Pierre Vermeren : «Face au terrorisme, il faut arrêter la politique de l'autruche» (20.08.2017)
Pascal Bruckner : «L'islam semble engagé sur une pente suicidaire» (18.08.2017)
Pierre-Jean Luizard: «La fin territoriale de Daech accroît le risque d'attentats en Europe» (17.08.2017)
Dreuz.info
Riposte Laïque
Le meilleur site est The Religion of Peace (site américain), mais il faut lire un peu l'anglais :
Religion of Peace Atrocity of the Week Burkina Faso: 18 Cut Down at Restaurant of Islam" |
Muslim militants raid a car dealership and kill an employee.
Suicide bombers attack a market and a refugee camp, slaughtering over two dozen.
Three children are among a family of five exterminated by Jihadi bombers.
Three Catholic Relief aid workers are brutally gunned down.
Muslim terrorists open fire on a UN headquarters, killing eight people.
The lives of seventeen civilians are cut short by al-Qaeda shrapnel.
|
Barcelona: 13 Dead, 50 Injured & Maimed
18.08.2017: Les musulmans modérés sont pris entre deux feux : entre certains non-musulmans ou musulmans réformateurs qui les accusent de soutenir par leur passivité, leur silence et leur inaction les islamistes radicaux et jihadistes et les musulmans jihadistes qui les accusent de ne pas être de vrais musulmans.
Ce raisonnement grossier doit être répété et modifié pour chaque courant de l'islam, car pour un jihadiste de l'EI, un frère musulman est un apostat, alors que pour un démocrate épris des droits de l'homme un Frère musulman comme Tariq Ramadan appartient à une organisation terroriste qui vise à long terme par le noyautage progressif des sociétés à instaurer la charia dans le monde entier et pour cela, s'il le faut, qui n'hésitera pas elle aussi à éliminer physiquement les non-musulmans.
Évidemment, pour le chrétien, le juif, le yazidi, l'hindou, le kurde, l'athée, etc. qu'il se fasse tuer, blesser, violer, menacer par un chiite ou un sunnite, par un Daech, un al-nostra, un al-Qaeda, un Hezbollah ou un Boko Haram, un salafiste ou un wahhabite, un Pakistanais, un Turc ou un Marocain lui importe beaucoup moins que de savoir qu'il est tué par un musulman, tout simplement. La taqyia des frères musulmans impose de dire que ce n'est pas ça l'islam pour couvrir la progression de l'islamisation en jetant le trouble dans les esprits. Mais force est de constater que les actes des jihadistes sont eux aussi conformes aux enseignements de l'islam.
A long terme, la guerre ne pourra être gagnée contre l'islam ou contre l'islam radical que si l'on maîtrise plus ou moins parfaitement au moins les connaissances suivantes : l'histoire de l'islam, les textes essentiels de l'islam, la langue arabe, les relations internationales et leur histoire, la géographie, l'économie et la politique des pays du monde entier, les mécanismes de radicalisation communes à toutes les sectes et celles propres au jihadisme et à l'islamisme.
Il faudra réduire et/ou contrôler drastiquement les flux migratoires de populations musulmanes vers les pays non-musulmans pour éviter un accroissement de l'islamisation de ces pays, aider les apostats à quitter l'islam sans risque pour leur vie, les femmes à se libérer économiquement, juridiquement et mentalement de l'oppression familiale masculine, les musulmans modérés à se sortir de la coupe des salafistes, wahhabites, frères musulmans et jihadistes.
La meilleure solution à mon avis est de faire comme le Japon : interdiction totale de l'islam (comme d'ailleurs du christianisme). Heureusement qu'ils ont interdit l'islam, car en voyant ce qu'ils ont fait sans les enseignements de Mahomet dans les années 30-40, on n'ose imaginer ce qu'ils auraient accompli animés par l'idéologie du jihad et la haine des non-musulmans ...
Mais si cette interdiction n'est pas possible à court terme, au moins faut-il être ferme sur la laïcité et les lois républicaines fondées sur la déclaration des droits de l'homme et du citoyen : obligation de prêcher dans la langue du pays d'accueil, fermeture des mosquées radicales, associations, lieux de culte prônant de principes anti-républicains, expulsion des imams radicaux, expulsion des frères musulmans, fermeture de l'UIOF, interdiction de citer en public certaines sourates (quelques centaines) car contraires aux principes démocratiques, seul le petit voile autorisé dans l'espace public, interdit dans les administrations, entreprises, collectivités, les autres tenues trop rigoristes et marquant une soumission et une infériorité de la femme musulmane interdites, fermeture des sites, blogs, comptes facebook, etc. prônant des thèses trop radicales, incitant à la haine, au meurtre, au viol et à la spoliation des non-musulmans. Pas d'allocations données pour les personnes ne reconnaissant pas sur l'honneur que l'argent qui leur est donné leur vient de la République française (et non d'Allah, et que ce n'est pas non plus la jizya). Fermeté et sévérité des peines touchant les étrangers, expulsion immédiate en cas de délit. Contrôle des frontières pour empêcher le trafic de drogue, d'arme, d'êtres humains, le passage des migrants clandestins dont on ne sait rien et surtout celui des djihadistes de retour d'Afghanistan, Tchétchénie, Irak, Syrie, Libye, etc.
Il y a encore beaucoup de choses à penser et à faire : instruction primaire et secondaire drastiquement renforcée, armée, police et renseignement améliorés, et la justice, et la culture, et l'économie, mais je n'ai plus le temps. Alors salut !
Publié le 18/08/2017 à 19h02
Mis à jour le 18/08/2017 à 13h33 | Publié le 18/08/2017 à 13h00
Il y a encore beaucoup de choses à penser et à faire : instruction primaire et secondaire drastiquement renforcée, armée, police et renseignement améliorés, et la justice, et la culture, et l'économie, mais je n'ai plus le temps. Alors salut !
Pierre Vermeren : «Face au terrorisme, il faut arrêter la
politique de l'autruche» (20.08.2017)
Par Pierre
Vermeren Publié le 20/08/2017 à 17h58
CHRONIQUE - Avec des moyens dérisoires, le terrorisme
djihadiste parvient à changer nos vies en profondeur. Pour l'historien,
il est temps que l'Occident, et en particulier la France, cesse de se flageller
pour prendre la mesure d'une menace qui ne cesse de s'étendre.
Pays musulmans et occidentaux vivent depuis le
11 septembre 2001 sous l'empire du terrorisme.
[Faux : les attentats ont commencé bien avant, dès la naissance de l'islam. Le terrorisme d'aujourd'hui est une mutation (mondialisation, nouvelles technologies, internet) mais il a de nombreux ancêtres dans l'islam médiéval et moderne, car il puise son inspiration dans le Coran, la vie et les exemples de Mahomet et les textes islamiques sunnites.
En dehors des guerres
d'Irak et de Syrie, on estime à plus de 190.000 décès et 200.000 blessés les
victimes du terrorisme islamique international. Depuis seize ans, six attentats
sont commis quotidiennement dans le monde, soit 31.500. Ces chiffres sont
énormes (victimes d'attentats, organisateurs, complices, candidats au
suicide…), mais pour une guerre planétaire d'aussi longue durée, le chiffre est
à relativiser.
Voir le site The Religion of Peace.
Dans les guerres civiles du Liban, d'Algérie, d'Irak, de
Syrie, du Yémen, du Soudan, d'Afghanistan, de Yougoslavie, de
Tchétchénie, etc., le bilan n'est jamais inférieur à 200.000 morts. Il est
même parfois très supérieur : plus
de 400.000 morts en Syrie en cinq ans. À cette aune, le terrorisme
international est pour ses commanditaires une guerre très rentable en termes de
terreur, de notoriété, d'impact médiatique et idéologique, de communication
politique…
Face aux attentats, les États arabes et occidentaux
investissent des sommes gigantesques: reconfiguration des moyens de transport
et de défense, embauche de millions d'agents dans la sécurité (gardiennage,
aéroports, transports, police, services de renseignements, armées). Le
terrorisme occupe la une des médias après les gros attentats et il change les
modes de vie de nos sociétés. Or tout cela est atteint par des moyens
financiers et humains réduits, voire dérisoires, pour des commanditaires riches
de milliards de pétrodollars, et au vu des millions d'hommes disponibles au
coup de feu faute de perspectives meilleures. On déplore que des malades
mentaux et autres personnes fragiles (prisonniers, émigrés, déclassés,
délinquants, drogués, etc.) fournissent la main-d'œuvre des attaques. Mais
qui étaient les SA du nazisme? Des déclassés, d'anciens combattants, des
victimes de guerre et du chômage de masse, des délinquants, des fous. Rien de
neuf.
Ce terrorisme fonctionne en outre très bien, puisqu'il
atteint ses buts de guerre. Certes, le drapeau d'al-Qaida ou de Daech ne flotte
ni sur Londres ni sur Damas, Israël n'a pas disparu et la France ou l'Arabie
saoudite ne sont pas à feu et à sang. Mais le cas français depuis les attentats
de Merah en mars 2012 illustre la stratégie gagnante des terroristes:
radicalisation religieuse et passages à l'acte, islamisation et conversions,
banalisation du crime et de l'horreur, frivolité des élites médiatiques et des
notables, compassion et culture de l'excuse des sociologues médiatisés,
couardise ordinaire des élites politiques, tout y est.
Seule une poignée d'intellectuels algériens, souvent exilés
car condamnés à mort par leurs islamistes, mus par le souvenir de leur
expérience personnelle et nationale des années 1990, met en garde les élites
européennes contre la faiblesse, la politique de l'autruche, l'aveuglement, les
bons sentiments et finalement l'esprit munichois, dont le seul débouché est la
collaboration.
Or depuis les attentats de Madrid (mars 2004), de
Londres (juillet 2005) et de Toulouse (2012), la radicalisation ne faiblit
pas mais s'intensifie. La France a envoyé le plus gros contingent d'Europe
occidentale d'apprentis djihadistes en Syrie ; en trois ans, le
nombre des «radicalisés» y a triplé (19.000 personnes). La prison
comme incubateur de radicalisation salafiste n'en est qu'un des vecteurs. La
«déradicalisation» conduite dans l'improvisation, l'ignorance de l'islam et de
la religion par de présumés experts a vite montré ses limites, voire son
inutilité. Mieux vaudrait réfléchir aux régimes d'historicité dévoilés par
l'historien François Hartog et aux horizons d'attente de nos terroristes et
autres radicalisés, qui se contrefichent des aspirations petites-bourgeoises de
la société assurantielle et hygiéniste.
On fait en France du terrorisme une affaire
franco-française quand elle est mondiale. Il en est de même à l'étranger.
Il n'y a jamais eu autant de femmes voilées en France ou en
Angleterre qu'en 2017, et dans ses versions salafistes ou Frères musulmans, le
voile a explosé depuis 2015. Tant de marchés, de centres commerciaux, de
banlieues, voire d'universités en attestent. Les grandes organisations de la
mouvance des Frères musulmans et leurs porte-parole se présentent même en
pacificateurs des musulmans et de la société française, et le CCIF (Collectif
contre l'islamophobie en France) intervient dans des établissements scolaires
et des rectorats ! Au lieu d'éloigner des musulmans du fondamentalisme, le
terrorisme semble en accroître le cercle.
Dans la France d'il y a vingt ans, quand les armes de guerre
avaient déserté les villes, seuls les scénarios d'Al Pacino ou de Coppola
présentaient d'impensables scènes de guerre. Aujourd'hui, en pleine région
parisienne, un criminel peut égorger un couple de policiers à domicile devant
leur enfant, ou un homme d'âge mûr rafaler à la kalachnikov un bus de policiers
sur les Champs-Élysées. Et le 17 août, une
camionnette écrase des touristes en plein quartier touristique de Barcelone!
Ces images sont tellement inconcevables que le seul moyen de les occulter est
de les scénariser, de les minorer, de les relativiser. À les regarder en face,
leurs conséquences sont trop engageantes. Alors, le crime est justifié par la
pauvreté, l'exploitation, la déficience mentale, la drogue, la
domination, etc.
Pendant la guerre civile algérienne, Paris était la capitale
du «qui tue qui?». Par haine du régime algérien (quelles qu'en soient les
raisons), des «experts» avaient décrété que cette guerre (égorgements,
attentats, crimes de masse, etc.) était planifiée par les services secrets
algériens et que les terroristes étaient en fait des victimes. Aujourd'hui, les
descendants de cette étrange école déplorent la domination qui pèse sur les
épaules des exploités de banlieue et les conséquences de notre politique
guerrière en Afrique et dans le monde arabe.
Or les faits démentent tout cela. La Suède, qui n'a jamais
colonisé et accueille des centaines de milliers de réfugiés, est frappée. La
plupart des attentats ont lieu dans des pays musulmans, où le nettoyage
ethnique et confessionnel (comme les yazidis) se pratique à grande échelle,
sans rapport avec l'impérialisme occidental. Mais rien n'y fait, les vieilles
antiennes se renforcent. On fait en France du terrorisme une affaire
franco-française quand elle est mondiale. Il en est de même à l'étranger.
Le problème est que le terrorisme fonctionne. Il peut même
changer le résultat des élections, comme l'a démontré l'attentat de Madrid en
2004, voire celui de Manchester en mai 2017. Cela peut même changer le
résultat d'un match de foot comme à Dortmund. Et à force d'attendre, de
nouveaux périls s'amoncellent.
* Pierre Vermeren est professeur d'histoire du
Maghreb contemporain à l'université Panthéon-Sorbonne. Il a récemment publié
«Le Choc des décolonisations. De la guerre d'Algérie aux printemps arabes» (Odile
Jacob, 2015).
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Pascal Bruckner :
«L'islam semble engagé sur une pente suicidaire» (18.08.2017)
Par Eugénie
Bastié
Publié le 18/08/2017 à 19h02
ENTRETIEN - Le
philosophe réagit aux attaques islamistes qui ont eu lieu en Espagne. La
multiplication des attentats partout en Europe montre qu'il est vain de vouloir
attribuer la radicalisation à des causes économiques ou sociales. Face au
cancer islamiste, la réponse de long terme doit être culturelle et théologique.
LE FIGARO.- Que vous inspirent
les attaques survenues en Catalogne?
Pascal BRUCKNER.- Il
y a un effet de ressassement, comme une horreur qui ratiocine. Mais, en même
temps, nous sommes toujours étonnés que les
prédictions se réalisent avec une telle exactitude. C'est le caractère
à la fois prévisible et abominable de la chose qui est frappant. L'anesthésie
est un réflexe très humain. Mais les djihadistes sont là pour nous faire une
piqûre de rappel. Chaque semaine, un coin du monde est frappé.
Après la France et le
Royaume-Uni, c'est l'Espagne qui est touchée…
Personne n'est à l'abri. L'image
qui me vient est celle de La Peste de Camus : un fléau qui
s'abat sur une ville innocente. Il n'y a plus d'îlots d'insouciance en Europe.
Les lieux de la vie quotidienne, de la salle de concert à la terrasse de café,
en passant par l'église et la rue commerçante, sont frappés d'une malédiction
potentielle. L'extension du domaine de la lutte djihadiste est universelle. Les
terroristes font payer au monde entier le constat de leur propre échec. Il y a
trois jours, c'était Ouagadougou, aujourd'hui, c'est Barcelone, demain, ce sera
Rome. Ils frappent là où ils peuvent frapper. En Belgique et en France, il y a
eu une prise de conscience, alors ils s'attaquent aux villes dont les défenses
sont encore faibles. Rappelons que le gouvernement catalan s'est illustré par
une politique anti-israélienne très virulente et pro-arabe. Il y a quelques
années, il s'était distingué en invoquant une offensive à Gaza pour annuler la
cérémonie de commémoration de la journée internationale de l'Holocauste. Les
djihadistes nous frappent non pour ce que nous faisons, mais parce que nous
sommes. Essayer de leur complaire est vain, c'est notre existence même qui leur
est insupportable.
Il y a tout de même une
dimension symbolique à viser Barcelone…
«Une ville de fête et de
tolérance, qui est insupportable non seulement aux djihadistes mais aux
intégristes musulmans en général»
À Barcelone, il y a quelques
jours, des militants
d'extrême gauche manifestaient aux cris de«Tourists,
go home, refugees welcome!». Ils seront servis, l'affluence des touristes
va dégringoler. Barcelone est un lieu de plaisir, la ville mythique d'Erasmus
depuis le filmL'Auberge espagnole, une
ville de fête et de tolérance, qui est insupportable non seulement aux
djihadistes mais aux intégristes musulmans en général. De plus, pour les
groupes islamistes, l'Espagne est une terre musulmane reconquise illégitimement
par Isabelle la Catholique. L'al-Andalus, l'ensemble des territoires de la
péninsule ibérique sous domination musulmane jusqu'à la chute de Grenade,
demeure une référence comme l'âge d'or de l'islam. C'est un mythe bien sûr, car
les minorités juives et chrétiennes y étaient soumises à la dihimitude.
Quelques jours après l'attaque
néonazie de Charlottesville, on semblait avoir enterré les fantômes islamistes…
Avec
l'attaque de Charlottesville, on avait pu croire la mise en scène
consolante d'une seule extrême droite menaçante pour nos pays démocratiques. Il
est frappant de voir le mimétisme de la violence identitaire à travers l'usage
de la voiture-bélier à une semaine d'intervalle, par un militant néonazi et des
djihadistes. Il y a quelques jours, le secrétaire général de l'ONU, Antonio
Guterres, réaffirmait la nécessité de lutter contre le «racisme, la xénophobie,
l'antisémitisme et l'islamophobie» qui «empoisonnent nos sociétés». Il me
semble qu'il a omis le terrorisme islamiste, qui semble être une cause majeure
d'empoisonnement. Quant à l'islamophobie, il faut cesser une bonne fois pour
toutes d'utiliser ce mot qui empêche toute réflexion sur les problèmes internes
à l'islam. Ce n'est pas l'islamophobie qui entraîne le terrorisme, mais le
terrorisme qui rend l'islam haïssable et pénalise les musulmans modérés.
L'internationalisation du
djihad élimine-t-elle pour autant les causes sociales et économiquesde la
radicalisation?
À éviter de désigner la religion
comme cause du terrorisme, on s'égare dans une multitude d'interprétations
fumeuses, comme le colonialisme, l'humiliation arabo-musulmane, le
réchauffement climatique, le conflit israélo-palestinien. Dans
une interview donnée en juin au Figaro ,
Emmanuel Macron employait l'expression «terrorisme islamiste», ce qui
est un progrès par rapport à François Hollande qui refusait son emploi en
public.
«La civilisation arabe est en
train de mourir»
Le poète syrien Adonis
Il faut nommer les choses. Nous
sommes face à une maladie à l'intérieur de l'islam. Cette religion produit
régulièrement des générations de guerriers prêts à sacrifier leur vie pour la
gloire de Dieu. «Allah akbar» est devenu un cri de mort. Comme le disait
récemment le poète syrien Adonis, «la civilisation arabe est en train de
mourir». Espérons qu'il se trompe, mais il est vrai que l'islam semble engagé
sur une pente suicidaire partout où il prédomine.
Est-ce le signe que la réponse
militaire des Occidentaux au Moyen-Orient est impuissante?
Les attentats nécessitent une
réponse militaire: on ne pouvait laisser s'installer un centre de recrutement
terroriste en Irak et en Syrie. Mais, sur le long terme, la réponse ne peut
être que culturelle, théologique, et elle doit venir des musulmans eux-mêmes.
L'islam chiite et l'islam sunnite doivent entreprendre leurs propres réformes,
mais rien ne dit qu'ils y parviendront, malgré certaines voix éclairées.
L'islam doit se sauver de ses démons. Les musulmans doivent accepter d'être une
confession parmi d'autres, et non pas la seule et unique religion vraie. La
chute de Mossoul est une bonne nouvelle, mais ne résoudra rien, et le
terrorisme se poursuivra probablement tout au long du XXIe siècle comme
symptôme d'une religion pour le moment inapte à se transformer.
*Philosophe, essayiste et
romancier, Pascal Bruckner a dernièrement publié La Sagesse de l'argent,
(Grasset, 2016) et Un racisme imaginaire (Grasset, 2017).
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islamiste: en Espagne, les signaux alarmants se multipliaient ces derniers
mois
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ces milliers de «revenants» d'Irak et de Syrie qui inquiètent l'Europe
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Europe, il n'y a plus de frontière pour les terroristes, mais il y en a
hélas pour les victimes»
Terrorisme islamiste et
immigration sans contrôle : «Les deux défis européens» (18.08.2017)
Publié le 18/08/2017 à 20h17
Par Yves Thréard
Toute l'Europe est à Barcelone.
Comme elle était à Nice, le 14 juillet 2016 ; à Berlin, le 19 décembre dernier
; à Stockholm, le 7 avril ; à Londres, les 22 mars et 3 juin. À chaque fois, un
véhicule qui fonce sur la foule en plein centre-ville et des djihadistes qui
tuent. Même si d'autres continents sont touchés, l'Europe est une cible
privilégiée, symbole d'une société ouverte aux quatre vents du commerce, de la
fête et de la liberté de pensée.
Cette Europe-là, flamboyante,
construite peu à peu sur les ruines de l'après-guerre, doit prendre conscience
qu'elle ne vit plus dans le même monde. Depuis des années, ses ennemis ont
l'arme de l'islamisme chevillée au corps. Ils viennent de partout, de l'intérieur
et d'ailleurs. Ils veulent l'ébranler, la déstabiliser, la dévaster. Face à
eux, l'Europe ne peut plus rester les bras ballants, apparaître comme le ventre
mou de l'Occident. Ni tolérer qu'on lui fasse payer son passé colonial, ses
difficultés à intégrer tous ceux qui frappent à sa porte, sa participation aux
règlements des conflits arabo-musulmans…
Terrorisme islamiste et
immigration sans contrôle sont les deux défis que l'Europe doit relever. N'en
déplaise aux chaisières de la bien-pensance, les deux ne sont pas sans rapport.
L'impuissance de l'Union européenne sur ces deux fronts est aussi celle de ses
membres. Incapables d'affirmer d'une même voix qu'il faut revoir de fond en
comble notre politique des frontières. Au lieu de ratiociner sur la défense des
droits de l'homme et de s'attaquer aux particularismes nationaux, l'Europe
serait bien inspirée de se pencher sur son arsenal - judiciaire, policier,
matériel - pour l'adapter à la guerre qui lui est livrée. Sur les Ramblas, le
London Bridge ou la promenade des Anglais, c'est la même, conduite par des
assaillants aux profils semblables, selon un mode opératoire identique.
L'Europe doit faire bloc. Au lieu
d'apparaître trop souvent comme une machine à désarmer les États-nations.
Pierre-Jean Luizard: «La fin
territoriale de Daech accroît le risque d'attentats en Europe» (17.08.2017)
Par Eugénie
Bastié
Mis à jour le 18/08/2017 à 13h33 | Publié le 18/08/2017 à 13h00
FIGAROVOX/ENTRETIEN.- Après
l'attentat de Barcelone, le spécialiste du Moyen-Orient Pierre-Jean Luizard
analyse la résilience de l'État islamique trois ans après le début de
l'intervention de la coalition. Les causes profondes du succès des djihadistes
auprès de la population arabe sunnite n'ont pas été traitées.
Directeur de recherche au CNRS,
Pierre-Jean Luizard est un historien, spécialiste du Moyen-Orient. Dans son livre Le
Piège Daech (Éditions La Découverte, février 2015), il livre une
analyse limpide des bouleversements durables qu'a provoqués l'émergence de
l'État islamique en Irak et en Syrie. Il publie Chiites et Sunnites, la
grande discorde, en 100 questions aux éditions Taillandier.
FIGAROVOX.- L'Espagne est-elle
une cible privilégiée pour les djihadistes?
Pierre-Jean LUIZARD.- Daech
agit où il le peut, et les mesures de sécurité étaient sans doute moins fortes
en Espagne. Je ne crois pas qu'il y ait de volonté délibérée de frapper
l'Espagne, c'est toute l'Europe qui est visée en tant qu'entité jugée
«colonisatrice». Mais la France, du fait de son discours universaliste, reste
une cible privilégiée.
Trois ans après le début de
l'intervention occidentale en Irak et en Syrie, Daech frappe encore. Avons-nous
échoué à le stopper?
Ce qui vient de se passer à
Barcelone montre la capacité de l'État islamique de muter d'une entité
territoriale vers une entité déterritorialisée. Même si contrairement à
al-Qaida, Daech reste un projet étatique, la fin prévisible de ses territoires
entraîne un danger supplémentaire pour les pays occidentaux. La dissémination
de ses combattants, qui ne doivent pas être considérés comme des délinquants
mais comme des ennemis politiques, fait courir le risque de métastases dans des
territoires qui n'étaient pas contaminés. Il faut se souvenir de ce qui a
présidé à la naissance de l'État islamique. Au début des années 2000, il y a eu
une offensive militaire kurde contre l'émirat djihadiste de Halabja, ville
kurde irakienne près de la frontière iranienne. La ville était devenue le
sanctuaire de centaines de djihadistes revenus d'Afghanistan. Suite à
l'offensive, ils se sont disséminés, créant des métastases djihadistes partout
dans la région. À chaque fois qu'on met un terme à une territorialisation, le
risque est de créer des foyers dans des territoires jusque-là épargnés. C'est
ce qui risque de se passer avec la fin territoriale de Daech. On peut donc
s'attendre à une recrudescence des attaques en Europe.
La dissémination de ses
combattants fait courir le risque de métastases dans des territoires qui
n'étaient pas contaminés.
Quel est l'état de l'État
islamique aujourd'hui?
Daech continue à conserver une
partie de la vallée de l'Euphrate ainsi que quelques villes comme Raqqa et
Mayadin en Syrie. Ce qui a été très important et qui n'a pas été médiatisé,
c'est la bataille de Mossoul, qui a fait 40.000 victimes civiles. On a beaucoup
parlé des bavures de l'aviation russe lors de la bataille d'Alep, mais il y a
eu également un bombardement intensif de la partie ouest de Mossoul. La vieille
ville de Mossoul a été détruite. Dans la propagande de Daech, Mossoul est
décrite comme une ville martyre et est devenu un ressort de mobilisation
important pour une «vengeance» envers les pays de la coalition.
La bataille de Mossoul a fait
40.000 victimes civiles. C'est un ressort de mobilisation important.
L'État islamique prospère là où
les états sont défaillants: en Irak, en Syrie hier, en Libye, au Yémen
aujourd'hui. Il y a une propension de l'état islamique à s'incruster partout où
il y a des crises. À bien des égards, on peut considérer que la situation est
pire aujourd'hui qu'au moment de la prise de Mossoul par Daech il y a trois
ans. La défaite territoriale de Daech, si elle est inévitable, ne résoudra
rien.
L'intervention militaire
contre Daech n'était pas la bonne solution?
L'intervention militaire était
inévitable. Mais les causes de l'émergence de Daech et du soutien qu'il a
trouvé dans la population sunnite irakienne et syrienne n'ont pas été traitées,
puisque les grandes puissances ont choisi de préserver les états en place qui
étaient pourtant faillis et peu soutenus par la population.
Sommes-nous tombés dans le
«piège de Daech» que vous décriviez dans votre livre?
Oui. L'État islamique a réussi à
occulter les causes confessionnelles, communautaires et territoriales de son
succès au nom d'un grand projet djihadiste mondialisé. Dans la pratique, Daech
a pris en otage la communauté sunnite arabe, profitant du caractère
irréformable des institutions notamment irakiennes. Le choix des grandes
puissances de la coalition de ne pas prendre en compte la faillite des états en
place empêche de soigner les raisons profondes du succès des djihadistes: le
ressentiment des populations sunnites. Il aurait fallu proposer un projet
politique alternatif à ces populations, comme une consultation par voie
référendaire après la défaite de Daech, ce qui aurait motivé les populations à
se rebeller, plutôt que de laisser des milices communautaires kurdes ou chiites
commettre des exactions.
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