samedi 4 novembre 2017

Islamisme et politique 02.11.2017

Jacob critique le témoignage d'une djihadiste sur France 2 (02.11.2017)
Le Pen accuse le gouvernement d'"étouffer" une affaire de viol à Calais (02.11.2017)
Attentat de Manchester: le frère de l'auteur pas extradé (02.11.2017)
Eure: un homme de 20 ans retrouvé mort (02.11.2017)
Le policier agressé à Tunis est décédé (02.11.2017)
Des réfugiés syriens manifestent à Athènes (02.11.2017)
Inde: prison à vie pour le viol de leur nièce (02.11.2017)
Rohingyas: le choléra, une 'bombe à retardement' (02.11.2017)
Damas demande à l'Onu de condamner les frappes israéliennes (02.11.2017)
Rohingyas: Tillerson se rendra en Birmanie (02.11.2017)
La Birmanie doit accorder la citoyenneté aux Rohingyas (ONU) (02.11.2017)
Merah et Malki condamnés «a minima» selon le maire de Toulouse (02.11.2017)
Moscou veut «geler» le rapport de l'ONU qui accuse Damas (02.11.2017)
Syrie: l'armée reprend la ville de Deir ez-Zor à l'EI (02.11.2017)
Plainte des avocats de Ramadan pour subornation de témoin (02.11.2017)
«Lettre ouverte aux anti-vaccins: pourquoi suis-je en colère ?» (02.11.2017)
L'un des plus anciens ancêtres des girafes découvert en Espagne (02.11.2017)
Rohingyas : Aung San Suu Kyi se rend dans la zone du conflit (02.11.2017)
Éric Zemmour : «Dans le cerveau de Vladimir Poutine» (01.11.2017)
Sécurité: pour Marine Le Pen, le gouvernement est «complètement à côté de la plaque» (02.11.2017)
Au Japon, des congés en plus pour les salariés non-fumeurs (02.11.2017)
Irak: les supplices des chrétiennes esclaves de Daech (02.11.2017)
Donald Trump veut durcir les règles d'immigration (01.11.2017)
Donald Trump réclame la peine de mort contre l'auteur de l'attentat de New York (02.11.2017)
Un Syrien interpellé à Orly après avoir forcé des contrôles de sécurité (02.11.2017)
L'Ouzbékistan, foyer de l'islamisme radical (01.11.2017)
Attentat de Manhattan : Trump ou l'audace de l'autorité (03.11.2017)
Tariq Ramadan : double discours et double personnalité ? (01.11.2017)
L'affaire Ramadan, révélatrice du «nouvel» antisémitisme (31.10.2017)
Ce que révèle le discours de Tariq Ramadan sur l'excision (23.06.2017)
Accusations de viol: Tariq Ramadan dénonce «une campagne de calomnie» (29.10.2017)
Pyramides : 4500 ans de théories et de mystères (02.11.2017)
Une mystérieuse cavité découverte au cœur de la grande pyramide de Gizeh (02.11.2017)
Huit ex-ministres catalans en détention préventive (02.11.2017)
Retour sur les quatre semaines du procès d'Abdelkader Merah (02.11.2017)
Le ministre espagnol des Affaires étrangères au Figaro: «Puigdemont veut internationaliser la crise» (02.11.2017)
Des Merah aux frères Clain, comment une galaxie djihadiste s'est développée à Toulouse (02.11.2017)


Jacob critique le témoignage d'une djihadiste sur France 2 (02.11.2017)
  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 

  • Mis à jour le 02/11/2017 à 12:54 

  • Publié le 02/11/2017 à 12:49
Le chef de file des députés LR à l'Assemblée, Christian Jacob, s'est dit jeudi "choqué" par la diffusion, la veille, au journal télévisé de 20 heures de France 2 d'un témoignage d'une jeune française de 27 ans ayant appartenu au groupe Etat islamique. "Je suis choqué qu'elle soit l'invitée de France 2 (...) On est en face de terroristes, de gens qui ont choisi de quitter la France et de livrer la guerre à la France", a-t-il déclaré lors de l'émission "Questions d'info" LCP-franceinfo-Le Monde-AFP.
"Il faut aussi penser à ces enfants orphelins avec leurs parents qui ont été assassinés, que ce soit lors des attentats de Nice, de Paris de Londres ou ailleurs. Un peu de compassion pour les familles!", a-t-il ajouté. "Moi, cela me choque que l'on mette au 20 Heures de France 2 quelqu'un qui soutient les réseaux terroristes, qui a été, si j'ai bien compris, mariée trois fois ou quatre fois avec des terroristes et qui a fait le choix de livrer la guerre à la France. C'est ça la réalité!", a-t-il déclaré.
France 2 a diffusé mercredi soir le témoignage d'une jeune femme de 27 ans faite prisonnière à Raqqa en Syrie qui demande à être rapatriée en France avec ses trois enfants.

Le Pen accuse le gouvernement d'"étouffer" une affaire de viol à Calais (02.11.2017)
  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 

  • Mis à jour le 02/11/2017 à 13:48 

  • Publié le 02/11/2017 à 13:43
Marine Le Pen, présidente du Front national, a accusé aujourd'hui le gouvernement "d'exiger du parquet d'étouffer" une affaire de viol survenue lundi à Calais, selon elle "le fait d'un migrant". "Je veux mettre la lumière sur la multiplication des crimes qui se révèlent dans notre pays, qui sont le fait de migrants" et "qui, manifestement, encore une fois, sont minimisés", a estimé Marine Le Pen lors d'un point presse jeudi à Paris, quelques heures avant un déplacement à Calais.
C'est dans cette ville du Pas-de-Calais qu'une jeune femme travaillant dans un hôtel a été agressée et violée, lundi soir, alors qu'elle rentrait chez elle. L'agresseur l'a menacée d'un couteau, l'a traînée dans des bosquets, puis l'a violée, a indiqué une source policière.
Un Erythréen de 22 ans a été interpellé mardi et doit être présenté à un juge d'instruction jeudi après-midi en vue d'une mise en examen. Le parquet, selon qui le suspect a reconnu les faits, a réclamé son placement en détention provisoire, a-t-il indiqué.
"Une jeune femme a été violée par un migrant, une de plus", a asséné Marine Le Pen qui a accusé le parquet de vouloir "étouffer l'affaire". "Si le parquet veut étouffer l'affaire, évidemment, puisqu'il est un instrument politique, il peut le faire, mais moi, mon rôle de députée, c'est de défendre la vérité", a poursuivi la présidente du Front national. "Le gouvernement exige du parquet d'étouffer l'affaire, on peut dire les choses tel quel", a-t-elle martelé.
La députée du Pas-de-Calais considère que "ce type de crime s'est multiplié ces derniers mois dans l'indifférence générale" et exhorte à "expulser les clandestins" pour "protéger les Français".


Attentat de Manchester: le frère de l'auteur pas extradé (02.11.2017)
  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 

  • Mis à jour le 02/11/2017 à 16:27 

  • Publié le 02/11/2017 à 14:48
Le frère de l'auteur de l'attentat de Manchester, qui a fait 22 morts en mai, ne sera pas remis à la police britannique, a indiqué le groupe armé qui détient l'accusé à Tripoli. "Non. Hashem Abedi ne sera pas extradé", a déclaré à l'AFP Ahmed Ben Salem, porte-parole de la "Force de dissuasion", qui fait office à Tripoli de police loyale au gouvernement d'union nationale.
La police britannique chargée de l'enquête sur l'attentat de Manchester a annoncé hier avoir demandé à la Libye d'extrader le frère de Salman Abedi, l'auteur de cet attentat suicide. Elle a affirmé avoir recueilli suffisamment de preuves pour demander et obtenir un mandat d'arrêt contre le frère de l'agresseur, Hashem Abedi. D'habitude, la Libye n'extrade pas ses ressortissants.
"L'affaire Abedi est toujours au bureau du procureur général qui est chargé de l'enquête", a précisé M. Ben Salem, ajoutant qu'il "n'y a pas d'accord d'extradition entre les deux pays". La Force de dissuasion avait arrêté le frère et le père de Salman Abedi quelques jours après l'attentat. Le père avait été libéré quelques semaines plus tard.
Cette force a indiqué alors que Hashem Abedi avait "admis qu'il se trouvait en Grande-Bretagne durant la période de préparation de l'attentat" et qu'il était "pleinement au courant des détails de cette opération terroriste".
La Force de dissuasion en Libye est formée essentiellement de salafistes (non djihadistes), principalement basés à l'est de la capitale. Loyale au GNA, elle fait office de police à Tripoli et pourchasse à la fois les trafiquants (drogue, alcool) et les personnes soupçonnées d'appartenir au groupe État islamique (EI).
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Eure: un homme de 20 ans retrouvé mort (02.11.2017)
  • Par  Le Figaro.fr 

  • Mis à jour le 02/11/2017 à 16:05 

  • Publié le 02/11/2017 à 15:21
Hier matin, un promeneur a trouvé le corps d'un homme âgé de 20 ans, sans vie, au Neubourg dans l'Eure, rapporte France Bleu. L'homme a été identifié et la piste du suicide rapidement écartée.
Deux personnes ont été placées en garde à vue aujourd'hui. Il s'agit de deux jeunes du même âge qui seraient proches du garçon. 
Le jeune homme aurait été percuté par une voiture. L'enquête, confiée notamment à la Section de Recherches de Rouen, déterminera s'il s'agit d'un acte volontaire. Une autopsie doit être pratiquée cet après-midi ou demain matin.
Des jeunes ont l'habitude de se rassembler sur ce lieu de promenade. Selon les premiers éléments de l'enquête, l'accident se serait produit vers 2 ou 3 heures du matin alors que la victime avait quitté la fête.

Le policier agressé à Tunis est décédé (02.11.2017)
  • Par  Le Figaro.fr avec Reuters 

  • Mis à jour le 02/11/2017 à 15:01 

  • Publié le 02/11/2017 à 14:56
Le policier tunisien poignardé hier par un islamiste présumé à Tunis a succombé jeudi à ses blessures, a annoncé un porte-parole des services de sécurité nationale.
Le suspect, Zied Gharbi, a été arrêté après avoir frappé deux policiers avec un couteau près du Parlement et du musée du Bardo. "Notre collègue Riadh Barrouta est mort jeudi après l'attentat terroriste du Bardo hier", a dit le porte-parole, Walid Hkima. L'autre policier n'a été que légèrement blessé.
L'agresseur était connu des autorités pour son radicalisme, avaient indiqué hier les autorités tunisiennes. L'attaque s'est produite sur la place du Bardo, en face du Parlement et près du musée du Bardo où un commando islamiste a tué 21 personnes, des touristes européens pour la plupart, en mars 2015.

Des réfugiés syriens manifestent à Athènes (02.11.2017)
  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 

  • Mis à jour le 02/11/2017 à 15:18 

  • Publié le 02/11/2017 à 15:06
Une dizaine de réfugiés syriens en grève de la faim ont manifesté aujourd'hui devant le parlement à Athènes pour protester contre les retards dans l'obtention d'un regroupement familial en Allemagne, également dénoncés par le maire de la capitale.
Dans un communiqué, la municipalité, dirigée par Georges Kaminis de l'opposition de centre-gauche a imputé cette protestation, en plein centre-ville, à des décisions "erronées" du gouvernement poussant les réfugiés au désespoir.
Soutenue par des militants pro-réfugiés, l'action, entamée hier, vise à dénoncer la lenteur des regroupements familiaux de réfugiés entre la Grèce et l'Allemagne, un accord informel en ce sens ayant été révélé en mai par la presse grecque et dénoncé par la gauche allemande.

Selon un militant grec, Yiorgos Maniatis, plus de 2000 Syriens sont concernés par ces retards, alors que les règles européennes prévoient un délai de six mois maximum pour opérer un regroupement familial une fois la demande acceptée.
Avec trois enfants mineurs, la Syrienne Hilal Bidal affirme être toujours dans l'attente, alors que sa demande de regroupement a été acceptée le 1er mars. 
En mai, le quotidien de gauche grec Journal des Rédacteurs publiait une lettre dans laquelle le ministre à la Politique migratoire Yiannis Mouzalas certifiait au ministre de l'Intérieur allemand Thomas de Maizière que les transferts en vue d'une réunification familiale allaient "ralentir comme convenu".
Alors que l'existence du courrier n'a pas été démenti par son ministère, M. Mouzalas a ajouté à la confusion lors d'une conférence de presse hier, créditant l'Allemagne d'avoir accepté un allongement des délais de traitement des demandes de regroupement.
Mais pour la municipalité d'Athènes, les retards pris "aggravent chaque jour" la situation des réfugiés. Elle déplore que le gouvernement ait recouru à "une entente bilatérale cachée" sur cette question.
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Inde: prison à vie pour le viol de leur nièce (02.11.2017)
  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 

  • Mis à jour le 02/11/2017 à 16:53 

  • Publié le 02/11/2017 à 16:41
Un tribunal indien a condamné aujourd'hui deux hommes à la prison à vie pour le viol de leur nièce de 10 ans, une affaire qui a fait la une des medias lorsque la Cour suprême a rejeté un appel pour autoriser la fillette à avorter au-delà du délai légal.
«Les deux hommes ont été condamnés à l'emprisonnement à vie», a déclaré au téléphone à l'AFP le procureur Atul Sethi. Ils ont également été condamnés chacun à une amende de 300.000 roupies (4646 dollars).
Les deux hommes avaient été reconnus coupables mardi à l'issue d'un procès d'un mois à Chandigarh (nord), une procédure rapide prévue en cas de viol.
La fillette, a accouché en août, un mois après la découverte de sa grossesse à l'hôpital où elle avait été examinée pour des maux de ventre, après que la Cour suprême eut refusé la demande de la famille d'un avortement tardif. La loi indienne n'autorise l'avortement au-delà de 20 semaines de grossesse que lorsque la vie de la mère ou de l'enfant est en danger.
La Cour suprême avait rejeté le recours formulé par la fillette lorsque les médecins consultés dans le cadre de la procédure ont estimé qu'un avortement à ce stade de la grossesse pourrait mettre en danger la vie de la jeune mère. L'enfant, né par césarienne, avait été remis aux services sociaux afin d'être adopté.
L'Inde détient un triste score en matière de viols de mineurs, avec 20.000 cas de viol ou agression sexuelle signalés en 2015, selon les chiffres officiels. Près de 50% des agresseurs sont connus de leur victime.
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Rohingyas: le choléra, une 'bombe à retardement' (02.11.2017)
  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 

  • Mis à jour le 02/11/2017 à 17:03 

  • Publié le 02/11/2017 à 16:57
Le choléra est une véritable "bombe à retardement" qui guette les milliers de Rohingyas arrivés au Bangladesh, a averti le patron de la Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR).
«Nous avons toutes les raisons de craindre (...) des flambées de choléra», a déclaré le secrétaire général de la FICR, Elhadj As Sy, lors d'un entretien à l'AFP cette semaine. «Nous sommes véritablement assis sur une bombe à retardement».
Quelque 900.000 musulmans rohingyas de Birmanie s'entassent dans des conditions insalubres dans des camps de tentes dans le sud du Bangladesh, où plus de 600.000 d'entre eux sont arrivés depuis fin août pour fuir ce que l'ONU considère comme une "épuration ethnique".
Les conditions dans les camps sont "difficiles à décrire" et "fendent véritablement le coeur", juge M. Sy, qui s'est rendu sur place la semaine dernière pendant trois jours. Alors que les camps manquent notamment de toilettes et de système d'acheminement d'eau, la FICR craint que le choléra ne fasse son apparition malgré la campagne de vaccination anticholérique lancée le 10 octobre.
Cette opération est la plus vaste campagne de vaccination contre le choléra menée dans le monde depuis celle conduite à Haïti en 2016. Quelque 679.000 personnes ont été vaccinées selon un communiqué de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) du 20 octobre.
Aucun cas de choléra n'a été détecté jusqu'à présent, mais la FICR, qui a ouvert le mois dernier un hôpital de campagne près des camps, a constaté de nombreux cas de diarrhée aiguë.
Mais le choléra n'est pas la seule menace, a-t-il relevé, soulignant l'apparition "assez inquiétante" de cas de rougeole parmi les enfants. Jusqu'à présent, 67 cas de ce virus hautement contagieux ont été enregistrés, mais les autorités du Bangladesh ont indiqué que la situation était sous contrôle alors qu'une campagne de vaccination était en cours.
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Damas demande à l'Onu de condamner les frappes israéliennes (02.11.2017)
  • Par  Le Figaro.fr avec Reuters 

  • Mis à jour le 02/11/2017 à 18:35 

  • Publié le 02/11/2017 à 18:27
Le ministère syrien des Affaires étrangères a demandé jeudi au Conseil de sécurité des Nations unies de condamner les attaques menées par Israël en Syrie. Hier, une frappe de l'armée de l'air israélienne a visé un site industriel situé au sud de la ville syrienne de Homs.
Le ministère syrien des Affaires étrangères, dans un communiqué diffusé par l'agence de presse Sana, demande au Conseil de sécurité de l'Onu de prendre "des mesures strictes et immédiates" pour mettre fin à de telles attaques.

Rohingyas: Tillerson se rendra en Birmanie (02.11.2017)
  • Par  Le Figaro 

  • Mis à jour le 02/11/2017 à 17:57 

  • Publié le 02/11/2017 à 17:55
Le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson se rendra en Birmanie le 15 novembre pour évoquer avec les autorités la crise de la minorité musulmane rohingya, dont plus de 600.000 membres ont fui au Bangladesh en six mois.
Selon un communiqué du département d'Etat, il rencontrera dans la capitale administrative du pays, Naypyidaw, "de hauts dirigeants et responsables" birmans pour discuter "des actions pour faire face à la crise humanitaire dans l'Etat Rakhine et du soutien américain à la transition démocratique birmane".
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La Birmanie doit accorder la citoyenneté aux Rohingyas (ONU) (02.11.2017)
  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 

  • Mis à jour le 02/11/2017 à 20:23 

  • Publié le 02/11/2017 à 20:09
La Birmanie doit accorder la citoyenneté aux Rohingya réfugiés au Bangladesh et leur permettre de revenir dans l'ouest du pays, a affirmé aujourd'hui le Haut commissaire aux réfugiés de l'ONU, Filippo Grandi. "Ces personnes ne peuvent rester apatrides parce que cet état les expose à la discrimination et aux abus, comme cela a été le cas dans le passé", a souligné le responsable de l'ONU.
Pris dans une vaste opération de répression militaire, plus de 600.000 membres de la minorité musulmane des Rohingyas ont fui au Bangladesh depuis fin août. L'ONU a dénoncé un "nettoyage ethnique", la Birmanie assurant ne vouloir s'en prendre qu'à des extrémistes ayant attaqué des postes de police.
"Pour que les gens reviennent et que leur retour soit durable, il faut régler la question très complexe de leur citoyenneté", a expliqué à des journalistes Filippo Grandi après un exposé au Conseil de sécurité. "Aucun retour ne pourra se faire dans la durée... si cette question n'est pas débloquée", a-t-il dit.
Pendant des décennies, les Rohingyas, considérés par les autorités comme des "immigrants bengalais", ont été victimes de discriminations. La Birmanie est à majorité bouddhiste. Outre leur reconnaître une citoyenneté, le gouvernement doit aussi adopter un programme de développement pour l'Etat Rakhine, l'un des plus pauvres du pays, d'où ils sont issus, selon Filippo Grandi.
Il a répété les exigences vaines de l'ONU depuis deux mois: arrêt des opérations militaires, acheminement sans entrave de l'aide humanitaire et retour des réfugiés dans l'ouest birman.
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Merah et Malki condamnés «a minima» selon le maire de Toulouse (02.11.2017)
  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 

  • Mis à jour le 02/11/2017 à 19:57 

  • Publié le 02/11/2017 à 19:52
Le maire de Toulouse (LR), Jean-Luc Moudenc, a estimé aujourd'hui qu'Abdelkader Merah et Fettah Malki avaient été condamnés "a minima" et rendu hommage aux "neuf victimes" de Mohamed Merah, dans un communiqué publié après le prononcé du verdict.
"A l'heure où la Justice de notre République vient de juger de la culpabilité d'Abdelkader Merah et Fettah Malki en les condamnant a minima, j'ai une pensée très forte et émue pour les 9 victimes, 7 tués dont 3 enfants et 2 blessés graves", écrit le maire de Toulouse, à propos des "dix jours de terreur et d'horreur" de mars 2012. Ce dernier exprime par ailleurs "sa vive reconnaissance aux quatre policiers blessés en intervention".
La cour d'assises spéciale de Paris a condamné jeudi soir Abdelkader Merah à 20 ans de réclusion criminelle, le jugeant coupable d'association de malfaiteurs terroriste mais pas complice des sept assassinats perpétrés en mars 2012 par son frère Mohamed à Toulouse et Montauban.
Fettah Malki, accusé d'avoir vendu l'arme et le gilet pare-balles à Merah en connaissant sa radicalisation, a également été reconnu coupable d'association de malfaiteurs terroriste et a écopé de 14 ans de réclusion criminelle. Il a décidé de faire appel. Les peines des deux hommes sont assorties d'une peine de sûreté des deux tiers.
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Moscou veut «geler» le rapport de l'ONU qui accuse Damas (02.11.2017)
  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 

  • Mis à jour le 02/11/2017 à 20:38 

  • Publié le 02/11/2017 à 20:33
La Russie a déposé aujourd'hui au Conseil de sécurité un projet de résolution autorisant les experts en armes chimiques mandatés par l'ONU à poursuivre leurs enquêtes en Syrie à condition de revoir leur rapport qui concluait à l'implication de Damas dans l'attaque de Khan Cheikhoun.
Le mandat des experts de l'ONU et de l'OIAC (Organisation pour l'interdiction des armes chimiques) arrive à échéance le 16 novembre et sa prolongation a donné lieu à un affrontement entre les Etats-Unis et la Russie. Moscou a mis son veto à une résolution proposée par Washington, avant la publication du rapport sur Khan Cheikhoun, qui prolongeait ce mandat d'un an.
Dans le projet de résolution russe diffusé aux 15 membres du Conseil de sécurité, le mandat ne serait prolongé que pour six mois, éventuellement renouvelables. Le texte "exprime les regrets" du Conseil de voir que les experts de l'ONU et de l'OIAC "ne se sont pas rendus à Khan Cheikhoun, ni n'ont récupéré des échantillons environnementaux sur la base d'Al-Chaayrate" présumée impliquée dans l'attaque au gaz sarin, pour réaliser leur rapport.
Le 4 avril 2017, cette attaque avait fait 83 morts selon l'ONU, au moins 87 dont plus de 30 enfants selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans cette ville alors contrôlée par des rebelles et des jihadistes. Le projet de texte russe enjoint le groupe d'experts appelé JIM "d'envoyer une équipe d'enquêteurs aussi vite que possible à Khan Cheikhoun" et "de renvoyer immédiatement une nouvelle équipe sur la base Al-Chaayrate pour y prélever des échantillons environnementaux".
Dans l'intervalle, le projet de résolution russe impose au JIM "de geler ses conclusions" sur l'attaque de Khan Cheikhoun.
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Syrie: l'armée reprend la ville de Deir ez-Zor à l'EI (02.11.2017)
  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 

  • Mis à jour le 02/11/2017 à 21:14 

  • Publié le 02/11/2017 à 21:10
L'armée syrienne, appuyée par son allié russe, a repris la ville de Deir ez-Zor au groupe djihadiste Etat islamique (EI), a indiqué aujourd'hui l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
L'information n'a pas encore été confirmée de source officielle, mais les médias officiels syriens ont fait état plus tôt aujourd'huid'une importante avancée de l'armée dans cette ville de l'est du pays.
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Plainte des avocats de Ramadan pour subornation de témoin (02.11.2017)
  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 

  • Mis à jour le 02/11/2017 à 21:38 

  • Publié le 02/11/2017 à 21:28
Une plainte pour subornation de témoin a été déposée aujourd'hui par les avocats de l'islamologue et théologien suisse controversé Tariq Ramadan, lui-même visé par deux récentes plaintes pour viol, a-t-on appris de source proche de l'enquête. Ils y ciblent notamment des propos de la journaliste Caroline Fourest, qui a déclaré dans les médias avoir été en contact à partir de 2009 avec trois femmes se présentant comme des victimes de Tariq Ramadan, dont l'une a finalement porté plainte la semaine passée, a précisé la même source.
Dans cette plainte, les avocats Yassine Bouzrou et Julie Granier réclament l'ouverture d'une enquête. Soupçonnant de potentielles collusions, ils demandent d'identifier avec quelles personnes a été en contact l'ancienne salafiste devenue militante laïque Henda Ayari, la première à avoir porté plainte contre ce professeur d'Etudes islamiques contemporaines à Oxford (Grande-Bretagne), selon la source proche de l'enquête.
Me Bouzrou et Me Granier n'ont pas voulu commenter ces informations, tout comme Me Jonas Haddad, l'un des avocats de Me Ayari. Une enquête préliminaire a été ouverte à Paris pour "viol, agression sexuelle, violences et menaces de mort" la semaine dernière, à la suite de la plainte de Mme Ayari. Tariq Ramadan, 55 ans, fait l'objet d'une deuxième plainte, dans laquelle sont dénoncés des faits similaires, en plein débat autour du harcèlement sexuel dans la société française.
Ses avocats ont également déposé aujourd'hui une dénonciation de "tentative d'abus de confiance" visant les appels aux dons de Mme Ayari pour son association sur sa page Facebook. Puisqu'ils s'appuient sur l'annonce de son dépôt de plainte, ces appels créent, selon eux, une confusion entre cette association et sa personne.
Enfin, à la suite de l'ouverture de l'enquête préliminaire, Me Bouzrou et Me Granier formulent une demande d'investigation visant elle aussi des propos de Mme Fourest, selon la source proche de l'enquête. Ces avocats font valoir que la journaliste affirme avoir fait rencontrer un juge à une des deux plaignantes pour qu'elle y raconte l'infraction présumée.
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«Lettre ouverte aux anti-vaccins: pourquoi suis-je en colère ?» (02.11.2017)
  • Par  Jean-Hugues Dalle 

  • Mis à jour le 02/11/2017 à 11:00 

  • Publié le 02/11/2017 à 06:00
AVIS D’EXPERT - Le professeur Jean-Hugues Dalle rapelle que les vaccins améliorent la santé de l’ensemble de la population et qu’ils nous protègent et protègent ceux qui ne peuvent être vaccinés.
Je m’appelle Jean-Hugues Dalle, je suis professeur de pédiatrie à la faculté de médecine de l’université Paris 7-Paris Diderot et à l’hôpital Robert-Debré. Je fais partie de l’équipe d’hémato-immunologie où je suis en charge de l’unité de greffes de moelle. Cela signifie qu’avec l’ensemble de l’équipe médicale et paramédicale du service, nous prenons soin d’enfants atteints de maladies graves mettant souvent en jeu leur vie.
Les plus fréquentes sont les leucémies. Tous les ans, dans notre pays, environ 500 enfants sont atteints par cette forme de cancer. En 2017, personne ne peut expliquer pourquoi cette maladie apparaît. Le traitement va consister en de la chimiothérapiependant plusieurs mois et parfois plusieurs années et, pour les formes les plus agressives, en une greffe de moelle. Nous utilisons la greffe également chez des enfants atteints d’autres types de maladie grave tels que la drépanocytose ou les aplasies.
«Parce que les vaccins sont des médicaments, ils peuvent avoir des effets secondaires mais ceux-ci sont très rarement graves»
Pendant toute cette longue période de traitement, ces enfants malades sont très sensibles aux infections et la vaccination de tout leur entourage - connu (familles, amis) ou inconnu (voisinage, camarades d’école, personnes croisées dans la rue ou à l’épicerie) - est un facteur très important de leur devenir. À l’issue de la chimiothérapie, il est fréquent que l’immunité vaccinale de nos petits patients ait été perdue. C’est toujours le cas après une greffe, quelle que soit la maladie sous-jacente. Il faut alors reprendre une vaccination, le plus souvent comme chez un nourrisson.
Il arrive, rarement, que certains parents s’en étonnent ou s’y opposent.
Ma réponse dans ce cas-là est simple: «Rien ni personne ne pouvait éviter la leucémie, l’aplasie ou la drépanocytose de votre petit garçon ou de votre petite fille. Il ou elle aurait pu en mourir. Après une telle épreuve, ne prenez pas le risque qu’il ou elle meure ou ait de graves séquelles à cause d’une maladie infectieuse pour laquelle il existe un vaccin efficace. Mourir d’une méningite bactérienne, d’une grippe ou rester gravement handicapé après une encéphalite rougeoleuse lorsqu’on a eu la force de subir une chimiothérapie et/ou une greffe et d’y survivre, ce serait absolument horrible.»
C’est pour cela que je m’adresse à tous les anti-vaccins, vous qui avez la chance d’avoir des enfants en bonne santé: ne jouez pas, ne pensez pas que la maladie, c’est toujours pour l’autre. Nous continuons à voir mourir des enfants de la rougeole, des nourrissons de la coqueluche. Mes collègues de neurologie continuent à prendre en charge des enfants atteints d’encéphalopathies sévères (grave handicap moteur et mental) après des méningites. C’est tellement injuste quand on sait que ce sont des maladies évitables.

Parce que les vaccins sont des médicaments, ils peuvent avoir des effets secondaires mais ceux-ci sont très rarement graves et il y a infiniment moins de «victimes» des vaccins que de victimes d’accidents de la route, d’accidents domestiques ou d’enfants asthmatiques du fait du tabagisme passif. Je ne cherche pas à nier ces effets secondaires mais simplement à les mettre en perspective.
Je tiens à signaler que je suis moi-même largement vacciné: contre le tétanos, la coqueluche, la diphtérie, la poliomyélite, la rougeole, l’hépatite A, l’hépatite B, le méningocoque C, le choléra, la fièvre jaune et la grippe. Je ne me fais pas offrir mes vaccins par quiconque et vais les acheter à la pharmacie.
Par ailleurs, je ne participe à aucun conseil scientifique de laboratoire pharmaceutique autour des vaccins.
Je suis simplement un médecin clinicien investi dans la prise en charge de «ses» patients très malades. Je suis très triste lorsque l’un d’eux vient à mourir de la maladie qu’il n’a pas demandé à avoir. Et je suis très très en colère quand je vois mourir ou être handicapé un enfant à cause d’une maladie infectieuse évitable, en raison des croyances erronées et de l’égoïsme des adultes qui l’entourent.
C’est pour cela que je soutiens avec énergie et conviction le projet de Mme laministre de la Santé de rendre obligatoire un plus grand nombre de vaccins. Depuis leur apparition, les vaccins améliorent la santé de l’ensemble de la population: les vaccins nous protègent et protègent ceux qui ne peuvent être vaccinés. Félicitons-nous, ensemble, d’être dans un pays où les autorités publiques sont soucieuses de l’amélioration de notre niveau global de santé et sachons être solidaires des plus fragiles.
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L'un des plus anciens ancêtres des girafes découvert en Espagne (02.11.2017)

  • Mis à jour le 02/11/2017 à 15:48 

  • Publié le 02/11/2017 à 12:14
Vue d'artiste <i>Decennatherium rex, </i>une nouvelle espèce de giraffidé qui pourrait faire partie des plus anciens ancêtres de la girafe actuelle.
EN IMAGES - Un squelette presque complet vieux de 9 millions d'années a été découvert dans une mine de la région de Madrid.
Loué soit la sépiolite… C'est dans une mine espagnole d'où l'on extrayait ce minéral du groupe des argiles que l'un des plus vieux ancêtres des girafes a été découvert (voir diaporama ci-dessus). Un squelette fossilisé presque complet - fait exceptionnel - de Decennatherium rex (nouvelle espèce) se trouvait sur le site de Cerro de los Batallones, dans la région de Madrid.
Vieux de 9 millions d'années, il mesurait 2,9m de longueur pour une hauteur au garrot de 2m et 2,8m jusqu'en haut des «cornes» et pesait sans doute aux alentours d'une tonne. Il était donc plus gros et plus grand que l'okapi, l'une des deux espèces de cette branche animale existant encore aujourd'hui. A poids comparable il était en revanche un peu plus petit que la girafe.
Maria Rios et ses collègues du Muséum national d'histoire naturelle de Madrid dévoilent par le menu, dans la revue PlosOne, leurs examens des os et du crâne de la bête venue du Miocène. On connaissait jusqu'ici 30 espèces éteintes distinctes de giraffidés. Decennatherium rex est la 31e. Elle a de remarquable son crâne complet, ce qui n'est pas le cas pour beaucoup d'autres espèces. Ce qui permet des comparaisons poussées avec les autres, disparues ou actuelles.
Deux grands groupes de giraffidés se distinguent, les sivathères, à cou court, tous disparus, et les samothères, à l'apparence comprise entre l'okapi et la girafe. Tous les membres de ce groupe possèdent des protubérances osseuses ressemblant à des cornes sans pointe, nommées ossicônes, deux au-dessus des yeux, deux en bas de la tête. Ils sont ici particulièrement bien préservés.
Cela permet aux auteurs de ces travaux d'affirmer que Decennatherium rex est le tout premier exemple connu des animaux ayant ce type d'ossicônes. Les paléontologues estiment donc que la date à laquelle les deux groupes de giraffidés se sont séparés est plus ancienne que ce que l'on croyait. Et éclaire les relations entre Europe et Afrique quant aux migrations animales à cette époque.
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Rohingyas : Aung San Suu Kyi se rend dans la zone du conflit (02.11.2017)

  • Publié le 02/11/2017 à 12:44
La dirigeante birmane se déplace pour la première fois depuis le début du conflit dans l'ouest du pays, où l'armée est accusée par l'ONU d'«épuration ethnique» contre la minorité musulmane rohingya.
Pour la première fois depuis le déclenchement de la rébellion rohingya, Aung San Suu Kyi est en visite ce jeudi dans l'ouest du pays où l'armée est accusée par l'ONU d'«épuration ethnique» contre les Rohingyas, cette minorité musulmane dont plus de 600.000 membres ont fui au Bangladesh en deux mois.
Arrivée au pouvoir en avril 2016 après de longues années d'assignation à résidence par la junte militaire au pouvoir, celle qui a reçu le prix Nobel de la paix en 1991 est largement critiquée à l'étranger pour son manque d'empathie envers les Rohingyas, considérés comme une des minorités les plus persécutées au monde. Elle doit composer avec une armée qui reste très puissante, malgré l'autodissolution de la junte en 2011, ainsi qu'une opinion publique largement xénophobe et antimusulmane.
Les Rohingyas, plus grande population apatride au monde
«La conseillère d'État (titre officiel de Suu Kyi, ndlr) est maintenant à Sittwe et ira à Maungdaw et Buthidaung. C'est un déplacement d'une journée», a déclaré à l'Agence France-Presse Zaw Htay, le porte-parole du gouvernement, citant deux districts du nord de l'État Rakhine, épicentre des violences.
Les autorités birmanes rejettent jusqu'ici les accusations d'«épuration ethnique» et assurent ne vouloir qu'éradiquer la rébellion musulmane, l'Armée du salut des Rohingyas de l'Arakan (ARSA). «Nous avons beaucoup de choses à lui dire», a réagi par téléphone un habitant rohingya de la ville de Maungdaw. «Nous voulons lui parler des papiers. Mes grands-parents et parents sont nés et morts sur ces terres. Les Rohingyas vivent dans le pays depuis des générations», a ajouté ce père de famille.

Les Rohingyas représentent la plus grande population apatride au monde depuis que la nationalité birmane leur a été retirée en 1982, sous la junte militaire. Victimes de discriminations, ils n'ont pas de papiers d'identité, ne peuvent pas voyager ou se marier sans autorisation. Et ils n'ont accès ni au marché du travail ni aux services publics comme les écoles et hôpitaux.
«Trop de personnes qui ont quitté leur foyer vivent dans des conditions misérables : un morceau de plastique au-dessus de leur tête, le sol boueux sous leurs pieds.»
Dominik Stillhart, responsable de la Croix Rouge à Rakhine en Birmanie.
Aux côtés de la dirigeante birmane pour ce déplacement, plusieurs ministres, mais aussi des hommes d'affaires très influents dans le pays. Le développement économique est pour Aung San Suu Kyi la clé à long terme pour cette région, l'une des plus misérables du pays avec un taux de pauvreté qui atteint 78%, soit plus du double de la moyenne nationale.
Mais avant cela, les organisations humanitaires rappellent qu'elles font face à une urgence humanitaire. Dans cette partie de l'État Rakhine, l'aide humanitaire arrive au compte-goutte: seule la Croix Rouge est autorisée dans la zone. «Nous encourageons les autorités à faciliter le travail des humanitaires, car la Croix-Rouge ne peut à elle seule répondre aux besoins massifs», a déclaré jeudi Dominik Stillhart, responsable de l'ONG dans le pays.
«Trop de personnes qui ont quitté leur foyer vivent dans des conditions misérables: un morceau de plastique au-dessus de leur tête, le sol boueux sous leurs pieds, que ce soit au Bangladesh voisin pour la majorité, ou en État de Rakhine», a-t-il ajouté. L'organisation a récemment pu distribuer de la nourriture et de l'eau à plus de 5000 personnes qui veulent rejoindre le Bangladesh mais sont, faute d'argent, prises au piège sur des plages sur les rives du fleuve Naf.
«L'armée ne nous a pas attaqués mais rend notre vie impossible. Nous ne sommes plus payés et nous ne pouvons plus aller sur les marchés.»
Mohammad Zafar, 35 ans, originaire d'un village proche de Buthidaung.
Car l'exode ne semble pas avoir de fin: au moins 2500 musulmans rohingyas sont arrivés jeudi à la frontière du Bangladesh après des jours de marche, souvent sans nourriture et eau. «L'armée ne nous a pas attaqués mais rend notre vie impossible. Nous ne sommes plus payés et nous ne pouvons plus aller sur les marchés. Combien de temps peut-on vivre comme ça?», s'est interrogé Mohammad Zafar, 35 ans, originaire d'un village proche de Buthidaung. «Nous avons attendu cachés dans les collines. Quand nous avons été assez nombreux, nous avons décidé de traverser», a-t-il expliqué à l'AFP.
Ils sont maintenant près d'un million de réfugiés dans les camps à la frontière. Et la surpopulation et l'insalubrité des camps au Bangladesh, qui accueillent désormais près d'un million de Rohingyas, constituent un terreau fertile pour l'apparition de maladies.

Éric Zemmour : «Dans le cerveau de Vladimir Poutine» (01.11.2017)
Par Eric Zemmour
Mis à jour le 02/11/2017 à 12h40 | Publié le 01/11/2017 à 17h18
CHRONIQUE - Les cinquante heures d'entretiens avec le cinéaste américain Oliver Stone, résumées par un livre qui vient de paraître, révèlent un Poutine inédit qui se livre comme jamais.

Conversations avec Poutine. Oliver Stone. Albin Michel. 382 P. 22€ - Crédits photo : Albin Michel
Ils rient. Ils s'esclaffent même parfois comme deux vieux complices. Ils se baladent ensemble dans les couloirs du Kremlin. Ils prennent un café. Ils se demandent des nouvelles de leurs enfants, de leur santé, du temps qui passe et les vieillit. Ils se retrouvent avec chaleur et se quittent avec tristesse. Ces conversations entre Vladimir Poutine et Oliver Stone sont d'abord le produit d'une improbable amitié qui naît et s'épanouit au fil d'une cinquantaine d'heures d'entretiens, étalés sur deux ans, entre 2015 et 2017. Improbable amitié entre le politique et l'artiste. Grand spectacle mis en scène par le cinéaste hollywoodien pour la télévision.
Pour cette amitié, pour sa prétendue «complaisance», Oliver Stone a reçu des tombereaux d'injures. Poutine lui-même l'avait prévenu: «On vous fera souffrir pour ce que vous avez fait.» Les médias occidentaux ont évoqué les entretiens des journalistes français avec le chancelier Hitler dans les années 1930. Il est vrai que Stone ne dissimule ni sa sympathie pour son interlocuteur, ni ses critiques contre la politique impérialiste de son pays, au point que Poutine doit le freiner dans son élan: «N'essayez pas de me pousser à tenir des propos anti-américains.» Mais Stone n'hésite pas à poser les questions qui fâchent, sur sa fortune personnelle, les homosexuels ou l'Ukraine, et y revenir sans se lasser lorsque les réponses de Poutine sont trop elliptiques.
Le poids des mots
C'est tout l'intérêt d'un livre après le film: si on a perdu le choc des images, on a gagné le poids des mots. On est dans le cerveau de Vladimir Poutine. On s'y balade d'autant plus à notre guise que l'empathie tant reprochée à Stone est aussi le meilleur moyen pour que le patron du Kremlin se livre comme jamais. On lit son mépris pour Gorbatchev, et son respect pour Staline. Sa colère rétrospective contre la naïveté d'Eltsine qui ouvrit aux Américains jusqu'aux secrets nucléaires de la défunte Union soviétique. On comprend que Poutine n'est jamais à l'initiative, mais toujours en réaction ; jamais en attaque, toujours en défense. La Crimée est la réponse au Kosovo ; l'intervention militaire en Syrie est la leçon tirée du chaos libyen.
On saisit que pour lui, ni la France ni l'Allemagne ni l'Angleterre n'existent plus. À Oliver Stone qui s'interroge sur le déclin de ces grandes puissances d'autrefois, Poutine répond froidement: «La Première Guerre mondiale. Et puis la Seconde Guerre mondiale. C'est facile à comprendre.» Pour Poutine, la seule structure qui existe, c'est l'Otan, pas l'Union européenne dont il ne parle jamais. Il n'y a pas de souveraineté européenne, dont rêve Emmanuel Macron, mais un souverain américain et ses vassaux européens. Il n'y a plus de Français mais des Gallo-Ricains: Poutine serait d'accord avec le diagnostic de Régis Debray.
Son analyse brillante et implacable d'une Otan qui n'a plus de légitimité depuis la chute de l'Union soviétique, et se cherche un ennemi pour survivre et pérenniser l'hégémonie américaine, a des accents gaulliens. Comme sa défense farouche de la souveraineté: «Il n'y a en réalité guère plus qu'une poignée de pays qui peuvent se targuer d'une véritable souveraineté. Les autres pays sont pieds et poings liés par leurs obligations en tant qu'alliés.»
«Ce qui est curieux chez vous, c'est que les présidents changent mais pas la politique»
Vladimir Poutine
Poutine n'a qu'un seul interlocuteur, les États-Unis, qu'il appelle avec une ironie sarcastique: «nos partenaires». Il a compris l'essentiel: «Ce qui est curieux chez vous, c'est que les présidents changent mais pas la politique.» Ce qu'il appelle la «bureaucratie» et Oliver Stone, «le pays profond» règnent sans partage. Le dernier entretien entre les deux hommes a lieu après la victoire de Trump - que Poutine dément avoir provoquée. D'autant mieux qu'il annonce d'avance que cette élection ne changera rien à la politique américaine!
De nombreux commentateurs nous ont expliqué à satiété que le Russe voulait ressusciter un climat de guerre froide par nostalgie d'une époque où l'Union soviétique était un des deux super-grands. Mais la thèse inverse est au moins aussi fondée, avec une géostratégie américaine qui n'a jamais renoncé à ses principes fondamentaux, à savoir maintenir la division entre l'Allemagne et la Russie, pour conserver l'hégémonie sur cette Eurasie, gage de leur domination mondiale.
Poutine est en vérité le ­patron d'une nation qui se cherche, entre une idéologie communiste soviétique ­défunte et une identité nationale russe en reconstruction
Poutine montre ses forces pour mieux dissimuler ses faiblesses: une démographie en berne qu'il fait tout pour réanimer ; une économie qui ne parvient pas à s'arracher à sa dépendance aux hydrocarbures ; un budget militaire contraint par l'exiguïté de l'appareil industriel et financier: 60 milliards de dépenses contre 600 milliards pour les Américains! On est loin de la course aux armements de la guerre froide. Poutine est en vérité le patron d'une nation qui se cherche, entre une idéologie communiste soviétique défunte et une identité nationale russe en reconstruction, entre tsars, Église orthodoxe et oligarques propriétaires de clubs de football anglais. Il est le chantre d'un nationalisme blessé, un peu à la manière du nationalisme français après la chute de l'Empire napoléonien ou de la perte de l'Algérie. C'est le grand mérite de Stone que de nous le révéler ainsi.
Aux yeux des médias occidentaux, et des lobbys féministes et LGBT qui leur servent de mentors idéologiques, Poutine est l'incarnation du «macho» dominateur et sûr de lui. Poutine aime à les provoquer, avec ses plaisanteries de garçon de bain: «Je n'ai pas de bons et mauvais jours. Je ne suis pas une femme.» Mais l'essentiel est ailleurs: Poutine est le représentant des Blancs russes pris en tenaille démographique entre l'exubérance musulmane à l'intérieur (qui représentera 30 % de la population du pays dans vingt ans) et la montée inexorable de la puissance chinoise à l'extérieur. Il est un homme du XIXe siècle qui se sert de ses armées comme on le faisait alors, tandis que les Européens sont des hommes du XXIe siècle qui ne jurent que par l'économie et le droit.
Poutine a compris qu'il était sur le même bateau que les Européens de l'Ouest. Un bateau qui ressemble au radeau de la Méduse. Mais au contraire de ses «partenaires», il a choisi de regarder la réalité en face. Tomber, mais les armes à la main. Poutine est notre remords et notre nostalgie. C'est pour cette raison qu'on lui en veut autant.

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Sécurité: pour Marine Le Pen, le gouvernement est «complètement à côté de la plaque» (02.11.2017)

  • Mis à jour le 02/11/2017 à 18:02 

  • Publié le 02/11/2017 à 16:35
LE SCAN POLITIQUE - Défense du patrimoine, terrorisme, état d'urgence, Philippot, Wauquiez... Jeudi à Paris, avant de rejoindre Calais, la présidente du Front national a abordé plusieurs sujets de l'actualité en sortant du Carrousel du Louvre où se tient le Salon international du patrimoine culturel.
Marine Le Pen a réagi sur plusieurs sujets d'actualité, jeudi, en sortant du Salon international du patrimoine ouvert jusqu'au 5 novembre au Carrousel du Louvre, à Paris. Cette visite, organisée à huis clos, était pour elle une occasion de se prononcer «pour la défense des métiers d'art et du patrimoine». Elle a d'ailleurs salué la nomination du nouveau «Monsieur patrimoine» par l'Élysée. «Moi, je me félicite de la mission confiée à Stéphane Bern. Cela a hérissé quelques élites mais moi, je trouve que tout ce qui va dans le sens de la préservation du patrimoine est une bonne chose», a-t-elle souligné, avant d'annoncer une «série» de propositions destinées à modifier la loi pour favoriser le mécénat, permettre la défiscalisation des dons, soutenir la formation des jeunes par les artisans, prévoir une loi de programmation pour la restauration du patrimoine français, ou encore développer des pépinières d'artistes et des lycées pour les métiers d'art.
«Tout porte à ce que nous maîtrisions de nouveau nos frontières»
Marine Le Pen
Mais, à quelques mètres du lieu où des militaires français avaient été la cible d'un terroriste en février 2017, la présidente du Front national était surtout attendue sur d'autres sujets, notamment le dernier attentat aux États-Unis. Face aux menaces, elle réclame un «partenariat de travail avec toutes les nations». «Tout porte à ce que nous maîtrisions de nouveau nos frontières», a ajouté la députée du Pas-de-Calais, avant de vanter le renforcement du contrôle des frontières souhaité par Donald Trump. Marine Le Pen a jugé «logique» la position du président américain. «La chance qu'il a, lui, c'est qu'il peut le faire. Nous ne pouvons plus le faire car nous n'avons plus la maîtrise de ces critères.»
Une loi «indigente» et «inapplicable»
Dans le débat sur la fin de l'état d'urgence, elle souhaite que le terrorisme soit considéré comme «un acte de guerre». La patronne du mouvement frontiste plaide pour une «vraie loi contre le terrorisme», impliquant des procédures et des juridictions «spécifiques». Selon elle, ces dispositions seraient «beaucoup plus efficaces» que la nouvelle loi de sécurité intérieure, qu'elle estime «indigente» et «inapplicable». Pointant directement l'action du gouvernement, elle ajoute: «Ils sont complètement à côté de la plaque dans le domaine de la lutte contre le terrorisme et contre le fondamentalisme islamiste car, en réalité, ils ne mènent pas de lutte contre l'idéologie.»
Aux États-Unis, Donald Trump a réclamé la peine de mort pour le terroriste responsable de l'attentat de New York mais, sans se prononcer en faveur d'une telle peine, Marine Le Pen a répété, jeudi, ce qu'elle avait dit durant la campagne présidentielle. «Moi, à titre personnel, je souhaiterais qu'immédiatement puisse être mise en œuvre la perpétuité réelle, c'est-à-dire celle où l'on ne sort jamais de prison, jamais.» Quant à la peine de mort, elle estime que la question devrait faire l'objet d'un «référendum». «Voilà un sujet, sur lequel, je pense, le peuple français doit s'exprimer, dans un sens ou dans l'autre d'ailleurs.»
Durant ce point presse improvisé au pied de l'Arc de triomphe du Carrousel, Marine Le Pen a également été invitée à réagir sur la restriction des critères pour l'attribution de la Légion d'honneur, notamment concernant les militaires ayant participé à des opérations extérieures. «Qu'est ce qu'il a contre l'armée, Emmanuel Macron? a interrogé la parlementaire, c'est quoi? Il y a un problème? Il s'est passé quelque chose dans sa jeunesse? C'est idéologique cette détestation de l'armée qui le pousse, en toutes circonstances, à minimiser les faits d'armes, à baisser les budgets, à virer les responsables qui ont le malheur de dire la vérité?»
«Qu'est ce qu'il a contre l'armée, Emmanuel Macron? Il y a un problème ? Il s'est passé quelque chose dans sa jeunesse ?»
Marine Le Pen
Sans s'opposer à d'éventuelles réformes sur le sujet, elle considère qu'il faudrait d'abord arrêter de donner des Légions d'honneur à «la cuisinière thaïlandaise de Monsieur Sarkozy, au coiffeur de Carla, etc... Manifestement, il est plus facile d'obtenir la légion d'honneur quand on est producteur de cinéma, acteur, coiffeur ou que l'on tient un restaurant que lorsqu'on s'est battu ou qu'on a risqué sa peau pour défendre les Français. Elle est là, la réforme à faire», a-t-elle conclu, en dénonçant une «dérive complètement délirante».
La présidente a également été interrogée sur Florian Philippot, son ex-bras droit sorti du FN pour lancer un nouveau parti, Les Patriotes. «Qu'il vive sa vie», a-t-elle balayé. Au sujet de Laurent Wauquiez, candidat à la présidence des Républicains qui cherche à incarner l'opposition au chef de l'État, Marine Le Pen a ironisé: «Chacun peut s'opposer légitimement à Emmanuel Macron mais il n'arrive même pas à dire ce qu'il a voté au second tour de la présidentielle. Pour être un opposant, il faut avoir un peu de courage», a-t-elle dit, en lançant une seconde flèche dans le camp de la droite: «Si vous voulez être à la tête d'opposants, encore faut-il que la moitié de votre armée ne soit pas prête à une collaboration avec la personne que vous voulez combattre».
Migrants: «des faits minimisés»
Avant de rejoindre Calais, où elle devait visiter un commissariat de police et s'exprimer sur la question des migrants, l'élue FN a justifié son déplacement. «Je veux mettre la lumière sur la multiplication des crimes qui se révèlent dans notre pays et qui sont le fait de migrants», a-t-elle expliqué, en fustigeant des «faits minimisés». Se disant «très affirmative» sur la qualité de migrant de l'homme accusé de viol à Calais, dans la nuit de lundi à mardi dernier, Marine Le Pen a affirmé que les éléments dont elle disposait lui avaient été transmis par «la police». «Si le parquet a envie d'étouffer l'affaire, évidemment, puisqu'il est un instrument politique, il peut le faire. Mais moi, mon rôle de député qui défend les Français est de dire la vérité», a-t-elle conclu.
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Au Japon, des congés en plus pour les salariés non-fumeurs (02.11.2017)

  • Publié le 02/11/2017 à 15:28
Un patron japonais a mis en place une politique interne pour «récompenser» les salariés qui ne perdent pas de temps en pause cigarette : six jours de congés annuels supplémentaires.
Voici un fait divers d'entreprise qui va faire réfléchir. Nous sommes au Japon, dans les bureaux de la firme tokyoïte Piala Inc. Un employé non-fumeur passablement irrité par le temps perdu par ses collègues lors de leurs interminables «pauses clope» décide de déposer une proposition dans la «boîte à idées» de l'entreprise: récompenser les non-fumeurs en leur donnant des jours de congés supplémentaires... «Notre patron a vu le commentaire et l'a trouvé juste, donc nous donnons désormais du temps en plus aux non-fumeurs pour compenser», a expliqué au Telegraph un employé de la société.
Que penser de cette singulière mesure? L'explication se trouve également au niveau de la logistique des bureaux: chez Piala Inc, les bureaux se situent au 29e étage d'une tour et les fumeurs n'ont pas d'autre choix que de descendre au sous-sol pour fumer leur cigarette. Ainsi, les «pauses clope» voient leur durée s'allonger au-delà du quart d'heure de courtoisie... Un gros fumeur peut donc difficilement passer plus de temps à son bureau qu'au sous-sol! L'entreprise argumente en expliquant qu'offrir plus de congés aux salariés est également une façon «d'inciter» les employés à arrêter de fumer.
Les Japonais sont les plus présentéistes du monde
Depuis la mise en place du nouveau système, 30 des 120 salariés ont ainsi pu profiter de jours de congés supplémentaires... Une initiative louable de la part de l'entreprise, quand on sait que le Japon est un pays dans lequel les employés ne prennent quasiment jamais de vacances. Le gouvernement a effectivement envisagé de légiférer pour forcer les salariés à prendre cinq jours de congé par an. Nombre d'entre eux se contentent en effet des 15 jours fériés annuels pour se reposer, culpabilisant de prendre des congés tandis que leurs collègues font leur travail à leur place. Fin juillet, le gouvernement a également lancé une ambitieuse campagne ayant pour but de familiariser les salariés avec le travail à domicile, et de le mettre en pratique au quotidien. L'objectif: réduire l'affluence dans les transports en prévision des Jeux Olympiques de Tokyo, qui se dérouleront en 2020.
Le gouvernement s'est engagé à lutter contre ce présentéisme destructeur et à sensibiliser les entreprises. Les salariés japonais sont effectivement les plus présentéistes du monde, et le Japon est également le pays où le taux de burn-out est le plus important... Un employé sur cinq travaille plus de 49 heures par semaine en moyenne contre 16,4% aux États-Unis, 12,5% en Grande-Bretagne et 10,4% en France... et un Japonais sur cinq risque de mourir au travail en raison d'un surmenage. Pire: un rapport publié en 2015 a dévoilé que plus de 20% des entreprises interrogées entre décembre 2015 et janvier 2016 ont déclaré que certains de leurs employés accomplissent plus de 80 heures supplémentaires par mois - 80 heures étant le seuil officiel à partir duquel il existe un risque sérieux de mourir par surmenage. Plusieurs centaines de cas de burn-out mortels sont recensées chaque année au Japon.
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Irak: les supplices des chrétiennes esclaves de Daech (02.11.2017)

Par Inès Daif
Mis à jour le 03/11/2017 à 11h03 | Publié le 02/11/2017 à 19h03
Moins nombreuses que les yazidies, des femmes chrétiennes ont été prisonnières des djihadistes.
«Merci Dieu, je suis en vie», clame Hayat en syriaque. Libérée de trois ans de captivité et de tribulations aux mains de djihadistes de Mossoul et Tal Afar, cette jeune chrétienne d'une trentaine d'années, à la confiance meurtrie, témoigne pour la première fois. Lors de la nuit du 6 août 2014 sonnant le glas à Qaraqosh, la plus grande ville chrétienne d'Irak, de l'arrivée de Daech, Hayat et son mari n'ont pas fui comme la majorité de la population.
«Nous avons été conduites à Mossoul et, durant un marché, j'ai été vendue à une famille dont l'homme portait en permanence un gilet explosif»
Hayat
«Au bout de 18 jours, nous sommes partis avec d'autres familles dans des bus affrétés par Daech en direction d'Erbil. Je me souviens avoir été séparée du convoi», commence-t-elle. Hayat perd la trace de son mari qu'elle ne souhaite plus revoir. Elle le tient pour responsable de ses années d'enfer, n'ayant pas pris la décision de se sauver au moment opportun. «Ensuite, nous avons été conduites à Mossoul et, durant un marché, j'ai été vendue à une famille dont l'homme portait en permanence un gilet explosif», poursuit-elle encore terrorisée. Hayat a pu avoir, un temps concis, des contacts téléphoniques avec sa mère réfugiée à Erbil au Kurdistan irakien.
Elle continue en énumérant des bribes de son supplice. «J'ai été vendue deux fois à des familles à Mossoul, puis en raison de la force des combats j'ai demandé à être transférée à Ayadya,un village proche de Tal Afar, d'où j'ai pu m'échapper accompagnée de deux femmes yazidies». Les yazidis, dont la religion monothéiste proche du zoroastrisme est qualifiée par Daech de «culte sataniste» ont connu un début de génocide, et des milliers de femmes ont été systématiquement mises en esclavage. Les chrétiens «Koufars» ont eu la possibilité de fuir ou de se convertir à l'islam, ou de payer un impôt spécial. Mais des femmes chrétiennes ont été capturées et ont subi le même sort que leurs camarades d'infortune yazidies. Elles seraient plusieurs dizaines à avoir vécu l'enfer de l'État islamique.
Une parole difficile à libérer
Hayat ne livrera à ses proches aucun détail des actions infamantes qu'elle a subies. À l'instar de Dima, originaire de la même ville et qui habite actuellement à Erbil, rejetée, écartée et délaissée. Dima a été délivrée à Raqqa en octobre 2016, après avoir appartenu à plus de seize bourreaux. Ses douloureuses descriptions font état d'un djihadiste provenant d'Allemagne, «les plus sordides», ou encore d'un journaliste d'Al-Jazeera, Air al-Idlibi, ayant rejoint l'organisation en Syrie.
Pour aider à libérer la parole de ces anciennes captives de Daech, une association irakienne, Hammurabi, empruntant son nom au précepte «Le fort ne doit pas opprimer le faible», a vu le jour
Pour aider à libérer la parole de ces anciennes captives de Daech, une association irakienne, Hammurabi, empruntant son nom au précepte «Le fort ne doit pas opprimer le faible», a vu le jour. «Hayat a vécu différents mariages sous la contrainte, et comme toutes les femmes, des sévices qu'elle ne livrera pas à sa famille. Nous sommes là pour qu'elle s'ouvre loin de l'opprobre familial. Certaines chrétiennes de 80 ans ont été violées, ces femmes étaient réduites à l'état d'objets», explique Y. Yousif, en charge de l'antenne d'Erbil d'Hammurabi. Pour reconstituer chacun des parcours singuliers, l'association recoupe des informations émanant de récits de chrétiennes antérieurement libérées.
Dima a fait la rencontre fortuite de Hayat dans la barbarie de Mossoul. «J'ai été amenée par mon maître chez un émir, où j'ai subi des violences sexuelles. Il avait eu Hayat pour offrande. On a commencé à parler en assyrien et les djihadistes nous ont demandé de parler en arabe, puis nous avons été séparés», a-t-elle dit à l'association, n'osant parler publiquement. Son maître, Hussain, était issu d'un groupe composé de Tchétchènes qui ont fui la guerre de Caucase. Il a séjourné à Yarmouk (Mossoul Ouest) avant l'arrivée des combats, et était en charge de la gestion des biens annexés aux chrétiens durant le califat.
Une «âme impure»
De cette période à Mossoul, le témoignage rare de Hayat rend compte de violences psychologiques constantes, la voix monocorde. «Ton prêtre est mauvais, il a fui sans toi, et n'ai jamais venu te récupérer», assénait quotidiennement son premier bourreau. Lors des différentes attaques terroristes de Daech orchestrées en Europe, elle se remémore horrifiée ce qu'il vociférait. «C'est un exploit! Et on ira jusqu'à Rome tuer le Pape pour que le monde entier se convertisse, et qu'on forme un seul État dans le monde.»
Son calvaire a pris fin à Tall Afar avec son évasion. «Pendant trois jours, on était persuadées avec les deux femmes yazidis que l'on allait mourir, sans eau, sans nourriture. J'avais peur», confie-t-elle le regard figé. L'armée irakienne a mis fin à leur errance. «Ils ont contacté un prêtre de Qaraqosh, et maintenant je suis libre.»
Un an après sa libération, Dima, qui avait rencontré Hayat à Mossoul Ouest, n'a jamais pu s'épancher auprès de sa famille sur les ignominies subies. Pourtant acceptée les premiers jours de son retour, cette femme considérée comme une «âme impure» a été très rapidement rebutée. Aujourd'hui loin de Qaraqosh, elle demeure isolée à Erbil dans l'expectative de l'obtention d'un visa européen. Les uniques visites sont celles de l'association Hammurabi. Sans assurance de quitter le pays, et sans pouvoir expliquer les souffrances qu'elle a endurées, elle craint toujours des représailles de Daech. Après trois ans d'atrocités, Hayat, enfin libre, sait qu'elle va connaître à son tour un dur parcours.

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Inès Daif


Donald Trump veut durcir les règles d'immigration (01.11.2017)

  • Mis à jour le 01/11/2017 à 23:17 

  • Publié le 01/11/2017 à 18:33

INFOGRAPHIE - Après l'attentat de New York, le président veut remplacer le programme de diversité par un système au mérite.
Correspondant à Washington
Donald Trump tient le coupable de l'attaque au camion-bélier qui a coûté la vie à huit personnes et en a blessé douze autres mardi. Au-delà du «très malade et dérangé» Sayfullo Saipov, 29 ans, qui a délibérément lancé son pick-up sur une piste cyclable de Manhattan, c'est le système d'immigration laxiste mis en place par ses prédécesseurs qui est montré du doigt.
Originaire d'Ouzbékistan, chauffeur de taxi Uber ayant vécu en Floride et dans le New Jersey, marié et père de trois enfants, Saipov avait immigré légalement aux États-Unis en 2010 grâce à une «loterie» mise en place vingt ans plus tôt. Le programme dit des «Visas diversité» permet au département d'État de distribuer chaque année 50.000 titres de séjour dans des pays à faible taux d'émigration vers les États-Unis. En bénéficient principalement des nations africaines ou d'Asie centrale. On ne compte que quelques dizaines de milliers d'Ouzbeks sur le territoire américain.
Ce programme va certainement faire les frais de la première attaque terroriste à caractère islamiste perpétrée sous la présidence de Donald Trump - la plus meurtrière depuis le 11 septembre 2001 dans sa ville. Après avoir ordonné par tweet à la Sécurité intérieure de «renforcer le contrôle déjà extrême» des demandes de visa, le chef de la Maison-Blanche a blâmé mercredi «la loterie des démocrates» qu'il veut remplacer par «un système basé sur le mérite». Il a soutenu fin août une proposition de loi en ce sens déposée au Sénat par les républicains Tom Cotton (Arkansas) et David Perdue (Georgie). Le «Raise Act» conditionnerait l'octroi de permis de résidence au niveau d'éducation, à la pratique de l'anglais et à des compétences professionnelles «dont le pays a besoin».
Début octobre, lorsque l'Américain Stephen Paddock avait tué 58 personnes et blessé plus de 500 spectateurs d'un concert à Las Vegas, le président et les élus conservateurs avaient refusé de «politiser la tragédie» en débattant de la possession d'armes à feu ou de la qualification d'acte terroriste. Mardi, moins de trois heures après les faits, Trump a tweeté: «Nous ne devons pas laisser entrer l'EI (…) Assez!» Saipov aurait laissé une note dans le véhicule proclamant son allégeance à l'État islamique.
Pas de casier judiciaire
Pour les experts de l'antiterrorisme, l'attaque de New York ne peut être qu'un prétexte au durcissement des règles d'immigration.
Le président a repris l'accusation lancée par la droite radicale contre le sénateur de New York, Chuck Schumer, chef de la minorité démocrate, l'un des initiateurs de la loterie des visas - «encore une de ses perles», a-t-il tweeté. «Schumer contribue à importer les problèmes de l'Europe. Nous allons mettre fin à cette folie.» Le site de Steve Bannon, Breitbart News, a décrit Saipov comme «le vainqueur d'un visa Schumer». La loi avait été adoptée par une majorité bipartisane en 1990 et signée par le républicain George H. W. Bush père.
Pour les experts de l'antiterrorisme, l'attaque de New York ne peut être qu'un prétexte au durcissement des règles d'immigration. «Il est probable que Sayfullo Saipov n'est pas arrivé dans ce pays comme un extrémiste violent, estime Matthew Levitt du Washington Institute. Si les précédents sont une indication, il y a de fortes chances qu'il se soit radicalisé ici. Empêcher certains individus d'entrer aux États-Unis ne réglera pas ce problème.» L'Ouzbek n'avait pas de casier judiciaire, ne possédait pas d'armes (il a brandi des jouets en sortant de son camion), était décrit comme «amical» par ceux qui l'ont côtoyé et l'Ouzbékistan n'est pas sur la liste des pays dans le collimateur de Trump.
«Arrêtez de politiser cet attentat, faites quelque chose de concret !», s'est emporté Chuck Schumer au Sénat, pressant Trump d'annuler les coupes budgétaires prévues dans la lutte antiterroriste. Le maire de New York, Bill de Blasio, a aussi estimé que la réponse du président était «le contraire de ce qu'il faut faire: vérifier les individus, mais ne pas calomnier des races, des religions ou des nations entières».
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Donald Trump réclame la peine de mort contre l'auteur de l'attentat de New York (02.11.2017)

  • Mis à jour le 02/11/2017 à 12:33 

  • Publié le 02/11/2017 à 08:26
Inculpé pour terrorisme, Sayfullo Saipov, l'auteur présumé de l'attaque qui a fait huit morts et douze blessés mardi, a reconnu qu'il s'était inspiré de vidéos diffusées par l'État islamique et s'est déclaré «satisfait» de ses actes.
«IL DEVRAIT ÊTRE CONDAMNÉ À MORT!». Coutumier des jugements à l'emporte-pièce sur le réseau social Twitter, Donald Trump a frappé fort dans son dernier message en date. Un peu avant minuit (heure locale), le président a posté un tweet dans lequel il affirme que «le terroriste de New York était satisfait et a demandé à accrocher un drapeau de l'État islamique dans sa chambre d'hôpital. Il a tué huit personnes et a gravement blessé douze personnes. Il devrait être condamné à mort!». Une publication qui a suscité 20.000 réponses, a été partagée près de 22.000 fois et aimée par plus de 80.000 internautes (à midi heure française).
Après l'attentat de mardi, les médias américains ont très rapidement fait circuler l'identité du suspect, confirmée ensuite par la police: Sayfullo Saipov, un Ouzbek de 29 ans arrivé aux États-Unis en 2010, résident du New Jersey et travaillant comme chauffeur pour l'entreprise Uber. Sur CNN, le gouverneur de l'État de New York, Andrew Cuomo, a déclaré mercredi que ce «loup solitaire» s'était radicalisé aux États-Unis et était «lié» à l'État islamique. Lors d'une conférence de presse, Joon H. Kim, le représentant du ministère public dans le district Sud de l'État, a corroboré ces affirmations, expliquant que le suspect avait «admis qu'il s'était inspiré des vidéos de l'État islamique».
«Tuer autant de personnes qu'il le pouvait»
Inculpé pour terrorisme, l'Ouzbek est désormais formellement visé par deux chefs d'accusation: «provision de soutien matériel à une organisation terroriste étrangère» ainsi que «violence et destruction de véhicules». Dans le déclaration sous serment de l'agent spécial du FBI Amber Tyree, librement accessible sur le site du département de la Justice des États-Unis, on peut lire que l'auteur présumé de l'attaque a déclaré «se sentir satisfait de ce qu'il avait fait». Il a également demandé aux enquêteurs venus l'interroger qu'un drapeau de l'État islamique soit accroché dans sa chambre d'hôpital.
Le suspect a reconnu qu'il préparait son attaque depuis près d'un an, et qu'il avait décidé il y a deux mois d'utiliser un camion pour «tuer autant de personnes qu'il le pouvait». Son plan initial était de renverser des piétons sur la West Side Highway, puis de continuer jusqu'au pont de Brooklyn. Dans ses téléphones portables, outre des milliers d'images et des dizaines de vidéos liées à l'État islamique, les enquêteurs ont retrouvé l'historique d'une recherche sur la fête de Halloween à New York. Un élément qui laisse penser que le jour de l'attaque n'a pas été choisi au hasard.
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Un Syrien interpellé à Orly après avoir forcé des contrôles de sécurité (02.11.2017)

  • Mis à jour le 02/11/2017 à 16:00 

  • Publié le 02/11/2017 à 15:40
INFO LE FIGARO - Le forcené voulait se rendre en Syrie. Il a forcé un portique de contrôle puis ouvert une porte menant au tarmac d'Orly. Il a été interpellé alors qu'il venait de regagner un avion Tunis Air.
Un homme de 27 ans a été interpellé jeudi matin puis placé en garde à vue par la Gendarmerie des transports aériens, après avoir forcé des contrôles de sécurité, s'être retrouvé sur le tarmac de l'aéroport d'Orly, en région parisienne, puis avoir rejoint sans autorisation un avion de la compagnie Tunis Air.
Vers 7h56, il est aperçu, vêtu de noir et portant une casquette, et aussi semble-t-il un sac, en train de forcer le passage d'un portique protégé par des agents de sécurité. À 8h02, le forcené a déclenché une procédure d'alerte d'ouverture des portes après avoir réussi à déverrouiller un accès menant directement sur les pistes. La police aux Frontières a déclenché aussitôt l'alerte à 8h12 et les équipes de la Gendarmerie des transports aériens ont été mobilisées pour intercepter l'auteur de l'intrusion. Celui-ci n'aurait jamais été perdu de vue par les services de sécurité.
Deux passeports et d'un permis de conduire syriens
Dépourvu d'armes ou d'explosifs, il a été interpellé à 8h55 alors qu'il venait de rejoindre un avion de la Tunis Air, cloué au sol en raison d'avaries techniques. L'aéronef ne devait en théorie redécoller que dans l'après-midi vers Tunis.
Le suspect, qui refuse se décliner son identité, était porteur de deux passeports et d'un permis de conduire syriens. Déclarant devant les enquêteurs qu'il voulait «rejoindre la Syrie», il est inconnu des services de police et de gendarmerie et n'est pas signalisé par une fiche S. Alors que l'avion a été déplacé sur un point de stationnement pour être «décontaminé» par les artificiers et les chiens renifleurs d'explosifs, l'homme devait faire l'objet de plus amples criblages menés par des services spécialisés.
Plus tôt dans la matinée, il avait déjà tenté de forcer un poste de contrôle, dans le hall 1 de l'aéroport, en vain.


L'Ouzbékistan, foyer de l'islamisme radical (01.11.2017)

Par Pierre Avril
Mis à jour le 01/11/2017 à 19h12 | Publié le 01/11/2017 à 18h03
Le responsable de l'attaque à la voiture-bélier commis dans le centre de New York est originaire d'Ouzbékistan, un pays musulman d'Asie centrale où s'est constitué un vivier de prétendants au djihad.
Avant même que soit officiellement dévoilée l'implication de son ressortissant dans l'attentat de New York, l'Ouzbékistan a offert sa pleine coopération avec les autorités américaines. Ce pays fermé d'Asie centrale est «prêt à apporter toutes ses forces et tous ses moyens pour fournir une aide à l'enquête», a indiqué son président, Chavkat MirzioïevSelon les médias américains, l'homme de 29 ans serait bien originaire d'Ouzbékistan et s'appellerait Sayfullo Saipov. Déjà, après l'attentat de Stockholm à la voiture-bélier, en avril dernier, qui avait fait quatre morts, Tachkent avait annoncé avoir mis en garde auparavant contre la dangerosité de son auteur. Ce dernier, Rakhmat Akilov, avait été recruté par l'État islamique après avoir quitté l'Ouzbékistan et rejoint la Suède pour y déposer une demande d'asile.
Voici presque deux décennies que l'Ouzbékistan, pays musulman d'Asie centrale, s'est constitué en vivier de l'islamisme radical. Selon une évaluation de l'International Crisis Group (ICG), près de 2500 combattants ouzbeks auraient rejoint en 2015 les rangs de l'État islamique en Syrie et en Irak ainsi que ceux des talibans en Afghanistan. D'autres seraient proches des militants de la diaspora ouïgoure, persécutée par Pékin, dont certains ont participé à un attentat suicide perpétré en août 2016 contre l'ambassade chinoise au Kirghizistan. La grande majorité de ces recrues, réputées pour servir de combattants ordinaires ou de simples «martyrs», étaient issues de la vallée de la Fergana, dans l'est du pays, région frontalière avec le Kirghizistan et foyer du Mouvement islamique d'Ouzbékistan (MIO). Dans les années 2000, ce dernier tentera d'y introduire la loi islamique avant de péricliter.
L'Islam comme alternative à la vie post-soviétique
«Tous sont animés par la croyance que l'EI représente une alternative sensée à la vie post-soviétique, et il est plus facile pour Daech de recruter en Asie centrale qu'en Afghanistan ou au Pakistan», précisait Deirdre Tynan, directeur régional de l'ICG. Même si le suspect de Manhattan semble être arrivé aux États-Unis en 2010, d'autres ex-combattants ouzbeks en Syrie et en Irak - où l'EI accumule les défaites - représentent désormais une menace hors des frontières du Moyen-Orient. C'est également un ressortissant ouzbek, Abdulkadir Masharipov, qui est à l'origine de la fusillade perpétrée lors de la dernière fête de la Saint-Sylvestre contre une discothèque d'Istanbul, laquelle avait fait 39 morts.
L'ancien président et despote ouzbek Islam Karimov était accusé par les ONG de réprimer indistinctement activistes politiques et religieux. Plusieurs membres du parti Hizb ut-Tahrir, vieille formation politique islamiste issue d'une scission avec les Frères musulmans, sont actuellement sous les verrous. Son successeur, Chavkat Mirzioïev, donne pour sa part des signes d'assouplissement et d'ouverture à l'Occident susceptibles, selon certains analystes, de tarir les vocations djihadistes nourries par des ressentiments politiques. Exemple de ce dégel religieux, l'appel à la prière pourrait bientôt à nouveau retentir par haut-parleur, disposition interdite sous le règne de Karimov.

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Attentat de Manhattan : Trump ou l'audace de l'autorité (03.11.2017)

Par Lauric Henneton
Mis à jour le 03/11/2017 à 11h21 | Publié le 02/11/2017 à 17h01
TRIBUNE - L'universitaire Lauric Henneton, auteur de La fin du rêve américain (Odile Jacob, 2017) , analyse la réaction épidermique et « virile » du président américain après l'attentat, qui accentue sa rupture avec l'establishment républicain.
Jeudi matin, quelques heures après l'attaque terroriste au camion-bélier qui a fait huit morts à Manhattan, un éditorial du New York Timesdéplorait que Donald Trump profitât de l'occasion pour vitupérer au lieu de respecter le deuil et le sentiment de vulnérabilité des New-Yorkais. En cela, il diffère nettement de son prédécesseur George W. Bush (pourtant peu apprécié par le célèbre quotidien), qui, après le 11 septembre 2001, avait joué son rôle de «pasteur en chef», conduisant la nation dans l'union et le recueillement.
Au lieu de cela, Donald Trump a sauté sur Twitter pour accuser le sénateur démocrate de l'État de New York, Chuck Schumer, d'être responsable du programme d'immigration qui a permis au terroriste ouzbek d'entrer aux États-Unis. Trump dénonce le «politiquement correct» de ce programme, pourtant approuvé par un autre prédécesseur républicain, George Bush père, dans les années 1990. Trump, lui, propose d'envoyer le coupable à Guantanamo, clame qu'il mérite la peine de mort et que le système judiciaire est une vaste plaisanterie - «a joke» -, traitant au passage les terroristes d'«animaux».
Trump semble agir davantage en candidat qu'en président. En effet, il ne s'adresse pas à la nation, comme ses prédécesseurs en pareille circonstance, mais à une base électorale composée de déçus du Parti républicain
S'il est une raison pour laquelle la base de Trump apprécie le candidat, puis le président, c'est qu'il «dit les choses comme elles sont» («tells it like it is»), ne s'embarrasse pas de précautions oratoires, réagit avec ses tripes («guts») plutôt qu'avec sa raison, galvanise les émotions (notamment la peur, l'indignation et la colère) de sa base en proposant des solutions simples, sinon simplistes, et radicales: la peine de mort, Guantanamo et la fin du programme d'immigration par loterie (la fameuse carte verte).
Ce qui correspond à ce que la science politique appelle l'autoritarisme, une tendance qui définit particulièrement bien à la fois l'instinct du président et les attentes de son électorat. Trump semble agir davantage en candidat qu'en président. En effet, il ne s'adresse pas à la nation, comme ses prédécesseurs en pareille circonstance, mais à une base électorale composée de déçus du Parti républicain, de républicains «convertis», jusqu'à la nébuleuse radicale de l'alt-right, dont les manifestations dans le monde réel (et pas seulement sur les forums anonymes tels que Reddit) provoquent des incidents parfois violents, et même une victime à Charlottesville en août dernier.
Un des traits communs de cette droite radicale est la glorification de la virilité, caractérisée par le courage (notamment verbal), la force (réelle ou symbolique) et la radicalité des propositions
Toute cette mouvance, malgré des nuances et des différences parfois nettes, se reconnaît dans un discours qui tranche avec la modération et les appels à l'unité, la retenue et le pardon. Un des traits communs de cette droite radicale est la glorification de la virilité, caractérisée par le courage (notamment verbal), la force (réelle ou symbolique) et la radicalité des propositions. Les électeurs de Trump sont aussi nettement plus nombreux que la moyenne à admettre qu'un bon leader doit savoir s'affranchir des règles, donc ici des contraintes juridiques de l'État de droit.
L'ennemi est double: c'est à la fois l'ennemi de l'étranger (ici un Ouzbek, musulman, donc non chrétien), mais aussi l'ennemi de l'intérieur, le traître, associé à des valeurs féminines: «efféminé» est l'épithète qui caractérise à la fois les démocrates (et notamment Barack Obama) et les Églises qui appellent à accueillir des réfugiés, ce qui explique l'ambivalence de l'alt-right face à «la» religion.
Des sénateurs républicains comme Jeff Flake (Arizona) et Bob Corker (Tennessee), pourtant un soutien fidèle, ont publiquement pris leurs distances avec une présidence qu'ils ne peuvent plus cautionner
Pour ses détracteurs, Trump n'a pas les qualités ni le comportement attendus d'un chef d'État. La réponse de Chuck Schumer aux tweets de Trump était de remettre en cause le «leadership» du président, un avis partagé côté démocrate, bien sûr, et de plus en plus côté républicain: des sénateurs républicains comme Jeff Flake (Arizona) et Bob Corker (Tennessee), pourtant un soutien fidèle, ont publiquement pris leurs distances avec une présidence qu'ils ne peuvent plus cautionner. Pour ses partisans, la principale qualité du président est précisément de trancher avec la politique «efféminée» de ses prédécesseurs et du microcosme politico-médiatique de Washington.
Peu importe à leurs yeux que, dans les faits, le récent décret migratoire ne concerne pas l'Ouzbékistan, que le terroriste se soit radicalisé après avoir immigré, que la justice ait condamné à mort des terroristes comme Djokhar Tsarnaïev, auteur de l'attentat du marathon de Boston, et que Guantanamo pose plus de problèmes juridiques qu'il n'en résout. Ces deux Amérique ne se comprennent pas, elles n'ont pas les mêmes systèmes de valeurs. Bien entendu, l'enquête sur les rapports troubles avec la Russie met Trump et son entourage dans une position inconfortable, et ces tweets auraient pu permettre de détourner l'attention et de remettre Trump en position de force, au moins vis-à-vis de son électorat. L'ironie de la situation est qu'au lendemain du massacre de Las Vegas, il y a tout juste un mois, Trump avait déclaré qu'il était trop tôt pour politiser l'affaire.
Lauric Henneton est l'auteur de «La Fin du rêve américain?», Odile Jacob, 2017.

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Tariq Ramadan : double discours et double personnalité ? (01.11.2017)
Par Stéphane Kovacs
Mis à jour le 03/11/2017 à 11h41 | Publié le 01/11/2017 à 19h44
ENQUÊTE - Habitué aux feux médiatiques pour ses positions rigoristes de l'islam et ses provocations, le célèbre islamologue est au cœur d'une tempête, accusé de viols par plusieurs femmes. Deux ont porté plainte contre lui, d'autres seraient prêtes à le faire, tandis qu'il crie à «une campagne de calomnie».
Sous le masque du prédicateur charmeur se cache-t-il un odieux prédateur sexuel? Si certains dénoncent depuis des années son double discours sur l'islam, c'est aujourd'hui sur une double personnalité de Tariq Ramadan que l'on s'interroge: selon plusieurs témoignages, le très médiatique islamologue suisse, héros de jeunes Maghrébins des banlieues, serait aussi un violeur en série. En France, deux femmes ont déjà porté plainte pour «viol, agression sexuelle, violences et menaces de mort». Une troisième s'y préparerait. Une quatrième l'accable, depuis la Belgique. Ce qui pourrait décider d'autres victimes potentielles à se confier. «Campagne de calomnie», enclenchée par ses «ennemis de toujours», balaie l'intéressé, qui a déposé plainte pour «dénonciation calomnieuse».
Tout a commencé le vendredi 20 octobre par un post sur Facebook de l'ex-salafiste Henda Ayari. «J'ai été victime de quelque chose de très grave il y a plusieurs années, indique la quadragénaire, devenue militante féministe et laïque. Je n'ai jamais voulu donner son nom, car j'ai reçu des menaces de sa part si jamais je le balançais. Je lui ai consacré un chapitre entier de mon livre*. (…) Le fameux Zoubeyr, c'est bien Tariq Ramadan.» Malgré les «centaines de messages de menaces» reçus de fans du charismatique prédicateur, la fondatrice de l'association Libératrices» étaye ses accusations contre celui qui, dit-elle, «utilise l'islam pour assouvir ses pulsions sexuelles». Elle souligne d'abord son admiration initiale pour cet homme qu'elle voyait comme «un grand frère, un homme religieux», avec lequel elle est tout émue d'échanger sur les réseaux sociaux. Et encore davantage quand il lui donne rendez-vous dans sa chambre d'hôtel, après l'une de ses conférences, en 2012. Mais là, c'est le «cauchemar» : «il s'est jeté sur moi comme une bête sauvage, raconte-t-elle, m'a étranglée. J'étais certaine ce soir-là que si je continuais à le repousser il me tuerait.» Pour s'assurer de son silence, Tariq Ramadan n'aurait pas hésité à menacer ses enfants. «Il m'a dit que de toute façon je n'avais que ce que je méritais puisque le fait de ne pas porter le voile, que je sois habillée à l'occidentale, c'était une manière de provoquer le désir, témoigne-t-elle encore. Pour lui, soit on est voilée, soit on est violée.»
«J'étais certaine ce soir-là que si je continuais à le repousser il me tuerait.»
Henda Ayari
Un scénario similaire est décrit par une deuxième victime présumée, souffrant d'un handicap aux jambes: au Monde et au Parisien , elle raconte une agression d'une violence inouïe, remontant à 2009. Gifles au visage, claques sur les seins, coups de poing dans le ventre. Plusieurs viols d'une grande brutalité. «J'ai hurlé de douleur en criant stop!, rapporte-t-elle. Il m'a traînée par les cheveux dans toute la chambre pour m'amener dans la baignoire et m'uriner dessus.» Elle a fourni des certificats médicaux attestant de nombreuses ecchymoses. Mes Jonas Haddad, Grégoire Leclerc et Éric Morain, les avocats de ces deux plaignantes, disent avoir reçu, depuis, d'autres témoignages.
C'est sur des forums dédiés aux victimes de pervers narcissiques que plusieurs de ces femmes se sont retrouvées. En 2009, quatre victimes présumées contactent l'essayiste Caroline Fourest, auteur de Frère Tariq. «Ces femmes sont d'abord fascinées, affirme l'éditorialiste à Marianne. C'est un vrai gourou, redoutable car il sait détecter les filles fragiles. Plus elles sont jeunes, religieuses, isolées, plus il est violent.» L'essayiste présente l'une d'elles à un juge. Mais cette jeune femme se voit menacer quelques jours plus tard: «tu arrêtes tout, sinon on va te suicider dans la Seine», lui aurait asséné un inconnu dans la rue. Aujourd'hui, les jeunes femmes reprennent confiance: «Il y a des preuves, insiste Caroline Fourest. J'ai vu des SMS et des photos compromettantes. Une femme m'a dit ne pas avoir osé porter plainte pour viol, mais avoir gardé tous ses vêtements au coffre…»
Devant un tel «déferlement médiatique», les avocats de Tariq Ramadan, Mes Yassine Bouzrou et Julie Granier, lui ont «expressément demandé de ne pas s'exprimer en retour». À vrai dire, bien peu de soutiens s'aventurent à commenter ces accusations. Il y a bien cet imam de Roubaix, Abdelmonaïm Boussenna, qui dénonce la «calomnie». Ou ce docteur en psychologie clinique et psychopathologie, Fanny Bauer-Motti, qui «effectue une recherche à Oxford que le Pr Tariq Ramadan accompagne». Dans une «Lettre ouverte», cette dernière certifie ne l'avoir «jamais vu avoir des gestes ou mots déplacés, ni avec (elle) ni avec d'autres étudiantes». Quant au plus fidèle lieutenant de Ramadan, Yamin Makri, cofondateur de l'Union française des consommateurs musulmans, il a fait paraître un communiqué mettant en cause des «réseaux pro-israéliens français et étrangers». Après avoir longuement tergiversé, l'association féministe musulmane Lallab a assuré ce mercredi être «toujours aux côtés des victimes de violences, peu importe l'identité de l'accusé». Face à cette réaction, du côté des institutions musulmanes, le silence est d'autant plus assourdissant.
L'islam de France? «Ils sont tétanisés par la popularité relative que Tariq Ramadan a pu se construire, assure Mohamed Sifaoui, journaliste et écrivain. Le communautarisme, c'est cette incapacité à prendre du recul et à condamner des actes répréhensibles, dès lors qu'ils sont commis par quelqu'un du même groupe». «En 2004, l'Union des organisations islamiques de France (UOIF) a demandé à France 2 de déprogrammer mon documentaire “Mais qui est Tariq Ramadan?”, me désignant comme “hostile aux symboles de la religion musulmane”, poursuit-il. C'est donc que, pour l'UOIF, s'attaquer à Tariq Ramadan, c'est s'attaquer à un symbole de la religion!» Tout aussi embarrassée, l'université d'Oxford atteste, sans vouloir donner de précisions, que «le Pr Ramadan est professeur d'études islamiques contemporaines», et assure «ne pas être en mesure de commenter, pour le moment», «ces informations prises très au sérieux». Cette chaire, obtenue en 2009, est financée par l'émir du Qatar. Ramadan est régulièrement invité par d'autres universités en Europe, mais aussi au Maroc, au Qatar ou au Japon, et jouit d'un prestige certain parmi les étudiants musulmans européens, qui s'arrachent les enregistrements de ses cours.
Pour l'UOIF, s'attaquer à Tariq Ramadan, c'est s'attaquer à un symbole de la religion ! 
Et dire que, en 2004, le magazine Time le classait parmi les cent personnalités les plus influentes du monde! Qu'une bonne partie de la presse l'encensait, évoquant un «prince du désert» ou le «George Clooney des musulmans»… À 55 ans, le petit-fils du fondateur de la confrérie égyptienne islamiste des Frères musulmans, qui a signé des livres avec l'ancien directeur du Monde diplomatique Alain Gresch ou le sociologue Edgar Morin, tombe de son piédestal. «Islamologue?, raille Mohamed Sifaoui. Mais il a fait sa thèse sur son grand-père et a passé deux ans au Caire pour apprendre l'arabe! Je le mets au défi de produire un diplôme de théologie émanant d'une université reconnue.» Pour Esther Benbassa, sénatrice de Paris, «on en a fait un intellectuel mais c'est au mieux un prédicateur dans le style des évangélistes américains, avec un discours taillé sur mesure». Directrice d'études à l'École pratique des hautes études, elle l'a rencontré plusieurs fois, et se souvient notamment d'un séminaire au Forum social européen, en 2003: «C'était tout juste si on ne lui arrachait pas ses vêtements, comme une rock star!»
Dans un documentaire audio de Caroline Fourest, le politologue Antoine Sfeir, directeur des Cahiers de l'Orient, admet: «J'ai cru en Tariq Ramadan. Plus je l'ai accompagné, plus je me suis rendu compte de son double langage. Tous ceux qui n'étaient pas d'accord avec lui devenaient islamophobes.»S'il bénéficie d'une forte popularité dans les milieux musulmans conservateurs, il est très contesté dans les sphères laïques, qui voient en lui le tenant d'un islam politique. Après les attentats de novembre 2015, Ramadan s'était distingué par un tweet provocateur: «Je ne suis ni Charlie, ni Paris», rappelle Alexandre Devecchio, journaliste au FigaroVox, dans Les Nouveaux Enfants du siècle. «La France est une culture maintenant musulmane, proclamait-il en février 2016 lors d'une rencontre de l'UOIF. La langue française est une langue de l'islam. Vous avez la capacité culturelle de faire que la culture française soit considérée comme une culture musulmane parmi les cultures musulmanes.»
«Il suffisait qu'il fasse le beau pour faire oublier la dangerosité de ce qu'il pense»
Mohamed Sifaoui, journaliste
Avec sa courte barbe grisonnante, ses tenues soignées et son regard enjôleur, «il suffisait qu'il fasse le beau pour faire oublier la dangerosité de ce qu'il pense», observe Mohamed Sifaoui. «Un homme qui donne des conférences devant un public de femmes et d'hommes séparés, cela devrait pourtant interpeller!, lance-t-il. Mais d'un sourire il se faisait pardonner son moratoire sur les châtiments corporels ou ses dérives homophobes.» En 2005, Ramadan crée effectivement la polémique en appelant à un «moratoire sur l'application de la charia dans le monde musulman». Dans son livre Les Grands Péchés, ce père de quatre enfants, marié depuis plus de trente ans à une Bretonne convertie, conseille aux musulmans d'éviter les piscines mixtes, afin de ne pas avoir à regarder les femmes en bikini… Mais que va-t-on retenir de l'affaire Ramadan?, s'inquiète Mohamed Sifaoui. «Que le pire des musulmans, représentant Daech ou al-Qaida, est un égorgeur et que celui qui se voulait le plus modéré, le plus érudit, le plus brillant, le mieux intégré, ne serait en définitive qu'un vulgaire délinquant sexuel? Quelle que soit l'issue judiciaire, Ramadan est déjà condamné moralement par tous ceux qu'il a dupés».
* J'ai choisi d'être libre , Flammarion, 2016

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L'affaire Ramadan, révélatrice du «nouvel» antisémitisme (31.10.2017)

Par Barbara Lefebvre
Publié le 31/10/2017 à 15h46
FIGAROVOX/ANALYSE - Les accusations de viol visant Tariq Ramadan ont déclenché un déferlement de réactions antisémites de ses fans, notamment contre ses victimes présumées. Le décryptage de Barbara Lefebvre.

Barbara Lefebvre est enseignante. Elle a contribué à l'ouvrage collectif Autopsie d'un déni d'antisémitisme. Autour du procès fait à Georges Bensoussan, L'Artilleur, 2017.

A ce stade de la procédure judiciaire, il est essentiel de respecter la présomption d'innocence. Tariq Ramadan est accusé par plusieurs femmes d'actes délictueux voire criminels, puisque le viol est un crime relevant d'une cour d'assises. Les faits sont graves et méritent mieux que des tweets délateurs comme on en a connus en France dans le sillage de l'affaire Weinstein. En l'occurrence quand une plainte est déposée par une victime, c'est qu'un conseil lui a assuré que les éléments avancés peuvent suffire à solliciter la justice pour faire valoir ses droits et demander réparation. Les pièces sont entre les mains des juges, ils se prononceront et n'ont pas besoin de péroraisons médiatiques.
En revanche, il y a dans cette affaire un arrière-plan qui mérite d'être commenté avec plus de vigueur. Seul le Monde, à cette heure, en a fait état de façon circonstanciée. C'est le déferlement antisémite des fans de Tariq Ramadan contre les victimes, en particulier Henda Ayari, la première à s'être courageusement exposée. Les réseaux sociaux libèrent la parole. En effet. En lisant les tweets et les posts Facebook des défenseurs du gourou frériste suisse, j'ai pensé à la Libre Parole, le principal quotidien antisémite français entre 1892 et 1924. Je n'aime pourtant pas comparer l'antisémitisme musulman avec celui de l'Europe des années 1890-1930. Il a des singularités qui puisent dans la théologie, l'histoire politique et culturelle pluriséculaire du monde arabo-musulman. Il mérite qu'on le regarde en face, qu'on l'étudie pour ce qu'il est au lieu de le réduire à un avatar de l'antisémitisme d'avant guerre.
La judéophobie est un élément de l'inconscient collectif musulman, un marqueur culturel identitaire, comme elle le fut dans la France du XIXè et du début du XXè sicèle. Mais l'humanité est bien faite: il existe des musulmans pratiquants ou non, croyants ou non, qui ont su déraciner de leurs cœurs et leurs esprits cet antisémitisme primaire qui gangrène les sociétés musulmanes. Les hommes sont pourvus d'un cerveau qui peut se déprendre de lui-même, par l'exercice de la raison, par l'effort de penser qui arrache les ferments d'une haine transmise par l'éducation familiale, institutionnelle ou populaire. La famille Merah en est un exemple: élevé par des parents antisémites obsessionnels, Abdelghani a su s'extraire de ce magma de haine où se complaisaient Abdelkader, Souad et Mohamed. On peut donc parler d'antisémitisme musulman sans viser tous les musulmans, comme on parlait de l'antijudaïsme chrétien sans oublier les chrétiens amis des juifs. L'antisémitisme est un phénomène qui a une réalité historique, sociale, culturelle. Un individu croit qu'en accusant les juifs de tous les maux de la terre ou de tous ses maux à lui, il trouve la réponse à ses problèmes, ses doutes, ses interrogations. Mais il n'a pas choisi le sujet juif au hasard, il a baigné dans une culture de préjugés qui a mis les juifs à cette place d'accusés éternels. Il faut être aveugle et sourd pour ne pas voir combien l'animosité antijuive irrigue les sociétés arabes contemporaines. Qu'on y parle alternativement «des juifs» ou «des sionistes», cela ne fait aucune différence. Mais la bien-pensance qui règne en France oblige à dire que seuls les islamistes sont antisémites, que l'antisionisme n'a rien à voir avec l'antisémitisme, que c'est l'antisémitisme occidental qui a été importé dans le monde arabe, et même depuis peu que les actes antisémites sont le fait de psychotiques. Négation de l'histoire. Aveuglement fatal.
Pendant ce temps les tweets se suivent, suintants de haine et de violence crue : ceux de Medhi Meklat hier, ceux des adeptes de Tariq Ramadan aujourd'hui.
De même que les historiens travaillent sur les commentaires des souscripteurs du Monument Henry, ils pourront un jour analyser les commentaires antisémites violents des défenseurs de Tariq Ramadan pour comprendre ce que fut l'imprégnation antisémite au sein d'une part de l'islam contemporain. Petit rappel historique d'abord: le Monument Henry concerne une levée de fonds organisée par la Libre Parole en décembre 1898 pour payer les frais de procédure de la veuve du lieutenant-colonel Henry, celui qui avait fabriqué les preuves pour accuser Dreyfus. Les 25 000 souscripteurs du Monument Henry étaient plus fiers que nos actuels tweeters intempestifs, à l'orthographe souvent désespérante: eux signaient de leur nom et pas d'un pseudonyme. Des historiens en ont même établi une sociologie, qui est finalement celle de l'antisémitisme français de l'époque. Un grand nombre d'entre eux ajoutèrent à leurs dons (131 000 francs au total!) des commentaires personnels qui révélaient l'étendue de l'antisémitisme populaire, son enracinement culturel.
De la même façon, avec des contours qui lui sont singuliers, l'antisémitisme est un point de convergence chez de nombreux musulmans qui vivent dans notre pays et cherchent à exprimer leurs rancœurs, leurs frustrations permanentes alimentées à la source d'une victimisation indéfiniment réactivée. Enquêtes et faits «divers» n'ont cessé de le démontrer. Cela grince aux oreilles de certains mais il faut le répéter, ce sont des faits, pas des élucubrations: en France depuis 2003 avec l'assassinat de Sébastien Sellam aux cris de «j'ai tué un juif, j'irai au paradis» jusqu'à Sarah Halimi en avril dernier battue à mort et défenestrée aux cris d'Allah akbar, les Français juifs qui ont été tués l'ont été uniquement parce qu'ils étaient juifs. Tous eurent face à eux des meurtriers se réclamant à des degrés divers de l'islam, certains invoquant la Palestine, d'autres Allah. Ce point aveugle de l'antisémitisme arabo-musulman, si on en dénonce l'imprégnation culturelle, peut vous valoir un procès dans la France d'aujourd'hui. Pendant ce temps les tweets se suivent, suintants de haine et de violence crue: ceux de Medhi Meklat hier, ceux des adeptes de Tariq Ramadan aujourd'hui. L'antisémitisme est un baromètre social. Beaucoup de Français non juifs ne sont apparemment toujours pas assez connaisseurs de l'histoire pour le mesurer.
Henda Ayari est ainsi à plusieurs reprises traitée de « pute » payée par « des juifs / sionistes » pour salir l'honneur de Tariq Ramadan.
Nous en sommes là. Il faudrait prendre le temps de citer des commentaires de souscripteurs du monument Henry pour les mettre en regard des ignominies qu'on lit au sujet des accusatrices de Ramadan. Le fond de haine est semblable, les identifiants sémantiques ont changé. D'une part ils se sont appauvris car le niveau argumentatif et lexical des auteurs de tweets est d'un niveau consternant, d'autre part l'obsession antisémite est désormais incarnée par le vocable antisioniste. Le complot sioniste imprègne chacun de ces tweets, cette obsession prend de telles proportions qu'on pourrait parler de pathologie collective. La croyance en un complot juif chez beaucoup d'esprits du monde musulman n'a pas attendu les écrits antijuifs de Sayid Qutb ou que Les Protocoles des Sages de Sion soient un best-seller dans le monde arabe. Le Coran médinois et les hadiths n'ont de cesse de présenter les juifs comme des menteurs et des comploteurs visant à atteindre spirituellement voire physiquement le prophète de l'islam. L'extermination de la tribu juive de l'oasis de Khaybar en 628, premier acte de guerre de Mohamed et ses troupes, est la réponse au prétendu complot juif... Le complotisme est complété dans les tweets concernés par les clichés rebattus sur les mœurs dissolues des hommes juifs lubriques, et de femmes juives à la cuisse légère. Henda Ayari est ainsi à plusieurs reprises traitée de «pute» payée par «des juifs / sionistes» pour salir l'honneur de Tariq Ramadan.
Ce volet de l'affaire Ramadan mériterait à tout le moins une réaction de l'intéressé. Pour l'instant, il se dit victime «d'une campagne de calomnie qui fédère assez limpidement [ses] ennemis de toujours» (post Facebook du 28 octobre) et adresse ses remerciements à ceux qui lui ont manifesté «soutien et affection». Peut-être n'a-t-il pas encore pris le temps de lire en détail tous les messages de «soutien» pour en mesurer la teneur? Peut-être n'a-t-il rien à dire au sujet de la dimension argumentative antijuive que ses soutiens ont choisie pour le défendre? Qui ne dit mot, consent, monsieur Ramadan.

Ce que révèle le discours de Tariq Ramadan sur l'excision (23.06.2017)

Par Alexandre Devecchio
Mis à jour le 26/06/2017 à 15h12 | Publié le 23/06/2017 à 20h19
FIGAROVOX/ENTRETIEN - «L'excision fait partie de nos traditions», a déclaré Tariq Ramadan, appelant à une discussion interne à «la communauté musulmane». Caroline Valentin décrypte la rhétorique sécessionniste du prédicateur.


Caroline Valentin est coauteur d' Une France soumise, Les voix du refus (éd. Albin Michel, 2017).

FIGAROVOX. - Aux États-Unis, l'imam Shaker Elsayed du centre islamique de Falls Church, près de Washington DC, a recommandé au début du mois de juin de pratiquer l'excision pour éviter «l'hypersexualité» chez les femmes, avant de se rétracter devant le tollé suscité. En France, Tariq Ramadan est venu à son secours dans une vidéo publiée sur internet. «C'est controversé, mais il faut en discuter. Nous ne pouvons pas nier le fait que [l'excision] fait partie de nos traditions», a-t-il déclaré dans la vidéo. Et de poursuivre: «Il ne faut pas exposer un de nos leaders qui a servi la communauté pendant plus de trente ans. Il faut nous lever pour défendre nos opinions, et avant de réagir de manière précipitée sur quelconque sujet, nous devons avoir une discussion interne. (...)». Que cela vous inspire-t-il?
Le message de Tariq Ramadan, c'est avant tout celui d'une injonction à la solidarité communautaire, à la soumission au groupe.
Caroline VALENTIN. - Qu'a dit M. Ramadan dans cette vidéo? Que l'excision et les mutilations génitales font partie «des traditions» de la communauté musulmane. Que ces mutilations sont illégales «comme elles sont illégales aux États-Unis» - M. Ramadan s'adresse alors aux musulmans américains qui se sont insurgés contre le prêche de l'iman Elsayed -, c'est être «infidèle à la tradition islamique».. Que ces musulmans qui ont demandé le renvoi de l'imam Elsayed l'ont fait par peur d'être stigmatisés par les non musulmans, non par conviction. Et ces non musulmans, dit Monsieur Ramadan, «on sait qui ils sont, on sait ce qu'ils veulent faire, on sait la manière dont ils veulent faire de l'islam un problème non seulement aux USA mais dans le monde entier». Ce sont des «racistes», des «islamophobes», et vous, musulmans américains qui critiquez l'imam Elsayed, vous faites le jeu de nos ennemis et vous n'êtes pas des «musulmans dignes». Enfin, que la question de la légitimité des mutilations génitales mérite d'être discutée, mais discutée «en interne», au sein de la communauté musulmane, sans influence ni a fortiori injonction du «contexte», des «racistes», des «islamophobes», des autres en somme qui «ont un agenda politique»; ce n'est au demeurant pas vraiment un débat impliquant tous les musulmans que prône M. Ramadan puisque précisément, il reproche aux musulmans américains d'avoir pris l'initiative de contester les propos de l'imam Elsayed et donc d'être entrés dans le débat ; non, c'est un débat qui doit avoir lieu entre les docteurs de la foi et les intellectuels, les savants en somme, avec éventuellement, et si besoin était, des questions à des médecins musulmans. Il sera possible de soulever des arguments pendant ce débat mais en l'occurrence, in fine, ce sont les docteurs de la foi qui doivent déterminer si, du point de vue de l'islam, l'excision doit être considérée comme condamnable … ou acceptable.
Non pas que M. Ramadan soit personnellement en faveur de l'excision. À y regarder de plus près, il indique même qu'il ne l'est pas, mais sans trop insister sur le point, en utilisant une formulation floue, une expression faible. Aucune indignation, rien de la véhémence que l'on aurait pu espérer s'agissant de pratiques internationalement reconnues comme des mutilations sauvages et des sévices corporels pénalement répréhensibles dans tout État de droit. Il aurait pu être en faveur de l'excision mais il se trouve qu'il est contre; on ne saura toutefois pas vraiment pourquoi. Car là n'est pas le cœur du message de M. Ramadan. Son message, c'est avant tout celui d'une injonction à la solidarité communautaire, à la soumission au groupe, d'autant plus impérative, dit le «savant» Ramadan à ses «frères» et «sœurs», qu'il y a conflit entre l'islam et l'occident. L'occident et les occidentaux, l'ouest, les «sionistes» pour reprendre une terminologie que l'on retrouve dans les commentaires des sites communautaristes musulmans et sous la vidéo de M. Ramadan sur Facebook. L'occident qui veut la perte de l'islam. Vous vivez en occident mais l'occident vous déteste, sachez-le. Chaque occidental, tous ceux qui vous entourent là où vous vivez, sont des racistes et des islamophobes. Chaque occidental tient chaque musulman pour son ennemi personnel. Et quand l'occidental critique les paroles de l'imam, c'est vous qu'il critique, c'est vous qu'il agresse, c'est vous qu'il entend détruire. Dès lors, vous, «frères» et «sœurs» musulmans américains (mais le message s'adresse vraisemblablement à tous les musulmans vivant dans des pays occidentaux), vous devez être conscients de ceci: votre devoir, c'est de soutenir votre communauté. Même si cela passe par accepter des pratiques, des diktats qui heurtent profondément votre sensibilité et votre éthique personnelle. Vous êtes avec nous ou contre nous, votre devoir est d'être avec nous, et si pour y parvenir, vous devez vous taire, eh bien, taisez-vous.
«Il ne faut pas laisser les autres décider pour nous quelles sont nos priorités. Nous devons dire avec dignité et confiance: c'est à nous de décider, pas aux islamophobes ni aux racistes», explique Ramadan dans sa vidéo. Encore une fois toute critique de l'islam est assimilé au racisme ou à l'islamophobie…
Exactement. Sauf que les critiques qui se sont élevées contre l'imam Elsayed ne sont pas une critique de l'islam. Ces critiques ont d'abord été formulées par des Américains musulmans, et par-dessus le marché par des musulmans fervents: il s'agit de fidèles fréquentant la mosquée de l'imam en question. Mais M. Ramadan opère un glissement sémantique tout à fait intentionnel. Si l'on attaque les paroles d'un imam, on attaque l'islam. Si cette critique vient de musulmans, elle fait le jeu de vos ennemis donc elle vise l'islam. Donc elle vise tous les musulmans. Donc elle est raciste ou elle fait le jeu des racistes. Ou plutôt des islamophobes, c'est-à-dire les racistes envers l'islam et les musulmans. C'est là qu'on voit toute la perversité du concept d'islamophobie créé par les têtes pensantes de l'islam politique. L'islamophobie n'est rien d'autre qu'une arme, un instrument de conquête. L'islamophobie est une mystification qui vise à réduire au silence tous ceux qui voudraient voir progresser l'islam vers un islam éclairé, un islam réformé, une religion de paix et d'amour qui deviendrait alors insusceptible d'être invoqué par des ennemis de l'occident pour justifier le djihad. L'islamophobie, c'est le rétablissement du délit de blasphème. Et nous, nous nous laissons faire: ce concept est repris par des responsables politiques, par des organisations internationales, par des intellectuels occidentaux. Ceux-là ont-ils oublié ce que nous a coûté la répression du blasphème en France avant son abrogation, sous l'influence des Lumières, dans le Code pénal de 1791? Ont-ils oublié cette histoire de feu et de sang qui nous a permis de comprendre que réprimer le blasphème, c'est rester dans l'obscurantisme et dans la haine de l'autre? Ont-ils perdu de vue que là où le blasphème est encore réprimé, les pays musulmans en grande majorité, il est souvent utilisé par un islam majoritaire pour persécuter les minorités religieuses, par exemple au Pakistan avec les minorités chrétiennes?
L'islamophobie est une mystification qui vise à réduire au silence tous ceux qui voudraient voir progresser l'islam vers un islam éclairé, un islam réformé, une religion de paix.
Le discours de M. Ramadan est tragique. Il est tragique pour nous en tant que nations occidentales, il est tragique pour les musulmans. Tragique pour la cohésion nationale car c'est un discours destiné à alimenter la peur de l'autre, le repli communautaire, c'est un discours défensif, sécessionniste et in fine agressif. Tragique pour les musulmans car il leur commande de barrer la route à toute évolution hors de l'obscurantisme religieux où la résurgence fondamentalisme du XXème siècle les replonge petit à petit. Il les prive de tous les acquis humanistes des Lumières, en termes de liberté, d'égalité, d'émancipation, de respect de la dignité humaine. Car si l'on suit le raisonnement de M. Ramadan, c'est très simple: tout musulman doit s'envisager avant tout comme un membre de la communauté des musulmans, et en tant que membre de cette communauté, il doit préférer la règle de l'islam aux droits et libertés fondamentales que lui garantit la constitution nationale. Concernant les mutilations sexuelles féminines, le bon musulman devra s'en remettre à la décision des savants de l'islam. Décident-ils que cette pratique est obligatoire, alors, si l'on suit la logique de M. Ramadan, les bons musulmans devront s'y soumettre et y soumettre leurs enfants. Ils auront le devoir de violer sciemment une loi nationale destinée à les protéger contre des sévices corporels épouvantables pour se montrer «dignes d'être musulman», pour reprendre les termes de M. Ramadan. Or les savants de l'islam auxquels fait référence M. Ramadan ont déjà une position sur cette question: ils les considèrent, selon les différents courants de l'islam sunnite, soit comme honorifique, soit comme recommandée, soit comme obligatoire …
L'injonction à la solidarité communautaire quel que soit son prix se retrouve dans l'enthousiasme manifesté par Houria Bouteldja, dans son livre Les Blancs, les juifs et nous, devant la réaction de cette femme noire qui expliquait qu'elle préférait ne pas porter plainte après avoir été violée par un homme noir car elle ne pouvait pas «supporter de voir un homme noir en prison». Pour reprendre le commentaire de Jack Dion, «un Blanc qui viole une Noire, c'est un crime raciste. Un Noir qui viole une Noire, c'est une affaire de famille». Ces discours sécessionnistes, de peur et de repli, sont remarquablement efficaces pour bien fédérer un groupe ; et surtout pour bien le fédérer derrière celui qui tente de leur insinuer cette peur. Car tel est l'objectif de M. Ramadan: fédérer une communauté musulmane qui aujourd'hui ne l'est pas, qui est éclatée en sous-communautés selon (notamment) les pays d'origine des fidèles, et la fédérer autour d'un projet politique fondamentaliste qui doit non seulement la conduire à faire prévaloir la Charia sur les règles du pays où ces musulmans vivent mais à le faire dans une démarche défensive et donc en définitive agressive. C'est la démarche typique de l'islam politique des Frères Musulmans qui, pour reprendre l'expression de l'ex-Frère Farid Abdelkrim, prétend servir Dieu et les hommes mais entend surtout «se servir de Dieu et se servir des hommes». Et ne nous y trompons pas, cette stratégie, qui vise à ce que chaque musulman considère chaque non musulman comme un ennemi personnel, a déjà commencé à porter des fruits et risque fort, sur le temps long, d'être redoutablement efficace et délétère.
«Nous ne pouvons pas nier le fait que [l'excision] fait partie de nos traditions». En arrière-plan de cette polémique se pose la question de la compatibilité de l'islam avec les valeurs et le mode de vie occidentale?
Pour être tout à fait précis, l'imam Elsayed a indiqué qu'était recommandée la circoncision des filles qui ne consisterait qu'à enlever «la pointe de la partie sexuelle sensible du clitoris» et non pas le clitoris en entier. M. Ramadan apporte la même précision: il indique en effet que certains docteurs de la foi - car effectivement, l'imam Elsayed reprend une position doctrinale - recommandent dans la tradition musulmane que l'excision ne recouvre pas les pratiques mutilantes allant jusqu'à l'infibulation (suture des grandes et petites lèvres) qui sont pratiquées dans les pays d'Afrique. Toutefois, l'imam Elsayed précise que cette «circoncision» ne doit avoir pour objectif que d'empêcher «l'hypersexualisation» de la femme, sans toutefois lui ôter son plaisir sexuel. Si l'imam Elsayed met sur le même plan circoncisions masculines et féminines, il admet néanmoins que, contrairement à la circoncision masculine, la «circoncision féminine» a bien vocation à influencer la sexualité de la femme. Or si elle influe sur sa sexualité, c'est qu'elle est mutilante. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle elle est fermement condamnée, quel que soit son degré, y compris au stade de l'ablation partielle ou totale du clitoris ou du prépuce entourant le clitoris, par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et est sévèrement réprimée dans tous les pays occidentaux et dans un nombre croissant de pays non occidentaux. Malgré cela, M. Ramadan, le savant, le philosophe qui a fait sa thèse sur Nietzsche et étudié Kant, estime qu'il faut «discuter du point en interne». Voilà aussi toute l'habileté d'un certain discours fondamentaliste musulman, rodé à marginalement revisiter et habiller de relativisme les préceptes et pratiques les plus rigoristes de l'islam pour ne pas trop choquer l'opinion occidentale majoritaire (non musulmane): on ne dit pas que l'excision c'est bien, mais on suggère qu'il serait possible, voire opportun, de débattre de la question et d'en accepter à tout le moins les formes les moins extrêmes ; et ce alors même qu'il s'agit d'un délit pénal! C'est un peu comme si l'on prétendait débattre du point de savoir si arracher un œil à quelqu'un pourrait, dans certaines circonstances, être acceptable, aujourd'hui et dans une société occidentale avancée, au motif que cela ferait partie d'une tradition immémoriale sur un continent dont sont originaires certains membres de la société. Ajoutons que l'imam Elsayed précise également que dans les pays musulmans où cette circoncision n'est plus réalisée, il existerait des problèmes d'hypersexualisation de la femme. Pour le dire plus simplement, pour l'imam, la femme musulmane - et toutes les autres aussi bien sûr - non excisée une nymphomane en puissance.
Vous êtes les bienvenus, sans que cela implique d'abandonner la religion qui est la vôtre, dès lors bien sûr que vous la tenez pour un message de paix et d'amour.
Quelle est la position de l'occident dans tout cela? M. Ramadan a un point, et un seul. Oui, effectivement, l'occident porte des valeurs qui s'opposent frontalement à celles des fondamentalistes musulmans. Mais l'occident en porte une autre, qui domine toutes les autres: celle du rejet total et absolu de l'essentialisation. Pour le dire plus simplement, l'occident est sans aucun doute en conflit avec le fondamentalisme musulman qui veut qu'un individu ne soit pas libre mais soumis, à Dieu, à l'islam, à la communauté. Qui veut que la femme ne soit pas considérée comme l'égale de l'homme. Qui estime que le non musulman est un mécréant qui doit être combattu, quel qu'il soit, même celui qui vous a tendu la main, qui vous a donné son amitié, son estime, un travail. Qui prévoit des peines de lapidation pour les femmes adultères, qui en arrive à enjoindre la femme victime de viol d'épouser son violeur pour éviter le déshonneur d'arriver vierge au mariage. Qui doit encore réfléchir au point de savoir si les mutilations sexuelles féminines n'auraient pas en définitive quelques inconvénients. Mais l'occident ne considère pas les musulmans comme ses ennemis. Dans les pays occidentaux où certains d'entre eux se sont installés, ils jouissent des mêmes droits et libertés que tous leurs concitoyens. Des politiques de lutte contre les discriminations sont mises en œuvre, les manifestations de racisme sont non seulement sévèrement réprimées mais déclenchent de surcroît une opprobre publique systématique. M. Ramadan, dont l'audience, la notoriété et l'influence dans les pays musulmans est négligeable, ne s'adresse d'ailleurs qu'aux musulmans vivant en occident et, il faut bien le dire, avec un certain succès. Or à ces derniers, nous devons le dire: méfiez-vous du chant de la sirène Ramadan. M. Ramadan n'est pas votre ami. Vos amis, ce sont les gens qui sont autour de vous, les occidentaux. Ce sont eux qui vous ont accueillis, nourris, soignés, éduqués avec autant de soin qu'on a pu le faire avec n'importe lequel de vos concitoyens. Ce sont eux qui sont ou seront vos amis, vos amours, vos clients, vos employeurs, vos médecins, vos enseignants. C'est eux, ce n'est pas Frère Tariq et ce n'est pas les pays musulmans que vous avez quitté car précisément, ils n'ont pas été capables de vous donner ce que l'occident vous a fourni. Vous êtes les bienvenus, sans que cela implique d'abandonner la religion qui est la vôtre, dès lors bien sûr que vous la tenez pour un message de paix et d'amour et que vous la pratiquez dans le respect de la religion - ou de l'absence de religion - des autres.
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Accusations de viol: Tariq Ramadan dénonce «une campagne de calomnie» (29.10.2017)

Par Le figaro.fr
Mis à jour le 30/10/2017 à 11h29 | Publié le 29/10/2017 à 21h41
VIDÉO - L'islamologue a annoncé sur sa page Facebook qu'il avait porté plainte pour «dénonciation calomnieuse» après que deux femmes ont déposé plainte contre lui.
Visé par deux récentes plaintes pour viol, Tariq Ramadan a réagi pour la première fois, samedi, en publiant, sur sa page Facebook, un message dénonçant une «campagne de calomnie» de la part de ses «ennemies de toujours». L'islamologue et théologien suisse, visé depuis lundi par une enquête à Paris pour «viol, agression sexuelle, violences et menaces de mort», s'exprimait au lendemain de la révélation d'une nouvelle plainte, déposée à Paris jeudi et qui dénonce des faits similaires.
Selon les quotidiens Le Mondeet Le Parisien , le récit de cette femme, qui fournit des certificats médicaux à l'appui, fait état de «scènes de violence sexuelle d'une grande brutalité». Elles se seraient déroulées dans un grand hôtel de Lyon en octobre 2009. Son témoignage succède à celui d'une ancienne salafiste devenue militante féministe et laïque: Henda Ayari, 40 ans, a publié ses accusations sur sa page Facebook le 20 octobre, en plein débat autour du harcèlement sexuel dans la société. Elle a été entendue mardi par les enquêteurs sur ces faits, qui auraient eu lieu en 2012 à Paris.
«Serein et déterminé»
Alors que son avocat a annoncé avoir porté plainte lundi pour «dénonciation calomnieuse», Tariq Ramadan affirme qu'une «nouvelle plainte sera déposée dans les prochains jours puisque mes adversaires ont enclenché la machine à mensonges». «Je suis depuis plusieurs jours la cible d'une campagne de calomnie qui fédère assez limpidement mes ennemis de toujours», écrit ce professeur d'études islamiques contemporaines à l'université d'Oxford (Grande-Bretagne). «Il est triste de voir nos adversaires réduits à soutenir l'imposture et la tromperie érigées en vertu», poursuit-il avant de conclure: «Le droit doit maintenant parler, mon avocat est en charge de ce dossier, nous nous attendons à un long et âpre combat. Je suis serein et déterminé».
Tariq Ramadan, 55 ans, petit-fils du fondateur de la confrérie égyptienne islamiste des Frères musulmans, bénéficie d'une forte popularité dans les milieux musulmans conservateurs. Il est aussi très contesté, notamment dans les sphères laïques, qui voient en lui le tenant d'un islam politique. La journaliste et essayiste Caroline Fourest affirme avoir été alertée par quatre victimes présumées en 2009.
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Pyramides : 4500 ans de théories et de mystères (02.11.2017)
Par Eric Biétry-Rivierre
Mis à jour le 03/11/2017 à 12h16 | Publié le 02/11/2017 à 20h05
EN IMAGES - De nouvelles hypothèses pourraient impacter les théories établies, relatives aussi bien à l'érection des monuments qu'à leur vocation symbolique.
Marques de puissance et, plus encore, selon Chateaubriand, «portes éternelles» ouvrant au monde divin, les pyramides d'Égypte cesseront-elles un jour de fasciner? Premières des Sept Merveilles du monde depuis Hérodote et Callimaque, elles étaient pour Philon de Byzance, au IVe siècle de notre ère, «des montagnes construites sur des montagnes» et la pyramide de Kheops est d'ailleurs la seule qui subsiste encore.
Au Moyen Âge, comme on le voit dans les mosaïques de la basilique San Marco à Venise, on pensait qu'elles devaient être des greniers à blé
Au Moyen Âge, comme on le voit dans les mosaïques de la basilique San Marco à Venise, on pensait qu'elles devaient être des greniers à blé. Impression - fausse celle-là - mais étayée par le fait que le mot grec pyramisdésigne à l'origine un gâteau de blé à forme de monticule. Il faut attendre les XVIe et XVIIe siècles pour que leur fonction funéraire soit à nouveau admise. De fait, toutes sont des tombeaux. Ceux de rois ou de reines ayant vécu de la IIIe dynastie (- 2600) à la XVIIe (- 1540), puis de la XXVe éthiopienne (- 750) à celles ayant régné sur le Soudan septentrional jusqu'au IVe siècle de notre ère.
La plus ancienne à être plus qu'un amas de terre et de briques crues ou un mastaba aristocratique est à degrés. Elle a été inaugurée à Saqqarah pour Djoser, et le célèbre architecte Imhotep a vraisemblablement piloté sa construction. Il faut aller à une cinquantaine de kilomètres au sud, à Meïdoum, pour rencontrer, pour la première fois, des côtés en pente, préludes à ceux de Gizeh. De la pyramide de Kheops, qui s'élevait à environ 147 m - neuf manquent aujourd'hui - sur une base de plus de quatre hectares, on sait que ses faces sont orientées presque exactement vers les quatre points cardinaux. Que l'entrée historique se trouve au nord, à 16 m du sol. Que celle visible un peu plus bas est sans doute médiévale, percée par des pilleurs.
Vue aérienne des pyramides de Gizeh. Dans l'ordre, la pyramide de Khéops (dans laquelle vient d'être découverte la gigantesque cavité), la pyramide de Képhren, la pyramide de Mykérinos et les pyramides des reines. - Crédits photo : ScanPyramids mission
Un mixte de techniques externes
C'est de nos jours celle que les visiteurs privilégiés empruntent. Que le beau calcaire du revêtement, maintenant presque disparu, provenait des carrières de Tourah. La théorie dominante quant à sa construction est celle d'un mixte de techniques externes, par rampes, et internes, par jeux de contrepoids. Chambre du Roi, chambre de la Reine, Grande Galerie, couloirs, conduits de ventilation, chambre souterraine: ces volumes, sans décor et vides depuis des siècles, sont bien connus. En existe-t-il d'autres qu'on n'aurait pas encore découverts dans l'énorme masse? Peut-être, si l'on en croit ceux qui s'interrogent sur la présence d'une rangée d'énormes chevrons de soutènement au milieu de la face nord.
Elle leur semble incongrue avant l'étroit couloir descendant, à partir de l'entrée principale. Serait-ce le moignon d'un circuit ascendant? Le comportement thermique de la zone n'est pas homogène, avait constaté ScanPyramids en 2016.
Ces nouvelles hypothèses pourraient, par effet de domino, impacter les théories établies, relatives aussi bien à l'érection du monument qu'à sa vocation symbolique. Elles alimentent en tout cas le vieux et merveilleux mystère. Cela d'autant qu'une Égypte à la fréquentation touristique dramatiquement en berne depuis le printemps arabe n'hésite pas à mettre en scène le moindre froncement de sourcils émis par les scientifiques.

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Une mystérieuse cavité découverte au cœur de la grande pyramide de Gizeh (02.11.2017)

  • Mis à jour le 02/11/2017 à 18:39 

  • Publié le 02/11/2017 à 13:04

EN IMAGES - Des chercheurs français, égyptiens et japonais ont utilisé les rayons cosmiques pour sonder l'ouvrage monumental. Découvrant une cavité imposante jusque là inconnue au-dessus de la grande galerie.
C'est un trou qui risque de faire parler de lui pendant longtemps. Il faut dire que c'est un grand trou. Et qu'il ne se situe pas n'importe où. De la taille d'une (fine) cathédrale, il vient d'être découvert en plein cœur de la grande pyramide de Gizeh, le plus pharaonique des tombeaux égyptiens (aussi appelée pyramide de Kheops). Les chercheurs l'ont baptisé «le Grand Vide» (the Big Void en anglais - voir diaporama ci-dessus). «Nous ne connaissons pas encore exactement sa forme ou son orientation, et encore moins sa signification ou son utilité», détaille Mehdi Tayoubi, vice-président de l'innovation chez Dassault Systèmes et co-directeur de la mission scientifique ScanPyramids qui l'a mis au jour. La découverte extraordinaire est publiée ce jeudi dans la revue Nature .
Depuis 2015, une cinquantaine de chercheurs s'affaire dans et autour de la grande pyramide pour en sonder les entrailles. Il est évidemment impossible de passer aux rayons X un objet aussi monumental (230 mètres de côté, 137 mètres de haut). Mais il existe une autre technique très astucieuse pour obtenir le même résultat: se servir des rayons cosmiques, des particules très énergétiques qui viennent frapper l'atmosphère et provoquent l'émission de gerbes de particules. Parmi elles, des muons, aussi appelées électrons lourds. «Ce sont des particules très pénétrantes», explique Sébastien Procureur, chercheur au CEA qui a mis au point l'une des trois techniques utilisées sur le site pour détecter ces particules. «Elles peuvent traverser plusieurs centaines de mètres de roche avant d'être arrêtées. Plus la matière est épaisse et dense, plus elle retient de muons. Mais s'il y a une cavité dans la direction d'observation, alors nous observons au contraire un excès de particules.»
Les trois détecteurs utilisés fonctionnent sur des principes très différents. Les deux techniques japonaises (mises au point respectivement par l'université de Nagoya et le laboratoire KEK) ont été mises en œuvre à l'intérieur de la pyramide tandis que la troisième, française, fonctionne depuis l'extérieur. «Nous sommes arrivés plus tard sur le projet, en 2016, après avoir entendu parler de la mission dans les médias», raconte Sébastien Procureur. «À la base, nous avions mis au point notre technique pour étudier les chambres magmatiques des volcans. Nous avons trouvé cette application très intéressante.»
Chacune des équipes a pu vérifier quelle «voyait» bien dans la pyramide la chambre du roi et la grande galerie, une pièce inclinée de plus de 8 mètres de haut, 47 mètres de long et un mètre de large environ dont le rôle reste mystérieux (elle aurait pu servir à la construction de la chambre du roi). C'est alors qu'ils ont découvert une vaste cavité située au-dessus de la grande galerie. «Sa taille est comparable mais on ne sait pas si elle est parallèle», précise Mehdi Tayoubi. La triangulation n'est pas encore suffisamment bonne pour connaître sa position ou sa forme exacte. «Ces observations prennent du temps», explique Sébastien Procureur. «Il faut des temps de pose très longs, plusieurs semaines à quelques mois, pour voir se dessiner quelque chose.»
Un étrange couloir
Deux autres cavités, plus petites, de quelques mètres seulement, avaient déjà été découvertes en 2016. L'une est une petite grotte située sur l'arrête nord-est. L'autre est située derrière les chevrons monumentaux qui ornent la face nord (ces derniers étaient cachés par le revêtement de la pyramide et n'ont été mis au jour qu'au Moyen-Âge lorsqu'il fut retiré pour prélever des pierres pour la construction de bâtiments). Il semblerait que ce soit un couloir d'après les analyses complémentaires qui ont été effectuées depuis. «Il s'enfonce sur 5 mètres puis le signal s'estompe car la masse de pierre qui le recouvre devient trop importante et absorbe de plus en plus les muons», ajoute Mehdi Tayoubi. «On ne sait pas où il va. Peut-être est-il relié à la grande cavité que nous venons de découvrir, nous ne le savons pas. Toutes ces structures sont situées dans un même plan. Cela ne semble pas fortuit mais c'est tout ce que nous pouvons en dire pour le moment.»
D'autres anomalies ont d'ores et déjà été observées, mais les chercheurs attendent encore confirmation avant d'annoncer la découverte d'autres cavités.
Pourra-t-on un jour creuser les pyramides pour aller voir ce que dissimulent ces mystérieuses salles? Un jeune chercheur brillant en robotique de l'Inria, Jean-Baptiste Mouret, commence déjà à réfléchir aux solutions qui pourraient être déployées par une ouverture de 3cm de diamètre pour explorer ces volumes dans toutes leur complexité. «Nous n'avons encore aucune autorisation, il est bien trop tôt pour y songer, mais un jour peut-être», envisage avec prudence Hany Helal, professeur à la Faculté des ingénieurs de l'université du Caire et co-directeur de la mission. «Pour l'instant, nous attendons que les archéologues et les égyptologues interprètent nos résultats. De notre côté, nous allons continuer nos analyses. Nous avons obtenu le droit de poursuivre nos travaux jusqu'à la fin de l'année 2018.»
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Huit ex-ministres catalans en détention préventive (02.11.2017)
  • Par  Mathieu de Taillac 

  • Mis à jour le 02/11/2017 à 21:22 

  • Publié le 02/11/2017 à 20:13
VIDÉO - Les indépendantistes ont été traduits, ce jeudi, devant la justice espagnole, qui s'apprêtait à émettre un mandat d'arrêt européen contre Carles Puigdemont.
Huit ex-ministres régionaux du gouvernement catalan ont été envoyés jeudi soir en prison préventive, dont l'ex-vice-président, Oriol Junqueras. Parmi les neuf membres de l'exécutif catalan qui s'étaient présentés à l'Audience nationale, le plus haut tribunal pénal espagnol, seul Santi Vila, ex-conseiller (ministre régional) aux Entreprises, échappe à l'incarcération. Vila avait démissionné le 26 septembre dernier, à la veille de la déclaration d'indépendance, à laquelle il s'opposait. Il doit toutefois payer une caution de 50.000 euros.
Le délit de rébellion est passible de quinze à vingt-cinq ans de prison, voire de trente s'il est accompagné de circonstances aggravantes tel qu'un affrontement armé.
La juge en charge de l'affaire, Carmen Lamela, suit ainsi les demandes du parquet, qui a lancé les poursuites pour sédition, rébellion et malversation de fonds. Le délit de rébellion est passible de quinze à vingt-cinq ans de prison, voire de trente s'il est accompagné de circonstances aggravantes tel qu'un affrontement armé. Lamela avait également ordonné il y a quinze jours l'incarcération des deux responsables des deux grandes associations indépendantistes, Assemblea nacional catalana (ANC) et Omnium cultural.
La décision judiciaire pourrait ranimer le camp indépendantiste, dans un état de passivité surprenant depuis la mise sous tutelle de la région par Madrid et le départ à l'étranger et en catimini de son premier représentant. Des manifestations avaient été convoquées jeudi à 19 heures dans les principales villes catalanes par l'ANC et Omnium. L'électrochoc pourrait en outre pousser les différentes formations indépendantistes à se rassembler sous une candidature unique aux élections catalanes convoquées par Mariano Rajoy pour le 21 décembre prochain.
Le procureur avait également réclamé l'arrestation de l'ex-président régional catalan, Carles Puigdemont, et des quatre conseillers qui l'ont accompagné lundi dernier dans son exil à Bruxelles. Poursuivis pour les mêmes délits, les cinq responsables déchus ont évité de se déplacer à Madrid jeudi matin. L'avocat belge de Puigdemont, Paul Bekaert, a indiqué explicitement que son client refusait de se rendre à la convocation de l'Audience nationale par crainte d'être incarcéré.
À cette heure, la juge n'a pas encore émis d'ordre d'arrestation. Si Lamela accède à la demande du parquet, le sort de Puigdemont dépendra désormais de la justice belge, l'une des plus tatillonnes du continent lorsqu'elle doit examiner des mandats d'arrêt européens (MAE). Cette figure juridique a été transformée en 2014 pour accélérer les extraditions entre États membres de l'Union européenne. Le MAE évite que la demande d'extradition transite par les gouvernements nationaux ; le mandat passe directement du juge émetteur - espagnol, dans ce cas - au juge exécuteur - belge. En principe, Bruxelles a soixante jours, une fois la demande reçue, pour remettre Puigdemont aux juges espagnols.
Rébellion ou rebelión, de faux amis
Le MAE est toutefois soumis à quelques limites. Selon Miguel Garre, avocat en France et en Espagne et habitué à jongler entre les codes pénaux européens, «la première limite qui permet au tribunal belge de s'opposer au mandat est basée sur le respect des droits de l'accusé. Si la Belgique considère que le procès contre Puigdemont ne sera pas juste, elle peut refuser de le livrer à la justice espagnole pour protéger ses droits». Garre rappelle que cette situation s'est produite à plusieurs reprises, la dernière fois en 2016 lorsque la Belgique a refusé de livrer Natividad Jauregui, accusée d'appartenir à l'organisation terroriste ETA. «Les familles des victimes ont porté un recours à la Cour européenne des droits de l'homme, mais l'extradition n'a toujours pas eu lieu.»
Les déclarations du président catalan déchu lors de sa conférence de presse de Bruxelles lundi dernier ressemblent donc davantage à un prélude de plaidoyer judiciaire qu'à un discours politique indépendantiste. Lorsque Puigdemont indiquait n'accepter un retour en Espagne que si «un procès juste et indépendant» lui était garanti, «avec une claire séparation des pouvoirs, comme c'est le cas dans la majorité des pays européens», il indiquait au juge belge la voie à suivre pour refuser d'exécuter le MAE. Les tribunaux belges pourraient également prendre en compte que sur les trois délits pour lesquels est poursuivi Puigdemont deux, ceux de sédition et de rébellion, n'ont pas d'équivalent exact dans le Code pénal belge. Ces deux infractions ne figurent pas non plus sur la liste des 32 délits pour lesquels la norme européenne établit que le mandat d'arrêt doit être appliqué indépendamment du fait qu'ils existent ou non dans le pays chargé de l'exécuter - la Belgique, dans ce cas.
«Si la Belgique considère que le procès contre Puigdemont ne sera pas juste, elle peut refuser de le livrer à la justice espagnole pour protéger ses droits»
Miguel Garre, avocat en France et en Espagne
Le délit de rébellion existe bien dans le Code pénal belge, «mais la rébellion dont parle la Belgique n'est pas la rebeliónmentionnée par le Code pénal espagnol, explique Miguel Garre. Ce sont de faux amis. La première suppose la commission, par un particulier, d'un acte contre une autorité publique et est punie de sanctions légères. Ce qui ressemblerait le plus en droit belge à larebelión espagnole seraient plutôt les délits contre la sécurité de l'État ou contre les droits garantis par la Constitution. Mais même dans ce cas, il n'y a pas d'équivalence exacte entre ces figures juridiques», conclut l'avocat. Si la justice espagnole envoyait un MAE concernant uniquement le délit de malversation, alors elle ne pourrait le juger que pour cette accusation, la moins grave des trois.
Dans la matinée, la présidente et les membres du Bureau du Parlement catalan sortaient libres de la Cour suprême. En vertu de leur immunité parlementaire, les poursuites contre ces derniers, pour des délits identiques, ont en effet été présentées devant cette juridiction. La Cour a accepté la demande de leurs avocats de remettre leur audition à jeudi prochain, le temps pour la défense de préparer ses arguments de manière plus exhaustive. Les six personnes accusées devant cette juridiction sont libres de leurs mouvements mais doivent rester localisables.
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Retour sur les quatre semaines du procès d'Abdelkader Merah (02.11.2017)
Le procès d'Abdelkader Merah, 35 ans, s'est ouvert lundi 2 octobre devant la cour d'assises spécialement composée de Paris. Frère aîné de Mohamed Merah, il est accusé d'avoir aidé le terroriste islamiste à assassiner sept personnes en mars 2012. Après plus de sept heures de délibérations, il a été condamné à 20 ans de réclusion criminelle. Nos journalistes Stéphane Durand-Souffland, Caroline Piquet, Julien Licourt et Alexis Feertchak ont couvert le procès.

Abdelkader Merah a été reconnu coupable d'association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste mais acquitté sur la complicité d'assassinats. Fettah Malki est, lui, reconnu coupable d'association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste.
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«Si vous condamnez Abdelkader Merah, vous n'aurez pas rendu justice», a asséné son avocat, Me Dupond-Moretti, lors des plaidoiries mardi.
Retrouvez tous nos articles dans notre dossier sur le procès d'Abdelkader Merah

EN DIRECT - Lundi, la réclusion criminelle à perpétuité a été requise contre Abdelkader Merah, qui comparaît devant la cour d'assises de Paris pour «complicité» dans les assassinats perpétrés par son frère en mars 2012 à Toulouse et Montauban. Verdict jeudi.
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A l'issue de son réquisitoire, l'avocate générale requiert la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une peine de sûreté de 22 ans pour Abdelkader Merah. Quant à Fettah Malki, elle demande 20 ans de réclusion, avec une peine de sûreté des deux tiers.
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Abdelkader Merah est poursuivi pour complicité des sept assassinats terroristes commis par son frère Mohamed Merah. Un autre homme, Fettah Malki, comparaît également. Il a reconnu avoir fourni un soutien logistique au "tueur au scooter".
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RÉCIT - Le procès d'Abdelkader Merah, frère du «tueur au scooter», dresse le portrait terrifiant d'une famille emportée par l'islam radical.

Plusieurs personnes, dont l'influence sur le frère du terroriste est sans cesse rappelée, échappent toujours à la justice.

Les services du renseignement intérieur à Toulouse avaient recommandé de «judiciariser» le dossier du «tueur au scooter» plus d'un an avant ses attaques terroristes. Une requête refusée par deux fois.

EN DIRECT - Abdelkader Merah est poursuivi pour complicité des sept assassinats terroristes commis par son frère Mohamed Merah. Un autre homme, Fettah Malki, comparaît également. Il a reconnu avoir fourni un soutien logistique au "tueur au scooter".
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Mercredi, la cour d'assises de Paris a entendu les témoignages bouleversants des proches des victimes de Mohamed Merah.

Le juge d'instruction, cité comme témoin par la défense du frère du tueur au scooter, a peiné à convaincre.

EN DIRECT - Abdelkader Merah est poursuivi pour complicité des sept assassinats terroristes commis par son frère Mohamed Merah. Un autre homme, Fettah Malki, comparaît également. Il a reconnu avoir fourni un soutien logistique au "tueur au scooter".
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EN DIRECT - Le frère aîné de Mohamed Merah est poursuivi pour complicité des sept assassinats terroristes commis par son frère. Un autre homme, Fettah Malki, comparaît également. Il a reconnu avoir fourni un soutien logistique au «tueur au scooter».
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Le coaccusé d'Abdelkader Merah reconnaît toutefois avoir fourni le pistolet-mitrailleur utilisé à l'école juive Ozar Hatorah en 2012.

EN DIRECT - Abdelkader Merah est poursuivi pour complicité des sept assassinats terroristes commis par son frère Mohamed Merah. Un autre homme, Fettah Malki, comparaît également. Il a reconnu avoir fourni un soutien logistique au "tueur au scooter".
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Prosélyte mais pas djihadiste, «musulman orthodoxe» mais pas «musulman terroriste», il joue de subtilités et de biais.

EN DIRECT - Abdelkader Merah, qui est poursuivi pour complicité des sept assassinats terroristes commis par son frère Mohamed Merah, est interrogé ce vendredi sur son engagement religieux. Un autre homme, Fettah Malki, comparaît également pour avoir fourni un soutien logistique au "tueur au scooter".
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EN DIRECT - Abdelkader Merah est poursuivi pour complicité des sept assassinats terroristes commis par son frère Mohamed Merah. Un autre homme, Fettah Malki, comparaît également pour avoir fourni un soutien logistique au "tueur au scooter".
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VIDÉO - Appelée à témoigner ce mercredi au procès de son fils, Zoulikha Aziri assure qu'Abdelkader est allé en Égypte «en vacances» et ne parlait «jamais» d'islam radical à la maison.

Abdelkader Merah est poursuivi pour complicité des sept assassinats terroristes commis par son frère Mohamed Merah. Un autre homme, Fettah Malki, comparaît également. Il a reconnu avoir fourni un soutien logistique au "tueur au scooter".
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EN DIRECT - Abdelkader Merah est poursuivi pour complicité des sept assassinats terroristes commis par son frère Mohamed Merah.
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Abdelkader Merah est accusé d'avoir sciemment facilité "la préparation" des crimes de son frère Mohamed en l'aidant notamment à dérober le scooter utilisé lors des assassinats de sept personnes, dont trois enfants juifs, entre les 11 et 19 mars 2012 à Toulouse et Montauban.
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Aucune question ne déstabilise l'accusé qui joue d'intelligence pour se défausser.

EN DIRECT - Abdelkader Merah est poursuivi pour complicité des sept assassinats terroristes commis par son frère Mohamed Merah. Un autre homme, Fettah Malki, comparaît également. Il a reconnu avoir fourni un soutien logistique au "tueur au scooter".
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VIDÉO - Après 15 jours de débats, la complicité d'Abdelkader avec son frère n'a pas été établie.

EN DIRECT - Abdelkader Merah est jugé pour complicité d'assassinat, au côté de Fettah Malki, délinquant toulousain, poursuivi pour avoir fourni des armes au «tueur au scooter», Mohamed Merah. En cette neuvième journée d'audience, l'accusation va tenter de démontrer qu'Abdelkader a apporté un réel soutien logistique à son frère.
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Le frère du tueur, Abdelkader Merah, est jugé depuis début octobre pour complicité d'assassinat, au côté de Fettah Malki, délinquant toulousain, poursuivi pour avoir fourni des armes au «tueur au scooter». Retrouvez ici les différents propos de cette huitième journée d'audience.
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VIDÉO - Trois policiers ont tenté, lundi à l'audience, d'établir qu'Abdelkader Merah connaissait les projets meurtriers de son frère.

Agent de maintenance, il était au volant du fourgon de l'établissement quand il a vu Mohamed Merah attaquer l'école et tuer un enseignant et trois enfants juifs. Mardi matin, il a témoigné à la barre la cour d'assises au procès d'Abdelkader Merah, qui comparaît pour «complicité».

EN DIRECT - Abdelkader Merah est poursuivi pour complicité de sept assassinats terroristes commis par son frère. Un autre homme, Fettah Malki, comparaît également.
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VIDÉO - Trois policiers ont tenté, lundi à l'audience, d'établir qu'Abdelkader Merah connaissait les projets meurtriers de son frère.

VIDÉO - Un policier a dû convenir qu'il n'avait pas d'élément matériel prouvant l'implication directe de l'accusé dans les tueries de 2012.

EN DIRECT - Abdelkader Merah est poursuivi pour complicité de sept assassinats terroristes commis par son frère. Un autre homme, Fettah Malki, comparaît également.
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VIDÉO - L'avocat d'Abdelkader Merah a révélé, jeudi après-midi, devant la cour d'assises de Paris, avoir reçu une lettre anonyme menaçant ses enfants d'«une balle dans la tête» si l'accusé n'était pas condamné.

VIDÉO - Le frère du terroriste qui a tué sept personnes en 2012 ainsi qu'un petit délinquant algérien sont accusés d'avoir été ses complices.

EN DIRECT - Abdelkader Merah, 35 ans, est jugé depuis lundi par la cour d'assises spéciale de Paris. Aujourd'hui, la cour se penche sur le profil de l'accusé.
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Personnalité complexe, le frère aîné du « tueur au scooter » était un petit voleur buveur et cogneur avant de se «convertir».

VIDÉO - L‘aîné de Mohamed Merah comparaît depuis lundi devant la justice. Il est soupçonné d'avoir aidé «le tueur au scooter» dans son entreprise mortifère. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Portrait.
EN DIRECT - Suivez le procès du frère de Mohamed Merah jugé pour «complicité d'assassinats»
La première journée du procès du frère de Mohamed Merah jugé pour «complicité d'assassinats»
EN DIRECT - Abdelkader Merah, 35 ans, est jugé à partir de ce lundi par la cour d'assises spéciale de Paris pour «complicité d'assassinats». Suivez le live de notre journaliste sur place, Caroline Piquet.
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INFOGRAPHIE - Il y a un peu plus de cinq ans, Mohammed Merah assassinait sept personnes, parmi lesquelles des militaires, un enseignant et trois enfants. À partir de lundi 2 octobre, son frère Abdelkader comparaît devant la justice pour complicité d'assassinats.

Le ministre espagnol des Affaires étrangères au Figaro: «Puigdemont veut internationaliser la crise» (02.11.2017)
Par Tanguy Berthemet et Patrick Saint-PaulMis à jour le 02/11/2017 à 18h39 | Publié le 02/11/2017 à 17h53
INTERVIEW - Le chef de la diplomatie espagnole n'écarte pas la possibilité d'un référendum sur l'indépendance catalane dans toute l'Espagne.
Ministre espagnol des Affaires étrangères et de la Coopération, Alfonso Dastis analyse la situation en Catalogne.
LE FIGARO. - Avez-vous été surpris par la fuite de Carles Puigdemont en Belgique?
Alfonso DASTIS. - Oui, un peu. Mais avec M. Puigdemont la capacité à être surpris est toujours là, car il fait des choses qui ne sont pas prévisibles. Il y a des responsables qui sont restés et il n'y a pas de tensions. Mais je ne suis pas expert en psychologie ou en psychiatrie. On peut imaginer qu'il a voulu, comme il le dit, internationaliser ce qu'il appelle le conflit dans ce qui est la capitale de l'Europe, pour parler aux Européens.
Le choix de la Belgique n'est pas anodin. Les indépendantistes flamands montrent de la sympathie à l'égard de la Catalogne, et le gouvernement belge semble aussi enclin à une certaine compréhension. Puigdemont ne tente-t-il pas de créer une «internationale» des indépendantismes européens?
J'espère que non. Mais il est vrai que la position de la Belgique en matière d'asile et son expérience avec d'autres cas de demandes d'extradition d'hommes politiques ont pu donner à penser à M. Puigdemont qu'il allait être mieux reçu en Belgique que dans d'autres pays européens. Mais je ne redoute pas pour autant une crise avec la Belgique. Le premier ministre belge a dit qu'il allait être traité comme n'importe quel autre citoyen européen. Les Belges ont des procédures. Nous avons adopté en Europe, en 2001, sous la présidence belge, un mandat d'arrêt européen.
Carles Puigdemont n'a pas répondu, jeudi, à la convocation de la justice espagnole. L'émission d'un mandat d'arrêt européen était-elle la conséquence logique?
J'ai lu qu'il proposait de comparaître par téléconférence. Je ne pense pas que cela puisse se faire. En Espagne, normalement, les gens doivent comparaître en personne devant les tribunaux et pas dans les pays où ils se trouvent. Dans tous les cas, ce sera aux juges de décider.
Arrêter M. Puigdemont ne risque-t-il pas d'envenimer la crise?
Je vous le dis honnêtement, c'est une possibilité. Mais ce n'est pas le gouvernement qui gère la justice. Elle est indépendante. Quant à une amnistie, ça ne peut être qu'après une décision judiciaire. En Espagne, État de droit, le gouvernement ne peut pas dicter sa conduite à la justice.
Le gouvernement a choisi d'organiser rapidement des élections en Catalogne pour sortir de la crise. Mais les derniers sondages semblent donner une avance aux indépendantistes…
Encore une fois, c'est une possibilité, mais, vous savez, les sondages se trompent parfois. Si le résultat devait donner un Parlement composé de la même façon, il faudrait alors parler avec ce Parlement et espérer qu'il fasse ce qu'il doit faire, c'est-à-dire appliquer la loi et respecter la Constitution et non défier la légalité, l'État de droit et la démocratie. J'espère que le dialogue aura lieu. Nous avons offert de nombreuses opportunités de dialogue, soit dans le cadre de la conférence des présidents des régions, soit dans une commission parlementaire pour travailler à une modification de la Constitution. M. Puigdemont a eu des possibilités de dialogue, seulement il ne veut parler que des modalités d'indépendance. C'est quelque chose que le gouvernement et l'État ne peuvent accepter.
M. Puigdemont pourra-t-il être candidat?
Je crois que c'est une possibilité. Cela dépend de son parti. S'il fait l'objet d'un mandat d'arrêt, cela sera plus compliqué.
Les indépendantistes semblent avoir l'intention d'utiliser ce scrutin comme une sorte de référendum d'autodétermination. Que se passera-t-il s'ils gagnent?
«Il est évident qu'il a décidé de faire d'un problème économique un problème nationaliste.»
Nous pouvons à nouveau offrir des possibilités de dialogue pour trouver un arrangement afin de faire coïncider les aspirations des Catalans à plus d'autonomie et, même, on peut penser à une modification de la Constitution. Certains évoquent l'idée d'aller vers un modèle fédéral pour donner plus d'autonomie aux régions, y compris financièrement. Si on modifie la Constitution, peut-être que l'on pourrait s'approcher du statut de 2010. Mais on exagère en disant que l'origine de tout cela, c'est la décision de la Cour constitutionnelle d'amender ce statut. Il y a neuf articles qui ont été censurés sur plus de deux cents. Je crois que l'origine de cette fuite en avant, il faut la chercher plus tard, dans les coupes budgétaires de 2012 liées à la crise économique et dans les affaires de corruption du parti Convergencia y Union de M. Mas (alors président de la Généralité de Catalogne, NDLR). Il est évident qu'il a décidé de faire d'un problème économique un problème nationaliste.
On pourrait donc organiser un référendum légal?
Si ce référendum est légal, après une modification de la Constitution, on peut certainement l'envisager. Mais il faut être clair. C'est une question sur laquelle tous les Espagnols doivent pouvoir se prononcer. Il n'est pas question qu'une partie du peuple décide pour tous. C'est vrai pour la modification de la Constitution comme pour l'avenir de la Catalogne.
L'ambassadeur d'Espagne en France estime que cette crise est «l'échec de toute l'Espagne». C'est aussi un échec de l'Europe?
«La démocratie, l'État de droit ont été bafoués par M. Puigdemont et les gens qui le soutiennent.»
Nous, les Espagnols, nous n'avons pas été capables de nous mettre d'accord pour trouver une solution compatible avec le droit et qui arrange tout le monde. Quant aux Européens, leur position de retrait est la bonne. Dans certains coins d'Europe, il peut se trouver une espèce de sympathie romantique vis-à-vis des désirs d'indépendance de la Catalogne, mais la réalité est que l'Union européenne est surtout une communauté de droit où l'on essaie de s'entendre sur des principes et des valeurs qui ont été défiés par les indépendantistes. La démocratie, l'État de droit ont été bafoués par M. Puigdemont et les gens qui le soutiennent.
Pour vous, les revendications de Carles Puigdemont participent-elles à la poussée des populismes que l'on constate en Europe?
En partie, oui. Je pense que notre populisme est le nationalisme. Nous avons eu la chance de ne pas avoir de partis xénophobes ou racistes, mais le nationalisme a les mêmes racines que le populisme, par exemple ici, en France.
Pensez-vous que des erreurs ont été commises par le gouvernement ou le Parti populaire?
Avec du recul, il est facile de penser que les choses auraient pu être faites autrement. Personnellement, je pense que s'il y a eu des erreurs, la première a été d'essayer d'écarter le Parti populaire de toute possibilité d'accord. Ensuite, nous avons un système qui est basé sur la confiance, sur la loyauté. D'après ce système, le principal représentant de l'État dans la région, c'est le président de la région. Tout cela marche très bien s'ils jouent le jeu. Mais s'ils profitent de cette légitimité et de leurs pouvoirs pour saper la Constitution, ça ne marche plus. C'est une difficulté. Donc, on a été peut-être un peu naïfs.

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Des Merah aux frères Clain, comment une galaxie djihadiste s'est développée à Toulouse (02.11.2017)

  • Mis à jour le 02/11/2017 à 19:55 

  • Publié le 02/11/2017 à 19:09
DÉCRYPTAGE - Le frère de Mohamed Merah, Abdelkader, vient d'être condamné à 20 ans de prison, cinq ans après les tueries de Toulouse et Montauban. Des frères Clain à Mohamed Merah, Le Figaro revient sur les raisons qui ont permis le développement d'une «galaxie djihadiste» en Haute-Garonne.
«Les djihadistes toulousains sont réputés pour être les plus durs», écrit David Thomson dans son livre Les Revenants (Éditions du Seuil). Les frères Clain - qui ont revendiqué les attentats du 13 novembre -, Farouk Ben Abbes - soupçonné d'avoir participé aux attentats du Caire en 2009, et toujours en résidence surveillée à Toulouse -, Sabri Essid - dont le beau-fils de 12 ans apparaîtrait dans une vidéo de propagande de l'État islamique -, Mohamed Merah ... Tous ces individus ont un point commun: ils sont membres de la mouvance salafiste toulousaine et sont connus pour des faits de terrorisme. Cinq ans après les tueries perpétrées par Mohamed Merah, et alors que son frère, Abdelkader, a été condamné, ce jeudi, à 20 ans de réclusion criminelle pour «association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste», Le Figaro s'interroge sur les causes qui ont permis à cette «galaxie djihadiste» de s'installer à Toulouse, et plus largement en Occitanie.
● Des chiffres alarmants
En début d'année, le préfet de la région Occitanie, Pascal Mailhos, cité par La Dépêche du Midi , a insisté sur «l'ampleur du phénomène de radicalisation» en Haute-Garonne à l'occasion de la présentation du bilan de la délinquance 2016. Selon lui, le département compte, à lui seul, 300 individus fichés S, soit 26% de l'ensemble des signalés au niveau régional. Sur tout le territoire français, on dénombre un peu plus de 10.000 fichés S, selon les derniers chiffres communiqués. «La menace actuelle place la région Occitanie devant la région Paca. Au niveau national, nous sommes en deuxième position derrière l'Île-de-France», précise la préfecture au Figaro.
«La menace actuelle place la région Occitanie devant la région Paca. Au niveau national, nous sommes en deuxième position derrière l'Île-de-France»
Préfecture de Haute-Garonne
Dans le cadre de l'état d'urgence, deux personnes sont actuellement assignées à résidence - dont l'islamiste Farouk Ben Abbes - dans le département et au moins 55 perquisitions administratives y ont été réalisées (49 en 2015 et 6 en 2016) aboutissant à 14 gardes à vue et la saisie de 12 armes, selon le préfet. Autre chiffre: après Paris et les départements franciliens, la Haute-Garonne serait «le quatrième ou cinquième département au niveau national pour le démantèlement des filières djihadistes», selon le procureur de la République de Toulouse, Pierre-Yves Couilleau. Et le premier département de province.
● Pourquoi existe-t-il une «galaxie djihadiste» à Toulouse?
«Historiquement, Toulouse est une plaque tournante où se trouve tout le champ qui peut conduire à la radicalisation: délinquance, trafic de stupéfiants, croisement des différentes populations, etc.», indique le préfet de la région. Seulement, ces facteurs socio-économiques n'expliquent pas tout. Contacté par Le Figaro, le journaliste toulousain Jean-Manuel Escarnot, auteur de Djihad, c'est arrivé près de chez vous(Éditions Laffont), préfère se concentrer sur les facteurs historiques qui ont permis à certains djihadistes de s'installer en Haute-Garonne.
«À la fin des années 1990, des éléments du Groupe islamique armé (GIA) venus d'Algérie circulent dans toute l'Europe, et certains s'arrêtent à Toulouse»
Jean-Manuel Escarnot, journaliste
«À la fin des années 1990, des éléments du Groupe islamique armé (GIA) venus d'Algérie circulent dans toute l'Europe, et certains s'arrêtent à Toulouse, explique Jean-Manuel Escarnot. Leur rôle est alors secondaire: ils collectent des médicaments, de l'argent et des armes qu'ils envoient dans le maquis algérien». Ces personnes s'installent alors dans le quartier du Mirail et commencent à fédérer un petit groupe d'une dizaine d'individus qui s'intéressent à la cause palestinienne. «Parmi eux, on trouve notamment les frères Clain, qui sont des enfants de la cité. Au début des années 2000, le groupe s'élargit progressivement et fédère d'autres personnes comme Abdelkader Merah, le frère aîné de Mohamed. En 2006-2007, plusieurs de ces personnes vont aller en prison après le démantèlement de la filière irakienne», poursuit le journaliste.
C'est derrière les barreaux qu'ils vont s'endurcir et acquérir une certaine aura. «En prison, ils vont rencontrer les anciens du GIA, et ceux de la filière des Buttes-Chaumont notamment. À leur retour dans le quartier, ils ne sont plus des délinquants ordinaires, ils passent pour des combattants, des moudjahidin, détaille Jean-Manuel Escarnot. Puis, les tueries de Mohamed Merah interviennent en mars 2012. Il a grandi dans ce climat. Il donnera une visibilité incroyable à leur cause». Selon lui, «le djihadiste a énormément secoué les services antiterroristes locaux qui ont adapté depuis leurs moyens de surveillance. Ils n'avaient pas perçu le risque terroriste en 2012, et ils ont dû s'adapter». Mais les tueries de Merah marqueront aussi la fin d'un «âge d'or» des djihadistes à Toulouse, la plupart préférant partir en Syrie ou en Irak par la suite.
● Une évolution depuis Merah?
«Aujourd'hui, les djihadistes toulousains les plus dangereux sont en Irak ou en Syrie. Ce sont les anciens repérés dès 2010 pour la plupart. Avant de se rendre sur site, ils ont mis plus de dix ans à établir des liens, à se durcir. Il n'existe pas encore de «nouvelle génération» de djihadistes à Toulouse», tempère Jean-Manuel Escarnot. Le journaliste explique également que le choc du 13 novembre a «secoué» la population locale, y compris au sein de la communauté musulmane. «Il y a un vrai travail au Mirail et dans d'autres cités toulousaines pour lutter contre le développement des thèses djihadistes. Si, en 2012, on comptait encore des supporters de Mohamed Merah, ce n'est presque plus le cas aujourd'hui. Le 13 novembre a changé les choses», poursuit-il. Jean-Manuel Escarnot estime à environ une trentaine, sur les 300 fichés S en Haute-Garonne, les individus qui représentent une menace réelle pour la France.
Sur le terrain, la préfecture entend également lutter contre la prolifération du djihadisme. Contacté par Le Figaro, Frédéric Rose, directeur du cabinet du préfet Pascal Mailhos, explique que «ce combat se mène sur deux fronts: la sécurité et la prévention». Concrètement, des cellules de suivi individuel ont été mises en place pour prendre en charge les personnes en cours de radicalisation, notamment les plus jeunes. «L'objectif est de maintenir ces individus attachés à la République», explique-t-il. Par ailleurs, les services territoriaux s'attachent à promouvoir les valeurs de la République, notamment la laïcité ou l'égalité. Du côté de la mairie de Toulouse, des mesures de réhabilitation du quartier du Mirail et des autres cités a été mis en œuvre afin de désenclaver ces quartiers.
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