appellent à la CEDH
Goldnadel : la gauche morale la plus
bête du monde (19.02.2018)
- Par Gilles
William Goldnadel
- Publié le
19/02/2018 à 18:55
FIGAROVOX/CHRONIQUE
- Cette semaine, notre chroniqueur Gilles-William Goldnadel dénonce l'imposture
d'une gauche morale qui devrait commencer selon lui par regarder la poutre qui
est dans son œil... avant d'en inventer dans celui du voisin.
Gilles-William
Goldnadel est avocat et essayiste. Il est président de l'association
France-Israël. Toutes les semaines, il décrypte l'actualité pour FigaroVox.
Dieu
que la gauche morale, ce camp autoproclamé du Bien, fait du mal à tes créatures
terrestres.
Par
l'imposture ou la sottise.
L'imposture,
sans aucun doute, lorsque l'on voit des membres de l'association humanitaire
Oxfam - qui proteste contre la fermeture des frontières aux migrants - négocier leur aide aux femmes réfugiées
contre des faveurs sexuelles parfois mineures. On apprend
maintenant que ni l'ONU, ni l'Unicef, ni Médecin Sans Frontières n'ont été
épargnés ou plutôt n'ont épargné les femmes sans défense.
Le
camp du Bien hollywoodien, si prompt aux sermons enflammés, avait déjà donné
toute sa véritable mesure morale en couvrant longtemps les turpitudes d'Harvey
Weinstein. Mais on m'autorisera davantage de compassion pour une malheureuse
réfugiée haïtienne ou soudanaise en détresse qu'à l'égard d'une actrice
aguerrie qui a davantage le pouvoir de dire non.
Quand
quelqu'un me chante qu'il a gardé son âme d'enfant, j'ai la prudente tendance
de cacher ma fille et de serrer mon portefeuille dans un tiroir à clef.
Puissent
les déboires d'Oxfam rendre l'opinion médiatique moins révérencieuse à l'égard
de ces Organisations Non Gouvernementales forcément sans reproches face aux
gouvernements étatiques forcément coupables. Grâce, sur ce point, à notre
actuel président d'avoir dénoncé, dans l'affaire de Calais, ces associations
théoriquement chargées de venir en aide aux migrants mais qui en réalité ne
sont que des officines chargées d'empêcher l'État de droit de faire respecter
les lois républicaines en matière de flux migratoires.
Il
y aurait beaucoup à dire aussi sur la dérive extrêmement gauchisante d'Amnesty
International ayant abandonné depuis longtemps son louable objet de faire
libérer les prisonniers politiques pour combattre désormais ces pouvoirs
occidentaux qui lui déplaisent idéologiquement.
Mais
écrire ces quelques mots relève encore - pour combien de temps? - largement du
blasphème.
Toujours
est-il que ces impostures morales ne me trompent plus depuis longtemps, tant le
discours généreux - qui vaut souvent quittance - provoque ma méfiance. Quand
quelqu'un me chante qu'il a gardé son âme d'enfant, j'ai la prudente tendance
de cacher ma fille et de serrer mon portefeuille dans un tiroir à clef.
Reste
la sottise de gauche qui fait bien des ravages. Dans ce cadre, le nouveau
féminisme s'illustre emblématiquement depuis ces déferlements électroniques
venus des Amériques.
Caroline
de Haas aura été sur ce point particulièrement bien inspirée.
D'abord,
s'agissant des mésaventures de Nicolas Hulot. Au micro généreusement tendu par
France Info, elle s'est laissé à dire pour accabler l'homme accusé «qu'elle en
a entendu parler» et que des informations «lui remontent»… Ce qui m'a conduit à
médire au micro de RMC que la dame devait être d'Orléans, qui est à la rumeur
ce que la bêtise est à Cambrai.
Mais
cette semaine, notre dame de Haas se sera surpassée intellectuellement. Dans
l'Obs, qui n'a pas vu problèmes à reproduire ses déclarations, notre nouvelle
féministe considère «qu'un homme sur deux ou trois est un agresseur». Aucune
association des droits de l'homme n'y a vu la marque du sexisme proscrit.
J'affirme quant à moi, scientifiquement, que les deux déclarations sur deux de
Caroline de Haas sont des agressions contre l'intelligence.
Mais
c'est sans doute dans ses comparaisons oiseuses avec le nazisme que la gauche
morale aura fait montre de sa bêtise la plus ignominieuse. La semaine, sur ce
point, aura été fructueuse.
Zeev
Sternhell, tout d'abord, dans le Monde des idées du 18 février. Pour lui, en
Israël «pousse un racisme proche du nazisme à ses débuts» compte tenu de
l'attitude de l'État juif à l'égard tant des Palestiniens que des migrants
illégaux africains. Il faut dire que l'homme et le journal sont coutumiers du
fait. Avec les mêmes ingrédients: le recours au juif de l'extrême-gauche
morale.
C'est
sans doute dans ses comparaisons oiseuses avec le nazisme que la gauche morale
aura fait montre de sa bêtise la plus ignominieuse.
Il
y a quelques années, Edgar Morin fut mobilisé pour écrire dans le Monde (du 4
juin 2002) que les Juifs prenaient plaisir à humilier les Palestiniens, et pour
inventer un massacre imaginaire à Jénine dont il reconnut par la suite la
fausseté. Celui-ci s'est depuis reconverti à l'écriture à quatre mains de
livres harmonieux avec Tariq Ramadan.
Quant
à Zeev Sternhell, c'est sa marque de fabrique obsessionnelle de voir le
fascisme partout. Citons notamment Raymond Aron à propos de son livre Ni
droite ni gauche. L'idéologie fasciste en France dans lequel Sternhell
considérait que la quasi-totalité des idées du fascisme étaient nées dans notre
pays: «Son livre est le plus totalement a-historique qui se puisse concevoir.
L'auteur ne remet jamais les choses en contexte. Il donne du fascisme une
définition tellement vague que l'on peut l'y rattacher à n'importe quoi.» .
On
pourrait évidemment rire de ces nouvelles fadaises islamo-gauchistes qu'on
aurait pu croire remisées après les massacres de 2015 en France, mais je
gagerais que les milieux antisionistes radicaux feront de cet article leur miel
avant que d'en tirer plus tard, qui sait, un fiel criminel.
Je
laisse dans ce cas les hommes du Monde à leur conscience morale de gauche.
Yann
Moix ensuite. Et encore. Et toujours chez Ruquier, toujours sur le service
public le 17 février. Alors que Médecins Sans Frontières a ouvert un centre
d'accueil de migrants en banlieue parisienne, l'écrivain - imprécateur que l'on
aurait pu croire refroidi après son voyage en Calaisis a récidivé.
Le
sort des enfants aura été la cause de ses comparaisons obsessionnelles avec
l'horreur suprême par un parallélisme psychologique dont on ne sait s'il a
seulement conscience: «les bénévoles décident qui est mineur, qui ne l'est pas,
s'est emporté le chroniqueur sur le plateau de l'émission de Laurent Ruquier.
Je vous décris la scène pour y avoir assisté. Un qui parle de nulle part et
dit: tu viens d'où toi? Érythrée? OK, tu as 14 ans, dehors. Personne ne sait
comment on mesure chez un Érythréen le degré de minorité. Est-ce que c'est le
squelette, on ne sait pas.»
Puis
vient la chute dans le troisième Reich: «Je rappelle que ce sont les nazis qui
ont inventé l'évaluation de minorité. On vit dans un pays qui évalue les
mineurs comme le faisaient les nazis. Voilà comment sont pris en France les
mineurs et majeurs».
On
sait que le nombre des migrants mineurs isolés explose. On sait aussi que de
nombreux migrants adultes se font passer pour des mineurs isolés. Pendant ce
temps, Moix compare la France à l'Allemagne nazie.
Le
camp du Bien fait encore mal. Bêtise ou imposture? Est-on forcé de choisir?
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d'aujourd'hui est de gauche!»
Goldnadel: «Cachez cette croix que je
ne saurais voir!» (30.10.2017)
- Par Gilles
William Goldnadel
- Publié le
30/10/2017 à 18:49
FIGAROVOX/CHRONIQUE
- Gilles-William Goldnadel revient sur la polémique déclenchée par la décision
de démonter la croix d'une statue de Jean-Paul II en Bretagne. Il y voit une
aberration juridique et l'expression d'une laïcité à géométrie variable.
Gilles-William
Goldnadel est avocat et essayiste. Il est président de l'association
France-Israël. Toutes les semaines, il décrypte l'actualité pour FigaroVox.
A
l'heure du hashtag mobilisateur et des indignations électroniques , on
permettra à quelqu'un qui ne marche au pas cadencé des modes hystériques et des
pauses avantageuses de choisir ses causes.
Non,
je ne me suis pas rendu à la convocation féministe des #Metoo pour protester
contre le harcèlement des femmes.
Je
ne m'y suis pas rendu, car, personnellement, je me méfie de ces cortèges de
bons sentiments exhibés publiquement et qui ne coûtent pas très cher, ils sont
pleins d'imposteurs.
Je
ne m'y suis pas rendu car je n'aime pas vivre, à Paris, à l'heure de
Charlottesville ou de Los Angeles. En août, on détruit les statues des généraux
sudistes, en septembre, on veut culbuter Colbert et dégommer Dugommier.
En
octobre, on découvre les turpitudes hollywoodiennes de ce monsieur Weinstein et
huit jours francs plus tard voilà que des charcutières électriques veulent
tailler dans chaque porc français qui s'ignore une bonne tranche de lard.
On
peut effectivement tout reprocher à l'extrême gauche sauf d'être complexée,
c'est d'ailleurs dans ce manque de pudeur, qu'elle puise sa vigueur.
Je
ne m'y suis pas rendu, car comme à leur habitude, j'ai vu les gaucho-féministes
et leurs masculins supplétifs empressés vouloir sans complexe prendre le train
en marche. On peut effectivement tout reprocher à l'extrême gauche sauf d'être
complexée, c'est d'ailleurs dans ce manque de pudeur, qu'elle puise sa vigueur.
Elle
s'est toujours trompée, ce qui ne l'empêche pas de vouloir constamment
chapitrer. Car, en manière de violences faite aux femmes ou de comportements
inappropriés avérés, la gauche, si elle avait une once de décence, devrait se
faire modeste.
Je
rappelais dans ma chronique de la semaine passée comment le camp du bien
hollywoodien, celui des libéraux généreux, des jet-setter sans frontières prêts
à ouvrir certainement leurs piscines et leurs jacuzzis à tous les migrants de
la terre, ceux qui ont abominé d'injures et de reproches le président honni de
tous les beaufs blancs réunis avait fermé les yeux pendant des années sur les
turpitudes d'un des leurs.
Mais
la gauche radicale française devrait également se faire radicalement petite.
Je
revois encore Monsieur Baupin Denis parader superbement avec ses verts amis ,
maquillés et les lèvres rougies, en soutien courageux envers le sexe faible et
les autres minorités sexuelles martyrisées. Ce sont ces mêmes amis
écolos-gauchistes qui se sont tus pendant des années alors qu'ils connaissaient
l'hyperactivité de leur camarade aujourd'hui déchu mais qui ne saurait les
avoir outrageusement déçus. Peut-être, dans le courant tumultueux des
nouveautés politiques, n'avons-nous pas suffisamment apprécié le progrès
effectué, dans la déconfiture électorale de ce parti si souvent convaincu
d'impostures.
Surtout,
je ne m'y suis pas rendu, parce que je n'y étais pas le bienvenu.
Il
faut lire l'interview qu'a donnée à LCI, Carole Galand, organisatrice des
manifestations sous la bannière: «MeToo»:
«Il
n'y aurait pas de problèmes si l'homme n'existait pas… Il n'est pas facile pour
certaines femmes victimes d'agression de manifester aux côtés des hommes. C'est
pourquoi dans le parcours de la manifestation, certaines zones sont réservées à
ces femmes…»: C'est la dernière mode ségrégationniste: Dominés de tous les
pays, réunissez-vous en excluant les dominants!
Les
indigènes de la république, l'UNEF (voir cet article du Monde, pour une fois
salvateur) apprécient les camps racisés interdits aux blancs. Voilà que les
féministes de la république veulent confiner les femmes dans des espaces franco
de porcs. Je ne suis donc pas de ceux qui s'imposent.
En
revanche, si un défilé n'excluant a priori personne était organisé dans la
foulée du hashtag MontreTaCroix, j'y protesterais volontiers avec mes pieds
contre la dernière décision du Conseil d'État ordonnant l'amputation du symbole
de la chrétienté sur une œuvre d'art consacrée à Jean-Paul II et édifiée sur
une place de Ploërmel. Bref un calvaire administratif en plein pays catholique
et breton.
Au
plan juridique, la décision apparaît suprêmement insensée. Il ne s'agit pas de
l'édification d'un emblème
La
religion des natifs ne bénéficie pas des mêmes prévenantes attentions que celle
des nouveaux arrivants, du voile jusqu'au burkini. Maudits chrétiens racistes
parce qu'occidentaux dominants.
religieux
dans l'espace de la république, il s'agit d'une partie de l'ornement
emblématique d'un tout artistique.
Mais
laissons là le droit. Je sais bien quel est l'esprit qui souffle depuis
longtemps sur la haute institution. Je sais ce qui se trame dans l'inconscient
du juge administratif. La religion des natifs ne bénéficie pas des mêmes
prévenantes attentions que celle des nouveaux arrivants, du voile jusqu'au
burkini. Celle des «chrétiens zombies», de la religion des blancs qui se meurt,
pour reprendre la hideuse expression d'Emmanuel Todd pour les taxer pour le
même prix d'Islamophobie.
Maudits
chrétiens racistes parce qu'occidentaux dominants. Cachons leurs emblèmes.
Comme cette marque de yaourt grec qui vient d'effacer la croix orthodoxe sur
son étiquette pour n'offenser personne. Comme la régie publicitaire de la RATP
qui interdisait toute publicité caritative pour les chrétiens d'Orient
martyrisés pour n'offusquer personne. Comme cette loi mémorielle Taubira qui
interdit le souvenir de la traite arabique des chrétiens pour ne désespérer
personne dans les banlieues.
La
mairie de Paris peut bien organiser la nuit du ramadan aux frais du
contribuable, sans attenter à la laïcité et les prières de rue se poursuivre
sans emprise sur l'espace public. Sous l'empire de la laïcité française à
géométrie variable et de la pudibonderie américaine schizophrène, on applaudit
donc le plug anal , on célèbre le vagin royal et on construit des édicules
zoophiles où l'on sodomise les chiens sans égard pour le regard enfantin.
Dans
mes «Réflexions sur la question blanche», je confessais qu'en ma petite enfance
normande mais judaïque je craignais de dormir dans un lit surmonté d'une croix
catholique. L'église en ces temps-là était encore dominante et parfois
impérieuse.
Adulte,
je ne puis souffrir que l'on interdise aux enfants malmenés de sa fille aînée
de montrer leur croix où ils veulent sur leur terre de France.
Dans
un domaine extrêmement voisin, mon lecteur apprendra, puisqu'on ne lui a pas
dit, que la semaine dernière, le médaillé d'or Israélien Tal Flicker a vu les
symboles de l'État juif-hymne national et drapeau frappé de l'étoile de
David-interdits de cité par les autorités d'Abou-Dhabi, pays organisateur du
tournoi de judo du Grand Chelem.
L'athlète
victorieux a alors entonné lui-même l'hymne de son pays.
Bel
exemple à méditer si l'on veut continuer d'exister sans renier sa croix ou son
étoile.
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enquête sur les agents d'influence de l'islam
Zineb El Rhazoui : pourquoi
l'islamisme est un totalitarisme (11.11.2016)
FIGAROVOX/GRAND
ENTRETIEN - Un an après le 13 novembre et à l'ocasion de la sortie de son
dernier livre, Détruire le fascisme islamique, Zineb El Rhazoui a
accordé un entretien fleuve au FigaroVox. Selon elle, on ne pourra pas vaincre
le terrorisme sans s'attaquer à l'idéologie qui le sous-tend.
Zineb
El Rhazoui est une journaliste et militante des droits de l'homme
franco-marocaine, née le 19 janvier 1982 à Casablanca. Elle vient de publier Détruire
le fascisme islamique qui paraît aux éditions Ring.
FIGAROVOX.
- Dans votre dernier livre Détruire le fascisme islamique, vous
dénoncez le concept d'islamophobie. Pourquoi?
Zineb
EL RHAZOUI. - D'abord il s'agit d'un néologisme, un terme quasi-médical qui
prétend désigner une «pathologie»: la haine injustifiée, aveugle, irrationnelle
de l'islam avec un petit i, l'Islam avec un grand I, et les Musulmans, sans
jamais les définir. Le concept d'islamophobie est une imposture intellectuelle
fondée sur une confusion délibérée entre l'islam en tant que dogme, l'Islam en
tant que civilisation, et les musulmans considérés ipso facto comme une
communauté monolithique et non pas comme des individus. Qu'est-ce qu'un musulman?
Une personne née dans cette foi ou une personne qui l'a choisie? On peut être
issu de culture islamique et se définir par une multitude d'autres caractères,
comme on peut opter pour cette religion sans en adopter les préceptes à la
lettre. En réalité, ce que l'on nous désigne comme étant de l'islamophobie est
souvent un rejet des manifestations ostentatoires et militantes d'un islam
revendicatif. Les pleurnichards de l'islamophobie nous prennent en otage: à
chaque acte terroriste, ils crient au «pas d'amalgame», mais lorsqu'on dénonce
l'idéologie qui mène au terrorisme, ils nous accusent de haïr l'ensemble des
musulmans. Le concept d'islamophobie est surtout un outil discursif qui
consiste à faire taire toute critique envers la religion musulmane, à l'extraire
à la raison. D'ailleurs l'islamophobie n'existe pas en terre d'Islam, là où la
théocratie islamique a le pouvoir coercitif, puisque les islamistes disposent
de mieux: le délit de blasphème, d'apostasie ou d'insulte à la religion.
Lorsque vous critiquez l'islam dans un pays islamique, on vous met en prison,
vous fouette sur la place publique ou vous assassine. Dans les démocraties
occidentales, les islamistes, désespérés d'imposer le délit de blasphème, n'ont
plus que l'accusation d'islamophobie dont ils veulent faire un nouveau racisme.
Mais depuis quand la foi est une race?
Dans
les pays où le voile est un uniforme obligatoire sous peine de châtiments
corporels, les mêmes islamistes ne défendent pas la liberté individuelle de
s'habiller comme on le veut.
Au-delà
de la question de l'islamophobie, les islamistes instrumentalisent-ils les
droits de l'homme à leur profit?
L'islamisme
est une idéologie impérialiste, elle a intrinsèquement vocation à se répandre
car le prosélytisme est un devoir en islam, y compris sous sa forme la plus
belliqueuse: le jihad. Lorsque cette idéologie n'est pas en position de force,
elle n'hésite pas à faire feu de tout bois pour faire avancer son agenda:
l'édification de l'Oumma, partout sur terre. Ainsi les islamistes ont coutume
de se prévaloir de luttes auxquelles ils n'ont jamais contribué, voire
auxquelles ils ont été hostiles. Les partis islamistes par exemple se diront
démocrates, puisqu'élus, alors qu'ils considèrent la démocratie comme du kufr
(impiété), puisqu'elle tend à ériger la volonté des humains plutôt que celle
d'Allah. En France, nous voyons comment la notion de liberté individuelle est
récupérée pour défendre les porteuses du voile. Le voile est par définition la
négation de la liberté des femmes, mais peu importe pour les islamistes: ils
n'encensent que la «liberté» d'être islamiste alors qu'il s'agit en réalité
d'un consentement. Dans les pays où le voile est un uniforme obligatoire sous
peine de châtiments corporels, les mêmes islamistes ne défendent pas la liberté
individuelle de s'habiller comme on le veut. L'antiracisme est également
détourné par eux et vidé de toute noblesse: ils ne dénonceront jamais les
préceptes islamiques qui interdisent les unions interreligieuses comme
racistes. Les islamistes qui crient au racisme le vident de sens, car pour eux,
il n'est pas une lutte pour l'universalisme, pour gommer les différences entre
les êtres humains, mais plutôt un combat pour imposer leur propre différence
comme un universel. Les islamistes dénoncent le racisme des autres parce qu'ils
veulent avoir le monopole du racisme.
Il
faut avant tout oser désigner cette idéologie pour ce qu'elle est : un
fascisme.
Pour
combattre l'islamisme, il faut donc déconstruire le discours des islamistes...
En
France, nous sommes loin d'une démarche saine de raison critique envers
l'islamisme, car nous peinons toujours à le nommer. Il faut avant tout oser
désigner cette idéologie pour ce qu'elle est: un fascisme. On ne peut pas
prétendre combattre le terrorisme si on le considère comme un crime de droit
commun. Il faut non seulement juger les terroristes, mais incriminer
l'idéologie qui les produit.
En
réalité, il y a bien plus de paix, d'amour et de justice dans la constitution
française que dans le coran.
Selon
vous, il faut aussi revenir aux sources du mal qui se situeraient dans le Coran
…
On
ne peut quasiment plus évoquer la religion musulmane en France sans la faire
précéder par la précaution d'usage: «l'islam est une religion de paix et
d'amour». Cela en soit indique qu'il y a bel et bien un problème. Lorsque la
parole est confisquée, cela signifie que nous sommes face à un totalitarisme.
Je ne vois absolument pas pour quelle raison l'islam serait la seule religion
de paix et d'amour dans le monde. Revenons à la raison: l'islam est une
religion écrite par des bédouins d'Arabie il y a 15 siècles, et elle est
fortement empreinte de leur contexte. Prétendre qu'elle pourrait régir notre
société et nos mœurs en 2016 est une hérésie. Il est essentiel de revenir aux
sources écrites de la religion pour comprendre à quel point elles sont -à
l'instar des écrits des autres religions monothéistes- un condensé de mythes et
de barbarie. Le problème spécifique de l'islam, ce n'est pas tant l'archaïsme
de ses textes, mais le mensonge collectif qui consiste à dire qu'ils seraient
des textes qui prônent la paix et l'amour. En réalité, il y a bien plus de
paix, d'amour et de justice dans la constitution française que dans le coran.
Tant que nous ne disons pas aux islamistes que nous ne sommes pas dupes du
message de leur religion, ils continueront à vouloir l'ériger en universel.
Vous
dénoncez également la «chimère» du vrai islam. Selon vous, il n'y aurait pas de
différence entre islam et
L'islamisme,
c'est simplement l'islam appliqué à la lettre.
islamisme
…
L'islamisme,
c'est simplement l'islam appliqué à la lettre. Et l'islamisme génère forcément
le terrorisme, puis qu'aucun théologien puriste ne déclarera le jihad ou tout
autre précepte de l'islam caduc. Dans le dogme islamique, la religion est un
tout, et non pas des pratiques à la carte. A chaque fois qu'un attentat
terroriste est commis, les crypto-islamistes crient: «ceci n'est pas le vrai
islam!». Mais personne ne nous dit jamais où il est, le vrai islam. Est-ce
l'islam des individus qui en font une pratique partielle, respectueuse des
lois? Moi je dirais Amen si ceux-là n'étaient pas dénoncés par les islamistes
comme des apostats inféodés à l'Occident. Où est-il le «vrai islam»? En Arabie
saoudite? En Iran? Dans les théocraties soft d'Afrique du Nord qui persécutent
les buveurs d'alcool et les homosexuels, qui violent les droits des femmes et
la liberté de culte et de conscience? C'est justement pour déconstruire ce
mythe du «vrai islam» que je me suis attachée à revenir aux textes et à décortiquer
leur contenu.
Mais
tous les musulmans ne sont pas des islamistes!
C'est
ce qu'on nous rétorque à chaque fois que l'on dénonce l'islamisme comme
inhérent à la religion musulmane et non comme une idéologie ex nihilo. Mais
d'abord, qui prétend que tous les musulmans de la terre sont des islamistes? Et
qui désigne-t-on d'abord comme musulman? Si je m'alignais sur la définition du
CCIF: l'islamophobie est un racisme antimusulman, j'en conviendrais (à tort)
que les musulmans seraient une race. Si la race musulmane existe, et bien j'en
fais moi-même partie. Pourtant, je suis bien loin d'être une islamiste, je suis
même ce qu'il conviendrait d'appeler «une bouffeuse d'islamiste». On peut être
musulman de culture et athée, voire athée militant. Pour moi, un islamiste
c'est d'abord quelqu'un qui pense que l'islam a vocation à régir la cité, et
qu'il prévaut sur les lois terrestres.
Le
différencialisme culturel prôné par certains antiracistes est l'antithèse de
l'antiracisme. Les droits humains, l'égalité homme femme, ne sont pas l'apanage
des blancs.
Selon
vous, l'islamisme serait «un fascisme comme les autres». En quoi cette
idéologie est-elle totalitaire?
Elle
est avant tout totalitaire parce que c'est le règne de la pensée unique. Est-il
utile de rappeler le triste sort de tous ceux qui ont osé critiquer cette
idéologie? Dans mon livre, je démontre que l'islamisme possède l'ensemble des
caractéristiques structurelles des fascismes: le culte absolu de la
personnalité du chef, un quasi-dieu. Mahomet, le chef perpétuel de l'Oumma, est
si sacré qu'on ne peut même pas le représenter, et 15 siècles après sa mort,
ceux qui osent le faire sont encore passés par les armes. Cette sacralité, il
en lègue une partie aux souverains temporels qui règnent en son nom: on ne peut
caricaturer aucun chef d'Etat musulman. Comme les autres fascismes, le fascisme
islamique pratique un sexiste répressif contre les femmes et les homosexuels.
Même dans un pays dit «modéré» comme le Maroc, les homosexuels sont passibles
de 3 ans de prison, et les femmes n'ont légalement pas les mêmes droits que les
hommes. Dans les pays où le projet du fascisme islamique a réussi, comme en
Iran, en Arabie saoudite ou dans l'Etat islamique, les femmes doivent carrément
disparaître du paysage en se couvrant de noir et les homosexuels sont pendus,
ont la tête coupée ou sont précipités du haut d'un immeuble. L'autre
caractéristique commune entre le fascisme islamique et les autres fascismes,
c'est ce que les islamistes appellent la Taqia, c'est-à-dire l'habilité à
masquer le véritable agenda. Les partis islamistes, comme les partis fascistes,
se présentent d'abord avec des programmes attrape-tout qui admettent des
revendications sociales ou ouvrières. Une fois arrivés au pouvoir, ils
pratiquent un libéralisme sauvage et répriment toute contestation. Il y a aussi
l'aversion profonde pour les intellectuels et les arts. Comme les autres
fascismes, et peut-être même plus, l'islamisme opprime les artistes et les
intellectuels et n'hésite pas à condamner en bloc certaines formes d'expression
artistique comme la musique, le chant ou la peinture. Et puis, le fascisme
islamique a aussi son uniforme, son drapeau, son prêt-à-penser, son jargon et
son esthétique. Il suffit de voir comment des jeunes français ou belges se mettent
du jour au lendemain en accoutrement saoudien pour s'en rendre compte.
Ces
féministes ont admis une autre imposture intellectuelle : le féminisme
islamique. Depuis quand l'islam a-t-il des choses à nous apprendre sur la
libération des femmes ?
Votre
livre est une charge contre l'islamisme mais aussi contre les «antiracistes».
Ces derniers ont-ils fait le lit de l'islamisme? Comment?
Heureusement
que tous les antiracistes de France ne sont pas tombés dans le piège tendu par
les islamistes. Beaucoup rejettent la notion d'islamophobie et continuent à
défendre un antiracisme universaliste. Le différencialisme culturel prôné par
certains antiracistes est l'antithèse de l'antiracisme. Accepter une idéologie
totalitaire qui réprime les femmes, les homosexuels et l'altérité de façon
générale, comme étant l'expression légitime d'une différence culturelle, c'est
dénier à certaines cultures les droits que l'on admet pour soi. Les droits
humains, l'égalité homme femme, ne sont pas l'apanage des blancs, ils sont faits
pour tout le monde. Malheureusement, les antiracistes différencialistes ont
laissé les islamistes avoir le monopole de la définition de toute une culture.
La forme de racisme la plus dangereuse aujourd'hui, ce n'est pas quelqu'un qui
monterait sur un toit et crierait: «les bougnoules dehors!», car celui qui le
ferait tomberait sous le coup des lois antiracistes. La forme de racisme la
plus pernicieuse, c'est celle qui consiste à considérer les «musulmans» comme
une race/culture/religion condamnée à être régie par sa coutume. Encenser les
lumières quand il s'agit de culture occidentale et la dénier à l'Islam (avec un
grand I), c'est ça le racisme.
Vous
allez jusqu'à les comparer aux collaborationnistes. N'est-ce pas excessif?
Pour
moi, les antiracistes différentialistes ne sont pas les seuls
collaborationnistes du fascisme islamique. Il y a aussi une partie de l'extrême
gauche qui passe tout aux islamistes parce qu'elle est suffisamment
condescendante (et manque surtout d'intelligence politique) pour considérer les
«musulmans» comme un nouveau prolétariat. Il suffit de voir le sort réservé aux
communistes par les régimes islamistes pour battre en brèche ce postulat. Il
suffit aussi de rappeler que l'idéologie islamistes est financée par les plus
riches de ce monde: l'Arabie saoudite et le Qatar, pour se rendre compte de la
bêtise politique de cette extrême-gauche. Il y a aussi une partie du mouvement
féministe, qui admet le voile comme une «liberté» alors qu'il sert de technique
de marquage visuel non pas de celles qui le portent, comme elles le prétendent
en France, mais de celles qui ne le portent pas dans les pays où il est
obligatoire légalement ou socialement. Ne pas porter le voile dans un contexte
où il prolifère, c'est être immédiatement identifiée comme non-adhérente à
l'idéologie islamiste. Ces féministes ont admis une autre imposture
intellectuelle: le féminisme islamique. Depuis quand l'islam a-t-il des choses
à nous apprendre sur la libération des femmes? Il y a aussi une autre classe de
collaborationnistes du fascisme islamique, qui eux, ne sont pas des idiots
utiles, mais des acteurs conscients de l'expansion de cette idéologie
détestable: une partie de la classe politique. Tous ces élus qui vont de
compromission en compromission et cèdent le terrain à l'islamisme militant pour
mieux être réélus. Ces politiciens devront un jour porter l'opprobre de leur
trahison aux principes républicains dont ils sont pourtant censés être les
défenseurs.
Élisabeth Lévy : «L'inquisition
d'aujourd'hui est de gauche !» (13.10.2014)
FIGAROVOX/GRAND
ENTRETIEN - A l'occasion de la sortie du dernier numéro de Causeur intitulé
«Gauche : mourir dans la dignité ?», Elisabeth Lévy a accordé un long entretien
à FigaroVox. Elle évoque pêle-mêle : «les
fractures françaises», «le déni du réel» ou encore «le sectarisme
des rebellocrates».
Elisabeth
Lévy est journaliste et directrice de la rédaction du magazine «Causeur». Dans son numéro d'octobre,
le magazine s'interroge sur la disparition de la gauche et donne la parole
entre autres à Alain Finkielkraut, Jacques Julliard, Aymeric Chauprade et
Christophe Bourseiller.
Le
dernier numéro de Causeur s'intitule «Gauche: mourir dans la dignité?» La
disparition de la gauche a été pronostiquée plusieurs fois et celle-ci est
pourtant toujours là. N'allez-vous pas un peu vite en besogne?
Elisabeth
Lévy: Un titre, c'est à la fois un raccourci, une exagération et une
coquinerie. Celui-ci répondait au Monde diplomatique qui
proclamait le mois dernier sous la plume de Frédéric Lordon «La gauche ne peut
pas mourir» (à mon humble avis, tout ce qui est historique peut mourir, mais
passons). Certes, il existe toujours un camp politique qui s'appelle «la
gauche», quoi qu'il ne soit pas très en forme. Mais il est intellectuellement
et idéologiquement moribond: quel référent peut bien désigner un signifiant
revendiqué par Najat Vallaud-Belkacem et Jean-Pierre Chevènement, Bernard-Henri Lévy et Emmanuel Todd, Jean-Luc Mélenchon et Michel
Sapin ? Le mot «gauche» est devenu une sorte de
mantra, un totem qu'on s'arrache en jouant à «plus à gauche que moi tu meurs»,
d'où la traque permanente des imposteurs et hérétiques qui trahissent la «vraie
gauche». Mais le mot «chien» ne mord pas et le mot «gauche» ne crée pas de
justice.
Cependant,
des millions de gens se disent encore de gauche: il doit bien y avoir un noyau
rationnel?
Il
reste surtout un habitus existentiel, un sentiment d'appartenance, de plus en
plus fragile d'ailleurs: raison pour laquelle on ne peut plus deviner au
premier coup d'œil si quelqu'un vote à gauche ou à droite. Quant au noyau
rationnel, il est maigrelet - et problématique. Ayant (heureusement) renoncé à
la révolution, la gauche continue à croire au sens de l'Histoire. Mais ce
progressisme messianique ne vise plus que l'extension illimitée des droits des
individus: chacun fait ce qui lui plait dans un monde sans frontières. Tout ce
qui contribue à abattre les structures anthropologiques, tout ce qui conspire à
détruire l'héritage, est célébré comme une avancée et ceux qui s'y opposent
dénoncés avec force épithètes dont je vous fais grâce. Le pire, c'est que la
gauche feint d'organiser un mystère qui la dépasse: elle croit être le parti du
mouvement, alors qu'elle se contente de le suivre, ce mouvement.
Ce
qui donne le sentiment de vivre dans un asile de fous, c'est qu'aujourd'hui, le
rebelle est au pouvoir. Plus il est minoritaire, plus il se sent légitime pour
décider ce qu'il convient de penser, plus il est hargneux avec ceux qui ne
pensent pas comme lui.
Ne
parlez-vous pas plutôt de la gauche morale que Philippe Muray qualifiait de
«rebellocrate»? Justement, vous étiez vendredi à Blois pour débattre avec
Marcel Gauchet et Aymeric Caron sur le thème des rebelles.
Malheureusement,
Aymeric Caron s'était trompé d'heure (et c'est vrai): c'est la première fois
qu'il me manque. Bien sûr, ce que vous appelez la «gauche morale» n'est pas
toute la gauche. J'ai évoqué la gauche de gouvernement, qui mène peu ou prou,
comme la droite du même nom, «la seule politique possible». Par ailleurs, il y
a des individus, des groupes ou des cercles qui, à défaut de proposer des
alternatives convaincantes (mais je peux me tromper), ont le mérite d'observer
la réalité telle qu'elle est. Et nous leur donnons largement la parole dans ce
numéro. Si je m'intéresse à ce que vous appelez la «gauche morale», c'est parce
que son pouvoir culturel, et plus encore médiatique, est sans commune mesure
avec son poids réel. Le peuple de gauche ou ce qu'il en reste n'aime pas plus
que celui de droite les fanfreluches sociétales qui enchantent le bobo de
gauche et de droite - qui est conforté par les protestations des ploucs. La
gauche morale a accouché de la gauche rebelle, mot remis au goût du par
ces Rendez-vous de l'Histoire de Blois. La rébellion, c'est
précisément ce qui reste de la révolution à l'âge de l'individu et de Canal +.
Ce qui donne le sentiment de vivre dans un asile de fous, c'est qu'aujourd'hui,
le rebelle est au pouvoir. Plus il est minoritaire, plus il se sent légitime pour
décider ce qu'il convient de penser, plus il est hargneux avec ceux qui ne
pensent pas comme lui. Ce rebelle dominant, oxymore qui rappelle les
«anarchistes couronnés» d'Antonin Artaud ou les délicieux «mutins de Panurge»
de Philippe Muray (upgradés ensuite en «matons de Panurge)- résume le mensonge
dans lequel la gauche est engluée: elle cumule les gratifications de la
subversion et le confort de l'institution. Ainsi parvient-elle, en dépit de son
discrédit croissant, à rester l'arbitre des élégances morales, décider de quels
sujets on peut parler et qui peut en parler. Hégémonique et minoritaire, cela
finit par poser un problème démocratique, non?
Tout
de même, la gauche est historiquement le parti du Tiers-Etat, c'est-à-dire
aujourd'hui celui des plus faibles…
Le
logiciel de la gauche au pouvoir, c'est toujours plus d'Europe et toujours plus
d'ouverture.
Ah
oui, il paraît que la preuve que le président n'est pas de gauche, c'est qu'il
n'aime pas les pauvres - les sans-dents. Deux siècles de révolutions, de luttes
sociales, de controverses doctrinales, pour en arriver à expliquer que la
gauche aime les pauvres - c'est sans doute la raison pour laquelle les pauvres
ne sont pas de gauche (eux non plus n'aiment pas les pauvres). Ce sont les
pauvres qui, comme chacun sait, résident en masse dans les centres de Paris,
Lyon ou Bordeaux qui fournissent à la gauche de gouvernement ses dernières
citadelles électorales. Alors peut-être ferait-elle bien d'aimer un peu moins
les pauvres et de les écouter un peu plus. En réalité, la gauche d'aujourd'hui
n'aime pas les pauvres, elle aime l'Autre, et elle l'aime d'autant mieux
qu'elle le croise peu. Résultat: abandon de la nation, abandon du peuple. Ce
n'est pas avec ce programme qu'elle va reconquérir les classes populaires.
N'est-ce
pas un peu caricatural?
Je
vous concède que ce diagnostic est au moins partiel. Il y a bien entendu des
penseurs - et même des responsables politiques - qui refusent de communier dans
le mépris d'un peuple qui ne veut pas disparaître dans le métissage planétaire
- ce qui n'a rien à voir avec le racisme dont on l'accuse en bloc. Ceux-là
tentent héroïquement de refonder la gauche en posant la question des
frontières, mot très mal porté dans leur camp. Je pense à la nébuleuse qu'on
appelle «Gauche républicaine» et, dans le champ intellectuel, à Christophe Guilluy, Jacques Julliard et à Jean-Claude Michéa,
même si ce dernier se réclame du socialisme et non de la gauche, mais aussi à
Lordon qui a au moins le mérite de la cohérence: «Être de gauche, dit-il, c'est
refuser la souveraineté du capital» et cette lutte, poursuit-il, doit être
menée au niveau national. Les moyens qu'il a en tête pour y parvenir me
semblent assez effrayants, car ils consistent d'abord à désigner les «ennemis
du peuple» - et je suis attachée à la liberté économique autant qu'à celle des
mœurs et de la pensée. Reste que la liberté sans limites, c'est la jungle, et
que des millions de citoyens qui sentent que les manettes ont échappé à leurs
élus réclament une nouvelle régulation - qui pourrait s'exercer au niveau
européen. Mais le logiciel de la gauche au pouvoir, c'est toujours plus
d'Europe et toujours plus d'ouverture. Emmanuel Macron a raison de
vouloir alléger les contraintes bureaucratiques et administratives qui pèsent
sur l'activité économique. Tant qu'on ne remettra pas en cause le paradigme du
sans-frontiérisme, cela améliorera peut-être le sort des ouvriers chinois ou
polonais. Les ploucs aimeraient bien que le gouvernement de leur pays s'occupe
d'abord de leurs problèmes. Rien que des égoïstes aux idées rances, on vous
dit.
Quelles
que soient ses tares et ses turpitudes, la droite est spontanément plus
pluraliste, moins sectaire, moins fanatique que la gauche. L'inquisition
d'aujourd'hui est de gauche.
Peut-être,
mais cette politique n'est pas l'apanage de la gauche - on lui reproche assez
d'être de droite. Dès lors qu'on ne sait pas vraiment ce que signifie être «de
gauche», pourquoi dites-vous souvent que la seule chose dont vous soyez sûre,
c'est que vous ne l'êtes pas?
Une
partie de la réponse est dans votre question: je ne me détermine certainement
pas sur les programmes économiques que séparent surtout des différences
rhétoriques - même si la rhétorique de gauche («mon ennemi c'est la finance»,
«qu'ils s'en aillent tous») m'exaspère particulièrement. Mais je ne me sens pas
particulièrement «de droite». Tout d'abord, on ne peut pas dire que la santé
doctrinale, intellectuelle et politique de la droite soit plus brillante que
celle de la gauche. Et elle est, comme elle, un foutoir idéologique. Cependant,
il y a une différence fondamentale. Dans le fond, être de gauche, c'est avoir
raison. Pour des raisons essentiellement historiques, la droite ne prétend pas
incarner le Bien, au contraire, elle a en quelque sorte intégré son infériorité
morale. Aussi, quelles que soient ses tares et ses turpitudes, la droite
est-elle- spontanément plus pluraliste, moins sectaire, moins fanatique que la
gauche. L'inquisition d'aujourd'hui est de gauche.
Une
fois de plus vous exagérez!
Le
monde est plein d'idées de gauche devenues folles. Le camp de la liberté
prononce des interdits, les adeptes de la transparence luttent contre l'Etat
policier et les champions de l'égalité suppriment les bourses au mérite.
Ah
bon? Voulez-vous la liste des gens qui ont perdu un boulot ou des contrats
parce qu'ils s'étaient déclarés contre le mariage gay ou qu'ils avaient signé
le «Manifeste des 343 salauds»
contre la pénalisation de la prostitution de Causeur? On peut évidemment
professer sur ces deux sujets des opinions contraires. L'ennui, c'est que certains
points de vue (parfaitement légaux) sont frappées d'interdit. On ne les discute
pas, on les criminalise. Du coup, beaucoup de gens finissent par cacher ce
qu'ils pensent: un «dérapage machiste», c'est-à-dire un compliment un peu
lourdingue, peut vous flinguer une carrière. Comment pouvons-nous tolérer une
telle régression? On rétablit le délit d'opinion et permettez-moi à ce sujet de
vous faire part d'une petite déception amicale. Le Figaro a le droit de
préférer Ludovine de la Rochère à Frigide Barjot et peut-être
n'est-ce même pas le cas. Mais comment pouvez-vous accepter sans protester que
celle-ci et sa famille soient expulsés de l'appartement qu'ils occupaient en
toute conformité avec le bail qu'ils avaient signé, simplement parce qu'elle a
été la principale initiatrice de l'opposition à la loi Taubira? La RIVP
c'est-à-dire la ville de Paris, propriétaire de l'appartement en question, a
découvert de graves irrégularités après plus de vingt ans, et trois jours après
la plus massive des Manifs pour tous,
c'est une plaisanterie? La gauche a hurlé au fascisme quand une famille de
Kosovars a été expulsée après avoir bénéficié de toutes les possibilités de la
loi et vous, vous tolérez ce déni de justice! Pour la presse de gauche, ce
n'est pas une famille qui se retrouve à la rue, c'est une famille de droite. Et
pour vous, elle n'est pas assez à droite? Quoi qu'il en soit, voilà pourquoi je
suis «pas de gauche»: la gauche fait peser une menace réelle sur la liberté de
penser. La droite ne la défend pas assez à mon goût. C'est tout de même moins
grave.
Je
n'ai aucune nostalgie pour la famille patriarcale ni pour l'âge d'avant la
contraception et l'IVG tout en respectant ceux qui y sont opposés.
Mais
enfin, vous ne pouvez pas nier que vos idées progressent dans la société?
Encore
faudrait-il préciser lesquelles car j'ai du mal à me reconnaître dans les
quelques mots par lesquels la gauche médiatique désigne une hydre
néo-réactionnaire à cinq ou dix têtes (Dans Libération ce week-end, la
short-list était réduite à Soral, Zemmour et
votre servante, vous conviendrez que cet attelage est pour le moins baroque).
Cela dit, vous avez raison: dans les représentations collectives, la suprématie
morale de la gauche est en train de décliner, son pouvoir culturel finira par
suivre. Je ne suis pas sûre que ce qui viendra après me plaira beaucoup plus,
mais on n'en est pas là. Pour l'instant, le monde est plein d'idées de gauche
devenues folles. Le camp de la liberté prononce des interdits, les adeptes de
la transparence luttent contre l'Etat policier et les champions de l'égalité
suppriment les bourses au mérite. Ce sont ces idées qu'il faut combattre.
Encore faudrait-il que le combat se déroule à la loyale…
Est-ce
finalement la victoire culturelle de Causeur et plus largement de tous ceux que
cette gauche, convaincue d'appartenir au «camp du bien», relègue un peu
facilement dans «le camp du mal»?
Pour
tout dire, j'aimerais que cette victoire culturelle que vous nous prêtez
aimablement, se transforme en succès commercial! J'avoue que les calomnies
répétées en boucle («un journal de fachos», un «torchon») par des gens qui ne
l'ont jamais ouvert et qui, ainsi, en dissuadent d'autres de l'ouvrir, sont
parfois décourageantes. Le problème - et je l'espère le charme - de Causeur,
c'est que nous n'appartenons à aucun camp. Notre seul parti, c'est celui de la
complexité. Nous sommes immunisés contre tout embrigadement, ne serait que-ce
que parce que nous avons d'innombrables désaccords entre nous. Nous critiquons
de nombreux aspects du monde qui vient, par exemple son horizontalité, mais ne
voudrions pour rien au monde revenir à celui des hiérarchies figées. Je déteste
que l'on touche au socle anthropologique qu'est la différence des sexes, mais
je n'ai aucune nostalgie pour la famille patriarcale ni pour l'âge d'avant la
contraception et l'IVG - tout en respectant ceux qui y sont opposés. On me dit
qu'on ne mobilise pas avec des nuances, des ambiguïtés, des contradictions. Mon
ambition est au contraire de mobiliser tous ceux qui se régalent des tours et
détours de la conversation, du choc des arguments, de la bataille des idées.
Bref tous ceux qui aiment, comme le suggérait Montaigne, frotter leur cervelle
contre celle d'autrui.
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- Du discours du Bourget au tournant
social-libéral: François Hollande l'ambidextre
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peut-il rebondir?
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bêtise de la gauche
- À la Fête de L'Humanité, «Hollande et
la vraie gauche, c'est fini»
Georges
Bensoussan : «Nous entrons dans un univers orwellien où la vérité c'est le
mensonge» (07.07.2017)
ENTRETIEN - L'auteur des Territoires
perdus de la République (Fayard) et d'Une France soumise (Albin
Michel) revisite la campagne présidentielle. Fracture sociale, fracture
territoriale, fracture culturelle, désarroi identitaire : pour
l'historien, les questions qui nourrissent l'angoisse française ont été
laissées de côté.
En 2002, Georges Bensoussan publiait Les Territoires
perdus de la République, un recueil de témoignages d'enseignants de
banlieue qui faisait apparaître l'antisémitisme, la francophobie et le calvaire
des femmes dans les quartiers dits sensibles.«Un livre qui faisait exploser le
mur du déni de la réalité française», se souvient Alain Finkielkraut, l'un des
rares défenseurs de l'ouvrage à l'époque.
Une France soumise, paru cette année, montrait que ces
quinze dernières années tout s'était aggravé. L'élection présidentielle devait
répondre à ce malaise. Mais, pour Georges Bensoussan, il n'en a rien été. Un
voile a été jeté sur les questions qui fâchent. Un symbole de cet aveuglement?
Le meurtre de Sarah Halimi, défenestrée durant la campagne aux cris d'«Allah
Akbar» sans qu'aucun grand média ne s'en fasse l'écho. Une chape de plomb médiatique,
intellectuelle et politique qui, selon l'historien, évoque de plus en plus
l'univers du célèbre roman de George Orwell, 1984.
Selon un sondage du JDD paru cette semaine,
le recul de l'islam
radical est l'attente prioritaire des Français (61 %), loin
devant les retraites (43 %), l'école (36 %), l'emploi (36 %) ou
le pouvoir d'achat (30 %). D'après une autre étude, 65 % des sondés
considèrent qu'«il y a trop d'étrangers en France» et 74 % que l'islam
souhaite «imposer son mode de fonctionnement aux autres».
LE FIGARO. - Des résultats en décalage avec les priorités
affichées par le nouveau pouvoir: moralisation de la vie politique, loi
travail, construction européenne… Les grands enjeux de notre époque ont- ils
été abordés durant la campagne présidentielle?
Georges BENSOUSSAN. - Une partie du pays a eu le
sentiment que la campagne avait été détournée de son sens et accaparée, à
dessein, par les «affaires» que l'on sait, la presse étant devenue en la
matière moins un contre-pouvoir qu'un anti-pouvoir, selon le mot de Marcel
Gauchet. Cette nouvelle force politique pêche par sa représentativité
dérisoire, doublée d'un illusoire renouvellement sociologique, quand 75 %
des candidats d'En marche appartiennent à la catégorie «cadres et professions
intellectuelles supérieures». Le seul véritable renouvellement est
générationnel, avec l'arrivée au pouvoir d'une tranche d'âge plus jeune
évinçant les derniers tenants du «baby boom».
Fracture sociale, fracture territoriale, fracture
culturelle, désarroi identitaire, les questions qui nourissent l'angoisse
française ont été laissées de côté
Pour une «disparue», la lutte de classe se porte bien. Pour
autant, elle a rarement été aussi occultée. Car cette victoire, c'est d'abord
celle de l'entre-soi d'une bourgeoisie qui ne s'assume pas comme telle et se
réfugie dans la posture morale (le fameux chantage au fascisme devenu, comme le
dit Christophe
Guilluy, une «arme de classe» contre les milieux populaires). Fracture
sociale, fracture territoriale, fracture culturelle, désarroi identitaire, les
questions qui nourrissent l'angoisse française ont été laissées de côté pour
les mêmes raisons que l'antisémitisme, dit «nouveau», demeure indicible.
C'est là qu'il faut voir l'une des causes de la dépression
collective du pays, quand la majorité sent son destin confisqué par une
oligarchie de naissance, de diplôme et d'argent. Une sorte de haut clergé
médiatique, universitaire, technocratique et culturellement hors sol.
Toutefois, le plus frappant demeure à mes yeux la façon dont le
gauchisme culturel s'est fait l'allié d'une bourgeoisie financière
qui a prôné l'homme sans racines, le nomade réduit à sa fonction de producteur
et de consommateur. Un capitalisme financier mondialisé qui a besoin de
frontières ouvertes mais dont ni lui ni les siens, toutefois, retranchés dans
leur entre-soi, ne vivront les conséquences.
Ce gauchisme culturel est moins l'«idiot utile» de
l'islamisme que celui de ce capitalisme déshumanisé qui, en faisant de
l'intégration démocratique à la nation un impensé, empêche d'analyser
l'affrontement qui agite souterrainement notre société. De surcroît, l'avenir
de la nation France n'est pas sans lien à la démographie des mondes voisins
quand la machine à assimiler, comme c'est le cas aujourd'hui, fonctionne moins
bien.
Dans un autre ordre d'idées, peut-on déconnecter la
constante progression du taux d'abstention et l'évolution de notre société vers
une forme d'anomie, de repli sur soi et d'individualisme triste? Comme si
l'exaltation ressassée du «vivre-ensemble» disait précisément le contraire.
Cette évolution, elle non plus, n'est pas sans lien à ce retournement du
clivage de classe qui voit une partie de la gauche morale s'engouffrer dans un
ethos méprisant à l'endroit des classes populaires, qu'elle relègue dans le
domaine de la «beauferie» méchante des «Dupont Lajoie».Certains analystes ont
déjà lumineusement montré (je pense à Julliard, Le Goff, Michéa, Guilluy,
Bouvet et quelques autres), comment le mouvement social avait été
progressivement abandonné par une gauche focalisée sur la transformation des
mœurs.
La France que vous décrivez semble au bord de
l'explosion. Dès lors, comment expliquez-vous le déni persistant d'une partie
des élites?
La perpétuation de la doxa est inséparable de cet ordre
social dont ils sont les bénéficiaires et qui leur vaut reconnaissance,
considération et avantages matériels
Par le refus de la guerre qu'on nous fait dès lors que nous
avons décidé qu'il n'y avait plus de guerre («Vous
n'aurez pas ma haine» ) en oubliant, selon le mot de Julien
Freund, que «c'est l'ennemi qui vous désigne». En privilégiant cette doxa
habitée par le souci grégaire du «progrès» et le permanent désir d'«être de
gauche», ce souci dont Charles Péguy disait qu'on ne mesurera jamais assez
combien il nous a fait commettre de lâchetés.Enfin, en éprouvant, c'est normal,
toutes les difficultés du monde à reconnaître qu'on s'est trompé, parfois même
tout au long d'une vie. Comment oublier à cet égard les communistes effondrés
de 1956?
Quant à ceux qui jouent un rôle actif dans le maquillage de
la réalité, ils ont, eux, prioritairement le souci de maintenir une position
sociale privilégiée. La perpétuation de la doxa est inséparable de cet ordre
social dont ils sont les bénéficiaires et qui leur vaut reconnaissance,
considération et avantages matériels.
Le magistère médiatico-universitaire de cette bourgeoisie
morale (Jean-Claude Michéa parlait récemment dans la Revue des deux mondes,
(avril 2017) d'une «représentation néocoloniale des classes populaires […]
par les élites universitaires postmodernes», affadit les joutes
intellectuelles. Chacun sait qu'il lui faudra rester dans les limites étroites
de la doxa dite de l'«ouverture à l'Autre». De là une censure intérieure qui
empêche nos doutes d'affleurer à la conscience et qui relègue les faits
derrière les croyances. «Une grande quantité d'intelligence peut être investie
dans l'ignorance lorsque le besoin d'illusion est profond», notait jadis
l'écrivain américain Saul Bellow.
Avec 16 autres intellectuels, dont Alain Finkielkraut,
Jacques Julliard, Elisabeth Badinter, Michel Onfray ou encore Marcel Gauchet,
vous avez signé
une tribune pour
que la vérité soit dite sur le meurtre de Sarah Halimi. Cette affaire est-elle
un symptôme de ce déni que vous dénoncez?
La
chape de plomb qui pèse sur l'expression publique détourne le sens
des mots pour nous faire entrer dans un univers orwellien où le blanc c'est le
noir et la vérité le mensonge. Nous avons signé cette tribune pour tenter de
sortir cette affaire du silence qui l'entourait, comme celui qui avait
accueilli, en 2002, la publication des Territoires perdus de la République.
C'était il y a quinze ans et vous alertiez déjà sur la
montée d'un antisémitisme dit «nouveau»…
Faut-il parler d'un «antisémitisme nouveau»? Je ne le crois
pas. Non seulement parce que les premiers signes en avaient été détectés dès la
fin des années 1980. Mais plus encore parce qu'il s'agit aussi, et en partie,
d'un antijudaïsme d'importation. Que l'on songe simplement au Maghreb, où il
constitue un fond culturel ancien et antérieur à l'histoire coloniale.
L'anthropologie culturelle permet le décryptage du soubassement symbolique de
toute culture, la mise en lumière d'un imaginaire qui sous-tend une
représentation du monde.
Pour la doxa d'un antiracisme dévoyé, l'analyse
culturelle ne serait qu'un racisme déguisé
Mais, pour la doxa d'un
antiracisme dévoyé, l'analyse culturelle ne serait qu'un racisme
déguisé. En septembre 2016, le dramaturge algérien Karim Akouche
déclarait: «Voulez-vous devenir une vedette dans la presse algérienne
arabophone? C'est facile. Prêchez la haine des Juifs […]. Je suis un rescapé de
l'école algérienne. On m'y a enseigné à détester les Juifs. Hitler y était un
héros. Des professeurs en faisaient l'éloge. Après le Coran, Mein Kampf et Les
Protocoles des sages de Sion sont les livres les plus lus dans le monde
musulman.» En juillet 2016, Abdelghani Merah (le frère de Mohamed)
confiait à la journaliste Isabelle Kersimon que lorsque le corps de Mohamed fut
rendu à la famille, les voisins étaient venus en visite de deuil féliciter ses
parents, regrettant seulement, disaient-ils, que Mohamed «n'ait pas tué plus
d'enfants juifs»(sic).
Cet antisémitisme est au mieux entouré de mythologies, au
pire nié. Il serait, par exemple, corrélé à un faible niveau d'études alors
qu'il demeure souvent élevé en dépit d'un haut niveau scolaire. On en fait, à
tort, l'apanage de l'islamisme seul. Or, la Tunisie de Ben Ali, longtemps
présentée comme un modèle d'«ouverture à l'autre», cultivait discrètement son
antisémitisme sous couvert d'antisionisme (cfNotre ami Ben Ali, de Beau
et Turquoi, Editions La Découverte). Et que dire de la Syrie de Bachar
el-Assad, à la fois violemment anti-islamiste et antisémite, à l'image
d'ailleurs du régime des généraux algériens? Ou, en France, de l'attitude pour
le moins ambiguë des Indigènes de la République sur le sujet comme celle de ces
autres groupuscules qui, sans lien direct à l'islamisme, racialisent le débat
social et redonnent vie au racisme sous couvert de «déconstruction
postcoloniale»?
Justement, le 19 juin dernier, un collectif
d'intellectuels a publié dans Le Monde un texte de soutien
à Houria Bouteldja, la chef de file des Indigènes de la République.
Que penser de l'évolution sociétale d'une partie des élites
françaises quand le même quotidien donne la parole aux détracteurs de Kamel
Daoud, aux apologistes d'Houria Bouteldja et offre une tribune à Marwan
Muhammad, du Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF), qualifié par
ailleurs de «porte-parole combatif des musulmans»?
Les universitaires et intellectuels signataires font dans
l'indigénisme comme leurs prédécesseurs faisaient jadis dans l'ouvriérisme.
Même mimétisme, même renoncement à la raison, même morgue au secours d'une
logorrhée intellectuelle prétentieuse (c'est le parti de l'intelligence, à
l'opposé des simplismes et des clichés de la «fachosphère»). Un discours qui
fait fi de toute réalité, à l'instar du discours ouvriériste du PCF des années
1950, expliquant posément la «paupérisation de la classe ouvrière». De cette
«parole raciste qui revendique l'apartheid», comme l'écrit le Comité laïcité
république à propos de Houria Bouteldja, les auteurs de cette tribune en défense
parlent sans ciller à son propos de «son attachement au Maghreb […] relié aux
Juifs qui y vivaient, dont l'absence désormais créait un vide impossible à
combler».Une absence, ajoutent-ils, qui rend l'auteur «inconsolable». Cette
forme postcoloniale de la bêtise, entée par la culpabilité compassionnelle,
donne raison à George Orwell, qui estimait que les intellectuels étaient ceux
qui, demain, offriraient la plus faible résistance au totalitarisme, trop
occupés à admirer la force qui les écrasera. Et à préférer leur vision du monde
à la réalité qui désenchante. Nous y sommes.
Vous vous êtes retrouvé sur le banc des accusés pour
avoir dénoncé l'antisémitisme des banlieues dans l'émission «Répliques» sur
France Culture. Il a suffi d'un signalement du CCIF pour que le parquet décide
de vous poursuivre cinq mois après les faits. Contre toute attente,
SOS-Racisme, la LDH, le Mrap mais aussi la Licra s'étaient associés aux
poursuites.
En dépit de la relaxe prononcée le 7 mars dernier, et
brillamment prononcée même, le mal est fait: ce procès n'aurait jamais dû se
tenir. Car, pour le CCIF, l'objectif est atteint: intimider et faire taire.
Après mon affaire, comme après celle de tant d'autres, on peut parier que la
volonté de parler ira s'atténuant. A-t-on remarqué d'ailleurs que, depuis
l'attentat de Charlie Hebdo, on n'a plus vu une seule caricature du Prophète
dans la presse occidentale?
Une France soumise. Les voix du refus,collectif
dirigé par Georges Bensoussan. Albin Michel, 672 p., 24,90 €. Préface
d'Elisabeth Badinter. - Crédits photo : ,
L'islam radical use du droit pour imposer le silence. Cela,
on le savait déjà. Mais mon
procès a mis en évidence une autre force d'intimidation, celle de cette
«gauche morale» qui voit dans tout contradicteur un ennemi contre lequel aucun
procédé ne saurait être jugé indigne. Pas même l'appel au licenciement, comme
dans mon cas. Un ordre moral qui traque les mauvaises pensées et les sentiments
indignes, qui joue sur la mauvaise conscience et la culpabilité pour clouer au
pilori. Et exigera (comme la Licra à mon endroit) repentance et «excuses
publiques», à l'instar d'une cérémonie d'exorcisme comme dans une «chasse aux
sorcières» du XVIIe siècle.
Comment entendre la disproportion entre l'avalanche de
condamnations qui m'a submergé et les mots que j'avais employés au micro de
France Culture? J'étais entré de plain-pied, je crois, dans le domaine d'un
non-dit massif, celui d'un antisémitisme qui, en filigrane, pose la question de
l'intégration et de l'assimilation. Voire, en arrière-plan, celle du rejet de
la France. En se montrant incapable de voir le danger qui vise les Juifs, une
partie de l'opinion française se refuse à voir le danger qui la menace en
propre.
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Goldnadel
: sur l'immigration, le «en même temps» ne suffit plus (26.02.2018)
- Par Gilles
William Goldnadel
- Publié le
26/02/2018 à 12:33
FIGAROVOX/CHRONIQUE - Gilles-William Goldnadel fustige
l'ambivalence d'Emmanuel Macron sur la question migratoire. En fonction de son
auditoire, le président semble selon lui défendre tantôt un discours élitiste
et déconnecté du réel, tantôt au contraire un discours ferme qui plaît aux
classes populaires.
Gilles-William Goldnadel est avocat et essayiste. Il est
président de l'association France-Israël. Toutes les semaines, il décrypte
l'actualité pour FigaroVox.
Alors que Gérard Collomb a présenté son projet de loi sur
l'asile et l'immigration mercredi au Conseil des ministres, il n'est peut-être
pas inutile d'écrire les choses franchement.
Il s'agit de la question qui fâche le plus. Parce qu'elle
est désormais existentielle. Raison pourquoi, la plupart du temps, on préfère
parler d'autre chose, ce qui a été le cas pendant la période électorale.
Deux camps s'affrontent frontalement. Le parti médiatique et
financier qui considère largement qu'il s'agit d'une question vulgaire à
laisser au populisme. Et le peuple, dont il est aujourd'hui acquis aux débats
par sondages interposés qu'il s'agit de sa première préoccupation.
Si le sommet médiatique en parle, il abordera la question
par la face sud: les malheurs des migrants. Quand la plèbe terre à terre évoque
le sujet, elle abordera avant tout les problèmes sécuritaires ou identitaires
posés par l'immigration massive et illégale dès lors considérée logiquement comme
invasive.
Encore faut-il ajouter qu'il ne s'agit que de l'apparence
publique des choses. Quand l'élite se met à parler avec moins de coquetterie,
elle peut se laisser aller à parler comme la plèbe.
C'est ainsi que l'ancien président Hollande confiait à deux
journalistes, lors de ses confidences vespérales, l'aspect désormais
insupportable pour les Français de l'immigration, et que l'on risquait même «la
partition». On remarquera que de tels propos n'ont provoqué aucune indignation
et que la presse a plutôt préféré les passer sous silence…
Exactement comme si certaines vérités trop crues n'étaient
pas bonnes à dire devant les petits enfants.
La question migratoire est, depuis un demi-siècle, posée
de manière totalement irrationnelle.
Au caractère massif et irrésistible de la migration, s'est
ajoutée durant la dernière décennie la question islamiste et donc islamique. Il
se trouve que c'est précisément l'origine des nouveaux réfugiés et migrants qui
viennent s'ajouter à une précédente vague, quelquefois clandestine, qui cause
déjà cruellement de profonds remous.
Parmi les raisons de la colère plébéienne, outre les
problèmes inhérents rencontrés par les difficultés d'intégration d'une
population importante et très différente de la population autochtone, le fait
que la quasi-totalité des illégaux demeurent sur le territoire national est le
plus compréhensible.
Pour le dire autrement, l'obstacle psychologique principal à
l'accueil des réfugiés éligibles au droit d'asile est constitué par le maintien
sur le sol français d'individus inéligibles dont la présence est considérée
légitimement et légalement comme une offense.
Mais les développements qui précèdent ne sont que des
observations d'ordre rationnel.
Malheureusement, et ainsi que je l'écris souvent, la
question migratoire est, depuis un demi-siècle, posée de manière totalement
irrationnelle.
Il fut un temps où le débat sur l'accueil tournait
principalement autour de la notion de la générosité parfois excessive ou de
l'égoïsme ou non sacré. Avant-guerre, pour des raisons purement économiques, le
socialiste Marchandeau fut à l'origine d'une loi restreignant considérablement
l'entrée sur le territoire national. Il fut critiqué, sans être taxé de
raciste. Dans les années 60, Raymond Cartier, journaliste de bonne tenue, et
père de la doctrine d'un «Cartiérisme» réticent à l'ouverture sur le monde, fut
célébré pour sa formule «plutôt la Corrèze que le Zambèze».
Ce n'était pas très distingué dans les salons, et l'on
pouvait parfaitement trouver le point de vue bien étriqué. Mais Cartier ne fut
pas vilipendé pour son improbable racisme, mais plutôt pour son esprit de
quartier.
C'est après le choc de 1968, dont j'ai toujours expliqué
(«CRS SS!») qu'il était mû par un fantasme post-schoatique, que tout débat
autour de l'accueil de l'Autre, s'est transformé aussi inconsciemment
qu'irrationnellement en mise en cause culpabilisante de l'occidental raciste
ou, pour le dire autrement , du franchouillard vichyssois xénophobe.
En l'espace d'une guerre mondiale traumatisante, d'un excès,
l'autre: du sentiment méprisant de supériorité occidentale à la dilection de
l'altérité orientale.
Depuis, la question migratoire est devenue en creux la
question française, et encore plus profondément enfouie, la question blanche.
C'est donc dans ce cadre psychologique collectif que le
candidat Macron a fait une campagne rien moins qu'ambivalente - l'œil sur le
second tour face à la candidate ultra-franchouillarde - à coups de formules
transparentes sur la colonisation française nazifiée et l'absence de culture
nationale.
Une fois élu largement, le président jupitérien semblait
avoir donné des gages tant aux désirs de la plèbe qu'aux exigences prosaïques
du réel: les vrais réfugiés oui, les migrants économiques non.
Et ceux qui n'ont rien à faire en France devront partir, et
vite.
C'était compter sans les exigences du monde virtuel. Depuis
des semaines, l'inquiétude pour l'Autre était grande du Monde jusqu'à
Libération. Et tant pis pour la plèbe. Sur toutes les chaînes audiovisuelles du
service public de France Inter jusqu'à Arte. Sans parler des associations, de
ces forcément gentilles organisations non-gouvernementales qui s'opposent au
gouvernement forcément méchant. Pas question de trier entre le bon réfugié et
le mauvais migrant. Et tant pis, si dans la réalité, d'Oxfam jusqu'à Médecins
Sans Frontières et l'Unicef, de grandes libertés ont été prises aux dépens des
réfugiés, à commencer par les femmes.
Il n'était même pas question de voir l'État faire rentrer
ses fonctionnaires dans les refuges pour recenser les déplacés. Pas question
non plus de vérifier la réalité d'une minorité alléguée, sauf à se conduire en
nazi comme suggéré par Moix sur le service public, en gamin attardé du gentil
mois de mai.
L'avenir des réfugiés et des migrants d'islam n'est-il
pas dans leurs pays islamiques ?
Du coup, voici notre Jupiter un peu moins foudroyant. Non
seulement le projet de loi est considérablement raboté: un article 3 prévoit
que les réfugiés qui jusqu'ici pouvaient faire venir leurs parents pourront
désormais faire venir aussi leurs frères et sœurs afin que «la réunification
familiale ne se fasse pas au détriment de l'unité familiale».
Autrement dit, un regroupement familial bis, au moment où
l'on s'interrogeait même sur l'éventuelle suppression de celui-ci… Mais en
outre, le premier ministre a promis de reprendre les grandes lignes d'un
rapport du député En Marche (ex socialiste) Aurélien Taché. Celui-ci, et c'est
manifestement son rôle, contredit la prétendue fermeté du projet du ministre de
l'intérieur. Taché propose notamment d'établir une égalité entre les Français
et les réfugiés «dans l'accès à l'emploi et au logement» contredisant ainsi le
principe de citoyenneté. Son projet est un catalogue de droits sans devoirs.
Pour faire bonne mesure le député considère également que le
délit d'aide aux clandestins est tombé dans l'obsolescence. À défaut de la
vulgaire et impuissante plèbe, Cédric Herrou sera content.
La confusion règne dans les esprits. Au même moment, le
premier ministre Édouard Philippe, homme respectable, déclarait:
«La France ne se dérobera pas à son devoir d'hospitalité.
Mais l'avenir des chrétiens d'Orient doit être en Orient.»
Dans ce cas, lui ai-je fait observer, l'avenir des réfugiés
et des migrants d'islam n'est-il pas dans leurs pays islamiques?
La fermeté, et en même temps, le laxisme. Le réel et en même
temps le virtuel.
Pauvre peuple français, ce n'est pas demain que ses lois
républicaines sur la régulation des flux migratoires seront respectées.
Dans une récente chronique, je comparais Macron à la
chauve-souris de la fable.
Ravi, dans la présente matière, de montrer ses ailes
d'oiseau pro-migratoire en même temps que ses dents pointues de rat
intransigeant. On peut malheureusement parier sans grand risque que l'aigle des
hauteurs l'emportera sur le vulgaire rongeur.
La cote présidentielle n'atteint plus les sommets. Les
Français sont dans le noir.
La chauve-souris est peut-être un oiseau sans grand danger,
mais ne sera jamais un mammifère très populaire.
La rédaction vous conseille
TPMP : échange très tendu entre Bernard de
La Villardière et Rokhaya Diallo (27.02.2018)
- Par Emilie Geffray
- Mis
à jour le 27/02/2018 à 12:29
- Publié le
27/02/2018 à 11:48
VIDÉO - L’animateur d’Enquête exclusive s’est
défendu de stigmatiser les musulmans et l’islam en se confrontant aux
chroniqueurs du talk-show de C8 présenté par Cyril Hanouna.
La brouille ne date pas d’hier. Depuis plusieurs
années, Touche pas à mon poste!critique, parfois violemment,
Bernard de La Villardière et son émission Enquête exclusive . Accusé de stigmatiser l’islam
et les musulmans, notamment après la diffusion de Dossier tabou consacré
à l’islam en France, l’animateur de M6 a accepté de se rendre lundi soir sur le
plateau du talk-show de C8 pour se confronter aux chroniqueurs.
» LIRE AUSSI - Dossier tabou : Bernard de La Villardière répond aux attaques d’Enora Malagré
dans TPMP
Premier à prendre la parole, Gilles Verdez, visiblement très
remonté, réitère d’emblée les accusations sur Bernard de La Villardière,
jugeant ce dernier obsédé par les musulmans. «Pourquoi vous stigmatisez en
permanence les musulmans?» «Je ne veux pas répondre à cette question car je ne
me sens pas concerné. C’est une accusation gratuite, dérisoire. (...) Vous
parlez d’islamophobie. J’ai passé une partie de mon enfance au Liban, j’ai vécu
ensuite au Maroc, j’ai plein d’amis musulmans, et aujourd’hui, je crois que je
suis, dans la presse française, un des journalistes qui a été le plus au chevet
des musulmans dans les camps en Syrie, en Irak. J’ai rencontré des musulmans
victimes parce que les premières victimes de l’islamisme, du terrorisme
musulman, ce sont les musulmans eux-mêmes figurez-vous», a répondu calmement
l’animateur d’Enquête exclusive.
«Vous êtes des manipulateurs !»
Bernard de La Villardière aux chroniqueurs de Touche pas à
mon poste:
De son côté, Rokhaya Diallo a tenu à son tour à dénoncer la manière
dont il dépeint les musulmans de France. «Je vais être très honnête avec vous:
je n’aime pas du tout ce que vous faites. Je trouve que vous abordez des sujets
avec une fausse neutralité qui pour moi masque une idéologie que vous déversez
dans des pseudos reportages qui à mon avis sont des tribunes», a débuté la
militante antiraciste avant de revenir sur la polémique née dans Touche
pas à mon poste!.
En effet, il y a un an, à l’occasion d’un jeu, Cyril Hanouna
avait tiré au sort une personne du public et l’heureuse élue était une jeune
femme voilée. Sur Twitter, Bernard de La Villardière a retweeté le message d’un
écrivain palestinien réfugié en France qui disait: «Les tentatives de la
banalisation du voile dans l’espace public passent également par les médias! Le
voile n’a rien de banal, c’est un symbole de l’islamisation de notre société et
nous devons dénoncer ces dangereux animateurs sans valeurs».
«Ce n’est pas un foulard comme un autre», s’est défendu
Bernard de La Villardière coupant la parole à Rokhaya Diallo. «C’est un hijab
qui recouvre non seulement les cheveux mais aussi le cou et les oreilles. Et
pour moi c’est une doctrine que je dénonce et j’ai le droit de dire que porter
le hijab, c’est une régression». Agacée de ne pas pouvoir parler, la
chroniqueuse reproche à l’animateur de faire offense aux femmes voilées
présentes dans le public en «prétendant savoir mieux qu’elles de quelle manière
elles doivent s’habiller». «Les femmes ont parfaitement le droit de porter le
voile mais j’ai parfaitement le droit de dire que c’est une régression de mon
point de vue dans un pays où on essaye de faire en sorte qu’il y ait une
égalité entre les droits des femmes et des hommes. Le voile porte une
idéologie, la femme est impure, elle peut être une tentatrice pour l’homme donc
il faut qu’elle se couvre», a répondu Bernard de La Villardière.
Le reste de la séquence, baptisée «Les 5 minutes de vérité»
et qui a finalement duré le triple du temps initial, s’est poursuivi toujours
dans cette ambiance tendue. Au moment d’évoquer la polémique liée au reportage tourné à Sevran (Seine-Saint-Denis) pour Dossier tabou , l’animateur s’est vivement emporté
accusant Touche pas à mon poste!de manipulation. «Vous êtes des
manipulateurs! J’en ai ras-le-bol de cette histoire parce que c’est de la
manipulation pure et simple». Et de conclure: «Je suis tout droit dans mes
baskets. Je me connais, je connais mon métier, je sais de la manière dont je
l’exerce. Je sais les risques que j’ai pris pour le faire. Voilà je n’ai aucun
problème».
Clash
Bernard de La Villardière/Rokhaya Diallo: Nadine Morano traite la chroniqueuse
de "Française de papier" (27.02.2018)
Dans Touche Pas à Mon Poste, la chroniqueuse a dénoncé les
positions du présentateur de M6 sur le voile.
VINCENT KESSLER / REUTERS
Rokhaya Diallo, une "française de papier" selon
Nadine Morano qui revient sur le clash avec La Villardière dans TPMP
MÉDIAS - Il n'a pas fallu attendre longtemps pour voir une
partie de la classe politique récupérer l'affrontement entre Bernard de la Villardière et Rokhaya
Diallo sur le plateau de TPMP. Dans la foulée de l'émission diffusée le 26
février, Nadine Morano s'est en pris à la chroniqueuse de Cyril Hanouna,
qualifiée de "Française de papier".
Sur C8, la militante féministe s'est insurgée des positions
de Bernard de la Villardière, notamment sur la question du voile. "Je
reviens sur la polémique qu'on a eu ici dans TPMP où vous avez pointé du doigt
le fait que Cyril Hanouna puisse inviter sur le plateau une femme qui porte le
foulard, un hijab. (...) Vous n'avez pas à dire comment une femme doit
s'habiller. Vous avez un problème avec le voile", a-t-elle affirmé.
Mais ses propos ont provoqué la colère de Nadine Morano.
Dans un tweet, l'eurodéputée Les Républicains a dénoncé "l'intolérance,
l'arrogance et la suffisance de la militante", qu'elle n'a pas hésité à
qualifier de "Française de papier".
L’intolérance, l’arrogance, la suffisance de la militante @RokhayaDiallo qui combat la
culture, les racines de la France et fait la propagande scandaleuse de la
régression de la femme avec le hidjab. Française de papier
Comme le souligne Marianne, l'expression "française de
papier" fait partie du vocabulaire de l'extrême droite. Jean-Marie Le Pen
l'utilisait notamment en son temps, et plus récemment, c'est sa
petite-fille Marion Maréchal Le Pen qui l'avait reprise dans une vidéo après
l'attentat de Nice, s'attirant les foudres de la ministre de l'éducation de
l'époque Najat Vallaud-Belkacem.
Plusieurs membres du parti frontiste, comme Gilbert Collard
et Jean Messiha, ont d'ailleurs rejoint le point de vue de Nadine Morano, tout
comme le souverainiste Nicolas Dupont-Aignant.
Rokhaya Diallo, "militante féministe", ose
défendre le port du hijab (qui couvre cheveux, oreilles, et cou) en France,
alors qu'en Iran les femmes se font emprisonner pour ne pas le porter. Oui,
prôner le hijab en France est une propagande de violation de la liberté des
femmes !
Nadine Morano parle de "Française de papier", puis
retweete le coordinateur du projet présidentiel de Marine Le Pen.
Mais promis, LR n’a rien à voir avec le FN.
Mais promis, LR n’a rien à voir avec le FN.
Rarement vu quelqu'un assumer autant ses propos que Bernard
de la Villardière ce soir dans #TPMP. Énoncer des faits devient
un crime dont les juges sont des chroniqueurs bobo coupés de toute réalité.
Soutien sans faille à @BdLVillardiere , invectivé par
le tribunal de la pensée unique incarné par @RokhayaDiallo #TPMP https://twitter.com/TPMP/status/968212304377667586 …
Très bonne réponse de @BdLVillardiere à@RokhayaDiallo au sujet du voile
islamique, lors de son passage à #TPMP. Avoir le droit de
dire ce que l'on pense devient de plus en plus compliqué face à ceux qui
défendent l'aliénation au nom des "libertés"... https://twitter.com/TPMP/status/968212304377667586 …
Toujours sur Twitter, Rokhaya Diallo a réagi ironiquement à
la déclaration de Nadine Morano, en rappelant une des précédentes sorties
polémique de l'ancienne ministre sur "la France, pays de race
blanche."
Après la France « pays de race blanche », la
délicieuse @nadine__morano me
qualifie de « Française de papier ». Il semblerait que cette femme
qui a pourtant été ministre de la République ne me considère pas comme une
vraie Française... Je me demande bien pourquoi
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