jeudi 11 janvier 2018

Pourquoi nous sommes en Irak (David Horowitz, octobre 2004)

REPRISE: POURQUOI LES AMÉRICAINS SONT EN IRAK

J’avais traduit ce texte au début de 2005, pour un forum, et il a été republié, en partie, sur le site de l’upjf. L’original est une conférence donnée par David Horowitz en octobre 2004 et publiée en ligne sur frontpagemag.com en novembre 2004. Je le reprends ici en intégralité car il explique bien les éléments du débat de l’époque aux États-Unis, que personne ou presque n’a entendu en Europe, et les raisons pour lesquelles les Américains ont envoyé leurs troupes renverser Saddam Hussein.
Avant d’entamer ce texte, il faut se souvenir que 80% des armements qui avaient fait de l’Irak la quatrième puissance militaire mondiale des années 1980 provenaient de trois pays: l’URSS, la Chine et la France. Trois pays qui se sont ardement opposés à l’élimination du régime de Saddam Hussein. Et peut-être encore un mot à propos de ces fameuses ADM irakiennes et des options américaines dans l’Irak actuel. 

Pourquoi nous sommes en Irak
par David Horowitz
Mon exposé de ce soir traite d’un sujet que personne ne souhaite aborder, parce que personne n’est vraiment prêt à l’affronter. Il s’agit de ce que j’appelle l’«Alliance impie» [Unholy Alliance, en référence à la Sainte-Alliance, dite Holy Alliance – NdT] entre l’Islam radical et la gauche américaine, et de son influence sur la politique du Parti démocrate [américain]. Ce thème a été en partie annoncé par Oussama Ben Laden lui-même, dans l’une de ses fatwas diffusées sur la chaîne satellitaire Al-Jazira. Le 14 février 2003, six semaines à peu près avant l’entrée des troupes américaines et britanniques en Irak, Ben Laden déclarait en effet: «Les intérêts des Musulmans et les intérêts des socialistes se rejoignent dans la guerre contre les Croisés.»
Il faisait référence au fait que, quatre semaines plus tôt, des millions de partisans de la gauche avaient envahi les rues des capitales européennes ainsi que celles de Washington, San Francisco et New York. Leur objectif consistait à empêcher les États-Unis et la Grande-Bretagne de renverser Saddam Hussein. Ils scandèrent «pas de sang pour du pétrole», traitèrent les États-Unis de «pire État terroriste de la planète», qualifièrent le gouvernement américain d’«axe du mal» et comparèrent le président américain à Adolf Hitler.
L’un des deux groupes qui organisèrent les protestations contre la guerre en Irak était International ANSWER, vitrine du Worker’s World Party [Parti ouvrier mondial], groupe marxiste-léniniste aligné sur la dictature communiste nord-coréenne. L’autre, un groupe que le New York Times qualifie de «modéré», était la Coalition United for Peace and Justice [Coalition pour la paix et la justice]. Celle-ci était dirigée par Leslie Cagan, ancienne adepte du mouvement gauchiste des années 1960, grande admiratrice de Castro et membre du Parti communiste jusqu’après la chute du Mur de Berlin. La Coalition elle-même était composée d’organisations allant du Parti communiste aux supporters musulmans du djihad terroriste.
Après avoir échoué dans leur tentative de sauver Saddam Hussein par des manifestations, les protestataires de gauche engagèrent leurs troupes dans les campagnes primaires de l’élection présidentielle afin de soutenir les candidatures démocrates anti-guerre. Ils appuyèrent notamment Howard Dean, qui condamnait la guerre américaine en Irak et laissait entendre que, s’il était élu, il ferait la paix à la toute prochaine occasion et ordonnerait le retrait des forces américaines. Nous assistions ainsi à une offensive d’arrière-garde de la gauche visant à obtenir par ce biais le résultat que leurs protestations n’avaient pas su produire, à savoir une défaite américaine en Irak. Avec le soutien résolu des ressources de la gauche, Howard Dean fut alors propulsé à la tête du groupe de candidats présidentiels, au point que sa nomination apparaisse à ce point inévitable qu’il reçut l’onction des figures de proue du Parti démocrate, Jimmy Carter et Al Gore, juste avant la convention de l’Iowa. C’est dire à quel point le Parti démocrate avait glissé à gauche.
Cependant, au moment où la perspective de la nomination de Dean se concrétisa, les cadres du Parti démocrate et leurs alliés des grands médias nationaux eurent une sorte de sursaut collectif. Le ton extrême du candidat – davantage en fait que son programme, qu’une majorité aurait volontiers adopté – les poussa à se demander si un homme aussi ouvertement radical était vraiment éligible. En l’espace de quelques semaines, les éditorialistes, les commentateurs, les dirigeants et les instances du Parti décidèrent que Howard Dean ne pouvait tout simplement pas être élu. Les démocrates se tournèrent alors vers un autre candidat, qui avait approuvé la guerre mais l’avait ensuite critiquée sous la pression exercée par la campagne fulgurante de Dean.
Le fait que Kerry ait changé d’avis à propos de la guerre pour s’adapter aux sondages constituait l’un des aspects problématiques de sa candidature. Nous avions là un homme qui s’était exprimé longuement et en détail pour l’usage de la force en Irak, un homme qui avait lancé sa candidature sur l’image d’un partisan de la guerre, dont il avait voté l’autorisation – en fait un véritable supporter de la guerre, attaqué à ce titre par la gauche. Et cet homme, lorsqu’il vit l’allure à laquelle progressait la candidature de Dean, confronté à la perspective de manquer la nomination, accepta de retourner sa veste et de joindre le camp opposé. Kerry se montrait ainsi disposé à trahir ce qu’il savait être juste et qu’il avait lui-même soutenu pour favoriser ses ambitions présidentielles, et ce sur la question d’une guerre affectant la sécurité de 300 millions d’Américains et d’une multitude d’autres gens partout dans le monde.
Je vais être porté, ce soir, à émettre de nombreuses observations négatives sur le comportement des démocrates dans le cadre de la guerre contre la terreur, alors permettez-moi de commencer par rendre hommage à un démocrate qui n’a pas mérité mes critiques. Je veux parler de Joe Lieberman. Joe Lieberman est – ou devrait être – un héros du Parti démocrate. Il fut colistier de la dernière élection. Il aurait dû être le candidat officiel de celle-ci. Le sénateur Lieberman est un homme de principes, qui comprit à quel point il était vital pour la sécurité des États-Unis de faire tomber Saddam Hussein. Il ne dévia pas de sa conviction et accepta de sacrifier ses ambitions présidentielles pour préserver ses principes, pour la sécurité de 300 millions d’Américains.
Patriotisme et trahison
Avant de poursuivre, il me faut aborder ici des questions rarement traitées directement, car elles flottent sous la surface de nos débats politiques, et leur impact n’en est que plus important. Je veux parler des thèmes liés à des notions telles que le «patriotisme» et la «trahison», ainsi que de la nature de ce que peut constituer une critique légitime de la politique extérieure américaine, particulièrement en temps de guerre.
À écouter la gauche, on pourrait croire que les conservateurs sont prêts à accuser de quasi-traître, voire pire, quiconque critique la politique du président en matière d’intervention militaire. Les plaintes des libéraux donnent à penser que les agents de John Ashcroft attendent fébrilement l’occasion de mettre en accusation tout gauchiste qui se permettrait le moindre écart de langage. Il faut revenir un peu à la réalité. D’abord, si l’accusation de «trahison» est vraiment une question à débattre, l’agression provient clairement des démocrates. Al Gore a, d’ores et déjà, traité le président de traître, alors que le président Bush n’a pas encore ne serait-ce que mentionné le nom de Gore. Les démocrates reprochent à Bush d’avoir menti au peuple américain, de l’avoir indûment persuadé de prendre le chemin de la guerre; il sacrifierait ainsi la jeunesse américaine à la bonne santé financière de ses amis de Halliburton. Ce sont là des accusations de trahison. Et il n’y a pratiquement personne, à tous les échelons de la gauche, qui ne les ait pas émises, d’une manière ou d’une autre.
Ensuite, le fait est que personne en Amérique ne prend plus très au sérieux le terme de trahison – et cela depuis pas mal de temps. En cinquante ans, personne n’a été inculpé pour trahison aux États-Unis, c’est-à-dire depuis que Tokyo Rose et Axis Sally furent jugés pour avoir diffusé la propagande ennemie auprès des troupes américaines pendant la Deuxième Guerre mondiale. Ni les Rosenberg, qui volèrent des secrets nucléaires pour l’Union soviétique, ni Jane Fonda qui, tout comme les traîtres que je viens de citer, s’exprima sur une radio ennemie pendant une guerre pour encourager nos soldats à déserter, ceci tout en les dénonçant comme autant de criminels de guerre. Fonda collabora également avec les tortionnaires communistes des prisonniers de guerre américains. Et même des espions tels qu’Aldrich Ames, ou des déserteurs tels que John Walker Lindh – qui combattit avec les talibans contre son propre pays – ne furent jamais inculpés pour trahison. N’allons donc pas nous imaginer que le terme de «trahison» contient la moindre menace réelle, de nature à intimider les auteurs de critiques à l’égard de notre politique étrangère actuelle. Si c’était le cas, Michael Moore moisirait en prison au lieu de se pavaner sur la liste des premiers nominés aux Academy Awards. Lorsque les gauchistes se plaignent de ce que leur patriotisme était mis en doute pour étouffer leurs critiques, il ne s’agit guère que d’une diversion visant à nous empêcher de réfléchir aux aspects de la sécurité nationale inhérents aux positions qu’ils soutiennent.
Or, non seulement la trahison n’est pas prise au sérieux de nos jours, mais les républicains se sont montrés extraordinairement polis en affrontant leurs adversaires sur de graves questions décidant de la guerre et de la paix. Ainsi le président, lors du premier débat présidentiel, réprimanda John Kerry pour avoir qualifié la guerre en Irak de «mauvaise guerre, au mauvais endroit, au mauvais moment». De telles déclarations «troublent» les gens, expliqua le président, et ce n’est pas là une façon de gouverner une nation engagée dans un conflit armé, que l’on approuve la guerre ou pas.
Mais cela fait bien davantage que de troubler les gens. Si vous avez 19 ans, à Falloujah, que vous êtes pris pour cible par des terroristes, et que le leader du Parti démocrate, à un cheveu de devenir votre président, affirme que vous n’avez rien à faire là-bas, cela fait davantage que vous troubler. Cela vous démoralise. Cela sape votre volonté de combattre. Cela vous fait tuer. Le caractère léger et imprudent des attaques démocrates contre cette guerre coûte des vies américaines. C’est là un sujet que le refus de discuter de questions de loyauté et de patriotisme et du ton à donner à la critique lorsque la nation est en guerre, a pour effet d’écarter du débat. Et les républicains sont trop polis pour le rappeler.
La trahison n’est pourtant vraiment pas si difficile à définir. Il y a trahison lorsque votre pays est en guerre et que vous souhaitez la victoire du camp adverse.
Y a-t-il de telles gens en Amérique? On pense à Michael Moore. Moore a été cité comme ayant déclaré que les terroristes qui, en Irak, décapitent nos concitoyens et abattent nos soldats ne «sont pas des terroristes». Selon Moore, ce sont des «patriotes» et – selon ses propres termes – «ils vaincront». Michel Moore soutient l’ennemi. C’est un fait pur et simple. Mais quelles en sont les conséquences? La trahison a enrichi Michael Moore. Moore a pris fait et cause pour l’ennemi, durant toute sa vie – pendant la guerre froide, et maintenant pendant la guerre contre la terreur – sans en subir le moindre effet néfaste pour sa carrière et sa fortune. On pourrait même affirmer le contraire, en fait.
Et c’est le cas également des soi-disant manifestants pacifistes opposés à la guerre. Ces «mobilisations» nationales, organisées et dirigées par des activistes qui soutenaient l’ennemi communiste pendant la guerre froide, tentèrent de compromettre l’effort américain et de sauver Saddam Hussein de la guerre contre la terreur. De toute évidence, ces gens n’accordent pas à la «paix» une priorité particulière. Aucune manifestation n’a eu lieu devant l’ambassade irakienne pour inciter Saddam Hussein à déposer les armes, de même qu’aucune manifestation n’a été mise sur pied pour dénoncer le génocide perpétré par les communistes en Indochine après le retrait américain. La priorité des gauchistes qui organisèrent les manifestations anti-guerre pendant le conflit du Vietnam était la même que celle qui présidait aux manifestations contre la guerre en Irak: quelle que soit la guerre, l’Amérique doit perdre.
Je suis le parcours de Michael Moore depuis très longtemps, depuis les années 1980, lorsqu’il fut démis de ses fonctions de rédacteur en chef du magazine de gauche, Mother Jones. Il a été mis à la porte après avoir censuré un article sur le Nicaragua réalisé par le socialiste Paul Berman qui s’était montré légèrement critique envers le régime sandiniste. Moore était trop staliniste même pour les gauchistes de Mother Jones. Lui-même marxiste, persuadé que l’Amérique est un Léviathan impérialiste gouverné par des entreprises malintentionnées, Michael Moore s’est mué en un ennemi intime de l’Amérique. Michael Moore nie l’existence d’une guerre contre la terreur. Naturellement. À ses yeux, l’Amérique est un agresseur, responsable des attaques qu’il a subies. L’Amérique est la cause première de la guerre contre la terreur. Ce point de vue est partagé par un grand nombre des membres de la gauche politique qui prirent part aux manifestations anti-guerre. C’est leur credo, ce à quoi ils croient.
Observons maintenant où nous en sommes, en tant que nation, au beau milieu de cette élection présidentielle. Farenheit 9/11, le célèbre et très populaire film de Michael Moore, présente l’Irak comme un pays paisible, presque idyllique, cruellement assailli par un ennemi impitoyable et sournois – nous. La première de ce film de propagande anti-américaine s’est déroulée en la présence du dirigeant de l’opposition politique, Terry McAuliffe, et des sénateurs Clinton, Daschle et Harkin, entre autres démocrates. Cela montre bien à quel point la morale a perdu du terrain dans un pays, lorsque les leaders de l’un des ses principaux partis considèrent comme légitime n’importe quelle attaque contre leur commandant en chef en exercice et prennent nos ennemis à la légère.
Ainsi, lorsque l’on médite réellement sur la question de la «trahison», on voit qu’il ne s’agit pas d’une simple affaire d’étiquette, et c’est pourquoi l’attitude défensive adoptée par les membres de la gauche sur l’usage de ce terme pour désigner des traîtres effectifs n’a rien de sincère, et témoigne simplement de leur mauvaise foi. Mis au pied du mur, ils sont les premiers à relever le fait que nos fondateurs, après tout, furent des traîtres eux aussi; que Benjamin Franklin déclara notamment: «Si cela est de la trahison, il faut en faire un maximum.» En Amérique, la nation repose d’abord sur ses principes fondateurs, et ensuite seulement sur les liens du sang et de la terre. Si l’Amérique est vraiment le pire État terroriste, comme le proclament Moore et ses amis gauchistes, si l’Amérique est vraiment un monstre impérialiste, alors l’Amérique a trahi son principe fondateur de liberté. Et si tel est le cas, la loyauté envers l’Amérique exige de tout patriote authentique qu’il commette des actes de trahison afin de préserver la foi américaine en la liberté. Ainsi, la loyauté envers l’humanité exige de trahir l’Amérique. Voici le code de vie adopté en toute conscience par des gauchistes tels que Michael Moore.
Pour porter un jugement correct sur la question de la trahison dans un contexte américain, il faut commencer par décider, en son âme en conscience, si cette nation a bel et bien trahi ses principes fondamentaux et si, à ce titre, elle mérite d’être détruite. Si oui, alors on peut rejoindre Michael Moore et la gauche politique, et se sentir à l’aise avec ce choix. Sinon, il faut bien réfléchir à ce que ces gens sont en train de faire.
Différend au sujet de la guerre
Tournons-nous maintenant vers la question de ce qu’est une critique légitime dans le cadre d’une démocratie. Il devrait aller sans dire qu’il est légitime de critiquer toute politique proposée par un gouvernement. C’est là le sens de la démocratie. Aucune politique n’est au-dessus de la critique, pas même celle qui a trait à la guerre.
Mais chacun comprend bien – ou comprenait – qu’en temps de guerre, d’autres considérations affectent – ou devraient affecter – le ton, voire la substance de la critique. Le slogan Loose lips sink ships («ne pas tenir sa langue peut couler des navires») a été immortalisé sur des affiches pendant la Deuxième Guerre mondiale. Il s’agissait d’appeler les Américains à restreindre volontairement leur propre liberté d’expression pour sauver la vie de leurs concitoyens. Il s’agissait d’admettre que certaines déclarations soutiennent et renforcent une démocratie en guerre, tandis que d’autres l’affaiblissent et sapent sa capacité à se défendre.
Dans une guerre comme celle d’aujourd’hui, où l’ennemi pénètre parmi nous et tue des milliers de civils en une seule attaque, il est important de distinguer l’écart séparant la critique qui soutient l’effort de guerre, de celle qui l’entrave, même si cette démarcation n’est pas toujours facile à discerner. Certaines critiques sont malintentionnées et d’autres peuvent constituer, en soi, des attaques contre l’Amérique qui affaiblissent notre démocratie et compromettent notre défense.
Avant le début des combats en Irak, certaines voix critiques émirent la crainte qu’une intervention armée puisse embraser «les rues arabes» et enflammer le monde musulman. Cette critique a été prononcée par Brent Scowcroft, le conseiller à la Sécurité nationale de l’administration Bush précédente. Elle émanait manifestement d’une préoccupation légitime pour la sécurité de l’Amérique et une bonne partie des critiques de la guerre en Irak étaient basées sur des appréhensions de ce type. L’attaque de Scowcroft contre la politique du président était sévère. Il déclara que le président ne devrait mener la guerre contre l’Irak sous aucun prétexte. Mais il était évident que cette critique provenait d’une inquiétude légitime pour la sécurité de l’Amérique, une inquiétude qui se révéla infondée lorsque Saddam Hussein fut renversé par la campagne victorieuse la plus rapide et la moins coûteuse de l’histoire, et sans entraîner les conséquences imaginées par Scowcroft.
Une grande partie des critiques contre la guerre, cependant, sont basées sur des motifs qui n’ont rien à voir avec la sécurité de l’Amérique. Elles sont souvent exprimées de telle manière (et avec tant de témérité) qu’elles compromettent cette sécurité. Ainsi, lorsque les partisans de la gauche, après la victoire en Irak, déclenchèrent une attaque massive contre le président et commandant en chef, le traitant de menteur et affirmant que la guerre était une «imposture», nous avions affaire à tout autre chose. Car c’est tout autre chose de lancer des accusations sans fondement alors que nos troupes sont encore en Irak, en danger, et que les alliés de Saddam, comme les Français, ameutent l’opinion mondiale contre nous. C’est tout autre chose, en de telles circonstances, de déclarer que le président a menti au peuple américain et a envoyé nos soldats mourir pour des raisons fallacieuses. Et lorsque cela émane de gens qui approuvèrent la guerre, la trahison est plus énorme encore. Pourtant, c’est là ce que firent les dirigeants du Parti démocrate dans les deux mois qui suivirent la libération de Bagdad, avec, parmi les plus éhontés d’entre eux, Ted Kennedy et Al Gore, mais aussi John Edwards, Jimmy Carter, John Kerry et bien sûr Howard Dean.
Ces accusations débordent très largement le cadre d’une critique légitime en temps de guerre. Ces attaques incitent les Américains à se méfier de leur président, à haïr leur commandant en chef au beau milieu d’un conflit dans lequel les troupes qu’il dirige – nos troupes – meurent au combat et où notre pays est pris pour cible. Décrire l’Irak – un pays qui a agressé deux nations souveraines et au sein duquel un million de gens ont été assassinés – comme le fait Michael Moore dans son film Fahrenheit 9/11, comme un endroit idyllique où font intrusion, sous de faux prétextes, des maraudeurs américains qui utilisent leurs technologies supérieures pour déchiqueter des innocents «sans défense», ce n’est plus de la critique, c’est une attaque servant à saper l’autorité et la crédibilité du commandant en chef, à saboter la guerre de la nation contre la terreur et à nous affaiblir avant le coup de grâce. Ce n’est plus de la critique, et ça n’en a même plus seulement l’intention. C’est une guerre au sein de la guerre, dirigée contre nous – nous tous, démocrates et républicains. C’est notre sécurité à tous qui est menacée.
En résumé, il y a des critiques qui visent à nous aider et à nous défendre, et des critiques visant à nous affaiblir et, en fin de compte, à nous détruire. Ces dernières, lancées par des gauchistes tels que Michael Moore, s’efforcent de couler l’effort de guerre.
En réalité, bien sûr, les choses ne sont pas aussi clairement tranchées. Le thème de la critique est toujours entouré d’une zone grise irréductible. Ainsi, il est des incidents regrettables, communs à toutes les guerres et que des gens peu scrupuleux peuvent décider d’exploiter. Les crimes commis à Abou Ghraib en constituent un exemple. En regard des atrocités de la guerre – des atrocités commises par nos ennemis dans cette guerre –, les incidents d’Abou Ghraib furent mineurs. Il s’agit d’une série isolée d’actes impardonnables mais non représentatifs, commis par des exécutants de bas niveau. Certes, nous nous imposons un code de conduite plus élevé que nos ennemis (et la plupart de nos amis), et il était normal de s’indigner. Mais lorsque les incidents d’Abou Ghraib sont présentés comme des atrocités majeures à la une du New York Timespendant cinquante jours consécutifs et sont comparés par un sénateur de premier plan aux chambres de torture de Saddam Hussein, nous avons affaire à autre chose. Nous avons là un nouvel effort, effroyablement irresponsable, visant à renverser un président en exercice. Et son effet évident fut d’affaiblir le leadership américain et de saboter la guerre elle-même, et ainsi de compromettre la sécurité de tous les Américains.
Certains exagèrent hors de proportion les déficiences de Amérique – même en pleine guerre – pour favoriser leur carrière politique; d’autres le font par pure suffisance. Ils n’ont pas encore vraiment compris que nous sommes en guerre. Même après le 11 septembre, ils continuent de penser que l’Amérique est invulnérable. Ils n’ont pas assimilé le sens de ces attaques. Dans leur vision des choses, l’Amérique reste un pays libre où tout peut être dit. Et c’est le cas. Mais «tout» dire peut avoir certaines conséquences au beau milieu d’une guerre contre des terroristes qui veulent vous tuer, convaincus qu’ils iront au paradis en récompense, et qui disposent pour cela d’armes de destruction massive. J’ai pour mission, ce soir, de vous le rappeler.
Les ADM n’étaient pas le motif de la guerre
Examinons la nature de cette guerre. C’est en premier lieu une guerre dont la cause et les objectifs rendent très difficile de comprendre comment et pourquoi quiconque ayant foi dans les droits de l’homme et dans les droits des femmes, quiconque croit à l’égalité et à la liberté, pourrait s’y opposer. En quatre ans, George Bush a libéré près de 50 millions de gens dans deux pays islamiques. Il a encouragé les Irakiens et le peuple d’Afghanistan à entamer un processus politique qui va leur donner à tous, et plus particulièrement aux femmes parmi eux, des droits qui leur restaient inaccessibles depuis 5000 ans. Comment ne pas approuver une telle guerre?
Deuxièmement, la logique de cette guerre ne se trouve pas dans des stocks d’armes de destruction massive – un fait que la moitié de la nation soumise à l’influence retorse de l’élite démocrate semble avoir entièrement méconnu. Ce malentendu sur les raisons de la guerre est le résultat d’une action politique visant à déstabiliser un président, avec pour corollaire de graves répercussions pour la crédibilité et la sécurité de la nation. Cette distorsion est à la base de la majorité des attaques contre la guerre d’Irak.
Avant d’aborder cette question, il est important de se souvenir que les démocrates, qui s’opposent aujourd’hui avec véhémence à cette guerre ainsi qu’au président qui est en train de la mener, ont en fait approuvé et autorisé la guerre en Irak. L’autorisation de l’usage de la force en Irak a fait l’objet d’une résolution approuvée tant par le Congrès que par le Sénat, avec des majorités tant démocrates que républicaines.
Une résolution du Congrès autorisant à faire usage des forces armées – voilà une chose que Bill Clinton n’a pas même tenté d’obtenir avant d’aller en guerre au Kosovo. Cette entorse à la Constitution n’a jamais troublé les démocrates, ni à l’époque des faits ni aujourd’hui, ce qui montre à quel point cet aspect de leur critique de la guerre en Irak est partiale et injustifiable. L’autorisation de faire usage de la force en Irak, que le président demanda et obtint en octobre 2002, comporte 23 clauses au total. Ces 23 clauses explicitent les véritables raisons de la guerre. Je vous invite à en consulter le contenu sur le Web. Sur ce total de 23 clauses, je n’en ai trouvé que deux faisant simplement mention d’armes de destruction massive. Ce que les clauses mettent en exergue – douze d’entre elles, si je ne fais erreur –, ce sont les résolutions des Nations Unies que Saddam Hussein a ignorées ou enfreintes.
Ces résolutions ont été approuvées par une majorité des nations représentées au Conseil de sécurité des Nations Unies parce que Saddam Hussein avait envahi deux pays – l’Iran, puis le Koweït – et fait usage d’armes chimiques contre sa propre population. Permettez-moi de relever au passage que la participation des États-Unis à la guerre Iran-Irak a également été massivement déformée par la gauche politique, dans une tentative visant à compromettre la sécurité américaine et à nous faire perdre la guerre. Rappelons donc que, oui, nous avons fourni des renseignements et quelques armes à l’Irak (la majeure partie de leur armement provenait d’Union soviétique). Il s’agissait alors pour nous d’éviter que l’Iran ne gagne la guerre, pas de manifester notre amitié pour Saddam Hussein ou d’approuver ce qu’il faisait, comme des gauchistes tels que Michael Moore l’ont insinué. Le gouvernement islamique radical iranien avait lancé le djihad musulman contre l’Occident et créé l’expression de «Grand Satan» par laquelle il nous désignait. La population d’Iran est trois fois plus importante que celle de l’Irak. C’est pourquoi il était prudent de donner un coup de pouce à Saddam et d’empêcher ainsi les islamistes radicaux de conquérir l’Irak pour prendre le contrôle du Golfe et de son pétrole. C’était là tout le sens de notre participation à cette guerre, et c’est pure calomnie que de dire d’une Amérique aujourd’hui prise pour cible qu’elle a «soutenu» Saddam Hussein. Ce n’est qu’une autre manière gauchisante de dire que l’Amérique est un État «hors-la-loi» et qu’il ne saurait donc y avoir de base morale à notre guerre contre Saddam.
Nous sommes allés en guerre contre Saddam Hussein en 1991 pour le chasser du Koweït, dont ses armées n’avaient fait qu’une bouchée. Au terme du conflit, aucun traité de paix n’a été conclu, juste une trêve, qui laissait Saddam en place. Cette trêve a été scellée par les deux premières des dix-sept résolutions des Nations Unies que Saddam Hussein a violées depuis lors. Il s’agissait des résolutions 687 et 689, qui établissaient les conditions auxquelles nous – qui étions techniquement toujours en guerre contre Saddam – lui permettions de rester au pouvoir. Ces résolutions enjoignaient à Saddam de désarmer et de stopper ses programmes de développement d’armes de destruction massive. Les quinze résolutions ultérieures, que Saddam a toutes violées, avaient pour objet de confirmer et de renforcer les deux premières.
Comment savions-nous qu’il avait des programmes de développement d’armes de destruction massive? Parce qu’il avait gazé les Kurdes. Parce que son propre beau-frère, chargé de gérer le programme d’armement nucléaire, déserta et nous informa de la situation. Parce que les inspecteurs de l’ONU dépêchés en Irak, conformément aux résolutions des Nations Unies, trouvèrent des armes de destruction massive, qu’ils démantelèrent. Les résolutions de l’ONU – appuyées par les forces armées des États-Unis – donnèrent certains résultats, mais uniquement partiels et temporaires. Saddam fut forcé de stopper les programmes découverts par les inspecteurs de l’ONU, et il fut obligé de cesser les répressions des minorités ethniques et religieuses d’Irak, comme l’exigeaient les résolutions de l’ONU. Mais sans une armée d’occupation en Irak, les instances internationales de l’ordre et de la loi étaient incapables de le contraindre à respecter ces accords, ou de mettre en pratique les résolutions et les sanctions qui devaient les accompagner. Avec l’aide de la France, de la Russie et de la Chine, Saddam entrava le travail des inspecteurs et ignora les résolutions jusqu’à finalement expulser les inspecteurs des Nations Unies, en 1998. Ce geste constituait un acte de guerre en soi. Saddam, ainsi, rompait la trêve.
Lorsque Saddam expulsa les inspecteurs de l’ONU, Bill Clinton fit lancer 450 missiles sur l’Irak (davantage que ce que les États-Unis lancèrent sur l’Irak pendant toute la guerre du Golfe) et obtint l’approbation du Congrès, à une large majorité des deux partis, d’un «Acte de libération» de l’Irak. Mais, malgré son nom, l’acte de libération de l’Irak ne faisait que demander l’autorisation de fournir une aide militaire aux Irakiens qui tenteraient de renverser Saddam Hussein. Il ne prévoyait pas qu’une armée américaine fasse la besogne. Bill Clinton avait compris la grave menace que représentait Saddam Hussein pour la paix internationale; il pensait, et déclarait, que Saddam devrait être écarté du pouvoir, car il avait rompu la trêve. Sans les restrictions imposées par la trêve, il constituait un danger évident et immédiat pour ses voisins et pour le monde. Mais Bill Clinton n’envoya pas d’armée faire le travail, car en 1998 il était trop occupé avec une stagiaire pour assumer ses devoirs de commandant en chef.
En 1998, Bill Clinton avait au moins compris, comme l’avaient également admis, à l’époque, John Kerry, Tom Daschle et Al Gore, que Saddam Hussein avait violé les lois internationales et était devenu une menace pour la paix. Il avait mené deux guerres d’agression. Il avait montré qu’il était fermement décidé à ignorer les inspections de l’ONU et les accords de contrôle d’armement qu’il avait signés. Il était évident aux yeux de tous – c’est-à-dire de tous les services de renseignement de la planète – que Saddam était résolu à braver les sanctions des Nations Unies et à développer des armes de destruction massive dès qu’il le pourrait. Pourquoi aurait-il expulsé les inspecteurs de l’ONU s’il n’avait pas eu l’intention de construire, et d’utiliser, des armes de destruction massive (le fameux rapport Duelfer indique que tel était bel et bien le cas) ?
Saddam exprima son aversion pour les États-Unis d’innombrables manières, y compris en tentant d’assassiner le président et en s’offrant le luxe d’être le seul chef d’État qui ait célébré la destruction du World Trade Center après le 11 septembre. Malgré les dénégations de la gauche, il existait effectivement des liens solides entre les terroristes internationaux, dont Al-Qaida, et le régime de Saddam Hussein. Vous pouvez les découvrir dans le livre de Stephen Hayes, The Connection, qui montre les relations existant entre le gouvernement irakien, Al-Qaida et les principales organisations terroristes mondiales. Entre autres gestes en faveur du Djihad islamique, Saddam Hussein ajouta la proclamation «Allahou Akbar» sur le drapeau irakien. S’il adopta ainsi le mantra du martyre islamique, ce n’est pas à la suite d’une révélation religieuse, c’est parce que les terroristes islamiques avaient fait leur cri de guerre de ce slogan, et que Saddam voulait participer à cette guerre.
La nécessité de la guerre
À l’automne 2002, les États-Unis se trouvaient en position incertaine entre Saddam et ses ambitions malveillantes. Une position incertaine parce que la première administration Bush n’avait pas écarté Saddam Hussein à l’issue de la guerre du Golfe et parce que l’administration Clinton était trop paralysée par les idéologies et les circonstances pour agir lorsque la nécessité de réparer cette erreur devint incontournable. Clinton lança des centaines de missiles sur l’Irak, mais il n’y avait pas là de quoi impressionner un tyran de l’acabit de Saddam Hussein. Pour cela, il faut déployer les marines et prendre le contrôle de son État hors-la-loi. Après sa défaite dans la guerre du Golfe, Saddam, resté sûr de lui, affirmait que l’Amérique pouvait gagner une guerre froide, mais qu’elle était incapable d’encaisser dix mille victimes. Oussama Ben Laden fit une déclaration analogue après l’humiliation subie en 1993 par l’Amérique en Somalie: l’Amérique pouvait faire une guerre froide, pas une guerre chaude. Face aux guerriers islamiques, l’Amérique allait prendre la fuite.
Aux yeux de Saddam, nous n’étions qu’un tigre de papier. Et c’est peut-être la principale cause de l’erreur de jugement qui a provoqué la deuxième guerre du Golfe. Mais cette image correspond bien, en fait, à ce que nous étions avant le 11 septembre – une puissance qui s’était révélée incapable de déployer des troupes pendant plus de quatre jours consécutifs depuis 1973. Le 11 septembre 2001, le monde changea. Il changea parce que la vision d’un président américain avait changé. Le président Bush avait compris que cet acte perpétré contre nous équivalait à une déclaration de guerre. Il avait compris que dans le monde où nous vivons aujourd’hui, des terroristes pouvaient, avec le soutien d’États terroristes tels que celui de Saddam Hussein, accéder à des armes chimiques, biologiques et bientôt nucléaires qu’ils pourraient introduire clandestinement aux États-Unis et causer des dommages incalculables. L’Amérique ne pouvait pas attendre qu’une telle attaque ait lieu pour réagir à la menace représentée par ces régimes. Les conséquences en étaient inacceptables. Ainsi, l’Amérique devait frapper avant que la menace ne devienne imminente. Elle devait agir pour promouvoir la démocratie dans le monde musulman ou risquer de voir se multiplier des régimes comme celui de Saddam Hussein, qui auraient constitué autant de menaces permanentes pour sa sécurité et pour la paix. C’est là la doctrine Bush. L’entrée résolue dans la guerre déclarée contre nous par les terroristes et les régimes – Iran, Syrie, Libye, Corée du Nord et autres – qui les «hébergeaient».
Pour ceux qui doutent de la sagesse de cette politique, arrêtons-nous un instant et demandons-nous si les mesures décidées par George Bush nous ont protégés ou non, en fait, depuis le 11 septembre. Considérons la question sous l’angle suivant: le 12 septembre, personne dans cette salle ou parmi les téléspectateurs n’aurait parié un sou sur le fait que nous ne subirions plus d’attaques durant plus de trois ans. Pourquoi cela? Parce que nous savions tous que nous ne pouvions tout simplement pas nous défendre contre un ennemi terroriste déterminé. Car, comme nous le savons tous également, nous n’avons pas de frontières dignes de ce nom. Nous avons onze millions de résidents illégaux aux États-Unis et nous ne savons ni qui ni où ils sont. Sur ces étrangers illégaux, 100.000 sont originaires d’États terroristes du Moyen-Orient. Notre société est relativement ouverte et nous avons d’innombrables «cibles molles». Si nous n’avons pas subi d’attaques dans ce pays depuis le 11 septembre, c’est uniquement parce que George Bush, Dick Cheney et Donald Rumsfeld ont déplacé la guerre dans le camp ennemi.
George Bush a reconnu que dans une guerre comme celle-ci, la seule défense efficace consiste à passer à l’offensive. L’administration Bush a balayé les trois quarts des soldats d’Al-Qaida et maintient les autres terroristes en mauvaise posture et en fuite. Et c’est pourquoi ils ne nous ont pas attaqués. Nous ne nous battons pas seulement contre Al-Qaida, d’ailleurs. Nous combattons l’Islam radical, c’est-à-dire, entre autres, Zarqaoui, Zawahiri, le Hamas, le Hezbollah et le Djihad islamique palestinien – et s’ils sont tous à bout de souffle, c’est parce que nous sommes à l’offensive.
Dans leurs critiques contre le président, les opposants à la guerre et même certains leaders démocratiques que nous avons connus mieux inspirés dirent que l’Irak ne constituait «pas une menace». Si l’Irak n’était pas une menace, pourquoi l’Afghanistan en était-il une ? L’Afghanistan est un pays beaucoup plus pauvre que l’Irak. Il ne possède pas de pétrole. Il n’était pas en tractations avec la Corée du Nord pour se procurer des armes nucléaires, comme l’était l’Irak de Saddam lorsque les troupes américaines franchirent ses frontières. Pourquoi, donc, l’Afghanistan constituait-il une menace? Parce qu’il donnait refuge aux terroristes, leur offrait une base depuis laquelle ils étaient en mesure de porter un coup terrible aux États-Unis.
Si l’Afghanistan constituait une menace, alors l’Irak en représentait de toute évidence une plus grave encore, à l’instar de l’Iran. Quelques sophistes de gauche souhaitent savoir pourquoi nous n’avons pas attaqué l’Iran ou la Corée du Nord. Il s’agit en fait des mêmes gens qui qualifient notre intervention en Irak d’illégitime, d’illégale. Leurs propos relèvent de la mauvaise foi, mais je leur répondrai tout de même. La différence entre la Corée du Nord et l’Irak réside dans le fait que, pour condamnable que soit la Corée du Nord, elle ne fait pas partie du Djihad islamique épousé par Al-Qaida, par le Hamas et par Saddam Hussein (74 milliards de dollars provenant des fonds «Pétrole contre nourriture» volés par Saddam avec l’aide d’officiels onusiens de haut rang servirent directement, par exemple, à financer le Hamas). La différence entre l’Iran et l’Irak réside, elle, dans le fait que nous étions effectivement en guerre contre l’Irak, et cela depuis 1991. N’avez-vous donc pas remarqué que notre armée de l’air exécutait des missions quotidiennes au-dessus des zones d’embargo aérien de l’Irak afin d’empêcher Saddam Hussein de larguer des gaz toxiques sur les Kurdes? Dix années durant, nous avons mené une guerre de «faible intensité» contre l’Irak afin de maintenir Saddam dans les limites fixées par les résolutions de l’ONU. Cette guerre n’a pas atteint son but, et c’est la raison pour laquelle nous avons lancé une guerre de plus grande envergure, pour finir le travail entamé.
Le rapport Duelfer, réalisé après la chute de Saddam, conclut que Saddam Hussein poursuivait un objectif prioritaire, lequel consistait à supprimer les sanctions des Nations Unies, expulser les inspecteurs de l’ONU et reprendre ses programmes de production d’armes de destruction massive. Et c’est-là le sens et la raison de la guerre. Après le 11 septembre, George Bush se rendit compte que l’Irak échappait à tout contrôle et devenait donc une menace. Il dit alors à Saddam: «Vous êtes l’un des éléments d’un “Axe du Mal” et vous violez les dispositions de la trêve de 1991. Vous devez respecter les termes de l’accord que vous avez signé et des résolutions des Nations Unies, et désarmer, ouvrir vos frontières aux inspecteurs de l’ONU et renoncer à vos ambitions d’acquérir des armes de destruction massive – ou sinon…» Le premier de ces ultimatums a été adressé à Saddam dans le cadre du discours, «l’Axe du Mal», sur l’état de l’Union, prononcé en janvier 2002. C’était plus d’une année avant notre entrée en guerre.
Lorsque le sénateur Kerry dit que les États-Unis «se précipitèrent dans la guerre», une question vient irrésistiblement à l’esprit: de quoi peut-il bien parler ? Peu après que George Bush ait averti Saddam Hussein, en janvier 2002, Al Gore donna son premier discours de politique étrangère depuis l’élection de l’an 2000. Dans cet exposé, Gore félicita Bush pour avoir su discerner, en l’Irak, l’une des composantes d’un axe du mal. Il releva que Bush avait subi des critiques à la suite de cette déclaration et il souhaitait soutenir cette décision du président. Car le régime de Saddam était bel et bien malfaisant et constituait une réelle menace pour la paix. Gore déclara que l’Amérique devait faire tout ce qui serait nécessaire pour gérer la menace que Saddam représentait, même si elle devait pour cela agir seule et sans l’approbation de nos alliés.
Honte à Al Gore, pour avoir trahi [ensuite] sa propre vision de l’Irak et pour ainsi avoir risqué des vies américaines. Honte à toute la classe dirigeante du Parti démocrate, pour avoir trahi une guerre qu’elle avait ratifiée afin d’obtenir un avantage politique. Honte à tous ces gens, pour avoir trompé les Américains qui leur font confiance en matière de politique et de sécurité nationales. Honte à eux, pour avoir ainsi compromis la sécurité de l’Amérique. Quelle que soit l’issue de cette élection, le Parti démocrate y aura sacrifié la sécurité de 300 millions d’Américains pour des avantages politiques. Honte à eux.
La guerre n’a pas été précipitée. En septembre 2002, six mois avant la guerre, le président se présenta devant l’ONU et déclara que les Nations Unies devaient mettre en vigueur ses résolutions en Irak sous peine de perdre toute pertinence. Si le Conseil de sécurité de l’ONU n’était pas prêt à remplir ses obligations en imposant le respect de ses propres résolutions et en défendant la paix, les États-Unis entendaient le faire à sa place. Les États-Unis avait alors déjà entamé le transport de troupes vers le Golfe, ce qui incita Saddam à autoriser aussitôt le retour des inspecteurs de l’ONU. Durant les mois qui suivirent, le président américain déclara plus d’une fois à Saddam: «Vous désarmerez, ou nous vous désarmerons.» Ce n’était nullement une guerre précipitée, mais une marche tout à fait délibérée vers un moment de vérité qui allait permettre de tester les intentions de Saddam une dernière fois: désarmez, ouvrez vos frontières et permettez des contrôles sans restrictions par les inspecteurs de l’ONU, ou sinon…
En octobre, à la suite de son discours à l’ONU, le président alla devant le Congrès et obtint l’autorisation dont il avait besoin pour faire usage de la force contre l’Irak si Saddam persistait dans la politique de dérobades et d’entraves aux contrôles, qu’il poursuivait depuis plus de dix ans. L’approbation fut accordée par 77 sénateurs contre 23 et recueillit une majorité des deux côtés de l’hémicycle. Le 9 novembre, le président obtint un vote unanime – 15 voix contre 0 – du Conseil de sécurité sur la résolution 1441, laquelle déclarait à Saddam, en substance: «Vous allez désarmer, et vous allez montrer que vous avez désarmé en fournissant une déclaration exhaustive de vos armes de destruction massive, ou ‹de graves conséquences› s’ensuivront.» Le délai pour se conformer à ces injonctions fut fixé à 30 jours.
J’ai lu le livre du Président de la Commission de contrôle de l’ONU, Disarming Iraq. Hans Blix est un Suédois de gauche qui, comme il l’admet lui-même, était opposé à la guerre, quelles qu’en soient les raisons. Mais, dans son livre, il affirme clairement que la résolution 1441 était en fait une déclaration de guerre rédigée dans un langage diplomatique. Le dernier délai donné à Saddam pour se conformer aux exigences en question était le 7 décembre 2002. Ce jour-là, Saddam Hussein livra un rapport de 12 000 pages, qui n’était que de la poudre aux yeux. Hans Blix lui-même, dans son ouvrage, admet que ce rapport n’était que de la poudre aux yeux, que les informations qu’il contenait provenaient de rapports fallacieux que Saddam avait déjà présentés par le passé, qu’il occultait des milliers d’armes et qu’il ne remplissait effectivement pas les conditions fixées par le Conseil de sécurité.
À cette étape, une question doit être posée: combien de fois les Nations Unies – et, à plus forte raison, les États-Unis – peuvent-ils avertir Saddam Hussein de sanctions sans les faire suivre de conséquences concrètes ? S’il n’y a jamais de «sinon», toute la substance du droit international se révèle une simple farce. S’il n’y a jamais de «sinon», qui prendra encore l’ONU au sérieux ? Et surtout, qui respectera encore la parole des États-Unis? Si la parole des États-Unis ne peut pas être prise au sérieux, le seul moyen qui nous restera de dissuader un agresseur consistera à faire la guerre. Ne pas appliquer la résolution 1441 de l’ONU revient à mépriser le droit international (comme l’a fait remarquer le premier ministre Tony Blair aux Français) et accroîtrait ainsi la probabilité de guerres futures, aux conséquences beaucoup plus meurtrières que celle d’Irak.
Kerry et d’autres voix critiques de la gauche prétendent que Saddam Hussein aurait pu être contenu, que les inspections d’armes auraient fini par faire leur effet. Mais ces déclarations sont purement gratuites. La seule raison pour laquelle les inspecteurs de l’ONU furent réadmis en Irak était la présence, aux frontières irakiennes, de 200 000 soldats américains qui, sur l’ordre du président Bush, menaçaient de mettre un terme au régime. Combien de temps pensez-vous que les États-Unis auraient pu maintenir une telle concentration d’attention et un tel déploiement de ressources autour de l’Irak, uniquement pour voir si Saddam allait respecter ses engagements? Cela aurait équivalu à paralyser les capacités des États-Unis à gérer les événements du reste du monde tout en coûtant un milliard de dollars par semaine et en faisant de 200 000 soldats américains autant de cibles immobiles dans le désert arabique. Et il aurait fallu tout cela pour tenter d’empêcher enfin Saddam Hussein de se dérober aux sanctions et aux contrôles qu’il contournait déjà depuis plus de dix ans, avec l’aide de puissances majeures telles que la Russie, l’Allemagne, la Chine et la France. Ce n’était tout simplement pas faisable, et ç’aurait été dangereux d’essayer.
John Kerry dit qu’il a un autre plan. Mais il n’y a pas d’autre plan. Soit vous renversez le dictateur, soit vous vous montrez conciliant avec lui, et, ce faisant, vous renforcez vos ennemis. Vous prouvez, une fois de plus, que l’Amérique n’a pas la poigne nécessaire pour aller en guerre et défendre ses intérêts vitaux. Vous prouvez, une fois de plus, que l’Amérique est une nation de conciliateurs. Le Parti démocrate est devenu un parti de conciliation. Et c’est là le cœur de ce conflit politique intérieur. Le Parti démocrate s’entête dans l’illusion et la dénégation dès qu’il est question de gagner concrètement la guerre contre la terreur. C’est peut-être le réflexe humain le plus fondamental qui soit de nier ainsi la nécessité de prendre une décision pénible, en l’occurrence de combattre le dictateur en mars 2003, ou de le combattre plus tard, lorsqu’il y serait encore mieux préparé.
Le rôle de la gauche
Il y eut un autre détour sur le chemin menant à l’heure de vérité de Saddam. Au lendemain de la date-butoir du 7 décembre, l’Amérique et la Grande-Bretagne étaient les seules puissances majeures décidées à admettre que Saddam Hussein avait bravé les Nations Unies une 17e fois et ainsi mis la communauté internationale au défi de lui faire rendre des comptes. En janvier, les gauchistes britanniques rassemblèrent 750 000 manifestants anti-guerre dans les rues de Londres, ce qui aurait équivalu à quatre millions de protestataires dans les rues de Washington. Les contestations étaient ciblées sur le principal allié de l’Amérique, Tony Blair, et tentaient de le forcer à rejoindre le camp des partisans de la conciliation avec Saddam et à refuser d’appliquer l’ultimatum de l’ONU.
Mais même quatre millions d’Américains n’auraient pas vraiment équivalu à la masse de partisans de la conciliation que dut affronter Tony Blair, car les manifestants étaient issus de son propre parti. L’équivalent eût consisté en la mobilisation de millions de républicains, dans les rues de Washington, pour obliger Bush à revenir sur sa promesse de faire respecter l’ultimatum approuvé par le Conseil de sécurité unanime. Tony Blair proposa au président Bush de réunir encore une fois le Conseil de sécurité de l’ONU pour obtenir une deuxième résolution, en fait superflue. Parce que Tony Blair avait prouvé qu’il était un allié si loyal – et probablement parce qu’il était mis sous pression par Colin Powell – le président Bush accepta. Il n’aurait pas dû le faire, pour deux raisons. D’abord, comme les Français en informèrent Colin Powell après les faits, ils n’auraient voté «en aucune circonstance» une résolution prévoyant une guerre. Comme nous le savons à présent, les Français avaient été soudoyés à coups de millions de dollars prélevés sur le programme de l’ONU, «Pétrole contre nourriture», et par la promesse de Saddam de leur concéder des contrats pétroliers portant sur plusieurs milliards de dollars. Par ailleurs, les Français étaient, de toute manière, les alliés de Saddam.
Aller devant l’ONU pour faire réitérer, inutilement, le message de la résolution 1441, dont la date-butoir était échue, était une mauvaise idée pour une deuxième raison. Pour essayer de persuader une gauche irrémédiablement butée, Colin Powell se rendit à l’ONU et fit sa fameuse présentation visant à établir que Saddam possédait des armes de destruction massive et devait être renversé à ce titre. Ce fut cette présentation – entièrement inutile pour motiver la guerre et destinée exclusivement à persuader la gauche – qui permit à cette même gauche d’accuser le président d’avoir «trompé» la nation pour l’envoyer en guerre en affirmant l’existence d’armes de destruction massive qui ne furent jamais découvertes.
La guerre d’Irak n’était pas motivée par des armes de destruction massive, mais par les violations du droit international commises de manière répétée, dix ans durant, par Saddam Hussein, par sa détermination manifeste de rompre les accords de l’ONU sur le contrôle des armements et d’acquérir des armes de destruction massive. Il n’y eut aucune précipitation vers la guerre mais une progression délibérée, approuvée par les deux partis politiques et par un vote unanime du Conseil de sécurité (que la France et la Russie n’avaient aucune intention de respecter). Ce n’était pas une action unilatérale et ce n’était pas une réponse à «une menace imminente en fait inexistante». Dans son discours sur l’état de l’Union de janvier 2003, juste avant le début des combats, le président déclara maintes fois que nous n’allions pas attendre que Saddam devienne une menace imminente. Nous n’allions pas attendre jusqu’à ce que Saddam possède bel et bien des armes de destruction massive et qu’il prépare des plans d’attaque contre nous. Nous n’allions pas attendre qu’il nous frappe le premier. Le président dit tout cela si clairement, ce jour-là, de tant de différentes manières: nous n’attendrons pas que ces événements se produisent. Saddam devra se plier à l’ultimatum de l’ONU. Il devra désarmer et prouver qu’il a désarmé, ou nous le désarmerons. La Doctrine Bush est basée sur une réalité incontournable: dans un monde où les terroristes disposent de moyens permettant de tuer 3000 Américains en une seule attaque, nous ne pouvons pas attendre que l’ennemi nous prouve, sans l’ombre d’une doute, qu’il a l’intention de nous nuire.
À ce stade, il serait peut-être temps de se demander comment le Parti démocrate est devenu un partisan de l’apaisement, à l’aube de la guerre, puis un saboteur de l’effort de guerre lorsqu’elle fut engagée. Comment le Parti démocrate en est-il arrivé au point où ses dirigeants rompirent avec un demi-siècle de tradition bipartisane en politique étrangère, et cela sur des questions décidant de la guerre et de la paix? Comment a-t-il pu passer ainsi sous l’influence d’une gauche historiquement anti-américaine, au point de laisser cette gauche dominer ainsi sa politique présidentielle?
La réponse brève à ces questions consiste à montrer que le glissement à gauche du Parti démocrate débuta avec la campagne de McGovern, lorsque la gauche anti-guerre du Vietnam pénétra dans ses rangs et y acquit des positions prépondérantes dans sa représentation au Congrès. De toute évidence, les circonstances de la guerre d’Irak et le mouvement d’opposition correspondant sont très liés, notamment, à la campagne de Howard Dean, financée par cette gauche, guidée par ses passions et dont le succès aux primaires persuada John Kerry et Al Gore de passer dans le camp anti-guerre. Il y a également des liens très solides avec la funeste décision de Jimmy Carter et d’Al Gore de faire de la guerre une question partisane et de rompre ainsi avec 50 ans de tradition bien établie. Mais, avant même ce moment, il y avait l’influence de la campagne de McGovern, 30 ans auparavant, soit de la campagne «anti-guerre» originale, qui exigeait que l’Amérique abandonne son allié au Vietnam et quitte le champ de bataille. Pratiquement tous les leaders du mouvement anti-guerre d’Irak, y compris la plupart des dirigeants du Parti démocrate qui soutinrent le mouvement, étaient des anciens partisans de la campagne anti-guerre du Vietnam.
La gauche n’a jamais tiré les leçons du Vietnam, un fait clairement souligné par la manière dont Howard Dean, Ted Kennedy et les leaders du mouvement contre la guerre en Irak, évoquèrent la guerre du Vietnam, comme pour montrer qu’ils avaient raison et que leurs opposants avaient tort. Comme vous le savez peut-être, j’ai débuté mon parcours à gauche de l’échiquier politique et j’ai été l’un des fondateurs du mouvement contre la guerre du Vietnam. En fait, mes parents furent des communistes dûment enregistrés au Parti et ma première marche politique s’opposait à une guerre encore antérieure. J’avais neuf ans, en 1948, lorsque je descendais la 7e avenue de New York, avec mes parents et leurs camarades de parti, en scandant «One, two, three, four, we don’t want another war». «Nous» nous qualifiions alors de «progressistes» et soutenions le candidat du Parti Progressiste, Henry Wallace, ancien vice-président de Franklin Roosevelt mais devenu alors captif de la gauche communiste. La guerre contre laquelle nous manifestions était la «Guerre Froide» de Harry Truman, qui voulait empêcher Staline de conquérir encore davantage de territoires européens. Le mouvement pacifiste de l’époque croyait savoir que Staline avait «libéré» l’Europe de l’Est, alors qu’il l’avait en fait réduite en esclavage. Cette campagne constitua le germe des mouvements anti-guerre du Vietnam et de l’Irak, ainsi que de l’influence gauchiste sur le Parti démocrate. George McGovern entama sa carrière politique en 1948, dans le cadre de la campagne du Parti progressiste contre la guerre froide. Le Parti démocrate de Harry Truman était favorable à la guerre froide. Mais pour ce qui concerne les mouvements pacifistes, peu de choses ont vraiment changé depuis 50 ans.
Au début des années 1960, alors étudiant de troisième cycle à Berkeley, j’ai été l’un des organisateurs de la première manifestation contre la guerre du Vietnam. C’était en 1962, et je peux vous dire, en qualité de témoin direct, que tous ceux qui organisèrent cette manifestation étaient des marxistes et des gauchistes, convaincus que les communistes étaient en train de libérer le Vietnam, exactement comme Michael Moore croit, aujourd’hui, que Zarqaoui est en marche pour libérer l’Irak. À l’époque, j’étais un «nouveau gauchiste», déçu par le communisme de la génération de mes parents, et j’étais conscient que les communistes du Nord-Vietnam n’étaient pas des démocrates jeffersoniens, comme Jane Fonda et autres John Kerry semblaient le supposer. J’évitai l’action Winter Soldier Investigation, soutenue par Jane Fonda et John Kerry, visant à inciter des anciens de la guerre du Vietnam à parler des «crimes de guerre» auxquels ils auraient assisté. Jane Fonda était une idiote (certes, très «utile») qui avait épousé la cause communiste et trahi son pays. Peut-être John Kerry ne le comprit-il pas. Il se commettait ainsi avec des gens qui nourrissaient une haine des États-Unis aussi intense que leur haine actuelle de George Bush.
C’est une haine curieuse, qui semble indiquer que les démocrates ont collectivement fermé les yeux dans l’espoir de gagner cette élection. On peut dire ce que l’on veut sur George Bush, mais c’est un homme raisonnable et capable. On peut être en désaccord avec George Bush, mais ce n’est pas un «imbécile», ni un maladroit incompétent. Personne ne peut gérer une campagne électorale nationale avec succès et diriger une administration présidentielle sans posséder des capacités de jugement fondamentalement bonnes. C’est un homme que l’on peut désapprouver, mais que personne ne saurait ainsi rabaisser ou haïr, sans que ces attitudes ne soient plus révélatrices de la nature de leur auteur que de celle de leur cible.
En 1973, le président Nixon signa une trêve au Vietnam et en retira nos troupes. John Kerry, Jane Fonda et Tom Hayden menèrent alors une campagne visant à persuader les démocrates du Congrès de supprimer toute aide au Sud-Vietnam et au Cambodge. Lorsque Nixon sombra dans l’affaire du Watergate, le premier acte législatif des démocrates consista à annuler cette aide. Nous étions alors en janvier 1975. En avril, les régimes cambodgien et sud-vietnamien tombèrent. Il est particulièrement important de se remémorer ce fait, car c’est exactement ce que Terry McAuliffe propose que nous fassions en Irak aujourd’hui – que nous cessions toute aide et que nous levions le camp. En 1975, les démocrates stoppèrent toute aide militaire et économique aux deux régimes qui s’étaient opposés aux communistes. En conséquence, les communistes l’emportèrent. Trois ans plus tard, les vainqueurs communistes avaient massacré deux millions et demi de personnes. Le sang de ces victimes est sur la conscience de John Kerry, Ted Kennedy, Howard Dean et de gens comme moi. La différence est que j’ai compris alors, comme je comprends aujourd’hui, ce que nous avions fait, alors qu’eux en semblent incapables. Et c’est pourquoi je ne vais pas voter pour John Kerry à cette élection.
Si nous nous désengageons en Irak, ou si nous y sommes vaincus, le pays sera plongé dans un bain de sang au lendemain de notre départ. Les djihadistes égorgeront nos amis, nos alliés et tous les Irakiens qui luttent pour conquérir leur liberté. Mais ce sang coulera aussi dans les rues de New York et de Washington et de toutes les grandes villes américaines. Les djihadistes ont juré de nous tuer tous. Les gens qui croient que l’Amérique est invulnérable, que l’Amérique peut simplement quitter ce champ de bataille, ne comprennent encore rien au monde dans lequel nous vivons.
Les attentats du 11 septembre ont coûté 600 milliards de dollars à l’économie américaine et mis quasiment en faillite l’industrie aéronautique, laquelle nécessita un renflouement de quelque 15 milliards de dollars. L’industrie hôtelière a à peine récupéré du choc. Supposons que les terroristes aient poursuivi leurs attaques après le 11 septembre. Supposons que des attentats terroristes de grande envergure aient été perpétrés dans les principaux centres d’achats pendant la période de Noël, comme des menaces l’avaient alors laissé entendre. En lançant de telles attaques, les terroristes auraient pu faire chuter l’économie américaine toute entière et, avec elle, l’économie mondiale. Ensuite, des gouvernements seraient tombés à leur tour. Peut-être l’un d’entre eux aurait-il été le gouvernement pakistanais, une puissance nucléaire abritant une énorme présence islamique radicale. À quoi pensait donc le Parti démocrate en menant une telle politique de la terre brûlée contre un président en exercice, en mettant ainsi en jeu la sécurité de 300 millions d’Américains – uniquement pour obtenir un avantage politique?
Le pas le plus terriblement malheureux de ce processus politique, comme je l’ai déjà mentionné, fut celui franchi par Jimmy Carter et Al Gore en faisant de la guerre une question partisane, au lendemain de l’intervention du président Bush devant l’ONU, en septembre 2002. Carter et Gore envenimèrent ainsi le débat sur la politique militaire de l’Amérique et remplirent d’amertume l’âme de la nation. En conséquence, nous devons maintenant faire face aux terroristes et au monde avec une nation divisée sur la question de la guerre. Et nous savons que seule une Amérique divisée peut perdre une guerre.
La guerre intérieure
La cause première de la division sur cette guerre, comme sur celle du Vietnam, est l’aliénation volontaire de notre sens national pratiquée par une certaine gauche. Une gauche qui, pendant la guerre froide, accorda son soutien moral et politique à nos ennemis communistes et qui, au cours de la guerre actuelle, a conclu une alliance impie avec l’Islam radical. Cette gauche est en guerre non seulement contre notre action en Irak, mais aussi contre la défense de notre sécurité nationale. Cela vous surprendra peut-être d’apprendre que plus de 350 villes américaines ont d’ores et déjà, à l’instigation de la gauche politique, signé des engagements aux termes desquels elles refuseront de coopérer avec la Sécurité intérieure, notamment en ce qui concerne la protection de nos frontières nationales. L’université de Georgetown, où je me trouve ce soir, est l’un des principaux adhérents à cet effort séditieux. David Cole, un professeur de droit de cette université, est l’un des leaders intellectuels tant du mouvement contre la protection de nos frontières que de celui s’opposant au Patriot Act, c’est-à-dire à notre première ligne de défense. Et ce n’est pas une coïncidence s’il est également l’avocat de personnes inculpées d’actes de terrorisme.
L’inspirateur du mouvement anti-Patriot Act, qui prétend agir au nom des libertés civiles, est Sami Al-Arian, un ex-professeur de l’université de Floride du Sud. En 1996, Al-Arian fonda une organisation, la Coalition nationale pour la liberté politique, pour s’opposer à la loi anti-terrorisme. Cette loi fut promulguée sous l’égide de l’administration Clinton, à la suite de l’attentat à la bombe d’Oklahoma City. Al-Arian s’y opposa parce qu’elle autorisait l’usage de preuves maintenues secrètes dans des affaires de terrorisme. Or, ce ne sont certainement pas des motivations d’ordre constitutionnel qui motivèrent Al-Arian, devenu entre-temps une figure de proue de la gauche brandissant l’étendard des libertés civiles. La vraie raison pour laquelle Al-Arian combattit cette loi est que son beau-frère a été arrêté sur la base de ses dispositions. Tant Al-Arian que son beau-frère furent des membres dirigeants du Djihad islamique palestinien, une organisation terroriste responsable d’attentats-suicide ayant coûté la vie à plus de cent personnes au Moyen-Orient.
Sami Al-Arian bénéficie du soutien de David Cole, de l’UCLA, de l’Association nationale des avocats et des leaders du mouvement contre le Patriot Act. Ils continuent de prendre sa défense bien qu’il ait été arrêté par la police fédérale sur la base d’un acte d’accusation de 120 pages. Ses activités avaient déjà été mises en lumière par des journalistes au début des années 1990, mais il n’était pas possible, alors, de l’arrêter en raison d’obstacles légaux qui bloquaient toute enquête. Or ces obstacles n’ont pu être levés qu’avec l’introduction du Patriot Act. Durant près de dix ans, Al-Arian était de facto protégé par la présidente de l’université de Floride du Sud, Betty Coster, qui fait actuellement campagne en Floride pour un siège de sénateur démocrate.
Sami Al-Arian n’est pas le seul dans son cas. Lynne Stewart, membre de l’Association nationale des avocats, a également été inculpée par John Ashcroft. Comme Al-Arian, Stewart est défendue par l’ACLU et par l’Association américaine des professeurs d’université. Le département des études moyen-orientales de cette université, dirigé par John Esposito, a, des années durant, protégé les groupes terroristes derrière un rideau de fumée, défendant des leaders terroristes tels que Sami Al-Arian, prétendant qu’ils ne constituaient pas une menace pour les États-Unis et clamant, avec Salon.com et le magazine The Nation, que le dirigeant du Djihad islamique palestinien est persécuté par Ashcroft uniquement parce qu’il est musulman et palestinien.
Lynne Stewart est maintenant inculpée par Ashcroft pour avoir aidé son client, le cheikh aveugle Abdel Rahman, commanditaire du premier attentat à la bombe contre le World Trade Center, à mener des activités terroristes en Égypte. Lynne Stewart a déclaré publiquement considérer les terroristes comme des libérateurs et des combattants de la liberté. Pour Stewart, Abou Moussab Al-Zarqaoui et d’autres, tel Abdel Rahman, sont des combattants de la liberté. Et elle collabora aux activités terroristes du cheikh aveugle. Stewart est un héros des juristes de gauche; elle s’exprime dans des écoles de droit telles que Stanford, ou peut-être Georgetown, au titre d’invitée de la faculté. Ce n’est pas demain la veille que l’école de droit de Georgetown honorera John Ashcroft en l’invitant de la sorte.
Comment est-il possible que des gens qui se considèrent comme des avocats de la justice sociale puissent venir en aide à des radicaux islamiques qui décapitent des gens et exécutent à la Kalachnikov des femmes suspectées d’adultère? Comment des gens qui se prétendent progressistes peuvent-ils approuver ces individus? Ils le font en suivant la logique selon laquelle l’ennemi de mon ennemi est mon ami, car leur ennemi est les États-Unis. Ils le font en sacrifiant à une illusion, commune chez les radicaux, l’équivalent radical des 72 vierges qui attendent les djihadistes au paradis. Considérons un instant à quel point notre ennemi est perverti. Les martyrs musulmans en Palestine tuent leurs propres enfants en fixant des bombes sur leur corps, le corps d’enfants de 14 ans à qui ils disent que, s’ils font exploser des enfants juifs de 14 ans – et s’ils ont la chance d’être des mâles -, ils iront aussitôt au paradis où ils seront accueillis par 72 vierges. Ils commettent des crimes de masse pour aller au paradis. Et c’est exactement ce que fait la gauche. Pourquoi la gauche souhaite-t-elle détruire l’Amérique? Pour accéder au paradis. Un paradis qu’elle appelle le socialisme, le communisme, la justice sociale. C’est un rêve de paradis si séduisant qu’il justifie tous les crimes soi-disant nécessaires pour y parvenir.
La gauche radicale ne comprend pas que la cause fondamentale des problèmes sociaux est simplement la nature humaine. Il n’y aura jamais de monde socialement juste parce que le monde sera toujours régi par des êtres humains, et que les êtres humains sont, par nature, malhonnêtes, égoïstes, faillibles. Ne pas comprendre cela, c’est simplement s’illusionner, c’est nier la réalité. Ainsi, les radicaux poursuivent le même but que les djihadistes, c’est-à-dire le paradis. Et ils ont le même ennemi: le Grand Satan, c’est-à-dire nous autres. Vous ne pouvez pas lire ne serait-ce qu’une page de Noam Chomsky, de Howard Zinn, ou de Michael Moore sans comprendre que l’Amérique est le diable, l’origine même de tous les maux du monde, et qu’elle doit être détruite. C’est cette foi qui donne sa cohésion à l’alliance impie.
Pour affronter notre ennemi, nous devons adapter notre perception. Pour la gauche, l’ennemi de mon ennemi est mon ami. Pour des raisons de simple légitime défense, nous devons adopter le point de vue selon lequel l’ami de mon ennemi est mon ennemi.

Comments

  1. morana
    July 19th, 2008 | 9:34 pm
    Vous devriez envoyer ce commentaire à couleur 3 , chaîne de la rsr , complètement avariée par la gauche genevoise, vaudoise et suisse et financée par nos deniers pour saligoter Bush à longueur d’antenne étatisée….. 
  2. fingers
    July 20th, 2008 | 10:58 am
    “Certes, nous nous imposons un code de conduite plus élevé que nos ennemis (et la plupart de nos amis)”
    Un petit sarcasme discret, en passant 🙂
    AJM: 🙂
  3. madimaxi
    July 20th, 2008 | 10:31 pm
    Il y avait encore une autre raison d’intervenir, stopper ce massacre :
    “Lesley Stahl on U.S. sanctions against Iraq: We have heard that a half million children have died. I mean, that’s more children than died in Hiroshima. And, you know, is the price worth it?
    Secretary of State Madeleine Albright: I think this is a very hard choice, but the price–we think the price is worth it.”
    (60 Minutes 5/12/96)
    Le chiffre est faramineux et on était à peine au milieu de l’embargo. Selon les sources, la mortalité infantile atteignait 131 pourmille en 2001. Elle est retombée à 47 en 2007 faisant que, depuis la chute de Saddam et malgré la guerre, la population irakienne connaît sa progression la plus rapide de ces dernières décennies.

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