jeudi 15 novembre 2018

Islamisme et politique 15.11.2018

























































































































































Marseille : la colère vire à la crise politique
Par Pierre Saint-Gilles
Publié le 15/11/2018 à 19h35
Limogeages, perquisitions, manifestations… Depuis l'effondrement des immeubles, le chaos s'est emparé de la ville.
La sociologie des «marcheurs de la colère», quelque 8000 à défiler mercredi soir de la rue d'Aubagne jusqu'à l'hôtel de ville, est révélatrice du malaise qui s'est emparé de Marseille depuis l'effondrement, le 5 novembre, de trois immeubles. Beaucoup n'appartenaient pas aux couches populaires de la ville: il s'agissait d'étudiants, de professeurs, de cadres, de commerçants, de professions libérales. En somme, des Marseillais actifs et intégrés pour la plupart d'entre eux. C'est une des raisons qui explique pourquoi la majorité municipale a aujourd'hui autant de mal à reprendre la main. Les manifestants ne sont pas les opposants politiques classiques de Jean-Claude Gaudin, mais une partie de son électorat, souvent installée dans ce centre-ville qui a la particularité de faire cohabiter des populations très différentes.
Selon le bloc d'immeubles ou la rue, l'univers social change. Le «bas» de la rue d'Aubagne est ainsi devenu un quartier branché avec des restaurants et boutiques courus par une clientèle aisée. Dans ce même périmètre, en dépit de leurs façades décaties, certains immeubles, proches des lieux du drame, sont prisés pour des intérieurs «bourgeois» avec moulures, parquets, terrasses et jardins d'hiver. Le tout à des prix accessibles. D'où l'exaspération des Marseillais qui reprochent à la mairie de n'être pas intervenue pour préserver ce patrimoine historique, qu'ils n'imaginaient pas aussi gravement menacé. Une colère aujourd'hui alimentée au quotidien par de nouvelles alertes, avec près de 250 immeubles signalés en moins de deux semaines et 703 personnes relogées en urgence, le temps que des experts totalement débordés visitent les lieux et prennent, le cas échéant, un arrêté de péril imminent.
La brigade criminelle de la police judiciaire va poursuivre son travail de récupération de milliers de documents papiers ou numériques, pour démêler l'écheveau des copropriétés
Chaque jour apporte son lot de révélations qui nourrissent la suspicion envers des élus et des fonctionnaires au mieux qualifiés d'incompétents, au pire soupçonnés d'avoir participé à un vaste système de détournement de fonds publics. Derrière l'enquête sur les effondrements, la justice cherche en effet à savoir si les sommes considérables allouées à la rénovation de l'habitat insalubre, ces vingt dernières années, ont bien été à chaque fois entièrement utilisées dans ce cadre. D'où la multiplication, ces derniers jours, des perquisitions dans des services et organismes dépendant de la mairie,mais aussi chez les propriétaires des appartements ou immeubles concernés. La brigade criminelle de la police judiciaire va poursuivre son travail de récupération de milliers de documents papiers ou numériques, pour démêler l'écheveau des copropriétés. Un travail de longue haleine qui ne portera pas que sur la rue d'Aubagne, mais sur l'ensemble des quartiers où des plans de rénovation avaient été décidés. Précisément ce qui cause la fébrilité de la classe politique locale aujourd'hui, car tous les élus de premier plan, de la majorité ou de l'opposition, ont été au cours de leur carrière à des postes de responsabilité dans l'urbanisme, le logement ou l'habitat. Que ce soit à la mairie, la métropole, le département ou encore la région, où deux vice-présidents ont été suspendus ce jeudi. Le scandale de la rue d'Aubagne semble bien marquer la fin du cycle Defferre-Guérini-Gaudin, et peu en réchapperont…
Cet article est publié dans l'édition du Figaro du 16/11/2018.
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Pierre Saint-Gilles


Ivan Rioufol : «La nouvelle révolution française, acte I»
Par Ivan Rioufol
Publié le 15/11/2018 à 19h41
CHRONIQUE - L'égotisme de Macron n'a fait qu'exacerber les incompréhensions entre la France d'en haut et celle d'en bas. Une révolution démocratique, populaire, girondine se dessine.
Quand on cherche le peuple, on le trouve. Au sens propre comme au figuré. Emmanuel Macron aurait pu tenter de renouer avec les Oubliés, sur les terres desquels il était ces jours-ci. Mais il a choisi de se tenir à distance de la colère française lors de son «itinérance» autopromotionnelle sur les lieux de la Grande Guerre : des «gilets jaunes» ont été écartés des cortèges et des caméras. D'ailleurs, Macron a vu «un peu tout et n'importe quoi» dans ces frondes éparses. À l'issue de ses 1000 kilomètres dans la ruralité, le président n'a apparemment rien saisi de l'attachement des gens à leur nation protectrice, malmenée par la mondialisation. La célébration du centenaire du 11 Novembre, point d'orgue de la mise en scène d'une proximité présidentielle, a été l'occasion d'une pluie d'obus élyséens sur le «nationalisme». À entendre Macron, les citoyens qui n'adhéreraient pas à son idée de «souveraineté européenne», qui efface les nations renaissantes, seraient des xénophobes et des fascistes en puissance. Mais ces canailles-là font masse. Le président a grand tort de les insulter et de s'en faire des ennemis.
Ce n'est pas seulement une révolte fiscale qui s'exprimera samedi, à l'appel des réseaux sociaux, sous le symbole du gilet jaune de la sécurité routière. Les taxes supplémentaires sur le carburant sont l'étincelle. Mais le terreau est depuis longtemps inflammable. Le gouvernement n'éteindra pas les braises avec ses derniers chèques compensatoires ou ses «superprimes» pour changer de voiture. Le chef de l'État n'est pas la seule cible de cette nouvelle révolution française, qui ouvre l'acte I d'un scénario improvisé. L'égotisme de Macron n'a fait qu'exacerber les incompréhensions entre la France d'en haut et celle d'en bas. Le président n'a pas engagé la rupture avec l'ancien monde. La société civile, qu'il a prétendu représenter, ne se reconnaît pas dans cet homme soucieux de sa destinée. Une révolution démocratique, populaire, girondine se dessine. Déjà, les dirigeants ne dirigent plus vraiment. Ils vont devoir apprendre à écouter le peuple. La belle affaire !
Voilà ce qui arrive aux «élites» quand elles diabolisent les «populistes» au lieu de les entendre dans ce qu'ils disent de raisonnable : le système technocratique est contesté par une révolte populaire enracinée. Cette insurrection a pour objectif d'en finir avec le centralisme de la caste, concentrée sur sa seule survie. La postmodernité tourne le dos à la Macronie. Le nouveau monde s'invente sur l'Internet. Le projet qui s'ébauche est encore plein d'incertitudes. Néanmoins, ce réveil démocratique est en lui-même encourageant. Il oblige déjà les corps intermédiaires à se remettre en question, s'ils veulent retrouver leur rôle. Les syndicats, largués, doivent s'interroger sur leurs lacunes. Les partis, dont beaucoup courent après les «gilets jaunes», ne peuvent espérer récupérer ce mouvement qui les rejette sans analyser leurs propres fautes. Relire Bernanos : «On ne refera pas la France par les élites, on la refera par la base.»
Dans ce contexte, observer la propagande gouvernementale agiter le spectre de l'extrême droite et des années 1930 laisse voir le désarroi de la Macronie. Elle est prête à tous les coups bas. Le chef de l'État n'a pas jugé bon de commémorer, mardi, les attentats islamistes du 13 novembre 2015 à Paris. En revanche, le premier ministre a trouvé utile, vendredi, à l'occasion des 80 ans de la Nuit de cristal qui vit les nazis s'en prendre à des Juifs en Allemagne, de suggérer une continuité entre l'extrême droite et la montée actuelle de l'antisémitisme en France. Certes, la haine du Juif existe chez les plus abrutis de ces extrémistes-là. Mais le pouvoir sait que ce rejet s'épanouit majoritairement dans les cités musulmanes et à l'extrême-gauche, convertie à l'islam révolutionnaire et à l'antisionisme. Les nations «populistes» que Macron étrille, à commencer par la Hongrie de Viktor Orban, entretiennent avec Israël des liens si étroits que les accuser de judéophobie relève du ridicule, sinon de la malhonnêteté.
Trump inutilement humilié
La haine du nationalisme est incompréhensible pour ceux, nombreux, qui sont attachés à la préservation de leur pays, menacé d'abandon par ses clercs au nom de l'air du temps. Le désintérêt pour la nation, support de la démocratie, est l'aboutissement d'une idéologie internationaliste potentiellement conflictuelle. Le risque de guerre n'est pas entre les nations démocratiques occidentales, comme le répètent leurs fossoyeurs. La guerre est dans les recoins de l'Europe multiculturelle, ouverte à l'islam conquérant et vengeur. Quand Macron accuse le nationalisme d'avoir « trahi» le patriotisme, il fait un distinguo absurde. En revanche, il fait comprendre que la nation reste l'obstacle à son utopie d'une souveraineté et d'une armée européennes : une idée à laquelle Angela Merkel vient de se rallier. Or, comme le rappelle le général Pierre de Villiers, ancien chef d'état-major des armées, démissionnaire en 2017 (1) : « L'armée européenne fusionnée est un rêve qui pourrait se terminer en cauchemar. Je crois aux souverainetés nationales, pas à la souveraineté européenne.» La paix est une chose trop sérieuse pour être laissée aux mains des pacifistes représentés par Macron.
Non, le chef de l'État n'est pas l'homme de paix qu'il prétend être. Le voir déployer tant d'agressivité contre une partie de ses concitoyens, coupables d'aimer leur nation, est la marque d'un pyromane. D'autant que si le président cogne sans retenue sur les  «nationalistes», il ménage l'islamisme, qui est le vrai danger pour la France et l'Europe. Certes, dimanche, sous l'Arc de Triomphe, il a évoqué «des idéologies nouvelles [qui] manipulent des religions». Mais pourquoi tourner autour du pot, sinon par crainte d'irriter l'islam ? Pareillement, le choix présidentiel, ce même jour, d'humilier Donald Trump en sa présence en fustigeant notamment l'égoïsme des nations a justifié la mauvaise humeur du président des États-Unis. «MAKE FRANCE GREAT AGAIN», a tweeté Trump en majuscule à son retour à la Maison-Blanche. En ajoutant: «Il n'y a aucun pays plus nationaliste que la France, des personnes très fières, à juste titre.» N'y a-t-il rien de plus urgent que de chercher des noises à un allié de toujours ?
Et ceci :  la Grande-Bretagne aurait refusé l'asile politique à la chrétienne Asia Bibi, persécutée par les islamistes au Pakistan, de peur d'irriter la communauté pakistanaise immigrée. Qu'attend la France pour accueillir la courageuse Asia Bibi et les siens ?
(1) «Qu'est-ce qu'un chef ?», Fayard.
Cet article est publié dans l'édition du Figaro du 16/11/2018.
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Éric Zemmour : «À la recherche de la droite disparue»
Par Eric Zemmour
Publié le 14/11/2018 à 17h21
CHRONIQUE - Au fil d'un livre stimulant mais discutable, Jérôme Besnard nous emmène pour une balade littéraire dans l'imaginaire de la droite, de Chateaubriand à Fillon. Une quête sans issue ?
«On va vous jouer un coup terrible, on va vous priver d'ennemi.» On connaît ce mot célèbre d'un diplomate russe à son homologue américain, à la veille de l'effondrement de l'Union soviétique. Le coup a atteint par ricochet la gauche européenne, cette social-démocratie qui s'est retrouvée sans utilité à partir du moment où le patronat n'avait plus peur des rouges. Et la mort de cette gauche européenne a à son tour privé d'air sa vieille ennemie de droite, longtemps soudée par le rejet des «socialo-communistes».
On le voit partout sur le continent, la démocratie-chrétienne est en train de mourir ; et en France, le même phénomène se joue, même si les mots ne sont pas les mêmes: la mort du PCF a été suivie par celle du PS, qui semble entraîner, inexorablement, la désagrégation de la droite française, qu'elle soit libérale ou gaulliste, ou chrétienne-sociale. Ces quilles qui tombent les unes sur les autres emportent le jeu entier avec elle, dans un «strike» sans pitié, ainsi que le fameux clivage droite-gauche pourtant deux fois séculaire dans la patrie de la Révolution française.
C'est ce moment historique que choisit un jeune essayiste audacieux, Jérôme Besnard, pour se pencher sur le fantôme de la droite et tenter d'en définir les contours. Il est vrai que René Rémond, lui-même, lorsqu'il découpa la droite entre ses trois familles, légitimiste, bonapartiste et orléaniste, croyait alors lui aussi qu'il faisait seulement œuvre rétrospective, persuadé que la droite ne se remettrait jamais de sa compromission avec Vichy.
La droite conservatrice, qu'elle soit incarnée par Louis-Philippe, Chambord, Poincaré, de Gaulle, voire Fillon, est chaque fois victime de son alliance avec le centre libéral
Besnard n'a pas la rigueur ternaire de Rémond. Son étude sur la droite se passe de typologie. On sent qu'il hésite entre une histoire classique, de la droite politique, et une analyse plus iconoclaste, de la droite littéraire. Il oscille entre René Rémond et Alain-Gérard Slama. Mais il ne choisit jamais et écrit deux livres à la fois, qui se croisent, et parfois se recoupent, lorsque la droite littéraire affronte la droite politique ; il s'embrouille avant de nous embrouiller. Il remonte le temps avec Louis-Philippe, Napoléon III, Thiers, Chambord, Poincaré, de Gaulle, Giscard - mais il snobe Pétain et Pompidou, couple maudit qui aurait ravi les gaullistes anti-pompidoliens! - qu'il entrecoupe d'écrivains, de Chateaubriand aux Hussards en passant par Saint-Exupery.
«La droite est un songe», écrit-il en ouverture. C'est son livre qui reste un songe. On le suit de chapitre en chapitre, mais on ne sait toujours pas à la fin où il va. On pioche pourtant ici ou là des analyses fines, des réflexions fort bien tournées, des citations opportunes, mais c'est l'ensemble qui pèche. Il nous dit avec raison que «la droite incarne une vision de l'histoire nationale» et ne réduit pas la France à «un plébiscite de tous les jours ou la patrie des droits de l'homme», mais ne creuse guère cette piste prometteuse. Il considère que la droite est «insaisissable sur le plan politique» et beaucoup plus facile à appréhender «sur le plan intellectuel et esthétique» ; or la suite de son ouvrage atteste qu'il aurait pu renverser cette opposition. Il a saisi que «soumise dès la Restauration aux vents contraires du catholicisme le plus réactionnaire et du rationalisme économique, la droite française n'a pas su réconcilier ces antagonismes en un conservatisme que d'aucuns qualifient d'impossible» ; mais, considérant sans doute cette dialectique trop banale, il n'en fait pas le fil rouge de son livre. Dommage.
La droite littéraire tire les conservateurs vers la réaction ; le centre libéral les tire vers les progressistes de gauche
Son fil rouge s'impose pourtant à lui; il retrouve partout ce conflit fondateur et ne peut que constater que la droite conservatrice, qu'elle soit incarnée par Louis-Philippe, Chambord, Poincaré, de Gaulle, voire Fillon, est chaque fois victime de son alliance avec le centre libéral. Il y a une loi que Besnard ne dégage pas et qui pourtant ressort de ses démonstrations: la droite littéraire tire les conservateurs vers la réaction ; le centre libéral les tire vers les progressistes de gauche. Les conservateurs n'ont pas de mal à écraser la réaction littéraire ; mais ils sont vaincus par le centre libéral qui les noie sous les eaux du progressisme.
Cette règle a une version philosophique, celle qu'égrène un Jean-Claude Michéa de livre en livre, à savoir que ce marché que la droite révère, s'avère le plus redoutable destructeur des valeurs traditionnelles, au nom de l'hédonisme consumériste. Mais elle a aussi une part tactique, lorsqu'on voit les centristes libéraux et orléanistes trahir à chaque génération les leaders conservateurs, qu'ils s'appellent Chambord, Poincaré, de Gaulle ou Fillon, qui ont pourtant tous porté un projet de réconciliation des droites, autour de l'union des valeurs conservatrices et les aspirations économiques libérales. Besnard insiste à juste titre sur l'ultime trahison de Fillon, lors de la dernière élection présidentielle, par l'entourage d'Alain Juppé, Édouard Philippe et Gilles Boyer en tête, qui ont obtenu un copieux plat de lentilles à Matignon.
Besnard ne donne pas le moyen d'échapper à cette malédiction. Pourtant, l'époque la lui sert sur un plateau. La fin du communisme a renvoyé le libéralisme dans son camp d'origine, la gauche. Un libéralisme mondialiste, multiculturaliste et libre-échangiste, par haine des frontières et des limites, porté par les démocrates américains, et leurs imitateurs européens, dont Emmanuel Macron est le porte-drapeau en France, et qui n'est pas le libéralisme à la Raymond Aron ou Tocqueville, mélange très français d'économie de marché, de rigueur budgétaire et de colbertisme.

- Crédits photo : Crédit : Editions du Cerf
La mondialisation sape les bases économiques des classes moyennes ; et sape donc les bases sociologiques du combat entre démocratie-chrétienne et social-démocratie. Le président Macron n'a pas tort de voir dans la bataille entre «populistes» et «progressistes», le clivage d'aujourd'hui ; c'est d'ailleurs le vieux droite-gauche revisité. Et c'est le seul qui permette à la droite transfigurée de retrouver à la fois ses valeurs historiques - enracinement et traditions - et un électorat populaire qui ne demande, pour la première fois depuis le général de Gaulle, qu'à lui revenir. Si, à la manière désinvolte et littéraire de notre auteur, la droite ignorait ou méprisait cette dernière chance, elle n'y survivrait pas.
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