Fille de harkis et de culture musulmane, Jeannette Bougrab mène le combat pour les valeurs de la République et la laïcité, remparts de plus en plus fragiles face à la montée inexorable de l'islamisme. Des rues de Paris aux provinces les plus reculées du Pakistan ou du Yémen, le mal est mondial. Mais partout où nous emmène Jeannette Bougrab, des héroïnes se lèvent pour le combattre, souvent au péril de leur vie. Malala, Nada, Elisabeth... Ces jeunes musulmanes rencontrées et filmées à travers le monde ont le courage de se soulever contre l'archaïsme de sociétés patriarcales et la volonté des États d'appliquer la Charia. C'est à toutes ces petites flammes dressées contre la brutalité des hommes que Jeannette Bougrab prête sa voix de femme révoltée.
Ce livre intime et pudique est aussi un livre de combat et d'amour : elle y parle avec un rare courage de sa mère mourante, mariée de force à 13 ans et qui a su rompre le cercle de la violence à l'égard des femmes pour permettre à sa fille de devenir une femme libre, éduquée et émancipée.
À travers son histoire et celle de ces victimes exemplaires, Jeannette Bougrab a su composer un récit poignant et précis, un réquisitoire contre ceux qui demeurent silencieux face aux violations les plus criantes des droits des femmes.
Voir les articles :
Jeannette Bougrab, les combats d'une femme blessée (15.05.2015)
Jeannette Bougrab, pour l'amour de Charb (14.05.2015)
Voir aussi :Jeannette Bougrab, pour l'amour de Charb (14.05.2015)
* Henda Ayari, "J'ai choisi d'être libre, Rescapée du salafisme en France" (2015)
* Chahdortt Djavann, Comment lutter efficacement contre l'idéologie islamique (2016)
* Ayaan Hirsi Ali, Insoumise (2005)
* Ayaan Hirsi Ali, Ma vie rebelle (2006)
* Fawzia Zouari, Je ne suis pas Diam's (2015)
* Irshad Manji, Musulmane mais libre (2003)
* Lutte féministe, droit des femmes
* Shirin Musa, la femme voilée « islamophobe » ?
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Fille de harkis et de culture musulmane, Jeannette Bougrab mène le combat pour les valeurs de la République et la laïcité, remparts de plus en plus fragiles face à la montée inexorable de l'islamisme. Des rues de Paris aux provinces les plus reculées du Pakistan ou du Yémen, le mal est mondial. Mais partout où nous emmène Jeannette Bougrab, des héroïnes se lèvent pour le combattre, souvent au péril de leur vie. Malala, Nada, Elisabeth... Ces jeunes musulmanes rencontrées et filmées à travers le monde ont le courage de se soulever contre l'archaïsme de sociétés patriarcales et la volonté des États d'appliquer la Charia. C'est à toutes ces petites flammes dressées contre la brutalité des hommes que Jeannette Bougrab prête sa voix de femme révoltée.
Ce livre intime et pudique est aussi un livre de combat et d'amour : elle y parle avec un rare courage de sa mère mourante, mariée de force à 13 ans et qui a su rompre le cercle de la violence à l'égard des femmes pour permettre à sa fille de devenir une femme libre, éduquée et émancipée.
À travers son histoire et celle de ces victimes exemplaires, Jeannette Bougrab a su composer un récit poignant et précis, un réquisitoire contre ceux qui demeurent silencieux face aux violations les plus criantes des droits des femmes.
Voir les articles :
Jeannette Bougrab, les combats d'une femme blessée (15.05.2015)
Jeannette Bougrab, pour l'amour de Charb (14.05.2015)
Voir aussi :Jeannette Bougrab, pour l'amour de Charb (14.05.2015)
* Henda Ayari, "J'ai choisi d'être libre, Rescapée du salafisme en France" (2015)
* Chahdortt Djavann, Comment lutter efficacement contre l'idéologie islamique (2016)
* Ayaan Hirsi Ali, Insoumise (2005)
* Ayaan Hirsi Ali, Ma vie rebelle (2006)
* Fawzia Zouari, Je ne suis pas Diam's (2015)
* Irshad Manji, Musulmane mais libre (2003)
* Lutte féministe, droit des femmes
* Shirin Musa, la femme voilée « islamophobe » ?
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Jeannette Bougrab, au nom de toutes les femmes (26.05.2015)
Par Christophe Barbier, publié le 26/05/2015 à 16:31
Maudites, martyres parfois, telles sont les femmes dont
Jeannette Bougrab décrit le parcours. Enquête, récit ou confidence, quelle que
soit la forme prise par son témoignage, sa plume est toujours trempée dans
l'encre de la ténacité.
Il y a sa mère, Zohra, à l'enfance brisée par une famille
tyrannique et un mariage forcé - à 13 ans. Il y a Nada la Yéménite, qui lutte,
cinquante ans plus tard, contre ce même fléau des unions obligées qui ne sont
que des viols déguisés. Il y a Malala la Pakistanaise, le plus jeune Prix Nobelde la paix de l'Histoire, luttant au péril de sa vie contre les talibans, pour
que les filles soient scolarisées. Et puis il y a Jeannette, tabassée à 6 ans, le
jour de la rentrée, dans une école française, par deux petits Algériens, parce
qu'elle est fille de harki-mais elle deviendra ministre de la République.
Presque rageuse
Maudites, martyres parfois, telles sont les femmes dont
Jeannette Bougrab décrit le parcours. Le sien, pour les Français, s'est arrêté
quand l'ont reniée la famille et certains amis de son compagnon : il s'appelait
Stéphane Charbonnier, dit Charb, tombé le 7 janvier sous les balles islamistes.
Cette dernière épreuve n'est pas la moins dure pour l'auteur, et l'on comprend
que l'écriture, aboulique, presque rageuse, est un refuge.
Enquête, récit ou confidence, quelle que soit la forme prise
par le témoignage de Jeannette Bougrab, sa plume est toujours trempée dans
l'encre de la ténacité. La prochaine génération est là : May, qu'elle a adoptée
en 2011. Avec sa fille, Jeannette Bougrab s'en va vivre plus loin vers le Grand
Nord, où l'on dit que les femmes sont vraiment les égales des hommes.
MAUDITES, PAR JEANNETTE BOUGRAB, ALBIN MICHEL , 240 P., 18€.
Jeannette Bougrab
"maudite" (25.05.2015)
Par Tatiana Chadenat | Le 25 mai
2015
En pleine promotion de son livre
Maudites sur les trajectoires de femmes victimes de violences et dont elle se
fait la porte-parole, Jeannette Bougrab, ancienne secrétaire d’État à la
Jeunesse et à la Vie associative, est à nouveau critiquée, au détriment de la
cause qu’elle défend.
En janvier dernier, elle se
réfugie quelques jours à Londres pour « continuer tout simplement à vivre».
Après l'attentat perpétré contre Charlie Hebdo, elle s'est trouvée au centre
d'une tempête médiatique. « Mon destin a basculé pour avoir accepté une
interview sur BFM avec Ruth Elkrief », écrit-elle à la fin de son livre
Maudites (Maudites, de Jeannette Bougrab, Éd. Albin Michel, 240 p., 18 €). Elle confie alors, en pleurs : « J'ai perdu l’être aimé, j’ai
perdu mon amour. » La France découvre la relation entre l’ex-secrétaire d’État
et Charb le libertaire, mort sous les balles des frères Kouachi. Puis Jeannette Bougrab accepte de se rendre sur plusieurs plateaux télévisés pour en parler.
Son témoignage émeut, mais il est remis en question par la famille de la
victime. Rapidement, Laurent Charbonnier, le frère de Charb, fait une
déclaration à l’Agence France Presse : « Nous démentons formellement
l’engagement relationnel de Charb avec Jeannette Bougrab. La famille ne veut
plus que Jeannette Bougrab s’exprime au sujet de Charb dans les médias, de
quelque manière que ce soit. »
Dans l’entourage du dessinateur
assassiné, c’est la confusion. Certains assurent qu’ils n’étaient pas ensemble.
D’autres parlent du couple Charb-Jeannette. La polémique enfle. « Mais que se
passe-t-il ? écrit Jeannette Bougrab dans son livre. J’ai le droit à une
lapidation par voie de presse de la part de sa famille et de ses amis. Une
chasse à la femme, une mise à mort. (…) Pour la première fois, je marche tête
baissée dans la rue. J’ai honte qu’on me crache dessus, honte qu’on ne croît
pas en cet amour. » Cet amour, elle y revient brièvement à la toute fin de son
livre. Elle décrit les débuts de leur histoire, évoque l’attachement de Charb à
sa fille May, dévoile certains textos, comme pour prouver une énième fois que
leur relation a bel et bien existé. Mais « le mal est fait et il est
irréversible ». Son image est écornée.
Une relation tumultueuse avec les
médias
Son livre, qu'elle a commencé à
écrire l’été dernier et qui a été publié chez Albin Michel, parle de son
engagement pour les petites filles victimes de violences sexuelles, morales et
physiques et interdites d'école dans certains pays arabo-musulmans. Jeannette
Bougrab reprend une partie du thème de son documentaire édifiant (Interdites d'école, documentaire réalisé par Jeannette Bougrab, 2014) sur
l’éducation des jeunes filles (qui n’était pas restreint au monde
arabo-musulman). Elle raconte l’histoire de quatre femmes « maudites » : Zohra,
sa mère mariée de force à 13 ans et interdite d’école ; Nada, la Yéménite qu’on
a voulu marier de force à 11 ans ; Malala, la Pakistanaise interdite d’école ;
et... elle-même. Dans le dernier chapitre, elle raconte sa propre vie, son
histoire. Un étrange mélange d’intime et de politique. Jeannette Bougrab
revient sur les plateaux de télévision pour en parler.
Après avoir été accusée de
mythomanie en janvier, elle est aujourd'hui victime d'un procès pour
égocentrisme. Pourquoi a-t-elle consacré une partie de son livre sur sa vie,
alors que l'ouvrage est consacré aux jeunes filles qui ont été mariées de force
ou privées d'école ? « C’est un récit incarné, se défend-t-elle au téléphone.
J’aurais pu faire un débat théorique avec des schémas. Le livre est
narcissique, c’est aussi mon histoire. » Mais au-delà des confessions écrites,
ce sont surtout ses apparitions télévisées qui lui valent le plus de critiques.
Sur France 2, Léa Salamé lui lance à propos d’un passage du livre sur la remise
du prix Nobel à Malala : « Jeannette Bougrab vous écrivez "j’aurais aimé
que, ce jour-là, tu ne portes pas le voile" ! (…) Mais vous êtes qui pour
dire à Malala qu’il faut qu’elle enlève son voile ? » Jeannette Bougrab lui
répond : « Je suis celle qui a passé 17 jours au Pakistan, Je suis celle qui
est allée à Mingora, je suis celle qui est allée à Nowshera, je suis celle qui
est allée à Meerwala, je suis celle qui est allée à Karachi... » Cette envolée
agace. On lui reproche de trop parler d’elle. Sur France Inter, la chroniqueuse
Charline Vanhoenacker la compare à Dora l’exploratrice. Sur Twitter, les
moqueries fusent. « J’ai cru que Jeannette Bougrab allait se remettre un prix
Nobel à elle-même », écrit un internaute. « Demain on ne dira plus "je
voyage", mais "je bougrabise". Pareillement, on ne dira plus
"être héroïque". On dira "être Bougrab" », note un autre.
Ses déclarations télévisées
crispent. Elles feraient presque oublier ses combats et ses victoires. La fille
de harkis victime de la « montée du racisme » dans les années 1980, qui devient
secrétaire d’État du gouvernement Fillon, qui bataille pour l’universalité des
droits de l’homme à une époque où « on admet que les droits ne sont plus
universels mais culturels, religieux », écrit-elle. Jeannette Bougrab, l’athée
de culture musulmane, ex-présidente de la Haute Autorité de lutte contre les
discriminations et pour l’égalité (Halde), défenderesse de la laïcité, avait
apporté son soutien à la crèche Baby-Loup qui avait licencié l'une de ses
salariées voilées. À l’époque, Le Canard enchaîné avait affirmé qu’elle avait
doublé son salaire en arrivant à la tête de l’institution. Elle avait attaqué
l’hebdomadaire en diffamation et perdu. L’histoire avait été reprise dans
nombre de journaux et avait ouvert le chapitre de la relation « je t’aime moi
non plus » entre les médias et celle qui fut un temps présentée comme un
symbole de la réussite républicaine.
Car Jeannette Bougrab a, depuis
longtemps, porté des causes qui lui ont valu de forts soutiens. Loin d'accepter
les reproches qui lui sont faits, elle dénonce cette « culture à la française »
où « l’on ricane» des combats en faveur des droits des femmes. « Quand je
parle de ma mère, les gens disent que c’est indécent. Je trouve cela navrant.
Personne ne lui a tendu la main alors qu’elle a été mariée de force à 13 ans.
Lorsque je regarde la fin de sa vie, pleine de souffrances aussi, j’ai une
peine immense et cela me révolte. » Elle écrit, cédant une fois encore à
l’appel de l’emphase, qu’il est plus «difficile aujourd’hui d’être féministe
en France qu’au Pakistan ». Ici, les polémiques continuent d’enfler après ses
sorties sur Luz, « un médiocre, un usurpateur » selon elle, dans Valeurs Actuelles. Son combat en faveur des filles victimes de violences est peut-être
moins entendu qu’il ne le devrait. À la rentrée, Jeannette Bougrab prendra
d’ailleurs le large. Elle s’envolera avec sa fille vers la Finlande. Un exil
provisoire, avant de reprendre probablement les armes, une nouvelle fois.
Confessions de Jeannette Bougrab avant son départ en
Finlande (15.05.2015)
Par Auteur Raphaël Stainville / Vendredi 15 mai 2015 à 15:40
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Photo © AFP Jeannette Bougrab : « Si mon père est vivant,
c'est parce que certains, comme Hélie de Saint Marc, ont trahi ». Photo © AFP
Rencontre. Ravagée par la mort de Charb, son compagnon,
Jeannette Bougrab, l’ancienne secrétaire d’État de Nicolas Sarkozy, repart au
combat contre l’islamisme après avoir songé au pire.
Elle arrive d’un pas lent, emmitouflée dans un gros pull en
laine, précédée de son garde du corps qui l’accompagne partout et lui ouvre la
porte du Marco Polo, un restaurant italien situé dans le VIe arrondissement de
Paris. Le soleil étire ses premiers rayons, comme annonciateur de l’été tout
proche. Mais, pour Jeannette Bougrab, l’hiver ne semble plus vouloir finir.
Comme si sa vie s’était arrêtée le 7 janvier dernier, après l’annonce de la
mort de Charb, son compagnon, sous les balles des frères Kouachi.
C’est pourtant mal connaître l’ancienne secrétaire d’État de
Nicolas Sarkozy. Jeannette Bougrab est une battante. « Moi, contrairement à
Luz, je continue à parler du Prophète », lance-t-elle tout de go, en réponse à
la décision du dessinateur de Charlie Hebdo de ne plus caricaturer Mahomet. «
Lui écrit du XIe arrondissement. Moi, je suis allée dans la vallée de Swat [au
Pakistan, NDLR] », ajoute-t-elle encore. Elle y a rencontré notamment Sami
ul-Haq, un chef taliban — bourreau de Malala, la Prix Nobel de la paix —, pour
un documentaire coup de poing sur les filles interdites d’école, au grand dam
du Quai d’Orsay qui a tout fait pour l’en empêcher. La preuve encore avec
Maudites, le livre qu’elle publie aujourd’hui. Un véritable réquisitoire contre
l’islamisme en même temps qu’il se présente comme un hommage à ces femmes qui
ont su tenir debout face à leurs persécuteurs. Un hommage à sa mère,
aujourd’hui mourante, qui fut mariée de force en Algérie à l’âge de 13 ans ; à
Nada, cette petite Yéménite de 11 ans, qui a choisi de dénoncer ses parents qui
l’avaient vendue contre une dot, jurant préférer mourir plutôt que d’être
privée d’avenir, suppliant de pouvoir aller à l’école.
Pour Jeannette Bougrab, la décision de Luz — « un médiocre,
un usurpateur », qui ne doit d’avoir la vie sauve qu’à une méchante gueule de
bois, « on a connu mieux comme héros », dit-elle encore — parachève le crime
des frères Kouachi et de Coulibaly. En désertant le combat, « il finit le job
». Elle marque un silence avant de poursuivre, définitive : « La greffe qui
marche le moins bien, c’est la greffe de couilles. » La féministe se réveille.
Elle n’entend pas rendre les armes. Pas maintenant...
Maudites, de Jeannette Bougrab, Albin Michel, 238 pages, 18
€.
Jeannette Bougrab, les combats d'une femme blessée (15.05.2015)
15 mai 2015 | 6h40
Jeannette Bougrab ne désarme pas face à l'islamisme et règle
ses comptes quatre mois après l'attentat contre « Charlie Hebdo ».
Attablée dans une brasserie proche du Conseil d'Etat, sous
l'œil attentif d'un officier de sécurité assis à quelques mètres, Jeannette
Bougrab boit à petites gorgées son thé à la menthe. « Moi, je continue à parler
du Prophète, personne ne me fera taire », lance-t-elle avec bravade. Si Luz, le
dessinateur de «Charlie Hebdo », a décidé de ne plus caricaturer Mahomet,
l'ex-secrétaire d'Etat de Nicolas Sarkozy n'est pas du genre à renoncer à ses
combats pour le droit des femmes et la laïcité. Elle le prouve dans « Maudites
»*.
Ce livre, dont le titre est une référence au fait de naître
fille dans le monde arabe, elle l'a d'abord écrit pour sa mère, qui est en
train de mourir. Elle retrace le parcours de Zohra, mariée de force à 13 ans en
Algérie, maltraitée et restée illettrée. « Elle a tout fait pour me pousser à
étudier, pour que j'aie une vie meilleure », insiste Jeannette Bougrab.
Dans « Maudites », elle s'insurge contre les mariages
précoces encore fréquents dans les pays musulmans. Pour les justifier, les
islamistes citent volontiers Mahomet, qui aurait épousé Aïcha, sa deuxième
femme, alors qu'elle n'avait que 6 ans. Mettre « un enfant dans le lit d'un
adulte, tout Prophète soit-il », est inacceptable pour Bougrab, qui écrit : «
Est-il blasphématoire de dire qu'il faut se détacher des pratiques archaïques
de l'Arabie du VIIe siècle ? »
Leur liaison discrète révélée au grand jour
« Maudites », qui retrace aussi son propre parcours d'enfant
de harkis, aura également été une thérapie pour Jeannette Bougrab. Et
l'occasion de solder quelques comptes. En janvier, elle a été touchée au cœur
après l'assassinat de Stéphane Charbonnier, alias Charb, le directeur de «
Charlie Hebdo ». Le livre raconte cette rencontre improbable entre
l'ex-ministre sarkozyste et le dessinateur communiste. Leur combat commun pour
la laïcité et leur histoire d'amour. Leur liaison était discrète, et sa
révélation par l'intéressée, la voix brisée par la douleur, sur le plateau de
BFM, après l'assassinat de Charb, a eu un effet dévastateur.
Dans son livre, elle explique que c'est son ami Richard
Malka, avocat de « Charlie Hebdo », qui, fou de chagrin et épuisé de courir les
plateaux, lui avait demandé d'aller à BFM. Cela vaudra à l'intéressée une mise
au ban par la famille de Charb et un déferlement de haine sur les réseaux
sociaux. « Une lapidation par voie de presse », écrit-elle, dénonçant « un
entourage possessif, exclusif, intolérant, un clan d'aboyeurs ».
«On a voulu me salir, et pire encore salir notre relation»
On l'a accusée d'être une menteuse, une mythomane. Son crime
? Être une femme de droite et avoir écorné l'image de Charb en disant qu'elle
l'aimait « pour sa douceur, sa gentillesse, sa timidité, loin du portrait de
queutard sans attaches, sans foi ni loi décrit par eux », écrit-elle. « On a
voulu me salir, et pire encore salir notre relation ; et ça, jamais je ne le
pardonnerai... » Anéantie, cloîtrée chez elle, elle a même tenté d'en finir. Et
puis elle a écrit ces pages, intimes et émouvantes, pour faire ce deuil dont on
a cherché à l'exclure. Dans cette période difficile, Sarkozy ne l'a jamais
lâchée. « Il prend régulièrement de mes nouvelles », sourit-elle. «
Protège-toi, nous t'aimons », lui a-t-il glissé.
Aujourd'hui, Jeannette Bougrab a repris ses activités au
Conseil d'Etat. Cependant, elle a décidé de quitter la France pour la Finlande. Si elle ne baisse pas les bras face à l'islamisme et à la
radicalisation de jeunes musulmans qu'elle dénonce depuis des années, elle a
besoin de s'éloigner, de prendre du champ. Un «exil » provisoire, car elle ne
renie rien de ses convictions ni de ses combats.
* Jeannette Bougrab, « Maudites », Albin Michel, 240 pages,
18 €.