Diana Johnstone: « Il n’y a pas eu de génocide à Srebrenica »
Préambule
Le 11 juillet 2015 a eu lieu le 20ème anniversaire de ce qu’on appelle le « massacre de Srebrenica » ou encore « le génocide de Srebrenica », lorsque des hommes musulmans ont été tués par les forces serbes durant la guerre civile bosniaque de 1992 à 1995. Le consensus occidental sur ce qui s’est passé à Srebrenica est, comme l’histoire officielle des massacres rwandais, contesté par des universitaires, des journalistes et des avocats de la défense pénale internationale, dont Ed Herman, David Peterson, Michael Parenti, Robin Philpot, John Philpot, Christopher Black, Peter Erlinder, Ramsey Clark et Diana Johnstone (*). Ces deux histoires officielles (Bosnie et Rwanda) servent de pierres angulaires à l’idéologie interventionniste occidentale.
Une semaine avant la commémoration du 11 juillet, la Russie avait exaspéré Samantha Power, ambassadrice des Etats-Unis auprès des Nations Unies, en opposant son veto à une résolution du Conseil de sécurité sur Srebrenica parce qu’elle incluait le mot « génocide ». Le Venezuela s’est abstenu. Parlant à la Voix de l’Amérique, Samantha Power a ensuite appelé tous ceux qui sont en désaccord avec le consensus occidental « des négationnistes de génocide ». J’ai parlé à Diana Johnstone, négationniste du génocide et auteure des livres « Fools’ Crusade: Yugoslavia, NATO » (**) et « Western Delusions and Queen of Chaos: the Misadventures of Hillary Clinton » (Yougoslavie, OTAN, croisade délirante et Reine du Chaos. les mésaventures de Hillary Clinton) édités par CounterPunch Books.
Diana Johnstone: « Il n’y a pas eu de génocide à Srebrenica »
Une interview de Diana Johnstone par Ann Garrison publiée le 16 juillet 2015 par Counterpunch.
Ann Garrison: Diana Johnstone, l’ambassadrice des Nations Unies, Samantha Power, affirme que vous êtes une « négationniste de génocide », de même que David Peterson, Michael Parenti et tous ceux qui ont osé contester le consensus occidental sur ce qui s’est passé à Srebrenica en juillet 1995. Quelle est votre réponse?
Diana Johnstone: Eh bien, je suis vraiment une « négationniste de génocide », de plus j’en suis fière et je peux expliquer pourquoi.
Ann Garrison: S’il vous plaît faites.
Diana Johnstone: Oui, parce que ce qui s’est passé n’était pas un génocide. Notez que nier le « génocide » signifie nier une interprétation et non pas les faits, quels qu’ils soient. Il y a eu un massacre de prisonniers, dont les proportions sont contestées. C’était un crime de guerre. Mais ce n’était pas un génocide. Lorsque vos victimes sont des hommes d’âge militaire et que vous épargnez les femmes et les enfants, cela ne peut pas être un génocide selon une définition raisonnable. Le Tribunal pénal international pour la Yougoslavie a été créé pour accuser les Serbes de génocide, ce qu’ils ont fait en utilisant une explication sociologique farfelue, affirmant que, parce que les Musulmans bosniaques avaient une société patriarcale, tuer les hommes dans une seule ville serait une sorte de génocide. Mais ce n’est pas ce que les gens comprennent par génocide.
Ann Garrison: Pourquoi les Serbes étaient-ils une cible américaine? Et pourquoi les musulmans bosniaques étaient-ils favorisés?
Diana Johnstone: Eh bien, d’une part, l’administration Clinton et les administrations suivantes ont eu une politique d’alliance avec les musulmans du monde entier. En partie dans une stratégie anti-russe à long terme qui remonte à la politique de Zbigniew Brzezinski de soutient des Moujahidines en Afghanistan. La notion selon laquelle le point faible de l’Empire russe sont les musulmans et que ces derniers peuvent être utilisés contre les chrétiens orthodoxes, est une stratégie à long terme des États-Unis qui remonte au rôle de Brzezinski dans les années 1970.
Ann Garrison: Dans l’administration Carter?
Diana Johnstone: Oui, et la Serbie était considérée comme un allié potentiel de la Russie dans la région, car les Serbes sont des chrétiens orthodoxes, et c’est la raison pour laquelle elle a été ciblée. Il fallait faire croire que les chrétiens orthodoxes soient les méchants et les musulmans soient les gentils. Et cela a été une stratégie américaine constante au cours des dernières décennies.
Ann Garrison: Donc, vous dites que les USA ne combattent pas constamment les mauvais musulmans partout dans le monde?
Diana Johnstone: Non, ils combattent les moins pires. Ils se sont battu contre ceux qui sont plus laïques et les moins fanatiques. En Bosnie, les Etats-Unis ont soutenu Izetbegovic, le politicien le plus islamiste parmi les musulmans, qui avait auparavant écrit une déclaration disant qu’un pays à majorité musulmane devrait être gouverné par la loi islamique. Ils ont combattu Kadhafi, dont l’ennemi principal était les extrémistes musulmans et, après s’être débarrassé de lui, maintenant ils prennent le contrôle de la Libye. Ils ont attaqué Saddam Hussein qui dirigeait une société laïque et qui était détesté par les extrémistes islamiques. Et maintenant, ils prennent le contrôle de l’Irak. Et les Etats-Unis ont lutté contre le régime d’Assad en Syrie. Ils ont ciblé précisément les régimes musulmans qui n’étaient pas religieusement fanatiques. Alors, bien sûr, l’Islam est divisé, donc les Etats-Unis ont tué des musulmans, mais ils ont favorisé les plus extrémistes.
Il y a un autre point que je veux soulever, à savoir que qualifier de génocide Srebrenica est extrêmement dommageable pour plus d’une raison. Bien sûr, nous savons que la principale raison à cela a été de justifier les futures guerres en disant: « Oh mon Dieu, nous avons laissé cela se produire au Rwanda. Nous laissons cela se produire à Srebrenica, nous devons donc faire des guerres préventives pour empêcher que cela ne se reproduise. » C’est le prétexte idéologique utilisé par les États-Unis. Mais, le fait est que soutenir l’idée que l’Occident était là, ce qu’affirme Samantha Power, selon elle nous sommes juste restés là pendant que les Serbes commettaient un génocide contre les Musulmans, est également nuisible à d’autres égards. Cette ligne, qui est fausse, est utilisée par l’islamisme extrémiste pour recruter des gens afin de se battre contre l’Occident, comme ça se passe au Moyen-Orient. Parce qu’ils pensent que l’Occident est l’ennemi, l’Occident a soutenu le génocide des musulmans, ils sont les victimes, donc ils sont justifiés. Et ils recrutent des jeunes hommes du monde entier, y compris en Europe, pour aller combattre l’Occident en partie sur la base de ce prétexte. Donc, ce mensonge est très nocif.
Ann Garrison: Donc, toutes les attaques américaines contre les États laïques, où l’islam est la religion dominante, ont conduit au fondamentalisme islamique et au recrutement de groupes comme l’Etat islamique?
Diana Johnstone: Absolument, absolument. Et toute la politique américaine des dernières décennies a en fait inspiré ce radicalisme musulman contre l’Occident. L’idée était que nous aurions les musulmans de notre côté en les soutenant, mais cela a fonctionné dans le sens contraire parce que nous avons affaibli les leaders musulmans laïques, et avec l’aide de notre cher allié l’Arabie Saoudite, qui est bien sûr un Etat musulman extrémiste en plus d’être notre proche allié dans la région.
Ann Garrison: Voulez-vous dire quelque chose sur le chiffre controversé de 8000 morts? Global Research a publié un entretien avec Ed Herman titré « The Srebrenica Massacre was a Gigantic Political Fraud » dans lequel il affirme que les chiffres ont été gonflés sans preuves médico-légales et qu’il y a eu de nombreux massacres dans la région de Srebrenica, y compris des massacres de femmes et d’enfants dans les villages serbes.
Diana Johnstone: Eh bien, je suis très sceptique à propos de ce nombre de 8000, plus que sceptique. Je pense que ce nombre est clairement faux, mais je ne voudrais pas m’étendre là-dessus parce que mon argument principal ne concerne pas tant le nombre de morts que l’exploitation de ces morts dans les buts de propagande. Et aussi, sur le fait que puisque c’était des hommes et des garçons d’âge militaire, cela ne peut pas être un génocide. C’est le genre de massacre qui se produit dans les guerres. Les hommes sont tués à cause de ce qu’ils sont; ils sont de l’autre côté. Voilà toute l’histoire. Et bien sûr, c’est arrivé des deux côtés. C’était une guerre. Ce n’était pas seulement les Serbes qui tuaient les Musulmans. Les Musulmans tuaient les Serbes. Je veux dire que c’était une guerre civile avec deux parties qui se battaient.
Ann Garrison: C’est exactement ce qui est ignoré au sujet du Rwanda. Les 100 jours infâmes au Rwanda ont été les derniers jours d’une guerre d’agression de quatre ans qui a commencé lorsque les troupes ougandaises ont envahi le Rwanda en octobre 1990 et ont ensuite mené une guerre de quatre ans jusqu’à leur prise de pouvoir à Kigali. L’histoire officielle traite les 100 jours en ignorant le reste. Y a-t-il autre chose que vous aimeriez dire à propos de Srebrenica?
Diana Johnstone: Eh bien, il y a peut-être encore une chose que j’aurais dû dire.
Ann Garrison: Allez-y.
Diana Johnstone: C’est très ironique que Bill Clinton se rende comme un des pleureuses officielles à Srebrenica, car une histoire qui circule en dehors des médias traditionnels, c’est que tout le massacre de Srebrenica a été un piège délibéré. Le chef musulman, Alija Izetbegovic, avait appris par Bill Clinton que ce dernier avait besoin d’un massacre d’au moins 5000 Musulmans pour amener politiquement les Etats-Unis et l’OTAN à participer à la guerre du côté musulman.
C’est dans un livre écrit par un dirigeant musulman bosniaque, Ibran Mustafic. Le livre, cependant, est en serbo-croate. Il a été mentionné dans un rapport de l’ONU que beaucoup de Musulmans ont dit que le massacre de Srebrenica était un piège afin de pouvoir servir de prétexte pour blâmer les Serbes et faire entrer en guerre les Etats-Unis et l’OTAN du côté des Musulmans de Bosnie. Ca a été dit par beaucoup de gens, et il y a un film documentaire à ce sujet, mais cela a été tenu à l’écart du discours dominant.
Ann Garrison: Y a-t-il des documents sur ce que Clinton a dit?
Diana Johnstone: Il y a des documents sur ce qu’Izetbegovic pensait qu’il avait dit. Et, rappelez-vous qu’ils ne parlent pas la même langue. Clinton aurait officieusement dit: « Eh bien, j’aurais besoin d’un massacre d’au moins 5000 victimes pour avoir les mains libres politiquement et pouvoir intervenir », sans vraiment vouloir signifier que quelqu’un devait organiser un tel massacre. Je n’accuse pas Clinton d’avoir ordonné le massacre. Mais d’un autre côté, il est extrêmement probable qu’Izetbegovic, dont la stratégie globale était de dépeindre les Musulmans de Bosnie comme de pures victimes, aurait pu le faire. Il a donné l’ordre au commandant de sortir de Srebrenica. Il n’y avait pas de défense là-bas, bien que les soldats musulmans bosniaques fussent plus nombreux à Srebrenica que les soldats serbes qui attaquaient. Mais ils n’ont pas défendu la ville, ils se sont enfuis. Et cela a été interprété par beaucoup de Musulmans bosniaques comme une tentative délibérée de mettre en place les choses pour que les Serbes puissent se venger, car il y avait eu auparavant beaucoup de victimes serbes massacrées par les soldats musulmans. Ces derniers avaient tué plus de 3000 villageois serbes dans la région. Et ainsi, beaucoup croient que cela a été délibérément mis en place pour avoir le nombre de victimes qui amèneraient les États-Unis à intervenir au côté de la Bosnie musulmane. Même le général français Morillon a dit cela.
Mais une autre raison pour laquelle ce n’était pas un génocide contre les Musulmans, c’est que les Serbes étaient alliés à un autre groupe de Musulmans bosniaques du côté ouest de la Bosnie, dont le leader était un musulman laïc, Fikret Abdic, plus populaire qu’Izetbegovic. Donc l’étiquette du génocide est absolument absurde, et oui, je suis une négationniste du génocide parce que ce n’est pas vrai qu’il y en ait eu un.
Propos recueillis par Ann Garrison | Counterpunch.org | 2015/07/16
Ann Garrison est une journaliste indépendante qui contribue également au San Francisco Bay View, à Global Research, au Black Agenda Report et au Black Star News, et produit des émissions de radio pour KPFA-Berkeley et WBAI-New York City.
(*) Diana Johnstone est une journaliste et écrivaine américaine vivant à Paris. Elle est l’auteure de « Fools’ Crusade: Yugoslavia, NATO » (Yougoslavie, OTAN, croisade délirante) et « Western Delusions and Queen of Chaos: the Misadventures of Hillary Clinton » (Reine du Chaos. les mésaventures de Hillary Clinton). Son essai de 2005 « Srebrenica Revisited » peut être lu sur le site Web de Counterpunch (lien:https://www.counterpunch.org/2005/10/12/srebrenica-revisited/). De 1979 à 1990, elle a été rédactrice pour l’Europe de « In These Times » (un magazine mensuel de tendance socialiste publié aux États-Unis).
De 1979 à 1990, elle a été rédactrice pour l’Europe de « In These Times » (un magazine mensuel de tendance socialiste publié aux États-Unis). De 1990 à 1996, elle a été attachée de presse au groupe des Verts au Parlement européen. Elle est également l’auteur de « The Politics of Euromissiles: Europe’s Role in America’s World » (La politique des Euromissiles: le rôle de l’Europe dans le monde américain). Plus récemment, elle est l’auteur de l’introduction du livre de mémoires de son père, From MAD to Madness: Inside Pentagon Nuclear War Planning, par Paul H. Johnstone, ancien analyste des armes stratégiques au Pentagone.
(**) Le livre de Diana Johnstone « Fools’ Crusade: Yugoslavia, NATO » (Yougoslavie, OTAN, croisade délirante).
Traduit de l’anglais par La gazette du citoyen
Publié par Arrêt sur info le 1er décembre 2017 | Mis à jour le 5/12/2017
Le massacre de Srebrenica était une gigantesque fraude politique
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