dimanche 20 août 2017

Interviews de jihadistes

Emprisonnés, ils racontent ce qui a motivé «leur djihad» (16.08.2017)

Emprisonnés, ils racontent ce qui a motivé «leur djihad» (16.08.2017)



Mis à jour le 18/08/2017 à 18h51 | Publié le 16/08/2017 à 20h12

Quatre professeurs et chercheurs ont étudié les mécanismes de radicalisation violente auprès d'une vingtaine de détenus, issus des mouvances nationalistes et islamistes.

«Incarcérés à leur retour, explique au Figaro une source policière, les revenants, qui jouissent d'une certaine aura, peuvent influencer des individus condamnés pour apologie du terrorisme ou association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste.» La prison demeure en effet un des viviers de l'islamisme radical. Quatre professeurs et chercheurs (Bilel Ainine, Xavier Crettiez, Thomas Lindemann et Romain Sèze) ont étudié «les mécanismes de la radicalisation violente» de détenus avec le soutien de l'Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice (Inhesj) et du Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales (CNRS).


«Pénétrés de théories complotistes, (...) ils ne s'identifient jamais à un conflit en particulier mais sont en quête permanente d'un théâtre de combat»
Extrait du rapport

En 2016, vingt détenus ont été entendus (sept condamnés dans des dossiers corses ou basques et treize islamistes radicaux). Concernant ces derniers, les chercheurs constatent qu'à la différence des «nationalistes», leurs engagements ne s'ancrent pas dans un territoire. «Cela se mesure déjà, précise le texte, à leurs rapports fondamentalistes à la religion, caractérisés par une volonté de rompre avec la culture des parents, comme avec un “islam de France” pour finalement s'identifier non pas à une communauté locale qui entretiendrait la mémoire de souffrances vécues, mais à une communauté opprimée et vertueuse, qui est aussi imaginée et ignorante des frontières spatiales». «Ces jeunes, poursuivent les auteurs, partent souvent en grappes, mais toujours dans l'idéal de rejoindre une communauté cosmopolite, pour finalement s'intégrer à des réseaux internationaux, souvent par le biais de voyages en terres d'islam, à la faveur de motivations parfois confuses - escapisme, entreprise humanitaire, djihad, hijra (émigration vers un pays musulman, NDLR).»

En situation d'échec

Les djihadistes «ne se réduisent pas aux grands traumatisés dont l'engagement relèverait davantage de la psychopathologie ou à des individus en situation d'échec», ils ne vivent pas non plus «dans un désert intellectuel et spirituel». Par ailleurs, «leurs expériences de la discrimination sont souvent mises en perspective avec celles des coreligionnaires dans le monde». Ils s'intéressent fortement «à la (géo)-politique». «Pénétrés de théories complotistes, (…) ils ne s'identifient jamais à un conflit en particulier mais sont en quête permanente d'un théâtre de combat, qui se concrétise selon les opportunités rencontrées, pour éventuellement participer de l'avènement d'un mythique califat (quatre djihadistes seulement mettent en avant des registres de lecture du monde millénaristes).»

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