jeudi 11 janvier 2018

La femme dans l'inconscient musulman (Fatna Aït Sabbah)

La femme dans l'inconscient musulman, rectoLa femme dans l'inconscient musulman, verso
"La femme dans l'insconscient musulman" a été publié anonymement par peur des représailles chez Sycomore en 1981.

Nouvelle édition augmentée et refondue chez Albin Michel en 1986.
ISBN 2.226.02829.3



Extrait :
La jeune fille, son diplôme en main, va chercher un travail, démarche somme toute logique mais qui, en Islam, va à rencontre de la nafaqa, l'obligation faite à tout homme de subvenir à l'entretien de son ou ses épouses. Une femme qui gagne un salaire individuel est en soi la négation même de la hiérarchie patriarcale; un verset du Coran oblige les femmes à obéir, précisément parce que les hommes les prennent en charge :
Les hommes ont autorité sur les femmes... à cause des dépenses qu'ils font pour assurer leur entretien.
Sourate IV, « Les femmes », verset 34, trad. de Masson.
Une femme salariée, capable de se prendre économiquement en charge, est une aberration dans un système où la femme est définie comme passive et obéissante parce que économiquement dépendante. Gagner un salaire remet en cause le contrat économique qui fonde la hiérarchie et justifie la suprématie masculine. L'idéal de la famille musulmane exclut la femme de la production économique, son rôle se limitant à assurer la reproduction de la famille, et à garantir la gratification sexuelle au croyant qui, lui, doit se battre tout seul pour assurer la survie de sa famille. Ce qui perturbe l'Islam, c'est la confusion des rôles et des espaces : un homme qui reste à la maison et une femme qui vit une partie de sa journée à l'extérieur dérangent le système. Une femme qui gagne de l'argent et un homme qui n'en gagne pas perturbent le schéma, d'où la portée psychologique du chômage des hommes dans cette période de crise économique, et peut-être l'esquisse d'une explication du phénomène de l'intégrisme, analysé trop souvent comme un phénomène intrinsèquement « spirituel ». Le fait d'obliger les femmes à « retourner» au voile exprime la crise d'identité sexuelle que pose une femme capable de passer les mêmes examens que les hommes, d'obtenir les mêmes diplômes, de vendre sa force de travail, et de la transformer en monnaie sonnante et trébuchante. Khomeyni n'est pas un fou, comme se plaît à le décrire la presse non musulmane. Il fait son travail d'imam : contrôler le comportement des femmes, pour que l'Islam idéal ne devienne pas un fantasme délirant à force de ne plus coller au réel dans un pays où les femmes vont avoir de plus en plus accès au savoir. Si 70 % des femmes adultes sont analphabètes en Iran, 48 % des fillettes âgées de 12 à 17 ans sont inscrites dans des établissements scolaires. Dans le secondaire, les jeunes filles constituent 35 % de l'effectif. Le modèle iranien se retrouve un peu partout dans le monde musulman. Le pourcentage de jeunes filles âgées de 12 à 17 ans, inscrites dans des établissements secondaires, est de 34 % en Indonésie, 36 % en Irak, 54 % en Jordanie, 59% au Koweït, 58% au Liban, 47% en Arabie Saoudite, 64 % en Libye.
La scolarisation des femmes sape le fondement même de l'Islam comme stratégie démographique. La jeune fille idéale devrait se marier à un âge précoce, et donner des enfants à la collectivité aussitôt qu'elle est biologiquement en mesure de le faire.

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