jeudi 17 août 2017

Papauté

L. Dandrieu : «La sécurité personnelle ne peut exister si les nations basculent dans l'anarchie» (22.08.2017)
Migrants: comment François mène son combat depuis le début de son pontificat (22.08.2017)
Le pape François propose 21 mesures pour l'accueil des migrants (22.08.2017)

Moscou: le n°2 du Vatican évoque la Syrie et l'Ukraine (21.08.2017)

L. Dandrieu : «La sécurité personnelle ne peut exister si les nations basculent dans l'anarchie» (22.08.2017)
Par Eugénie Bastié
Mis à jour le 22/08/2017 à 18h33 | Publié le 22/08/2017 à 17h45
FIGAROVOX/ENTRETIEN - Laurent Dandrieu réagit à la publication d'un texte dans lequel le pape François va plus loin qu'auparavant dans la défense des migrants. Il déplore le peu d'intérêt du souverain pontife pour les pays qui les accueillent.


Laurent Dandrieu est rédacteur en chef des pages Culture à Valeurs Actuelles. Il a publié Église et immigration, le grand malaise. Le pape et le suicide de la civilisation européenne. Presses de la Renaissance, 288 p., 17,90 €.

FIGAROVOX.- Le pape François vient de publier un texte où il plaide pour «faire passer la sécurité personnelle [des migrants] avant la sécurité nationale», et appelle à un accueil beaucoup plus large des migrants. Que vous inspirent ces propos? Sont-ils inédits?
Laurent DANDRIEU.- Il me semble que ce message qui vient d'être publié en préparation de la Journée mondiale du migrant et du réfugié 2018, qui aura lieu le 14 janvier prochain, est dans la droite ligne des positions défendues par le pape François depuis le début de son pontificat, mais qu'il va cependant plus loin que d'habitude sur un certain nombre de points. Dans un entretien accordé à une radio portugaise le 14 septembre 2015, par exemple, le pape reconnaissait le risque d'infiltration terroriste lié à la crise des migrants, mais n'en ajoutait pas moins qu'«à l'évidence, si un réfugié arrive, en dépit de toutes les précautions liées à la sécurité, nous devons l'accueillir, car c'est un commandement de la Bible». Quand, dans ce nouveau message, François écrit que «le principe de la centralité de la personne humaine (…) nous oblige à toujours faire passer la sécurité personnelle avant la sécurité nationale», il donne en quelque sorte une version plus théorique de cette précédente déclaration.
La question est de savoir si, ce faisant, il ne cède pas à un certain idéalisme, potentiellement désastreux : car c'est oublier que la sécurité nationale est le plus sûr rempart de la sécurité personnelle, et qu'il n'existe aucune sécurité personnelle qui puisse exister en dehors de cadres politiques, juridiques et légaux qui en sont le rempart. Aucune sécurité personnelle ne peut exister si les nations occidentales, par exemple, du fait du terrorisme ou d'une immigration incontrôlée et ingérable, basculent dans l'anarchie.
Le principe de la centralité de la personne humaine oblige à considérer, aussi, que les citoyens des nations occidentales ont un droit évident à la sécurité nationale.
Par ailleurs, le principe de la centralité de la personne humaine oblige à considérer, aussi, que les citoyens des nations occidentales ont un droit évident à la sécurité nationale. On attend vainement, tout au long de ce texte, une prise en considération des intérêts des populations des pays d'accueil, qui ont droit, eux aussi, à la sollicitude de l'Église, et dont une partie de plus en plus importante vit, elle aussi, des situations de grande détresse et de grande précarité, matérielle, spirituelle et morale.
Deuxième élément important et pour le coup très novateur de ce texte : le pape prend position pour «la défense des droits et de la dignité des migrants ainsi que des réfugiés, indépendamment de leur statut migratoire» : ce qui veut dire qu'il réclame des droits égaux pour les clandestins et pour les immigrants légaux, pour les demandeurs d'asile et pour les immigrés économiques. Parmi ces droits figurent «la liberté de mouvement dans le pays d'accueil, la possibilité de travailler et l'accès aux moyens de télécommunication»: ce qui veut dire, concrètement, que le pape réclame un droit d'installation préalable pour tous les migrants, avant même que soit étudié leur cas. Ce qui revient à donner une prime à l'illégalité d'autant plus forte qu'il est évident qu'un clandestin qui, entre-temps, aura trouvé un moyen de subsistance, aura d'autant moins de chance de voir son dossier rejeté. Cette prime à l'illégalité me paraît une seconde atteinte, très forte, contre les droits des nations et la citoyenneté : car la nation, la citoyenneté n'existent que par un consensus sur la légitimité de la loi. Si on postule que la loi est faite pour être contournée, il n'y a plus de bien commun possible.
Ce discours a-t-il selon vous une dimension politique ?
Un autre aspect du message me semble clarifier ce qui apparaissait jusqu'alors une ambiguïté dans le discours de François. Il prônait jusqu'alors une grande générosité dans l'accueil, sans que l'on sache toujours si cela signifiait un simple rappel évangélique de la charité avec laquelle le chrétien se doit de traiter l'étranger croisé sur sa route, ce qui relève à l'évidence du rôle du pape, ou s'il s'agissait d'un appel plus politique, et donc plus discutable, à ouvrir les frontières. En stipulant que la protection des migrants «commence dans le pays d'origine», c'est-à-dire consiste à les accompagner à la source dans leur désir de migrer, le pape assume plus clairement que jamais la dimension politique de ce discours, la volonté de ne pas se cantonner à affronter une situation de fait, mais en quelque sorte d'accompagner et d'encourager ce mouvement migratoire vers l'Europe.
Dernière clarification : en stipulant que les migrants doivent être mis en situation de se réaliser y compris dans leur dimension religieuse, le pape François donne une sorte de blanc-seing à l'entrée massive de populations de religion musulmane et à l'acclimatation de la religion musulmane sur le continent européen, en semblant indifférent aux innombrables problèmes identitaires et sécuritaires que cela pose.
La position de François tranche-t-elle avec celle de ses prédécesseurs, et notamment celle de Benoit XVI? Que dit l'Église sur le devoir d'accueillir les migrants?
La continuité est indéniable, et est attestée dans ce message par des nombreuses citations de son prédécesseur. Quand le pape prône le regroupement familial, au risque de transformer systématiquement les réfugiés temporaires en immigrés permanents, il ne fait que reprendre des positions défendues inlassablement, par exemple, par Jean-Paul II et Benoît XVI, comme je le montre abondamment dans mon livre.
La protection de la population des pays d'accueil est condamnée à peser de peu de poids, et de fait, elle est quasiment absente du regard que l'Église pose sur les phénomènes migratoires.
Le discours de l'Église, en son Catéchisme, reconnaît à la fois le droit de migrer quand la nécessité s'en fait sentir, et le droit des États de limiter les flux quand ils l'estiment nécessaire. Mais, dans les faits, le discours des papes oublie fréquemment ce second aspect. Il l'oublie d'autant plus volontiers que l'Église a souvent cédé à une vision quasi messianique des phénomènes migratoires, censés conduire vers «l'unité de la famille humaine», selon l'expression de Jean XXIII. Jean-Paul II écrit ainsi que «parmi toutes les expériences humaines, Dieu a voulu choisir celle de la migration pour signifier son plan de rédemption de l'homme», et Benoît XVI y voit une «préfiguration anticipée de la cité sans frontières de Dieu». Face à cela, la protection de la population des pays d'accueil est condamnée à peser de peu de poids, et de fait, elle est quasiment absente du regard que l'Église pose sur les phénomènes migratoires. En face de cela, l'Église prône inlassablement l'intégration du Migrant, avec un grand M, sans se poser la question de savoir concrètement qui est ce migrant, et si le fait qu'il vienne, en grand nombre, avec un bagage culturel et religieux radicalement différent du nôtre, et dans certains cas incompatible avec le nôtre, ne rend pas cette intégration pour le moins illusoire.
L'État-nation et l'existence de frontières se justifient-ils d'un point de vue théologique?
Bien évidemment, car c'est une suite logique du commandement d'honorer son père et sa mère. Saint Thomas d'Aquin écrit qu'«il appartient à la piété de rendre un culte aux parents et à la patrie» et, à la suite de saint Augustin, stipule qu'on doit la charité en priorité à ceux qui nous sont proches par les liens du sang ou de la citoyenneté. Léon XIII écrit que «la loi naturelle nous ordonne d'aimer d'un amour de prédilection et de dévouement le pays où nous sommes nés et où nous avons été élevés», et Pie XII enseigne que «dans l'exercice de la charité il existe un ordre établi par Dieu, selon lequel il faut porter un amour plus intense et faire du bien de préférence à ceux à qui l'on est uni par des liens spéciaux. Le Divin maître lui-même donna l'exemple de cette préférence envers sa terre et sa patrie en pleurant sur l'imminente destruction de la Cité sainte.»
« La fidélité à l'identité nationale possède aussi une valeur religieuse. »
Jean-Paul II
Plus récemment, Jean-Paul II a abondamment développé cette «théologie des nations», des nations qu'il ne voit pas seulement comme un bien politique, un outil au service du bien commun, mais à qui il reconnaît une dignité spirituelle éminente: la nation, explique-t-il, de toutes les communautés humaines, est «la plus importante pour l'histoire spirituelle de l'homme». Il va même jusqu'à dire que «la fidélité à l'identité nationale possède aussi une valeur religieuse.» De là, on peut évidemment déduire que les nations ont un droit irrépressible à défendre leur identité nationale face aux menaces extérieures, comme une immigration incontrôlée et inintégrable.
«L'intégration n'est pas une assimilation qui conduit à supprimer ou à oublier sa propre identité culturelle», a aussi dit le pape. Y a-t-il position traditionnelle de l'église en matière d'assimilation?
Cette condamnation de l'assimilation, au nom du respect de la culture d'origine de l'immigré, est malheureusement une constante dans le discours de l'Église sur l'immigration. Jean-Paul II va jusqu'à la renvoyer dos à dos avec des politiques de discrimination allant jusqu'à l'apartheid: «On doit en effet exclure aussi bien les modèles fondés sur l'assimilation, qui tendent à faire de celui qui est différent une copie de soi-même, que les modèles de marginalisation des immigrés, comportant des attitudes qui peuvent aller jusqu'aux choix de l'apartheid.» Je dis «malheureusement», car on ne voit pas bien, dès lors, malgré les appels répétés de l'Église à une politique d'intégration, comment l'appel de la hiérarchie catholique à un accueil généreux des migrants pourrait ne pas déboucher sur un multiculturalisme, d'ailleurs parfaitement assumé par le pape François.
Le problème est que ce multiculturalisme aboutit dans les faits à un refus de considérer la culture du pays d'accueil comme une culture de référence, et rend de facto l'intégration illusoire. Sous la pression de l'immigration de masse et de l'idéologie multiculturaliste, les sociétés occidentales se réduisent de plus en plus à une juxtaposition de communautés d'origines, de cultures et de religions différentes, qui se regardent en chiens de faïence faute d'avoir de référence commune, autre que de très vagues principes abstraits, tels que cette «culture de la rencontre» à laquelle le pape François tend à réduire l'identité européenne. Le bien commun, faute de valeurs partagées, se réduit ainsi à un vivre ensemble qui, de plus en plus, tourne dans la réalité à un apartheid de fait. Soit le contraire du but recherché, et une catastrophe civilisationnelle majeure en germe tant pour les peuples européens que pour les populations immigrées.
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Migrants: comment François mène son combat depuis le début de son pontificat (22.08.2017)
Par Elena Scappaticci
Mis à jour le 22/08/2017 à 18h26 | Publié le 22/08/2017 à 16h37
Alors que le souverain pontife rend public un ensemble de préconisations destinées à faciliter l'intégration des réfugiés dans les pays d'accueil, retour sur ses prises de position les plus fortes depuis 2013.
Le long texte publié par le Pape François le 21 août pour la journée mondiale du migrant et du réfugié tranche nettement avec l'appel à la «prudence» formulé en octobre dernier par le souverain pontife, mais confirme son engagement personnel fondamental sur le sujet. Le Pape y défend des propositions concrètes pour accélérer l'intégration des migrants dans les pays d'accueil (création de «visas temporaires spéciaux», regroupement familial, «parcours de régularisation extraordinaire») tout en conseillant l'abandon des «expulsions collectives et arbitraires» et des procédures de détention. Autant de suggestions audacieuses qui indiquent que le souverain pontife souhaite imprimer sa marque sur ce dossier et obtenir de la communauté internationale qu'elle parvienne à la ratification des accords globaux pour faciliter l'immigration, promis à l'ONU en septembre 2016. Du plaidoyer de Lampedusa en faveur d'une immigration sans-limite à l'appel à la «prudence» d'octobre dernier face au danger populiste, retour sur les étapes décisives du combat papal en faveur des migrants.
● Juillet 2013: Á Lampedusa, le nouveau pape dénonce la «mondialisation de l'indifférence»
Tout juste élu, le pape choisit un lieu lourd de symboles pour son premier voyage officiel: l'île de Lampedusa, où échouent chaque année des milliers de migrants tentant de traverser la Méditerranée. Il y prononce un discours en forme de plaidoyer pour l'accueil inconditionnel des réfugiés et des migrants, dans lequel il fustige l'incapacité des États européens à prendre en charge les migrants: «Nous avons perdu le sens de la responsabilité fraternelle», «la culture du bien-être nous rend insensibles aux cris d'autrui (...), et aboutit à une mondialisation de l'indifférence», dénonce-t-il.
● Novembre 2014: devant le Parlement européen, le Pape enjoint l'Europe à retrouver son «esprit humaniste»
«On ne peut pas tolérer que la Méditerranée devienne un grand cimetière!» lance le Pape aux députés européens venus l'écouter au Parlement de Strasbourg, le 25 novembre 2014. Dans ce discours, le souverain pontife exhorte l'Europe à retrouver ses «racines religieuses». «Une Europe qui n'a plus la capacité de s'ouvrir à la dimension transcendante de la vie est une Europe qui lentement risque de perdre son âme, ainsi que cet «esprit humaniste» qu'elle aime et défend cependant.». Son discours est salué par une standing ovation.
● Février 2016: à la frontière mexicaine, le Pape débute sa croisade «anti-mur»
En voyage à Cidudad Juarez, ville mexicaine frontalière avec les États-Unis, le Pape célèbre une messe géante pour promouvoir «les doits des migrants». Alors que la campagne présidentielle bat son plein aux États-Unis, son message d'ouverture apparaît comme un geste de défi adressé au candidat républicain Donald Trump, dont le programme préconise le renforcement de la frontière entre les deux États. Appelant à la «miséricorde», le souverain pontife associe dans un même geste la situation des immigrants mexicains à celle des réfugiés qui fuient les conflits au Moyen-orient: «Ici, à Juárez, comme dans d'autres régions frontalières, des milliers de migrants centraméricains se sont concentrés, sans oublier les nombreux Mexicains qui cherchent aussi à passer ‘‘de l'autre côté''.»
● Avril 2016: après un voyage à Lesbos, le pape ramène douze réfugiés musulmans au Vatican
Au retour de son déplacement d'une journée à Lesbos, le pape François crée la surprise en décidant de conduire lui-même trois familles de musulmans syriens en Europe depuis l'île grecque où ils avaient échoué en passant par la Turquie, et en les accueillant dans son propre avion. Si, à l'époque, François se défend de toute forme de «spéculation politique», l'événement a un retentissement gigantesque. Il est aussi l'occasion pour lui de détailler son positionnement à l'égard de la question migratoire, et surtout d'appeler une nouvelle fois l'Europe à assumer ses responsabilités .«Pour moi, la politique d'intégration est fondamentale. Et aujourd'hui l'Europe doit retrouver cette capacité qu'elle a toujours eue d'intégrer. Il y a toujours eu des arrivées en Europe, cela enrichit la culture.» Dans son discours, François poursuit également sa croisade anti-murs entamée lors de son voyage à la frontière mexicaine en février de la même année. Aux «murs» bien réels ou symboliques qui séparent hommes et religions, il oppose des «ponts» susceptibles de rétablir la concorde entre les peuples: «L'Europe doit d'urgence, mener des politiques d'accueil, d'intégration, de croissance, de travail, de réformes économiques. Ces éléments sont des ponts qui ne nous conduiront pas à édifier des murs.»
●  Octobre 2016: le pape pose pour la première fois des «limites» à l'immigration
De retour d'un voyage en Suède au cours duquel les responsables sociaux-démocrates l'ont convaincu de la nécessité de poser des «limites» à l'immigration, le souverain pontife appelle pour la première fois les États européens à «la prudence» dans la gestion de la crise migratoire, et les invite à enrichir leur politique d'accueil d'une vraie réflexion sur les conditions d'une bonne intégration des réfugiés aux sociétés européennes: «Qu'est-ce que je pense des pays qui ferment leurs frontières? En théorie, on ne peut pas fermer son cœur à un réfugié. Mais il y a aussi la prudence des gouvernants: ils doivent être très ouverts pour recevoir mais ils doivent aussi faire le calcul de savoir comment les recevoir. Parce qu'on ne doit pas seulement recevoir un réfugié mais il faut aussi l'intégrer», déclare-t-il. Chaque gouvernement doit donc veiller à ne pas accueillir de migrants «au-delà de ses possibilités d'accueil». Il faut pouvoir offrir aux réfugiés «un toit, un travail, une école, l'apprentissage de la langue» en vue de leur «intégration». Sans quoi, prévient-il, on peut «payer politiquement une imprudence dans ses calculs en recevant plus de réfugiés que l'on peut». Sa crainte? Que le réfugié, s'il n'a pas accès à des conditions de vie décentes dans son pays d'accueil, se «ghettoïse».

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Le pape François propose 21 mesures pour l'accueil des migrants (22.08.2017)
Par Jean-Marie Guénois
Mis à jour le 22/08/2017 à 16h56 | Publié le 22/08/2017 à 16h21
Le Pape réaffirme, avec ces propositons concrètes, son opposition à toute restriction de l'immigration. Il se prononce notamment pour « l'octroi de visas humanitaires » et recommande de favoriser « le regroupement familial ».
Ce n'est pas un programme mais une lettre annuelle rédigée par le pape pour la 104° «journée mondiale du migrant et du réfugié» du 21 août 2017. Les cinq pages très denses, signées par François le jour du 15 août, contiennent cependant 21 mesures concrètes, similaires à un programme d'action qui résument sa pensée sur la question des migrations. Elle vise, tant dans les pays d'origines, que dans les pays d'accueil, à rendre légale l'immigration illégale.
Dans ce document, le pape promeut en effet un accueil large, généreux et légalement organisé des migrants et des réfugiés sans mentionner l'idée d'une quelconque restriction des flux migratoires qu'il avait toutefois évoquée et justifiée à son retour de Suède le 1er novembre 2016, restrictions fondées sur les capacités d'accueil.
L'objectif de François, dans ce document, est de changer les mentalités et de faire pression sur la communauté internationale pour qu'elle adopte, avant la fin de l'année 2018, deux accords globaux, l'un sur les réfugiés, l'autre sur les migrants dont le principe avait été acquis le 19 septembre 2016 lors du sommet de l'ONU.
«La garantie d'une subsistance minimum vitale»
Pour le pape actuel, la question de l'accueil des migrants et des réfugiés est une priorité absolue. Le 8 juillet 2013, il avait dédié son premier voyage papal à cette thématique en se rendant sur l'île de Lampedusa, entre la Sicile et la Tunisie, pour demander aux Européens d'ouvrir leurs portes. Et dans sa réforme du Vatican, il a créé un nouveau ministère «le Dicastère pour le Service du Développement humain intégral» dont la section chargée des migrations et des réfugiés est placée, selon sa volonté, à titre exceptionnelle et symbolique, sous sa propre responsabilité.
Quant au principe fondamental qui guide le pape François, il le rappelle dans sa lettre: «Tout immigré qui frappe à notre porte est une occasion de rencontre avec Jésus-Christ, qui s'identifie à l'étranger de toute époque, accueilli ou rejeté.»
Voici la liste des 21 mesures voulues par le pape François pour l'immigration.
1. Développer les «possibilités d'entrées sûres et légales» dans les pays de destination: notamment par «l'octroi de visas humanitaires» délivrés selon un mode «étendu et simplifié» et favoriser «le regroupement familial».
2. Multiplier les «corridors humanitaires pour les réfugies les plus vulnérables» pour éviter les filières illégales.
3. Créer un système de «visas temporaires spéciaux» pour «ceux qui fuient les conflits dans les pays voisins».
4. Ne pas recourir aux «expulsions collectives et arbitraires» de réfugiés et de migrant non «adéquates» surtout quand elles renvoient des personnes dans des pays qui «ne peuvent garantir le respect de la dignité et des droits fondamentaux».
5. «Toujours faire passer la sécurité personnelle avant la sécurité nationale»: par conséquent «former adéquatement le personnel préposé aux contrôles de frontière» pour que le «premier accueil» des migrants et des réfugiés soit «approprié et digne».
6. Trouver des «solutions alternatives à la détention pour ceux qui entrent sur le territoire national sans autorisation».
7. Dans le pays de départ, créer un système d'immigration légale pour agir «contre les pratiques de recrutement illégal» par des filières.
8. Dans le pays d'arrivée, «assurer aux migrants une assistance consulaire», le «droit de toujours garder sur soi les documents d'identité personnels», un accès à la justice, «la possibilité d'ouvrir des comptes bancaires», la «garantie d'une subsistance minimum vitale».
9. Que soit accordée dans le pays d'arrivée «la liberté de mouvement, la possibilité de travailler et l'accès aux moyens de télécommunications».
10. Pour ceux qui désirent rentrer dans leur pays la mise en place de «programmes de réintégration professionnelle et sociale».
11. Protéger les «mineurs migrants» en évitant «toute forme de détention» et en assurant «l'accès régulier à l'instruction primaire et secondaire»
12. Octroyer une nationalité à tous les enfants «à la naissance»
13. Lutter contre «l'apatridie» de migrants et réfugiés en créant une «législation sur la citoyenneté»
14. Accès sans limite des migrants et des réfugiés «à l'assistance sanitaire nationales et aux systèmes de pension» et «transfert de leur contribution en cas de rapatriement».
15. Garantir à «tous les étrangers présents sur le territoire la liberté de profession et de pratique religieuse»
16. Promouvoir «l'insertion socio-professionnelle des migrants et des réfugiés, garantissant à tous - y compris aux demandeurs d'asile - la possibilité de travailler, des formations linguistiques et de citoyenneté active».
17. Prévenir les «abus» du travail productif de «mineurs migrants»
18. Favoriser «le regroupement familial - y compris des grands-parents, des frères et sœurs et des petits-enfants - sans jamais le soumettre à des capacités économiques».
19. Renforcer l'attention et le soutient aux migrants, réfugiés, demandeurs d'asile «en situation de handicap».
20. Aider davantage les pays en voie de développement qui accueillent des réfugiés
21. Intégrer «sans supprimer» chez les migrants leur «identité culturelle» par une «offre de citoyenneté» qui soit «dissociée des capacités économiques et linguistiques» et par une «offre de parcours de régularisation extraordinaire pour les migrants qui peuvent faire valoir une longue présence dans le pays»
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Moscou: le n°2 du Vatican évoque la Syrie et l'Ukraine (21.08.2017)

  • Par Le Figaro.fr avec AFP
  • Mis à jour le 21/08/2017 à 15:43
  • Publié le 21/08/2017 à 15:38
Le numéro deux du Vatican, Pietro Parolin, a évoqué aujourd'hui la situation en Syrie et en Ukraine avec le métropolite Ilarion, directeur des relations extérieures de l'Église orthodoxe russe, au premier jour d'une visite en Russie pendant laquelle il doit rencontrer Vladimir Poutine et le patriarche Kirill. Les deux hommes ont "souligné la convergence de leurs positions en faveur de l'instauration de la paix en Syrie", selon un porte-parole de l'Église russe, Alexeï Dikarev, cité par l'agence TASS.


"Il a été souligné que le retour à la paix ne peut être possible qu'après le départ de tous les combattants des territoires occupés", a-t-il ajouté. Le secrétaire d'Etat du Vatican a de son côté salué le retour des chrétiens dans les territoires repris à l'organisation État islamique, mais s'est inquiété de la situation humanitaire en Syrie, selon la même source.


Concernant l'Ukraine, le métropolite Ilarion a salué la position du Vatican, qui s'est inquiété d'un projet de loi conditionnant la nomination de métropolites et d'évêques à l'accord des autorités de Kiev. Mgr Parolin doit notamment s'entretenir mercredi avec le président Vladimir Poutine à Sotchi (sud) après avoir rencontré mardi le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov et le patriarche de l'Eglise orthodoxe russe Kirill.

Le numéro deux du Vatican avait indiqué lors d'une interview plus tôt en août que sa visite en Russie pourrait "apporter une contribution" à un éventuel voyage, qui serait historique, du pape François dans ce pays à majorité orthodoxe. Le pape François a néanmoins déclaré en mars dans une interview au journal allemand Die Zeit: "je ne peux pas aller en Russie, car alors je devrais aussi aller en Ukraine".


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