La théorie de l’Antichrist islamique est une théorie d’eschatologie chrétienne apparue vers 2005. Elle s’oppose à l’interprétation traditionnelle qui voit l’Antichrist comme un dirigeant mondial issu d’un empire romain reconstitué, dont le calcul du nom avec la méthode de la gematria obtient le nombre de la Bête « 666 », associé avec une fausse religion mondiale dont le siège est à Rome, la ville aux sept collines. La plupart des différents scénarios imaginés dans le temps s’appuient sur la théorie de la bête romaine. La théorie de l’Antichrist islamique démontre que cette interprétation est incohérente avec les textes bibliques et propose une nouvelle voie d’interprétation. Les principaux auteurs qui ont développé cette théorie sont Walid Shoebat, Joël Richardson, Fabrice Statuto et Simon Altaf. D’autres auteurs (1) et sites internet (2) relaient cette théorie, essentiellement en anglais.
Walid Shoebat est un Palestinien ex-musulman, ex-terroriste, converti au christianisme en 1993. Il réside maintenant aux États-Unis et est expert en lutte antiterroriste. Il étudie et interprète la Bible avec un regard d’Oriental. En lisant la version grecque du livre de l’Apocalypse dans le Codex Vaticanus écrit 350 ans après J.C (3), il y découvrit une croix formée par deux sabres entrecroisés suivis par deux mots qu’il pouvait lire en arabe : « Au nom d’Allah » (4). Ces 2 sabres symbolisent le djihad islamique, on les retrouve également sur l’emblème du Hamas, de la confrérie égyptienne des « Frères musulmans » ou sur le drapeau d’Arabie Saoudite. Or dans la version grecque, ces mots sont transcrits par la juxtaposition de trois symboles semblables à la séquence grecque « 600-CHI, 60-KSI, 6-STIGMA » soit « 600+60+6 » ou encore « 666 » dans les traductions occidentales. Selon lui, la marque de la bête est donc la marque du djihad islamique. Il publia ses études dans le livre « Why I Left Jihad : The Root of Terrorism and the Return of Radical Islam » chez Unabridged en 2005 et dans « GOD’S WAR ON TERROR. Islam, Prophecy and the Bible » (5) écrit avec Joël Richardson, en 2008 (Top Executive Media). Son site : Shoebat.com
Le Mahdi et Issa, le Jésus islamique.
Joël Richardson est un juif messianique canadien. Il est frappé par les similitudes entre l’eschatologie islamique et l’eschatologie chrétienne. Les musulmans attendent un personnage, le Mahdi, qui sera accompagné d’un Jésus islamique de retour sur terre, qui viendra convaincre les chrétiens que l’islam a raison, qu’il n’est jamais mort ni ressuscité, qu’il n’est pas le fils de Dieu non plus. Comparé aux prophéties bibliques, le Jésus islamique correspond au faux Christ biblique, et le Mahdi à l’Antichrist biblique. Ce qui implique que la religion qui s’oppose au peuple saint des derniers temps est l’islam. Il publie cette comparaison en 2009 dans « The Islamic Antichrist : The Shocking Truth about the Real Nature of the Beast » chez WND Books Puis il expose de façon claire et académique l’ensemble de la théorie et ses principes herméneutiques dans « Mideast Beast: The Scriptural Case for an Islamic Antichrist » (6), chez WND Books en 2012. Il vient de publier récemment « Mystery Babylon: Unlocking the Bible’s Greatest Prophetic Mystery » (6) en 2017. Son site : www.joelstrumpet.com
Principaux points de la théorie.
Pour comprendre les prophéties de la Bible il faut considérer que ces écrits sont issus du Moyen Orient et sont centrés sur Jérusalem et sur les régions alentour, et non sur les États-Unis ou sur Rome. Le quatrième mystérieux empire décrit par le prophète Daniel doit être un empire centré sur Babylone comme les trois précédents et les recouvrant, puisqu’il s’agit, comme la statue du roi de Babylone, de la continuation de la même entité. Selon lui, un seul empire dans l’histoire a réalisé cela, ce n’est pas l’Empire romain, mais l’empire ottoman. Cet empire « mortellement blessé » en 1923 est en train de « revenir à la vie » (Apocalypse 13:1-3) via le terrorisme islamique et la résurrection d’un islam conquérant et expansionniste. Les prophètes de l’Ancien Testament ont décrit toutes les nations ennemies du peuple saint : Élam, Assyrie, Syrie, Amon, Moab, Édom, Égypte, Cush, Puth, Javan, Tyr et Gaza (Esaïe 18 à 23, Ézéchiel 38, Psaumes 83). Littéralement aucune nation européenne ou occidentale n’est mentionnée. Toutes ces nations sont actuellement islamisées. l’Antichrist dans les prophéties s’appelle « l’Assyrien » (Ésaïe 10:5-12 et Michée 5:6), « la petite corne » (Daniel 8:8-9) ou encore « le roi du Nord » (Daniel 11:40).
L’équation biblique.
Fabrice Statuto est aussi juif messianique et français. Il a commencé ses propres recherches depuis 2009 et présenté ce qu’il appelle « l’équation biblique ». La bête de l’apocalypse qui « monte de la mer » (Daniel 7:3, Apocalypse 13:1), c’est-à-dire des peuples et des nations, est la résurrection simultanée et la réunification des quatre empires décrits par le prophète Daniel Cette ultime bête ressemblera à un lion, un ours et à un léopard (Apocalypse 13:2). Pour exister, elle a besoin de faire revivre pendant un temps les quatre empires (ou bêtes) décrits dans le chapitre 7 du livre de Daniel pour faire renaitre un ultime royaume uni via la même religion (l’islam), la même monnaie (le dinar), la même langue (l’arabe), la même loi (la charia). Il publia « El islam en las profecías bíblicas » (7) en 2012 en espagnol puis en français. Il vient de sortir « L’Antichrist, vers un Djihad Mondial » en 2016 aux Éditions Omega (8).
La relation entre la mosquée du Mont du Temple et le sanctuaire de l’Éternel.
Fabrice Statuto défend aussi la thèse que le troisième temple ne sera pas reconstruit avant l’arrivée du Messie. Selon ses études sur les textes araméens du livre de Daniel et les textes grecs du nouveau testament (9), pour se faire lui-même égal à Dieu, l’Antichrist siègerait dans le sanctuaire de l’Éternel, une pierre sacrée considérée dans le judaïsme comme le « Rocher de la Fondation », une grande pierre qui se trouve actuellement à l’intérieur de la mosquée nommée « Le Dôme du Rocher ». Son site :www.islam-bible-prophecy.com
Importance.
Une nouvelle théorie peut paraitre suspecte par sa nouveauté même. Sauf si elle correspond à ce secret scellé (Daniel 12.9) que même Daniel ne pouvait connaître, mais réservé à ceux qui vivront les événements de la fin. Si nous comprenons donc ces prophéties, c’est donc que nous sommes dans les temps de la fin. Alors que ceux qui s’appuient sur l’interprétation classique attendent des signes qui ne sont pas encore là, la grille d’interprétation de la théorie de l’Antichrist islamique permet de voir que les prophéties commencent à se dérouler sous nos yeux. L’implication pratique de cette théorie est de nous amener à porter nos regards sur l’actualité du proche orient avec une attention redoublée d’une part, et d’autre part à œuvrer avec zèle dans le domaine de l’évangélisation du monde musulman.
M.C. Collas.