Arabie: les dessous
d'une purge risquée (09.11.2017)
Un milliard d'euros
pour les entreprises françaises aux Émirats arabes unis (09.11.2017)
L'ONU réclame à
l'Arabie saoudite la levée du blocus au Yémen, menacé de famine (09.11.2017)
L'Arabie saoudite
appelle ses ressortissants à quitter le Liban (09.11.2017)
Marcel Campion -
Anne Hidalgo: les coulisses d'une foire d'empoigne (09.11.2017)
La mairie de Paris
veut chasser définitivement la grande roue de la Concorde (09.11.2017)
Retour de
djihadistes : Macron prône le «cas par cas» pour les femmes et les enfants
(09.11.2017)
En Syrie, l'armée
s'empare de la dernière ville détenue par Daech (09.11.2017)
Emmanuel Macron
annonce la fin de Daech «dans les prochains mois» (09.11.2017)
Le commerce
extérieur, inquiétant talon d'Achille de l'économie française (08.11.2017)
Depuis 2014, le
commerce extérieur est sous la tutelle du Quai d'Orsay (08.11.2017)
À l'école, le poison
du cyberharcèlement sexuel (08.11.2017)
Harcèlement
scolaire : «Pour mes profs, c’était des jeux d’enfants» (09.11.2017)
Ivan Rioufol:
«Arrêter ces lâchetés qui abîment la France»
Exportations
illégales: la n°2 de l'ONU nie son implication (09.11.2017)
Propos antisémites:
1500€ d'amende pour une enseignante (09.11.2017)
Turquie: Erdogan
critique un «quota gay» (09.11.2017)
Purge
anticorruption en Arabie: 200 personnes arrêtées (09.11.2017)
Un homme fonce sur
des passants près de Toulouse (10.11.2017)
Michael Flynn,
l'«agent turc» qui voulait livrer Gülen contre 15 millions de dollars
(10.11.2017)
Natacha Polony :
«Grammaire, nom féminin et mal en point» (10.11.2017)
François d'Orcival
: «Non, il n'y a pas de terroristes idiots!» (10.11.2017)
Georges Bensoussan,
le procès du réel (10.11.2017)
Des adhérents et
cadres macronistes s'élèvent contre le fonctionnement de LREM (10.11.2017)
Monseigneur Vingt-Trois
: «Les chrétiens doivent empêcher le monde de dormir» (10.11.2017)
«Rive», la
déradicalisation hors de la prison (10.11.2017)
Avec les Coptes
d'Égypte sur les pas de la Sainte Famille (10.11.2017)
Pourquoi les Coptes
égyptiens sont une cible prioritaire des islamistes (10.04.2017)
En Égypte, les
violences contre les coptes se multiplient (12.08.2016)
Arabie saoudite :
le défi de Mohammed Ben Salman, affaiblir le pilier wahhabite du régime
(09.11.2017)
Tractations
franco-saoudiennes autour du sort de Saad Hariri (10.11.2017)
Arabie: les dessous d'une purge risquée (09.11.2017)
Accusés de corruption, plus de 60
princes et dignitaires sont interrogés dans leur prison dorée du Ritz Carlton.
Les princes confinés au Ritz
Carlton de Riyad depuis la «Nuit des longs couteaux», samedi à dimanche, devraient
être transférés dans un autre lieu de détention. Le roi «Salman quand il était
gouverneur de Riyad avait construit une prison pour princes», confie au Figaroun
proche de son fils, le
nouveau maître de l'Arabie, Mohammed Ben Salman (MBS), l'héritier du
trône. Un transfert rendu nécessaire par la tenue, la semaine prochaine dans ce
palace, d'une conférence organisée par Misk, la fondation de MBS.
Le prince al-Waleed bin
Talal - Crédits photo : FAYEZ NURELDINE/AFP
Ces derniers jours, les
arrestations ont continué. Deux autres, dimanche soir, selon un homme
d'affaires français, qui scrute ce minitremblement de terre à la cour des
Saoud. En cinq jours, 208 personnes ont été interrogées et sept relâchées, a
précisé jeudi le procureur général, Cheikh Saud al-Mojed, ce qui a permis de
rassembler «une grande quantité de preuves». Au total, plus de 60 princes,
ministres, anciens ministres et hommes d'affaires en vue sont aux arrêts. Tous
accusés de corruption. Il s'agit de la purge la plus étendue dans l'histoire de
l'Arabie moderne, qui viserait jusqu'à plusieurs centaines d'individus. Des
dizaines d'autres princes ou dignitaires, liés aux personnes arrêtées, sont en
effet frappés d'une interdiction de sortir du royaume. «Adel Fakieh, le
ministre de l'Économie, a été arrêté samedi à l'aéroport de Riyad alors qu'il
cherchait à s'enfuir», fait valoir le proche de MBS, qui n'a pas de mots assez
durs contre ces «criminels qui ont profité de leur statut pour faire beaucoup
d'argent».
Trois jours d'enquête ont
permis de mettre au jour plus de 100 milliards de dollars d'argent
détourné, selon le procureur, qui espère les rapatrier dans les comptes de
l'État
La nouvelle agence
anticorruption, créée quelques heures seulement avant le coup de filet, a voulu
jouer sur l'effet de surprise. Quitte à susciter la perplexité. «Où sont les
enquêtes qui ont conduit à ces arrestations?», se demande un militaire
français, persuadé que les États-Unis de Donald Trump, qui a applaudi à la
purge dans un Tweet, ont contribué à «éliminer ces réseaux d'affaires et de
pouvoirs concurrents» de leur allié MBS.
Depuis que ce dernier a fait de
la lutte anticorruption une de ses priorités, des «gros bonnets» étaient aux
aguets. «J'ai entendu il y a un mois le PDG d'un groupe public dire qu'il ne
rentrerait pas à Riyad», confesse un industriel, familier de l'Arabie. Mardi,
le nombre de comptes bancaires gelés était de 1.200. Mercredi, il atteignait
1.700. «Les comptes individuels» ont été suspendus et «non les comptes des
entreprises» des suspects, ont précisé les autorités. Les entreprises
étrangères en lien avec les reclus du Carlton ne sont pas inquiétées, a rassuré
la banque centrale. Trois jours d'enquête ont permis de mettre au jour plus de
100 milliards de dollars d'argent détourné, selon le procureur, qui espère
les rapatrier dans les comptes de l'État, qui en a bien besoin pour compenser
la chute des cours du pétrole. Mais la tâche sera ardue, l'essentiel des
comptes étant à l'étranger.
Le prince Miteb bin Abdul
Aziz - Crédits photo : Hassan Ammar/AP
Aucune liste n'a encore été
publiée officiellement. Parmi
les détenus, figurent le prince al-Walid Ben Talal, propriétaire de l'hôtel
George V à Paris dont la fortune est estimée à 17 mds de dollars, le prince
Mutaïb, fils de l'ancien roi Abdallah et patron de la Garde nationale, Walid
al-Ibrahim, propriétaire du réseau de satellites arabe MBC, ainsi que le magnat
de la construction Bakr Ben Laden, demi-frère de l'ancien chef d'al-Qaida, et
le milliardaire Saleh Kamel, propriétaire de la mosquée al-Medina al-Mounawara
près de son palais de Cannes. Les groupes Ben Talal, Ben Laden et Kamel
représentent 50 % du PIB saoudien, hors pétrole. «C'est énorme», constate
un expert à Bercy. «Avec ses collaborateurs libanais, Ben Talal blanchissait de
l'argent», accuse le proche de MBS.
Affaires opaques
Paris suit avec attention ces
développements. La
purge«peut contrarier nos intérêts», souligne l'économiste de Bercy. «Les
investissements du prince Walid en France sont connus, ajoute-t-il, Four
Seasons, Disneyland, différents fonds, y compris en Afrique francophone avec
Jean-Louis Borloo, et d'autres avec l'homme d'affaires Lionel Zinsou. Ceux du
prince Mutaïb le sont moins.» Quant au groupe Ben Laden, «c'est inquiétant,
dit-il, car il est partenaire de nombreuses sociétés françaises en Arabie».
Mais depuis l'accident de la grande mosquée de La Mecque en 2015, Saudi
Binladen Group est dans le collimateur de MBS, qui lui reproche de n'avoir pas
exécuté les mirifiques contrats pour l'extension de La Mecque, remportés
sous Abdallah.
Ce sont toutes ces années de
business opaque sous les règnes de Fahd et d'Abdallah que MBS veut élucider
Bakr Ben Laden était lié à Mutaïb
et Khaled
al-Twaijri, le chambellan de feu le roi Abdallah, lui aussi reclus au
Carlton, qui venait voir François Hollande pour faire avancer certains
dossiers. Mutaïb acquit en 2010 l'Hôtel Crillon à Paris pour 252 millions
d'euros. «Deux cents ans de son salaire de ministre!», s'étonne un de ses amis
français. Mais il faut ajouter les dotations mensuelles que chaque prince, en
fonction de son rang, reçoit, jusqu'à 270.000 dollars pour les plus
juteuses. Mais depuis l'arrivée de Salman, ces rentes ont subi un coup de
rabot. Jusqu'à la mort d'Abdallah en 2015, la diplomatie française avait
«vendu» Mutaïb à François Hollande comme le prochain roi d'Arabie. «Nos mauvais
choix pourraient déboucher sur une période de vaches maigres avec MBS», redoute
un diplomate, qui rappelle que le prince héritier est le seul des grands
dirigeants du Golfe qu'Emmanuel Macron n'a pas encore rencontrés.
Ce sont toutes ces années de
business opaque sous les règnes de Fahd et d'Abdallah que MBS veut élucider.
Parmi les derniers suspects arrêtés beaucoup seraient liés au clan du prince
Sultan, demi-frère d'Abdallah et surtout ministre de la Défense - pendant
quarante ans - avant de mourir en 2011. Ses enfants ont hérité d'une fortune,
estimée à plusieurs centaines de milliards de dollars. Ses fils, Khaled Ben
Sultan, dont le nom apparaît dans les Paradise Papers, ainsi que Bandar, ancien
patron des renseignements, font-ils partie de la fournée des détenus du
Carlton? Les comptes de l'ancien prince héritier que MBS a écarté en juin, Mohammed
Ben Nayef, ont également été gelés, mais il n'est pas enfermé au Carlton. «Il
était déjà assigné à résidence», glisse le diplomate. Une rumeur insistante
annonce même la mort, dans des affrontements entre ses gardes et les forces de
sécurité, du prince Abdul Aziz Ben Fahd, un fils du roi Fahd, partenaire en
affaires du premier ministre libanais démissionnaire, Saad Hariri.
L'ambassadeur de France, François Gouyette, est allé voir jeudi chez lui à
Riyad ce dernier, semblant ainsi faire démentir une possible arrestation.
Le sort de Saad Hariri a été jugé
suffisamment flou pour qu'Emmanuel
Macron en visite aux Émirats arabes unis voisin fasse un saut de puce
jusqu'à Riyad dans la soirée pour s'enquérir de l'allié libanais de la France.
«L'Arabie, décrypte un maître espion, ressemble à une pompe à essence de
laquelle partent de nombreux tuyaux. Chaque tuyau représente un prince qu'il
faut graisser pour que l'essence coule.» MBS veut sectionner la plupart de ses
tuyaux. Mais la «graisse» disparaîtra-t-elle pour autant? «Comment a-t-il fait
fortune dans l'immobilier?, se demande le militaire précité. Et son père qui
percevait une dîme sur chaque sac de sable vendu pour les projets de
construction de Riyad?». Bref, un pari audacieux, mais dangereux.
La rédaction vous
conseille :
- L'Arabie
saoudite appelle ses ressortissants à quitter le Liban
- Arabie
saoudite: l'extraordinaire purge
- Mohammed
Ben Salman, l'homme derrière la purge anti-corruption
Un milliard d'euros pour les entreprises françaises aux
Émirats arabes unis (09.11.2017)
VIDÉO - Le chef de l'État a
annoncé la signature d'un accord entre Mubadala, le fonds souverain stratégique
basé à Abu Dhabi et le groupe Caisse des dépôts et consignations (CDC) pour
une capacité totale d'investissement d'un milliard d'euros.
En matière économique, les
visites d'État ne sont pas seulement marquées par l'annonce de contrats
commerciaux retentissants au profit des grandes entreprises. La tournée
d'Emmanuel Macron dans les Émirats arabes unis scelle une nouvelle forme de
partenariat. Elle marque un
intérêt renforcé d'Abu Dhabi pour l'innovation et l'entrepreneuriat
français.
Le chef de l'État a
annoncé la signature d'un accord entre Mubadala, le fonds souverain stratégique
basé à Abu Dhabi et le groupe Caisse des dépôts et consignations (CDC)
pour une capacité totale d'investissement d'un milliard d'euros. Le président a
salué des investissements «structurants» qui vont «permettre de fertiliser les
réformes et l'innovation en France», lors d'une conférence de presse qui
clôturait cette visite de deux jours dans les Émirats. L'enjeu, pour l'Élysée,
est bien de convaincre à l'étranger de l'attractivité française, d'attirer des
capitaux pour soutenir les entreprises, doper la croissance et la création
d'emplois.
Dans le détail, Mubadala va
investir 500 millions d'euros via deux partenariats. Le premier, passé
avec CDC International Capital, filiale de la Caisse des dépôts, société
d'investissement dédiée aux fonds souverains, s'inscrit dans la continuité
d'une première salve de 300 millions, actée en 2014. Le deuxième - là
c'est inédit - s'appuie sur Bpifrance qui rentre dans le tour de table. Axé sur
la recherche et l'innovation, il ciblera les technologies de l'information et
la communication, les biotechnologies et la révolution verte. «Le volet
innovation de notre accord aura vocation à accélérer la croissance aussi bien
de jeunes pousses que d'entreprises plus matures», a commenté Nicolas Dufourcq,
directeur général de Bpifrance. Laurent Vigier, le PDG de CDC International
Capital, s'est pour sa part félicité de la montée en puissance du «partenariat
franco-émirien qui change véritablement d'échelle, illustrant la relation de
confiance établie ces dernières années entre nos deux institutions». L'élan
réformateur d'Emmanuel Macron et l'accent mis sur l'innovation, sont aussi très
bien perçus dans le Golfe, insiste le dirigeant. «Les premières mesures
annoncées et mises en œuvre ont joué un rôle d'amplificateur», ajoute-t-il,
citant notamment la «flat tax», nouvel impôt sur le capital à taux unique.
Grand Paris et JO de 2024
Aucun projet concret
d'investissement n'est encore avancé mais les engagements du premier fonds de
300 millions d'euros, entièrement réalisés, en donnent une idée. La
priorité est donnée aux entreprises françaises à fort potentiel, avec une
dimension internationale. Mubadala a entre autres co-investi dans Galileo
Studialis, premier groupe d'éducation privée européen, dont 60 % de
l'activité en France, propriété notamment du cours Florent et de l'école d'art
Penninghen. Le fonds émirien lorgne également les grands projets
d'infrastructure et d'immobilier dans la perspective du Grand Paris et des Jeux
olympiques de 2024.
Emmanuel Macron a par ailleurs
annoncé l'acquisition par les Émirats de deux corvettes Gowind, construites par
le groupe français Naval Group et un accord de coopération d'EDF pour la
construction d'une station d'hydroélectricité et le développement de l'énergie
solaire dans la région.
La rédaction vous
conseille :
- Abu
Dhabi mise 500 millions d'euros sur les entreprises françaises
- Macron
aux Émirats, seul «partenaire de confiance»
L'ONU réclame à l'Arabie saoudite la levée du blocus au
Yémen, menacé de famine (09.11.2017)
Plongé dans une guerre depuis
plus de trois ans, le pays fait face à la pire situation humanitaire dans le
monde. Selon les Nations unies, sept millions de personnes souffrent de la faim
et un enfant meurt toutes les dix minutes de maladie.
«Le Yemen risque la pire famine
depuis des décennies, il faut agir». C'est l'avertissement lancé mercredi par
Mark Lowcock, le chef des opérations humanitaires de l'ONU, à l'Arabie
saoudite. Depuis quatre jours, le pays est totalement isolé. Car en
représailles d'un tir de missile balistique attribué aux rebelles chiites
Houthis qui a visé Riyad, le royaume de Salmane ben Abdelaziz Al Saoud a
décrété lundi la fermeture des ports, aéroports et accès routiers vers le
Yémen. Un blocus total qui empêche l'approvisionnement en nourriture et autres
produits de premières nécessités.
» LIRE AUSSI - Au Yémen, enlisement du conflit et crise humanitaire
Face à cette nouvelle escalade
dans la guerre qui oppose depuis mars 2015 les forces gouvernementales
yéménites appuyées par la coalition arabe emmenée par l'Arabie saoudite aux
rebelles houthistes, les quinze membres du Conseil de sécurité se sont réunis
hier pour des consultations à huis clos. La
Suède a alerté les autres pays contre les «immenses conséquences» pour
le peuple yéménite si le blocus imposé par Ryad perdurait.
«Le niveau de souffrances est
immense. La dévastation est presque totale. 21 millions de personnes ont un
besoin d'aide humanitaire urgente», a déclaré le représentant suédois adjoint à
l'ONU, Carl Skau. «C'est la pire situation humanitaire dans le monde, sept
millions de gens au bord de la famine, un enfant meurt toutes les dix
minutes de maladie, il y a presque un million de malades du choléra», a-t-il
expliqué.
«Dans le contexte actuel de
crise alimentaire aiguë et d'épidémie de choléra, tout retard dans le
rétablissement de l'accès humanitaire pourrait coûter la vie à des femmes, des
hommes et des enfants»
«La situation est extrêmement
grave pour les populations affectées», a renchéri l'ambassadeur français à
l'ONU, François Delattre. Il faut «redonner une forte impulsion, un nouvel élan
aux négociations politiques sans lesquelles il n'y aura pas de réponse durable
à la crise humanitaire», a-t-il estimé, en soulignant la nécessité de rouvrir
au plus vite le port de Hodeida (ouest) et l'aéroport de Sanaa.
Mark Lowcock, qui revient d'un
séjour au Yémen, a ajouté avoir réclamé la «reprise immédiate» de l'aide
humanitaire à la population yéménite et a demandé au Conseil de sécurité de
s'assurer qu'il n'y ait plus à l'avenir d'entraves à l'acheminement de l'aide
humanitaire. «La famine à laquelle fait face le Yémen n'est pas la même que
celle que nous avons connue au Soudan du Sud ou en Somalie», a-t-il souligné en
évoquant un drame accru.
» LIRE AUSSI - Yémen: plus de 600.000 cas de choléra depuis avril
Depuis la mise en place du blocus
dans le pays, quinze organisations humanitaires se sont mobilisées pour pointer
du doigt la situation de détresse dans laquelle sont plongées des millions de
personnes. «Dans le contexte actuel de crise alimentaire aiguë et d'épidémie
de choléra, tout retard dans le rétablissement de l'accès humanitaire
pourrait coûter la vie à des femmes, hommes, filles et garçons à travers le
Yémen», ont souligné dans un communiqué ces organisations, parmi lesquelles
Action contre la faim, Handicap international, Médecins du monde, Oxfam, le
Danish Refugee council et le Norwegian refugee council.
De son côté, le Haut-Commissariat
des Nations unies aux droits de l'homme (HCDH) a dénoncé les attaques
perpétrées contre les civils ces dernières semaines et qui ont fait des
dizaines de victimes. Selon les chiffres publiés mardi 7 novembre par cette
organisation onusienne, en moins de trois ans, 5295 civils ont été tués et 8
873 blessés.
Une guerre qui s'enlise
- Crédits photo : Le Figaro
Le conflit a débuté il y a un peu
plus de trois ans. Le président Abd
Rabbo Mansour Hadi, élu en 2012, a été contraint de s'exiler à Ryad en
mars 2015 sous la pression des Houthis qui se sont emparés de la capitale,
Sanaa. Ces rebelles, majoritairement chiites, soutiennent l'ancien dirigeant
Ali Abdallah Saleh, qui a gouverné le pays pendant 33 ans avant d'être chassé
du pouvoir par une insurrection populaire.
Depuis, le pays est le théâtre
d'un conflit entre la coalition internationale menée par l'Arabie Saoudite, qui
affirme soutenir le président élu, et les Houthis, soutenus par l'Iran.
Si le grand port d'Aden a été
repris aux rebelles en juillet 2015, et que Mansour Hadi est depuis rentré dans
son pays, la
capitale Sanaa est toujours aux mains des rebelles. Profitant du chaos
ambiant, des milices islamistes et des seigneurs de guerres locaux se sont
renforcés, tout comme al-Qaida dans la péninsule Arabique (AQPA) et la branche
locale de l'État islamique (EI). Quant aux négociations de paix menées par
l'ONU en 2016 puis en 2017, elles n'ont pour l'instant pas abouti sur un accord
entre les deux belligérants.
La rédaction vous
conseille :
- Au
Yémen, l'ancien président Saleh reste l'incontournable faiseur de rois
- Au
Yémen, les ennemis négocient dans la défiance
- Quels
sont les véritables enjeux de la guerre au Yémen?
- Yémen:
la descente aux enfers du pays le plus pauvre de la péninsule arabique
L'Arabie saoudite appelle ses ressortissants à quitter le
Liban (09.11.2017)
Cinq jours après la démission
surprise du premier ministre libanais, Saad Hariri, soutenu par le royaume
saoudien, la tension ne cesse de monter entre Riyad et Beyrouth. Emmanuel
Macron a annoncé, à la surprise générale, qu'il se rendait ce jeudi soir en
Arabie saoudite où il s'entretiendra avec le prince héritier Mohamed ben
Salmane.
La tension entre l'Arabie
saoudite et le Liban est encore montée d'un cran. Riyad a appelé ce jeudi ses
ressortissants à quitter «le plus vite possible» le Liban, quelques
jours après l'annonce de la démission surprise depuis le royaume de son
protégé, Saad Hariri, du poste de premier ministre libanais. Une source au
ministère des Affaires étrangères, citée par l'agence officielle SPA, a également
appelé les Saoudiens à ne pas se rendre au Liban, en évoquant sans autre
précision «la situation» dans ce pays.
Le 4 novembre, Saad Hariri a
annoncé dans une déclaration télévisée faite depuis l'Arabie saoudite sa
démission en accusant le Hezbollah libanais et l'Iran de «mainmise» sur son
pays et expliquait craindre pour sa vie. Cette démission a pris de court toute
la classe politique au Liban et fait craindre que le pays, aux équilibres
fragiles, ne plonge dans de nouvelles violences. Depuis sa démission, le chef
du gouvernement démissionnaire, qui a également la nationalité saoudienne, a
rencontré le roi saoudien Salmane et s'est rendu aux Émirats arabes unis selon
les médias des deux pays.
Par ailleurs, le président
français, Emmanuel Macron, a annoncé qu'il se rendait ce jeudi soir en Arabie
saoudite pour des entretiens avec le prince héritier Mohammed ben Salmane,
considéré comme l'homme fort à Riyad, afin d'évoquer l'Iran, le Yémen et le
Liban. Le chef de l'État a fait cette annonce surprise lors d'une conférence de
presse à Dubaï où il achevait une visite de 24 heures aux Emirats arabes unis.
«J'ai entendu des positions très dures» exprimées par l'Arabie saoudite
«vis-à-vis de l'Iran qui ne sont pas conformes à ce que je pense», a-t-il
affirmé. «Il est important de parler avec tout le monde», a souligné le chef de
l'Etat, ajoutant que la France avait un rôle «pour construire la paix». Le chef
de l'État français a également indiqué n'avoir reçu aucune demande de
l'ex-premier ministre libanais de venir en France et a saouhaité qu'il puisse
vivre librement dans son pays.
Inquiétudes
Le président libanais Michel Aoun
a affirmé qu'il attendait le retour de Saad Hariri pour décider s'il acceptait
ou non sa démission. Entretemps, des spéculations et rumeurs vont bon train au
Liban sur une possible interdiction pour l'ex-premier ministre libanais de
quitter l'Arabie saoudite. Ce jeudi, le «Courant du futur», mouvement politique
fondé par Rafiq Hariri et dirigé depuis sa mort par son fils, Saad, a estimé
que le retour de ce dernier est «une nécessité pour recouvrer la dignité et
pour préserver les équilibres internes et externes du Liban».
Le fait d'avoir annoncé sa
démission de Riyad a fait dire à des médias et responsables à Beyrouth qu'il
avait été contraint à prendre cette décision et qu'il n'était pas libre de ses
mouvements, d'autant plus que l'annonce a coïncidé avec l'arrestation
de dizaines de princes, de ministres et d'hommes d'affaires dans une purge sans
précédent en Arabie saoudite. Dimanche dernier, le chef du Hezbollah,
Hassan Nasrallah, a accusé le royaume saoudien d'avoir contraint Saad Hariri à
la démission et s'est demandé s'«il est assigné à résidence» et si «on va le
laisser retourner» au Liban.
Le risque d'une escalade
régionale
Saad Hariri, dont l'épouse et les
enfants vivent en Arabie saoudite, n'a, pour l'heure, pas dit s'il reviendrait
au Liban. Sa démission est intervenue en pleines tensions entre les deux poids
lourds de la région, l'Arabie saoudite sunnite et l'Iran chiite, au sujet de
plusieurs questions et conflits au Moyen-Orient. Le
7 novembre, Riyad avait ainsi accusé le Liban de lui avoir déclaré la guerre en
raison de ce que le royaume considère comme des agressions commises par le
Hezbollah libanais, soutenu par Téhéran. Dans le même temps, le prince
héritier d'Arabie saoudite, Mohamed ben Salmane, avait également dénoncé le tir
d'un missile samedi sur l'aéroport de Riyad en provenance du Yémen voisin, et
accusait les miliciens chiites houtis, soutenus par l'Iran, d'en être
responsables.
Le
président iranien, Hassan Rohani, a répliqué le 8 novembre en conseillant à
l'Arabie saoudite de se méfier de «la puissance» de la République islamique.
«Comment le peuple yéménite doit-il réagir au bombardement de son pays? Il n'a
pas le droit de faire usage de ses propres armes?», s'était-il interrogé dans
un communiqué.
Cette crise ramène le Liban au
premier plan de la scène moyen-orientale sur laquelle l'Arabie saoudite et
l'Iran s'affrontent indirectement dans les conflits en Syrie, en Irak et au
Yémen mais aussi à Bahreïn. Depuis mars 2015, Riyad est à la tête d'une
coalition de pays sunnites qui aident les forces gouvernementales yéménites
dans leur guerre contre les Houthis et leurs alliés, maîtres de la capitale
Sanaa depuis septembre 2014. Mohammed ben Salman, qui est également ministre de
la Défense, est à l'origine de l'intervention militaire de son pays au Yémen.
Le conflit a déjà fait plus de 8.650 morts et quelque 58.600 blessés, dont de
nombreux civils. Bahreïn avait appelé dimanche ses ressortissants à éviter de
se rendre au Liban et ceux qui s'y trouvent à quitter immédiatement ce pays en
raison, selon le royaume, des risques qui pèsent sur leur sécurité.
La rédaction vous
conseille :
- Rohani
conseille à Riyad de se méfier de la «puissance» de l'Iran
- Arabie
saoudite: l'extraordinaire purge
Marcel Campion - Anne Hidalgo: les coulisses d'une foire
d'empoigne (09.11.2017)
ENQUÊTE - Suppression du marché
de Noël sur les Champs-Élysées, fin de la grande roue place de la Concorde… la
Mairie de Paris « sonne l'hallali » des forains dans la capitale,
s'écrie leur pater familias, Marcel Campion. La guerre est déclarée, avec une
première bataille judiciaire le 14 novembre.
La roue tourne pour le business
de Marcel Campion, qui n'est plus en cour auprès de la Dame de Paris, Anne
Hidalgo. La vertigineuse attraction de la place de la Concorde pourrait vivre
sa dernière édition cet hiver et la
maire de la capitale a supprimé le marché de Noël des Champs-Élysées, dont
le «roi des forains» s'occupe depuis 2008 et qui s'était institutionnalisé par
une convention signée avec la Ville en octobre 2015. En juillet dernier,
le Conseil de Paris a décidé à l'unanimité de ne pas reconduire ce contrat
d'une durée de six ans, renouvelable tous les deux ans. La colère du patriarche
de 77 ans, qui germe depuis des mois et qui s'est matérialisée en septembre par
un recours au fond devant le tribunal administratif de Paris pour contester
cette «injustice», rage-t-il, a explosé cette semaine après qu'une opération de
police a intercepté, la veille de la Toussaint à Vincennes, le convoi des 180 chalets
blancs du marché de Noël. Coutumier des actions en force, Campion envisageait
de les installer sans autorisation. Chalets saisis et stockés dans le bois de
Boulogne.
«Nous allons nous mettre en
guerre contre l'État parce qu'il y en a marre. (…) Si on n'est pas entendus, le
bordel, on va vous le mettre en France, croyez-moi !»
Marcel Campion
À la hauteur de sa gouaille, la
riposte a tonné, lundi
et mardi, avec le blocage des routes autour de Paris par des dizaines de
camions forains. 450 km de bouchons. «Nous allons nous mettre en
guerre contre l'État parce qu'il y en a marre. (…) Si on n'est pas entendus, le
bordel, on va vous le mettre en France, croyez-moi!», avait-il prévenu. De
crier à l'hérésie économique, avec la Ville qui «se permet le luxe de renoncer»
aux 700.000 euros de redevance qu'il lui verse pour les deux mois
d'occupation du domaine public, à la perte des «5 millions d'euros
investis» de sa poche pour six ans, des 4,5 millions de recettes par
édition, à la «suppression de 2000 emplois» et à «la punition» pour les
15 millions de visiteurs des Champs.
Depuis, il met son ire en scène
sur les plateaux télé, radios et réseaux sociaux où sa pétition recense 5356
signataires et où son comité de soutien relaie avec abondance parole et photos
du héraut des forains. Comme ce cliché où, seul sous un ciel noir, campé comme
un gladiateur prêt à se jeter dans la fosse, il regarde droit devant, le chef
surplombé par ces mots : «Début du combat». Mais l'intimidation ne prend
pas. Lundi, la Mairie de Paris a répété que «dans un État de droit, le chantage
n'est pas une méthode». Même son de cloche chez le préfet de police de Paris,
Michel Delpuech, qui a opposé une fin de non-recevoir à Campion: le marché de
Noël n'aura pas lieu. «Sauf à ce qu'un juge en décide autrement», lui a-t-il
rappelé. Qu'à cela ne tienne. Mardi matin, Campion a déposé un autre recours, en
référé cette fois, pour tenter d'obtenir, en urgence, la suspension de la
décision municipale. L'audience doit se tenir le 14 novembre.
La maire «gouroutisée»
Mais quels sont les tenants et
aboutissants de la disgrâce du «PDG manouche», après un long âge d'or, tour à
tour sous les mandats de Jacques Chirac, Jean Tiberi, Bertrand Delanoë, et même
Anne Hidalgo à son arrivée? Pour elle, «les forains étaient les plus beaux et
les plus sympas quand elle en avait besoin pour les élections, siffle Marcel
Campion, et maintenant ce sont les parias de Paris». Le marché de Noël n'est
pas le seul à être raboté:l'enlèvement
définitif de la grande roue, installée depuis 1993 au cœur de la capitale,
doit être soumis au vote du Conseil de Paris à partir du 20 novembre.
«Pour des raisons patrimoniales qui ont trait à la beauté et à la perspective
des lieux, explique la Mairie de Paris, qui n'exclut pas d'en remettre une,
mais ailleurs. La roue lui a rapporté une redevance de 1,2 million d'euros
en 2017, sur les quelque 5 millions de recettes que récolte Campion à
chaque édition. Marché et roue additionnés, c'est «12 millions de loyer»
depuis 2008, calcule le forain. Quant à la Foire du Trône, la Mairie du XIIe a
voté lundi la réduction de moitié de son emplacement pour passer de 9 hectares
à 4,5 hectares. Enfin, les «Jours de fête» au Grand Palais n'ont plus de date
de programmation… «Un véritable jeu de massacre, souffle Campion, en étant sûr
d'avoir trouvé l'explication: «Cette dame-là est une dérangée mentale.» Bien
loin, le temps des sérénades… où Marcel, à la demande d'Anne, avait fait venir
des guitaristes espagnols sur le parvis de l'Hôtel de ville au soir de sa
victoire électorale. Aujourd'hui, le tutoiement a plié sous les raideurs du
voussoiement, les textos sont écrits au venin, accusant son entourage de
l'avoir «gouroutisée», rappelant que «tous ceux qui s'en sont pris aux forains
par le passé» n'avaient récolté que «la malédiction».
En tout état de cause, Campion
installera bien, cette année encore, du 11 au 17 novembre, sa grande roue
place de la Concorde
La raison officielle de la
suppression du marché de Noël, invoquée aujourd'hui par la Ville, est «la
qualité médiocre des produits et des animations vendus sur le marché de Noël».
Pourtant, en huit ans où il s'est tenu, aucun grief de cet ordre n'a jamais été
exprimé. Tout le contraire, comme en attestent images et propos d'Anne Hidalgo
qui abondaient en émerveillement et chaudes félicitations inauguration après
inauguration. Et moins encore depuis deux ans, encadré par la convention, où le
comité de sélection du marché - notamment composé de la Mairie de Paris, qui a
voix majoritaire - «a chaque fois validé l'ensemble des exposants, en
connaissant chaque détail, sans émettre aucune réserve», s'étonne Géraldine
Lauret. C'est elle qui, à travers sa société Scope Événements, commercialise
les 180 chalets aux côtés de la société Loisirs Associés de Campion. Le plus
scandaleux, pour elle, est l'accusation soudaine de produits «made in China».
«C'est mensonger, et ils le savent parfaitement, s'écrie la jeune dirigeante.
Ils sont à 70 % français et à 85 % européens. Aujourd'hui, ceux qui
les produisent, artisans et créateurs de la chambre des métiers sont humiliés.»
La qualité est «un argument de façade», éructe Campion. Quand on veut tuer son
chien, on dit qu'il a la rage.» De qualité, il n'en était pas même question
dans le courrier annonçant, le 3 juillet dernier, la fin de la convention.
Il indiquait vouloir «varier les modalités d'animations de l'espace public et
intégrer, dans l'équilibre économique des prochaines occupations des lieux, les
contraintes de sécurité qui s'y imposent». En tout cas, pour Me Marie-Alix
Canu-Bernard, avocate de Marcel Campion, la décision de la Mairie n'est pas
justifiée par un «motif d'intérêt général suffisant». Ce que l'audience du 14
devra examiner. Et là, sur le plan juridique, Marcel Campion est on ne peut
plus «confiant»: «Il y aura un bien un marché de Noël cette année»,
affirme-t-il.
Mais si la qualité n'est qu'un
argument miroir, quelles sont les raisons réelles de la disgrâce? Dans les
faits, la Mairie commence à lâcher le patriarche avec ses ennuis face à la
justice. En mai dernier, une information judiciaire est ouverte sur
l'attribution du marché de la grande roue. Il
est mis en examen par le juge Van Ruymbeke, pour recel de favoritisme et abus
de bien social à hauteur de 75.000 euros. Une somme trouvée dans
son coffre de banque. En revanche, les 300.000 euros saisis lors de la
perquisition de son domicile du Val-de-Marne, eux, semblent avoir des
justificatifs. Le gyrophare de police, lui, beaucoup moins, grince un flic.
«Accuser quelqu'un de recel de favoritisme, ce dont je n'ai pas bénéficié, ça
implique bien que quelqu'un a pratiqué du favoritisme, non? Or y a-t-il une
procédure contre cette personne? Non», s'étonne-t-il. La Mairie de Paris s'est
constituée partie civile. En tout état de cause, Campion installera bien, cette
année encore, du 11 au 17 novembre, sa grande roue place de la Concorde.
Inauguration en grande pompe, le 17, avec les vieux copains, Belmondo et Delon,
parmi bien d'autres célébrités.
«Son monde, c'est le Far West»
Vu de la fenêtre foraine, «la
cabale» tient en plusieurs articulations. D'abord, le «sabordage» opéré par
l'entourage proche d'Hidalgo pour asseoir «des influences et des intérêts
économiques personnels dans le milieu de la fête à Paris». C'est bien connu,
ironise la municipalité, «tous les élus du Conseil de Paris qui ont voté non au
marché de Noël à l'unanimité sont mariés avec des gens qui tiennent des manèges
concurrents de ceux de M. Campion». Un évincement conforté par d'autres
«parasitages», dit-il, comme un rapport incriminant de la chambre régionale des
comptes ou encore le halo de suspicion engendré par divers services fiscaux et
enquêtes financières. «Avec mon fils et ma fille, on totalise neuf
redressements!», s'écrie-t-il.
«Je n'ai jamais été condamné,
moi »
Marcel Campion
Et puis le soufre… Les ancestrales
rumeurs d'amitié avec des figures du grand banditisme, de blanchiment d'argent,
de racket de commerçants… cela a dû alimenter «le fantasme» et «agité les
peurs» des élus en place, suppute une source de son entourage. Des brumes qui
ont pourtant forgé des certitudes dans les services d'enquête, mais jamais de
preuves. «Pas de moyens, pas de volonté politique», déplore un policier.
Concernant le légendaire «racket», deux mains courantes, selon nos
informations, auraient été déposées en 2015 au 1er DPJ par des commerçants.
Enfin, selon Campion, son éviction sert à sacrer Bernard Arnault «nouveau roi
des forains à Paris», «en catimini». La délégation de service public du très
chic Jardin d'acclimatation a été accordée en 2016 au PDG de LVMH pour rénover
et réaménager le parc, qui s'étend sur 90 hectares dans le bois de Boulogne.
«À Paris ou ailleurs, il se croit
chez lui: Campion pense, parle et agit par décrets, les siens», s'énerve un
policier. «Son monde, c'est le Far West, il s'arroge droits et pouvoir et se
fait justice seul», dit-il en rappelant le «saucissonnage» de son frère André,
à son domicile dans l'Oise en 2008, par un commando encagoulé. Sur la place
publique du village, le bouillant Marcel avait alors installé une chaise
électrique dénichée dans une «maison de l'horreur» de la Foire du Trône, avec
un mannequin se consumant sous les flammes, tenait un revolver à la main et
offrait publiquement 100.000 euros à qui lui livrerait les coupables. En
juin 2009, lors d'un match à Roland-Garros, il avait stationné sa voiture
près du stade avec, à l'intérieur, un .357 Magnum. 36 heures de garde à
vue, procès en correctionnelle pour port d'arme illégal, procédure annulée pour
vice de forme. «Il n'a pour lui que des bras et de la gueule, persifle un autre
enquêteur, et peu de matière grise.» Assez pourtant pour avoir une défense
aiguisée, des appuis solides et des réseaux puissants, et pour faire courir le
monde policier depuis quarante ans, sans effets. Prompt à la roue, le vieux
forain se rengorge tel un paon: «Je n'ai jamais été condamné, moi», sourit-il.
Au contraire, il a été nommé chevalier de la Légion d'honneur en 2004, sous la
présidence Chirac. Une coquetterie, un pied de nez aussi, qu'il arbore sur sa
carte de visite. Depuis ce jour, un haut gradé de la gendarmerie, qui le tenait
dans le viseur de ses enquêtes, refuse obstinément de porter la sienne.
La rédaction vous
conseille :
- La
mairie de Paris veut chasser définitivement la grande roue de la Concorde
- Le
«roi des forains» menace de bloquer Paris si le marché de Noël est
supprimé
- Marcel
Campion mis en examen: le «roi des forains» pourrait perdre son trône
- Avec
18 jours de retard, la Grande roue parisienne va être démontée
La mairie de Paris veut chasser définitivement la grande roue
de la Concorde (09.11.2017)
La mairie de Paris envisage de
chasser, à compter de 2018, la célèbre grande roue de la place de la Concorde,
en pleine polémique sur la suppression du marché de Noël, qui a déjà déclenché
l'ire des forains.
Le 20 novembre, la mairie
proposera aux conseillers de Paris de voter pour la suppression de la
concession qu'occupe la grande roue sur la place de la Concorde. Inscrite
chaque hiver depuis 2000 dans le paysage parisien, l'attraction s'est attiré
beaucoup de critiques, tant sur le lieu de son installation que sur la
personnalité controversée de son propriétaire, Marcel Campion, promoteur
historique des fêtes foraines parisiennes. «Il y a un an, les conseillers de
Paris ont adopté un voeu pour que l'installation de la grande roue sur la place
de la Concorde soit remise en débat à l'automne 2017. Nous y sommes. L'exécutif
municipal tiendra parole en organisant ce débat lors du Conseil de Paris du 20
novembre», a indiqué jeudi la mairie à l'AFP, confirmant une information de
RTL. La maire PS Anne Hidalgo «soumettra à cette occasion un voeu aux
conseillers de Paris, qui prévoit de mettre un terme à l'installation de cette
grande roue», afin que la place de la Concorde «retrouve pleinement son
caractère patrimonial», a précisé la mairie.
Comme chaque année, et comme le
veut la convention signée en 2015 avec Marcel Campion, la grande roue sera bien
réinstallée ce 17 novembre, pour une durée de six mois, puis retirée au mois de
mai. Si les conseillers de Paris votent la non-reconduction, elle ne reviendra
donc pas à l'hiver 2018.
«C'est la suite logique des
choses. La mairie veut éliminer les forains à Paris»
Marcel Campion
Cette annonce intervient alors
qu'en juillet, le Conseil de Paris avait déjà voté à l'unanimité la fin, sous
sa forme actuelle, du Marché de Noël des Champs-Elysées, également créé en 2008
par Marcel Campion. Les
forains ont d'ailleurs mené plusieurs opérations escargot ces derniers jours
autour de la capitale pour dénoncer la suppression de leur marché et
tenter de faire plier la mairie. La non-reconduction de la grande roue, «c'est
la suite logique des choses. La mairie veut éliminer les forains à Paris»,
affirme Marcel Campion sur BFMTV, y voyant la «preuve» d'un «règlement de
comptes».
Lire aussi: Selon
Le Canard, Hidalgo a bénéficié d'une double rémunération à hauteur de 116.000
euros
«Campagne anti-populaire»
Des organisations de forains
regroupées sous le nom de «Forains de France» ont également dénoncé dans un
communiqué une «campagne arbitraire et anti-populaire». Selon eux, «la sentence
est claire: halte aux loisirs populaires». Pour le premier adjoint d'Anne
Hidalgo, Bruno Julliard, «il s'agit d'un pur hasard de calendrier». Il n'y a
«aucun acharnement concernant la personnalité de Marcel Campion», a-t-il assuré
lors d'un point presse, en se disant toutefois «tout à fait hostile à
l'attitude de chantage de certains forains».
«Six mois pendant l'année, la
grande roue opère une rupture» dans la «perspective visuelle historique»
Louvre-Arc de Triomphe, qui est «probablement l'une des plus belles au monde»
et que beaucoup d'associations défendent «à raison», a-t-il expliqué. Il serait
également «légitime» que les piétons puissent reconquérir l'espace occupé par
la grande roue, qui fait face à l'entrée du «magnifique jardin» des Tuileries,
a-t-il plaidé.
Après avoir échangé avec des
responsables de tous bords, Bruno Julliard pense que la proposition de
l'exécutif sera «largement» votée. «Cela ne veut pas dire que nous sommes sur
le principe hostiles à une attraction comme une grande roue. D'autres capitales
en ont, comme Londres, même si elle y est nettement plus belle», a aussi dit le
premier adjoint à la maire de Paris. S'il n'y a pas, à ce stade, de projet
concurrent, la Ville souhaite «avoir une réflexion, dans les années qui
viennent, tant sur le concept que sur le lieu d'installation», pour «essayer
d'imaginer quelque chose de plus esthétique, de plus exigeant, d'une plus
grande qualité». L'éventuelle future Grande roue ne sera donc pas forcément
celle de Marcel Campion. «C'est heureux, la loi impose des mises en concurrence,
des marchés publics. Les meilleures propositions gagneront, comme toujours», a
assuré Bruno Julliard.
De son côté, Marcel Campion
exclut pour le moment un nouveau blocage de la capitale: «il n'est pas question
d'action. Quand il y aura cette décision, nous irons en justice tout
simplement».
La rédaction vous
conseille :
- En
conflit avec la mairie de Paris, les forains ont levé les blocages
- Les
forains en colère menacent de paralyser Paris dès lundi
- Paris
décide l'arrêt du marché de Noël des Champs-Élysées
- Marcel
Campion mis en examen: le «roi des forains» pourrait perdre son trône
Retour de djihadistes : Macron prône le «cas par cas» pour
les femmes et les enfants (09.11.2017)
VIDÉO - En marge d'un déplacement
à Abu Dhabi, le chef de l'État s'est exprimé sur l'épineuse question des
«revenants», notamment sur le retour des femmes et des enfants de djihadistes
français capturés en Irak et en Syrie.
Après
la prise du dernier bastion de l'État islamique en Syrie, la question du
retour des djihadistes se fait de plus en plus pressante. Cet épineux
problème, auquel
l'armée et les forces de police se préparent depuis de nombreux mois, a été
évoqué mercredi par le chef de l'État, Emmanuel Macron, dans un entretien à
France 2. Pour le président, les conditions d'un retour en France des femmes et
enfants de djihadistes français capturés en Irak et Syrie, seront examinées «au
cas par cas». Il a également insisté sur la reconnaissance par la France de la
justice irakienne.
«Cela dépend à chaque fois des
pays et des situations», a déclaré le chef de l'État en marge de l'inauguration
du Louvre Abu Dhabi, sur l'épineuse question des «revenants». «Nous avons des
échanges permanents avec la justice irakienne, que nous reconnaissons. Et quand
des crimes sont identifiés pour des ressortissants français (...), ils doivent
être jugés, et nous reconnaissons la justice, il y a un travail qui est fait
avec», a-t-il précisé dans cet entretien mis en ligne sur le site de franceinfo. «Pour les femmes et les enfants,
ce sera du cas par cas, en fonction des situations», a affirmé le président.
«Lorsqu'ils reviennent en France,
les adultes sont soumis à la justice française, sont incarcérés, seront jugés»,
a-t-il dit. «Et tout ce qui a été commis fera l'objet d'un jugement, parce que
c'est aussi la juste protection que nous devons à nos concitoyens». «Et pour ce
qui est des enfants, ils font l'objet d'ores et déjà pour ceux qui sont revenus
et ceux qui reviendront, d'une procédure toute particulière et d'un suivi très
particulier, sur le plan médical et psychiatrique», a-t-il précisé.
1700 Français ont rejoint l'EI
Relancé sur la question du
rapatriement des femmes et des enfants, Emmanuel Macron a répété que «c'est au
cas par cas». «Il y en a qui peuvent revenir sans qu'ils soient rapatriés, il y
en a qui peuvent être rapatriés, et il y en a qui seront jugés avec leurs
familles, dans certaines circonstances, dans les pays où ils sont, en
particulier l'Irak». Selon le gouvernement français, environ 1700 Français sont
partis rejoindre les zones djihadistes irako-syriennes depuis 2014.
» LIRE AUSSI - Terrorisme: le retour des djihadistes inquiète la
France
Sur ce total, selon des chiffres
de fin octobre, 278 sont morts - chiffre que le gouvernement admet sous-évalué
- et 302 sont revenus en France: 178 hommes (dont 120 écroués), 66 femmes (dont
14 ont été écrouées) et 58 mineurs, la plupart de moins de 12 ans. Les autres
ont été capturés en Syrie ou Irak, tués dans les combats ou ont fui vers les
derniers territoires tenus par l'EI ou d'autres foyers jihadistes (en Libye
notamment).
Le sort des Français arrêtés dans
les zones de conflits dépend du pays, avait précisé fin octobre la ministre des
Armées Florence Parly. S'ils se trouvent en Irak, les adultes peuvent être
jugés sur place, et le sort des enfants «est étudié au cas par cas», en tenant
compte de la volonté des parents, avait-elle indiqué. Plusieurs familles de
djihadistes français capturés en Irak et Syrie ont écrit au chef de l'État pour
réclamer leur rapatriement.
La rédaction vous
conseille :
- Emmanuel
Macron annonce la fin de Daech «dans les prochains mois»
- Djihad:
269 «revenants» déjà pris en charge en France
- Terrorisme:
le retour des djihadistes inquiète la France
En Syrie, l'armée s'empare de la dernière ville détenue par
Daech (09.11.2017)
Après avoir reculé dans la
province de Deir ez-Zor face à l'offensive du régime et à une autre menée
séparément par une coalition arabo-kurde, les djihadistes s'étaient retranchés
dans la cité frontalière de Boukamal.
La ville est certes beaucoup
moins grande que Deir ez-Zor. Cependant, depuis la chute au début du mois de la capitale provinciale,
Boukamal faisait figure de dernier centre urbain aux mains de l'État islamique
(EI) en Syrie. L'armée pro-régime a annoncé jeudi avoir repris le contrôle
total de la ville. «Les unités de nos forces armées, en coopération avec les forces
supplétives et alliées, ont libéré la ville de Boukamal», située dans l'est de
la Syrie, selon un communiqué de l'armée repris par les médias officiels. Après
avoir reculé dans la province de Deir ez-Zor face à l'offensive du régime et à
une autre menée séparément par une coalition arabo-kurde, les djihadistes
s'étaient retranchés dans cette cité frontalière.
» LIRE AUSSI - Comment Daech va se transformer
Ces derniers jours, les forces
engagées contre l'EI de part et d'autre de la frontière syro-irakienne avaient
coordonné leurs actions. Soutenues par des raids intenses de l'aviation
militaire russe, les troupes syriennes ont avancé vers Boukamal à partir du sud
et de l'ouest. De l'autre côté de la frontière, les forces irakiennes ont
acculé l'État islamique dans une zone frontalière. Selon une source auprès des
milices prorégime, des combattants du Hezbollah chiite ont avancé vers Boukamal
mercredi. «Une partie de ces combattants ont traversé la frontière en Irak,
avec l'aide des unités des forces paramilitaires irakiennes du Hachd al-Chaabi
pour contourner Boukamal puis l'encercler du côté nord.» Le Hachd al-Chaabi,
dominé par des forces chiites, aide les forces gouvernementales irakiennes dans
leur combat contre l'EI.
Quelques villages et petites
localités
Daech s'était emparé de la
quasi-totalité de Deir ez-Zor et de sa province riche en pétrole en 2014,
profitant du chaos engendré par la guerre en Syrie. À présent, l'organisation
terroriste ne contrôle plus que quelques villages et petites localités dans la
province de Deir ez-Zor, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme
(OSDH). Des dizaines de milliers de personnes ont été déplacées par les combats
dans la province, nombre d'entre eux vivant dans des conditions difficiles dans
des camps installés dans le désert. Selon Linda Tom, du Bureau de la
coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) à Damas,
quelque 120.00 personnes ont été déplacées ces dernières semaines.
» LIRE AUSSI - En Irak, la métamorphose de Daech
La chute de Boukamal met donc
pratiquement fin à l'existence territoriale de l'État islamique. Ailleurs en
Syrie, le groupe reste présent dans deux quartiers périphériques de Damas,
Yarmouk et Hajar al-Aswad, dans quelques poches de la province centrale de Homs
et dans le Sud syrien. En Irak, des
combattants de Daech résistent toujours à Rawa, sur l'Euphrate à la
frontière syrienne, et dans quelques villages environnants dans une zone
appelée Roummana, après avoir été chassés la semaine dernière du district
d'al-Qaïm, à une centaine de kilomètres de là. En visite aux Émirats arabes
unis, Emmanuel Macron a assuré que la victoire militaire contre l'EI serait
totale dans «les prochains mois» en Irak et en Syrie mais
qu'elle ne serait pas suffisante pour venir à bout de la menace djihadiste. Par
ailleurs, la défaite du groupe djihadiste ne marque cependant la fin du conflit
en Syrie, dont le président Bachar el-Assad a promis la reconquête de l'ensemble
du territoire.
(Avec agences)
La rédaction vous
conseille :
- En
Syrie, le bibliobus d'Idlib défie les islamistes
- En
Syrie, la famine ronge la région de la Ghouta
Emmanuel Macron annonce la fin de Daech «dans les prochains
mois» (09.11.2017)
VIDÉO - Près de deux ans après
les attaques du 13 novembre, «nous avons gagné» a assuré le chef de l'État, en
visite sur la base militaire française d'Abu Dhabi. Il a reconnu que les
«foyers terroristes» restaient «nombreux dans la zone».
De notre envoyé spécial à Abu
Dhabi
Mission presque accomplie. En
visite sur la base militaire française d'Abu Dhabi, Emmanuel Macron a annoncé
jeudi la fin prochaine de l'État islamique. Evoquant la
victoire des alliés à Raqqa, le fief de Daech, le président de la
République a d'abord rappelé que c'est dans cette ville que les attaques terroristes du 13
novembre 2015 avaient été «planifiées, organisées, commanditées».
«Presque deux ans jour pour jour après ces attentats, nous avons gagné», a
assuré Emmanuel Macron avant de promettre d'éradiquer l'État islamique de la
zone irako-syrienne «dans les prochains mois».
» LIRE AUSSI - Syrie: Daech a totalement perdu Raqqa
«Mais il n'en sera pas terminé de
ce combat», a toutefois mis en garde le chef de l'État devant les militaires.
Si l'islamisme radical est en passe de perdre son état, les foyers terroristes
demeurent nombreux dans la zone. «Ce qui se joue ici, c'est l'une des
contributions françaises essentielles dans la lutte contre le terrorisme», a
expliqué le chef de l'Etat. Quelques minutes avant son discours, il venait
d'assister à un briefing opérationnel sur la frégate antiaérienne Jean Bart.
Dans le Golfe, les militaires français sont engagés dans des opérations
maritimes, aériennes et terrestres pour bloquer les sources de financement du
terrorisme.
La rédaction vous
conseille :
Grand reporter au service
politique du Figaro
Ses derniers articles
- Emmanuel
Macron annonce la fin de Daech «dans les prochains mois»
- Macron
inaugure le Louvre d'Abu Dhabi
- Retrouvailles
prochaines pour Macron et Hollande
Le commerce extérieur, inquiétant talon d'Achille de
l'économie française (08.11.2017)
INFOGRAPHIE - Coût du travail
excessif, manque d'innovation, qualité des produits insuffisante... Les
faiblesses de l'économie française creusent le déficit commercial.
Le commerce extérieur ne finit pas de s'enfoncer dans le rouge.
Et la tendance s'aggraver de mois en mois. En septembre, les importations ont
encore très largement dépassé les exportations, si bien que le solde commercial
a été négatif de 4,7 milliards d'euros, selon les Douanes. Depuis le début
de l'année, le déficit atteint 48,4 milliards d'euros.
Le chiffre apparaît en ligne avec
les estimations du gouvernement. Dans les documents annexes au projet de loi de
finances, l'exécutif annonçait tabler sur un trou de 63 milliards d'euros
cette année (hors négoce international), après 48 milliards en 2016. Pour
2018, aucune amélioration n'est envisagée. «Le solde commercial se
stabiliserait en 2018, sous l'hypothèse d'un gel du prix du pétrole», écrivent
ainsi les experts de Bercy.
La croissance économique
profite essentiellement aux industriels étrangers, qui fabriquent, eux, des
smartphones, des voitures haut de gamme, des machines-outils et des ordinateurs
Deux facteurs essentiels plombent
actuellement le solde commercial français : la remontée des cours du pétrole, le brent frôlant les
64 dollars le baril et… la reprise économique. La base industrielle
française, qui avait résisté dans les années 1980 et 1990 grâce à une politique
de désinflation et de maîtrise des salaires, s'est racornie à partir du début
des années 2000. Désormais, l'industrie ne représente plus que 12,6 % de la
richesse nationale, contre 22,8 % en Allemagne. Résultat, lorsque la
consommation des ménages augmente et que l'investissement des entreprises
redémarre, les importations grimpent (+ 6,9 % entre
septembre 2016 et septembre 2017 selon les Douanes).
Autrement dit, la croissance
économique profite essentiellement aux industriels étrangers, qui fabriquent,
eux, des smartphones, des voitures haut de gamme, des machines-outils et des
ordinateurs. Les sociétés françaises ne parviennent plus à répondre à la demande
intérieure. Depuis deux ans, les achats à l'étranger progressent même plus vite
que les exportations dans plusieurs secteurs clés pour la France: l'agriculture
(hors industrie agroalimentaire), les télécoms ou encore l'aéronautique. Les
ventes à l'étranger de biens français se sont redressées, mais pas suffisamment.
Le déficit commercial est donc à
la fois conjoncturel et structurel, lié à la désindustrialisation. D'ailleurs, le commerce extérieur
pèse sur la croissance française depuis 2002. Les raisons profondes de ce
décrochage sont bien connues: faiblesse de la compétitivité de l'industrie,
positionnement moyen de gamme des produits et manque d'ouverture à
l'international des PME.
«Dans l'industrie, la France a
peu à peu perdu son avantage compétitif sur les secteurs technologiques et de
haute valeur ajoutée»
Rapport du Fonds monétaire
international
À court terme, le gouvernement a
identifié des marges d'amélioration sur ce dernier volet. Il souhaite
rationaliser l'offre des multiples dispositifs publics actuels afin de
clarifier les points d'entrée pour les entreprises. La loi entreprise, qui sera
votée au printemps prochain, comprendra ainsi un volet export.
Sur le fond, la politique de
l'offre du précédent quinquennat a commencé à répondre au problème de la
compétitivité-coût. «Avant les mesures Hollande, la France avait 17 points
d'écart coût-compétitivité avec l'Allemagne, note Vincent Aussilloux,
économiste chez France stratégie. Après le CICE, il reste encore 6 points
d'écart.» Une partie du chemin a été accomplie. Même si les industriels
français estiment être pénalisés par les charges sur les hauts salaires,
Emmanuel Macron juge le dossier clos. La grande mesure fiscale de son quinquennat
pour les entreprises sera une baisse de l'impôt sur les sociétés.
Financer l'innovation
Reste donc le vaste sujet de la
compétitivité hors coût qui regroupe la qualité, l'innovation, l'image de
marque, les délais de livraison… Un problème ancien en France, encore aggravé
depuis la révolution numérique et l'explosion des nouvelles technologies. «Dans
l'industrie, la France a peu à peu perdu son avantage compétitif sur les
secteurs technologiques et de haute valeur ajoutée», écrivait ainsi le Fonds monétaire
international (FMI) dans son rapport annuel sur la situation économique de la
France, publié en septembre. Les économistes de l'institution mettaient en
cause la fiscalité française qui avantage, via les mécanismes de déduction
fiscale de certaines dettes, le financement par l'endettement plutôt que le
capital. Or l'innovation numérique se finance, elle, par du capital.
La numérisation du tissu des PME
françaises, qui est un des leviers du redressement de la compétitivité et du
commerce extérieur, suppose donc de développer l'apport de fonds propres. C'est
le but de la réforme actuelle de l'ISF et de la flat tax. Reste que les
résultats ne seront pas immédiats. Et que ce n'est pas le seul problème
français. Selon le baromètre Randstad Inhouse Services de la compétitivité de
la société de RH Randstad, les industriels allemands ont comme point fort leur
capacité à recruter de la main-d'oeuvre qualifiée. Les retards de formation en France sont réels. D'où la réforme
en cours. Pour repartir dans la course, l'Hexagone doit même mener de front
deux dossiers titanesques: financer le rattrapage des PME tout en créant les
conditions pour faire éclore des champions du numérique, concurrençant les
anglo-saxons.
La rédaction vous
conseille :
- Depuis
2014, le commerce extérieur est sous la tutelle du Quai d'Orsay
- La
France en a-t-elle fini avec la désindustrialisation?
- Commerce
extérieur: la France paie son manque de compétitivité
- Le
déficit commercial s'est creusé en septembre
- Commerce
extérieur: au-delà des mesurettes, l'attente d'un choc en faveur de l'ex
Depuis 2014, le commerce extérieur est sous la tutelle du
Quai d'Orsay (08.11.2017)
Abrité au sein du ministère des
Affaires Étrangères, le commerce extérieur français bénéficie des réseaux des
chambres de commerce, des conseillers du commerce extérieur, des ambassades ou
des multiples structures régionales. Elles complètent le dispositif d'aide aux
entreprises.
Le commerce extérieur est placé sous la responsabilité du
Quai d'Orsay depuis 2014. Le changement de tutelle avait à l'époque secoué le
Landerneau parisien: pour la première fois depuis la création de la
Ve République, le portefeuille quittait le champ de Bercy. Cette décision
fut le résultat d'un bras de fer entre Arnaud Montebourg, ministre de
l'Économie de l'époque, et Laurent Fabius, intransigeant chantre de la
diplomatie économique. Matignon avait donné raison au second. Il est vrai que
les exportations françaises dépendent beaucoup de grands contrats
d'aéronautique, d'armement, d'infrastructures, eux-mêmes liés à des questions
diplomatiques.
Édouard Philippe a souhaité maintenir le dispositif.
Aujourd'hui, Jean-Yves Le Drian est officiellement en charge du Commerce
extérieur. Dans le périmètre de Bruno Le Maire reste le volet «financement des
exportations». Sous François Hollande, un secrétaire d'État chargé du Commerce
extérieur épaulait le ministre des Affaires étrangères. Jean-Baptiste Lemoyne,
«secrétaire d'État auprès du ministre de l'Europe et des Affaires étrangères»,
n'a pas aujourd'hui d'attribution précise mais est, dans les faits,
particulièrement présent sur ces dossiers.
Multiples établissements
publics
Pour préparer le volet économique
des déplacements du ministre à l'étranger, le Quai d'Orsay peut s'appuyer sur
sa propre direction des entreprises. À l'exception de cette équipe, l'essentiel
des troupes dédiées au commerce extérieur, notamment tout le volet multilatéral
et la préparation des grands traités commerciaux, reste hébergé à Bercy, «à
disposition» du ministre des Affaires étrangères. Elles sont logées au sein de
la Direction du Trésor mais aussi de la Direction générale des entreprises. Les
grandes négociations commerciales sont de leur côté souvent traitées en
interministériel, a minima avec le ministère de l'Agriculture, les sujets agricoles
étant souvent centraux.
Les ministères s'appuient sur
plusieurs établissements publics. D'abord, Business France, qui est chargé du soutien des entreprises
à l'export et de la promotion de l'attractivité du pays auprès des
investisseurs internationaux. L'agence est issue d'une fusion en 2015 entre
Ubifrance et l'Agence française des investissements internationaux. Elle est
placée sous la triple tutelle de Bercy, du Quai d'Orsay et du ministère de la
Cohésion des territoires. Depuis septembre, l'agence est dirigée par l'ancien
ambassadeur en Australie Christophe Lecourtier.
Business France dans la
tourmente
Il hérite d'une situation délicate. Depuis juillet, Business
France est visé par une information judiciaire pour favoritisme. L'affaire
- l'organisation d'une soirée de promotion des start-up
françaises en présence d'Emmanuel Macron, alors locataire de Bercy, à Las Vegas
en janvier 2016 - fragilise aussi l'actuelle ministre du Travail,
Muriel Pénicaud, qui dirigeait l'établissement à l'époque.
Les réseaux des chambres de
commerce de France et de l'étranger, des conseillers du commerce extérieur, des
ambassades ou des multiples structures régionales complètent le dispositif
foisonnant d'aide aux entreprises. Sans compter les différentes actions mises
en place par les organisations patronales comme le Medef. Bpifrance a de son côté repris dans son périmètre la
gestion des garanties publiques à l'export. L'exécutif s'est fixé l'objectif de
simplifier ces multiples dispositifs, parfois concurrents, afin de créer un
point d'entrée unique sur le territoire et un point d'entrée unique à
l'exportation. Il y a effectivement urgence.
Un député LREM veut simplifier
le millefeuille des aides à l'export
Buon Tan, député LREM de Paris, a
présenté mercredi, en commission élargie des affaires étrangères à l'Assemblée,
un rapport préconisant la simplification des dispositifs de soutien à l'export.
«Aujourd'hui, l'organisation des aides à l'export, c'est un millefeuille»
a-t-il expliqué, soulignant qu'il existait dans le pays plusieurs centaines
d'organismes, publics ou privés. Le parlementaire propose ainsi de créer un
«guichet unique» auquel pourront s'adresser les entreprises désireuses de se
lancer à l'international. Une idée soutenue par le gouvernement.
Le député appelle aussi tous les
acteurs à mettre en place le même logiciel de gestion de la relation client,
pour qu'ils partagent leurs informations et permettent un suivi plus efficace
des entreprises et de leurs besoins. Autre préconisation: permettre à plus de
petites entreprises de bénéficier de l'assurance-crédit, qui garantit les contrats
à l'export.
La rédaction vous
conseille :
- Commerce
extérieur: la France paie son manque de compétitivité
- Commerce
extérieur français: «Nos concepts et nos méthodes à l'export sont
dépassés»
- Le
commerce extérieur français dans tous ses états
- Macron
à Las Vegas: Muriel Pénicaud aurait été prévenue des modalités de
l'opération
Journaliste
Ses derniers articles
- À
Berlin, Le Maire défend l'Europe de Macron
- Commerce
extérieur: Macron à la manœuvre pour une Europe qui protège
- Le
commerce extérieur, inquiétant talon d'Achille de l'économie française
À l'école, le poison du cyberharcèlement sexuel (08.11.2017)
Les filles sont davantage
insultées en ligne au sujet de leur apparence physique et font plus l'objet de
rumeurs et de «sextos».
«Revenge porn», «sexting»,
«slutshaming» (1). Des mots venus du monde anglo-saxon pour décrire ce
harcèlement sexuel et sexiste qui sévit sur Internet, ce grand lieu de
sociabilité des ados. Alors que le hashtag #balancetonporc a marqué les esprits, la
troisième journée nationale «Non au harcèlement», organisée ce 9 novembre par
l'Éducation nationale, tournera largement autour du «cyberharcèlement». Or sur la Toile comme dans la vie
réelle, les filles en sont davantage victimes (2).
«Ces harceleurs de 12 ans
n'ont aucune maturité sexuelle. Quand on leur explique qu'il est interdit de
diffuser des photos ou des vidéos sans l'accord de l'intéressé, ils tombent des
nues»
Valérie Piau, avocate spécialisée
en droit de l'éducation
«Dans les cas de harcèlement
sexiste et sexuel dont je suis saisie, 100 % des victimes sont des jeunes
filles», explique Valérie Piau, avocate spécialisée en droit de l'éducation,
qui voit se développer dangereusement le phénomène au collège. Sur la dizaine
de cas qu'elle a traités cette année, une vidéo, diffusée dans tout
l'établissement, d'une élève de sixième d'un «collège parisien chic» faisant
une fellation à la suite d'un pari.
«Ça fait froid dans le dos. Ces
harceleurs de 12 ans n'ont aucune maturité sexuelle, mais ils ont accès à
la pornographie sur Internet. Quand on leur explique qu'il est interdit de
diffuser des photos ou des vidéos sans l'accord de l'intéressé, ils tombent des
nues», raconte l'avocate, qui évoque à la fois une inconscience et une banalisation des actes sexuels.
Gestes déplacés, diffusion de photos dénudées, textos pornographiques…
L'avocate conseille de garder des
traces et rappelle que, depuis 2014, le harcèlement scolaire est puni par la loi. Peine
encourue? Six mois de prison et 7500 euros d'amende si l'auteur des faits
est mineur. Avec circonstance aggravante en cas de cyberharcèlement.
Les stéréotypes ont peu évolué
Dans la vie réelle, les filles
sont deux fois plus nombreuses que les garçons à être la cible d'insultes sur
leur comportement sexuel ou amoureux: 22 % disent avoir été traitées de
«salope» et de «pute», selon une étude menée dans des établissements scolaires
et publiée en 2016 par le centre Hubertine Auclert. Cet observatoire francilien
des violences faites aux femmes, associé à la région Ile-de-France, qui a fait
émerger en France le terme «cybersexisme», vient de lancer une plateforme sur
le sujet. Selon la même étude, les filles sont de 1,5 à deux fois plus
touchées par ce cybersexisme (17 %) que les garçons. Elles sont
davantage insultées en ligne au sujet de leur apparence physique. Elles
reçoivent plus de «sextos». Et elles font davantage l'objet de rumeurs…
«Le monde adulte a souvent
tendance à conseiller la déconnexion. Mais pour les adolescents, cela équivaut
à une mort sociale»
Clémence Pajot, directrice du
centre Hubertine Auclert
Il y a vingt ans déjà, il y avait
la fille réputée «facile» du collège. Les stéréotypes ont peu évolué. Mais la
manière de les faire vivre est aujourd'hui plus codifiée et plus violente. Sur
les réseaux sociaux, «les filles doivent être sexy mais pas trop, tandis que les
garçons doivent montrer leur virilité. Ils font moins l'objet d'injonctions et
d'insultes, sauf lorsqu'ils sont soupçonnés d'homosexualité», résume Clémence
Pajot, directrice du centre Hubertine Auclert.
Parmi les adolescentes, 20 %
disent avoir renoncé à une tenue vestimentaire, contre 6,9 % des garçons.
Un diktat qui rappelle les joggings arborés par certaines jeunes filles dans
les quartiers dits difficiles, pour effacer tout signe de féminité, donc toute
suspicion de provocation. «Le cyberespace exacerbe les inégalités», estime
Clémence Pajot. Dans ce monde virtuel, la violence continuelle ne laisse aucun
répit aux victimes. «Face à cela, le monde adulte a souvent tendance à
conseiller la déconnexion. Mais pour les adolescents, cela équivaut à une mort
sociale», explique la directrice du centre Hubertine Auclert, avant de
s'insurger: «Pourquoi les femmes devraient une fois de plus être exclues de
l'espace public, sous prétexte qu'il est trop dangereux pour elles?»
1. porno vengeur, textos
pornographiques, honte aux salopes.
2. 21 % des filles
déclarent avoir connu au moins une cyberviolence, contre 15 % des garçons,
Depp, 2014
La rédaction vous
conseille :
- Les
adolescents confrontés à la pornographie de plus en plus jeunes
- Harcèlement
scolaire: l'État jugé responsable dans la mort de Marion Fraisse
- Le
harcèlement scolaire a baissé de 15% en France
- Les
adolescents, cibles prioritaires du cybersexisme
Harcèlement scolaire : «Pour mes profs, c’était des jeux
d’enfants» (09.11.2017)
Par Merwane Mehadji •
Publié le 08/11/2017 à 16:09 • Mis à jour le 09/11/2017 à 09:55
Élodie
reproche à la plupart de ses profs d’avoir minimisé les agissements dont elle
était victime (photo d’illustration). Crédits photo:
Shutterstock/Lopolo
TÉMOIGNAGE AUDIO - Élodie* a
été victime de harcèlement au collège et au lycée. Elle accepte de mettre des
mots sur cette souffrance qui la suit toujours dans sa vie d’adulte.
«Plutôt que de mourir, j’avais
surtout envie que mes harceleurs comprennent la gravité des faits. Par mon
acte, je voulais qu’ils aient le poids de ma mort sur la conscience.» Les
paroles d’Élodie* sont graves. Malgré le soutien de la famille et des amis,
elle a plusieurs fois songé au suicide lorsqu’elle était harcelée
«quotidiennement» entre la 6 ème et la seconde. Cinq années de calvaire que la
fille de 23 ans, aujourd’hui étudiante en langues étrangères, nous raconte avec
recul, justesse et émotion. Plus petite que ses camarades, atteinte d’un
strabisme qui lui vaut les pires invectives, naïve et peu sûre d’elle, son
quotidien se transformait en cauchemar chaque fois qu’elle passait les grilles
de son établissement.
«Un garçon me décrivait en
cours d’espagnol comme un monstre»Élodie
Moqueries, paris, humiliations…
Élodie se souvient de tout. Des garçons qui venaient lui faire la bise «parce
que c’était un pari» que de venir la draguer. De ce garçon qui la décrivait en
cours d’espagnol comme «un monstre». De ces filles qu’elle ne connaissait pas
qui ont créé un groupe Facebook pour se moquer d’elle en public. Et aussi de la
plupart de ses professeurs qui minimisaient ces agissements et les
considéraient comme des «jeux d’enfants». Pour Le Figaro Étudiant, Élodie
retrace dans un entretien audio ses années de harcèlement.
Ivan Rioufol: «Arrêter ces
lâchetés qui abîment la France»
CHRONIQUE - En
France, ceux qui alertent sur l'alliance entre l'extrême gauche et le
salafisme, sont suspectés d'islamophobie et de racisme.
Cela se passe en France. Depuis
2006, un philosophe, Robert Redeker, vit caché et protégé pour avoir critiqué
le Prophète, dans Le Figaro. Charlie Hebdo est
à nouveau la cible de menaces de mort après avoir caricaturé un Tariq Ramadan
priapique déclarant: «Je
suis le 6e pilier
de l'islam.»Le Monde a consacré un dossier à l'antisémitisme
des cités sans oser écrire les mots islamisme, musulman, Coran. La cour
d'assises spéciale de Paris, qui jugeait Abdelkader Merah, l'a acquitté de la
complicité des crimes commis par son jeune frère, Mohamed, pour ne retenir que
l'association de malfaiteurs (20 ans). Les
magistrats ont voulu ignorer l'idéologue qu'est Abdelkader, imprégné de
sourates ordonnant de tuer des juifs et des mécréants ; le parquet a fait
appel. Le 13 novembre, seront commémorés les attentats parisiens de
2015. Cependant, les plaques posées sur les lieux des tragédies ne nomment pas
la signature islamiste de la terreur. Ainsi de suite.
Cela se passe en France, et cette
lâcheté fait honte. Critiquer l'islam est un interdit accepté par les bêlants.
Les meurtriers du jeune Français juif, Ilian Halimi, dont la stèle vient d'être
profanée, restent des «jeunes de Bagneux» pour la moutonnerie. Ceux qui
alertent sur l'islamo-gauchisme, alliance entre l'extrême gauche et le
salafisme, sont suspectés d'islamophobie et de racisme par la pensée obtuse.
Quand certains dénoncent l'intégrisme islamique, c'est pour l'associer à
l'intégrisme catholique dans un relativisme qui édulcore l'intolérance
coranique ; elle a tué dernièrement près de 250 personnes en France.
D'autres laissent entendre que les États-Unis de Donald Trump seraient l'ennemi
de l'Europe au même titre que le fondamentalisme. Tous ces esprits faux
concourent à endormir les vigilances. Tant de veuleries abîment la France.
L'antisionisme est un masque
vertueux pour beaucoup d'antisémites et d'anti-occidentaux
L'affaire
des Paradise Papers, lancée lundi par un «Consortium international des
journalistes d'investigation», permet aux sermonnaires de s'indigner des
optimisations fiscales qu'offrent les disparités législatives: ce combat, qui
dénonce des pratiques légales mais qui s'autorise le vol de fichiers d'un
cabinet d'avocats, est sans danger. En revanche, les moralisateurs
s'indiffèrent du totalitarisme qui dit parler au nom d'Allah. Emmanuel Macron
demeurera évasif. Les Républicains, qui se «refondent», assurent avoir compris
le problème. Mais c'est un faux aveu que concède Bernard Accoyer, secrétaire
général, quand il admet (Le Figaro, mardi) que la droite n'a pas assez écouté
ni tenu compte des inquiétudes sur la crise d'identité. En fait, Les
Républicains, eux aussi, restent tétanisés par la trouille. Marine Le Pen
analyse l'islamisme avec davantage de lucidité. Sa persistante diabolisation
vient aussi de là.
L'antisémitisme, qui
caractérisait l'extrême droite, a envahi la gauche radicale. Jean-Luc Mélenchon
conteste la perméabilité de La France insoumise (FI) avec cette judéophobie. Or
de tels liens crèvent les yeux, tant son mouvement sollicite l'électorat des
cités. La députée FI, Danièle Obono, s'est portée, dimanche, en défense de sa
«camarade» Houria Bouteldja. Qualifiée par Obono de «militante antiraciste»,
Bouteldja, responsable du Parti des indigènes de la République (PIR), exhibe sa
détestation des juifs et du sionisme. Mais il est vrai que, dans la dialectique
islamique avalisée par les idiots utiles du djihad, rejoints par Mélenchon
abrité dans son déni, le sionisme est vu comme un racisme. L'antisionisme est
un masque vertueux pour beaucoup d'antisémites et d'anti-occidentaux. Derrière
le rejet d'Israël, en guerre contre l'islam radical, c'est le monde libre qui
est visé. Tous ces capons et ces collabos aiment la France soumise.
Derrière l'hystérie anti-Trump
La détestation que suscite Donald
Trump en France prend prétexte de sa vulgarité, de ses foucades, de ses tweets
compulsifs. La vraie raison est inavouable: l'esprit capitulard, qui empoisonne
le discours dominant, ne supporte pas d'entendre le président américain
désigner le politiquement correct comme une plaie pour la démocratie et le
totalitarisme islamique comme l'ennemi à briser. Mettre la force, voire la
guerre, au service de la défense de la patrie est compris, par les
aquoibonistes, comme une rusticité. L'hystérie anti-Trump légitime l'expression
débondée d'un antiaméricanisme partagé par les fondamentalistes. Ce chœur
hostile se retrouve sur le dos des États-Unis mais aussi de son allié
israélien. Il faut se rendre dans l'État juif, ce que j'ai fait ces jours-ci à
l'invitation du KKL (association de soutien au développement environnemental et
économique d'Israël), pour constater que Trump n'y est pas l'épouvantail qu'en
dressent mécaniquement les médias français, en dévotion devant Macron et son
parler creux. Mercredi, les perroquets ont décrété nul le bilan de la première
année de l'élection de Trump. Jusqu'alors, seule l'idéologie communiste
produisait ces canonnades.
La pensée conforme préfère
s'acharner contre Trump, et laisser en paix l'islam politique. En attendant,
les États-Unis ont un chômage au plus bas. Wall Street est euphorique, les
petits patrons optimistes. Sur le plan international, la doctrine du
«hard-power» a fait dire à Trump, mercredi en Corée du Sud, à l'adresse de la
dictature de la Corée du Nord: «Le temps de la force est venu.» Mais
qu'attendre d'autre d'une démocratie, quand un tyran la menace? Son choix
d'inviter les pays musulmans, en mai à Riyad (Arabie saoudite), à faire le
ménage et à «chasser» les fondamentalistes liés à l'Iran n'est pas étranger à
la révolution lancée en Arabie saoudite. Samedi, le prince hériter Mohammed Ben
Salman a donné un coup de balai anticorruption et anti-fondamentaliste dans les
rangs les plus proches du pouvoir. «Nous n'allons pas passer trente ans de plus
de notre vie à nous accommoder d'idées extrémistes et nous allons les détruire maintenant»,
a prévenu Ben Salman. Faudrait-il s'en plaindre?
Crise de la politique
Nicolas Hulot aura-t-il le
courage d'affronter la poignée de zadistes qui bloquent le projet d'aéroport de
Notre-Dames-des-Landes (Loire-Atlantique), légalisé après 160 recours? Le
ministre écologiste n'en donne pas l'impression. Reste qu'il a eu raison,
mardi, de reconnaître irréaliste la réduction du nucléaire à 50 % à
l'horizon 2025, prévue par une loi de 2015 soutenue par Ségolène Royal. Les
sources de substitution d'énergie n'ont, en effet, jamais été planifiées. Cette
irresponsabilité illustre la crise de la politique.
Avertissement de modération:
Nous vous rappelons que vos commentaires sont soumis à notre charte et qu'il
n'est pas permis de tenir de propos violents, diffamatoires ou
discriminatoires. Tous les commentaires contraires à cette charte seront
retirés et leurs auteurs risquent de voir leur compte clos. Merci d'avance pour
votre compréhension .
La rédaction vous
conseille :
- Danièle
Obono critiquée pour sa défense d'une responsable des indigènes de la
République
- Amine
El Khatmi: «Derrière l'affaire Sonia Nour, la banalisation du discours
‘indigéniste'»
- L'affaire
Sarah Halimi et le tabou du «nouvel» antisémitisme
Exportations illégales: la n°2 de l'ONU nie son implication
(09.11.2017)
La numéro deux de l'ONU, Amina
Mohammed, a démenti aujourd'hui avoir vendu illégalement début 2017 du bois de
rose à des hommes d'affaires chinois alors qu'elle achevait son mandat de
ministre de l'Environnement du Nigeria, comme l'en accuse une ONG.
Avant de prendre fin février ses
fonctions de secrétaire générale adjointe de l'ONU, Amina Mohammed, ministre
depuis novembre 2015, a signé des milliers de permis d'exportation illégale de
ce bois précieux pour une valeur de 300 millions de dollars, selon l'ONG
Environmental Investigation Agency (EIA).
Ces exportations ont été bloquées
pendant des mois à la frontière chinoise par les autorités douanières, a
précisé l'ONG basée à Washington.
Interrogé sur ces accusations, un
porte-parole de l'ONU a indiqué que le secrétaire général des Nations unies,
Antonio Guterres, «avait été informé par son adjointe des informations de
presse la concernant». Amina Mohammed «rejette catégoriquement toute allégation
de fraude» et Antonio Guterres «lui a réaffirmé son plein soutien et sa
confiance», a indiqué le porte-parole, Farhan Aziz Haq.
Le bois de rose, une espèce rare,
est protégé par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN)
et la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore
sauvages menacées d'extinction (CITES). Son huile
est utilisée en parfumerie et le bois en ébénisterie.
Selon le magazine Foreign
Policy, citant un responsable du Nigeria s'exprimant sous couvert
d'anonymat, Amina Mohammed a signé le 16 janvier 2992 certificats d'exportation
du bois précieux. Ils sont arrivés «dans des sacs et j'ai signé parce que
j'avais à le faire», a déclaré en octobre au magazine l'ancienne ministre,
précisant ne pas se rappeler leur nombre. Selon l'EIA, le Nigeria est
depuis 2013 le plus grand exportateur de bois de rose.
Propos antisémites: 1500€ d'amende pour une enseignante
(09.11.2017)
Une enseignante d'un grand lycée
parisien qui avait publié un message révisionniste et antisémite sur son compte
Facebook, accessible aux élèves, a été condamnée aujourd'hui à une amende de
1500 euros.
En 2016, cette professeure
d'anglais en classe préparatoire littéraire au lycée Janson-de-Sailly (XVIe
arrondissement) avait affirmé sur son compte Facebook que «La Shoah a été
prévue et organisée par des Juifs». Le tribunal l'a déclarée coupable du délit
de contestation de crime contre l'humanité et diffamation raciale.
Elle devra également verser 500
euros de dommages et intérêts à plusieurs associations qui se sont constituées
parties civiles, dont la Licra (Ligue internationale de lutte contre le racisme
et l'antisémitisme) et SOS Racisme.
L'enseignante, suspendue et en
arrêt maladie de longue durée, n'était pas présente à son procès en octobre en
raison de son état psychologique. Avant le message qui lui a valu d'être
poursuivie, elle avait déjà publié ou relayé d'autres propos complotistes ou
antisémites.
Âgée de 53 ans, la professeure
invitait en fin d'année ses élèves à rejoindre son large groupe d'amis sur
Facebook et plusieurs propos qu'elle a tenus dans ce cadre avaient fuité dans la
presse pendant l'été 2016. Elle avait été suspendue en août 2016 et s'était
déclarée en arrêt maladie.
La prévenue, irréprochable dans
le cadre de son activité professionnelle, «délirait régulièrement» le soir
devant son ordinateur, sur fond d'alcool et de troubles psychiatriques, avait
raconté son avocat, Me Philippe Meilhac, lors du procès.
Turquie: Erdogan critique un «quota gay» (09.11.2017)
Le président turc Recep Tayyip
Erdogan a critiqué aujourd'hui la mise en place d'un quota pour les homosexuels
dans des comités de quartier, estimant qu'une telle mesure était contraire aux
valeurs de la nation turque.
Sans préciser le nom de la ville
dans laquelle se trouvait le quartier en question, monsieur Erdogan a imputé la
mise en place d'un tel quota au Parti républicain du peuple (CHP), principale
formation de l'opposition en Turquie.
«Leurs liens avec les valeurs de
notre nation ont été coupés au point que dans un district dirigé par le CHP
dans une grande ville, un quota d'un cinquième pour les homosexuels a été mis
en place pour les élections des comités de quartier», a déclaré monsieur
Erdogan.
«Quand un parti se départit de
toute modération, personne ne sait où cela peut le mener. Qu'ils continuent
ainsi», a-t-il ajouté lors d'un discours à Ankara.
Selon la presse turque, M.
Erdogan fait référence aux élections, prévues courant novembre, des comités de
quartier dans le district de Nilüfer, dans la ville de Bursa (nord-ouest). La
municipalité de Nilüfer est dirigée par un maire CHP.
Sur son site, le comité municipal
de Nilüfer indique vouloir atteindre une proportion d'un tiers de femmes, d'un
tiers de jeunes, d'un cinquième de personnes en situation de handicap et d'un
cinquième de membres issus des communautés LGBTI dans ses comités de quartier.
Recep Tayyip Erdogan est
régulièrement accusé par ses opposants d'oeuvrer à l'islamisation de la
société. Ses commentaires conservateurs sur les femmes et la famille enflamment
régulièrement la critique, mais il se garde généralement d'évoquer publiquement
les questions liées à l'homosexualité. L'homosexualité est légale en
Turquie, mais l'homophobie y reste largement répandue.
LIRE AUSSI :
Purge anticorruption en Arabie: 200 personnes arrêtées
(09.11.2017)
Plus de 200 personnes ont été
arrêtées en Arabie saoudite dans le cadre d'une purge anticorruption sans
précédent menée récemment dans le royaume qui a notamment visé des princes et
des ministres, a indiqué aujourd'hui dans un communiqué le procureur général du
pays.
«Un total de 208 personnes ont
été convoquées pour interrogatoire jusqu'à présent. Sur ces 208 personnes, sept
ont été relâchées sans inculpation. L'ampleur potentielle des actes de
corruption qui ont été révélés est très grande», a indiqué le ministère de
l'Information.
Les sommes concernées par les
malversations en Arabie saoudite atteignent 100 milliards de dollars (86,1
milliards d'euros) sur des dizaines d'années, a indiqué aujourd'hui dans un
communiqué le procureur général du pays.
Des princes, dont le célèbre
milliardaire Al-Walid ben Talal, des ministres ainsi que des hommes d'affaires
ont été appréhendés samedi soir lors d'une opération coup de poing qui fait
suite à la mise en place d'une nouvelle commission anticorruption présidée par
le prince héritier Mohammed ben Salmane.
LIRE AUSSI :
Un homme fonce sur des passants près de Toulouse (10.11.2017)
Une voiture a foncé délibérément
sur des passants devant un établissement d'enseignement supérieur de Blagnac en
Haute-Garonne. Trois personnes ont été blessées, dont une grièvement.
Un homme a foncé vendredi sur des
passants à Blagnac en Haute-Garonne. Selon la police, il y a trois blessés dont
un grave mais dont le pronostic vital n'est pas engagé. Une personne a
également été choquée par la scène.
Selon nos informations, les faits
ont eu lieu vers 16h devant l'établissement Saint-Exupéry de la ville. Le
conducteur a délibérément foncé sur un groupe d'étudiants d'origine chinoise
lors de leur traversée d'un passage piéton.
Le conducteur, interpellé et qui
a reconnu les faits en garde à vue, est né en 1989, selon des sources proches
du dossier. Il était connu pour des faits de droit commun et faisait l'objet
d'une fiche J. D'origine asiatique, il pourrait souffrir de troubles
psychologiques, ce dernier point étant encore à confirmer.
Les victimes sont une jeune fille
de 23 ans qui a été la plus grièvement blessée, un jeune homme et une jeune
fille, respectivement de 22 et 23 ans, qui ont été plus légèrement atteints.
Le parquet a confié l'enquête au
SRPJ de Toulouse du chef de tentative d'assassinats, a-t-on ajouté de même
source. L'absence de saisine de la section antiterroriste du parquet de Paris
laisse ainsi entendre que ces faits ne sont pour le moment pas considérés comme
étant liés à une action terroriste.
Qu'est-ce qu'une fiche J?
Comme la fiche «S», qui regroupe
toute les personnes susceptibles d'atteindre à la sûreté de l'État, la fiche
«J» fait partie du fichier des personnes recherchées (FPR), créé en 1969. La
fiche «J», émise par la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ),
regroupe des personnes recherchées par la justice ou la police. Contrairement à
la fiche «S», qui n'entraîne aucune action spécifique de la part des forces de
l'ordre, la fiche «J» permet l'interpellation d'un individu par la police
judiciaire.
Rédacteur en chef adjoint,
spécialiste sécurité et renseignement
Ses derniers articles
- Un
homme fonce sur des passants près de Toulouse
- Samia
Maktouf: «Notre République fait du mal aux victimes du terrorisme»
- Délinquance
: chute vertigineuse du nombre de braquages en France
Michael Flynn, l'«agent turc» qui voulait livrer Gülen contre
15 millions de dollars (10.11.2017)
L'ex-conseiller à la sécurité
nationale de Trump avait manigancé l'enlèvement du prédicateur turc pour le
remettre aux services d'Erdogan à Ankara.
Correspondant à Washington
Le 8 novembre 2016,
jour de l'élection présidentielle américaine, Michael Flynn avait publié une
surprenante tribune dans le quotidien du Congrès, The Hill. Le
général, ancien patron du renseignement militaire (DIA) et bientôt conseiller à
la sécurité nationale de Donald Trump, y tressait des couronnes à l'autocrate
turc Recep Tayyip Erdogan et s'en prenait à son ennemi intime, Fethullah
Gülen, «un religieux louche», à la tête d'un «réseau terroriste dormant» et
auquel les États-Unis «ne devraient pas donner asile». Ce qu'on ignorait alors,
c'est que Flynn avait touché 530.000 dollars des Turcs pour aider Erdogan
à mettre la main sur celui qu'il considère comme le cerveau du coup
d'État manqué de juillet 2016.
Un an plus tard, cet aspect des
manigances de Flynn s'ajoute à ses contacts secrets avec des représentants
russes, qui l'ont
obligé à démissionner de la Maison-Blanche après seulement
vingt-quatre jours. Le mandat du procureur spécial Robert Mueller, chargé de
l'enquête sur les interférences russes, s'étend à toute illégalité croisée en
chemin. Avec Flynn, il semble être tombé sur une affaire de corruption qui
pourrait mener ses protagonistes tout droit en prison. Selon leWall Street
Journal, le général était en discussion avec les autorités turques pour
leur livrer Gülen sans passer par les procédures normales d'extradition en
échange de 15 millions de dollars.
«Faire disparaître le gars au
milieu de la nuit»
Une réunion au 21 Club à New
York, en décembre 2016, après sa nomination comme conseiller à la sécurité
nationale, aurait évoqué l'enlèvement du septuagénaire résidant de Pennsylvanie
et son transport en jet privé jusqu'à l'île-prison turque d'Imrali. Cette
discussion prolongeait un rendez-vous du 19 septembre 2016 à l'hôtel
Essex House, en présence du ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut
Cavusoglu, et du ministre de l'Énergie, Berat Albayrak, gendre d'Erdogan. Selon
James Woolsey, ancien patron de la CIA, qui y assistait bénévolement pour le
compte du Flynn Intel Group, il était question «de faire disparaître le gars au
milieu de la nuit». Woolsey avait alerté le cabinet du vice-président Joe
Biden.
En mars, après s'être enregistré
rétroactivement comme «agent de l'étranger», Flynn a cherché à obtenir
l'immunité contre son témoignage, mais il ne semble pas l'avoir obtenue. Son
fils, qui l'assistait dans ses affaires, est également dans le viseur de
Mueller. L'enquête du procureur spécial s'accélère avec les auditions de
Stephen Miller, conseiller politique de Trump impliqué dans le
limogeage de James Comey, et de Keith Schiller, ex-garde du corps du
président, qui a témoigné avoir refusé l'offre russe de mettre «cinq jeunes
femmes» à la disposition du milliardaire lors d'un voyage à Moscou.
La rédaction vous
conseille :
- Robert
Mueller, le procureur qui fait trembler Donald Trump
- L'ex-conseiller
de Trump Michael Flynn toujours dans le viseur pour ses liens avec la
Russie
Correspondant à Washington
Ses derniers articles
- Michael
Flynn, agent turc dans le viseur du procureur spécial Mueller
- Un
an après, l'inconnue Trump
- Un
an après l'élection de Trump, les démocrates raflent la mise des élections
partielles
Natacha Polony : «Grammaire, nom féminin et mal en point»
(10.11.2017)
CHRONIQUE - L'obsession
de la grammaire inclusive ne fait que nous renvoyer à cette différence sexuée
qui n'est qu'une des dimensions de notre identité et nous prive de toute
possibilité de penser l'universel.
Ils ne sont que 314, mais on sent
bien qu'ils auraient aimé être 343. Un chiffre devenu le symbole d'une
rébellion nécessaire contre l'injustice et la surdité politique. Mais les 314
en question n'ont pas le courage des «343 salopes» qui proclamèrent contre
l'hypocrisie propre sur elle qu'elles avaient avorté. Nos 314 sont enseignants.
Et le risque qu'ils prennent est moins prégnant.Ils
annoncent qu'ils enseigneront désormais à leurs élèves une grammaire
«inclusive», autrement dit l'accord de
proximité ou de plus grand nombre plutôt que l'accord avec le masculin. L'objet
de leur colère? On endoctrinerait les enfants dès l'école primaire en leur
serinant que «le masculin l'emporte sur le féminin».
Parmi les 314 signataires, on
trouve, certes, des professeurs du secondaire, mais aussi une très grande part
d'universitaires qui n'auront jamais à enseigner la moindre règle de grammaire
et qui se contenteront, comme beaucoup jusqu'à présent, de ne pas corriger les
fautes de grammaire et d'orthographe dans les copies d'étudiants (et d'étudiantes,
serait-on tenté d'ajouter pour ne pas laisser croire qu'on oublierait les
jeunes filles dans cette évocation de l'éden universitaire contemporain). Des
universitaires, mais fort peu d'instituteurs.
Sans doute parce que ceux-ci sont
confrontés chaque jour à la difficulté d'enseigner grammaire et conjugaison à
des enfants qui arrivent à l'école primaire avec un langage déjà lacunaire. Ils
savent que ce sont les plus défavorisés qui paieront le prix fort. Ils savent
que l'instabilité des règles décontenance les enfants, et que les conséquences
de ce défaut d'apprentissage et d'entrée dans la langue sont bien plus graves
que la supposée intégration de règles de domination phallocrate, parce que,
filles ou garçons, ils ne pourront jamais être libres s'ils ne maîtrisent pas
ce qui doit leur permettre de penser le monde.
Le plus grand service que nous
puissions rendre à nos filles est de leur permettre de se rêver Colette autant
que Stendhal, ou qu'Alexandre le Grand, plutôt que de se penser avant tout
comme des femmes
On
ajoutera que, parmi les universitaires signataires, se trouvent peu de grammairiens. L'agrégation
de grammaire prédisposerait-elle à la misogynie? Ou l'étude de la grammaire
offrirait-elle le recul nécessaire pour comprendre que non, «le masculin» ne
«l'emporte» pas «sur le féminin» mais que, en langue française, le masculin se confond
avec le genre neutre?
Une langue évolue au gré de ses
usages, et si ses usages prennent acte de l'entrée des femmes dans de
nombreuses professions et de leur visibilité croissante dans l'espace public,
nous nous en réjouirons. L'Académie, au XVIIe siècle, imposa l'accord avec
le masculin? Il fallait trouver une cohérence, face à une langue dont les
contours n'étaient pas figés. Le choix qui fut fait est contestable?
Certainement. Mais l'aléa qui prévalait avant ne garantissait pas aux femmes
une liberté plus grande. Si
variété du vocabulaire et maîtrise de la grammaire sont les conditions
nécessaires pour penser le monde, la langue, pour autant, ne modèle pas le
réel. Et ce n'est pas en déstabilisant davantage une école primaire
dont les expérimentations avant-gardistes ont permis à des jeunes gens de ne
pas savoir identifier le verbe dans une phrase ou de marquer fièrement le
pluriel des noms communs en «ent» que l'on évitera les agressions contre les
femmes ou qu'on leur permettra d'être payées autant qu'un homme.
Enfermer la langue dans les
projets idéologiques de factions militantes, c'est la condamner à ne plus dire
le monde
Mais il y a pire. Cette obsession
qui consiste à parler des citoyen·ne·s, à s'adresser à «celles et ceux» ne fait
qu'éternellement nous renvoyer à cette différence sexuée qui n'est pourtant
qu'une des dimensions de notre identité. Cette fracturation de l'espace public
aboutit à nous priver de toute possibilité de penser l'universel. Toute la
complexité des sociétés humaines vient de cette difficile articulation entre le
divers et l'un. Penser l'égalité dans la différence, tel est l'enjeu. La
République prétendait résoudre cette équation par la séparation de l'espace
public et de l'espace privé, le premier constituant un espace neutre dans
lequel les citoyens ne mettaient pas en avant leur identité, ce qui les
différencie, mais au contraire ce qui les rassemble en tant qu'êtres humains
autonomes et émancipés.
Les hommes ont accaparé cet
universel? Reprenons-le. Mais sans y perdre l'universel lui-même. Colette peut
être dite «écrivaine», si cela chante (et le mot existait au XIVe siècle).
Mais elle fait plus pour le féminisme par la beauté d'une écriture qui traduit
l'infinie variété des sensations humaines que par le militantisme de celles qui
veulent faire d'elle un étendard et aboutissent à la rendre femme avant
qu'artiste. Et le plus grand service que nous puissions rendre à nos filles est
de leur permettre de se rêver Colette autant que Stendhal, ou qu'Alexandre le
Grand, plutôt que de se penser avant tout comme des femmes.
La langue appartient à ceux qui
la manient chaque jour et la modèlent selon leurs usages et leurs besoins. Elle
est à la croisée de la poésie et du parler populaire, ces deux manières de
prendre des chemins de traverse. L'enfermer dans les projets idéologiques de
factions militantes, c'est la condamner à ne plus dire le monde.
La rédaction vous
conseille :
- «Écriture
inclusive: l'idéologisation du langage fait déjà des ravages au Québec»
- Comment
fonctionne l'écriture inclusive
- De
Poutou à Philippot, les politiques s'emparent de l'écriture inclusive
François d'Orcival : «Non, il n'y a pas de terroristes
idiots!» (10.11.2017)
CHRONIQUE - Les terroristes
islamistes ne sont ni fous ni crétins ; ce sont des exécutants. En
préméditant leurs crimes, ils ne cherchent pas à en effacer les traces, ils se
proclament martyrs. Mais des martyrs aux ordres
A l'heure où, à Paris, Me Eric
Dupond-Moretti entrait dans le vif de sa plaidoirie pour Abdelkader Merah devant
la cour d'assises spéciale, un
jeune Ouzbek louait un pick-up à New York. Entre les deux scènes, il y a un
océan, au propre comme au figuré. Elles sont pourtant liées entre elles.
A Paris, le ténor de la défense
ironise: si l'on suit l'accusation, Abdelkader Merah serait «le terroriste le
plus con de la planète»! Mais que se passe-t-il à New York? L'Ouzbek Sayfullo
Saipov fonce, filmé par les caméras de surveillance, sur les piétons et les
cyclistes au sud de Manhattan, en tue huit, en blesse douze ; puis il
brandit deux armes factices (dans un pays où les vraies sont en vente libre),
crie «Allahou Akbar», se fait tirer dessus par un policier, laisse sur place sa
revendication, ses papiers et portables (avec 3000 images de propagande et
de tueries islamistes)…Un comportement ravissant à Abdelkader Merah la palme de
la «connerie»…
Il y a en effet quelque chose
d'absurde, d'idiot, dans le comportement de ces individus qui se font tuer ou
capturer après avoir commis tant de massacres
Il y a en effet quelque chose
d'absurde, d'idiot, dans le comportement de ces individus qui se font tuer ou
capturer après avoir commis tant de massacres. D'où la tentation de ne voir en
eux que des cas isolés ou des déséquilibrés. Et de ramener le terrorisme aux
faits divers (type Las
Vegas, Texas, etc.).
Donald Trump y cède dans son premier tweet le 31 octobre, en écrivant que
c'est l'œuvre «d'un malade, d'un déséquilibré». Il préfère se rassurer. De
même, en mars 2012, notre haute hiérarchie policière n'avait vu en Mohamed
Merah (le tueur, frère d'Abdelkader) qu'un «loup solitaire». Pour Gilles Kepel,
le plus averti de nos experts en terrorisme, «elle n'avait rien compris».
Car il y a une stratégie du «loup
solitaire». Le 31 mars 2015, l'une des voix du califat, Abou Hussein,
reprend l'expression dans un tweet: «Loups solitaires, debout! Si vous ne
pouvez pas nous rejoindre, restez où vous êtes, faites éclater des bombes,
égorgez des mécréants, tuez des politiques!» Les terroristes islamistes ne sont
ni fous ni crétins ; ce sont des exécutants. En préméditant leurs crimes,
ils ne cherchent pas à en effacer les traces, ils se proclament martyrs. Mais
des martyrs aux ordres. Ce sont les donneurs d'ordre, les inspirateurs, les
recruteurs, qui doivent être combattus avec acharnement. C'est
pour cela qu'il y aura un second procès Merah.
La rédaction vous
conseille :
- François
d'Orcival: «Là où l'État s'efface, le salafisme menace»
- François
d'Orcival: «Cet Occident vieux, riche et désarmé»
Georges Bensoussan, le procès du réel (10.11.2017)
FIGAROVOX/LECTURE - Autopsie
d'un déni d'antisémitisme (L'Artilleur) rassemble des textes
d'historiens, de journalistes et d'intellectuels qui ont suivi les débats ou
témoigné au procès. Un document précieux.
«En France, un antisémitisme du
quotidien», c'était le titre du journal Le Monde le jour du
verdict du procès Merah et au lendemain de la nouvelle profanation de la stèle
d'Ilan Halimi à Bagneux. Une formule vague qui exprime la gêne du journal à
dire ce qui reste un tabou. La montée en puissance d'un antisémitisme
arabo-musulman en France sur fond d'antennes paraboliques et d'islamisation des
banlieues. Un antisémitisme qui a provoqué l'exode massif des juifs de certains
quartiers et la désertion des enfants juifs des écoles publiques de
Seine-Saint-Denis. Un antisémitisme qui peut même se révéler meurtrier comme ce
fut le cas cette année pour Sarah
Halimi, battue puis défenestrée par son voisin aux cris de «Allah
Akbar» dans
un HLM de Belleville. De ce «nouvel» antisémitisme nous n'ignorons rien
depuis la parution des Territoires perdus de la République en
2002, livre dirigé par l'historien Georges Bensoussan qui réunissait les
témoignages de nombreux professeurs de banlieue.
Le 25 janvier 2017 s'ouvrait
pourtant devant la justice de la République le procès de ce même Georges
Bensoussan pour «provocation à la discrimination, la haine, la violence…». Son
crime? Avoir dit tout haut dans le feu de l'émission «Répliques» animée par
Alain Finkielkraut, cette réalité dérangeante. Il avait lancé (en citant de
manière approximative le sociologue d'origine algérienne Smaïn Laacher): «C'est
une honte de maintenir ce tabou, à savoir que dans les familles arabes en
France, et tout le monde le sait mais personne ne veut le dire, l'antisémitisme
on le tète avec le lait de la mère.» Il avait suffi d'un signalement du
très controversé Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF) pour que le
parquet décide de le poursuivre, cinq mois après les faits. Contre toute
attente, SOS Racisme, la LDH, le Mrap mais aussi la Licra s'étaient associés
aux poursuites.
«Jamais, quand il y a plus de
quarante ans j'ai franchi les grilles de ce Palais, je n'aurais imaginé devoir
plaider un jour une telle cause»
Michel Laval, l'avocat de
Georges Bensoussan
Autopsie d'un déni
d'antisémitisme (L'Artilleur) rassemble des textes d'historiens, de
journalistes et d'intellectuels qui ont suivi les débats ou témoigné au procès
ainsi que la plaidoirie de Michel Laval, l'avocat de Georges Bensoussan, et le
jugement dans son intégralité. Un document précieux qui sera peut-être étudié
en profondeur par les historiens du futur tant ce procès, qui est aussi celui
du réel, représente un tournant. Il est emblématique à la fois de la judiciarisation
du débat public en France, de la dérive de l'antiracisme militant et des
fractures françaises. «Jamais, quand il y a plus de quarante ans j'ai franchi
les grilles de ce Palais, je n'aurais imaginé devoir plaider un jour une telle
cause, dira Michel Laval devant la présidente de la XVIIe chambre
correctionnelle. Jamais, je n'aurais imaginé devoir défendre la liberté
d'expression et de pensée contre les forces ténébreuses d'un nouveau
fanatisme.»
Outre cette vigoureuse
plaidoirie, on retiendra le courageux témoignage de l'écrivain
Boualem Sansal. «L'Algérie ne considère pas l'islamophobie comme un délit
ou un crime… En Algérie, il n'y a pas, il n'y a jamais eu, et j'espère qu'il en
ira de même demain et après-demain, d'affaire Bensoussan.» Ou encore: «Dire que
l'antisémitisme fait partie de la culture islamique, c'est simplement répéter
ce qui est dit dans le Coran, à la mosquée et sans doute dans beaucoup de
familles traditionalistes.»
Autopsie d'un déni
d'antisémitisme. Autour du procès fait à Georges Bensoussan, L'Artilleur,
200 p., 17 €. - Crédits photo : L'Artilleur
Les lecteurs ne devront pas non
plus passer à côté des articles fondamentaux de Michèle Tribalat et Barbara
Lefebvre. Dans «La liberté d'expression en danger», la démographe nous donne un
cours de novlangue. Sauf à être un chanteur de rap ou à appartenir à une
minorité ethnique ou religieuse, évitez tout ce qui ressemble à une généralisation,
une essentialisation, oubliez les métaphores de la langue française, veillez au
bon usage des articles. L'article «LES» peut être fatal. Préférez l'article
«DES», moins globalisant. Et si votre langue fourche malgré tout, vous êtes
prié de vous excuser rapidement et publiquement. Professeur d'histoire,
Lefebvre, elle, fait brillamment apparaître les contradictions du nouvel
antiracisme.
Cité en défense de Bensoussan,
Alain Finkielkraut avait défini avec gravité l'enjeu du procès: «Un antiracisme
dévoyé vous enjoint de criminaliser l'inquiétude au lieu de combattre la
réalité sur laquelle elle se fonde. Si vous cédez, ce sera une catastrophe
intellectuelle et morale.» Les juges de la XVIIe n'ont pas cédé et ont désavoué
le parquet, mais la «catastrophe intellectuelle et morale» annoncée a peut-être
déjà eu lieu tant il est vrai qu'une forme d'autocensure, sinon de censure,
continue de peser sur certains sujets.
La rédaction vous
conseille :
- L'affaire
Bensoussan ou la dérive inquiétante de l'antiracisme
- Bensoussan
relaxé: la victoire du véritable antiracisme face au communautarisme
Journaliste au Figaro et
responsable du FigaroVox. Me suivre sur Twitter : @AlexDevecchio
Ses derniers articles
- Georges
Bensoussan, le procès du réel
- Laurent
Bouvet : «Il faut distinguer la question de la laïcité et celle de
l'insécurité culturelle»
- Tariq
Ramadan et le silence des compagnons de route de l'islamisme
Des adhérents et cadres macronistes s'élèvent contre le
fonctionnement de LREM (10.11.2017)
Alors que le mouvement a prospéré
sur la promesse d'une meilleure prise en compte des militants de base, beaucoup
dénoncent aujourd'hui le manque de transparence dans les prises de décisions.
La République en marche à
l'épreuve du réel. Depuis l'été, des adhérents et des cadres du mouvement
s'inquiètent de la structuration des instances et d'un fonctionnement trop
vertical. «Malheureusement, quand on essaye de faire du neuf avec des vieux ténors,
les pratiques restent les mêmes», déplore Frédéric Ducrocq, membre du collectif
Les Marcheurs en colère . Avec sa femme et sa fille, également
adhérentes LREM, il est en train de rédiger une longue lettre de démission
qu'il compte envoyer à la direction. La
désignation de Christophe Castaner pour piloter le mouvement, décidée à
l'Élysée (qui sera entérinée le 18 novembre prochain par un vote à main
levée à Lyon, n'a rien arrangé). Même si l'actuel porte-parole du gouvernement
a la chance de faire l'unanimité dans les rangs, ce verrouillage fait grincer
des dents.
«On comprend qu'il faille
passer par des phases autocratiques pour avancer»
Philippe Chadeyron, référent LREM
dans la Vienne
«Oui, cela ressemble au fait du
prince. On voudrait tous un monde parfait, mais on comprend qu'il faille passer
par des phases autocratiques pour avancer, concède Philippe Chadeyron, référent
LREM dans la Vienne. Mais sur le terrain, je n'ai rencontré qu'une seule
personne qui ne se reconnaissait pas dans ce choix.» Christophe Castaner n'est
pas sourd aux critiques. «Il faudra y répondre avec des éléments de méthode.
S'il faut changer les règles, on les changera», fait savoir le futur délégué
général, qui s'est posé la question de la candidature unique. «On aurait pu
pousser une candidature pour faire semblant. Mais cela ne me semblait pas
opportun.» En coulisses, une députée recueille des signatures des membres du
conseil pour exiger que le bureau exécutif du mouvement soit élu à bulletin
secret et non à main levée. «J'ai bon espoir que cette démarche aboutisse, pour
que le résultat soit incontestable», confie-t-elle.
Beaucoup de macronistes se
plaignent d'un fonctionnement opaque et du manque de transparence dans les
prises de décisions
Pour beaucoup, le climat au sein
du mouvement a commencé à se dégrader au moment des investitures pour les
législatives. «Certains ont alors commencé à se mettre en retrait», souligne un
ancien référent qui préfère garder l'anonymat. Alors que LREM a prospéré sur la
promesse d'un renouveau démocratique et d'une meilleure prise en compte des
militants de base, beaucoup de macronistes se plaignent d'un fonctionnement
opaque et du manque de transparence dans les prises de décisions. Si le
mouvement met en avant que 25 % du conseil, le parlement du parti, est
composé d'adhérents tirés au sort, le doute persiste. «Quand je vois certains
noms, des compagnes d'élus et autres qui ont soi-disant été tirées au sort… Je
me dis que le hasard fait vraiment bien les choses!», ironise un cadre LREM.
Élisabeth Mailloux, ex-référente dans le Calvados de juillet 2016 à
octobre 2017, a appris du jour au lendemain et sans raison qu'elle était
destituée de ses fonctions. La direction nationale a désigné de nouveaux
responsables locaux, quand certains autres partis privilégient la consultation
des militants. «J'avais une équipe avec qui tout se passait bien, ça a été un
choc , reconnaît Élisabeth Mailloux. Mais le parachutage est peut-être
aussi dans l'ADN de LREM», grince-t-elle. La présence sur la liste «En Marche
avec Casta» de cadres et membres historiques de LREM a aussi agacé. «Il
n'y a que des députés en vue, des Parisiens… Je ne m'y reconnais pas», regrette
une parlementaire. Christophe Castaner aura fort à faire pour serrer les rangs.
La rédaction vous
conseille :
- La
République en marche se cherche des dirigeants
- Christophe
Castaner, l'homme qui a su se rendre indispensable en macronie
Journaliste politique au Scan
politique du Figaro - Twitter: @Mathilde_Sd - mail: msiraud@lefigaro.fr
Ses derniers articles
- Des
adhérents et cadres macronistes s'élèvent contre le fonctionnement de LREM
- LREM:
les ambitions et les devoirs de Castaner
- Dans
les cabinets ministériels, les conseillers sous pression
Monseigneur Vingt-Trois : «Les chrétiens doivent
empêcher le monde de dormir» (10.11.2017)
EXCLUSIF - Dans un entretien
au Figaro, l'archevêque de Paris, qui a remis cette semaine sa
démission au Pape, fait le bilan de son action.
À 75 ans, le cardinal André
Vingt-Trois, archevêque de Paris depuis 2005, vient de remettre, conformément
au droit de l'Église, sa lettre de démission au Pape. Affaibli depuis qu'il
a été frappé au printemps 2017 par un syndrome de Guillain-Barré, il attend
désormais la nomination de son successeur. Une annonce dont la date n'est pas
encore connue. Pour Le Figaro, le cardinal tire le bilan de son
action.
LE FIGARO. - Avez-vous évoqué
la question de votre succession avec le Pape?
Mgr André VINGT-TROIS. -Je
suis allé spécialement le rencontrer en septembre dernier pour qu'il voie - de
ses yeux - que je n'étais pas capable de durer indéfiniment comme archevêque de
Paris. Et pour qu'il réalise qu'il était urgent, pour le bien du diocèse, qu'il
y ait un nouvel archevêque. Mais le Pape décidera de ce changement quand il
voudra.
Cela ne doit pas être évident
d'écrire sa lettre de démission au Pape, le jour de ses 75 ans, après un
demi-siècle au service de l'Église, puisque vous êtes entré au séminaire en 1962?
J'ai rédigé cette lettre sans
difficulté et sans regret. C'est un grand progrès du concile Vatican II que
de permettre
aux évêques de se retirer et de ne pas mourir en poste avec les
inconvénients d'une fin de vie dégradée.
Vous sentez-vous libéré d'un
poids?
L'engagement de ma vie, ce
n'est pas d'être archevêque de Paris mais de me mettre à la suite du Christ
Pour sentir une libération, il
aurait fallu que je me sente prisonnier! L'engagement de ma vie, ce n'est pas
d'être archevêque de Paris mais de me mettre à la suite du Christ… Je vais
juste être libéré de beaucoup de tâches liées à cette fonction, mais je
continuerai à être disciple du Christ. Cette responsabilité d'archevêque de
Paris est évidemment importante. Mais que cela soit moi ou un quelqu'un d'autre
qui l'exerce, cela ne change pas grand-chose à la charge. Je n'ai jamais
imaginé que je donnais par moi-même un sens à la responsabilité, c'est la
responsabilité qui me donnait un sens.
Pourquoi insistez-vous tant
sur votre fonction et si peu sur vous-même? Êtes-vous gêné d'être au premier
plan?
Je suis arrivé au premier plan
sans avoir été fait pour être au premier plan. Je me suis adapté. J'ai dû vivre
au premier plan alors que je n'avais jamais imaginé cela.
Que signifie être archevêque
de Paris?
Le noyau de la fonction est
d'être convaincu - et je le suis - que le chef du diocèse de Paris, c'est Dieu!
Je ne suis donc qu'au service de la manière dont Dieu veut gouverner le diocèse
de Paris. Je ne suis pas là pour mettre en œuvre des idées personnelles,
élaborer des tactiques subtiles… Je suis là pour écouter, pour discerner ce qui
me paraît propre à dynamiser la vie de l'Église, à soutenir les chrétiens dans
leur effort pour vivre l'Évangile. Paris, c'est aussi la capitale: il y a donc
un volume considérable de questions, de situations, de rencontres qui dépasse
les forces humaines et personnelles. Ce qui suppose une capacité à réfléchir
pour ne pas se laisser emporter par le flux des informations successives. Cela
implique de mettre de la distance dans le regard que l'on porte sur la société,
de cultiver le sens de la durée et de la continuité. D'avoir enfin un regard
bienveillant et positif vis-à-vis des gens qui acceptent de se dévouer pour le
bien commun, les politiques. Je trouve malsain qu'on enferme les politiques
dans l'image d'hommes et de femmes uniquement préoccupés par leur intérêt
personnel. J'ai trop d'estime pour eux, et pour leur engagement, pour croire
que c'est le seul moteur de leur activité.
Vous décrivez ici la feuille
de route de votre successeur…
La volonté de Dieu sur
l'humanité est une aventure dans laquelle il remet l'homme à sa sagesse
Il faut être doué d'une certaine
capacité d'endurance et ne pas se laisser complètement consumer par
l'événement. Toujours tenir une réserve qui permette de réfléchir à
l'événement, indépendamment des affects qu'il suscite en soi. Le responsable
n'est pas là pour imposer ses réactions subjectives à tous mais pour aider les
autres à surmonter leurs sentiments afin d'accéder à la compréhension des
choses.
Vous parliez de «tactiques
subtiles». Vous avez la réputation d'être un redoutable tacticien. Cela fait-il
partie du poste?
J'ai peut-être la capacité de
penser spontanément à toutes les conséquences d'une décision! Mais les bons
tacticiens sont ceux dont on ne voit pas la tactique: si tout le monde
déchiffre ce que vous voulez faire, il n'y a pas d'effet de surprise…
Dans les moments tellement
difficiles et dans le secret de votre prière, vous ne vous êtes jamais révolté,
indigné face à Dieu?
Ma relation à Dieu n'est pas dans
ce genre… Par éducation et par mon histoire, je n'ai pas tendance à attribuer
les événements à Dieu et encore moins les mauvais événements! La volonté de
Dieu sur l'humanité est une aventure dans laquelle il remet l'homme à sa
sagesse. Dieu intervient parfois mais de manière qui reste mystérieuse. La foi,
c'est précisément de croire que Dieu ne nous abandonne pas lorsqu'on ne sait
pas comment il prend soin de nous.
De quoi seriez-vous le plus
fiersi l'on parlait de bilan?
Je suis assez fier du projet
pastoral du diocèse de Paris. Ce n'est pas une intention vague et indéfinie
mais un projet avec des objectifs annuels. Il repose sur une conviction: en ce
temps, l'Église doit être missionnaire… Et la mission, c'est que chaque baptisé
soit le plus directement possible impliqué. Lorsqu'il sort de l'église le
dimanche, tout commence! Autour de lui, là où il se trouve.
Passer de la solidarité
économique à une solidarité apostolique, c'est plus difficile
Avez-vous raté quelque chose?
Je n'ai pas suffisamment réussi à
mettre en œuvre la communion entre les communautés chrétiennes du diocèse, les
paroisses. On a progressé sur le plan économique mais passer de la solidarité
économique à une solidarité apostolique, c'est plus difficile.
Et quel bilan tirez-voussur le
plan politique et social?
Sur le plan politique, je n'ai ni
réussite ni échec, car je n'étais pas là pour réformer la société française. Je
n'ai pas une stratégie de manipulation du monde politique. Je ne suis pas un
homme politique, mais j'ai conscience que je représente un corpus d'idées, de
pratiques, de convictions qui ont un sens par rapport à la vie politique de la
société. Je dois donc essayer de partager ce corpus évangélique. Je peux le
faire par des contacts personnels avec des politiques - mais je n'ai pas alors
à publier des communiqués - ou par des consultations institutionnelles. Ce que
j'ai fait.
L'Église donne toutefois
l'impression d'avoir vraiment décroché du débat public…
Ce n'est pas si simple…
Lisez Le Figaro de la fin du XIXe siècle! On faisait les
inventaires des églises, on chassait les aumôniers des instituts publics. Le
projet explicite était d'éliminer l'Église catholique de la vie publique. Il a
été mené à bien ou presque. Ce qui fait la présence publique de l'Église, ce n'est
pas une meilleure tactique politique mais que des chrétiens soient réellement
des chrétiens et qu'ils empêchent le monde de dormir.
Depuis le mariage pour tous et l'échec de François Fillon à la présidentielle,
les chrétiens comme force de propositions politiques en France ont tout de même
pris un sérieux coup sur la tête…
L'objectif des chrétiens n'est
pas de prendre le pouvoir! Il y a toujours des péripéties, des bannières qu'il
faudrait suivre. Mais au bout du compte, les bannières tombent et les
catholiques restent. Il faut donc faire avec les chrétiens, à moins qu'ils ne
veuillent plus se montrer. Car la tentation, aujourd'hui, est de se résigner à
une différence qui serait insurmontable entre la culture commune de la société
et une vision évangélique de l'existence. On ne pourrait plus être chrétien en
étant comme tout le monde. Or nous vivons une période où les chrétiens doivent
plutôt prendre conscience de leur originalité dans la société.
L'Église doit accueillir tous
les degrés et toutes les modalités d'appartenance
Mais l'Église, sa hiérarchie
doivent aussi s'adapter…
Il est vain d'imaginer que
quelqu'un serait capable de mettre au point une tactique pour surmonter cette
difficulté. Moi, je n'en ai pas été capable. En effet, l'Église du peuple n'est
pas seulement composée de militants et on ne peut pas, non plus, se satisfaire
d'une Église à deux vitesses! L'Église doit donc accueillir tous les degrés et
toutes les modalités d'appartenance. La personne qui est cachée derrière un
pilier participe tout autant à la messe que le chef de chœur estampillé
catholique pratiquant. Ce mystère d'intériorité, personne n'est capable de le
rationaliser. Mais il nous revient de permettre à chacun, quel qu'il soit,
d'accéder à Dieu, quel que soit le degré de sa participation. Mon espérance est
donc que nous ayons une Église suffisamment vivante pour accueillir des gens
qui ne sont pas nécessairement «conformes».
Vous ne voyez pas une perte
d'influence de l'Église en France?
L'Église n'a jamais eu
d'influence! Vous croyez qu'un homme d'Église a infléchi la législation ces
dernières décennies en demandant de suivre ce qu'il recommandait? L'Église n'a
pas empêché la loi sur le divorce ou d'autres lois encore. Elle a toujours dit
qu'elle n'était pas d'accord, mais cela n'a pas empêché les choses d'arriver!
La réalité de la société ne fonctionne pas comme cela, elle est traversée et
travaillée par les poussées idéologiques et de mœurs. L'Église peut exprimer un
désaccord, des réserves, elle peut tirer des signaux d'alarme, mais si les
chrétiens ne sont pas investis, ce n'est pas l'archevêque de Paris qui va
changer le cours des choses… Le mieux que l'archevêque de Paris puisse faire
est d'énoncer des questions qui aideront ceux qui sont en responsabilité à
comprendre qu'ils font une erreur.
C'est le cas actuel de la PMA
pour toutes et de la GPA?
Oui. La
question, ce n'est pas de savoir si la loi les autorisera ou non… mais de
savoir s'il y a des chrétiens suffisamment motivés pour ne pas y avoir recours!
Certains s'inquiètent du
déclin du catholicisme en France et de la croissance de l'islam…
Il y a un déclin d'une
certaine image et d'une certaine réalité de l'Église, c'est évident
On ne peut pas parler d'un déclin
du christianisme. Il y a en revanche un déclin d'une certaine image et d'une
certaine réalité de l'Église, c'est évident… Cela ne veut pas dire que tout
disparaît, loin de là! Ce qui m'inquiète, c'est qu'un vide suffisant se forme
pour que les discours enflammés trouvent acquéreurs. Je ne suis pas inquiet de
voir des gens venir d'autres horizons en France. Ce qui m'inquiéterait serait
de voir ceux qui sont ici devenir tellement indifférents que tous les discours
pourraient s'imposer.
À ce titre, beaucoup ne
comprennent pas les propos du pape François sur l'immigration.
Le Pape ne dit qu'une chose: il
faut accueillir les gens qui sont en difficulté. Ce n'est pas la première fois
qu'il
y a des mouvements de population dans l'histoire de l'humanité. La question
est de savoir si nous avons une vitalité suffisante pour les accueillir et leur
proposer un mode de vie différent ou si nous sommes à ce point anesthésiés que
l'on n'ait plus qu'à se cacher et leur laisser occuper le terrain…
Avez-vous le sentiment d'avoir
accompli ce que vous deviez?
J'ai fait une partie de ce que le
Seigneur attendait de moi… Dans le domaine de la sainteté, il me reste encore
quelques tâches à accomplir…
Si vous aviez à résumer d'un
mot votre action?
La constance…
La rédaction vous
conseille :
«Rive», la déradicalisation hors de la prison (10.11.2017)
Resté longtemps secret, ce
programme lancé fin 2016 vient d'être dévoilé par la ministre de la Justice,
qui réfléchit à l'étendre à l'ensemble du territoire français. Il concerne
actuellement 14 radicalisés.
«Rive» pour «Recherche et
intervention sur les violences extrémistes». C'est le nom du nouveau dispositif
de déradicalisation testé
en toute discrétion par le ministère de la Justice depuis une dizaine de mois
en Île-de-France. Actuellement, 14 personnes radicalisées - 8 hommes et 6
femmes âgés de 26 ans en moyenne - sont suivies par une équipe
pluridisciplinaire dont l'objectif est de les «désengager» de «la violence
extrémiste» et de les réinsérer dans la société.
Si ce programme peut de prime
abord ressembler à d'autres projets de déradicalisation, il présente pourtant
plusieurs particularités et prend parfois le contre-pied de précédentes
expérimentations. D'abord parce que ses participants le suivent sous la
contrainte d'un juge. Exit le volontariat comme c'était le cas au centre de
déradicalisation de Pontourny, aujourd'hui fermé, faute de candidats. Ensuite,
parce que le suivi se fait en milieu ouvert. C'est-à-dire qu'aucun des
participants de ce dispositif ne se trouve en prison: ils sont sous contrôle
judiciaire, assignés à résidence ou sous bracelet électronique, le plus souvent
en attente d'un jugement. Les autres ont été condamnés pour une infraction en
lien avec le terrorisme ou pour des faits de droit commun avant d'être repérés
pour leur radicalisation. Les faits qui leur sont reprochés sont variés:
certains avaient des velléités de départ en Syrie, ont fait un passage en zone
irako-syrienne, d'autres étaient poursuivis pour apologie du terrorisme ou
consultation de sites djihadistes.
«On va chercher à comprendre
leur parcours»
Frédéric Lauféron, le directeur
général de l'association APCARS (Association de politique criminelle appliquée
et de réinsertion sociale)
Référents sociaux, psychologue,
aumônier musulman, une dizaine de professionnels prennent en charge ces
personnes à raison de six heures par semaine et via des prises de rendez-vous.
«On se déplace énormément», explique Frédéric Lauféron, le directeur général de
l'association APCARS (Association de politique criminelle appliquée et de
réinsertion sociale) qui pilote ce projet avec l'Administration pénitentiaire,
plus précisément avec les SPIP (Services pénitentiaires insertion et
probation). Les rencontres peuvent se faire au restaurant, dans un parc public
ou près de leur domicile. Contrairement aux expérimentations, il n'y a pas de
centre de déradicalisation à proprement parler et jamais aucun participant ne se
croise. L'équipe est aussi joignable par téléphone du lundi au samedi. «On les
aide dans leurs démarches administratives mais aussi dans leurs
questionnements, qu'ils soient religieux ou identitaires», détaille le
responsable associatif. Le suivi se veut «très individualisé»: «on va chercher
à comprendre leur parcours, pourquoi ils ont eu affaire à la justice» pour
pouvoir in fine, «construire avec eux un projet de vie compatible avec les
principes de la République», poursuit Frédéric Lauféron.
Tisser «un lien de confiance»
L'opération s'avère parfois
délicate puisqu'il faut à terme tisser «un lien de confiance» avec le
participant et le convaincre de l'utilité de ce programme. Si au départ,
certains se sont montrés réticents, tous ont fini par coopérer. «La plupart
d'entre eux nous appellent spontanément. On est devenu une sorte de point
d'ancrage», estime encore Frédéric Lauféron. Et si l'un d'eux arrêtait de
collaborer, le juge pourrait tout de suite prendre des sanctions et
l'incarcérer.
L'idée de ce programme a émergé
en août 2016, juste après l'attentat
de Saint-Étienne-du-Rouvray, dont l'un des auteurs était sous bracelet
électronique. «On a compris qu'il fallait aussi prendre en charge les personnes
suivies en milieu ouvert car elles étaient tout aussi dangereuses que celles
qui sont en prison», explique-t-on à l'Administration pénitentiaire. À
l'époque, l'impulsion est donnée par Jean-Jacques Urvoas, alors garde des
Sceaux, mais contrairement aux autres expérimentations qui ont souvent tourné
au fiasco, le projet est, cette fois-ci, tenu secret, loin des caméras. Ce
n'est que jeudi, à un mois de la présentation d'un plan national de lutte
contre la radicalisation, que la ministre de la Justice a décidé de révéler son
existence. «Nous avons autour de 500
détenus très radicalisés et 1500 personnes en voie de radicalisation. Donc
il faut agir», a déclaré Nicole Belloubet, qui dit réfléchir à l'extension de
ce projet sur le territoire national.
La rédaction vous
conseille :
- Djihadistes:
la politique de déradicalisation en échec
- Islamisme:
le pari incertain de la déradicalisation
- L'Administration
pénitentiaire face à la poudrière islamiste
- Les
huit mesures antiterroristes qui cristallisent le débat
- Radicalisme:
le rapport pessimiste du contrôleur des prisons
- Déradicalisation:
Beaumont-en-Véron se déchire sur l'accueil des radicaux
Avec les Coptes d'Égypte sur les pas de la Sainte Famille
(10.11.2017)
REPORTAGE - Tout au long de
l'année, ils sont des milliers à partir en pèlerinage le long des lacets du Nil
pour rejoindre le monastère du Deir al-Muharraq, où Joseph, Marie et l'Enfant
Jésus avaient trouvé refuge en fuyant le roi Hérode. Un symbole pour ces
premiers chrétiens, malgré les menaces islamistes qui pèsent sur eux.
Envoyé spécial en Égypte
A l'ombre de l'imposante
forteresse crénelée, une foule ininterrompue piétine dans les sables
poussiéreux. Batterie de cuisine sous le bras, tapis sur la tête, elle se plie
aux contrôles successifs des forces de sécurité qui enserrent l'enceinte.
Plantée en bordure du désert libyque, sur le mont Qosqam, à 330 kilomètres
au sud du Caire, la grande muraille de pierres ocre abrite Deir
al-Muharraq, le monastère de la Sainte-Vierge. L'un des lieux les plus sacrés
pour les Coptes
d'Egypte car il constituerait, selon la tradition, l'ultime étape du
«voyage de la Sainte Famille» en Egypte. Un épisode fondateur des croyances
coptes.
«Il suffit de lire la Bible. Les
prophètes Osée ou Isaïe en parlent dans l'Ancien Testament. L'Evangile selon
Matthieu aussi. Lève-toi, prends l'enfant et sa mère, fuis en Egypte et
restes-y jusqu'à nouvel ordre, dit l'ange du Seigneur à Joseph», rappelle le
père Philoxenos, l'un des 120 moines résidant au Muharraq. «Hérode Ier le
Grand, qui craignait la naissance du roi des Juifs, ordonna de tuer tous les
enfants de 2 ans, forçant à l'exil, pendant sept ans, la Sainte
Famille. Après avoir traversé le Sinaï, puis la région du Delta, l'Enfant
Jésus, Joseph et Marie entrèrent en Haute-Egypte. Ils restèrent cachés au
Muharraq pendant six mois et dix jours, avant d'entamer leur retour en
Palestine, à l'annonce de la mort d'Hérode».
Le gouvernement égyptien a
déclaré l'état d'urgence en avril, puis a déconseillé de se rendre aux
pèlerinages après les attaques perpétrées contre les chrétiens et revendiquées
par le groupe Daech
Si une vie monastique est
attestée au Muharraq depuis le IVe siècle, le déroulement de ces
événements est aujourd'hui soumis à caution par les historiens. Bernard
Heyberger, spécialiste des chrétiens d'Orient à l'Ecole des hautes études en
sciences sociales (EHESS), parle, notamment, de «récits apocryphes», mais les
Coptes, eux, suivent, tout au long de l'année, «les pas de la Sainte Famille»:
le temps d'un week-end ou lors des «mouled», les pèlerinages sur les sites. Il
y aurait une soixantaine de pèlerinages chaque année, répartis sur tout le
territoire égyptien. Celui du Muharraq, dans le gouvernorat d'Assiout, est l'un
des plus importants.
Chacune de ses éditions, en juin,
draine pendant dix jours près de 100.000 personnes, précise le père Maximos, en
charge de l'organisation du pèlerinage depuis 1992. «Mais cette année, il y a
eu moitié moins de monde, autour de 50.000 pèlerins, en raison des mesures de
sécurité inhabituelles qui ont été déployées.» Le gouvernement égyptien a en
effet déclaré l'état d'urgence en avril, puis a déconseillé de se rendre aux
pèlerinages après les attaques perpétrées contre les chrétiens et revendiquées
par le groupe Daech. «Il y a eu le 9 avril, le double attentat
de l'église Mar Girgis à Tanta (120 kilomètres au nord
du Caire) et de l'église Saint-Marc à Alexandrie (45 morts). Puis,
l'attaque d'un bus de pèlerins, le 26 mai dernier à al-Minya
(200 kilomètres au sud du Caire), qui se rendait au monastère
Saint-Samuel dans le Fayoum», énumère, ému, le père Philoxenos. Des attaques
survenues au cœur de la liturgie copte, et alors que le gouvernement égyptien
ne cachait plus ses espoirs de voir le «chemin de la Sainte Famille» être
inscrit au patrimoine de l'Unesco.
- Crédits photo : Hervé Lequeux /
LE FIgaro Magazine
Depuis les premiers barrages aux
abords de la nécropole touchant le monastère jusqu'à ceux à l'aplomb de sa
vieille porte en bois, les forces de police, aidées de militaires et des
Moukhabarat (services de sécurité et de renseignements), multiplient les
contrôles. Au-delà, déjà, la foule n'y prête plus aucune attention. Au pied des
grandes croix lumineuses frappant le sommet des remparts, c'est un entrelacs de
ruelles bordées d'étals dans lesquelles les pèlerins tentent de se frayer un
chemin. Les boutiques d'épices font face à celles de vêtements bon marché, de
colifichets, de jeux d'enfants ou d'images pieuses. «C'est aussi le bon endroit
pour rencontrer des filles», s'amuse Mark Ashraf, 19 ans, venu de la ville
voisine de Mallawi. «Ici, nous pouvons nous émanciper de la famille car chacun
s'occupe comme il le souhaite. Et nous y retrouvons tous nos amis»,
poursuit-il.
Une récréation populaire à
laquelle la famille Dabah se rend, quant à elle, chaque année. Romani et Imen,
parents de quatre enfants sont originaires d'un village proche d'Assiout. Ils
tiennent l'un de ces commerces. «Nous vendons des vêtements. Habituellement,
nous le faisons dans les villages de la région avec notre charrette. Nous
gagnons 1000 livres par mois (le revenu moyen en Egypte est de
1200 livres). Ici, la location de l'emplacement au monastère nous coûte
350 livres pour les dix jours. Nous aimons venir au mouled. Nous allons
également à celui de Samalut (gouvernorat de Minya), en novembre. Et c'est
important aussi pour la spiritualité», indiquent-ils.
Dans l'enceinte du monastère du
Muharraq, l'un des lieux les plus sacrés pour les Coptes d'Egypte, une ambiance
de fête foraine permet aux pélerins de mêler ferveur religieuse et liesse
populaire au pied des lieux de culte. - Crédits photo : Hervé Lequeux pour
le Figaro Magazine
Comme eux, la majorité des
pèlerins sont originaires de Haute-Egypte. Les Coptes seraient, en Egypte,
entre 7,5 millions et 12 millions, selon les chiffres tenus ici par
le gouvernement, là par le patriarcat d'Alexandrie, soit de 10 à 15 % de
la population. En Haute-Egypte, ils constitueraient près de 30 % des
20 millions d'habitants. «La Haute-Egypte, c'est le cœur de la
chrétienté,s'enthousiasme le père Philoxenos. Et pourtant, c'est sans
doute l'unique fois de l'année que ces pèlerins voient un homme en noir. Ces
familles préfèrent aller parfois au monastère pendant les mouled plutôt qu'à
l'église le dimanche. Leur village ne dispose que rarement de sa propre église.
Ce pèlerinage a donc aussi une vertu éducative. Ce sont des gens simples et
pauvres, accablés par leur travail. En cela, il y a un lien encore très intime
entre leur vie et celle des premiers chrétiens en Egypte. Ils demeurent fidèles
au modèle des pères du désert, ascètes et vivant en communauté ou en ermites
dans le désert d'Egypte», poursuit-il.
Sans fréquenter assidûment
l'église, ces pèlerins n'oublient pas certains traits que l'histoire prête aux
Coptes. Ceux qui les lient à la fondation de l'église d'Alexandrie en 42 après
J.-C. par l'évangéliste Marc et aux premiers développements du christianisme en
Orient. «Copte signifie premiers égyptiens. Nous sommes les descendants des
Egyptiens de l'Antiquité», ne manque-t-on pas de nous rappeler sous les grandes
bâches du marché, abritant du soleil. «Une manière d'affirmer leur antécédence
par rapport aux Arabes musulmans arrivés en Egypte au VIIe siècle»,
affirme Bernard Heyberger.
Ce pèlerinage est aussi
l'occasion de voir un homme d'Eglise. - Crédits photo : Hervé Lequeux / LE
FIgaro Magazine
Car les rapports interreligieux
s'avèrent parfois conflictuels. Au cours des trois dernières années, l'Institut
Tahrir a ainsi comptabilisé 400 cas de violences interreligieuses en Egypte. Et
l'organisation Initiative égyptienne pour les droits personnels (Eipr), «au
moins 77 épisodes, plus ou moins graves, de violences sectaires dans la région
de Minya entre janvier 2011 et août 2016».
Parmi la foule des pèlerins, on
évite de parler de ces épisodes de violence. «Parce qu'ils ont peur, mais aussi
parce que la figure du martyr est largement intégrée, depuis des siècles, par
les Coptes, explique Marc Zekry, un pèlerin originaire de la ville de Minya.
Par ailleurs, la Haute-Egypte est aussi le berceau des groupes islamiques comme
la Gamaa al-Islamiya. Bien sûr, c'est beaucoup mieux de vivre en Egypte quand
on est chrétien qu'en Irak ou en Syrie, mais des histoires aussi sombres, il y
en a plein. Surtout, ce qui marque particulièrement les Coptes, ce sont les discriminations».
«Les Coptes sont des citoyens
de seconde zone. (...) Pour obtenir un papier, par exemple, auprès de
l'administration, c'est compliqué»
Père Philoxenos
Les obstacles, notamment en
matière administrative ou d'emploi, ponctuent leur quotidien. Le père
Philoxenos s'en fait l'écho. «Les Coptes sont des citoyens de seconde zone. La
discrimination se matérialise, notamment, dans tous les liens que nous pouvons
avoir avec l'Etat. Pour obtenir un papier, par exemple, auprès de
l'administration, c'est compliqué. Surtout, un certain nombre d'emplois liés au
gouvernement ou à l'armée nous sont impossibles. Il est, par exemple,
inimaginable de voir un Copte intégrer les Moukhabarat ou monter en grade au
sein de la police.»
Ces difficultés n'empêchent pas
de nombreuses familles musulmanes de venir, parfois accompagnées de «leurs
voisins chrétiens», au Muharraq pendant le pèlerinage. «Pour la baraka», nous
dit-on, mais aussi parce que «Issa (Jésus) tient une place importante dans le
Coran». C'est le cas notamment de Saïd, 27 ans. Il tient, avec son frère,
une boutique de tatouages qui ne désemplit jamais. Les pèlerins s'y pressent
nombreux pour se voir apposer une fine et discrète croix à l'intérieur du
poignet, l'un des signes traditionnels de reconnaissance des Coptes. «La petite
croix, c'est 10 livres», lance Saïd, aiguille en main. Autour de lui, une
myriade de parents tendent leur enfant pour ce rite de passage. «Et désormais,
on me demande, surtout les jeunes, de faire de plus gros tatouages. Des visages
de la Vierge ou des messages à la gloire de Jésus», continue-t-il. Seule
l'apparition d'un prêtre copte vient troubler son travail.
Aussitôt, le vieil homme à la
barbe fournie est happé par la foule, qui oscille entre hystérie et respect.
Elle le regarde avec dévotion, tente de lui embrasser la main, de le toucher.
Des enfants sont portés par-dessus la mêlée pour se faire bénir. Un mot, un
geste provoquent la joie des pèlerins. L'attroupement grossit. Hommes, femmes,
enfants viennent, en nombre, depuis une grande place accessible par une porte
cochère. Celle-ci ouvre sur un vaste terre-plein sur lequel sont installés, à
perte de vue, de tranquilles pèlerins. «Il y a ici plusieurs milliers de
personnes. Ils viennent passer une ou deux nuits, parfois plus, et dorment à
même le sol. D'autres ont pu louer un logement dans les villages alentour ou
l'une des rares chambres du monastère», nous explique le père Maximos. Assis
sur de larges tapis, autour d'un repas, cohabitant avec moutons et chèvres, ces
familles semblent tendre un miroir du Repos pendant la fuite en Egypte,
peint par le Caravage. Les traits tirés, assis au milieu de leurs victuailles
et objets personnels… Autour, chacun est à son œuvre, sous l'œil sévère des
hommes en noir, qui rabrouent, au moindre écart, grands et petits.
Dix jours de fête, mais aussi
l'occasion de vénérer les reliques de la Vierge Marie. - Crédits photo :
Hervé Lequeux pour le Figaro Magazine
La vie de ces pèlerins est
rythmée par de puissants haut-parleurs qui, entre deux appels pour un enfant
égaré, déversent des lectures de textes sacrés et des invitations à rejoindre
les liturgies se succédant dans la grande église de la Vierge-Marie, qui semble
pourtant trop petite pour accueillir tous les fidèles. Bousculant les barrières
instables installées pour la contenir, la foule des pèlerins patiente tant bien
que mal, mains jointes, en prières.
A l'intérieur, hommes et femmes
occupent des bancs séparés. Les trois prêtres procèdent à l'office de l'encens,
qu'ils balayent dans un écran de fumée. «Le charbon représente Jésus dans le
ventre de la Vierge Marie», nous explique un fidèle. Enfin, délaissant leurs
banquettes, les femmes s'avancent vers le prêtre pour une bénédiction. Non
loin, au bout d'un petit couloir bordé de bancs, le père Moussa accueille
plusieurs dizaines de familles endimanchées. «Je suis le responsable des
baptêmes, explique-t-il. Nous en pratiquons toute l'année, mais pendant le
pèlerinage, le rythme est beaucoup plus élevé avec 65 baptêmes par jour.»
Tandis que ses auxiliaires s'emploient à consigner noms et adresses des
familles, le père Moussa prie, petite croix en main, avec la mère. Celle-ci
tient dans ses bras le nouveau-né.
Il a pris les traits de l'Enfant
Roi, vêtu d'un long linge blanc et d'un bonnet en forme de couronne. Par trois
fois, le père Moussa plonge l'enfant dans les fonts baptismaux. «C'est le bain
d'éternité. Il symbolise l'inhumation suivie de la résurrection dans le
Christ», explique l'homme d'Eglise. Après une brève séance photo, la famille
Abanob, qui vient baptiser le jeune Nader, est déjà remplacée par de nouveaux
prétendants. «Nous allons aux icônes maintenant, dans l'église al-Azraq», nous
avertissent-ils.
Cette église est la raison même
du monastère al-Muharraq. Là, où, selon la tradition copte, «la Sainte Famille
se serait cachée. L'Enfant sauveur s'est endormi sur cette pierre. Après son
ascension, Jésus est revenu ici pour fonder cet autel. Il s'agit donc de la
seconde plus vieille église du monde après Bethléem», plastronne le père
Philoxenos. Il faut emprunter une longue allée, bordée de jardins potagers et
suivre la file des pèlerins, soudainement calme, pour y parvenir. Dans la
tiédeur de la pièce, ils touchent chacune des icônes, les embrassent,
représentations de saints ou illustrations des étapes de l'exil forcé, avant de
faire face à l'autel. Abrité derrière une paroi en bois sculpté, le rituel se
répète, dans un silence total, jusqu'à ce que l'armée de bénévoles qui
surveillent la scène évacue les lieux jusqu'au lendemain.
Les pèlerins suivent un parcours
parmi les icônes, les touchant ou les embrassant.- Crédits photo : Hervé Lequeux / LE
FIgaro Magazine
La nuit tombée, le monastère ne
dort pas. C'est une fourmilière insomniaque qui s'agite. «Les mouled sont
toujours une occasion de distractions parfois débridées (…) et permettent de
s'affranchir temporairement des normes de la vie ordinaire. Poussés par la
réforme aux accents fondamentalistes de l'Eglise copte, les mouleds
s'assagissent toutefois», explique Catherine Mayeur-Jaouen, enseignante à
l'Inalco et auteur de Pèlerinages d'Egypte. Histoire de la piété copte
et musulmane, XVe-XXe siècles.
Ce soir-là, les enfants courent
toujours, au milieu de pèlerins assoupis sur leur frêle paillasse. La plupart
des fidèles prolongent toutefois le plaisir, au cœur de cette «kermesse
sacrée». Quand certains partent déjà, affaires sous le bras, d'autres profitent
d'une promenade embouteillée dans le marché. Les plus assidus occupent toujours
les bancs de l'église. Derrière la grande porte, pourtant, qui sépare les
fidèles du cours monacal de la vie des moines, le silence semble absolu.
Quelques ombres noires apparaissent au clair de lune. Ce sont les moines qui se
rendent aux vêpres au son des cloches. Les carillons se mélangent
harmonieusement avec l'appel à la prière du muezzin qui résonne depuis les
mosquées des villages voisins. «Muharraq ne se résume pas au mouled. Ce n'est
même pas le moment le plus spirituel, précise Ladrus, un jeune moine. La
plupart des moines n'y participent pas, d'ailleurs. Ils sont plus occupés à
prier dans leur cellule. Le dixième jour, tout redeviendra normal.»
La rédaction vous
conseille :
- Pourquoi
les Coptes égyptiens sont une cible prioritaire des islamistes
- En
Égypte, les violences contre les coptes se multiplient
Pourquoi les Coptes égyptiens sont une cible prioritaire des
islamistes (10.04.2017)
FIGAROVOX/TRIBUNE- 90% des
Chrétiens d'Orient sont égyptiens, rappelle Marc Fromager, le directeur de
l'AED. L'Egypte est le verrou permettant la jonction entre le Moyen-Orient et
l'Afrique, qui permettrait d'établir le califat rêvé des islamistes.
Marc Fromager est directeur de
l'AED (Aide à l'Eglise en Détresse), qui soutient les chrétiens en danger
partout dans le monde, et particulièrement en Egypte.
Les terribles attentats commis
ces deux derniers mois contre les Coptes en Egypte ne sont ni les
premiers ni - il faut le craindre - les derniers. Les quarante-quatre morts et
la centaine de blessés de Tanta et d'Alexandrie viennent s'ajouter à la longue
liste des martyrs de ce pays, une Eglise qui se définit même comme étant
l'Eglise des martyrs.
Après l'attentat
des Rameaux contre deux églises, le président al-Sissi avait immédiatement
décrété trois mois d'état d'urgence. C'est un signe fort envoyé vers la
communauté chrétienne mais c'est également l'indication d'une juste évaluation
de la situation: l'Egypte est en guerre! Les Frères musulmans, les divers
groupes islamistes et, sur le devant de la scène, l'Etat islamique, lui ont
déclaré la guerre.
Leur objectif est multiple mais
consiste avant tout à prendre le pouvoir en vue de récréer le Califat. Outre
les opérations militaires et terroristes pour prendre le contrôle du
territoire, leur stratégie passe également par une certaine homogénéisation de
la population - elle doit non seulement être musulmane mais également acquise à
l'islam radical revendiqué par ces groupes. Cela se traduit par la conversion
ou l'exclusion des minorités religieuses, dont bien sûr les chrétiens.
La terreur de l'Etat islamique et
des groupes islamistes affidés consiste donc entre autres à éradiquer la
présence chrétienne au Moyen-Orient. Sur l'Irak et la Syrie, le projet est déjà
bien avancé. C'est maintenant le tour de l'Egypte dont on peut imaginer que les
attentats ne font que commencer. Pourquoi l'Egypte et pourquoi maintenant?
La pression supplémentaire - ou
enfin réelle - qui s'exerce sur l'Etat islamique en Syrie, mais surtout en
Irak, les pousse à accélérer leur investissement sur le terrain égyptien,
l'idée ayant toujours été d'opérer la jonction entre le Moyen-Orient et
l'Afrique, que ce soit par la Libye - et notre destruction du pays leur a bien
rendu service - ou par la Bande sahélo-saharienne. Or, l'Egypte est le verrou
qui empêche pour le moment cette jonction.
L'Egypte, réservoir
démographique des Chrétiens d'Orient
L'Egypte est également le grand
réservoir des chrétiens d'Orient. La plupart des chrétiens en Egypte sont
coptes orthodoxes et ils représentent 14 millions de fidèles, soit 15% de la
population, malgré le peu de consensus sur ce volume. Le gouvernement estimait
il y a encore peu que les chrétiens représentaient entre 2 et 3 % de la
population, une manière de minimiser leur présence et donc leur
représentativité. Le chiffre de 10% (une moyenne entre 15 et 3%) est souvent
retenu mais on se demande bien pourquoi on devrait accepter la farce des
chiffres gouvernementaux et ne pas faire confiance aux registres paroissiaux.
90% des chrétiens d'Orient
sont donc égyptiens et on comprend mieux pourquoi ils constitueront de plus en
plus une cible prioritaire pour l'Etat islamique.
Dans le reste du Moyen-Orient, on
arrive péniblement à deux millions de chrétiens. 90% des chrétiens d'Orient
sont donc égyptiens et on comprend mieux pourquoi ils constitueront de plus en
plus une cible prioritaire pour l'Etat islamique. La stratégie d'éradication va
donc consister à effrayer les chrétiens par des attentats, avec comme message
clair la conversion ou la valise, mais aussi à les faire réagir pour déclencher
une spirale de violence dont ils seront évidemment les perdants.
Malgré le soutien officiel du
président al-Sissi et la protection de fait qui est assurée devant la plupart
des églises, les chrétiens acceptent de moins en moins l'apparente inefficacité
des mesures censées les mettre à l'abri de la terreur. Si les chrétiens excédés
finissaient par se révolter contre les autorités égyptiennes, l'Etat islamique
aurait fait d'une pierre deux coups: fragiliser le gouvernement égyptien dont
il veut récupérer le pouvoir et accélérer la disparition des chrétiens dont la
réaction susciterait un surcroît de violence à leur encontre.
Seuls 1,5% des fonctionnaires
égyptiens sont chrétiens. Vous avez dix fois moins de chances de trouver du
travail lorsque vous êtes chrétien.
On peut donc imaginer que, non
seulement ces attentats ne seront pas les derniers mais que la pression à
l'encontre des chrétiens en Egypte ira en s'aggravant, si tant est que ce soit
possible au vu d'une situation déjà très tendue. Un seul chiffre là encore:
seuls 1,5% des fonctionnaires égyptiens sont chrétiens. Sachant que la fonction
publique regroupe la plupart des emplois salariés, cela signifie concrètement
que vous avez dix fois moins de chances de trouver du travail lorsque vous êtes
chrétien.
Mais l'Egypte, citée plus de sept
cent fois dans la Bible, lieu de la première Pâque, a aussi servi de refuge à
la Sainte Famille et on peut également imaginer qu'une bénédiction spécifique
repose sur ce pays. Cette Eglise des martyrs saura puiser dans sa foi éprouvée
au long des siècles les ressorts, à la fois pour ne pas tomber dans ce piège de
la violence et en même temps, pour témoigner de manière encore plus forte de
l'Amour du Christ.
La rédaction vous
conseille :
En Égypte, les violences contre les coptes se multiplient
(12.08.2016)
Depuis la destitution du
président islamiste Mohammed Morsi en 2013, les violences sectaires à
l'encontre des chrétiens en Égypte se sont intensifiées.
Au Caire
Ce sont des yeux clairs humides
qui perlent sur une peau tannée par le soleil du Sud, un long voile noir et des
doigts aux phalanges déformées par l'arthrose que l'on triture pendant que le
récit se déroule par bribes. «Ils sont entrés chez moi avec des armes
automatiques. Ils étaient environ 45. Ils m'ont attaquée et m'ont sortie
dehors. Ils m'ont déshabillée. Ils m'ont traînée dans la rue toute nue. Ils ont
aussi pillé et brûlé notre maison.» Sohad, 70 ans, habitante d'al-Karam, ville
composée de 70 chrétiens pour 15.000 habitants, a subi la violence de ses
voisins quand la rumeur s'est propagée que son fils fréquentait une musulmane.
À Alexandrie, une foule de
musulmans a délogé des familles et incendié leurs maisons ; à Sohag, la fille
d'un paroissien a été égorgée par un homme se revendiquant de Daech
Phénomène rampant depuis
plusieurs décennies, portées à leur acmé en 2013, après la destitution du
président islamiste Mohammed Morsi, les
violences sectaires restent un problème récurrent en Égypte. Ces dernières
semaines, elles ont connu une augmentation inquiétante. «Depuis
mi-mai, on a relevé au moins 7 incidents très violents», alerte Mina
Thabet, spécialiste des droits des minorités à l'Egyptian Comitee for Human
Rights.
À Alexandrie, une foule de
musulmans a délogé des familles et incendié leurs maisons ; à Sohag, la
fille d'un paroissien a été égorgée par un homme se revendiquant de
Daech ; à Beni Souef, des foules ont attaqué un père de famille, soupçonné
de construire une église clandestinement.
«Nous, chrétiens, nous sentons
persécutés. Tout part de rumeurs, une relation amoureuse, une construction
d'église… Les gens n'ont pas la culture de la justice, au lieu de se rendre à
la police, ils attaquent»
Brahim, paroissien à l'église
d'al-Minya
Le 30 juin, anniversaire du
coup d'État militaire, la tension est arrivée à son paroxysme avec le meurtre
d'un prêtre à el-Arish, dans le Nord-Sinaï, accusé par la branche égyptienne de
l'État islamique «d'appeler à la guerre contre l'islam.»
«Les incidents sont quotidiens
mais leur nombre est impossible à chiffrer. Les victimes ne veulent pas parler,
elles se sentent humiliées et ont peur des représailles», note Mina Thabet.
«Nous, chrétiens, nous sentons
persécutés», affirme Brahim, paroissien à l'église d'al-Minya, principale ville
chrétienne d'Égypte, composée de 35 % de coptes. «Tout part de rumeurs,
une relation amoureuse, une construction d'église… Les gens n'ont pas la
culture de la justice, au lieu de se rendre à la police, ils attaquent.»
Sohad et son mari ont été
plusieurs fois sommés de se rendre à ce que l'on appelle «des sessions de
réconciliation», utilisées comme méthode de résolution des conflits
communautaires. «Les anciens du village, les chefs de famille, les dirigeants
politiques et religieux se réunissent pour résoudre les conflits plutôt que de
se soumettre au système juridique. Prétendument dirigées par des arbitres neutres,
les réunions sont souvent supervisées par une représentation majoritairement
musulmane», dénonce l'institut de recherches The Tahrir Middle East Institute.
«L'une des solutions est
d'admettre le problème et de mettre les persécuteurs en prison. Nous demandons
que la loi soit appliquée en dépit de la religion»
L'évêque Makarios du diocèse
d'al-Minya
Malgré une enveloppe de
5000 livres égyptiennes offerte pour leur silence, Sohad a préféré rendre
son histoire publique. «On ne peut plus rentrer chez nous de toute façon, on a
tout perdu, souffle la vieille dame. Je veux qu'on me rende ma dignité et mes
droits.»
«Il est important d'être à
l'écoute des chrétiens pour contenir leur colère», insiste l'évêque Makarios du
diocèse d'al-Minya, principal gouvernorat touché par les violences. «L'une des
solutions est d'admettre le problème et de mettre les persécuteurs en prison.
Nous demandons que la loi soit appliquée en dépit de la religion.»
«L'État égyptien a perdu de
son pouvoir, sa marge de manœuvre est limitée et son agilité à contenir les
tensions n'est plus la même»
Georges Fahmi, spécialiste des
relations religion-État à l'institut Carnegie
Mais, du côté des musulmans, on
s'agace de ces polémiques «montées en épingle dès qu'il s'agit de disputes
entre musulmans et chrétiens». «Les violences entre musulmans, on n'en parle
jamais, elles sont sûrement bien plus élevées. Des fous et des extrémistes, on
en a dans toutes les religions», assure Alaa al-Sharif, imam et professeur à
l'université al-Azhar.
Alors que le Parlement examine en
ce moment la possibilité de retirer des pièces d'identité la religion des
citoyens égyptiens et une meilleure législation encadrant la construction de
nouvelles églises, les experts mettent en garde contre la perte de contrôle des
autorités sur les relations chrétiens-musulmans dans un contexte de répression
très forte. «La
violence d'État nourrit la violence civile», assure Mina Thabet. «L'État
égyptien a perdu de son pouvoir, sa marge de manœuvre est limitée et son
agilité à contenir les tensions n'est plus la même», estime Georges Fahmi,
spécialiste des relations religion-État à l'institut Carnegie. «Depuis Nasser,
les chrétiens ont toujours été mis en scène à des fins stratégiques»,
rappelle-t-il.
La rédaction vous
conseille :
- Égypte:
les coptes sur leurs gardes
- Les
coptes d'Égypte s'exilent aux États-Unis
- À
Alexandrie, les «Frères» mènent la danse
- Daech:
le martyre des coptes d'Égypte
- La
renaissance des chrétiens d'Égypte
Arabie saoudite : le défi de Mohammed Ben Salman, affaiblir
le pilier wahhabite du régime (09.11.2017)
Adepte d'une profonde
transformation économique et sociale, le prince héritier saoudien de 32 ans a
l'ambition de faire naître une «nouvelle Arabie».
À 32 ans, le jeune prince
héritier Mohammed
Ben Salman lance deux, voire trois révolutions en même temps, dans un
royaume où jusqu'à maintenant ses dirigeants détestaient ce mot. Le fils
préféré du roi Salman a l'ambition de faire naître une «nouvelle Arabie». Il a
amorcé une profonde transformation économique et sociale, misant sur
l'après-pétrole, donnant
aux femmes le droit de conduire et aux jeunes celui de se divertir un
peu. Il n'a pas hésité à rompre le consensus au sein de la famille régnante,
cette loi d'airain qui permettait aux Saoud d'amortir le choc lorsqu'un prince
recalé d'un clan important se consolait en recevant un pactole de un ou deux
milliards de dollars, en échange de son silence. Mais, de tous les chantiers
que l'ambitieux MBS s'est assigné, le plus risqué est probablement celui qui
vise à enfanter un «islam moderne, ouvert et modéré».
L'Arabie n'est pas n'importe
quel pays musulman. C'est le berceau des lieux les plus saints de l'islam,
La Mecque et Médine
L'Arabie n'est pas n'importe quel
pays musulman. C'est le berceau des lieux les plus saints de l'islam,
La Mecque et Médine. Un pays où depuis 1744 un pacte lie les Saoud aux
partisans de Mohammed Abdel Wahhab, chef religieux ultrarigoriste. Cette
alliance de l'épée et du Coran demeure la clé de voûte du pouvoir saoudien. Aux
al-Saoud - dont la plupart ne sont pas wahhabites - les affaires régaliennes.
Aux religieux - quelque 570 oulémas regroupés dans un Grand Conseil - la
justice et l'éducation. Ces derniers édictent des fatwas qui s'imposent à la
communauté des croyants du royaume. Mais payés par l'État, ils restent inféodés
au pouvoir des Saoud.
C'est, ni plus ni moins, ce pacte
fondateur de l'Arabie que MBS entend remettre en cause. «Vous ne pensez pas
qu'on va passer nos trente prochaines années à se demander si la musique est
halal ou si les échecs ne le sont pas parce qu'un ouléma a dit que c'était une
invention de Satan! Non, on n'a pas le temps pour ces débats inutiles», tranche
un proche de MBS. «On est déjà dans l'après-wahhabisme, constate la chercheuse
Fatiha Dazi-Héni. MBS veut garder une société islamique, mais expurger
les aspects les plus obscurantistes du contrat social avec les
wahhabites, poursuivant d'ailleurs ce qu'avait fait le roi Abdallah, avant sa
mort.»
Depuis l'accession de son père au
trône en 2015, MBS a déjà rogné les ailes - ou plutôt les bâtons - des
mouttawins, les redoutés membres de la police religieuse, vestige archaïque de
ce pacte, qui obligent les femmes à être couvertes de l'abaya noire, et les commerçants
à baisser leurs rideaux aux heures des cinq sacro-saintes prières quotidiennes.
Modernisation des contenus
scolaires
L'autre chantier colossal auquel
il devra s'atteler concerne l'éducation. Dans les écoles saoudiennes, ce n'est
pas l'islam qui est enseigné mais les principes ultrarigoristes du wahhabisme.
Un bourrage de crâne - un tiers du cursus jusqu'au bac est composé de cours
religieux - appelant dans les livres scolaires à «combattre» les mécréants,
tandis que «la voix des gens du Livre (juifs et chrétiens) (est) blâmée comme
la voix des polythéistes». Conscientes du problème, les autorités ont,
discrètement, fait appel à la France, pour entamer une modernisation des
contenus scolaires, en commençant par les matières scientifiques. Un petit pas,
mais pas négligeable. MBS, en monarque absolu qu'il sera lui aussi, a déjà fait
emprisonner certains religieux réfractaires à ces réformes. «Il fait le pari
que l'establishment religieux préférera se plier et composer pour garder ses
privilèges», veut croire un expert.
Dans sa marche
vers le pouvoir, le passage sous son autorité de l'ensemble des forces de
sécurité est également risqué. Après l'arrestation du prince Mutaïb, patron de
cette «Armée des tribus» qu'est la Garde nationale, et la mise à l'écart en
juin du prince héritier Mohammed Ben Nayef, à la tête des forces
antiterroristes du ministère de l'Intérieur. «Les vieux de la Garde liés au
clan Abdallah vont-ils se laisser faire?», s'inquiète un militaire. «On disait
déjà ça du ministère de l'Intérieur, mais pour l'instant la reprise en main est
sous contrôle», répond Fatiha Dazi-Héni.
La rédaction vous
conseille :
- Arabie:
les dessous d'une purge risquée
- Le
pouvoir saoudien renforce son autorité dans le royaume
- Mohammed
Ben Salman, l'homme derrière la purge anti-corruption
- Georges
Malbrunot: «Ni fantasme, ni aveuglement avec les États du Golfe»
Tractations franco-saoudiennes autour du sort de Saad Hariri
(10.11.2017)
Riyad souhaiterait remplacer le
premier ministre libanais par un de ses frères. Le conseiller Moyen-Orient
d'Emmanuel Macron a été dépêché à Beyrouth.
L'avenir du premier ministre
libanais démissionnaire, Saad Hariri, est au centre de toutes les tractations.
«À notre connaissance, il est libre de ses mouvements», a réagi vendredi matin
sur Europe 1 Jean-Yves Le Drian, le ministre des Affaires étrangères, quelques
heures après la
visite surprise d'Emmanuel Macron à Riyad, où il a rencontré le nouvel
homme fort de l'Arabie, le prince héritier Mohammed
Ben Salman (MBS).
De Riyad, le conseiller
Moyen-Orient du chef de l'État, Aurélien Le Chevalier, a été dépêché à Beyrouth
pour évoquer l'avenir du camp Hariri. Sollicité, l'Élysée a confirmé
l'information, soulignant que cette visite était prévue de longue date.
Quelques heures avant l'arrivée
du chef de l'État à Riyad, l'ambassadeur de France en Arabie, François
Gouyette, avait rencontré Saad Hariri. Selon une source française, «le leader
libanais était entouré d'officiels saoudiens pour cet entretien qui n'aurait
pas duré très longtemps». La rencontre n'a pas eu lieu à l'Hôtel Ritz Carlton,
où sont retenus de nombreux princes et dignitaires saoudiens accusés de
corruption par MBS.
Proche du pouvoir saoudien, Saad
Hariri n'est pas rentré au Liban depuis sa démission, il y a dix jours,
annoncée depuis la capitale saoudienne. Deux responsables du gouvernement
libanais ont affirmé jeudi que Saad Hariri était prisonnier à Riyad, et un
troisième a confié à l'agence Reuters que les autorités saoudiennes avaient
ordonné au Premier ministre de démissionner, et qu'il se trouvait en résidence
surveillée.
«Une proposition a été faite à
la famille Hariri de désigner Baha, un frère de Saad, pour reprendre le
flambeau politique»
Une source française à Beyrouth
Après Saad, Baha Hariri
Désormais, Riyad chercherait à
remplacer Saad Hariri par un de ses frères. «Une proposition a été faite à la
famille Hariri de désigner Baha, un frère de Saad, pour reprendre le flambeau
politique», confie une source française à Beyrouth. Nazek, la veuve de Rafic
Hariri, l'ancien premier ministre assassiné en 2005, Bahyia Hariri, la sœur de
ce dernier, et Ahmad, un fils de Bahyia qui dirige le Parti libanais
Al-Moustaqbal, auraient été conviés à Riyad pour avaliser cette redistribution
des cartes. Mais le clan l'aurait refusée.
Visiblement agacé, Nouad
Mashnouk, ministre de l'Intérieur et proche de l'ancien premier ministre Rafic
Hariri, a déclaré que le Liban n'était pas «une monnaie d'échange, ni un
terrain à vendre».
À la mort de Rafic Hariri en
février 2005, c'est son ami Jacques Chirac, alors président de la République,
qui, en lien avec Riyad, avait parrainé le conseil de famille pour adouber
Saad, comme successeur de son père.
À la surprise générale dans un
pays généralement fragmenté, la plupart des hommes politiques libanais - y
compris des opposants à Saad Hariri - ont réclamé son retour à Beyrouth.
«Involontairement, l'Arabie saoudite a renforcé sa popularité», souligne un
observateur joint au téléphone à Beyrouth.
Paris suit avec une grande
attention cette affaire. Saad Hariri et son camp - le 14 Mars, opposé à celui
pro iranien du 8 Mars derrière le Hezbollah - sont des alliés traditionnels de
la France.
L'Arabie veut asphyxier
économiquement le Liban
«Le sujet qui nous préoccupe,
c'est la stabilité du Liban et qu'il y ait une solution politique qui se mette
en place rapidement»
Jean-Yves Le Drian sur Europe 1
Jeudi après-midi, l'Arabie
saoudite a appelé ses ressortissants à quitter le Liban. Une menace d'abord
politique, les ressortissants saoudiens étant peu nombreux au Pays du cèdre.
Certaines sources indiquent que Riyad, exaspéré par l'influence du Hezbollah
sur les affaires libanaises, entend mener, en fait, une guerre économique
contre le Liban: assécher ses finances, largement dépendantes du Golfe, pour le
contraindre à s'écarter du Hezbollah, pro iranien. D'autres sources à Beyrouth
redoutent que Riyad active ses relais dans les camps de réfugiés palestiniens
pour déstabiliser le pays.
La rencontre Macron-Ben Salman,
suivie d'un dîner, a été entourée de la plus grande discrétion. «Le sujet qui
nous préoccupe, c'est la stabilité du Liban et qu'il y ait une solution
politique qui se mette en place rapidement», a déclaré Jean-Yves Le Drian sur
Europe 1.
Depuis Dubaï, jeudi, Emmanuel
Macron a fait savoir qu'Hariri n'avait formulé aucune demande pour venir en
France. «Mon souhait c'est que tous les responsables politiques libanais
puissent vivre librement au Liban, ce qui suppose (…) d'avoir une politique
exigeante à l'égard de celles et ceux qui peuvent menacer quelque leader que ce
soit», a rappelé le chef de l'État.
Vendredi matin, l'Élysée confiait
que le prince Mohammed Ben Salman avait assuré à Emmanuel Macron que Saad
Hariri n'était pas assigné à résidence. «MBS a déclaré au président qu'il était
lui aussi attaché à la stabilité du Liban, et qu'il ne voulait pas entraîner le
Liban dans la guerre», insiste-t-on à l'Élysée.
La rédaction vous
conseille :
- L'Arabie
saoudite appelle ses ressortissants à quitter le Liban
- Arabie
saoudite: les dessous d'une purge risquée
- La
démission de Saad Hariri plonge le Liban dans l'incertitude
- Liban:
ayant peur d'être assassiné, le premier ministre Saad Hariri démissionne