Hélé Béji : «Le voile détruit l'universel féminin» (21.08.2017)
"Opérations bikinis" en Algérie : le mirage de l'été ? (08.08.2017)Céline Pina : « La leçon de liberté des Algériennes en bikini » (28.07.2017)
Hélé Béji : «Le voile détruit
l'universel féminin» (21.08.2017)
Par Eugénie
Bastié
Mis à jour le 21/08/2017 à 17h22 | Publié le 21/08/2017 à 17h11
INTERVIEW - Opposée au voile, la
romancière Hélé Béji considère pourtant que son interdiction est
contre-productive. Islamisme, burkinis, révolution : elle a accordé
au Figaro un entretien sans tabous et tout en
nuances.
Première Tunisienne agrégée de
lettres modernes, l'écrivaine Hélé Béji anime depuis des années la scène
intellectuelle tunisienne. Dans son livre «Islam Pride», écrit avant la
révolution tunisienne de 2011, elle évoquait déjà le retour du voile dans les
pays musulmans. Cette féministe et libérale de la «génération Bourguiba» entend
penser l'articulation entre tradition et modernité, qui seule peut nous sauver
des démons de l'obscurantisme.
LE FIGARO. - Des Algériennes
se sont mobilisées récemment pour pouvoir porter le bikini à la plage.
La liberté vestimentaire est-elle en régression dans les pays du Maghreb?
Hélé BÉJI. - J'ai
toujours porté le bikini. En Tunisie, dans les années 1960, nous portions
toutes des mini bikinis vichy à la Brigitte Bardot, nos poitrines serrées dans
des balconnets froncés. Nous allions dans la rue en short. Jusqu'à l'émergence
de l'islam politique actif, on ne se posait pas la question de la nudité. Si on
nous avait dit qu'un jour ce serait un combat d'aller se baigner en bikini, on
se serait esclaffées. Aujourd'hui, sur les plages, les bikinis n'ont pas
disparu, mais nous devons supporter la présence de ce nouveau monstre marin
nommé «burkini».
Quel désastre! Pourtant, le mouvement d'émancipation féminine était allé très
loin avec les lois d'avant-garde de l'indépendance.
Comment expliquez-vous ce
retour du religieux?
Peut-être parce que les promesses
de bonheur de l'indépendance n'ont pas été tenues et ont fini dans la
désillusion? Le poids social de la religion s'est alourdi dans les années 1980.
Mais au niveau politique, l'État poursuivait son modernisme autoritaire. Ce
volontarisme était sans concession. Il favorisait les libertés privées
féminines, tandis qu'il brimait les libertés publiques. Ce despotisme séculier,
laïciste, occidentaliste, avait permis aux femmes de s'affranchir dans tous les
domaines. On pouvait se baigner en bikini, ne pas jeûner pendant le ramadan,
n'exercer aucun culte, exprimer son incroyance, oublier sa foi. Mais il était
défendu de critiquer le pouvoir. À un moment, ces libertés privées ont buté sur
un obstacle: l'absence de libertés publiques. Peu à peu les droits des femmes
se sont élargis aux revendications des droits de l'homme. C'est là que
survient la
révolution de 2011.
«On a vu une Révolution non
religieuse être récupérée par les courants salafistes. Le voile a fait une
percée fulgurante dans la rue, l'administration, les bancs de l'Assemblée...»
Révolution qui a fini par voir
triompher les islamistes…
Oui, l'extension de la
démocratie, dans des pays où le peuple est encore pieux et conservateur, a
ouvert la représentation politique à l'idéologie religieuse. On s'y attendait.
La révolution a diversifié la demande politique à toute la «société civile».
Mais la société civile n'est pas une panacée. Il n'y a pas de «société civile»
naturellement bonne, vertueuse, éclairée. Elle est également dangereuse,
sectaire, obscurantiste. La société est tout aussi incivile que civile. En
quelques semaines, on a vu une Révolution non religieuse être récupérée par les
courants salafistes. Le voile a fait une percée fulgurante dans la rue,
l'administration, les bancs de l'Assemblée, les universités, les écoles, les
plages. Un zèle théocratique a envahi les quartiers, condamnant de jeunes
athées à la prison. Amina, la Femen tunisienne, a été arrêtée pour avoir dénudé
sa poitrine sur Facebook. Son geste a eu le mérite de montrer que l'oppression
ne se terminait pas avec la révolution.
Comment avez-vous ressenti ce
retour du voile?
Dans mon livre Islam
Pride, écrit avant la révolution, j'expliquais ma sidération devant le
retour d'une servitude que je croyais abolie. J'étais ébranlée. Mon rejet était
violent. Trop pour que je ne m'interroge pas. J'ai voulu faire un travail sur
ma peur. Je me suis rappelé l'humanisme de Montaigne: «Chacun appelle barbarie
ce qui n'est pas de son usage.» J'ai évité d'appeler «barbare» le voile, mais
au fond de moi, mon émotion est la même, colère et pitié mêlées. Le voile
détruit l'universel féminin. Désormais le monde féminin se sépare entre les
voilées et les autres. Cette inimitié tranche avec la solidarité historique des
femmes. En écrivant, j'ai voulu surmonter cette barrière, cette béance qui
ouvre la «guerre civile» entre les femmes. Mais je ne me soumets pas non plus à
sa fatalité. Je dis qu'un jour elles se dévoileront, mais pas par la force. Le
discours de la laïcité n'est plus efficace face au voile, car ce sont les
libertés de conscience instaurées par la laïcité qui le permettent.
«Elles sont les suffragettes
du voile», écrivez-vous. Pour vous, loin d'être un archaïsme, le voile serait
donc un produit de la modernité?
«(Le voile est) un symbole
revendiqué et non subi, à la fois rebelle et mimétique, comme un phénomène de
mode, excentrique et grégaire, une façon intime et spectaculaire de
s'approprier son époque»
Oui, le voile n'est pas un acte
de pure soumission, mais d'affirmation de soi, ultra-individualiste, le «droit
des individus à être eux-mêmes», quelle que soit l'absurdité de leur conduite.
S'il n'était qu'un symptôme de domination ancien, il serait plus facile à
combattre. Mais c'est un symbole revendiqué et non subi, à la fois rebelle et
mimétique, comme un phénomène de mode, excentrique et grégaire, une façon
intime et spectaculaire de s'approprier son époque. C'est le costume puritain
d'un autre féminisme, qui exhibe ses prédilections intimes, sexuelles ou
mystiques. C'est un «coming-out» religieux, un «islam pride».
En m'intéressant à ces filles
derrière leur voile, j'y décèle aussi une grande peur du monde extérieur, de la
pression au travail, de la rudesse de la concurrence, de la solitude morale, de
la disparition de la famille. On ne peut isoler le voile de l'échec des
idéologies progressistes. Il est l'expression la plus visible d'une faillite du
monde musulman dans l'accomplissement politique et moral de soi. C'est un
phénomène qui dit quelque chose sur l'impuissance des États modernes face aux
nouveaux maux engendrés par la modernité, aux nouveaux désespoirs liés à la
misère sexuelle, la fin du foyer protecteur, le célibat forcé, l'échec
amoureux, les familles monoparentales, les enfants à moitié orphelins, la
destruction des liens humains, la toxicomanie, le culte de la performance, le
stress de l'entreprise, etc. Les démocraties voient renaître une quête de
restauration, la sanctification de la famille comme valeur refuge. Voilà ce que
dit ce désir «d'islam» dans les sociétés avancées. La religion focalise en elle
tous ces manques.
Vous écrivez aussi que «le
voile est une cendre noire jetée sur la lumière de la tradition», y a-t-il une
vertu de la tradition?
La tradition n'est pas seulement
obscurantisme. Elle est à distinguer de la religion. C'est aussi une narration
pleine de civilité, de douceur, de délicatesse, de souci de l'autre, auxquels
le temps moderne ne fait plus place. Malgré sa grande pacification des guerres
intestines sanglantes, la démocratie a échoué à créer un humanisme entre
l'ancien et le nouveau, elle a détruit les antiques usages de civilité,
sédimentés par des siècles de transmission. La gratuité, l'élan humain, la
spontanéité, le sentiment, la grâce de la relation sont remplacés par un
juridisme impersonnel qui réglemente toutes nos conduites, dans une société de
moins en moins chaleureuse. Le «communautarisme» n'est pas communautaire, c'est
une réaction à l'excès individualiste, un rejet de la solitude absolue.
L'islam, notamment pour ces jeunes filles, est peut-être un moyen de recréer du
lien. La soumission qu'il offre est une lassitude de la liberté.
L'obscurantisme est fixation sur l'origine, mais la tradition est une
esthétique délestée de l'uniformité religieuse. L'obscurantisme fait croire à
un âge d'or qui n'a jamais existé, une utopie de pureté, qu'on veut restaurer
par des moyens cyniques et inhumains. On transforme la tradition en monstre. En
fait, l'idéologie religieuse qu'on l'appelle salafisme ou islamisme déshumanise
plus rapidement la tradition que toutes les transgressions du monde moderne.
Comment jugez-vous la
législation de la France sur le voile?
«Si on interdit le burkini sur
les plages, on risque de démultiplier le voile dans les banlieues, en signe de
réaction»
Le problème est le suivant: je
perdrais ma dignité si on me forçait à mettre un mouchoir sur la tête, et la
fille voilée croirait perdre la sienne si on la forçait à l'enlever. Aucune ne
peut obliger l'autre à faire ce qu'elle réprouve. La dignité est le sentiment
le plus secret, le plus profond du cœur humain. Donc je préfère raisonner en
termes d'efficacité plutôt que de principes. Une législation qui interdirait
complètement le voile peut être justifiée au regard de la lutte historique
d'émancipation des femmes, mais elle n'est pas efficace: elle manque son but,
voire même est contre-productive. Bien sûr, je préférerais ne pas voir de
filles en burqa ou burkini, cela me révolte, me heurte, me bouleverse, mais je
ne crois pas que l'interdiction soit la bonne solution. Si on interdit le
burkini sur les plages, on risque de démultiplier le voile dans les banlieues,
en signe de réaction. En revanche, je suis absolument pour la loi qui interdit
le voile à l'école, car ce sont des mineures, qu'il faut soustraire au diktat
de l'embrigadement des familles ou du quartier. Voiler une petite fille est une
pratique attentatoire à l'enfance. L'État doit la protéger par tous les moyens,
c'est indiscutable.
Beaucoup d'associations
dénoncent dans l'opposition au voile une forme d'islamophobie. Que pensez-vous
de cette notion?
Il faut pouvoir critiquer l'islam
sans subir cet anathème. L'islamophobie s'est développée à la suite de meurtres
de masse commis au nom de l'islam. On a le droit d'avoir peur de conduites
criminelles se revendiquant d'une religion, de s'épouvanter de son message.
C'est une angoisse salvatrice. Mais il faut savoir aussi que la société
musulmane a un visage de douceur que ne connaît plus le monde moderne. En
Tunisie, les habitudes de vie, les cérémonies sociales sont empreintes du vieil
esprit de la cité médiévale, d'un islam profane fait de gestes, de politesse,
d'urbanité, de respect des vieux et d'amour des enfants, de liens, du goût des
autres, indépendamment du dogme religieux. Toute la question est de savoir si
cette tradition sera plus forte, plus résistante, supérieure à l'empire
idéologique de sa destruction.
Y a-t-il selon vous un
problème au fond de l'islam qui sécrète la maladie de l'islamisme?
Les plus érudits des islamologues
se sont cassés les dents sur cette question. On ne peut essentialiser une
religion puisque toutes ont eu leur part d'atrocités dans l'histoire. On peut
simplement tenter d'analyser le décalage temporel entre la psyché des peuples
musulmans et celle des peuples occidentaux sortis de la religion. Le rapport
des temps, anciens et nouveaux, n'a pas trouvé sa correspondance. Une partie de
la population vit encore dans une société où la mort de Dieu est un non-sens,
où la croyance se nourrit de l'imaginaire enfantin du paradis et de l'enfer. Le
travail philosophique du doute ne s'y est pas accompli. En voulant accélérer ce
processus, on provoque une grande violence. Il y a un anachronisme de la
conscience islamique par rapport à la conscience moderne. Est-ce que cela vient
de l'incapacité de l'islam à s'adapter à la modernité, ou de la modernité à ne
plus savoir accueillir avec culture et intelligence les figures de l'ancien? Ou
des deux?
Comment jugez-vous la
situation politique en Tunisie?
La Tunisie a fait une percée
majeure dans la constitution d'un État qui ne sera plus jamais la proie de
l'islamisme radical. Le processus est irréversible, c'est comme la Révolution
française. Avec cette différence que le choix du compromis, c'est-à-dire celui
de n'avoir pas éradiqué par la force le succès politique des islamistes, de ne
pas avoir adopté un discours violemment antireligieux comme l'a fait le premier
nationalisme d'État, a été judicieux. La sagesse a prévalu sur l'idéologie dans
les deux camps. En Tunisie, les islamistes ont eu le pouvoir pendant trois ans,
par les urnes, et leur échec gouvernemental les a disqualifiés. Le peuple a
découvert que la religion ne suffisait pas à résoudre les problèmes quotidiens
des gens. Les islamistes ont compris que les Tunisiens aimaient trop la vie, le
monde, l'esprit du temps, que leur histoire les avait nourris d'une forme
d'épicurisme et de liberté qui ne se soumettrait jamais à l'oppression de la
bêtise fanatique. Cet esprit d'avant-garde vient de s'illustrer par l'annonce
du président Béji Caïd Essebsi d'une réforme du droit successoral, afin
d'abolir l'inégalité entre garçons et filles en matière d'héritage. C'est un
nouveau 13 août révolutionnaire, comme en 1956 !
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"Opérations
bikinis" en Algérie : le mirage de l'été ? (08.08.2017)
La rédaction avec AFP | Le 08 août 2017
Courant juillet, nous avions relayé l'existence
d'«opérations bikinis» en Algérie contre le harcèlement sexuel. Problème :
aucun journaliste algérien ou étranger n'a pu constater la réalité de ces opérations.
Dans la torpeur du mois de juillet, des «opérations bikinis»
contre le harcèlement sexuel en Algérie sont venues agiter, entre autres, les
médias français. Nombre de titres, dont
notre site, ont relayé ces prétendus rassemblements de femmes vêtues
de maillots de bain pour dénoncer les comportements des hommes sur les plages,
et l'extrémisme. «C'est un fantasme des médias étrangers, français en
particulier, pour meubler l'été après le
feuilleton du burkini» en 2016, analyse pour l'AFP Yamina Rahou, sociologue
au Centre algérien de recherche en Anthropologie sociale et culturelle (CRASC).
Tentative d'explications.
Y a-t-il eu des "baignades républicaines" ?
Kamel Medjdoub, chef du bureau de Béjaïa du quotidien El-Watan est
formel : «Aucune 'baignade républicaine' n'a eu lieu» le lundi 7 août à Tichy,
localité balnéaire de Kabylie située près de Béjaïa (250 km à l’est d’Alger).
«C'était une journée ordinaire avec son lot de maillots ordinaires de toutes
sortes», a-t-il assuré par téléphone à l'AFP.
Annoncée sur les réseaux sociaux, cette «baignade
républicaine» était censée faire écho à de prétendues «opérations bikini».
Celles-ci, relatent certains médias algériens, français, italiens ou
britanniques, auraient été lancées en début d'été à Annaba (600 km d'Alger)
pour imposer, par le nombre, les bikinis sur les plages locales. Problème :
aucun journaliste algérien ou étranger n'a pu constater la réalité de ces
opérations. Et pour rappel, le bikini n'est pas interdit sur les plages algériennes.
Comment est née la polémique ?
Tout est parti d'un article d'un journal local de la ville
d'Annaba, Le Provincial, publié le 10 juillet et repris sur les
réseaux sociaux puis dans les médias. Ledit article évoquait «un groupe de 2
876 femmes» qui «s'organise chaque semaine sur les réseaux sociaux pour
protester de manière pacifique en se baignant en maillot de bain sur les plages
de la ville». Protester contre quoi ? Une «campagne» islamiste sur Internet
appelant à photographier les femmes en maillot et les publier en ligne.
Si le groupe Facebook «Quelle plage à Annaba ?» existe bien,
il n'a pas été créé par militantisme probikini mais pour se rendre en groupe
sur la plage afin de se protéger du harcèlement de
certains hommes, a expliqué l'une de ses membres à l'AFP. L'auteure de
l'article initial, Lilia Mechakra, a indiqué à l'AFP avoir «parlé d'un groupe
de femmes de 3 000 membres, sans dire qu'elles allaient à la plage toutes
ensemble». Selon elle, ses propos ont été déformés, puis le chiffre repris
partout sans vérification.
Le harcèlement sur les plages, une réalité ?
Le groupe a été créé non en réaction à une campagne
intégriste mais à l'attitude de nombreux hommes sur les plages, a insisté l'une
de ses membres, Sarah, interrogée par l'AFP. Car si l'ampleur de la «campagne
islamiste» consistant à photographier les femmes en maillot reste à
évaluer, le
harcèlement verbal des femmes sur les plages - ou dans les rues -
d'Algérie, par des dragueurs grossiers ou des professeurs de morale, est une
réalité.
En Afghanistan, les femmes se battent pour avoir un nom avec
le hashtag #WhereIsMyName (02.08.2017)
Par Jenny Che
Publié le 02/08/2017 à 18:19
Des militantes ont lancé une campagne sur les réseaux
sociaux invitant les femmes à réaffirmer leur propre identité. Première étape :
s’approprier leurs noms à elles, et ne plus être “la femme”, “la mère” ou “la
soeur” de quelqu’un.
En Afghanistan, dès qu’une femme sort de chez elle, elle
perd son nom. Au lieu de l’appeler par son prénom ou son nom de famille, voire
celui de son époux, on la désigne en fonction du "statut" des hommes
qui l’entourent. Une femme, c’est ainsi toujours “la mère de”, “la femme de” ou
encore “la soeur de".
Chez le médecin par exemple, on lui prescrit des médicaments
sous le nom du mari afin d’éviter de lui demander le sien. Lorsqu'elle se
marie, on met en avant les noms de son père et du fiancé sur les cartons
d’invitation. Sur les tombeaux, on grave son statut familial et non pas le nom
qu’elle porte depuis sa naissance. Car interpeller une femme en public en
utilisant ce marqueur identitaire fondamental est considéré comme un affront à
l’honneur de sa famille.
Ces pratiques s’inscrivent dans la société patriarcale
afghane où l’on accorde peu d’importance à l’individualité des femmes. Mais les
choses commencent à bouger. Depuis quelques semaines, comme l'a raconté le New
York Times, une campagne réclamant l’usage des noms de femmes dans l’arène
publique fait le tour des réseaux sociaux.
#WhereIsMyName
Lancée par de jeunes militantes, la campagne emploie le
hashtag #WhereIsMyName (“Où est mon nom”) et cherche à faire rentrer les noms
des femmes dans les documents officiels ainsi qu’à inciter les femmes à
réaffirmer leur propre identité. “Les femmes sont considérées comme le deuxième
sexe et la propriété des hommes, explique auprès de Marianne Bahar Sohaili, 30
ans, écrivaine et militante qui fait partie de la campagne. Nous essayons de
prendre en main nos identités et de les libérer”.
Pour cette militante, il s’agit d’interroger les femmes afghanes
sur la question de l’effacement de leur identité, dans ce pays où le nom de la
mère n’est même pas indiqué sur les actes de naissance. “On désigne une femme
par rapport à son mari, son frère ou son enfant. Notre pépiniériste me désigne
toujours par le nom de mon fils. Il m’appelle ‘la mère de Samuel’. En public,
on nous appelle ‘celles aux cheveux noirs’, ‘les faibles’ ou ‘tante’, quel que
soit notre âge”, poursuit Bahar Sohaili.
Cette culture, qui depuis longtemps relègue la femme au
second rang et confie le pouvoir aux hommes, conduit de nombreuses femmes à
garder le silence au lieu de dénoncer ces pratiques. Rien ne leur appartient,
ni leur nom, ni leur corps, ni leurs actions au quotidien… Une photographe de
Kaboul raconte à la Thomson Reuters Foundation la perte totale de contrôle des
femmes au quotidien : “Quand je leur demande de les interviewer ou de les
prendre en photo, elles me disent, ‘Attendez, je vais demander à mon mari, mon
père ou mon frère s’ils me permettent de m’exprimer ou d’être photographiée'”,
raconte Farzanah Wahidi.
"Il faut inciter le gouvernement à mettre le nom de la
mère sur les nouvelles cartes d'identité"
La campagne s’étend sur les réseaux sociaux. Le chanteur
afghan Farhad Darya a fait part de son choix de citer les noms des femmes de sa
famille lors des concerts, malgré les attitudes favorisant le rôle des hommes,
profondément enracinées dans la culture. “Souvent, devant une foule avec
laquelle je ne partage pas de liens familiaux, je remarque le plissement des fronts
des hommes qui me trouvent lâche pour avoir mentionné les noms de ma mère ou de
mon épouse, a-t-il écrit sur Facebook. Ils me regardent comme si j’étais le
plus grand lâche du monde, comme si je ne connaissais rien sur l’honneur et les
traditions afghanes”.
"Tumulte gênant"
Les militantes souhaitent également mobiliser les acteurs de
terrain, notamment au niveau des politiques. “Pour entrer dans le débat
national, il faut inciter le gouvernement à mettre le nom de la mère sur les
nouvelles cartes nationales d’identité électroniques, estime Bahar Sohaili. Ça
permettra de briser le tabou qui pèse sur l’usage des noms des femmes."
Le gouvernement s’est immédiatement montré réticent face à
ces nouvelles attentes. Une porte-parole de la Cour suprême à Kaboul a expliqué
à la Thomson Reuters Foundation que “les gens de la culture afghane n'étaient
pas prêts pour cette étape moderne. Ça pourrait générer un tumulte gênant”.
Pour l’heure, le “tumulte” a seulement envahi les réseaux sociaux.
Céline Pina : « La leçon de liberté des
Algériennes en bikini » (28.07.2017)
- Par Céline
Pina
- Mis
à jour le 28/07/2017 à 16:31
- Publié le
28/07/2017 à 11:43
FIGAROVOX/TRIBUNE - En Algérie, de nombreuses femmes se
réunissent pour réclamer la tolérance quant au fait de porter un bikini sur la
plage. Céline Pina voit dans cette mobilisation un exemple pour toutes les
femmes contraintes de cacher leur corps.
Ancienne élue locale, Céline Pina est essayiste et
militante. Elle avait dénoncé en 2015 le salon de «la femme musulmane» de
Pontoise et a récemment publié Silence Coupable (éditions
Kero, 2016). Avec Fatiha Boutjalhat, elle est la fondatrice de Viv(r)e la République,
mouvement citoyen laïque et républicain appelant à lutter contre tous les
totalitarismes et pour la promotion de l'indispensable universalité de nos
valeurs républicaines.
Lasses d'être harcelées et insultées pour le seul crime
d'oser enfiler un bikini, à Annaba, en Algérie, sur la plage de Seraidi, des
femmes s'organisent pour venir en groupe à la plage afin de porter un maillot-de-bain
sans que cela ne les mette en danger. Ces femmes luttent ainsi contre une
police des mœurs insidieuse qui se met en place, tandis que les autorités
choisissent de détourner le regard. Ne pouvant être protégées par le pouvoir
politique, elles n'ont que leur nombre et leur mobilisation pour tenter de
faire accepter cette simple liberté.
Il faut dire que le mois de ramadan a donné lieu à une
mobilisation militante sur les réseaux sociaux notamment, émanant des
islamistes et des conservateurs, afin de diaboliser le bikini, vu comme une
tenue occidentale, contraire aux valeurs de l'Islam et donc impure. Porter un
maillot de bain devient «être dans le péché», «être nue» et pire vous vaut
d'être mises au ban de l'humanité. C'est ainsi que pour délégitimer cette
émancipation des femmes du carcan patriarcal et religieux, une campagne a été
lancée avec pour slogan: «Je me baigne avec mon hijab, je laisse la nudité aux
animaux».
Une police des mœurs insidieuse
Le port du bikini n'étant pas interdit en Algérie, c'est à
l'autocensure que ces femmes sont invitées. En théorie, elles ont le choix ; en
pratique, ce choix est un leurre. La femme qui veut simplement aller à la plage
en maillot de bain perd son âme, elle est rabaissée au rang de bête. De telles
allégations sont lourdes de violences futures et portent en elles un potentiel
d'agression non négligeable. Après tout, l'homme qui se laisserait aller à ses
bas instincts sur une femme réduite à l'état animal ne commet pas un crime.
Puisque selon ses critères à lui, elle ne se respecte pas, elle sera donc, plus
que lui, responsable de la violence qui lui est faite. La perversion du
raisonnement, pour lamentable qu'elle puisse être, n'empêche pas la violence
ravageuse de ses effets quand de telles logiques imprègnent les mentalités.
Et le problème dépasse la question du port du bikini.
D'après l'interview donnée au journal algérien «le Provençal» par la fondatrice
du groupe, qui pour sa sécurité se présente sous pseudonyme: «Maintenant que
nous avons construit une communauté soudée, nous avons décidé de nous battre
pour imposer nos robes et nos jupes dans les rues de la ville pendant toutes
les saisons de l'année. Au XXIème siècle, même les algériennes ont le droit (…)
de mettre en avant leur féminité sans culpabiliser».
L'injonction à la pudeur islamique comme outil de
négation de la femme
Le combat de ces femmes pour leur émancipation commence par
le corps et tandis qu'elles réclament le droit à être dans l'espace public sans
cacher leur corps derrière un linceul symbolique ou sous des vêtements mettant
en scène leur «pudeur», les néo-féministes françaises, dans la mouvance du
Parti des indigènes de la république et de l'UOIF, ne connaissent qu'un combat
à mener pour libérer les femmes: défendre le port du voile et se faire les
relais de cette prétendue «pudeur islamique» qui n'est que le cache-sexe
dérisoire de la négation de la femme.
Ces femmes en Algérie nous montrent l'ampleur de leur
courage et témoignent, en creux, de l'enfer que devient le fait d'être femme
dans des pays travaillés par le fondamentalisme religieux. Pendant ce temps, en
France, montrer à quel point ce fondamentalisme fait vivre aux femmes un
véritable calvaire et les met en danger, vous vaut les pires accusations de
racisme. La gauche indigéniste, en se couchant devant les revendications de
l'islam politique et les oukases du patriarcat, trahit et abandonne les plus
faibles et les plus fragiles à une idéologie qui les réduits à être les objets
de leur communauté et non des sujets libres, autonomes et désirants. Elle
abandonne la cause des femmes et rentre dans la logique patriarcale et
religieuse où la simple existence d'une différence entre les sexes suffit à
justifier une hiérarchie entre eux.
Qui veut faire l'ange, fait la bête
L'aboutissement d'une telle palinodie est remarquablement
incarné par le sémillant Justin Trudeau, premier ministre du Canada. Désireux
de refondre complètement le Guide de citoyenneté, qui est remis à chaque
individu voulant immigrer au Canada, il y a fait ôter un avertissement
soulignant que certaines «pratiques culturelles barbares» telles que les crimes
d'honneur et l'excision du clitoris étaient considérées comme des crimes au
Canada. Non que ces pratiques aient été totalement éradiquées, elles
connaissent plutôt un regain mal venu, mais parce qu'il estime que dire que
lapider les femmes adultères, exciser les jeunes filles, commettre des crimes
soi-disant «d'honneur» est barbare, pourrait être ressenti comme une offense
par les musulmans. Or je crois que c'est la position même de Justin Trudeau sur
ce dossier qui est offensante pour les musulmans.
Justin Trudeau fait preuve d'une condescendance qui n'est
autre qu'une forme sophistiquée du mépris.
Une amie croyante à qui j'en parlais s'est étouffée de rage
et de colère: «Mais pour qui nous prend-il? Ce n'est pas respecter l'autre que
de penser qu'il est incapable de sortir de pratiques criminelles, ou de
considérer que là où certains sont capables de grandir en civilisation,
d'autres n'ont d'autres identités que l'obscurantisme et la barbarie. Et puis
nous ne sommes pas tous soumis à la propagande wahhabite. Cela ne lui est pas
venu à l'idée que pour certains et surtout pour certaines, nous pouvons désirer
venir en occident pour partager les libertés qui y sont accordées? Pourquoi
serions-nous voués à ne souhaiter que la régression?» En supprimant cette
mention pour ne pas soi-disant offenser les musulmans, Justin Trudeau fait
preuve d'une condescendance qui n'est autre qu'une forme sophistiquée du
mépris. Pire même, pour donner des gages aux plus radicaux militants de l'Islam
politique, il abîme l'image des migrants de confession musulmane et livre les
femmes à l'oppression, pour peu qu'elle soit présentée sous un vernis culturel:
c'est ainsi que dans le pays du multiculturalisme triomphant, l'excision n'est
plus un acte barbare, mais une tradition devant laquelle on se doit de
s'abstenir de tout jugement.
Or ces mutilations qui pèsent sur les femmes ont un but très
précis: les cantonner à une fonction de reproductions et nier leur sexualité et
pour s'assurer le contrôle des ventres. La femme n'est ainsi respectable qu'en
devenant mère et en se cantonnant à sa fonction biologique. C'est ainsi que se
met en œuvre la trilogie primitive de la domination: privation de libertés,
privation de l'accès au savoir et privation d'accès à toute fonction
d'autorité. Et plus ce système archaïque et répressif vomit la femme, plus il
vénère la mère. Ces mères qui deviennent souvent le plus sûr verrou de la
transmission du pouvoir patriarcal et qui jouent un rôle prépondérant dans
l'aliénation des filles. En reprenant le pouvoir sur leur corps, en réclamant
le droit à la féminité, les baigneuses algériennes nous montrent ce qu'est une
vraie lutte féministe. Hélas, si ces bains collectifs deviennent un happening
politique et féministe, c'est avant tout parce qu'elles ne peuvent pas compter
sur le pouvoir politique pour défendre l'égalité entre les sexes.
Les inégalités femmes-hommes à la base de toutes les
discriminations
Car s'il y a bien un point qui nous réunit, de part et
d'autre de la Méditerranée, c'est le fait que les politiques n'ont pas
suffisamment conscience de l'importance du problème de l'inégalité
femmes-hommes. Il faut relire l'anthropologue Françoise Héritier: cette
inégalité est à la base de toutes les discriminations, de tous les racismes,
elle est la source à laquelle ils puisent leur justification. Tant que certains
hommes refuseront l'égalité en droit aux femmes, alors l'idée que la différence
doit se traduire en hiérarchie et en domination trouvera toujours une
justification. Elle est d'abord sexuelle, puis elle sera ethnique,
confessionnelle, sociale… et on pourra toujours compter sur le surplomb
religieux pour la fournir.
Bien sûr toutes ces femmes qui se battent pour simplement
pouvoir aller en maillot-de-bain à la plage ne traduisent pas leur révolte en
revendication politique consciente, mais elle est pourtant là. Et nous devrions
nous inspirer d'elles et rappeler à nos représentants la force du message
contenu dans cette réappropriation de l'espace public par les femmes d'Annaba,
car les forces politico-religieuses qui ont fait régresser les libertés et ne
leur permettent plus d'exercer leurs droits sans se mettre à plusieurs pour se
protéger, sont aussi à l'œuvre chez nous.
La rédaction vous conseille
Droits des femmes et laïcité : deux combats inséparables (13.07.2017)
Publié le 13/07/2017 à 12:50
Djemila Benhabib
Ecrivaine et militante politique québécoise d'origine
algérienne.
Le collectif Femmes sans voile d’Aubervilliers s’est
mobilisé récemment, le 10 juillet, pour célébrer la Journée mondiale des femmes
sans voiles. Cette initiative destinée à raviver la solidarité avec des femmes
musulmanes contraintes de se couvrir de la tête au pied dans plusieurs pays
nous invite également à faire notre propre examen de conscience. S’agissant des
voiles, qu’en est-il chez nous? Encore heureux que des femmes soient nombreuses
à résister en Iran, en Arabie saoudite ou en Afghanistan, à cette oppression
des corps qui augure une autre oppression, cette fois-ci plus large, celle des
sociétés dans leur ensemble. Il suffit, d’ailleurs, de s’attarder à leur statut
pour mesurer l’état de la démocratie. En effet, la condition des femmes nous
renseigne sur les forces en présence, les blocages politiques et les tensions
sociales existantes. Car l’imposition des voiles s'accompagne, trop souvent, de
l’interdiction de penser, de créer, de chanter, de danser, de dire, d’écrire ou
d’exercer du sport. Et que dire de leur liberté de conscience?
Sur le terrain du contrôle de la tête, du corps et de la
sexualité des femmes, les régressions sont nombreuses. Dans nos démocraties, le
harcèlement de rue gagne du terrain, le voilement des filles prépubères est
désormais une réalité et le voile intégral (bien que pour l’instant marginal)
connaît une percée significative. Malheureusement, ces phénomènes existent sans
qu’on y prête véritablement attention. Pourtant, il va bien falloir prendre le
taureau par les cornes et poser des gestes concrets à moins de vouloir fermer
les yeux sur ces tristes réalités. A moins que nous soyons carrément devenus
indifférents au sort de nos semblables.
En France, plusieurs incidents survenus, ici et là, révèlent
que la présence des femmes dans l’espace public reste un enjeu significatif.
Baisser le regard, se camoufler dans des vêtements amples et couvrants, presser
le pas ne les protègent pas des violences. Certes, le harcèlement de rue n’est
pas un fléau comme en Égypte tel qu’illustré dans le film Les Femmes du Bus 678
mais la crispation à leur endroit est palpable. A La Chapelle, quelques femmes
ont exprimé leur ras-le bol de se faire fusiller du regard, insulter, tripoter
et elles ont été dénoncées par certains comme affabulatrices ou racistes. Des
situations semblables ont été signalées dans d’autres villes comme Marseille et
Lyon. Marlène Schiappa, la secrétaire d’État aux droits des femmes, a annoncé
faire de la lutte contre le harcèlement de rue une “priorité gouvernementale”.
Paradoxalement, cette dernière a ouvert la porte à une grande ambiguïté en
déclarant que « l'égalité femmes-hommes doit tenir compte de la spécificité des
territoires ». Ce qui suscite en nous de vives inquiétudes. L’égalité entre les
femmes et les hommes sera-t-elle à géographie variable dans notre République?
Il y a quelques semaines à Saint-Denis, un homme a battu une
femme en hurlant: « Toi, toi, la salope, la pute, la connasse ! », rapporte le journal de la ville qui écrit: « Fatima n’a pas le temps de réagir. L’homme lui
décoche une droite. De toute sa hauteur, de tout son poids. Un coup de poing au
visage, en pleine mâchoire ». Les coups ne viennent pas toujours d’hommes
“enragés” titillés dans leur virilité. Certains politiciens développent des
attitudes machistes allant dans ce sens. Il est même étonnant que quelques
jours après cette terrible agression survenue sur la terrasse d’un restaurant
du centre-ville, un conseiller municipal stigmatise sur les réseaux sociaux les
femmes qui fument en public et qui portent des jupes.
Chose encore plus surprenante, cet élu du Front de gauche,
Madjid Messaoudene, « délégué à l’Égalité femme/homme », affiche une grande
hostilité à l’égard des femmes qui expriment des idées contraires aux siennes.
Sa dernière cible en date est une principale de collège de sa ville contre
laquelle il a porté plainte auprès du procureur pour une publication facebook
prétendument diffamatoire à son endroit. C’est peu dire que les positions
laïques et républicaines de la principale, Véronique Corazza, indisposent l’élu
de gauche, bien connu pour son activisme racialiste et pro-islamiste au sein de
la nébuleuse des Indigènes de la République. L’histoire a fait grand bruit et a
même divisé le conseil municipal. La principale peut compter sur le soutien de
nombreux citoyens de Saint-Denis, quelques élus, et plusieurs organisations
laïques et féministes qui y voient une stratégie d’intimidation. La section
locale du Parti socialiste a déploré cette situation. Le maire communiste quant
à lui, ne voit dans les agissements de “son protégé” aucune entorse.
La volonté d’apaiser et de sécuriser les femmes dans
l’espace public passe par le respect de la laïcité, surtout en cette époque
marquée par un militantisme religieux agressif et prosélyte qui se niche dans
le communautarisme et le détournement de la lutte contre le racisme.
Rappelons-le encore une fois, la laïcité n'est ni un dogme ni une idéologie, ni
une valeur ni une opinion. C'est un cadre philosophique, politique et juridique
qui rend possible l'exercice de l'ensemble des libertés dont nous jouissons. La
lutte contre le harcèlement de rue doit impérativement se faire en adéquation
avec le respect de la laïcité. S'il veut vraiment réussir, le gouvernement doit
mener ce combat-là sur ces deux fronts.
Signataires :
André Gomar pour l’Observatoire de la laïcité de Saint-Denis
;
Annie Sugier, Ligue du Droit International des Femmes ;
Betty Lachgar, M.A.L.I. Mouvement Alternatif pour les
Libertés Individuelles ;
Céline Pina, Viv(r)e la République ;
Christian Gaudray, Président de l’UFAL (Union des familles
laïques) ;
Damien Pernet, bureau national de l’UFAL ;
Djemila Benhabib, écrivaine ;
Françoise Laborde, PFDM « Pour les femmes dans les médias »
;
Françoise Morvan, Présidente de la CLEF – Coordination
française pour le Lobby Européen des Femmes ;
Henda Ayari, Les Libératrices ;
Laurence Marchand Taillade,
Observatoire de la laïcité du Val d'Oise ;
Jean-Pierre Sakoun pour le Comité Laïcité République ;
Martine Cerf, EGALE (Égalité- Laïcité-Europe) ;
Nadia Benmissi et Nadia Ould Kaci, Femmes sans voile
d’Aubervilliers ;
Nadia el-Fani, cinéaste ;
Nasser Ramdane Ferradj, Collectif musulman-e laïque contre
l'islamisme ;
Nathalie Martinez, metteur en scène ;
Rémi Richelet, Esprit Laïque ;
Roger Cordier, Comité 1905 Rhône-Alpes ;
Sémira Tlili, LaïcArt, Soad Baba-Aissa, A.M.E.L (Association
pour la Mixité, l’Egalité et la Laïcité).