Tariq Ramadan a payé une femme pour qu’elle taise leur « relation » (04.04.2018)
Affaire Ramadan: une des plaignantes agressée par des hommes masqués (03.04.2018)
Tariq Ramadan accusé d'avoir menacé le jury pour obtenir sa thèse (10.03.2018)
>Pascal Bruckner : «Tariq Ramadan rêvait d'une conquête pacifique de l'Europe» (05.02.2018)
Anne Sinclair reçoit une vague de soutiens après son tweet sur l'affaire Tariq Ramadan (05.02.2018)
Affaire Ramadan: une des plaignantes agressée par des hommes masqués (03.04.2018)
Tariq Ramadan accusé d'avoir menacé le jury pour obtenir sa thèse (10.03.2018)
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Tariq Ramadan : le récit de celle qui a fait basculer l’affaire (02.02.2018)
Comment Tariq Ramadan envoûtait ses élèves (10.11.2017)
Tariq Ramadan, l’idéologue derrière le professeur
(09.11.2017)
L’islam et les tartufes (09.11.2017)
La gauche genevoise sonnée et mutique (09.11.2017)
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A Genève, la défense calculée de Tariq Ramadan (08.11.2017)
Accusations de viol
et d'agression sexuelle : l'étau se resserre sur Tariq Ramadan (30.10.2017)
Tariq Ramadan
accusé de viol : « Il m’a étranglée si fort que j’ai pensé que j’allais mourir
» (30.10.2017)
Tariq Ramadan, un
intellectuel de l'islam controversé (30.10.2017)
Tariq Ramadan, l’image fracassée (29.10.2017)
Une victime
présumée de Tariq Ramadan : «Il a abusé de mes faiblesses» (28.10.2017)
Une deuxième femme
accuse Tariq Ramadan de viol (27.10.2017)
Tariq Ramadan a payé une femme pour
qu’elle taise leur « relation » (04.04.2018)
Majda Bernoussi, une Belge d’origine marocaine, dénonçait
sur Internet l’« emprise psychologique » qu’avait l’islamologue sur
elle.
Le Monde.fr avec AFP | 04.04.2018 à 21h43
L’islamologue Tariq Ramadan a passé en 2015 un accord
avec une Belge d’origine marocaine pour qu’elle cesse, en échange de 27 000
euros, ses révélations publiques sur leur « relation », a
fait savoir la justice belge,
mercredi 4 avril, confirmant des informations parues sur le site
d’information français Mediapart et dans l’hebdomadaire belge Le
Vif.
Une contrepartie financière de 27 000 euros
En mai 2015 a été prononcé à Bruxelles un jugement public
entérinant un accord entre Majda Bernoussi et Tariq Ramadan. Cette dernière,
qui ne l’accusait pas de viol, dénonçait en revanche sur Internet son emprise
psychologique et une relation destructrice.
L’accord « prévoit que Majda Bernoussi retire
ses publications sur le Web et cesse d’en publier de
nouvelles, moyennant une somme d’argent donnée par Tariq Ramadan », a
rapporté à l’AFP Luc Hennart, président du tribunal de première instance de
Bruxelles.
Les deux parties ont promis de ne plus avoir de contacts,
et Majda Bernoussi de « ne plus envoyer des
messages injurieux et/ou menaçants » à l’islamologue suisse et
à « ses proches », faute de quoi elle devrait s’acquitter
de « dommages et intérêts de 500 euros par violation »,
écrit Mediapart.
La convention comporte une contrepartie financière, selon
Mediapart. Tariq Ramadan s’est engagé, « à titre transactionnel »,
à lui verser une somme
totale de 27 000 euros : 15 000 euros sous la forme d’un premier paiement de 3
000 euros puis de mensualités de 1 500 euros, qui viennent s’ajouter à 12 000
euros déjà payés à l’occasion « d’une précédente convention ».
« Les montants avancés par Mediapart correspondent à
la réalité », a confirmé M. Hennart.
Ramadan visé par trois plaintes pour viol
Tariq Ramadan, 55 ans, qui a longtemps été une figure
médiatique et influente de l’islam en Europe,
est incarcéré en France depuis sa mise en examen pour
viols, en février, dans l’enquête ouverte à la suite des
plaintes de deux femmes à la fin d’octobre.
Au début du mois de mars, une troisième
femme a porté plainte, disant avoir subi de multiples viols entre 2013 et
2014. Tariq Ramadan conteste ces accusations.
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/societe/article/2018/04/04/tariq-ramadan-a-paye-une-femme-pour-qu-elle-taise-leur-relation_5280749_3224.html#KtXGucFCh2k3tFWI.99
Affaire Ramadan: une des plaignantes
agressée par des hommes masqués (03.04.2018)
03/04/2018 à 16h03
Tariq Ramadan fait l'objet de trois plaintes pour des
violences sexuelles. - AF
Les faits se seraient déroulés le 25 mars dans le hall de
l'immeuble de cette femme de 45 ans qui a porté plainte au début du mois pour
des faits de violences sexuelles remontant à 2013 et 2014.
La
troisième plaignante dans l'affaire Tariq Ramadan, surnommée
"Marie" dans les médias, a déposé plainte la semaine dernière pour coups
et menaces de mort. Cette femme affirme, auprès de BFMTV, avoir été
agressée dans le hall de son immeuble à Lille le 25 mars dernier au
soir par deux personnes.
Selon le témoignage de Marie, ses
agresseurs avaient le visage dissimulé sous un casque de moto.
Ces deux hommes l'auraient rouée de coups, volé son téléphone, et
aspergée d'eau en la menaçant de revenir "avec de l'essence" la
prochaine fois, raconte cette femme de 45 ans. Elle a déposé plainte pour
"viols" le 7 mars dernier auprès du parquet de Paris contre
l'islamologue suisse.
Menaces quotidiennes
La plaignante, qui a dénoncé une série de violences
sexuelles subies de février 2013 à juin 2014, à Paris, Lille,
Londres et Bruxelles, affirme que ses agresseurs n'ont pas mentionné le nom de
Tariq Ramadan. Mais la quadragénaire y voit une vengeance après sa plainte du 7
mars alors qu'elle reçoit, depuis, des menaces quasi quotidiennement par
téléphone ou sur les réseaux sociaux.
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Selon la plainte déposée par cette femme, elle aurait fait
la rencontre de l'islamologue suisse sur Facebook. Vivant une période difficile
à l'époque, elle raconte avoir été mise en confiance par Tariq Ramadan, s'être
confiée auprès de lui avant de subir des violences sexuelles de février 2013 à
juin 2014. L'islamologue suisse est sous le coup de deux autres plaintes pour
des faits similaires et mis
en examen dans le cadre de ces deux affaires.
J.C. avec Alexandra Gonzalez
Tariq Ramadan accusé d'avoir menacé le jury pour obtenir sa thèse(10.03.2018)
Selon le magazine Le Point, Tariq Ramadan a
bien reçu un doctorat de lettres en islamologie arabe à l'université de
Genève. Mais il aurait pour cela vivement insisté.
Tariq Ramadan, qui s'est présenté à de nombreuses reprises
comme "professeur de philosophie et d'islamologie à l’université de
Fribourg (Suisse)", aurait usurpé ces titres universitaires, révélait lundi 5 mars le Point. D'après
l'hebdomadaire, alors que de premières informations accusant Tariq Ramadan
d’être un "faux professeur" circulaient dans la presse, le député
Xavier Ganioz, vice-président du Parti socialiste fribourgeois, a demandé
des explications à l’université de Fribourg le 26 février dernier.
Du "forcing" pour obtenir sa thèse?
Cette dernière a affirmé que Tariq Ramadan avait simplement
présenté un exposé sur l’islam une fois par semaine, à titre bénévole, et qu’il
n’était ni professeur, ni même assistant. "L’université de Fribourg
n’est pas responsable des titres académiques qui ont été attribués
à M.Ramadan après son départ en 2004", s’est défendu le
rectorat.
Dans un deuxième article publié ce samedi 10 mars, Le
Point va plus loin et revient sur les conditions d'obtention de sa
thèse en islamologie arabe à l'université de Genève. À l'époque, Tariq
Ramadan avait décidé d'étudier Hassan al-Banna, son grand-père, le fondateur
des Frères musulmans. Mais selon son directeur de thèse,
Charles Genequand, l'intellectuel musulman aurait fait
du "forcing" pour obtenir son diplôme, comme l'explique Le Point. Charles Genequand insiste
notamment sur le fait que Tariq Ramadan ne mentionnait pas dans son travail les
violentes campagnes antisémites menées par la Confrérie. Il lui aurait
donc demandé d'apporter de multiples corrections à son travail en 1994. Ce que
l'élève aurait refusé.
Une "théorie du complot"
Il aurait même "harcelé les membres du jury pour
obtenir [sa thèse] au plus vite", précise Ian Hamel, auteur
du livre La Vérité sur Tariq Ramadan Sa famille, ses
réseaux, sa stratégie, qui signe également cet article du Point. Toujours
selon le journaliste, il va jusqu'à "menacer un autre membre du jury, Ali
Merad, professeur émérite à l'université de la Sorbonne
Nouvelle Paris-III". Conséquence, trois membres du jury
démissionnent. Pour se défendre, Ramadan aurait invoqué la théorie du
complot. "Il se lance dans la théorie du complot: c'est parce
qu'il est arabe que l'université lui refuserait
sa thèse!", insiste Le Point.
C'est finalement grâce au soutien du sociologue
Jean Ziegler, à l'époque député socialiste au niveau fédéral, et de son épouse Erica Deuber-Ziegler,
députée communiste au parlement genevois, et à leurs soutiens respectifs que
l'université aurait finalement cédé.
Une version contestée
Un second jury est alors constitué et la thèse
intitulée "Aux sources du renouveau musulman. D'al-Afghâni
à Hassan al-Banna, un siècle de réformisme islamique"est acceptée en
1999. Mais le jury ne lui accorde pas la mention "très
honorable", "ce qui signifie en langage universitaire que les portes
des facultés de Suisse sont fermées à Tariq Ramadan", indique Le
Point. Mais présenter bénévolement un exposé d'une heure par semaine à
l'université de Fribourg lui ouvre tout de même les portes des universités
en France.
Reste que cette version est contredite par Tariq
Ramadan. Dans Faut-il faire taire Tariq Ramadan?, il
assure que Charles Genequand a été désavoué. "Le doyen de
l'époque et le collège des professeurs lui ont donné tort sur sa gestion du
dossier et ont demandé la reconstitution d'un jury", assure-t-il.
Pascal Bruckner : «Tariq Ramadan rêvait d'une
conquête pacifique de l'Europe» (05.02.2018)
FIGAROVOX/ENTRETIEN - Sans préjuger de son avenir
judiciaire, l'écrivain décrit l'islamologue comme un redoutable prédicateur
devenu maître dans l'art du double discours.
Si Bruckner ne veut rien dire de l'affaire qui a plongé
Tariq Ramadan dans la tourmente, il connaît avec précision les méthodes et la
doctrine du prédicateur. À l'entendre, elles méritaient à elles seules une
vigilance de tous les instants. Selon lui, l'islamologue a parfaitement intégré
le progressisme européen pour mieux l'utiliser au service d'un islam politique
et radical. C'est par cette méthode qu'il est parvenu à joindre à ses combats
une partie de la gauche libérale comme la gauche anticapitaliste.
LE FIGARO.- Si la mise en examen pour viols de Tariq
Ramadan tient de la chronique judiciaire, son impact va bien au-delà...
Pascal BRUCKNER.- Le vrai scandale ne réside pas
seulement dans les accusations dont il est l'objet, et qui seront ou non
confirmées, il est dans les complicités idéologiques dont il a bénéficié depuis
vingt ans, dans la cécité des élites européennes à son égard. Tariq Ramadan a
vite compris qu'il fallait attaquer l'Europe par son flanc progressiste,
séduire une gauche en plein désarroi, toujours prête aux acrobaties
idéologiques pour se consoler de la perte du prolétariat alors que les
conservateurs, ancrés dans les traditions, seraient plus durs à convaincre. Le
seul homme politique qui l'ait démoli à la télévision en 2003, c'est Nicolas
Sarkozy! Il suffisait de lire ses livres ou d'écouter ses discours pour
comprendre les ambiguïtés de sa doctrine. S'il a vraiment commis les
actes décrits par ses victimes, alors ce moralisateur qui n'avait que
le mot vertu à la bouche est d'une duplicité vertigineuse. Il me fait penser au
pasteur psychopathe de La Nuit du chasseur de Charles Laughton avec Robert
Mitchum (1956). À gauche, seule Caroline Fourest avait osé l'attaquer
dans Frère Tariq paru en 2004, dénonçant le double jeu du
prédicateur, livre qui lui avait valu insultes, menaces de mort et ricanements
des esprits forts.
Vous avez débattu avec lui…
Une première fois en 2004 à propos de la loi sur le voile
islamique. Il m'avait dit: «Que faites-vous de la pudeur des femmes?», je lui
avais rétorqué: «Que faites-vous de la pudeur des hommes? Pourquoi ne pas les
coiffer d'un fichu Dior ou Hermès?» Je l'ai revu à Genève à la fin du mois
d'avril 2017: il n'avait pas modifié d'un iota ses positions. Je lui ai demandé
s'il avait réfléchi depuis 2003 à ses déclarations insensées sur la lapidation
des femmes face à Nicolas Sarkozy (il avait demandé un moratoire!), il m'a
répondu «vous n'allez pas recommencer avec ça!». Il a aussi dans une vidéo
défendu les mutilations génitales féminines au nom du respect de la tradition.
Tariq Ramadan, c'est l'homme qui a dit au moment des attentats: «Je ne suis ni
Charlie ni Paris, je suis perquisitionnable.» En d'autres termes, qu'importent
les morts, le scandale, c'est que la police tente de traquer les terroristes.
Son fond de sauce idéologique est simple: l'islam est victime toujours et en
tous lieux, quoiqu'il fasse, même quand, en son nom, des fanatiques tuent,
assassinent, massacrent.
L'AFP l'a pudiquement qualifié de «théologien suisse».
Quelle est sa place dans l'islam européen?
Il est à mon sens l'un des leaders des Frères musulmans en
Europe. Celui de la reconquête pacifique de l'Europe par la prédication après
la perte de l'Andalousie en I492 et la défaite des armées ottomanes devant
Vienne en I683. Ramadan a su concilier avec talent la rhétorique
anticapitaliste sans sacrifier la doctrine islamiste. Il est un télévangéliste
en terre infidèle, capable de donner des gages aux Kafir («mécréants») pour
mieux avancer ses pions. Élégant, éloquent, il a été l'homme de la synthèse
entre une interprétation rigoriste de sa religion et un accommodement avec les
incroyants.
«L'aveuglement des Anglo-Saxons sur l'islam politique est
effrayant»
Tel un miroir, il réfléchissait chaque fois l'opinion de ses
interlocuteurs, accordant à chacun ce qu'il en attendait. Il se donnait même la
générosité de défendre le christianisme (notamment les crèches dans les
mairies) tout en expliquant que la France était d'ores et déjà un pays
musulman. En
février 2016, au congrès de l'UOIF, il proclamait: «La France est
une culture maintenant musulmane. La langue française est une langue de
l'islam. Vous avez la capacité culturelle de faire que la culture française
soit considérée comme une culture musulmane parmi les cultures musulmanes.»
C'est toute l'habileté des Frères musulmans par rapport aux djihadistes que de
défendre la patience, l'entrisme, le combat culturel, la démographie, le djihad
par la persuasion.
Il a été le conseiller de Tony Blair…
L'aveuglement des Anglo-Saxons sur l'islam politique est
effrayant. Pour eux, la religion du prophète est parfaite, le terrorisme n'a
rien à voir avec elle. Aux États-Unis comme en Angleterre, attaquer Tariq Ramadan
vous valait encore récemment une accusation de racisme. Aujourd'hui même, la
«féministe» Joan Scott et l'éditorialiste au New Yorker Adam
Shatz, tous deux francophobes rabiques, osent écrire que le procès intenté à
Ramadan flatte l'«islamophobie» des Français. Souvenons-nous que l'université
d'Oxford lui a attribué une chaire (payée par le Qatar). En France, la gauche
de la gauche s'est également fourvoyée à ses côtés: Alain Gresh, ancien
directeur du Monde diplomatique, Edgar Morin sans oublier Mediapart totalement
inféodée et qui tente aujourd'hui, de dénégations en contre-feu, de s'en
dégager.
» LIRE AUSSI - UOIF,
Frères musulmans, salafisme: le dessous des cartes
Il faut reconnaître à Tariq Ramadan un talent indéniable: il
est capable de lancer la pire perfidie avec le sourire et de jouer avec finesse
sur la nature humaine. Il s'agissait presque d'un phénomène d'envoûtement. Je
me souviens d'une vidéo éloquente, lors d'un meeting contre «l'islamophobie»
quelques jours après les attentats de Charlie et de l'Hyper Cacher. Ramadan
accueillait Edwy Plenel sous les applaudissements, l'inondait de compliments et
Plenel se contorsionnait, ronronnait comme un vieux matou. J'ai admiré ce
savoir-faire. Flatterie et caresse, emprise et magnétisme. Mohamed Louizi, cet
ingénieur qui vient de publier une note passionnante pour laFondapol, a
quitté Mediapart pour son allégeance aux Frères musulmans.
La une de Charlie sur Ramadan au mois de novembre leur
avait valu insultes et menaces…
Charlie a été un formidable révélateur d'une certaine gauche
qui ne sait plus à quel intégriste se vouer pour imaginer un avenir radieux. L'offense
faite au prêcheur puis la semaine suivante la remise en cause d'Edwy
Plenel, coupable
de n'avoir rien dit et rien vu, a poussé ce dernier à la faute et à se
comparer aux résistants de la Seconde Guerre mondiale contre Vichy. Le monde à
l'envers! Après quoi nous avons vu la pétition des 150 pour défendre Mediapart :
Thomas Piketty, Caroline de Haas, Edgar Morin, entre autres. Quelle misère!
L'éclipse de Ramadan, qui n'a aucun successeur digne de ce nom - Marwan
Muhammad du CCIF (Comité contre l'islamophobie en France), n'a ni son talent ni
sa combativité - est une catastrophe pour le courant fondamentaliste comme pour
l'ultra-gauche, tous deux orphelins de leur gourou. Les «rouges verts» sont en
deuil. C'est aussi une excellente nouvelle pour l'islam de France, enfin
débarrassé de ce faux prophète: le prédicateur Tariq Ramadan n'était pas moins
dangereux que le (présumé) prédateur.
* Auteur notamment de Un racisme imaginaire,
Grasset, 2016 .
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Ramadan et le silence des compagnons de route de l'islamisme
Anne Sinclair reçoit une vague de soutiens après son tweet sur
l'affaire Tariq Ramadan (05.02.2018)
Par Chloé
Friedmann | Le 05 février 2018
Après avoir retweeté le témoignage d’une victime présumée de Tariq
Ramadan, la journaliste a été la cible d’insultes sexistes et antisémites sur
les réseaux sociaux.
«Hallucinant. Glaçant.» Ce sont
les termes utilisés par Anne Sinclair, ce samedi sur Twitter, pour qualifier le
témoignage de «Christelle», victime présumée de Tariq Ramadan, recueilli par la
journaliste Marion Van Renterghem pour Vanity Fair. Deux termes qui lui valent depuis les foudres du réseau social.
Pour rappel, le théologien musulman a été mis en examen pour viols
avant d'être placé en détention provisoire, ce vendredi. Dans le même temps, le
susdit témoignage publié dans les colonnes de Vanity Fair, raconte la terrible soirée vécue par
Christelle, enfermée, selon elle, dans la suite de l'islamologue, et victime de
multiples sévices infligés par ce dernier.
Sa rencontre avec « Christelle »: l’article de @MarionVanR dans @VanityFairFR sur Tariq Ramadan.
Hallucinant. Glaçant. https://twitter.com/elisabethhachet/status/959415528799469568 …
Si le tweet d'Anne Sinclair peut paraître inoffensif, il n’a pas manqué de faire réagir certains soutiens de Tariq Ramadan. Ceux-ci ont notamment attaqué la journaliste sur son passé avec Dominique Strauss-Kahn, mis en examen pour viol en 2011. Outre les commentaires sexistes suscités par le post, Anne Sinclair a également essuyé de nombreuses insultes antisémites.
Alliés
Depuis, l’ancienne présentatrice du «7 sur 7» de TF1 a reçu le soutien
de membres de la sphère politique, bien décidés à contrer les propos haineux de
ses détracteurs. À l’instar de l’ancien premier ministre Manuel Valls,
soucieux de venir en aide à celle qu’il qualifie de «formidable journaliste» et
désireux de «combattre cet antisémitisme qui gangrène notre société». Le
sénateur socialiste David Assouline a également réagi sur Twitter, affirmant qu'Anne
Sinclair «incarne beaucoup ce qu’ils haïssent : femme, juive, humaniste,
antiraciste, intelligente, grande journaliste».
Soutien à @anne_sinclair
face au déferlement d’insultes antisémites et sexistes des amis de T.Ramadan
sur la toile. Elle incarne beaucoup ce qu’ils haïssent : femme, juive,
humaniste, antiraciste, intelligente, grande journaliste.
À lire bien entendu..et ne pas oublier que suite à ce commentaire de @anne_sinclair il a eu un flot de
tweets anonymes et de haine à son égard .Cela nous oblige plus que jamais à
combattre cet antisémitisme qui gangrène notre société...et à soutenir cette
formidable journaliste! https://twitter.com/anne_sinclair/status/959724997072875521 …
Un avis partagé par Henda Ayari, l’une des deux femmes qui a porté plainte contre Tariq Ramadan, et le philosophe Raphaël Enthoven qui dénonce les doubles discours : «Chers couillons qui (au motif qu'elle-même était mariée à #DSK) insultez @anne_sinclair pcq elle attaque #Ramadan, qu'auriez-vous dit si elle avait pris sa défense ? Quoi qu'elle dise, vous dénoncerez un double discours. En cela, c'est votre discours qui est double.»
Chers couillons qui (au motif qu'elle-même était mariée à #DSK) insultez @anne_sinclair pcq elle attaque #Ramadan,
qu'auriez-vous dit si elle avait pris sa défense ?
Quoi qu'elle dise, vous dénoncerez un double discours.
En cela, c'est votre discours qui est double. https://twitter.com/anne_sinclair/status/959724997072875521 …
Quoi qu'elle dise, vous dénoncerez un double discours.
En cela, c'est votre discours qui est double. https://twitter.com/anne_sinclair/status/959724997072875521 …
L'auteure de l'article, Marion Van Renterghem, s'est également insurgée contre «ceux qui n'existent que par leur grossièreté». Touchée par cette vague de soutiens, Anne Sinclair s’est fendue d’un tweet reconnaissant ce dimanche. Pour remercier ses alliés, et souligner l’importance d’une telle «solidarité».
Madame je suis atterrée des commentaires suite à votre post. Vous êtes
tellement digne et respectable que j’ai honte pour les imbéciles qui écrivent
des horreurs. Ainsi vont les réseaux sociaux. Je suis fière de vous admirer et
être à votre écoute. Respect Madame
Ce sont des petits minables misogynes qui n’ont rien compris et
n’existent que par leur grossièreté. Nous sommes solidaires de vous @anne_sinclair
Sa rencontre avec « Christelle »: l’article de @MarionVanR dans @VanityFairFR sur Tariq Ramadan.
Hallucinant. Glaçant. https://twitter.com/elisabethhachet/status/959415528799469568 …
Vous avez mon soutien !
Je veux remercier ici tous celles et ceux qui m’ont manifesté leur
soutien et leur solidarité devant un déferlement d’injures. J’y ai été très
sensible.
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Tariq Ramadan : le récit de celle qui a fait basculer l’affaire
(02.02.2018)
Tariq Ramadan a été mis en examen
pour viols et écroué vendredi soir. Le professeur d’Oxford qui fascina une
partie de la gauche et de la communauté musulmane françaises est visé par la
plainte de deux femmes. L’une d’elles, « Christelle », est venue le
confronter dans les locaux de la police judiciaire, jeudi 1er février. MARION
VAN RENTERGHEM l’a longuement rencontrée. Nous publions ici une partie de son
enquête à paraître dans la prochaine édition de Vanity Fair, en kiosque le 21
février.
Elle avait l’air d’une folle. La
capuche de son manteau noir rabattue sur la tête, les yeux flous, habillée
n’importe comment avec un pull informe qu’elle n’enlevait plus la nuit et un
pantalon de survêtement qui aurait pu être un pyjama. Elle ne se lavait plus,
ne se coiffait plus, ne se regardait plus dans la glace. Un après-midi du mois
de novembre 2009, elle arrive avec sa béquille devant un commissariat de Lyon, près
de chez elle. Sur le chemin, pour garder courage et ne pas changer d’avis, elle
se répète en boucle la formule qu’elle est décidée à leur dire. Deux policiers
sont postés à l’entrée. Elle s’approche et leur récite sa phrase comme un
robot : « Je viens porter plainte. J’ai été violée par Tariq Ramadan.
» Ils la toisent de haut en bas et s’échangent un petit regard en coin
qu’elle prend pour un sourire moqueur. Elle baisse la tête, fait volte-face et
repart en clopinant sur sa béquille. Après coup, elle les comprend. Comment
croire que cette traînée avait été violée par un grand intellectuel, star des
plateaux de télévision, si distingué avec sa barbe coupée ras et ses costumes
Armani, si bel homme et si beau parleur que les plus ravissantes doivent tomber
à ses pieds comme des mouches ?
Un peu plus de huit ans après,
l’annonce de la garde à vue de Tariq Ramadan lui vaut des SMS de félicitations. Nous
avions rendez-vous quelques semaines plus tôt dans la ville du Sud où elle se
cache et elle me racontait ce premier dépôt de plainte raté. Je l’ai vue
arriver de loin, dissimulée derrière ses grosses lunettes de soleil et toujours
appuyée sur une béquille. Un vieil accident de voiture lui a écrasé la rotule
droite, puis une chute dans les escaliers a achevé de la déglinguer. «
J’apprends à vivre avec la douleur », lance-t-elle tandis que nous nous
dirigeons lentement à pied vers la grande place.
Une fois installée au café, elle
paraît solide, presque gaie. Une force de la nature, dirait-on, s’il n’y avait
parfois ces yeux qui s’embuent, cette bouche qui se fige sans pouvoir
continuer. Devant un croque-monsieur, elle pose à plusieurs reprises la question
qui la poursuit depuis toutes ces années : « Pourquoi moi ? » Elle
ajoute : « Et dire que j’ai cru en sa sincérité. Ma naïveté paraît
ridicule, je sais. Je me suis fait avoir comme une débutante, mais c’était
retors et ficelé comme un scénario bien rodé. »Elle raconte tout, photos,
échanges écrits et documents à l’appui – e-mails, SMS, images qu’elle fait
défiler sur son portable. On parle pendant près de six heures, la première
fois. D’un coup, son visage se plisse de douleur. Elle craque. «
J’arrête là. Je ne peux plus. » Elle sanglote. « Il m’a
salie. Pour toute ma vie, je serai celle qui s’est fait pisser dessus. C’est
cette honte qui m’a réduite au silence pendant des années. »
Jusqu’ici, elle était restée sans
visage. Les médias l’ont affublée d’un pseudonyme qu’elle ne s’est pas choisi,
« Christelle ». Le 27 octobre 2017, elle a à son tour porté plainte pour
viol, une semaine après Henda Ayari, qu’elle n’a jamais rencontrée.
Celui qu’elles accusent n’est pas n’importe qui : un brillant intellectuel
suisse, enseignant à Oxford et né dans une famille notable d’Égyptiens immigrés
à Genève, un prédicateur en vogue à l’idéologie controversée qui fut l’icône
d’une partie de la gauche, de la communauté musulmane et de la galaxie
antisystème françaises, pour ne pas dire un maître à penser : Tariq
Ramadan. La condamnation qu’il encourt n’est pas seulement judiciaire.
L’homme qui harangue les foules depuis plus de trente ans pour prêcher la vertu
et l’exemplarité de la pratique islamique apparaît en décalage total avec son
magistère religieux, intellectuel et moral.
Au café de la place, Christelle
me décrit la chambre où a eu lieu « la scène », un jour de
l’automne 2009 à l’hôtel Hilton de Lyon. La date se retrouve facilement. Le
programme annonçant la conférence avec Tariq Ramadan dans une salle du
boulevard des Canuts, le 9 octobre à 20 h 30, est toujours mentionné sur le
forum « Manifestations et conférences Solidarité Palestine » du site de la
grande mosquée de Lyon. Thème : « Le vivre ensemble, l’islamophobie, la
Palestine ». Selon le récit de Christelle, elle a pris un café avec Tariq
Ramadan au bar de l’hôtel avant la conférence. Gêné par les regards indiscrets,
celui-ci lui a proposé de poursuivre la conversation dans sa suite. «
Il m’a dit : “Il y a un bureau et j’ai des coups de téléphone à donner.”
» Il recevait, en effet, des tas d’appels de journalistes qui lui
demandaient de réagir à l’attribution du prix Nobel de la paix à Barack Obama, le jour même. Ils montent donc, elle par
l’ascenseur, lui par l’escalier. Dans sa jeunesse suisse, Tariq était un
excellent footballeur et il est resté tonique. Christelle est entravée par sa
satanée béquille et une attelle à la jambe droite. « La chambre était
un peu cachée, tout au bout d’un renfoncement du couloir, dit-elle. Quand
je suis arrivée, il était déjà là. »
Sur mon cahier, au café, je
dessine un rectangle pour le lit. Elle le gribouille à coups de croix et de
gros points pour indiquer le coin droit sur lequel elle s’est assise pour
étendre sa jambe, la télévision en face, la bouilloire à gauche. Et là,
l’homme, à qui elle tourne le dos avant de le voir, apparaît soudain, la
chemise sortie du pantalon et le visage méconnaissable. « J’étais
glacée d’effroi. Il était droit comme un “i”. Il avait des yeux de fou, la
mâchoire serrée qu’il faisait grincer de gauche à droite. Il avait l’air habité
comme dans un film d’horreur. Terrifiant, terrifiant, terrifiant. » Ce
qui suit, explique Christelle, est d’une violence rare. Coups sur le visage et
sur le corps, sodomie forcée, viol avec un objet et humiliations diverses,
jusqu’à ce qu’elle se fasse entraîner par les cheveux vers la baignoire et
uriner dessus, ainsi qu’elle l’a décrit dans sa plainte. Elle me montre une
photo d’elle juste avant leur rencontre où elle est gironde et attrayante. Et
une autre, juste après. Elle est méconnaissable. Son visage, tuméfié, a doublé
de volume. Elle soupire : « Voilà ce qui m’est arrivé. »
Mais comment s’assurer qu’elle dit la vérité ? Comment prouver un viol dans l’intimité d’une chambre d’hôtel où l’on est entrée de son plein gré ? Avec l’espoir d’en savoir plus, j’ai passé un certain temps dans la salle d’attente de Me Yassine Bouzrou, début janvier. L’avocat de Tariq Ramadan m’avait donné rendez-vous à son cabinet parisien à côté de la place Saint-Michel. Il n’est pas venu, ne s’est pas excusé et n’a plus répondu à mes messages ensuite. Au téléphone, lors d’une brève conversation pour fixer une date, il avait feint de ne pas savoir qui était Christelle. Puis : « Ah oui ! Vous parlez de celle qui s’est fait violer dans une chambre d’hôtel et a attendu que son violeur revienne sans appeler au secours ? » Son ironie dubitative donne une idée de ce qui sera une ligne de défense : comment croire que Tariq Ramadan, marié, père de quatre enfants, érigé en musulman modèle et qui prêche la vertu islamique pour tous, donnerait des rendez-vous à des jeunes femmes qu’il n’a jamais vues pour le simple plaisir de les abuser ? Serait-il assez fou pour risquer de perdre tout ce qu’il a construit pendant des décennies ? Pourquoi passerait-il des mois à monter des plans alambiqués pour violer une femme avec une béquille et une attelle alors que des filles l’attendent à la sortie des conférences ? « Je sais, ça paraît dingue, reconnaît Christelle. Même moi j’ai du mal à y croire. »
"PAS UN BAISER DE
CINÉMA"
Tariq Ramadan, sept ans après le
viol dont l'accuse l'une de ses plaignantes, « Christelle ».
© DR/ Mehdi Fedouach-AFP
Elle a les yeux pétillants, les
cheveux bruns rassemblés en queue-de-cheval, un jean et un chemisier sage
classiquement noué au cou par une lavallière. Elle parle vite, sans détour et
sans apitoiement, avec un grand souci de la précision. Ce n’est pas une femme
qu’on remarque pour sa beauté. Elle part facilement dans des éclats de rire et
des moqueries, y compris envers elle-même. Par moments, elle s’effondre.
Enfance dans une famille chrétienne de la classe moyenne des environs de
Versailles. Une sœur aînée, une mère normande qui la traînait en poussette dans
les musées, un père normando-martiniquais, cadre d’entreprise, artiste à ses
heures et aux méthodes d’éducation strictes, à l’ancienne. Christelle ne
fichait pas grand-chose à l’école, mais passait les étapes sans effort, surtout
en maths, jusqu’au bac. À 14 ans, elle est marquée par sa lecture du Prince de
Machiavel, « pour sa lucidité froide et mathématique sur le fonctionnement
des êtres humains ». À 15 ans, par Le Discours de la méthode de
Descartes et L’Art de la guerre de Sun Tzu. «
Ma sœur était en prépa HEC, je lui piquais ses livres. »
Elle ne veut toujours pas
dévoiler son nom, mais consent pour la première fois à donner une photo d’elle
que nous publions. « J’ai mes lentilles de couleur, on ne va pas me
reconnaître avec ça, estime-t-elle. Si vous voyiez l’imam
intégriste que vénèrent les jeunes hommes de mon quartier, vous comprendriez
pourquoi je n’ai pas trop envie de montrer ma tête. Ce n’est pas de Tariq
Ramadan que j’ai peur, mais des ramadiens : complètement lobotomisés et
persuadés de bien faire, ils pourraient me planter un couteau au nom d’Allah.
» Ces jeunes disciples, elle dit les reconnaître à leur style «
petit bourgeois de bonne famille, barbe très courte, chemise, pull à col en V,
mocassins » – tout comme leur maître. Avant qu’elle ne parte se
réfugier dans la ville où nous discutons, elle a subi leurs menaces. Elle a
reconnu l’un d’eux sur une des photos transmises aux policiers, au milieu d’un
petit groupe de jeunes entourant Tariq Ramadan. « Si tu continues, tu
finiras suicidée dans la Seine très vite », lui a glissé un autre dans la
rue. « Celui-ci avait plutôt la quarantaine et m’a fait plus
peur, dit-elle. C’est lui qui m’a incitée à changer de ville.
»
Comment devient-on une « amie »
de Tariq Ramadan ? Quand Christelle fait sa connaissance, au cours de l’année
2009, il a 47 ans ; elle, 36. Il est au sommet de son ascension et elle, au
plus mal. L’accident de voiture qui l’a handicapée est le début d’une descente
aux enfers. Elle qui pratiquait le sport à haute dose – athlétisme, rugby,
handball, danse moderne – doit tout arrêter. Elle n’a pas d’enfant et se sépare
de l’homme avec qui elle vivait dans le sud de la France. Elle grossit. Sa
petite entreprise de création de sites Web périclite. Les fins de mois sont une
hantise. Elle dégringole. Les rares personnes qu’elle fréquente sont des
camarades d’infortune croisés au centre d’action sociale ou à la caisse
d’allocations familiales. Elle se lie d’amitié avec les plus démunis : des
immigrés pour la plupart, souvent musulmans. Les femmes s’occupent d’elle, lui
apportent des makrouts et des baklavas. Certaines lui glissent discrètement des
prières sous la porte et lui vantent « les joies de l’islam et de la
solidarité islamique », selon les mots de Christelle, qui ne demande alors
qu’à s’y jeter. « Va à la librairie Tawhid, lui dit une de
ses nouvelles copines. Il y a tout. » Le magasin, à Lyon,
appartient aux éditions du même nom et vend, jusqu’aux moindres cassettes, les
œuvres complètes du grand prédicateur. « Il faut que tu lises Tariq
Ramadan, ma sœur », lui conseille un employé de Tawhid. « J’avais
envie d’y croire. J’étais à fond », raconte-t-elle. Christelle a des
facilités intellectuelles, un côté surdoué dont elle paye le prix : sa
capacité à lire vite et à mémoriser accélère d’autant plus sa radicalisation.
Elle engloutit les livres à grande vitesse et sans modération, dort peu la
nuit. « J’ingurgitais tous les jours des paquets de hadiths et les
différentes éditions du Coran en boucle, écrites et audio – et même en dormant,
car il m’avait dit que ça attirait les anges protecteurs pendant mon sommeil.
Il y a quelque chose là-dedans qui hypnotise. C’est monocorde, c’est lancinant
comme un bruit de fond. On relit, on relit, on relit et ça te rentre dans le
crâne sans que tu t’en rendes compte. »
Elle dévore plusieurs livres de
Ramadan, s’abonne à sa page Facebook pour s’informer des derniers écrits. «
Un contenu assez simpliste, une écriture parfois ampoulée. Ça se lit vite. Pas
besoin de culture, c’est accessible à un maximum de monde. Ça a du charme parce
qu’on croit apprendre des choses et que ses écrits sont comme ses paroles : il
y a plusieurs niveaux de lecture. Chacun peut y entendre ce qu’il a envie. On
devient vite fan. » Elle respecte les interdits qui envahissent son
quotidien. Ne pas écouter de musique, ne pas sortir seule, ne pas se maquiller
– « ça, c’est pour les putes ». Elle tente de respecter à la
lettre les préceptes de La Citadelle du musulman, petit guide des
prières à réciter en toutes circonstances. En 2008, elle prononce sa chahada,
la profession de foi de l’islam. Pas compliqué. On peut être chez soi, il
suffit de répéter trois fois la phrase sacrée : « Il n’y a de Dieu que
Dieu et Mahomet est son prophète. » Avec le recul, elle se dit que
c’était plus facile que d’annoncer : « J’ai été violée par Tariq
Ramadan. » La voilà convertie. À l’islam, et bientôt à Tariq. «
Je n’avais plus de défense, plus rien du tout. J’étais en état de détresse, en
dépression totale. Je voulais une réponse tout de suite. »
LES HONNEURS DE L'UNIVERSITÉ
D'OXFORD
Le 31 décembre 2008, elle est
seule chez elle. Pour égayer son réveillon, elle envoie un message collectif de
bonne année à tous ses contacts Facebook. L’un d’eux lui répond immédiatement.
C’est Tariq Ramadan. « Merci, c’est très gentil. Je suis tout seul en
déplacement et ça me fait plaisir. »Christelle est sceptique. Ça ne peut
pas être le grand Ramadan en personne qui lui écrit. Un chargé de com’, sans
doute. Dans ses souvenirs, elle lui répond en ces termes : « C’est
vous qui gérez votre compte ? » Lui : « Oui, c’est moi. » Elle
: « C’est ça, mon œil ! » « Si, si, c’est moi », insiste le
messager qui allume sa caméra pour lui faire voir sa tête. Elle a des doutes,
prend une capture d’écran. Sur la photo, il a un œil fermé. Elle la montre à une
amie qui confirme : « Oui, c’est bien Ramadan ! »Commence une
correspondance, puis des appels. « Il m’apportait des connaissances
continuelles sur la politique, la religion, les discriminations, la société,
tout ce qui m’intéressait. » Elle devient ramadienne, comme d’autres
sont raéliens. Elle l’admire, le respecte, suit tous ses conseils, croit tout
ce qu’il dit. Normal : il la protège ; il veut son bien. « Ça me
faisait plaisir que le plus grand érudit en islam francophone s’intéresse à
moi. Il était incroyablement courtois et attentif, exigeait que je sois
disponible quand bon lui semblait. Il me remontait le moral, me donnait envie
de me battre – enfin, je le croyais. J’avais dix, vingt messages par jour,
entre 5 heures du matin et minuit. » Elle se remémore les plus
sentimentaux : « “J’espère que la rosée fraîche du matin te réveille
en douceur, ma princesse. J’admire ton courage.” J’étais coincée chez moi, je
ne faisais que parler avec lui, il n’y avait plus que lui qui existait. C’est là
qu’a commencé la descente aux enfers. »
En ce début d’année 2009 où
Christelle se débat avec la dépression, Tariq Ramadan a atteint un objectif
crucial : il est devenu respectable. Il est l’intellectuel musulman le plus
connu en Europe et, honneur suprême, il est parvenu à acquérir, après avoir été
« chercheur associé », le titre de professeur d’études islamiques
contemporaines dans l’un des plus prestigieux établissements de la planète
: Oxford. Il s’est installé à l’ouest de Londres dans le paisible
et cossu quartier d’Ealing, puis à Wembley, avec sa femme – une Bretonne
convertie à l’islam – et leurs quatre enfants. À Oxford, Ramadan est en réalité
l’obligé de l’émir du Qatar qui finance à coups de millions de dollars le
Middle East Centre, un département d’études du St Antony’s College. Peu
importe : c’est une splendide carte de visite pour cet islamologue perçu
comme sulfureux au point d’avoir été interdit de séjour en France en 1995.
Rarement un intellectuel, le sens de la parole, sa stratégie et ses objectifs
cachés auront été compris de manière si opposée par les uns et les autres. De
quel islam Ramadan est-il le nom ? Certains entendent la douce musique d’un
réformateur modéré, porte-parole d’une religion qui se veut adaptée au contexte
européen, capable de réconcilier avec la société les jeunes immigrés en colère.
D’autres décèlent, sous l’harmonie apparente, les notes musclées d’un
prosélytisme intégriste. L’essayiste Caroline Fourest dénonce
depuis des années le « double discours » du prédicateur.
Les nombreux témoignages de femmes à l’encontre de Tariq Ramadan donnent une
autre résonance à cette thèse. Avril 2009. Christelle et Tariq s’installent
dans une conversation quotidienne, par téléphone ou sur Skype. Elle a trouvé en
lui l’honnête homme cultivé et pédagogue qui convient à son désir fou
d’apprendre, un guide intellectuel et spirituel, un maître. Ils parlent sans
cesse islam, politique, économie. Selon ses souvenirs, Tariq lui explique
que « les frères et les sœurs doivent investir les postes-clés en
médecine, en politique, à tous les niveaux ». Et aussi qu’il lui faudra
s’engager pour la cause. « On cherche des femmes un peu cultivées
capables d’écrire. Si tu es ma femme, il faudra que tu t’investisses, que tu
portes le hijab. » Il lui fait apprendre « les cinquante
fois », le manifeste en cinquante points de Hassan Al-Banna qui
dresse l’inventaire des injonctions des Frères musulmans : « Revoir
le programme scolaire offert aux jeunes filles et s’assurer qu’il diffère de
celui des garçons à plusieurs étapes de leur éducation », «
considérer sérieusement la mise sur pied d’une police des mœurs (hisba)
responsable de punir ceux qui transgressent ou attaquent la doctrine islamique
», « donner au journalisme une orientation appropriée et
encourager les auteurs et les écrivains à approfondir les sujets islamiques »...
Selon Christelle, Ramadan lui enseignait d’autres commandements « non
écrits ». Notamment celui de « mentir aux kouffars » –
aux non-croyants, sur le principe de la taqîya, l’art de ne pas éveiller les
soupçons. Chaque fois qu’il a été interrogé sur cette éventuelle «
stratégie du mensonge », Tariq Ramadan s’en est vivement
indigné.
Certaines phrases qu’il
prononçait lui reviennent en mémoire dans le désordre. Il évoque souvent son
grand-père, Hassan Al-Banna, dont il parle comme d’un saint homme
et dont il lui envoie des textes. Il lui propose de faire du recrutement actif
auprès des kouffars. Il lui demande : « Serais-tu prête à te battre
pour Allah, pour tes frères et tes sœurs de Palestine ? » Christelle
répond sans hésiter : « Oui, je suis prête à mourir pour lui. » Elle
traite de « sale kouffar » sa sœur, qui ne la reconnaît
plus.
Septembre 2009. La relation
devient plus sérieuse – au téléphone et sur Skype, toujours. Avec la pudeur
d’une jeune convertie, Christelle le prévient que son objectif n’est pas de
flirter, mais d’avoir une vie de couple et un enfant. D’après elle, Ramadan
propose alors de l’épouser en lui assurant qu’il est « séparé
factuellement » de sa femme – l’expression l’intrigue, sans plus. Sur
Skype, il lui montre sa main : « Tu vois, je n’ai plus d’alliance. » Il
l’invite à venir vivre avec lui à Londres. Elle s’occupera de ses enfants. À
l’entendre, il lui propose cette chose abracadabrante à laquelle personne ne
croirait – sauf elle, qui n’a plus aucune distance avec ce prince charmant
téléphonique : avant de se marier devant l’imam, ils vont faire un «
mariage temporaire » sur Skype ! « Il m’a dit que ses
études islamiques lui donnaient le droit de le faire », jure-t-elle. La
cérémonie aurait eu lieu le 6 septembre, sur Skype. Elle me montre les captures
d’écran qu’elle a prises ce jour-là (« tellement j’étais émue »). On
ne voit que le visage concentré du futur marié, ainsi que les rideaux et un
aperçu du mobilier de sa chambre d’hôtel à Rotterdam où il se trouvait, juste
avant une intervention publique. Une fois « provisoirement mariée »,
Christelle commence à mettre son appartement en cartons. « Tout était
prévu : il devait venir à Lyon le 9 octobre pour une conférence. Dans la
foulée, on irait se marier à la mosquée de la ville – il s’était arrangé avec
l’imam. Le lendemain, il repartirait pour Londres et je le rejoindrais quand
j’aurais fini de tout régler. J’avais regardé le prix des billets, prévenu ma
sœur, récupéré des cartons de déménagement... » Elle reste
pensive. « Des mois de mensonges. Il m’a monté le bobard du siècle.
Pourquoi ? Par goût du défi ? Par plaisir ? Par jeu ? Et moi, dans quel
état je devais être pour tomber dans ce truc énorme ? »
9 octobre 2009. Christelle attend
Tariq au bar en bas de l’hôtel Hilton (devenu le Marriott) qui donne sur une
voie rapide le long du Rhône. Les fiancés de Skype vont se voir « en vrai »
pour la première fois. Le récit de la jeune femme est rigoureux. Elle insiste
sur chaque détail. Ce jour-là, elle a détaché ses cheveux, mis une robe noire
nouée au cou par une lavallière et s’est un peu pomponnée : « De mes
années versaillaises, j’ai gardé un style très classique », note-t-elle.
Il arrive. Pas de bise. Il s’assied, lui prend la main délicatement, la retire,
sourit, lui parle d’une voix très douce. La conférence a lieu deux heures plus
tard. Ils évoquent le mariage qui suivra à la mosquée. Il y a ce téléphone qui
sonne à cause du prix Nobel d’Obama. Et à l’accueil, un jeune homme qui les
fixe du regard. Tariq a peur des photos : « On va boire un thé dans
ma suite, comme ça, je réponds à ma secrétaire, je prépare mes papiers et on
part à la conférence. » Ils montent. Le lit, la télé, la bouilloire,
la tasse, la table de nuit. La porte qu’il l’empêche d’atteindre. Coups de
pied, gifles au visage, aux seins, coups de poing sur les bras et le ventre.
Elle pleure. Elle hurle. Elle l’entend : « Plus tu vas crier, plus ça
va m’exciter et plus je vais cogner donc un conseil : ferme-la. » Puis,
comme dit Me Bouzrou, Christelle « attend que son violeur revienne ». Il
serait en effet parti à sa conférence en emportant les vêtements de la jeune
femme dans un sac avec ces mots : « Sois sage. Je donne des
instructions. Si tu fais quoi que ce soit, je serai immédiatement averti et ça
se passera mal. » Elle reste prostrée. Elle n’en dit pas plus.
Tariq Ramadan à un rassemblement
de l'UOIF au Bourguet en avril 2012.
© ABACA
LES CONSEILS D'ALAIN SORAL
Elle était amoureuse, elle
devient obsédée, animée par la haine et la vengeance. L’étrange message qu’il
lui adresse le lendemain ne l’apaise pas. Elle en fait une capture d’écran
: « J’ai senti ta gêne... Désolé pour ma violence. J’ai aimé. Tu veux
encore ? Pas déçue ? » Entre visites à l’hôpital et plainte avortée
au commissariat, elle multiplie les recherches sur Internet. Le nom de Ramadan
apparaît dans un arrière-monde crapoteux : cette constellation de blogs et de
sites nourris de thèses conspirationnistes sur les forces occultes du «
système ». L’establishment leur donne les noms de « fachosphère » ou de «
muslimsphère », quand eux-mêmes se désignent plus noblement comme « la
dissidence ». Dans ce fourre-tout idéologique, les ego l’emportent sur les
alliances, les rapprochements finissent en insultes, les amis d’un jour
deviennent des ennemis acharnés et c’est dur à suivre. Mais un dénominateur
commun tient son rang de manière persistante et sert de mot d’ordre fédérateur
: l’accusation des « sionistes », euphémisme pour dire la haine des Juifs
sous couvert d’opposition à Israël, d’antilibéralisme et d’antimondialisme.
Dans cet univers souterrain, Tariq Ramadan est parfois détesté, parfois adulé,
mais souvent un point de ralliement. En tout cas, son nom est fréquemment cité.
En avril 2009, alors que la
relation téléphonique entre Christelle et Tariq battait son plein, a eu lieu,
au Bourget, le XXVIe congrès annuel de l’Union des organisations islamiques de
France (UOIF). Christelle le suit de près. Deux candidats aux élections
européennes ont choisi ce lieu symbolique pour lancer la campagne de leur Parti
antisioniste : le polémiste Dieudonné et Alain Soral,
figure phare de l’antisémitisme et patron du site sulfureux aux millions de
visiteurs, Égalité & Réconciliation. Accueillis chaleureusement
au Bourget, Soral et Dieudonné sont filmés en compagnie d’un Tariq Ramadan
aussi souriant qu’amical. Pour celui qui avait enfin atteint la consécration à
Oxford, le film qui circule abondamment sur Internet fait désordre et il estime
préférable de s’en justifier par écrit : « Alors que je signais des
ouvrages, Dieudonné et Soral sont passés devant le stand. Ils se sont arrêtés
et nous avons eu un échange de quelques minutes. » Christelle lui
demande naïvement : « Pourquoi tu n’assumes pas cette rencontre ? » Elle
s’entend répondre : « Les gens ne sont pas prêts encore, pas assez
éclairés. Cela pourrait porter préjudice à mon travail pour la cause. Plus
tard. Je garde mes distances avec eux. Mais va voir le site de Soral, c’est le
seul qui ose dire les choses sur le lobby sioniste. Il ouvre les yeux sur
l’emprise que les sionistes ont sur la France. »
Christelle finit par en être
convaincue. « Ramadan me parlait toujours des sionistes, des Juifs, du
dîner du Crif [Conseil représentatif des institutions juives de France],
raconte-t-elle. Que tout était complot, que j’étais espionnée par les
RG, que je devais reformater mon ordinateur toutes les semaines... J’ai fini
parano. Les Juifs, “ils”, dirigeaient tout. Pour travailler dans les médias, la
politique, le cinéma, il fallait être juif. Il disait que mes malheurs de
basanée venaient de là. Il jouait une corde sensible chez moi en évoquant mes
ancêtres esclaves : la traite négrière, c’était les Juifs. Les bateaux qui les
transportaient, les Juifs. Il m’a rentré cette paranoïa dans le crâne. »
Quand elle se retrouve accrochée
à son écran d’ordinateur, après l’agression, Christelle tombe sur des vidéos «
anti-Ramadan » d’Alain Soral. Allez savoir pourquoi, dans le va-et-vient
irrationnel des amitiés conspirationnistes qui se font et se défont, le patron
d’Égalité & Réconciliation s’est retourné contre le prédicateur. Il le
décrit comme un agent de « l’empire », ce bloc « américano-sioniste » qui
expliquerait les malheurs de l’humanité. Christelle lui envoie un message sur
sa page Facebook avec son numéro de téléphone. Il la rappelle. « J’ai
déjà été contacté par deux autres femmes, je te crois », lui aurait-il
dit, ajoutant lors d’un autre appel : « J’ai besoin de tes documents.
» Christelle refuse. « Ça, jamais ! Ils sont mon assurance
vie. » La repartie d’Alain Soral aurait alors été celle-ci : «
Va te faire foutre pauvre paumée, sale tarée ! » Soral n’a pas
répondu à ma demande d’entretien. « Il s’est mis à rire, poursuit
Christelle. Il m’a dit : “Rien ne sortira. J’ai contacté Ramadan.” Je
ne sais pas quel accord ils ont passé. »
Elle contacte un autre tribun de
« la dissidence » : Salim Laïbi, un chirurgien-dentiste
marseillais qui s’était présenté aux élections législatives de 2012 dans sa
ville, avec le soutien conjoint de Soral et Dieudonné. Sur son site Le
Libre Penseur, dans lequel il montre sa passion de l’actualité et des
grandes théories explicatives, souvent sur le pouvoir des fameux « lobbys »,
il se déchaîne contre Ramadan qu’il accuse de « supercherie totale en
matière d’islam ». Apparemment très renseigné, il évoque souvent la
sexualité peu islamique de Tariq Ramadan. En 2012, Laïbi recueille ainsi les
confidences de Henda Ayari, qui prend également contact avec Alain
Soral. Encore lui. « J’avais juste besoin de me confier à quelqu’un, raconte
Henda. Je recevais déjà des menaces de mort et Soral m’avait dit de
prendre garde. Je me souviens de ses mots : “C’est facile de maquiller un
assassinat en suicide.” »
Découvrez la version intégrale
de cette enquête dans le numéro de mars de Vanity Fair, en kiosque le 21
février ou abonnez-vous au magazine pour recevoir en avant-première
toutes les investigations de Vanity Fair.
Comment Tariq Ramadan
envoûtait ses élèves (10.11.2017)
Un nouveau témoignage dénonce
l’ascendant psychologique exercé par l’enseignant sur ses élèves au
Collège de Saussure. Cette femme est ressortie brisée de quatre ans de
relation. Si les faits décrits ne sont pas pénaux, ils complètent le portrait
d’un homme qui abusait de son charme
Elle aurait voulu que le limon
des années recouvre la souffrance, Delphine (prénom d’emprunt). Elle aurait
voulu ne plus avoir à lire son nom, Tariq Ramadan. Dans le sillage des
témoignages contre l’islamologue révélés par la Tribune de Genève, une nouvelle femme
s’estimant victime a décidé de rompre le silence, malgré sa peur, en souvenir
de cette ancienne promesse: «J’avais décidé que je ne me battrais pas seule. Le
moment est venu.»
Si Delphine est majeure à
l’époque des faits et qu’elle ne dénonce aucune violence physique, elle raconte
comment le charme d’un professeur s’est mué en un ascendant psychologique qui
aura gâché sa jeunesse. Comment Tariq Ramadan, ce leader en devenir, qui
prêchait déjà une morale rigoureuse et condamnait l’adultère, s’accordait un
comportement licencieux. Un grand écart surprenant pour un intellectuel
musulman qui élaborait déjà sa pensée autour de la morale et de ses préceptes
religieux. Sa parole est bue aujourd’hui par des millions de musulmans –
il a plus d’un million de followers sur Twitter et deux millions sur Facebook.
Contactés, ses avocats genevois, Me Yaël Hayat et Me Marc Bonnant, «n’entendent
pas réagir devant des instances médiatiques».
Lire aussi: Tariq
Ramadan, l’image fracassée
«Il me proposait son soutien, son
écoute»
Collège de Saussure, début des
années 90. C’est l’année des 19 ans de Delphine et de sa maturité.
Elle n’a pas encore de projet d’études arrêté, elle flotte un peu. Mais le prof
de français est formidablement enthousiasmant. Tariq Ramadan est un enseignant
charismatique, intelligent, subtil, engagé. Si engagé qu’il «déborde du cadre»,
dit-elle. Il emmène ses élèves côtoyer des jeunes en difficulté à travers des
projets sociaux. Le professeur invite aussi ses étudiants au restaurant,
s’intéresse à leur personnalité, à leurs aspirations et probablement à leurs
lignes de faille. «J’étais à cette époque rongée de doutes et je bénéficiais de
peu de soutien familial, raconte Delphine. Très fin, Tariq Ramadan comprenait
qui j’étais. Il me proposait son soutien, son écoute, pour m’aider à trouver ma
voie.»
«Couché sur mon lit, il m’a
demandé de venir sur lui»
La chute, Delphine la connaît
juste après sa maturité. Dans le flou sur son avenir, c’est elle qui recontacte
son professeur. Ils conviennent d’aller dîner ensemble, il propose de passer la
prendre. «Il est arrivé avec du retard, se souvient-elle. Au lieu de sortir
pour discuter, il s’est couché sur mon lit et m’a demandé de venir sur lui. Il
n’a pas eu besoin de me contraindre. J’étais sous son emprise, je n’ai pas pu
dire non.» Car ce corps contre le sien la ramène des années en arrière,
explique-t-elle. Quand, petite, un autre garçon a abusé d’elle. «Tout ce que
j’avais occulté est alors remonté à ma mémoire. Je me suis dit que ça
recommençait, j’étais tétanisée.»
S’ensuivent quatre ans de
relation cauchemardesque, même si Delphine n’a subi ni viol, ni contrainte
sexuelle. La jeune femme développe des troubles alimentaires, entreprend des
thérapies, se sent perdue. Dans son désert, elle voit fréquemment Tariq Ramadan,
malgré le malaise qu’il lui cause. Il débarque chez elle à l’improviste, occupe
une place dans sa vie affective et psychique. Elle pense à se convertir, «car
j’essayais de trouver des repères, bien qu’il ne me parlât pas de religion»,
elle recueille ses confidences quand il se voit interdit de séjour en France.
Et, toujours, des relations intimes qu’elle ne parvient pas à refuser. «Je
crois qu’il détectait la fragilité chez certaines élèves, estime Delphine. Tout
en me valorisant, il critiquait toutes mes relations, me disait de me méfier de
telle ou telle personne et de lui faire confiance. Si bien que je me suis
isolée.»
Lire également: Tariq
Ramadan, l’idéologue derrière le professeur
Son psychiatre invoque «un abus
psychologique grave»
Son psychiatre de l’époque,
délivré par sa patiente du secret médical, a accepté d’ouvrir son dossier
au Temps: «J’ai traité Delphine, qui avait 23 ans, pour une
dépression très sérieuse, datant du collège. A un certain moment, elle était
quasiment mutique. Je pense que Tariq Ramadan a occupé la place de figure
paternelle, veillant jalousement sur sa vie, exigeant qu’elle rompe avec ses
amis. A mon sens, il y a eu abus psychologique grave de personne fragile.»
N’était-elle pas librement consentante? «Oui, mais son besoin d’affection était
tel qu’elle ne pouvait s’en départir. Il y a, chez les enfants abusés
sexuellement, une empreinte sadomasochiste qui peut refaire surface, procurant
à la fois une illusion de chaleur et une culpabilité.»
Lorsque Delphine parvient enfin à
rompre, elle est une femme brisée. Cinq ans plus tard, alors qu’elle s’apprête
à se marier, elle s’ouvre à un prêtre catholique de cette blessure encore vive.
Celui-ci s’en souvient bien: «Son témoignage était d’autant plus authentique
que rien ne l’obligeait à me le confier. Elle ne nourrissait ni vengeance, ni
idéologie. J’ai vu une femme fine, sensible, dont un homme a profité de la
naïveté et de son admiration pour lui.»
Lire aussi notre
éditorial: L’islam et
les tartufes
D’autres élèves quittent le
collège
Si, au fil des témoignages
recueillis ou rapportés, on a l’impression que Tariq Ramadan exerçait d’abord
un puissant ascendant moral, Sophie (prénom d’emprunt), elle, a su y échapper.
A 16 ans, elle décide tout bonnement de quitter le collège: «Ce n’était
pas seulement à cause de lui, mais cela a pesé dans ma décision.» Car l’opération
charme emprunte aux mêmes ressorts que déjà décrits: «J’étais séduite
intellectuellement par lui, raconte-t-elle. Il me témoignait un grand intérêt
car j’aimais la littérature, et je pensais qu’il s’intéressait à ma personne.»
C’est à la faveur d’un dîner avec
elle qu’il commence à insinuer: «Quand j’interroge d’autres filles en classe,
je vois que tu es jalouse.» Ou encore: «Il me disait que les autres ne
pouvaient pas comprendre notre relation.» Sophie ne se sent alors pas menacée
par ce jeu de séduction dont elle n’imagine pas qu’il puisse devenir
transgressif. «Un jour, je lui ai demandé s’il se reposait parfois. Il m’a
répondu qu’il le ferait si je l’emmenais en week-end!» Sur le coup, la jeune
fille l’envisage, puis se représente le côté scabreux de la situation.
Elle y renonce en en parlant à une amie.
Lire aussi: A
Genève, la défense calculée de Tariq Ramadan
«Son rapport narcissique aux
jeunes filles, je ne supportais pas»
Nous l’appellerons Hélène. Elle
aussi raconte l’attrait de ce professeur hors norme, sa méthode originale
d’inviter ses élèves en dehors de l’école. «Au début, j’ai trouvé ça cool. Et
puis lors d’une deuxième rencontre, il m’a dit des choses bizarres. Je lui ai
rétorqué qu’il devait avoir des problèmes avec son épouse. Alors, il s’est mis
à pleurer, vraiment. J’ai immédiatement quitté le restaurant.» A posteriori,
Hélène pense qu’elle aussi aurait pu succomber, «car c’est un âge où on est
flatté que le prof nous choisisse». Elle se décrit comme «un peu paumée» à
cette période, camouflant sa fragilité sous la provocation. Elle décide donc,
dans le sillage de Sophie, de quitter le collège. «Ses embrouilles, son rapport
narcissique aux jeunes filles, je ne supportais pas. Même si ma décision est la
conséquence de nombreux facteurs.»
Lire également: La
gauche genevoise sonnée et mutique
Un texte exalté
Il y a celles qui partent et
celles qui restent. Car si l’âge est propice à la rébellion, il l’est tout
autant à l’exaltation. Le Temps a retrouvé une copie d’un
exemplaire du petit journal Chrysalide, distribué dans l’école,
dans lequel une élève de Tariq Ramadan lui offre un texte romantique et
lyrique, après un voyage humanitaire avec lui. Extraits: «Convoquant la raison
pour éveiller le cœur, il a cette approche des textes qui ne permet aucune
protection; une manière d’être dans la vie, à fleur de peau, qui ne laisse
place à aucune négligence. […] Mais peut-être surtout m’a-t-il appris tout ce
qui doit rester tu, en toute humilité. Il m’accompagne et, toujours, il sait
avoir cette exigence de l’être, avec la douceur du geste. A Tariq Ramadan.»
«Ces histoires ne peuvent être
classées dans le libertinage»
Ses collègues ont-ils eu vent de
ses agissements, se sont-ils tus? Difficile de le savoir avec exactitude, car
les professeurs contactés sont sur la défensive. Certains se souviennent du
malaise de certains élèves à aller manger avec leur prof, de la séduction qu’il
inspirait à beaucoup. Ils évoquent, pêle-mêle, «des ambiguïtés relationnelles,
un génie intellectuel gâché, un décalage entre le discours et les
actes». Certains ont cru qu’il était le tenant d’un islam ouvert,
réformiste, pacifique, citoyen.
Dans leur bouche aujourd’hui,
beaucoup de déception, le sentiment d’une trahison aussi. «Mais ce qui est le
plus choquant, c’est que les histoires qu’il a eues ne peuvent être classées
dans le libertinage. Car elles sont le fait d’une asymétrie entre un homme mûr
et des femmes très jeunes et fragiles», résume un ancien ami. Et encore: «Il
exerçait une fascination de gourou. Il n’avait pas besoin de forcer les
portes.» Vingt ans plus tard, ce sont ces femmes qui les ouvrent.
Tariq Ramadan,
l’idéologue derrière le professeur (09.11.2017)
L’islamologue est accusé
d’avoir séduit des élèves mineures dans les années 1980-1990 à Genève. Quel
était son impact dans l’espace public suisse, qui lui prêtait alors une
oreille attentive?
On le découvre ces jours, les
témoignages contre les agissements de Tariq Ramadan à Genève s’ancrent tous
dans les années 1980-1990. Deux décennies pas si lointaines, durant
lesquelles l’islamologue suisse d’origine égyptienne est ce professeur de
français versé dans l’humanitaire à l’aura si puissante. Au même
moment, l’intellectuel est aussi très présent dans le débat public en Suisse.
Comment était-il perçu à cette époque? Quelle place tenait-il
dans un monde encore préservé de la montée de l’Etat islamique,
où le multiculturalisme tendait à surpasser l’intégration et où les cassettes
audio tenaient lieu de YouTube?
Détenteur d’un doctorat en
islamologie arabe de l’Université de Genève, brillant orateur, Tariq Ramadan
est alors l’un des rares interlocuteurs francophones. Porteur d’un islam
qui se veut compatible avec les démocraties occidentales laïques,
son discours est écouté, sollicité dans la presse et bien au-delà. Ses
multiples conférences au Centre islamique de Genève sur la «spiritualité
islamique, ses fondements et la vie en Europe», ou encore la «responsabilité
des musulmans en Occident» en attestent.
«Prof tranquille»
En 1988, Tariq Ramadan, alors âgé
de 26 ans, est ce «prof tranquille», fondateur de Coopération coup de
main, qui tente d’éveiller ses élèves aux «réalités du tiers-monde»,
écrit un journaliste du Journal de Genève.
Lire également: L’islam et
les tartufes
Au retour d’un séjour d’un an
au Caire où il suit des cours d’études islamiques, il signe, en 1992,
une pleine page «perspective» sur le «phénomène islamique» dans Le Nouveau
Quotidien. Selon lui, les «islamistes» ne sont «ni des fanatiques
prônant un retour au Moyen Age, ni des marginaux poussés dans la
politique à cause de la misère, ni des agents payés par les
pétromonarchies du Golfe».
Egalité et principes coutumiers
En 1994, dans Le Nouveau
Quotidien, un journaliste le qualifie d'«insurgé tranquille».
Déjà, celui qui est alors le président de l’Association musulmans et musulmanes
de Suisse «charme et inquiète». Déjà, certains l’accusent d’avancer masqué,
le soupçonnent d’être un «agent de l’intégrisme». Interrogé sur l’égalité
homme-femme au sein de l’islam, l’intéressé esquive.
«Est-ce un principe d’égalité que
l’on défend ou des coutumes? Qu’on ne mette pas sous le mot égalité des
principes coutumiers, cela n’a rien à voir. La seule égalité qui vaille, c’est
l’égalité de traitement devant l’éducation, le travail, le mariage.»
Lire aussi: Tariq
Ramadan, l’image fracassée
A la question «refusez-vous la
laïcité?», Tariq Ramadan répond avec la même ambiguïté dans un
entretien accordé au Journal de Genève, en 1994 toujours: «C’est un
faux problème. Si la laïcité, espace non religieux, nous permet de vivre notre
religion comme nous l’entendons, il n’y aura pas de difficultés.»
Ses soutiens demeurent
Sa première apparition à la
télévision française dans une émission de La marche du siècle, en
octobre 1994, laissera des traces. Le Monde retient à l’époque
«son éloquence et la radicalité de son discours». L’année suivante, il sera
interdit de séjour en France. En Suisse, ses soutiens demeurent. Dans
un article du Journal de Genève, les conseillers nationaux
Jean Ziegler et Christian Grobet le définissent toujours comme un
«homme de dialogue».
Lire aussi: A
Genève, la défense calculée de Tariq Ramadan
En 1996, Le Nouveau
Quotidien considère encore Tariq Ramadan et son frère
Hani comme des «représentants à Genève» des «élites de la deuxième
génération de musulmans en Suisse». Quelques mois plus tard, toutefois, la
publication du livre Les Musulmans dans la laïcité met un
«collège en émoi», titre le même journal. L’islamologue, qui
«cultive les paradoxes» y remet en question les enseignements de
biologie, de philosophie et d’histoire. «Cette gymnastique intellectuelle
confine parfois au grand écart…»
Lire aussi: La
gauche genevoise sonnée et mutique
L’islam et les tartufes
(09.11.2017)
L’affaire Tariq Ramadan ne lève
pas seulement le voile sur les agissements présumés d’une personnalité de référence
pour de nombreux musulmans. Elle démontre l’importance de savoir, quand il
s’agit de religion et de politique, garder toujours une absolue distance
critique.
Lire également le Temps Fort du
jour:
- La
gauche genevoise sonnée et mutique
- Tariq
Ramadan, l’idéologue derrière le professeur
- L’affaire
Ramadan, bombe politique
Il ne s’agit pas de juger Tariq
Ramadan par articles de presse interposés. Les accusations très graves portées
contre l’intellectuel musulman suisse, désormais en congé de l’Université
d’Oxford, sont maintenant du ressort de la justice. La responsabilité revient
aux enquêteurs, à la suite des plaintes déposées contre l’intéressé, d’entendre
sa version des faits et de lui permettre, si cela est possible, d’y apporter
réponse.
Un autre aspect de «l’affaire
Ramadan» mérite en revanche d’être débattu par les médias, car il interpelle
les citoyens, nos systèmes politiques et la démocratie à l’heure du grand
retour global du religieux. Appelons cela, pour faire simple, le syndrome des
tartufes.
Un débat ancien
Comment, dans nos pays
occidentaux confrontés aux demandes légitimes de représentativité politique de
la communauté musulmane, éviter que des prêcheurs islamiques médiatiques
disséminent des enseignements religieux et sociaux à des années-lumière de leur
éthique personnelle? Comment s’assurer que le débat sur la place de l’islam
dans nos pays ne soit pas manipulé, exploité, par des tartufes dont la dévotion
n’est qu’apparence, et dont la prétendue sagesse est un instrument de pouvoir
et de domination sur les fidèles, puis sur l’ensemble de la société?
Ce débat-là n’est pas nouveau.
Molière, jadis, en fit son miel pour mieux dénoncer, à la cour de Versailles
devant le très catholique Louis XIV, les faux dévots affairés à
instrumentaliser l’Eglise. Tous les cultes, sans exception, et à toutes les
époques, ont nourri en leur sein ces personnalités promptes à transformer leur
charisme en puissance via leurs mensonges et manipulations.
De la prudence
La différence est qu’aujourd’hui,
à l’heure d’Internet et de la diffusion massive de l’information, la naïveté
n’est pas excusable. Le devoir incombe à tous, journalistes, hommes politiques,
animateurs de télévision, universitaires, ou organisateurs de conférences,
d’être prudents dans le choix des orateurs, et dans la distance requise,
lorsque survient la question de la religion. Le goût du «bon client», du
débatteur habile, de l’orateur doué et provocateur, ne doit plus nous aveugler.
Simultanément, une autre
vigilance s’impose, vis-à-vis des sujets empoignés par Tariq Ramadan. Quels que
soient les abus commis par ce dernier - s'ils sont avérés - les questions
qu’il posait à nos sociétés, et l’espoir qu’il représentait pour de nombreux
musulmans, en particulier chez les jeunes, ne doivent surtout pas être jetés et
foulés aux pieds.
Le propre des tartufes est de se
servir de la religion pour leur intérêt propre. Mais affirmer que tous ceux qui
les croient sont des coupables, voire des délinquants potentiels, serait une
grave erreur à l’heure où le retour de Dieu dans le débat public est juste
incontournable.
La gauche genevoise
sonnée et mutique (09.11.2017)
L’affaire Tariq Ramadan met en
lumière les divisions de la gauche sur la question de l’islam politique et de
la laïcité
A Genève, brûle-t-on celui qu’on
a adoré, à l’instar de la France? Non pas. On dirait bien que l’affaire Tariq
Ramadan rend la gauche mutique. On la sait en effet très divisée sur la
question de l’islam politique et de la laïcité. Or, ce sont précisément ces thèmes
qui refont surface à la lumière du scandale autour de l’islamologue.
Stéphane Guex Pierre, conseiller
municipal du Parti radical de gauche en Ville de Genève, résume ainsi cette
ligne de fracture: «Sur les réseaux sociaux, on voit deux fronts: quelques
partisans de Tariq Ramadan, dans le déni. Et des militants laïcs qui se
félicitent d’avoir de longue date alerté sur les dérives de son double
discours. Mais ces deux fronts se parlent de mur à mur, sans échanger.» Si la
gauche nourrit des réserves, c’est aussi qu’elle craint, pour une frange en
tout cas, que son idéal de multiculturalisme n’en prenne un coup, ou que
ses propos soient récupérés par l’extrême droite.
Lire également: Tariq
Ramadan, l’idéologue derrière le professeur
Une question ultrasensible
Au Parti socialiste, c’est le
silence. Ou alors, comme la conseillère aux Etats Liliane Maury Pasquier,
on botte en touche: «Je n’ai pas d’opinion, je ne l’ai jamais rencontré. Que la
justice se saisisse de ce qui est justiciable.» Le conseiller national Carlo
Sommaruga, lui, pointe un faux débat: «Le problème, c’est que le débat sur
l’islam se personnalise. Je suis réticent à ouvrir un débat politique dès lors
que la justice s’en saisit.» Chez les Verts, la question est ultrasensible:
«C’est trop frais pour un débat, même si nous avons des échanges, explique
Mathias Buschbeck, chef de groupe au Grand Conseil. Il faut à la fois garder la
distance critique, respecter la présomption d’innocence ainsi que les victimes.
Mais je suis heureux que la parole soit libérée.»
Lire également: L’islam et
les tartufes
Il faut aller chercher l’ancien
élu vert Patrice Mugny pour avoir une opinion tranchée. Rédacteur en chef
du Courrier dans les années 1990, il invite dans ses pages des
personnalités à un dialogue interreligieux, dont Tariq Ramadan. Ses propos
provoquent vite la colère des lecteurs. L’islamologue affirme notamment que le
voile est une libération de la femme, ou que le Coran autorise à frapper les
femmes, selon un article d’archives du Journal de Genève de
1994.
Les bémols qu’il met à cette
dernière thèse n’y suffiront pas, Patrice Mugny met fin à l’exercice: «C’était
un dialogue de sourds, se souvient-il aujourd’hui. De plus, j’ai constaté que
le discours de Ramadan changeait diamétralement selon les publics auxquels il
s’adressait en conférence. Aux Occidentaux, il servait l’intégration; aux
musulmans, la conquête des esprits occidentaux par la suprématie de l’islam.»
Pour lui, «le terrorisme est moins dangereux que l’islam politique».
L’islam et les tartufes
(09.11.2017)
L’affaire Tariq Ramadan ne lève
pas seulement le voile sur les agissements présumés d’une personnalité de
référence pour de nombreux musulmans. Elle démontre l’importance de savoir,
quand il s’agit de religion et de politique, garder toujours une absolue
distance critique.
Lire également le Temps Fort du
jour:
- La
gauche genevoise sonnée et mutique
- Tariq
Ramadan, l’idéologue derrière le professeur
- L’affaire
Ramadan, bombe politique
Il ne s’agit pas de juger Tariq
Ramadan par articles de presse interposés. Les accusations très graves portées
contre l’intellectuel musulman suisse, désormais en congé de l’Université
d’Oxford, sont maintenant du ressort de la justice. La responsabilité revient
aux enquêteurs, à la suite des plaintes déposées contre l’intéressé, d’entendre
sa version des faits et de lui permettre, si cela est possible, d’y apporter
réponse.
Un autre aspect de «l’affaire
Ramadan» mérite en revanche d’être débattu par les médias, car il interpelle
les citoyens, nos systèmes politiques et la démocratie à l’heure du grand
retour global du religieux. Appelons cela, pour faire simple, le syndrome des
tartufes.
Un débat ancien
Comment, dans nos pays
occidentaux confrontés aux demandes légitimes de représentativité politique de
la communauté musulmane, éviter que des prêcheurs islamiques médiatiques
disséminent des enseignements religieux et sociaux à des années-lumière de leur
éthique personnelle? Comment s’assurer que le débat sur la place de l’islam
dans nos pays ne soit pas manipulé, exploité, par des tartufes dont la dévotion
n’est qu’apparence, et dont la prétendue sagesse est un instrument de pouvoir
et de domination sur les fidèles, puis sur l’ensemble de la société?
Ce débat-là n’est pas nouveau.
Molière, jadis, en fit son miel pour mieux dénoncer, à la cour de Versailles
devant le très catholique Louis XIV, les faux dévots affairés à
instrumentaliser l’Eglise. Tous les cultes, sans exception, et à toutes les
époques, ont nourri en leur sein ces personnalités promptes à transformer leur
charisme en puissance via leurs mensonges et manipulations.
De la prudence
La différence est qu’aujourd’hui,
à l’heure d’Internet et de la diffusion massive de l’information, la naïveté
n’est pas excusable. Le devoir incombe à tous, journalistes, hommes politiques,
animateurs de télévision, universitaires, ou organisateurs de conférences,
d’être prudents dans le choix des orateurs, et dans la distance requise,
lorsque survient la question de la religion. Le goût du «bon client», du
débatteur habile, de l’orateur doué et provocateur, ne doit plus nous aveugler.
Simultanément, une autre
vigilance s’impose, vis-à-vis des sujets empoignés par Tariq Ramadan. Quels que
soient les abus commis par ce dernier - s'ils sont avérés - les questions
qu’il posait à nos sociétés, et l’espoir qu’il représentait pour de nombreux
musulmans, en particulier chez les jeunes, ne doivent surtout pas être jetés et
foulés aux pieds.
Le propre des tartufes est de se
servir de la religion pour leur intérêt propre. Mais affirmer que tous ceux qui
les croient sont des coupables, voire des délinquants potentiels, serait une
grave erreur à l’heure où le retour de Dieu dans le débat public est juste
incontournable.
A Genève, la défense
calculée de Tariq Ramadan (08.11.2017)
L’islamologue s’est adressé à
Marc Bonnant et à Yaël Hayat pour attaquer les dénonciatrices anonymes qui
l’accusent d’avoir profité de sa position d’enseignant afin d’abuser d’elles.
La tâche s’annonce compliquée
En 2006, ils s’étaient affrontés
sur le plateau d'Infrarouge au
sujet des caricatures de Mahomet. Aujourd’hui, Tariq Ramadan appelle Marc
Bonnant à la rescousse afin de contrer la déferlante de témoignages anonymes le
dépeignant comme un serial prédateur de jeunes élèves du temps où il était
professeur au collège. La situation ne manque pas d’ironie, sachant que
l’avocat genevois s’est régulièrement distingué par sa critique de l’islam
conquérant et prosélyte et par l'affirmation, encore récente, que la peur de
cette religion est «légitime et salutaire».
Gravité contestée
Tariq Ramadan ne tient
visiblement pas rigueur à celui qui appelait, après les attentats de Paris, les
trop naïfs Occidentaux, tout à leur idéal du vivre ensemble, à «désigner
l’ennemi». Et Marc Bonnant ne voit pour sa part aucune contradiction à accepter
ce mandat: «Ce n’est pas le théologien ou le théoricien que je défends mais
l’homme à qui certains imputent des comportements inadmissibles.»
Référence est faite aux récits de
quatre anciennes élèves, recueillis par la Tribune de Genève. Ces
femmes dépeignent toutes un professeur séducteur et manipulateur, parvenant à
ses fins grâce à son emprise, n’ayant pas hésité à tenter une approche avec la
plus jeune, élève de 14 ans, alors qu’il enseignait encore au cycle
d’orientation, et à entretenir des relations sexuelles avec les trois autres de
15, 17 et 18 ans, qui fréquentaient le collège.
Lire aussi: Tariq
Ramadan aurait abusé d’élèves mineures
«Tariq Ramadan conteste
catégoriquement avoir eu un comportement pénalement répréhensible avec une
quelconque de ses élèves», déclare Me Bonnant. L’avocat doit prochainement
rencontrer son nouveau client pour élaborer une stratégie mais la perspective
d’une plainte en calomnie ou en diffamation contre ces inconnues – et a
priori pas contre le média – semble déjà acquise. Dans «un souci de
vérité», ajoute Me Bonnant, Tariq Ramadan va saisir la justice afin de
débusquer les protagonistes et comprendre leurs motivations. «On ne peut pas à
la fois contester ces accusations et ne pas souhaiter que les soi-disant
victimes s’expliquent.»
Bataille médiatique
L’islamologue suisse, mis en
congé «d’un commun accord» par l’Université d’Oxford suite à ces allégations,
s’est également adressé à Me Yaël Hayat pour mener cette contre-attaque. Avec
deux ténors du barreau à ses côtés, qui plus est une femme et un «adversaire
idéologique», Tariq Ramadan espère marquer des points dans une bataille qui
sera aussi médiatique. Le combat s’annonce très difficile en raison de
l’inflation dénonciatrice née de l’affaire Weinstein, de l’anonymat des
accusatrices, de l’absence de plaintes de leur part et de l’apparente
prescription des faits évoqués. Contrairement à la France, où la justice est
saisie du cas Ramadan par deux femmes à visage découvert et se disant victimes
d’agression sexuelle, rien de tel à Genève. Du moins pour le moment.
Aux yeux de Me Hayat, cette
situation est particulièrement problématique: «L’accusation par voie de presse,
masquée de surcroît, est pire que tout. Ce qui me fâche, c’est la place laissée
à la présomption d’innocence dans ce mouvement de parole qui se répand
publiquement. Est-ce qu’il libère ou est-ce qu’il vise plutôt à enfermer un
individu livré en pâture? La démarche est très malsaine. Ces personnes
contournent la justice et ses principes pour choisir un mode où on accuse
librement, on condamne, on exécute. Sans appel. Avec des conséquences parfois
irréparables. C’est une défiance intolérable à l’égard de la justice, qui
désormais doit être saisie.»
Impasses prévisibles
Difficile de prédire ce que peut
donner cette affaire sur le plan judiciaire. Une plainte en diffamation contre
inconnu se heurtera très rapidement à un mur si les dénonciatrices ne veulent
pas sortir du bois et que le quotidien respecte logiquement le secret des
sources. Quant à l’ouverture d’une enquête par le Ministère public, ne
serait-ce que pour constater la prescription des crimes sexuels attribués à
Tariq Ramadan, la voie paraît assez impraticable sans les dépositions de ces
mêmes anciennes élèves. C’est l’impasse de l’anonymat.
Accusations de viol et d'agression sexuelle : l'étau se
resserre sur Tariq Ramadan (30.10.2017)
>Faits divers|Jean-Michel
Décugis et Nicolas Jacquard| 30 octobre 2017, 7h49 | MAJ : 30 octobre 2017,
8h09 |7
Visé par plusieurs accusations,
Tariq Ramadan dénonce une «campagne de calomnie».
Boris Allin/Hanslucas
Henda Ayari, la première femme
à porter plainte pour viol contre le célèbre théologien, a accepté de nous
livrer son récit. L'intéressé, présumé innocent, dénonce une cabale.
Le titre de son livre, en 2016,
annonçait une renaissance. « J'ai choisi d'être libre » racontait la
métamorphose d'Henda Ayari, 40 ans, du salafisme le plus strict à sa nouvelle «
vie de femme française, moderne et célibataire », comme elle la décrivait. Une
libération qui a ensuite consisté pour elle à nommer celui qu'elle dénonce
comme son violeur. Evoqué initialement sous pseudonyme dans son récit, elle a
révélé qu'il s'agissait du théologien Tariq Ramadan. Des accusations désormais
transcrites dans une plainte pénale, qui a conduit en début de semaine dernière
à l'ouverture d'une enquête préliminaire, dans le cadre de
laquelle la fondatrice de l'association Libératrices a été entendue six heures
par la police, à Rouen. Henda Ayari assume cette procédure au grand jour. Elle
livre à notre journal, à visage découvert, un témoignage glaçant. D'autant
qu'une seconde plainte est venue s'ajouter à la sienne contre l'islamologue, comme nous le révélions vendredi.
LIRE AUSSI
> «Pour lui, vous êtes soit voilée, soit violée», le témoignage
accablant d'Henda Ayari
> Qui est Tariq Ramadan ? Portrait
> Qui est Tariq Ramadan ? Portrait
Ces deux victimes présumées
décrivent un même mode opératoire. Chacune, quadragénaire, évoque d'abord des
échanges religieux avec Tariq Ramadan, puis des conversations plus intimes qui
débouchent sur un rendez-vous à l'hôtel, jusque dans la chambre de
l'islamologue. Un rendez-vous qu'elles ont accepté car elles étaient, selon
elles, sous l'emprise psychologique et religieuse du théologien. Une dépendance
qu'elles décrivent proche d'un phénomène sectaire.
Mes Jonas Haddad,
Grégoire Leclerc et Eric Morain, les avocats de ces deux plaignantes, disent
avoir reçu ces derniers jours d'autres témoignages. Ils promettent de nouvelles
plaintes, même si certaines de ces victimes présumées hésitent encore. Par
ailleurs, Yasmina*, une autre jeune femme, a décrit dans nos colonnes le « harcèlement et les menaces » dont
elle aurait été la cible de la part de Tariq Ramadan. Elle nous avait contactés
il y a trois ans, envisageant alors une procédure en justice, qu'elle n'avait
finalement pas initiée.
Dès le 21 octobre, Tariq Ramadan
a opposé un démenti formel à l'ensemble de ces accusations et porté
plainte le 23 octobre, par l'intermédiaire de ses avocats, Mes Julie
Granier et Yassine Bouzrou, pour « dénonciation calomnieuse ». Sur son compte
Facebook, l'intéressé fustige « une machine à mensonges », se disant « la cible d'une
campagne de calomnie qui fédère assez limpidement [ses] ennemis de toujours ».
Par l'intermédiaire de ses
avocats, Tariq Ramadan fait par ailleurs savoir qu'il se tient à disposition de
la justice.
* Le prénom a été changé.
Tariq Ramadan accusé de viol : « Il m’a étranglée si fort que
j’ai pensé que j’allais mourir » (30.10.2017)
>Faits divers|Jean-Michel
Décugis|30 octobre 2017, 6h58|MAJ : 30 octobre 2017, 7h26|59
Henda Ayari est la première
femme à avoir porté plainte contre Tariq Ramadan. Elle accepte aujourd’hui de
nous expliquer ce qui l’y a poussée.
Henda Ayari a déposé plainte contre Tariq Ramadan pour viol. Elle revient
sur l’agression dont elle dit être victime et raconte son combat pour « être
une femme respectable et respectée ».
Comment avez-vous rencontré
Tariq Ramadan ?
C’était courant 2010, sur
Facebook, je vivais une séparation très difficile avec mon mari, un salafiste.
J’avais perdu la garde de mes trois enfants, j’étais seule, sans argent, sans
logement, sans travail. Une assistante sociale m’a conseillé de retirer mon
voile pour trouver du travail. J’ai suivi ses conseils. Mais je culpabilisais
de ne plus porter le voile, de ne plus faire mes prières à l’heure. C’est une
salariée administrative du site de Ramadan qui m’a d’abord contactée, puis
lui-même. Il m’a apporté les réponses que je cherchais.
Pourquoi cela a-t-il dérapé?
En juillet 2011, j’ai retrouvé la
garde de mes enfants. J’étais très fière de moi, je me sentais une femme
libérée. J’ai posté une photo de moi sans voile, avec un peu de rouge à lèvres.
Tariq Ramadan m’a rappelée à l’ordre, sur Facebook. « Ce n’est pas bien ce que
vous faites », m’a-t-il dit. Il me reprochait d’être maquillée, d’avoir les
cheveux détachés. « Vous cherchez à susciter le regard des hommes. C’est un
péché. » Je me suis excusée, je culpabilisais. Ensuite, il est devenu plus
intime dans la discussion. Ce n’était plus le savant mais l’homme qui parlait.
Je pensais ne pas parler au vrai Ramadan. Pour me prouver que c’était bien lui,
il s’est mis sur l’application Skype, filmé par sa webcam. J’étais émerveillée.
Je le trouvais séduisant, beau. J’étais tellement flattée qu’il s’intéresse à
moi. Il m’a demandé mon numéro et m’a proposé de nous voir quand il viendrait à
Paris.
LIRE AUSSI
Quand et où a eu lieu ce
rendez-vous ?
Fin mars 2012, dans un hôtel de
l’est de Paris. Il m’avait demandé de venir en taxi, d’être la plus discrète
possible pour éviter les équivoques. « On pourra discuter plus tranquillement
», m’a-t-il confié.
Ce n’était pas neutre ?
Je ne me suis pas méfiée, j’étais
en confiance, j’ai fait une erreur. C’était comme si j’allais voir un grand
frère. J’étais sous son emprise, il m’a manipulée. Quand j’ai frappé à la
porte, mon cœur battait. Il m’a accueillie avec un plateau de gâteaux orientaux
et m’en a proposé, j’ai refusé. Quelques minutes plus tard, il m’a embrassée,
et je me suis laissé faire, je n’ai pas honte de le dire. Puis il s’est
littéralement jeté sur moi. Alors le conte de fée s’est transformé en
cauchemar, le prince charmant en monstre. Il m’a étranglée très fort, si fort
que j’ai pensé que j’allais mourir. Il m’a giflée, car je résistais. Il m’a
violée. Je me suis sentie en extrême danger. Il m’a insultée : « j’étais venue
pour ça, je méritais ça, je l’avais cherché ». Je n’avais qu’à porter le voile,
sinon j’étais une prostituée.
Vous avez passé la nuit avec
lui ?
Oui, mais malgré moi. Cela a été
la pire nuit de ma vie. Le matin, il s’est douché et a glissé un billet dans
mon sac pour le taxi. Mais je ne voulais pas de son argent, je n’étais pas une
prostituée. Il a quitté la chambre avant moi et m’a demandé de partir après
lui. Toujours pour la discrétion.
Avez-vous eu d’autres contacts
avec lui ?
J’étais traumatisée, honteuse. Je
culpabilisais. Je me sentais fautive d’être montée dans sa chambre. Il a
cherché à rester en contact avec moi et m’a encore plus culpabilisée.
Soi-disant, je ne savais pas m’occuper d’un homme. « Il va falloir apprendre »,
m’a-t-il dit. Je sortais du salafisme, je n’avais eu qu’un homme dans ma vie.
Et encore, je n’avais eu des relations sexuelles avec lui que pour mettre au
monde des enfants. Je voulais comprendre, revoir Tariq Ramadan pour comprendre.
« Je vais m’occuper de toi », m’a-t-il déclaré. Je voulais lui montrer que
j’étais une femme qui assurait. Nous avions des échanges sexuels épistolaires.
Il voulait que je sois son esclave sexuel. « Tu viendras à Paris, je te
donnerais de l’argent pour tes trajets. On pourra se voir tous les quinze
jours. J’aime les filles qui ont du caractère, cela m’excite. Avec ma femme, il
ne se passe plus rien, c’est comme une sœur. Je vais demander ta main à tes
parents », m’a-t-il écrit, par exemple.
L’avez-vous revu ?
Non, jamais. On devait, mais
comme j’ai refusé de lui envoyer une photo de moi dénudée, cela l’a énervé. On
s’est insulté. Quand je lui ai fait part de ma volonté de porter plainte, il
m’a menacée de représailles. J’étais sous son emprise mentale. Il disait avoir
en sa possession des photos compromettantes. Il a menacé de s’en prendre à mes
enfants. J’ai consacré un chapitre dans mon livre à cette histoire, mais j’ai
remplacé le nom de Ramadan par un pseudo.
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Pourquoi porter plainte
aujourd’hui ?
C’est la campagne contre le
harcèlement sexuel #BalanceTonPorc qui m’a poussée à dévoiler le nom de
Ramadan. Je me suis dit : « Qu’est-ce que ces femmes ont de plus que moi ? Je
dois aussi dénoncer ce qui m’est arrivé. » J’ai reçu beaucoup d’insultes et de
menaces. Soi-disant je voulais faire du buzz. Franchement, j’aurais préféré
faire du buzz avec des choses plus positives, être connue autrement. J’ai reçu
aussi beaucoup de soutien. Ce qui me donne de la force.
A travers cette plainte contre
Ramadan, certains vous reprochent d’attaquer l’islam…
Je me considère comme une femme
musulmane. Et j’en suis fière. Une musulmane qui respecte les lois de la
République. Je devrais me taire parce que Tariq Ramadan utilise l’islam pour
assouvir ses pulsions sexuelles ? Non. Pour lui, soit vous êtes voilée, soit
vous êtes violée. Il y a beaucoup de musulmans qui respectent les femmes et les
droits à l’égalité entre hommes et femmes. Ce sont eux qu’il faut valoriser.
Pas ceux qui instrumentalisent l’islam pour asservir les femmes. On peut porter
une jupe et être une femme respectable et respectée.
« Avec lui soit vous êtes
voilée, soit vous êtes violée »
Sur le même sujet
Tariq Ramadan, un intellectuel de l'islam controversé
(30.10.2017)
>Faits divers|Pascale Égré|30
octobre 2017, 8h04|4
Islamologue prolixe, Tariq
Ramadan, 55 ans, a publié une trentaine d’ouvrages.
AFP/MEHDI FEDOUACH
Plusieurs accusations
d'agressions sexuelles visent ce théologien, spécialiste de l'islam. Portrait
d'un intellectuel controversé.
À son nom, surgi sur la scène
médiatique française au mitan des années 1990, à son succès de tribun dans les
salles de conférences et sur les réseaux sociaux auprès de musulmans de tous
âges, se sont attachés d'emblée, en France, controverses et soupçons de «
double discours ». Figure charismatique et intellectuel prolixe (une trentaine
de livres), l'islamologue suisse d'origine égyptienne Tariq Ramadan, 55 ans,
partisan de l'émergence d'un islam européen et de la conciliation entre
cultures occidentales et orientales, a toujours dérangé et divisé.
LIRE AUSSI
« S'agit-il d'un intellectuel
prônant un islam libéral et moderne ou d'un prédicateur islamiste simplement
poli et habile ? » s'interrogeait, dès 2004, son adversaire la plus
farouche, la journaliste Caroline Fourest (« Frère Tariq »,
Grasset), qui vilipende désormais dans « Marianne », après les plaintes de deux
femmes, sa « double vie, à l'opposé de ses nombreux sermons sur la conception
islamique de la sexualité ».
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« Déstabilisant homme double, de
cultures et de registres », écrivait « Libération » début 2016. « Le sphinx
Ramadan », titrait « le Monde », en soulignant à la fois son indéniable impact
« chez toute une génération de Français musulmans » et ses « ambiguïtés ».
Faute de cerner plus avant cette personnalité, les portraits récents qui lui
ont été consacrés décrivent un parcours marqué par l'ombre de son grand-père
maternel, Hassan al-Banna, le fondateur des Frères musulmans.
Titulaire d'une chaire dans
une grande université britannique
Aujourd'hui résident britannique
et professeur à Oxford, Tariq Ramadan est né en Suisse, où sa famille s'est
installée en 1954, cinq ans après l'assassinat, en Egypte, de son grand-père.
Titulaire d'un bac français, diplômé en littérature et philosophie de
l'université de Genève, il parfait sa connaissance des sciences islamiques au
Caire, où il emmène vivre sa famille — il a épousé une Bretonne convertie dont il
a quatre enfants. La thèse qu'il consacre aux Frères musulmans et à son
grand-père, jugée hagiographique, lui aurait fermé les portes du monde
universitaire, l'orientant vers une autre voie, plus politique.
En France, où il a sillonné les
quartiers populaires dès 1992, ses échanges avec intellectuels et politiques
sont vite devenus tumultueux. Voué à l'affirmation d'une identité musulmane
citoyenne, impliqué contre les lois sur le voile, Tariq Ramadan y construit son
aura et tisse ses soutiens — il a notamment celui de l'Union des organisations
islamiques de France (UOIF). Mais, fin 2003, année où il débat avec le ministre
de l'Intérieur Nicolas Sarkozy en direct à la télévision, il commet une bévue
en critiquant l'engagement pro-israëlien d'intellectuels juifs. La polémique
lui vaut d'être accusé d'antisémitisme. Rejeté par les Etats-Unis, Ramadan
poursuit ailleurs sa carrière, notamment à Londres, où le Premier ministre Tony
Blair le sollicite et où il décroche en 2009, grâce au soutien du Qatar, sa
chaire à l'université d'Oxford.
Depuis deux ans, Tariq Ramadan
tentait un retour en France : il y a créé son propre centre de formation,
l'Institut islamique de formation à l'éthique ; il envisageait de solliciter la
nationalité française — ce à quoi l'ancien Premier ministre Manuel Valls
s'était dit hostile. Nul doute que la tourmente judiciaire qui s'annonce ne
fasse barrage à ce projet.
Tariq Ramadan, l’image
fracassée (29.10.2017)
L’islamologue suisse est sous le
coup d’une deuxième plainte pour viol. Une troisième femme affirme avoir été
victime de ses menaces et harcèlements
La parole se libère contre Tariq
Ramadan. Dans le sillage de l’affaire Weinstein, où l’on appelle à
dénoncer le harcèlement sexuel et les violences faites aux femmes,
deux d’entre elles ont porté plainte contre l’islamologue pour viol.
Samedi, le journal Le Parisien révélait l’existence d’une
troisième victime, de harcèlement cette fois, hésitant à prendre la parole.
Accusations de viol et
d'agression sexuelle : l'étau se resserre sur Tariq Ramadan http://l.leparisien.fr/bTKW-Kcai
Accusations de viol et
d'agression sexuelle : l'étau se resserre sur Tariq Ramadan -
Henda Ayari, la première femme à
porter plainte pour viol contre le célèbre théologien, a accepté de nous livrer
son récit. L'intéressé, présumé innocent, dénonce une cabale.
Le petit-fils du fondateur de la
confrérie égyptienne des Frères musulmans bénéficie d’une forte popularité dans
les milieux musulmans conservateurs. Il est par contre très contesté dans
les milieux laïques, qui voient en lui le tenant d’un islam politique. A
55 ans, il est l’auteur d’une quarantaine d’ouvrages sur l’islam.
Retrouvez ici notre
éditorial: Affaire Weinstein: le silence des femmes, et celui des hommes
«J’ai adressé au parquet de
Paris jeudi soir une plainte accompagnée du récit détaillé de ma cliente»,
a déclaré Eric Morain, l’avocat de la seconde plaignante, à l’Agence
France-Presse. «Elle attend sereinement de répondre aux enquêteurs et ne
parlera plus», a-t-il ajouté. Désormais, Eric Morain tente de
convaincre cinq autres femmes de témoigner, voire de déposer plainte à leur
tour pour des faits de viol ou d’agression sexuelle.
Le quotidien Le Monde affirme
avoir consulté cette seconde plainte et parle d’une Française de
45 ans convertie à l’islam, dont il a vérifié l’identité.
Violence inouïe
Le journal
décrit une scène d’agression d’une violence inouïe, dont les faits
remonteraient à octobre 2009 et ne seraient donc pas prescrits. Gifles au
visage, aux bras, aux seins, coups de poing dans le ventre. Fellation et
sodomie imposées de force, nouveaux coups, nouveau viol. «J’ai hurlé de douleur
en criant stop!», dit-elle au quotidien. Puis, selon son témoignage, Tariq
Ramadan la viole à nouveau, avec un objet cette fois. «Plus je hurlais et plus
il tapait», raconte-t-elle. «Il m’a traînée par les cheveux dans toute la
chambre pour m’amener dans la baignoire de la salle de bains pour m’uriner
dessus», rapporte-t-elle, expliquant qu’elle n’a réussi à s’enfuir qu’au petit
matin. Selon Le Monde, la plaignante a fourni des certificats
médicaux à l’appui de son témoignage.
Sur les ondes de la radio
française lundi matin, Henda Ayari a raconté l'indifférence de Tariq
Ramadan le lendemain de l'agression, ce dernier affirmant qu'elle avait
«bien cherché» ce viol en souhaitant le rencontrer, avant de lui parler de
l'importance du port du voile.
Plainte contre Tariq Ramadan :
"Après, je culpabilisais" dit Henda Ayari : "d'ailleurs, il m'a
dit que je n'avais que ce que je méritais"
Dénonciation d’une journaliste
Dans le magazine français Marianne, la
journaliste Caroline Fourest déclarait jeudi qu’elle était au courant de la
«double vie» de Tariq Ramadan, «à l’opposé de ses nombreux sermons sur la
conception islamique de la sexualité», et attendait qu’une victime porte
plainte pour pouvoir parler. «Dans le cas de Tariq Ramadan, il semble que nous
soyons face à un comportement digne d’Harvey Weinstein, en peut-être plus
violent», écrit-elle. «Une femme, Henda Ayari [la première plaignante] a eu le
courage de porter plainte pour viol, agression sexuelle, harcèlement et
intimidation. Bien sûr, Tariq Ramadan nie et va l’attaquer. Sur les réseaux
sociaux, l’un de ses fidèles lieutenants y voit déjà un complot «sioniste
international». Ce dont je peux témoigner, c’est que son récit, précis et
terrifiant, ressemble énormément à celui de quatre autres femmes que j’ai
rencontrées.»
L’Université britannique
d’Oxford, où Tariq Ramadan est membre associé de la Faculté de théologie, a
très peu réagi. «Nous sommes au courant de ces accusations et les prenons
extrêmement au sérieux. A ce stade, nous ne sommes pas en position d’ajouter
d’autres commentaires», pouvait-on lire dans un communiqué succinct daté
du 21 octobre, ne figurant pas sur son site internet.
Une «campagne de calomnie» pour
Tariq Ramadan
Au lendemain de la première
plainte, Tariq Ramadan avait, via son avocat Me Yassine Bouzrou, opposé
«un démenti formel à ces allégations» et à son tour porté plainte contre
Henda Ayari pour «dénonciation calomnieuse».
Samedi soir, il a publié sur sa
page Facebook, un message qui dénonce une «campagne de calomnie». Il affirme
qu'une «nouvelle plainte sera déposée dans les prochains jours puisque mes
adversaires ont enclenché la machine à mensonges».
«Je suis depuis plusieurs jours
la cible d'une campagne de calomnie qui fédère assez limpidement mes ennemis de
toujours. Il est triste de voir nos adversaires réduits à soutenir
l'imposture et la tromperie érigées en vertu», poursuit-il avant de conclure:
«le droit doit maintenant parler, mon avocat est en charge de ce dossier, nous
nous attendons à un long et âpre combat. Je suis serein et déterminé.»
A la suite du fleuve de
témoignages dévoilés depuis deux semaines sur les réseaux sociaux, des
rassemblements ont été organisés dimanche dans plusieurs villes de France
contre le harcèlement et les violences faites aux femmes.
Une victime présumée de Tariq Ramadan : «Il a abusé de mes
faiblesses» (28.10.2017)
>Faits divers|J.-M.Décugis|28
octobre 2017, 10h53|MAJ : 28 octobre 2017, 16h48|14
La jeune plaignante avait
contacté Tarik Ramadan via son site, pour solliciter des conseils théologiques.
Capture tariqramadan.com
Deux jeunes femmes ont déjà
déposé plainte contre Tariq Ramadan. Une troisième, Yasmina*, nous
confie avoir été harcelée et menacée par l'islamologue.
« Au début il me donnait des
conseils religieux, et puis un jour il a réclamé ma photo. Il voulait savoir à
quoi ressemblait celle avec laquelle il échangeait. Il m'a trouvée mignonne. A
partir de là tout a dérapé, entre nous, c'est devenu pornographique. »
Yasmina* nous avait contactés il
y a trois ans car elle voulait porter plainte pour « harcèlement sexuel et
menaces » contre Tariq Ramadan. En 2013, elle avait sollicité, via le site du
théologien, des conseils juridiques. Il lui avait répondu personnellement. Leur
échange a duré jusqu'à fin 2015. « Il m'a fait venir une fois dans un hôtel de
province mais je suis venue accompagnée. »
Yasmina affirme avoir été plus
tard menacée. « Il disait qu'il avait des choses compromettantes sur moi. Il
s'est servi de son aura dans la communauté et a abusé de mes faiblesses. »
Par peur de représailles,
disait-elle, à l'époque, Yasmina recherchait un soutien médiatique. Disposant
de nombreux échanges épistolaires assez scabreux avec l'islamologue, elle
souhaitait que ceux-ci soient publiés pour qu'on se rende compte de «
l'hypocrisie de cette éminence de l'islam ». Jeudi, nous avons recontacté
Yasmina qui nous a déclaré réfléchir à porter plainte. « Je crains que cette
affaire entache la relation que j'ai construite avec mon compagnon »,
confie-t-elle.
* Le prénom a été changé.
Une deuxième femme accuse Tariq Ramadan de viol (27.10.2017)
>Faits divers|Jean-Michel
Décugis|27 octobre 2017, 19h42|47
La plaignante affirme que Tariq
Ramadan aurait organisé une rencontre dans le hall de l’hôtel en marge de l’une
de ses conférences (illustration). AFP PHOTO / MEHDI FEDOUACH
Une femme de 42 ans a porté
plainte pour viol contre l’islamologue jeudi soir à Paris. Les faits présumés
qu’elle dénonce remontent à 2009 et sont, selon son récit, d’une grande
violence.
Les ennuis judiciaires de
l’islamologue et théologien suisse Tariq Ramadan, âgé de 55 ans, continuent.
Vendredi, une ex-salafiste de 40 ans, Henda Ayari, avait porté plainte contre le quinquagénaire pour viol auprès du
procureur de la République de Rouen. Ce qui conduisait, en début de semaine,
à l’ouverture d’une enquête préliminaire par le parquet
de Paris.
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Mais jeudi soir, selon nos
informations, une deuxième femme, que l’on nommera Christelle, a aussi déposé
plainte pour viol contre l’islamologue auprès du procureur de la République de
Paris, via son avocat, Me Eric Morain. Cette femme de 42 ans, convertie à
l’islam et souffrant d’un handicap aux jambes, dénonce dans sa plainte, que
nous avons pu consulter, des scènes de violence sexuelle d’une grande
brutalité.
«Pour comprendre ce dossier, il
faut appréhender l’emprise psychologique et religieuse sous laquelle se
trouvaient ces femmes», explique Me Eric Morain. Une dépendance qui pourrait
s’apparenter à un phénomène sectaire. Le conseil de Christelle affirme en effet
avoir reçu ces derniers jours plusieurs autres témoignages de victimes
présumées qui oscillent entre le viol, l’agression sexuelle et le harcèlement.
A chaque fois, celles-ci décriraient un mode opératoire quasi-identique qui
passerait d’abord par des échanges religieux dérapant ensuite sur des
conversations d’ordre sexuel avant la prise de rendez-vous.
«Toi tu m’as fait attendre, tu
vas prendre cher»
Tout comme pour Henda Ayari, les
faits dénoncés par cette nouvelle plaignante se déroulent dans la chambre d’un
grand hôtel, mais cette fois en province, courant automne 2009. Christelle
affirme qu’après des échanges d’ordre religieux avec le théologien sur les
réseaux sociaux durant plusieurs mois, celui-ci lui aurait organisé une
rencontre dans le hall de l’hôtel en marge de l’une de ses conférences.
Prétextant vouloir se mettre à l’abri de regards indiscrets, Tariq Ramadan
aurait alors invité la jeune femme à boire un thé dans sa chambre pour
prolonger plus sereinement leur discussion.
Après avoir servi une tasse à sa
visiteuse, l’islamologue se serait alors jeté sur elle par-derrière en lui
administrant de fortes claques au visage et sur le corps ainsi que des coups
dans le ventre. «Toi tu m’as fait attendre, tu vas prendre cher», aurait-il
lancé à sa victime présumée. La plaignante affirme avoir d’abord subi une
fellation d’une grande brutalité. «Je ne comprenais rien, j’avais les larmes
aux yeux», explique-t-elle dans sa plainte. Elle déclare ensuite avoir été
contrainte à un acte sexuel particulièrement violent. «J’ai hurlé de douleur en
criant stop», confie-t-elle.
Christelle décrit d’autres
contraintes sexuelles, notamment à l’aide d’un objet. Selon elle, Tariq Ramadan
se serait agrippé à ses jambes, provoquant ainsi chez elle de vives douleurs.
Pour terminer, le théologien aurait traîné sa victime par les cheveux à travers
toute la chambre afin de la conduire dans la baignoire de la salle de bains, où
il l’aurait humiliée.
Un SMS très troublant
De ces sévices présumés, la
plaignante affirme avoir gardé aujourd’hui de nombreuses séquelles, lui causant
des souffrances quotidiennes. Christelle aurait été contrainte de passer la
nuit dans le même lit que son agresseur, qui aurait suspendu ses habits en
hauteur pour l’empêcher de s’enfuir. Ce n’est finalement qu’au petit matin que
Christelle serait parvenue à se sauver alors que Tariq Ramadan était occupé
dans la salle de bains.
«Je suis rentrée comme un robot»,
déclare la plaignante, qui dit disposer d’un certificat médical de l’hôpital
local attestant notamment d’ecchymoses et blessures. Christelle évoque un SMS
particulièrement troublant de Tariq Ramadan dans lequel celui-ci aurait ensuite
fait allusion à «une nuit romantique et tendre».
Dans sa plainte, la quadragénaire
décrit ensuite une longue descente aux enfers ponctuée par une dépression, la
perte de son logement et une tentative de suicide par médicament.
Joint ce vendredi soir, Me
Yassine Bouzrou, avocat de Tariq Ramadan, n’a pas souhaité faire de commentaire
sur cette nouvelle plainte. Concernant les accusations de Henda Ayari, le
pénaliste avait opposé dès samedi un démenti formel, et porté plainte mardi pour dénonciation
calomnieuse.
Peut-on rire de Mahomet
? (07.02.2016)
Une dizaine de caricatures
représentant le prophète Mahomet... et le monde musulman s'embrase.
Il a suffit qu'un journal danois,
puis norvégien et enfin le quotidien français France-Soir publient ces dessins
pour qu'à Gaza, par exemple, et en Cisjordanie, deux groupes armés palestiniens
menacent de prendre pour cible tout Français, Danois ou Norvégien qui passerait
par là. Dans ces territoires d'ailleurs, la représentation de l'Union
européenne est désormais fermée.
En Suisse, le porte-parole de la
mosquée de Genève n'est pas en reste qui rappelle que la représentation du
prophète est rigoureusement interdite dans la religion musulmane.
Au nom de la liberté
d'expression, des quotidiens européens ont à leur tour publié les dessins, en
rappelant qu'à part le code pénal, rien ne saurait interdire qu'on prenne une
confession, quelle qu'elle soit, pour cible de la satire.
Pour débattre des la question,
Infrarouge a invité: (liste provisoire)
- Marc Bonnant, avocat
- Tariq Ramadan, philosophe et islamologue
- Hervé Loichemol, metteur en scène de théâtre
- Hafid Ouardiri, porte-parole de la mosquée de
Genève
- Philippe Baud, prêtre, Centre catholique d'études,
Lausanne
- Alex Ballaman, dessinateur de presse La Liberté
- Jacques Waardenburg, professeur honoraire à
l'université de Lausanne et enseignant à l'université de Fribourg
- Nadia Karmous, présidente des femmes musulmanes de
Suisse
--------------------------
a. t. sur https://www.youtube.com/watch?v=BHRXW3vRVHQ
brrr Dahmani: 1/Le Coran fut écrit à Médine. Il est truffé d'appels aux meurtres contre les mécréants. Il est dangereux et constitue le socle qui relie l'ouma tout entière.
2/Ce texte, son authenticité en tant que prétendument 'inspiré par un dieu, n'est attestée que par l'affirmation de Mahomet et n'a au départ profité qu'à lui et sa bande de "fidèles". Aucune preuve ne peut corroborer le fait que la communication avec Dieu soit authentique.
3/Je ne reviendrai pas sur les innombrables incohérences et erreurs qui foisonnent dans ce bouquin. -terre plate - Allah qui voile les yeux, bouche les oreilles, etc..., qui donc décide de ceux qui seront mécréants et des autres qui lui seront fidèles, donc qui dessine le destin de chacun MAIS qui punit de l'enfer ceux qui ne croient pas. (Sourate 2 Versets 6 et 7: "certes les infidèles ne croient pas, cela leur est égal, que tu les avertisses ou non : ils ne croiront jamais. "Allah a scellé leurs cœurs et leurs oreilles ; et un voile épais leur couvre la vue ; et pour eux il y aura un grand châtiment." Pourquoi donc un châtiment puisque c'est Allah qui les a rendus "aveugles et sourds"
4/ le caractère politique évident de ce texte: Croire en Dieu, DONC AU PROPHETE, qui sera l'unique bénéficiaire de ladite foi si Allah répond aux abonnés absents, et lui permettra de conquérir des territoires, le monde (illusion évidemment mais Mahomet ne savait pas à l'époque que le Monde était si vaste).* .... Ne me faites pas rire avec vos preuves détenues par BHL. Le monde ne cesse de découvrir, de progresser alors que votre coran est un boulet qui vous maintient au pré-Moyen Age. Comment un texte farfelu, qui ne tient que par l'affirmation d'un homme qui fut (sur sa seule parole) en contact (sans témoin) avec un dieu problématique, qui promet le paradis et ses vierges à ses adeptes comme unique salaire, à percevoir quand ils seront morts et ne pourront donc pas se rendre compte de la supercherie, comment des hommes, des femmes, ont-ils pu croire à ces sornettes? Tel est le vrai miracle du coran. *La liste des arguments pourrait être plus longue, beaucoup plus longue, mais ce n'est pas le sujet ici; je ne faisais que montrer l'aspect baratineur de Ramadan qui prend ses ouailles pour des cons et qui n'a pas tout à fait tort, en tous cas pour certains d'entre eux. Ramadan exploite ces textes et en tire les avantages que chacun peut constater au grand jour; comme le prophète il a de nombreux "soumis", fascinés comme le cobra face au joueur de flute.
2/Ce texte, son authenticité en tant que prétendument 'inspiré par un dieu, n'est attestée que par l'affirmation de Mahomet et n'a au départ profité qu'à lui et sa bande de "fidèles". Aucune preuve ne peut corroborer le fait que la communication avec Dieu soit authentique.
3/Je ne reviendrai pas sur les innombrables incohérences et erreurs qui foisonnent dans ce bouquin. -terre plate - Allah qui voile les yeux, bouche les oreilles, etc..., qui donc décide de ceux qui seront mécréants et des autres qui lui seront fidèles, donc qui dessine le destin de chacun MAIS qui punit de l'enfer ceux qui ne croient pas. (Sourate 2 Versets 6 et 7: "certes les infidèles ne croient pas, cela leur est égal, que tu les avertisses ou non : ils ne croiront jamais. "Allah a scellé leurs cœurs et leurs oreilles ; et un voile épais leur couvre la vue ; et pour eux il y aura un grand châtiment." Pourquoi donc un châtiment puisque c'est Allah qui les a rendus "aveugles et sourds"
4/ le caractère politique évident de ce texte: Croire en Dieu, DONC AU PROPHETE, qui sera l'unique bénéficiaire de ladite foi si Allah répond aux abonnés absents, et lui permettra de conquérir des territoires, le monde (illusion évidemment mais Mahomet ne savait pas à l'époque que le Monde était si vaste).* .... Ne me faites pas rire avec vos preuves détenues par BHL. Le monde ne cesse de découvrir, de progresser alors que votre coran est un boulet qui vous maintient au pré-Moyen Age. Comment un texte farfelu, qui ne tient que par l'affirmation d'un homme qui fut (sur sa seule parole) en contact (sans témoin) avec un dieu problématique, qui promet le paradis et ses vierges à ses adeptes comme unique salaire, à percevoir quand ils seront morts et ne pourront donc pas se rendre compte de la supercherie, comment des hommes, des femmes, ont-ils pu croire à ces sornettes? Tel est le vrai miracle du coran. *La liste des arguments pourrait être plus longue, beaucoup plus longue, mais ce n'est pas le sujet ici; je ne faisais que montrer l'aspect baratineur de Ramadan qui prend ses ouailles pour des cons et qui n'a pas tout à fait tort, en tous cas pour certains d'entre eux. Ramadan exploite ces textes et en tire les avantages que chacun peut constater au grand jour; comme le prophète il a de nombreux "soumis", fascinés comme le cobra face au joueur de flute.