PRESENTATION
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Avertissement : ce site présente un travail en évolution. La patience des lecteurs est sollicitée pendant que les auteurs continuent à travailler sur les sections qui ne sont pas encore finalisées.
Pour la première fois, voici l'ensemble des documents originaux relatifs à l'élaboration de la religion musulmane, ou du moins, autant que possible jusqu'à présent.
Cet ensemble de plus de 20 000 textes (soit environ 3500 pages papier) est destiné au public occidental, qui n'a pas accès aux sources, mais aussi au public d'origine musulmane, lui aussi mis dans l'ignorance, et qui pourra enfin juger en connaissance de cause, et se déterminer, en ce début de XXIème siècle.
Nous sommes heureux de vous présenter une version améliorée, augmentée et corrigée, pour au moins 60% du contenu, par rapport à la version précédente. Le reste, soit les questions juridiques, rituelles et théologiques, sera ajoutée dans le courant de l'année. Nous présenterons aussi, à la fin de cette même année, une présentation générale du projet, entièrement refondue et actualisée.
L'objectif de l'entreprise est critique et scientifique, il est inutile de le cacher : la méthode ne s'embarrassera en aucune façon, étant donné l'urgence de la situation, d'une attitude de respect trop souvent répandue, qui s'apparente à la compromission et que rien ne justifie, sinon la honte et la peur. Il y a des circonstances où le respect, surtout quand il n'est pas réciproque, n'est pas une bonne chose. Nous y ajouterons de l'ironie parfois, et nous contesterons tout ce qui n'a jamais été présenté sans preuve. Non, Abraham n'a sans doute jamais existé. Non, la Mer Rouge ne s'est pas écarté pour faire passer Moïse et son peuple. Non, les pains n'ont pas été multipliés. Non, Jésus, le Christ des chrétiens n'a pas pu renaître d'entre les morts. Non, Gabriel n'est pas apparu à un Mecquois amoindri dans la grotte du mont Hira. Non, le Coran n'est pas un livre parfait, clair, et incréé. Non, la Kaba de la Mecque n'est pas le centre du monde. Non, Muhammad n'est pas le personnage parfait et impeccable que l'on décrit.
Oui, l'Ancient Testament a été rédigé dans le cadre de la lutte entre les royaumes de Juda et d'Israël. Oui, Abraham est le père symbolique des tribus nomades. Oui, le peuple juif a été polythéiste et idolâtre, contrairement à ce que disent les textes. Oui, le christianisme s'est construit en excluant et en maudissant les multiples sectes qui se sont constitués au cours de son essor. Oui, il est devenu un instrument de pouvoir prodigieux au service de l'Empire Romain. Oui, l'islamisme est né de la synthèse entre le paganisme arabe, un judaïsme excentrique, et des christianismes déviants. Oui, Allah est un dieu arabe, celui de la Kaba de la Mecque, qui sera transformé peu à peu en dieu unique, excluant celui des juifs et des chrétiens. Oui, le Coran est un agrégat de textes, rassemblés à partir de traditions religieuses et culturelles circulant depuis des siècles au Proche-Orient. Oui, la source de Zamzam à la Mecque est le point de départ de la révolution religieuse qui s'est déroulée en Arabie au VIIème siècle. Oui, personne ne sait rien véritablement de Muhammad, une figure qui a été créée lentement, pour concurrencer les prophètes juifs et chrétiens. Oui, le manichéisme a eu une influence majeure sur la doctrine islamque. Oui, personne n'a de preuve qu'avant les années 700, les conquérants arabes aient été d'authentiques musulmans.
Nous partons aussi du principe essentiel selon lequel les religions sont des créations humaines, et les dieux, des créatures humaines. Elles ont un début, un essor, une décadence et une fin. L'humanité survivra aux religions. Elles ont donc une Histoire, elles connaissent une évolution, leurs doctrines s'élaborent peu à peu, sous l'influence des coutumes populaires et des exigences des théologiens, sous l'influence des circuits économiques et des volontés politiques. Le judaïsme d'Abraham n'est pas celui de Moïse, qui n'est pas celui des Rois, pas celui des Maccabées, pas celui de la chute du Temple, pas celui des synagogues et du Talmud. Le christianisme de Jésus n'est pas celui de Paul, qui n'est pas celui d'Origène, qui n'est pas celui de Constantin, pas celui d'Augustin. L'islamisme de Muhammad n'est pas celui d'Omar, qui n'est pas celui de Muawiyya, pas celui d'Abd al Malik. Il faut donc effacer de nos pensées que les religions naissent d'un coup, toutes armées de la tête de Zeus comme Athéna. Cette vue est fausse et théologique. Or la théologie nous reste étrangère, et doit rester telle. L'Homme, l'espère humaine, sous toutes ses formes, est à la base de tous ces mouvements, et à l'origine de nos réflexions sur ces mouvements.
La critique se fera d'abord sur la validité de la documentation, très faible, et nous n'avancerons que ce qui s'appuie sur des documents, des textes, d'où qu'ils viennent. Nous avons ajouté des analyses classiques d'islamologues de valeur, et parfois, des textes issus d'auteurs musulmans, pour que le public puisse mesurer la catastrophe que constituent pour la science l'absence d'esprit critique et le conformisme intellectuel. Nous présenterons tant que possible toutes les problématiques, les interrogations, les axes de recherche, les thèses en présence et les zones d'ombre du phénomène. Ce sera fait de l'Histoire à coup de marteau. Ainsi publiés, les documents dévoilent largement les origines et l'essence de l'idéologie musulmane, en présentant la personnalité de Muhammad, ses paroles et actes, des circonstances politiques, le contexte culturel, les influences religieuses dans lesquelles elle s'est constituée. Nous n'éluderons pas tout ce qui est d'ordinaire dissimulé, comme la dimension violente et totalitaire de la religion musulmane. Ainsi, ils permettront enfin d'effacer un grand nombre de discours hypocrites, lâches et dangereux, de dissiper mensonges et manipulations, de combler le fossé tragique établi entre ceux qui savent et ceux qui ignorent ou croient savoir. Le court-circuit sera salutaire, et permettra de mettre enfin en contact le grand public et les documents historiques et normatifs de la religion musulmane.
Si des musulmans se sentent offensés par ce qui suit, tant pis: ils n'ont plus qu'à entreprendre à leur tour ce travail, à le commenter point par point et à le critiquer en utilisant les méthodes et ressources de la science moderne. Nous espérons qu'alors notre travail puisse devenir le point de départ de leur réflexion, et qu'ainsi, de "savants de l'Islam" comme ils se proclament, ils deviennent savants et scientifiques, au sens vrai et noble du terme.
Principes éditoriaux :
1 - L'orthographe des mots arabes et particulièrement de l'onomastique a été uniformisée et simplifiée.
2 - Quelques mots issus de traductions anciennes ont été modernisés.
3 - La traduction du Coran qui a été choisie est la seconde due à R. Blachère, qui est la plus rigoureuse et la plus neutre en langue française.
4 - Les mots restitués par R. Blachère dans sa traduction du Coran sont rendus ici sans les parenthèses qui les isolent, pour faciliter la lecture.
5 - Les citations de la poésie arabe et des extraits coraniques présents dans d'autres textes sont en italique.
6 - Les textes largement postérieurs sont présentés en petits caractères, en position centrée.
7 - Autant que possible, la traduction des mots arabes en français est donnée en note, ainsi que la forme arabe, en capitales, quand le terme est donnée en français.
8 - En note se trouvent aussi les mentions des auteurs des récits, quand ils sont signifiants.
9 - Les textes d'origine non-islamique, arabe, chrétienne, etc. sont disposés en retrait, pour les distinguer des autres.
10 - Le nom du dieu spécifiquement arabe "Allah" remplace le mot œcuménique "Dieu" souvent proposé par les traductions anciennes.
11 - Les initiales majuscules sont rejetées quand elles sont grammaticalement indues. Elles ne doivent pas donner un sens particulier aux noms communs.
12 - Les patronymes immédiats des individus sont présentés, mais rarement les autres éléments du nom.
13 - De même, sauf par volonté de démonstration, les éléments des chaînes de transmission de témoignages (isnad) sont réduits au minimum, alors qu'ils occupent une place considérable dans les originaux.
1 - L'orthographe des mots arabes et particulièrement de l'onomastique a été uniformisée et simplifiée.
2 - Quelques mots issus de traductions anciennes ont été modernisés.
3 - La traduction du Coran qui a été choisie est la seconde due à R. Blachère, qui est la plus rigoureuse et la plus neutre en langue française.
4 - Les mots restitués par R. Blachère dans sa traduction du Coran sont rendus ici sans les parenthèses qui les isolent, pour faciliter la lecture.
5 - Les citations de la poésie arabe et des extraits coraniques présents dans d'autres textes sont en italique.
6 - Les textes largement postérieurs sont présentés en petits caractères, en position centrée.
7 - Autant que possible, la traduction des mots arabes en français est donnée en note, ainsi que la forme arabe, en capitales, quand le terme est donnée en français.
8 - En note se trouvent aussi les mentions des auteurs des récits, quand ils sont signifiants.
9 - Les textes d'origine non-islamique, arabe, chrétienne, etc. sont disposés en retrait, pour les distinguer des autres.
10 - Le nom du dieu spécifiquement arabe "Allah" remplace le mot œcuménique "Dieu" souvent proposé par les traductions anciennes.
11 - Les initiales majuscules sont rejetées quand elles sont grammaticalement indues. Elles ne doivent pas donner un sens particulier aux noms communs.
12 - Les patronymes immédiats des individus sont présentés, mais rarement les autres éléments du nom.
13 - De même, sauf par volonté de démonstration, les éléments des chaînes de transmission de témoignages (isnad) sont réduits au minimum, alors qu'ils occupent une place considérable dans les originaux.
1
I
POUR LA PREMIÈRE FOIS.
§ 1.
Pour la première fois[1], après 1300 d’existence de ce phénomène, voici l'ensemble des documents originaux relatifs à la création de la religion des musulmans[2] , l’islamisme.[3] Cet ensemble de plus de 25 000 textes (soit environ 4000 pages papier)[4] est destiné au public occidental, qui n’a pas accès aux sources, mais aussi au public d'origine musulmane , lui aussi mis maintenu dans l'ignorance, et qui pourra enfin juger en connaissance de cause. L’expression “origine musulmane” regroupe toutes les personnes nées dans un contexte musulman, qu’elles s’affirment musulmanes ou non. On a trop souvent tendance en Occident à imposer d’emblée une étiquette religieuse à tout individu de cette origine, sans même supposer qu’elle soit capable de libre arbitre en matière religieuse.
Par la vertu d’internet, la somme actuelle est appelée à augmenter, presque indéfiniment.
L'objectif de ce travail réalisé par des universitaires[5] est ouvertement critique , humaniste et scientifique : l'enquête ne s'embarrassera en aucune façon, étant donné l'urgence de la situation, d'une attitude de respect trop souvent répandue et que rien ne justifie, sinon la honte et la peur. On pourra parfois voir poindre l’ironie et le sarcasme, dans les cas où le ridicule les impose presque. Le rire est alors le meilleur antidote à la peur et constitue une arme contre les tyrannies du dogme et du mythe.
Ainsi publiés, les documents dévoilent largement les origines et l'essence de l'idéologie musulmane, en présentant la personnalité de Muhammad ibn Abdallah (de son nom supposé[6] ), ses paroles et actes probables[7] , les circonstances politiques, le contexte culturel dans lesquelles elle s'est constituée , les influences religieuses qu'elle a subies. On insistera notamment sur tout ce qui est d'ordinaire dissimulé: ce qui indique le caractère intrinsèquement violent et totalitaire , depuis les origines , de ce que l'on appelle la religion musulmane. La périphrase est de rigueur , pour rappeler que du vivant de Muhammad , le système islamique n’existe pas encore: Il n’est réellement constitué que deux ou trois siècles: au risque de choquer, le Coran n’est pas purement islamique, et Muhammad n’est pas un musulman… Mais nous nous en expliquerons. A l’origine , les piliers du système ont été , en dépit de ce qui a été dit par des sources partiales et asservies , soucieuse d’apaisement à tout prix , l’exhaltation de la violence , la justification des inégalités entre les humains , par la volonté de soumission des femmes, par la légalisation de l’esclavage, par la soumission des infidèles. et la généralisation de la polygamie. Ces deux institutions, dont les conséquences se perpétuent de nos jours, ont assuré le succès fulgurant du système, sous l’égide de Muhammad et de ses successeurs immédiats, car elles ont favorisé les pulsions masculines les plus basses.
Ainsi, ils permettront enfin d'effacer un grand nombre de discours hypocrites, lâches et dangereux, de dissiper mensonges et manipulations, de combler le fossé tragique établi entre ceux qui savent et ceux qui ignorent ou croient savoir.
N.B. 1 : ceci est une version provisoire de la présentation, qui sera augmentée et corrigée dès que possible.
[3] Islam,“Soumission”. Dla présente étude, le terme d’islam sera remplacé par celui d’islamisme, en tant que système idéologique et religieux, dans les analyses. Dans les documents eux-mêmes, le terme arabe d’islam sera conservé. Les raisons de ce choix seront expliquées en détail et justifiées plus loin.
[6] Le nom français de Mahomet est inspiré du turc et s’éloigne à dessein de la prononciation arabe.
[7] Les hadiths , disponibles surtout sur la base de données constituée par des étudiants musulmans californiens, sur le site msa-usc.
II
UNE MODESTE CONTRIBUTION AU DIALOGUE ENTRE LES CIVILISATIONS.
§ 2.
Nous sommes d' ailleurs heureux de pouvoir publier la version définitive d' islam-documents.org au début de l' année 2008, arbitrairement consacrée comme celle du “Dialogue entre les Civilisations” , sans que l' on prenne même la peine de se demander ce que signifient les termes de dialogue et de civilisation. Dialogue? Socrate étant à la base de toute l’évolution intellectuelle de l’Occident est en même temps et justement celui qui a consacré par son modèle le dialogue comme moyen de penser. Qu’il serve ici de référence constante pour rappeler ce qu’est un dialogue aux normes occidentales. L’initiative semble venir de l’UNESCO, instance largement discréditée pour sa partialité depuis plusieurs années , gangrénée par des cadres islamophiles. Voici la justification de la proclamation:
“L'un des buts du dialogue entre les civilisations est d’étendre la connaissance et l’appréciation des fondements historiques et culturels des différentes populations vivant dans le monde. Souvent, le manque de compréhension mutuelle entre les peuples empêche l’élaboration d’une communication constructive et d’échanges croisés. L’UNESCO, organisation intergouvernementale, est unique dans la mesure où elle peut fournir un cadre de travail approprié pour la rédaction d'histoires générales et régionales incluant une coopération entre les chercheurs et les spécialistes à travers le monde. Ces travaux jouent un rôle clé dans l’émergence et la reconnaissance des identités culturelles et communiquent aux différentes populations une plus grande conscience de leur patrimoine historique, culturel et artistique, ce qui enrichit leur contribution au patrimoine de l’humanité.” [1]
Il ne faut pas être grand clerc pour deviner que sous cette appellation hypocrite, seront évoqués essentiellement les rapports entre l' Occident et le monde musulman , et ce sera l’occasion de disserter sur le sujet ou du moins d’en donner l’apparence.
Cette année sera t-elle vraiment l' occasion de construire les bases d' un dialogue serein et sincère? Qui peut encore y croire, sinon des naïfs, des escrocs, des imbéciles et des malhonnêtes? Le dialogue est en vérité un exercice très exigeant, qui demande beaucoup de la part de ceux qui s' y prêtent , et qui selon la tradition hellénique constitue l’activité humaine la plus prestigieuse. Dans la tradition musulmane, des pseudo-dialogues abondent entre Muhammad et ses disciples. Mais ce ne sont que des prétextes à la présentation de la doctrine. Le chef dispense sa vérité et le public ne peut que l’accepter naïvement. Mais il n' y a pas de dialogue sans franchise , sans respect de l' autre, sans connaissance approfondie de son interlocuteur et sans acceptation théorique et par avance des arguments contradictoires : il est bon de le rappeler comme préalable à tout échange intellectuel et dans le cas présent , il est évident que les conditions du dialogue ne seront pas remplies. Le dialogue ne peut s' exempter ni de la sincérité ni de la clairvoyance sans quoi il n' est plus que bavardage, prétexte à l' intimidation et préalable à la soumission : il est alors un exercice dévoyé , asservi , perverti. Nombreux sont ceux qui ont intérêt à en faire une sorte de vaste conversation de salon , à l’échelle planétaire , autour d’un immense verre de thé à la menthe , qui se révélera parfaitement superficielle , futile et finalement illusoire. En effet , les deux parties ne sont pas prêtes à dialoguer: l’Occident est muré dans sa peur et se réfugie dans l’ignorance et l’incompréhension , se reposant en dernier recours à sa maîtrise de la technique et de l’économie ; le monde musulman se fige dans l’ignorance de soi et de l’autre, dans la certitude de la perfection de sa doctrine et le mépris de l’autre , dans l’obsession machiste de la conquête et de la domination , dans l’inculture de ses masses et la lâcheté de ses élites , dirigée par des clercs obtus et des dirigeants corrompus . Rien n’est sain dans ce rapport de force d’une infernale complexité. Une parodie de dialogue ne ferait que retarder des confrontations rendues plus brutales encore. L’hypocrisie élevée en mode normal de relation ne fera que vicier les rapports entre les cultures. Pour contrer ces schémas néfastes , il serait bon de faire le pari du courage , de la franchise et de la critique argumentée , du refus de la violence comme instrument d’intimidation, et de la part des musulmans, le pari de la rupture . La FITNA, présente depuis toujours dans l’Histoire musulmane , considérée comme le pire des méfaits, pire même que le meurtre. Même au prix des pires atrocités, le musulman lambda ne doit pas abandonner le système qui l’englobe.
On mesure alors le courage qu’il faudra pour mener à bien cette entreprise.
C’est ce que nous proposons modestement , car nous sommes encore remplis de confiance en l’Humanité, en dépit de tout...
Le site que vous allez consulter a sûrement pour vocation de fournir au cours de la discussion des bases claires et saines aux débats , en fournissant à un vaste public des informations inédites , en publiant le fondement de la doctrine musulmane , ce que les musulmans eux-mêmes n’ont jamais osé faire. Après seulement il sera loisible de dialoguer , selon les normes occidentales: c’est Aristote qui écrivait dans son Ethique à Nicomaque, “l' amitié est une belle chose, mais la vérité est plus belle encore” et l' on doit encore croire qu’un vrai dialogue est possible , si et seulement s' il respecte les règles et les exigences du genre , comme la recherche de la vérité.
Il est hélas de plus en plus difficile de croire qu' un véritable dialogue est encore possible. L’année qui s’annonce ne se présente pas sous les meilleurs auspices: les dirigeants religieux et politiques ont intérêt à proposer aux foules la confusion et l’illusion. Au lieu de gagner du temps, ce sera du temps perdu, simplement parce que de part et d’autre , le courage manque: de la part des occidentaux , le courage d’exiger et d’affirmer, d’être fier et d’être soi (ne serait-ce qu’en obligeant à un vrai dialogue véritable). C' est qu’on ne ment pas à de vrais amis, qu’on ne se doit pas d' être amis avec n' importe qui et à n' importe quel prix et que le fait d' avoir des ennemis n' est pas une honte en soi. L’amitié et le respect se méritent , ne s’imposent pas par la force ou par la peur , et ils doivent être sincères et réciproques. Ici , ce n’est pas le cas.
De la part des musulmans, il s’agit du courage d’enfin se regarder en face , de se remettre en question et d’abandonner (ou de permettre l’abandon) une doctrine en décalage dramatique avec le temps présent , en contradiction avec l’ensemble des droits humains.
Une déclaration islamique des droits de l’Homme a été rédigée et promulguée. En voici l’intitulé , l’introduction et le préambule:
La Déclaration islamique universelle des droits de l'homme a été rédigée à l’initiative du Conseil Islamique pour l’Europe, organisme ayant son siège à Londres. La Déclaration a été proclamée le 19 septembre 1981, à Paris, par Salem Azzam, secrétaire général du Conseil islamique, lors d'une réunion organisée au siège de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture [Unesco].
La version française de cette Déclaration, présentée ci-dessous, est, comme la version anglaise, sommaire. Publiée par le Conseil Islamique, elle diverge notablement du texte original en arabe.
Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux
"Ce manifeste-ci est une déclaration adressée aux hommes pour servir de guide et de pieuse exhortation à tous les hommes pieux" (3:138).
INTRODUCTION
L'Islam a donné à l'humanité un code idéal des droits de l'Homme, il y a quatorze siècles. Ces droits ont pour objet de conférer honneur et dignité à l'humanité et d'éliminer l'exploitation, l'oppression et l'injustice.
Les droits de l'Homme, dans l'Islam, sont fortement enracinés dans la conviction que Dieu, et Dieu seul, est l'Auteur de la Loi et la Source de tous les droits de l'Homme. Etant donnée leur origine divine, aucun dirigeant ni gouvernement, aucune assemblée ni autorité ne peut restreindre, abroger ni violer en aucune manière les droits de l'homme conférés par Dieu. De même, nul ne peut transiger avec eux
Les droits de l'Homme, dans l'Islam, font partie intégrante de l'ensemble de l'ordre islamique et tous les gouvernements et organismes musulmans sont tenus de les appliquer selon la lettre et l'esprit dans le cadre de cet ordre.
Il est malheureux que les droits de l'Homme soient impunément foulés aux pieds dans de nombreux pays du monde, y compris dans des pays musulmans. Ces violations flagrantes sont extrêmement préoccupantes et éveillent la conscience d'un nombre croissant d'individus dans le monde entier.
Je souhaite sincèrement que cette Déclaration des droits de l'Homme donne une puissante impulsion aux populations musulmanes pour rester fermes et défendre avec courage et résolution les droits qui leur ont été conférés par Dieu.
La présente Déclaration des droits de l'Homme est le second document fondamental publié par le Conseil islamique pour marquer le commencement du XVe siècle de l'ère islamique, le premier étant la Déclaration islamique universelle annoncée lors de la Conférence internationale sur le Prophète Mahomet (que Dieu le bénisse et le garde en paix) et son Message, organisée à Londres du 12 au 15 avril 1980.
La Déclaration islamique universelle des droits de l'Homme est basée sur le Coran et la Sunnah et a été élaborée par d'éminents érudits et juristes musulmans et des représentants de mouvements et courants de pensée islamiques. Que Dieu les récompense de leurs efforts et les guide sur le droit chemin.
"Ô Hommes, Nous vous avons créés [des œuvres] d'un être mâle et d'un être femelle. Et Nous vous avons répartis en peuples et en tribus afin que vous vous connaissiez entre vous. Les plus méritants sont, d'entre vous, les plus pieux" [Coran, XLIX, 13].
PREAMBULE
Considérant que l'aspiration séculaire des hommes à un ordre du monde plus juste où les peuples pourraient vivre, se développer et prospérer dans un environnement affranchi de la peur, de l'oppression, de l'exploitation et des privations est loin d'être satisfaite;
Considérant que les moyens de subsistance économique surabondants dont la miséricorde divine a doté l'humanité sont actuellement gaspillés, ou inéquitablement ou injustement refusés aux habitants de la terre;
Considérant qu'Allah (Dieu) a donné à l'humanité, par ses révélations dans le Saint Coran et la Sunnah de son saint Prophète Mahomet, un cadre juridique et moral durable permettant d'établir et de réglementer les institutions et les rapports humains;
Considérant que les droits de l'homme ordonnés par la Loi divine ont pour objet de conférer la dignité et l'honneur à l'humanité et sont destinés à éliminer l'oppression et l'injustice;
Considérant qu'en vertu de leur source et de leur sanction divines, ces droits ne peuvent être restreints, abrogés ni enfreints par les autorités, assemblées ou autres institutions, pas plus qu'ils ne peuvent être abdiqués ni aliénés;
En conséquence, nous, musulmans
a) qui croyons en Dieu, bienfaisant et miséricordieux, créateur, soutien, souverain, seul guide de l'humanité et source de toute Loi;
b) qui croyons dans le vicariat (khilafah) de l'homme qui a été créé pour accomplir la volonté de Dieu sur terre;
c) qui croyons dans la sagesse des préceptes divins transmis par les Prophètes, dont la mission a atteint son apogée dans le message divin final délivré par le Prophète Mahomet (la paix soit avec lui) à toute l'humanité;
d) qui croyons que la rationalité en soi, sans la lumière de la révélation de Dieu, ne peut ni constituer un guide infaillible dans les affaires de l'humanité ni apporter une nourriture spirituelle à l'âme humaine et, sachant que les enseignements de l'Islam représentent la quintessence du commandement divin dans sa forme définitive et parfaite, estimons de notre devoir de rappeler à l'homme la haute condition et la dignité que Dieu lui a conférées;
e) qui croyons dans l'invitation de toute l'humanité à partager le message de l'Islam;
f) qui croyons qu'aux termes de notre alliance ancestrale avec Dieu, nos devoirs et obligations ont priorité sur nos droits, et que chacun de nous a le devoir sacré de diffuser les enseignements de l'Islam par la parole, les actes et tous les moyens pacifiques, et de les mettre en application non seulement dans sa propre existence mais également dans la société qui l'entoure;
Si un dialogue est possible et même souhaitable, il doit se nouer entre des individus, et non entre des institutions ou des communautés, entre des laïcs et non entre des clercs, sur les valeurs humanistes et universelles, et non sur une base religieuse. C’est pourtant comme cela, en dépit du bon sens et au mépris de l’espérance que le “dialogue” a été organisé cette année finissante. Le fait que l’Arabie Saoudite ait participé au premier plan à ces festivités pathétiques donne envie de rire pour ne pas en pleurer... Décidément, les religions ne seront jamais des vecteurs de dialogue, mais plutôt des obstacles, qu’il vaudrait mieux araser.
Il est remarquable que les “histoires générales et régionales” n’abordent pas le sujet auquel nous nous sommes consacrés , pourtant fondamental à toute entente interculturel!
[2] Déclaration islamique universelle des droits de l’homme SEPTEMBRE 1981 | CONSEIL ISLAMIQUE POUR L’EUROPE
III
APPEL A TOUS LES COURAGES
§ 3.
La version actuelle d’islam-documents.org est en français , mais nous souhaitons présenter pour l' avenir des versions du même travail dans d' autres langues. Nous exhortons d' ailleurs toutes les personnes qui se sentent capables et motivées , à entamer le même type de travail , critique et scientifique sur les origines historiques et les fondements idéologiques de l' islam.
Sur ce sujet , l' afflux de documents et d' analyses ne sera jamais un problème: ici, la masse d’informations présentées est plutôt devenue un avantage décisif. Nous avons voulu prouver que des occidentaux étaient capables de curiosité pour autrui et de maîtrise de la documentation. On fait depuis longtemps le procès des Orientalistes occidentaux, qui se sont intéressés à l’islamisme depuis le début du XIXème siècle: E. Saïd en a fait son terrain de jeu en toute impunité. C’est oublier qu’ils ont été, malgré leurs préjugés évidents, à l’origine de la recherche dans ce domaine, en l’absence des intellectuels musulmans sur les mêmes sujets. Ils ont fait tout le travail, purement et simplement. Leurs partis-pris et excès peuvent et doivent toujours être identifiés et corrigés, mais leur apport est essentiel, quasi-exclusif.
On regrettera aussi qu’il n’y ait pas eu de savants musulmans “occidentalistes”. Certes, profitant des revenus pétroliers, qui irriguent de multiples et mystérieux canaux jusque dans les revues scientifiques, quelques demi-savants islamiques, théologiens à la solde du prophète, tentent d’endiguer le flot toujours croissant des études impartiales et scientifiques. Ils ne seraient rien s’ils n ‘étaient eux-mêmes soutenus par des chercheurs dévoyés, dont nous reparlerons.
Nous aimerions même que par défi, des érudits musulmans tentent eux-aussi de présenter un travail aussi considérable au public occidental: d' abord, sur leur propre doctrine, démontrant ainsi qu’ils la connaissent en vérité et qu’ils osent s’y confronter publiquement , ensuite sur les autres systèmes religieux, pour dévoiler enfin leur conception de la tolérance et leur intérêt envers autrui , s' il existe . Un pathétique exemple de ce refus complet de comprendre l’autre est consultable dans l’ouvrage de H. Boubakeur , “Traité Moderne de Théologie Musulmane”, publié à Paris en 1985. C’est une synthèse de tous les préjugés musulmans sur les autres religions. Il est même en deça du traité de Muhammad ibn Abd al-Karim Shahrastan nommé “Livre des Religions et des Sectes” , d’ailleurs co-édité par l’Unesco en 1986, vaste, méprisant, passionnant rassemblement de toutes les conceptions musulmanes sur autrui et ses convictions. On mesure alors le recul intellectuel qui s’est opéré dans ce monde…
S' ils se sentent dénudés , s' ils sentent que leur doctrine a été mise à nu , à vif , s’ils en frissonnent, s’ils en ressentent de l’humiliation , qu’ils sachent bien que cela n' a pas été fait par haîne envers eux , mais que la science et la liberté doivent s' exprimer elles aussi avec une brutale franchise, sans que celle-ci ne soit dirigée expressément contre les personnes. Là , la cible n’est qu’un amas d’idées , un rassemblement de textes et de traditions séculaires , figées par l’habitude , la passivité et la haîne , qu’aèrent péniblement des interprétations affligeantes de sottise. et d’obscurantisme.
Nous sommes , nous, parfaitement au fait des lois démocratiques et des principes présents dans la Déclaration des Droits de l' Homme et du Citoyen, qui pour le coup doit être considéré comme le seul texte vraiment de référence. Nous reconnaissons en même temps que ce texte est fondamentalement issu de valeurs considérées comme chrétienne, superficiellement laïcisées et arrachés aux églises. C’est d’ailleurs pour cela qu’il est rejeté par nombre d’institutions musulmanes. . Nous nous référons exclusivement à celui-ci , et à la tradition laïque (et même un peu anticléricale , nous le confessons) qui s’est développée en France et dont nous pouvons être fiers.
Nous exhortons aussi tous ceux et toutes celles qui sont intéressés par ce travail à le divulguer, le réutiliser, le traduire dans toutes les langues et même à le critiquer ou l’amender. Une traduction de l' ensemble en anglais a d' ailleurs déjà été évoquée. Une autre en arabe serait plutôt facile puisque l' essentiel des textes sont écrits à l' origine dans cette langue. Nous nous adressons en particulier au public d’origine musulmane, aux jeunes et aux femmes, qui subissent quotidiennent et depuis toujours le poids de cette idéologie justifiant toujours l’oppression des faibles par les hommes, les vieux, les forts, les plus violents. Que les victimes soient conscientes que toutes nos pensées vont vers elles et qu’elles nous ont aidées tout au long de ce travail. Nous espérons qu’elles trouveront ici matière à comprendre, réfléchir, résister et même rire. Enfin, il serait bon que d' autres encore se chargent de publier tous lesdocuments originaux concernant les autres religions , quelles qu’elles soient, pour décharger les historiens des religions , souvent pleutres et parfois incapables, d' une tâche trop lourde pour ce qui est entre leurs épaules.
Islamisme est une affaire bien trop sérieuse pour ne la laisser qu'aux seuls musulmans. que des auteurs d'autres confession, ou sans confession, sans autre fidélité que celle envers la méthode et la science se chargent de son étude est une impérieuse nécessité. Que seuls les historiens juifs et chrétiens s'en acquittent n'est pas non plus un idéal. Ce serait une belle surprise de lire des analyses du phénomène par des personnes originaires d'Inde, de Chine, ou du Brésil. Seuls de rares Japonais, jusqu'à présent, ont apporté quelques pierres notables à l'édifice.
IV
2005 : l' AFFAIRE DES CARICATURES
§ 4.
Ce n’est qu’un hasard si les auteurs du site sont des universitaires en poste sur le territoire français , historiens et philologues. Nous ne tirons aucune gloire particulière du fait que ce soit en France qu’est né ce travail. On peut y voir sans doute un effet de la vigoureuse tradition laïque qui s’est établie ici, au prix de longues luttes.. Le point de départ de ce projet a été la fameuse affaire des caricatures[1] , qui a troublé le monde entier durant quelques semaines. Le début de la crise était parfaitement ridicule et il s' est avéré être le fruit d' une vaste manipulation partie d' Egypte , autour de l’ ”université” d’ al Azhar[2] et des Frères Musulmans. [3] C' était en réalité une sorte de test à l' échelle planétaire qui était imposé à tous et à chacun: il fallait voir quel était le niveau de réaction des sociétés occidentales face à l' imposition de normes islamiques. A la tentative ont participés toutes les institutions musulmanes, y compris celles qui se présentent comme modérées, car toutes ont été gagnées par la surenchère. Qu’on en juge avec la déclaration menaçante et maladroite du recteur de la mosquée de Paris:
“Caricatures offensantes du Prophète Mohamed (SAWS)
Paris, le 1er février 2006
La publication de caricatures du Prophète de l’Islam par le quotidien danois « Jyllands Posten » relayé par un quotidien parisien est un acte exécrable mettant une nouvelle fois en exergue l’Islamophobie ambiante, raciste et méprisante, envers plus d’un milliard de musulmans.
La personne du Prophète Muhammad est fortement vénérée dans le monde. Il ne viendrait à l’idée d’aucun croyant de ridiculiser les fondateurs d’autres religions ou croyances tels que Jésus, Moïse, Bouddha, Confuciusn etc…
De tels actes prémédités pour porter atteinte et humilier la foi musulmane sont gratuits, délibérés et pernicieux pour nuire, notamment à la paix religieuse.
Cela ne peut que raviver les tensions en Europe et dans le monde où l’on cherche plutôt à rapprocher les idées et les hommes, non à la diviser et à les opposer.
Les caricatures danoises apportent ainsi des éléments supplémentaires à tous ceux, de tous bords qui ne travaillent que pour aggraver les fractures entre l’Islam et l’Occident.
Aujourd’hui les boutefeux du révisionnisme et les négationnistes touchent à la relecture du nazisme et de ses crimes, et ne se gênent plus pour porter atteinte au sentiment du Sacré qui n’a pas à être jugé ni ridiculisé et encore moins caricaturé par ceux qui n’y croient pas.
Il n’y a plus dans ce cas de liberté de la presse mais détournement de cette liberté.
Hier les musulmans du monde étaient incapables de réagir à leurs détracteurs qui des siècles durant n’ont pas cessés de déverser des tombereaux de calomnies sur leur religion, leurs livres sacrés, leur Prophète.
La modernité d’aujourd’hui leur permet d’exprimer leur profonde désapprobation de cette atteinte profanatoire et diffamatoire portés à leur religion caricaturant et affublant leur Prophète d’une image de terroriste accréditant une fois de trop l’Islam à la violence et au terrorisme.
Comme dit le proverbe « Qui sème le vent récolte la tempête ».
La Grande Mosquée de Paris condamne fermement cette atteinte inqualifiable du respect que mérite toute croyant quelle qu’elle soit de par le monde. “
Docteur Dalil Boubakeur Recteur de l’Institut Musulman de la Mosquée de Paris.
Le texte est reproduit tel quel, avec ses fautes de syntaxe et d’orthographe. Son auteur est pourtant l’incarnation de l’ « islam de France », genre de chimère, réputé tolérant et modéré, intégré, ce que conteste le fond et la forme de son petit discours. Il est assorti de menaces claires.
Ces sociétés surtout européennes ont d' abord été pétrifiées par les violences primitives qu’une partie (limitée) du monde musulman a cru bon et licite de commettre , par des vociférations, des destructions et des meurtres. L' intimidation a parfois été efficace , et des dirigeants lâches ont souvent préféré la compromission et l' apaisement plutôt que la réaffirmation des principes et du droit: J. Chirac ne sortira pas grandi de cette affaire au regard des historiens : depuis son appartenant prêté par la famille Hariri, il "condamne toutes les provocations manifestes susceptibles d'attiser dangereusement les passions". L’Union Européenne a prouvé une fois de plus sa faiblesse morale en refusant de soutenir le Danemark outragé.
Chacun a pu compter les traîtres et les “idiots utiles”[4] qui figuraient dans ses propres rangs, dans les deux camps : il ne faut pas oublier que dans les sociétés encore musulmanes, des individus ont fait preuve de courage en refusant les appels à la haîne et en appelant au véritable dialogue , par la publication des dessins chez eux , par exemple.
Ils l' ont souvent payé cher , mais grâce à leurs initiatives, les choses changent , et c' est une occasion d' espérer: Ainsi , le cas yéménite:
“Moscou, 13 décembre 2006 - RIA Novosti. Deux journalistes de l'hebdomadaire yéménite Al-Hourriya ont été condamnés pour avoir reproduit des caricatures du prophète Mahomet, a annoncé mercredi l'agence Reuters. "Les journalistes ont été condamnés à quatre mois d'emprisonnement avec sursis. Le tribunal a d'autre part interdit au rédacteur en chef du journal, Abdel Halim Akram Sabra, ainsi qu'au journaliste Yahia Al-Abed, de publier pendant un mois. Al Hourriya est le troisième journal yéménite contre lequel la justice prononce une condamnation pour reproduction de caricatures du prophète Mahomet. Le 25 novembre, le tribunal avait condamné le rédacteur en chef d'Al-Rai Al-Aam, Kamal Al-Olfi, à un an d'emprisonnement avant d'infliger le 6 décembre une amende de 500.000 riyals (2.500 dollars US) au rédacteur en chef du journal Yemen Observer paraissant en anglais.“.
C’est dans ces gens-là que réside l’espérance.
Les principes sur lesquels sont fondés nos sociétés toujours démocratiques intègrent clairement la liberté d' expression et l' absence d' interdiction d' origine religieuse, quelles qu elles soient: il se trouve qu’en Europe, pour ne prendre que cet exemple , représenter un être humain n' est pas illicite , et l' art figuratif est même à la base de la civilisation occidentale , depuis les idoles cycladiques. Imposer un seul interdit sans aucune légitimité et tout le système sur lequel nous nous appuyons est ébranlé. La critique ou la moquerie d' un dogme est aussi un droit chèrement gagné et il a nécessité des siècles de lutte, notamment en France. Il serait inconvenant alors , comme une insulte à tous les martyrs de cette cause , de renoncer en trois jours à des droits acquis durant trois siècles. Que des musulmans acceptent le dogme musulman, voilà qui a priori semble normal (si du moins ils n’étaient pas contraints de le faire par le poids des traditions et la peur des hiérarques islamiques) , mais l' imposer hors de cette sphère de soumission revient à pratiquer une forme de totalitarisme à l' égard du reste du monde , et à l’asservir moralement avant même de le vaincre. “Islam”, en arabe, rappelon-le. Le mot a deux acceptions : la première , largement présentée au public, est la soumission totale de l’individu à la divinité. La seconde, moins mise en évidence, et pour cause, est la soumission due au pouvoir musulman par les non-musulmans. Un savant comme A.-L. de Prémare l’a parfaitement montré au cours de ses travaux.
On mesure alors l' enjeu du test mentionné auparavant: il s' agissait d' une tentative d' imposer un ordre nouveau, pourvu de nouvelles normes. Mais ce n' était qu’une partie de la crise , qui a affecté le plus grand nombre. En effet , réduire à néant la critique d' un personnage historique, revient aussi à censurer tout essai de recherche scientifique sur l' individu Muhammad , et plus largement sur les origines de l' islam. La caricature ou la satire sont des exercices superficielles et parfois de mauvais goût de l' expression de la liberté d' expression. La liberté dans le domaine de la recherche scientifique porte sur des sujets beaucoup plus fondamentaux. Mais voici ce qui est plus grave : si l' on ne peut pas rire de Mahomet , on peut encore moins tenter de l' étudier sérieusement , parce que les conclusions de l' étude pourraient , qui sait, ne pas correspondre aux normes islamiques et à l' humeur des clercs qui les défendent et au-delà, à la Vulgate politiquement correcte et soumise: toute recherche autonome est alors impossible. Il en va de même pour l’ensemble des doctrines religieuses, qui ne souffrent pas que l’on puisse inspecter, ausculter leurs origines. Le christianisme lui-même a résisté deux siècles avant de céder , et il n’a pas forcément abandonné sa volonté de dissimulation. Il est même remarquable que les trois systèmes monothéistes principaux se soient présentés comme un front commun dans l’affaire des caricatures.
Or il se trouve que les recherches sérieuses, fondées sur les documents originaux , dépassent largement la signification des caricatures incriminées: aux fameux dessins prenant pour cible ce personnage à qui l' on semble reprocher quelque relation avec la violence correspondent effectivement une violence pourtant clairement attestée dans tous les textes doctrinaux , des meurtres commis en son nom , une brutalité qu’il promeut , un terrorisme qu’il sanctifie : des centaines de pages suffiront à le prouver sans peine. L’emploi massif et tout à fait erroné du mot “terrorisme” est un moyen commode de camoufler une réalité: le danger n’est pas le terrorisme, qui n’est qu’un moyen d’action militaire (qui a été employé par de multiples pouvoirs), mais bien l’idéologie islamique , qui en fait largement usage depuis les origines.Au-delà de l' icône Muhammad , c' est toute la question des origines de l' islamisme qui est en jeu , et qu’on tente de sacraliser pour éviter que la recherche ne s'y intéresse. La démarche est similaire à la constitution d’un sanctuaire arabe, un HARAM. Il faut garder les origines de l’islam de la souillure que pourrait constituer un examen mené par des incroyants. La question des origines est cruciale , elle soutient tout le système et si l'on démontre scientifiquement le caractère artificiel de la genèse de l'islam , C' est l'ensemble qui est ébranlé. La meilleure illustration en est évidemment le travail entamé sur les premiers manuscrits du Coran , qui révèlent une évidence , à savoir que le texte a une Histoire, comme tous les textes: il s'est constitué peu à peu, au fil des années et bien après la mort de Muhammad: ainsi, il est manifeste qu'il n' est en rien un objet d'origine surnaturelle. Mais les travaux sur le sujet sont très lents et freinés pour des raisons évidentes.[5]
Dans la liste des thèmes encore considérés comme tabous (et qui méritent au moins la discussion, et la contreverse, sans préjuger de la validité des hypothèses de recherche), et que l' on évitera absolument de proposer au grand public , figurent les questions suivantes: le caractère largement fictif du personnage central, les origines judéo-chrétiennes du phénomène, la perpétuation des comportements pré-islamiques à travers les rites , le rôle central de la violence (et de la polygamie) dans l' expansion de l' islam en Arabie et ailleurs, l' effondrement de la condition féminine , les mystères du nom de Muhammad , la figure d' Allah comme divinité locale strictement arabe , la survie du polythéisme sous couvert d' un monothéisme de façade, pourtant constamment proclamé, le caractère clairement artificiel des textes de référence, la fréquence des anachronismes , la haîne envers les infidèles , la construction postérieure du personnage Muhammad et du dogme avec trois siècles de décalage , la réappropriation directe des thèmes juifs et chrétiens, les contresens sur les autres doctrines , etc... L’intégralité de ces sujets sera présentée et analysée dans islam-documents.org.
Finalement, les pauvres humoristes danois , par leurs dessins patauds , ont eu une intuition brillante, parce que tout se retrouve dans les documents écrits en arabe , et qu’ils n' ont sûrement jamais lu. Les dessins ont été publiés dans le quotidien conservateur Jyllands Posten; L’initiative qui a été prise est dûe aux difficultés d’un écrivain pour enfants, qui ne trouvait pas de dessinateurs pour son ouvrage consacré à Mahomet. En réalité , ils exprimaient tout ce que l' opinion publique en général pressentait , sans savoir et sans oser se l' avouer. Il manquait décidément au public un dossier sur le sujet , sur les origines du phénomène , sur Muhammad et sur l' idéologie qu’on a élaborée autour de son nom.
Nous espérons que celui qui est présenté ici suffira pour quelque temps à répondre aux curiosités.
[1] R. Saloom, « You dropped a bomb on me, Denmark : A legal examination of the Cartoon Controversy and response as it relates to the Prophet Muhammad and Islamic law », Rutgers Journal of Law and Religion, 2006, 8; M. Sifaoui, L’affaire des caricatures de Mahomet , Paris 2006.
[2] Université prestigieuse dans le monde musulman, immense institut de formation de religieux , qui est considéré comme la référence “intellectuelle” , le cerveau , si l’on veut , du monde musulman sunnite, notamment par la voix de l’imam de sa mosquée, Tantawi, parti prêcher la grandeur d’Allah dans un autre monde. Mais elle n’est pas une université au sens moderne et occidentale du mot.
[3] Une organisation panislamique militante, fondée en Egypte en 1928 , qui veut refonder un Etat fondé exclusivement sur l’islam, la sunnah et la sharia. L’UOIF est réputé être proche des Frères Musulmans.
[4] L’expression est léniniste d’origine: elle désigne ceux qui servent les intérêts du mouvement sans le savoir, par leur naïveté, leur sottise et leur aveuglement. Souvent, la véritable raison de leur comportement est la fascination malsaine pour une idéologie totalitaire et violente, commune chez les intellectuels.
[5] Sur ce sujet fondamental , cf. l’article synthétique de T. Lester, “What is the Koran”, Atlantic Monthly 1999 ; il existe une version de l’article sur internet: http://www.theatlantic.com/doc/prem/199901/koran.
V
RECOURS AUX SOURCES
Archéologie.
Gros efforts. Mais surveillance. Blocages énormes.
10 000 sites repérés en Arabie Saoudite, mais le chiffre ne veut pas dire grand chose.
§ 5.
Il s' agit d' effacer le discours mystificateur si répandu en Occident qui veut présenter les violences et les injustices commises au nom de l' islamisme comme des trahisons, perversions, interprétations extrêmistes d' une doctrine forcément irréprochable, toute entière de la pureté de ses origines. Le schéma de l' évolution chronologique du christianisme est à l’origine de cette conception erronée. Aucun système religieux ne ressemble à un autre et ses normes autant que son vocabulaire sont distincts des autres : il est illusoire et dangereux de vouloir comprendre l’islamisme par le christianisme , ou l’inverse. Mais que dit-on alors des origines?
La simple consultation des textes originaux, de ceux qui font références, de ceux qui forment la doctrine telle qu’elle est apparue , prouve qu il n' en est rien , que les auteurs de ces méfaits ne font que suivre pieusement les enseignements primitifs de la religion , à son état natif . Aussi inhumains et aberrants , voire totalement ridicules, abjects ou stupides qu’ils puissent être , ceux-ci ne sont jamais remis en cause, chez les uns , et jamais mis en évidence chez les autres , d' où l' accumulation tragique des malentendus de part et d' autre. Les premiers ne font qu’appliquer des principes caduques, ils suivent un modèle archaïque, ils prolongent au début du troisième millénaire la brutalité de l' Arabie du VIIème siècle, transcendée par l' aventure personnelle de Muhammad. Même si cela inquiète , même si cela blesse , trouble et dérange , il existe une cohérence totale entre les atrocités commises sous les ordres de Muhammad (dit “le prophète ou “l' apôtre d' Allah”)[1] et les atrocités commises durant toute l' histoire musulmane jusqu’à nos jours , à l' encontre des infidèles, des femmes , des dissidents. La littérature jihadiste, si volumineuse , n’est en réalité que la répétition à l’infini de l’aventure primitive de Muhammad, de toutes ses phases, surtout guerrières, connues à la perfection. Le mythe fondateur remplit sa fonction à merveille, et fournit des exemples de courage, de violence, de dureté , d’abnégation , de patience et de sacrifice.
Les comportements les pires se sont appuyés sur les textes les plus clairs, les plus évidents, les plusrespectés : on verra ici des centaines de textes exhortant à la violence , la légitimant , la sacralisant. Le mal , c' est-à-dire la haîne, est enracinée dans la doctrine primitive , et toute les tentatives pour l' extirper ont échoué les unes après les autres. L' immense majorité des exégètes musulmans a approuvé et a encouragé de telles actions. Bien rares et courageux ont été les clercs qui ont tenté d' infléchir la doctrine vers plus de tolérance et d' humanité en remettant en cause les principes ; ils l' ont souvent payé de leur vie (A. Dashti en Iran , M. Taha au Soudan )[2]; Ali Dashti, disparu en 1979 après de longs séjours en prison et des mauvais traitements , malgré son âge avancé. Son ouvrage “23 Years” est précurseur de toutes les études critiques provenant du monde musulman. Nous avons décider d’en traduire des extraits conséquents pour les diffuser le plus largement possible, et rendre ainsi un hommage posthume mérité à son auteur. Ce personnage précurseur, très peu connu en Occident, a été pendu à Khartum en 1985 , après avoir fondé le mouvement des Frères Républicains” (pour faire pièce aux Frères Musulmans) et pour avoir notamment préconisé l’abandon de certaines prescriptions coraniques. Les organisations musulmans internationales, unanimes, ont félicité le Soudan pour cette exécution à grand spectacle.
en revanche, des personnages tels que Sayyid Qubt, même disparus, ont eu une postérité plétorique: celui-ci n’a fait qu’adapter le message coranique de la manière la plus brutale et révolutionnaire.[3]
Par des exemples innombrables , il est malheureusement facile de retrouver dans les actes et les paroles de personnages actuellement (et faussement) considérés comme extrémistes , les actes commis et les paroles proférées par Muhammad et ses disciples. Nous proposerons parfois à la fin de tel ou tel chapitre un dossier de quelques documents contemporains attestant la continuité doctrinale à travers les siècles. Il est remarquable que les chefs des jihadistes actuels, vilipendés sans être totalement compris, connaissent bien l’arabe, sont des connaisseurs avertis des textes, et qu’ils ne sont pas contestés au niveau du dogme par les musulmans dits “tolérants”. Ceux-ci savent bien que les textes leur donneront tort, et ils évitent à tout prix d’entamer la contreverse.
Les références sont limpides et la continuité est rectiligne, même si cela semble parfaitement déraisonnable aux yeux des partisans du progrès et des défenseurs de l' humanisme.
Internet fournit une bonne occasion de sortir de l’ornière.
"Faut-il en conclure que nous manquons d'informations solides sur la vie de Mahomet? Non, nous disposons bien au contraire de milliers d'informations utiles au regard de l'historien, et il faut s'attendre à ce que d'autres encore soient découvertes dans un proche avenir. (...) Les nouvelles technologies sont à cet égard d'une grande aide. Des milliers d'ouvrages de la littérature classique en arabe sont maintenant accessibles par internet et libres de droit. Plusieurs banques de données incluant des milliers de volumes ont été créées à travers le monde musulman. Les avancées de la high-tech permettent ainsi de mener des recherches il y a encore peu impossibles. Ce qui hier exigeait des mois prend aujourd'hui quelques secondes. Ce phénomène est, bien sûr, à l'oeuvre dans d'autres champs de la recherche, mais il commence seulement à donner des résultats dans l'étude de l'histoire musulmane, notamment dans la reconstitution des textes."
Le plus cruel sans doute dans le dévoilement des sources de la doctrine est bien que l' on se rendra compte que le totalitarisme ainsi établi est parfaitement incapable de s' adapter dans ses principes à la diversité humaine et aux notions de progrès et de tolérance. Il est donc temps de passer à autre chose , qui ne pourra qu’être meilleur , plus favorable à l’épanouissement de l’être humain.
Les tentatives de réformes ont toujours eu pour référence la pureté originelle des commencements, et l' exemple muhammadien, sans lequel il n' y a point de salut. s' il y a eu des moments de créativité et de liberté relative dans le monde musulman, c'est en dehors du système, contre lui et de la part de dissidents courageux. Rien n' a jamais changé dans les principes et rien ne changera, tant que les principes ne seront pas définitivement abandonnés. L’idée d’une réforme est un leurre longuement agité devant l’opinion internationale. Les avancées ne proviennent jamais des responsables musulmans , mais par l’action d’individus et par les influences extérieures. Il n’y a rien à attendre de la part des institutions musulmanes , autocrates , attardées et anachroniques, frappées d’une séculaire obésité intellectuelle. Espérons que leur présentation au public le plus large possible sera le préalable à cet abandon salutaire à cette rupture , et qu’ il y contribuera à sa façon.
sources très cacophoniques, très perméables à tout, aux détails inutiles, aux incohérences, de peur de perdre une quelconque miette qui serait "plus importante que le monde et ce qu'il contient", selon la formule consacrée. Cela donne parfois un petit côté "nouveau roman" qui pourrait être amusant.
Psittacisme et logorrhée sont donc les mamelles de cette production, qui accumule et empile et amasse parfois des dizaines de versions du même fait dont personne ne sait s'il est réel. Savoir que les érudits musulmans responsables de cette littérature ne maîtrisaient ni les photocopieuses ni l'information est chose rassurante.
littérature normative, qui n'a pas pour but de découvrir une réalité passée. et une Histoire sainte, qui a pour but de démontrer les progrès de la religion, et la réalisation des prophéties.
Le monde tel qu'il devrait être islamiquement.
Sunna: petit livre vert du Mao de Médine.
La Tradition.
Le texte du Coran a donc été définitivement fixé dès le milieu du VIIème siècle, sauf quelques mots qui restent indécis ; mais l’interprétation de nombreux versets a été aussitôt et reste incertaine : grammatici certant. Or, il y avait eu, jusqu’en 632, un commentaire vivant de la révélation, le Prophète, dont les paroles, les actions, les silences et les abstentions devaient servir d’explication et de modèle à tous les musulmans. Le Coran a dit : « Il y a pour vous un bel exemple en l’Envoyé d’Allah. » C’est une « Imitation de Muhammad », la tradition sunna, exprimée par les récits, hadith. Les compagnons du Prophète les transmirent à la seconde génération de croyants, celle des Suivants, qui la confièrent eux-mêmes aux Suivants des Suivants. On en parvint ainsi au IXe siècle, à l’époque des grandes controverses religieuses, et des hommes instruits composèrent, sous leur propre responsabilité, des recueils de hadith, où ils notèrent soigneusement la route par laquelle ceux-ci leur étaient parvenus, la « chaine des appuis », isnad.
Mais au temps où les théologiens-juristes ont rassemblé les membres épars de la sunna, la société musulmane s’était singulièrement élargie. Des érudits d’origines diverses s’efforçaient de compléter et de combiner le Coran avec les coutumes et les lois des nouveaux convertis. Ils cherchaient dans l’exemple du Prophète des preuves de la rectitude de leurs propres opinions ainsi se formèrent des recueils de hadith dont les tendances sont différentes, selon les sectes religieuses et les rites juridiques. Enfin, il fut trop tentant de fabriquer des hadith ; les plus dangereux, selon les commentateurs, sont ceux qui ont conservé des traditions authentiques et les ont mêlées à leurs inventions. La sunna assembla ainsi un arsenal de preuves pour ou contre les Omeyyades, les Abbassides, les Alides, les mutazilites, les hanafites, les malikites, etc., etc. ; mais elle permit, d’autre part, d’adapter la loi musulmane aux besoins de la société des ville et IXe siècles.
Rien ne montre l’importance que les musulmans attribuent au hadith comme le petit fait suivant : l’opinion syrienne n’a pu accepter que Médine ait eu le privilège exclusif d’entendre la tradition de la bouche de Aïcha, la veuve du Prophète, et elle a voulu que celle-ci fut aussi venue la dire dans un angle de la cour de la Grande Mosquée de Damas, où en 1184 encore un voile dissimulait son ombre aux regards indiscrets .
Comme à la critique du Coran, l’effort des érudits musulmans s’est attaqué à celle du hadith : il s’agissait de distinguer dans la masse des traditions celles qui sont authentiques et s’imposent à la croyance. Des recueils ont alors été composés, donnant la série reconnue comme authentique. Les principaux sont les deux « sains » sahih de Bukhari (m. 870) et de Muslim (m. 875), puis les livres de Tirmidhi (m. 892), Abu Daud (m. 888), Ibn Hanbal (m. 88), Ibn Maja (m. 886) et Nasa (m. 915). Ils ont classé les hadith par matières formant des chapitres ; Ibn Hanbal seul a pris pour ordre celui des noms des traditionnistes asanid .
Les critiques musulmans ont noté avec joie les hadith acceptés par tous les docteurs orthodoxes, et qui jouissent ainsi du consensus idjma. Le hadith, comme le Coran, a eu ensuite ses commentateurs.
Les différences et les contradictions qui apparaissent entre les hadith expliquent la méfiance que des historiens comme le P. Lammens leur ont témoignée. La Tradition n’en est pas moins une source essentielle de la compréhension du Coran. La critique doit assurément essayer de déceler dans la Tradition tout ce qui est apport ou altération étrangers aux souvenirs primitifs réels ; mais il serait excessif de penser que de tels souvenirs ne restent pas fréquemment à la base de la Tradition, et ils sont les seuls à nous fournir la biographie du Prophète, qu’on ne peut tirer du Coran.
(...)
Certes dans le hadith la ligne de démarcation est difficile à tracer, épisode par épisode, entre le faux, le vrai, l’élaboré ; mais si l’exactitude méticuleuse des moindres faits est impossible à établir, la croyance commune que reflète l’ensemble reste un élément précieux à utiliser pour restituer la figure d’un homme ou de son époque ; si le Coran est la version définitive de la Loi de Moïse, le hadith est l’Évangile de Muhammad. On peut donc essayer de choisir, dans l’ensemble des informations, avec un effort pour réduire la dose d’arbitraire, celles qui paraîtront exprimer le mieux l’âme du Prophète initiateur d’autres âmes en une étape de l’évolution de l’esprit humain.
(M. Gaudefroy-Demonbynes, Mahomet, p.11-14).
“De façon générale , on admet que la critique des traditions , telle qu'elle est pratiquée par les spécialistes musulmans , est insuffisante et que , bien qu'elle ait éliminé de nombreuses falsifications , le corpus classique contient encore beaucoup trop de traditions qui ne peuvent vraisemblablement pas être authentiques. Tous les efforts pour extraire de cette masse , qui bien souvent se contredit , une once de vérité , en se fiant à l'intuition historique , ont été voués à l'échec. Goldziher , dans un autre de ses travaux fondamentaux , n'a pas seulement exprimé ses « réserves sceptiques » en ce qui concerne les traditions contenues même dans les collections classiques (c'est-à-dire les collections de Bukhari , Hajjaj et d'autres) , mais il a montré de façon positive que la grande majorité des traditions du prophète sont des docu- ments qui ne datent pas de l'époque à laquelle ils prétendent appartenir , mais qu'ils constituent des étapes successives du développement des doctrines tout au long des premiers siècles de l'islam. Cette brillante découverte devint la pierre d'angle de toute investigation sérieuse. Ce livre confirme les résultats de Goldziher et va plus loin encore en ce qui concerne les points suivants: un grand nombre de traditions qui appartiennent aux collections classiques ne furent mises en circulation qu'après l'époque de Shafi'i (Shafi'i fut le fondateur d'une importante école de lois qui porte son nom ; il mourut en 820). Le premier corpus de traditions qui descendent du prophète apparaît vers la moitié du Ile siècle (de l'islam) par opposition aux traditions plus anciennes des Compagnons du prophète et autres personnes qui font autorité , et à la tradition vivante de l'ancienne école de lois. Les traditions des Compagnons ou des autres autorités subirent le même processus d'inflation et doivent être considérées de la même façon que les traditions du Prophète. L'étude des isnad montre une tendance à l’emphase au fur et à mesure qu’on recule dans le temps , en se réclamant d’une autorité de moins en moins contestable jusqu’à ce qu’ils parviennent au prophète. Il est prouvé que les traditions légales ne remontent pas au-delà de l’an 100 de l’Hégire (718 après J.-C.).
(J. Schacht , “Law and Justice” , Cambridge History of Islam , 1970 , p. 4-5).
Quand l’islam devint la religion d’un Etat puissant, on eut besoin de préceptes pour réglementer la vie sociale. Naturellement, les opinions et les intérêts divergeaient. Il y avait aussi des partis politiques qui se rattachaient aux parents et aux comagnons du prophète. Au surplus, beaucoup de gens poussés par la curiosité, la piété ou même l’intérêt historique, demandaient à être renseignés sur la vie de Mohammad. C’était alors un métier que d’être traditionniste. Les traditionnistes rapportaient un récit, qui répondait à cette curiosité ou à cette piété, ou encore à ce besoin de réglementation, car les actes du prophète avaient une valeur exemplaire. S’il avait agi de telle façon, c’était pour indiquer à ses disciples que c’était ainsi qu’il fallait toujours agir, que ce fut sur des problèmes graves, comme le détail des lois successorales (les principes en ayant été posés par Dieu même dans le Coran), ou sur les plus infimes gestes du comportement quotidien, comme la façon de se tenir à table. Les traditionnistes devaient –comme nos historiens- citer leurs sources. Mas c’étaient des sources orales . On tenait tel récit d’un tel, qui le tenait lui-même d’un tel, et ainsi jusqu’à un contenporain du prophète qui avait vu le geste de celui-ci, ou entendu sa parole. Naturellement, il était facile de forger des traditions (on les appelle hadith en arabe, c’est-à-dire récit) pour favoriser son opinion ou son parti. Les grands historiens et les grands juristes arbes le savaient bien. Ils ont essayé d’enlever les traditions fausses, celles par exemple pour lesquelles la chaîne de garants était manifestement impossible, mais ils ne prétendaient pas être arrivés à des certitudes. Aussi, rapportent-ils à la file, sur un même sujet, les traditions contradictoires en citant leurs garants. C’est au lecteur de décicer qui il entend croire. Et Dieu est le plus savant, ajoutent-ils souvent.Les plus anciens recueils de traditions historiques auxquels nous puissions remonter datent d’environ 125 ans après la période d’activité du prophète. C’est dire combaien l’imagination avait pu travailler epndant ce laps de temps. Pourtant beaucoup de faits sont sûrs, car les partis les plus opposés s’accordaient sur les événements qui avaient constitué la trame de la vie du prophète, sur les nom de ses compagnons et de ses femmes, sur leurs relations et leur généalogie, sur bien d’augtres choses encore , et même sur des détails peu reluisants et, par conséquent, non inventés. Mais de beaucoup de détails, nous ne sommes absolument pas sûrs, et en particulier, il est clair qu’on savait très peu de choses sur la première vie de Mohammad, et qu’on a beaucoup inventé sur ce sujet.
(M. Rodinson, Mahomet, p. 66-7).
TAFSIR
De ceux qui font semblant de comprendre. Mais ceux qui doivent savoir ne savent pas grand chose.[5] Ils sont aidés et trompés par le contenu du texte, et au-delà, rien. La distance, géographique et chronologique est trop grande.
Au total, un beau travail.
SUNNA
L'essentiel de la sunna est pure invention, naïve fabrication, produit d'un profitable artisanat, qui consiste à astiquer l'icône du prophète, briquer le prophète, faire luire le prophète.
Au mieux, elle correspond à l’Arabie du VIIème siècle, au pire à la Syrie du VIII ou à l’Iraq du IXèmesiècle.
Le jeu consiste à mettre en contact Coran et Sunna, qui ne disent pas la même chose. Traquer les incohérences, et les déformations. Puisque ce sont des recueils d’époque très éloignées dans le temps, les écarts sont inévitables, malgré la bonne volonté fanatique, et le talent des auteurs.
Indispensable pour peupler l’imaginaire collectif, qui peine à s’accrocher au squelette coranique.
Mais en même temps, suspicion envers ce nouveau roman ; Le Coran est parfait et il devrait suffire. La Sunna est mal vue, car elle revient dans son principe à concurrencer le Coran.
Muwatta appuyé sur le consensus, sur Médine et directement utile aux juristes.
Le Sahih, si admiré, reste l'oeuvre humaine la moins historique du monde, et la moins fiable possible pour qui veut savoir. Tout y est contraire à la méthode historique, puisque le recueil écarte tout document capable de faire comprendre le passé, et conserve celui qui légitime ou explique le présent. Par chance, une telle masse de textes laisse échapper parfois des perles et des trésors d'informations.
en d'autres temps et d'autres lieux, Muhammad serait appelé un oracle, une parole divine qui est perçue par les humains. D'ailleurs, ceux qui étaient astreints au service de cette parole pouvaient avoir le titre de prophète...
A l'intérieur de la structure de l'islam, un tel matériel est d'ordinaire rassemblé dans la rubrique SUNNA (exemplum). Ailleurs, j'ai, pour obtenir plus de précision, proposé les termes de logia prophétique, et d'evangelium mohammédien.
J. Wansbrough, The Sectarian Milieu, p. 11.
La légende des origines, qui vient de la fin des Ommeyades ; un arbre qui se cherche des racines, tout surpris qu’il est d’encore tenir debout. Alors, en vitesse, Muhammad, qui est réponse à tout et qui justifie tout. Pas trop besoin de se creuser la tête.
vocabulaire spécialisé:
A GLOSSARY OF THE MORE COMMON TECHNICAL TERMS USED IN THE HADITH LITERATURE
'aziz. Precious. An authentic tradition coming from two Companions.
da'if. Not fulfilling the required conditions.
fard. See gharib.
gharib. Authentic, but resting on the authority of only one Companion.
hasan. Of fair authority; with a slight fault.
ijmali. Referring to many things.
mahfuz. One of two suspicious traditions which has a slight advantage over its rival.
manqul. Handed down by tradition.
mansukh. Abrogated.
maqbul. Received generally; fulfilling all conditions.
maqlub. Known to have come from a person other than the soi-disant reporter.
maqtu'. An isnad which is interrupted or cut off.
mardud. A tradition from a doubtful source which contradicts a tradition of good standing.
marfu'. Record of a word or deed of the prophet reported by the Companion who heard or saw it.
ma'ruf. Weak, yet known because it is confirmed by another.
mashhur. A tradition vouched for by more than two Companions.
maudu'. False.
mauquf. An isnad going back to the Companions, but stopping short of the prophet.
mu'allal. An isnad or text with a hidden fault.
mu'allaq. Suspended i. e. without the name of the Companion.
mubham. Coming from one of whom one knows nothing but the name.
mu'dal. An isnad from which a name has disappeared.
mudallas. A tradition falsely ascribed to an early authority.
mudraj. A gloss or observation inserted by one of the first reporters of the tradition.
mudtarab. A tradition in which a word has become misplaced, added, or suppressed, or suffered any kind of derangement.
mukhtalif. Two traditions which are in apparent contradiction, but which can be reconciled.
munkar. A tradition of weak authority contradicted by a weaker one.
munqala'. An isnad from which a name has disappeared.
mursal. A text without isnad, or one with an incomplete isnad, or without the name of the Follower.
musahhaf. An isnad in which a name is badly written; or, a text in which a word is badly written.
musalsal. With a chain of authorities reaching back to the prophet.
mushkal. Of doubtful authority.
musnad. A tradition whose isnad goes back to the prophet. A collection of such supported traditions.
mustaf'id. See mashhir.
mutabi. A tradition similar in import to another one going back to the same authority.
mutawatir. Reported by numerous authorities.
mutqin. Accurate reporter.
muttafaq 'alaihi. Received by Bukhari and Muslim.
muttasal. A tradition with an uninterrupted isnad.
nasikh. Abrogating.
rawi. One who reports a tradition.
sahih. authentique, saine, répondant à tous les critères.
shadhdh: exceptionnel: une tradition bien fondée qui contredit une autre aussi solidement certifiée.
shahid: une tradition venant un compagnon portant témoignage ou confirmant le témoignage d'un autre compagnon.
tariq: voie par laquelle une tradition est passée.
thiqa: rapporteur digne de confiance.
BUKHARI
Muhammad ibn Ismaïl al Bukhari (mort vers 870).
Originaire de Boukhara (en Ouzbékistan actuel) , petit-fils d'un client persan de la famille d'un gouverneur arabe de cette ville , spécialiste de la Tradition islamique et auteur du corpus de hadîth bien connu sous le nom de L'authentique . Cet ouvrage est celui que l'on cite en premier parmi les corpus canoniques de l'islam sunnite.
Il est commandé par son organisation en livres et chapitres thématiques centrés surtout sur la jurisprudence des milieux sunnites. Ceci l'amène non seulement à effectuer une sélection en fonction de ses orientations propres , mais aussi à répéter de nombreux hadîth en différents endroits de son corpus. Comme l'indique le titre , la sélection se veut fondée sur des critères d'authenticité des hadîth garantie par la solidité de leurs chaînes de transmetteurs 26. Étant donné les conditions générales de transmission des traditions , il appareit bien sou- vent que , même pour Bukhâei , cette gageure était bien difficile à soutenir.
Outre les livres et chapitres jurisprudentiels sur les prescriptions de l'islam (prière , jeûne , ablutions , mariage , répudiation , héritage , etc.) , le corpus de Bukhârî , comme les autres corpus , comporte un livre consacré aux activités militaires du prophète de l'islam , qui complète ou rejoint les chapitres jurisprudentiels sur la guerre sainte et l'impôt de capitation ; un autre consacré au Coran , sa collecte , ses lectures , etc. , un autre consacré à l'explication de différents fragments coraniques classés par sourates.
(Notice Prémare 2002).
Liste des sources de Bukhari
5
Abas bin Rabeea Nakhi
Abbas bin Abdul Muttalib
Abdul Aziz bin Rufi
Abdul Aziz bin Suhaib
Abdul Malik bin Juraij
Abdullah bin Abbas
Abdullah bin Abi Aufa
Abdullah bin Abi Aufa
Abdullah bin Abi Yazid
Abdullah bin Amir bin Rabeea
Abdullah bin Amr bin Aas
Abdullah bin Dinar
Abdullah bin Hisham
Abdullah bin Hunain Qarshi
Abdullah bin Jafar
Abdullah bin Kaab bin Malik
Abdullah bin Maqil
Abdullah bin Masud
Abdullah bin Mughaffal
Abdullah bin Qais
Abdullah bin Salam
Abdullah bin Shaddad
Abdullah bin Thalaba bin Soeer
Abdullah bin Ubaidullah bin Abi Malika
Abdullah bin Umar
Abdullah bin Yazid
Abdullah bin Zaid bin Asim
Abdullah bin Zamah
Abdullah bin Ziyad Asdi
Abdullah bin Zubair
Abdur Rehman bin Abdul Qari
Abdur Rehman bin Abdullah bin Masud
Abdur Rehman bin Abi Bakr
Abdur Rehman bin Abi Laila
Abdur Rehman bin Abi Nuam Bajli
Abdur Rehman bin Abis
Abdur Rehman bin Abzi
Abdur Rehman bin Auf
Abdur Rehman bin Jabir
Abdur Rehman bin Qasim
Abdur Rehman bin Samra
Abdur Rehman bin Sanabhi
Abdur Rehman bin Yazid
Abi bin Kaab
Abu Abas
Abu Abdur Rehman Salmi
Abu Ad-Darda
Abu Amama
Abu Amama Bahli
Abu Amir or Abu Malik Ashari
Abu Amr Shibani
Abu Aqil Madni
Abu Aswad
Abu Aswad Duali
Abu Asyad Saadi Ansari
Abu Ayub Ansari
Abu Bakr Siddiq
Abu Bakra
Abu Barza Aslami
Abu Bashir Ansari
Abu Burda bin Abi Musa Ashari
Abu Burda bin Niyar Ansari
Abu Dhar Ghafari
Abu Hamza Kufi
Abu Hazim
Abu Humaid Saidi
Abu Hurairah
Abu Ishaq Subaiei
Abu Jamra Thuai
Abu Jawairia Jarmi
Abu Juhaifa As-Sawai
Abu Juhaim Harris Ansari
Abu Lubaba bin Abdul Munzir Ansari
Abu Malih bin Osama Huzali
Abu Mamar Kofi
Abu Masood Ansari
Abu Minhal bin Abdur Rehman bin Mutim
Abu Minhal Sayyar bin Salama
Abu Musa Ashari
Abu Muttawakkil Naji
Abu Qatada Ansari
Abu Qilaba Basri
Abu Rafi Saaigh
Abu Rafi the Slave of the Prophet (s.a.w)
Abu Raja the Slave of Abu Qilaba
Abu Rajaa Al-Utardi
Abu Saeed bin Mualla
Abu Saeed Khudri
Abu Salama bin Abdur Rehman
Abu Shahab Hannat
Abu Shatha Jofi
Abu Shuraih Khuzai Adwi Kaabi
Abu Sufiyan bin Harab
Abu Talha Ansari
Abu Thalba Khashni
Abu Ubaid the Slave of Abdur Rehman bin Azhar
Abu Usman Nahdi
Abu Wail
Abu Waqid Laisi
Adi bin Hatim
Ahnaf bin Qais
Aiman Makki
Aisha
Ali bin Abi Talib
Ali bin Hussain Hashmi
Alla bin Hadrimi
Alqamah bin Qais Nakhi
Alqamah bin Waqas
Amash
Amir bin Rabeea bin Kaab
Amir bin Sarahil Shebi
Ammar bin Yasir
Amr bin Aas
Amr bin Auf Ansari
Amr bin Dinar
Amr bin Harris
Amr bin Maimun Awdi
Amr bin Salama bin Qais
Amr bin Sharid
Amr bin Taghlib
Amr bin Umayya Damri
Amrah bint Abdur Rehman
Anas bin Malik
Ashus bin Qais
Asim Ahwal
Aslam Qarshi
Asma bint Abi Bakr
Aswad bin Yazid bin Qais
Asyad bin Hathir
Ata bin Abi Rabah
Ata bin Yasar
Auf bin Harris bin Tufail
Auf bin Malik
Awwam bin Hawshab
Ayub Sakhtiani
Azraq bin Qais
Bara bin Azib
Buridah bin Haseeb
Esa bin Tahman
Fatima bint Al-Mundhar
Fazl bin Abbas
Ghilan bin Jarir
Habib bin Abi Thabit
Hafsah bint Sirin
Hafsah bint Umar
Hakim bin Hizam
Hameed At-Taweel
Hameed bin Abdur Rahman
Hammam bin Harris
Hammam bin Yahya bin Dinar
Hamza bin Amr Aslami
Harisa bin Wahb Khuzai
Hariz bin Usman
Harmala the Slave of Osama
Hasan Basri
Hassan bin Thabit
Hazn bin Abi Wahb bin Amr
Hisham bin Zaid
Hudhaifa bin Yaman
Humran bin Aban the Slave of Usman
Huzail bin Shurahbil
Ibn Buhaina Abdullah bin Malik
Ibn Muhairiz
Ibn Sirin
Ibrahim bin Abdur Rehman bin Auf
Ibrahim Nakhai
Ihban bin Aus
Ikrama
Imran bin Hussain Khazai
Ismail bin Abi Khalid
Itban bin Malik
Jabala bin Suhaim
Jabir bin Abdullah
Jabir bin Samura
|
Jafar bin Amr bin Umayya
Jarir bin Abdullah Bijli
Juaid bin Abdur Rehman
Jubair bin Haiya
Jubair bin Mutim
Junada bin Abi Umayya
Jundab bin Abdullah bin Sufiyan
Juwairia bint Harris
Kaab bin Malik
Kaab bin Ujra
Khabbab bin Arat
Khalid bin Aslam
Khalid bin Saad
Khalid bin Waleed
Khansa bint Khidam
Kharja bin Zaid bin Thabit
Khoula bin Qais Ansaria
Kisan bin Saeed Maqbari
Kuraib bin Abi Muslim
Mahmud bin Ar-Rabi
Maimunah the Mother of Believers
Malik bin Al-Huwairith
Malik bin Aws
Malik bin Sasaa
Man bin Yazid
Maqil bin Yasar
Maror bin Suwaid
Marthad bin Abdullah Al-Yazani
Marwan bin Al-Hakam
Masoor bin Makhrama
Masruq
Mattaraf bin Abdullah
Miqdad bin Amr Kindi
Miqdam bin Madi Karib
Mirdas Al-Aslami
Muadh bin Sad or Sad bin Muadh
Muawiya bin Abi Sufyan
Muawiya bin Abu Al-Muzarrad
Muaz bin Jabal
Muaz bin Rafaa
Mughira bin Shoba
Muhammad bin Abbad
Muhammad bin Abi Bakr bin Auf
Muhammad bin Abi Mujalid
Muhammad bin Al-Hanafiya
Muhammad bin Al-Munkadir
Muhammad bin Shahab Az-Zuhri
Muhammad bin Zaid bin Abdullah bin Umar
Muiqab bin Abi Fatima
Mujahid
Mujamma bin Yazid
Mujashi bin Masud
Musa bin Abi Aisha
Musa bin Anas
Musa bin Uqba
Musab bin Saad
Musayyab bin Hazn
Musayyab bin Rafi
Nadar bin Anas bin Malik
Nafi bin Jubair
Nafi the Slave of Abdullah bin Umar
Nawfil bin Muawiya
Nazzal bin Sabra
Numan bin Bashir
Osama bin Zaid
Qais bin Abi Hazim
Qais bin Ubad
Qasim bin Abi Bazza
Qasim bin Muhammad bin Abi Bakr Siddiq
Qatada bin Duama
Rabeea bin Abdullah bin Hudir
Rafi bin Khadij
Rifaa bin Rafi bin Malik
Rubai bint Muawiz
Saab bin Juthama Laithi
Saad bin Abi Waqas
Saad bin Ubaida
Saeed bin Amr Amwi
Saeed bin Harris
Saeed bin Jubair
Saeed bin Musayab
Saeed bin Yazid Abu Muslima
Saeed bin Zaid
Safiya bin Abi Ubaid bin Masud
Safiya bint Huyai
Safiya bint Shaiba
Safwan bin Muhriz
Safwan bin Sulaim
Safwan bin Yali
Sahl bin Abi Hathmah
Sahl bin Hanif bin Wahib
Sahl bin Sad Saidi
Saib bin Yazid
Salama bin Akwa
Salih bin Khawwat
Salim bin Abdullah bin Umar
Salman bin Amir
Salman Farsi
Samura bin Jundab
Sauda
Shaddad bin Aus
Sufyan bin Abi Zuhair
Sulaiman bin Abi Muslim
Sulaiman bin Abi Sulaiman Shibani
Sulaiman bin Surad
Sulaiman bin Tarkhan
Sulaiman bin Yassar
Suraqa bin Malik
Suwaid bin Ghafalah
Suwaid bin Numan
Talha bin Abdullah bin Auf
Talha bin Musarrif
Talha bin Ubaidullah bin Usman
Taoos bin Kisan
Tarif Abu Tamima
Tariq bin Abdur Rahman Bajli
Tariq bin Shihab
Thabit bin Aslam Banani
Thabit bin Dahak
Thalaba bin Abi Malik
Thamamah bin Abdullah
Ubad bin Tamim
Ubaid bin Juraij
Ubaid bin Umair
Ubaida bin Samit
Ubaidullah bin Abdullah bin Utba
Ubaidullah bin Adi bin Kiyar
Umair bin Aswad Al-Ansee
Umar bin Abi Salama
Umar bin Khattab
Umm Aala bint Harris
Umm Ad-Darda
Umm Al-Fazal bint Harris
Umm Attia Ansaria
Umm Haani bint Abi Talib
Umm Habiba bint Abi Sufiyan
Umm Haram bint Malhan
Umm Khalid Amwia
Umm Kulsum bint Aqbah
Umm Qais bint Muhsin
Umm Romaan
Umm Salama
Umm Sharik
Umm Sulaim
Uqba bin Amir
Uqba bin Harris
Urwa bin Jad Barqi
Urwa bin Zubair
Usman bin Abdullah bin Mauhab
Usman bin Affan
Wabra bin Abdur Rehman
Wahb bin Kisan
Warrad the Slave of Mughira bin Shuba
Wasila bin Al-Asqa
Yahya Ammara Al-Mazini
Yahya bin Abi Kathir At-Tayy
Yala bin Umayya
Yazid bin Abi Ubaid
Yazid bin Sharik At-Taimi
Yunus bin Jubair
Yusuf bin Mahak
Zahdam bin Madrab
Zahir bin Aswad Aslami
Zaid bin Arqam
Zaid bin Khalid Juhani
Zaid bin Thabit
Zaid bin Wahb
Zainab bint Abi Salama
Zainab bint Jahsh
Zainab wife of Abdullah bin Masood
Zir bin Hubaish
Ziyad bin Jubair
Zubair bin Awwam
Zuhair bin Rafi
|
5
Hadiths s’adressent à des imbéciles.
MUSLIM
Muslim.
Il est un pur Persan, qui s'est fixé comme but dans l'existence de rassembler le plus de traditions possibles en lien avec Muhammad. Il ne ménagea pas ses efforts, voyageant sans cesse en quête de la moindre anecdote. C'est encore une de ces grandes intelligences qui s'est perdue dans l'oeuvre de l'inutile. Il a innové en rédigeant aussi une sorte de synthèse sur son travail, et en développant la notion de foi, qu'il illustre par de nombreux textes. C'est ainsi qu'il permet de passer de l'accumulation documentaire à la théologie.
ABU DAWUD
Abu Dawud. Du XIXème siècle, soit 250 ans après la mort de Muhammad.
Un rassembleur de tradition d’origine iranienne, mais basé à Bassora. Il compose un gros livre, « Le Livre des Pratiques » dans lequel il conserve ce qu’il estime être la tradition la plus fiable, conforme à la doctrine, et il commente ses choix. C’est un esprit qui se livre à la critique, mais toujours au nom du dogme : il est bien difficile de déceler chez ce crible la couleur d’une quelconque personnalité, qui a été délavée par les études.
TIRMIDHI
Tirmidhi.
Selon son nom, il serait originaire d'Asie Centrale, né au début du Xème siècle. On sait seulement qu'il est l'élève et l'héritier de Muslim. Il rédige comme lui un énorme recueil de traditions, et s'intéresse aux questions théologiques, et aux sectes islamiques.
HANBAL
Un traditionniste d’une autre trempe que celle des autres : il ne se contente pas de grapiller ici et là des miettes d’histoire prophétique, pour les rassembler en un gâteau indigeste. Il intervient directement dans les débats théologiques de son temps, très férocement, et toujours dans le sens de plus de dureté, d’intolérance, de fanatisme. Il obtient, en dépit de diverses avanies personnelles, un succès durable, puisqu’une partie des plus extrêmes du monde islamique contemporain. Il est aussi et surtout pour nos affaires, un compilateur de hadiths, mais plus audacieux que d’autres dans la forme, le Musnad. Sur le fond, il reste obstinément attaché à la lettre, à l’obéissance à la norme, et aux règles les plus primitives : en un mot, pas le plus progressiste, pas le plus tolérant dans le monde déjà effrayant des théologiens islamiques, qui n’avait pas besoin de cet astre sombre pour l’être davantage.
(Hanbal, Musnad 3/225, 4/80, 5/173).
Le messager disait :
-Qu'Allah rende prospère tout serviteur qui, après avoir entendu et compris mes propos, les a transmis à quelqu'un qui ne les a pas entendus car il se peut qu'on porte de la science à quelqu'un qui en saura davantage que soi-même.
Dans une autre version, le prophète dit:
-Que la personne présente (ici) transmette (cela) à celle qui est absente. Car il se peut qu'on transmette une science à quelqu'un qui en aura une meilleure conception.
(Hanbal, Musnad 2/215).
Selon un autre récit d'Amir ibn Shuayb :
- Messager d'Allah! Nous entendons des hadiths mais nous ne parvenons pas à tout apprendre; pouvons-nous les écrire?
-Oui, répondit-il, écrivez-les.
De l’utilité des hadiths.
(An Nawawi, Hadith 525).
Abu Musa Al Ashari a dit selon Abu Burda:
Nous sortîmes à une expédition avec le messager d’Allah et nous étions six. Nous ne disposions que d’un seul chameau sur lequel nous nous relayions à tour de rôle. Nos pieds en souffrirent et les miens aussi au point que les ongles de mes orteils tombèrent. Nous enveloppions nos pieds avec des bandes d’étoffe. C’est pourquoi cette expédition fut appelée l’expédition des bandages. Abu Budra dit: Abu Musa rapporta ce récit puis il lui répugna de l’avoir fait et dit:
-Quelle utilité avais-je à en parler?
(Bukhari, Sahih 93, 2).[6]
Certaines personnes parmi vous rapportent des hadith qui ne figurent pas dans le livre d’Allah[7] et qui ne sont pas transmis par l’envoyé d'Allah. Ce sont ces gens qui sont les ignorants parmi vous. Méfiez-vous des espoirs qui risquent de vous égarer.
NAWAWI
Nawawi.
Un traditionniste tardif (XIIIème siècle) actif à Damas, soucieux de questions juridiques, connu surtout pour ses sélections de hadiths.
SIRA/ Biographies.
D’abord constitué par le récit des expéditions militaires. Les deux genres se confondent au début.
Composé de trois parties basiques : les débuts (contexte, famille…) (MUBTADA).
L’appel (MABATH).
Les expéditions (MAGHAZI).
Des hadiths, mais sous forme biographique. Avec chronologie reconstituée.
A propos des origines de la terminologie islamique, la rareté des documents sans ambiguité est notoire. Mon point de départ dans cette étude a été la plus ancienne formulation de l'identité musulmane contenue dans la littérature de SIRA-MAGHAZI. Le matériel contemporain servant à une analyse comparative peut intégrer le Coran et la Sunna. Les trois genres représentent une initiation linguistique dans ce qu'est une imagerie religieuse: c'est qu'il n'y a pas de documentation plus ancienne en arabe contenant la langue utilisée pour exposer le kérygma islamique.
J. Wansbrough, The Sectarian Milieu, p. 103.
Qu'elle soit non-historique, tout le monde peut s'y attendre, mais elle possède une extraordinaire capacité à résister à la critique interne.
P. Crone, Slaves on Horses, p. 4.
La Sira.
Les biographes les plus connus sont: Urwa ibn Zubayr , Aban ibn Othman , Wahb ibn Munabbih , Shurhbil ibn Sad , az Zuhri , Musa ibn Oqbah , Ibn Ishaq , Mamar ibn Rashid , Abu Mashar , Yayha ibn Sayd , al Waqidi.
D'une certaine manière, ce sont plus des biographies du Coran que de Muhammad.
WAHB IBN MUNABBIH
Wahb ibn Munabbih
Le personnage doit son importance au fait qu'il est une des toutes premières "autorités" islamiques, une source primitive d'information. Sa vie reste un quasi-mystère. Il serait d'origine yéménite (ou/et peut-être juif), élève d'ibn Abbas, et serait un représentant de la génération suivant celle de Muhammad. Il a aussi fait l'effort de s'intéresser particulièrement aux traditions juives, qu'il a présenté, à la sauce musulmane, dans un recueil spécial.
IBN ISHAQ
Muharmad ibn Is'hâq ibn Yasâr al-Muttalibî , mort vers 767
La biographie traditionnelle de Muhammad, la Sira, est en effet le résultat du classement et de la mise en œuvre de traditions. Elle nous est parvenue surtout sous la forme que lui a donnée ibn Hisham (m. 834), utilisant une rédaction antérieure d’ibn Ishaq (m. 768) ; d’autres traditions se rencontrent cependant aussi dans les grands recueils de hadith et dans les travaux issus des recherches de Waqidi (m. 823), soit les siens propres, soit les biographies classées (tabaqat) de son disciple Ibn Sad.
(M. Gaudefroy-Demonbynes, Mahomet, p.13).
Ibn Is'hâq inspira une grande partie des ouvrages bio-hagiographiques relatifs à Muhammad. Petit-fils d'un Persan amené comme captif à Médine lors de la conquête arabe de l'Irak , et mawlâ de la famille qurayshite des cAbd-al-Muttalib , il était désigné par sa relation à cette famille : al-Muttalibî.
Ibn Is'hâq est estimé avoir mis en forme , après 754 de notre ère , les récits sur les « Expéditions et gestes » de Muhammad , sur commande du deuxième calife abbasside , Abû-Jalfar al-Mansûr. Son œuvre ne nous est connue que dans des recensions de transmetteurs ultérieurs , dont nous sommes dépendants sans savoir vraiment ce qu'avait réalisé Ibn Is'hâq lui-même.
(...) Plusieurs des récits attribués à Ibn Is'hâq par la Sîra d'Ibn Hishâm ont fait l'objet d'analyses pertinentes de la part de J. Wansbrough , dans son ouvrage The Sectarian Milieu. L'auteur en a mis en lumière les techniques narratives , qui ressortissent à un mode de composition de type « midrashique » visant principalement à raconter une histoire sainte. C'est donc à travers ce mode d'écriture qu'il convient d'en dégager les éléments utiles à l'histoire proprement dite , lesquels ne manquent pas non plus.
(Notice Prémarre 2002).
Ibn Hishâm est l'un des transmetteurs des traditions biogra-phiques concernant Muhammad et ses expéditions et provenant de la tradition mise sous le nom d'Ibn Is'hâq 51. La version d'Ibn Hishâm a été popularisée sous le nom de Sîra du prophète , et elle est devenue quasi canonique , en dépit d'autres versions qui existèrent en concurrence 52.
L'identité et la carrière d'Ibn Hishâm sont cependant entourées d'obscurités , en dépit des apparences. Ibn Khallikân , le grand classique des biographes au 13e siècle , le présente comme étant d'ascendance yéménite et himyarite la plus pure , alors que d'autres le disent appartenir aux descendants de militaires persans ayant fait souche au Yémen , « les Fils » (al-Abnâ').(...) Enfin , des auteurs de référence comme Ibn al-Nadîm , pour les ouvrages , et Yâqût , pour les biographies des gens de lettres , gardent sur lui le silence le plus complet , même lorsqu'ils parlent d'Ibn Is'hâq.
(Notice Prémare 2002).
IBN SAD
Muhammad ibn Sad (mort vers 845).
Ibn Sad eétait le client du clan quraysh des Banu Hashim , auquel avait appartenu Muhammad. A Bagdad , le disciple et secrétaire d'al-Wâqidî , auteur du livre des Expéditions de Muhammad. Cependant , bien qu'il fût le secrétaire de Wâqidî , Ibn Sad était loin d'être purement et simplement la voix de son maître »
Il composa un ouvrage important intitulé Les Grandes Classifications , en plusieurs volumes. Cette sorte d'encyclopédie biographique concerne d'abord Muhammad et ses compagnons , puis , d'une génération à l'autre et selon leur implantation géographique dans les différents territoires conquis , leurs successeurs , les successeurs des successeurs , et ceux qui ont transmis d'eux des dits , des faits et gestes et des informations diverses , et qui sont devenus de ce fait des références en matière d'histoire et surtout de hadîth , à partir des débuts de l'islam jus- qu'à l'époque de l'auteur. La dernière partie , un volume entier , est réservée aux femmes. La première grande partie des Tabaqât d'Ibn Sad est entièrement consacrée à la biographie du prophète de l'islam dans la tradition des Maghâzî-Sîra.
L'ouvrage d'Ibn Sald représente tout d'abord , dans la littérature islamique , l'un des classiques de la biographie de Muhammad. Mais son intérêt déborde largement ce sujet: à travers des renseignements de tous ordres sur les successeurs , les successeurs des successeurs et les tenants et aboutissants de chacun , il nous situe à la fois dans la continuité et dans la complexité de traditions qui courent , s'opposent et s'entrecroisent , se contredisent en se diversifiant encore , jusqu'au moment où l'auteur les sélectionne , les classe et les consigne dans un ouvrage.
(Notice Prémare 2002).
HISTOIRES
WAQIDI
Muhammad ibn Omar al Waqidi , mort vers 823.
Waqidi
Cet auteur est avant tout un juriste de Bagdad qui s'est pris de passion, comme tant d'autres pour tous les détails de la biographie de Muhammad, de ses camarades, de ses chameaux et de ses femmes. De juriste il est devenu juge, et fameux dans son rôle de distributeur de butin. C'est pour cela qu'il en est venu à écrire le fameux Kitab al Maghazi, qui conte (et compte) par le menu la succession de tous les épisodes guerriers qui ont accompagné la carrière du Personnage.
al Waqidi était client du clan arabe des Banu Sahm. Né à Médine , il y exerçait le métier de marchand de blé. Commandité par des bailleurs de fonds et n'arrivant pas à apurer ses dettes , il partit en Irak sur le conseil de sa mère , pour solliciter la faveur du vizir barmécide de Hârûn al-Rashîd , Yahyâ Ibn Khâlid. Celui-ci l'avait remarqué lors d'un passage à Médine à l'occa- sion du pèlerinage. Dès sa jeunesse , en effet , Waqidi était passionné par les récits concernant les expéditions de Muhammad , et il s'était mis à en rassembler les informations. Le calife s'intéressant à la biographie du prophète , le vizir lui avait présenté le jeune homme. Ce fut le point de départ de la carrière de celui- ci , à la fois comme écrivain des Expéditions du prophète et comme juge aux armées dans un secteur de Bagdad , jouissant des libéralités de Harun al Rashid , puis de son successeur al-Mamûn. Il aurait été crypto-shiite , disant que Alî était l'un des miracles réalisés par le prophète Muhammad comme l'avaient été pour Moïse le changement du bâton en serpent et , pour Jésus , la résurrection des morts.
al-Wâqidi est surtout connu pour son ouvrage sur les Expéditions du prophète , où il se centre uniquement sur les aspects militaires de la carrière prophétique de Muhammad.
(Prémare 2002+++++).
Ibn al Kalbi.
Sous ce même nom nous avons affaire surtout à deux personnes de la même famille , appartenant à la grande confédération tribale des Kalb , et dont l'activité était centrée sur les traditions des anciens Arabes , leurs récits , leurs coutumes et leurs généalogies. Le premier est Muhammad Ibn al-Sâ'ib al-Kalbî , de Kûfa (mort vers 763) , qui est très souvent la source initiale des informations collectées , mises en ordre , rédigées et transmises en ce domaine par son fils Hishâm (mort vers 820). C'est ce dernier qui est le plus communément appelé Ibn al-Kalbî.L'ouvrage le plus important de Hishâm Ibn al-Kalbî est un corpus généalogique rassemblant toutes ses connaissances en matière de généalogie des Arabes. (...). L'autre ouvrage d'Ibn al-Kalbî qui nous est parvenu est le Livre des idoles , recueil de brèves notices consacrées aux idoles arabes de l'Antiquité tardive , ou plutôt à ce que l'on disait d'elles dans l'optique de la Tradition islamique. (...)
De nombreux ouvrages de Hishâm Ibn al-Kalbî ne nous sont pas parvenus , en particulier ceux sur les traditions antiques du Yémen , et ceux sur l'histoire de Hîra , ces derniers ayant été nourris par ses propres investigations dans les archives des monastères et des églises de la cité lakhmide.
(Prémare 2002+++++).
TABARI
Abu Jafar Muhammad ibn Jarir al Tabari , mort vers 923.
Tabari était originaire d'Amol , au Tabaristan , au sud de la mer Caspienne , en Iran septentrional. ON ne sait s'il était d'origine persane ou d'une famille de colons arabes installés dans la région. Linguiste , juriste et théologien , il fut de ce fait et en même temps commentateur du Coran - , son commentaire en plusieurs volumes , intitulé Collection générale sur l'interprétation des versets du Coran , est constitué par une abondante sélection de traditions antécédentes qu'il compilait , citait , et entre lesquelles il fixait assez souvent ses propres choix lorsqu'il y avait divergence , ce qui arrivait très souvent.
Il fut aussi historiographe. Sa volumineuse Histoire des envoyés et des rois , que l'on désigne aussi sous le nom d'Annales , fut composée postérieurement à son com-mentaire coranique. Il y applique en histoire la méthode de séle tion des traditions antérieures , munies de leurs chaînes de transmission , méthode des traditionnistes déjà pratiquée dans le commentaire , et qui marquera longtemps ses successeurs.
Tabatî y reprend aussi , mais de façon spécifique et dans la perspective islamique , le modèle de « l'histoire universelle » cultivé antérieurement par les chroniqueurs chrétiens orientaux , mais qu'il adapte à sa propre perspective et qui cesse d'être universel à partir de l'islam. L'Histoire commence donc par la création du monde et Adam. Elle fait converger vers l'islam et son prophète les données puisées dans les traditions historico-légen- daires de différents peuples. Après quoi , elle se déploie , dans son déroulement chronologique selon le comput hégirien , en une histoire de l'islam , en commençant par Muhammad , et en poursuivant par les califes musulmans jusqu'à l'an 914.
(Prémare +++++++++++ 2002).
BALADURI
Ahmad ibn Yahya al Baladhuri (mort vers 892).
Ahmad al-Balâdhurî , sur lequel les renseignements biographiques sont peu nombreux , était quasi contemporain de Tabarî. C'était un mawlâ , client non arabe d'une tribu ou d'une famille arabe. Il fit partie , à Bagdad , de la cour littéraire des califes abbassides. Outre une anecdote racontée par lui-même sur sa bonne connaissance du mode d'utilisation du calendrier byzantin permettant de mieux calculer les impôts , il est noté de lui « qu'il était l'un des traducteurs du persan à l'arabe. Ceci donne à penser qu'il était d'origine persane. De plus , certains récits qu'il rapporte sur la conquête arabe des territoires persans sont peut-être tirés d'ouvrages en syriaque. Balâdhutî était surtout connu des générations qui le suivirent par son gros ouvrage généalogico-biographique sur les nobles arabes , à partir de Muhammad jusqu'aux Abbassides , Les Généalogies des nobles. La généalogie y sert de mode de classement des personnes. Le premier volume en est entièrement consacré à Muhammad et à la fondation de l'islam. Les autres volumes sont constitués par des informations détaillées sur les différents membres des clans et familles de l'aristocratie arabe , quraysh notamment.
Balâdhurî a surtout été connu et utilisé jusqu'à une période récente par son livre Conquêtes des pays. Cet ouvrage est une référence essentielle pour l'histoire des conquêtes vues du côté arabe. Ce que nous en possédons est une version abrégée d'un travail plus étendu qui ne nous est pas parvenu.
(Notice Prémare 2002).
Les Suivants, les Epigones, sont les membres de la première génération suivant des compagnons de Muhammad. En dehors de leur carrière militaire active, ils sont considérés comme les garants les plus solides de la transmission des hadiths. Ils sont donc très prestigieux, quoique de dignité moindre, et connus par les biographes.
MASUDI
Masudi.
Il est un brillant polygraphe de Bagdad, du début du Xème siècle, qui rédige en Egypte une sorte d'encyclopédie historique et géographique fameuse, Les Prairies d'Or. Il aurait eu de discrètes convictions shiites.
Ce qui s’est passé, c’est un peu ça : quand les gens se convertissaient, on leur disait :
-D’abord, vous aurez la vie sauve.
-Ca, ça nous arrange.
-Et puis vous payerez moins de taxes que les voisins.
-Tant mieux, on les déteste.
-Et puis vous pourrez leur faire du mal.
-Parfait.
-Maintenant, vous devez croire en un seul dieu.
-Pas de problème, c’est déjà le cas.
-Ah ? Bon, c’est Allah.
-Comme pour les Arabes ?
-Oui.
-Et si on accepte leur dieu, ils viendront plus nous piller ?
-Non.
-Alors, c’est bon. C’est tout ?
-Non, le prophète s’appelle Muhammad.
-Mu… quoi ? C’est quoi ce nom ?
-C’est de l’arabe, il est arabe.
-Un prophète, arabe ? vous rigolez ?
-Souviens-toi du début de notre dialogue.
-D’accord, j’ai compris. J’arrête. Mais quand même…. Et qu’est-ce qu’il dit ?
-Lui, il dit rien, c’est Allah qui parle.
-Ah, alors il n’est pas prophète ?
-Si, mais ne complique pas les choses. Ce n’est déjà pas très clair pour nous. Pour simplifier, il y un livre : le Coran, qui dit tout, il y a tout dedans.
-Si on ne sait pas lire ?
-Ca ne fait rien, il faut le réciter, inutile de comprendre. Tiens prends –le, c’est cadeau. Si tu ne comprends rien, tu fais comme nous, tu fais semblant.
[2] Cf. Mahmoud M. Taha (trad. Mohamed El Baroudi-Haddaoui et Caroline Pailhe), Un Islam à vocation libératrice , Paris, 2002; A.A. an-Na‘im, "Mahmud Muhammad Taha and the Crisis in Islamic Law Reform: Implications for Interreligious Relations." Journal of Ecumenical Studies, 25-1 1988; P. J. Magnarella, “The Republican Brothers: a reformist movement in the Sudan”, The Muslim World 72, 1982;A.A. An-Naim, “Mahmud Muhammad Taha and the Crisis in Islamic Law Reform: Implications for Interreligious relations”, Journal of Ecumenical Studies 25 1988; D. O'Sullivan, “The Death Sentence for Mahmoud Muhammad Taha: Misuse of the Sudanese Legal System and Islamic Shari'a law? “, The International Journal of Human Rights 5/2001 ; WS Howard, “Mahmoud Mohammed Taha and the Republican Brotherhood: Transforming Islamic Society“, HAMDARD ISLAMICUS, Quarterly Journal of Studies and Research in Islam 24/2001; M.M. Taha, Un islam à vocation libératrice, 2002; M. Mahmoud, “Mahmud Muhammad Taha and the Rise and Demise of the Jumhuri Movement” , New Political Science 23/2001 .
[3]W. E. Shepard, S. Qutb and Islamic Activism. A Translation and Critical Analysis of Social Justice in Islam , Leiden 1996 ; O. Carré, "Juifs et chretiens dans la societe islamique ideale d'apres Sayyid Qutb”. Revue Des Sciences Philosophiques Et Theologiques 68(1), 1984; S. Qotb, W. E. Shepard Sayyid Qutb and Islamic Activism: A Translation and Critical Analysis of Social Justice in Islam. Leiden, 1996.
[5] M. Cook, The Quran, p. 136-7.
5
VI
DÉPLORATION SUR L' HISTORIOGRAPHIE DE l' ISLAMISME
§ 6.
Si l' on omet le terrorisme actuel, les guerres d' agression, les persécutions de minorités, l' humiliation des infidèles, l' oppression des femmes , l' antisémitisme , le rejet des progrès techniques et intellectuels , l' intolérance et l' apprentissage de la haîne[1] , l' un des scandales principaux de la situation actuelle , au sujet de l' islamisme , est la scandaleuse ignorance des autres à son égard, car il mérite forcément toujours le meilleur : les conditions de la naissance de cette idéologie sont pratiquement ignorées en Occident, par peur de mauvaises surprises , et même dans une bonne part du monde musulman , qui mesure que c' est justement le caractère archaïque et totalitaire de la doctrine qui l' empêche de se moderniser. En Europe , et tout particulièrement une France largement déchristianisée, l’opinion et les médias refusent de considérer le fait religieux en face , et de comprendre l’importance considérable de celui-ci sur la culture , la morale et la vie quotidienne. S’il s’agit d’un système aussi différent que l‘islamisme, qui n’est pas une religion comme les autres , et très distincte de celles constituées en Europe , l’ignorance se mue en peur, qu’il faut au moins reconnaître.
On préfère imaginer que Muhammad est une sorte de Christ un peu féroce et plutôt libidineux , et que l' islamismeprimitif s'est présenté au monde comme un autre évangile. Car pour ce qui est de la gaudriole, avec le personnage de Jésus, on reste sur sa faim. La sexualité exarcerbée de Muhammad a peut-être été recomposée pour l’éloigner de Jésus, son principal opposant, dans le monde imaginaire de ces personnages.
Pourtant, de cette ignorance si scandaleuse pour une doctrine si avantageuse, les musulmans s' en plaignent vivement , et ne se privent pas pour en faire la leçon aux infidèles. Cela ne les encourage pas , néanmoins , à publier clairement et nettement ce qui fait le fond de leur pensée et ce qui est à l' origine de leur système. A la lecture des dossiers d’islam-documents.org , on verra que l’aventure mohammédienne et la naissance de l’islamisme n’ont rien de christique ou d’évangélique et que ces phénomènes révèlent en fait plus de proximité avec les temps les plus reculés du judaïsme. On y trouvera néanmoins des affinités avec les prescriptions les plus archaïques de l’Ancien Testament, avec les épisodes les plus violents de l’Histoire des Hébreux, quand ceux-ci sont constitués en tribus sémitiques. Mais le judaïsme a su se transformer, au prix de plus de 2000 ans d’interprétations. L’islamisme de Muhammad peut aussi se voir comme un retour au judaïsme le plus archaïque, celui du Temple, des guerres saintes et d’un Yahvé féroce et vengeur. A l’autre bout du spectre historique, l’islamisme peut se rapprocher de l’époque des grandes invasions barbares et avec les mouvements fascistes du XXème siècle. Ce n’est guère étonnant et les exemples abondent de leur proximité essentielle: Mussolini, tout en opprimant la Libye, exprimait une grande admiration pour la religion musulmane, tandis qu’Hitler, Himmler et d’autres dignitaires nazis ont su nouer de nombreux contacts avec des dignitaires musulmans (tel qu’al Husseini, mufti de Jérusalem). On a retrouvé de la part des deux derniers personnages cités des témoignages précis louant la brutalité et le bellicisme musulman. Enfin, il ne faut pas oublier que de très nombreux nazis se sont réfugiés dans les pays arabes après 1945, et qu’ils se sont convertis à l’islam sans difficulté.
Il ne faut plus craindre de dire que les érudits, historiens, intellectuels et chercheurs sont pleinement responsables de la catastrophe, par complicité, complaisance, fascination ou lâcheté. Faisons ici une petite revue des cas les plus typiques et parfois les plus grotesques , qui ont profité si longtemps de la crédulité publique.
Certains notables musulmans (H. Boubakeur, M. Hamidullah[2] , T. Ramadan[3] pour la France) ont usé de leur prestige de demi-savants pour répandre vers le public leur conception cléricale et obtuse de leur propre croyance , et leur foi les a autorisés à mentir ouvertement à leurs lecteurs infidèles ou nouveaux convertis. Ils représentent le degré zéro de la science, mais leur suffisance rend la lecture de leurs ouvrages assez amusante. D' autres personnages (M. Lings[4] , M. Hussein[5] , Ph. Aziz[6] , J. Berque[7] ) , convertis récents , affidés ambigus ou esthètes irresponsables , dissimulés parfois derrière leurs pseudonymes , manipulent les documents en dépit des règles, les sélectionnent pour travestir les faits et les paroles, pour laisser libre cours à leur zèle prosélyte, hypocrite ou épanoui.
M. Chebel, au coeur de cette galaxie , a lui seul mérite une mention particulière , tant sa personnalité médiatique présente des aspects différents selon les circonstances et les publics auquel il est confronté. Cet homme n''est pas un homme , mais une usine , au vu de sa production éditoriale . Il est devenu au fil des ans un prince de l' ambiguité , multi-spécialiste auto-proclamé du monde musulman , exprimant tour à tour dans ses interventions une malhonnêteté intellectuelle qu il peine souvent à maîtriser , une séduction douceureuse jusqu au malsain, une effronterie superbe face à la contradiction et aux évidences et pour finir -mais il faut le dire -une particulière incompétence dont on ne sait trop si elle est le fait d' une ignorance, d' un aveuglement ou de son intolérance foncière. [8]
Car nombreuse est la foule de ceux qui gagnent bien leur vie sur le dos du prophète…
D' un tout autre niveau, d’une toute autre valeur sont les brillants intellectuels chrétiens ou juifs (D. Masson[9] , M. Watt[10] , I. Goldziher[11] ) qui ont cherché leur voie dans l' étude de l'islamisme , et dont leurs travaux , d' un point de vue strictement scientifique , sont invalidés du fait de leurs préjugés. Intégrés à ce point dans leur propre formation spirituelle et dans leur mission , ils ne peuvent guère s' empêcher d' exprimer une forme de fascination ou d' aveuglement face à l' agressivité virile et la pureté stérile de la doctrine musulmane. En même temps , ils tentent de manière plus ou moins consciente de découvrir des proximités rassurantes entre l' islam des origines et leur foi. Il va de soi que pour cette catégorie de chercheurs, l' analyse critique des religions , quelles qu elles soient , reste un danger majeur , et la théologie garde dans leurs conceptions son ascendant sur les sciences véritables. La perversité de cette attitude est poussée à son paroxysme avec l’exemple (pourtant remarquable sur le plan scientifique et historiographique) de G. Lulling[12] , luthérien acharné à retrouver dans l’islam une ultime réforme du christianisme... Mais il y a aussi du bon dans cette catégorie, et l’étude critique de la Tradition Islamique est entrée dans la science moderne grâce au travail monumental de Goldziher.
La profession de foi de W.M. Watt, dans l’introduction de son “Mahomet à la Mecque”, mérite d’être citée, parce qu’elle expose à merveille cet état d’esprit fait de veulerie magnifique et de fascination honteuse , de défaite de la cause scientifique, caractéristique des intellectuels britanniques d’autrefois: [13]
“Tout en restant fidèle aux données de l’enseignement historique consacré par l’Occident, je me suis imposé de ne rien déclarer qui puisse être en contradiction avec l’un ou l’autre des doctrines fondamentales de l’Islam.
Point n’est besoin d’un abîme infranchissable entre la science de l’Occident et la foi de l’Islam.”
Il ne se satisfait pas de cette jouissance de la soumission, et ajoute sur un ton plus sentencieux et menaçant:
“S’il est arrivé que de telles conclusions de savants occidentaux aient été inacceptables pour des Musulmans[14] , c’est peut-être que ces savants n’ont pas toujours été fidèles à leurs propres principes scientifiques, et que, même du plus strict point de vue historique, leur conclusion doit être révisée.”
Cet avis, si affligeant, si indigne pour la science du XXème siècle, semble avoir fait école, et a conforté dans leur lâcheté nombre de chercheurs.
Bien entendu, d' autres auteurs cléricaux (H. Lammens[15] , W. Muir[16] ) ont pu se donner comme mission sacrée de dénigrer l' islamisme sous toutes ses formes , ce qui est au demeurant assez aisé, pour peu qu’on s' y connaisse un peu. Du moins ceux-ci ont effectué un véritable travail sur l' ensemble des sources disponibles, ce que les précédents se gardaient bien de faire. Nous ne mentionnerons pas les auteurs d' obédience marxiste ou fasciste qui ont trouvé dans l' islamisme une forme de totalitarisme qui en vaut bien d' autres.[17]
Nous préférons passer sous silence la nombreuse théorie des vulgarisateurs stipendiés, singes savants et prétentieux, auteurs de plaquettes destinées au très grand public, apôtres de la diversité et de la variété, tous plus nomaliens les uns que les autres: collectionneurs de cartes postales, voyageurs écrivant qui font dans ce monde comme on visite un zoo, montreurs de diapositives, amateurs de thé ou de narguilé, insensibles à la violence du totalitarisme et du dogme, qui pratiquent finalement dans la forme les délices d’un confortable post-colonialisme: pour eux, l’islamisme n’est pas un système religieux, mais un sympathique assemblage d’usages et de comportements colorés baignant dans la permissivité et le relativisme.
[1] Cf. par exemple le contenu des manuels scolaires saoudiens, directement inspirés par le wahhabisme, doctrine qui est le reflet de la prédication mohammédienne.
[3] T. Ramadan, Muhammad : vie du prophète : les enseignements spirituels et contemporains , Paris 2006.
[7] Cf. les critiques narquoises de J. Chabbi, sur ce grand érudit, totalement dévoré par son sujet au point d’abandonner toute lucidité et neutralité.
[8] Il a produit un ouvrage sur l’esclavage musulman, après avoir vu que le sujet commençait à être largement étudié et présenté au public. sa thèse, qui ressemble à un recul tactique, est bien sûr que l’islamisme est innocent de ce crime séculaire. Il a ajouté, rien de moins qu’une traduction du Coran, et un guide annexe.
Mais il louvoie sans cesse, croyant ne jamais pris dans les méandres de ses déclarations.
[11] I. Goldziher , Muhammedanische Studien (1889-90) ; trad. fr. L. Bercher , Etudes sur la tradition musulmane , Paris , 1984.
[14] Les noms de sectateurs des diverses remigions ne doit pas comporter de majuscules; ce qui n’empêche pas que nombre de travaux s’exonèrent de cette règle: c’est un indice intéressant du degré de soumission de l’auteur envers son sujet.
[15] H. Lammens , ”Coran et tradition. Comment fut composée la vie de Mahomet” , Revue des sciences religieuses 1/1910.
[17] Cf. la trop fameuse Sigind Hunke, auteur du “Le soleil d’Allah luit sur l’occident”; cf. S. Gouguenheim, Aristote au Mont Saint Michel, Paris 2007.
VII
L' HOMMAGE AUX PRÉCURSEURS
§ 7.
Mais , faisant face à une situation si calamiteuse , des historiens dignes de ce nom , concevant leur discipline comme une science véritable , ont voulu analyser le phénomène des origines de l' islamisme en suivant des règles rigoureuses, en toute indépendance , sans se laisser intimider par les vociférations des adeptes , sans se laisser décourager par les soupirs des bien-pensants. Ils ont eu le courage de diffuser le fruit de leurs travaux , souvent dérangeants et parfois destructeurs , auprès du grand public , ce qui, dans l' urgence de la situation actuelle , est l' essentiel de leur apport.
Il s' agit notamment de M. Rodinson[1] , de J. Chabbi[2] , d' A.- L. de Prémare [3] , d' A. M. Delcambre[4] , pour la France , et à l' étranger[5] , de P. Crone , M. Cook[6] , M. Lecker , M. J. Kister. Une mention spéciale doit être faite aux chercheurs allemands[7] , héritiers de la tradition orientaliste de Nöldecke[8] ou Wellhausen[9] , et qui poussent très loin leurs investigations dans ces domaines (Puin[10] , Ohlig[11] , Luxenberg[12] , et ceux qui entreprennent actuellement , à l' Académie des Sciences de Berlin , une édition critique du texte coranique). Les travaux de ces chercheurs qui refusent les censures venant de tous bords sont à la base du projet documentaire qui suit. A une modeste échelle, leur méthode rigoureuse et leur énergie courageuse sont des exemples à suivre. Qu’ils trouvent ici l' expression d' hommages mérités. Il reste à regretter qu il ne se trouve peu ou pas dans leurs rangs des intellectuels d' origine musulmane. Du moins dans le cas français. Le cas de M. Arkoun reste marqué par l’ambiguité: l’auteur se réfugie dans l’hermétisme le plus décourageant et les subtilités, ce qui lui permet d’éviter définitivement de présenter des thèses claires sur ces sujets difficiles, notamment à destination du public occidental. Sa notice introductive à l’édition Kazimirski du Coran est un modèle sur ce point: elle dénie aux non-musulmans la capacité de compréhension du texte coranique. Il n’est pas historien, et plus théologien que scientifique. Ici, la confusion est devenue une méthode.
Espérons que ce sera l' affaire d' une autre génération , qui tentera d' appliquer des méthodes scientifiques et sans concession au sujet des origines du système qui les opprime, comme s' il s' agissait d' un sujet anodin. Nul doute qu une entreprise de cette sorte les fera sortir brutalement de leur communauté. Mais dans toute évolution historique d' envergure , il faut qu il y ait des précurseurs. Que ceux-ci trouvent dans islam-documents.org une source d' inspiration , et nous en serons satisfaits.
L’ouvrage très récent de Jacqueline Chabbi, “Le Coran décrypté, Figures bibliques en Arabie” [13] est remarquable à plusieurs titres: il pointe sèchement toutes les lacunes et lâchetés qui défigurent le champ de l’islamologie actuelle consacrée aux origines du phénomène musulman; il assène des vérités scientifiques avec une fraîche brutalité et ose remettre en cause les bavardages imbéciles produits par des décennies de non-travail de recherche. Il faut lire cette grande dame quand elle interdit fermement aux érudits cléricaux d’empiéter sur lechap des recherches scientifiques.
On pourra seulement reprocher au livre d’être un peu trop rapidement écrit, et surtout, l’absence de notes, qui aurait pu être exceptionnellement utiles. L’auteur a semble t-il été intimidée elle-même par la tâche entreprise. L’émotion qui transparaît de son entreprise agréable et délicieuse de destruction des dogmes ne nuit pas néanmoins à la qualité de la démonstration. C’est un bonheur de lire une déclaration d’indépendance de la part d’une scientifique, qui sera sûrement considérée par beaucoup comme blasphématoire. Dans le présent travail, on a tenté de reprendre certaines remarques et hypothèses de J. Chabbi.
Wansbrough: version arabe de l'Histoire du Salut qui se répandait dans tout l'Orient. Une Histoire construite par l'islamisme médiéval pour se situer face à ses aînés juifs et chrétiens. Il lui faut alors bâtir l'image d'un prophète synthétique, séduisant et humain, viril et actif, tout en intégrant le plus possible de thèmes bibliques et évangéliques, même si, globalement, cela ne fonctionne pas.
"Mon propos dans ces chapitres n'est pas la reconstruction historique, mais plutôt l'analyse des sources. Pour qualifier plusieurs sortes de documents produits par la communauté musulmane primitive, j'ai choisi le terme de "Histoire du salut", pour un certain nombre de raisons pertinentes à mes yeux. Ceux-ci dérivaient d'une comparaison avec des types littéraires suscités par le modèle biblique, processus qui s'est avéré, au moins selon moi, non seulement souhaitable, mais simplement inévitable. L'analyse reste, quoi qu'il en soit, stylistique et n'est pas faite pour produire des conclusions strictement historiques (...).
Délimiter la situation de l'Histoire islamique du salut dans l'ensemble de la production littéraire est le but de cette étude.
Mon premier chapitre contient une analyse sélective des styles historiographiques provenant de la littérature dite de SIRA-MAGHAZI, dans le but de donner des exemples de l'historicisation de la mémoire, du mythe, et de la doctrine. Ces matériaux offrent une collection tout à fait considérable des lieux communs utilisés dans la polémique interconfessionnelle entre les monothéismes, fait qui doit être pris en compte pour expliquer le caractère monothéiste de l'Histoire du salut. Dans ce cas, le principe formateur est celui de l'Histoire comme événement.
Dans le deuxième chapitre, j'ai entrepris un examen des sources de l'autorité doctrinale et celle de la communauté sectaire qui dérive d'elle. Il me semble que cette insistance faite sur le modèle apostolique, associé aux préjugés exégétiques de la terminologie halakhique, et les intérêts d'une élite cléricale sont la marque d'une communauté d'un type qu'il est préférable de qualifier de ritualiste . Contrastant avec les styles midrashiques de la littérature de SIRA-MAGHAZI, le caractère exemplaire de la Sunna, aussi bien que l'existence de controverses juridiques (IKHTILAF), et d'abrogation halakhique (NASKH), fait apparaître une conception de l'Histoire comme processus.
Dans mon troisième chapitre, j'ai tenté de dessiner les images linguistiques et littéraires du symbolisme sectaire, particulièrement celles qui ont été constituées en fin de compte, comme les doctrines islamiques des attributs divins et de l'abrogation. Leur origine, située dans la polémique interconfessionnelle et leur incorporation finale comme dogme pourrait être décrite en référence à un processus que j'appellerai "transfert terminologique". Ici, on devra penser que la composition de l'Histoire du salut s'appuie sur et est limitée par l'accès aux ressources linguistiques et littéraires.
Le chapitre quatrième et final contient une réponse hypothétique et absolument provisoire à la question théologique de l'Histoire comme événement ou de l'Histoire comme processus. D'après les catégories épistémologiques que je propose et qui doivent être vues comme strictement expérimentales, il ne me semble pas déraisonnable de détecter dans la formation de l'islam une interception du concept de processus par celui d'événement: une notion originale de développement apparaît dans une certaine mesure comme avoir été tronquée et remplacée par une interprétation rétroflective des origines de la communauté. Le résultat est ainsi, non par de l'Histoire, mais de la nostalgie."
J. Wansbrough, The Sectarian Milieu, p. IX-X.
[3] A.-L. de Prémare , Aux origines du Coran. Questions d'hier , approches d'aujourd'hui , Paris , 2004; id. Les fondations de l’islam, Paris 2002.
[5] Notamment autour de la revue des Jerusalem Studies in Arabic and Islam, qui s’est spécialisée sur l’étude des origines de l’islamisme.
[10] G.R. Puin, "Observations on Early Qur'an Manuscripts in Sana'a," in The Qur'an as Text, ed. Stefan Wild, , E.J. Brill 1996.
[11] K. H. Ohlig , G.R. Puin , Die Dunklen Anfänge , Neue Forschungen zur Entstehung un d frühen Geschichte des Islam , Berlin , 2005.
[12] Ch. Luxenberg, Die Syro-Aramäische Lesart des Koran: Ein Beitrag zur Entschlüsselung der Koransprache. Berlin , 2005 , id.Weihnachten im Koran. in Streit um den Koran, Die Luxenberg Debatte: Standpunkte und Hintergründe Berlin, 2004.
VIII
OBSTACLES A LA CONNAISSANCE
un fruit qui se construit des racines...
§ 8.
L' accès direct aux sources historiques musulmanes est particulièrement difficile et parmi elles , celles traitant des origines du système musulman sont un secret bien gardé. Pour expliquer que le mystère plane encore sur des sujets aussi capitaux et sensibles et que la pénurie d' informations utiles soit si patente, la lâcheté des intellectuels occidentaux n' est pas seule en cause. Il existe de véritables obstacles à la connaissance , qui favorisent ceux qui ont tout à cacher du coeur de leur doctrine.
Le premier obstacle , le plus évident , est celui de la langue (ainsi que l' écriture) et des déficiences de la traduction entre la langue arabe et les langues occidentales. l' écriture et la langue arabes surprennent et fascinent aisément l' esprit occidental en quête de nouveauté , par l' étrangeté des sonorités et des dessins: c' est une sorte de piège séduisant qui détourne aussi l’attention de ce qui est réellement exprimé au delà des apparences. La langue coranique , qui n' est pas en soi la langue classique , perturbe elle aussi les arabophones, qui feignent plus de la connaître plus que de la comprendre véritablement.
De nos jours, en dehors du Coran -dont on ne possède pas encore d' édition critique fiable[1] - un très petit nombre de textes originaux , ou traitant des origines , a été traduit, une infime minorité en proportion de la masse produite durant les premiers siècles. Si l' on ne possède ni le temps ni les compétences pour traduire les textes arabes , il faut avoir recours à des traductions anciennes, souvent de la fin du XIXème siècle , ou d' autres, issues de pays musulmans à destination des convertis , maladroits dans l' expression et ne respectant pas les principes d' édition. Un lent travail de collecte et d' estimation des sources permet donc de surmonter l' obstacle , tout en gardant à l' esprit que la traduction directe reste l' idéal. Il est regrettable que souvent les historiens ne connaissent pas l' arabe , et que les arabophones ne soient pas des historiens véritables quand il s' agit d' aborder les questions religieuses.
Voici ce que disait M. Kropp dans une de ses conférences prononcées à Paris, au Collège de France, en 2007:
“Vers la fin du XIXème siècle, plusieurs –bonnes-éditions sont imprimées à Istanbul sans connaître de véritable succès. C’est finalement une commission de l’Azhar qui établit sur ordre du vice-roi d’Egypte une édition, imprimée pour la première fois n 1342 de l’Hégire=1923, dans la Matba’a al Amiriyya du Caire. Ce texte a rapidement remplacé tous les autres et est à la base –encore?- de millions et de millions d’exemplaires imprimés dans le monde, sans oublier les bases de données sur internet, les corpus numérisés sur CD etc… Donc le texte se présente de manière uniforme comme jamais dans son histoire. C’est seulement dans les dernières années que sont apparues des editions “corrigées” en Arabie Saoudite, par exemple. Mais encore une fois, il ne s’agit pas d’un texte critique. Il faut croire que la commission de l’Azha était porteuse d’une tradition orale et écrite depuis 1400 ans à travers une chaîne ininterrompue. Comme je l’ai dit: deux grands projets d’éditions critiques du Coran et la collection de toutes les variantes connues, projets conçus et commencés dans dans les années 20 du XXème siècle ont pris fin sans résultat au moment de la seconde guerre mondiale. A. Jeffery, G. Bergsträsse, sans entrer dans les details croustillants de l’histoire du prjet de Munich. La découverte de milliers de fragments coraniques dans la grande mosquée de Sanaa a cours des années 70 du XXème siècle a montré la nécessité de l’étude de tous les fragments et manuscrits anciens. Mais les entreprises de publication –pour l’instant fac-similés de manuscrits sélectionnés- progresse lentement, en raison de l’immensité des coûts. Et de parlons pas de l’étude de ces matériaux. Quelques petites remarques d’un des membres de la commission qui a examine les fragments de Sanaa: il y a eu seulement quelques articles sensationnalistes dans la presse, et l’entreprise a été arrêtée par les autorités yéménites. Il faut encore attendre, donc, au début du XIXème siècle, une édition critique du Coran.
La seconde difficulté réside dans la quantité prodigieuse , inouïe , démesurée d' écrits consacrés aux origines de l' islamisme , et plus précisément la figure , pour ne pas dire l' idole, de Muhammad. Pris d' une fièvre antiquisante et au sens propre archéologique[2], fasciné par le mystère de leurs propres origines, désireux de prouver leur piété , les érudits musulmans ont concentré depuis treize siècles leur attention , leur talent d' invention , leur rigueur d' analyse (et tout bêtement leur mémoire) [3] autour de la période prophétique de Muhammad. Ainsi , ce dernier est devenu la référence indépassable en matière morale, politique et spirituelle , modèle absolu en dépit de ses insuffisances notoires dans tous ces domaines. Les écrits sont donc en nombre incalculable , de taille énorme , de dimensions réelles fort imprécises , à la limite du difforme , proche du prodigieux : tout ceci autour d' une seule période, et d' un seul individu , exclusivement, obsessionnellement. Ce n' est absolument pas un type de littérature aux normes de la littérature profane ou religieuse occidentale qu il faut explorer quand on veut s' intéresser aux origines de l' islamisme. Ainsi , le Coran[4] , ouvrage composite et puissamment répétitif , à la structure artificielle et grossièrement organisée, possède déjà de vastes proportions: presque 6220 versets et 114 chapitres. Il n' est qu’ un concentré , un manuel dont l' obscurité et l' incohérence rend indispensable l' élaboration d' autres sources d' information: au total, un véritable désastre éditorial.[5] C' est ce que le public réclamait , frustré dans son adoration envers le personnage de Muhammad. D' abord, les commentaires (Tafsir)[6] , par centaines et en des milliers de pages se répandent assez tôt. Ensuite , une masse prodigieuse de récits (les Hadiths)[7] , dont on ne sait le nombre véritable , les estimations allant de plusieurs centaines de milliers à 6000 environ dans les recueils les plus vénérés, selon des critères stricts de sélection. Nous utiliserons d’abord le recueil de Bukhari, le Sahih (“Sain”), considéré comme la source la plus prestigieuse. Puis le Sahih de Abu Muslim, le Muwatta (“Aplani”) de Malik , les hadiths de Dawud et parfois le Musnad de ibn Hanbal, les récits de Tirmidhi ou Nawawi…
Il est important d' exploiter cette ressource pour contrer l' argumentation musulmane à l' égard des ignorants, qui affirme que telle ou telle chose déplorable n' existe pas dans le Coran, référence unique: il est alors avantageux de feindre d' oublier les hadiths, qui sont pourtant partie intégrante de la doctrine. Tout ce qui n' est pas dans le Coran se doit d' être dans les Hadiths, qui forment ensemble la Sunna. Le point le plus célèbre concerne la lapidation , dont on parlera longuement: elle est absente du Coran, certes, mais la Sunna surabonde en prescriptions qui l' exigent , dans des circonstances plutôt saugrenues même[8] , et il existe même un courant de tradition qui affirme que le Livre possèdait bien un verset sur le thème, mais qu il a disparu on ne sait comment...
Enfin , à partir des textes précédents , des oeuvres plus littéraires que scientifiques d' érudits musulmans se succèdent , avec chaque fois des buts et des méthodes différents , mais qui tous veulent mettre en valeur le fameux Muhammad , clé de voûte de toute la construction. Pour rappeler les plus importants: une biographie prestigieuse avec ibn Hisham , une chronologie universelle de grande valeur avec Tabari , un énorme catalogue de biographie avec ibn Sad , une chronologie d' expéditions guerrières avec Waqidi , etc ... Les sources littéraires exploitées ici sont: les Annales de Tabari, les biographies d’ibn Hisham et d’ibn Kathir, les catalogues d’ibn Sad et de Waqidi et de Baladuri, entre autres. Chaque fois, ce sont des oeuvres monumentales , qui savent gloser et inventer à partir d' un sujet fort mince , et qui s' alourdissent encore de mentions obligées à des informateurs successifs. De plus , elles ne sont connues du public que par des versions abrégées tant le contenu est rendu indigeste par la masse d' informations et l' attention dirigée obsessionnellement vers le même héros Muhammad. Avec patience et abnégation , on peut venir à bout de ces dizaines de milliers de pages , évoquant ad nauseam les gestes et dits du même individu. Pour finir sur ce point sur une note aussi tragique que ridicule , les sources primaires ont suscité à leur tour une autre vague de compositions aussi monumentales , oeuvres secondaires et largement postérieures , aux ambitions encyclopédiques, des adaptations, des commentaires, des compilations , et l' ensemble fournit une telle masse qu elle n' a d' autre effet que d' encombrer le sujet, ne lui apportant plus rien d' utile ou de vrai , et finit par ne plus rien signifier. C' est pourquoi il suffit de se limiter aux recueils de textes anciens , encore cohérents, d' avant le Xème siècle. Mais dans islam-documents.org, nous avons intégré au corpus des textes d’ibn Khaldun, d’ibn Jubayr , d’encyclopédistes , de géographes et de voyageurs, qui complètent, affinent ou surchargent le tableau.
Enfin, le troisième point qui fait difficulté est d' ordre strictement historiographique et se révèle le plus intéressant. Les sources présentées ici et qui retranscrivent les événements jusqu’en 632 (c' est la limite globalement arrêtée dans ce travail) sont très largement postérieures à la période qu elles évoquent. Il faut être lucide et avoir conscience constamment qu’à la mort de Muhammad , il n' existe quasiment rien de la doctrine musulmane, sinon une aventure personnelle et un fatras de paroles, aux origines multiples. De plus, rien n' est véritablement écrit, ce qui est gênant pour un système qui se prétend héritier d' un livre.
L' ouvrage de référence , ce fameux Coran, n' est pas encore constitué et le sera peu à peu dans des conditions rocambolesques que la Tradition musulmane [9] évoquent sans pudeur. Selon les historiens les plus sérieux et les moins musulmans, le texte a été rassemblé dans une période allant de 30 ans à 70 ans après 632, à partir de documents d'extraction diverse : traditions juives issues du Pentateuque[10] , interprétations hérétiques chrétiennes autour de thèmes eschatologiques, vestiges de mythologie et poésie arabe, code de lois, agrémenté de multiples exhortations au combat et d' allusions énigmatiques furtives à ce Muhammad.
Il s' agit néanmoins de la source primitive , et sur ce point on ne peut qu’être d' accord avec les penseurs musulmans: c’est la stratre la plus ancienne, même si elle ne touche pas chronologiquement aux origines. R. Blachère , dans son prophétique “Problème de Mahomet”[11] a montré tout ce que l' on pouvait tirer de factuel du document, et il a rappelé les limites de la tentative.[12] Le texte lui-même ne suffit pas à bâtir une doctrine, aussi simpliste et confuse qu elle soit, et une éthique , aussi brutale et perverse soit-elle. L' opinion musulmane est alors assoiffée d' histoires et d' anecdotes. Le Coran n' est pas capable de fournir de quoi combler ses frustrations. La solution se trouve dans l' immense amas de récits , les hadiths , qui a été rassemblé puis mis par écrit environ trois siècles plus tard. Entre la mort de Muhammad et le rassemblement prodigieux de ces textes, durant ces trois siècles, on ne dispose de presque rien d' assuré sur le phénomène islamique et son expansion, en dehors du Coran, fort déficient, de quelques inscriptions ambigües et embarassantes et les témoignages, tout aussi troublants , des auteurs chrétiens. La Tradition plétorique de l' époque ommeyade[13] et surtout abbasside, compilée si longtemps après , se développe dans un contexte totalement différent de celui de l' Arabie du VIIème siècle. c' est un peu comme si l' on se permettait d' écrire de nos jours une Histoire du règne de Louis XIV exclusivement sur la foi de témoignages oraux , et sur la vie quotidienne de la Cour de Versailles. Les auteurs abbassides, que l' on ne peut guère taxer de fantaisie dès qu il s' agit de Muhammad , sont incapables de comprendre le cadre tribal , la mentalité arabe (très peu sont directement de cette origine , et beaucoup sont persans), aucun n' est à même d' accéder aux conceptions païennes si présentes aux origines. En revanche , ils se révèlent habiles, hélas , à prendre parti dans les luttes entre sunnites et shiites , d' intégrer des notions inconnues du temps de Muhammad , d' ajouter des historiettes et des légendes pour divertir et combler les vides de la biographies, en puisant surtout dans le fonds culturel et mythologique des chrétiens orientaux.
= besoin de d'abord travailler sur les textes, avant de travailler sur le fond. C'est ce qu'exprime clairement et prudemment Uri Rubin dans son livre consacré à la figure de Muhammad:
Ce livre concerne des textes, et les textes concernent Muhammad, le prophète de l'islam. Les textes -découverts par les sources islamiques les plus anciennes qui soient parvenues jusqu'à nous- sont étudiés pour les récits conservés par eux, et non pour les événements décrits dans ces récits.
La question "Que s'est-il vraiment passé?" à l'époque de Muhammad n'est pas celle qui se pose dans ce livre, qui est plutôt concerné par la manière dont les textes racontent l'Histoire de Muhamad, et il a pour but de découvrir comment les différentes versions, changeantes, de cette Histoire nous rapportent l'image d'un prophète, comment il était perçu par les croyants, parmi lesquels ces textes ont été créés, et ont circulé.
U.Rubin, The Eye of the Beholder, p. 1.
L’avant-dernier obstacle provient de la politique des autorités musulmanes, et des sociétés et des Etats musulmans qui tentent de bloquer par tous les moyens la recherche indépendante et laïque sur la question des origines de l’islam: interdictions de fouilles archéologiques, de consultation de textes, etc... Cependant, des entreprises remarquables sont en route, de manière discrète et héroïque.[14] Il reste pourtant que ces essais sont toujours soumis à des attitudes de méfiance, de défiance et de rejet: une découverte quelconque qui remettrait en cause les dogmes enseignés sur les origines de la doctrine islamique serait très rapidement rejetée et mettrait ses auteurs dans de grandes difficultés.[15]
La toute dernière difficulté est celle de l’Histoire ou de la science des religions, en général : la masse documentaire n’a absolument pas pour but de nous dire, nous raconter, nous expliquer une réalité factuelle. C’est une Histoire sainte, qui doit nous exposer pourquoi et comment le système est né, et comment il se répand, s’impose, et triomphe de ses opposants. La chronologie elle-même est différente : ce ne sont plus des dates concernant l’Humanité seule, mais des dates qui sont autant de jalons du progrès de la Religion. Il n’est pas anodin que chrétiens et musulmans aient imposé sur presque toute la surface de la Terre un décompte chronologique d’origine strictement religieuse.
Distinction intellectuels musulmans/ânes= les ânes n’écrivent pas.
"Celui qui ment à mon sujet subira l'enfer". hadith très répandu, pour lutter contre l'inflation des faux hadiths. Il est connu par 80 sources distinctes.[17]
[1] L’Académie des Sciences de Berlin se lance dans le projet, discrètement et avec prudence. Mais dans ses derniers développements, et à travers les discours naïfs de ses responsables, il semble bien que l’entreprise, s’éloignant clairement d’une saine méthode et de l’objectivité scientique, soit destinée à échouer tristement,
[3] La capacité de mémorisation a été depuis toujours un critère de choix parmi les érudits musulmans: on apprend très tôt à réciter par coeur le livre sacré , sans même le comprendre.
[4] Ici, on utilisera essentiellement la traduction de R.Blachère , et en une seule occasion celle de M. Hamidullah ,cléricale et sulpicienne au possible.
[5] Savoir si le texte peut être utilisé comme un document historique fiable reste une question complexe qui a reçu les réponses les plus opposées.
[7]Pierre Larcher, “Le mot de hadîth vu par un linguiste”, in C. Gilliot et T. Nagel (eds), Das Prophetenhadîth. Dimensionen einer islamischen Litteraturgattung , Nachrichten der Akademie der Wissenschaften zu Göttingen. I. Philologische-Historische Klasse , 2005/1 .
[12] Cf. aussi Jacqueline Chabbi, "Histoire et tradition sacrée : la biographie impossible de Mahomet", dans Arabica , 1996; Claude Gilliot, "Muhammad, le Coran et les contraintes de l'histoire", in S. Wild (dir.), The Qur'an as Text (Islamic Philosophy and Theology, 27), Leiden 1996; R. Paret, “Der Koran als Geschichtesquelle”, Der Islam 37/1961.
[13] Jacqueline Chabbi, "La représentation du passé aux premiers âges de l'historiographie califale, problèmes de lecture et de méthode", dans Itinéraires d'Orient. Hommages à Claude Cahen, Res Orientales, 6/1994
[14] Sur le plan archéologique, quelques bilans: D. Whitcomb, (ed.), Changing Social Identity with the Spread of Islam: Archaeological Perspectives, Chicago 2003; J. Johns, "Archaeology and the History of Early Islam." JESHO 2003; A. Northedge, “Archaeology and Islam”, Companion Encyclopedia of Archaeology, Londres 1999; A. Peterson, 2005. "What is 'Islamic' Archaeology." Antiquity 79; A. Walmsley, “Archaeology and Islamic Studies: The development of a relationship. From Handaxe to Khan”, Essays presented to Peder Mortensen on the occasion of his 70th birthday, Aarhus 2004; T. Insoll, The Archaeology of Islam, Oxford 1999; J. Johns, “Archaeology and the history of early islam, the first sevent years”, Journal of the Economic and Social History of the Orient 46, 2003. L’essentiel pour les chercheurs est de ne pas trop affirmer leur indépendance, et surtout, de publier à l’étranger. Certaines zones sont de toute façon inacessibles aux fouilles (La Mecque ou Médine).
[16] ++++++++; I. Goldziher, Etudes sur la Tradition Islamique (trad. L. Bercher), Paris, 1984, p. 43-4.
[18] J.G. Shaffer, « Origins of islam : a generative model », The Eastern Anthropologist 31/1978
IX
IL FAUT SAUVER LE GUERRIER MUHAMMAD
§ 9.
Présenté ainsi , le tableau est désespérant car il démontre qu’il est impossible d' utiliser ces documents si nombreux mais tardifs et déficients pour obtenir des informations fiables qui constitueraient un dossier solide pour l' historien. Muhammad et son Arabie primitive seraient alors pour toujours des inconnus , et l' on pourrait se tirer d' affaire par l' habituelle affirmation. On ne sait rien ou presque de Mahomet. L' ignorance est la solution la plus lâche: un monde préfère ne rien savoir tandis que l' autre affirme tout savoir sur le même sujet et en tire l’essentiel de sa fierté : c’est le point de départ des pires confrontations.
Il y a pourtant deux moyens de dépasser cet aveu d' échec, dramatique dans les circonstances actuelles, parce qu’il conforte encore l' incompréhension entre les cultures.
Le premier de ces moyens, positiviste en diable , est de faire confiance malgré tout aux sources musulmanes , en dépit de leurs tares mentionnées auparavant. Lisons vite l’avis de C. Cahen, dans son L’islam des origines au début de l’empire ottoman, publié à Paris en 1970 qui proclamait:
“De tous les fondateurs de religion, Mohammed est probablement celui dont la personnalité a le plus de caractère historique.”
Sauf que, non. Voici ce qui peut inciter à la confiance , en tout restant lucide: les listes d' informateurs sont élaborées avec un soin minutieux et elles sont sensées garantir la valeur des données. Le tri effectué par les traditionnistes a aussi été effectué avec une rigueur maladive (selon les normes islamiques, cependant) et le but de ces travaux est de renforcer la fiabilité des informations. L'observation du contenu des récits et des discours renforce aussi l' impression que l' on peut employer les textes avec une certaine sérénité , si la critique joue son rôle: il s' y trouve en effet une multitude de faits qui présentent entre eux une cohérence telle qu’il est bien difficile de les mettre en doute et de les prendre en défaut.[1]
Parfois même, elles se trahissent, à force de dire tant de choses , et révèlent plus de vérité qu’on ne croit. Les détails de la vie quotidienne , les descriptions des choses matérielles, les méandres de la psychologie des acteurs, les relations entre individus, la trivialité des situations , le caractère strictement humain, et non surhumain des personnages , ainsi que la rudesse vulgaire des propos , rendent cette histoire terriblement crédible. On ne craint pas non plus de raconter tout ce qu’il y a d' atroce , d’ignoble ou d' obscène dans la geste de Muhammad , et rien n' est dissimulé puisque la pire action , vol, viol ou meurtre , est sanctifiée par le rapport à Muhammad et à son propre dieu.
L' autre option est en apparence un pis-aller: si l' on abandonne tout espoir d' approcher une quelconque réalité concernant Muhammad, si l' on rejette comme incertain tout renseignement sur le début du VIIème siècle , il subsiste néanmoins la possibilité de considérer ce Muhammad comme une véritable création de l' époque abbasside , à partir de 750, personnage au sens strict du terme , héros d' une tragi-comédie historique , point central qui donne enfin à la doctrine musulmane une cohérence , une incarnation qui lui a tant manqué, une forme de légitimité humaine. C' est justement à cette époque que la fièvre de conquêtes et de destructions s' apaise face aux résistances, que le système est tiraillé entre de multiples tendances et qu il est embarassé par ses contacts avec les religions juive et chrétienne , aux fondements bien plus solides.
La question est alors de savoir si la création du personnage s' est opérée à partir d' un matériau réellement issu des origines -si Muhammad a véritablement existé , pour dire les choses clairement - ou si l' invention a été complète. L' afflux prodigieux de données , concentrée à ce point sur un seul personnage laisse déjà planer un doute sur son existence: on a pu calculer que sur la vingtaine d' années de vie de l' individu, environ une cinquantaine de faits ou paroles notables et dignes d' intérêts ont été conservées pour chaque journée de son existence: on ne peut rêver d' une vie plus palpitante!
La thèse de l' inexistence réelle de Muhammad est celle avancée par l' historiographie allemande et elle tente (souvent en secret) nombre d' islamologues occidentaux. Pour les chercheurs outre-Rhin, le nom même de Muhammad n' est pas un anthroponyme, mais une formule liturgique syriaque , donc chrétienne. Et ce n' est qu un aspect de la question: il n' y a pas un seul Da Vinci Code à écrire sur l' islam , mais une dizaine , et sans recours à la fiction. Quel éditeur prendra le risque d' un tel succès de librairie?
Finalement, au début des années 2000[2] , savoir si le Muhammad des textes musulmans était un véritable agitateur politico-religieux, fondateur d' une secte arabe eschatologique judéo-chrétienne qui s' est signalée en Arabie par sa violence extrême[3] , ou s' il n' est qu’un pantin d' époque abbasside , héros d' une épopée inventée à Bagdad de toutes pièces, n' est que l' affaire des historiens , qui se garderont bien de dévoiler au grand public le résultat de leurs recherches , s' ils sont prudents comme à leur habitude. Il sera question de violence, et de violence extrême. L’extrémisme se distingue par le refus des règles imposées par les mentalités arabes. On verra qu’avec Muhammad, la violence n’a plus guère de freins, et c’est une clé certaine du succès de cette doctrine.
Le public est cependant en droit de tirer autrement profit des informations issus de ces sources si lointaines et dissimulées: celles-ci forment la base, réelle ou fantasmée de toute la doctrine musulmane , la référence exclusive des musulmans, surtout des plus simples, ceux qui n' ont pas eu les ressources d' y échapper durant 13 siècles et qui reste la référence anachronique et handicapante de centaines de millions d' individus. Muhammad, le vrai ou le faux, est un personnage encore et toujours présent parmi nous , c' est notre exact contemporain. En osant un parallèle qui n’est pas si excessif, Mohammed est le prénom du chef des auteurs des attentats de New York le 11 septembre 2001. Et Usama est le nom du “petit-fils adoptif” préféré de Muhammad. Lui le sait.. Tant que cette icône néfaste n' est pas dévoilée, tant que la statue n' est pas dénudée , le monde entier se cessera pas de souffrir , à force de ne pas vouloir savoir. Gageons qu’une fois dévoilée jusque dans ses recoins les plus intimes et ses ombres les plus inavouables, son éclat sera ternie et la statue ne tardera pas à se lézarder.
Islamisme est une religion parfaite pour qui veut décortiquer une religion, et au final, pour qui n'aime pas les religions et veut mettre à jour leur nature artificielle.
Il y a quelque chose de terrible à penser que Muhammad est important car il est le dernier personnage important de l'Antiquité.
... l'image de Muhammad comme elle est reflétée dans la tradition musulmane est en réalité le reflet de la propre et commune image que les musulmans qui racontent l'histoire de la vie de leur prophète se font d'eux-mêmes.
U. Rubin, The Eye of the Beholder (++++), p. 217.
Ce qui avait un sens pour Muhammad n'en avait aucun pour Muawiyya, sans compter Abd al Malik...
P. Crone, Slaves on Horses, p. 5.
La tradition religieuse de l'islam est donc un monument dédié non pas à la préservation du passé, mais à sa destruction.
P. Crone, Slaves on Horses, p. 7.
Ce livre concerne des textes, et les textes concernent Muhammad, le prophète de l'islam. Les textes, retrouvés par les sources islamiques, les plus anciennes qui soient parvenus jusqu'à nous, sont étudiés pour les récits qu'ils conservent, et non pour les événements décrits dans ces récits. La question "que s'est-il vraiment passé?" à l'époque de Muhammad n'est pas celle qui est posé dans ce livre, qui est plutôt concerné par la manière dont les textes racontent la vie de Muhammad. Il a pour but de découvrir comment les différentes versions, changeantes, de cette Histoire, rapportent l'image du prophète, comme il était perçu par les croyants, parmi lesquels ces textes ont été créés, et ont circulé.
U. Rubin, The Eye of the Beholder (++++), p. 1.
L’avis de Ch.Robin:
Je rappelle que ce champ de recherche, presque totalement déserté par la recherche française, mobilise à l’étranger, surtout en Grande-Bretagne, aux États-Unis d’Amérique, en Allemagne et en Israël, une vaste communauté de chercheurs. Dans les travaux les plus récents, trois orientations majeures se dégagent. La première est un réexamen critique des sources manuscrites (autres que le Coran), qui ont pris, comme on le sait, leur forme définitive à une date relativement tardive, au IIIe s. H. (IXe s. E. C.): plusieurs angles d’attaque ont été ,adoptés, notamment par Michael Cook et Patricia Crone, qui concluent à une réélaboration radicale des matériaux, hors d’Arabie, par les convertis des provinces conquises qui se mettent au service de l’Empire islamique et construi-
sent l’idéologie nécessaire à sa cohésion. Selon ce premier courant, l’histoire des premières décennies de l’islam aurait été tellement manipulée qu’il serait aujourd’hui pratiquement impossible de restituer le milieu des origines en se fondant sur les récits transmis par la Tradition. (…)
Une deuxième orientation se concentre sur le Coran. Elle est illustrée tout d’abord par John Wansbrough qui applique dans deux ouvrages (Quranic Studies: Sourcesand Methods of Scriptural Interpretation, Oxford University, The sectarian Milieu, composition of Islamic salvation history, Oxford University Press, 1978) les méthodes de l’exégèse biblique: il en retire la conviction que le Coran est un ouvrage qui réunit des matériaux hétérogènes et trouve sa forme définitive à une époque relativement tardive. François Déroche adopte un parti radicalement différent: il édite et étudie les copies les plus anciennes du Coran, qui ne sont pas datées comme on le sait, afin de reconstruire l’histoire du texte en se fondant sur l’orthographe, la paléographie et les analyses physico-chimiques des supports, encres et reliures. On pourrait encore mentionner un ouvrage postérieur à celui de Jacqueline Chabbi, qui s’attache à rechercher des fragments de textes syriaques sous la graphie coranique originale (sans les ajouts postérieurs qui distinguent les consonnes homographes et notent le hamza, le redoublement de consonnes, le æ, et les trois voyelles brèves) (Christoph Luxenberg, Die Syro-aramäische Lesart des Koran. Ein Beitrag zur Entschlüsselung der Koransprache, Berlin, Das arabische Buch, 2000).
La troisième orientation est représentée par les cher- cheurs qui se consacrent à la publication (encore partielle) et à l’analyse de l’immense corpus des textes islamiques (traditions, Hadîth, sîra, magazî, commentaires coraniques). Elle est notamment représentée par un groupe de chercheurs de l’Université hébraïque de Jérusalem, rassemblés autour de M. J. Kister, et dont l’un des représentants les plus actifs est aujourd’hui Michael Lecker. Son but est d’analyser minutieusement ces documents, en cherchant à recouper chaque fait, à localiser chaque toponyme, à identifier chaque tribu, à réunir toutes les données sur un événement ou unmonument, à remonter la chaîne des garants pour retrouver
l’origine d’une tradition. Si les manipulations ne sont pas rares, si la signification de nombreux faits anciens fait l’objet d’appréciations divergentes ou contradictoires, il n’en demeure pas moins que ces sources véhiculent une masse considérable de données qui peuvent être recoupées et assemblées de façon cohérente. Michael Lecker, par exemple, a pu écrire l’histoire d’une partie de l’oasis de Yathrib (aujourd’hui Médine) à l’époque du Prophète (Muslims, Jews and Pagans. Studies on Early Islamic Medina, Leiden-New York-Köln, Brill, 1995). Les multiples contributions de M. J. Kister et de M. Lecker sont rassemblées dans quatre volumes des éditions Variorum: M. J. Kister, Studies in Jahiliyya and Early Islam, Londres, 1980; le même, Society and Religion from Jæhiliyya to Islam, Aldershot-Brookfield, 1990; le même, Concepts and Ideas at the Dawn of Islam, Aldershot-Brookfield, 1997; enfin, Michael Lecker, Jews andArabs in Pre- and Early Islamic Arabia, Aldershot-Brookfield, 1998.[4]
... l'image de Muhammad comme elle est reflètée dans la tradition islamique est en ralité le reflet de la propre et commune image que les musulmans qui racontent l'histoire de la vie de leur prophète se font d'eux-mêmes.
U. Rubin , The Eye of the Beholder, p. 217.
[1] Débat: élements avec J. Chabbi, la Biographie impossible ++++. R. Hoyland, "Writing the biography of Muhammad. Problems and solutions", History Compass 5/2007.
[4] Compte-rendu (très critique) de l’ouvrage de J. Chabbi, Le Seigneur des Tribus, L’islam de Mahomet, par Ch. Robin, BCAI 18/2000, in www.ifao.egnet.net
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X
DISCOURS DE LA MÉTHODE
Quelques mots sur l'étude des phénomènes religieux. D'abord, l'être humain, bipède, mammifère, omnivore. La trinité primordiale. Un être vivant, dans un environnement. Un être qui a des besoins, énergétiques, affectifs, sociaux. Un être qui a des ambitions et des espoirs. Parmi les besoins ceux qui doivent répondre aux ambitions et aux espoirs, et aux questions.
En premier, la recherche de lieux surs, des refuges, de havres.
Puis la pratique de gestes répétés, qui acquièrent peu à peu un sens.
Personne n'a rien inventé de mieux que d'entendre des histoires, des choses racontés: le langage a aussi permis d'apprendre des informations, d'échanger des nouvelles.
pour renforcer le sacré, déploiement de l'imaginaire, et encore plus si mise en place d'une puissance parfaite et insaisissable.
tout le profit qu'il y a à inverser , sur le plan de la chronologie et de la logique, l'ordre des choses telles qu'elles veulent se présenter.
Le but n'est pas de dire le vrai, ni même de le chercher. Mais au moins de deviner le faux, de le réduire, et de l'empêcher de nuire.
§ 10.
La méthode suivie ici est elle de la constitution d' un dossier documentaire , tout simplement le retours aux sources : la preuve , l' indice priment sur le discours ou l' interprétation. Il s’agit de la première étape de toute réflexion historique et sur ce point , malgré les efforts de quelques chercheurs , les choses en sont restées là. C' est la raison d’être de ce travail , qui est le premier de ce type sur papier ou sous une forme électronique. Nous n' avons pas la prétention , commune chez certains auteurs, de pouvoir maîtriser une telle masse de données, sans véritable limite, on l' a déjà vu, ni même d' estimer leur fiabilité. Il est même délicat de vouloir tenter une analyse globale et une synthèse du sujet, à moins de réduire l' apport des sources elles-mêmes , et de développer un discours éloignant de plus en plus des réalités.[1] De plus , construire un discours revient aussi à affronter d' autres discours et à cohabiter avec une multitude d' études[2] et ainsi de se confronter sans grande chance d' être audible face aux mensonges , aux non-dits, aux demi-vérités, aux affirmations infondées. Dès lors, plutôt que de se fondre dans une foule cacophonique, mieux vaut suivre un autre chemin, qui court-circuite et invalide les interprétations de mauvaise foi: présenter les sources primaires réservées aux spécialistes et les proposer au public , les présenter en nombre suffisant pour ne pas être soupçonné de partialité dans les choix. Nous mettons au défi ceux qui contestent ce travail d' assembler autant de textes pour affirmer le contraire de ce qui est présenté ici même. La nature des sources musulmanes oblige pourtant les historiens à adapter la présentation en organisant l' ensemble à destination d' un public occidental ou impie , peu désireux de passer son existence à mémoriser et réciter des récits hors-d' âge. Ainsi, l' ensemble sera organisé de manière à la fois thématique (le contexte et la doctrine) et chronologique (les différentes étapes de la vie de Muhammad et les progrès de l' expansion de sa doctrine). Il sera articulé en 19 chapitres, eux-mêmes divisés en sous-parties, de manière à aérer l' accumulation de textes, et à les rendre compréhensibles. Chacune de ces unités est introduite par un texte aussi court que possible qui rappelle le contexte, expose les principes et qui évoque les conséquences de ce qui est fait ou dit. L' ironie ne sera pas absente de ces textes, pour démontrer qu’il n' y a rien respectable ou de sacré dans tout cela et pour apporter un peu d' agrément au lecteur, longuement soumis à tout ce qui n’est pas le plus glorieux de la nature humaine . Les extraits présentés sont toujours accompagnés de leurs références précises[3] et parfois de titre. La présence des références a pour fonction de permettre les vérifications et faciliter les travaux ultérieurs, ce que ne font pas les ouvrages de vulgarisation : islam-documents.org est donc parfaitement utilisable par un public scolaire et universitaire (ainsi qu aux enseignants chargés du Fait religieux , puisque c' est le seul accès aux textes originaux pourvus de références aux sources primaires et à la bibliographie scientifique, à l' inverse des publications ordinaires destinées au grand public.
Selon les formules hypocrites du ministère de l’Education Nationale.
“Le rapport estime qu'il est nécessaire d'avoir une approche raisonnée des religions comme faits de civilisation. Pour ce faire, il émet douze recommandations pour l'enseignement du fait religieux à l'école. Il préconise tout d'abord une évaluation des programmes d'histoire, de géographie et de lettres, un renforcement des cohérences entre ces programmmes et la mise en place d' "itinéraires de découvertes" au collège et de "travaux personnels encadrés" au lycée sur ce sujet. Il s'attache ensuite à la formation des enseignants en recommandant notamment la création, dans les IUFM, d'un module "Philosophie de la laïcité et histoire des religions" et l'instauration de stages de formation continue sur la laïcité et l'histoire des religions. Il souhaite enfin que la 5ème section de l'Ecole pratique des Hautes études soit habilitée à rendre des avis sur les manuels scolaires et propose la création d'un "Institut européen en sciences des religions".”[4]
Dans les extraits , qui sont originaux , répétons-le , mais parfois réduits pour la clarté du propos de leurs éléments les moins utiles, nous nous sommes permis des annotations permettant de comprendre le sens de termes , leur équivalence dans les langues originales, ainsi que différentes remarques parfois acerbes permettant d' exploiter au mieux le contenu des textes, et enfin, les références bibliographiques nécessaires. Il faut garder à l' esprit que les commentaires ne sont pas l' essentiel du travail: les documents sont à la base de tout, et ils auraient finalement presque été suffisants. Nous invitons donc les lecteurs à s’en satisfaire, s’ils le souhaitent, à leur convenance.
Nous espérons que les analyses susciteront à leur tour des interprétations et qu ainsi le sujet sera enfin étudié comme il se doit , hors de toute crainte infondée, au mépris de toutes les convenances.
Là encore, nous serons ravis de pouvoir susciter des travaux comparables , toutes tendances confondues. Si des reproches se font jour sur ce projets, il est raisonnable qu ils se concentrent sur les commentaires et non sur les textes eux-mêmes: nous serons enchantés de connaître les critiques et dans la mesure du possible, si elles permettent d' améliorer le niveau de l' étude, elles seront intégrées à une prochaine version. Nous ne sommes pas musulmans, et nous sommes donc capables d’entendre une critique, quand elle est bienveillante et surtout fondée par des indices valables.
A l'exception notable de M. Rodinson, dans son étude sur Mahomet, qui nous sert de modèle évident. Nous prenons le parti d’appeler ce système politico-religieux “islamisme”, reprenant ainsi une bonne habitude issue du XIXème siècle. C’est une manière de retrouver dans la terminologie le caractère idéologique de ce système. Il est habituel de parler de judaïsme et de christianisme: nous parlerons maintenant d’islamisme: un terme européen sur une racine arabe, plutôt que le mot arabe lui-même, employé souvent par habitude, et par soumission presque inconsciente.
Refuser le terme d' "islam", qui est la façon dont le système se nomme, et qui dans une étude scientifique n'a pas sa place. Il n'a pas à imposer sa propre terminologie. Puisqu'il est aussi une idéologie, une conception du monde et de la place de l'homme dans le monde, et une explication globale des phénomènes, tout autant qu'une organisation sociale, juridique et politique, cet ensemble mérite l'appelation d'islamisme, tout comme les mots christianisme et judaïsme se sont imposés, sans remous maintenant. Car dire "islam" est déjà se laisser imposer un des termes du débat. Concernant Muhammad, un personnage icônique, admettons la forme arabe de son nom, et non la forme turque francisée Mahomet. Ce n'est pas une concession, mais une juste rectification. Nous savons à quel point les militants islamistes insistent pour que Mahomet devienne Muhammad en français, et comme ils sont satisfaits que la forme anglosaxonne Muhammad se soit implantée. Mais pour "islam", non. Notez d'ailleurs que le mot est fait pour impressionner, comme si sa forme faisait corps avec son sens de soumission. Ceux qui veulent répandre cette forme de soumission font bien attention à prononcer le mot comme une formule magique, en expectorant un son comme "rrrissslaaaaam", haussant la voix au début tel un appel, et prenant une tonalité très basse, profonde et longue sur le "a". L'astuce fonctionne, car ceux qui n'appartiennent pas à ce système sente, quand ils prononcent le mot, qu'il ne leur appartient pas.
Pour finir: ce travail de compilation n’a pas pour vocation d’attendre une quelconque vérité absolue, qui, étant donné l’état de la documentation et l’ampleur du sujet, reste un but proprement inaccessible. Il veut simplement permettre assez brtualement au public d’accéder à l’information, de dépasser les érudits lâches, feignants et impuissants qui en bloquent l’accès, de mettre en avant en revanche les chercheurs courageux qui s’activent dans ces domaines., d’empêcher que de pseudo-autorités ne confisquent tout moyen d’y enquêter .
Que le public y t trouve matière à réflexion et manière de réfléchir, comme un début de prise de conscience, qu’il se mette à exiger davantage et à chercher par lui-même.[5]
Principes éditoriaux :
1 - l'orthographe des mots arabes et particulièrement de l'onomastique a été
uniformisée et simplifiée.
2 - Quelques mots issus de traductions anciennes ont été modernisés.
3 - La traduction du Coran qui a été choisie est la seconde due à R.
Blachère, qui est la plus rigoureuse et la plus neutre en langue française.
4 - Les mots restitués par R. Blachère dans sa traduction du Coran sont
rendus ici sans les parenthèses qui les isolent, pour faciliter la lecture.
5 - Les citations de la poésie arabe et des extraits coraniques présents
dans d'autres textes sont en italique.
6 - Les textes largement postérieurs sont présentés en petits caractères, en
position centrée.
7 - Autant que possible, la traduction des mots arabes en français est
donnée en note, ainsi que la forme arabe, en capitales, quand le terme est
donnée en français.
8 - En note se trouvent aussi les mentions des auteurs des récits, quand ils
sont signifiants.
9 - Les textes d'origine non-islamique, arabe, chrétienne, etc. sont
disposés en retrait, pour les distinguer des autres.
10 - Le nom du dieu spécifiquement arabe "Allah" remplace le mot oecuménique
"Dieu" souvent proposé par les traductions anciennes.
11 - Les initiales majuscules sont rejetées quand elles sont
grammaticalement indues. Elles ne doivent pas donner un sens particulier aux
noms communs.
12 - Les patronymes immédiats des individus sont présentés, mais rarement
les autres éléments du nom et notamment les invocations qui doivent obligatoirement suivre leurs noms dans doctrine musulmane.[6]
13 - De même, sauf par volonté de démonstration, les éléments des chaînes de
transmission de témoignages (isnad) sont réduits au minimum, alors qu'ils
occupent une place considérable dans les originaux.
14-Dans une version future , des images sont intégrées au texte , parce
qu elles existent en nombre assez important , sont peu utilisées , et parce
qu elles permettent de divertir sur un sujet certes passionnant, mais
à la forme particulièrement indigeste.
15-La bibliographie a été très netement augmentée, y compris d’ouvrages à la très faible valeur scientifique, et au contenu purement clérical, hagiographique et de propagande islamique.
3
[1] C’est la tentation qui touche bon nombre d’auteurs musulmans, qui s’improvisent théologiens pour présenter leur point de vue sur la doctrine, à l’intention du public occidental.
[3] Ce détail rend islam-documents.org bien plus utilisable et crédible que l’essentiel de la littérature de vulgarisation sur le sujet.
Ministère de l'éducation nationale L'enseignement du fait religieux dans l'école laïque , Paris;Ministère de l'éducation nationale, 2002.
[5] La prochaine version de ce travail paraîtra l’année prochaine: elle s’attachera notamment à la question du Coran.
[6] Pour les compagnons de Muhammad, “Qu’Allah soit satisfait de lui (RAZHIALLAHU 'ANHU); pour le chef lui-même, “Que les bienfaits et la paix d’Allah soient sur lui (SALLALLAHU 'ALAIHI WA SALLAM).