Zineb El Rhazoui : «Les collaborationnistes du fascisme islamique sont nombreux en France» (15.11.2017)
Mis à jour le 15/11/2017 à 20h22 | Publié le 15/11/2017 à 20h12
FIGAROVOX/ENTRETIEN - Survivante de l'équipe de Charlie Hebdo, la journaliste analyse la polémique qui oppose le journal satirique à Mediapart. Pour elle, deux ans après les attentats de Paris, une partie des élites médiatiques et politiques est toujours dans le déni.
LE FIGARO. - Entre Charlie Hebdo et Mediapart, la polémique atteint un grand degré de virulence. Le directeur de Mediapart, Edwy Plenel, a été brocardé par Charlie Hebdo pour sa proximité avec Tariq Ramadan. Et, dans son éditorial, Riss accuse désormais Plenel de «condamner à mort une deuxième fois» sa rédaction…
Zineb EL RHAZOUI. - C'est bien curieux, mais cette polémique me rappelle qu'après l'attaque terroriste de Charlie Hebdo, alors que nous n'avions pas encore enterré nos morts, certaines voix avaient déjà donné la même sempiternelle tournure au débat public: «je ne suis pas Charlie» et «halte à l'islamophobie» en supputant que les «musulmans» étaient les véritables victimes. Après les attentats terroristes du 13 novembre, ceux qui s'étaient un peu trop émus du sort des morts et des blessés ont eu droit à des accusations à peine masquées de racisme parce qu'ils auraient plutôt dû s'émouvoir du sort des victimes des attentats terroristes de Beyrouth. Après les attentats de Nice où des bébés ont été broyés dans leurs poussettes pendant qu'ils regardaient des feux d'artifice, le débat public accusait encore une fois la France de racisme pour avoir rechigné à accueillir des burkinis sur la même plage...
Le 12 novembre, Mediapart a publié une tribune de soutien à Plenel signée par 130 personnalités accusant Charlie Hebdo d'attiser un climat de «haine».
«Je me pose la question de l'opportunité de s'en prendre à Charlie Hebdo comme un porte-étendard de la «haine» une semaine après que cet hebdo eut été visé par une campagne de menaces de mort particulièrement violente»
Zineb El Rhazoui
Cette tribune refuse que la ligne éditoriale islamo-complaisante de Mediapart soit questionnée. Je me pose la question de l'opportunité de s'en prendre à Charlie Hebdocomme un porte-étendard de la «haine» une semaine après que cet hebdo eut été visé par une campagne de menaces de mort particulièrement violente. Mediapart fait d'ailleurs partie des organes de presse qui défendent l'idée selon laquelle les «musulmans» seraient de plus en plus des «victimes» depuis les attentats.
Pour ma part, je fais partie d'une maison journalistique où le mot «victime» a une signification très réelle, sanglante, qui se vit dans la douleur de l'absence et dans la peur de la récidive. J'ai envie de dire aux signataires: vous ne remuez pas le petit doigt lorsque des confrères sont menacés de mort, en revanche, vous faites bloc lorsque la moustache d'Edwy Plenel et surtout ses accointances avec Tariq Ramadan sont tournées en dérision?
Charlie Hebdo a-t-il bien fait de pointer la complicité de Plenel et de Ramadan sur le plan idéologique?
Je ne fais plus partie de la rédaction de Charlie Hebdo, mais si j'y travaillais encore, j'aurais sans doute approuvé ce Plenel-bashing, où rien ne souffre si ce n'est son ego. Dans un journal satirique, ce genre d'ironie est trop précieux pour le laisser passer. Plenel, en s'affichant fièrement avec Ramadan et en dédiabolisant sa figure, a misé sur le mauvais cheval. L'admettre aurait été plus noble que de se cacher derrière une tribune signée par de nombreux intellectuels à la probité et à l'honnêteté avérées, mais aussi par des islamistes, des amis de Tariq Ramadan et autres idiots utiles des islamistes.
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«L'islamisme n'est pas en soi une chose grave», a déclaré la coprésidente de la société des journalistes de Mediapart, Jade Lindgaard...
Cette consœur pêche au mieux par inculture, au pire par racisme. Soit elle ignore ce qu'est le projet islamiste dans le domaine politique et n'a jamais étudié les codes civils et pénaux des théocraties islamiques du monde arabe et d'ailleurs ; soit elle considère que nous autres «musulmans» devons être condamnés à être régis par la coutume et la superstition. Si Mme Lindgaard était née musulmane à Marrakech, à Annaba, à Assiout, à Hofouf ou à Djalalabad, elle serait privée de libertés aussi élémentaires que travailler, étudier, se parfumer, penser, sortir, boire un verre, choisir son époux, hériter à égalité avec ses frères ou encore se rendre au cimetière pour enterrer les siens. Son affirmation est une insulte à tous ceux qui se battent pour la liberté dans le monde musulman au péril de leur vie.
«Ceux que j'appelle les collaborationnistes du fascisme islamique sont nombreux en France»
Zineb El Rhazoui
Les cas de Mediapart et Plenel sont-ils isolés?
Malheureusement, ceux que j'appelle les collaborationnistes du fascisme islamique sont nombreux en France. Ils sévissent dans tous les domaines. Dans les médias, ce sont tous ces journaux fiers de «défendre les musulmans» alors qu'ils auraient honte d'en faire autant avec les «chrétiens». En politique, ce sont tous ceux qui s'obstinent à traiter les «musulmans» comme une communauté au lieu de les voir simplement comme des individus. Dans le débat public, ce sont tous ceux qui considèrent que critiquer le christianisme est conforme à l'esprit des Lumières (et sur ce point ils ont raison), mais que critiquer l'islam est de l'«islamophobie» et du racisme. Ce sont tous ceux qui acceptent un féminisme au rabais pour les femmes nées musulmanes. Ce sont tous ceux qui considèrent les «musulmans» comme un nouveau prolétariat et consentent à ce qu'un musulman ne puisse jamais échapper à son identité.
Ces personnes ont pourtant droit, comme les autres, à la liberté d'expression et d'opinion...
Les seules limites à la liberté d'expression sont celles de la loi, que nous sommes tous, surtout en tant que journalistes, tenus de respecter. En dehors de ces limites, chacun a le droit de dire que la terre n'est pas ronde s'il le souhaite, il devrait en être libre. Toutefois, la société doit aussi être libre de le tourner en dérision, de dénoncer son discours comme ridicule ou dangereux. Aussi, personne ne conteste le droit de M. Plenel d'être une groupie de Tariq Ramadan. Simplement, il devrait faire preuve de plus d'humilité lorsque ses amitiés intellectuelles s'avèrent moins honorables qu'il ne le prétendait.
Dans votre livre 13, vous aviez raconté la nuit du 13 novembre. Deux ans après, qu'est-ce qui a changé?
«Nos politiques, comme une bonne partie des élites médiatiques, font preuve d'un déni déconcertant face au terrorisme islamique»
Zineb El Rhazoui
Dans la société, beaucoup de choses. Mais nos politiques, eux, comme une bonne partie des élites médiatiques, font preuve d'un déni déconcertant face au terrorisme islamique. Ils continuent de refuser de faire le lien entre les crimes de masse commis au nom de l'islam et les aspects plus «banals» de la radicalisation islamique. À tous ceux-là, j'ai envie de proposer d'aller vivre quelques mois dans une théocratie islamique, ils sauront alors ce qu'est l'aboutissement du projet islamiste auquel ils veulent bien donner une chance en France.
J'ai envie de leur dire que, s'ils nous considèrent vraiment comme leurs égaux, nous autres «musulmans», eh bien qu'ils nous reconnaissent les mêmes droits qu'ils exigent pour eux-mêmes: la liberté. Pas celle de «porter le voile» ou de se retrancher dans le communautarisme, non. Nous méritons la même liberté qu'en Occident: celle de critiquer la dictature des théocraties, de rire de notre héritage, de rejeter le joug de notre religion, de choisir notre orientation sexuelle, et de jouir de l'égalité femmes-hommes.
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Charlie Hebdo : pour Valls, Plenel utilise «les mêmes mots que Daech» (15.11.2017)
LE SCAN POLITIQUE - Interrogé sur la polémique qui enfle entre Charlie Hebdo et Mediapart, l'ancien premier ministre a pris la défense du journal satirique accusant Edwy Plenel, le fondateur du site d'informations, d'émettre «un appel au meurtre».
Tout est parti d'un dessin. La semaine dernière, Charlie Hebdo consacrait sa une au directeur de Mediapart, Edwy Plenel. Le caricature sous-entendait que le journaliste était au courant des accusations de viols et d'agressions sexuelles portées sur l'islamologue controversé Tariq Ramadan, sans n'avoir rien dit. Les jours suivants, de nombreuses figures du monde politico-médiatique se sont indignées, à commencer par le principal concerné Edwy Plenel. Selon lui, «la une de Charlie Hebdo fait partie d'une campagne plus générale» de «guerre aux musulmans» dans laquelle le fondateur de Mediapart inclut Manuel Valls.
«Edwy Plenel n'est pas n'importe qui»
Sur BFM TV mercredi, l'ancien Premier ministre a vivement réagi aux propos d'Edwy Plenel. «C'est un appel au meurtre. Ce n'est pas une petite polémique. Edwy Plenel n'est pas n'importe qui», a-t-il tout d'abord tonné. «Tous ces mots: guerre contre les musulmans, croisade... Ce sont exactement les mêmes mots, c'est la même sémantique utilisée par les islamistes, utilisée par la propagande de Daech», a-t-il poursuivi.
«Je veux qu'ils reculent, je veux qu'ils rendent gorge»
Manuel Valls s'affiche ainsi dans la lignée de l'édito de Riss publié mercredi dans le nouveau numéro de Charlie Hebdo. Parlant lui aussi d'un «appel au meurtre», le directeur de la rédaction du journal satirique estime qu'Edwy Plenel a désigné «Charlie Hebdo comme un agresseur supposé des musulmans» et «adoube ceux qui demain voudront finir le boulot des frères Kouachi».
«Quand vous avez une partie de la rédaction de Mediapart qui explique que l'islamisme en tant que tel, en soi, n'est pas un problème grave, qui explique que je suis l'héritier de Déat, c'est-à-dire des fascistes des années 30, moi qui lutte contre l'antisémitisme, qui ai fait face à une campagne ignoble antisémite, qui lutte contre tous les racismes (...), qui accuse des intellectuels de mener des croisades, on nous désigne», a-t-il insisté.
Manuel Valls a dénoncé «l'égarement de cette gauche. C'est là où la phrase de 2016, la mienne, reste prémonitoire, sur les gauches irréconciliables. Oui, ce sont des gens dangereux». «Je veux qu'ils reculent, je veux qu'ils rendent gorge, je veux qu'ils soient écartés du débat public. Non pas par l'interdiction, ce n'est pas le sujet. Mais qu'ils perdent, qu'ils perdent ce combat, cette bataille d'idées. Nous la menons pour la République et je la mène pour les musulmans de France. Parce que c'est nous qui les protégeons. C'est pas Edwy Plenel et ses sbires».
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Affaire Ramadan: 130 personnalités soutiennent Mediapart (12.11.2017)
130 personnalités ont signé une tribune en soutien à Mediapart après queCharlie Hebdo et l'ancien premier ministre Manuel Valls ont reproché au site d'avoir protégé l'islamologue Tariq Ramadan, accusé de viol, a annoncé dimanche le site d'information.
«Il semble bien que nous soyons confrontés ici à une campagne politique qui, loin de défendre la cause des femmes, la manipule pour imposer à notre pays un agenda délétère, fait de haine et de peur», soulignent dans cette tribune les écrivains Patrick Chamoiseau et Jean-Claude Carrière, l'économiste Thomas Piketty, la militante féministe Caroline De Haas, l'ex-député PS Christian Paul ou l'artiste Sarkis.
Charlie Hebdo avait titré mercredi sur une caricature du directeur du site Edwy Plenel accompagnée du titre «Affaire Ramadan, Mediapart révèle : "On ne savait pas"», en référence aux deux plaintes pour viol déposées contre Tariq Ramadan.
Les détracteurs de Mediapart et d'Edwy Plenel leur reprochent d'avoir gardé ces faits sous silence et débattu avec Tariq Ramadan.«Mediapart est l'un des rares grands moyens d'information français à avoir publié une enquête fouillée sur Tariq Ramadan», répliquent les signataires de la tribune.
«Tout doit avoir le droit de se dire, de s'écrire et de se représenter, et cela doit être dit et répété, particulièrement pour Charlie Hebdo», affirment les signataires de la tribune, en ajoutant: «Nous avons aussi le droit d'écrire que la Une de Charlie de cette semaine est diffamatoire, et haineuse».
Les signataires dénoncent «une campagne de délation, dont "l'argumentaire" défie la logique, la justice, et la morale». «La campagne inique menée contre Mediapart et sa rédaction est dangereuse: elle vise le symbole d'une presse libre, indépendante des pouvoirs quels qu'ils soient, au service du droit de savoir des citoyennes et des citoyens», poursuivent-ils.
Charlie Hebdo n'a pas expliqué le sens de cette Une mais son journaliste Fabrice Nicolino a déclaré jeudi sur Facebook qu'il répondrait «sur le fond» dans le prochain numéro de Charlie Hebdo. Le journal satirique a notamment reçu le soutien de Renaud Dély, directeur du journal Marianne, qui a expliqué dans un édito que «Charlie peut tout se permettre».
Charlie Hebdo avait déjà consacré la Une de son précédent numéro à Tariq Ramadan, représentant le théologien le pantalon déformé par un énorme sexe en érection et proclamant: «Je suis le 6e pilier de l'islam».
Le titre «VIOL, La défense de Tariq Ramadan» accompagnait ce dessin, qui a valu à l'hebdomadaire des menaces de mort. Le journal a porté plainte et une enquête a été ouverte.
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De Jérusalem à Moscou, comment la presse accueille le nouveau Charlie (14.01.2015)
Par Pierre Avril, Cyrille Louis, Florentin Collomp, Delphine Minoui, Patrick Saint-Paul,Nicolas Barotte, Richard Heuzé et Jean-Jacques Mével
Mis à jour le 14/01/2015 à 15h02 | Publié le 14/01/2015 à 09h53
REVUE DE PRESSE - Le Figaro a demandé à ses correspondants à travers le monde comment la presse reçoit le nouveau numéro de l'hebdomadaire satirique.
Londres entre soutien et volonté de ne pas heurter
Au Royaume-Uni, les réactions à la publication de la dernière édition de Charlie Hebdo sont tiraillées entre le soutien à la rédaction décimée et à la liberté d'expression d'un côté et, de l'autre, la volonté de ne pas heurter la sensibilité de la communauté musulmane. Le Muslim Council of Britain appelle, dans une lettre signée par des dizaines d'imams, à la modération. «La plupart des musulmans vont inévitablement être blessés, offensés et dérangés par la publication des caricatures», estiment-il, tout en appelant à des réactions de «tolérance», de «patience» et de «compassion». Certains journaux dont le Guardian, The Independent et The Times ont imprimé une image de la une de Charlie Hebdo, le Financial Times montre prudemment une photo du dessinateur Luz tenant cette une, «pour sa valeur d'information». Le prêcheur islamiste britannique Anjem Choudary qualifie la caricature de Mahomet d' «acte de guerre punissable de la peine capitale dans la loi de la charia» et menace de «représailles inévitables». Cela n'a pas découragé Ila Aghera, propriétaire d'une maison de la presse de Charlton Kings, un petit village de l'Ouest de l'Angleterre, de commander cent exemplaires du nouveau Charlie. Elle croule sous les demandes de réservations de clients. Le journal sera vendu au Royaume-Uni à partir de vendredi par certains distributeurs. D'autres, dont WH Smiths, refusent de le distribuer.
La presse allemande salue «le journal de la survie»
En Allemagne, 10.500 exemplaires de Charlie Hebdo seront disponibles en français à partir de samedi. Le journal satirique sera aussi disponible dans une traduction allemande. Mais, comme en France, il devrait être rapidement épuisé. Mercredi matin, beaucoup de journaux reproduisaient la une de Charlie Hebdo, par exemple en pleine page de der pour Bild, le quotidien le plus lu du pays.
Sur internet, Der Spiegel parle du «journal de la survie» pour cette nouvelle édition de Charlie Hebdo. Pour le quotidien économique, il s'agit plutôt «du combattant». Pour Die Welt, le journal a fait valoir «son droit au blasphème». Contrairement à d'autres médias en Europe, les journaux allemands ont quasiment tous reproduits, depuis une semaine, les dessins de Charlie Hebdoau nom de la défense de la liberté d'expression. Le Hamburger Morgenpost, qui avait titré «autant de liberté doit pouvoir exister», a sans douté été visé pour cette raison par une tentative d'incendie. Les auteurs n'ont pas encore été arrêtés.
Dans le quotidien Süddeutsche Zeitung, c'est en page intérieure qu'on trouve la reproduction de la une figurant Mahomet en train de pleurer, sous le titre: «Le fossé». Le journal s'intéresse à la fracture au sein des sociétés européennes entre une partie des musulmans et la majorité de la population.
Charlie Hebdo publié en français en Italie
En moins de deux heures, l'édition spéciale du Fatto Quotidiano, l'unique journal italien ayant choisi d'encarter Charlie Hebdo dans ses pages ce mercredi, a été épuisée. Ce quotidien politique qui tire normalement à 120.000/130.000 exemplaires a doublé sa diffusion ordinaire pour offrir à ses lecteurs le supplément de seize pages, en français, du journal dirigé désormais par Gérard Biard. Précédé d'un avis: «Supplément obligatoire et gratuit». «Quand nous avons appelé vendredi la rédaction de Paris, nous nous sommes entendus répondre: un grand merci. Vous êtes le seul journal italien à nous l'avoir demandé», explique le directeur du Fatto Quotidiano Antonio Padellaro. Il ajoute: «Luz nous a dit qu'il avait pleuré en dessinant Mahomet qui pleure. Alors nous aussi nous avons pleuré. Parce que nous sommes cinglés. C'est pourquoi nous publions aujourd'hui Charlie Hebdo». L'encart sera également publié dans les éditions de jeudi et de vendredi du quotidien. Toujours gratuitement. L'édition spéciale est largement reprise et commentée dans les autres quotidiens italiens, qui publient de nombreuses caricatures. La Repubblica publie un commentaire sur «la vocation minoritaire des caricaturistes devenus héros».
Ruée sur Charlie à Bruxelles
20.000 exemplaires pour un pays qui partage avec la France une langue, beaucoup d'émotions et un solide sens de la dérision, c'est peu. En Belgique, l'édition historique de Charlie Hebdo a disparu des kiosques à la première heure. Et même en Flandre, les éditions web des journaux comme De Standaard traquent l'arrivée promise de camions chargés de «plusieurs milliers» de copies supplémentaires.
La Belgique devait recevoir 30.000 copies, mais il en manque 10.000 qui ne seront en vente que demain jeudi. Les distributeurs privilégient Bruxelles et la région francophone de Wallonie. Une seconde commande a été lancée pour 60.000 exemplaires de plus. «Nous pourrions facilement en écouler 500.000 ou 600.000 et nous faisons malheureusement beaucoup de déçus», dit Tom Vermersch, directeur d'AMP, au Standaard, le grand quotidien flamand. Les ventes de journaux français en Belgique ont triplé depuis les attentats de Paris et la presse belge a augmenté son tirage de 30 %, d'après l'AMP.
La loi russe rappelée aux rédactions
L'organisme de contrôle des médias russes, Roskomnadzor, a demandé aux médias nationaux de s'abstenir de publier des caricatures religieuses, afin de ne pas provoquer des «tensions interreligieuses dans la société russe». «En lien avec la tragédie française, Roskomnadzor a conduit un travail prophylactique avec les médias fédéraux et nationaux. La loi russe qui interdit d'utiliser les médias aux fins d'activités extrémistes a été rappelée aux rédactions» explique cet organisme qui appelle ces derniers à «exprimer leur solidarité sous d'autres formes». Malgré ces recommandations, la une de Charlie Hebdo était néanmoins largement visible sur Internet. Le site Gazeta Ru a salué «le numéro des survivants». En revanche, le quotidien Kommersant, considéré «de référence», ne publie, mercredi, aucun article sur l'histoire du nouveau numéro de Charlie Hebdo. Auparavant, dans la lointaine péninsule du Kamchatka (extrême orient), la branche régionale de Roskomnadzor avait distribué une lettre aux médias régionaux les enjoignant de ne pas «publier la moindre caricature relative à une figure religieuse». Cette information a provoqué une polémique au sein des rares médias libéraux.
Ce numéro de Charlie Hebdo «perpétue l'attitude irrévérente pour laquelle il est connu» selon la presse israélienne
Les journaux israéliens décrivent par le menu, sans vraiment prendre position sur le fond, l'édition spéciale de Charlie Hebdo parue ce mercredi. «Ce numéro perpétue l'attitude irrévérente, et parfois offensante, pour laquelle le journal est bien connu en France», relève le site d'information Ynet, qui s'attarde sur quelques caricatures et détaille: «L'une montre une célèbre religieuse en train de pratiquer une fellation, une autre représente un Musulman, un Chrétien et un Juif qui se partagent le monde». Le quotidien Israel Hayom, proche du premier ministre Benyamin Nétanyahou, relève que la caricature de Mahomet publiée en première page a aussitôt déclenché de vigoureuses condamnations dans plusieurs pays arabes. «Les milieux islamistes ont prévenu que la diffusion du journal risque de provoquer de nouveaux attentats», souligne le journal, qui a choisi de mettre cette menace en exergue à sa une. Le site du quotidien de centre gauche Haaretz, visiblement «bluffé», souligne pour sa part que le numéro s'est arraché sitôt mis en kiosque, tout en s'inquiétant les accusations de «racisme» formulées par un dignitaire religieux égyptien après la diffusion de sa couverture.
En Égypte, le mufti craint que le nouveau Charlie attise la haine
Au Caire, le grand mufti n'a pas attendu la sortie du nouveau Charlie Hebdopour réagir. Dès mardi, alors que la une du premier numéro post-attentat inondait déjà les réseaux sociaux, Chaouki Allam s'est élevé contre un «acte raciste qui va accentuer les tensions et la haine en France et dans le monde». La semaine passée, cette personnalité influente du monde arabo-musulman avait fermement condamné l'assassinat des dessinateurs et collaborateurs de l'hebdomadaire satirique français. Une réaction partagée par le pouvoir - le président Sissi a appelé en personne François Hollande - et par une partie de la rue: quelques dizaines de personnes ont levé, dimanche, leur stylo lors des marches du syndicat de la presse en hommage aux journalistes assassinés et en soutien à la liberté d'expression. Mais en Egypte, comme dans les autres pays du Proche-Orient, on ne badine pas avec le Prophète. Nombreux sont les citoyens qui, à l'instar du mufti, voient dans cette nouvelle caricature de Mahomet une forme de provocation inutile, comme celles qui avaient enflammé la rue arabe en 2005. «Tuer des journalistes est inacceptable. Je comprends la tristesse des Français. Mais insulter le prophète, ça, je ne peux l'accepter. Chez nous, Mahomet, c'est sacré. On n'y touche pas», estime Nadia, une institutrice.
Une nouvelle démonstration de défiance, selon la presse officielle chinoise
Pékin, qui n'a pas mâché ses critiques visant les «excès» de la liberté d'expression en France après les attentats de la semaine passée à Paris, n'a pas encore réagit officiellement au dernier numéro de Charlie Hebdo. Cependant, des universitaires proches du gouvernement chinois dénoncent une nouvelle provocation envers l'Islam, alors que le web de la République populaire est partagé entre condamnation et hommage au courage de l'hebdomadaire satirique.
Le quotidien officiel, Global Times, juge que la dernière couverture de Charlie Hebdo, montrant le Prophète est «une nouvelle démonstration de défiance». Signalant que le gouvernement n'a pas encore réagit officiellement, le journal cite Zhao Lei, professeur de relations internationales à l'Ecole du Comité Central du Parti Communiste Chinois, pour lequel l'édition post-attentat de Charlie Hebdo démontre «un sens de supériorité profondément enraciné parmi les nations européennes».
Sur Weibo, le Twitter chinois, certains comme Maineimu saluent le «courage de Charlie Hebdo». D'autres sont incrédules. Telle Rosiafrance, qui s'étonne: «Est-ce vrai que tout est pardonné?». «Cela montre que Charlie a reculé. L'esprit de Charlie est déjà mort», estime encore François Shushu (Oncle François). D'autres, comme Zhang Jiteng, dénoncent une nouvelle provocation. «Je ne comprends pas le sens de la couverture du nouveau Charlie Hebdo : le Prophète est-il du même côté que Charlie? Ce comportement va irriter les terroristes et les inciter à des actes encore plus fous», juge-t-il.
L'ensemble des médias chinois a condamné les attentats qui ont fait 17 morts en France. Cependant, nombre de médias officiels ont aussi critiqué les dérives de la liberté d'expression. Ainsi, l'agence officielle Chine nouvelle a jugé lundi que le massacre de la rédaction de Charlie Hebdo «ne devrait pas être réduit à une attaque contre la liberté d'expression, car la liberté elle-même a ses limites». Le Global Times a quant à lui dénoncé la montée du «choc des civilisations» en France.
La presse chinoise est strictement contrôlée par les autorités communistes, qui ont récemment emprisonné des dizaines de journalistes, avocats, universitaires ou internautes, muselant toute voix critique dans un mouvement sans précédent depuis des années. Jeudi soir, les forces de police ont perturbé un hommage, à Pékin, du Club des correspondants étrangers en Chine (FCCC), aux caricaturistes de presse assassinés en France.
VIDÉO - Le journal turc Cumhuriyet publie quatre pages de Charlie Hebdo.
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Politiques, journalistes, intellos: enquête sur les agents d'influence de l'islam (06.10.2017)
ENQUÊTE - Intellectuels, responsables politiques ou acteurs associatifs, ils investissent l'espace médiatique. A leurs yeux, le musulman incarne la nouvelle figure de l'opprimé et il importe de le défendre contre l'homme blanc, qu'ils accusent de toutes les fautes.
Peu importe l'origine, la religion, la couleur de peau ou le sexe. L'islamosphère est un club dont les membres se cooptent selon un seul critère: la lutte contre l'oppresseur, à savoir l'homme blanc ou, à l'occasion, la femme blanche de plus de 50 ans, et leurs complices arabes. Ils honnissent Alain Finkielkraut, dont ils dénoncent régulièrement l'«hystérie» contre l'islam, Elisabeth Badinter, qui a le culot de «ne pas craindre d'être traitée d'islamophobe», et peut-être plus encore Kamel Daoud, coupable entre autres méfaits d'avoir dénoncé «la misère sexuelle dans le monde arabo-musulman, le rapport malade à la femme» après les agressions de la nuit du Nouvel An à Cologne, en 2016.
L'islamosphère étend son influence dans le monde intellectuel, politique, dans les médias et les réseaux associatifs. Elle a ses rendez-vous annuels, comme les Y'a bon Awards. Sous couvert de «distinguer» les auteurs de propos racistes, cette cérémonie s'est muée en tribunal médiatico-mondain de l' «islamophobie». Le «camp d'été anticolonial» est également très prisé, même s'il est «réservé uniquement aux personnes subissant à titre personnel le racisme d'Etat en contexte français», autrement dit, s'il est interdit aux Blancs.
Le noyau dur
Les membres de l'islamosphère entretiennent des liens à géométrie variable avec les organisations musulmanes de France, elles-mêmes travaillées par la montée du fondamentalisme. Ces associations, censées organiser le culte et représenter une «communauté» en plein essor évaluée entre 4 et 7 millions de personnes, étaient à l'origine regroupées par nationalités. C'était ce que l'on appelait «l'islam consulaire», avec quatre organisations principales: la Fédération nationale de la Grande Mosquée de Paris, proche de l'Algérie ; la Fédération nationale des musulmans de France et sa branche dissidente, le Rassemblement des musulmans de France, soutenus par le Maroc ; le Comité de coordination des musulmans turcs de France, sous l'influence d'Ankara.
Ce quadrillage historique a progressivement perdu de son emprise, notamment du fait de la poussée de trois formes de fondamentalisme. Le plus ancien est celui des pays du Golfe comme l'Arabie saoudite, qui diffuse le wahhabisme, idéologie religieuse ultrarigoriste, et finance la construction de mosquées, comme celles de Strasbourg, Saint-Denis et Cergy. Plus récemment, l'Union des organisations islamiques de France (UOIF) - rebaptisée Musulmans de France (MDF) en avril dernier - s'est imposée comme un acteur majeur. Fondée en 1983 par des étudiants tunisiens dans la mouvance des Frères musulmans - une organisation d'origine égyptienne prônant l'instauration d'une société islamique régie par la charia -, l'UOIF est très active sur le terrain social. Son président actuel, Amar Lasfar, recteur de la mosquée de Lille-Sud, appelle officiellement au respect des valeurs de la République. «Mais grâce à l'UOIF, les Frères musulmans ont réussi leur implantation ici, notamment avec des visées communautaristes, comme l'ouverture d'écoles privées musulmanes», estime Mohamed Louizi, un ancien cadre de cette organisation, auteur du livre Pourquoi j'ai quitté les Frères musulmans (Michalon). Enfin, la mouvance salafiste, très minoritaire mais la plus radicale, s'est implantée sur le territoire de manière plus souterraine, sans organisation fédératrice. Selon le ministère de l'Intérieur, elle contrôle au moins 120 lieux de culte sur les 2500 que compte le pays.
LE CCIF
Entre l'islam cultuel et l'islam «citoyen», il existe des passerelles, au premier rang desquelles le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF), créé en 2003. Le CCIF, qui revendique 14.000 membres, continue son combat fondateur contre la loi de 2004, qui proscrit le port des signes religieux ostentatoires à l'école. Il dénonce aussi celle de 2010, qui a notamment interdit le voile intégral dans la rue, ou encore la loi El Khomri de 2016, qui permet aux employeurs d'imposer une «neutralité idéologique et religieuse» à leurs salariés. Pour le CCIF, ces textes sont des «permis de discriminer».
Depuis les attentats du 13 novembre 2015, le CCIF dénonce la montée d'une « islamophobie sécuritaire ».
Centré sur la lutte contre les «actes islamophobes», le CCIF les recense à sa manière. Aux agressions et menaces déjà dénombrées par le ministère de l'Intérieur, le CCIF y ajoute des discriminations et cas n'ayant pas forcément fait l'objet de plaintes. «Le CCIF a une conception très large de l'islamophobie», analyse l'historien du droit Jean-Christophe Moreau, coauteur du livre Islamophobie, la contre-enquête (Plein Jour). Selon lui, le CCIF inventorie des actes selon des critères qui dénotent «un délire de persécution, voire une complaisance à l'égard de l'islam radical», tels que des expulsions d'imams controversés ou des fermetures de mosquées proches de la mouvance salafiste. Depuis les attentats du 13 novembre 2015, le CCIF dénonce la montée d'une «islamophobie sécuritaire».
Très actif sur les réseaux sociaux avec ses 350.000 soutiens, le CCIF n'a aucun lien officiel avec les organisations musulmanes cultuelles, dont il a longtemps critiqué la relative passivité. Mais ses dirigeants sont régulièrement invités au rassemblement annuel de l'UOIF au Bourget, tandis que l'islamologue suisse Tariq Ramadan, petit-fils du fondateur des Frères musulmans en Egypte, participe à des galas de levée de fonds pour le CCIF.
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LES INTELLECTUELS
Tariq Ramadan présente bien, ce qui lui a valu d'être omniprésent dans les médias jusqu'à ses déclarations en faveur d'un «moratoire» sur la lapidation des femmes adultères. S'il est - un peu - moins souvent invité, ses ouvrages font toujours recette, notamment au salon de l'UOIF au Bourget. Récemment, il s'y est illustré en déclarant à propos de Mohamed Merah, auteur des tueries de Toulouse et de Montauban, que «ce pauvre garçon» était, certes, «coupable et à condamner», mais qu'il fut lui-même «la victime d'un ordre social qui l'avait déjà condamné, lui et des millions d'autres, à la marginalité, à la non-reconnaissance de son statut de citoyen à égalité de droit et de chance». «Mohamed, au nom si caractérisé, fut un citoyen français issu de l'immigration avant de devenir un terroriste d'origine immigrée. Son destin fut très tôt enchaîné à la perception que l'on avait de ses origines», a affirmé Tariq Ramadan devant un public acquis à ses thèses.
Des monuments de l'intelligentsia française, Edgar Morin en tête, fréquentent volontiers l'islamologue.
Le sociologue vient même de publier aux Editions Don Quichotte L'Urgence et l'Essentiel, un dialogue avec Tariq Ramadan. Edgar Morin a très tôt introduit dans le débat public l'idée que les musulmans étaient les nouveaux damnés de la terre. Accusant Alain Finkielkraut de «penser que les musulmans sont inassimilables», le sociologue conteste toute recrudescence de l'antisémitisme. Selon lui, ce terme est brandi pour fournir à Israël des justifications à sa politique. Une thèse proche de celle défendue par Pascal Boniface. Fondateur et directeur de l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), il a essayé en vain au début des années 2000 d'infléchir la position du PS, qu'il estimait «trop pro-israélienne». Plus récemment, il a jugé que l'impact du terrorisme islamiste était «sans commune mesure avec le nombre de morts qu'il peut susciter». «Ne tombe-t-on pas dans le piège des terroristes en leur donnant tant d'importance?» s'est-il interrogé.
Emmanuel Todd est encore plus catégorique. Le sociologue a écrit dans Qui est Charlie? (Seuil), son livre sur les manifestations qui ont suivi les attentats de 2015: «La focalisation sur l'islam révèle en réalité un besoin pathologique des couches moyennes et supérieures de détester quelque chose ou quelqu'un, et non pas simplement la peur d'une menace montant des bas-fonds de la société, même si le nombre des départs de jeunes djihadistes vers la Syrie ou l'Irak mérite aussi une analyse sociologique.» Selon lui, «la xénophobie, hier réservée aux milieux populaires, migre vers le haut de la structure sociale. Les classes moyennes et supérieures cherchent leur bouc émissaire.» «On est dans une blessure narcissique, la nostalgie d'une Europe dominante. (…) La laïcité est devenue un instrument de guerre contre ceux qui mettraient en péril notre culture», estime en écho Raphaël Liogier, un autre sociologue, tandis que l'historien Jean Baubérot précise l'accusation: «Pour l'extrême droite, une partie de la droite, et même pour certaines personnes à gauche, la défense de la laïcité est devenue un moyen de stigmatiser les musulmans.»
La lutte contre l'«islamophobie» peut aussi passer par la recherche de justifications sociales à la délinquance, et dans ce registre, la jeune génération n'est pas en reste. Geoffroy de Lagasnerie, sociologue et philosophe né en 1981, s'est fait remarquer en écrivant le 14 septembre dans Libérationune tribune «En défense des accusés du quai de Valmy». Ces individus sont passés en correctionnelle pour avoir incendié une voiture de police avec ses occupants dans le cadre d'une manifestation du collectif Urgence notre police assassine. «Réagir de manière politiquement juste à ce qui s'est passé le 18 mai 2016 devrait consister à affronter ces questions et à en tirer les leçons, pas à s'indigner, ou à distribuer quelques années de prison à des militants qui n'ont au fond fait qu' exprimer par leurs actes une inquiétude et une colère collective», préconise le sociologue-philosophe.
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LES RELAIS MÉDIATIQUES
«Les islamo-gauchistes sont certes une minorité, remarque la philosophe Elisabeth Badinter, mais influente et largement relayée par des grands médias et journalistes de gauche qui, par là même, se coupent du pays réel.» Mediapart et Libération ouvrent régulièrement leurs colonnes à des associations qui gravitent autour de l'islamosphère, ou hébergent des blogueurs qui en font partie. Edwy Plenel, cofondateur de Mediapart,
estime qu'«aujourd'hui, l'islam est devenu le bouc émissaire principal dans les discours intellectuels, politiques et médiatiques». En 2015, il a écrit un essai intitulé Pour les musulmans (La Découverte). «Pour les musulmans n'est pas un message de compassion pour des victimes, explique-t-il. C'est un livre d'égal à égal, pour dire aux musulmans qu'ils doivent revendiquer le droit d'être français et musulmans.» Pour Nasser Ramdane Ferradj, fondateur du Collectif des musulmans progressistes et laïques, Edwy Plenel «a façonné une jeune génération de journalistes en imprimant sur celle-ci l'idée que toutes les critiques de l'islam et des extrémistes de notre religion sont des attaques racistes contre tous les musulmans». «Il épouse la stratégie de l'islam politique jusqu'à en devenir une pièce maîtresse pour son enracinement en France», accuse cet ancien vice-président de SOS Racisme.
Entre autres combats, le patron de Mediapart défend le voile islamique au nom d'une fidélité à une «laïcité originelle» qu'il oppose au «laïcisme», «cheval de Troie des discriminations». La question du voile a suscité la naissance d'une étrange conception du féminisme, qui considère son port comme une «liberté». Les figures de proue de ce mouvement sont Rokhaya Diallo, qui se définit elle-même comme «une féministe intersectionnelle et décoloniale», Sihame Assbague, ancienne porte-parole de Stop le contrôle au faciès et coorganisatrice du fameux «camp d'été anticolonial» interdit aux Blancs, ou encore Caroline de Haas. L' ex-directrice de campagne de l'écolo Cécile Duflot à la présidentielle a traité de «merde raciste» tous ceux qui ont eu le malheur de lier les agressions sexuelles du Nouvel An 2016 à Cologne à la présence de migrants en Allemagne. Sur le même sujet, la députée France insoumise Clémentine Autain avait tweeté: «Entre avril et septembre 1945, deux millions d'Allemandes violées par des soldats. La faute à l'islam?»
Comme Mediapart, Libération manifeste de la bienveillance vis-à-vis de ce nouveau «féminisme». L'association Lallab, qui se définit comme «areligieuse, aconfessionnelle et apartisane», se fixe pour objectif de «lutter contre les préjugés sur les femmes musulmanes». Préjugés dont l'association assure qu'ils s'exercent particulièrement à l'encontre des femmes voilées. Lallab a voulu étoffer son équipe en y intégrant des volontaires du service civique, ce qui a suscité une levée de boucliers d'associations de défense de la laïcité comme le Printemps républicain. La décision de confier des volontaires à Lallab a, du coup, été suspendue, ce qui a provoqué la fureur de l'islamosphère. Libération a accueilli une tribune de soutien à l'association qui dénonce chez les adversaires de Lallab «une intolérance, voire une paranoïa, qui s'exerce à l'égard d'une seule religion: l'islam». Parmi les signataires de cette pétition, l'ex-candidat du PS à la présidentielle Benoît Hamon, l'écologiste Julien Bayou, porte-parole d'EELV, Pascal Boniface, Rokhaya Diallo, ou encore l'historienne Mathilde Larrère. Cette dernière, très présente sur les réseaux sociaux, avait déjà violemment reproché à Nicolas Sarkozy d'avoir déclaré en 2016: «Quelle que soit la nationalité de vos parents, jeunes Français, à un moment où vous devenez français, vos ancêtres, ce sont les Gaulois et c'est Vercingétorix.» «Chercher ce type d'origines fantasmées à la nation française a un sens historique», avait tempêté l'experte, tweetant dans un langage beaucoup moins châtié à propos de la formule de l'ex-président: «Tu crois avoir touché le fond et non le mec il creuse encore… C'est affligeant et très inquiétant.»
Libération s'est également illustré en publiant au lendemain des attentats de novembre 2015 une tribune intitulée «Nous sommes unis», signée par des responsables syndicaux ou religieux, mais surtout des dirigeants du CCIF et des militants réputés proches des Frères musulmans. Jean-Louis Bianco, président de l'Observatoire de la laïcité, l'a également signée. Cette publication a sonné le début de l'affrontement public entre Jean-Louis Bianco et Manuel Valls, alors Premier ministre, sous l'autorité duquel l'Observatoire de la laïcité est placé. Jean-Louis Bianco, qui s'inquiète davantage de la montée d'une éventuelle intolérance contre l'islam que des infractions à la laïcité commises par les tenants de l'islam politique, est contesté pour sa conception de la laïcité au sein même de l'organisme, dont plusieurs membres ont démissionné.
Au Bondy Blog, l'islamosphère n'est pas seulement bienvenue : elle est chez elle.
Au Bondy Blog, l'islamosphère n'est pas seulement bienvenue: elle est chez elle. Média en ligne créé en 2005 pendant les émeutes en banlieue pour faire parler des jeunes présentés comme privés de parole dans les médias officiels, le Bondy Blog a multiplié les dérives. Il a notamment accueilli de nombreux articles du blogueur Mehdi Meklat, auteur de tweets racistes, antisémites, homophobes et misogynes. «Fallait lui casser les jambes à ce fils de pute», a tweeté Meklat, sous le pseudonyme de Marcelin Deschamps, après qu'Alain Finkielkraut s'est fait insulter pour avoir voulu voir Nuit debout place de la République. Meklat n'est plus le bienvenu au Bondy Blog, de même qu'un autre de ses contributeurs, Badroudine Saïd Abdallah, qui avait notamment tweeté: «Sans les Arabes nous n'aurions pas eu Mohamed Merah et Smaïn. RIP à eux.» Plus récemment, le Bondy Blog a mené ce qu'il a appelé une «contre-enquête» dans le bar-PMU de Sevran, en Seine-Saint-Denis, où France 2 avait filmé en décembre 2016 des réactions hostiles à la présence des femmes.
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LES POLITIQUES
En campagne pour la primaire «citoyenne» de la gauche, Benoît Hamon avait lui aussi critiqué ce reportage de France 2, où des hommes dont les visages n'étaient pas montrés expliquaient que les femmes n'avaient pas à se rendre dans les cafés. «Dans ce café, il n'y a pas de mixité, expliquait l'un d'eux. On est à Sevran, on n'est pas à Paris.» «C'est des mentalités différentes. C'est comme au bled!» ajoutait un autre. Dans un premier temps, Benoît Hamon avait cherché des justifications sociales plutôt que religieuses à cette misogynie, en assurant: «Historiquement, dans les cafés ouvriers, il n'y avait pas de femmes.» Puis il avait reconnu une «maladresse» et précisé: «Ce que je voulais dire, c'est que le sexisme n'est pas l'apanage des musulmans.»
Comme le souligne l'essayiste Caroline Fourest, Benoît Hamon a beaucoup varié dans ses positions sur l'islamisme. Ils ont mené ensemble une campagne de soutien à Ayaan Hirsi Ali, menacée de mort pour avoir écrit le court-métrage Soumission lorsqu'elle était députée néerlandaise. Son réalisateur Theo Van Gogh a été assassiné par un djihadiste néerlandais d'origine marocaine.
Mais pendant la campagne de la primaire, l'ancien ministre de l'Education avait choisi comme porte-parole Alexis Bachelay, l'un des rares élus à avoir participé à un dîner de gala annuel du CCIF. En janvier 2016, alors député PS des Hauts-de-Seine, il n'a pas hésité à inviter Yasser Louati, un porte-parole de l'association, à s'exprimer à Gennevilliers à la tribune d'une réunion publique consacrée à «la France face au terrorisme». Proche de Pascal Boniface, qu'il a invité à son lancement de campagne, Benoît Hamon entretient des relations cordiales avec certains membres de l'islamosphère. En 2011, il s'est même rendu à la soirée annuelle des Y'a bon Awards.
Le parti créé par Emmanuel Macron pendant la campagne n'est pas exempt, lui non plus, d'affinités sulfureuses. Il a fallu que la presse s'empare du cas de Mohamed Saou, référent d'En Marche! dans le Val-d'Oise, pour que le candidat se résolve à mettre «en réserve» de ses fonctions cet adepte du «Je ne suis pas Charlie». Jusqu'à une période récente, La République en marche comptait aussi dans ses rangs à l'Assemblée nationale un soutien dévoué du CCIF: M'jid El Guerrab. Connu pour avoir agressé à coups de casque de moto un cadre du PS en août dernier, il avait signé en 2015 une lettre ouverte au premier secrétaire de l'époque, Jean-Christophe Cambadélis, pour défendre la présence de Corinne Narassiguin au dîner de gala du CCIF en tant que porte-parole du PS. M'jid El Guerrab a démissionné de LREM après avoir été mis en examen pour «violences volontaires avec arme», mais est toujours député.
La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon pratique la collusion avec l'islamosphère à bien plus grande échelle. La députée de Paris Danièle Obono, l'une de ses élues les plus emblématiques, s'exprime sur le sujet tous les jours ou presque. La semaine dernière encore, elle a déclaré sur BFMTV: «Un agent de la RATP qui refuse de conduire un bus après une femme, est-ce que c'est le signe d'une radicalisation? Non, c'est le signe d'un préjugé contre les femmes». Jean-Luc Mélenchon, qui se targue toujours d'être un républicain, la défend systématiquement. Son argument ultime contre tous ceux qui s'inquiètent de la montée de l'islam politique: «Foutez-nous la paix avec les religions!»
A la gauche de la gauche, les ralliements aux thèses en vogue dans l'islamosphère sont légion. Le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) d'Olivier Besancenot et de Philippe Poutou y adhère en bloc, en pratiquant lui aussi l'«intersectionnalité» des luttes, par exemple pour le voile islamique - une candidate voilée avait porté les couleurs du NPA aux régionales en 2010 - et contre les violences commises par des policiers, que Philippe Poutou a proposé de désarmer. En mars 2015, à Saint-Denis, le NPA a tenu avec des associations musulmanes et des représentants du PCF et d'Attac, mouvement altermondialiste, un «meeting contre l'islamophobie et le climat de guerre sécuritaire». Le Parti des Indigènes de la République (PIR) y participait également. Ce groupuscule est surtout connu grâce à Houria Bouteldja, sa porte-parole, qui accuse l'Etat français d'être néocolonialiste, raciste et islamophobe. En novembre 2011, elle a cosigné un manifeste dénonçant le soutien exprimé à Charlie Hebdo après l'incendie de ses locaux.
Le PIR n'a aucune implantation locale et son influence est dérisoire, comparée à celle de la myriade d'associations islamistes qui, sous couvert d'action sociale, quadrille la France. Le député du Val-d'Oise, que l'interdiction du cumul des mandats a contraint à quitter cette année son fauteuil de maire de Sarcelles, affirme que des «réseaux salafistes» ont tenté d'infiltrer plusieurs villes du département. «Ça a commencé par du soutien scolaire dans une maison de quartier, puis dans une MJC, puis ils ont présenté des candidats aux élections de délégués de parents d'élèves», énumère-t-il. Finalement, au second tour des législatives, François Pupponi a dû affronter Samy Debah, fondateur du CCIF, qui s'est présenté comme candidat «indépendant». Qu'il a battu largement, bien que selon lui, la candidate de La France insoumise ait appelé à voter «contre Pupponi». «Ce qu'on appelle l'“islamo-gauchisme”, je l'ai vécu en direct», soupire le député socialiste. Il ne sera sans doute pas le dernier à faire cette expérience.
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A une femme musulmane (S.)
Puisque vous vous volez au secours de Mohammed Allah, je suppose que vous ne vous êtes tout à fait d’accord avec lui lorsque il dit que vous êtes impure en effet l’homme doit se laver le visage après vous avoir touchée avant la prière,
quand il dit que vous êtes menteuse car on ne peut vous faire confiance en cas de témoignage, quand il dit que vous êtes_trompeuse_ quand il dit que vous êtes dépourvue d’intelligence quand il dit également que vous êtes une calamité
Vous acceptez de n’être selon l’islam qu’un bien convoité En effet vous pouvez être mariée par votre père, à un vieux (dès l’âge de 9 ans), vous n’avez droit à aucune liberté car il vous faut un chaperon pour sortir,
Vous acceptez le principe d'être tenue de vous couvrir ( car votre impureté fait que votre mari craint d’être trompé, que vous êtes une tentatrice au même titre que Sheitan ce qui implique que vous devez cacher votre corps sous peine de _mériter le viol_si le musulman du coin décide que vous l'avez excité en laissant dépasser une mèche
Vous êtes d'accord avec le Coran qui juge que vous n’êtes qu’une demi portion puisque vous n’avez droit qu’à une demi part d’héritage_, avec le Coran pour lequel vous êtes interchangeable puisque vous n’avez droit qu’à ¼ de mari, vous trouvez juste que votre mari puisse vous _frapper si vous bronchez et vous reléguer dans votre chambre
Vous êtes d'accord avec Mohammed Allah qui vous a mise au même rang que l’âne et le chien noir et vous ne contredirez pas Aicha qui elle même s' est plainte que la musulmane soit traitée comme un chien !
Vous validez Mohammed Allah qui vous a prévenue que vous peuplerez l’enfer car vous êtes un signe maléfique et que l’on n’a pas à vous serrer la main !
Même au paradis, vous êtes d’accord avec l’affirmation donnée par Mohammed Allah que votre mari aura droit à 70 vierges et que rien ne soit prévu pour vous, alors même que vous aurez accepté d’avaler des couleuvres toute votre vie en étant 3 fois cocue avec l'autorisation de vous déplacer du fourneau à l’épicerie et de l’épicerie au fourneau, sous un drap noir même quelque soit la force de la canicule
On n’envie pas votre vie … Peut -être étiez -vous prévue pour servir de récompense à ceux qui auront combattu au nom d’Allah ?
Comment faites-vous pour ne pas comprendre que cette religion ne vient pas de D.ieu mais qu’elle est faite par et pour satisfaire le bas ventre et le ventre des machos…