vendredi 16 février 2018

Sauvegarde Le blog de Mahomet page 4

17 AVRIL 2016

«Le Coran n’a pris naissance ni à La Mecque, ni à Médine»

Sep072014
Source: L’écriture en usage à La Mecque et à Médine était autre que celle des manuscrits coraniques les plus anciens, ce qui ressort des inscriptions gravées sud-arabiques.
in Trouw (quotidien édité à Amsterdam), 4 août 2012, par Eildert Mulder
Le linguiste et Moyen-orientaliste Canadien Robert Kerr apporte un éclairage nouveau sur les origines de l’Islam. D’après ses recherches, l’alphabet utilisé dans les plus anciens manuscrits connus du Coran montre plutôt que le livre fondateur de l’Islam apparut dans la région actuellement couverte par la Jordanie, la Syrie et l’Irak et non à La Mecque ou à Médine.

R. Kerr est actuellement Professeur au département Archaeology and Classical Studies à l’Université Wilfrid Laurier de Waterloo, Ontario (Canada), après avoir travaillé à l’Université de Leiden en Hollande. Il y enseigne la langue et la linguistique arabes et hébraïques, l’araméen, plusieurs cours sur la Bible, le Talmud et le livre des Proverbes araméens de Ahikar, la littérature ougaritique, et des études comparatives.
La naissance de l’Islam ne peut se comprendre que si on la replace dans le contexte de son temps. Ceci ne peut se faire, démonte le savant canadien, en se limitant aux textes arabes classiques qui sont imprégnés de la tradition islamique. La connaissance des langues et cultures avec lesquelles les Arabes ont été en contact pendant des siècles est essentielle. Armé d’une tel bagage, R. Kerr a fait une découverte surprenante: le Coran ne peut pas être initialement apparu à la Mecque ou à Médine car dans ce cas les manuscrits les plus anciens de ce texte auraient été écrits dans un autre alphabet.
Ce type de recherches islamologiques alternatives est caractérisé par leur nature « multi-facettes ». Un aperçu des centres d’intérêt multidisciplinaires de R. Kerr : après un passage dans l’armée Canadienne, il étudia l’assyriologie et l’égyptologie à Tübingen en Allemagne. Il se spécialisa ensuite à Leyden en linguistique et études sémitiques c’est-à-dire l’étude des langues sémitiques dont font partie entre autres l’arabe, l’hébreu, l’éthiopien et le Punique (la langue de Carthage). Dans sa thèse il indique que le Punique continua d’être parlé plusieurs siècles après la destruction de Carthage par les Romains. Pour ce faire il fit des recherches de terrain en Tunisie et (illégalement) en Libye. Il poursuivit ses recherches en étudiant des inscriptions pétrographiques dans le sud de la péninsule Arabique.
Outre l’anglais, R. Kerr parle le français, l’allemand, le néerlandais, le grec, le latin et le russe. Il déchiffre des langues sémitiques telles que le punique, l’hébreu et l’arabe.
Actuellement, il enseigne à Waterloo (Ontario). Son terrain privilégié est le Moyen-Orient avant l’Islam. Il n’est donc pas islamologue mais peut-être est-ce là ce qui lui a permis d’apporter des points de vue nouveaux dans les discussions sur l’histoire de la naissance de l’Islam. R. Kerr s’est relié aux travaux des islamologues « révisionnistes » qui ne se satisfont plus des traditions orthodoxes [islamiques] mais essaient de découvrir, par une recherches centrée sur des sources de l’époque, ce qui s’est passé aux débuts de l’Islam.
C’est l’étendue géographique des inscriptions pétrographiques sud-arabiques qui amena R. Kerr à sa stimulante théorie sur la question de savoir où est vraiment né le Coran. Selon le récit habituel, ce serait à la Mecque et à Médine. Mais là, fait remarquer R. Kerr,, l’écriture était autre que celle des plus anciens manuscrits coraniques. Cela ressort des inscriptions sudarabiques, qui s’étendent jusqu’au nord de ces villes, et cela sur une période qui s’étend d’environ 800 avant JC jusqu’aux origines de l’Islam, 1 500 ans plus tard.
Kerr présente d’autres arguments encore, qui plaident contre La Mecque et Médine: linguistiques, archéologiques, théologiques et historiques. C’est le cas par exemple pour l’exemple littéraire arabe le plus ancien qui ressemble à la langue du Coran, et qui est un texte biblique découvert à Alep en Syrie, une ville située à 1 400 km au nord de la Mecque. L’argumentation de Kerr s’apparente à ce que les juristes appellent une démonstration « par enchainement ». Aucun des maillons ne constitue une preuve absolue à lui seul, mais la combinaison de tous les chaînons convainc.
Image d’un vieux manuscrit du Coran provenant de Sanaa au Yémen et écrit en arabe ancien. Cette écriture n’était pas utilisée à l’époque en Arabie du sud. Ce manuscrit se trouve dans la Maison des Manuscrits de Sanaa.
Exemple d’écriture sud-arabique. Cette pierre se trouve au musée national de Sanaa.
Les observations de Kerr sur la forme de l’écriture forment la partie la plus originale de son argumentation « en chaîne ». Tout d’abord, il règle un malentendu persistant consistant à croire que les anciens Arabes n’auraient pas connu l’écriture. Ce ne serait qu’à partir du commencement de l’Islam que cette culture aurait été introduite. En réalité les Arabes s’exprimaient déjà de manière manuscrite depuis de nombreux siècles. Mais c’était dans une autre écriture que l’actuelle et généralement pas dans leur propre langue. Beaucoup d’Arabes qui vivaient dans ce qui est aujourd’hui la Syrie s’exprimaient en arabe mais écrivaient en araméen. D’autres écrivaient en arabe mais avec une autre écriture que l’actuelle. Le texte biblique d’Alep par exemple est consigné avec des lettres grecques. D’autres textes, et ceci est intéressant pour la théorie de Kerr, ont par contre été reproduits en écriture sud-arabique.
Au septième siècle la langue arabe était moins répandue qu’actuellement. Aujourd’hui cette langue est parlée et écrite du Maroc à l’Irak et de la Syrie au Soudan. A l’époque, la langue arabe était surtout pratiquée (en parallèle avec d’autres langues en de nombreux endroits) dans le nord et le centre de ce que les Romains appelaient « l’Arabie »: la péninsule Arabique (l’Arabie Saoudite et les pays voisins au Sud et à l’Est) plus les territoires contigus de Jordanie, Syrie et Irak.
Les Romains nommaient le nord de l’Arabie « Arabia Petrae » d’après la ville de Pétra, la ville bien connue construite dans la roche rouge au sud de la Jordanie. Les habitants y parlaient vraisemblablement des langages précurseurs des langues Arabes actuelles, et qui étaient entremêlés de la langue culturelle araméenne. Ils écrivaient l’araméen avec un alphabet araméen dont il y avait plusieurs variantes. Politiquement, l’Arabia Petrae appartenait à la sphère d’influence romaine. L’élite était constituée de mercenaires de l’armée romaine et de chrétiens hétérodoxes c’est-à-dire ayant leur propre conviction quant à la nature et la personnalité de Jésus.
Selon Kerr, les précurseurs de l’écriture et de la langue arabes que nous connaissons aujourd’hui proviennent de cette région. La partie orientale de l’Arabie du Nord (dont une partie de l’Irak actuel) était en relation avec le Royaume Perse.
Au Sud de l’Arabie Pétrée, formant le Nord de l’actuelle Arabie Saoudite, s’étendait l’Arabia Deserta (l’Arabie abandonnée). Concernant les langues parlées là, Kerr s’exprime avec prudence : « C’étaient des dialectes sémitiques, différents suivant les oasis et rattachés à ce qui deviendrait l’Arabe classique mais sans l’être ». Ils sont connus au travers de milliers d’inscriptions pétrographiques, certaines datant de plusieurs siècles avant l’Islam.
Les habitants de l’Arabia Deserta n’employaient pas l’alphabet araméen mais bien l’écriture sud-arabique, issue de la région du Yémen actuel qui constituait la troisième partie de l’Arabie des Romains et qu’ils appelaient « Arabia Felix » (l’Arabie heureuse). Ces différentes langues « yéménites » étaient similaires au sémitique arabe mais se rapprochaient plus de l’éthiopien classique. Et malgré la différence de langue, il est assez évident que les habitants d’Arabia Deserta – où se situent La Mecque et Médine – utilisaient l’alphabet yéménite.
En effet, tout d’abord, il y avait le rayonnement culturel de l’illustre civilisation du Yémen depuis l’an 1000 avant JC. Ensuite l’alphabet sud-arabique possède des signes pour tous les sons de base sémitiques et peut donc ainsi parfaitement reproduire l’arabe du Nord, alors que la langue araméenne possède trop peu de signes pour ce faire. Cet argument vaut aussi pour les plus anciens écrits arabes produits à partir d’écrits araméens où un même signe araméen peut parfois représenter jusqu’à sept sons différents en arabe. C’est ainsi que des manuscrits coraniques anciens ont produits différentes interprétations possibles. C’est une réforme plus tardive de l’écriture Arabe qui supprima les doubles sens.
À la période où la tradition rapporte que les textes coraniques auraient été rassemblés en un livre, vers le milieu du septième siècle, l’écriture sud Arabique était encore en usage à la Mecque et à Médine. D’où la position de Kerr : si le Coran était né là, il aurait dû être exprimé dans l’alphabet sud-arabique et en un ancien dialecte arabe local, et non dans l’arabe courant du nord de la Syrie (qui précède l’arabe classique). Or les manuscrits coraniques les plus anciens connus sont écrits dans cette écriture arabe ancienne qui contient encore des doubles sens. Conclusion : le Coran n’est issu ni de la Mecque, ni de Médine.
Kerr se fâche à propos de la destruction d’inscriptions sud-arabiques, par exemple lors d’une rénovation récente de la Mecque. Ce vandalisme culturel prive la science d’indices matériels potentiels très importants. Kerr considère ces destructions comme une barbarie encore plus grave que l’infâme destruction des statues de Bouddha en Afghanistan. Tombouctou a récemment été ajoutée à cette liste.
Toute théorie valide doit être ouverte à la réfutation [selon la théorie de Karl Popper], et celle de Kerr satisfait à ce critère. Peut-être les archéologues découvriront-ils un jour dans les environs de La Mecque des textes écrits avec un alphabet arabe qui ressemble à celui du Coran et qui seraient du septième siècle ou plus ancien encore, et écrits dans une langue ancêtre de l’arabe actuel. Dans ce cas la position de Kerr ne tiendrait plus.
Il convient de noter qu’on a trouvé en Arabie Saoudite des papyrus et des inscriptions du septième siècle en caractères arabes [pour ce qui est des inscriptions gravées sur des rochers, celles qui ont été opportunément « découvertes » depuis 2010 sont des faux manifestes – Ndlr]. Mais cela ne déconcerte pas Kerr : « Pour moi, ce sont les écrits non officiels qui font foi. Les papyrus cités sont des documents officiels issus du pouvoir. Des papyrus de la même époque ont également été découverts en Afghanistan. Personne ne va prétendre que l’arabe y était la langue véhiculaire. Je ne nie pas qu’il a eu un domaine arabe. La seule question est de savoir si c’était déjà aussi un domaine islamique, ou si l’Islam est né plus tard. Ce domaine a développé une langue de gouvernance dans laquelle ces papyrus ont été écrits ».
Une autre possibilité de réfuter la théorie de Kerr serait la découverte de textes coraniques en écriture Sud Arabique. Dans ce cas, La Mecque et Médine pourraient avoir été le siège de la naissance du Coran. Mais tant que de tels textes n’auront pas été trouvés, il convient, raisonne Kerr, de rechercher le lieu de naissance du Coran dans une région où vivaient des Arabes, où la langue parlée était l’arabe, et où dominait la culture écrite araméenne (d’où découle l’écriture arabe ancienne). Cette situation prévalait bien en Arabie Pétrée, mais ni à la Mecque ni à Médine où manquait la culture scripturaire araméenne.
Avec la collaboration de Thomas Milo. Les illustrations sont de Robert Kerr et Thomas Milo.
 
 
18 MARS 2016
Mahomet et les femmes
Docteur d'Etat en droit, docteur en civilisation islamique Islamologue et professeur d'arabe
La tradition musulmane, grâce à la plume d'habiles historiens – souvent des convertis persans du VIIIe siècle – a fait de Mahomet un mythe, une sorte de surhomme, le modèle insurpassable de la virilité. Ainsi seront rapportés et répétés avec orgueil les propos du hadîth : « Le Prophète faisait une tournée conjugale auprès de ses épouses dans le seul temps d'une nuit et de la journée suivante, alors qu'elles étaient au nombre de onze. » « Il avait la force de trente hommes », dit un autre hadîth. Anne-Marie Delcambre, docteur en droit et en civilisation islamique, nous conte avec un talent digne de Shéhérazade les mille aventures du Prophète, tout en analysant, avec sa rigueur de juriste, les sourates du Coran qui évoquent la position de la femme musulmane et les dures réalités de la polygamie. 

Mahomet à Médine, un Prophète polygame

Mais il s'agit là, entre 622 et 632, du Mahomet de Médine, un Prophète devenu abondamment polygame, puisqu'il épousa treize femmes. Il ne consomma pas le mariage avec deux d'entre elles, dont Asma, parce qu'elle était lépreuse. À sa mort, Mahomet laissa neuf épouses.

Sawda était une veuve de cinquante ans, sans attraits.

Dès 619, Abû Bakr lui avait donné en mariage sa fille Aïcha, alors âgée de six ou sept ans. Le Prophète consommera le mariage plus tard à Médine, quand la fillette, la « petite blondine », aura neuf ou dix ans.

Hafsa, la fille d'Omar, était une veuve de vingt-deux ans sans beauté mais qui savait lire et que son père avait eu du mal à marier.

Zaynab, l'épouse de Zayd, son esclave chrétien affranchi devenu son fils adoptif, fut à l'origine d'un véritable coup de foudre du Prophète.

Umm Salamah, fille d'Abû Umayya, était une belle aristocrate, cultivée et mère de plusieurs enfants.

Juwayriyya, quant à elle, avait été capturée au cours de la razzia contre les Banû al Mustaliq. Ibn Ishâq rapporte : « Quand l'envoyé d'Allah distribua les captives, Juwayriyya tomba dans le lot de Thâbit ; elle se racheta par un pécule. C'était une très jolie femme, très séduisante. Elle alla vers l'envoyé d'Allah pour qu'il l'aide à payer son pécule. Aïcha dit : "Dès que je l'ai vue, je l'ai haïe. J'ai vu que l'envoyé d'Allah verrait d'elle ce que j'ai vu." Lorsqu'il la vit, Mahomet dit : "Je payerai ton pécule et je t'épouserai." Il fit plus puisqu'il accorda la liberté à tous ses parents. »

Safiyya, une juive de Khaybar, est, elle aussi, une prise de guerre. Mahomet la prit comme épouse après avoir fait torturer et tuer son mari Kinânah et consomma le mariage sans avoir la patience d'attendre d'être revenu à Médine.

Umm Habiba, fille d'Abû Sufyân, le chef de La Mecque, et veuve d'un mari alcoolique qui avait abjuré l'islam pour embrasser, en Abyssinie, le christianisme ainsi que Maymunah, également une veuve, la sœur de la femme de son oncle Abbas, illustrent les mariages politiques du Prophète pour reconquérir La Mecque.

À ce nombre de femmes il faut ajouter deux concubines, Rayhana, une juive choisie comme esclave à la suite du carnage de la tribu juive des Banû Qu-rayza et Maria, une esclave chrétienne envoyée d'Égypte par le « grand chef des Coptes » comme cadeau au Prophète.

Aïcha, l'épouse préférée

Pour la tradition, Aïcha était l'épouse préférée de Mahomet. Beaucoup de ses propos énoncent avec une certaine naïveté les privilèges que le Prophète s'octroyait par rapport au commun des musulmans. C'est elle qui a rapporté : « Le Prophète embrassait et touchait ses femmes alors qu'il jeûnait mais il était plus maître que vous de son membre viril. » D'elle aussi provient ce hadîth : « Le Prophète s'appuyait sur mon giron, bien que j'eusse mes règles et ensuite il récitait le Coran. Je démêlais les cheveux de l'Envoyé de Dieu, bien que j'eusse mes règles. » Il est vrai que celle qui est considérée par les musulmans comme la plus célèbre des « mères des croyants » aimait rappeler, non sans quelque fatuité, que le Prophète l'avait épousée jeune et qu'elle était vierge. « Alors que le Prophète avait un peu tardé à venir la retrouver, elle lui demanda : "Où étais-tu aujourd'hui jusqu'à maintenant ? – Ô belle petite, répondit-il, j'étais avec Umm Salamah. – N'en as-tu pas assez d'Umm Salamah ?" continua-t-elle ; alors qu'il souriait sans répondre, elle ajouta : "Ô Envoyé de Dieu, dis-moi seulement ceci : si tu te trouvais entre les deux versants d'une vallée dont l'un n'a pas encore servi de pâture tandis que l'autre a déjà été brouté, sur lequel mènerais-tu paître ton troupeau ? – Sur celui qui n'a pas été brouté, répondit le Prophète. – C'est bien cela, dit-elle, et moi je ne suis pas comme tes autres épouses. Chacune d'elles a eu un mari avant toi, sauf moi". » Lorsque Mahomet avait épousé physiquement Aïcha, la fillette avait neuf ans et lui, déjà plus de cinquante. Elle le charmait au début par ses espiègleries. Il est vraisemblable que, consciente de son pouvoir de séduction, elle prit de plus en plus de libertés avec son époux et, comme elle avait une langue acérée, elle dépassait quelquefois les limites.

Le Prophète gardait un respect ému pour Khadîja sa première femme. Un jour, Aïcha lui aurait dit, d'après la tradition : « N'as-tu pas fini de louer une vieille édentée, alors que tu disposes maintenant de plusieurs femmes jeunes et belles ? » Le Prophète fut très choqué par l'impertinente gamine et lui répondit sévèrement : « Apprends qu'aucune de vous n'arrive à la cheville de Khadija. Au Paradis, elle sera la plus proche de moi et aura la prééminence sur vous toutes. »

Le collier d'onyx

Parmi les cadeaux que Mahomet avait offert à sa très jeune épouse Aïcha, il y avait un collier d'onyx auquel elle tenait beaucoup. Or ce collier faillit perturber non seulement la vie du couple mais aussi la paix de la communauté. Durant toutes ses campagnes, le Prophète tirait au sort parmi ses femmes. Celle dont la flèche sortait l'accompagnait. Dans une razzia contre les Banû al-Mustaliq, il avait emmené Aïcha dans une litière arrimée sur une chamelle. On déposait le palanquin par terre quand on s'arrêtait. Or, sur le chemin du retour, lors d'une halte, le palanquin fut descendu et Aïcha s'éloigna pour satisfaire un besoin naturel. Elle s'aperçut alors qu'elle avait égaré le collier qu'elle portait au cou et s'attarda pour le chercher. Pendant ce temps, le palanquin avait été replacé sur le chameau. Quand la jeune Aïcha retrouva son collier, elle constata que tout le monde était parti. Et voici qu'arriva un Bédouin, jeune et beau, Safwân qui la reconnut. Aïcha dira : « II avait l'habitude de me voir, avant que le voile ne nous fût prescrit. » Il fit monter l'épouse du Prophète derrière son chameau et ils rentrèrent à Médine. Les méchantes langues allaient bon train. Le Prophète lui-même doutait. Aïcha rapporte : « Quand il entrait chez moi, pendant que ma mère était là pour me soigner, il lui demandait : "Comment va celle-là ?" » Mais une révélation coranique intervint pour innocenter Aïcha (sourate 24, versets 2, 4, 13). Celle-ci, toute fière d'avoir attiré l'attention d'Allah lui-même, ne manquait pas d'ailleurs de s'en servir pour humilier ses rivales.

Zaynab

Dieu se manifesta pour une autre épouse, Zaynab, femme de Zayd. Un jour, Mahomet alla rendre visite à Zayd, ignorant qu'à ce moment-là son fils adoptif était absent. Et le Prophète vit Zaynab en tenue légère. Malgré ses trente-cinq ans, elle était encore d'une beauté troublante. Il en tomba immédiatement amoureux. Zayd décida de la répudier. Mais épouser la femme de son fils adoptif, c'était commettre un inceste. Heureusement, une révélation tomba du ciel qui interdisait désormais l'adoption et l'autorisait à épouser Zaynab (sourate 33, verset 37).

Le jeune Mahomet de La Mecque, époux de Khadîja

Or ce Mahomet de Médine, à la tête d'un véritable harem, ne ressemble absolument pas au Mahomet de La Mecque qui, à vingt-cinq ans, avait été épousé par une femme de quinze ans plus âgée que lui et qui avait déjà été mariée deux fois. Khadîja était une veuve riche qui l'avait d'abord choisi comme intendant pour son commerce de caravanes avant de le faire demander en mariage. Elle dirigea et éduqua son jeune mari ; elle le soutint contre les attaques lorsque, devenu quadragénaire, il se mit à affirmer d'avoir des visions célestes. C'est elle qui alla consulter son cousin Waraqa ibn Nawfai, vraisemblablement un chrétien nestorien, pour le rassurer. Elle sut se montrer pour lui protectrice et maternelle. Mahomet lui garda toujours une grande reconnaissance : « Quand j'étais pauvre, elle m'a enrichi ; quand les autres m'accusaient de mensonges, elle crut en moi ; quand j'étais maudit par mon peuple, elle me resta fidèle et plus je souffris plus elle m'aima. » Pendant vingt-cinq années Mahomet fut un époux fidèle et respectueux.

Or la mort de Khadîja, en 619, opéra un véritable traumatisme dans la vie du Prophète. Il cessa dès lors d'être cet inspiré persécuté, moqué jusqu'à l'extrême dans sa vie privée, pour se transformer en chef de bande parfois sans pitié, opérant des razzias, multipliant les unions et n'hésitant pas à s'attribuer des captives de guerre comme butin.

Mansour Fahmy et la polygamie de Mahomet 

L'Égyptien Mansour Fahmy, dans une thèse soutenue en 1913 à la Sorbonne sous la direction de Levy Bruhl, sur la condition de la femme dans l'islam, distingue dans la vie du Prophète de l'islam ces deux périodes conjugales totalement opposées. Fahmy, accusé d'avoir rédigé un travail sacrilège sous la houlette d'un « professeur juif » fut persécuté jusqu'à la fin de ses jours. Mais cet Égyptien courageux montre qu'à Médine l'attitude du Prophète est souvent en contradiction avec le Coran. La polygamie est permise (sourate 4, verset 3) mais lorsqu'Ali, son cousin et son gendre, époux de sa fille Fatima, veut, en vertu de ce verset, prendre une seconde épouse, le Prophète déclare en chaire : « Si Ali veut se remarier, qu'il divorce auparavant. Ma fille est une partie de moi-même. Ce qui lui fait mal me fait mal, ce qui la bouleverse me bouleverse. » En fait Mahomet réagit là en Arabe blessé dans son honneur de père. Il refuse à Ali la polygamie alors qu'il la pratique abondamment. Selon Fahmy, il s'attribuait des privilèges prophétiques, comme cette polygamie quasi illimitée, pour masquer qu'il n'était pas maître de ses inclinations. Pour se justifier, il disait avoir mangé d'un mets céleste que lui avait présenté l'ange Gabriel et avoir ressenti ensuite pour les femmes un désir et un amour exagérés (Ibn Saad, tome VIII). Les femmes pressentaient cette faiblesse de Mahomet. Aïcha a dit : « J'étais jalouse de mes co-épouses qui s'offraient d'elles-mêmes à l'Envoyé de Dieu et je disais : "Comment une femme s'offre-t-elle ainsi ? " Lorsque Dieu le Très Haut révéla le verset (sourate 33, verset 51) "Tu peux donner de l'espoir (pour plus tard) à celles d'entre elles que tu voudras et celle que tu désires de nouveau après l'avoir négligée", je dis : "Je trouve que Dieu a hâte de satisfaire tes désirs". »

Jalousies, scènes de ménage et réclusion

Mais la vérité, c'est que l'apôtre d'Allah n'arrivait pas à gérer neuf ménages différents, des femmes plus ou moins jalouses les unes des autres et qui ne cessaient d'ourdir des intrigues. Omar était souvent le témoin d'atroces scènes de ménage entre le Prophète et ses femmes qui, selon l'expression du père d'Hafsa, « le prenaient à la gorge ». Il déplorait d'autre part que les femmes du Prophète sortent non voilées le soir, pour satisfaire leurs besoins corporels du fait qu'il n'y avait pas de latrines dans les logements car il arrivait qu'elles soient importunées par des hommes peu recommandables. C'est pourquoi ce beau-père de Mahomet forçait son gendre à exiger de ses épouses plus d'obéissance, plus de discrétion vestimentaire, plus de réclusion. Il lui aurait dit : « Séquestre tes femmes ! » Chose troublante, une révélation était intervenue peu de temps après pour inciter les femmes à plus de tenue et de retenue (Coran, sourate 33, verset 59). Un jour, ce même Omar s'était rendu chez le Prophète. Dès que les femmes perçurent sa voix, elles se réfugièrent derrière un rideau. Le Prophète, secoué par le rire, dit : « Ô Omar, dès qu'elles ont entendu ta voix, elles ont disparu ! – Comment, s'exclama l'ombrageux Omar, vous avez peur de moi et pas du Prophète !". Cachée derrière le rideau, sa fille Hafsa lui dit : "Ô mon père, tu es plus dur que l'Envoyé de Dieu". »

Maria, la douce concubine chrétienne

Ce dernier était en fait d'un naturel timide. Or il dut affronter toutes ses femmes à la fois lorsqu'il tomba amoureux de Maria, la concubine chrétienne, frêle beauté à la chevelure bouclée. Il avait vraiment perdu tout sang-froid. On rapporte que, fou de jalousie, il aurait demandé à son cousin Ali d'aller tuer un copte envoyé d'Égypte pour servir la concubine. Il accusait le serviteur d'avoir eu des relations secrètes avec la belle esclave. Le copte n'eut la vie sauve que parce qu'il constata qu'il était eunuque ! À part cet épisode de jalousie due à la passion, la tradition parle bien peu de cette Maria. Elle fut à l'origine pourtant de la grave crise domestique qui amena le Prophète à se tenir éloigné de ses épouses un mois durant. Hafsa, la fille d'Omar, au retour d'une visite à ses parents, avait surpris le Prophète avec Maria dans son propre logement et le jour qui lui avait été réservé. Mahomet, très gêné, lui avait demandé de ne rien dire, mais elle s'était empressée de tout raconter à Aïcha. Et là l'orage avait éclaté. Pauvre Prophète qui s'était vu « attaqué » par la meute de ses femmes déchaînées contre l'étrangère, cette Égyptienne chrétienne si douce et si soumise. La violence des rivales était telle qu'il avait dû installer Maria dans une maisonnette indépendante sur les hauteurs de Médine. Mahomet vieillissant éprouvait une réelle passion amoureuse pour Maria. Le fait qu'elle ait été chrétienne était sans doute attirant pour le Prophète qui semble avoir été fasciné par Jésus et par sa mère Marie, symboles pour lui d'humilité et de douceur. Cette idylle lui avait fait oublier toutes ses femmes, entre lesquelles il devait le partage égal de ses jours et de ses nuits Comment osait-il préférer une concubine étrangère aux fières Arabes musulmanes ? Devant la violence de ses femmes et leur hostilité à Maria, il avait songé à les répudier toutes, d'autant plus qu'elles étaient, avec lui, stériles. La petite esclave copte avait réussi, elle, à lui donner un bel enfant à la peau douce, Ibrahim (Abraham) qui devait être le symbole de l'union des monothéismes. Malheureusement, voici que ce mignon bébé qu'il couvrait de baisers sur tout le corps et auquel il tenait comme à la prunelle de ses yeux, tombe malade et meurt. On est tenté de se demander si ce fut bien une mort naturelle car les femmes du Prophète, humiliées, incarnaient de multiples intérêts de clans, menacés par ce fils d'une esclave chrétienne ! Sur le désespoir du Prophète à la mort de son fils la tradition reste très pudique.

Un Prophète désinvolte… 

Sur sa désinvolture vis-à-vis de ses femmes, la même tradition se montre en revanche prolixe. L'historien Tabari (838-923), persan avisé, rapporte dans ses Annales : « Aïcha se plaignit d'une migraine. Le Prophète déjà fort malade dit : "Ô Aïcha, ce serait à moi de me plaindre, non à toi. Si l'on aime quelqu'un on regrette de lui survivre. Puis quel mal y aurait-il, ô Aïcha, si tu mourais avant moi, si je t'ensevelissais, si je priais pour toi et te déposais dans la tombe ? " Et celle-ci de rétorquer : "Oui, tu veux, en revenant de mon enterrement, faire un nouveau mariage". » Le Prophète, nous dit Tabari, sourit en entendant cette réplique acerbe. Le Mahomet de Médine avait l'autorisation coranique de contracter autant de mariages qu'il voulait, aussi bien avec des épouses auxquelles on donne une dot, qu'avec « des esclaves qu'Allah a données par fait de guerre » ou avec des femmes croyantes qui se donnent au Prophète si ce dernier veut les prendre en mariage (sourate 33, verset 50). Mais cela ne semblait pas lui suffire si on comprend bien ce verset du Coran : « II n'est point licite à toi, Prophète, de prendre encore d'autres femmes en dehors de tes esclaves, ni de les changer contre d'autres épouses, fusses-tu ravi par leur beauté » (sourate 33, verset 52). Même Muhammad Hamidullah dans Le Prophète de l'islam voit là « un point de quelque complication » (sic). Il est vrai, d'après Aïcha, qu'en général elle s'efforce de « satisfaire sans retard les passions de son Prophète » ! Ainsi Mahomet, qui est déçu par ses nombreuses épouses stériles et qui avoue être un époux jaloux, ne peut qu'être comblé par la Révélation qui déclare d'abord que « ses épouses sont les mères des croyants » (sourate 6) et qui défend ensuite aux musulmans « d'épouser jamais ses épouses après lui » (sourate 33, verset 53).

…mais misogyne…

Loin d'être un Prophète féministe comme voudraient le faire croire les apologistes musulmans modernes, Mahomet était même parfois misogyne. Il trouvait au sexe faible moins d'intelligence et de piété, moins de capacité juridique aussi. Il ne faisait là que suivre ou précéder le Coran pour qui le témoignage d'un seul homme équivaut à celui de deux femmes (sourate 2, verset 282). C'est également le Coran (sourate 4, verset 34) qui commande de frapper les femmes si elles persistent dans l'indocilité. Mahomet avait interdit de les frapper mais Omar vint trouver le Prophète et lui dit : « Les femmes s'enhardissent vis-à-vis de leurs époux ». À ces propos le Prophète autorisa les hommes à frapper leurs femmes, tout en reconnaissant que les hommes qui font cela ne sont pas parmi les meilleurs.

…et sans aucune indulgence

Le Prophète de l'islam, même s'il était amateur de femmes, n'était pas particulièrement indulgent envers le sexe féminin ! Le Coran punit l'adultère de cent coups de fouet. Or Imrân Husayni raconte qu'une femme de la tribu de Juhayna vint trouver le Prophète, alors qu'elle était enceinte après avoir commis l'adultère. Elle lui dit : « Envoyé de Dieu j'ai transgressé un interdit. » L'Envoyé de Dieu fit appeler son tuteur et lui dit : « Montre-toi bienveillant envers elle et quand elle aura accouché ramène-la moi. » Celui-ci fit ce qui lui avait été demandé et le Prophète ordonna d'attacher la femme avec ses habits ; puis il la fit lapider et dirigea la prière mortuaire. Dans l'Évangile, Jésus évita la lapidation de la femme adultère en posant une condition impossible à ceux qui voulaient appliquer la loi juive de la lapidation : « Que celui qui n'a jamais péché lui jette la première pierre. » Et tous de se retirer, les plus âgés en premier. Jésus dit à la femme : « Va et ne pèche plus ! » Mais Mahomet, lui, ne pardonna pas à la femme adultère. Il faut la foi des musulmans pour voir dans cette punition de la femme fornicatrice autre chose qu'une mise à mort inacceptable pour une conscience moderne.
Anne-Marie Delcambre
Mai 2002
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15 MARS 2016

La vraie mort de Mahomet

Le prophète de l'islam, victime d'un abus de faiblesse ? C'est ce que laisse entendre la Tunisienne Hela Ouardi dans "Les Derniers Jours de Muhammad".

Publié le 14/03/2016 à 13:46 | Le Point.fr
Hela Ouardi est professeur de littérature et de civilisation à Tunis.
Le Point.fr : Telle que vous la décrivez, la fin de Mahomet est une vraie tragédie shakespearienne…
Hela Ouardi : Effectivement, le prophète de l'islam subit de nombreuses épreuves à la fin de sa vie : il perd son seul fils, qu'il adorait ; il subit des échecs militaires contre Byzance, ce qui affaiblit son autorité auprès des musulmans. Il tombe alors gravement malade, et on lui désobéit, on l'empêche d'écrire son testament, on lui administre des médicaments à son insu … Après sa mort, sa fille Fatima sera violentée et mourra, dit-on, des suites de cette agression. Elle sera aussi déshéritée. Son époux, Ali, sera nommé Calife, mais finira assassiné et leurs enfants seront massacrés. On peut donc parler d'une tragédie.
On l'aurait assassiné ?
D'après les sources musulmanes, à la fin de sa vie il a été victime de plusieurs attentats. Il se méfiait de son entourage d'ailleurs, et quand on l'a forcé à prendre un médicament, il a demandé aux personnes présentes de prendre la même potion. En fait, d'après certains auteurs musulmans, il serait peut-être mort de pleurésie. Mais les plus anciennes biographies musulmanes affirment qu'il aurait été empoisonné par une juive de Khaybar. Cette thèse embarrasse les théologiens qui considèrent qu'elle pourrait nuire au prestige du Prophète. Les docteurs d'Al-Alzhar reconnaissent ainsi qu'il a été empoisonné, mais assurent qu'il a survécu trois ans au poison, preuve de l'intervention divine…
Et on a vraiment abandonné son cadavre ?
Oui, on l'a laissé sans sépulture pendant trois jours, ce qui est plus qu'étonnant dans une région aussi chaude que l'Arabie, où la tradition veut que l'on enterre les morts immédiatement ou presque. Les textes évoquent même la décomposition du corps. Deux hypothèses majeures peuvent expliquer cette situation : d'abord le déni. On ne veut pas croire qu'il soit mort et l'on pense qu'il va ressusciter. Mahomet ne promettait-il pas la fin du monde ? La deuxième raison est plus politique, et c'est celle défendue notamment par les chiites : ces trois jours ont permis à Abu Bakr et Umar d'écarter la famille de Mahomet et de s'organiser pour lui succéder. Il leur fallait du temps pour mettre en place ce qu'on pourrait appeler un « coup d'État » ; certaines sources évoquent la présence de la tribu des Aslam qu'Abu Bakr a déployée dans les rues de Médine comme une milice avant l'enterrement du Prophète pour prévenir tout mouvement de contestation. Car les Médinois, chez qui Mahomet était venu se réfugier avec ses premiers fidèles après avoir quitté la Mecque en 622, ne voulaient plus des Mecquois qui les tenaient pour inférieurs. Ils voulaient désigner eux-mêmes leur chef. Abu Bakr s'est imposé par la suite par le sang en menant ce que l'on a appelé les « guerres d'apostasie ».
Le problème de l'islam naissant tient donc au fait que Mahomet n'a pas pu organiser sa succession...
Il n'avait pas de fils direct, que des petits-enfants, des gendres ou des beaux-pères, Abu Bakr, Umar, Ali et Uthman, qui seront les quatre premiers califes. C'est entre eux que va se jouer la succession. Le pouvoir politique en terre d'islam est encore de nos jours une affaire de famille !
Vous parlez de Médine, mais vous dites aussi qu'il est mort non pas dans cette ville, comme l'affirme la tradition, mais à Gaza…
Les sources non musulmanes contemporaines de l'époque du Prophète attestent de la présence de ce dernier à Gaza en 634. Je dois rappeler que l'arrière-grand-père de Mahomet, Hâchim, serait lui-même mort à Gaza.
Mais pourquoi ces changements de lieu et de date ?
Probablement pour des raisons politiques. Son histoire a été « écrite » pour les besoins d'une légitimation du pouvoir.
Votre livre nous dépeint un vieux prophète manipulé par ses femmes et ses meilleurs amis. Aujourd'hui, on dirait qu'il a été victime d'un abus de faiblesse. Quand commence le culte qui fera de lui « le sceau de l'islam » ?
Sous les Omeyyades, probablement, mais on ne sait pas exactement comment. Le processus a dû être lent. Tous les descendants du Prophète ont alors été éliminés, donc il n'y a plus de risque que s'instaure une dynastie de droit divin. La nouvelle dynastie, qui est originaire de la Mecque elle aussi, mais qui pourtant s'est opposée au Prophète au début de la Révélation, va pouvoir l'utiliser pour asseoir sa légitimité.
Vous avez mené une enquête de type scientifique, votre appareil de notes le prouve. Mais sur quoi vous fondez-vous pour affirmer de telles choses ?
Mais sur la tradition musulmane, bien sûr ! Contrairement à ce que l'on peut croire, tout a été écrit, il suffit de prendre la peine de lire les textes. Mon livre n'est pas une œuvre de fiction. C'est le résultat de trois ans de lecture attentive du Coran, des hadiths, c'est-à-dire les faits et les dires que l'on attribue au Prophète, et des récits biographiques publiés après sa mort.
Mais les historiens remettent en cause la fiabilité de ces sources religieuses qui ont été écrites dans une visée apologétique…
Certes. D'abord, il faut préciser que ces sources, malgré leur manque de fiabilité historique, demeurent incontournables. Si on les ignore, l'histoire de la naissance de l'islam se résumerait à deux phrases. Donc, il faut lire, mais comme des documents et non comme des monuments. Mais d'une part, on retrouve les mêmes faits dans des écrits de sources très différentes et d'autre part, ces textes qui pourraient pratiquer la langue de bois n'hésitent pas à dire des choses étonnantes, parfois même contraires aux intérêts des partis qu'ils défendent. Ainsi, je croyais que le fait que Mahomet soit empêché d'écrire son testament était une « invention » des chiites qui soutiennent qu'il avait choisi Ali pour successeur, mais qu'Abu Bakr et Umar l'en ont empêché. Or, les textes sunnites rapportent aussi cet épisode, ce qui n'est pourtant pas dans leur intérêt. On peut penser qu'il y a là un début de vérité, même si l'historien doit toujours garder une distance critique, évidemment.
Si Mahomet attendait la fin des temps, il ne voulait pas créer de religion. Le vrai fondateur de l'islam n'est-il pas plutôt Abu Bakr?
Effectivement, ses successeurs, et au premier chef Abu Bakr, ont donné un avenir à la religion de la fin des temps. Mieux, en conquérant le Proche-Orient, ils ont donné à la religion de l'arabité, une carrière universelle.
 
 
12 MARS 2016
Le corps et les excréments de Mohammad sont des objets de vénération pour les musulmans
Dans un récent article, nous nous sommes penchés sur les propriétés médicinales du crachat de Mohammad, prophète de l’islam (Qu’Allah prie sur lui et lui accorde la paix). Nous abordons aujourd’hui un chapitre plus globalisant du propre corps de l’envoyé d’Allah, objet de vénération et source de liesses populaires mais aussi de troubles insurrectionnels. Quand on dit que « La foi soulève les montagnes », la foi pousse aussi les peuples à s’entretuer. Mais entrons dans le vif du sujet.
Notons tout d’abord qu’on n’a retrouvé ni la tombe ni le corps de Mohammad. On ignore tout sur lui, sauf ce qui est dit dans les hadiths qui sont postérieurs à sa mort de 200 ans. Cependant dans le culte musulman, tout ce qui vient du prophète ou qui est supposé tel est sacré : ses poils (cheveux, poils axillaires, poils de sa toison pubienne, autres poils), ses ongles, sa sueur, son crachat, sa salive, son sang, ses urines, ses excréments. Une extension de cette sainteté va à tous les objets qu’il a pu toucher dans sa vie : l’eau de ses ablutions, le sol où il a mis les pieds etc. … A l’intention de ceux qui doutent de ce qui suit, précisons que nous empruntons ici de larges extraits, sur le site « Les secrets de l’islam », à un article bien référencé et intitulé Urine bénite.
Les cheveux et les poils du prophète
Tous les ans lors de la fête de la naissance de Mohammad, un religieux grimpe en haut de la mosquée Harzatbal, à Srinagarn en Inde, pour exhiber fièrement, devant une foule de plusieurs milliers de croyants en délire, ce qui est censé être un poil de la barbe du prophète. La disparition de cette relique en 1964 avait déclenché des émeutes dans la province. Un autre poil est exposé au musée Topkapi, à Istanbul. Il est l’objet de l’admiration d’une foule nombreuse.
Quand Mohammad allait chez son barbier, ses compagnons s’emparaient de ses cheveux. De même, le chef de guerre Khalid ibn al-Walid mettait dans son casque une mèche de cheveux du prophète, partait au combat et triomphait grâce à cette relique bénie.
On a raconté aussi que l’envoyé d’Allah distribuait lui-même à ses adorateurs des touffes de sa chevelure et que d’autres conservaient les poils de Mohammad afin de s’octroyer les grâces d’Allah.
Il faut reconnaître que, lorsqu’on n’a pas d’Allah à portée de vue, Mohammad devient son représentant, son sosie, son alter-ego.
Les ongles du prophète
Les ongles du messager d’Allah étaient de même très convoités. Dans un hadith consigné par Ahmad ibn Hanbal (m. 855) dans son Mosnad, nous apprenons qu’un compagnon s’est vu attribuer quelques reliques inestimables et rarissimes durant un pèlerinage à La Mecque. Le messager d’Allah en effet donna en partage autour de lui ses victimes sacrificielles et ne donna rien à son compagnon (le père de Mohammad ibn ‘Abdallah ibn Ziad). Mais il s’est rasa la tête, mit ses cheveux dans son vêtement et les donna à son compagnon qui les distribua à son entourage. Ensuite, il se coupa les ongles et les donna à son compagnon.
Le sang du prophète
Les savants de l’islam considèrent le sang comme impur. Or, à la bataille d’Ohod, le prophète se blessa gravement au visage. Un jet de pierres endommagea son casque, lui ouvrit la lèvre et l’édenta. Les deux anneaux du casque s’enfoncèrent dans ses joues. Le sang coulait abondamment à tel point qu’on eut du mal à reconnaître Mohammad. Quand on retira les anneaux le sang se mit à couler comme une outre qui fuit. Mâlik ibn Sinân suça le sang puis l’avala. Le messager d’Allah lui dit : « Celui dont le sang touche le mien, le feu de l’enfer ne lui fera aucun mal ». De même, un jour où le sang du prophète coulait lors d’une saignée, son compagnon ‘Abdallah ibn al-Zoubayr le but et Mohammad lui dit : « Réjouis-toi ! Le feu de l’enfer ne t’atteindra jamais ».
Ainsi boire le sang du prophète n’est pas prohibé. Son sang est donc une exception. C’est même un sauf-conduit pour le paradis.
L’urine du prophète
Dans l’islam, l’urine animale n’est pas nécessairement une substance impure. Si elle provient d’un animal dont la viande est halal, elle est buvable. Ce qui explique la vente d’urines de chamelles laitières, même au 21e siècle.
Concernant l’urine humaine, elle est impure, excepté celle de Mohammad. Selon un hadith rapporté par Oum ‘Ayman, « Le messager d’Allah s’est levé une nuit et s’est isolé dans un coin de la maison pour uriner dans un bol. Je me suis levée pendant la nuit et j’ai eu soif, j’ai alors bu ce qu’il y avait dans le bol sans savoir ce que c’était. Le matin, le Prophète a dit : « Ô Oum ‘Ayman ! Jette ce qu’il y a dans le bol ». J’ai répondu : « Par Allah, j’ai bu ce qu’il y avait dedans ! » Le messager d’Allah s’est mis à rire jusqu’à faire apparaitre ses dents puis il a dit : « Tu n’auras plus jamais mal au ventre après ça ».
Anas, un des compagnons, a rapporté aussi que le messager d’Allah avait uriné dans un puits qui était situé dans sa maison et qu’il servait de cette eau fraîche à ceux qui lui rendaient visite.
Mohammad avait craché et peut-être aussi uriné dans le puits al-Tifla. L’eau de ce puits a acquis des propriétés médicinales.
Les urines du prophète soignent donc les maux de ventre.
Les excréments du prophète
Les excréments des animaux licites à manger ne sont pas considérés comme impurs. Pour ibn Taymiyya, « Aucun des compagnons de l’envoyé d’Allah n’a dit qu’ils sont impurs ». Ils peuvent être vendus et utilisés en tant que combustible pour le feu ou à d’autres fins, comme méthode contraceptive par exemple : les musulmanes s’enfonçaient dans le vagin des compositions de divers ingrédients dont le crottin d’éléphant, et cela était permis par les savants religieux plus spécialisés dans le domaine de la médecine tels que Mohammed ibn Zakariya al-Râzi (m. 921) ou Ibn Sina alias Avicenne (m. 1037). Les femmes de l’Égypte antique usaient déjà de ce moyen de contraception.
Si les oulémas qualifient d’impures les déjections humaines, là encore le prophète se situe à part. La tradition raconte que le fameux compagnon Jâber bin ‘Abdullah al-Ansâri (m. 697), grand guerrier de surcroit, pris un jour d’un féroce appétit voulut se remplir la panse en dévorant les matières fécales de Mohammad. Mais quelqu’un lui chaparda ces victuailles si raffinées et si convoitées.
Il y a peu de temps, le grand mufti d’Égypte, ‘Ali Jouma’a, a affirmé dans un livre que les cheveux, la sueur, le sang, l’urine du prophète étaient une source de bénédictions. Pour défendre ses écrits, il a récidivé en déclarant, notamment dans la presse, que « Tout dans le prophète est pur, y compris ses matières fécales ».
La sueur du prophète
Anas ibn Mâlik considérait qu’aucun parfum n’était comparable à l’odeur de la sueur de Mohammad. Un hadith rapporte une drôle d’expérience d’Oum Soulaym. Quand le messager d’Allah s’aperçut à son réveil qu’Oum Soulaym était en train de recueillir des gouttes de sa sueur dans des flacons de parfum, il lui demanda la raison. Elle répondit : « Nous espérons que cela bénit nos enfants ! ». Il dit : « Tu fais bien ». Cette essence spéciale aurait été mélangée avec du hanout pour embaumer le corps d’Anas, conformément à ses dernières volontés.
La sueur du prophète préserve donc le corps de toute putréfaction.
L’eau des ablutions du prophète
Les gens avaient l’habitude de se ruer sur les eaux usées qui avaient servi à la toilette ou aux ablutions de l’envoyé d’Allah. Certains les buvaient et parfois même ils en venaient presque aux mains pour se les approprier. Quant aux retardataires, ils devaient se contenter de toucher la main humide de leurs compagnons. Quel pouvoir extraordinaire avait cette eau des ablutions de Mohammad !
Les effets personnels du prophète
Du temps du prophète, les musulmans avaient un grand respect pour tout ce qui était une émanation physique du messager d’Allah et pour les objets lui ayant appartenu ou qu’il toucha. On coupa même l’embout d’une outre d’eau qui avait servi à une libation du prophète afin de la garder comme objet béni. On arracha au prophète un vêtement qu’il ne porta qu’un seul instant parce qu’on voulait recevoir une bénédiction en s’enveloppant dedans. La fille du premier calife, le bien-guidé Abou Bakr, hérita la burda (manteau) du prophète. Elle s’en servit pour guérir les malades. Les musulmans se transmettaient ainsi les affaires du défunt prophète, de génération en génération, car ils étaient persuadés que leur quotidien en serait amélioré : son bâton, ses sandales, sa bague et bien d’autres choses encore. On peut aussi lire cet article de la BBC (qui rappelle les émeutes de 1964 causées par la disparition d’un poil de la barbe du prophète à Srinagar) qui raconte qu’une babouche de Mohammed fut dérobée en 2002 dans une mosquée de Lahore au Pakistan. Les reliques du prophète et leur conservation sont l’objet d’intenses émotions dans le sous-continent indien.
Conclusion
Les musulmans divinisent et idolâtrent Mohammad alors qu’il n’était rien d’autre qu’un caravanier et un guerrier. D’autres religions procèdent de même en matière de reliques sans toutefois atteindre la trivialité de l’islam. La littérature islamique consacre des chapitres et des livres entiers à la gloire du Prophète si bien qu’Allah est relégué au second plan. Le guide de la oumma se trouve ainsi placé au-dessus d’Allah, ce qui est illogique. De même, l’islam accorde une trop grande importance aux hadiths (faits et gestes de Mohamamd) si bien qu’ils prennent l’ascendant sur le Coran, censé exprimer la parole d’Allah.
Bernard Dick
 
 
6 MARS 2016
Palimpseste (1) : les deux écritures sont en arabe hidjazi ancien
(Capture d’écran d’après https://www.youtube.com/watch?v=TEU6knDtTSc)
Contester le Coran est considéré par l’islam comme le blasphème suprême. Pour tous les musulmans, le Coran a été révélé à Mohammad par l’ange Gabriel puis répandu dans le monde, exactement selon la version révélée, sans ajouts ni retraits, lettre pour lettre, mot pour mot, sourates selon les mêmes séquences, versets selon les mêmes rangs. La croyance dans ce corpus est simpliste et inébranlable : le Coran est incontestablement la parole d’Allah. Elle est la conséquence de répétitions de plusieurs versets : En vérité, c’est Nous qui avons fait descendre le Coran, et c’est Nous qui en sommes gardien (Le Coran 15 :9), En vérité, c’est Nous qui avons fait descendre sur toi le Coran graduellement. (76 :23). Ainsi, Allah se porte garant de toute « intervention du diable » ou de quiconque susceptible d’ajouter ou de retrancher des éléments du Coran, en l’altérant ou en le déformant (تحريف).
Mais la croyance peut-elle résister éternellement face à la recherche scientifique approfondie des textes anciens ? Quand une vérité éclate au visage des croyants, elle provoque en eux un terrible choc dont ils ne peuvent se remettre. Et ils utilisent la violence sous ses différents aspects jusqu’à jeter l’anathème ou tuer celui qui découvre ces vérités.
La découverte des manuscrits de San’a’, capitale du Yémen
Les manuscrits de textes coraniques découverts à San’a’ en 1972 sont les plus anciens textes du Coran qui nous sont parvenus. Nous ne disposons pas de Coran ancien complet, ni de ceux des compagnons de Mohammad, ni de ceux des califes, ni de celui du calife Othmâne (576-656) réputé pour avoir recensé le Coran. Pourquoi Mohammad n’a-t-il pas recensé lui-même le Coran au moment de la révélation en présence de l’ange Gabriel ? En réalité, assembler les versets du Coran n’était pas dans l’intérêt de Mohammad, surtout quand il fut obligé d’inventer des versets pour disculper sa femme de toute accusation d’adultère ou quand il poussa son fils adoptif Zayd à répudier sa femme Zeynab pour que lui-même puisse épouser celle qui était sa belle-fille. Cela à un point tel que sa femme Aïchas’est trouvée obligée de déclarer « Je ne vois en ton Seigneur que Son empressement [à accepter] tes fantaisies »… Elle ironise sur la révélation, manifestant ainsi ses doutes.
Mohammad était illettré et il ne pouvait retenir qu’une très faible partie de ce que l’ange Gabriel lui aurait révélé.
Toutes les sourates, tous les versets coraniques sont survenus après un événement de la vie quotidienne de la communauté et la révélation est postérieure à l’événement. Le Coran peut donc être considéré comme un recueil historique d’archives.
Les manuscrits de San’a’ ont été découverts par des ouvriers en 1972 lors de la restauration de la Grande Mosquée. Il s’agissait d’une bouillie répugnante de vieux parchemins et de documents en papier (2), de livres endommagés et de feuillets individuels de textes arabes compactés par la pluie et l’humidité, rongés à travers les siècles par les rats et les insectes. Tout a été mis pêle-mêle dans vingt sacs de jute placés sur les marches d’un des minarets de la mosquée. Puis ils sont passés à l’oubli.
Le mécénat du gouvernement allemand
Gerd et Elisabeth Puin de l’Université de la Sarre, tous deux spécialistes de l’étude textuelle du Coran et de la paléographie arabe, ont mené une campagne subventionnée par l’État fédéral allemand pour la restauration d’environ 15.000 fragments de parchemins qui ont été nettoyés, assemblés et microfilmés puis stockés. D’autre part, les Yéménites gardaient profil bas afin de ne pas ébruiter la nature des conclusions. Car si le Coran s’avèrait être un document d’un intérêt historique et non d’inspiration divine absolue, alors toute la lutte islamique des 14 siècles passés deviendrait un non-sens. D’autre part, ils ne voulaient pas divulguer que des Allemands et d’autres étrangers travaillaient sur le Coran.
Dans un article publié par l’Atlantic Monthly en 1999, Gerd Puin dit : « Selon moi, le Coran est une sorte de cocktail de textes qui n’ont pas tous été compris, même à l’époque de Mohammad. Beaucoup d’entre eux peuvent même être plus anciens que l’islam lui-même d’une centaine d’années ».
Le Coran est considéré par l’islam comme étant écrit en arabe mubeen ( مُبين « clair ») alors qu’une phrase sur cinq n’a pas de sens, ce qui laisse aux exégètes des interprétations cacophoniques et le rend pratiquement intraduisible. Notons aussi que le mot même de « coran » vient du syriaque.
Transcription d’un palimpseste d’une page d’une sourate : la demi-page de droite représente l’écriture inférieure gommée et les mots de couleur bleue sont ceux qui ont été remplacés par l’écriture ultérieure figurant sur la demi-page de gauche.
Qu’a-t-on découvert dans l’étude de ces manuscrits coraniques ?
D’abord, l’ordre des versets ne correspond pas à la tradition. Il y a des variations dans les textes et les styles. Les textes sont rédigés en écriture arabe hidjazi primitive.
Ensuite, Élisabeth Puin a démontré en 2008 qu’une partie des papyrus montrait manifestement des traces d’une utilisation antérieure délavée (scriptio inférieure et scriptio supérieure du palimpseste). La superposition de deux textes coraniques de périodes différentes pose un questionnement, d’autant qu’un temps assez long sépare les deux écritures. En effet cette étude a bénéficié de l’analyse au radiocarbone qui prouve que le texte inférieur est antérieur à 671, avec une certitude de 99%.
Si le texte supérieur est presque identique à celui connu actuellement, le texte inférieur comporte une diversion du texte standard. Par exemple : dans la sourate 2, verset 87, le texte inférieur était : wa-qafaynâ ‘alâ âthârihî, ( وكفينا على آثاره) alors que le texte standard est wa-qafaynâ min ba’dihi ( وكفينا من بعده). On relève ainsi, dans l’ensemble de la sourate 2, vingt cinq minimes aberrations mais intrigantes par rapport au texte coranique standard. Dans la sourate 9 : dix huit variations. Dans la sourate 12 : huit variations, la sourate 19 : vingt huit variations, etc …
De telles aberrations ne sont pas surprenantes pour les historiens du texte coranique mais elles sont troublantes pour les croyants car elles s’opposent à la croyance musulmane orthodoxe pour qui le Coran qui nous est parvenu est simplement la parole d’Allah « parfaite, intemporelle et inchangée ». Gerd Puin écrit : « Beaucoup de musulmanscroient qu’entre les deux pages de couverture du Coran se trouvent les paroles inaltérées d’Allah » et « L’étude des fragments de San’a’ permet d’aider à présenter le Coran comme un texte historique analogue à la Bible et qui n’est pas tombé tout droit du ciel ».
Les autorités yéménites ouvertes à la recherche ont été, par la suite, sanctionnées. Le chef du Département des antiquités, embarrassé, a dû défendre devant le parlement sa décision de faire appel à des chercheurs étrangers.
Mais, à ce jour, les manuscrits de San’a’ n’ont pas encore livré tous leurs secrets.
1) Un palimpseste est un manuscrit sur parchemin dont la première écriture a été lavée ou grattée et sur lequel un autre texte a été écrit (du grec ancien παλίμψηστος palimpsêstos, gratté de nouveau).
(2) Le papier est anciennement connu en Chine. Il ne fut introduit en Europe qu’au début du 13e siècle. Les arabes n’ont connu, semble-t-il, le papier qu’en prenant Samarcande en 705 au contact de captifs chinois. S’agit-il, pour les manuscrits de San’a’, de manuscrits de papier ou de papyrus ? Une de nos deux sources indique : paper documents , la seconde parle de papyrus.
 
 
29 FÉVRIER 2016

Les mensonges islamistes de Malek Chebel à propos du coran et de l’islam

Armand, dans un commentaire sous l’article évoquant la fin de l’islam en Occident écrit :
« Les traductions ne sont pas toujours correctes. Quelles sont les meilleures traductions du coran? Dans sa traduction, Malek Chebel commence son introduction par: »Tous ceux qui maîtrisent la langue arabe savent qu’il est extrêmement difficile de comprendre le Coran … ». Voilà qui est dit! Le coran est incompréhensible même aux Arabes et donc intraduisible. »
Malek Chebel ment, comme il le fait souvent.
Ceux qui ont fait leurs études scolaires en arabe classique peuvent lire le coran, qui est un texte pas plus compliqué que d’autres textes (sacrés ou profanes) en langue arabe.
La plupart des versets du coran sont clairs, et n’ont nul besoin d’être expliqués ou interprétés par des barbus enturbannés, ni par des pseudo-intellectuels musulmans.
Au Moyen-Orient, beaucoup d’imams sont peu lettrés, et certains ne savent même pas lire. Ils connaissent par coeur des versets du coran pour les avoir psalmodiés à longueur de journée à l’école coranique depuis leur enfance, mais leurs connaissances s’arrêtent là. Donc je ris beaucoup quand j’entends parler de « savants » musulmans.
Il ne faut surtout pas croire que les imams sont aussi instruits que les membres du clergé chrétien.
La clarté du coran est revendiquée dans le coran, par exemple dans le verset 194 de la sourate 26 (les poètes), ou le premier verset de la sourate 27 (les fourmis). (1)
Quand un verset n’est pas clair, il s’agit souvent d’un verset insignifiant, à la limite de l’absurde. Mais peu de versets du coran ont besoin d’être interprétés.
Et la meilleure manière d’interpréter le coran est de comparer ce que Mahomet a dit avec ce que Mahomet a fait. Or la vie de Mahomet colle à la perfection aux versets du coran, y compris dans leurs aspects les plus outrageants.
Faire croire que des compétences spéciales sont nécessaires pour comprendre le coran a pour but de décourager les Occidentaux qui souhaitent évaluer l’islam par eux-mêmes, pour les obliger à passer par un « intermédiaire » musulman, qui grâce à la technique bien connue de la « taqiyya », pourra les enfumer, et leur faire croire que l’islam est une religion, alors que l’islam est une idéologie criminelle déguisée en religion.
Si Malek Chebel prétend que le coran est très difficile à comprendre, y compris pour les arabophones, c’est pour que les Occidentaux ne soient pas tentés de croire les chrétiens arabophones, ou les ex-musulmans arabophones, qui leur disent la vérité sur l’islam.
Or cet argument ne tient pas debout: les musulmans fanatiques comprennent très bien le coran, puisqu’ils en appliquent les atrocités.
Quant aux musulmans « modérés », ils le comprennent tout aussi bien, c’est pour ça qu’ils ne protestent jamais publiquement et massivement contre les crimes de leurs coreligionnaires fanatiques. Ils savent que le fait de désapprouver les horreurs commises par les islamistes c’est aller contre ce que les versets du coran autorisent, et désavouer Mahomet.
Pour TOUS les musulmans sans exception, le coran est la parole de Dieu, et Mahomet est l’envoyé de Dieu.
Ensuite, si le coran est si compliqué et difficile à traduire, comment se fait-il que Monsieur Chebel l’ait compris, et l’ait traduit en français, alors qu’il n’est pas traducteur de son état ?
Youssef Siddiq a également traduit le coran, alors qu’il n’est pas traducteur.
Les chrétiens qui ne sont pas traducteurs ne s’attellent pas à la traduction des Evangiles.
Pourquoi des musulmans qui ne sont pas traducteurs se mettent à traduire le coran, si ce n’est pour l’édulcorer, et adoucir certaines paroles violentes par le biais d’une traduction biaisée ?
J’ai pu constater plusieurs occurrences dans lesquelles Monsieur Chebel a traduit des paroles violentes du coran dans un sens plus acceptable pour le lecteur occidental. J’en ai discuté surRésistance Républicaine, notamment avec Monsieur Jallade, qui est arabophone et qui partage mon avis sur la question. (2)
Ceci est une des nombreuses formes que peut prendre la taqiyya.
Tromper les non-musulmans sur l’islam est aussi une forme de jihad, puisque ce stratagème sert les intérêts de l’islam. (3)
Et qu’en est-il des musulmans non-arabophones, qui sont bien plus nombreux que les musulmans arabophones ?
Comment peuvent-ils lire le coran dans leur langue maternelle, si le coran était vraiment intraduisible ?
Personne ne dit aux musulmans turcs, iraniens, pakistanais, tchétchènes….que le coran n’est pas traduisible de l’arabe vers leur langue. Ces peuples ne connaissent pas l’arabe, et disposent de corans traduits dans leur langue.
Bien sûr ils connaissent quelques prières en arabe: qu’il soit arabophone ou pas, un musulman se doit de prier en arabe, car Allah est grand, mais néanmoins monolingue.
Au Moyen-Orient, personne ne dit que le coran est intraduisible, car les Arabes chrétiens savent que c’est faux.
C’est seulement aux Occidentaux que les musulmans font croire que le coran est intraduisible, car ils réalisent que son contenu barbare heurte la sensibilité des peuples civilisés. Et comme les musulmans ne sont pas encore majoritaires en Occident, leur stratégie est d’enfumer les Occidentaux, le temps que l’islam devienne majoritaire et puisse montrer son vrai visage, celui qu’il montre dans les 57 pays islamisés par l’épée.
Amis occidentaux, ce que les musulmans exigent de vous, c’est de leur demander l’autorisation d’avoir une mauvaise opinion de l’islam, alors qu’il est légitime d’être rebuté par la barbarie légalisée par l’islam, et pratiquée par Mahomet.
Votre opinion sur l’islam n’a nul besoin de recevoir l’aval des musulmans. Toutes les émissions sur l’islam dans les media français comprennent un ou plusieurs intervenants musulmans, comme si les intervenants non-musulmans n’étaient pas dignes de foi, et qu’il leur fallait la caution d’un musulman.
Pourtant un enfant saurait qu’un musulman n’a aucun intérêt à admettre que le but de l’islam est de vous asservir, de vous convertir de gré ou de force, et de vous exterminer si vous résistez.
Quand on fait des émissions sur d’autres idéologies criminelles, comme le nazisme par exemple, on n’exige pas la présence d’un nazi parmi les intervenants, ce ne serait pas sérieux !
En résumé, ce que les musulmans vous demandent, c’est de renoncer à votre indépendance intellectuelle et morale.
Ils exigent de vous que sous-traitiez votre capacité de jugement à leur profit.
Ce que les musulmans vous demandent est inacceptable.
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(1) Sourate 26, verset 194:
C’est une révélation en langue arabe claire (ou explicite)
Sourate 27, verset 1:
Voici les versets du coran, d’un livre clair (ou explicite)
(2) Par exemple, quand un verset du coran dit qu’il faut châtier en public, afin que les spectateurs du supplice « se souviennent », Malek Chebel traduit « se souviennent » par « reviennent à de meilleures dispositions ».
Ce qui n’est pas pareil, car ce verset veut dire qu’il faut que les spectateurs du supplice soient frappés d’horreur, marqués de telle manière qu’ils se « souviendront » de ce qui arrive à ceux qui résistent à l’islam.
(3) Malek Chebel ment également quand il prétend, par exemple, que le mariage forcé n’est pas autorisé en islam, car il n’est pas mentionné dans le coran.
Mahomet lui-même épousait des captives dont il venait de massacrer le mari, le père, et les hommes de leur tribu.
Il est difficile de croire que ces captives ont épousé de leur plein gré celui qui a anéanti leur famille.
Mahomet a également épousé une enfant de 6 ans. Ceci n’est pas un mariage forcé ? La petite Aïcha pouvait-elle donner un consentement éclairé, qui ne soit pas vicié par son très jeune âge ?
 
 
31 JANVIER 2016
Majid Oukacha a 29 ans. Né en France, cet ancien musulman a récemment fait paraître aux éditions Tatamis un ouvrage intitulé Il était une foi, l’islam... Il a bien voulu répondre aux questions du R&N, dans le cadre de notre dossier du mois de septembre, consacré à la violence.
R&N : Majid Oukacha, vous avez récemment écrit un ouvrage critique intitulé Il était une foi, l’islam. Pouvez-vous expliquer brièvement votre parcours religieux et les raisons qui vous ont poussé à écrire ce livre ?
Majid Oukacha : Je m’appelle Majid Oukacha, j’ai 29 ans, et je suis un patriote Français (né en France) qui, lorsqu’il a cessé d’avoir foi en l’islam vers l’âge de 18/19 ans, a compris que l’islamisation, en tant que phénomène démographique, pourrait amener l’islamisme à définir la force culturelle dominante en France, un jour où l’autre au cours du XXIe siècle. J’ai eu l’idée d’écrire ce livre Il était une foi, l’islam... alors que j’étais à l’université. Cet essai, qu’il m’a fallu huit longues années à concevoir et à perfectionner, est à ma connaissance la première étude critique et systémique des textes sacrés islamiques qui n’est ni manichéenne ni moraliste. Je ne demande qu’à ce que l’on me présente un autre auteur qui ait été capable de faire une étude critique globale des principaux aspects juridiques et dogmatiques de l’islam sans jamais se servir de jugements de valeurs ni de considérations moralistes, tant dans son argumentaire que dans les conclusions qu’il en serait venu à déduire de ce même argumentaire.
Cette méthode rend plus difficile la tâche des musulmans qui savent toujours changer de sujet lorsqu’ils font face à un esprit islamocritique abordant des problématiques qui les embarrassent vraiment. Mon livre est un guide argumentaire qui a vocation à critiquer les actions, idéaux et projets du seul maître à penser habilité à pouvoir définir ce qu’est l’islam (et surtout ce qu’il n’est pas), à savoir l’auteur du Coran (il peut s’agir du Dieu Allah, du prophète Muhammad...). J’ai passé de nombreuses années à débattre presque quotidiennement avec différents profils de musulmans qui se souciaient de défendre l’islam lors d’une discussion ou d’un débat : imams ou suivistes incapables d’avoir le moindre avis personnel sur le Coran, musulmans par éducation ou convertis dès l’adolescence ou l’âge adulte, hommes ou femmes, Français ou étrangers… À partir de cette expérience, j’ai créé un guide ayant pour but de démontrer la dangerosité et surtout la caducité de l’islam originel, celui voulu par son (ou ses) concepteur(s). J’ai eu l’envie de créer une œuvre accessible à tous et capable de révolutionner le champ d’action de la critique de l’islam, notamment grâce à quelques thèses plutôt avant-gardistes développées dans le dernier chapitre de ce livre et qui, par expérience personnelle, ne laissent à votre antagoniste en débat que le choix d’arguments qui n’en sont pas : le silence, le mensonge, la violence ou la fuite.
R&N : Quelle place la violence tient-elle dans les textes sacrés de l’Islam ? Pouvez-vous nous citer des extraits significatifs et explicites ? Qui est visé, dans ces textes ?
Majid Oukacha : J’entrevois fortement la possibilité (et ceci est un doux euphémisme) que le prophète Muhammad aurait pu n’être qu’un gourou sectariste dont la culture scientifique et dialectique tellement lacunaire ne pouvait fédérer et convaincre qu’au moyen des deux seuls arguments capables de faire marcher au pas des gens naïfs, psychologiquement faibles ou endoctrinés : la peur et l’ignorance. Le Coran accorde presque trois fois plus de place à des récits portant sur les incroyants et la destination de l’Enfer éternel qui attend ceux-ci dans l’au-delà qu’il n’en accorde pour parler des croyants et du Paradis éternel attendant ces derniers dans l’au-delà. Le Coran sacralise le meilleur moyen pour un système totalitaire de régner : l’inimitié, la haine, la guerre vis-à-vis de la différence par peur de la souffrance et de la mort (de sa personne, de ses repères psychologiques et moraux, de son groupe social, ...).
Je vais vous citer deux des pires versets coraniques qui soient à mes yeux ; le genre de récits d’une violence inique qui tend à prouver qu’avec l’islam, les moyens justifient la fin :
  • Coran, sourate 4, verset 56 : « Certes, ceux qui ne croient pas à Nos Versets, (le Coran) Nous les brûlerons bientôt dans le Feu. Chaque fois que leurs peaux auront été consumées, Nous leur donnerons d’autres peaux en échange afin qu’ils goûtent au châtiment. Allah est certes Puissant et Sage ! ». Pour le Dieu Allah, le délit de la mauvaise pensée incarné dans cet acte (ou plutôt non-acte) consistant à ne pas croire aux versets du Coran mérite le châtiment du Feu de l’Enfer. Un des idéaux intellectuels et moraux de notre civilisation occidentale est justement de ne pas criminaliser le croyance ou la non-croyance religieuse… Grosse différence avec les attentes et exigences du Dieu Allah.
  • Coran, sourate 5, verset 38 : « Le voleur et la voleuse, à tous deux coupez la main, en punition de ce qu’ils se sont acquis, et comme châtiment de la part d’Allah. Allah est Puissant et Sage ».
Le Coran est un code juridique fait de commandements (obligations) et d’interdits. Nulle part son auteur (présenté comme le Dieu Allah) ne précise aux hommes, à qui il s’adresse, que les sentences judiciaires à administrer aux criminels doivent être appliquées par un juge impartial d’un tribunal publique se basant sur la qualité d’investigation d’une enquête indépendante et transparente. Avec un tel genre de loi imprécise et suffisante, tant sur la forme que sur le fond, je peux me faire justice lui-même et couper la main de l’enfant de douze ans ayant volé une pomme. Le simplisme technique des récits du Coran rend ses lois violentes encore plus dangereuses. Les textes du Coran se veulent universels, sans frontière géographique ni temporelle, au point de concerner le monde entier, même (surtout) ceux qui les rejettent ou les ignorent. Et parce qu’ils bénéficient de l’aura légendaire voulant que 100 % des récits qu’il contiennent seraient l’œuvre incréée de Dieu, aucune volonté démocratique ne pourra jamais avoir la légitimité de les contredire aux yeux de ceux qui estiment et craignent l’Enfer tortionnaire qui y est décrit de façon claire et univoque.Un Enfer qui tourmentera éternellement tous ceux qui ne croient pas qu’il n’y a de Dieu que le Dieu Allah et que Muhammad est son prophète. Un Enfer de tortures physiques imprescriptibles qui concernera donc l’écrasante majorité des habitants actuels de notre planète.
R&N : Une opinion communément admise revient à relativiser cette violence des textes islamiques, et à faire reposer les fondements de cette violence sur une question d’interprétation. Les textes sont-ils clairs sur la violence à exercer sur autrui (femmes, non croyants, etc.), ou la violence résulte-t-elle de mauvaises interprétations ?
Majid Oukacha : Comme par hasard, lorsque le Coran ordonne de ne pas manger de porc ou de ne croire qu’à Allah, dieu unique, il ne vient jamais à l’idée aux musulmans droit-de-l’Hommistes (ou occidentalisés) de penser que cette compréhension littérale du contenu du Coran pourrait n’être qu’une interprétation. Évidemment, puisque ces deux propriétés (la privation arbitraire de la consommation d’un animal en particulier ou la croyance en un nombre arbitraire de dieux) ne contredisent en rien la morale droit-de-l’Hommiste ou le fond des idéaux intellectuels de notre Monde Occidental moderne. Mais quand le Coran précise que le mari doit battre l’épouse dont il aurait à craindre la désobéissance (sourate 4, verset 34), alors là, tout à coup, pour ces gens-là, nous sommes face à un récit coranique ayant vocation à être sujet à interprétation. Mon livre se veut être un guide argumentaire qui démonte et ridiculise de façon méthodique tous les principaux procédés rhétoriciens ayant pour but de faire passer l’islam du Coran pour ce qu’il n’est pas. « Contexte », « interprétation », « métaphore » sont des formules magiques créées pour faire taire les esprits islamophobes ou islamocritiques et endormir la vigilance des non-musulmans qui n’ont pas encore compris la situation périlleuse que nous vivons actuellement en France.
R&N : Dans le monde musulman d’aujourd’hui, les terroristes revendiqués (Al Qaïda, Etat islamique) ont-ils le monopole de la violence ?
Majid Oukacha : Le terrorisme est comme le crime : une question de point de vue. Ma liberté d’apostasier l’islam depuis la France est une crime ailleurs. La liberté de la lesbienne à aimer physiquement sa compagne lesbienne dans un pays comme la France est, depuis dans d’autres pays du monde, une maladie mentale qui se soigne par un séjour en prison ou des coups de fouet. L’Arabie Saoudite, tant appréciée par nos gouvernants ayant une vision sélective de « la défense de nos valeurs à travers le monde », qu’ils vantent allègrement, est juste un Daesh (État Islamique) à échelle industrielle. Je fais ici de simples constats cliniques : les pays musulmans sont parmi les derniers de la au monde en ce qui concerne le respect/la défense des libertés individuelles des femmes ou des penseurs insoumis à la religion d’État officielle et majoritaire. Je considère même la plupart des femmes musulmanes de pays musulmans devant être tuteurées à vie par un mâle, passant de l’ascendance génétique de leur père à l’ascendance maritale de leur époux, comme des esclaves. La violence de l’institution judiciaire saoudienne ou afghane vaut parfois amplement celle du terrorisme officieux et privé des jihadistes agissant, seuls ou à plusieurs, en France ou ailleurs.
R&N : Que pensez-vous des déclarations de nombreux officiels français, qui ont tendance à distinguer le “véritable Islam”, supposément tolérant et compatible avec la société occidentale, et le “faux Islam”, celui des terroristes et des salafistes ?
Majid Oukacha : Au début de mon livre, j’explique de façon faussement subtile que le paradigme « véritable islam » peut être un leurre dialectique. L’islam est conceptuel, comme toute idéologie. De quel « véritable islam » s’agit-il ? L’islam du Coran n’est pas plus véritable que l’islam de Mahmoud Benchoukrout, pompiste à La Membrolle-sur-Choisille. L’islam originel doit normalement être celui défini et défendu par l’auteur du Coran, le Dieu Allah pour les musulmans, ou, entre vous et moi, une entreprise individuelle ou collective on ne peut plus humaine. L’islam d’un musulman pacifiste, égalitariste et partisan de la liberté de croyance s’oppose à cet islam coranique.Je me fie au Coran afin de savoir ce qu’est l’islam et surtout ce qu’il n’est pas. Libre à tout intervenant profane de confession musulmane, peu importe qui il est (Avicenne, Mustaphix le Sarrazin...), de me convaincre qu’il aurait la légitimité de définir l’islam mieux que le Dieu du Coran lui-même.
R&N : Concrètement, comment résumer les menaces que fait peser ce que vous appelez "l’Islam originel" sur la civilisation européenne et helléno-chrétienne ?
Majid Oukacha : L’islam est un code juridique qui a vocation à criminaliser la vie privée de gens en fonction de leur sexe ou d’une conviction religieuse perpétuellement et définitivement coupable. Les goûts, valeurs et mœurs inspirant l’ordre culturel et moral de notre civilisation sont basés sur tout un ensemble d’idéaux politiques sans lesquels notre identité nationale ne se reflèterait dans aucun roman national. Que les hommes et les femmes naissent et demeurent libres et égaux en droits est un de ces idéaux essentiels. Que les Français puissent croire ou se reconnaître en n’importe laquelle des opinions philosophiques qui leur plaît fait aussi partie de ces idéaux. L’islamisation civilisationnelle de la nation française est un facteur capable d’amener l’islamisme au pouvoir, chez nous, en France.
Que les Français qui lisent cette interview se posent la question suivante : l’islamisation croissante du peuple Français vous semble-t-elle rendre notre nation de plus en plus soudée, pacifique et optimiste ? Osez vous poser la question ! N’ayez pas peur de vous faire traiter de fasciste par celui qui vous en voudrait d’oser formuler comme réponse à cette question ce qui ne coïnciderait en rien avec l’optimisme du “vivre ensemble” dont rêvent la gauche ! Écoutez votre intuition, sans vous soucier du qu’en-dira-t-on ! Mon étude Il était une foi, l’islam... a pour objectif de mettre des arguments rationnels et logiques sur votre intuition personnelle, quelle qu’elle soit, vis-à-vis de cet islam qui prend de plus en plus d’importance, sociologiquement, culturellement et politiquement, en France. J’y appelle un chat un chat et j’y explique ce que tous les Français méritent de savoir sur cette cause politique islamique qui finit toujours par produire les mêmes effets, en tout temps et en tous lieux, dès l’instant où elle finit par devenir la force culturelle dominante dans une société ou un pays.
Le bon sens d’oser regarder la réalité en face et de ne rien s’interdire de croire est une attitude et un état d’esprit qui ne peut selon moi mener qu’à une seule intuition : celle voulant que l’islam va profondément changer la France dans laquelle je suis né (à la fin du XXe siècle) et ai grandi. Reste à savoir dans quel camp vous finirez par vous situer (si ce n’est pas déjà fait) : celui de ceux qui souhaitent que la France s’islamise d’avantage (voire le plus possible) ou celui de ceux qui, comme moi, ne le souhaitent pas.
http://www.lerougeetlenoir.org/opinions/les-inquisitoriales/majid-oukacha-cet-ex-musulman-qui-veut-revolutionner-la-critique-de-l-islam
 
 
1 JANVIER 2016

Aux sources de l’islam, la folle histoire des judéonazaréens

Article publié le 17.04.2015
L’islam s’est constitué progressivement durant plusieurs siècles. Son origine est due à une secte qui avait pour doctrine la reconquête de Jérusalem, la reconstruction du Temple et l’arrivée du Messie Jésus.
Où et quand est né l’islam? Comment cette religion a-t-elle évolué jusqu’à la cristallisation de ses textes fondateurs? Le père Edouard-Marie Gallez a fait un travail historique magistral, synthétisé dans sa thèse.* Il a assemblé les pièces d’un vaste puzzle qui rejoint les travaux de nombreux autres chercheurs. L’un de ses admirateurs et ami, «Olaf», a écrit «Le grand secret de l’islam» qui vulgarise cette approche scientifique.
Cette présentation d’un ouvrage particulièrement complexe est forcément sommaire. Je ne prétends ici que donner envie d’aller à la source. Et c’est facile: «Le grand secret de l’islam» est accessible en ligne, avec moult références et mentions de documents historiques.
C’est au début de l’ère chrétienne que se noue le fil de cette histoire. Jésus apparait en Israël vers l’an 27, dans une configuration marquée par le polythéisme et la présence déjà longue du judaïsme. Jésus est lui-même rabbin, il connait parfaitement la Torah et les écritures et enseigne dans les synagogues. Mais son discours se révèle totalement nouveau. Ses adeptes se multiplient.
A cette époque, les courants spirituels sont multiples, l’effervescence religieuse extrême et souvent meurtrière.
Avant et après la mort de Jésus, de plus en plus d’hébreux adhèrent au message de Jésus, ce sont les judéo-chrétiens. Persécutions et dispersion des apôtres rendent nécessaire une fixation par écrit du canevas de l’enseignement tel qu’il était récité par cœur à Jérusalem. C’est l’apôtre Mathieu qui en est chargé.
Ce sont les judéonazaréens qui joueront un rôle central dans la naissance de l’islam. Après 70 (destruction du temple de Jérusalem et répression), ils partent en exil et y resteront, d’abord sur le plateau du Golan, puis en Syrie, au nord d’Alep. Ils développent une nouvelle approche qui rompt radicalement avec le judéo-christianisme. Ils se considèrent comme les juifs véritables et comme les seuls vrais disciples de Jésus. Ils conservent la Torah, la vénération du temple et de la terre promise, se considèrent comme le peuple élu par Dieu.
Pour eux, Jésus n’est pas d’origine divine, n’a pas été exécuté, il a été enlevé par Dieu vers le ciel. Il est le Messie qui viendra à la libération -par les armes- de la Terre sainte et de Jérusalem rétablir la vraie foi et le vrai culte du temple. Avec lui à leur tête, les judéonazaréens sauveront le monde du mal. Ce courant accuse les judéo-chrétiens d’avoir associé à Dieu un fils et un esprit saint: «je témoigne de ce que Dieu est un et il n’y a pas de Dieu excepté lui». (Paroles de l’apôtre Pierre dans les Homélies Pseudoclémentines). Une profession de foi que l’on a retrouvée gravée sur des linteaux de portes datant des 3e et 4e siècles en Syrie.
Mahomet, propagandiste judéonazaréen
Après une vaine tentative de reconquête, entre 269 et 272, la secte réalise que s’allier aux arabes locaux, combattants aguerris, garantirait des combats plus efficaces. Parmi ces arabes se trouve la tribu des Qoréchite installée à Lattaquié en Syrie.
Les judéonazaréens s’attellent à convaincre les groupes arabes nomades de leur projet de reconquête messianiste. Nous sommes au VIe siècle. Leur thème principal de prédication : Nous sommes juifs et partageons le même illustre ancêtre, Abraham, fondateur de la vraie religion. Nous sommes cousins, nous sommes frères. Nous formons une même communauté, une même «oumma», nous devons donc partager la même vraie religion. Nous vous conduirons, et ensemble nous libèrerons Jérusalem et la Terre sainte. Le Messie reviendra alors et son retour fera de nous et de vous ses élus dans son nouveau royaume.
Les propagandiste judéonazaréens, de langue syro-araméenne, expliquent leur croyance aux arabes, forment des prédicateurs parmi eux, leur traduisent des textes. Ils réalisent de petits manuels, des aide-mémoires en arabe, des livres liturgiques qui présentent des lectures et commentaires de textes sacrés, les «lectionnaires». Ces feuillets-aide-mémoire joueront un rôle capital. Ils étaient appelés qur’ân (coran). Le nom désignera plus tard le nouveau livre sacré des arabes.
Mahomet est un surnom, on ne connait pas son nom. Selon Gallez, il est probablement né en Syrie dans la tribu des Qoréchites. On ne sait s’il est né chrétien ou dans une famille judéonazaréenne, il a en tout cas été le propagandiste de cette doctrine et deviendra un chef de guerre à son service.
A la mort du futur prophète, l’islam n’est pas né
En 614, les arabes et les judéonazaréens aident les Perses conduits par le général Romizanès à prendre Jérusalem, mais le général cède le gouvernement aux juifs locaux et expulse les judéonazaréens et leurs alliés. «C’est sans doute à cette époque que le chef arabe gagne le surnom de Muhammad.»
Lorsque les Romains conduits par Héraclius reprennent le dessus sur les Perses, les Qoréchites et les judéonazaréens craignent leur vengeance. Ils s’enfuient à Médine, une oasis du désert de Syrie où une importante communauté judéonazaréenne est installée. Les membres de l’oumma s’appelleront désormais «les émigrés». Ce sera l’an 1 de l’Hégire selon l’histoire musulmane revue et corrigée. La communauté soumet d’autres tribus par les armes et se renforce. Des sources historiques relatent la prédication de Mahomet, qui s’oppose radicalement au discours musulman. Il envoie sans succès des troupes à la conquête de la «Terre promise» et meurt à Médine entre 629 et 634. Les sources musulmanes relatives au prophète datent de près de deux siècles après sa mort.
Le premier calife, Abu Bakr, poursuit le projet judéonazaréen. Omar son successeur conquiert la Palestine vers 637. Les vainqueurs rebâtissent le temple et attendent le Messie. Il tarde...
Trois ans plus tard, les arabes ont compris: ils se sont fait berner. Ils se débarrassent des judéonazaréens. Mais les arabes possèdent un royaume et poursuivent leurs conquêtes. Une justification religieuse qui reprenne la promesse messianiste est impérative. Les califes vont alors forger au cours des siècles un nouveau message destiné à légitimer l’extension de leurs terres et leur pouvoir.
Trier, supprimer, modifier…
L’islam, son prophète, ses hadiths, sa biographie se modèleront progressivement jusqu’à une cohérence approximative de la doctrine. Il faudra pour cela tordre l’histoire, effacer certains protagonistes, faire disparaitre de nombreuses traces, inventer des lieux et des événements.
«Mais avant qu’elle ne prenne forme comme doctrine, il faudra plus de 100 ans et avant qu’elle ne s’impose et ne se structure définitivement, au moins deux siècles de plus.»
Pour la religion en devenir, les arabes sont désormais le peuple élu. Ses créateurs effacent le souvenir de l’alliance avec les judéonazaréens, et même la présence historique de la secte. Ils reformulent la promesse messianiste. L’objectif impose de rassembler les textes, notes et aide mémoires des prédicateurs, de modifier, supprimer, ajouter, réinterpréter. Et de faire disparaître le nom même des judéonazaréens qui deviendront dans les textes les chrétiens.
Ces manipulations ne vont pas sans incohérences. Elles suscitent des résistances et des contestations qui vont conduire à la première guerre civile (fitna) entre arabes. Elle ne cessera pas jusqu’à aujourd’hui.
L’effacement des judéonazaréens doit beaucoup au calife Otman (644-656). Les juifs et les chrétiens qui forment l’écrasante majorité du nouvel empire mettent en évidence les faiblesses des justifications religieuses des arabes. Eux possèdent des livres savamment organisés à l’appui de leurs croyances. La nécessité d’un livre pour les nouveaux élus se fait jour.
D’un calife à l’autre, l’histoire recréée
Les feuillets et les textes qui structurent la nouvelle religion sont collectés, et ceux qui ne la servent pas sont détruits. Otman organise un système de domination par la prédation: répartition du butin -biens et esclaves-, levée d’un impôt sur les populations conquises. Les territoires occupés jouissent d’une relative liberté religieuse tant qu’ils paient l’impôt. Les « Coran d’Otman » (sous la forme de feuillets) sont les premiers de cette religion. Ils ont disparu.
Le calife Muawiya (661-680) transfère sa capitale de Médine à Damas. La destruction et la sélection de textes se poursuivent. Il s’agit de créer un corpus plus pratique que les collections de feuillets.
Pour remplacer le rôle de Jérusalem et de son temple, Muawiya invente un sanctuaire arabe, vierge de toute influence extérieure: ce sera La Mecque. Cette localisation est dès l’origine l’objet de nombreuses contestations. La Mecque est un choix absurde: elle est désertique, sans végétation pour les troupeaux, sans gibier. C’est une cuvette entourée de collines et de montagnes sujette à des inondations régulières. Elle ne se situe pas sur l’itinéraire des caravanes. Elle est censée avoir subsisté depuis Abraham, mais aucun chroniqueur, aucun document historique ou vestige archéologique n’atteste de son existence jusqu’à la fin du 7e
siècle, soit plusieurs dizaines d’années après la mort de Mahomet.
C’est vers les années 680 que Mahomet est qualifié d’envoyé de Dieu. Un nouveau rôle lui est attribué. Ibn al-Zubayr qui établit son califat à la Mecque est le premier à se réclamer de lui. Des pièces à son effigie représentent le premier témoignage «islamique» de l’histoire à mentionner Mahomet.
Le calife Abd Al-Malik (685-705) est le personnage-clé de l’unification de l’empire arabe et de la construction du proto-islam. Il récupère à son profit l’image de Mahomet et c’est sous son règne que la paternité du Coran est attribuée au nouveau prophète. Al-Malik intègrera La Mecque à sa doctrine religieuse, fera reconstruire le sanctuaire sous la forme approximative d’un cube. Il lie les éléments fondateurs du futur islam. La religion nouvelle commence à afficher une certaine cohérence pour la première fois depuis l’escamotage, en 640, du fondement judéonazaréen.
Une succession de manipulations
Les manipulations se succèdent, « chaque calife tentant à la fois de contrôler l’oumma par la force et de justifier son pouvoir par cette logique à rebours de la reconstruction de la religion et de l’histoire ». 
L’invention, probablement au 9e siècle, du «voyage nocturne» de Mahomet depuis la Mecque permet de témoigner du passage du prophète à Jérusalem, légitimant par là son statut de ville sainte et la dévotion rendue au Dôme du Rocher. Mahomet monte au ciel pour y recevoir la révélation qui justifie le caractère sacré et absolu du Coran. Un accord céleste permet de mentionner un livre préexistant à sa dictée, verset par verset, à Mahomet.
La diffusion du Coran rend désormais difficile des ajouts. Il faudra construire autour du texte une tradition extérieure. Au long des siècles qui suivent vont proliférer d’innombrables Hadiths (paroles et actions du prophète) qui vont être triés selon les intérêts politiques des gouvernants et cristalliser cette tradition. Ils vont enjoliver, voire recréer le personnage historique et les évènements du proto islam. Ils expliqueront a posteriori un texte coranique souvent incompréhensible.
Parallèlement est écrite la Sira, la biographie officielle de Mahomet, de sa généalogie et de tous les événements de l’époque. Produite sous l’autorité du calife, elle donne des clés de lecture du Coran.
A la chute de la dynastie omeyade en 750, Bagdad est choisie comme capitale par la dynastie abbasside qui règnera jusqu’au XIIIe siècle. C’est durant la première partie de ce pouvoir, que l’islam tel que nous le connaissons aujourd’hui est modelé.
La doctrine se fossilise
La cristallisation de l’islam a lieu aux alentours du Xe siècle. Parallèlement aux Hadiths et à la Sira, la charia est élaborée «qui ressemble déjà beaucoup à ce qu’elle est aujourd’hui».
Après le règne d’une série de califes de Bagdad qui ont favorisé le développement des arts, des techniques et de la pensée, trois décisions majeures sont prises au Xe siècle, qui vont fossiliser la doctrine: l’affirmation du dogme du Coran incréé; la doctrine de l’abrogation (pour supprimer les contradictions du Coran); la fermeture de l’effort de réflexion et du travail d’interprétation.
Avec la sacralisation absolue de Mahomet, l’islam a très peu évolué dans sa doctrine. Sa pratique en revanche a varié au cours des époques et des lieux. Mais pour les musulmans pieux, le choix aujourd’hui encore consiste à choisir entre l’islam moderne du Xe siècle et l’islam rigoriste du VIIe (source du salafisme). «Cela revient à condamner chaque génération à refaire perpétuellement ce que l’islam pense avoir été, à répéter le fantasme construit par des siècles de manipulations.»
L’imposture de la tradition musulmane est mise à jour par ce travail de Gallez qui s’appuie sur bien d’autres scientifiques. Mais « il reste beaucoup à faire aux chercheurs pour démêler les différentes couches de réécriture et de manipulation des textes et du discours islamique. »
Mireille Vallette
*Parue sous le titre Le Messie et son Prophète, 2 vol., 2005-2010.
 
 
22 DÉCEMBRE 2015
Sami Aldeeb : Il existe deux Corans ; il faut dissocier le Coran de la Mecque du Coran de Médine, qui renferme les germes de la violence
Le 17 novembre, Sami Aldeeb, Suisse d’origine palestinienne, Professeur des universités, directeur du Centre de droit arabe et musulman, traducteur d’une version chronologique du Coran en français, publie sur son blog Savoir ou se faire avoir un article qui explique que le terrorisme n’a rien à voir avec le Coran de la Mecque, mais beaucoup à voir avec celui de Médine. Il explique que les deux textes coraniques sont entremêlés en un seul et même Livre de référence, et qu’il convient désormais de les dissocier pour promouvoir l’un et interdire l’autre. Extraits :
Les responsables des pays occidentaux craignent que la lutte contre leterrorisme se transforme en un conflit inter-religieux entre communautés musulmanes et non-musulmans. Ils ont raison en cela, pour deux raisons principales :
– La responsabilité individuelle. C’est un principe fondamental en droit : toute personne est présumée innocente jusqu’à preuve du contraire. On n’a pas le droit de mettre dans le même panier un terroriste musulman et le simple musulman, présumé innocent, même si ce dernier est un frère du terroriste. LeCoran exprime ce principe dans une fameuse locution : «Personne n’est responsable des fautes d’autrui», qu’on retrouve dans cinq versets.
– Les conflits inter-religieux sont contre-productifs, divisent la société et compliquent la situation. (…)
Bien que des responsables occidentaux aient plus ou moins réussi à respecter le principe de la responsabilité individuelle dans le domaine du terrorisme, ils ont en revanche échoué au niveau du diagnostic, des causes du terrorisme. Et sans préciser ses causes, on ne saurait l’éliminer
Dans leurs déclarations, ces responsables ne cessent de répéter que le terrorisme n’a rien à voir avec l’islam. Une phrase omniprésente sur les lèvres de musulmans comme de non-musulmans. Lors du sommet du Groupe des vingt en Turquie, le président turc Erdogan a martelé que “le terrorisme n’a ni religion, ni nation, ni race, ni patrie, et les mouvements terroristes ne représentent pas l’Islam”. La déclaration finale dudit sommet souligne que “le terrorisme ne peut et ne doit pas être assimilé à une religion, nationalité, civilisation ou groupes ethniques”. Après les attentats de Paris, des organismes musulmans français ont déclaré haut et fort que ce qui est arrivé n’avait rien à voir avec l’islam.
« ll est faux de dire que l’islam est responsable de ce qui est arrivé à Paris… il est tout aussi faux de dire que l’islam n’a rien à voir avec ce qui se passe »
Toute généralisation est excessive. Il est faux de dire que l’Islam est responsable de ce qui est arrivé à Paris, ou de ce qui se passe en Irak, en Syrie, en Libye, en Égypte, en Afghanistan, en Somalie et au Pakistan. Mais il est tout aussi faux de dire que l’islam n’a rien à voir avec ce qui se passe. Les attentats de Paris le prouvent clairement. Les terroristes ont déclaré sans équivoque qu’ils sont musulmans et qu’ils ont agi au nom de l’islam. Ceci est clair aussi dans le communiqué officiel publié par Daesh revendiquant la paternité de ces attentats. Vous trouvez ici le texte arabe http://goo.gl/pFSkFb dont je vous donne la traduction française http://goo.gl/c4VfPs
daesh
D’autre part, les informations diffusées en Occident affirment que les terroristes belges et français se sont radicalisés à la suite de la fréquentation de mosquées salafistes. Pour cette raison, les autorités françaises ont décidé de fermer les mosquées salafistes. Ces mosquées certainement n’enseignent pas le christianisme, le judaïsme et le bouddhisme, mais bel et bien l’islam. Les autorités françaises ont procédé à l’expulsion d’imams qui prêchent la haine. Et ici aussi ces imams ne prêchent pas le christianisme, le judaïsme et le bouddhisme, mais bel et bien l’islam.
Si tel est le cas, il est faux de dire que l’islam n’a rien à voir avec ce qui se passe en Syrie, en Irak, en Libye, en Egypte, en Afghanistan, au Pakistan et ailleurs. Alors, où est le problème ? Une réponse claire à cette question est la seule façon de prendre des mesures efficaces contre la terreur que nous rencontrons dans les pays arabes, islamiques et occidentales.
L’amalgame actuel entre les musulmans, l’Islam, le terrorisme, et les positions confuses des responsables occidentaux découlent en fait du caractère confus du Coran lui-même, la non-distinction entre le Coran de La Mecque et le Coran àMédine, et la non-distinction entre l’islam de la Mecque et l’islam de Médine.
Dire que l’islam n’a rien à voir avec le terrorisme : Ceci est correct, si nous parlons du Coran et de l’islam de La Mecque. Mais ceci est faux, si on parle du Coran et de l’islam de Médine.
Nous nous trouvons en fait en face de deux Corans totalement différents, et de deux Islams diamétralement opposés. Ceci est démontré par la biographie du Prophète Mahomet, le contenu du Coran de La Mecque et le contenu du Coran de Médine … Mais malheureusement ces deux Corans ont été publiés en un seul texte ne respectant pas l’ordre chronologique, sans distinction entre les deux Corans. Par conséquent, nous passons d’un verset pacifique, à un verset violent, et d’un verset violent à un verset pacifique, sans arrêt.
Que faire alors?
– Les pays occidentaux doivent interdire l’entrée et la distribution du Coran sur son territoire sous sa forme actuelle, qui mélange le Coran de la Mecque et le Coran de Médine, ceci tant dans le texte original arabe que dans les traductions.
– Ils doivent imposer la publication du Coran dans l’ordre chronologique sur leur territoire.
– Placer un avertissement sur le Coran de Médine indiquant qu’il viole les droits de l’homme, incite à la violence, à la haine et la discrimination entre les hommes et les femmes, et entre les musulmans et les non-musulmans, dicte des sanctions cruelles et prévoit le pillage et l’enlèvement des femmes.
– Signaler publiquement les enseignements islamiques qui constituent une violation des droits humains et des lois du pays d’accueil, et en informer tous les musulmans.
– Ne pas accorder le droit de séjour ou la nationalité à ceux qui refusent de respecter les droits de l’homme et les lois de l’État.
– Confisquer tous les enregistrements et publications à caractère religieux qui comportent des violations des droits de l’homme et des lois de l’État.
– Former des imams dans les pays occidentaux, en insistant sur le respect des droits humains et des lois de l’État, interdire l’entrée de tout imam prônant la violation de ces droits et lois, et expulser tous les imams étrangers.
– Fermer toutes les mosquées qui ne s’engagent pas à respecter les droits de l’homme et les lois de l’État.
– Imposer les prêches dans les langues locales, enregistrer tous ces prêches, les soumettre au contrôle de l’État et sanctionner tout prédicateur qui viole les droits humains et les lois de l’État.
En bref, il faut un retour au Coran et à l’Islam de La Mecque, et le rejet du Coran et de l’Islam de Médine, comme l’avait proposé le regretté Mahmoud Mohamed Taha, Dieu ait son âme, qui a été pendu à la demande d’Al-Azhar.
 
 
19 DÉCEMBRE 2015

Aux origines du Coran

Comment est né le texte sacré de l'islam

Jusqu'aux alentours de l'An Mil, les commentaires autour du Coran furent innombrables, en liaison avec une grande effervescence intellectuelle. Une école réformiste proposa en particulier de distinguer le Coran incréé, parole de Dieu, restée près de Dieu, dénuée de toute équivoque, et le Coran créé, celui-là même qui est sorti de la bouche de Mahometet se doit d'être analysé et interprété.
Mais en l'an 1019, le calife Al Qadir fit lire au palais et dans les mosquées une épître dite« épître de Qadir » (Risala al-qâdiriya) par laquelle il interdit toute exégèse nouvelle et ferma la porte à l'effort de recherche personnel des musulmans (l'ijithad).
Aujourd'hui, à la lumière des travaux accomplis sur les textes chrétiens, des chercheurs abordent l'étude du Coran avec un regard historique, archéologique et philologique.
Le magazine Le Monde de la Bible (été 2012) fait le point sur ces travaux d'une grande portée scientifique et nous offre ci-après un entretien passionnant et lumineux avec l'islamologue Claude Gilliot, professeur émérite à l’université de Provence, répond en sa qualité de spécialiste d’études arabes et d’islamologie.
Entretien de Claude Gilliot avec Le Monde de la Bible
Le Monde de la Bible : Existe-il un Coran originel contemporain du Prophète ?
Claude Gilliot : Selon la tradition musulmane, à la mort de Muhammad [Mahomet] en 632 de notre ère, il n’existait pas d’édition complète et définitive des révélations que le Prophète avait livrées.
Des sources arabo-musulmanes nombreuses l’attestent. Il est dit que ses Compagnons les avaient mémorisées, en les apprenant et en les récitant par cœur. Certaines, toutefois, avaient été transcrites sur divers matériaux, telles des feuilles de palme ou des omoplates de chameaux.
Une première mise par écrit « complète » aurait été faite à l’instigation d’Omar qui craignait que le Coran ne disparût parce que ses mémorisateurs mouraient au combat. Il convainquit le calife Abû Bakr (632-634) de faire consigner par écrit ce que les gens en savaient et ce qui en avait été écrit sur divers matériaux. Ce travail de collecte fut dirigé par l’un des scribes de Muhammad, le Médinois Zaïd b. Thâbit.
À la mort d’Abû Bakr, ces premiers feuillets du Coran furent transmis à Omar, devenu calife (634-644), puis à sa fille Hafsa, l’une des veuves de Muhammad.
MdB : Et c’est ce recueil des versets coraniques qui s’imposa d’emblée?
C. G.: Non, on ne peut pas dire cela. D’abord parce que nous n’avons pas de traces matérielles de cette collecte. Ensuite parce que l’objectif d’Omar était probablement de disposer d’un corpus et non de faire une « édition »définitive.
C’est sous le califat suivant, celui d’Othman (644-656), qu’on prit conscience de divergences dans la façon de réciter le Coran. Othman reprit le corpus détenu par Hafsa et le fit compléter par d’autres personnages, toujours sous la direction de Zaïd b. Thâbit. Il fit ensuite détruire tous les matériaux originels, imposa une première version « canonique » du Coran en l’adressant aux métropoles les plus importantes du jeune Empire. Mais s’imposa-t-il à tous ? La tradition musulmane affirme que oui, mais nous observons que l’idée même de collecte avait rencontré des oppositions dont celle d’Ibn Mas’ûd, compagnon du Prophète (m. 633), et que, d’autre part, les récits sur la collecte du Coran comportent de nombreuses contradictions qui contestent cette affirmation.
MdB : Cela signifie-t-il que d’autres variantes du Coran aient pu subsister et êtres récitées à cette époque ?
C. G.: La tradition musulmane reconnaît une quinzaine de textes pré-othmaniens principaux et une douzaine de textes secondaires. Nous ne possédons aujourd’hui aucune de ces variantes de la « vulgate » othmanienne. Mais nous savons par ailleurs qu’en 934 et en 935, les exégètes Ibn Miqsam et Ibn Shannabûdh furent condamnés pour avoir récité des variantes non approuvées. Ce qui montre que celles-ci ont circulé longtemps.
Il convient également de remarquer que le texte diffusé par Othman pouvait lui-même susciter différentes lectures et interprétations. Et cela pour deux raisons. La première est que le texte ne comportait pas de voyelles brèves et pas toujours les longues, ce qui induit des choix dans l’interprétation des mots. Deuxièmement, l’écriture arabe primitive n’était pas dotée des points diacritiques qui fixent la valeur exacte des signes et qui distinguent une consonne d’une autre. Des vingt-huit lettres de l’alphabet arabe, seules sept ne sont pas ambiguës et dans les plus anciens fragments du Coran, les lettres ambiguës constituent plus de la moitié du texte.
C’est sous la période omeyyade, et le règne d’Abd al-Malik (685-705) plus précisément, que l’on peut placer la troisième phase de l’histoire du Coran. Certains attribuent au redoutable gouverneur de l’Irak, al-Hajjâj b. Yûsûf (714), plusieurs modifications apportées au texte coranique, mais à ce propos, les sources sont contradictoires. Pour les uns, il aurait seulement remis en ordre les versets et des sourates et rectifié des lectures déficientes; pour les autres, il aurait précisé l’orthographe en introduisant des points. En dépit des contradictions, le califat d’Abd al-Malik constitua un moment déterminant pour la constitution des textes qui nous sont parvenus.
MdB : Sur quels points portaient principalement les oppositions musulmanes à la version othmanienne que vous évoquiez précédemment ?
C. G.: Ces critiques viennent de savants musulmans qui soulevèrent des objections durant les trois premiers siècles de l’islam. Cela commença avec des compagnons du ?Prophète qui avaient leur propre texte, nous dit-on. D’autres sont allés jusqu’à considérer certains textes comme inauthentiques pour des raisons théologiques et éthiques. Ils visaient notamment les versets 111,1-3 contre Abu Lahab, l’un des grands adversaires de Muhammad; et 74,11-26. Des théologiens de Bassora mirent en doute l’authenticité de ces passages, tout comme certains kharijites pensaient que la sourate 12 (sourate de Joseph) ne faisait pas partie du Coran, car, selon eux, ce conte profane ne pouvait avoir sa place dans le Coran.
On trouve les accusations les plus vigoureuses de falsification du Coran dans les sources chiites avant le milieu du Xe?siècle. Pour ces derniers, seul Ali, successeur légitime de Muhammad, détenait les authentiques révélations faites au Prophète. Cette version avait été rejetée par les ennemis d’Ali, Abû Bakr et Omar notamment, parce qu’elle contenait des hommages explicites à Ali et à ses partisans et des attaques contre leurs adversaires.
MdB : De quels textes anciens disposons-nous aujourd’hui?
C. G.: Nous ne possédons aucun autographe du Prophète ni de ses scribes. Les plus anciennes versions complètes du Coran dateraient du IXe siècle. Des fragments, très rares, pourraient remonter à la fin VIIe siècle ou du début du VIIIe. L’un des plus anciens, daté du VIIe?siècle, est conservé à la Bibliothèque nationale de France (voir p. 32). Mais, en l’absence d’autres manuscrits antérieurs au IXe siècle, la datation de ce recueil d’une soixantaine de feuillets ne peut être estimée que par des critères paléographiques.
MdB : Il existe une forte controverse sur la langue originelle du Coran. En quoi consiste-t-elle?
C. G.: Selon la tradition musulmane, le Coran a été écrit dans la langue de Dieu, autrement dit dans l’arabe le plus clair. Hors pour les chercheurs occidentaux, y compris pour ceux qui reprennent la thèse théologique musulmane, les particularités linguistiques du texte coranique font problème et entrent mal dans le système de la langue arabe.
Afin de surmonter cette difficulté, plusieurs hypothèses furent proposées, selon lesquelles l’origine de la langue coranique se trouverait dans un dialecte – disons plutôt une « koinè (langue commune) vernaculaire » – de l’Arabie occidentale marqué par l’influence du syriaque, et donc de l’araméen.
Le Coran est une production de l’Antiquité tardive. Qui dit Antiquité tardive, dit époque de syncrétisme. La péninsule arabique, où le Coran est censé être né, n’était pas fermée aux idées véhiculées dans la région.
Les historiographes arabes musulmans les plus anciens, soit de la première ou de la deuxième génération de l’islam, disent que La Mecque avait des relations en particulier avec la ville d’al-Hira, capitale de la tribu arabe des Lakhmides, où vivaient des païens, des chrétiens monophysites et des manichéens. Elle aurait été un des lieux de passage pour l’apprentissage de l’écriture de l’arabe primitif.
Quand Muhammad livrait ses premières prédications, un de ses premiers opposants objectait qu’il avait déjà entendu cela à al-Hira. Dans un autre passage du Coran, il est reproché à Muhammad de se faire enseigner par un étranger qui parlait soit un mauvais arabe soit une autre langue.
Il est vrai qu’un grand nombre d’expressions réputées obscures du Coran s’éclairent si l’on retraduit certains mots apparemment arabes à partir du syro-araméen, la langue de culture dominante au temps du Prophète.
MdB : Vous rejoignez ainsi les thèses de Christoph Luxenberg qui, par ailleurs, ne fait pas l’unanimité chez nombre d’islamologues ?
C. G.: Christoph Luxenberg considère en effet que des pans entiers du Coran mecquois seraient un palimpseste d’hymnes chrétiennes. Avant lui, Günter Lüling avait tenté d’établir qu’une partie du Coran provenait d’hymnes chrétiennes répondant à une christologie angélique. Cela me paraît trop automatique et trop rapide.
En revanche, Christoph Luxenberg m’a convaincu sur l’influence syriaque dans plusieurs passages du Coran, notamment dans la sourate 100 dans laquelle il voit une réécriture de la première épître de saint Pierre (5,8-9). On reconnaît dans le Coran des traces évidentes de syriaque.
À commencer par le mot Qur’an qui, en syriaque, signifie « recueil » ou« lectionnaire ». Cette influence me semble fondamentale. D’autre part, Angelika Neuwirth [NDLR spécialiste du Coran, université de Berlin] a bien souligné la forme liturgique du Coran.
Et des chercheurs allemands juifs ont noté une ressemblance forte entre le Coran mecquois et les psaumes bibliques. Serait-il un lectionnaire, ou contiendrait-il les éléments d’un lectionnaire ? Je suis enclin à le penser. Sans l’influence syriaque comment comprendre que le Coran ait pu reprendre le thème des sept dormants d’Éphèse qui sont d’origine chrétienne? De plus, la christologie du Coran est influencée par le Diatessaron de Tatien et par certains évangiles apocryphes. On peut penser que le groupe dans lequel le Coran primitif a vu le jour était l’un des rejetons de groupes judéo-chrétiens attachés à une christologie pré-nicéenne, avec aussi quelques accents manichéens.
Propos recueillis par Benoît de Sagazan, pour Le Monde de la Bible

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