Islam : ne rien abandonner à la politique de l’apaisement
February 9th, 2006 by ajmch
Article publié dans le Figaro du 8 février 2006:
http://www.lefigaro.fr/cgi/edition/genimprime?cle=20060208.FIG0209
Aurons-nous demain le courage – et la possibilité – d’exprimer ce que nous pensons, vrai ou faux, de l’islam ? Ou bien, au moment de dessiner une caricature, d’écrire, de publier, ou tout simplement de parler, et même de penser, devrons-nous nous autocensurer, nous souvenant des foules déchaînées incendiant des représentations diplomatiques du Danemark et de la Norvège, ces deux pays qui sont parmi les plus pacifiques, les plus démocratiques de tous les États du monde ?
«Ecartons les hypocrites, les habiles, les aveugles qui récusent l’évidence : il y a bien un choc de civilisations»
Liberté ou autocensure, c’est l’enjeu du moment ; et la pression est si forte qu’on oublie une évidence : ces violences se produisent dans des États où, le plus souvent, les droits élémentaires de la personne ne sont pas respectés. On n’y manifeste pas sans la complaisance du pouvoir. Dans ces lieux, les religions autres que l’islam ne sont pas tolérées ou, si surveillées, si stigmatisées qu’elles sont de fait interdites. Là on diffuse des feuilletons télévisés, des livres qui reprennent les thèmes du faux les Protocoles des sages de Sion. Les juifs y sont représentés comme des égorgeurs d’enfants, maîtres du monde. C’est dans ces pays qu’on applaudit les déclarations d’un chef d’État qui proclame qu’il faut «rayer Israël de la carte» et doter sa nation du feu nucléaire.
http://www.lefigaro.fr/cgi/edition/genimprime?cle=20060208.FIG0209
Aurons-nous demain le courage – et la possibilité – d’exprimer ce que nous pensons, vrai ou faux, de l’islam ? Ou bien, au moment de dessiner une caricature, d’écrire, de publier, ou tout simplement de parler, et même de penser, devrons-nous nous autocensurer, nous souvenant des foules déchaînées incendiant des représentations diplomatiques du Danemark et de la Norvège, ces deux pays qui sont parmi les plus pacifiques, les plus démocratiques de tous les États du monde ?
«Ecartons les hypocrites, les habiles, les aveugles qui récusent l’évidence : il y a bien un choc de civilisations»
Liberté ou autocensure, c’est l’enjeu du moment ; et la pression est si forte qu’on oublie une évidence : ces violences se produisent dans des États où, le plus souvent, les droits élémentaires de la personne ne sont pas respectés. On n’y manifeste pas sans la complaisance du pouvoir. Dans ces lieux, les religions autres que l’islam ne sont pas tolérées ou, si surveillées, si stigmatisées qu’elles sont de fait interdites. Là on diffuse des feuilletons télévisés, des livres qui reprennent les thèmes du faux les Protocoles des sages de Sion. Les juifs y sont représentés comme des égorgeurs d’enfants, maîtres du monde. C’est dans ces pays qu’on applaudit les déclarations d’un chef d’État qui proclame qu’il faut «rayer Israël de la carte» et doter sa nation du feu nucléaire.
Mais précisément, nous rappellent les Princes des Églises et ceux qui nous gouvernent, la situation est à ce point périlleuse, les masses musulmanes si humiliées, si manipulées par les extrémistes et leurs gouvernements, qu’il faut faire preuve d’esprit de responsabilité, et c’est lui qui doit encadrer la liberté d’expression, dont on nous assure qu’elle est notre bien le plus précieux. Soit. Comment d’ailleurs ne pas prêter attention à ces propos qui se veulent empreints de sagesse et de réalisme ? Les premiers disent : il faut respecter la foi de l’Autre, les exigences de sa religion. Les seconds évoquent un monde musulman fournisseur de pétrole, ce sang de notre vie quotidienne, et acheteur de nos produits. Veut-on le baril de brut à plus de 100 dollars ? Le chômage ? Des troubles intérieurs ? L’islam est devenu une religion européenne – la deuxième de France.
Des manifestants, à Londres, à Copenhague, ont brandi sous les yeux de policiers impassibles des pancartes réclamant la mort pour les blasphémateurs de l’islam. Faut-il, pour inciter à la prudence, penser à ce cinéaste néerlandais – Theo Van Gogh – égorgé par un citoyen néerlandais pour avoir projeté de réaliser un film hostile à l’islam ? Et qui ne se souvient de Salman Rushdie ? Comment ignorer tout cela ? Comment ne pas vouloir être raisonnable pour deux, rechercher l’apaisement, tenir le discours mesuré, en espérant que le temps fasse son oeuvre, et que ceux, si silencieux, qui veulent moderniser l’islam, l’emportent sur ceux dont le but est d’islamiser la modernité.
On comprend, à rappeler ces données que, derrière la question des caricatures du Prophète, c’est notre rapport – nous : la France, l’Europe, l’Occident – avec le monde islamique qui est soulevé. Non pas selon les usages diplomatiques mais bien en termes de civilisations. D’abord écartons les hypocrites, les timorés, les habiles, les aveugles qui récusent l’évidence. Il y a bien un choc de civilisations. Qui ne l’entend dans la voix de ce croyant musulman, émouvant de sincérité, qui déclare dans une mosquée de la région parisienne, devant les caméras de télévision, qu’il préfère voir mourir son propre père plutôt que de laisser caricaturer le Prophète ! Car la souffrance du croyant est réelle, sa foi est en effet blessée dans nos sociétés laïcisées où règnent la dérision et la marchandise. Plus rien n’est sacré.
La Croix du Christ est devenue, sur une affiche de promotion d’un film, croix gammée. La Cène est une parade de mode. Un pape agonisant fut objet de sarcasmes. Le chrétien est meurtri, il souffre dans sa foi et, au plus intime de lui-même, de ces profanations. Mais il a appris à tourner la tête. Il se souvient des bûchers, des massacres, qui ont jalonné nos guerres de religion. Il a lu le Dictionnaire philosophique de Voltaire qui, en 1764, dénonçait le fanatisme, rappelait la Saint-Barthélemy : «Lorsqu’une fois le fanatisme a gangrené un cerveau, la maladie est presque incurable. Que répondre à un homme qui vous dit qu’il aime mieux obéir à Dieu qu’aux hommes, est sûr de mériter le ciel en vous égorgeant ? Ce sont d’ordinaire les fripons qui conduisent les fanatiques et qui mettent le poignard entre leurs mains.» Voltaire n’imaginait pas que, deux ans plus tard, son Dictionnaire serait brûlé avec le corps torturé, décapité, du jeune chevalier de la Barre, accusé à tort de ne pas s’être découvert au passage d’une procession et d’avoir de son épée écorché une statue du Christ ! Voltaire ne se doutait pas que, trente ans plus tard, au nom d’un autre fanatisme – politique celui-là, la guillotine allait faire tomber des milliers de têtes dans le panier de son.
Notre civilisation a ainsi une traîne sanglante, et nous n’avons aucune supériorité à proclamer. Mais pour autant, pourquoi devrions rejeter ce que, dans la souffrance, nous avons acquis ? Pourquoi faudrait-il accepter de renoncer à cette liberté d’expression qui est toujours la pierre de touche de la démocratie ? Et ce parce que d’autres peuples, d’autres civilisations, n’ont pas choisi d’emprunter la même route qu’on appelle la laïcité ?
Certes, il faut tenir compte de la souffrance infligée aux croyants par ce qui leur paraît blasphématoire. Et il y a dans l’usage marchand de la dérision une négation de l’Autre qui est attentatoire à sa dignité. Il faut le dire. Mais à quelles régressions conduiraient censure et autocensure ? Et surtout – c’est la question cardinale –, jusqu’où devrions-nous aller ?
Là où est le musulman, là est terre d’islam. Et le croyant doit respecter, au nom de sa foi, les préceptes de sa religion. Au bout il y a la charia, la loi de l’islam, ensemble des prescriptions et des réglementations auxquelles le musulman doit se soumettre et qui portent à la fois sur la vie culturelle et sur les relations sociales. La foi vive, exigeante, du musulman envahit l’espace social. Faut-il énumérer ce que nous avons déjà accepté ? Piscines séparées selon les sexes, patientes exigeant d’être soignées par des femmes médecins, cours d’histoire et de littérature contestés, tentative pour faire interdire une pièce de Voltaire (1741 !) intitulée Le Fanatisme ou Mahomet le Prophète, etc., etc. Doit-on, à chaque fois, reculer au nom du respect de l’Autre, de sa sincérité ? Faut-il pratiquer cette politique d’apaisement ? Cela consisterait à renoncer à l’existence d’un espace public laïque. Il est imparfait ? Certes, mais il nous a permis peu à peu de nous tolérer les uns les autres, de vivre ensemble avec un socle de valeurs communes.
On peut faire le pari – optimiste – d’une responsabilité réciproque et partagée des acteurs du jeu social. Les musulmans accepteraient – ce qu’ils sont nombreux à faire déjà en dépit des exhortations des extrémistes, comme l’ont fait les religions judéo-chrétiennes, cet espace public laïcisé, une relation personnelle à sa foi, et le jeu libre de l’esprit critique, bref le fonctionnement de la démocratie.
On peut aussi envisager une capitulation rampante qui se donnerait la bonne conscience de la sagesse et de l’esprit de responsabilité. Pour acheter la paix, pourquoi s’encombrer de ces mauvais caricaturistes, de ces irresponsables ? Ont-ils du pétrole les adeptes de la liberté de pensée ? Sont-ils capables de défendre au péril de leur vie les grands principes qu’ils proclament ? Pour ne pas payer l’essence trop chère et garder nos parts de marché, pourquoi ne pas cesser de résister ? Va-t-on se battre pour douze caricatures sinistres ? Et allons au bout : l’Empire romain a été conquis par le christianisme ; pourquoi l’islam ne serait-il pas la nouvelle religion conquérante ? On s’adaptera. On se convertira. Il faut oser regarder ces choix en face. Que voulons-nous défendre de ce que nous avons acquis, siècle après siècle ? Que sommes-nous prêts à abandonner ? Par réalisme ? Par sagesse ? Ou par lâcheté ? Au temps de Munich, en 1938, ce dernier mot avait un synonyme, employé par les diplomates : apaisement.
*Écrivain. Derniers ouvrages : Les Romains : Spartacus, et Fier d’être français, qui paraît aujourd’hui chez Fayard.
Des manifestants, à Londres, à Copenhague, ont brandi sous les yeux de policiers impassibles des pancartes réclamant la mort pour les blasphémateurs de l’islam. Faut-il, pour inciter à la prudence, penser à ce cinéaste néerlandais – Theo Van Gogh – égorgé par un citoyen néerlandais pour avoir projeté de réaliser un film hostile à l’islam ? Et qui ne se souvient de Salman Rushdie ? Comment ignorer tout cela ? Comment ne pas vouloir être raisonnable pour deux, rechercher l’apaisement, tenir le discours mesuré, en espérant que le temps fasse son oeuvre, et que ceux, si silencieux, qui veulent moderniser l’islam, l’emportent sur ceux dont le but est d’islamiser la modernité.
On comprend, à rappeler ces données que, derrière la question des caricatures du Prophète, c’est notre rapport – nous : la France, l’Europe, l’Occident – avec le monde islamique qui est soulevé. Non pas selon les usages diplomatiques mais bien en termes de civilisations. D’abord écartons les hypocrites, les timorés, les habiles, les aveugles qui récusent l’évidence. Il y a bien un choc de civilisations. Qui ne l’entend dans la voix de ce croyant musulman, émouvant de sincérité, qui déclare dans une mosquée de la région parisienne, devant les caméras de télévision, qu’il préfère voir mourir son propre père plutôt que de laisser caricaturer le Prophète ! Car la souffrance du croyant est réelle, sa foi est en effet blessée dans nos sociétés laïcisées où règnent la dérision et la marchandise. Plus rien n’est sacré.
La Croix du Christ est devenue, sur une affiche de promotion d’un film, croix gammée. La Cène est une parade de mode. Un pape agonisant fut objet de sarcasmes. Le chrétien est meurtri, il souffre dans sa foi et, au plus intime de lui-même, de ces profanations. Mais il a appris à tourner la tête. Il se souvient des bûchers, des massacres, qui ont jalonné nos guerres de religion. Il a lu le Dictionnaire philosophique de Voltaire qui, en 1764, dénonçait le fanatisme, rappelait la Saint-Barthélemy : «Lorsqu’une fois le fanatisme a gangrené un cerveau, la maladie est presque incurable. Que répondre à un homme qui vous dit qu’il aime mieux obéir à Dieu qu’aux hommes, est sûr de mériter le ciel en vous égorgeant ? Ce sont d’ordinaire les fripons qui conduisent les fanatiques et qui mettent le poignard entre leurs mains.» Voltaire n’imaginait pas que, deux ans plus tard, son Dictionnaire serait brûlé avec le corps torturé, décapité, du jeune chevalier de la Barre, accusé à tort de ne pas s’être découvert au passage d’une procession et d’avoir de son épée écorché une statue du Christ ! Voltaire ne se doutait pas que, trente ans plus tard, au nom d’un autre fanatisme – politique celui-là, la guillotine allait faire tomber des milliers de têtes dans le panier de son.
Notre civilisation a ainsi une traîne sanglante, et nous n’avons aucune supériorité à proclamer. Mais pour autant, pourquoi devrions rejeter ce que, dans la souffrance, nous avons acquis ? Pourquoi faudrait-il accepter de renoncer à cette liberté d’expression qui est toujours la pierre de touche de la démocratie ? Et ce parce que d’autres peuples, d’autres civilisations, n’ont pas choisi d’emprunter la même route qu’on appelle la laïcité ?
Certes, il faut tenir compte de la souffrance infligée aux croyants par ce qui leur paraît blasphématoire. Et il y a dans l’usage marchand de la dérision une négation de l’Autre qui est attentatoire à sa dignité. Il faut le dire. Mais à quelles régressions conduiraient censure et autocensure ? Et surtout – c’est la question cardinale –, jusqu’où devrions-nous aller ?
Là où est le musulman, là est terre d’islam. Et le croyant doit respecter, au nom de sa foi, les préceptes de sa religion. Au bout il y a la charia, la loi de l’islam, ensemble des prescriptions et des réglementations auxquelles le musulman doit se soumettre et qui portent à la fois sur la vie culturelle et sur les relations sociales. La foi vive, exigeante, du musulman envahit l’espace social. Faut-il énumérer ce que nous avons déjà accepté ? Piscines séparées selon les sexes, patientes exigeant d’être soignées par des femmes médecins, cours d’histoire et de littérature contestés, tentative pour faire interdire une pièce de Voltaire (1741 !) intitulée Le Fanatisme ou Mahomet le Prophète, etc., etc. Doit-on, à chaque fois, reculer au nom du respect de l’Autre, de sa sincérité ? Faut-il pratiquer cette politique d’apaisement ? Cela consisterait à renoncer à l’existence d’un espace public laïque. Il est imparfait ? Certes, mais il nous a permis peu à peu de nous tolérer les uns les autres, de vivre ensemble avec un socle de valeurs communes.
On peut faire le pari – optimiste – d’une responsabilité réciproque et partagée des acteurs du jeu social. Les musulmans accepteraient – ce qu’ils sont nombreux à faire déjà en dépit des exhortations des extrémistes, comme l’ont fait les religions judéo-chrétiennes, cet espace public laïcisé, une relation personnelle à sa foi, et le jeu libre de l’esprit critique, bref le fonctionnement de la démocratie.
On peut aussi envisager une capitulation rampante qui se donnerait la bonne conscience de la sagesse et de l’esprit de responsabilité. Pour acheter la paix, pourquoi s’encombrer de ces mauvais caricaturistes, de ces irresponsables ? Ont-ils du pétrole les adeptes de la liberté de pensée ? Sont-ils capables de défendre au péril de leur vie les grands principes qu’ils proclament ? Pour ne pas payer l’essence trop chère et garder nos parts de marché, pourquoi ne pas cesser de résister ? Va-t-on se battre pour douze caricatures sinistres ? Et allons au bout : l’Empire romain a été conquis par le christianisme ; pourquoi l’islam ne serait-il pas la nouvelle religion conquérante ? On s’adaptera. On se convertira. Il faut oser regarder ces choix en face. Que voulons-nous défendre de ce que nous avons acquis, siècle après siècle ? Que sommes-nous prêts à abandonner ? Par réalisme ? Par sagesse ? Ou par lâcheté ? Au temps de Munich, en 1938, ce dernier mot avait un synonyme, employé par les diplomates : apaisement.
*Écrivain. Derniers ouvrages : Les Romains : Spartacus, et Fier d’être français, qui paraît aujourd’hui chez Fayard.
Le legs de (la bataille de) Badr
February 8th, 2006 by ajmch
Reprise d’extremecentre
Ah, Médine (Medinat al-Nabi – «la ville du prophète»)!
En fait, un temps avant d’être expulsé de La Mecque, Mahomet en avait été banni, de la ville et de son propre clan, chassé à coups de pierres (par des enfants). Il avait retrouvé d’autres protecteurs, mais beaucoup moins bien vus, et était revenu. Puis il avait pactisé («pacte d’aqaba») avec des Arabes de Yathrib en juin 622 avant de quitter La Mecque en juillet (le calife Omar dixit).
On présente souvent cette «émigration» comme un départ volontaire, quelque chose de glorieux, quelque part, mais c’était bien une expulsion – bon débarras. Et il est vrai que la poignée de compagnons de Mahomet ont tout laissé derrière eux. Lorsqu’ils sont arrivés à Médine, c’était la galère. En plus, le climat de Médine est très différent, très humide, avec une eau qui oblige à s’habituer au paludisme (remède de l’époque: manger beaucoup d’ail, mais Mahomet n’aimait pas ça). Bref: pas facile
Alors qu’ont entrepris les Musulmans pour se refaire, après avoir surmonté leurs diarrhées? Une razzia, bien sûr!
Ah, Médine (Medinat al-Nabi – «la ville du prophète»)!
En fait, un temps avant d’être expulsé de La Mecque, Mahomet en avait été banni, de la ville et de son propre clan, chassé à coups de pierres (par des enfants). Il avait retrouvé d’autres protecteurs, mais beaucoup moins bien vus, et était revenu. Puis il avait pactisé («pacte d’aqaba») avec des Arabes de Yathrib en juin 622 avant de quitter La Mecque en juillet (le calife Omar dixit).
On présente souvent cette «émigration» comme un départ volontaire, quelque chose de glorieux, quelque part, mais c’était bien une expulsion – bon débarras. Et il est vrai que la poignée de compagnons de Mahomet ont tout laissé derrière eux. Lorsqu’ils sont arrivés à Médine, c’était la galère. En plus, le climat de Médine est très différent, très humide, avec une eau qui oblige à s’habituer au paludisme (remède de l’époque: manger beaucoup d’ail, mais Mahomet n’aimait pas ça). Bref: pas facile
Alors qu’ont entrepris les Musulmans pour se refaire, après avoir surmonté leurs diarrhées? Une razzia, bien sûr!
Bon, c’était dans la tradition arabe. Une bonne razzia de temps en temps – voler deux ou trois chameaux, un peu de nourriture, quelques armes –, c’était de bonne guerre. Les autres allaient préparer leur revanche, bien sûr, mais ça aussi, c’était de bonne guerre
Seulement les Musulmans préférèrent user, hm, de ruse. Concrètement, ces braves croyants attaquèrent Nakhla, un bosquet de palmiers, de nuit, déguisés en pèlerins, pendant la trêve sacrée. Et tout ça avec mort d’homme. Difficile de commettre un crime plus grave pour l’époque. C’est pour cela que Mohamet (pardon, Allah) décréta, quelques jours plus tard, que
Ensuite vint la bataille de Badr. Au début du mois de mars 624
C’était en fait une nouvelle razzia, contre une grande caravane arrivant de Syrie. Pour les caravaniers, il s’agissait d’arriver à bon port après des semaines de voyage (c’était le trajet de retour), ils étaient nombreux, ils ne croyaient pas un instant que les brigands de Mahomet allaient les attaquer (qui a dit 9/11?); pour les Musulmans, et bien c’était la guerre sainte, le défi ultime, le tout ou rien. Les motivations ont fait la différence.
Osama, un auxiliaire médinois à qui on demanda comment cette victoire fut possible, répondit: «Ils étaient comme de faibles vieillards. Quand nous les avons attaqués, ils étaient comme des prisonniers ayant les mains et les pieds liés.» Mais les Musulmans qui préfèrent faire confiance à Mahomet sont censés croire que les adversaires du prophète «furent frappés par des anges».
Enfin ils furent les vainqueurs, et le butin fut formidable. En plus, des prisonniers furent restitués contre rançon. À tel point que Mahomet dut codifier la chose. C’est l’objet de la sourate 8 (le butin). Mais nous en avons déjà parlé.
La guerre ne cessa plus. Pour des décennies, et des siècles. Mahomet mourut en 632, avec à son actif 86 opérations militaires, dont 27 qu’il dirigea en personne. Sa dernière sourate, la sourate 5, est particulièrement révélatrice. C’est là qu’il prévoit par exemple que le voleur doit avoir la main coupée (histoire de régler une affaire de voleurs de chameaux), mais surtout que
À ce moment, les brigands du prophète étaient d’excellents soldats. Ils venaient de consacrer neuf ans de leur vie, pour les premiers arrivés dans le gang, à faire la guerre à tous leurs voisins. Ils s’étaient imposés chez eux. Mais ils avaient aussi lancé quelques attaques, encore peu fructueuses, à l’«étranger», contre les Byzantins (Muta, 629, Tabouk, 631) et contre la Syrie (632).
Au-delà de leur désert et de trois localités (La Mecque, Médine et Al-Taif), ils n’avaient donc que des ennemis aux yeux desquels ils passaient pour des criminels sans foi ni loi digne de ce nom. C’est ce que veut dire le prophète (pardon, Allah) en parlant de «guerre contre Allah et son messager». Lorsque Mahomet mourut, il fallut faire quelque chose. Ils firent la seule chose qu’ils savaient faire, la guerre sainte. Outre leurs victoires militaires, leur style de massacreurs à la Vive la Mortleur valut nombre de victoires faciles face à des gens qui préfèraient n’importe quelle paix à n’importe quelle guerre (air munichois bien connu).
Quelques décennies plus tard apparurent le Coran et les premières traditions, œuvres de convertis. Puis vinrent les lois, raffinées surtout par les Perses. Puis vint l’habitude, imposée par la terreur, de ne parler de l’Islam et du prophète qu’en termes agréables.
Alors se créa, en marge des textes, de l’histoire écrite, un Islam dit «traditionnel», une foi personnelle aux détails très mouvants, forgée à l’aide d’un savoir rudimentaire transmis essentiellement par ouï-dire, et souvent très différente de l’Islam du prophète, car imprégnée de la culture des pays colonisés (vraiment colonisés, avec changement de religion et de langue officielles), mais que les gens pieux se devaient d’appeler l’Islam aussi.
Voilà. XXIe siècle. Tout le monde descend.
Nous constatons donc qu’il doit rester des non-Musulmans, puisqu’un statut est prévu pour eux. Il y a même d’interminables débats juridiques parmi les Musulmans quant aux détails de ce statut, la dhimma, ou dhimmitude (je laisse les plus courageux googler ça eux-mêmes). C’est un statut humiliant, comme l’ordonne le Coran, mais enfin c’est un statut. Ne pas avoir de statut, dans l’Islam, c’est bien pire. En outre, nous voyons que les menteurs aussi peuvent survivre en Islam, car une tradition faisant autorité prévoit que:
Oui, je sais, on en reste un peu perplexe. Mais l’essentiel n’est-il pas parfois de creuser la question…
Seulement les Musulmans préférèrent user, hm, de ruse. Concrètement, ces braves croyants attaquèrent Nakhla, un bosquet de palmiers, de nuit, déguisés en pèlerins, pendant la trêve sacrée. Et tout ça avec mort d’homme. Difficile de commettre un crime plus grave pour l’époque. C’est pour cela que Mohamet (pardon, Allah) décréta, quelques jours plus tard, que
2:217. – Ils t’interrogent sur le fait de faire la guerre pendant les mois sacrés. – Dis: ‹Y combattre est un péché grave, mais plus grave encore auprès d’Allah est de faire obstacle au sentier d’Allah, d’être impie envers Celui-ci et la Mosquée sacrée, et d’expulser de là ses habitants. L’association est plus grave que le meurtre.› Or, ils ne cesseront de vous combattre jusqu’à, s’ils peuvent, vous détourner de votre religion. Et ceux parmi vous qui adjureront leur religion et mourront infidèles, vaines seront pour eux leurs actions dans la vie immédiate et la vie future. Voilà les gens du Feu: ils y demeureront éternellementEt hop, la razzia devenait une guerre sainte. Depuis lors, il est licite pour un Musulman de tuer par traitrise quelqu’un dont il estime avoir été lésé, dans la mesure où cela profite à cette religion si magnifique d’efficacité qu’est l’Islam
Ensuite vint la bataille de Badr. Au début du mois de mars 624
C’était en fait une nouvelle razzia, contre une grande caravane arrivant de Syrie. Pour les caravaniers, il s’agissait d’arriver à bon port après des semaines de voyage (c’était le trajet de retour), ils étaient nombreux, ils ne croyaient pas un instant que les brigands de Mahomet allaient les attaquer (qui a dit 9/11?); pour les Musulmans, et bien c’était la guerre sainte, le défi ultime, le tout ou rien. Les motivations ont fait la différence.
Osama, un auxiliaire médinois à qui on demanda comment cette victoire fut possible, répondit: «Ils étaient comme de faibles vieillards. Quand nous les avons attaqués, ils étaient comme des prisonniers ayant les mains et les pieds liés.» Mais les Musulmans qui préfèrent faire confiance à Mahomet sont censés croire que les adversaires du prophète «furent frappés par des anges».
Enfin ils furent les vainqueurs, et le butin fut formidable. En plus, des prisonniers furent restitués contre rançon. À tel point que Mahomet dut codifier la chose. C’est l’objet de la sourate 8 (le butin). Mais nous en avons déjà parlé.
La guerre ne cessa plus. Pour des décennies, et des siècles. Mahomet mourut en 632, avec à son actif 86 opérations militaires, dont 27 qu’il dirigea en personne. Sa dernière sourate, la sourate 5, est particulièrement révélatrice. C’est là qu’il prévoit par exemple que le voleur doit avoir la main coupée (histoire de régler une affaire de voleurs de chameaux), mais surtout que
5:33. La récompense de ceux qui font la guerre contre Allah et Son messager, et qui s’efforcent de semer la corruption sur la terre, c’est qu’ils soient tués, ou crucifiés, ou que soient coupées leur main et leur jambe opposées, ou qu’ils soient expulsés du pays. Ce sera pour eux l’ignominie ici-bas; et dans l’au-delà, il y aura pour eux un énorme châtiment,34. excepté ceux qui se sont repentis avant de tomber en votre pouvoir: sachez qu’alors, Allah est Pardonneur et Miséricordieux.
À ce moment, les brigands du prophète étaient d’excellents soldats. Ils venaient de consacrer neuf ans de leur vie, pour les premiers arrivés dans le gang, à faire la guerre à tous leurs voisins. Ils s’étaient imposés chez eux. Mais ils avaient aussi lancé quelques attaques, encore peu fructueuses, à l’«étranger», contre les Byzantins (Muta, 629, Tabouk, 631) et contre la Syrie (632).
Au-delà de leur désert et de trois localités (La Mecque, Médine et Al-Taif), ils n’avaient donc que des ennemis aux yeux desquels ils passaient pour des criminels sans foi ni loi digne de ce nom. C’est ce que veut dire le prophète (pardon, Allah) en parlant de «guerre contre Allah et son messager». Lorsque Mahomet mourut, il fallut faire quelque chose. Ils firent la seule chose qu’ils savaient faire, la guerre sainte. Outre leurs victoires militaires, leur style de massacreurs à la Vive la Mortleur valut nombre de victoires faciles face à des gens qui préfèraient n’importe quelle paix à n’importe quelle guerre (air munichois bien connu).
Quelques décennies plus tard apparurent le Coran et les premières traditions, œuvres de convertis. Puis vinrent les lois, raffinées surtout par les Perses. Puis vint l’habitude, imposée par la terreur, de ne parler de l’Islam et du prophète qu’en termes agréables.
Alors se créa, en marge des textes, de l’histoire écrite, un Islam dit «traditionnel», une foi personnelle aux détails très mouvants, forgée à l’aide d’un savoir rudimentaire transmis essentiellement par ouï-dire, et souvent très différente de l’Islam du prophète, car imprégnée de la culture des pays colonisés (vraiment colonisés, avec changement de religion et de langue officielles), mais que les gens pieux se devaient d’appeler l’Islam aussi.
Voilà. XXIe siècle. Tout le monde descend.
Questions d’Islam
February 8th, 2006 by ajmch
Donc récapitulons. Dans la série «les questions les plus stupides génèrent parfois des réponses sensées», nous avons tenté, sur le fil «Halte à l’Iintimidation» (notre produit phare, avec plus de 6000 lectures et 376 commentaires, dont une ou deux fatwas) de savoir
– si Mahomet mentait,
– s’il restera toujours des non-Musulmans sur terre.
Nous avons vu que Mahomet avait promit que tous les non-croyants serait empilés en enfer. Il a dit aussi, après, enfin deux versets plus loin, que les Musulmans devraient les combattre jusqu’à que l’Islam soit la seule religion. Avant cela, il avait autorisé les Musulmans à mentir pour assassiner au nom de leur religion. Plus tard, il a encore bien précisé tout cela, notamment dans la sourate 9 (l’avant-dernière, dit-on)
9:5. Après que les mois sacrés expirent, tuez les associateurs où que vous les trouviez. Capturez-les, assiégez-les et guettez-les dans toute embuscade. Si ensuite ils se repentent, accomplissent la Salat et acquittent la Zakat, alors laissez-leur la voie libre, car Allah est Pardonneur et Miséricordieux.et
9:29. Combattez ceux qui ne croient ni en Allah ni au Jour dernier, qui n’interdisent pas ce qu’Allah et Son messager ont interdit et qui ne professent pas la religion de la vérité, parmi ceux qui ont reçu le Livre, jusqu’à ce qu’ils versent la capitation par leurs propres mains, après s’être humiliés.Comme tout ça est un peu vague, quand même (qui a toussé?), le prophète a aussi donné des instructions plus compréhensibles dans ses traditions. Ainsi, je ne me lasse pas de répéter cet extrait savoureux du sunan d’Abou Daoud, qui a inspiré toutes les écoles juridiques de l’Islam jusqu’à nos jours:
«Lorsque tu rencontreras tes ennemis polythéistes, appelle-les à trois choses. Accepte celle à laquelle ils consentiront et ne les attaque pas, alors.Ce dernier paragraphe signifie en clair qu’un attaquant musulman est autorisé à faire ce qu’il voudra des gens qui lui ont résisté. Or, le prophète tuait fréquemment ses prisonniers, car
Appelle-les d’abord à se convertir à l’Islam. S’ils acceptent, ne les attaque pas. Ensuite, appelle-les à quitter leur territoire pour adopter le foyer des émigrants (muhadjirun) [c’est-à-dire Médine] et dis-leur que s’ils acceptent ils auront les mêmes droits et devoirs que les émigrants.
S’ils refusent et qu’ils préfèrent restent sur leurs terres, annonce-leur qu’ils seront comme les Bédouins convertis, qui sont sujets d’Allah comme les autres croyants, mais n’ont pas droit à une part du butin, à moins qu’ils ne rejoignent les Musulmans dans la guerre.
S’ils refusent cela, alors appelle-les à payer la taxe de capitation (jiziah). S’ils acceptent cela, consens-y et ne les attaque pas.
Mais s’ils refusent, invoque l’aide d’Allah et attaque-les. Si tu assièges les gens d’une forteresse et qu’ils désirent se rendre sans condition (ala hukm Allah), n’y consens pas, mais fais-les se rendre quand tu le jugeras bon et fais d’eux ensuite ce que tu voudras.»
8:67. Un prophète ne devrait pas faire de prisonniers avant d’avoir prévalu [mis les mécréants hors de combat] sur la terre. Vous voulez les biens d’ici- bas, tandis qu’Allah veut l’au-delà. Allah est Puissant et Sage.et nous savons par ailleurs que
9:36. (…) Combattez les associateurs sans exception, comme ils vous combattent sans exception. Et sachez qu’Allah est avec les pieux.D’où la certitude de nombreux combattants et commandants musulmans qu’il est parfaitement hallal (licite) de tuer absolument tous les mécréants – femmes, enfants, cochons, couvées, tout. C’est une interprétation dont nous voyons le résultat presque chaque jour dans la presse depuis quelques années.
Nous constatons donc qu’il doit rester des non-Musulmans, puisqu’un statut est prévu pour eux. Il y a même d’interminables débats juridiques parmi les Musulmans quant aux détails de ce statut, la dhimma, ou dhimmitude (je laisse les plus courageux googler ça eux-mêmes). C’est un statut humiliant, comme l’ordonne le Coran, mais enfin c’est un statut. Ne pas avoir de statut, dans l’Islam, c’est bien pire. En outre, nous voyons que les menteurs aussi peuvent survivre en Islam, car une tradition faisant autorité prévoit que:
«Il n’y a pas d’autre dieu qu’Allah» S’ils disent cela, leur vie et leurs biens sont inviolables pour moi, excepté si la loi de l’Islam l’autorise. Il sont alors redevables devant Allah.Donc, Mahomet est-il un menteur? Est-ce mentir que de dire des choses contradictoires? Allah nous éliminera tous, et les Musulmans nous tueront jusqu’à que leur religion soit la seule sur terre. Mais malgré tout, certains survivront, humiliés ou rusés. Il l’admet par ailleurs. On ne sait donc pas s’il a menti. Peut-être a-t-il (ou Allah) simplement changé d’avis. Et, oui, il devrait toujours rester quelques hommes et quelques femmes sur terre insoumis à l’Islam.
Oui, je sais, on en reste un peu perplexe. Mais l’essentiel n’est-il pas parfois de creuser la question…
Pourquoi le Hamas? Sondons donc les Palestiniens!
February 6th, 2006 by ajmch
La majorité des sondages impliquant des Palestiniens sont réalisés sous la houlette d’un homme, Khalil Shikaki, qui dirige le Palestinian Center for Policy and Survey Research. Tout au long de l’année passée, ce gentleman a systématiquement annoncé la victoire du Fatah et nié toute chance de succès au Hamas, sondages à l’appui (juin 2005, septembre 2005 et décembre 2005).
Il faut savoir que l’homme, selon Martin Kramer, qui le connaît depuis de longues années, est «un orateur bienvenu au Washington Institute», un homme très écouté lorsqu’il faut prendre des décisions sur les affaires palestiniennes à Washington, comme de tolérer que le Hamas, un groupe ouvertement terroriste, participe à des élections, ou d’accepter l’idée que les Palestiniens soient plutôt laïques.
Mais en Jordanie aussi, on sonde ses cousins palestiniens. Ainsi, cette enquête jordanienne publiée il y a un an montre des résultats ahurissants, mais qui jettent une lumière enfin logique sur les récents développements:
Et il ne s’agit pas de l’influence excessive de couches mal éduquées de la population. Martin Kramer:
Il faut savoir que l’homme, selon Martin Kramer, qui le connaît depuis de longues années, est «un orateur bienvenu au Washington Institute», un homme très écouté lorsqu’il faut prendre des décisions sur les affaires palestiniennes à Washington, comme de tolérer que le Hamas, un groupe ouvertement terroriste, participe à des élections, ou d’accepter l’idée que les Palestiniens soient plutôt laïques.
Mais en Jordanie aussi, on sonde ses cousins palestiniens. Ainsi, cette enquête jordanienne publiée il y a un an montre des résultats ahurissants, mais qui jettent une lumière enfin logique sur les récents développements:
Asked whether Shari’a should be the only source of legislation, one of the sources of legislation, or not be a source of legislation, most Muslims believed it should at least be a source of legislation. Support was particularly strong in Jordan, Palestine, and Egypt, where approximately two-thirds of Muslim respondents stated that the Shari’a must be the only source of legislation (…).Ou, sous forme graphique:
Et il ne s’agit pas de l’influence excessive de couches mal éduquées de la population. Martin Kramer:
Even more remarkable, responses didn’t vary with level of education: “Pooled data from Jordan, Palestine, Lebanon, and Egypt indicate that 58% of respondents with low education, 59% of those with moderate education, and 56% with higher education believe that Shari’a must be the only source of legislation in their countries.”Dans certains mondes, les apparences trompent plus qu’ailleurs.
This is the force driving the Islamist surge across the region, and it’s why Islamists will carry any free and open election. The call for shari’a is the prime marker of Islamism, and if two-thirds of any public desire it, an astute campaign by an Islamist party can readily translate this into ballots. Shari’a allegiance may be an even more reliable indicator of voting behavior than straightforward questions about voting preferences. (…)
Quelque chose de pourri au Danemark?
February 5th, 2006 by ajmch
Il est clair à présent que les troubles fomentés dans les pays islamiques et soi-disant provoqués par la publication des caricatures de Mahomet sont dus à l’activisme pervers de Musulmans danois. Le gouvernement et les élus danois vont-ils enfin se réveiller? En 2002, en tout cas, ils dormaient encore à poings fermés, comme le révèle l’article suivant. Il faut apprendre des erreurs des autres.
Quelque chose de pourri au Danemark?par Daniel Pipes et Lars Hedegaard
New York Post, 27 août 2002
Un groupe musulman du Danemark annonça il y a quelques jours qu’une rançon de 30 000 dollars serait versée pour le meurtre de plusieurs personnalités danoises juives, une menace qui suscita une grande attention à l’échelle internationale. On sait moins, en revanche, qu’il ne s’agit là que de l’un des problèmes liés à la communauté d’immigrants musulmans – quelque 200 000 personnes – au Danemark. Le problème central est qu’un grand nombre d’entre eux ne semblent guère souhaiter s’adapter à leur pays d’adoption.
Pendant des années, les Danois vantèrent les mérites du multiculturalisme et affirmèrent qu’ils n’avaient aucun problème avec les habitudes islamiques – jusqu’au jour où ils durent constater qu’ils en avaient bel et bien quelques-uns. Voici les principaux thèmes concernés:
Quelque chose de pourri au Danemark?par Daniel Pipes et Lars Hedegaard
New York Post, 27 août 2002
Un groupe musulman du Danemark annonça il y a quelques jours qu’une rançon de 30 000 dollars serait versée pour le meurtre de plusieurs personnalités danoises juives, une menace qui suscita une grande attention à l’échelle internationale. On sait moins, en revanche, qu’il ne s’agit là que de l’un des problèmes liés à la communauté d’immigrants musulmans – quelque 200 000 personnes – au Danemark. Le problème central est qu’un grand nombre d’entre eux ne semblent guère souhaiter s’adapter à leur pays d’adoption.
Pendant des années, les Danois vantèrent les mérites du multiculturalisme et affirmèrent qu’ils n’avaient aucun problème avec les habitudes islamiques – jusqu’au jour où ils durent constater qu’ils en avaient bel et bien quelques-uns. Voici les principaux thèmes concernés:
* Le chômage comme principale ressource. Les immigrants du tiers-monde – pour la plupart des Musulmans en provenance de Turquie, de Somalie, du Pakistan, du Liban et d’Irak – forment 5% de la population mais consomment plus de 40% des dépenses de l’assistance sociale.
* Le recours au crime. Les Musulmans ne composent que 4% des 5,4 millions d’habitants du Danemark mais ils accumulent la majorité des condamnations pour viol – un problème d’autant plus brûlant que pratiquement toutes les femmes victimes de viols sont non musulmanes. Des disproportions analogues, quoique moins marquées, sont constatées pour d’autres délits également.
* L’isolement volontaire. Avec le temps et l’augmentation de leur effectif, les immigrants musulmans perdent l’envie de s’intégrer à la population locale. Une récente étude indique que 5% seulement des jeunes immigrants musulmans seraient disposés à épouser une Danoise.
* L’importation d’usages inacceptables. Les mariages forcés – une fille née au Danemark est promise à un cousin du pays, puis on oblige la jeune fille à l’épouser, parfois sous peine de mort – constituent l’un des problèmes.
Un autre est la menace de tuer les Musulmans qui se convertissent à une autre religion. Une Kurde convertie au Christianisme qui décida d’expliquer publiquement pourquoi elle avait changé de religion ressentit la nécessité de cacher son visage et de dissimuler son identité par crainte d’être assassinée.
* L’agitation antisémite. La brutalité des Musulmans fait peser une menace croissante sur les quelque 6000 Juifs du Danemark, dont la sécurité dépend de plus en plus des forces de police. Une directrice d’école déclara ainsi à des parents d’élèves juifs que la sécurité de leurs enfants ne pouvait plus être garantie et qu’ils feraient mieux de chercher un autre établissement scolaire. Des marches anti-israéliennes tournèrent aux émeutes anti-Juifs. Une organisation, Hizb-ut-Tahrir, encourage explicitement les Musulmans à «tuer tous les Juifs (…) partout où vous les trouverez».
* La promotion de la loi islamique. Les dirigeants musulmans déclarent ouvertement prévoir d’introduire la loi islamique au Danemark dès que la population de Musulmans y aura atteint un certain seuil – une perspective moins éloignée que beaucoup ne pensent. Un sociologue estime que si la tendance actuelle se maintient, un habitant du Danemark sur trois sera musulman d’ici 40 ans.
D’autres Européens (tels que feu Pim Fortuyn en Hollande) ont manifesté de l’inquiétude face à cette situation, mais les Danois furent les premiers à changer de gouvernement pour de telles raisons.
Les élections mémorables de novembre dernier ont permis à une coalition de centre droit d’accéder au pouvoir et, pour la première fois depuis 1929, d’en exclure les socialistes. Après 72 ans de revers, la droite renoua ainsi avec la victoire et remporta une solide majorité parlementaire en promettant de traiter les problèmes d’immigration – le principal souci des électeurs – d’une autre manière que les socialistes.
Les neuf mois qui suivirent permirent d’assister à quelques ajustements de nature procédurale: les immigrants doivent maintenant vivre sept ans au Danemark (au lieu de trois) avant d’y obtenir le statut de résident permanent; la majorité des non-réfugiés ne peuvent plus toucher l’aide sociale dès leur entrée dans le pays; personne ne peut plus faire entrer dans le pays une future épouse âgée de moins de 24 ans; et le procureur d’État envisage de prononcer un arrêt d’interdiction sur Hizb-ut-Tahrir motivé par ses menaces de mort contre les Juifs.
Ces adaptations mineures déclenchèrent un concert de protestations internationales: des rapports de l’Union européenne et des Nations Unies condamnèrent le Danemark pour son racisme et son «islamophobie», le Washington Post rapporta que les immigrants musulmans «subissent des discriminations systématiques» et le Guardian de Londres jugea bon de titrer que «Copenhague flirte avec le fascisme».
En réalité cependant, le nouveau gouvernement a à peine effleuré les problèmes. Et il n’a rien entrepris pour en prévenir de nouveaux, tels que les menaces de mort proférées contre des Juifs ou un récent décret islamique appelant les Musulmans à chasser les Danois hors du quartier de Norrebro à Copenhague.
Les autorités restent indulgentes. L’armée songe à permettre aux soldats musulmans incorporés dans la brigade de volontaires danois de ne pas participer aux actions qu’ils réprouvent – un privilège qui n’a jamais été accordé à aucune autre foi. Mohammed Omar Bakri, de son propre aveu «les yeux, les oreilles et la voix» d’Oussama Ben Laden, obtint l’autorisation de créer une antenne de son organisation, Al-Muhajiroun.
Contrairement à ce que prétendent les médias, le Danemark, loin de flirter avec le fascisme, s’embourbe dans l’inertie. Son gouvernement, élu pour traiter une série de problèmes spécifiques, n’a progressé que de manière insignifiante. Ses hésitations pourraient se révéler lourdes de conséquences pour l’Occident dans son ensemble.
* Le recours au crime. Les Musulmans ne composent que 4% des 5,4 millions d’habitants du Danemark mais ils accumulent la majorité des condamnations pour viol – un problème d’autant plus brûlant que pratiquement toutes les femmes victimes de viols sont non musulmanes. Des disproportions analogues, quoique moins marquées, sont constatées pour d’autres délits également.
* L’isolement volontaire. Avec le temps et l’augmentation de leur effectif, les immigrants musulmans perdent l’envie de s’intégrer à la population locale. Une récente étude indique que 5% seulement des jeunes immigrants musulmans seraient disposés à épouser une Danoise.
* L’importation d’usages inacceptables. Les mariages forcés – une fille née au Danemark est promise à un cousin du pays, puis on oblige la jeune fille à l’épouser, parfois sous peine de mort – constituent l’un des problèmes.
Un autre est la menace de tuer les Musulmans qui se convertissent à une autre religion. Une Kurde convertie au Christianisme qui décida d’expliquer publiquement pourquoi elle avait changé de religion ressentit la nécessité de cacher son visage et de dissimuler son identité par crainte d’être assassinée.
* L’agitation antisémite. La brutalité des Musulmans fait peser une menace croissante sur les quelque 6000 Juifs du Danemark, dont la sécurité dépend de plus en plus des forces de police. Une directrice d’école déclara ainsi à des parents d’élèves juifs que la sécurité de leurs enfants ne pouvait plus être garantie et qu’ils feraient mieux de chercher un autre établissement scolaire. Des marches anti-israéliennes tournèrent aux émeutes anti-Juifs. Une organisation, Hizb-ut-Tahrir, encourage explicitement les Musulmans à «tuer tous les Juifs (…) partout où vous les trouverez».
* La promotion de la loi islamique. Les dirigeants musulmans déclarent ouvertement prévoir d’introduire la loi islamique au Danemark dès que la population de Musulmans y aura atteint un certain seuil – une perspective moins éloignée que beaucoup ne pensent. Un sociologue estime que si la tendance actuelle se maintient, un habitant du Danemark sur trois sera musulman d’ici 40 ans.
D’autres Européens (tels que feu Pim Fortuyn en Hollande) ont manifesté de l’inquiétude face à cette situation, mais les Danois furent les premiers à changer de gouvernement pour de telles raisons.
Les élections mémorables de novembre dernier ont permis à une coalition de centre droit d’accéder au pouvoir et, pour la première fois depuis 1929, d’en exclure les socialistes. Après 72 ans de revers, la droite renoua ainsi avec la victoire et remporta une solide majorité parlementaire en promettant de traiter les problèmes d’immigration – le principal souci des électeurs – d’une autre manière que les socialistes.
Les neuf mois qui suivirent permirent d’assister à quelques ajustements de nature procédurale: les immigrants doivent maintenant vivre sept ans au Danemark (au lieu de trois) avant d’y obtenir le statut de résident permanent; la majorité des non-réfugiés ne peuvent plus toucher l’aide sociale dès leur entrée dans le pays; personne ne peut plus faire entrer dans le pays une future épouse âgée de moins de 24 ans; et le procureur d’État envisage de prononcer un arrêt d’interdiction sur Hizb-ut-Tahrir motivé par ses menaces de mort contre les Juifs.
Ces adaptations mineures déclenchèrent un concert de protestations internationales: des rapports de l’Union européenne et des Nations Unies condamnèrent le Danemark pour son racisme et son «islamophobie», le Washington Post rapporta que les immigrants musulmans «subissent des discriminations systématiques» et le Guardian de Londres jugea bon de titrer que «Copenhague flirte avec le fascisme».
En réalité cependant, le nouveau gouvernement a à peine effleuré les problèmes. Et il n’a rien entrepris pour en prévenir de nouveaux, tels que les menaces de mort proférées contre des Juifs ou un récent décret islamique appelant les Musulmans à chasser les Danois hors du quartier de Norrebro à Copenhague.
Les autorités restent indulgentes. L’armée songe à permettre aux soldats musulmans incorporés dans la brigade de volontaires danois de ne pas participer aux actions qu’ils réprouvent – un privilège qui n’a jamais été accordé à aucune autre foi. Mohammed Omar Bakri, de son propre aveu «les yeux, les oreilles et la voix» d’Oussama Ben Laden, obtint l’autorisation de créer une antenne de son organisation, Al-Muhajiroun.
Contrairement à ce que prétendent les médias, le Danemark, loin de flirter avec le fascisme, s’embourbe dans l’inertie. Son gouvernement, élu pour traiter une série de problèmes spécifiques, n’a progressé que de manière insignifiante. Ses hésitations pourraient se révéler lourdes de conséquences pour l’Occident dans son ensemble.
L’Islam des Interdits – extrait
February 5th, 2006 by ajmch
Posté sur extremecentre.org le 4.2.2006
Introduction
Appelé à donner son avis sur l’attentat du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, Salman Rushdie déclara, dans un article paru dans le New York Times à propos de la phrase : « Cela n’a rien à voir avec l’Islam ! » : « Nombreux sont les leaders de ce monde qui répètent ce thème, en partie dans l’espoir louable d’éviter que des musulmans innocents ne soient victimes de représailles en Occident depuis le drame de New York. L’ennui, avec ce démenti nécessaire, c’est qu’il est trop rapide et largement inexact. Si cela n’a rien à voir avec l’Islam, pourquoi ces manifestations de soutien à Oussama Ben Laden et à Al Qaida qui ont eu lieu dans tout le monde musulman ? Bien sûr que si, cela a « à voir avec l’Islam ». Reste à savoir ce que l’on entend exactement par là. »
Il est en effet devenu politiquement et religieusement correct, de distinguer entre d’une part, l’Islam présenté comme religion de paix et de tolérance et d’autre part, ce qui en serait la dérive extrémiste – l’islamisme – qualifiée de « politique », de « terrorisme islamique », d’intégrisme, de fondamentalisme. L’islamisme serait la maladie de l’Islam, l’Islam religion n’ayant rien à voir, bien entendu, avec les attentats perpétrés et revendiqués par des musulmans à travers le monde, comme ceux qui ont suivi la guerre en Irak !
Introduction
Appelé à donner son avis sur l’attentat du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, Salman Rushdie déclara, dans un article paru dans le New York Times à propos de la phrase : « Cela n’a rien à voir avec l’Islam ! » : « Nombreux sont les leaders de ce monde qui répètent ce thème, en partie dans l’espoir louable d’éviter que des musulmans innocents ne soient victimes de représailles en Occident depuis le drame de New York. L’ennui, avec ce démenti nécessaire, c’est qu’il est trop rapide et largement inexact. Si cela n’a rien à voir avec l’Islam, pourquoi ces manifestations de soutien à Oussama Ben Laden et à Al Qaida qui ont eu lieu dans tout le monde musulman ? Bien sûr que si, cela a « à voir avec l’Islam ». Reste à savoir ce que l’on entend exactement par là. »
Il est en effet devenu politiquement et religieusement correct, de distinguer entre d’une part, l’Islam présenté comme religion de paix et de tolérance et d’autre part, ce qui en serait la dérive extrémiste – l’islamisme – qualifiée de « politique », de « terrorisme islamique », d’intégrisme, de fondamentalisme. L’islamisme serait la maladie de l’Islam, l’Islam religion n’ayant rien à voir, bien entendu, avec les attentats perpétrés et revendiqués par des musulmans à travers le monde, comme ceux qui ont suivi la guerre en Irak !
Cette distinction, même si elle part de la meilleure volonté du monde, voire d’un souci de dédramatisation ou de dialogue, ne rend pas service au débat. La première question indiscrète à propos de l’Islam est bien celle-ci : les « islamistes » sont-ils des musulmans « normaux » ou sont-ce des musulmans « déviants », voire « malades » ? Abdelwahab Meddeb frôle une réponse courageuse à la question quand il écrit : « La lettre coranique, soumise à une lecture littérale, peut résonner dans l’espace balisé par le projet intégriste ; elle peut obéir à qui tient à la faire parler dans l’étroitesse de ses contours. » En termes plus simples, celui qui veut s’en tenir au texte, à la lettre, à la lecture littérale du Coran, peut trouver de quoi justifier une action guerrière et même terroriste. L’Islam pose en effet problème parce qu’il est dans l’impossibilité absolue d’échapper à ses textes fondateurs.
Or on ne pourra pas éternellement faire comme si le Coran ne comportait que des versets de paix et de tolérance et comme si le Prophète de l’Islam n’avait jamais appelé à la vengeance, jamais versé le sang. Au risque de choquer, il faut avoir le courage de dire que l’intégrisme n’est pas la maladie de l’Islam. Il est l’intégralité de l’Islam. Il en est la lecture littérale, globale et totale de ses textes fondateurs. L’Islam des intégristes, des islamistes, c’est tout simplement l’Islam juridique qui colle à la norme. Aussi, même si on arrive, ce qui est souhaitable, à juguler ce qu’on appelle l’intégrisme militant, à éviter les attentats, à mettre tous les islamismes sous les verrous, il restera toujours et partout cet intégrisme diffus dans la société musulmane qui n’est en fait que le désir d’application totale du Coran et de la Sunna à la lettre. Cet Islam intégriste inquiète les non-musulmans d’autant plus qu’ils le connaissent mal. Il est courant d’entendre dire : « l’Islam est une religion guerrière », « l’Islam impose le port du voile », « les musulmans n’aiment pas les chiens », « l’Islam est contre les images et les statues », « l’Islam est contre la modernité », « l’Islam déteste l’Occident » Ces idées reçus perdurent parce qu’elles comportent malheureusement une grande part de vérité. Seulement on n’ose pas l’avouer, paralysé par la crainte d’aller à contre-courant ou de passer pour raciste, voire adepte de théories politiques extrêmes.
Au risque de choquer beaucoup de musulmans et de non-musulmans, partisans par exemple d’un dialogue islamo-chrétien où les questions qui fâchent ne sont jamais vraiment abordées, il me semble souhaitable d’aborder ces interdits qui font difficultés.
La méconnaissance quasi totale du droit musulman, aussi bien par les politologues que par les musulmans eux-mêmes, conduit à des contresens dangereux. Les textes fondateurs constituent un édifice à trois étages : le Coran en est le premier, la Tradition prophétique (Sunna), le deuxième et le droit musulman (fïqh), le troisième. Ces étages sont reliés et renvoient le même écho. Ce que le musulman lit dans le Coran, il en trouve l’exemple illustré par le Prophète dans la Sunna et il découvre la réglementation dans les traités de droit musulman. Tous ces textes fondateurs ont finalement acquis un statut anhistorique d’éternité selon lequel ils sont considérés comme valables pour tous les temps et pour tous les lieux. Seuls les savants de l’Islam connaissent avec précision les textes du Coran, de la Tradition et du droit musulman. Le pieux musulman a certes une culture islamique mais il ne sait pas toujours très bien si telle injonction se trouve dans le Coran, dans la Sunna ou dans le droit musulman seulement. Il s’agit souvent pour lui d’une culture par osmose.
Cette culture islamique n’a que peu à voir avec la civilisation artistique brillante qualifiée d’arabo-musulmane, qui est d’abord le fait des apports civilisationnels des peuples conquis comme les Byzantins et les Persans. En d’autres termes, les arts et les sciences qui ont fleuri en terre d’Islam sont en grande partie étrangers à la pure religion des Arabes à Médine au VIIe siècle. En revanche le droit musulman, qui est à la base de la culture islamique, repose entièrement sur le Coran et la Sunna. Il faut avoir le courage de regarder le catalogue des interdits islamiques pour constater le poids du carcan qui pèse sur le musulman et encore plus sur la musulmane. Il est prohibé, pour la femme, de laisser voir ses cheveux, ses bras, ses jambes, ses cuisses, de faire l’amour en dehors du mariage, d’épouser un non-musulman, de mettre des vêtements d’homme, de porter une perruque, de se limer les dents, de recourir à la magie, de chercher à connaître l’avenir. Pour l’homme, il est défendu d’être homosexuel, de porter des vêtements de femme comme le font les travestis, d’être sculpteur ou dessinateur, de porter des vêtements en soie et des bijoux en or, de jouer d’un instrument de musique, de pratiquer les jeux de hasard, de se laisser prédire l’avenir, de s’adonner à la magie, de prêter de l’argent avec intérêt, de diriger une société de crédit ou d’être agent d’assurances et bien sûr, pour l’homme comme pour la femme, il est interdit d’outrager la religion, de blasphémer, de commettre l’adultère, de faire un faux témoignage, de voler, de frauder, d’être un brigand, de quitter la religion musulmane, de porter une croix, de boire de l’alcool, de manger du porc, de consommer de la viande non saignée rituellement… Et l’on peut continuer ainsi à l’infini jusqu’à arriver à un nombre d’interdits impressionnant. Soixante-dix pour certains jurisconsultes, mais beaucoup plus selon d’autres. Il ne s’agit pas d’un jeu amusant qui pourrait s’intituler : « t’as le droit… t’as pas le droit » (yajûz…là yajûz) », comme disent les jeunes musulmans des cités, mais d’injonctions morales et juridiques dont certaines, quand le droit musulman est appliqué, peuvent aboutir à avoir la main coupée et, en cas de récidive, le pied (pour le vol), ou à être flagellée ou lapidée (pour la femme adultère). Cette loi islamique n’est évidemment pas compatible avec les droits de l’homme mais elle fait partie intégrante de l’Islam. Elle en est la « substantifique moelle ».
Qu’on ne se méprenne pas. Ce livre n’a rien d’une étude exhaustive sur l’Islam, ni d’une présentation générale que nous avons pu faire ailleurs. L’originalité de son propos est qu’il se focalise sur l’Islam des interdits. Dans un souci de clarté pédagogique, seront évoquées en vingt-trois courts chapitres toutes les interrogations qui viennent à l’esprit de ceux qui ne tolèrent plus le double langage mais veulent savoir ce que les textes disent. Et ces lecteurs curieux pourront constater qu’entre des textes musulmans vieux de treize ou quatorze siècles et des faits islamiques récents rapportés par les médias existe bien une parenté. Ce qu’il faut souhaiter, cependant, c’est que la parole mortifère de certains textes fondateurs soit neutralisée par l’instinct de vie, le désir de développement, d’évolution des peuples musulmans. Je me suis souvent appuyée dans ma démonstration sur le Coran. Les versets portent parfois un double numéro : l’un est celui de l’édition Flügel très souvent utilisée encore en Europe ; l’autre est celui de l’édition du Caire.
Que mon éditeur soit ici remercié pour ses remarques apportées au cours de la relecture de ce livre.
L’Islam et la loi ?
Nous ne pouvons pas interpréter correctement le comportement et la manière d’être des musulmans contemporains, depuis le port du voile pour les femmes ou de la barbe pour les hommes, sans savoir que s’ils sont ainsi, c’est qu’ils suivent les règles et que ces règles normatives se trouvent dans la loi (charia)(40) et dans la jurisprudence de cette loi (fïqh)(41).
Derrière le voile comme derrière la barbe, derrière les boucheries hallal, derrière les interdits alimentaires, derrière l’horreur du célibat, derrière la répugnance à laisser un chien entrer dans une maison, il y a la loi. La norme est au cœur du comportement du musulman en ce qui concerne le culte, mais aussi le mode de vie. Le droit musulman est à la base de la culture islamique. Cet attachement à la règle s’explique par le fait que l’Islam est à la fois normatif et profondément ritualiste. La foi n’est pas seulement théorique. Elle exige des actes où le corps intervient. Il faut se plier à la règle physiquement. Mais si le musulman se soumet si volontiers à la norme, c’est que pour lui elle mène au salut. Mohammed H. Benkheira parle d’« amour de la loi ». En portant le voile ou la barbe, le sujet musulman « enlace le corps imaginaire de la loi ». Mais pourquoi cet empressement à épouser la norme ? C’est que son non-respect ferait du musulman un « déviant », un « égaré », sur le chemin de la perdition.
Alors le musulman va coller à l’exemple du Prophète (42). Pour comprendre l’empressement du croyant à suivre l’exemple de Mahomet, il faut avoir à l’esprit le poids que revêt le rite dans la vie musulmane. On ne prie pas n’importe quand et n’importe comment. On ne fait pas le jeûne du Ramadan quand et comme on veut. Il en est de même de toutes les obligations religieuses, qui obéissent à des règles bien précises. Du berceau jusqu’à la tombe, le musulman est ligoté dans un réseau de prescriptions dont il ne saurait se libérer.
Mais suivre la loi ne veut rien dire. Que trouve-t-on derrière la loi ? L’INTERDIT. Toutes les règles, quel que soit leur domaine d’expression, tournent autour de l’interdit, la sexualité comme l’alimentation, ou les multiples autres domaines. La question essentielle demeure : « Est-ce conforme à la loi islamique ? » et ceci pour chaque comportement. On confronte à la norme écrite. Si on se reporte aux recueils contemporains de consultations juridiques (fatwas), on voit ce genre de questions : la transfusion sanguine est-elle permise ? La transplantation cardiaque est-elle licite ? La chirurgie esthétique est-elle autorisée ? On comprend l’importance du rôle du mufti (43). Il donne des consultations juridiques (fatwas). Il est chargé d’interpréter non pas le Coran et la Sunna, mais les traités de droit musulman. Son rôle est de calmer les inquiétudes des fidèles. En effet, l’obsession du croyant musulman est de bien coller à la norme. Il veut être un musulman conforme à ce que veut la loi !
L’Islam déteste ce qui est hors norme, anormal, marginal. Il faut être copie conforme du musulman parfait. Le musulman se sent toujours coupable de ne pas être assez bien, de ne pas être un musulman parfait. Un livre du docteur Youcef Quardhaoui : Le licite et l’illicite en Islam (44) prouve bien l’importance de la loi et des cinq qualifications juridico-morales : permis, recommandé, obligatoire, blâmable, interdit. Même Averroès dans le Discours décisif raisonne en cadi et non en philosophe lorsqu’il écrit en introduction : « Le propos de ce discours est de rechercher si l’étude de la philosophie et des sciences de la logique est permise par la loi révélée ou bien condamnée par elle, ou bien encore prescrite, soit en tant que recommandation, soit en tant qu’obligation. » Ainsi en Islam, la répudiation (divorce unilatéral) est certes licite mais c’est le licite le plus haïssable. Le licite est ce qui est permis sans aucune interdiction et ce que la législation divine a autorisé à faire. L’interdit c’est ce que la législation divine a interdit de façon formelle, d’où châtiment de Dieu dans l’au-delà et sanction légale dans ce bas monde. N’est interdit que ce qui l’a été par un texte. Le recommandé c’est ce qui entraîne une récompense pour l’accomplissement de l’acte. La règle est la permission mais l’interdit, c’est non seulement l’interdit mais tout ce qui mène à l’interdit qui est lui-même interdit. En ce qui concerne le vin, est maudit celui qui le boit, celui qui le presse, celui qui le transporte, celui qui le vend.
Les actes sont examinés toujours en fonction du licite et de l’illicite. Et la recherche du licite fait qu’on scrute à la loupe le comportement du Prophète, ce qu’il faisait, comment il le faisait. S’agissant de cette recherche du licite, Al-Ghazâlî au XIe siècle dira : « Il y a du clairement licite, du clairement illicite et entre les deux des cas équivoques […]. Ceux qui se préservent des cas ambigus se mettent à l’abri dans leur honneur et leur religion. » Ghazâlî a tracé définitivement les frontières qui montraient jusqu’où le croyant pouvait ne pas aller trop loin. Au-delà de ces limites, le musulman n’avait plus l’assurance d’être dans la voie de l’orthopraxie, la voie du comportement vrai qui assure le salut. Si la recherche du licite est si importante c’est que « le monde d’Ici-bas, dit Al-Ghazâlî, est la terre dans laquelle est ensemencée la vie de l’Au-delà ». On comprend que le musulman ait perpétuellement à l’esprit ce conseil : « Agir pour ce Bas-monde comme si on devait vivre toujours. Agir pour l’autre monde comme si on devait mourir demain.
Or on ne pourra pas éternellement faire comme si le Coran ne comportait que des versets de paix et de tolérance et comme si le Prophète de l’Islam n’avait jamais appelé à la vengeance, jamais versé le sang. Au risque de choquer, il faut avoir le courage de dire que l’intégrisme n’est pas la maladie de l’Islam. Il est l’intégralité de l’Islam. Il en est la lecture littérale, globale et totale de ses textes fondateurs. L’Islam des intégristes, des islamistes, c’est tout simplement l’Islam juridique qui colle à la norme. Aussi, même si on arrive, ce qui est souhaitable, à juguler ce qu’on appelle l’intégrisme militant, à éviter les attentats, à mettre tous les islamismes sous les verrous, il restera toujours et partout cet intégrisme diffus dans la société musulmane qui n’est en fait que le désir d’application totale du Coran et de la Sunna à la lettre. Cet Islam intégriste inquiète les non-musulmans d’autant plus qu’ils le connaissent mal. Il est courant d’entendre dire : « l’Islam est une religion guerrière », « l’Islam impose le port du voile », « les musulmans n’aiment pas les chiens », « l’Islam est contre les images et les statues », « l’Islam est contre la modernité », « l’Islam déteste l’Occident » Ces idées reçus perdurent parce qu’elles comportent malheureusement une grande part de vérité. Seulement on n’ose pas l’avouer, paralysé par la crainte d’aller à contre-courant ou de passer pour raciste, voire adepte de théories politiques extrêmes.
Au risque de choquer beaucoup de musulmans et de non-musulmans, partisans par exemple d’un dialogue islamo-chrétien où les questions qui fâchent ne sont jamais vraiment abordées, il me semble souhaitable d’aborder ces interdits qui font difficultés.
La méconnaissance quasi totale du droit musulman, aussi bien par les politologues que par les musulmans eux-mêmes, conduit à des contresens dangereux. Les textes fondateurs constituent un édifice à trois étages : le Coran en est le premier, la Tradition prophétique (Sunna), le deuxième et le droit musulman (fïqh), le troisième. Ces étages sont reliés et renvoient le même écho. Ce que le musulman lit dans le Coran, il en trouve l’exemple illustré par le Prophète dans la Sunna et il découvre la réglementation dans les traités de droit musulman. Tous ces textes fondateurs ont finalement acquis un statut anhistorique d’éternité selon lequel ils sont considérés comme valables pour tous les temps et pour tous les lieux. Seuls les savants de l’Islam connaissent avec précision les textes du Coran, de la Tradition et du droit musulman. Le pieux musulman a certes une culture islamique mais il ne sait pas toujours très bien si telle injonction se trouve dans le Coran, dans la Sunna ou dans le droit musulman seulement. Il s’agit souvent pour lui d’une culture par osmose.
Cette culture islamique n’a que peu à voir avec la civilisation artistique brillante qualifiée d’arabo-musulmane, qui est d’abord le fait des apports civilisationnels des peuples conquis comme les Byzantins et les Persans. En d’autres termes, les arts et les sciences qui ont fleuri en terre d’Islam sont en grande partie étrangers à la pure religion des Arabes à Médine au VIIe siècle. En revanche le droit musulman, qui est à la base de la culture islamique, repose entièrement sur le Coran et la Sunna. Il faut avoir le courage de regarder le catalogue des interdits islamiques pour constater le poids du carcan qui pèse sur le musulman et encore plus sur la musulmane. Il est prohibé, pour la femme, de laisser voir ses cheveux, ses bras, ses jambes, ses cuisses, de faire l’amour en dehors du mariage, d’épouser un non-musulman, de mettre des vêtements d’homme, de porter une perruque, de se limer les dents, de recourir à la magie, de chercher à connaître l’avenir. Pour l’homme, il est défendu d’être homosexuel, de porter des vêtements de femme comme le font les travestis, d’être sculpteur ou dessinateur, de porter des vêtements en soie et des bijoux en or, de jouer d’un instrument de musique, de pratiquer les jeux de hasard, de se laisser prédire l’avenir, de s’adonner à la magie, de prêter de l’argent avec intérêt, de diriger une société de crédit ou d’être agent d’assurances et bien sûr, pour l’homme comme pour la femme, il est interdit d’outrager la religion, de blasphémer, de commettre l’adultère, de faire un faux témoignage, de voler, de frauder, d’être un brigand, de quitter la religion musulmane, de porter une croix, de boire de l’alcool, de manger du porc, de consommer de la viande non saignée rituellement… Et l’on peut continuer ainsi à l’infini jusqu’à arriver à un nombre d’interdits impressionnant. Soixante-dix pour certains jurisconsultes, mais beaucoup plus selon d’autres. Il ne s’agit pas d’un jeu amusant qui pourrait s’intituler : « t’as le droit… t’as pas le droit » (yajûz…là yajûz) », comme disent les jeunes musulmans des cités, mais d’injonctions morales et juridiques dont certaines, quand le droit musulman est appliqué, peuvent aboutir à avoir la main coupée et, en cas de récidive, le pied (pour le vol), ou à être flagellée ou lapidée (pour la femme adultère). Cette loi islamique n’est évidemment pas compatible avec les droits de l’homme mais elle fait partie intégrante de l’Islam. Elle en est la « substantifique moelle ».
Qu’on ne se méprenne pas. Ce livre n’a rien d’une étude exhaustive sur l’Islam, ni d’une présentation générale que nous avons pu faire ailleurs. L’originalité de son propos est qu’il se focalise sur l’Islam des interdits. Dans un souci de clarté pédagogique, seront évoquées en vingt-trois courts chapitres toutes les interrogations qui viennent à l’esprit de ceux qui ne tolèrent plus le double langage mais veulent savoir ce que les textes disent. Et ces lecteurs curieux pourront constater qu’entre des textes musulmans vieux de treize ou quatorze siècles et des faits islamiques récents rapportés par les médias existe bien une parenté. Ce qu’il faut souhaiter, cependant, c’est que la parole mortifère de certains textes fondateurs soit neutralisée par l’instinct de vie, le désir de développement, d’évolution des peuples musulmans. Je me suis souvent appuyée dans ma démonstration sur le Coran. Les versets portent parfois un double numéro : l’un est celui de l’édition Flügel très souvent utilisée encore en Europe ; l’autre est celui de l’édition du Caire.
Que mon éditeur soit ici remercié pour ses remarques apportées au cours de la relecture de ce livre.
L’Islam et la loi ?
Nous ne pouvons pas interpréter correctement le comportement et la manière d’être des musulmans contemporains, depuis le port du voile pour les femmes ou de la barbe pour les hommes, sans savoir que s’ils sont ainsi, c’est qu’ils suivent les règles et que ces règles normatives se trouvent dans la loi (charia)(40) et dans la jurisprudence de cette loi (fïqh)(41).
Derrière le voile comme derrière la barbe, derrière les boucheries hallal, derrière les interdits alimentaires, derrière l’horreur du célibat, derrière la répugnance à laisser un chien entrer dans une maison, il y a la loi. La norme est au cœur du comportement du musulman en ce qui concerne le culte, mais aussi le mode de vie. Le droit musulman est à la base de la culture islamique. Cet attachement à la règle s’explique par le fait que l’Islam est à la fois normatif et profondément ritualiste. La foi n’est pas seulement théorique. Elle exige des actes où le corps intervient. Il faut se plier à la règle physiquement. Mais si le musulman se soumet si volontiers à la norme, c’est que pour lui elle mène au salut. Mohammed H. Benkheira parle d’« amour de la loi ». En portant le voile ou la barbe, le sujet musulman « enlace le corps imaginaire de la loi ». Mais pourquoi cet empressement à épouser la norme ? C’est que son non-respect ferait du musulman un « déviant », un « égaré », sur le chemin de la perdition.
Alors le musulman va coller à l’exemple du Prophète (42). Pour comprendre l’empressement du croyant à suivre l’exemple de Mahomet, il faut avoir à l’esprit le poids que revêt le rite dans la vie musulmane. On ne prie pas n’importe quand et n’importe comment. On ne fait pas le jeûne du Ramadan quand et comme on veut. Il en est de même de toutes les obligations religieuses, qui obéissent à des règles bien précises. Du berceau jusqu’à la tombe, le musulman est ligoté dans un réseau de prescriptions dont il ne saurait se libérer.
Mais suivre la loi ne veut rien dire. Que trouve-t-on derrière la loi ? L’INTERDIT. Toutes les règles, quel que soit leur domaine d’expression, tournent autour de l’interdit, la sexualité comme l’alimentation, ou les multiples autres domaines. La question essentielle demeure : « Est-ce conforme à la loi islamique ? » et ceci pour chaque comportement. On confronte à la norme écrite. Si on se reporte aux recueils contemporains de consultations juridiques (fatwas), on voit ce genre de questions : la transfusion sanguine est-elle permise ? La transplantation cardiaque est-elle licite ? La chirurgie esthétique est-elle autorisée ? On comprend l’importance du rôle du mufti (43). Il donne des consultations juridiques (fatwas). Il est chargé d’interpréter non pas le Coran et la Sunna, mais les traités de droit musulman. Son rôle est de calmer les inquiétudes des fidèles. En effet, l’obsession du croyant musulman est de bien coller à la norme. Il veut être un musulman conforme à ce que veut la loi !
L’Islam déteste ce qui est hors norme, anormal, marginal. Il faut être copie conforme du musulman parfait. Le musulman se sent toujours coupable de ne pas être assez bien, de ne pas être un musulman parfait. Un livre du docteur Youcef Quardhaoui : Le licite et l’illicite en Islam (44) prouve bien l’importance de la loi et des cinq qualifications juridico-morales : permis, recommandé, obligatoire, blâmable, interdit. Même Averroès dans le Discours décisif raisonne en cadi et non en philosophe lorsqu’il écrit en introduction : « Le propos de ce discours est de rechercher si l’étude de la philosophie et des sciences de la logique est permise par la loi révélée ou bien condamnée par elle, ou bien encore prescrite, soit en tant que recommandation, soit en tant qu’obligation. » Ainsi en Islam, la répudiation (divorce unilatéral) est certes licite mais c’est le licite le plus haïssable. Le licite est ce qui est permis sans aucune interdiction et ce que la législation divine a autorisé à faire. L’interdit c’est ce que la législation divine a interdit de façon formelle, d’où châtiment de Dieu dans l’au-delà et sanction légale dans ce bas monde. N’est interdit que ce qui l’a été par un texte. Le recommandé c’est ce qui entraîne une récompense pour l’accomplissement de l’acte. La règle est la permission mais l’interdit, c’est non seulement l’interdit mais tout ce qui mène à l’interdit qui est lui-même interdit. En ce qui concerne le vin, est maudit celui qui le boit, celui qui le presse, celui qui le transporte, celui qui le vend.
Les actes sont examinés toujours en fonction du licite et de l’illicite. Et la recherche du licite fait qu’on scrute à la loupe le comportement du Prophète, ce qu’il faisait, comment il le faisait. S’agissant de cette recherche du licite, Al-Ghazâlî au XIe siècle dira : « Il y a du clairement licite, du clairement illicite et entre les deux des cas équivoques […]. Ceux qui se préservent des cas ambigus se mettent à l’abri dans leur honneur et leur religion. » Ghazâlî a tracé définitivement les frontières qui montraient jusqu’où le croyant pouvait ne pas aller trop loin. Au-delà de ces limites, le musulman n’avait plus l’assurance d’être dans la voie de l’orthopraxie, la voie du comportement vrai qui assure le salut. Si la recherche du licite est si importante c’est que « le monde d’Ici-bas, dit Al-Ghazâlî, est la terre dans laquelle est ensemencée la vie de l’Au-delà ». On comprend que le musulman ait perpétuellement à l’esprit ce conseil : « Agir pour ce Bas-monde comme si on devait vivre toujours. Agir pour l’autre monde comme si on devait mourir demain.