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islamique», Nice et le Conseil d'État (24.11.2017)
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antiracisme dévoyé s'immisce dans l'éducation (24.11.2017)
Éric Zemmour:
«L'ambivalence macronienne, un discours moderniste et une pratique archaïque»
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L'accès à
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La «finance islamique», Nice et le Conseil d'État
(24.11.2017)
Une employée d'une agence
Noorassur à Chelles (Seine-et-Marne) présente une documentation à une
cliente. - Crédits photo : JOEL SAGET/AFP
Noorassur se bat en justice
contre la municipalité pour ouvrir une de ses agences, après une première
requête rejetée.
L'agence franchisée de «finance
islamique» Noorassur n'est
pas près d'ouvrir, à proximité du centre historique de Nice. Craignant un
trouble à l'ordre public, la
Ville n'avait pas autorisé l'inscription «Finance islamique» en grosses lettres
sur l'enseigne, jugée ostentatoire. En juillet, la société avait saisi
le juge des référés du tribunal administratif de Nice, qui avait rejeté son
recours - l'affaire doit revenir au fond dans quelques mois. Face à cet
écueil, elle a ensuite saisi le Conseil d'État. Mais après avoir examiné le
dossier jeudi, le rapporteur public de la plus haute juridiction administrative
a conclu de la même façon. La décision finale sera rendue dans deux à trois semaines.
Se fondant sur des «événements
survenus à Nantes et à Chelles début 2016» (vitrine de l'agence brisée, menaces
de mort), la municipalité de Nice n'avait pas donné suite à la demande
d'installation d'une enseigne de Noorassur, formulée en février 2017. «La
terminologie de cette enseigne “Finance islamique”, c'est-à-dire
respectant les principes de la charia, représente clairement une marque de
communautarisme, que la Ville de Nice refuse sur son territoire, affirmait-elle
dans un communiqué. Il n'existe pas de finance chrétienne ou de finance
judaïque ; cette enseigne cible une partie spécifique de la population.»
«L'installation des enseignes
mettant en avant les termes “Finance islamique” est de nature à créer un tel
trouble»
L'arrêt du tribunal administratif
Le tribunal administratif avait
reconnu que la décision du maire était «justifiée, proportionnée à la menace
existante et ne fai(sai)t pas obstacle à l'exercice d'une activité
professionnelle» : «L'attentat de Nice du 14 juillet oblige les autorités
à tout mettre en œuvre pour éviter la survenance de troubles susceptibles de
porter atteinte à la sûreté des habitants, soulignait-il. L'installation des
enseignes mettant en avant les termes “Finance islamique” est de nature à créer
un tel trouble».
Une banque «conforme à la
charia»
Jeudi, le rapporteur public est
allé dans le même sens. Pour le Conseil d'État, «le préjudice économique pour
la société n'est pas suffisamment grave pour justifier l'urgence». Quant à
l'effet discriminatoire de la mesure, il n'est pas évident. La société
Noorassur n'a pas souhaité répondre au Figaro, mais a simplement
tweeté: «Le combat continue!»
Car l'entreprise n'en a pas fini
avec les problèmes judiciaires. «Un autre procès est en cours, précise-t-on à
la mairie de Nice. L'agence a repeint sa façade en vert, sans avoir sollicité
l'autorisation administrative requise, ni celle des Bâtiments de France. Un
procès-verbal d'infraction à la législation sur l'urbanisme a été transmis au
procureur de la République.» Afin de régulariser la situation, la société a
déposé un dossier de déclaration préalable de travaux. Qui a été rejeté le mois
dernier, à la suite de l'avis défavorable rendu par l'architecte des Bâtiments
de France.
En attendant, la Ville continue
de recevoir «de nombreuses plaintes de riverains» émus. «On a écrit à la
mairie, car on ne peut pas accepter, dans ce quartier qui est l'un des plus
vieux de Nice, l'ouverture d'une banque islamique!, s'insurge Jean-Michel
Bidart, président du comité de défense des quartiers du Port. Une banque qui se
dit “conforme à la charia”, avec une salle de prière à l'intérieur… Si ce n'est
pas de la provocation! Si cette banque devait ouvrir, on serait prêt à
manifester devant tous les jours.».
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Quand un antiracisme dévoyé s'immisce dans l'éducation
(24.11.2017)
Jean-Michel Blanquer: «Les mots
les plus épouvantables du vocabulaire politique sont utilisés au nom soi-disant
de l'antiracisme.» - Crédits photo : François BOUCHON/Le Figaro
Gauche laïque et gauche
communautariste se déchirent à propos du stage organisé par le syndicat SUD et
un colloque controversé à l'université.
Le milieu éducatif a rejoué cette
semaine le combat entre la gauche laïque et la gauche communautariste - dite
aussi islamo-gauchiste - sur fond d'antiracisme. L'annonce
de la tenue d'ateliers «en
non-mixité»
lors d'un stage organisé mi-décembre par la section de Seine-Saint-Denis du
syndicat SUD éducation et ayant pour thème «l'antiracisme
à l'école»
est inacceptable pour le ministre de l'Éducation.
Ce dernier a déposé une plainte
pour diffamation en cette fin de semaine contre SUD éducation 93. Les approches
du syndicat «mettent gravement en cause l'institution scolaire», estime le
ministre puisque ce stage propose d'analyser un supposé «racisme d'État» dans
la société «et en particulier dans l'Éducation nationale». La présentation met
notamment en cause «les programmes d'histoire servant le roman national, la
surorientation dans les filières professionnelles des élèves descendant.e.s des
immigrations en particulier postcoloniales, l'islamophobie et une
instrumentalisation de la laïcité», a-t-il précisé. Très applaudi mardi devant
l'Assemblée nationale, le ministre de l'Éducation s'est étonné: «On parle de
non-mixité raciale, on parle de blanchité, on parle de racisé: (...) les mots
les plus épouvantables du vocabulaire politique sont utilisés au nom soi-disant
de l'antiracisme alors qu'en fait ils véhiculent évidemment un racisme».
SUD éducation qui a déploré
dans un communiqué les «contresens» du ministre défend la non-mixité en tant
«qu'outil de regroupement» des victimes de racisme
SUD éducation qui a déploré dans
un communiqué les «contresens» du ministre défend la non-mixité en tant
«qu'outil de regroupement» des victimes de racisme. Surtout, pour ce petit
syndicat, il existe bien un «racisme d'État» en France puisque la Cour de
cassation a condamné l'État pour des contrôles au faciès et «parce que les
discriminations dans l'accès au logement sont établies».
La provenance de deux
intervenants du stage qualifiés de «compagnons de route du Parti des Indigènes
de la République (PIR)» par la Licra (Ligue
contre le racisme et l'antisémitisme) a participé à la polémique sur les
réseaux sociaux. Les idées du PIR, un mouvement controversé qui se présente
comme antiraciste et décolonial, ont à nouveau fait parler d'elles, cette fois
dans le monde universitaire. Auteur du livre Les Blancs, les Juifs et
nous vers une politique de l'amour révolutionnaire et souvent taxée de
sexisme, racisme ou d'homophobie, la porte-parole du PIR, Houria
Bouteldja, avait été invitée par l'université de Limoges à un «séminaire
d'études décoloniales», vendredi 24 novembre. Une invitation qui a suscité de
vives réactions. Assumant d'abord cette sollicitation car «les séminaires de
recherche doivent être l'occasion de discuter sans préjugés de l'ensemble des
idées aujourd'hui présentes dans notre société», Alain Célérier, le président
de l'université, a finalement annulé la venue de la conférencière, évoquant un
«risque de trouble à l'ordre public». La ministre Frédérique Vidal a également
appelé les universités «à la vigilance».
Une polémique en chassant une
autre, Maboula Soumahoro, maître de conférences à l'université de
Tours et à Sciences Po Paris a jugé bon de préciser jeudi sur LCI que les
ateliers organisés à Paris par un «camp
d'été décolonial»
n'étaient «pas
interdits aux Blancs». La
preuve: Des «femmes blanches» ont pu participer aux ateliers… À condition de
porter le voile.
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moderniste et une pratique archaïque» (24.11.2017)
- Crédits photo : Jean-Christophe
MARMARA
CHRONIQUE - Dans sa
pratique du pouvoir, Emmanuel Macron retrouve l'esprit de la Ve République
gaullo-pompidolienne. Tout part du chef, élu au suffrage universel ; et le
chef, c'est le président de la République.
Alexandre Sanguinetti fut
secrétaire général de l'UDR au temps du pompidolisme triomphant dans les années
1970. Lorsqu'on traitait le parti gaulliste (et le groupe à l'Assemblée
nationale) de «parti godillot», parce qu'il était soumis sans états d'âme au
président de la République, il rétorquait, goguenard: «Le godillot est une très
bonne chaussure.» Christophe Castaner devrait faire un tour dans une boutique
de chaussures de marche et revisiter les œuvres complètes de Sanguinetti.
Castaner
est notre Sanguinetti. Patron d'un parti dont le vrai chef est le président de
la République. Désigné par lui et non élu par la base. Refusant tout débat
et encore plus tout courant au sein d'un mouvement monolithique. Castaner a
réinventé le mouvement gaulliste qui, comme En marche!, réfutait l'appellation
de parti.
Macron
a tiré les leçons des échecs de ses deux prédécesseurs. Le quinquennat de
Hollande a été pourri par la rébellion des frondeurs à l'Assemblée
nationale ; et le président de la République n'a jamais pu tomber sa veste
de premier secrétaire du PS, soucieux sans cesse de trouver la synthèse entre
les différents courants. On a cru que Nicolas Sarkozy était émancipé de ce
genre de contrainte. C'était une illusion. Sarkozy était autoritaire dans la
forme ; mais il cherchait toujours à rassembler ce qu'on ne pouvait pas
rassembler, c'est-à-dire la droite et le centre, liés par des intérêts
électoraux au sein de ce monstre partisan que lui avait légué Alain Juppé:
l'UMP. Sur l'autel du «rassemblement de la famille», Sarkozy sacrifiera
l'esprit de sa campagne de 2007. Et sa réélection.
Il est amusant de voir les
élus d'En marche !, pour beaucoup anciens socialistes blanchis sous le harnais
du « débat » et de la « participation », défendre la
culture du chef qu'ils abhorrent partout ailleurs, à l'école ou dans
l'entreprise
Macron retrouve l'esprit de la
Ve République gaullo-pompidolienne. Tout part du chef, élu au suffrage
universel ; et le chef, c'est le président de la République. Pas
de démocratie, pas de débats, pas de courants, pas de clans. C'est le grand
retour de la verticalité, de la hiérarchie. De l'ordre. C'est un grand
moment réactionnaire dans une époque progressiste vouée au débat et au
consensus. Il est amusant de voir les élus d'En marche!, pour beaucoup anciens
socialistes blanchis sous le harnais du «débat» et de la «participation»,
défendre la culture du chef qu'ils abhorrent partout ailleurs, à l'école ou
dans l'entreprise. C'est toute l'ambivalence macronienne: un discours
moderniste et une pratique archaïque. Un éloge de la participation, de
l'ouverture, de la spontanéité ; un gouvernement des meilleurs
hyperconcentré.
Macron est fidèle à l'esprit de
la Ve République, mais pas à l'esprit de sa campagne. Fidèle à la
technostructure d'élite qui l'a formé, pas à la base sociologique de ses
électeurs. Ceux-ci sont les cocus de l'histoire Macron, comme les ouvriers
furent les cocus du mitterrandisme, et les pieds-noirs, ceux du gaullisme. Mais
la société que Macron promeut- société ouverte, égalitaire, liquide, sans
hiérarchie ni racines-est le contraire absolu de son mode de gestion politique.
Une contradiction majeure qui risque de faire sauter le quinquennat aux
premières tempêtes. En Mai 68, Sanguinetti ne défilait pas dans la rue avec les
étudiants.
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Les résidents du quartier autour
de la salle de shoot veulent des actions de la mairie. Ici, photo
d'illustration. - Crédits photo : Jean-Christophe MARMARA/Le Figaro
Drogue, alcoolisme, vols...
Diverses associations de riverains du Xe arrondissement appellent à une marche
citoyenne pour dénoncer la dégradation de leur environnement. Parmi eux, les
résidents du quartier de la salle de shoot, à bout de nerfs.
Les habitants et commerçants des
quartiers situés entre les gares du Nord et de l'Est et jusqu'à la Porte
Saint-Denis organisent samedi une marche citoyenne en direction de la mairie du
Xe arrondissement. Différents collectifs de riverains ont appelé à une marche
citoyenne pour exprimer leur «ras-le-bol» face à la dégradation de leurs
conditions de vie. En filigrane, c'est aussi l'occasion de protester
contre l'installation
de la première salle de consommation à moindre risque (SCMR) de France,
ouverte dans la controverse il y a plus d'un an. Depuis, les toxicomanes
peuvent consommer en toute sécurité dans ce qui est appelé plus communément «la
salle de shoot» installée près de l'hôpital Lariboisière et de la gare du Nord.
La municipalité se targue d'une «première année positive» mais les
habitants du quartier ne décolèrent pas.
Les résidents ont formé le
collectif «Riverains Lariboisière-Gare du Nord» au moment de l'installation de
la salle de shoot, gérée
par l'association Gaïa. Aujourd'hui, il est composé de 150 personnes. Sur
les réseaux sociaux, ils dénoncent la saleté des rues, la consommation de
drogues sur l'espace public, l'alcoolisme et le trafic engendré par la salle.
«Les gens ont déserté le quartier», déplore Pierre, qui habite rue Ambroise
Paré en face de l'espace Gaïa. «Les commerçants ferment faute de clients.
Pourtant, on est à deux pas de la gare du Nord. Mais les touristes rebroussent
vite chemin quand ils voient l'état de notre quartier», ajoute-t-il. Impliqué
dans le collectif depuis le début, c'est de sa rue que démarrera la marche
citoyenne. Elle finira à la mairie du Xe arrondissement, où la maire, Alexandra
Cordebard, en poste depuis à peine plus d'un mois, recevra une délégation.
Dégradation de l'état des rues
«J'invite les habitants à se
souvenir de la situation avant l'implantation de la salle».
Alexandra Cordebard, maire du 10e
arrondissement
«Je partage le sentiment
d'insatisfaction des riverains du nord du Xe quant à l'état global de leur
quartier», explique Alexandra Cordebard au Figaro. «Le constat que
je ne partage pas avec eux c'est que la situation se dégrade. En fait, elle ne
s'améliore pas assez vite. J'invite les habitants à se souvenir de la situation
avant l'implantation de la salle», ajoute-t-elle, précisant que c'est pour
cette raison que l'espace Gaïa a été implanté dans ce quartier. Thomas
Dusouchet, directeur adjoint de l'association Gaïa Paris, travaille dans le
quartier depuis 10 ans. «Avant, derrière un muret se trouvait la plus grande
salle de consommation de France. Depuis, ce lieu a été condamné, répartissant
ainsi la population dans l'espace public. Je pense que c'est la visibilité qui
n'est plus la même», affirme-t-il. «En 2015, on dénombrait 2000 toxicomanes. En
un an, à la SCMR, 800
personnes différentes se sont présentées. C'est moitié moins»,
continue-t-il.
» LIRE AUSSI - Un an après, la salle de shoot de Paris divise
encore
Un point de vue non partagé par
les riverains. «J'habite ici depuis plus de 20 ans. Certes, ce n'était pas un
quartier parfait. Mais maintenant j'ai honte, je n'invite plus mes amis»,
assure Pierre. «Il y a clairement un avant et un après l'ouverture de la
salle», abonde Thierry, un voisin. 165 consommations sont comptabilisées en
moyenne chaque jour, selon un bilan réalisé 11 mois après l'ouverture. L'un des
objectifs de la salle était de diminuer ces pratiques sur la voie publique.
Mais les riverains assurent qu'ils n'en ont jamais vu autant. Ils prennent pour
preuve les dizaines de seringues retrouvées dans les rues alentour.
«Il y a toujours trop de
seringues à partir du moment où il y en a une seule, je suis d'accord», avoue
la maire du Xe arrondissement. «Mais c'est un mensonge de dire qu'il y en a
plus». Selon la mairie de Paris, leur nombre a diminué
de 60% depuis l'ouverture de la SCMR. L'espace Gaïa ouvre ses portes de
13h30 à 20h30. Des horaires qui correspondent aux besoins des consommateurs,
selon un questionnaire réalisé par l'association à la tête de la salle.
«On ne peut pas installer une
structure comme celle-ci en plein centre de Paris, dans un lieu résidentiel, au
milieu d‘écoles».
Un résident
Les associations de riverains qui
marcheront samedi protestent contre l'insécurité qui règne dans leur quartier.
Si le trafic de drogue est présent dans toute la capitale, certains affirment
que celui dans le Xe est lié à la salle. Car l'association Gaïa fournit aux
toxicomanes du matériel stérile mais pas les produits injectés. «Maintenant, il
y a de grosses voitures qui stationnent dans nos rues. C'est un point de vente
idéal pour les dealers», affirme un membre du collectif de riverain, qui parle
aussi des bagarres régulières. La présence policière a été renforcée et pas
seulement aux alentours de la salle. 4303 personnes ont fait l'objet d'un
contrôle de police, dont 1098 réalisés à proximité de l'espace Gaïa, selon le
bilan des 11 mois. «Il n'y a aucune complaisance envers les dealers. Notre
lutte contre le trafic de drogue est acharnée», affirme Alexandra Cordebard.
«Je ne suis pas contre cette
salle. Ce sont des gens malades, il faut les prendre en charge», affirme un
résident. «Mais on ne peut pas installer une structure comme celle-ci en plein
centre de Paris, dans un lieu résidentiel, au milieu des écoles». La maire du
Xe arrondissement milite pour que soient ouvertes d'autres salles afin de
répartir l'offre. «Les personnes qui fréquentent la salle étaient déjà là
avant. Un drogué ne fait pas 30 minutes de RER pour prendre sa dose. Il n'y a
pas de phénomène de concentration», affirme Thomas Dusouchet de l'association
Gaïa.
À la mairie de Paris, on assure
que les riverains sont globalement satisfaits de l'espace Gaïa. «Les mécontents
sont minoritaires mais très actif sur les réseaux sociaux», ajoute-t-on. «C'est
insultant d'entendre la mairie dire qu'on fait une fixette, qu'on doit
s'adapter», déplore un riverain. «Dans l'état actuel, qui peut dire, j'ai envie
de vivre ici? Personne».
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L'accès à l'électricité, crucial pour le développement des
pays les plus pauvres (24.11.2017)
Des élèves font leurs devoirs à
la lueur d'une ampoule alimentée par la batterie d'une voiture, au Darfour,
dans l'ouest du Soudan, en août. - Crédits photo : Mohamed Nureldin
Abdallah/REUTERS
INFOGRAPHIE - Jusqu'à
40 milliards de dollars par an sont nécessaires pour électrifier les 47
États les plus démunis, selon l'ONU.
Le défi est de taille. Dans les
pays les plus pauvres, 557 millions d'habitants n'ont toujours pas accès à
l'électricité, soit 62% de la population et jusqu'à 82% dans les zones rurales.
Et plus de deux tiers de la production d'énergie proviennent de sources
traditionnelles, bois et déchets végétaux et d'animaux, utilisés pour le
chauffage et la cuisine. «Cela nécessite beaucoup d'efforts, d'investissement
pour ramasser le bois, et entraîne des problèmes de santé car cette énergie
produit des émissions toxiques», souligne Rolf Traeger, expert à l'ONU.
La Conférence des nations unies
sur le commerce et le développement (Cnuced) alerte dans un rapport sur
l'urgence énergétique comme vecteur de transformation des économies. Dans le
monde, environ 1,1 milliard de personnes n'ont pas accès à l'électricité,
selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), dont 250 millions en Inde,
mais le rapport de la Cnuced porte sur les 47 pays les moins avancés
(PMA).
Dans les PMA, deux tiers de la
demande d'énergie provient des ménages, ce qui reflète le sous-développement
de l'industrie ou des transports
Pour parvenir à un accès
universel «fiable, durable et moderne» d'ici à 2030, l'un des objectifs de
développement durable fixé par les Nations unies, il faudrait investir entre 12
et 40 milliards de dollars (entre 10 et 33,5 milliards d'euros) par an
dans les seuls PMA. Ces pays, dont 33 sur
le continent africain, se définissent selon trois critères: le PIB par
habitant (seuil fixé à 1240 dollars), un indice agrégé de capital humain
(nutrition, santé, éducation) et le degré de vulnérabilité (aux chocs naturels
et économiques). Le taux de pauvreté absolue dépasse 50% dans ces pays.
Dans les PMA, deux tiers de la
demande d'énergie provient des ménages (contre 19% dans les pays riches), ce
qui reflète le sous-développement de l'industrie ou des transports. «L'approche
doit être équilibrée entre les ménages et les entreprises», explique Rolf
Traeger, qui insiste sur le cercle vicieux: des défaillances du secteur
électrique freinent le développement de l'industrie et de l'entreprise.
Potentiel solaire
Selon les enquêtes, 42% des
sociétés identifient le manque d'accès à l'électricité comme l'obstacle majeur
à leur activité. Elles subissent dix coupures par mois en moyenne, d'une durée
de cinq heures, entraînant une perte de chiffre d'affaires de 7%. Dans certains
cas, comme le Malawi ou la République démocratique du Congo, liés au secteur
des mines très énergivore, l'impact sur le PIB atteint 6%. D'où l'importance
des investissements, souligne le rapport, pour générer de nouvelles activités
dans l'agriculture, l'industrie et les services, créer des emplois et des
revenus.
Selon les enquêtes, 42% des
sociétés identifient le manque d'accès à l'électricité comme l'obstacle majeur
à leur activité
«Le secteur privé rechigne
souvent à investir sur de grands projets hydroélectriques ou thermiques qui
requièrent de grandes masses de capitaux pour un retour sur investissement de
trente à cinquante ans», détaille l'économiste. Et ce d'autant plus dans ces
zones où le risque géopolitique est élevé, à l'image du Yémen,
du Tchad ou de la Somalie. Ils n'y vont qu'accompagnés de l'État national et
des grands bailleurs.
Il faut un mix entre investissements
étrangers, financement public, marchés de capitaux internes et externes, aide
publique au développement -enveloppe annuelle actuelle de 3 milliards
jugée trop restreinte- et épargne de la diaspora. L'Éthiopie par exemple a
mobilisé les fonds de sa diaspora pour acheter des obligations d'État afin de
financer la construction du «barrage de la renaissance».
Pour cette région,
essentiellement en zone intertropicale, l'éolien et surtout le solaire ont un
énorme potentiel, souligne la Cnuced. Moins coûteux et rentable plus
rapidement, le photovoltaïque permet d'électrifier des petites unités. Là
encore, il n'y a pas de solution unique; il faut panacher, s'adapter aux
conditions locales. L'ONU a fait ses comptes pour un accès universel en 2030:
de grandes installations et lignes de transmission couvriraient
322 millions d'habitants, des mini-réseaux desserviraient
341 millions de personnes et des petites solutions locales alimenteraient
une population plus isolée et dispersée de 114 millions.
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En Éthiopie, les bergers combattants de la vallée de l'Omo
(24.11.2017)
Les pasteurs suris veillent jour
et nuit sur leur troupeau, convoité par les prédateurs et les villages
ennemis. - Crédits photo : Jean Michel TURPIN
REPORTAGE - Pasteurs
semi-nomades, les Suris d'Ethiopie entretiennent depuis des siècles leur
culture guerrière pour défendre territoire et mode de vie.
Méconnaissable. En quelques
semaines, l'environnement des Suris a changé radicalement. Leur territoire dans
la vallée de l'Omo, au sud-ouest de l'Ethiopie, s'est transformé en un paysage luxuriant, les
arbres et les herbages ont repris une teinte émeraude. La saison des pluies a
apporté une relative abondance de nourriture pour le millier de zébus que
possède la tribu. Un soulagement après la sécheresse. Une végétation abondante
est primordiale pour leur troupeau, surveillé de près par les hommes armés de
fusils d'assaut pour se défendre de la convoitise de leurs voisins et ennemis
ancestraux, les Mursis et les Nyangatoms. Les Suris sont des éleveurs, mais
aussi des guerriers.
Aujourd'hui est un jour
particulier. Les bergers abandonnent leur troupeau pour se rendre dans un lieu
situé à plusieurs heures de marche par-delà les collines de la vallée de l'Omo.
Les anciens ont organisé un donga, combat traditionnel où les guerriers suris
de différents villages s'affrontent pour la gloire, la richesse et les faveurs
des femmes.
Au donga, les pasteurs
deviennent guerriers
Les peintures de guerre suries
ont pour but d'impressionner l'adversaire. - Crédits photo : Jean Michel
TURPIN
Avant de partir, chacun se taille
un bâton d'environ 2 mètres de long dans du bois dur - le plus souvent de
l'acacia. Vient ensuite la décoration des corps. Au bord de la rivière, les
combattants s'immergent dans l'eau, s'enduisent mutuellement d'argile sur
laquelle ils tracent des motifs, entremêlement lignes et courbes qui, en
séchant, deviennent de vraies peintures de guerre. Couvert ainsi de la tête au
pied, le groupe entame une marche rythmée de chants et de danses pour rejoindre
le lieu du combat. Celui-ci est demeuré secret jusqu'au dernier moment: jugés
trop violents, les dongas sont officiellement interdits par le gouvernement
éthiopien.
Malgré cela, des centaines de
Suris sont au rendez-vous. Chaque groupe arbore son drapeau et approche d'un
pas lent et provocateur. Il s'agit de montrer sa bravoure et son mépris du
danger devant les autres. Surtout devant les femmes présentes. Et pour cause:
c'est notamment pour elles que vont se battre les hommes. Les vainqueurs auront
en effet le droit de désigner celle qu'ils convoitent pour l'inviter auprès
d'eux. Si l'heureuse élue accepte cette attention, elle remet au guerrier un
bracelet de perles, signe que portera fièrement son champion.
Au milieu de la mêlée, chaque
combattant choisit son adversaire. Lorsque celui-ci est à terre, le duel est
terminé. - Crédits photo : Jean Michel TURPIN
Les combats sont une épreuve
de force et de bravoure
Mais, avant cela, il faut
combattre. Lorsque le coup d'envoi est donné, un grand cercle se forme, les
bâtons qui pointent au-dessus des têtes formant une forêt de piques blanches.
S'avancent ceux qui veulent s'affronter. Certains sont équipés de protections
tressées de couleurs vives pour couvrir les bras, les jambes ou la tête.
D'autres n'ont sur leur peau que leurs peintures de guerre. Pour les Suris,
moins l'on porte de tissus au combat, plus on est courageux. Et il faut
posséder une bonne réserve de bravoure pour endurer la douleur que procurent
les coups de bâton.
Au signal, les combats
commencent. Au milieu des encouragements de l'assistance, on peut entendre le
bruit des bois qui s'entrechoquent et le son mat des coups qui font mouche,
laissant des bosses et des marques sanglantes. Heureusement, les règles sont
strictes et respectées à la lettre: il est interdit de toucher les organes
génitaux ou de frapper un homme à terre. Ce qui n'empêche pas les lésions, plus
ou moins graves. Parfois même, la mort d'un combattant.
Pour espérer épouser une femme,
il n'en faut pas moins satisfaire aux exigences de sa famille, c'est-à-dire
payer une dot d'une trentaine de zébus
Cette fois, les Suris reviennent
au village au complet, sans blessures importantes. Tant mieux pour les
récoltes, car tous les hommes valides doivent aider à rentrer les derniers
épis. C'est donc plus loin dans la vallée que se rendent les pasteurs, jusqu'au
village de Tawar, où vivent 120 familles (environ 1 100 personnes), dans
des huttes de bois et de terre. L'occasion de retrouver ses proches et, pour
les hommes mariés, leur épouse.
Le labret, ce plateau incorporé
dans la lèvre niférieure, est le signe d'une femme mariée. - Crédits photo
: Jean Michel TURPIN
Les femmes suries tiennent un
rôle important et jouissent d'une vraie liberté, du moins jusqu'à leur mariage.
Avant cela, une jeune femme peut fréquenter le ou les hommes de son choix, en
évitant malgré tout la surveillance de ses frères ou de son père. Malheur à
l'homme surpris en sa compagnie: il encourt, lui, une bonne correction. Ce qui
ne rebute pas les plus téméraires. Pour espérer épouser une femme, il n'en faut
pas moins satisfaire aux exigences de sa famille, c'est-à-dire payer une dot
d'une trentaine de zébus. L'importance du bétail n'en est que plus évidente.
Une fois mariées, les femmes ne
peuvent plus adresser la parole à d'autres hommes que leur mari. Elles arborent
désormais un plateau, ce disque de métal incorporé dans la lèvre inférieure,
signe de respectabilité. Le labret n'est cependant pas obligatoire pour les épouses:
à elles de choisir si elles souhaitent ou non le porter. Les hommes, eux,
débattent encore au sujet de l'esthétisme de la chose, les uns l'estimant
indispensable pour souligner le rang élevé de leur future épouse, les autres
laissant le libre choix à leur dulcinée. «Je ne pense pas que j'en
porterai un. J'ai peur de la douleur lorsque la lèvre est percée», confie
Nabolochichi, une jeune femme en train de moudre de la farine. A l'aide d'une
pierre plate, elle frotte sans relâche les grains, effort réservé aux femmes du
village, responsables de la nourriture de leur famille.
Le lien entre les hommes et
les bêtes sur lesquelles ils veillent est d'une force singulière (...) Là où
nous ne voyons qu'un troupeau, eux voient leur vie tout entière, leur honneur
de guerrier et la richesse de leur lignée
Pour les jeunes hommes qui
gardent le bétail dans les enclos, la vie est différente. Au premier abord, la
présence d'abris faits de branches et de feuillage suggère que les bergers y
dorment. En vérité, ils sont construits pour les veaux. Les Suris, eux, dorment
à la belle étoile, sur des peaux de vache disposées à même le sol. Et s'il
pleut? Qu'importe, «ce sera comme prendre une douche», lance
en souriant, Barkalinia, un jeune berger de 16 ans qui allume le feu au
milieu des zébus, pour leur apporter un peu de chaleur durant la nuit.
L'obscurité se teinte à présent
de la lueur orangée des brasiers, les mugissements s'éteignent peu à peu tandis
que la voie lactée étale sa splendeur. Ce campement éphémère est à la fois le
«coffre-fort» de la tribu, puisque chacun y fait garder son bétail, mais aussi
un lieu d'éducation et de fraternité. C'est à partir de l'âge de 10 ans
que l'on peut espérer accéder à l'endroit où les bergers vivent en permanence.
Ici, on apprend à s'occuper des animaux et à combattre pour le donga. On parle
des femmes, des traditions, des voisins ennemis. La vie en communauté crée des
liens forts entre les jeunes gens qui voient, dans cette vie isolée à plusieurs
heures du village, le summum de la liberté.
Le territoire des Suris se situe
dans la Région des nations. - Crédits photo : Jean Michel TURPIN
On s'y nourrit du lait des zébus,
et parfois de leur sang. Pas question pour autant de tuer une bête pour cela,
acte très symbolique réservé aux funérailles d'un membre de la tribu. L'un des
bergers se contente de percer une veine du cou grâce à une flèche pendant qu'un
autre maintient l'animal, puis récolte l'équivalent d'un litre de sang. Le zébu
retourne ensuite au sein du troupeau, légèrement affolé, certes, mais bien
vivant, tandis que son sang est offert aux femmes affaiblies qui viennent
jusqu'au camp pour boire le liquide sombre.
Le lien entre les hommes et les
bêtes sur lesquelles ils veillent est d'une force singulière. Entre eux règnent
une harmonie et une profonde bienveillance. Il n'est pas rare de voir une vache
témoigner son affection à l'un de ses protecteurs par un coup de langue. Les
Suris leur vouent un amour peu commun. Ils les connaissent, les soignent, les
débarrassent des tiques qui se fixent sur les pis et sont capables de
reconnaître un animal particulier au milieu de centaines de ses semblables. Là
où nous ne voyons qu'un troupeau, eux voient leur vie tout entière, leur
honneur de guerrier et la richesse de leur lignée.
Pour ces pasteurs, la moindre
bête est importante. le troupeau est leur héritage, leur richesse, leur raison
de vivre. - Crédits photo : Jean Michel TURPIN
Pour défendre ce trésor, ils sont
armés de vieux fusils d'assaut kalachnikovs. Et, depuis la dernière attaque
qu'ils ont subie, leur vigilance a redoublé. En juillet dernier, alors que
beaucoup étaient en chemin pour participer à un donga, des Nyangatoms ont
attaqué le troupeau, moins bien gardé qu'à l'accoutumée. Surpris, les Suris
n'ont eu d'autre choix que d'abandonner et de se mettre à l'abri.
Les Bumes, nom que les Suris
donnent aux Nyangatoms, ont emporté avec eux des zébus, couvrant
leur fuite par des rafales d'armes automatiques. Les bergers, partis plus tard
à la poursuite des voleurs, réussiront finalement à récupérer leurs animaux.
Mais cette attaque a laissé une cicatrice encore ouverte dans l'esprit de la
tribu. Se faire voler ainsi est une insulte d'autant plus grave qu'une paix
avait été négociée quelques mois plus tôt. Certains ne parlent que de se venger
des Bumes et de les attaquer à leur tour. Mais d'autres ne sont pas aussi
va-t-en-guerre, d'autant que les munitions manquent.
La vallée de l'Omo est
aujourd'hui leur dernier refuge
La rivalité tribale
traditionnelle n'est pas la seule raison de cette attaque. Les Bumes, dont le
territoire se situe à une centaine de kilomètres, ont dû céder une partie de
leurs terres au gouvernement éthiopien au nom de l'unification culturelle du
pays.
La basse vallée de l'Omo est en
effet l'un des derniers refuges pour ces ethnies qui refusent d'abandonner
leurs traditions et leurs différents dialectes. Inévitablement, la perte de
territoire entraîne un manque de pâturages, de terres cultivables pour le maïs
et le sorgho et provoque des tensions pour l'accès aux points d'eau. Les Bumes,
à l'est, et les Mursis, à l'ouest, empiètent sur les terres des Suris, favorisant
un climat de frictions permanentes où razzias et disputes se multiplient.
Les pasteurs suris veillent jour
et nuit sur leur troupeau, convoité par les prédateurs et par les villages
ennemis. - Crédits photo : Jean Michel Turpin
Le réchauffement climatique
bouleverse les habitudes agricoles
Pour l'heure, les Suris sont
relativement épargnés par les programmes du gouvernement. A la différence de
leurs voisins, leur territoire n'a pas bougé - du moins en superficie - et
leurs bêtes ont toujours de quoi se nourrir. En contrepartie, l'accès à
l'éducation pour les enfants est très difficile, aucune infrastructure scolaire
n'étant assez proche. Autour de leurs maisons se concentrent les cultures,
principalement du maïs et du sorgho, une graminée cultivée en Ethiopie depuis
l'Antiquité. Ces plants assurent la subsistance du village, constituant la base
de l'alimentation. Les femmes stockent les récoltes dans les greniers des
huttes. Pour éloigner les insectes, on allume des feux dans les habitations. En
montant jusqu'au grenier, la fumée empêche les nuisibles de venir grignoter les
céréales que les femmes transforment en farine.
Cette année, comme les
précédentes, la récolte n'est pas très bonne. La grande sécheresse qui sévit
dans tout le pays depuis plusieurs saisons ne gorge pas la terre de
suffisamment d'eau pour satisfaire tous les plants. Même à cette altitude,
l'humidité est bien en deçà de la normale. La faute sans doute au réchauffement
climatique, qui bouleverse les habitudes agricoles et complique encore un peu
plus les conflits de territoire. Pour cette année en tout cas, le village a
engrangé assez de grain pour tenir la famine à l'écart. Mais pas la faim, qui
vient si souvent rappeler la fragilité de leur mode de vie traditionnel.
À la télévision
Frédéric Lopez, Kev Adams et son
équipe - Crédits photo : Jean Michel TURPIN
Pour la 21e édition de
«Rendez-vous en terre inconnue», l'émission aux 5 millions de
téléspectateurs, Frédéric Lopez et son équipe ont emmené leur plus jeune invité
à ce jour, Kev Adams, à la rencontre des Suris d'Ethiopie. Deux semaines en
immersion totale sur les plateaux de l'Omo pour vivre et faire découvrir le
quotidien de leurs hôtes.
De la garde du troupeau à la
récolte du sorgho, en passant par le spectaculaire donga, le jeune humoriste,
d'abord effrayé, se trouvera finalement, avec ces hommes et ces femmes si
libres, plus de points communs qu'il n'aurait pu le penser. Une aventure à
suivre sur France 2 le 5 décembre prochain.
La rédaction vous
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Yémen: des centaines de migrants délibérément jetés dans la
Mer Rouge (10.08.2017)
Les immigrants affluent
massivement au Yémen ces dix dernières années. Ici, un groupe entré
illégalement en voie d'expulsion à Aden en 2016. - Crédits photo : SALEH
AL-OBEIDI/AFP
VIDÉO - Dix-neuf migrants
africains sont morts après avoir été jetés à la mer par des passeurs au large
du Yémen. Ce drame se rajoute à celui de mercredi qui a vu périr cinquante
migrants issus de la même région selon l'Organisation internationale pour les migrations
(OIM).
Dix-neuf Somaliens et Ethiopiens
ont probablement péri noyés au large du Yémen ce jeudi lorsqu'un passeur de
migrants a forcé les 180 passagers de son embarcation à se jeter à la mer,
rapporte l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).
La veille, un premier drame s'est
déjà déroulé dans la même zone maritime au large du Yémen, avec environ
cinquante victimes dont vingt-neuf avaient été découvertes dans des tombes
creusées à la hâte sur la plage. «Les survivants ont dit à nos collègues sur la
plage que les passeurs leur avaient demandé de se jeter à la mer après avoir vu
ce qui semblait être des représentants des autorités», a indiqué Laurent de
Boeck, chef de mission de l'OIM, en parlant de l'incident de jeudi.
L'organisation internationale a indiqué travailler étroitement avec le Comité
International de la Croix-Rouge (CICR) pour donner une sépulture aux morts et
soigner les survivants.
L'autre route maritime des
migrations
Les migrants sont majoritairement
issus des pays qui composent la Corne d'Afrique (Éthiopie, Erythrée, Somalie et
Djibouti). Ils affluent massivement au Yémen ces dix dernières années alors que
c'est un pays pauvre, classé au dernier rang en termes d'IDH au niveau mondial
et déchiré par
une guerre civile depuis trois ans. Plus de 10.000 morts, une dizaine de
pays impliqués, le Yémen est devenu le théâtre de la féroce lutte d'influence
entre l'Arabie Saoudite et l'Iran, entre Sunnites et Chiites. Au nord, à Sanaa,
se mêlent rebelles houthistes et fidèles de l'ex-président Saleh. Dans le Sud
siège un autre gouvernement, reconnu celui-ci par la communauté internationale
et par une coalition de pays dirigée par l'Arabie Saoudite. Ces troubles
internes font le jeu des groupes terroristes, à commencer par al-Qaida dans la
péninsule arabique.
En réalité, ce sont ses voisins,
les pays du Golfe plus riches, que les migrants cherchent à tout prix à
atteindre pour trouver du travail. Malheureusement, leur voyage s'interrompt
généralement au Yémen où ils se retrouvent entassés dans des camps pour une
durée indéterminée. L'ONU estime que le pays, où
une épidémie de choléra a déjà fait plus de 1.900 morts, est le
théâtre de la «plus grave crise humanitaire dans le monde».
Entre 2008 et 2016, plus de 345 000
migrants et demandeurs d'asile sont arrivés au Yémen par la Mer Rouge
selon les chiffres du Secrétariat Régional Mixte des Migrations (RMMS). Ils
venaient de la ville littorale de Obock, de la République de Djibouti. Plus de
80% d'entre eux étaient éthiopiens, le reste des voyageurs était somaliens et
érythréens.
Détroussés et torturés
Les migrants éthiopiens sont
particulièrement touchés par ce gigantesque trafic d'êtres humains. Il y a
plusieurs étapes à franchir avant d'arriver au Yémen et chacune d'entre elles
exige un paiement. «Tout le long du trajet, certains passeurs mentent et
augmentent leurs prix. Si les voyageurs n'ont pas assez d'argent pour payer la prochaine
étape, ils finissent dans des camps où ils sont généralement détroussés,
torturés, voire violés jusqu'à ce que ces passeurs-là soient payés et que les
migrants finissent dans les mains d'un autre trafiquant», indique Michael Kirby
Smith, photojournaliste qui travaille avec l'organisation non gouvernementale
Human Rights Watch.
«C'est choquant et inhumain. La
souffrance des migrants sur cette route est immense. Beaucoup de jeunes gens
paient les passeurs avec l'espoir d'avoir une vie meilleure», s'insurge un des
responsables de l'OIM.
L'organisme estime à 55.000 le
nombre de migrants, dont un tiers de femmes, arrivés au Yémen en provenance de
la Corne de l'Afrique depuis le début de l'année. Plus de 30.000 de ces
nouveaux migrants n'ont même pas 18 ans.
À voir également: Des
gardes-côtes espagnols interceptent un passeur à jet ski.
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La mosquée de Genève licencie 4 Français fichés S
(24.11.2017)
La mosquée de Genève a licencié 4
de ses employés fichés S (sûreté de l'Etat) en France, dont deux imams et un
agent de sécurité, a rapporté aujourd'hui un média suisse. Le directeur général
de la Fondation culturelle islamique de Genève (FCIG) le Saoudien Ahmed Beyari,
qui gère la mosquée, «a adressé des lettres de licenciement aux quatre
salariés, tous de nationalité française», écrit en une La Tribune de
Genève.
» LIRE AUSSI : Suisse: 10 arrestations après une agression dans une
mosquée
«Nous avons licencié quatre
employés. Les deux imams fichés S en France, selon les médias, et ayant une
autorisation de travail en Suisse. L'employé de la sécurité aussi fiché S en
France, selon les médias, et ayant une autorisation de travail en Suisse. Et un
quatrième pour une autre raison», déclaré Ahmed Beyari dans les colonnes du
quotidien. M. Beyari n'a pas expliqué les raisons de ce licenciement, mais La
Tribune affirme que cet employé est également fiché S.
Des enquêtes des médias suisses
avaient révélé en 2015 et 2016 que deux des trois imams de la Grande Mosquée
étaient fichés S, ainsi qu'un des agents de sécurité. Contactée par l'AFP, la
direction de la mosquée n'était pas en mesure de répondre immédiatement aux
questions.
Égypte : carnage dans une
mosquée du Nord-Sinaï (24.11.2017)
INFOGRAPHIE - En Égypte, des
hommes armés ont attaqué une mosquée en pleine prière du vendredi, faisant plus
de 200 morts et 120 blessés.
Le Caire
C'est
un carnage, comme l'Égypte n'en avait pas vécu depuis très longtemps.
Vendredi, en pleine prière hebdomadaire, la terreur a frappé le petit village
de Bir al-Abed, à 40 km d'al-Arish, dans la province du Nord-Sinaï.
Alors que de nombreux fidèles se
recueillaient dans ce petit lieu de culte majoritairement fréquenté par la
communauté soufie - une branche hétérodoxe de l'islam - plusieurs hommes armés
ont encerclé la mosquée avec des 4 × 4 avant d'y poser une bombe puis
de tirer sur les survivants qui tentaient de s'échapper.
Le bilan est terrible: vendredi
soir, il atteignait 235 morts et plus de 109 blessés. C'est l'attentat le plus
meurtier en Egypte depuis l'attentat à la bombe contre un Airbus A321 russe en
2015. Revendiquée par l'Etat islamique, l'attaque avait coûté la vie aux 224
occupants de l'appareil, peu après son décollage de Charm el-Cheikh, une
station balnéaire du Sinaï.
Vendredi, les images des corps
meurtris des victimes, dissimulés sous des couvertures, étaient diffusées en
boucle sur les télévisions égyptiennes dès le début d'après-midi. Le drame a
provoqué l'émoi dans le pays: alors que les hôpitaux de la région étaient en
alerte maximale pour prendre en charge les blessés, de nombreux Égyptiens se
sont pressés dans les centres hospitaliers pour donner leur sang.
Ce n'est pas la première fois
qu'un lieu de culte musulman est pris pour cible dans le pays. En 2013 déjà,
une explosion avait frappé le sanctuaire d'un cheikh dans le village d'al-Mazar
près de Bir al-Abed, où l'attaque de vendredi a eu lieu. L'année dernière,
plusieurs religieux avaient également été exécutés par l'EI dans la région,
provoquant un exode massif de la communauté soufie de l'autre côté du canal de
Suez.
L'ampleur de cet attentat est
néanmoins sans précédent. Si celui-ci n'a pas été revendiqué, les soupçons se portent
sur Wilayat
Sinai, la branche égyptienne de l'organisation de l'État islamique, très
active dans le Nord-Sinaï et de plus en plus puissante sur tout le territoire
égyptien. «À ce stade, la revendication est devenue une formalité», explique
Oded Berkovitz, directeur régional du renseignement et analyste pour MAX
Security. «Jusqu'à présent, Wilayat Sinai évitait d'infliger des pertes
massives aux civils musulmans en Égypte et se singularisait à ce titre d'autres
groupes, mais il a néanmoins pour cible privilégiée la communauté soufie
qu'elle considère comme apostate et idolâtre, ainsi que les civils suspectés de
coopérer avec le régime égyptien et l'armée. Il y a donc peu de doutes sur
l'origine de cette attaque», note-t-il.
Le gouvernement égyptien a
néanmoins décrété un deuil national de trois jours
Autre ennemi prioritaire de l'EI,
mais aussi de l'ensemble des groupes terroristes présents dans cette zone: les
forces de sécurités égyptiennes. C'est donc d'une pierre deux coups pour les
responsables de cette attaque, alors que, ce vendredi, des fidèles mais aussi
de nombreux conscrits étaient présents dans la mosquée au moment de l'assaut.
«En l'absence d'information claire il est difficile d'établir la cause exacte
du choix de ce lieu, mais il est vraisemblable que ce soit une combinaison de
ces deux paramètres», estime l'analyste.
Autre raison probable du choix de
cette cible: l'annonce, l'été dernier, de plusieurs tribus bédouines puissantes
(les Tarabins et les Sawarkas) de leur intention de collaborer avec les
autorités égyptiennes pour combattre le terrorisme. Un ralliement que militants
extrémistes et petits trafiquants avec la bande de Gaza toute proche avaient
peu goûté.
De son côté, le gouvernement
égyptien a néanmoins décrété un deuil national de trois jours. Le président
Abdel Fattah al-Sissi a également présidé en urgence une réunion à huis clos à
laquelle ont assisté ses ministres de la Défense et de l'Intérieur et les chefs
des services de renseignements généraux et militaires. Il
a promis de répondre avec une «force
brutale»
à l'attaque. «Les forces armées et la police vengeront nos martyrs et
ramèneront la sécurité et la stabilité avec force très prochainement», a-t-il
déclaré lors d'un discours télévisé très ferme. Le passage frontalier entre
l'Egypte et la bande de Gaza, qui devait rouvrir samedi, restera fermé jusqu'à
nouvel ordre, a indiqué un responsable palestinien.
Sur les réseaux sociaux, mais
aussi à la télévision égyptienne, les critiques contre le régime actuel, accusé
d'être inefficace et dépassé, se font d'ailleurs de plus en plus vives. Mais
certains commentateurs pro-régime n'ont pas hésité à défendre les autorités en
affirmant que «la zone attaquée est moins fournie en forces de sécurité que
d'autres zones de la région» car «beaucoup plus loin d'al-Arish que ce que les
médias déclarent.»
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Cinq effets bénéfiques du café pour la santé (12.07.2017)
- Par Aurélie Franc
- Mis à jour le 23/11/2017 à 11:07
- Publié le 12/07/2017 à 11:10
Boire trois à quatre cafés par
jour réduit les risques de morts précoces et permet de prévenir certaines
maladies.
Long ou serré, le café est
bon pour la santé! C’est ce que révèle une étude menée à l’université de
Southampton sous la direction de Robin Pool, spécialiste de santé publique,
publiée mercredi 22 novembre dans la revue
British Medical Journal. Elle compile les résultats de plus de 200 études
précédentes (méta-analyse). Les scientifiques recommandent de boire trois à
quatre tasses de café par jour (sauf pour les femmes enceintes ou les individus
sujets aux fractures), pour réduire les risques de diabètes, de maladies du
foie, de démence, voire de la survenance certains cancers.
Cette publication n’est pas la
première à démontrer les influences bénéfiques du café. Depuis une dizaine
d’années de nombreuses études ont confirmé les effets positifs du café sûr,
entre autres, la prévention du cancer ou des maladies cardio-vasculaires.
● Vivre plus longtemps
Une étude américaine publiée le 11 juillet 2017 révélait
que les personnes qui buvaient une tasse de café par jour avaient un risque
réduit de 12% de décéder pendant la durée de l’étude par rapport à celles n’en
buvant pas, un niveau qui a atteint 18% pour celles consommant trois tasses par
jour. Les causes des décès avaient été pondérés en fonction du tabagisme et
d’autres facteurs confondants.
Même constat pour une étude européenne, publiée en même temps que l’étude
américaine. En analysant les données de 520.000 participants de plus
de 35 ans pendant 16 ans, les chercheurs arrivent également à la conclusion que
les consommateurs d’environ trois tasses de café par jour, y compris décaféiné,
semblent jouir d’une plus longue espérance de vie que ceux qui n’en boivent
pas.
Pour le professeur Elio Riboli,
chef de la faculté de santé publique de l’Imperial College à Londres qui a
participé à ces travaux: «Bien que davantage de recherches soient nécessaires,
nous pouvons dire que les résultats de cette grande étude européenne confirment
les conclusions de précédentes recherches dans le monde.»
● Prévenir le cancer
La consommation modérée de café
(3 à 4 tasses par jour) protège contre le développement de nombreux cancers.
«Globalement, les effets du café divergent selon les cancers. Dans certains
cas, le café n’a aucun effet, mais dans d’autres, il est protecteur. Il n’y a
pas de cas où le café est un facteur aggravant le risque de développer un
cancer», explique le Dr Astrid Nehlig, directrice de recherche à l’Inserm et
auteur du livre «Café et santé, tout sur les
multiples vertus de ce breuvage».
Dans une étude publiée en 2011 dans Cancer
Epidemiology, Biomarkers & Prevention, par exemple, des chercheurs
d’Harvard affirment que boire 4 tasses ou plus de café par jour est lié à une
réduction de risque de 25% de développer un cancer de l’endomètre. Boire entre
2 et 3 tasses par jour réduit ce risque de 7%. De même, en 2013, l’Association américaine de gastro-entérologie
soulignait que 3 tasses de café par jour réduisent de moitié le risque de
développer un cancer du foie.
De nombreux autres cancers ont
fait l’objet d’études similaires et le café réduit le risque de développer un
cancer du sein, de la prostate, du pancréas, de la peau, etc.
● Réduire les maladies
cardio-vasculaires
«Dès la première tasse, il y a
également une légère réduction du risque de développer des problèmes
cardiovasculaires. Et cet effet est avéré entre 3 et 5 tasses par jour»,
explique le Dr Nehlig. Dans l’étude publiée par la revue Annals of
Internal Medicine, menée aux États-Unis sur plus de 185.000 adultes, les
auteurs ont constaté un lien entre une plus grande consommation de café et un
risque plus faible de mortalité résultant d’une maladie cardio-vasculaire, telle
qu’un infarctus ou un arrêt cardiaque.
● Moins de diabète de
type II
Le café, consommé cette fois en
grande quantité, a aussi des bienfaits sur le diabète
de type 2. Une méta-analyse publiée en 2014 dans Diabetes Care et portant sur plus
d’un million de participants, concluait que «consommer 6 tasses par jour était
associé à une diminution d’un tiers du risque de développer un diabète de type
2.» En fonction du métabolisme de chacun, il est cependant recommandé de ne pas
dépasser 4 tasses quotidiennes (environ 400 mg de café par jour) et même une
consommation peu élevée de café, de 2 tasses par jour, réduit déjà le risque de
développer un diabète de type 2.
● Lutter contre les
maladies neurodégénératives
Enfin, des études ont montré les
effets positifs sur des maladies du vieillissement, comme Parkinson ou
Alzheimer. Un article publié en 2010, comparant les résultats de 26
études, indique que les buveurs de café ont moins de risques de développer un
Parkinson que les non-buveurs. Plus la consommation est importante, moins les
symptômes (tremblements, rigidité musculaire etc.) seront étendus.
La protection contre les maladies
neurodégénératives serait attribuable à la caféine. À l’inverse de la
protection contre les autres pathologies, souvent liée à l’action des
antioxydants. «Très schématiquement, la caféine va avoir des effets positifs
sur toutes les maladies liées au cerveau (comme Alzheimer ou Parkinson) et les antioxydants seront
bénéfiques pour quasiment tous les autres organes, surtout dans les cas de
cancers», conclut le Dr Astrid Nehlig.
La rédaction vous conseille
- Boire
du café ferait vivre plus longtemps
- Le
café réduit les risques de cancer
- Le
café protégerait contre des maladies
- Le
café est-il bon ou mauvais pour la santé?
Le sommeil, un enjeu de santé méconnu (24.11.2017)
Par Cyrille Vanlerberghe.
Mis à jour le 24/11/2017. Publié le 24/11/2017 à 19:10.
Le Pr Pierre Philip présente
dimanche au Forum du CNRS à Paris les dernières connaissances sur le repos, et
son importance cruciale pour le bon fonctionnement de notre organisme.
Votre médecin généraliste vous
a-t-il déjà prescrit de bonnes nuits, avec au moins huit heures de sommeil? À l’heure où les
campagnes de santé publique insistent autant sur l’importance d’une bonne
hygiène de vie, avec une alimentation équilibrée («au moins 5 fruits et
légumes par jour») et une activité physique régulière («au moins 10.000 pas par
jour»), le sommeil mériterait d’avoir aussi sa place dans les politiques
publiques de prévention.
Car les recherches modernes en
neurobiologie sur le sommeil montrent son importance, pour le bon
fonctionnement de notre cerveau, mais aussi pour celui du reste du corps. «On
se rend compte depuis quelques années à quel point le sommeil a un rôle crucial
pour de nombreuses fonctions biologiques de l’organisme, jusqu’à jouer sur
l’efficacité du système immunitaire», explique le Pr Pierre Philip,
directeur de l’unité de recherche sommeil, addiction et neuropsychiatrie à
Bordeaux (CNRS/Université de Bordeaux*). Les effets du repos pour notre
cerveau, et notamment pour l’apprentissage et la mémorisation, sont désormais
des phénomènes bien connus. «Le sommeil lent profond consolide les souvenirs
d’actions récentes, comme ce que j’ai fait cette semaine, alors que le sommeil
paradoxal est plus lié aux émotions et consolidera plutôt le souvenir que j’ai
du baiser de ma première fiancée», rappelle le Pr Philip. Des phénomènes
parfaitement identifiés et localisés dans le cerveau en temps réel grâce
notamment aux techniques d’IRM
fonctionnelles.
De nombreux problèmes de santé
Les effets de la phase de repos
nocturne sur le fonctionnement du corps sont complexes, mais il est désormais
incontestable qu’elle a un rôle protecteur contre l’inflammation, qui peut être
à l’origine de nombreux problèmes de santé. Pendant la nuit, la
mise en veille de notre cerveau active des processus biologiques qui
aident à faire le ménage dans les cellules de l’organisme, notamment en
permettant d’éliminer des protéines qui sont à l’origine de l’inflammation, un
phénomène de réponse de l’organisme qui peut être lié à des risques accrus
d’obésité, de maladies cardio-vasculaires ou de maladies auto-immunes. En cas
de déficit de sommeil, le «nettoyage» des cellules est moins efficace, et les
risques pour la santé peuvent devenir réels.
«Le sommeil doit clairement
devenir un enjeu de santé publique pour les autorités»
Pr Pierre Philip, directeur
de l’unité de recherche sommeil, addiction et neuropsychiatrie à Bordeaux
De manière assez logique,
les troubles
du sommeil peuvent aussi avoir des effets néfastes sur le cerveau
lui-même. «On remarque des atteintes spécifiques du sommeil chez des patients
souffrant de troubles cognitifs légers, la phase qui précède des démences plus
sévères», explique le Pr Philip.
«Le sommeil doit clairement
devenir un enjeu de santé publique pour les autorités, plaide le spécialiste
bordelais. Et c’est un enjeu d’autant plus important qu’on voit dans nos études
que les Français dorment de moins en moins longtemps.» À cause des écrans et
autres distractions, la durée du sommeil a diminué en moyenne de 1 heure
et 15 minutes en quinze ans dans notre pays. Une dette qui n’est pas sans
conséquence pour l’état de santé.
* Le Pr Philip fera le point sur
les connaissances sur le sommeil au Forum du CNRS, dimanche 26 novembre à la
Cité universitaire, à Paris. Une manifestation dont Le Figaro est
partenaire.
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Astéroïdes, Lune, Mars... les start-up à l'assaut des
ressources minières de l'espace (24.11.2017)
FOCUS - La poursuite
de la conquête spatiale passera par la mise en valeur des ressources sur les
planètes ou sur des astéroïdes. Les projets fusent.
Envoyé spécial à Luxembourg
Si l'être humain veut conquérir
l'espace, il n'aura pas d'autre choix que d'en exploiter les ressources. Ce
constat se fonde sur une équation simple: envoyer un litre d'eau à bord de la
Station spatiale internationale, à 400 km d'altitude, coûte aujourd'hui
10.000 euros environ. Sur la Lune, la bouteille dépasse déjà le million.
On ose à peine imaginer le prix de la gorgée à la surface de Mars… Si les
agences spatiales souhaitent établir des bases sur ces astres, il faudra donc
trouver une solution pour limiter au maximum les ravitaillements depuis la
Terre.
Qu'elles soient attirées par
l'appât du gain ou leur rêve de voir l'humanité coloniser le Système solaire,
plusieurs entreprises ont d'ores et déjà commencé à se pencher très
sérieusement sur ce marché prometteur. S'inspirant du droit de la haute mer, les
États-Unis ont légiféré fin 2015 afin d'autoriser les entreprises américaines à
s'arroger le droit de propriété des ressources qu'elles extrairaient dans
l'espace, sur un astéroïde ou sur la Lune, sans pour autant s'approprier le
lieu d'extraction (ce qui serait contraire au droit international, lire
ci-dessus).
Le Grand-Duché spatial
Avec malice, le Luxembourg s'est
doté d'un cadre juridique similaire cet été, mais ouvert aux entreprises du
monde entier. Il suffit que les entreprises justifient d'une partie de leur
activité sur son sol pour bénéficier de cette protection. Deux des principaux
acteurs de ce secteur émergent, le japonais iSpace et l'américain Planetary
Resources, ont par exemple été séduits, créant une émulation très attractive
pour de nombreuses start-up, présentes lors de la première conférence NewSpace
organisée la semaine passée dans le Grand-Duché.
Composés notamment de fer, de
nickel ou de silicate, les fragments d'astéroïdes sont convoités par les
scientifiques. - Crédits photo : NASA/JPL-Caltech
«Ce type de loi est très
important pour rassurer les investisseurs potentiels», appuie Peter Marquez,
vice-président de Planetary Resources qui emploie déjà plus d'une soixantaine
de personnes dans le monde. «Nous avons quatre personnes au Luxembourg, mais
nous espérons qu'elles seront 40 à 50 en 2020. Nous pensons effectuer notre
première extraction opérationnelle sous pavillon luxembourgeois d'ici à une
dizaine d'années. Nous n'avons pas de montant exact mais nous pensons que cela
correspond à un investissement d'un milliard environ. Ce sont des montants et
des durées assez courants dans le monde de l'industrie minière.»
Avant d'en arriver là,
l'entreprise doit franchir plusieurs paliers. Un démonstrateur sera envoyé en
orbite basse par un lanceur indien dans les semaines à venir pour tester la
technologie radar nécessaire à la cartographie des ressources en eau.
L'entreprise espère envoyer une première constellation de six satellites dès
2020. Six astéroïdes doivent être visités par la flotte, consécutivement,
jusqu'en 2023 pour établir une carte de leurs ressources.
Carburant extraterrestre
«Ce type de données pourrait
d'ailleurs représenter le premier réel débouché pour toutes ces sociétés»,
anticipe Jean-Jacques Dordain, ex-directeur de l'Agence spatiale européenne
(ESA) qui conseille aujourd'hui le Luxembourg sur ce dossier. L'entreprise
japonaise iSpace (40 employés, 5 au Luxembourg) fait un pari
similaire, mais sur la Lune. «Nous pensons envoyer ces prochaines années une
centaine de petits rovers pour cartographier les zones les plus viables sur le
plan économique», détaille son fondateur, Takeshi Hakamada.
Un premier éclaireur doit partir
dès cet hiver, à bord d'une fusée indienne également. S'il parvient à se poser,
à rouler 500 mètres et à transmettre des images haute définition, il
pourrait déjà empocher le prix de 20 millions de dollars mis en jeu dans
le cadre du Google Lunar X Prize. «Mais nous n'avons pas besoin de cet
argent», assure le jeune entrepreneur. «Si nous arrivons à démontrer nos
capacités d'extraction, les gouvernements suivront. La priorité, c'est l'eau.
Sans cela, l'humanité ne pourra jamais coloniser l'espace.»
Un astronaute se prépareà en
prélèver un échantillon. (vue d'artiste et image de synthèse). - Crédits
photo : NASA
Pour le moment, il faut bien le
dire, le marché est inexistant. Mais le jeune homme peut compter sur un allié
de circonstance: le directeur de l'ESA, Jan
Woerner. Ce dernier défend avec ferveur un vaste projet international de
village lunaire. «Ce n'est pas un rêve, cela va devenir une réalité et
beaucoup plus vite que vous ne l'imaginez», assure-t-il. «Nous devons changer
de paradigme.» L'objectif est de réunir entreprises privées, ONG, universités
et gouvernements du monde entier au sein d'un grand projet collaboratif
«ouvert» sans budget fixe, ni programmation définie - une première dans
l'histoire spatiale.
Les futurs mineurs de l'espace
espèrent voir mûrir dans la décennie un second marché. Il pourrait en effet
être plus économique pour les grandes agences spatiales de remplir les
réservoirs de leurs sondes en orbite avec l'hydrogène ou l'oxygène liquide
obtenu à partir d'eau extraterrestre que de les faire décoller avec tout leur
combustible. Un scénario par exemple évoqué par United Launch Alliance pour se
rendre sur Mars. La stratégie envisagée par le fondateur de SpaceX, Elon Musk,
pour envoyer ses vaisseaux hypothétiques vers la planète rouge pourrait
bénéficier de tels ravitaillements spatiaux. De même que les satellites dont la
durée de vie pourrait ainsi être prolongée. C'est peut-être d'ailleurs à cette
seule condition que l'espace pourrait vraiment devenir le théâtre d'une «ruée
vers l'eau».
● L'eau, nouvel or bleu
- Crédits photo :
69293444/foto_images - stock.adobe.com
L'eau est la ressource
prioritaire. Omniprésente à des concentrations diverses sur la Lune et dans les
astéroïdes, elle est indispensable à la survie de futurs colons, que ce soit
pour boire ou irriguer d'éventuelles cultures. Son électrolyse, en utilisant
l'énergie solaire par exemple, permettrait aussi de fournir de l'hydrogène et
de l'oxygène. De quoi respirer mais aussi alimenter en combustible les
vaisseaux spatiaux qui se rendront vers Mars ou plus loin dans le Système
solaire. Ce marché du ravitaillement pourrait d'ailleurs être le premier
débouché des pionniers de cette industrie. Il sera vraisemblablement plus
économique de faire le plein en orbite terrestre que de décoller avec les
réservoirs remplis.
● Un nouvel âge du fer
- Crédits photo : LEVENT
KONUK/uwimages - stock.adobe.com
Les astéroïdes sont riches en
métaux communs, à commencer par le fer et le nickel. Pour s'établir dans
«outre-Terre», l'homme pourrait utiliser ces matières premières pour réaliser
de grandes structures en utilisant des techniques d'impression 3D. Cette
technologie pourrait aussi être déployée sur la Lune pour construire des
bâtiments à partir de matériaux locaux.
● De l'hélium-3 à
profusion
- Crédits photo : igor
terekhov/terex - stock.adobe.com
Très abondant dans l'Univers et
sur la Lune, l'hélium-3 est quasi absent sur Terre. Ce serait pourtant un
carburant de choix pour la fusion nucléaire. Il faudrait néanmoins pouvoir le
ramener sur Terre à moindre coût. Tout en espérant que les technologies de
fusion nucléaire, encore loin d'être maîtrisées, arrivent à maturité. Ce gaz
reste donc à court et moyen terme un marché très hypothétique.
● Le platine pas si rare
- Crédits photo : Bjoern
Wylezich/Björn Wylezich - stock.adobe.com
Les astéroïdes regorgent de
platine, un métal noble en phase d'épuisement sur Terre, mais abondamment
utilisé dans les pots catalytiques par exemple. Ils contiennent également des
«terres rares», des métaux plus précieux encore, omniprésents dans les
nouvelles technologies (ordinateurs, smartphones). Leur extraction s'annonce
très complexe et coûteuse.
Le droit international
contourné
L'article 2 du traité de l'ONU
sur l'espace de 1967 stipule très clairement que «l'espace extra-atmosphérique,
y compris la Lune et les autres corps célestes, ne peut faire l'objet
d'appropriation nationale par proclamation de souveraineté, ni par voie
d'utilisation ou d'occupation, ni par aucun autre moyen». C'est ce texte que
les législations américaine et luxembourgeoise tentent de contourner en prenant
exemple sur la haute mer: les pêcheurs ont le droit de s'approprier le poisson
remonté dans les eaux internationales. Cette interprétation unilatérale du
droit international par les deux États est controversée.
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Nicolas Bouzou: «L'Europe peut rater la révolution de
l'espace» (24.11.2017)
INTERVIEW VIDÉO - Invité du
«Grand Témoin-Le Figaro», l'économiste explique que les ressources
extraterrestres attisent les convoitises. L'économie de l'espace est promise à
un très fort développement.
Que représente aujourd'hui
l'économie de l'espace?
Il existe deux espaces. L'un est
public, c'est l'espace de la conquête spatiale, avec par exemple Thomas Pesquet qui
s'installe pendant six mois dans la station spatiale ISS. L'autre, privé, est
déjà bien réel. Il est incarné principalement par les satellites aux très
nombreuses applications qu'il s'agisse de la télévision, du téléphone, de
l'Internet, la météo, le GPS et bien d'autres domaines encore que l'on ne
soupçonne pas forcément. L'agriculture de précision est un bon exemple:
l'analyse des cultures est réalisée par des images satellites. En quelques
chiffres, l'économie privée de l'espace représente à peu près 250 milliards
d'euros de chiffre d'affaires, soit trois fois plus que les budgets publics.
Cet écart va rapidement se creuser.
Pourquoi?
Parce que l'environnement de
l'espace est en plein bouleversement. Dans son fonctionnement tout d'abord. Au
milieu des années 1990, insatisfaite du programme de la navette spatiale
extrêmement coûteux et peu efficace, la Nasa a changé son approche et a décidé
de contracter avec des entreprises privées en matière de lanceurs notamment. Ce
changement a ouvert la porte au privé et a permis l'émergence de Space X, la société d'Elon Musk. Le deuxième choc
est technologique. Les nouvelles entreprises du spatial accélèrent l'innovation
dans un domaine qui a longtemps privilégié l'efficacité au changement. Ne
perdons pas de vue que Thomas Pesquet est parti vers l'ISS dans une capsule
Soyouz, un engin qui a assez peu évolué depuis un demi-siècle. Musk a osé
rompre et faire le pari d'un lanceur réutilisable. Beaucoup ont souri, il est
pourtant en passe de relever ce défi technologique aux conséquences économiques
très importantes: la réduction du prix de l'accès à l'espace. Ces dernières
années, nous assistons également à la diminution de la taille des satellites,
synonyme là encore de baisse des coûts et de démocratisation de l'économie
spatiale.
«Aux États-Unis, les sociétés
de capital-risque investissent des milliards de dollars dans des start-up qui
travaillent sur la conquête de l'espace.»
Nicolas Bouzou
Faut-il croire à
l'exploitation des ressources de l'espace?
L'avantage de l'espace est qu'il
est infini. De fait les entrepreneurs de la Silicon Valley sont nombreux à
penser qu'il est normal de vouloir exploiter les ressources de l'espace.
L'écosystème permettant de passer du rêve à la réalité se met en place. Aux
États-Unis, les sociétés de capital-risque investissent des milliards de
dollars dans des start-up qui travaillent sur la conquête de l'espace. Jeff Bezos apporte un
milliard chaque année à sa société spatiale Blue Origin. Sur quoi
travaillent-ils? L'hélium 3, une source d'énergie présente sur la lune qui a
l'avantage de ne pas polluer, attise les convoitises. Certaines start-up
envisagent d'exploiter les matières rares des astéroïdes. À 10 ou 20 ans, ces
projets fous pourraient devenir réalité. Grâce à l'intelligence artificielle,
les robots seront plus performants et partiront exploiter l'espace, bâtiront
des habitations extraterrestres. L'homme ne viendra s'y installer que dans un
second temps.
Pourquoi l'installation sur
Mars attise autant les convoitises?
L'homme est déjà allé sur la
lune, un satellite qui n'est qu'un morceau de terre difficilement habitable.
Mars, c'est tout autre chose. Son potentiel semble considérable. C'est une
autre terre totalement inconnue sur laquelle il y a eu de l'eau et donc
potentiellement plus adaptée à une conquête durable. Après soyons réalistes,
cette conquête est freinée par le coût vertigineux d'une implantation durable
et son éloignement qui aujourd'hui permet difficilement d'envisager un retour
sur Terre. Au passage, cette conquête éloignera l'homme de la Terre et répondra
à une question fondamentale: que sommes-nous profondément, plutôt des terriens
attachés à leur planète, ou plutôt des humains? Elon Musk fait le pari que nous
sommes plutôt des humains capables de nous arracher à nos origines. L'homme il
est vrai a de tout temps lutté contre les deux déterminismes que sont le temps
et l'espace, en investissant beaucoup dans la santé et dans le transport pour
s'affranchir de l'idée qu'il est mortel et de pouvoir quitter la Terre. C'est
pour cela que la conquête spatiale nous fascine tant.
Musk assure pouvoir habiter
Mars avant la fin de la prochaine décennie. Qu'en pensez-vous?
(Rire) Pour nous sensibiliser à
des projets fous, Elon Musk a tendance à se tromper sur le calendrier. C'est
bien normal.
«L'Europe a un système spatial
soviétique, condamné à plus ou moins longue échéance.»
Nicolas Bouzou
Nasa, Musk, start-up américaines… L'Europe
serait-elle la grande absente de cette révolution annoncée?
L'Europe peut rater la révolution
de l'espace. Elle a longtemps méprisé Musk et Space X et a acquis un retard en
matière d'innovation et de fonctionnement. Il est temps de changer d'approche.
À vouloir une fiabilité à 100%, on se coupe des innovations disruptives et de
baisse des coûts d'accès à l'espace. Avec le projet Ariane 6, cela devrait changer.
Mais, il faut aller plus loin. À l'instar de la Nasa, que l'Agence spatiale
européenne devienne un acheteur et fasse jouer la concurrence très créative et
disruptive. Nous devons bâtir un écosystème comparable à celui de la Silicon
Valley qui associe recherche, nouvelles technologies et capital-investissement.
L'Europe a un système spatial soviétique, condamné à plus ou moins longue
échéance.
Face à de telles perspectives
économiques, faut-il réglementer l'espace?
Dans la tradition de John Locke,
je considère qu'il faudra mettre en place des droits de propriété. Que celui
qui s'installe sur un astéroïde et décide de l'exploiter en ait la propriété,
comme ce fut le cas lors de la conquête de l'Ouest américain. Il est nécessaire
qu'une autorité s'empare du sujet, assure la gouvernance et édicte des règles.
Mais je n'en fais pas un préalable au développement économique de l'espace.
L'absence de règles ne freine pas actuellement le développement de l'économie
de l'espace.
Doit-on redouter que l'enjeu
économique attise les tensions entre États?
C'est un peu tôt pour le dire,
mais là encore je veux être confiant. L'espace est grand, infini et donc sans
frontières, ce qui réduit le risque de conflits.
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Anne-Sophie Letac : «M. le président, ne sacrifiez pas les
lycées français de l'étranger !» (24.11.2017)
TRIBUNE - L'agrégée d'histoire
déplore les coupes budgétaires visant l'enseignement français de l'étranger,
vecteur du rayonnement de l'excellence française.
Emmanuel Macron semble entretenir
un lien particulier avec le vicomte François-René de Chateaubriand, ou du moins
croiser régulièrement la route de celui-ci. Avant que son épouse Brigitte n'entretienne
des conversations vespérales avec Stéphane Bern sur le sujet de savoir comment
faire aimer le héraut du romantisme dans les collèges, Laurent Fabius citait
déjà Chateaubriand dans son discours de passation de pouvoir de mai 2017
lorsqu'il affirmait: «Pour être l'homme de son pays, il faut être l'homme de
son temps» et rattachait aussitôt le jeune président à la lignée des hommes de
leur temps par ses choix, sa formation, son parcours et son état civil.
Durant sa campagne
présidentielle, Emmanuel Macron avait lui-même vanté l'excellence de
l'enseignement français à l'étranger en citant en exemple deux joyaux de
l'Agence pour l'enseignement français à l'étranger (Aefe), les prestigieux
lycées Charles-de-Gaulle à Londres et… Chateaubriand à Rome, ce qui avait
certainement contribué à lui assurer une large majorité de voix auprès des
Français de l'étranger aux élections présidentielle et législatives.
La suppression de
33 millions d'euros de crédit de l'Aefe pour l'exercice 2017 va entraîner
la disparition de 180 postes de professeurs résidents
Dans un discours du
2 octobre 2017, le président confirmait: «La France est un pays qui porte
l'universalité dans ses gènes, qui ne se comprend, ne s'explique, n'est à
hauteur de son Histoire et de son destin que lorsqu'elle se vit justement au
contact du reste du monde. À ce titre, les Françaises et Français de l'étranger
participent de ce destin français.» Dans le même discours, il affirmait
comprendre «le souci majeur de nos compatriotes de l'étranger d'offrir à leurs
enfants un enseignement de qualité qui conserve un lien fort avec la France»,
et insistait à juste titre sur un point crucial: le fait que la «capacité de
rayonner, l'attractivité de la France, notre capacité à faire des affaires ou
des échanges culturels» soient assurées par un réseau d'enseignement Aefe de
qualité qui attire les enfants étrangers dans les lycées français.
Si le discours d'Emmanuel Macron
possède toutes les caractéristiques du romantisme - engagement politique,
lyrisme, goût pour le rêve, et recherche de la couleur locale -, on peut
craindre qu'il n'en adopte aussi les aspects plus sombres, la fascination pour
les ruines et le caractère échevelé. En effet, le lyrisme se brise en retombant
sur une dure réalité, celle de la suppression de 33 millions d'euros de crédit de l'Aefe
pour l'exercice 2017, le président ayant promis de maintenir le budget
après 2018, ce qui signifie en conserver les coupes sombres. Ceci entraîne la
suppression de 180 postes de professeurs résidents pour 2018 dans les
492 établissements du réseau français, et de lourdes menaces pour les
années suivantes. Au lycée Chateaubriand de Rome, certains professeurs
chevronnés perdent déjà leur poste.
Pour 33 millions
d'économie, autrement dit pour un plat de lentilles loin de compenser
l'exonération des yachts de l'ISF, on déséquilibre un système d'excellence qui
fonctionne parfaitement
Certes, le Français de l'étranger
est vu comme un privilégié affligé de problèmes de riches. Or, le Français de
l'étranger, c'est aussi le professeur français qui parle plusieurs langues, qui
a pris le risque de quitter un relatif confort pour s'expatrier avec les
difficultés familiales qui en découlent, qui reçoit un traitement de résident
et non plus d'expatrié, autrefois lucratif mais en voie de disparition, et qui
scolarise ses enfants à ses propres frais, alourdis d'année en année, dans les
lycées français, bref, qui s'installe dans un pays en prenant un engagement
personnel.
Pour 33 millions d'économie,
autrement dit pour un plat de lentilles loin de compenser l'exonération des
yachts de l'ISF, on déséquilibre un système d'excellence qui fonctionne
parfaitement. Ce plan social déguisé, cette braderie coûtera bien plus cher
qu'elle ne rapporte au rayonnement français, à l'efficacité de l'État, très
cher aussi à l'image européenne de la France, les lycées français créant de
remarquables cultures bilatérales franco-italiennes, espagnoles ou
britanniques.
Pire, on introduit au ministère
des Affaires étrangères dont dépend l'Aefe les défauts de la culture de
l'Éducation nationale, l'idée que les «profs» sont interchangeables. On
remplace les résidents par des contrats locaux peu payés par le pays d'accueil
- un peu plus du smic en Italie, par exemple - qui feront fuir les
professeurs français, sans aucun gage sur la formation intellectuelle des
futures recrues, sans certitude même qu'elles parlent français. Rappelons enfin
qu'un professeur de lycée français à l'étranger bénéficie d'une reconnaissance
pour son travail, d'un certain prestige qui stimule sa motivation. Les coupes
budgétaires et les départs de professeurs non renouvelés sont un signal profondément
négatif et régressif alors que le système éducatif français a plus que jamais
besoin de signaux positifs et encourageants.
À la fin de son discours du
2 octobre, le chef de l'État suggère «le développement de solutions
innovantes» comme les Mooc, enseignement numérique à distance, mais ceux-ci ne
remplaceront jamais la présence française à l'étranger. Le vrai courage serait
d'écouter Chateaubriand lorsqu'il dit: «Le péril s'évanouit lorsqu'on ose le
regarder», et d'empêcher concrètement et positivement que le rayonnement
français ne relève un jour des Mémoires d'outre-tombe.
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Natacha Polony : «Non-mixité, le racisme facturé au
contribuable» (24.11.2017)
CHRONIQUE - La proposition par
SUD-éducation 93 de séparer, lors d'un stage, les enseignants blancs des
«racisés» est un crachat à la démocratie, qui plus est payé par les citoyens,
condamne notre chroniqueuse.
Quel est le rôle d'un professeur,
fonctionnaire de la République? Cette question en apparence anodine peut
devenir vertigineuse si l'on met en regard la lettre envoyée par Jules Ferry le
27 novembre 1883 à tous les instituteurs de France, expliquant à ces
hommes que leur «honneur» sera d'avoir formé des gens honnêtes, ayant le goût
de l'effort et le respect d'autrui, et le programme du stage proposé les 18 et
19 décembre prochain par le syndicat SUD-éducation 93, avec ateliers «en
non-mixité» (interdits aux Blancs, donc) pour partager l'expérience de
discrimination des «personnes racisées» et réflexions sur le «racisme
systémique» et la «vision coloniale» de l'institution scolaire.
Le ministre de l'Éducation nationale a annoncé avoir porté
plainte pour diffamation, au titre de l'article 40 du Code de procédure
pénale, qui permet à un «officier public ou fonctionnaire» de dénoncer un délit
constaté dans le cadre de ses fonctions. Le choix de la procédure n'est pas
anodin. Il met l'accent sur le fait que les gens qui organisent ce genre de
stage sont des fonctionnaires. Mieux, ils le font dans le cadre du droit à la
formation des professeurs, qui viennent donc assister à ces réunions sur le
temps scolaire, au frais du contribuable.
La question se pose : un
fonctionnaire peut-il décider en toute conscience de véhiculer la haine de la
République ?
Car tel est bien l'élément
majeur, dans cette pitoyable affaire, à laquelle le syndicat SUD n'oppose
d'autre réponse que la dénonciation d'un «agenda commun» entre l'extrême droite
et le ministre: alors que le système scolaire français est le plus inégalitaire de tous
les pays de l'OCDE, qu'il échoue à donner aux enfants défavorisés les armes
intellectuelles minimales pour s'intégrer dans la société, les condamnant à
l'ignorance et à la dépendance, l'urgence pour un syndicat enseignant est de
diffuser l'idée que les causes de ce naufrage seraient à chercher dans une
ségrégation digne des grandes heures de l'apartheid.
L'urgence ne serait pas de
comprendre pourquoi un quart des élèves (et bien davantage dans le 93)
arrive en 6e avec des lacunes terribles, mais de leur mettre dans
le crâne qu'ils sont des victimes de l'oppression postcoloniale et de
déconstruire à leurs yeux l'insupportable «récit national» français.
On ne voit pas bien au nom de
quoi la République devrait tolérer que l'argent des contribuables serve à
diffuser ce genre d'idéologie qui (...) justifie par avance la violence dont
ils pourraient faire preuve
On se rassurera en estimant que
ces délires sont largement minoritaires, que l'immense majorité des enseignants
est indignée. Mais la question se pose: un fonctionnaire peut-il décider en
toute conscience de véhiculer la haine de la République? Ce qui n'était que
choquant et déloyal jusqu'à présent devient criminel dans un pays où des jeunes
gens traduisent leur haine et leur ressentiment en tirant à la kalachnikov sur
d'autres jeunes gens.
Et l'on ne voit pas bien au nom
de quoi la République devrait tolérer que l'argent des contribuables serve à
diffuser ce genre d'idéologie qui, non seulement enferme des enfants issus de
l'immigration dans une position qui leur interdit de jamais s'intégrer à cette
société, mais surtout justifie par avance la violence dont ils pourraient faire
preuve. On se souvient du sociologue Geoffroy de Lagasnerie, expliquant après
l'attentat du Bataclan la discrimination dont seraient victimes les jeunes «des
minorités ethniques» aux terrasses des cafés, et concluant: «Ils ont plaqué des
mots djihadistes sur une violence sociale qu'ils ont ressentie quand ils
avaient 16 ans.»
Il n'est parfois plus temps de
s'indigner, mais de se révolter contre ce crachat lancé à la démocratie, qui
plus est, un crachat facturé aux citoyens
En 2011 avait été introduite dans
les concours d'enseignement une épreuve intitulée «agir en fonctionnaire de
l'État et de manière éthique et responsable». Certains s'étaient inquiétés
d'une volonté de caporalisation des professeurs, d'une forme de contrôle
idéologique exercé sur eux. Et sans doute l'éthique et le sens de la
responsabilité ne se définissent-ils pas dans des cours et des examens. Mais
les pratiques du SUD-éducation montrent à tout le moins que la préoccupation
était légitime. D'autant qu'on trouve parmi les intervenants dudit stage une
professeur en ESPE, École supérieure du professorat et de l'enseignement,
chargée, donc, de la formation des jeunes enseignants. La liberté syndicale n'a
pourtant jamais eu pour objet de supprimer le devoir de réserve des
fonctionnaires.
On comprend donc que des gens qui
haïssent l'idée même de nation, et se fixent pour but de déconstruire le
sentiment d'appartenance commune, utilisent leur statut de fonctionnaire pour
miner l'institution qu'ils sont censés servir et transformer leurs élèves les
plus défavorisés en cobayes de leurs projets politiques. Pire, ils sont à ce
point persuadés d'être des résistants à un ordre quasi fasciste qu'il ne leur
vient pas à l'esprit qu'ils s'asseyent ainsi sur les principes les plus
élémentaires de la démocratie. SUD-éducation, comme tous les syndicats,
bénéficie de postes détachés, en une période où les professeurs manquent devant
les classes. Il utilise l'argent public pour financer ce genre de stage quand
la formation continue des enseignants est un désert. Il n'est parfois plus
temps de s'indigner, mais de se révolter contre ce crachat lancé à la
démocratie, qui plus est, un crachat facturé aux citoyens.
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Égypte : carnage dans une mosquée du Nord-Sinaï (24.11.2017)
Des hommes armés ont attaqué une
mosquée en pleine prière du vendredi, faisant 235 morts et 120 blessés.
C'est
un carnage, comme l'Égypte n'en avait pas vécu depuis très longtemps. Vendredi,
en pleine prière hebdomadaire, la terreur a frappé le petit village de Bir
al-Abed, à 40 km d'al-Arish, dans la province du Nord-Sinaï.
Alors que de nombreux fidèles se
recueillaient dans ce petit lieu de culte majoritairement fréquenté par la
communauté soufie - une branche hétérodoxe de l'islam - au moins deux hommes
armés ont encerclé la mosquée avec des 4 × 4 avant d'y poser une
bombe puis de tirer sur les survivants qui tentaient de s'échapper.
Le bilan est terrible: vendredi
soir, il atteignait 235 morts et plus de 120 blessés. «C'est, à ce jour, la
deuxième attaque terroriste la plus grave de l'histoire égyptienne depuis
l'attentat qui a coûté la vie à 224 personnes dans le crash d'un avion russe en
octobre 2015», note Oded Berkovitz, directeur régional du renseignement et
analyste pour MAX Security, spécialiste de la zone. «Le bilan étant en
constante hausse, on peut s'attendre à ce que cette attaque soit la plus grave
que l'Égypte ait connue», affirme d'ailleurs le spécialiste.
Les images des corps meurtris des
victimes, recouverts de couvertures étaient diffusées en boucle sur les
télévisions égyptiennes dès le début d'après-midi. Un drame qui a provoqué
l'émoi dans le pays: alors que les hôpitaux de la région étaient en alerte
maximale pour prendre en charge les blessés, de nombreux Égyptiens se sont
pressés dans les centres hospitaliers pour donner leur sang.
Un attentat sans précédent
Ce n'est pas la première fois
qu'un lieu de culte musulman est pris pour cible dans le pays. En 2013 déjà,
une explosion avait frappé le sanctuaire d'un cheikh dans le village d'al-Mazar
près de Bir al-Abed, où l'attaque de vendredi a eu lieu. L'année dernière,
plusieurs religieux avaient également été exécutés par l'EI dans la région,
provoquant un exode massif de la communauté soufie de l'autre côté du canal de
Suez.
L'ampleur de cet attentat est
néanmoins sans précédent. Si celui-ci n'a pas été revendiqué, les soupçons se
portent sur
Wilayat Sinai, la branche égyptienne de l'organisation de l'État islamique, très
active dans le Nord-Sinaï et de plus en plus puissante sur tout le territoire
égyptien. «À ce stade, la revendication est devenue une formalité, explique
Oded Berkovitz. jusqu'à présent, Wilayat Sinai évitait d'infliger des
pertes massives aux civils musulmans en Égypte et se singularisait à ce titre
d'autres groupes, mais il a néanmoins pour cible privilégiée la communauté
soufie qu'elle considère comme apostate et idolâtre, ainsi que les civils
suspectés de coopérer avec le régime égyptien et l'armée. Il y a donc peu de
doutes sur l'origine de cette attaque», note-t-il.
«Les forces armées et la
police vengeront nos martyrs et ramèneront la sécurité et la stabilité avec
force très prochainement»
Abdel Fattah al-Sissi, président
égyptien
Autre ennemi prioritaire de l'EI,
mais aussi de l'ensemble des groupes terroristes présents dans cette zone: les
forces de sécurités égyptiennes. C'est donc d'une pierre deux coups pour les
responsables de cette attaque, alors que ce vendredi, des fidèles mais aussi de
nombreux conscrits étaient présents dans la mosquée au moment de l'assaut. «En
l'absence d'information claire il est difficile d'établir la cause exacte du
choix de ce lieu, mais il est vraisemblable que ce soit une combinaison de ces
deux paramètres», estime l'analyste.
Autre raison probable du choix de
cette cible: l'annonce, l'été dernier, de plusieurs tribus bédouines puissantes
(les Tarabins et les Sawarkas) de leur intention de collaborer avec les
autorités égyptiennes pour combattre le terrorisme. Un ralliement que militants
extrémistes et petits trafiquants avec la bande de Gaza toute proche avaient
peu goûté.
De son côté, le gouvernement
égyptien a néanmoins décrété un deuil national de trois jours. Le président
Abdel Fattah al-Sissi a également présidé en urgence une réunion à huis clos à
laquelle ont assisté ses ministres de la Défense et de l'Intérieur et les chefs
des services de renseignements généraux et militaires. Il a promis de répondre
avec une «force
brutale»
à l'attaque. «Les forces armées et la police vengeront nos martyrs et
ramèneront la sécurité et la stabilité avec force très prochainement», a-t-il
déclaré lors d'un discours télévisé très ferme.
Sur les réseaux sociaux, mais
aussi à la télévision égyptienne, les critiques contre le régime actuel, accusé
d'être inefficace et dépassé, se font d'ailleurs de plus en plus vives. Mais
certains commentateurs pro-régime n'ont pas hésité à défendre les autorités en
affirmant que «la zone attaquée est moins fournie en forces de sécurité que
d'autres zones de la région» car «beaucoup plus loin d'al-Arish que ce que les
médias déclarent.»
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Après la mort, que deviennent nos données ? (21.11.2017)
INFOGRAPHIE - Notre patrimoine
numérique, les traces que nous laissons chaque jour sur Internet ne
disparaissent pas à notre décès. Qu'advient-il de ces informations ? Qui
décide de leur sort ?
Il y aura en 2098 plus de morts
que de vivants sur Facebook, selon les estimations de Hachem Sadikki,
statisticien de l'université du Massachusetts. Même s'il est difficile
d'affirmer que Facebook existera toujours à la fin du siècle et d'imaginer ce
qu'il serait alors, ce type de projection interpelle. Comment organiser la
gestion post-mortem des comptes sur les réseaux sociaux et plus largement, de
l'ensemble des services Web que nous utilisons de notre vivant ?
Certaines entreprises ont pris en
main cette question délicate. La suppression d'un compte LinkedIn,
Snapchat ou Twitter est ainsi possible à la requête d'un proche, parfois à
condition de fournir un certificat de décès. Facebook permet également à chaque
utilisateur de désigner un «contact légataire», une personne qui pourra
supprimer le compte de son titulaire en cas de décès ou
bien gérer son «profil mémorial». Elle pourra écrire un avis de décès
sur le profil du défunt afin d'informer ses amis, changer la photo de profil et
répondre aux demandes de contact. Les messages privés du mort resteront en
revanche inaccessibles. «Les vivants ont toujours gardé des traces du mort, et
bien souvent, les nouvelles techniques sont utilisées pour communiquer avec les
morts et en garder des traces. C'est un invariant sociologique et, par exemple,
l'un des premiers usages de la photographie», explique le socio-anthropologue
Martin Julier-Costes au site Regard sur le numérique. Selon ce chercheur du
programme Eneid-Éternités numérique, financé par l'Agence nationale de
recherche, le Web regorge même de traces des défunts. Bien avant Facebook, il
existait par exemple des cyber-cimetières à la mémoire de disparus sur des
sites Internet dédiés.
Un testament numérique
Entre le droit de mémoire des
vivants et le droit des défunts à la vie privée, l'équilibre est parfois
difficile à trouver pour les familles. Tout comme pour le don d'organe ou
l'incinération, mieux vaut donc en discuter au préalable, d'autant que de
nombreux outils permettent d'anticiper la «mort numérique».
La France est ainsi l'un des
premiers États à avoir entériné la notion dans la loi Lemaire d'octobre dernier.
Selon le texte, «toute personne peut définir des directives relatives à la
conservation et à la communication de ses données à caractère personnel après
son décès». À chaque Français donc de proposer une directive générale («s'il
m'arrive quelque chose, je souhaite que mes données soient transmises à un tel
ou bien effacées») ou bien particulière («je souhaite que mon compte Facebook
soit maintenu mais que mes comptes Google soient effacés»).
La loi ne suffit pas toujours
pour faire valoir ses dernières volontés
La loi ne suffit pas toujours
pour faire valoir ses dernières volontés. Lors de leur congrès au mois de
septembre dernier, les notaires français ont donc proposé de faire figurer ces
directives relatives aux données numériques dans un testament déposé chez le
notaire. «Le testament, qui permet directement d'appliquer les dernières
volontés du défunt, peut être enregistré pour environ 10 euros - il faut
seulement y ajouter les frais de conseil du notaire pour les cas plus
complexes», précise Mathieu Fontaine, notaire et responsable de la commission
numérique pour le Conseil supérieur du notariat. Il est ainsi possible de
programmer avec certitude l'inactivation de ses comptes sur les réseaux sociaux
ou la suppression définitive de ses données sur tous les services en ligne. Les
mots de passe et identifiants de banques en ligne peuvent également être visés
par ces dispositions, même si les capitaux des comptes sont soumis aux règles
de l'héritage. «Les notaires ne sont pas forcément attendus sur les questions
numériques, mais à titre personnel, je considère que mes données
m'appartiennent et qu'elles peuvent à ce titre constituer un patrimoine», note
ainsi Mathieu Fontaine.
Anticiper l'inévitable évite
certaines déconvenues. Un couple canadien a ainsi eu la mauvaise surprise en
2013 de voir apparaître des photos de leur fille décédée sur une campagne
publicitaire pour un site de rencontre. Facebook avait en effet revendu les
photos de la défunte à une firme commerciale. «En France, cela est heureusement
impossible avec la loi Lemaire», explique Mathieu Fontaine. Le notaire appelle
toutefois à la vigilance, puisque la mort numérique reste à maints égards un
angle mort du droit. La question est ainsi totalement absente du nouveau
règlement pour la protection des données personnelles (RGPD) qui entrera en
vigueur d'ici à mai 2018.
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Syrie: l'opposition cherche à s'unifier en vue des
négociations de Genève (24.11.2017)
Les anti-Assad peinent à aplanir
leurs divergences, avant de se rendre à partir de mardi à Genève pour relancer
les négociations, sous l'égide de l'ONU, en vue d'une transition du pouvoir à
Damas.
D'accord pour une délégation
unique d'opposants, mais sans renoncer à exiger le départ de Bachar el-Assad au
début de la transition en Syrie. Les 140 représentants des différents camps de
l'opposition syrienne cherchaient vendredi à Riyad à s'entendre pour envoyer
une délégation unifiée aux négociations qui vont s'ouvrir le 28 novembre à
Genève avec le gouvernement, sous l'égide des Nations unies.
Ce serait la première fois que
l'opposition s'afficherait ainsi unie aux pourparlers de Genève. Jusqu'à
maintenant, trois groupes refusaient de composer une délégation unique: le Haut
comité pour les négociations (HCN), soutenu par l'Arabie saoudite, un groupe
dit du Caire proche de l'Égypte et un troisième, inspiré par la Russie.
Tout n'est cependant pas bouclé.
Les 140 opposants doivent encore se mettre d'accord pour choisir 50 de leurs
membres qui iront à Genève. Les pro-Russes réclament avec le groupe du Caire un
tiers des membres de la délégation, mais le HCN n'est prêt à leur concéder que
8 sièges seulement. Par ailleurs, sur quelle plate-forme entameront-ils les
discussions face au gouvernement syrien? L'incertitude planait encore vendredi.
Le départ de Bachar el-Assad
exigé
Une chose paraît acquise: dans
leur déclaration finale, les participants à la réunion de Riyad «ont souligné
que (la transition) ne pourrait avoir lieu sans le départ de Bachar el-Assad et
de sa clique au début de la période de transition».
Le départ de Assad du pouvoir a
été au cœur des précédents échecs des négociations entre représentants du
régime et l'opposition. Avant la rencontre de Riyad, des rumeurs avaient laissé
entendre que les opposants auraient adouci leur position sur ce point clé du
départ de Assad, qui n'est plus réclamé par de nombreux pays occidentaux, y
compris la France, soutien actif des opposants syriens.
» LIRE AUSSI - Syrie: les Occidentaux mis sur
la touche par la Russie
Après avoir assisté à la réunion
des opposants à Riyad, l'émissaire onusien en charge de la Syrie, Staffan de
Mistura, est parti ce vendredi pour Moscou. La Russie, principal acteur sur le
terrain militaire en Syrie, a intensifié ses efforts pour relancer les
négociations politiques en vue de parvenir à une transition en Syrie. Vladimir Poutine, qui s'est entretenu en début de semaine à
Sotchi avec Bachar el-Assad puis avec ses alliés iraniens et turcs, a
appelé à l'organisation d'un congrès des représentants du peuple syrien à
Sotchi, toujours, mais à une date qui n'a pas été déterminée.
» LIRE AUSSI - Syrie: Poutine peine à fédérer
ses alliés turc et iranien
Certains interprètent cette
initiative comme une façon de concurrencer le processus de Genève sous l'égide
de l'ONU. Poutine, qui a reçu le roi saoudien Salman, tenait à une délégation
unique de l'opposition à Genève, afin que les pourparlers puissent s'engager
directement entre les deux camps, sans la médiation de Mistura. La composition
de la délégation unique de l'opposition - en particulier le poids de chacune de
ses composantes - fournira une indication sur le ton que les anti-Assad
adopteront à partir de mardi à Genève.
Les précédents rounds de
pourparlers avaient buté sur la dispersion des opposants. Cet obstacle paraît
avoir été surmonté. Reste à attendre la plate-forme sur laquelle les anti-Assad
se mettront d'accord en vue d'affronter la délégation gouvernementale syrienne
à Genève.
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Des féministes interpellent Macron sur les violences faites
aux femmes (23.11.2017)
Alors que le chef de l'État
prononcera, samedi, son discours sur les violences faites aux femmes, cinq
militantes organisent un rassemblement, ce vendredi matin, place de la
République, à Paris. Elles réclament «des actions précises, des moyens
ambitieux et des résultats rapides».
Les féministes attendent Emmanuel
Macron au tournant. Avant même son
discours prévu ce samedi 25 novembre sur les violences faites aux femmes,
cinq militantes appellent à manifester, ce vendredi. Laure Salmona, Fatima
Benomar, Madeline Da Silva, Caroline De Haas et Clémentine Vagne sont chacune à
l'origine de pétitions réclamant un plan sur les violences sexuelles, le viol
des enfants ou encore la formation des policiers sur le harcèlement de rue.
Elles ont réuni plus de 780.000 signatures à ce jour. Ce vendredi matin, elles
se rassembleront dès 11 heures, place de la République, à Paris. Des actions
auront également lieu sur les réseaux sociaux, avec la publication d'une vidéo
(voir ci-dessous) et le lancement d'un hashtag (#SoyezauRDV).
L'objectif de cette opération est
d'«interpeller le président de la République», indique au Figaro Fatima
Benomar, membre de l'association féministe Les Effrontées. «On craint que son
discours ne présente aucune proposition chiffrée ou financée. Au début du
quinquennat, on nous a dit que les violences faites aux femmes seraient la
grande cause nationale. Nous, pour l'instant, on ne voit pas ça du tout»,
déplore-t-elle.
Visuel réalisé par la féministe
Clémentine Vagne. - Crédits photo : Visuel réalisé par la féministe
Clémentine Vagne
Les féministes exigent ainsi «des
actions précises, des moyens ambitieux et des résultats rapides»,
écrivent-elles dans un communiqué. Elles réclament notamment «un engagement
financier massif pour en finir avec les violences», «une formation obligatoire
de l'ensemble des professionnelles en contact avec les femmes victimes», «des
moyens pour que les services de protection de l'enfance, débordés, puissent
prendre en charge les enfants victimes», «un brevet de la non-violence qui
permette dès le plus jeune âge d'apprendre le respect et le consentement», ou
encore «des actions pour en finir avec les violences sexuelles au travail».
Selon un rapport de la mission interministérielle de l'Observatoire national
des violences faites aux femmes (MIPROF) révélé
mercredi par Le Figaro , «une femme a été tuée
tous les trois jours par son partenaire ou ex-partenaire en 2016».
Pour Fatima Benomar, le bannissement
de l'écriture inclusive et la récente proposition de loi concernant la
garde alternée en cas de séparation ne sont pas de bons signaux lancés
par le gouvernement. «On multiplie les trahisons. On demandait un grand
ministère dédié à notre cause, mais on ne l'a pas eu. On devait avoir une
première ministre, au final, on se retrouve avec un chef du gouvernement à la
littérature particulièrement machiste. Sous Hollande, nous avions une réunion
une fois par mois avec la ministre Laurence Rossignol. Pour l'heure, nous
n'avons toujours pas rencontré Marlène Schiappa», regrette-t-elle.
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Le cimetière de Prinçay dans la Vienne pourra garder sa croix
(23.11.2017)
Le tribunal administratif de
Poitiers a validé jeudi la présence d'une croix sur le portail du cimetière de
ce village de la Vienne, contestée par le fils d'un défunt.
Le portail du cimetière de Prinçay pourra
donc garder sa croix. Le tribunal administratif de Poitiers, annonce La
Nouvelle République, a validé jeudi la présence d'une croix sur le portail
du cimetière de ce village de la Vienne, contestée par le fils d'un défunt.
C'est sans doute la
fin d'une longue querelle byzantine entre cet homme, un retraité
habitant Périgueux, et la municipalité de Prinçay. En 2014, Philippe Bonn, dont
le père a été inhumé en 2002 dans ce cimetière, assigne la municipalité en
justice, exigeant le retrait de la croix. Sa motivation: son «attachement»,
clame-t-il, à la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l'État.
La loi de 1905 autorise
l'entretien, la restauration voire le remplacement des signes religieux
existant préalablement à la loi
Y avait-il une croix sur l'ancien
portail en bois, «tout déglingué», de ce cimetière en 2002, lors des obsèques
de son père? Philippe Bonn ne s'en souvient plus. «Reste qu'en 2012 ou 2013,
quand je suis allé sur sa tombe, raconte-t-il, la commune avait changé le
portail, qui est maintenant en métal et surmonté d'une croix.» Le tribunal
administratif avait pris l'avis du Conseil d'État avant de statuer. Dans cet
avis rendu en juillet, les Sages avaient précisé que la loi de 1905 autorise
l'entretien, la restauration voire le remplacement des signes religieux
existant préalablement à la loi. Or, un courrier de la préfète l'atteste, ce
cimetière existait déjà en 1859, et tous les cimetières créés avant la loi de
1905, affirme-t-elle, comportaient une croix à leur entrée.
«Rassurer d'autres
collectivités»
Début novembre, le rapporteur
public avait préconisé de rejeter la demande de Philippe Bonn. Il a donc été
suivi. «On est très content de cette décision pragmatique, même si ce n'est pas
une grosse surprise, indique Me Romain Bernier, avocat de la mairie de Prinçay.
S'il n'y a pas d'appel, cela va créer une jurisprudence, donc rassurer d'autres
collectivités qui sont dans le même cas. Mais attention! Cette décision n'est
pas transposable aux croix des cimetières postérieurs à 1905.»
Philippe Bonn a été condamné à
indemniser la commune pour ses frais de justice, à hauteur de 1200 euros. Il
dispose de deux mois pour faire appel. Il n'a pas encore pris sa décision,
attendant, dit-il, «de prendre connaissance officiellement du jugement et de
ses attendus pour (s)e prononcer».
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Occupation d'un gymnase à Paris: «Macron doit tenir ses
engagements» (23.11.2017)
REPORTAGE - Depuis jeudi,
l'association Droit au Logement occupe un gymnase à proximité de l'Élysée. Elle
souhaite interpeller l'État sur la situation de 150 personnes, mal logées ou
sans abri. Plusieurs d'entre elles sont des rescapés de l'assaut du Raid à
Saint-Denis contre les terroristes du 13 novembre.
«Un toit c'est un droit.» La
banderole prend tout l'espace du mur du gymnase. Sur les tatamis, plusieurs
dizaines de personnes, assises en tailleur, attendent. «Emmanuel Macron s'était
engagé à ne plus voir personne dans la rue. On attend qu'il respecte ses
engagements», lance Anissa Sahni, une bénévole du Droit au Logement (DAL).
Depuis jeudi, l'association occupe le gymnase de la rue Roquépine, dans les
quartiers chics du VIIIe arrondissement de Paris, à quelques mètres de
l'Élysée. Une action coup de poing pour dénoncer les conditions de vie
d'environ 150 personnes, sans abri ou mal-logées.
Avec l'arrivée du froid, la
situation de plusieurs ménages est devenue une «urgence», selon Anissa Sahni.
«Certains dorment dans leur voiture, d'autres sont hébergés chez des amis mais
ce sont des solutions provisoires.» Cinq hommes présents sont des victimes collatérales
des attentats. Ils ont perdu leurs logements lors
de l'assaut du Raid à Saint-Denis, lancé contre la planque des terroristes
du 13 novembre. Alors que l'immeuble a été complètement détruit, la moitié des
ménages a été relogée depuis. 27 familles ont été placées dans des résidences
sociales.
Dans certains cas, elles sont
entassées dans de petits appartements, comme témoigne un rescapé, Leandro
Mendos Dos Sandos: «Mes trois enfants dorment dans la même chambre.» Ce père de
famille raconte qu'ils ont d'abord été placés dans un premier logement «au
dix-huitième étage d'une tour». Une situation compliquée alors que sa femme
souffre de «graves troubles respiratoires depuis l'assaut». Un second sinistré,
Noureddine Touil, explique qu'il a d'abord été logé dans un hôtel, «comme tous
les autres célibataires». Mais depuis trois mois, «l'hôtel n'était plus payé
pour nous héberger. On nous a demandé de partir.» Ces dernières semaines,
l'homme de 33 ans dort tour à tour dans sa voiture, sur le canapé d'un ami ou
dans une tente, dehors.
«La loi est censée les
protéger»
Entre deux distributions de
sandwiches, la représentante de la DAL raconte la situation, tout aussi
complexe, des «Expulsés de Montreuil». Il s'agit de 25 personnes dormant sur le
trottoir après avoir été chassées de leur logement. Ces familles, avec des
enfants en bas âge, ont été victimes d'une escroquerie au bail sur un bâtiment
appartenant à la Ville. Depuis le 6 octobre, elles campent devant leur
immeuble, espérant faire revenir la mairie sur sa décision.
Plus globalement, l'association
souhaite interpeller l'État sur le cas de plusieurs dizaines de personnes
bientôt expulsées, comme des familles vivant dans des logements insalubres.
Anissa Sahni rappelle que «la loi est censée les protéger». Elle attend donc le
respect de la législation, en particulier de la loi DALO, qui assure aux personnes
mal logées une protection prioritaire. La DAL demande également que soit
appliqué le Droit
de réquisition pour les bâtiments vides et exige un rendez-vous avec
la Ville pour s'assurer qu'elle tienne ses engagements.
Obstiné, Noureddine Touil dit
«garder espoir». «On sait que la France est un pays de droit, mais tant que la
situation ne bouge pas, moi je ne bougerai pas d'ici non plus.» Un appel qui
semble t-il a été entendu: ce jeudi après-midi, à l'issue d'une réunion à la
préfecture de Bobigny avec
les sinistrés de Saint-Denis, regroupé en «comité des sinistrés du 48 rue
de la République», une propositon de relogement a été faite aux cinq habitants
de Saint-Denis qui se trouvaient à la rue. Pour les autres, aucune solution n'a
été pour le moment annoncée.
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Immigration : le Sénat épingle la politique de Macron
(23.11.2017)
INFOGRAPHIE - Un avis de la
Commission des lois du Sénat critique l'action du gouvernement sur
l'immigration et prédit qu'il «sera dans l'incapacité de tenir ses engagements
en matière d'éloignement» des clandestins.
Soixante pages d'un rapport poil
à gratter, truffé de chiffres, de graphiques… Le point budgétaire du sénateur
LR du Rhône François-Noël Buffet, est impitoyable. Il justifie le rejet par la
commission des lois de la Haute Assemblée, présidée par Philippe Bas, des crédits
de la mission «Immigration, asile et intégration» du projet de loi de finances
pour 2018. Dans ce document révélé par Le Figaro, les sénateurs dénoncent
l'«écart entre les annonces du gouvernement et ses actes». Voici pourquoi…
● Encore moins
d'éloignements financés que sous Hollande
«Dans le projet de loi de
finances pour 2018, environ 14.500 éloignements forcés sont budgétés, soit
moins que sous le mandat de François Hollande (15.161 éloignements forcés en
2014, 15.485 en 2015)», regrette le sénateur Buffet. Certes, le gouvernement a
communiqué le 12 juillet dernier sur un «plan» pour «garantir le droit
d'asile et mieux maîtriser les flux migratoires». Mais Philippe Bas estime, de
son côté, que «si le président de la République a annoncé, le 15 octobre 2017,
son intention d'expulser les étrangers en situation irrégulière ayant commis un
délit, son gouvernement n'y consacre pas les moyens nécessaires». Les crédits
consacrés à la lutte contre l'immigration irrégulière sont en baisse de
7 %.
● La circulaire Valls a
contribué à l'augmentation de 30 % des régularisations
«Derrière la fermeté de son
discours, le gouvernement n'envisage pas d'abroger la circulaire Valls du
28 novembre 2012, qui a pourtant contribué à l'augmentation des
régularisations d'étrangers en situation irrégulière de plus de 30 % en
cinq ans», relève le rapport Buffet. Par ailleurs, il indique qu'«en 2016,
227.923 titres de séjour ont été accordés à des étrangers souhaitant résider
durablement en France, soit une augmentation de 4,78 % par rapport à 2015.
L'immigration régulière de longue durée est principalement familiale
(38,83 % du flux en 2016) et étudiante (32,17 %). L'immigration de
travail reste marginale (10 %).»
● L'immigration
irrégulière aurait littéralement explosé en cinq ans
Le rapport précise: «Seul le
nombre de bénéficiaires de l'aide médicale d'État (AME) peut donner une
indication pertinente: il s'établit à 311.310 personnes au 31 décembre
2016, soit une hausse de près de 49 % par rapport au 31 décembre
2011. Dans les faits, le nombre d'étrangers en situation irrégulière est
probablement nettement supérieur (notamment parce que l'AME est attribuée sous
condition de résidence stable et ininterrompue en France pendant trois mois).»
● 75.000 expulsables sont
restés en France rien que l'an dernier
«92.076 mesures d'éloignement ont
été prononcées en 2016 et seules 18 % d'entre elles ont été réellement
exécutées, soit par un éloignement spontané, soit par un éloignement aidé, soit
par un éloignement forcé. Pour cette seule année 2016, 75.587 personnes se sont
maintenues sur le territoire français malgré la mesure d'éloignement prononcée
à leur encontre.» Il n'y aurait aucun suivi des déboutés du droit d'asile
(53.600 personnes pour la seule année 2016).
● La justice annule un
placement en rétention de clandestin sur cinq
Une loi votée sous François
Hollande ne laisse plus que 48 heures à la police pour étayer les dossiers
de rétention. Résultat: «En 2017, 19,30 % d'étrangers placés en centre de
rétention administrative (CRA) ont été libérés dès les quarante-huit premières
heures de rétention, alors qu'en 2016 seuls 6,35 % des retenus avaient été
libérés pendant les soixante-douze premières heures de rétention.» En clair, la
justice libère trois fois plus qu'avant.
Immigration : la politique d'intégration en souffrance et des
risques sanitaires en vue (23.11.2017)
Se fondant sur un rapport,
Philippe Bas, président de la commission des lois de la Haute Assemblée, pointe
la faiblesse des formations linguistiques et le manque de contrôles médicaux.
«La politique d'intégration est
en grande souffrance». Tel est le sentiment du sénateur Les Républicains de la
Manche, Philippe Bas, par ailleurs président de la commission des lois de la
Haute Assemblée. Ancien secrétaire général de l'Élysée sous Chirac, ce
personnage public respecté pour son sens de l'État et des nuances, estime que
«la politique migratoire du gouvernement est aujourd'hui faite de demi-mesures
alors que les migrations en provenance des pays en crise continuent de
progresser».
Son collègue François-Noël
Buffet, sénateur LR du Rhône, lui apporte, dans son dernier avis sur le projet
de loi de finance 2018, de sérieux arguments. Le rapport Buffet précise, par
exemple, que «le contrat d'intégration républicaine (CIR) est un échec:
près de 40 % des étrangers qui suivent ses formations linguistiques n'atteignent pas le niveau
de français requis». Par ailleurs, «les visites médicales proposées aux
étrangers primo-arrivants ont été réduites de 76 % entre 2015 et 2017, ce
qui pose un grave problème de santé publique, notamment dans les universités».
L'asile, axe majeur
L'«intégration tranquille» est
pourtant censée constituer l'une des marques de fabrique de la nouvelle
politique promue par Emmanuel Macron en matière d'immigration. Elle est conçue
comme le pendant de sa fermeté affichée contre l'immigration irrégulière.
La commission des lois du Sénat
porte donc un regard assez désabusé sur ce dossier. Certes, le sénateur Buffet
concède que l'Office français de l'immigration et de l'intégration (OFII) a
naturellement vocation à animer concrètement cette action publique. Il rappelle
que cet organisme est «notamment responsable de la mise en œuvre du contrat
d'intégration républicaine, du contrôle médical des étrangers admis au séjour,
du regroupement familial et de l'accompagnement administratif des entreprises
recrutant un salarié étranger».
Seulement voilà: selon lui, «l'asile est devenu l'axe majeur de l'action de l'OFII,
celui qui concentre les réflexions stratégiques et les nouveaux moyens alloués.
Les missions de l'office changent de nature, ce qui semble fragiliser sa
fonction historique d'intégration des étrangers primo-arrivants». Pour les
conservateurs du Sénat, en matière d'intégration, il faudrait quasiment tout
revoir.
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Au moins 184 morts dans l'attaque d'une mosquée dans le Sinaï
égyptien (24.11.2017)
Au moins 184 personnes ont
été tuées et des dizaines d'autres blessées dans un attentat à
la bombe perpétré contre une mosquée dans le nord du Sinaï en Egypte, rapporte
l'agence de presse égyptienne Mena, aujourd'hui.
L'attaque s'est produite dans un
village proche d'Al-Arish, la capitale de la province du
Nord-Sinaï.
L'agence, citant une source
officielle, fait également état de fusillades lors de cette attaque. Pour
l'heure (vendredi après-midi, heure de Paris), cette attaque n'a pas été
revendiquée. Elle pourrait être la plus meurtrière depuis trois ans dans la
région.
Le gouvernement égyptien annonce
trois jours de deuil national à la suite de cette attaque.
Depuis 2013 et la destitution par
l'armée du président islamiste élu Mohamed Morsi, des groupes jihadistes dont
la branche égyptienne de l'organisation Etat islamique (EI) attaquent
régulièrement les forces de sécurité égyptiennes dans le nord du Sinaï.
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Attentat de Nice : la police municipale perquisitionnée
(23.11.2017)
Les juges, qui ont placé des
documents sous scellé, cherchent à comprendre comment le chauffeur du camion
qui a foncé sur la foule a pu effectuer douze passages sur la promenade des
Anglais, sans être repéré, quelques jours avant l'attentat.
Objet d'une âpre polémique ayant
opposé le ministre de l'Intérieur de l'époque, Bernard Cazeneuve, et Christian
Estrosi, premier adjoint à la sécurité redevenu maire de Nice, l'enquête sur
les dysfonctionnements présumés à l'origine de l'attentat, qui a fait
86 morts le 14 juillet 2016 à Nice, connaît de nouveaux développements.
Agissant dans le cadre d'une
enquête ouverte contre X pour «mise en danger de la vie d'autrui (risque
immédiat de mort ou d'infirmité) par violation manifestement délibérée d'une
obligation réglementaire de sécurité et de prudence», les juges d'instruction niçois
Alain Chemama et Chantal Russo se sont rendus, comme l'a révélé Le
Parisien, le 26 octobre 2017 au Centre de supervision urbaine (CSU) de
la police municipale. Objectif? Visualiser la salle dans laquelle se trouvent
les écrans de surveillance et d'en comprendre son fonctionnement. Avec cette
question: pourquoi la vidéoprotection de la ville, volontiers présentée comme l'une des plus sûres avec
ses 1836 caméras disséminées un peu partout, n'a-t-elle rien détecté?
Les passages suspects du
camion
En effet, il est apparu au gré
des investigations que le camion blanc de 19 tonnes au volant duquel Mohamed Lahouaiej Bouhlel a semé la mort a effectué au
moins douze passages sur la promenade des Anlais entre le 11 et le
14 juillet, dont onze «repérages» potentiels. Ils ont été effectués à une
fréquence de trois par jour, pendant lesquels le chauffeur-livreur se
revendiquant de Daech a fait des demi-tours, des allers et venues ainsi des
arrêts sur les trottoirs en mettant les warnings.
Dans le cadre d'un «transport sur
les lieux et de perquisition» que confirme Le Figaro, les
magistrats se sont rendus au quatrième étage de l'immeuble, ils ont emprunté un
couloir menant par un accès sécurisé à la salle contenant douze écrans «géants»
devant lesquels s'affairaient sept fonctionnaires municipaux disposant de
«joysticks» permettant d'orienter et de zoomer afin de consigner des notes sur
un carnet. Après avoir pris des photos pour figer les lieux, les deux juges,
accompagnés de représentants de l'Inspection générale de la police nationale
(IGPN), se sont fait détailler par le menu le fonctionnement «H24» du CSU par
un brigadier-chef principal.
Outre la répartition des caméras,
l'affectation des écrans aux agents chargés de la surveillance ou encore le
processus et les techniques censées détecter les «anomalies», les magistrats se
sont aussi renseignés sur l'extraction des images et leur mode de transmission
à la police nationale. Les multiples passages suspects du camion «non relevés
et en tout cas non signalés» sur la Promenade ont été aussi évoqués, d'autant
que le périmètre est normalement interdit à la circulation des véhicules de
plus de 3,5 tonnes… Avant de quitter les lieux peu après
11 h 30, les deux juges se sont fait remettre puis ont placé
immédiatement sous scellés des documents, dont la liste des agents de
permanence le soir du carnage.
«Visite technologique»
Alors que la mairie a réfuté le
terme de «perquisition», Christian Estrosi préférait parler jeudi matin sur
France Info de «visite technologique». L'édile a estimé que les juges ne
faisaient que leur travail. «Et j'ai le sentiment qu'ils le font bien», a-t-il
ajouté. «Ils nous ont demandé des documents que nous sommes en train de
rassembler sur le fonctionnement des caméras, leur positionnement», ont précisé
ses services qui jugent «tout à fait normal dans le cadre de l'instruction que
l'enquête soit menée». Considérant que «l'avancée de l'instruction constitue
une lueur d'espoir», Me Samia Maktouf, conseil de victimes, estime que
«l'administration niçoise doit la vérité aux familles». «Il est inconcevable
qu'on ait laissé circuler le camion dans une zone interdite aux utilitaires et
que personne n'ait pu donner l'alerte après autant de passages filmés», martèle
l'avocate, qui «ne peut s'empêcher des parallèles avec les dysfonctionnements
de l'affaire Merah».
À la suite d'une plainte déposée
avec constitution de partie civile par la famille du petit Yannis, garçon de
4 ans qui a perdu la vie dans l'attentat, une information judiciaire est
ouverte depuis le 5 avril à Nice pour faire la lumière sur les mesures de
sécurité prévues pour le traditionnel feu d'artifice, baptisé Prom'Party et qui
avait attiré plus de 30.000 spectateurs. Au total, une centaine de personnes
se sont constituées partie civile. Il s'agit de «gens
qui donc considèrent qu'ils ont subi un préjudice qui résulterait de
la faute prétendue des organisateurs et des responsables de la sécurité dans
l'organisation même de la Prom'Party, indépendamment de l'attentat», rappelait
récemment le parquet. Manifestement, les deux juges niçois semblent déterminés
à aller jusqu'au bout de leur enquête.
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Contrairement à ses collègues Insoumis, Danièle Obono défend
les stages «non-mixtes» (24.11.2017)
LE SCAN POLITIQUE - En défendant
les stages en non-mixité raciale organisés par le syndicat d'enseignants
Sud-Education 93, la députée de la France insoumise va à l'encontre de son
mouvement.
Elle est une des voix dissonantes
de la France insoumise. Après des propos polémiques sur laïcité ou sur sa
supposée proximité avec le Parti des indigènes, Danièle Obono s'est attirée
les foudres d'une bonne partie de la classe politique. Jusqu'ici, la députée
insoumise a toujours été soutenue par les siens. Dimanche dernier sur BFM TV, c'est même Jean-Luc Mélenchon qui est monté au
créneau pour défendre sa protégée. «Danièle Obono est une
personnalité tout à fait clair sur le thème de la laïcité. Elle ne veut pas en
tant que femme, qui vient du continent africain être instrumentalisée, contre
telle ou telle communauté», a fustigé le patron des Insoumis.
«La pratique de la non-mixité
n'est pas dangereuse»
Pour l'instant, la France
insoumise fait donc bloc derrière Danièle Obono. Mais jusqu'à quand? Vendredi,
la députée LFI a remis une pièce dans la machine à polémiques. L'élue de Paris
a défendu sur Sud Radio les stages en non-mixité raciale organisés
par le syndicat d'enseignants, Sud-Education 93 et critiqués par
l'ensemble de la classe politique. «La pratique de la non-mixité n'est pas
dangereuse dans le sens où c'est une pratique qui répond à des besoins de
catégorie. Les personnes victimes de violence sexiste, par exemple, peuvent
éprouver le besoin de discuter avec des personnes de confiance qui partagent
les mêmes problèmes. Dans ce cas-là, c'est plus un outil pédagogique pour
pouvoir libérer plus facilement la parole», a-t-elle avancé.
«Si on veut traiter la
question du racisme, ce n'est pas en triant les gens à l'entrée»
Adrien Quatennens, député LFI du
Nord
Le ministre de l'Éducation
nationale Jean-Michel Blanquer, très remonté contre l'initiative syndicale, a
fait part de son
intention de porter plainte contre Sud-Education 93 après avoir
employé le terme de «racisme d'État». Il a également estimé que ce genre de
réunion «ne pouvait pas avoir sa place dans l'éducation nationale». «Le
ministre devrait peut-être se renseigner un peu plus. Dans l'Histoire des
mouvements sociaux, ces formes d'actions existent», a souligné la députée en
réaction à ces propos.
La prise de position de Danièle
Obono rentre en contradiction avec la ligne portée par ses collègues Insoumis.
Mercredi sur LCP, le député de la France insoumise de Seine-Saint-Denis Alexis
Corbière avait déjà condamné l'initiative. «Si on rentre dans un système,
fût-ce au nom du fait qu'il y a des discriminations qu'il faut combattre, où
des réunions sont ouvertes à certains et pas d'autres, je crois que nous avons
perdu», a-t-il estimé. «Si on veut traiter la question du racisme, ce n'est pas
en triant les gens à l'entrée d'une réunion syndicale», avait également tonné
le député du Nord Adrien Quatennens. Loin donc du discours porté par sa
collègue insoumise.
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Romain Bail contre un «Sangatte normand» (24.11.2017)
Dépassé par l'arrivée constante
de migrants en quête d'un passage clandestin vers l'Angleterre, le maire de Ouistreham
en appelle à une aide supplémentaire de l'Etat.
Si seulement un Français sur deux
semble capable de citer spontanément le nom de son édile, selon un sondage Ifop
diffusé à l'occasion du congrès
des maires qui vient de se dérouler à Paris, celui du premier magistrat de
Ouistreham Riva-Bella (Calvados) est sur toutes les lèvres. Et pour cause:
Romain Bail, arrivé à la tête de la cité balnéaire en 2014, se bat depuis des
mois pour éviter que sa ville de 10.000 habitants, célèbre pour avoir été l'une
des plages du débarquement du 6 juin 1944, devienne un «Sangatte
normand». Confronté
à l'arrivée régulière de
nombreux migrants qui espèrent encore gagner l'Angleterre via la gare
maritime, le jeune élu (LR) âgé de 33 ans en appelle désormais à la
responsabilité de l'Etat. «Entre 120 et 200 candidats à l'exil outre-Manche,
dont de nombreux mineurs, errent en ce moment dans la commune. J'ai pleinement
conscience du drame humain, des terribles épreuves que la plupart de ces
personnes en grande difficulté ont traversées pour venir jusqu'ici, reconnaît
Romain Bail. Mais il faut absolument éviter qu'elles s'installent durablement
comme cela a été le cas à Calais pendant des années. Cette situation n'est pas
acceptable. Il n'y a pas un jour sans que le sujet soit abordé dans la rue comme
à la mairie. La Ville ne peut pas assumer cela toute seule. Il y a un
abandon de l'Etat et cela crée des tensions et une psychose chez les
Ouistrehamais. Je préférerais plutôt me consacrer aux autres problèmes des
habitants et au grand projet de Centre des relations franco-britanniques qui
doit voir le jour en 2019…»
Desservi par des navires
exploités par la compagnie Brittany Ferries vers Portsmouth (Royaume-Uni), le
port de Caen-Ouistreham voit passer environ un million de passagers par an.
Malgré les barbelés, les hautes protections d'acier et les escadrons de
gendarmerie mobile qui en gardent aujourd'hui l'entrée, ce terminal figure en
bonne place sur les cartes des filières clandestines qui, après l'évacuation
de la «jungle» de Calais l'année dernière, continuent à profiter de la
détresse de ceux qui veulent à tout prix rejoindre ce qu'ils croient être un
nouvel eldorado. «On estime à quelques dizaines seulement le nombre de migrants
qui réussissent chaque année à monter sur les ferrys, explique Romain Bail. Un
chiffre dérisoire qui entretient cependant l'espoir et le mythe d'un passage
possible. Si rien n'est fait pour enrayer la situation, Ouistreham Riva-Bella
risque de s'enliser dans des difficultés qui la dépassent. Nous n'avons ni les
compétences, ni les moyens, ni même la solution pour lutter contre une
situation d'urgence qui doit être résolue au niveau international.» En
attendant, le froid s'installe et avec lui passeurs et migrants.
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Tsipras : «L'Europe ne peut plus prendre des
décisions derrière des portes closes» (23.11.2017)
Par Alexia Kefalas et Fabrice
Nodé-LangloisMis à jour le 23/11/2017 à 19h20 | Publié le 23/11/2017 à
18h25
INTERVIEW EXCLUSIVE - Le premier
ministre grec évoque sa relation avec Emmanuel Macron et lance un appel aux
investisseurs.
Le premier ministre grec, Alexis
Tsipras, était à Paris jeudi pour recevoir deux récompenses: le prix du courage
politique remis par la revue Politique internationale et le
prix de l'engagement européen remis à la Maison du barreau de Paris. Dans un
entretien exclusif au Figaro, le leader du parti de la gauche
radicale Syriza expose ses convergences de vue sur l'Europe avec Emmanuel
Macron. Il répond aux inquiétudes des Européens sur les investissements chinois
en Grèce et rappelle qu'Athènes ne peut pas, seul, trouver la solution à la
crise des réfugiés.
LE FIGARO. - Vous êtes venu à
Paris officiellement pour recevoir deux prix. Rencontrerez-vous tout de même
Emmanuel Macron?
Alexis TSIPRAS. - Oui, ce
vendredi matin. Mais j'ai une communication régulière et continue avec le
président Macron même si nos opinions ne sont pas toujours similaires. Nous
avons la même vision, les mêmes convictions. Cette relation étroite perpétue la
tradition de solidarité entre nos deux pays.
Il y a deux ans et demi, la
Grèce a failli sortir de la zone euro. Votre pays est depuis sept ans sous la
tutelle financière de l'Union européenne et du FMI. Pensez-vous que, comme
prévu, la Grèce pourra se passer de ce programme d'aide financière à partir de
l'été prochain?
La
Grèce a payé un tribut très lourd à la crise européenne et le peuple
grec en particulier a fait de lourds sacrifices ces sept dernières années. Il y
a eu des erreurs tant du côté grec que du côté européen. Et nous avons aussi
durement payé pour cela.
Lorsque j'ai été élu pour la
première fois en janvier 2015, porté par la volonté du peuple, c'était avec le
mandat clair de prendre une autre direction pour la Grèce et pour l'Europe.
Rappelez-vous comment les négociations du premier semestre 2015 ont été dures.
Certains pensaient que les Grecs devaient être punis. Mais nous avons pu éviter
le pire et rester dans le noyau dur de la zone euro. Nous avons collectivement
évité les divisions en Europe et donné tort à ceux qui avaient préparé ce genre
de scénario.
Deux ans plus tard, la croissance
revient, à 2 % en 2017, et pour 2018, les prévisions sont à 2,5 %.
Nous avons réduit les injustices sociales. Et nous travaillons dur avec nos
partenaires européens et avec toutes les forces vives grecques pour que cette
«aventure» prenne fin en août 2018. Pour la première fois, je crois que ce
n'est plus un rêve.
Les créanciers ont promis de
faire un geste pour alléger la dette, abyssale, à 180 % du PIB.
Attendez-vous un soutien particulier de Paris sur ce point?
Nous avons déjà un accord très
précieux, sorti de l'Eurogroupe du 15 juin 2017. La proposition
française de lier notre capacité de remboursement à notre croissance nous
permet, ainsi qu'à nos créanciers, de considérer la dette différemment: nous
retrouvons nos capacités d'investissement, de soutien à la croissance et
surtout nos marges de manœuvre liées à l'excédent primaire budgétaire. Après
cet accord du 15 juin 2017, nous avons besoin de ce même courage
politique pour rendre ces mesures plus claires et poursuivre nos discussions
avec nos créanciers. L'Union européenne et le Fonds monétaire international ne
sont pas toujours d'accord, mais nous pensons que la bonne volonté prévaudra,
que la solution n'infléchira pas la bonne trajectoire de la Grèce. Nous voulons
une restructuration de la dette, nous devons ramener la confiance des
investisseurs et des marchés.
«Je considère que la présence
d'Emmanuel Macron au Conseil européen est l'occasion de prendre des décisions
courageuses pour approfondir l'Europe»
Emmanuel Macron a choisi
Athènes pour prononcer, le 7 septembre dernier, un discours important sur
l'Europe. Quels sont les désaccords avec votre propre vision? Ce jour-là, vous
avez cité Marx…
Oui, c'est vrai. Mais je pense
qu'Emmanuel Macron a également lu Karl Marx, comme nombre d'entre vous.
Emmanuel Macron et moi avons des points de départ politique et idéologique
différents mais je suis convaincu que nous partageons la même vision.
L'Europe doit devenir plus
attirante pour les jeunes, lui proposer des projets. Les institutions
européennes doivent devenir plus démocratiques. Nous ne pouvons plus prendre
toutes les décisions derrière des portes closes. L'Europe ne peut pas être un
forum de discussions de technocrates ou de leaders politiques où à la fin, le
plus puissant et le plus convaincant impose sa décision, c'est-à-dire, ne nous
cachons pas, l'Allemagne.
Nous avons aussi la vision
commune que l'Europe ne peut pas avancer avec chauvinisme et nationalisme. Il
faut à la fois protéger et partager nos souverainetés. Emmanuel Macron est
proeuropéen, nous sommes tous proeuropéens. Sur certains points, il suit une
autre trajectoire que la mienne mais je respecte ses opinions. Aujourd'hui, je
considère que la présence d'Emmanuel Macron au Conseil européen est l'occasion
de prendre des décisions courageuses pour approfondir l'Europe.
Vous appelez les entreprises
françaises et européennes à investir en Grèce, mais pendant ce temps, les
Chinois s'implantent, comme Cosco, qui contrôle le port du Pirée et lorgne sur
des chantiers navals. À Paris, on parle «d'échec européen» et de «problème de
souveraineté» à ce sujet. Que répondez-vous?
La nature a horreur du vide. Je
m'explique: ces dernières années, l'Europe a eu comme priorité d'imposer aux
Grecs une punition, par l'austérité. Il n'était pas question d'investir. Pour
d'autres, la Grèce était très attirante, et les
Chinois ont saisi cette occasion pour investir. Comme on le sait,
celui qui prend des risques peut réussir.
Après sept années de crise, les
investisseurs européens, et français, doivent saisir l'occasion de revenir en
Grèce. Les perspectives sont très positives, nous avons entrepris des réformes
très importantes en un temps extrêmement serré. Aucun autre pays du continent
n'en a fait autant.
Nous avons des avantages
comparatifs, nous sommes au carrefour de trois continents, nous avons des
atouts pour développer l'énergie, les infrastructures, la logistique, les
communications, les nouvelles technologies avec du personnel dynamique et
extrêmement formé. Et bien sûr, nous avons un climat excellent pour le
tourisme. Si les Européens ne comprennent pas que la Grèce est une opportunité,
d'autres le comprennent. L'Europe doit combler ce vide qu'elle a laissé.
Si les Européens ne
comprennent pas que la Grèce est une opportunité, d'autres le comprennent.
L'Europe doit combler ce vide qu'elle a laissé
Certains investisseurs se
plaignent de freins, notamment bureaucratiques…
La Grèce est un État de droit,
qui respecte aussi la législation européenne. Nous sommes déterminés à lever
tous les obstacles bureaucratiques qui empêchent notre économie de progresser.
C'est, entre autres, à ce titre que nous avons créé une task force pour les
investissements. Nous devons combattre les conflits d'intérêts, les obstacles
que chaque investisseur rencontrait quand il était obligé de donner des
dessous-de-table. Nous avons entrepris des efforts importants pour faire face à
ces problèmes.
Je suis persuadé que les
investissements étrangers vont continuer de revenir. Ils ont progressé de
160 % en 2016, et de 170 % au premier semestre de 2017. Nous faisons
tout cela pour éradiquer ce mal qu'est le chômage, mon premier combat.
Rencontrez-vous des
investisseurs, pendant votre séjour à Paris? Qui, par exemple?
Je rencontre toute une série
d'investisseurs, comme j'en rencontre à Athènes et dans toutes les villes où je
me déplace. Ce sont des investisseurs avec un intérêt réel et fort pour la Grèce.
Nous avons déjà beaucoup travaillé et nous devrions rapidement être en mesure
de vous communiquer les investissements, fruits de ces rencontres et créateurs
d'emplois en Grèce.
Le nombre de réfugiés et de
migrants arrivant en Grèce depuis la Turquie augmente de nouveau, selon les
chiffres officiels. Comment votre pays affronte-t-il cette situation?
Nos îles ont porté un fardeau
pour toute l'Europe. Cette crise des réfugiés a été la plus importante depuis
la Seconde Guerre mondiale. L'accord entre l'Union européenne et la Turquie est
difficile mais nécessaire, il a permis d'arrêter l'horreur qu'étaient ces morts
quotidiennes dans la mer Égée. Aujourd'hui, nous accueillons plus de 60.000
réfugiés en Grèce continentale, qui vivent dans de bonnes conditions, avec
accès aux soins et à l'école. J'en suis fier. La situation dans les îles reste
difficile. Il y a un trop grand nombre de migrants et de réfugiés, or les
procédures de demande d'asile sont longues.
Quelles mesures particulières
avez-vous pris pour l'hiver?
Nous avons financé la location de
logements pour abriter ces gens, actuellement dans des conditions extrêmement
difficiles. Le problème des réfugiés et des migrants est une question que nous
ne pourrons pas résoudre seuls.
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Zimbabwe : qui est Emmerson Mnangagwa, successeur de
Robert Mugabe ? (22.11.2017)
Par Alexis
Feertchak et AFP, Reuters AgencesMis à jour le 24/11/2017 à
06h59 | Publié le 22/11/2017 à 17h03
PORTRAIT - L'ancien
vice-président, limogé il y a quelques semaines par Robert Mugabe, a gagné son
bras de fer avec la première dame, qui souhaitait succéder à son mari. Celui
que l'on surnomme le «crocodile» accède ce vendredi à la présidence. C'est un
cacique du régime, associé à toutes ses politiques répressives depuis 1980.
Au «vieux lion» de 93 ans va succéder
le «crocodile» de presque vingt ans son cadet. Alors que Robert Mugabe déclarait «être diplômé en violence»,
Emmerson Mnangagwa estime que la guérilla lui a appris à «détruire et tuer».
Autant de métaphores et de qualificatifs qui témoignent de la nature de
la transition politique en cours au Zimbabwe.
L'ancien vice-président Emmerson
Mnangagwa est revenu mercredi dans la capitale, Harare, pour être investi président par intérim, dès vendredi, après la
démission, mardi, du despote de 93 ans. À 75 ans, le «crocodile», surnommé
ainsi pour son caractère impitoyable, avait déjà été désigné, dimanche,
président du parti au pouvoir, la Zanu-PF, et candidat pour la présidentielle
de 2018. Le Figaro dresse le portrait d'un cacique du régime,
qui fut un acteur clé de toutes les répressions depuis l'indépendance du pays
en 1980.
● Vainqueur du bras de
fer avec la première dame
Longtemps considéré comme le
dauphin naturel du plus vieux chef d'État de la planète, il avait été évincé de
la vice-présidence, le 6 novembre, au terme d'un bras de fer avec l'épouse du
chef de l'État, Grace Mugabe. Désireuse de succéder à son mari nonagénaire, elle avait obtenu
le limogeage de son principal rival. Emmerson Mnangagwa avait alors trouvé
refuge dans un pays encore inconnu. Ce qui n'a pas empêché son nom de résonner
dans tout Harare au cours des dernières semaines. L'armée, hostile à l'ascension de la première dame, est
intervenue dans la nuit de 14 au 15 novembre, prenant le contrôle du pays et
écartant de facto le couple Mugabe du pouvoir.
En accédant à la présidence, Emmerson Mnangagwa est en passe d'atteindre son
but, après avoir longtemps attendu son heure. Mais il s'est fait discret pour
ne pas apparaître comme le cerveau de l'intervention militaire. Comme celui qui
aurait tué le père.
Le 22 novembre, le président
sud-africain, Jacob Zuma (à droite), serre la main du «crocodile», alors en
exil après son limogeage par Robert Mugabe. - Crédits photo :
HANDOUT/REUTERS
● Un ancien de la
guérilla indépendantiste
Né le 15 septembre 1942 dans le
district de Zvishavana, dans le sud-ouest d'un Zimbabwe qui faisait alors
partie de la Rhodésie britannique, le jeune Emmerson a grandi en Zambie. Fils
d'un militant anticolonialiste, il rejoint dès le début des années 1960 les
rangs de la guérilla indépendantiste contre le pouvoir de la minorité blanche.
Avec des membres de l'Armée de libération nationale africaine du Zimbabwe
(Zanla), la branche armée de la Zanu, le parti que dirige déjà Robert Mugabe,
il est envoyé en 1964 en Chine pour se former d'abord au marxisme à
l'université de Pékin, puis au combat et au renseignement. De retour en
Rhodésie, il est arrêté en 1965 et échappe à la peine capitale. Comme Robert Mugabe, il purge dix ans de prison et garde de
ces années de lutte des liens très étroits avec les militaires du pays.
Takavafira Zhou, analyste politique à l'université d'État de Masvingo (sud),
décrit Emmerson Mnangagwa comme un «jusqu'au-boutiste par essence».
● Au cœur des répressions
du régime de Mugabe
Le «crocodile» ne verse guère de
larmes et n'est connu que pour sa dureté. Dès l'indépendance du Zimbabwe en
1980, Robert Mugabe met Emmerson Mnangagwa sur orbite en lui confiant
d'importants postes ministériels, notamment celui de la Sécurité de l'État
jusqu'en 1988. En 1983, il dirige la division Gukurajundi, un groupe militaire
formé en Corée du Nord, qui mène une répression brutale dans les provinces
dissidentes du Matabeleland (ouest) et des Midlands (centre). Son bilan n'a
jamais été confirmé, mais elle aurait fait environ 20.000 morts.
Il sera ensuite ministre de la
Justice puis des Finances, avant de devenir président du Parlement de 2000 à
2005. En 2008, il est chargé des élections auprès du président et dirige les
fraudes et les violences qui permettent à Robert Mugabe de conserver le pouvoir
malgré sa défaite au premier tour. Son zèle lui vaudra des sanctions
américaines et européennes. Mais aussi en 2009 le poste stratégique de ministre
de la Défense qui lui permet de commander l'ensemble de l'appareil sécuritaire.
● Un bras droit ambitieux
En 2004, il est victime une
première fois de son ambition. Accusé d'intriguer pour le poste de
vice-président, il est rétrogradé dans la hiérarchie de la Zanu-PF. Et sa
rivale Joice Mujuru remporte la course. Il n'accède finalement qu'en 2014 à la
vice-présidence, lorsque Joice Mujuru est victime d'une campagne de dénigrement
orchestrée, déjà, par Grace Mugabe.
Il serait aussi l'un des hommes
les plus riches d'un régime critiqué pour sa corruption, avec des intérêts dans
les mines d'or. Un câble diplomatique américain datant de 2008, révélé par
WikiLeaks, évoquait «un patrimoine extraordinaire», en partie amassé lorsqu'il
a aidé le président Laurent Kabila à combattre les rebelles en République
démocratique du Congo (RDC).
L'ancien président Robert Mugabe
(à droite) aux côtés de celui qui était alors son vice-président, le 21 février
2017. - Crédits photo : Philimon Bulawayo/REUTERS
● Le président change,
plus que le régime
Si l'annonce du départ de Robert
Mugabe a donné lieu à des scènes de liesse à Harare, où certains habitants
brandissaient des photos d'Emmerson Mnangagwa et du chef d'état-major de
l'armée, Constantino Chiwenga, reste que l'état de grâce pourrait ne pas durer
longtemps pour l'ancien vice-président qui fait figure de continuateur du
régime. «Personne ne veut d'une transition qui verrait un tyran non élu
remplacé par un autre», résumait déjà la semaine dernière le ministre des
Affaires étrangères britannique Boris Johnson.
«Ce passé sombre ne va pas
disparaître. Cela va le poursuivre comme un chewing-gum collé sous une
semelle», prévient Piers Pigou, consultant d'International Crisis Group en
Afrique australe. «S'il veut être jugé positivement, il va devoir mener des
politiques qui ébranlent les structures de pouvoir de la Zanu-PF, en
introduisant un vrai pluralisme politique et en séparant le parti et l'État»,
souligne-t-il. Pour susciter l'adhésion des Zimbabwéens et attirer les
investissements étrangers, le futur chef de l'État a appelé à l'unité et promis
de relancer une économie à l'agonie.
En 1980 déjà, Robert Mugabe,
jeune premier ministre, avait fait le pari de l'union nationale, associant dans son gouvernement
des membres des différentes communautés du pays, même des «Rhodésiens blancs».
Une politique d'ouverture qui n'avait pas duré longtemps. En 1983, la
répression commençait, avec l'implication directe d'Emmerson Mnangagwa.
L'Afrique se libère-t-elle progressivement de ses vieux
dirigeants ? (24.11.2017)
INTERVIEW - Avec le Zimbabwe,
trois pays en 2017 ont dit adieu à des présidents en poste depuis plus de vingt
ans. Mariane Séverin, politologue, revient sur cette progressive tendance vers
l'alternance politique, qu'il convient de prendre avec des pincettes.
Et de trois. Après José Eduardo
dos Santos qui
a renoncé au pouvoir en Angola après 38 années de pouvoir en août
dernier et Yahya Jammeh, dirigeant
de la Gambie pendant 23 ans, Robert Mugabe est le troisième «vieux lion
africain» à dire adieu au pouvoir en 2017. Dans chacun des cas, leur départ ne
s'est pas effectué dans les mêmes conditions: intervention de l'armée ou non,
répression de la population... Ils témoignent néanmoins d'une usure du pouvoir
visible lorsque les dirigeants sont en poste depuis des décennies. Interrogée
par Le Figaro, Mariane Séverin, chercheuse associée au laboratoire
Les Afriques dans le Monde à Science Po Bordeaux, analyse cette progressive
tendance vers l'alternance démocratique. Mais la politologue rappelle que la
présence d'institutions stables et d'une société civile active est loin d'être
un acquis dans la majorité des pays africains.
» LIRE AUSSI - Le Zimbabwe rêve d'une nouvelle ère
LE FIGARO - Peut-on faire un
lien entre la chute de Mugabe, celle de dos Santos et celle de Jammeh?
Mariane SEVERIN - Le
départ de Mugabe est avant tout le résultat d'un concours de circonstances. Il
y avait des différends entre les dirigeants du parti au pouvoir, des personnes
complètement corrompues. Le
taux de chômage du pays dépasse les 90% et Mugabe cumulait plus de
richesses que son propre pays. L'importance de l'armée a aussi été primordiale
puisque les généraux avaient assez de légitimité pour pouvoir passer à
l'action.
En Angola, le président a
lui-même renoncé à se présenter. Tandis qu'en Gambie, Yahya Jammeh a contesté
sa défaite, instauré un état d'urgence débouchant sur une intervention de
l'armée sénégalaise. Les situations ne sont donc pas forcément comparables et
il est utile de prendre en considération le facteur humain, la réaction des
dirigeants eux-mêmes.
Est-ce une bonne nouvelle pour
l'alternance démocratique dans le pays, et plus généralement en Afrique?
C'est un frémissement, un signal
encourageant qui indique que les choses sont en train de changer. Mais il faut
être prudent et attendre une véritable transition démocratique avant de crier
victoire. Emmerson Mnangagwa, qui prend la succession de Mugabe, était très
proche de lui. C'est en partie lui qui l'a poussé à rester autant d'années! Et
éloigner un homme de 93 ans du pouvoir pour installer quelqu'un de 75 ans, qui
pourrait rester au moins 20 ans, ce n'est pas forcément une bonne nouvelle. Il
est utile de regarder maintenant ce qu'il va se passer dans le pays. Va-t-il y
avoir un renouvellement de l'élite au pouvoir? Un changement du système
politique?
La chute de Mugabe a-t-elle
été bien accueillie dans le reste du continent?
Depuis le début de la crise au
Zimbabwe, j'observe ce qui se dit sur les réseaux sociaux. J'ai été
particulièrement étonnée de la virulence d'une partie de l'Afrique francophone
pour qui Robert Mugabe était un père de la nation, un révolutionnaire. Ces
gens-là voient d'un mauvais œil ce départ. Ils ont aussi, évidemment, en tête
l'exemple de la Libye et ce qu'il se passe depuis la chute de Kadhafi. Il faut
avoir conscience que dans certains pays c'est la peur de l'inconnu qui domine.
Au Cameroun par exemple, où Paul
Biya est au pouvoir depuis 35 ans, le sentiment de la population est partagé
entre fatalisme et peur. Une peur suscitée par le terrorisme de Boko Haram, qui
fait préférer la stabilité sans démocratie plutôt que la terreur des
djihadistes.
Mais à l'inverse, les exemples
de la Tunisie, du Burkina Faso ou du Bénin sont encourageants…
Oui, il y a un mouvement de fond
de démocratisation du continent, c'est évident. Mais cela prend du temps. Au
Burkina Faso, Roch
Marc Christian Kaboré est arrivé en 2015, après le soulèvement de la
population contre le président Blaise Compaoré, à la tête du pays pendant 27
ans. Il y a eu de la violence, des affrontements, mais le pays avance. La chute
de Mugabe est un vrai élan d'espoir pour beaucoup d'Africains qui se trouvent
dans la même situation. Je pense notamment au Togo, où depuis plusieurs
semaines des
manifestants se mobilisentcontre le président Faure Gnassingbé Eyadema, au
pouvoir depuis 12 ans. Les choses évoluent mais il ne faut pas oublier
d'observer les événements sur le long cours. Tout ne se fera pas en quelques
années, comme en France, après la Révolution Française.
Avec onze dirigeants africains
au pouvoir depuis plus de 15 ans, la chute de Mugabe pourrait avoir un effet
domino. Quels autres pays faut-il surveiller ces prochains mois?
Tous les pays entrant en période
préélectorale! L'Afrique du Sud élira en 2019 un nouveau président et la
campagne pour diriger les partis débute dès maintenant. Nkosazana Dlamini-Zuma,
la femme du président Jacob Zuma tente de s'imposer à
la tête de l'ANC (African National Congress), parti majoritaire. Au
Zimbabwe, la chute du président est également due aux ambitions de sa femme, Grâce
Mugabe, qui s'immisçait de plus en plus en politique. La présence de l'épouse
de Jacob Zuma pourrait donc faire monter la grogne. En octobre 2018, le
Cameroun procédera également a des élections présidentielles sous tension.
À l'image de l'Afrique du Sud, il
faut également avoir à l'œil les pays où la société civile se mobilise contre
les abus de l'État ou du secteur privé. Par exemple au Kenya, où le
pays est sous tension depuis plusieurs semaines après la réélection
contestée d'Uhuru Kenyatta.
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Le Zimbabwe rêve d'une nouvelle ère (22.11.2017)
VIDÉO - Après la chute de Robert
Mugabe, le pays s'interroge sur la volonté de réforme du nouveau pouvoir.
Le Zimbabwe attend sa nouvelle
ère. Mercredi, Emmerson Mnangagwa, nouveau leader, est revenu quelques heures
après la
démission formelle de l'inusable Robert Mugabe. Le vieux président, après
des jours d'atermoiements et d'évitements, a fini par comprendre, mardi soir,
que son temps était venu de quitter la scène. Dans sa lettre, il prend bien
soin de dire que sa décision est «volontaire», dédouanant ainsi l'armée de
toute implication brutale, et donc le nouvel homme fort de toute illégitimité.
Parti en exil en catimini le
6 novembre, dans la foulée de son limogeage de la vice-présidence,
Mnangagwa réapparaît en vainqueur tranquille de ces deux semaines de duel à
distance. «Le camarade Emmerson Dambudzo Mnangagwa a été nommé candidat de la
Zanu-PF (le parti au pouvoir) pour occuper la fonction de président de la
République», a expliqué Jacob Mudenda, le président de l'Assemblée nationale,
retrouvant les accents marxistes, matrice du parti-État qui contrôle le pays
depuis près de quarante ans.
«Cette chute est plus le
résultat d'une longue lutte interne à la Zanu-PF, une lutte pour survivre et
accéder aux prébendes, qu'autre chose »
Piers Pigou, analyste sur
l'Afrique australe à International Crisis Group
La passation de pouvoir doit se
tenir vendredi, dans l'ordre et le calme. Le calme est aussi revenu à Harare,
la capitale qui, après une nuit de fête, est retournée à sa routine et à ses
questions. Car si le pouvoir change de visage, il ne change pas de mains ni
forcément de méthodes. Le nouveau président Mnangagwa n'a pas l'image d'un
réformateur, encore moins d'un opposant. Il est au mieux un baron de la
Zanu-PF, membre de tous les gouvernements depuis 1980, au pire un
ultraconservateur, figure de l'aile dure du parti. Son principal allié dans le
coup de force, le général Chiwenga, le
chef des armées qui a coordonné l'entrée des chars dans Harare, n'est pas
non plus un dissident. «Cette chute est plus le résultat d'une longue lutte
interne à la Zanu-PF, une lutte pour survivre et accéder aux prébendes,
qu'autre chose», rappelle Piers Pigou, analyste sur l'Afrique australe à
International Crisis Group, un centre de recherche.
Les observateurs comme les
Zimbab-wéens s'apprêtent à scruter de près les premiers pas d'Emmerson
Mnangagwa. Le néo-président n'ignore pas que sa popularité actuelle est
largement factice et que, pour s'imposer, il lui faudra faire des concessions.
La communauté internationale le met déjà sous pression, Londres appelant à une
«ouverture» tandis que l'Afrique du Sud, le puissant parrain, semble vouloir
profiter de l'occasion pour pacifier les choses chez son turbulent voisin.
Avant de rentrer, Emmerson Mnangagwa a eu un long entretien avec son désormais
homologue sud-africain, Jacob Zuma.
90 % de la population est
au chômage
La priorité est sans aucun doute
de relancer, en l'ouvrant, une
économie exsangue alors que le Zimbabwe s'enfonce depuis dix ans
dans la pauvreté et que 90 % de la population est au chômage. «Remettre en
marche l'économie va demander un peu de temps. Il y a d'autres mesures rapides
et très symboliques à prendre », estime Dewa Mavhinga, responsable local
de l'ONG Human Rights Watch (HRW). Il souligne, en premier, l'instauration de
la liberté de presse, martyrisée depuis des lustres au Zimbabwe. Mercredi, le
quotidien d'opposition Newsday a pu titrer « Bye Bob»,
une irrévérence impensable il y a quelques jours. «Cela doit continuer. Le plus
important est quand même de lancer les réformes nécessaires pour instaurer la
démocratie et assurer des élections libres et sans violences», continue-t-il.
Il cite l'établissement d'une liste électorale fiable et la mise en place d'une
commission électorale véritablement indépendante avant le scrutin prévu en
2018. «Ce serait idéal mais je n'y crois pas trop», insiste Dewa Mavhinga.
Rinaldo Depagne, spécialiste de
l'Afrique de l'Ouest pour ICG, se montre aussi prudent: «Dans un cas un peu
similaire, au Burkina Faso, il y a aujourd'hui un peu de déception. On sent une
volonté du pouvoir de faire évoluer les choses mais on sent aussi que les
mauvaises habitudes du passé ont la vie dure.»
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Zimbabwe : Mnangagwa prend officiellement la suite de Mugabe
(24.11.2017)
VIDÉO - Le nouveau président du
Zimbabwe a prêté serment vendredi devant plusieurs milliers de personnes
réunies dans un stade à Harare. Il succède à Robert Mugabe, 92 ans, qui a
démissionné après 37 ans de règne sans partage.
«Moi, Emmerson Dambudzo
Mnangagwa, jure qu'en tant que président de la République du Zimbabwe, je serai
loyal à la République du Zimbabwe et obéirai, soutiendrai et défendrai la
Constitution et les lois du Zimbabwe», a déclaré vendredi matin le
nouveau président dans un stade plein à craquer de la banlieue de
Harare. Des dizaines de milliers de Zimbabwéens pleins d'espoir étaient réunies
vendredi pour assister à l'investiture du nouveau président du pays Emmerson
Mnangagwa, et tourner
la page des trente-sept ans du règne sans partage de Robert Mugabe.
À 75 ans, Emmerson
Mnangagwa prend les rênes d'un pays ruiné, trois jours après la
démission historique du plus vieux dirigeant en exercice de la planète, 93
ans, poussé
vers la sortie par son armée, son parti et la rue. Dès l'aube, les
habitants de la capitale se sont bousculés aux portes du National Sports
Stadium pour acclamer leur nouveau chef de l'État.
Robert Mugabe poussé vers la
sortie par l'armée
«Nous sommes très enthousiastes
et nous attendons beaucoup de Mnangagwa», a confié à l'AFP une spectatrice,
Sharon Mauyakufa, 23 ans, «nous vivons dans une dictature depuis très
longtemps». Sur des bannières déployées dans le stade, on pouvait lire «Merci à
nos soldats», «le peuple a parlé». Robert Mugabe a été poussé vers la sortie
par un coup de force de l'armée, qui a pris le contrôle du pays dans la nuit du
14 au 15 novembre après le limogeage d'Emmerson Mnangagwa.
Cacique du régime depuis
l'indépendance du Zimbabwe en 1980, celui qu'on surnomme le «Crocodile» a été
remercié sur ordre de la Première dame Grace Mugabe, qui lui disputait la
succession de son mari, à la santé de plus en plus fragile. Après avoir résisté
plusieurs jours aux pressions des militaires, de son parti, la Zanu-PF, et de
la rue, le «camarade Bob» a fini par capituler mardi en présentant sa
démission, sous la menace d'une procédure de destitution devant le Parlement.
Les Zimbabwéens célèbrent avec
l'armée la démission du président Robert Mugabe, le 21 novembre à Harare. -
Crédits photo : MARCO LONGARI/AFP
À la veille de son entrée en
fonction, Emmerson Mnangagwa s'est entretenu jeudi avec son prédécesseur, à qui
il a promis, ainsi qu'à sa famille, les «conditions de sécurité et de bien-être
maximales», a rapporté le quotidien gouvernemental The Herald. Trois jours
après la chute du régime, le sort, notamment judiciaire, réservé au couple
présidentiel restait mystérieux. «Je ne sais pas ce qui a été négocié mais je
peux vous dire qu'aucun Zimbabwéen ne souhaite que Mugabe soit poursuivi en
justice ou pendu ou lynché», a déclaré à l'AFP un de ses ministres, Supa
Mandiwanzira, «les gens veulent tourner la page».
Le porte-parole de
l'ex-président, George Charamba, a pour sa part catégoriquement démenti que
l'immunité lui avait été accordée, ainsi que l'ont rapporté plusieurs médias.
«Il n'y a aucune raison de lui accorder l'immunité, il n'en a jamais été
question pendant les discussions», a-t-il assuré à l'AFP. Un temps annoncé à la
cérémonie d'investiture de son successeur, Robert Mugabe ne devait finalement
pas y apparaître. «Il n'est pas en état d'y venir», a déclaré George Charamba.
90% de chômage
De retour mercredi du bref exil
sud-africain qui a suivi son limogeage, Emmerson Mnangagwa a affirmé qu'il
ferait du redressement de l'économie sa priorité absolue. «Nous voulons des
emplois», a-t-il promis. Robert Mugabe a laissé derrière lui une économie
ruinée par des réformes dévastatrices. L'activité y tourne au ralenti, l'argent
manque et le spectre de l'hyperinflation rôde.
Avec
un taux de chômage estimé à 90%, les Zimbabwéens vivent de petits boulots
dans l'économie informelle. D'autres ont émigré, souvent chez le géant
sud-africain voisin. Les attentes de la population du Zimbabwe, sortie épuisée
de l'ère Mugabe, sont énormes. «Nous voulons que notre économie se redresse,
nous voulons retrouver de l'argent dans les banques, on ne peut pas continuer à
faire les poubelles», s'est exclamée Alice Mwanjeya, une mère de six enfants
âgée de 57 ans venue assister à l'investiture.
Le porte-parole du Parlement
Jacob Mudenda reçoit le document dans lequel le président Mugabe annonce sa
démission, le 21 novembre 2017. - Crédits photo : MARCO LONGARI/AFP
«J'espère des changements», a
renchéri Archiford Gwandiziva, un chômeur de 21 ans. «J'espère que nous allons
retrouver la liberté de parole que nous avions perdue sous Mugabe, où nous
étions arrêtés à la moindre critique du gouvernement». Le profil et la
personnalité du nouveau maître du Zimbabwe suscitent pourtant quelques
inquiétudes. Fidèle parmi les fidèles du régime, Emmerson Mnangagwa, proche de
la hiérarchie sécuritaire, plusieurs fois ministre, traîne derrière lui une
réputation d'exécuteur des basses œuvres répressives de l'ex-président Mugabe.
Plusieurs ONG ont rappelé le
lourd bilan du régime: «des dizaines de milliers de personnes ont été
torturées, ont disparu ou ont été tuées», selon Amnesty International. Soucieux
de rassurer, Emmerson Mnangagwa s'est présenté en «serviteur» du pays et a déjà
appelé à plusieurs reprises «tous les patriotes zimbabwéens à travailler
ensemble». Le principal parti d'opposition, le Mouvement pour le changement
démocratique (MDC), plaide pour un gouvernement d'union nationale jusqu'aux
élections prévues en 2018.
«J'espère que le président
Mnangagwa va démontrer que la nation a changé de direction», a déclaré jeudi à
l'AFP le chef du MDC Morgan Tsvangirai. «J'espère qu'il évitera de tomber dans
la tentation de garder seul le pouvoir».
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Procès Dekhar : 25 ans de prison requis contre le tireur
de Libération et de BMFTV (24.11.2017)
Par Le
figaro.fr et AFP, Reuters AgencesPublié le 24/11/2017 à 12h59
L'homme de 52 ans est jugé aux
assises pour son périple armé à Paris en novembre 2013. Il avait notamment
blessé gravement un photographe au siège du quotidien Libération.
Jugé devant la Cour d'assises de
Paris depuis le 17 novembre, Abdelhakim
Dekhar, devrait connaître sa condamnation vendredi soir. L'homme de 52 ans
est accusé d'avoir, le 15 novembre 2013, menacé des journalistes et un agent de
sécurité de BFM TV avec un fusil à pompe, blessé grièvement trois jours plus
tard un photographe dans le hall du quotidien Libération. Il avait
également tiré, le même jour, sur les locaux de la Société générale à la
Défense, près de Paris.
Une peine de 25 ans de réclusion
criminelle a été requise ce vendredi à l'encontre de d'Abdelhakim Dekhar, jugé
pour «tentatives d'assassinat» et «séquestration». L'avocat général a demandé
que cette peine soit assortie d'une période de sûreté des deux tiers.
Son parcours avait démarré à
BFMTV le 15 novembre 2013, où il avait menacé avec un fusil à pompe M. Antoine.
Il aurait alors dit: «La prochaine fois, je ne vous raterai pas», avant de
prendre la fuite en laissant deux cartouches à terre. Trois jours après, il
avait grièvement blessé par balle César Sébastien dans le hall d'accueil
de Libération. Il s'était ensuite rendu dans le quartier d'affaires
de la Défense, où il avait tiré sur une porte d'entrée de l'immeuble de la
Société générale, non loin de deux salariées. Il avait enfin pris un
automobiliste en otage. Pendant cinq jours, la police avait traqué cet homme,
qualifié alors d'«ennemi public numéro 1».
Il n'avait été arrêté que le 20
novembre 2013, sur dénonciation d'un ami. Sébastien Simonian-Lemoine, qui avait
hébergé Abdelhakim Dekhar, avait mené les policiers jusqu'à un
parking de Bois-Colombes dans les Hauts-de-Seine. Ils l'avaient retrouvé à
l'intérieur de la voiture de sa sœur dans un semi-coma médicamenteux.
Il cherchait une «mort
romantique»
«Le principal mobile, c'est tuer
par dépit social», a déclaré l'avocat général, Bernard Farret, dans son
réquisitoire. «BFMTV, Libération, la Société Générale sont des
symboles qui correspondent bien au mobile politique», a-t-il poursuivi. «Il
n'est pas dans le remord. Il est resté dans la revendication, la rancœur», a
mis en avant le magistrat, en s'appuyant sur la conclusion d'une psychologue.
Décrit par des enquêteurs comme
un «affabulateur» et un «menteur pathologique» capable de violences, Abdelhakim
Dekhar se présente pour sa part comme un militant politique. Jeudi, il a
affirmé qu'il voulait «intimider» ses cibles mais ne blesser personne. Selon
lui, son véritable objectif était de se suicider de manière théâtrale. «J'étais
dans un projet de suicide par intermédiaire: je voulais que la police me tue».
Il s'est rendu d'abord à BFMTV parce que «la couverture H24 aurait démultiplié
(son) scénario». Il
voulait une mort «romantique», pour ne pas être perçu «comme un loser» par
ses enfants qui avaient alors 5 et 7 ans. Il ne les voit plus depuis sa
séparation avec leur mère suite à des violences.
L'homme a déjà été condamné,
comme complice, en 1998, à quatre ans de prison pour «association de
malfaiteurs» dans le
procès des amants «tueurs de flics», Florence Rey et Adry Maupin. Au cours
de cette fusillade, trois policiers, un chauffeur de taxi et Adry Maupin
avaient été tués.
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Dekhar: le tireur de Libération ne voulait pas «mourir incognito»
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ans après, le «tireur parisien» Abdelhakim Dekhar devant les assises
Le prince héritier saoudien qualifie le leader iranien de
«nouvel Hitler» (24.11.2017)
Par Le
figaro.fr et agence ReutersMis à jour le 24/11/2017 à 13h04 |
Publié le 24/11/2017 à 10h34
Mohammed Ben Salman a estimé que
Riyad devait répondre à l'Iran. Il explique notamment que, comme en Europe
entre 1939 et 1945, «l'apaisement ne marche pas».
«Nous ne voulons pas que le
nouvel Hitler de l'Iran refasse au Moyen-Orient ce qui s'est passé en Europe».
Cette déclaration choc du prince saoudien Mohammed Ben Salman, tirée d'une
discussion avec un journaliste du New York Times ,
n'apaisera sûrement pas les tensions entre l'Arabie sunnite et l'Iran chiite.
Selon le prince héritier, qui est également ministre de la Défense, les visées
expansionnistes de l'Iran, dont il accuse Khamenei d'être le promoteur, doivent
faire l'objet d'une réponse. Dans ses propos rapportés par le journal américain, il
ajoute en effet: «Nous avons appris de l'Europe que l'apaisement ne marche
pas».
» LIRE AUSSI - Iran-Arabie Saoudite: les dessous d'une guerre
froide
Les deux pays s'affrontent
indirectement dans les conflits en Syrie et au Yémen. Dernière preuve de cette
lutte d'influence, la crise politique ouverte par le premier ministre libanais
Saad Hariri qui a annoncé, à la surprise générale, sa démission depuis Riyad,
la capitale saoudienne, le 4 novembre.
En novembre, un tir de missile
interprété comme un acte de guerre
Saad
Hariri affirmait craindre pour sa vie et mettait en cause le Hezbollah,
milice chiite libanaise liée à Téhéran, et le régime iranien, les accusant de
semer le chaos dans le monde arabe. Le Hezbollah a estimé que cette annonce
constituait un acte de guerre orchestré par les Saoudiens, ce que ces derniers
ont démenti. Depuis, Hariri est revenu sur sa décision.
Autre point de crispation,
L'Arabie saoudite a pris il y a deux ans et demi la tête d'une coalition
militaire engagée dans la
guerre civile au Yémen où elle a mené plusieurs milliers de raids
aériens. Le régime de Riyad est en lutte contre les milices chiites houthies
alignées sur l'Iran qui ont, un temps, contrôlé la majeure partie du pays. Dans
son entretien au New York Times, le prince Salman affirme que ce
conflit est entré dans une phase favorable à son pays et à ses alliés qui
maîtrisent 85% du territoire yéménite. Les Houthis conservent toutefois le
contrôle des grandes agglomérations dans ce conflit qui a fait quelque 10.000
morts. La milice avait tiré le 4 novembre un
missile visant l'aéroport de Riyad, une agression que les autorités
saoudiennes ont interprété comme un acte de guerre de la part de l'Iran.
Le prince Salman avait déclaré en
mai que son pays s'assurerait que tout nouveau contentieux avec Téhéran «se
déroule en Iran».
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Prières de rue : entre Clichy et les musulmans, quinze ans de
jeu de dupes (24.11.2017)
ENQUÊTE - Le conflit
entre la mairie et les associations musulmanes trouve racine dans l'incapacité
des musulmans de Clichy à s'entendre et se fédérer, mais aussi dans de
multiples promesses électoralistes non tenues.
Il ne devrait pas
y avoir de nouvelles prières de rue, ce vendredi, devant le parvis de l'Hôtel
de Ville de Clichy-la-Garenne. Le préfet des Hauts-de-Seine les a
interdites la semaine dernière, à
la suite d'une contre-manifestation d'une soixantaine d'élus mobilisés par le
maire LR de la ville, Rémi Muzeau. Mais le conflit est loin d'être réglé ;
il est même au point mort. L'Union des associations musulmanes de Clichy
(UAMC), qui organisait chaque vendredi les prières de rue depuis huit mois, ne
veut toujours pas entendre parler de la salle de prière ouverte rue des
Trois-Pavillons par la mairie. De son côté, l'association cultuelle et
culturelle de Clichy (ACCC), qui gère cette nouvelle salle, n'est pas non plus
disposée à intégrer l'UAMC. La mairie, enfin, estime que ce n'est pas à elle de
régler ce qu'elle considère désormais comme une querelle de chapelle.
La crise durait depuis mars
dernier, lorsque
la police a évacué de force la salle de prière de la rue d'Estienne-d'Orves occupée
illégalement par des fidèles. Mais ses racines, bien plus anciennes, sont
symptomatiques de l'incapacité de l'islam de France à organiser son culte, et à
résister aux sirènes des promesses électoralistes de certains pouvoirs locaux
qui veulent s'assurer le vote musulman. Jusqu'au début des années 2000, les
musulmans de Clichy priaient dans une petite salle rue Madame-de-Sanzillon, et dans
deux salles du foyer Sonacotra de la rue Victor-Hugo. Le parking sous-terrain,
qui leur fait face, était régulièrement investi par les fidèles qui bloquaient
la circulation.
«Islam des caves et des
garages»
L'encadrement du foyer fermait
les yeux, jusqu'à ce que la situation devienne intenable au point qu'on leur en
interdit l'accès en 2004. C'est l'époque où Nicolas Sarkozy, alors ministre de
l'Intérieur, veut mettre fin à «l'islam des caves et des garages». Les
musulmans, désormais sans salle, lancent les premières prières de rue devant
l'hôtel de ville. «On demandait la réalisation d'une promesse déjà faite trois
ans plus tôt», explique Hamid Kazed, le président de l'UAMC.
«Nous avons déposé sept permis
de construire, à chaque fois rejetés par la mairie.»
Mohamed Bechari, président de la
Fédération nationale des musulmans de France (FNMF)
Maire socialiste à l'époque,
Gilles Catoire tente alors de désamorcer la crise en faisant appel à Mohamed
Bechari, président de la Fédération nationale des musulmans de France (FNMF).
Rouage important du Conseil français du culte musulman (CFCM), réputé proche de
Martine Aubry, il est adoubé par le maire pour représenter la communauté
musulmane clichoise. «On convient ensemble d'ouvrir une salle de prière
transitoire, en attendant de concrétiser un projet de mosquée», se souvient
Mohamed Bechari. Un bâtiment provisoire, situé rue Foucault, est prêté aux
musulmans par la signature d'un bail précaire en 2006. Un premier terrain est
envisagé rue Victor-Hugo, avant d'être abandonné. La mairie rachète finalement
un autre terrain de 1000 mètres carrés rue Valiton en 2008.
Personne n'assume la
responsabilité du fiasco
Pour cette future mosquée, on
voit grand, très grand. Le cabinet d'architecte Ausia imagine un ensemble
immobilier avec une salle de prière pour 600 fidèles, adossé à un pôle culturel
avec bibliothèque, médiathèque, salles d'informatique, de cours, de
conférences... Le financement du projet, estimé à 4,7 millions d'euros, doit se
faire par une collecte auprès des fidèles, mais aussi par l'intervention de
financements étrangers - notamment du Qatar. Quant à la partie culturelle, elle
sera financée grâce à des subventions de la ville, du département et de la
région, voire de l'Europe. Mais les années passent, le projet s'enlise... et la
mosquée de Clichy-la-Garenne ne verra jamais le jour.
«Monsieur Bechari a joué au
poker menteur avec nous en ce qui concerne le financement.»
Gilles Catoire, ancien maire
socialiste de Clichy-la-Garenne
Aujourd'hui, personne n'assume la
responsabilité de ce fiasco. «Nous avons déposé sept permis de construire, à
chaque fois rejetés par la mairie. On peut se tromper deux ou trois fois, mais
sept fois... Ça montre bien la mauvaise volonté de la mairie qui n'a jamais eu
l'intention de voir ce projet concrétisé», estime Mohamed Bechari, le président
de la FNMF. Pour Gilles Catoire, l'échec est plutôt dû à l'incapacité des
musulmans à réunir l'argent nécessaire au projet. «Monsieur Bechari a joué au
poker menteur avec nous en ce qui concerne le financement», écrit l'ancien maire sur son blog.
L'ex-élu explique qu'il avait fait intervenir un commissaire aux comptes pour
vérifier la réalité des fonds annoncés. «On lui a offert un couscous, mais il
n'a jamais pu accéder aux comptes et aux comptes bancaire pour vérifier le
sérieux des financements annoncés», assure-t-il, s'interrogeant sur ce que sont
devenus ces fonds récoltés.
Trente ans de règne
ininterrompu
Les règlements de compte entre la
mairie et la communauté musulmane se placent aussi sur le terrain électoral.
«Monsieur Catoire, c'est toujours le vote musulman qui l'a fait gagner», estime
Noureddine Bahri, aujourd'hui vice-président de la salle de prière des
Trois-Pavillons. «Avant chaque élection, il venait nous demander de l'aide. Il
nous emmenait avec lui faire du porte-à-porte auprès des électeurs musulmans.
Puis ses promesses partaient en l'air.» Début 2010, le divorce est consommé
entre Gilles Catoire et Mohamed Béchari. En décembre 2013, la municipalité
lance une procédure d'expulsion de la salle de prière de la rue Foucault qui
leur avait été allouée provisoirement huit ans plus tôt. Mais les fidèles
refusent de quitter les lieux, malgré plusieurs décision de justice en faveur
de la municipalité.
Entre-temps, Gilles Catoire s'est
tourné vers une autre association musulmane, l'UAMC, qui devient sont
interlocuteur principal. Le maire met à leur disposition une salle de prière
rue d'Estienne-d'Orves à l'aide d'un bail précaire, avec la promesse qu'ils
pourront la racheter pour la transformer en mosquée. Mais en 2015, sa
réélection est annulée par le Conseil d'État et il décide de ne pas se
représenter. Son principal opposant, Rémi Muzeau (LR), lui succède après trente
ans de règne ininterrompu.
«On veut construire la mosquée
qu'on nous a toujours promis»
Rémi Muzeau parvient à récupérer
le terrain de la rue Foucault sur lequel il veut ouvrir une école. Il leur
attribue un ancien bâtiment administratif rue des Trois-Pavillons par la
signature d'un bail emphytéotique de 99 ans avec l'association cultuelle et
culturelle de Clichy. Mais lorsqu'il demande à récupérer aussi l'immeuble de la
rue d'Estienne-d'Orves, qu'il veut transformer en médiathèque, l'UAMC refuse
catégoriquement de quitter les lieux. Le bras de fer se termine en mars 2017,
lorsque la police vient déloger les fidèles par la force après confirmation de
l'ordonnance d'expulsion par le Conseil d'État.
Pour protester, les musulmans
organisent alors des prières de rue chaque vendredi devant la mairie. «Rémi
Muzeau nous avait promis que nous pourrions construire notre mosquée rue
d'Estiennes-d'Orves», fulmine aujourd'hui le président de l'UAMC, Hamid Kazed.
L'interdiction des prières de rue par la préfecture n'a pas pour autant éteint
l'incendie. «Aujourd'hui, la seule solution qu'on nous propose, c'est de rejoindre
l'autre mosquée de la rue des Trois-Pavillons. Mais nous on veut un terrain, on
veut construire la mosquée qu'on nous a toujours promis.» Les
différentes réunions de conciliation ne les ont pas fait changer de
position. Quinze ans après la première prière devant le parvis de l'hôtel de
ville, les relations ne sont toujours pas apaisées entre une frange des
musulmans déterminés à obtenir leur propre salle et la mairie qui se montre
aujourd'hui inflexible.
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