samedi 6 janvier 2018

Violences anti-françaises en banlieue

combe-murat@wanadoo.fr
En France, les récentes manipulations de pages de l'histoire coloniale ou de l'esclavage n'ont finalement que renforcé, chez certaines populations, un sentiment de rancœur déjà présent. Les matérialistes de la mémoire ou les semeurs de graines de discorde n'ont fait qu'exacerber ces sentiments, en leur donnant une justification raisonnée. Ils portent néanmoins une lourde responsabilité dans les tensions communautaires qui se sont largement accrues sur notre territoire. Jeter de l'huile sur le feu ne peut que l'entretenir, voire l'amener à un point passé lequel il ne sera plus possible de l'éteindre.

La situation de loin la plus critique se présente aux migrants qui doivent parcourir un chemin d'intégration façonné par l'ensemble des trois paramètres précités. Dans ce cas, ils doivent affronter les difficultés cumulées des problèmes économiques, des problèmes moraux liés au passé historique et de la différence des systèmes de valeurs. Ces migrants sont ceux dont le processus d'intégration sera le plus compliqué, et surtout le plus risqué, sans issue prédictible.
TENSIONS DANS LA CONSTRUCTION DE L'IDENTITÉ
Appartenir aux dernières vagues d'immigration ne prédispose pas fatalement à une tension extrême avec l'identité française. Certains optent pour cette identité pour des raisons affectives ou philosophiques. On pourrait les appeler les Français de cœur et d'esprit. En migrant, ils viennent en quelque sorte se blottir dans les bras de la nation France, dont ils étaient déjà les enfants, avant même de la connaître en chair et en os. Passé les quelques années de difficultés incontournables pour la construction matérielle d'une nouvelle vie, ils ne rencontrent pas d'obstacle majeur à s'intégrer et à être reconnus par les Français. Ce qui est très saisissant, c'est de découvrir à quel point leur intégration semble évidente et spontanée, comme s'ils avaient depuis toujours fait partie du même univers. Ils sont les enfants adoptifs de la France. Restons toutefois lucides en précisant qu'ils ne sont pas majoritaires.
Un facteur qui influence significativement la construction de l'identité profonde est le tableau que les migrants dressent, à leurs enfants, du pays d'accueil. ]'ai déjà abordé ce point au début du livre, lorsque j'évoquais le socle indispensable aux descendants des immigrés pour pouvoir se construire dans le pays d'accueil. Plus les parents auront dépeint le pays d'accueil comme étranger, voire adverse, en raison du passé historique ou de la différence des systèmes de valeurs, plus leurs enfants développeront des résistances,
voire une opposition farouche à l'intégration.
Il est une attitude qui est individuelle, même si elle est
largement influencée par la culture familiale, c'est la pré-
disposition à rester plus ou moins fixé sur son passé ou sur
celui de son pays d'origine, plutôt que de s'investir dans
son propre avenir et dans celui de son pays d'accueil. Ceux
qui recevront une éducation qui invite à rester focalisé sur
le passé seront plus enclins à sombrer dans les difficultés
que réserve le chemin de l'édification d'une existence dans
un nouvel environnement. L'énergie mobilisée dans des
voies sans issue, le passé étant par définition déjà joué,
ne
sera pas investie dans ce qui se joue, c'est-à-dire
l'avenir.
La difficulté est encore plus grande si la focalisation sur
le passé entretient des tensions d'ordre moral ou philoso-
phique.
Une autre qualité personnelle qui aura une incidence
non négligeable sur le processus d'insertion et aussi sur
celui
de l'intégration est la capacité des individus à savoir
capi-
taliser sur ce dont ils disposent déjà. Vous trouverez tou-
jours, parmi un groupe de personnes parties avec le même
bagage , une proportion qui saura surmonter une à une
les difficultés rencontrées, quelle qu'en soit la nature,
tandis
que d'autres, dans le même temps, s'enfonceront peu à peu.
Pour s'en convaincre, il n”est qu'à observer comment, au
sein d'une même cellule familiale, les parcours des membres
d'une même fratrie, ayant pourtant grandi dans le même
environnement, avec les mêmes moyens humains et finan-
ciers, varieront parfois dans des proportions considérables.
Dans l'étude du problème de l'intégration des dernières
vagues d'immigration, l'un des principaux errements aura
été de considérer que l'immigration récente était de même
nature que celles qui l'ont précédée (Portugais, Italiens,
Européens de l'Est. . .), et que son traitement relevait, de
ce
fait, principalement du domaine économique. Par voie de
conséquence, on a réduit l'ensemble du puzzle de l'intégra-
tion à une seule de ses pièces, et qui plus est la plus
petite!
Il est un fait que l'intégration des plus récents migrants
qui fait actuellement débat en France ne peut être comparée
à celle des plus anciens. Le socle culturel de base de
ceux-ci
était identique à celui des Français de souche . Ces immi-
grés partageaient tous avec les Français le même héritage
culturel profond. Leurs différences culturelles étaient
mini-
mes, au regard de celles qui existent avec les populations
issues des dernières vagues d'immigration. Si l'immigration
récente avait été le fait de ressortissants des pays de
l'Europe
de l'Est ou du Sud, l'intégration aurait finalement réussi,
malgré le contexte économique tendu que l'on a connu ces
trente dernières années.
En plus de leur culpabilité liée à la période coloniale,
les Français éprouvent un profond malaise à vivre si bien,
quand tant de peuples souffrent à travers le monde, et
notamment en Afrique. Ils sont encore sous le coup du trau-
matisme psychologique provoqué par des images de famine.
suite
sur ce continent, largement diffusées. Leur conscience en
a été fortement ébranlée. Ils adoptent depuis, fait surpre-
nant, un regard qui n'est pas le même selon la couleur de la
misère qui leur est présentée. Selon que la misère touche le
Maghreb (ex-colonies), l'Afrique (ex-colonies et problèmes
de famine), l'Europe de l'Est, l'Asie ou l,Amérique du Sud,
elle n'a pas du tout la même résonance en eux. Cette idée se
nourrit également d'une méconnaissance de la transforma-
tion du continent africain. Pourtant, en Asie, en Europe de
l'Est ou en Amérique du sud, des enfants ont aussi les joues
décharnées. Ils sont contraints de travailler dès leur plus
jeune âge. Nombreux sont les adultes qui ont depuis long-
temps perdu leur sourire et leurs dents, faute
d'alimentation
appropriée. Ce regard biaisé que portent les Français sur
les
migrants les empêche d'adopter un comportement objectif.
La conséquence la plus lourde en est que les Français accep-
tent (mais seulement en apparence) de la part des migrants
des pays du Sud des comportements qu'ils n'accepteraient
sous aucun prétexte de la part d'autres migrants. Ils
taisent,
en particulier, ce qu'ils ne tairaient en aucun cas face à
des
Occidentaux. Cette attitude est préjudiciable à l'insertion
et à l'intégration des nouveaux venus, car elle leur occulte
la réalité a laquelle ils vont se trouver inéluctablement
confrontés au moment où ils souhaiteront entrer dans le
monde économique, s'ils n'ont pas identifié les points d'ac-
climatation, explicites ou non, que commande la société.
Les Occidentaux posent les uns sur les autres un regard
objectif et lucide. Lorsque surgissent des différends sur
des
points de cohabitation, la négociation s'engage de manière
le plus souvent tacite, et l'équilibre des forces en
présence
est maintenu de manière souple et continue. L'orsqu'un
migrant arrive dans un nouveau pays, il a de très fortes
chances, lorsque sa culture est très éloignée de celle de ce
nouveau pays, d'y rencontrer des tensions et des problè-
mes de cohabitation. Sur des éléments superficiels ou des
vétilles, la tension est amenée à disparaître très vite, car
un processus d'adaptation ou d'acclimatation réciproque
se met en place jusqu'à rendre cette tension supportable,
et donc acceptable. Lorsque des différences apparaissent
concernant des points fondamentaux, c'est-à-dire ceux qui
touchent aux valeurs profondes qui structurent la société,
se
font jour des tensions beaucoup plus grandes. Les Français
encaissent et ne bronchent pas. L'ennui, c'est qu'ils inté-
riorisent et accumulent toutes ces tensions. On sait que le
peuple français est doté d'une grande qualité, celle de pou-
voir beaucoup absorber. Il peut néanmoins réserver des sur-
prises, car absorber ne signifie pas nécessairement
assimiler.
Le peuple français saura-t-il un jour apprendre à s'exprimer
au fil de l'eau, sans attendre que sa frustration devienne
si
insupportable qu'elle se traduise par un tsunami?
On a en
particulier terriblement sous-estimé l'influence considéra-
ble des civilisations grecques et romaines, de la
Renaissance
et du siècle des Lumières, sur les schémas de pensée des
Occidentaux et sur l'organisation de leurs sociétés, telles
que nous les connaissons. Les sociétés qui n'ont que très
peu, parfois pas du tout, été façonnées, sculptées et inti-
mement travaillées par ces courants ont peu de chances de
partager les mêmes points de vue sur un grand nombre de
concepts et d'idéaux.
On nous a souvent proposé, comme explication aux
problèmes des enfants de l'immigration récente, l'échec du
modèle d'intégration dit à la française ou creuset répu-
blicain. Il conviendrait cependant de se demander si ce
modèle a véritablement été appliqué ou respecté ces vingt-
cinq dernières années. L'État, qui aurait pu devenir pour
les immigrés habités d'une réelle volonté de s'intégrer un
filet de sécurité, un tuteur, une boussole, a failli à ses
obli-
gations. Cette démission n'a pas été volontaire. On a juste
parié que le temps finirait par avoir raison de toutes les
difficultés. C'était compter sans la complexité de la nature
humaine, et sans le fait que les difficultés qui ne sont pas
traitées dès leur apparition finissent le plus souvent par
faire
boule de neige.
La boussole s'est bloquée, et l'immigré s'est retrouvé
seul face à lui-même, seul avec son système de valeurs et de
codes hérités d'une autre société. Il s'est surtout retrouvé
seul face à la pression de son groupe culturel d'origine.
les
Français auraient pu, eux aussi, à leur niveau, Jouer ce
rôle
de guides; mais, comme je l'ai déjà mentionné, bâillonnés
ils n'étaient plus en position d'aider cet immigré au jour
le
jour, pour l'amener à identifier les points d`acclimatation
nécessaires, et même indispensables, à son insertion dans
la société. Un immigré qui arrive dans un nouveau pays
en ignore tout le plus souvent. Il a besoin d'apprendre à
en connaître les règles. La démission de l'État a laissé le
champ libre à la montée en puissance des groupes com-
munautaires, qui se sont approprié les individus et les ont
peu à peu coupés des voies d'insertion. Cela s'est
d'ailleurs
rapidement traduit sur le terrain par la chute du taux d'in-
sertion des enfants de l'immigration.
La majorité des migrants rejoignent les pays économi-
quement développés pour y trouver un épanouissement
matériel. Ils ne recherchent en aucun cas une nouvelle
forme d'épanouissement affectif ou spirituel. C'est la
raison
pour laquelle ils sont les premiers surpris et déçus de
n'avoir
pas prévu qu'il leur faudrait évoluer dans une société qui
ne
partage pas leurs aspirations.
L'intégration des dernières vagues d'immigration repré-
sente un sérieux défi pour le peuple français, ainsi que
pour
les migrants et leurs descendants. Elle nécessite en outre
un
accompagnement différent de celui qui a été apporté aux
vagues d'immigration d'origine européenne. Il faut, dans
le même temps, accepter une évidence propre à tout ce qui
concerne les êtres humains : l'issue des processus
d'insertion
et d'intégration sera éminemment personnelle.
À chaque occurrence médiatique de difficultés les
concernant, on entend dire que les enfants de l'immigra-
tion ont perdu tout repère, ou qu'ils souffrent de cruelles
carences éducatives. Or, cela n'est pas tout à fait exact.
Ces
enfants ont bénéficié d'une éducation. Ils possèdent même,
pour la majorité d'entre eux, de solides repères, qui ne
sont
toutefois pas ceux de la société française. C'est la raison
pour laquelle les observateurs qui ne connaissent qu'une
seule culture se heurtent à une difficulté majeure, qui est
leur incapacité à décrypter les différences culturelles et
leurs
répercussions sur les comportements individuels. La ques-
tion est donc de savoir si la France peut admettre que les
familles qui arrivent sur son sol transmettent à leurs
enfants
tous leurs repères, y compris ceux qui vont les placer en
porte-à-faux avec la société d'accueil. `
Naturellement, nous savons tous que les enfants sont
éduqués par leurs parents et leur cercle familial. Ce sont
eux
qui leur transmettent leurs propres règles de vie en
société,
leur éthique, leur système de valeurs. Ils leur transmettent
également leurs sentiments d'approbation ou de rejet de
certains codes comportementaux. Soyons réalistes : accep-
tons que, de la même manière qu'un Français de culture
européenne qui émigre transmettra à ses enfants son pro-
pre référentiel de valeurs, les parents d'origine immigrée
transmettent, en France, à leurs descendants, leurs propres
idéaux et systèmes de valeurs. Plus il existera de
différences
entre les fondamentaux des deux systèmes de valeurs (celui
qui est transmis par les parents au sein de la famille, et
celui
de la société d'accueil), et plus difficile sera
l'insertion.
Lorsque ces différences touchent à des fondamentaux, de
réels conflits surgissent. l'enfant est de ce fait
régulièrement
confronté au délicat problème du choix des fondamentaux
qu'il doit respecter. Pour être en position de choisir,
encore
faudra-t-il qu'il soit psychologiquement en mesure d'effec-
tuer cet arbitrage et que sa famille accepte de lui laisser
ce
choix. Certes, l'identité possède un caractère dynamique
qui lui permet d'évoluer au gré des expériences, mais ce
mouvement peut être largement compromis lorsqu'il est
entravé par des agents extérieurs, rendant de ce fait
l'inté-
gration dans une nouvelle communauté difficile et parfois
improbable.
La même question se pose au sujet du sens de la Fra-
ternité . Celle que définit la Déclaration des droits de
l'homme et du citoyen est-elle véritablement reconnue et
partagée par tous sur terre? Tous les enfants sont-ils
réelle-
ment éduqués avec une conception de fraternité qui lierait
tous les hommes, de par leur seule qualité d'hommes? La
réponse est négative. Pour nombre de peuples, cette frater-
nité n'embrasse que ceux qui partagent le même héritage.
Cette différence de perception de la fraternité introduit
une
hiérarchisation des individus. C'est pour cette raison que
des actes de racisme à l'encontre de Blancs se produisent
aujourd'hui sur notre territoire. Nier l'existence du
racisme
anti-Blancs participe à renforcer le sentiment d'impunité
des auteurs de ces actes de racisme. On se prive dans le
même
temps d'une opportunité pédagogique vis-à-vis de ceux qui
adoptent une attitude qui n'a pas sa place dans la société
française. Combattre toutes les formes de racisme est une
obligation; faire une distinction, c'est s'inscrire soi-même
dans une position raciste. La République doit cesser, par
son
mutisme, de cautionner la hiérarchisation de la souffrance
humaine qui s'est établie sur son territoire. l'effort de
péda-
gogie doit porter sur l'exigence que tous ceux qui évoluent
dans notre société doivent souscrire à la même définition
de la fraternité : celle des fondamentaux de la République,
qui englobe tous les êtres humains pour leur seule qualité
d'êtres humains, et qui transcende donc les distinctions de
race, d'ethnie ou de culture.
Ces principes de Liberté, d'Égalité et de Fraternité sont
inscrits dans la Constitution de la République française.
Sera-t-il un jour nécessaire de l'abroger, pour lui
substituer
une coexistence de plusieurs autres constitutions? Un pays
régi par plusieurs constitutions sera-t-il encore un pays,
ou deviendra-t-il une fédération de pays? Si cette der-
nière option est retenue, faudra-t-il, comme pour la liste
des bénéficiaires de la discrimination positive, se poser la
question du public concerné par chacune de ces différentes
constitutions? Les individus disposeront-ils alors de la
lati-
tude du choix, ou leur sort sera-t-il définitivement scellé
à
la naissance? Ces questions sont-elles ouvertes ou fermées?
Leurs statuts seront-ils appelés à évoluer en fonction du
pouvoir que les groupes communautaires auront réussi à
conquérir en France?
Les Français le sentent instinctivement : ce qui est ici
en jeu n'est pas le respect des différences culturelles,
déjà
acquis, mais le respect ou non des fondamentaux de la
République. Chaque fois qu'elles s'inscrivent dans le
respect
des lois et de l'idéal de la République française, les
Français
admettent les différences culturelles.
La contestation de l'autorité des policiers par les jeunes
n'est pas liée aux qualifications des forces de l'ordre.
Cette
non-reconnaissance, voire ce refus de leur autorité, tient
en
partie, comme cela est souvent avancé, au désir de certains
de soustraire de l'autorité de la République des territoires
qu'ils ont annexés pour y mener une vie paisible à l'ombre
de l'économie parallèle. Elle n'est pas sans rapport non
plus
avec la symbolique de l'uniforme, puisque cet uniforme
représente une société qu'ils rejettent avec vigueur et dont
ils ne souhaitent pas respecter les lois, car ils ne les
recon-
naissent pas. Ils ne rejettent pas du tout cette société
parce
qu'elle les aurait rejetés (ça, c'est l'explication vitrine
qui leur a été fournie par de savants spécialistes et par
la gauche). Ils la rejettent uniquement parce qu'elle n'est
pas conforme à leur système de valeurs et d'idéaux. C'est
d'ailleurs pour la même raison que les enseignants, qui sont
eux aussi des symboles de la République, sont agressés.
L'er-
reur est de continuer à penser que les jeunes sont des
électrons libres. Ils ne le sont pas. S'ils sont en position
de camper si fort sur leurs positions extra-sociétales,
c'est
qu'ils savent qu'ils bénéficient du soutien pas nécessaire-
ment réfléchi de leurs tuteurs légaux, et de l'aubaine de
l'in-
toxication des esprits liée au politiquement correct . Une
action sur les seuls jeunes ne suffira donc pas, car, une
fois
extraits de la société, ils seront aussitôt remplacés par
leurs
puînés sur le terrain de l'action. Il est nécessaire de
faire
prendre conscience aux parents que leurs attitudes sont loin
d'être sans conséquence et qu'il leur est possible de ne pas
entraver l'insertion de leurs enfants dans la société.
Il est essentiel de relever que cette vive antipathie de
certains enfants de l'immigration pour leur pays d°accueil
n'est jamais ressentie pour leur pays d'origine, qui est
pour-
tant celui qui a poussé leurs familles à l'exil et les a
donc
privés d'une existence dans une société conforme à leur sys-
tème de valeurs. Preuve s'il en fallait encore que le
véritable
amour, sincère et désintéressé, n'est pas lié à des
contingen-
ces matérielles.
Un nombre non négligeable de Français d'origine
maghrébine se sentiront d'emblée plus proches de n'importe
quel autre personne d'origine arabe se trouvant à l,autre
bout du monde, que du Français d'origine européenne qui
vit pourtant à côté de chez eux; cela pour la simple raison
qu'ils partagent un immense héritage commun. La notion
de nation arabe a un sens. Avoir le sentiment d'y appartenir
recouvre une réalité à part entière, tout aussi respectable
que celle d'appartenir à toute autre nation. C`est la raison
pour laquelle les conflits qui impliquent les peuples ara-
bes sont vécus avec autant d'intensité et d'émotion dans les
banlieues françaises. Cette proximité se vérifie, de la même
manière, entre tout Français de souche européenne et tout
autre individu d'origine européenne, qui partagent du fait
de cette origine un important héritage commun.
Aucune comparaison ne peut être établie entre la situa-
tion des enfants des migrants des pays de l'Est ou du Sud
de l'Europe des précédentes vagues d,immigration et ceux
dont l'intégration pose de nos jours de sérieuses
difficultés.

ce n'est pas mon analyse c'est celle de Malika sorel sutter, "hélas très mal présenté, il faudra quelle travaille à mieux présenté dans ses livres, au-dessus ce sont quelques pages d'un de ces livres, je trouve quelle maitrise très bien le sujet. d'ailleurs dans le dernier livre elle est très alarmiste, il y a de quoi.
Respect à elle.
http://www.malikasorel.fr/a...

de GW Goldnadel (article réservé aux abonnés) :
Après avoir regardé les images écœurantes de cette nuit de la Saint-Sylvestre 2017 à Champigny-sur-Marne, la main qui veut porter le fer de la plume dans la plaie ne doit pas trembler. Une foule hystérique et haineuse en train de se repaître de la douleur de deux êtres. Un lynchage en règle Surdeux jeunes policiers innocents, dont une femme sur laquelle on s'acharne joyeusement à grands coups de pied au visage. Un lynchage en règle, pour rien, ou plutôt parce qu'ils sont policiers, inoffensifs et sans défense.Écrivons sans trembler : si les jeunes crapules à capuche n'avaient pas posté avec fierté leurs forfaits sur les réseaux asociaux, la France de ce début de 2018 et ses médias insouciants et 
satisfaits se seraient congratulés pour l'an neuf, auraient disserté sur des vœux présidentiels qui n'avaient rien de nouveau et auraient souhaité un vivre-ensemble encore plus inclusif et réussi. Mais les images de Champigny-sur-Marne obligent à regarder une réalité autrement plus crue et bien moins convenue.
Poursuivons sans crainte de fâcher ces fâcheux qui nous empêchent depuis trop longtemps de regarder 
la cruauté en face. Cette haine sauvage des policiers français n'est pas issue mystérieusement d'une génération spontanée. Elle est cultivée quotidiennement dans les éprouvettes de la détestation stupide de rebelles sur canapé.
Ainsi, rien que cette semaine, deux rebelles de salon ont proféré impunément quelques incriminations antipolicières pour épater la galerie médiatique. Mathieu Kassovitz, tout d'abord, qui gazouillait ainsi sur Twitter: « Bande de bâtards. 7 g!! Vous êtes une belle bande de bon (sic) à rien@policenationaletwitter.com. » À décharge, l'avocat que je suis est le premier à reconnaître à Kassovitz une belle suite dans ses vilaines idées. Je me souviens encore de lui 
venu témoigner avec ferveur en faveur de ses amis rappeurs de Ministère Amer lorsque je plaidais pour ces policiers qu'avait révoltés leur Sacrifice de poulets scandé en cadence… Il est vrai que ce gazouilleur impénitent à, mais un peu tard, écrit tout l'effroi que lui inspiraient les images des policiers en détresse. On a connu plus spontané.
Unchroniqueur de Mediapart, ensuite, dénommé Usul, qui se présente doctement comme «commentateur politique marxiste» et pérore tranquillement ainsi dans une vidéo : « La démocratie est bloquée, donc essayons de la débloquer (…) et on peut en effet la débloquer en gueulant un bon coup, en sortant dans la rue et en tabassant des flics, enfin en tabassant, c'est un grand mot, vu comment ils sont protégés, c'est pas évident. » Le 1er janvier au matin, notre commentateur marxiste a dû être agréablement surpris par la jolie tournure de la nouvelle année: deux flics ont été tabassés selon ses vœux, roués de coups, sans être protégés. Et quand ce ne sont pas des frappes en 
capuche qui le font à Viry-Châtillon, ce sont ses camarades antifas qui essayent de les brûler vifs à Paris dans leur voiture de fonction. Sacrés antifascistes. Les brûlots des uns qui attisent le feu de la haine des autres. Les bouts de mots des boutefeux.
Continuons sans circonlocutions. Les jeunes en groupe déchaînés semblaient habités d'une impression d'impunité. Je ne suis pas le plus mal placé pour écrire qu'elle est largement fondée.La justice pénale française, pratiquement paralysée, est guettée par la thrombose. Les peines qu'elle prononce sont très souvent inexécutées. Christiane Taubira a refusé par idéologie de construire des prisons. Il semblerait que celle qui occupe aujourd'hui la Chancellerie, de manière moins frontale, ait décidé de poursuivre factuellement la même politique anticarcérale. À Champigny-sur-Marne, les voyous ne tremblaient pas à la Saint-Sylvestre.
Le plus dur pour la fin. Et toujours sans trembler. Qui a osé décrire l'indicible vérité qui se dissimule derrière le vocable craintif de « jeunes » et qui, pourtant, saute même aux yeux des plus myopes? Ces jeunes de Champigny-sur-haine sont manifestement issus de l'immigration.De cette immigration ratée, faute d'intégration. De cette immigration 
sabotée consciencieusement par tous les faux rebelles marxistes ou gauchistes qui auront inoculé non seulement le bacille de la haine des policiers français, mais celui tout bonnement de la France prétendument raciste.
Et du racisme parlons-en à la fin. On n'entend guère ce mot à propos du lynchage de Champigny. Or supposons un instant, dans une autre affaire, dix Blancs s'acharnant sur deux Noirs à terre: ceux que révulserait ce lynchage odieux et qui le qualifieraient de raciste seraient-ils taxés de spéculations oiseuses ou d'instrumentalisation scandaleuse d'un fait divers?
J'ai entendu sur une chaîne de télévision continue un journaliste ingénu s'interrogeant sur le fait de savoir si Emmanuel 
Macron n'avait pas « surjoué » en disant son émotion après le drame de Champigny-sur-Marne. Je n'avais pas entendu pareilles conjectures lorsque son prédécesseur s'était rendu au chevet de Théo.
Il n'est que temps de questionner le racisme anti-Blanc, le racisme antifemme et le racisme antipolicier qui sévit dans les quartiers. Sans trembler.

NM : suite ce Julien Landfried ne produit pas d'argument il cite une spécialiste Sophie Ernst
Violence, subjectivités immatures et idéologies victimistes
Par Sophie Ernst,
Institut National de Recherche pédagogique
N'y a-t-il pas quelque chose de massifiant, et de
mystifiant, dans les discours interprétant les violences urbaines en termes de
luttes des classes ? Travaillant dans l'école et avec les enseignants sur
"tout ce qui fait débat et désordre", Sophie Ernst attire notre
attention sur certaines caractéristiques psychologiques des jeunes auteurs de
violence. Elle s'inquiète des effets délétères des dénonciations mémorielles
victimistes sur des personnalités immatures, à l'identité fragile. Et
s'inquiète tout autant du manque de constance dans les politiques
d'accompagnement social et éducatif.
Photo AFP/AFP (droits réservés)
Dès le début des années
90, les violences urbaines ont occasionné des enquêtes de grande ampleur
réalisées depuis toutes sortes d’institutions intéressées à en connaître :
police, accompagnement social, urbanisme, éducation. Ces enquêtes ont permis de
mettre en évidence dans les situations à risque avant tout la dimension sociale
et globale du problème (banlieues enclavées, pluriethnicité, grande pauvreté,
familles nombreuses, chômage, échec scolaire) et il est hors de doute que ces
facteurs touchant globalement une population défavorisée sont essentiels. Cela
étant, ces enquêtes sont souvent plus profondes, en termes de diagnostic comme
en termes de solutions ; en rester à cette description ne nous donne en réalité
aucune prise pour comprendre les passages à l’acte ni pour y remédier, car il
manque les articulations fines – il n’y a que depuis les lieux du pouvoir que
les pauvres sont une masse indistincte sans différences individuelles dans les
conduites, les valeurs et les aspirations. La télévision s’est faite, tout
particulièrement, l’écho de cette vision où la compassion la plus convenue le
dispute à la fascination pour le spectacle. C’est ainsi qu’un sociologue nous a
doctement expliqué pourquoi l’on brûle les voitures : parce qu’on n’en a pas.
Normal, quoi. Il est certain que cette explication sommaire quoique basique a
le mérite de trancher avec ce à quoi l’on nous avait accoutumé ces dernières
années, en allant systématiquement chercher dans d’obscures sourates du Coran
les raisons de chaque acte déviant de jeunes illettrés. Mais peut-on en rester
là ? L’insistance sur la grande pauvreté et le chômage, comme causes
déterminantes et automatiques des violences éveille immédiatement un réflexe
offensé de toutes les catégories sociales pauvres ou qui ont grandi dans un
milieu pauvre, qui ont le sentiment d’avoir subi avec dignité des situations au
moins aussi difficiles : nous n’avions rien, nous non plus, et nous n’avons
jamais tout cassé – et certainement pas mis le feu aux autobus, attaqué les
pompiers, et détruit les écoles !
C’est là qu’il importe de lire avec plus d’attention des enquêtes réalisées par
des psycho-sociologues, l’une des plus intéressantes à mon sens étant celle
qu’a coordonnée Jean-Paul Grémy pour l’IHESI, actuellement INHES (Les violences
urbaines, Institut des Hautes Etudes en Sécurité Intérieure 1996). Bien
loin de ce qui nous est martelé comme «explications» voire justifications des
violences, qui donnent des facteurs touchant globalement une population
défavorisée, les études psychologiques sur cette petite partie de la population
qui passe à l’acte révèlent des êtres qui sont bien moins immoraux, ou
intrinsèquement violents, que perturbés et gravement immatures, au sens où ils
n’ont pas intégré des apprentissages minimaux de maîtrise de l’émotivité, de
l’impulsivité et ne sont pas à même de se poser comme sujets si peu que ce soit
autonomes (cette analyse concerne le gros des troupes, non pas les meneurs,
dont le profil est sensiblement différent). C’est une pathologie de la rationalité
élémentaire qui se révèle ici.
C’est un fait psychologique qui est occulté par la tendance à trouver toutes
les explications dans le chômage et les discriminations : or ces jeunes sont
très difficilement employables, à peu près pour les mêmes raisons qui les
rendaient très difficilement scolarisables... On est très en deça de la moindre
qualification, et même de la disponibilité à l’apprentissage. Il est difficile
de lier des gestes dans une conduite ayant du sens, avec le minimum de patience
et de coordination qu’exige toute réalisation.
La lecture par un éducateur est étonnante car elle offre le portrait en négatif
de ce que vise normalement l’éducation à l’autonomie dans les premières années.
On a affaire à des individus dont la subjectivité est en grave souffrance,
notamment du point de vue de la liaison du temps vécu : pas de sens du lien de
cause à conséquence, enfermement dans le présent et l’impulsivité, difficulté à
réaliser les conséquences d’un acte, encore moins à l’anticiper, une chaîne temporelle
dangereusement hachée. Faire tourner son regard en changeant de point de vue
sur une situation est impossible : il leur est notamment très difficile de se
mettre en pensée à la place d’autrui. Toute situation est structurée de façon
binaire, dans la dépréciation stéréotypée des « autres » : territoire- étranger
au territoire, eux-nous, gagnant-perdant, fort-faible…
Ce sont des apprentissages premiers qui se sont mal réalisés et toute
prévention devrait d’abord concentrer ses efforts sur la petite enfance et
l’enfance, à l’école, dans l’encadrement éducatif de proximité et dans le
soutien aux familles, car il est probable que ces ratages éducatifs viennent en
partie de déstructurations familiales, dont les causes sont diverses et
complexes, jamais réductibles à un seul facteur (et certainement pas à
l’Islam). C’est aussi par là qu’on pourra comprendre pourquoi les jeunes issus
de l’immigration africaine des vingt dernières années sont surreprésentés dans
cette dérive anomique, souvent autodestructrice, parfois délinquante – ce sont
ces familles, issues de mondes traditionnels eux-mêmes fragilisés, qui sont le
plus désaccordées à une société post-moderne qui les déstructure à bien des
égards. Les diffractions symboliques, inévitables dans toute acculturation,
produisent ici du chaos, où il n’y a pas tant une perte de repères qu’une
pléthore d’injonctions contradictoires et désarticulées, dans une immense
confusion. Il est d’autant plus remarquable que certains réussissent à se
construire malgré toutes les conditions défavorables. C’est en observant ces
parcours exceptionnels, les conditions qui les ont rendus possibles, qu’on peut
mettre en place des accompagnements pour aider les familles à aider leurs
enfants, pour aider les établissements scolaires à exercer au mieux leur rôle
éducatif. Action patiente et pragmatique qui n’a jamais reçu le soutien
cohérent et la continuité de politique qu’elle nécessitait.
La différence avec les années 90 est que certaines idéologies ont été
abondamment diffusées par des groupes associatifs et politiques, et ont donné
lieu à des versions internet très violentes. Notamment toutes sortes de
discours qui héroïsent et justifient les actions violentes en leur fournissant
une explication stéréotypée jouant de l’inversion de culpabilité. Ce sont ces
discours simplistes et manichéens, qui vont fournir une cohérence et une
identité en liant des éléments chaotiques et en leur donnant une apparence de
sens. Ainsi, à cette immaturité subjective se superpose une posture d’ex-colonisé,
indigène de la République, victime du néo-colonialisme républicain, descendant
d’esclave, victime du racisme et des discriminations, condamné au chômage ou au
rejet sur le seul critère de son appartenance ethnique. Ces idéologies sont
d’autant plus propagées et facilement intégrées qu’elles reposent sur une base
de vérité, importante à reconnaître et à faire connaître, et que du coup, elles
touchent une corde sensible dans l’opinion. Le racisme, l’exploitation et
l’humiliation des dominés, c’est ce que nous ne voulons plus ni subir, ni faire
subir, pour nous-mêmes ni pour nos enfants. Les enfants apprennent très tôt, et
intuitivement, à utiliser les arguments qui leur donnent prise sur les émotions
des adultes : il n’est pas sûr qu’ils auraient été convaincus par ces
références mémorielles bien lointaines, et parfois complètement en porte-à-faux
par rapport avec la réalité de leur filiation, s’ils n’avaient perçu d’abord le
pouvoir d’intimidation qu’elles leur donnent sur les « autres » (le prof, le journaliste…).
C’est le propre de l’idéologie, d’être non pas un mensonge ou une erreur, mais
une vision tronquée de la réalité, mystifiante du fait qu’elle est simpliste et
univoque. Lorsque le débat se situe entre intellectuels sur la question des
postes à créer dans l’université pour des études post-coloniales, pas de
problème, quelque polémiques et anachroniques que puissent être les
dénonciations de la francité, de la République, de la société blanche et
esclavagiste… Mais la vulgarisation démagogique et venimeuse des mêmes débats a
des effets désastreux sur une jeunesse déjantée, qui, faute de pouvoir élaborer
une subjectivité cohérente et réaliste, se précipite sur un discours qui lui
donne non pas une épaisseur, mais un contour, non pas une consistance, mais une
posture.
Ces idéologies victimistes et vindicatives donnent une illusion de
subjectivité, parce qu’elles permettent de dire quelque chose à la télé. On est
intéressant dans l’exacte mesure où l’on passe à la télévision, on n’existe et
on ne se définit que comme l’image de soi fournie expressément à la télévision
selon les codes idéologiques en vigueur : puis l’on reçoit de son image
télévisuelle la garantie que l’on est bien ce qu’elle montre, dans un bouclage
sans fin. Une telle clôture compromet les prises de conscience, aussi bien du
côté des jeunes eux-mêmes, que des éducateurs et des responsables de politiques
; elles bloquent les évolutions psychiques et comportementales nécessaires. Il
faut mesurer la détresse et le sentiment de chaos qui sous-tendent une telle
posture de « dépendance agressive », pour comprendre que le chemin de
réapproppriation et de construction de personnalités plus authentiquement
structurées sera bien ardu.
En tout état de cause, ce n’est pas le colmatage des subjectivités immatures
par les idéologies victimistes qui permettra ce chemin. Tout au contraire en
déréalisant la vision de soi et du monde, elles entretiennent des erreurs
graves d’adaptation, dont on se sort que par une spirale de haine de plus en
plus violente. Une politique de remédiation demande de la persévérance et de la
cohérence, et impose de distinguer les problèmes pour apporter des réponses
ciblées, finement ajustées et coordonnées. Toutes choses dont s’accommodent mal
les dénonciations massives, qui s’enivrent de leur propre intransigeance
impatiente et exaspérée. Je doute fort qu’elles aident à repenser, restructurer
et consolider les dispositifs d’accompagnement, déjà tellement mis à mal par
les politiques de court terme.
Mais qui sait, le temps est peut-être venu pour les dénonciateurs eux aussi
d’accéder à plus de maturité ?
Mardi 15 Novembre
2005
Julien Landfried

NM : deux liens, deux liens obsolètes, mes plus plates excuses chére libertéchérie.
Violences dans les banlieues : regarder la réalité en face
par Jean-Pierre Le Goff, sociologue, président du club
Politique autrement
La mort de deux jeunes à Clichy-sous-Bois a servi de
déclencheur à des violences et des actes de vandalisme de bandes de jeunes dans
les banlieues. Les formules, provocatrices et indignes d’un homme d’État, du
ministre de l’intérieur accompagné d’une cohorte de journalistes et de caméras,
avaient auparavant contribué a exacerber la tension. Ces violences dans les
cités révèlent une réalité dont il faut prendre la mesure en évitant
l’angélisme et les faux-fuyants.
Jean-Pierre Le Goff (photo d'Olivier Roller, 2002) Quelle
solidarité première ?
La vie dans les banlieues ne se confond pas avec les images
de ces nuits de violence et de destruction. Des réseaux d’entraide et de
solidarité entre habitants se sont mis en place dans des conditions souvent
difficiles. La grande majorité désire plus de sécurité, plus d’emploi, de
meilleures conditions de vie et d’habitat. C’est sur ce terreau-là qu’une
dynamique positive peut se développer et non sur les bandes de jeunes
adolescents et post-adolescents qui ont basculé dans la délinquance et la
destruction.
Attaquer les pompiers, brûler la voiture de son voisin, ou
tuer ce dernier comme par inadvertance, - « sans le faire exprès » diront
certains -, incendier des magasins, des écoles, des gymnases du quartier où
l’on habite, arrêter des bus pour y déverser de l’essence et y mettre le feu
devant des passagers affolés... Face à de tels actes sauvages, la condamnation
claire et la nécessité urgente d’un retour à l’ordre ne se discutent pas. C’est
le préalable à tout débat sensé sur la question.
Mais, là aussi, on a pu assister à des réactions minoritaires,
au sein du milieu journalistique et gauchiste, qui rompent avec la morale et le
civisme élémentaires. Le mouvement spontané de sympathie ne se tourne pas vers
les victimes des violences qui sont, non seulement les pompiers et les
policiers, mais les habitants de ces quartiers qui craignent pour leur sécurité
et leurs biens, se voient privés de moyens de transport, de commerces,
d’écoles... On ne prend guère en considération la crainte des autres jeunes des
quartiers qui ne veulent pas être confondus avec les bandes, continuent de
croire à l’école et au travail pour « s’en sortir ».
Chez certains beaux esprits s’opère un curieux renversement
: ce sont les agresseurs eux-mêmes qui sont considérés d’emblée comme les
victimes. De telles réactions délétères rejoignent la façon dont les agresseurs
mettent en avant leur statut de victime comme justification de leur violence et
de leurs exactions ; elles contribuent à enfoncer un peu plus ces jeunes
déstructurés dans l’impasse.
Les mesures pour rétablir l’ordre donnent lieu pareillement
à des protestations qui dénoncent aussitôt les mesures prises comme une marque
supplémentaire de répression et de « stigmatisation » des banlieues, sans se
soucier outre mesure du climat de peur et de « ras-le-bol » des populations
concernées.
On peut se demander si la prolongation des mesures de
couvre-feu est l’instrument approprié du retour au calme ; on doit demeurer
vigilant contre des brutalités policières et des atteintes possibles à l’État
de droit. Mais considérer la répression nécessaire comme une dangereuse
atteinte aux libertés ou une marque supplémentaire de la « stigmatisation » des
banlieues relève d’une idéologie gauchisante de plus en plus coupée des
réalités et du sens commun.
Comment interpréter les événements ?
De multiples analyses et commentaires interprètent les
événements avec des schémas qui, pour l’essentiel, se refusent à voir ou
secondarisent le caractère sauvage, désespéré et nihiliste de la révolte des
bandes de jeunes. Certains y voient un signe de la montée des communautarismes,
de l’emprise de l’islam radical, voire la concrétisation d’une guerre des
civilisations. D’autres au contraire les considèrent à tout prix comme
l’expression d’une pure révolte contre les discriminations et les inégalités,
ou encore, à l’inverse de toutes les apparences, comme étant le signe d’une
intégration. De tels schémas idéologiques ont pour effet de rabattre des
événements dans des catégories générales prédéterminées qui en dissolvent la
singularité. Avant même d’aborder les conditions qui ont rendu possible de tels
événements et de le situer dans le cadre des banlieues et de la société, il
convient de délimiter le phénomène et de cerner ses aspects nouveaux.
Il importe en tout premier lieu de prendre en compte ce que
les éducateurs, les enseignants, les psychiatres observent depuis des années.
Il existe un phénomène de bandes constituées de jeunes adolescents et de
post-adolescents en situation d’échec et désocialisés, animés par le
ressentiment et la haine à l’égard de la société et des institutions. Ces
jeunes minoritaires sont désœuvrés et déstructurés ; ils ont perdu l’estime
d’eux-mêmes et le sens du réel. Leur sentiment d’appartenance se limite souvent
à leur quartier ou à leur immeuble. Leur langage colle aux affects et aux
pulsions ; ils ne mesurent pas la portée de leurs actes et le sentiment de
culpabilité est le plus souvent absent. Fascinés par les clichés sur la
réussite et l’argent, ils vivent dans un univers où l’image est maître, et ils
acquièrent des comportements de dépendance à l’égard des stupéfiants. Ils se
réfugient dans des bandes machistes où les rapports de force dominent avec les
phénomènes de caïds et s’enferment dans une sous-culture de la délinquance et
du ghetto. Nombre d’animateurs, d’éducateurs sociaux, mais aussi d’enseignants
se trouvent désemparés devant de tels individus perpétuellement agités, aux
comportements asociaux et immaîtrisables. Ces jeunes ont une image dépréciative
d’eux-mêmes qui peut se retourner en agression. Lors des nuits de violence, ils
sont entrés dans une logique de destruction et d’autodestruction en s’attaquant
aux quartiers où ils habitent.
C’est précisément cette réalité dérangeante qu’il s’agit
d’aborder en face. Des militants de gauche et des journalistes bien-pensants la
dénient en y collant des formules passées en complet décalage. C’est ainsi
qu’on répète bêtement la formule attribuée aux classes dominantes de l’ère
industrielle : « Classes laborieuses, classes dangereuses », pour l’appliquer
aux actes de vandalisme des banlieues. Quel rapport avec des jeunes
désocialisés qui ne travaillent pas et ne forment pas une classe ? S’il fallait
tenter des comparaisons historiques, la notion de lumpenprolétariat serait plus
proche de la réalité. Mais là aussi, le caractère très jeune des casseurs qui
ne sont guère en haillons [1] et agissent souvent par mimétisme télévisuel,
sort du schéma.
On invoque également le chômage pour expliquer les
événements. Mais il est d’autres périodes dans l’histoire de France où le
chômage était massif, comme dans les années trente, sans qu’on assiste pour
autant à de pareils phénomènes de destruction. Comme on oublie souvent de le
dire, ces jeunes ne sont pas en total abandon, mais ils sont assistés par
l’État providence. Leur univers n’est pas la survie matérielle, mais ils sont
fascinés par l’argent facile et les marques du look branché. Les chômeurs ne
s’attaquent pas, que l’on sache, aux écoles, aux gymnases, aux centres sociaux,
aux bus... comme le font ces bandes. Et si l’on tient, là aussi, à la
comparaison historique, il faudrait poser la question : a-t-on jamais vu les
chômeurs des années trente s’attaquer à la « soupe populaire » ?
Quant aux conditions matérielles de vie et de logement dans
les cités, elles n’ont rien à envier à la pauvreté et aux logements insalubres
des cités ouvrières du début du siècle. Chômage et habitat, s’ils entrent bien
en ligne de compte, ne suffisent pas à expliquer le phénomène dans sa
nouveauté. Contrairement à ce que laissent entendre nombre de commentateurs
attitrés, le type de violence auquel on assiste aujourd’hui n’est pas
mécaniquement et unilatéralement déterminé par la situation économique et
sociale des banlieues, sinon c’est à un autre mouvement de révolte d’une bien
plus grande ampleur à laquelle on aurait assisté. La misère existante dans les
cités de banlieues n’est pas comparable à celle qu’ont pu connaître les couches
populaires dans le passé : il existe des mécanismes d’assistance sociale qui,
s’ils ne transforment pas les conditions matérielles de vie, en atténuent la
dureté.
Les événements des banlieues relèvent moins de la pauvreté
et de la misère telles qu’on a pu les connaître autrefois que de phénomènes de
déstructurations identitaires qui sont plus difficiles à comprendre. Les
violences des bandes de jeunes des banlieues révèlent de façon paroxystique une
désaffiliation due à l’érosion des collectivités d’appartenance qui
inscrivaient l’individu dans une collectivité et le structuraient « de
l’intérieur » : famille, collectivité de travail, classes sociales,
appartenance nationale... Autant d’éléments qui sont aujourd’hui érodés ou en
crise et qui, contrairement aux discours angéliques « post-modernes », sont
constitutifs des identités individuelles et collectives. Les situations de
chômage et d’habitat dégradé se combinent avec une déliquescence des liens
familiaux, pudiquement dénommée « famille monoparentale » : le plus souvent
absence du père, la mère subsistant tant bien que mal des revenus de l’aide
sociale et étant la plupart du temps absente lorsqu’elle travaille. Dans les
familles issues de l’immigration, cette situation peut être aggravée par une
inadaptation des parents à la culture française, entraînant une désorientation
des jeunes qui coincés entre deux cultures peuvent « errer sans repère dans une
sorte de no man’s land anthropologique » [2]. C’est sur ce terreau que les
groupes fondamentalistes musulmans présents dans les quartiers peuvent tenter
de se développer en présentant leur doctrine comme le levier d’une
restructuration identitaire et leur encadrement des jeunes désœuvrés comme la
condition de la paix sociale dans les banlieues.
Que faire ?
Face à cette réalité, il n’existe pas de remèdes simples
dont les effets seraient immédiats. Mais il est important à la fois de fixer
des repères et de tirer des leçons des pratiques passées. Avant même
d’envisager des mesures particulières, il est des questions centrales
auxquelles il n’est plus possible d’échapper.
Tout d’abord, la question de l’érosion de l’autorité
parentale n’est pas facile à traiter. Les mesures de sanctions financières
envers les parents des familles décomposées sont démagogiques et ne résolvent
rien. Les associations aidées par des psychologues et des psychiatres pour
s’occuper des parents et des enfants en difficulté paraissent indispensables,
mais on ne peut reconstruire de façon volontariste des familles déstructurées.
La puissance publique ne peut pas se substituer complètement aux familles et
les aides psychologiques ne peuvent pas tout. Le problème n’est pas seulement à
poser dans des termes psychologiques - le risque existe bien de s’enfermer dans
cette problématique - en dehors du terreau social et culturel, d’un ethos
commun. On ne peut échapper à la question de la famille comme une des
structures anthropologiques de base de la société que des conceptions
modernistes et gauchistes ont rapidement mis de côté. Il en va de même des
fonctions structurantes de la morale, de l’interdit et de la limite qu’un
angélisme post-soixante-huitard et rousseauiste a trop longtemps dénié. Dans ce
domaine, comme dans d’autres, ce qui se passe dans les banlieues, reflète de
façon extrême des phénomènes que l’on retrouve à différents degrés dans
l’ensemble de la société.
D’autre part, le comportement fortement instable et violent
d’une minorité de jeunes en grande difficulté n’est compatible ni avec
l’enseignement ni avec le travail en entreprise. La réponse à cette situation
ne peut pas être seulement répressive. Elle implique avant tout un type d’aide
et d’encadrement social relevant d’institutions spécialisées, avant même
d’envisager de les réinsérer dans le cursus scolaire ou dans les entreprises.
Il existe des stages fortement encadrés mêlant vie collective, travail,
réalisations concrètes et activités physiques dans des lieux fermés ou ouverts
qui sortent les jeunes de la cité. L’idée d’un service civil pour tous les
jeunes alliant réalisations de tâches utiles, apprentissage de la vie
collective et formation professionnelle va dans le même sens. Cela suppose
d’importants moyens, particulièrement en termes d’encadrement, et tout cela à
un coût pour des résultats qui ne sont pas acquis pour la totalité des jeunes
concernés.
L’apprentissage, s’il doit être pleinement pris en compte et
valorisé, ne constitue donc pas une panacée. L’appel constant à l’« éthique »
et à la « citoyenneté » des entreprises, pour nécessaires qu’il puisse
paraître, ne suffit pas : même si les entreprises peuvent faire des efforts
pour accueillir des jeunes en difficulté, leurs perspectives d’embauche sont
liées à celles des carnets de commande et leurs critères restent avant tout
ceux de la compétence et de l’efficacité. Les employeurs ne sont pas vraiment
désireux de prendre en charge des jeunes instables, peu assidus. Et
l’association de l’idée d’apprentissage à celle de jeunes en grande difficulté
risque de nuire à la revalorisation de l’image de l’apprentissage dans l’opinion.
Il n’y a donc pas de solution simple. Mais il n’en demeure
pas moins que la réalisation de tâches pratiques, l’insertion dans un collectif
de travail, sont des éléments indispensables pour retrouver une confiance en
soi pour ceux qui sont en situation d’échec scolaire, quitte à retrouver une
filière scolaire après cette expérience. Qu’on le veuille ou non, dans sa
dimension anthropologique, le travail demeure un élément fondamental de la
structuration individuelle et sociale. Il est un élément décisif de la
constitution de l’estime de soi, de la confrontation avec la réalité et de
l’apprentissage de la limite, de l’insertion dans les rapports sociaux. Toute
la question est de savoir quelles conditions favorables sont à mettre en place
pour que l’insertion et la formation des jeunes en situation de travail
puissent se faire dans de bonnes conditions. L’expérience des entreprises dites
« intermédiaires » » qui insèrent les jeunes dans le travail en échappant pour
partie aux contraintes et aux lois du marché méritent, dans cette optique,
d’être valorisées.
Le discours généreux de la citoyenneté coupée du travail est
une impasse. Toutes les mesures d’assistanat économique et social, de même que
les activités associatives multiples, pour nécessaires et utiles qu’elles
soient, ne peuvent suppléer à l’absence de travail. Les responsables
associatifs, les animateurs, les formateurs, les psychologues..., malgré tous
leurs efforts, se voient condamnés à jouer un rôle d’accompagnateur ou de «
pompier » du social, s’il n’existe pas d’activité de travail et de perspective
d’emploi pour les jeunes en difficulté.
Le modèle républicain implique un modèle d’égalité et de
citoyenneté qui fait fi des appartenances ethniques et communautaires. Ce
modèle a un caractère d’idéalité qui ne coïncide jamais avec les faits, mais
c’est ce caractère d’idéalité lui confère sa dynamique et il a su au cours de
l’histoire passer des compromis. Ce modèle s’appuie sur une certaine morale du
travail, sur une culture commune liée à notre histoire, sur l’idée de promotion
sociale... Ces points-clés sont en panne, mais la question est de savoir
comment les relancer, plutôt que d’affirmer qu’il a définitivement échoué et
passer rapidement à un autre modèle de type anglo-saxon qui n’a pas d’ancrage
solide dans notre tradition et qui montre aussi ses limites. La discrimination
positive dans le domaine économique et social mérite d’être évaluée à la
lumière de ses résultas effectifs et non aux « bonnes intentions » qu’elle
affiche. Elle peut créer des effets pervers comme l’évaluation des ZEP l’a
montré. Dans le domaine de l’habitat, la discrimination positive apparaît comme
une mesure pouvant favoriser la rencontre et l’échange entre les différentes
catégories sociales. Là aussi il convient d’examiner avec soin à quelles
conditions précises elle peut être efficace, en évitant les effets qui
amèneraient les catégories sociales plus favorisées à aller habiter ailleurs.
Mais dans ces deux domaines, la discrimination positive nous paraît rester dans
le cadre du débat sur les adaptations possibles et nécessaires.
La discrimination positive à destination de ce qu’on appelle
désormais les « minorités visibles » - autrement dit une différence de
traitement, notamment à l’embauche, fondée sur les critères de race et de
couleurs de peau - , est d’une autre nature et portée. Elle ouvre la boîte de
Pandore en favorisant la généralisation de la suspicion de racisme dans les
rapports sociaux, l’hypertrophie des plaintes et des droits. Elle renforce la «
victimisation » existante dans une logique de concurrence sans fin entre tous
ceux qui s’estiment être des victimes, contribuant ainsi au délitement du lien
social et de la citoyenneté. _ La discrimination positive en faveur de ce qu’on
appelle les « minorités visibles » constitue un nouveau tremplin pour le
courant xénophobe et raciste, et peut favoriser à terme des affrontements
ethniques.
On ne saurait enfin passer outre la question de la nation
comme cadre central d’intégration, élément constitutif de l’existence
collective d’un peuple, et partie constitutive de l’héritage européen. Qu’on le
veuille ou non, la nation demeure une référence identitaire et le lieu central
de la citoyenneté. Elle constitue un pôle d’identification avant même
l’appartenance européenne dont la prégnance demeure faible, tout
particulièrement dans les banlieues. Cela implique l’acceptation de
l’ambivalence de son histoire en étant conscient qu’aucun peuple en l’affaire
ne dispose d’un blanc-seing et un patriotisme qui ne se confond pas avec le
nationalisme chauvin et xénophobe. À l’inverse, toute une idéologie gauchisante
minoritaire au sein du milieu associatif réduit l’histoire de notre pays à ses
pages les plus sombres et renforce la mentalité victimaire des jeunes
désaffiliés en présentant leur situation dans la continuité de celle qui fut
celle des esclaves et des peuples colonisés. Cette idéologie travaille à
l’encontre de l’intégration et elle peut recouper ou se trouver mêlée à des
thèmes fondamentalistes musulmans. Sans nier les pages sombres de notre
histoire, l’intégration implique la conscience des acquis de notre histoire et
le partage d’un patrimoine culturel commun. C’est aussi dans ce cadre, que
l’éducation populaire peut retrouver un nouveau souffle. La citoyenneté n’est
pas l’affichage des différences dans une logique de victimisation, mais elle
implique le souci de partager les acquis de notre propre histoire et de créer
un avenir commun.
L’histoire n’est pas tracée d’avance ; elle est ouverte sur
de possibles régressions. Les violences récentes nous le rappellent. Les
problèmes rencontrés dans les banlieues sont les nôtres, ils concernent une
partie de nos compatriotes fragilisés par la crise que nous vivons. Dans cette
affaire, notre responsabilité est engagée et il importe à la fois de regarder
la réalité en face et de savoir quel modèle de vivre-ensemble et de citoyenneté
nous voulons essayer de faire prévaloir au milieu du chaos ambiant. Les paroles
d’Albert Camus « empêcher que le monde se défasse » prononcées dans d’autres
circonstances [3] gardent leur acuité dans la situation présente.
Notes
[1] Lumpen signifie miséreux, en haillons.
[2] Emmanuel TODD, Le destin des immigrés, Seuil, Paris,
1994, p. 382.
[3] Albert CAMUS, Discours de Suède (1957), Folio Gallimard,
Paris, 2001, p. 19.

NM : je pense qu'une personne qui a la prétention de produire des arguments par elle même, n'a pas tendance à faire l'effort de connaitre et de lire les spécialistes du sujet, donc ses arguments ne sont que du recrachage de la propagande télévisuelle quelle subit à l'insu de son plein gré. est-ce votre cas chère liberté chérie.
NM : erreur de votre part ce sont des analyses très lucide de la réalité des banlieues, qui n’embouteillent pas puisque une seule partie est visible, si on veut plus il faut cliquer sur afficher plus, apparemment ces analyses vous dérangent puisque vous n'avez aucun argument à opposer aux écrits de ces spécialistes, vous dites que c'est illisible parce que c'est long donc j'avais bien raison au-dessus en affirmant que les personnes qui ne pas l'effort de lire et de connaitre des spécialistes du sujet juste des perroquets de la propagande télévisuelle. moyennant quoi vos interventions n'ont aucun intérêt pour la connaissance du sujet.

NM : illisible et sans intérêt, ce n'est que votre avis.
"2° J'ai réussi à lire tout votre commentaire, hélas très mal présenté, 
et je suis d'autant plus d'accord avec votre brillante analyse que j'ai 
étudié de près la question pour avoir vécu 30 ans en milieu 
d'immigration tant au plan professionnel que privé. Respect pour votre 
travail d'écriture et d'analyse."

NM : ". il faudrait les lire ... or c'est illisible .."
parce que c'est long c'est illisible je me marre, d'argumenter, il n'y a pas meilleure argumentation qu'une analyse de spécialiste que ça vous plaise où non, d'éviter les textes longs il est bien écrit éviter !!! une bonne argumentation est souvent longue c'est comme ça, bon des arguments par rapport à ces analyses j'attends encore j'ai bien l'impression que vous en êtes incapable, là se situe le vrai problème.

NM : "de délinquance de forum" comme vous y aller", il est écrit éviter vous ne savez pas lire.
J'attends toujours vos arguments !!! je vais finir par comprendre que vous êtes réellement incapable d'en fournir, quand on est incapable de donner des arguments à une analyse de spécialiste, on écrit que ces spécialistes on raison, donc j'attends que vous écriviez que ces spécialistes ont raison et que vous avez tort, que vous vous excusez du manque de connaissance du sujet par rapport à eux, et une personne incapable de reconnaitre quand elle à tort est un malhonnête un imposteur. et j'ai bien l'impression c'est ce que vous êtes.

NM : mon but n'est pas de produire des arguments par moi-même, j'estime beaucoup plus utile de partager avec le plus grand nombre les arguments d'une spécialiste du sujet. ses arguments décrédibilisent complétement vos arguties stériles.
suite de ses écrits

Les problèmes de l'insertion et de l integration

Le rôle d'une classe politique est de savoir identifier, et

même anticiper, les difficultés nouvelles qui se présentent
à

la société au destin de laquelle elle préside. Aussi
appartient-

il à notre classe politique de savoir se former et
s'informer

en permanence, et surtout de savoir assumer ses responsa-

bilités. Les citoyens ne disposent, la plupart du temps, que

diune infime partie des informations qui concourent à une

prise de décision éclairée. S'ils doivent être consultés sur

les sujets majeurs, il est irréaliste de penser qu'ils
puissent

s'astreindre à se documenter pour décider de tous les
sujets.

Des sujets qui exigent de nombreuses compétences dans une

multitude de domaines et qui deviennent chaque jour de

plus en plus complexes. Cest là le rôle de nos élus. Ce sont

la clairvoyance et la compétence de dirigeants politiques
qui

permettent l'élaboration de nouvelles politiques pour faire

face aux mutations de l'environnement et à l'émergence de

nouveaux risques. Sinon, pourquoi élire, s'il nous revenait

de réfléchir à chacun des dossiers abordés?

Que faire toutefois lorsqu'un sujet, devenu au fil des ans

d'importance capitale, est instrumentalisé par des courants

politiques, mais aussi par une multitude d'associations et

de lobbies, qui l'utilisent au choix comme engrais, terreau

ou repoussoir? Quel est le point commun entre ceux pour

lesquels toute personne d'origine immigrée est à exclure et

ceux qui depuis vingt-cinq ans exploitent politiquement la

misère des migrants pour culpabiliser les Français et impo-

ser à la
France de ne pas traiter avec sérieux le dossier de

leur insertion et de leur intégration? Ces deux catégories

ont toutes deux contribué à fabriquer la situation explosive

que connaît à présent la France.

Lorsqu'on analyse l'écho des Français sur le sujet de l'in-

tégration, on ne trouve guère qu'une poignée d'intellectuels

de grandes villes, quelques personnalités politiques, des

lobbies ou des cercles d'influence, pour affirmer que l'on

doit rompre avec le modèle républicain d'intégration. Pour-

tant, à défaut de se voir proposer d'autres axes de
réflexion

et d'autres chemins d'espoir, les Français s'interrogent

aujourd'hui sur la pertinence de leur creuset républicain.

Accepteront-ils de plonger dans une aventure de rupture

avec leurs convictions républicaines et leur contrat social?

Rien n'est moins sûr. Les Français sont de grands conserva-

teurs. Ils apprécient la sécurité et se tiennent à distance
des

entreprises hasardeuses. Cette attitude frileuse irrite
parfois,

mais, sur les questions qui nous concernent ici, elle
pourrait

se révéler être le plus sûr des investissements pour
garantir

la sérénité de l'avenir.

Pour quelles raisons le modèle républicain français ren-

contre-t-il, depuis vingt-cinq ans, tant de difficultés et
tant

d'hostilité? Pour réussir son intégration, un migrant
doit-il

le vouloir, ou cette intégration peut-elle réussir sans que
lui-

même adhère à ce processus? Un migrant venant d'un pays

où la culture est profondément différente de celle des Fran-

çais peut-il réussir son intégration sans pour cela ne rien

avoir à concéder de sa culture ancestrale? Un migrant peut-

il s'intégrer à la communauté nationale du pays d'accueil

sans avoir réussi au prealable son insertion dans la société

civile de ce pays ? L’identité d'un individu se construit
t'elle

de maniere autonome ou depend-elle de la volonté de son

propre groupe culturel? Il peut sembler difficile de traiter

du probleme de l intégration tant ceux qui y sont confront-

tes presentent des profils heterogènes Il n'en demeure pas

moins qu'ils partagent tous le meme point névralgique, a

savoir le probleme de la construction de leur identité,
cette

question est veritablement le nœud central du problème de

l’intégration Viennent ensuite se greffer des dèternimants

qui vont servir ou desservir les enfants de l'immig

Parmi ces determinants, on peut citer notamment le

cours scolaire

Avant d aborder ces questions, je souhaite d'abord expos-

ser les raisons pour lesquelles il est primordial, afin
d'aider

les Jeunes genérations de l immigration a se construire sai-

nement, de resister a la tentation de cautionner la violence

de certains d entre eux en la Justifiant

NE PLUS CAUTIONNER LA VIOLENCE EN LA JUSTII

Sans meme nous en apercevoir, nous nous sommes peu

à peu habitués au fait que tout acte, du plus anodin au plus

monstrueux, était explicable. Pour le commun des mortels

ce qui est explicable est interprete comme etant en

compréhensible, voire excusable Cette approche, basée sur

l'analyse, aurait du demeurer confinee aux antres des psy-

chologues et des psychanalystes

Tous ceux qui voient autour d'eux evoluer des enfants

savent qu'un enfant comprend instinctivement que la jus-

tification que ses parents trouvent à son comportement le

dédouane d'une grande partie de ses actes et l emêche dans

le même temps de développer quelque effort qué ce soit

pour améliorer son attitude. Au fil des vingt-cinq dernières

années, la victime d'une précarité a petit à petit acquis le

droit, aux yeux de la société, à se transformer en
agresseur.

Cautionner la violence, c'est l'ériger en moyen acceptable

de communication. Ce discours de la déresponsabilisation

a poussé dé nombreux jeunes dans la voie de la communi-

cation par le déversement d'un torrent de violence, créant

ainsi un immense tort à notre pays. Ce mal de la dérespon-

sabilisation est le cancer qui ronge notre société.

La justification de la violence a renforcé la détermina-

tion et le sentiment d'impunité dé tous ceux qui, par leurs

agissements, ont profondément altéré leur propre image et

celle de leur communauté d'originé. Le sentiment de préca-

rité dépend beaucoup du référentiel adopté; il ne se mesure

pas dans l'absolu. Si l'échelle dé mesuré intègre le dénué-

mént qui règne sur l'autré rive dé la Méditerranée, alors
on

peut, sans hésiter une seule secondé, soutenir que la France

a permis à beaucoup d'immigrés des dernières vagues un

fabuleux bond économique et social, en un laps dé temps

extrêmement court.

Dans les grandes villes du Maghreb ont été construits

de nombreux quartiers dotés de tours dont la hauteur n'a

rien à envier à celles de nos banlieues françaises. Les
familles

rêvent d'y être logées pour échapper à la cohabitation, lar-

gement répandue, de trois générations sous un même toit.

Les jeunes sont massivement au chômage et n'ont souvent

même plus la possibilité de rêver à un avenir meilleur. Ils

passent le plus clair de leur temps adossés aux murs, à dis-

cuter, pour tuer le temps. Ils se nourrissent de la
télévision

française, qui leur donne chaque jour la mesure de leur

propre dénuement. Pire que ces images reçues du ciel, ils

voient régulièrement revenir, aux vacances, leurs propres

cousins, qui étaient leurs richesses sous leurs yeux :
belles

voitures, vêtements de marque, stations de jeux pour les

enfants, beaux bijoux d'or et belles robes de cérémonie pour

les femmes... Ces jeunes ne détruisent ni ne brûlent quoi

que ce soit, alors qu'ils ont pourtant de multiples raisons
de

se sentir frustrés, de cette frustration qui, paraît-il,
alimen-

terait la violence dans nos banlieues.

En hiver, nous avions du mal à écrire, car nos doigts

étaient raidis par le froid. Nous étions engoncés dans nos

manteaux, qu'il n”était pas question d'ôter vu la tempé-

rature qui régnait dans la classe, Ceux qui avaient un

bon manteau pouvaient déjà s'estimer heureux, car tous

n'avaient pas cette chance. Lorsqu'il soufflait fort, il
arri-

vait au vent de s'inviter en classe par les vitres cassées.

Il couvrait par instants la voix de notre enseignant, qui

interrompait son discours, le temps qu'Éole veuille bien

tirer sa révérence. Un nombre non négligeable d'élèves ne

déjeunaient pas à la cantine, car leurs parents étaient trop

pauvres pour pouvoir se permettre d'en honorer la note. À

l'heure du déjeuner, ils se regroupaient devant les grilles
du

collège ou du lycée et sortaient de leur cartable un simple

morceau de pain. Nous partagions pour la grande majorité

la même détresse matérielle. Suivant le raisonnement qui

prévaut en France, nous étions donc tous voués à devenir

des délinquants et des incultes. Il eût donc probablement

fallu tous nous séparer et nous disperser (éclater la carte

scolaire), pour tenter de nous remettre sur le chemin de la

réussite scolaire.

Nous niavons jamais été ni outrageants ni violents. Je

garde de cette époque des souvenirs de légèreté et d'insou-

ciance, des souvenirs de bonheur d'enfance. ]'ai encore en

tête le rire des enfants qui résonne, et le sourire lumineux

des enseignants.

Si les difficultés d'insertion dans la société française étaient réellement dues à une détresse matérielle liée, entre autres, à la qualité de l'environnement, comment expliquer alors que le déplacement vers des environnements sociaux privilégiés de familles défavorisées et sources de troubles dans leurs quartiers soit inefficace, voire dangereux, car générateur de nouvelles zones géographiques d'insécurité?

En juillet 2005, les Renseignements généraux rapportaient que, dans la moitié des cas de déplacement, les familles à problèmes avaient non seulement continué d'exercer des activités répréhensibles dans leur quartier d'origine, mais pire, avaient dans le même temps installé un climat de terreur dans leur nouvel espace géographique! Dans neuf cas sur dix, ces délocalisations se sont soldées par un échec. Cet investissement financier a été une pure perte. Il a de plus contribué à renforcer le sentiment d'impunité de ceux qui se voient systématiquement présentés, aux yeux de la société, comme non responsables, car excusables, du fait de leur misère matérielle. L'échec de ces expériences de déplacement présente néanmoins un grand intérêt : il participe à nous faire prendre conscience que recourir systématiquement à l'hypothèse des difficultés matérielles pour justifier des comportements asociaux est simpliste et dangereux.

La France pourra bien dépenser des deniers publics pour continuer à détruire des tours et leur substituer petits immeubles et pavillons, cela participera très certainement à la relance de la filière du bâtiment (ce qui en soi présente un indéniable intérêt économique), mais ne résoudra pas les problèmes liés à l'insertion et à l'intégration, tout simplement parce que la qualité de l'habitat des banlieues n'est pas la cause principale de leurs problèmes. Les tours d'immeubles n'ont rendu ni les Maghrébins asociaux au Maghreb, ni les Asiatiques asociaux dans toutes les villes où les gratte-ciel qu'ils habitent embrassent les nuages. De plus, dans une période où tant de jeunes ménages, tant de familles des classes moyennes et tant d'étudiants peinent à se loger, se permettre de détruire des habitations est perçu comme une injustice inacceptable. Rares sont les Français qui souscrivent au fait que l'on puisse dépenser de l'argent pour détruire des immeubles, dont une partie aurait pu et dû être réhabilitée et consacrée au logement de ceux qui en ont besoin, fût-ce en échange d'une contribution modique de leur part.

Beaucoup des élèves pauvres qui m'ont accompagnée tout au long de ma scolarité dans le Maghreb ont brillamment réussi. Ils sont devenus médecins, architectes, enseignants, ingénieurs, grands scientifiques... Certains ont rejoint des laboratoires mondialement réputés aux États-Unis, en Grande-Bretagne ou en France. Ils auraient préféré travailler pour leur pays; mais celui-ci ne leur a pas fait de place. Lorsqu'on a connu l'envers du décor, entendre dire que les espoirs de ces pays du Sud ont été ruinés par la France est insupportable. Il me semble honnête d'affirmer que ces mensonges ou ces vérités tronquées ne méritent pas les honneurs qui leur sont faits depuis trop d'années en France. Faire échec aux matérialistes de la mémoire, c'est les empêcher de semer le chaos sur leur passage; c'est aider les Français et les enfants de l'immigration à se construire un chemin d'entente, une voie de cohabitation pacifique.

Si j'ai fait un détour par le Maghreb, c'était pour bien mettre en lumière que des jeunes aux mêmes profils ne manifestent pas la même violence, selon le pays où ils vivent. Serions-nous entrés en un temps inédit dans lequel, contrairement au sentiment que partagent les Français, l'espoir de s'en sortir ferait naître une fureur dévastatrice ?


L'espoir a toujours servi à mobiliser les énergies vers la création de valeur et de bien-être. Pourquoi n'est-ce donc pas le cas pour les dernières vagues d'immigration? Cette question est au cœur du malaise actuel des jeunes qui en sont issus. Ces différences comportementales d'un même type de population, selon le contexte géographique où elle se situe, est LA question à partir de laquelle les problèmes de l'insertion et de l'intégration doivent être posés et analysés. Ce n'est en effet pas la misère ni le manque de moyens matériels qui conduisent à l'incivilité ou à la délinquance dans les quartiers sensibles , ce sont les dificultés de positionnement identitaire que j'aborderai dans les pages qui viennent. Il nous faut donc rendre aux pauvres la dignité qui leur a honteusement été enlevée!

Il n'est plus possible de cacher ni de taire ce que tout le monde sait déjà. La forte implication des enfants de l'immigration dans l'augmentation de la violence en France est une réalité bien établie. Lorsqu'une réalité saute aux yeux de tous, c'est-à-dire lorsqu'elle devient un secret de Polichinelle, il n'est pas utile d'avoir en plus recours au fichage des délinquants selon leur origine pour découvrir ce que nous savons tous déjà. Répertorier les individus selon leur ethnie, leur race ou leur culture, c'est par contre

ouvrir la porte à toutes les dérives possibles. Cette approche s'apparente au ver qui serait introduit dans le fruit, car elle constitue la première marche vers la communautarisation de la France. Il faudra donc lutter, à tous les niveaux, contre cette tentation qui anime certains lobbies et responsables politiques, influencés en cela par des associations ou des cercles qui ne perçoivent pas toujours le danger de tels fichages. Ceux-ci ont existé en d'autres temps. La France va-t-elle se laisser entraîner à reproduire les lourdes fautes du passé?

Une bonne image est lente et dificile à construire; elle peut au contraire être fortement ternie en très peu de temps.

La délinquance de certains enfants de l'immigration a ainsi, au fil des ans, tissé et renvoyé au reste de la population l'image d'une inaptitude à la vie commune dans le respect des règles de vie de la société française. Les populations des banlieues paient chaque jour les conséquences de l'image fortement dégradée qui leur est attachée. De plus, le fait que les populations des quartiers sensibles, des associations et même des élus de la République réclament aux pouvoirs publics des moyens supplémentaires, en arguant que l'absence d'effort substantiel entraînerait de nouvelles insurrections des banlieues, renvoie une image ahurissante au reste de la population. Ce discours est interprété comme une sorte de chantage. Il n'a jamais été nécessaire d'être de condition sociale aisée pour apprendre à respecter les règles de la vie commune. Il y a trop de pauvres en France aujourd'hui qui cependant ne cassent ni ne brûlent et trop de quartiers qui sont très loin de disposer d'autant d'attentions que les banlieues sensibles et ne menacent pas de s'embraser ou de défier la République. Les Français le savent, et cela ajoute à leur incompréhension et à leur désapprobation.

Les populations entachées par cette image d'associabilité doivent réaliser qu'elles prendraient les mêmes distances vis-à-vis des Français de souche si ces derniers adoptaient le même mode d'expression. Les Français ne connaissent pas dans le détail, et c'est naturel, les cultures autres que la leur. Ils ne disposent donc pas de grilles de décodage suffisamment fines pour leur permettre de différencier chaque individu de son groupe d'origine et le saisir en tant qu'individualité. Aussi se protègent-ils en préférant se tenir à l'écart de tous ceux qui appartiennent à un groupe dont les attitudes leur apparaissent comme menaçantes.

Ces grilles de décodage s'élaborent au cours du temps, au travers des connaissances acquises grâce aux informations que l'on recueille par le biais d'une multitude de canaux : la lecture, les médias, le cinéma, et bien entendu l'expérience du vécu quotidien des contacts avec les autres. Notre propre psychologie et notre système de valeurs, hérités en grande partie de notre culture, sont utilisés pour situer les autres

par rapport à soi. L'autre est constamment référencé par rapport à nos propres critères d'évaluation. Ainsi, on ne peut pas ne pas situer l'autre par rapport à soi. Cette constatation est une donnée première de la réalité interhumaine.

Le résultat de l'identification de l'autre intervient et oriente tout le processus de la communication avec cet autrui . Ce processus n'est donc pas propre aux Français; il est spontanément mis en branle par tous les êtres humains sur terre. Il est un fait que les comportements et les moyens d”expression très éloignés de ceux que valorise la culture française exposent leurs auteurs à une réprobation unanime qui se conclut par une sanction, cette dernière pouvant aller jusqu'au rejet pur et simple.

La modification de la démographie française s'est opérée trop rapidement pour que le peuple français ait pu disposer du temps nécessaire à l'assimilation d'un si profond bouleversement. Ce temps aurait pu être nettement raccourci si les flux migratoires ne s'étaient pas accompagnés d'autant d'interrogations quant aux facultés des migrants à s'intégrer, ou plus modestement s'insérer dans la société française. Répéter, dans un discours purement intellectuel, que 1'immigration est une richesse pour la France ne suffit pas à en convaincre les Français. Comme toutes les autres populations au monde, la population française juge en fonction de ce qu'elle observe ou rencontre dans son environnement quotidien. Le moins qu`on puisse dire, c'est que cette expérience l'aura conduite à l'inquiétude.

Au moment où brûlaient les banlieues, nos femmes et hommes politiques tentaient de nous convaincre de la responsabilité majeure du déficit de mixité sociale, qu'il fallait absolument combler. Quelle erreur de communication!

Les Français ont traduit : voyez ces voitures qui brûlent, nous voulons les exporter également chez vous. Qui aurait envie d'adhérer à une mixité sociale, présentée sous un tel visage! Ce ne sont pas des lois qui changeront la donne. Aucune loi ne réussira à imposer une mixité sociale dans les zones géographiques ou dans les entreprises. Seule portera des fruits la construction d'une image positive renvoyée par une immigration qui aura réussi à s'insérer dans la société.

Depuis tant d'années que des crispations se font sentir, les gouvernements successifs ont refusé de travailler à rassurer les Français. On est au contraire parti du postulat que les Français étaient potentiellement des racistes primaires, et on a abondé dans la création d'une panoplie de mécanismes et d'organismes pour leur faire la guerre. Les mots qui ont été choisis ont leur importance. On parle de Haute Autorité de lutte contre les discriminations. On planifie des campagnes de communication pour sensibiliser et encourager les potentielles victimes de discriminations à porter plainte. Or, dans l'imaginaire collectif, qui dit lutte dit ennemi ; qui dit victime dit « bourreau . Ainsi, on stigmatise les Français en les érigeant oficiellement au rang d'ennemis ou de bourreaux. En procédant de la sorte, on divise la France en deux, en plaçant deux communautés face à face. Comment ose-t-on ensuite espérer que ces deux communautés apprendront à cohabiter?

On préconise des absurdités telles que le CV anonyme, qui ne fait que déplacer l'instant de la rencontre entre les peurs et le déclenchement de réflexes de protection. On peut bien traquer ceux qui se protègent; ils développeront aussitôt d'autres stratégies de protection, tant qu'ils en éprouveront le besoin. Les minorités gagneraient elles aussi à se démarquer des pratiques de certains de leurs membres, au lieu d'expliquer sur toutes les ondes que la délinquance est une réponse naturelle à la précarité sociale. Les Français n'apprécient pas ces menaces à peine voilées, qui singularisent encore davantage à leurs yeux les populations d'origine étrangère.

Accorder le statut de victimes aux populations d'origine immigrée qui rencontrent des problèmes d'insertion et d'intégration est contre-productif, car cela les enferme inéluctablement dans un état de déresponsabilisation qui les empêche de prendre en main leur destin pour devenir moteurs de leur insertion et de leur intégration. Nous savons bien que l'argument très souvent utilisé est que cela ne leur est pas possible. Cet argument ne tient plus lorsque près de 500 000 emplois ne trouvent pas preneurs dans notre pays, en majorité dans les domaines du BTP, de l'artisanat, de l'hôtellerie, de la restauration, des services d'aide à la personne... et que les élus osent voter à l'Assemblée nationale un texte sur l'immigration de travail, arguant que, dans ces domaines précisément, les entrepreneurs ont besoin de faire appel à de la main-d'oeuvre étrangère. . . Imaginons un seul instant à quel niveau tomberait le taux de chômage, qui angoisse et démoralise tant les Français, si ceux qui recherchent un emploi et ne disposent pas encore de qualification précise acceptaient de se former et de répondre à l'offre de ces entrepreneurs ? Ainsi, occulter aux enfants de l'immigration, dont le taux de chômage est très élevés qu'ils ont un rôle actif à jouer et des perches à saisir, c'est ruiner définitivement leurs chances d'insertion dans notre société.

Bien entendu, je ne fais absolument pas référence au statut général de victime qui est indispensable pour que l'individu reconnu comme tel puisse commencer sa reconstruction ou son travail de deuil. Attribuer systématiquement le statut de victime dans le dossier qui nous intéresse ici, c'est comme éduquer un enfant en lui énonçant régulièrement que les autres sont à l'origine de tous ses malheurs et qu'il lui faut lutter contre eux. Il ne faudra alors pas être surpris de voir cet enfant adopter un comportement général de défiance envers ces mêmes autres et grandir avec la certitude que rien ne dépend de lui. La conséquence directe, c'est qu'il lui sera très difficile de cohabiter sereinement avec ceux qui apparemment lui voudraient du mal. Il sera également enclin à ne développer aucun sens de l'initiative et de l'effort, puisque rien n'est de son fait.

Soutenir les valeurs républicaines qui régissent le fonctionnement de notre société n'a pas fait monter les scores électoraux des partis politiques extrêmes dans notre pays.

Ce qui les a fait monter, c'est au contraire d'avoir oublié de les soutenir. S'ils ne veulent plus avoir à subir à chaque élection la menace d'un basculement vers les extrêmes, les Français doivent d'urgence se réapproprier leurs valeurs républicaines (une certaine idée de la justice, la liberté des uns et des autres, l'esprit d'initiative, l'égalité entre tous les êtres quels que soient leur sexe, leur race ou leur culture, la laïcité, la fraternité...) afin d'obliger les partis de gouvernement à en garantir le respect.





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