L. Dandrieu : «La sécurité personnelle ne peut exister si
les nations basculent dans l'anarchie» (22.08.2017)
Migrants: comment François mène son combat depuis le
début de son pontificat (22.08.2017)
Le pape François propose 21 mesures pour l'accueil des
migrants (22.08.2017)
Moscou: le n°2 du Vatican évoque la Syrie et l'Ukraine (21.08.2017)
L. Dandrieu : «La sécurité personnelle ne peut exister si
les nations basculent dans l'anarchie» (22.08.2017)
FIGAROVOX/ENTRETIEN
- Laurent Dandrieu réagit à la publication d'un texte dans lequel le pape
François va plus loin qu'auparavant dans la défense des migrants. Il déplore le
peu d'intérêt du souverain pontife pour les pays qui les accueillent.
Laurent Dandrieu
est rédacteur en chef des pages Culture à Valeurs Actuelles. Il a publié Église et immigration, le grand malaise. Le
pape et le suicide de la civilisation européenne. Presses de la
Renaissance, 288 p., 17,90 €.
FIGAROVOX.- Le pape François vient de publier un texte où
il plaide pour «faire passer la sécurité personnelle [des migrants] avant la
sécurité nationale», et appelle à un accueil beaucoup plus large des migrants.
Que vous inspirent ces propos? Sont-ils inédits?
Laurent DANDRIEU.- Il me semble que ce message qui vient d'être publié en préparation
de la Journée mondiale du migrant et du réfugié 2018, qui aura lieu le 14
janvier prochain, est dans la droite ligne des positions défendues par le pape
François depuis le début de son pontificat, mais qu'il va cependant plus loin
que d'habitude sur un certain nombre de points. Dans un entretien accordé à une
radio portugaise le 14 septembre 2015, par exemple, le pape reconnaissait le
risque d'infiltration terroriste lié à la crise des migrants, mais n'en
ajoutait pas moins qu'«à l'évidence, si un réfugié arrive, en dépit de toutes
les précautions liées à la sécurité, nous devons l'accueillir, car c'est un
commandement de la Bible». Quand, dans ce nouveau message, François écrit que
«le principe de la centralité de la personne humaine (…) nous oblige à toujours
faire passer la sécurité personnelle avant la sécurité nationale», il donne en
quelque sorte une version plus théorique de cette précédente déclaration.
La question est de
savoir si, ce faisant, il ne cède pas à un certain idéalisme, potentiellement
désastreux : car c'est oublier que la sécurité nationale est le plus sûr
rempart de la sécurité personnelle, et qu'il n'existe aucune sécurité
personnelle qui puisse exister en dehors de cadres politiques, juridiques et
légaux qui en sont le rempart. Aucune sécurité personnelle ne peut exister si
les nations occidentales, par exemple, du fait du terrorisme ou d'une immigration
incontrôlée et ingérable, basculent dans l'anarchie.
Le principe de la centralité de la personne humaine
oblige à considérer, aussi, que les citoyens des nations occidentales ont un
droit évident à la sécurité nationale.
Par ailleurs, le
principe de la centralité de la personne humaine oblige à considérer, aussi,
que les citoyens des nations occidentales ont un droit évident à la sécurité
nationale. On attend vainement, tout au long de ce texte, une prise en
considération des intérêts des populations des pays d'accueil, qui ont droit,
eux aussi, à la sollicitude de l'Église, et dont une partie de plus en plus
importante vit, elle aussi, des situations de grande détresse et de grande
précarité, matérielle, spirituelle et morale.
Deuxième élément
important et pour le coup très novateur de ce texte : le pape prend position
pour «la défense des droits et de la dignité des migrants ainsi que des
réfugiés, indépendamment de leur statut migratoire» : ce qui veut dire qu'il
réclame des droits égaux pour les clandestins et pour les immigrants légaux,
pour les demandeurs d'asile et pour les immigrés économiques. Parmi ces droits
figurent «la liberté de mouvement dans le pays d'accueil, la possibilité de
travailler et l'accès aux moyens de télécommunication»: ce qui veut dire,
concrètement, que le pape réclame un droit d'installation préalable pour tous
les migrants, avant même que soit étudié leur cas. Ce qui revient à donner une
prime à l'illégalité d'autant plus forte qu'il est évident qu'un clandestin
qui, entre-temps, aura trouvé un moyen de subsistance, aura d'autant moins de
chance de voir son dossier rejeté. Cette prime à l'illégalité me paraît une
seconde atteinte, très forte, contre les droits des nations et la citoyenneté :
car la nation, la citoyenneté n'existent que par un consensus sur la légitimité
de la loi. Si on postule que la loi est faite pour être contournée, il n'y a
plus de bien commun possible.
Ce discours a-t-il selon vous une dimension politique ?
Un autre aspect du
message me semble clarifier ce qui apparaissait jusqu'alors une ambiguïté dans
le discours de François. Il prônait jusqu'alors une grande générosité dans
l'accueil, sans que l'on sache toujours si cela signifiait un simple rappel
évangélique de la charité avec laquelle le chrétien se doit de traiter
l'étranger croisé sur sa route, ce qui relève à l'évidence du rôle du pape, ou
s'il s'agissait d'un appel plus politique, et donc plus discutable, à ouvrir
les frontières. En stipulant que la protection des migrants «commence dans le pays
d'origine», c'est-à-dire consiste à les accompagner à la source dans leur désir
de migrer, le pape assume plus clairement que jamais la dimension politique de
ce discours, la volonté de ne pas se cantonner à affronter une situation de
fait, mais en quelque sorte d'accompagner et d'encourager ce mouvement
migratoire vers l'Europe.
Dernière
clarification : en stipulant que les migrants doivent être mis en situation de
se réaliser y compris dans leur dimension religieuse, le pape François donne
une sorte de blanc-seing à l'entrée massive de populations de religion
musulmane et à l'acclimatation de la religion musulmane sur le continent
européen, en semblant indifférent aux innombrables problèmes identitaires et
sécuritaires que cela pose.
La position de François tranche-t-elle avec celle de ses
prédécesseurs, et notamment celle de Benoit XVI? Que dit l'Église sur le devoir
d'accueillir les migrants?
La continuité est
indéniable, et est attestée dans ce message par des nombreuses citations de son
prédécesseur. Quand le pape prône le regroupement familial, au risque de
transformer systématiquement les réfugiés temporaires en immigrés permanents,
il ne fait que reprendre des positions défendues inlassablement, par exemple,
par Jean-Paul II et Benoît XVI, comme je le montre abondamment dans mon livre.
La protection de la population des pays d'accueil est
condamnée à peser de peu de poids, et de fait, elle est quasiment absente du
regard que l'Église pose sur les phénomènes migratoires.
Le discours de
l'Église, en son Catéchisme, reconnaît à la fois le droit de migrer quand la
nécessité s'en fait sentir, et le droit des États de limiter les flux quand ils
l'estiment nécessaire. Mais, dans les faits, le discours des papes oublie
fréquemment ce second aspect. Il l'oublie d'autant plus volontiers que l'Église
a souvent cédé à une vision quasi messianique des phénomènes migratoires,
censés conduire vers «l'unité de la famille humaine», selon l'expression de
Jean XXIII. Jean-Paul II écrit ainsi que «parmi toutes les expériences
humaines, Dieu a voulu choisir celle de la migration pour signifier son plan de
rédemption de l'homme», et Benoît XVI y voit une «préfiguration anticipée de la
cité sans frontières de Dieu». Face à cela, la protection de la population des
pays d'accueil est condamnée à peser de peu de poids, et de fait, elle est
quasiment absente du regard que l'Église pose sur les phénomènes migratoires.
En face de cela, l'Église prône inlassablement l'intégration du Migrant, avec
un grand M, sans se poser la question de savoir concrètement qui est ce
migrant, et si le fait qu'il vienne, en grand nombre, avec un bagage culturel
et religieux radicalement différent du nôtre, et dans certains cas incompatible
avec le nôtre, ne rend pas cette intégration pour le moins illusoire.
L'État-nation et l'existence de frontières se
justifient-ils d'un point de vue théologique?
Bien évidemment, car
c'est une suite logique du commandement d'honorer son père et sa mère. Saint
Thomas d'Aquin écrit qu'«il appartient à la piété de rendre un culte aux
parents et à la patrie» et, à la suite de saint Augustin, stipule qu'on doit la
charité en priorité à ceux qui nous sont proches par les liens du sang ou de la
citoyenneté. Léon XIII écrit que «la loi naturelle nous ordonne d'aimer d'un amour
de prédilection et de dévouement le pays où nous sommes nés et où nous avons
été élevés», et Pie XII enseigne que «dans l'exercice de la charité il existe
un ordre établi par Dieu, selon lequel il faut porter un amour plus intense et
faire du bien de préférence à ceux à qui l'on est uni par des liens spéciaux.
Le Divin maître lui-même donna l'exemple de cette préférence envers sa terre et
sa patrie en pleurant sur l'imminente destruction de la Cité sainte.»
« La fidélité à l'identité nationale possède aussi une
valeur religieuse. »
Jean-Paul II
Plus récemment,
Jean-Paul II a abondamment développé cette «théologie des nations», des nations
qu'il ne voit pas seulement comme un bien politique, un outil au service du
bien commun, mais à qui il reconnaît une dignité spirituelle éminente: la
nation, explique-t-il, de toutes les communautés humaines, est «la plus
importante pour l'histoire spirituelle de l'homme». Il va même jusqu'à dire que
«la fidélité à l'identité nationale possède aussi une valeur religieuse.» De
là, on peut évidemment déduire que les nations ont un droit irrépressible à
défendre leur identité nationale face aux menaces extérieures, comme une
immigration incontrôlée et inintégrable.
«L'intégration n'est pas une assimilation qui conduit à
supprimer ou à oublier sa propre identité culturelle», a aussi dit le pape. Y
a-t-il position traditionnelle de l'église en matière d'assimilation?
Cette condamnation
de l'assimilation, au nom du respect de la culture d'origine de l'immigré, est
malheureusement une constante dans le discours de l'Église sur l'immigration.
Jean-Paul II va jusqu'à la renvoyer dos à dos avec des politiques de
discrimination allant jusqu'à l'apartheid: «On doit en effet exclure aussi bien
les modèles fondés sur l'assimilation, qui tendent à faire de celui qui est
différent une copie de soi-même, que les modèles de marginalisation des
immigrés, comportant des attitudes qui peuvent aller jusqu'aux choix de
l'apartheid.» Je dis «malheureusement», car on ne voit pas bien, dès lors, malgré
les appels répétés de l'Église à une politique d'intégration, comment l'appel
de la hiérarchie catholique à un accueil généreux des migrants pourrait ne pas
déboucher sur un multiculturalisme, d'ailleurs parfaitement assumé par le pape
François.
Le problème est que
ce multiculturalisme aboutit dans les faits à un refus de considérer la culture
du pays d'accueil comme une culture de référence, et rend de facto
l'intégration illusoire. Sous la pression de l'immigration de masse et de
l'idéologie multiculturaliste, les sociétés occidentales se réduisent de plus
en plus à une juxtaposition de communautés d'origines, de cultures et de
religions différentes, qui se regardent en chiens de faïence faute d'avoir de
référence commune, autre que de très vagues principes abstraits, tels que cette
«culture de la rencontre» à laquelle le pape François tend à réduire l'identité
européenne. Le bien commun, faute de valeurs partagées, se réduit ainsi à un
vivre ensemble qui, de plus en plus, tourne dans la réalité à un apartheid de
fait. Soit le contraire du but recherché, et une catastrophe civilisationnelle
majeure en germe tant pour les peuples européens que pour les populations
immigrées.
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Migrants: comment
François mène son combat depuis le début de son pontificat (22.08.2017)
Alors que le
souverain pontife rend public un ensemble de préconisations destinées à
faciliter l'intégration des réfugiés dans les pays d'accueil, retour sur ses
prises de position les plus fortes depuis 2013.
Le long texte publié
par le Pape François le 21 août pour la journée mondiale du migrant et du
réfugié tranche nettement avec l'appel à la «prudence» formulé en octobre
dernier par le souverain pontife, mais confirme son engagement personnel
fondamental sur le sujet. Le Pape y défend des propositions concrètes
pour accélérer l'intégration des migrants dans les pays d'accueil (création
de «visas temporaires spéciaux», regroupement familial, «parcours de
régularisation extraordinaire») tout en conseillant l'abandon des «expulsions
collectives et arbitraires» et des procédures de détention. Autant de
suggestions audacieuses qui indiquent que le souverain pontife souhaite
imprimer sa marque sur ce dossier et obtenir de la communauté internationale qu'elle
parvienne à la ratification des accords globaux pour faciliter l'immigration,
promis à l'ONU en septembre 2016. Du plaidoyer de Lampedusa en faveur d'une
immigration sans-limite à l'appel à la «prudence» d'octobre dernier face au
danger populiste, retour sur les étapes décisives du combat papal en faveur des
migrants.
● Juillet 2013:
Á Lampedusa, le nouveau pape dénonce la «mondialisation de l'indifférence»
Tout juste élu, le
pape choisit un lieu lourd de symboles pour son premier voyage officiel: l'île
de Lampedusa, où échouent chaque année des milliers de migrants tentant de
traverser la Méditerranée. Il y prononce un discours en forme de
plaidoyer pour l'accueil inconditionnel des réfugiés et des migrants,
dans lequel il fustige l'incapacité des États européens à prendre en charge les
migrants: «Nous avons perdu le sens de la responsabilité fraternelle», «la
culture du bien-être nous rend insensibles aux cris d'autrui (...), et aboutit
à une mondialisation de l'indifférence», dénonce-t-il.
● Novembre
2014: devant le Parlement européen, le Pape enjoint l'Europe à retrouver son
«esprit humaniste»
«On ne peut pas
tolérer que la Méditerranée devienne un grand cimetière!» lance le Pape aux
députés européens venus l'écouter au Parlement de Strasbourg,
le 25 novembre 2014. Dans ce discours, le souverain pontife exhorte
l'Europe à retrouver ses «racines religieuses». «Une Europe qui n'a plus la
capacité de s'ouvrir à la dimension transcendante de la vie est une Europe qui
lentement risque de perdre son âme, ainsi que cet «esprit humaniste» qu'elle
aime et défend cependant.». Son discours est salué par une standing ovation.
● Février 2016:
à la frontière mexicaine, le Pape débute sa croisade «anti-mur»
En voyage à Cidudad
Juarez, ville mexicaine frontalière avec les États-Unis, le Pape célèbre une
messe géante pour promouvoir «les doits des migrants». Alors que la campagne
présidentielle bat son plein aux États-Unis, son message d'ouverture apparaît
comme un geste de défi adressé au candidat républicain Donald Trump, dont le
programme préconise le renforcement de la frontière entre les deux États.
Appelant à la «miséricorde», le souverain pontife associe dans un même geste la
situation des immigrants mexicains à celle des réfugiés qui fuient les conflits
au Moyen-orient: «Ici, à Juárez, comme dans d'autres régions frontalières, des
milliers de migrants centraméricains se sont concentrés, sans oublier les
nombreux Mexicains qui cherchent aussi à passer ‘‘de l'autre côté''.»
» Lire aussi: La messe surréaliste du pape François à la
frontière entre le Mexique et les États-Unis
● Avril 2016:
après un voyage à Lesbos, le pape ramène douze réfugiés musulmans au Vatican
Au retour de son
déplacement d'une journée à Lesbos, le pape François crée la surprise en
décidant de conduire lui-même trois familles de musulmans syriens en Europe
depuis l'île grecque où ils avaient échoué en passant par la Turquie, et en les
accueillant dans son propre avion. Si, à l'époque, François se défend de toute
forme de «spéculation politique», l'événement a un retentissement gigantesque.
Il est aussi l'occasion pour lui de détailler son positionnement à l'égard de
la question migratoire, et surtout d'appeler une nouvelle fois l'Europe à
assumer ses responsabilités .«Pour moi, la politique d'intégration est
fondamentale. Et aujourd'hui l'Europe doit retrouver cette capacité qu'elle a
toujours eue d'intégrer. Il y a toujours eu des arrivées en Europe, cela
enrichit la culture.» Dans son discours, François poursuit également sa
croisade anti-murs entamée lors de son voyage à la frontière mexicaine en février
de la même année. Aux «murs» bien réels ou symboliques qui séparent hommes et
religions, il oppose des «ponts» susceptibles de rétablir la concorde entre les
peuples: «L'Europe doit d'urgence, mener des politiques d'accueil,
d'intégration, de croissance, de travail, de réformes économiques. Ces éléments
sont des ponts qui ne nous conduiront pas à édifier des murs.»
● Octobre
2016: le pape pose pour la première fois des «limites» à l'immigration
De retour d'un
voyage en Suède au cours duquel les responsables sociaux-démocrates l'ont
convaincu de la nécessité de poser des «limites» à l'immigration, le souverain
pontife appelle pour la première fois les États européens à «la prudence» dans
la gestion de la crise migratoire, et les invite à enrichir leur politique
d'accueil d'une vraie réflexion sur les conditions d'une bonne intégration des
réfugiés aux sociétés européennes: «Qu'est-ce que je pense des pays qui ferment
leurs frontières? En théorie, on ne peut pas fermer son cœur à un réfugié. Mais
il y a aussi la prudence des gouvernants: ils doivent être très ouverts pour
recevoir mais ils doivent aussi faire le calcul de savoir comment les recevoir.
Parce qu'on ne doit pas seulement recevoir un réfugié mais il faut aussi
l'intégrer», déclare-t-il. Chaque gouvernement doit donc veiller à ne pas
accueillir de migrants «au-delà de ses possibilités d'accueil». Il faut pouvoir
offrir aux réfugiés «un toit, un travail, une école, l'apprentissage de la
langue» en vue de leur «intégration». Sans quoi, prévient-il, on peut «payer
politiquement une imprudence dans ses calculs en recevant plus de réfugiés que
l'on peut». Sa crainte? Que le réfugié, s'il n'a pas accès à des conditions de
vie décentes dans son pays d'accueil, se «ghettoïse».
» Lire aussi: Le pape François appelle les États
européens à la «prudence» dans l'accueil des réfugiés
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de travail des policiers français
Le pape François propose 21 mesures pour l'accueil des
migrants (22.08.2017)
Le Pape réaffirme, avec ces propositons concrètes, son
opposition à toute restriction de l'immigration. Il se prononce notamment pour
« l'octroi de visas humanitaires » et recommande de favoriser « le regroupement
familial ».
Ce n'est pas un programme mais une lettre annuelle rédigée
par le pape pour la 104° «journée mondiale du migrant et du réfugié» du 21 août
2017. Les cinq pages très denses, signées par François le jour du 15 août,
contiennent cependant 21 mesures concrètes, similaires à un programme d'action
qui résument sa pensée sur la question des migrations. Elle vise, tant dans les
pays d'origines, que dans les pays d'accueil, à rendre légale l'immigration
illégale.
Dans ce document, le pape promeut en effet un accueil large,
généreux et légalement organisé des migrants et des réfugiés sans mentionner
l'idée d'une quelconque restriction des flux migratoires qu'il avait toutefois
évoquée et justifiée à
son retour de Suède le 1er novembre 2016, restrictions fondées sur les
capacités d'accueil.
L'objectif de François, dans ce document, est de changer les
mentalités et de faire pression sur la communauté internationale pour qu'elle
adopte, avant la fin de l'année 2018, deux accords globaux, l'un sur les
réfugiés, l'autre sur les migrants dont le principe avait été acquis le 19
septembre 2016 lors du sommet de l'ONU.
«La garantie d'une subsistance minimum vitale»
Pour le pape actuel, la question de l'accueil des migrants
et des réfugiés est une priorité absolue. Le 8 juillet 2013, il
avait dédié son premier voyage papal à cette thématique en se rendant sur l'île
de Lampedusa, entre la Sicile et la Tunisie, pour demander aux Européens
d'ouvrir leurs portes. Et dans sa réforme du Vatican, il a créé un nouveau
ministère «le Dicastère pour le Service du Développement humain intégral» dont
la section chargée des migrations et des réfugiés est placée, selon sa volonté,
à titre exceptionnelle et symbolique, sous sa propre responsabilité.
Quant au principe fondamental qui guide le pape François, il
le rappelle dans sa lettre: «Tout immigré qui frappe à notre porte est une
occasion de rencontre avec Jésus-Christ, qui s'identifie à l'étranger de toute
époque, accueilli ou rejeté.»
Voici la liste des 21 mesures voulues par le pape François
pour l'immigration.
1. Développer les «possibilités d'entrées sûres
et légales» dans les pays de destination: notamment par «l'octroi de visas
humanitaires» délivrés selon un mode «étendu et simplifié» et favoriser «le
regroupement familial».
2. Multiplier les «corridors humanitaires pour
les réfugies les plus vulnérables» pour éviter les filières illégales.
3. Créer un système de «visas temporaires
spéciaux» pour «ceux qui fuient les conflits dans les pays voisins».
4. Ne pas recourir aux «expulsions collectives
et arbitraires» de réfugiés et de migrant non «adéquates» surtout quand elles
renvoient des personnes dans des pays qui «ne peuvent garantir le respect de la
dignité et des droits fondamentaux».
5. «Toujours faire passer la sécurité
personnelle avant la sécurité nationale»: par conséquent «former adéquatement
le personnel préposé aux contrôles de frontière» pour que le «premier accueil»
des migrants et des réfugiés soit «approprié et digne».
6. Trouver des «solutions alternatives à la
détention pour ceux qui entrent sur le territoire national sans autorisation».
7. Dans le pays de départ, créer un système
d'immigration légale pour agir «contre les pratiques de recrutement illégal»
par des filières.
8. Dans le pays d'arrivée, «assurer aux migrants
une assistance consulaire», le «droit de toujours garder sur soi les documents
d'identité personnels», un accès à la justice, «la possibilité d'ouvrir des
comptes bancaires», la «garantie d'une subsistance minimum vitale».
9. Que soit accordée dans le pays d'arrivée «la
liberté de mouvement, la possibilité de travailler et l'accès aux moyens de
télécommunications».
10. Pour ceux qui désirent rentrer dans leur
pays la mise en place de «programmes de réintégration professionnelle et
sociale».
11. Protéger les «mineurs migrants» en évitant
«toute forme de détention» et en assurant «l'accès régulier à l'instruction
primaire et secondaire»
12. Octroyer une nationalité à tous les enfants
«à la naissance»
13. Lutter contre «l'apatridie» de migrants et
réfugiés en créant une «législation sur la citoyenneté»
14. Accès sans limite des migrants et des
réfugiés «à l'assistance sanitaire nationales et aux systèmes de pension» et
«transfert de leur contribution en cas de rapatriement».
15. Garantir à «tous les étrangers présents sur
le territoire la liberté de profession et de pratique religieuse»
16. Promouvoir «l'insertion
socio-professionnelle des migrants et des réfugiés, garantissant à tous - y
compris aux demandeurs d'asile - la possibilité de travailler, des formations
linguistiques et de citoyenneté active».
17. Prévenir les «abus» du travail productif de
«mineurs migrants»
18. Favoriser «le regroupement familial - y
compris des grands-parents, des frères et sœurs et des petits-enfants - sans
jamais le soumettre à des capacités économiques».
19. Renforcer l'attention et le soutient aux
migrants, réfugiés, demandeurs d'asile «en situation de handicap».
20. Aider davantage les pays en voie de
développement qui accueillent des réfugiés
21. Intégrer «sans supprimer» chez les migrants
leur «identité culturelle» par une «offre de citoyenneté» qui soit «dissociée
des capacités économiques et linguistiques» et par une «offre de parcours de
régularisation extraordinaire pour les migrants qui peuvent faire valoir une
longue présence dans le pays»
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Moscou: le n°2 du Vatican évoque la Syrie et l'Ukraine (21.08.2017)
- Par Le
Figaro.fr avec AFP
- Mis à jour le 21/08/2017 à 15:43
- Publié le 21/08/2017 à 15:38
Le numéro deux du Vatican, Pietro Parolin, a évoqué
aujourd'hui la situation en Syrie et en Ukraine avec le métropolite Ilarion,
directeur des relations extérieures de l'Église orthodoxe russe, au premier
jour d'une visite en Russie pendant laquelle il doit rencontrer Vladimir
Poutine et le patriarche Kirill. Les deux hommes ont "souligné la
convergence de leurs positions en faveur de l'instauration de la paix en
Syrie", selon un porte-parole de l'Église russe, Alexeï Dikarev, cité par
l'agence TASS.
» Lire aussi : Voyage stratégique en Russie pour le numéro 2 du
Pape
"Il a été souligné que le retour à la paix ne peut être
possible qu'après le départ de tous les combattants des territoires occupés",
a-t-il ajouté. Le secrétaire d'Etat du Vatican a de son côté salué le retour
des chrétiens dans les territoires repris à l'organisation État islamique, mais
s'est inquiété de la situation humanitaire en Syrie, selon la même source.
Concernant l'Ukraine, le métropolite Ilarion a salué la
position du Vatican, qui s'est inquiété d'un projet de loi conditionnant la
nomination de métropolites et d'évêques à l'accord des autorités de Kiev. Mgr
Parolin doit notamment s'entretenir mercredi avec le président Vladimir Poutine
à Sotchi (sud) après avoir rencontré mardi le chef de la diplomatie russe
Sergueï Lavrov et le patriarche de l'Eglise orthodoxe russe Kirill.
Le numéro deux du Vatican avait indiqué lors d'une interview
plus tôt en août que sa visite en Russie pourrait "apporter une
contribution" à un éventuel voyage, qui serait historique, du pape
François dans ce pays à majorité orthodoxe. Le pape François a néanmoins
déclaré en mars dans une interview au journal allemand Die Zeit: "je ne
peux pas aller en Russie, car alors je devrais aussi aller en Ukraine".