Non-chrétien : Qu'a fait ou dit le pape François pour la sauver ? Ce n'est pas une question-piège, je n'ai pas suivi l'affaire.
Cette jeune personne fait partie de sa famille, il me semble...
Une négociation en sous main ?
Chrétien : Puisque ce type de remarque est récurrente, je vous fais un copier-coller de mon commentaire posté plus bas :
Le pape suit attentivement cette affaire mais se tait car il sait pertinemment qu'un appel émanant de lui compromettrait définitivement toute chance de libération pour Asia Bibi: le gouvernement pakistanais donnerait alors l'impression à sa population d'agir sur ordre du pape...impensable!
Dans un contexte de crise aiguë, il vaut mieux éviter de jeter de l'huile sur le feu. La minorité chrétienne du Pakistan pourrait le payer très cher.
Sachez aussi qu'au cours de toutes ces années d'incarcération, des membres de la famille d'Asia Bibi ont été reçus à plusieurs reprises au Vatican.
Voici également ce qu'en dit Marc Fromager, directeur de l'AED (Aide à l'Église en Détresse), association qui soutient les chrétiens en danger dans le monde et qui est à l’origine de la pétition remise en 2010 au ministère français des affaires étrangères:
"Une large mobilisation avait sans doute sauvé Asia Bibi dans un premier temps mais avait ensuite compliqué sa libération. Entre-temps, elle était devenue une icône, voire une victime expiatoire. C’est la raison pour laquelle nous avons plus tard cessé de la médiatiser, sur les conseils de l’Église au Pakistan qui souhaitait la faire oublier. Nous n’avons pas cessé de la soutenir pour autant, notamment à travers la "Commission Justice et Paix" de la Conférence épiscopale pakistanaise qui prenait en charge des frais d’avocat et de soutien financier de la famille."
L'AED reste en contact étroit avec sa famille, comme l'indique Marc Fromager: "J'étais moi-même il y a deux semaines à Londres avec le mari et une des filles d'Asia Bibi."
Non-chrétien :
Ah ! bonne idée, merci à vous. La Chrétienté donne souvent l'impression d'être une religion quasi clandestine (à quelqu'un comme moi en tout cas).
Pas étonnant que les Musulmans aient peur aussi. Dans cet article du Figaro, il y a également :
"Il faut dire que de nombreuses personnes ont été assassinées ces dernières années pour avoir publiquement pris position contre la loi anti-blasphème. Je pense notamment à Salman Taseer, gouverneur musulman du Punjab qui a été assassiné en 2011 par son garde du corps pour avoir défendu Asia Bibi. Nous ne les oublions pas en ce jour de sa libération."Non-chrétien : Ah ! bonne idée, merci à vous. La Chrétienté donne souvent l'impression d'être une religion quasi clandestine (à quelqu'un comme moi en tout cas).
Pas étonnant que les Musulmans aient peur aussi. Dans cet article du Figaro, il y a également :
"Il faut dire que de nombreuses personnes ont été assassinées ces dernières années pour avoir publiquement pris position contre la loi anti-blasphème. Je pense notamment à Salman Taseer, gouverneur musulman du Punjab qui a été assassiné en 2011 par son garde du corps pour avoir défendu Asia Bibi. Nous ne les oublions pas en ce jour de sa libération."
Chrétien :
"La chrétienté donne souvent l'impression d'être une religion clandestine"
Plusieurs raisons à cela:
- cela correspond à l'esprit de cette religion. Pour le comprendre, je vous invite à lire Matthieu (6, 1-6. 16-18) : https://www.prionseneglise.fr/textes-du-jour/evangile/2013-06-19.
- En France, les chrétiens ont intégré la notion de laïcité : s'il s'engagent dans la société dans des œuvres caritatives ou participent aux débats concernant les questions sociétales, ils évitent de porter leur religion en étendard.
- Pour ce qui est des chrétiens d'Orient, certains n'ont pas le choix: considérés comme des citoyens de seconde zone, victimes de brimades et parfois de lynchages et d'attentats, ils sont obligés de faire profil bas pour survivre. Mais c'est un phénomène mondial : "Sur les 2,48 milliards de chrétiens –
toutes confessions confondues – dans le monde, environ 215 millions souffriraient de graves persécutions, soit un chrétien sur douze".
source :
Au-delà
d'Asia Bibi, tous les chrétiens d'Orient se sentent menacés
Par Marc
Fromager
Mis à jour le 01/11/2018 à 11h14 | Publié le 31/10/2018 à 17h39
FIGAROVOX/TRIBUNE - Asia Bibi a été libérée. Cette
chrétienne avait été condamnée à mort au Pakistan pour blasphème. Tout en se
réjouissant de cette décision, Marc Fromager espère que l'épreuve endurée par
la jeune femme améliorera le sort des chrétiens pakistanais.
Marc Fromager est directeur de l'AED (Aide à l'Église en
Détresse), qui soutient les chrétiens en danger partout dans le monde.
Comment ne pas se réjouir de la libération d'Asia Bibi, pour
laquelle nous étions mobilisés depuis le départ, depuis neuf ans. L'AED (Aide à
l'Eglise en Détresse) avait d'abord lancé une pétition en 2009 avec plus de 11
000 signatures, apportées au Quai d'Orsay. Une large mobilisation avait sans
doute sauvé Asia Bibi dans un premier temps mais avait ensuite compliqué sa
libération. Entre-temps, elle était devenue une icône, voire une victime
expiatoire.
C'est la raison pour laquelle nous avons plus tard cessé de
la médiatiser, sur les conseils de l'Église au Pakistan qui souhaitait la faire
oublier. Nous n'avons pas cessé de la soutenir pour autant, notamment à travers
la Commission Justice et Paix de la Conférence épiscopale pakistanaise qui
prenait en charge des frais d'avocat et de soutien financier de la famille.
Pour revenir à sa libération, nous ne pouvons que nous en
réjouir. J'étais moi-même il y a deux semaines à Londres avec le mari et une
des filles d'Asia Bibi. Ils avaient l'air assez confiants mais évidemment, il
fallait attendre que la décision finale soit rendue publique.
A ce stade, il est important de saluer le courage des juges
pakistanais. On sait que le gouvernement pakistanais souhaitait la libération
d'Asia Bibi depuis assez longtemps, pour des raisons d'image internationale,
mais la menace de désordre majeur a fait traîner ce cas toutes ces années.
Il faut dire que de nombreuses personnes ont été assassinées
ces dernières années pour avoir publiquement pris position contre la loi
anti-blasphème. Je pense notamment à Salman Taseer, gouverneur musulman du
Punjab qui a été assassiné en 2011 par son garde du corps pour avoir défendu
Asia Bibi. Nous ne les oublions pas en ce jour de sa libération.
On peut imaginer qu'au-delà de la Cour Suprême, le
gouvernement pakistanais a donné son feu vert pour l'acquittement et nous l'en
félicitons. Il va maintenant falloir faire face, alors que des émeutes ont déjà
éclaté dans le pays. Les groupes islamistes mettent à exécution les menaces
proférées en amont du jugement. Ils souhaitent, là comme ailleurs, imposer leur
loi.
Il est important de saluer le courage des juges
pakistanais.
Au cours des prochains jours, nous serons particulièrement
attentifs au sort des communautés chrétiennes, des cibles faciles pour les
représailles des groupes extrémistes musulmans.
Au-delà de la libération d'Asia Bibi, on ne peut que
déplorer le sort des minorités religieuses au Pakistan, en particulier les
chrétiens, qui représentent à peu près 3% de la population, souvent
marginalisés, discriminés, au plus bas de l'échelle sociale, et qui font
régulièrement l'objet d'attentats, surtout au moment des grandes fêtes
chrétiennes.
Pour conclure, nous pouvons espérer que cet acquittement
fera jurisprudence et que, dorénavant, la justice pakistanaise surveillera de
plus près toute éventuelle accusation de blasphème. À terme, nous espérons que
très rapidement, la loi anti-blasphème soit supprimée. Il n'est pas question
d'encourager le blasphème mais de supprimer une loi inepte qui est le plus
souvent instrumentalisée pour simplement régler des problèmes de voisinage.
Si les chrétiens au Pakistan pouvaient dorénavant être un
peu plus respectés, la dramatique épreuve d'Asia Bibi n'aura pas été vaine.
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Asia Bibi
: le monde musulman se tait
A part quelques voix isolées et la masse de ceux qui
réclament sa mort
Par Aurélien
Marq - 9 novembre 2018
Le soulagement n’aura duré que quelques jours. Après
avoir acquitté
Asia Bibi, le Pakistan cède devant les pressions des islamistes et remet en
cause ce verdict. Son avocat a été obligé de s’exiler, sa famille cherche asile
à l’étranger, et elle-même est plus menacée que jamais si elle reste dans son
pays. Pendant ce temps, à l’exception de quelques voix isolées et de la masse
de ceux qui réclament sa mort au nom de l’islam, les musulmans du monde entier…
se taisent.
Le 31 octobre était apparu comme un jour d’espoir, un jour
de victoire pour le bon sens, l’Etat de droit et la justice face aux
vociférations haineuses des islamistes. La Cour suprême du Pakistan avait enfin
acquitté la chrétienne Asia Bibi, accusée de blasphème et risquant la peine de
mort pour avoir bu de l’eau d’un puits réservé aux musulmans. Accusation
absurde et inhumaine. Voilà la vision que de nombreux musulmans du Pakistan ont
de ceux qui ne se soumettent pas à leurs dogmes : des êtres indignes de boire
la même eau qu’eux, des impurs, moins que des bêtes – car je ne doute pas
qu’avec leurs bêtes de somme, ils partageraient plus volontiers leur eau.
Un musulman et un catholique assassinés par des
islamistes
Il faut saluer le grand courage des juges qui ont préféré la
justice au fanatisme : un gouverneur de province et un ministre ont déjà
payé ce choix de leur vie. Le musulman Salman Taseer et le catholique Shahbaz
Bhatti, assassinés par les islamistes. Aurions-nous ce courage ? Nos juges
et nos gouvernants l’auraient-ils ? L’ont-ils ? Ici, face aux
islamistes ils risquent heureusement bien moins et pourtant trop souvent ils
cèdent. Par aveuglement ou par laxisme, par complaisance idéologique ou devant
la pression, celle des « quartiers difficiles » ou celle de médias
que leur détestation de l’Occident rend complices des islamistes. Ils cèdent,
au nom de la « paix civile », paix bien munichoise, ou dans l’espoir
de s’attirer des votes communautaires. Souvenons-nous-en avant de critiquer le
Pakistan. Les juges de sa Cour suprême ont choisi la justice au péril de leur
vie. C’est une leçon.
Hélas, la lueur fut de courte durée. La rage des
islamistes a déferlé dans les rues, leurs hurlements et leurs menaces
ont envahi l’espace médiatique. Et le gouvernement pakistanais a cédé. Il a
autorisé un recours contre l’acquittement d’Asia, et tout est remis en cause.
L’espoir demeure mais il est bien fragile, et se situe surtout du côté de
l’exil. Cela aussi, c’est une leçon : nous devons tout faire pour que
jamais la même chose ne puisse se produire chez nous. Ne nous y trompons
pas : certains le voudraient et œuvrent à criminaliser toute critique de
l’islam, toute attitude qui refuserait de se soumettre à leur sentiment de
supériorité. Ne leur cédons rien, jamais. Dans tout compromis ils ne verront
que faiblesse.
De rares voix musulmanes s’élèvent
Et pendant ce temps, le monde musulman se tait. Au nom de
l’islam, de son prophète et de son dieu, des milliers de musulmans pakistanais
défilent en faisant porter par des enfants des pancartes réclamant la mort
d’une innocente. Et les autres musulmans, les millions d’autres, tous ceux dont
on nous somme de croire que leur religion n’aurait rien à voir avec le
fanatisme conquérant et obscurantiste, laissent faire.
Il y a bien sûr des exceptions, notables et admirables. Il y
a ces juges, avant tout. Il y a les soutiens d’Asia dans son pays, et certains
comme Bilawal Bhutto sont musulmans – ils sont même plus que ça : ils sont
ce qui reste d’honneur à l’islam pakistanais. Il y a celles et ceux qui
intérieurement se révoltent, mais ne savent pas comment agir ou choisissent
d’agir discrètement. Il y a quelques personnalités qui prennent la parole, je
pense par exemple à Rachid
Benzine ou à Maajid Nawaz, anglais musulman d’origine pakistanaise,
qui lui aussi s’interroge sur le silence de la communauté dont il est issu.
Car malgré l’authenticité de convictions discrètes et le
courage de quelques voix qui s’élèvent, le constat demeure. Dans cette affaire,
des musulmans ont choisi la vérité et la justice, et cela compte. Mais ils ont
fait ce choix à titre individuel. Les communautés musulmanes, en
revanche, en tant que communautés, qui ont pourtant l’habitude de
descendre dans la rue pour se faire entendre, se taisent ou sont ouvertement du
côté des bourreaux et des fanatiques. Que faut-il en conclure ?
La lâcheté du silence
Parmi les musulmans, ou du moins ceux qui se disent tels,
certains font de leur religion une monstruosité. On nous dit qu’ils n’ont
« rien à voir avec l’islam ». Ils sont pourtant nombreux, trop
nombreux, ceux qui se veulent musulmans, se réfèrent à l’islam, appliquent à la
lettre les principes énoncés dans ses textes sacrés, et dont on voudrait nous
faire croire qu’ils n’ont « rien à voir avec l’islam ». Et ils
agissent, crient, revendiquent, menacent et emploient toutes les armes de la
violence et de l’influence pour soumettre le monde à l’insatiable soif de
puissance de ce en quoi ils croient. Au nom de l’islam, du prophète de l’islam
et du dieu de l’islam.
Et les autres musulmans, qui pourtant n’hésitent pas à
s’exprimer, se taisent. Tous ceux qui sont descendus dans la rue pour
s’indigner de dessins qui selon eux blasphémaient contre leur religion, leur
prophète et leur dieu, où sont-ils ? Tous ceux qui s’empressent de
dénoncer la moindre critique en l’accusant d’islamophobie, tous ceux qui ne
cessent de s’exprimer pour revendiquer des « accommodements
raisonnables », où sont-ils ? Pourquoi ne les entend-on pas ?
Honte ? Indifférence ? Complicité ?
Peut-être, à l’exception de quelques trop rares esprits
éclairés, la « communauté musulmane », l’Oumma, ne voit-elle pas la
condamnation d’Asia Bibi comme un crime ? Peut-être ces musulmans
étonnamment silencieux ont-ils le sentiment qu’après tout, la tuer ne serait
pas tout à fait contraire aux principes de leur religion ? Que les
croyances des islamistes ne seraient pas assez différentes des leurs pour être
clairement et fermement condamnées ? A eux de nous le dire et de prouver
ce qu’ils disent ou de continuer à se taire. A nous d’en tirer toutes les
conséquences.
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