Danièle Obono
critiquée pour sa défense d'une responsable des indigènes de la République
(06.11.2017)
Pour faire des
économies, la députée Obono propose de cibler les retraites des présidents
(25.07.2017)
«L'antifascisme
exacerbé a ressuscité l'obsession de la 'race'» (02.10.2017)
Tariq Ramadan mis
en congé de l'université d'Oxford (07.11.2017)
Syrie: 10 morts
dans des bombardements (07.11.2017)
ONU :
Multiplication des attaques contre les mosquées en Afghanistan (07.11.2017)
André Senik: «On a
le droit d'imputer à Marx les crimes commis en son nom» (07.11.2017)
Les racines du
communisme en France (07.11.2017)
7 novembre
1917 : Lénine invente le premier régime totalitaire de l'histoire
(07.11.2017)
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Collomb se penche sur l'exemple allemand (07.11.2017)
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Danièle Obono critiquée pour sa défense d'une responsable des
indigènes de la République (06.11.2017)
LE SCAN POLITIQUE - La députée La
France insoumise de Paris a qualifié dimanche Houria Bouteldja de «camarade».
La porte-parole du Parti des indigènes de la République est accusée de
favoriser l'antisémitisme.
«Je respecte la militante
antiraciste. C'est dans le mouvement antiraciste que je l'ai connue, c'est dans
ces luttes-là que l'on s'est battues», a lancé ce dimanche la députée Danièle Obono, au micro de Radio
J. La députée de la France insoumise évoquait alors ses rapports avec
la porte-parole du Parti des indigènes de la République (PIR), Houria
Bouteldja. Cette dernière est notamment accusée de favoriser l'antisémitisme
pour avoir déclaré en 2015 que «les juifs sont les boucliers, les tirailleurs
de la politique impérialiste française et de sa politique islamophobe».
Interrogée sur caractère potentiellement raciste de cette tirade, Danièle Obono
a répondu: «Je ne sais pas».
Confrontée cette fois à une photo
de Houria Bouteldja où figure la mention «les sionistes au Goulag», la députée
LFI a cette fois jugé qu'il s'agissait d'un propos qui n'était «pas acceptable»
et d'une photo de «mauvais goût»?. «Houria Bouteldja, je ne suis pas d'accord
avec tout ce qu'elle dit, mais c'est une militante antiraciste (...) Je
considère Houria Bouteldja comme une camarade, parce qu'elle fait partie de ce
mouvement-là. Et dans ce mouvement-là, on se bat sur la question de l'égalité»,
a précisé l'ancienne militante du NPA, qui plaide pour ne «pas réduire tous ces
militants anti-raciste à des antisémites».
Alors que le Parti des indigènes
de la république, fondé en 2005 avec une visée de «déconstruction
post-coloniale», est régulièrement critiqué par les associations antiracistes
pour ses propos radicaux, plusieurs élus se sont ému de la mansuétude affichée
par Danièle Obono. Cette dernière fait déjà l'objet d'accusations de dérive
«islamo-gauchiste», portées notamment par Manuel Valls. «Un opportuniste qui se
sert de tous les moyens pour faire parler de lui», a rétorqué l'élue insoumise.
Elle a par ailleurs pris de franches distances avec l'humoriste controversé
Dieudonné, qu'elle a qualifié de «raciste et antisémite», tout en déplorant
l'interdiction de ses spectacles.
Ces prises de position ont déplu,
y compris au sein de la France insoumise. Le politologue Thomas Guénolé, membre
du mouvement, a épinglé, sur les réseaux sociaux, des propos n'ayant «aucun
rapport avec le projet de la France insoumise». «Donc, ils n'engagent qu'elle»,
fait-il savoir. En mars 2016, ce dernier avait déjà «affronté» Houria Bouteldja
sur le plateau de l'émission «Ce soir ou jamais », et
l'avait qualifiée de «raciste, misogyne, homophobe».
Obono prend ses distances avec
le PIR
Les adversaires de la France
insoumise n'ont pas manqué de se saisir de cette nouvelle polémique. Ainsi, le
député PS Olivier Dussopt a-t-il relevé que «c'était bien la peine de réfuter
la proximité avec le PIR». Du côté de la République en Marche, Aurore Bergé a
jugé que cette sortie prouvait que les élus LFI sont «les amis des indigènes de
la République. De leurs thèses. De leurs haines». Le FN non plus n'est pas
resté sur le banc de touche, avec cette sortie du sénateur David Rachline:
«Après “nique la France”, que pense Mélenchon du soutien de son acolyte Obono à
celle qui qualifie les Français de souche de «sous-chiens»?»
La polémique a pris des
proportions telles que la députée Obono a décidé" de réagir sur sa page Facebook
ce lundi. «Je ne suis pas et n'ai jamais été membre du PIR. Je suis en
profond désaccord avec leurs thèses. Mon mouvement est la France Insoumise,
riche de citoyen·ne·s venu·e·s de combats et d'horizons différents. Je
continuerai à défendre nos propositions et nos idées à l'Assemblée nationale et
en dehors», indique l'élue parisienne. «Celles et ceux qui suivent mon activité
parlementaire peuvent témoigner du travail effectué sur tout un ensemble de
dossiers. Je ne refuserai jamais le débat argumenté et contradictoire, mais je
refuse que tout propos nuancé devienne motif de provocation. Le débat
démocratique vaut mieux que cela», poursuit-elle. Avant de faire savoir, à
destination de ceux qui s'interrogeraient sur le sens de son engagement: «Mon
seul programme est celui de la France Insoumise, l'Avenir en commun. J'en ai coordonné
les livrets thématiques. Je souscris à l'ensemble du programme sans exclusive.
C'est celui sur lequel j'ai été élue députée de la 17ème circonscription de
Paris».
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exacerbé a ressuscité l'obsession de la 'race'»
Pour faire des économies, la députée Obono propose de cibler
les retraites des présidents (25.07.2017)
LE SCAN POLITIQUE - La députée de
la France insoumise a proposé un amendement permettant d'abolir les privilèges
des anciens chefs d'État. Un sujet régulièrement abordé sans que rien ne bouge
vraiment.
«Il faut prendre l'argent là où
il se trouve, c'est-à-dire chez les pauvres. Bon d'accord, ils n'ont pas
beaucoup d'argent, mais il y a beaucoup de pauvres.» À lire les réactions des
députés Insoumis de l'Assemblée, cette citation de l'écrivain Alphonse Allais
pourrait avoir servi d'aiguillon moral aux parlementaires de la majorité au
moment d'annoncer une baisse
de cinq euros des aides pour les bénéficiaires aux logements (APL). La
députée Danièle Obono (LFI) suggère une autre piste: abolir les avantages des
anciens présidents.
Dans un amendement déposé dans le cadre des
discussions autour de la loi de moralisation de la vie publique, la député de
la 17e circonscription de Paris liste les privilèges dont jouissent les
ex-chefs de l'État et juge qu'il est «hors de propos» que de tels avantages
puissent être conservés une fois le mandat achevé.
Plus de 20.000 euros par mois
Parmi ces avantages que Danièle
Obono qualifie «d'indus», citons l'octroi d'un appartement de fonction meublé
au service duquel deux personnes sont affectées, une voiture de fonction avec
deux chauffeurs, la possibilité d'avoir sept collaborateurs permanents et deux
policiers chargés de la protection rapprochée... Et si d'aventure, nos anciens
présidents souhaitent partir en voyage, ils ont le droit à des billets gratuits
en première classe avec la SNCF et en classe affaires avec Air France.
Outre ces gros «plus», les
anciens dirigeants français touchent chaque mois une retraite de 6000 euros à
laquelle viennent s'ajouter 14.400 euros bruts mensuels, perçus en tant que
membres à vie du Conseil constitutionnel. Soit, au total, 20.000 euros par
mois. Et rien ne les empêche d'exercer, en parallèle, une activité rémunérée, à
la manière d'un Nicolas Sarkozy, généreusement payé pour donner des conférences à
l'étranger.
FIGAROVOX/CHRONIQUE
- Depuis Charlottesville, les revendications antiracistes se sont multipliées
aux Etats-Unis et en France. Gilles-William estime que l'antiracisme pervers et
surmédiatisé aura conduit au renouveau de la «guerre des races».
Gilles-William
Goldnadel est avocat et essayiste. Il est président de l'association
France-Israël. Toutes les semaines, il décrypte l'actualité pour FigaroVox.
Le
résultat le plus patent et le plus efficace de l'antiracisme factice qui sévit
depuis 50 ans aura été la guerre des races.
Je
rappelle que celui-ci a interdit pendant longtemps l'utilisation du vocable de
«race» sous peine d'excommunication. Aucune différenciation entre semblables
n'étaient tolérables.
L'obsession
du racisme aura abouti à l'obsession de la race, la couleur des uns étant
synonyme de souffrance, celle des autres tout aussi systématiquement synonyme
de racisme monopolistique.
Dans
la réalité, et au fil des années, l'obsession du racisme aura abouti à
l'obsession de la race, la couleur des uns étant systématiquement synonyme de
souffrance, celle des autres tout aussi systématiquement synonyme de racisme
monopolistique. Toute contestation de cet esprit de système étant ipso facto
suspectée de racisme systémique.
L'autre
caractéristique de l'antiracisme factice s'observant dans la forme hystérique
et obsessionnelle de sa représentation médiatique.
Les
États-Unis, comme toujours, ont lancé la mode culturelle de cet antiracisme et
imprimé son mode de communication électronique et frénétique.
Les
semaines écoulées depuis les événements de Charlottesville nous en ont livré
quelques échantillons choisis: destructions de statues de généraux sudistes,
interdiction d' «Autant en emporte le vent» à Memphis, contestation de
Christophe Colomb, critiques contre Kate Bigelow, réalisatrice du film Détroit
et incapable en tant que blanche de comprendre la souffrance noire (Libération
11 août), manifestations de footballeurs noirs américains refusant, un genou à
terre, de saluer le drapeau national.
Le
prétexte donné à ce dernier geste étant la violence policière blanche. Si nul
ne saurait contester l'existence de celle-ci et encore moins l'excuser
lorsqu'elle survient, le courage et l'honnêteté intellectuels commandent
d'indiquer qu'il arrive aussi de voir des blancs violentés volontairement par
des noirs.
Je
rappelle ici mon article dans lequel je m'étonnais que nul n'ait cru devoir
reprocher à Obama l'oubli du vocable «racisme» lorsque délibérément un homme
noir à Dallas a assassiné quatre policiers blancs innocents pour venger la mort
d'un noir. Ici sévit la guerre des races.
L'un
des effets pervers de l'obsession antiraciste unilatérale aura été de redonner
à de nombreux blancs américains (dont les plus pauvres sont les seuls qui ont
vu leur espérance de vie diminuer ces dernières années) une
conscience de race à nouveau exacerbée.
L'honnêteté
oblige également à constater tristement que l'élection d'un président noir aux
États-Unis, saluée, au-delà de ses réelles qualités intellectuelles intrinsèques,
avec un empressement extatique que j'ai toujours considéré comme racialiste,
n'aura en rien calmé la question raciale obsessionnelle. Tout au contraire.
Étrangement,
ce président qui avait commencé brillamment son magistère en ignorant superbement
sa différence, l'aura achevé huit ans plus tard en frayant avec les Black
Matters , groupe racialiste radical s'il en est.
D'un
excès l'autre: Ce n'est certainement pas le nouveau président américain qui
calmera cette situation névrotique. Donald Trump, rejeté outrageusement dès le
début par le pouvoir médiatique, a fait le choix stupide et affligeant de la
fuite en avant.
Dans
l'affaire «des genoux à terre», alors qu'il avait un beau sujet pour rassembler
une majorité bigarrée autour du drapeau étoilé, celui-ci a préféré traiter les
sportifs mutins de «fils de pute», donnant ainsi rétrospectivement raison à ses
caricaturistes les plus caricaturaux.
Dernier
exemple américain en date de l'illustration d'un excès médiatique consternant:
des graffitis sur la porte de la chambrée de soldats noirs ont permis au
discours antiraciste d'un officier blanc de grande éloquence de faire le tour
du monde.
Ce
discours était absolument nécessaire dans l'enceinte de la caserne, mais sa
publicité planétaire totalement disproportionnée avec l'incident.
Sauf
à permettre à tout raciste pervers de prendre le monde médiatique en otage
complaisant en écrivant sa haine sur la porte d'une mosquée, d'une église,
d'une synagogue , d'une chambrée ou de toilettes, l'exposition de la bêtise
humaine ne saurait tolérer une malsaine surexposition.
Si
le prêchi-prêcha antiraciste médiatisé présentait la moindre efficacité depuis
qu'il est imposé par la fausse morale préfabriquée, les lignes qui précèdent
n'auraient pas existé.
Et
si le prêchi-prêcha antiraciste médiatisé présentait la moindre efficacité
depuis qu'il est imposé par la fausse morale préfabriquée, les lignes qui
précèdent n'auraient pas existé.
La
France ne se trouve pas en meilleure situation. Les mauvais vents de
Charlottesville n'auront pas mis un mois à franchir l'océan.
Les
antiracistes de pacotille et les antinazis d'opérette n'ont pas non plus chômé:
le Cran qui veut culbuter Colbert et dégommer Dugommier jusqu'à Mélenchon qui
prétend que ce sont des antifas de rue qui ont chassé les nazis.
Cécile
Pina (Figarovox 29 /9) révélait que des islamistes radicaux avaient été
autorisés par l'université Lyon 2 à organiser une conférence à l'intérieur de
son enceinte. Le pire était d'apprendre que Jean-Louis Bianco, es qualité de président
de l'Observatoire de la laïcité, avait accepté d'envoyer un message aux
participants, donnant ainsi son onction à la manifestation. Pour illustrer
l'obscénité d'un tel encouragement, on précisera que le parti des Indigènes de
la république fera partie de la joyeuse équipe.
Je
rappelle ci-après, la contribution de la porte-parole de ce parti à la guerre
des races: «Mohamed Merah c'est moi. Le pire c'est que c'est vrai. Comme moi,
il est d'origine algérienne, comme moi il a grandi dans un quartier, comme moi
il est musulman. Comme moi, il sait qu'il sera traité d'antisémite s'il
soutient les palestiniens colonisés, d'intégriste s'il soutient le droit de
porter le foulard. Mohamed Merah c'est moi et moi je suis lui.… Nous sommes des
indigènes de la république. Je dis ce soir, je suis une musulmane
fondamentale.»
Et
encore ceci: «Il faut dénationaliser l'histoire de France. Je crois qu'il faut
faire exploser cette identité française. …» Houria Bouteldja citée par
Pierre-André Taguieff dans «L'islamisme et nous» (CNRS éditions 2017)
Une
sympathisante de ce parti Indigène, Danielle Obono, est également député
insoumise de la république. Invitée cette semaine sur BFM, elle répugnait, dans
le cadre des lois antiterroristes en gestation, à considérer comme un signe de
radicalisation, l'attitude d'un chauffeur de bus qui refuserait, comme cela
arrive, de conduire après une femme. Evidemment, madame Obono , qui n'a rien
contre le «Nique la France», aime à se dire féministe.
Joli
succès de l'antiracisme d'extrême-gauche: Le parti mélancholique est en passe
d'ajouter la guerre des races à la guerre des classes.
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l'antiracisme des Indigènes de la République, le racisme anti-blanc
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«nouvel» antisémitisme
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contaminé les esprits»
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ou la grande misère de l'antiracisme»
Tariq Ramadan mis en congé de l'université d'Oxford
(07.11.2017)
Par Le Figaro.fr avec AFP - Mis à
jour le 07/11/2017 à 16h21 | Publié le 07/11/2017 à 16h14
L'islamologue et théologien
suisse controversé Tariq Ramadan, visé par deux plaintes pour viol en France et
accusé d'abus sexuel sur des mineures en Suisse, est mis en congé de
l'université d'Oxford, où il enseigne, a annoncé aujourd'hui l'université.
"D'un commun accord et avec
effet immédiat, Tariq Ramadan, professeur d'études islamiques contemporaines a
pris un congé de l'université d'Oxford", indique l'université dans un
communiqué, soulignant que ce congé "n'implique aucune présomption ou
acceptation de culpabilité et permet au professeur Ramadan de répondre aux
accusations extrêmement graves portées contre lui".
Syrie: 10 morts dans des bombardements (07.11.2017)
Des bombardements du régime
syrien sur une enclave rebelle à l'est de Damas ont tué aujourd'hui sept
civils tandis qu'une réplique des rebelles a fait trois morts, a indiqué
l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Six civils, dont deux enfants,
ont été tués par un bombardement à Saqba, dans la Ghouta orientale, région
contrôlée par les rebelles mais assiégée par les forces gouvernementales, selon
l'OSDH.
Un autre enfant a été tué dans la
ville voisine de Douma, a déclaré Rami Abdel Rahmane, directeur de cet
Observatoire basé en Grande-Bretagne, ajoutant que 18 personnes avaient
également été blessées dans la zone assiégée.
Plus tard dans lla journée, un
bombardement rebelle sur le centre de Damas a fait trois morts, dont au moins
deux civils, et au moins 15 blessés, a-t-il affirmé. "Ce bombardement
était une réponse à l'attaque sur la Ghouta", a assuré Abdel Rahmane,
dont l'Observatoire dispose d'un vaste réseau de sources sur le terrain dans le
pays en guerre.
» LIRE AUSSI - En Syrie, la famine ronge la région de la
Ghouta
Une "zone de
désescalade" négociée par la Russie et l'Iran --alliés de Damas-- et la
Turquie --soutien des rebelles-- a été mise en place en juillet mais les
violences n'ont pas complètement cessé. Près de 400.000 personnes vivent dans
la Ghouta orientale, assiégée depuis 2013 par le régime de Bachar al-Assad et
où l'aide humanitaire parvient au compte-goutte.La guerre en Syrie, qui
implique aujourd'hui de multiples acteurs, a fait plus de 330.000 morts depuis
2011.
ONU : Multiplication des attaques contre les mosquées en
Afghanistan (07.11.2017)
Le nombre des attaques à motif
religieux a très fortement augmenté en Afghanistan ces deux dernières années,
la minorité chiite étant particulièrement visée, ont rapporté
aujourd'hui les Nations unies, quelques jours avant l'Arbaeen, une fête
majeure de cette communauté.
Quelques 51 incidents ont été
recensés depuis janvier 2016, qui ont fait 273 morts et 577 blessés, un bilan
près de deux fois supérieur à l'ensemble des victimes enregistrées les sept
années précédentes, a révélé la Mission d'assistance de l'Onu en Afghanistan
(Manua) dans un rapport.
Ces attaques prennent différentes
formes : attentats contre des mosquées ou des fidèles, assassinats ciblés,
kidnappings ou encore menaces contre des leaders religieux."La brutalité
immorale de ces attaques se reflète dans l'édifiant bilan humain", observe
la Manua.
La publication de ce rapport
intervient à quelques jours de l'Arbaeen, qui marque la fin d'une période de 40
jours de deuil après l'Achoura, une fête chiite commémorant, par de spectaculaires
actes d'auto-flagellation, le martyre d'un petit-fils de Mahommet au VIIe
siècle.
André Senik: «On a le droit d'imputer à Marx les crimes
commis en son nom» (07.11.2017)
FIGAROVOX/TRIBUNE - Les
germes du totalitarisme sont-ils présents dans le marxisme ? Pour
l'auteur, les prémisses des crimes communistes sont présentes dès le Manifeste,
qui expose notamment la dictature du prolétariat.
Voilà
cent ans jour pour jour, le coup d'État perpétré par Lénine et les
bolcheviks en Russie a été le point de départ du système
communiste mondial. Son bilan tragique est aujourd'hui établi. À l'occasion
de ce centenaire, historiens et philosophes spécialistes du communisme se
focalisent naturellement sur Lénine. Mais, pour la leçon à tirer de ce passé,
il serait désastreux de ne pas mettre en cause la théorie de Marx
dont Lénine s'est toujours réclamé et qu'il a fidèlement mise en
pratique.
Le communisme de Marx
annonçait-il un monde de justice et de fraternité universelle dans la liberté?
Ou bien l'enfer du communisme appliqué était-il programmé dans la pensée de
Marx, dans sa fin comme dans ses moyens? Lisons le Manifeste du parti
communiste(1848), qui a tenu lieu de texte sacré à tous les
communistes, qu'ils fussent ou non léninistes.
LeManifestese prétend
détenteur du savoir absolu sur l'Histoire. Pour Marx, les conceptions
théoriques des communistes ne sont pas des idées élaborées par l'esprit, mais
constituent la réalité même. En raison de ce savoir absolu qu'est la
théorie de Marx exposée dans le Manifeste, les communistes
ont une supériorité théorique et pratique sur le reste du prolétariat.
Cette supériorité fait de leur parti le guide et le chef
du prolétariat. «Sur le plan de la pratique,les communistes sont donc
la fraction la plus résolue des partis ouvriers de tous les pays, la
fraction qui stimule toutes les autres ; sur le plan de la théorie,
ils ont sur le reste du prolétariat l'avantage d'une intelligence claire
des conditions, de la marche et des fins générales du mouvement
prolétarien.»
Le Manifeste annonce que le
prolétariat est chargé par l'Histoire d'exercer sa domination exclusive
et totale sur la société
LeManifeste annonce
que le prolétariat est chargé par l'Histoire d'exercer sa domination exclusive
et totale sur la société. Marx a toujours affirmé que «la dictature du
prolétariat» était le seul impératif catégorique de la révolution. Tel est le
principe central de sa pensée politique. Certes, pour Marx, cette dictature n'a
pas vocation à rester un état permanent. Elle est censée constituer
une «transition vers l'abolition de toutes les classes et vers une société
sans classes.» (Lettre du 5 mars 1852 à Weydemeyer). Il reste
que la dictature du Parti communiste s'autoproclamant parti du prolétariat
est l'idée de Marx avant d'être reprise et réalisée par Lénine.
Le mot dictature signifie que la
domination du prolétariat sur la société sera absolue: elle ne sera limitée par
aucune loi, par aucune division du pouvoir et par aucun contre-pouvoir.
Le Manifesteannonce que le parti État du prolétariat exercera
la totalité d'un pouvoir sans limite en menant une lutte à mort
contre ses ennemis. Au reste, dès son essai de 1844,Sur la question
juive, Marx fait l'éloge de la Terreur robespierriste. Et, pour le Marx
du Manifeste, dans la lutte des classes, la violence illimitée
contre les ennemis de classe s'impose. «Les communistes ne s'abaissent pas
à dissimuler leurs opinions et leurs projets. Ils proclament ouvertement que
leurs buts ne peuvent être atteints que par le renversement violent
de tout l'ordre social passé. Que les classes dirigeantes tremblent à
l'idée d'une révolution communiste!»
Le Manifesteannonce
en toutes lettres que les communistes aboliront les droits de l'homme, qui sont
bourgeois ; la propriété individuelle, qui est bourgeoise ;
l'individu, qui est bourgeois en tant que personne privée ; la liberté,
qui est celle du commerce ; le droit, la morale, et toutes les
institutions, valeurs et idées héritées du passé. Cette table rase de la
culture annoncée par Marx laissera le champ libre, à
partir d'octobre 1917 en Russie, à la violence illimitée de l'État face à
des individus sans droits. «Mais inutile de nous chercher querelle,
si c'est pour appliquer à l'abolition de la propriété bourgeoise
l'étalon de vos notions bourgeoises de liberté, de culture, de
droit, etc.», lit-on dans le Manifeste. «Vos idées résultent elles-mêmes
du régime bourgeois de production et de propriété, comme votre droit
n'est que la volonté de votre classe érigée en loi, volonté dont le
contenu est déterminé par les conditions matérielles d'existence de votre
classe.»
Si on ne trouve, dans
leManifeste, l'annonce détaillée d'aucun des crimes commis en son nom, en
revanche, on rencontre, au cœur de ce texte, les prémisses de ces
crimes et leur justification
La conclusion que Marx tire de
cette analyse justifie que la
révolution fasse table rase du passé, et elle ouvre ainsi la voie à toutes
les révolutions culturelles prolétariennes : «La révolution communiste
est la rupture la plus radicale avec le régime traditionnel de propriété ;
rien d'étonnant si, dans le cours de son développement, elle rompt de la façon
la plus radicale avec les idées traditionnelles.»
Freud, pour sa part, avait
parfaitement compris cette coresponsabilité entre le théoricien et le
praticien du marxisme. Dès 1932, dans sa conférence «Sur une conception du
monde» (Über eine Weltanschauung), le fondateur de la psychanalyse fait
remonter la pratique du bolchevisme de Lénine à la théorie de Marx, et dresse
contre eux un seul et même procès.
Si on ne trouve, dans le Manifeste,
l'annonce détaillée d'aucun des crimes commis en son nom, en revanche,
on rencontre, au cœur de ce texte, les prémisses de ces crimes et
leur justification. Il est donc légitime de faire remonter jusqu'à Marx la
terreur déclenchée par Lénine contre ceux que le Parti désignait comme des
ennemis du prolétariat et qu'on fusilla ou qu'on déporta en masses dans
des camps de concentration. Ces assassinats furent directement et fidèlement
inspirés de la pensée révolutionnaire de Marx. Oui, on est en droit
d'imputer à Marx les crimes commis en son nom.
*André Senik, agrégé de
philosophie, a publié «Le Manifeste du parti communiste aux yeux de
l'histoire» aux éditions Pierre-Guillaume de Roux en 2015.
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d'Octobre: un anniversaire pas vraiment révolutionnaire
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était une fois la Révolution d'Octobre
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y a 100 ans, Lénine inventait le totalitarisme
Les racines du communisme en France (07.11.2017)
ANALYSE - Le communisme trouva en
France un terreau favorable et la marqua d'une empreinte sans équivalent
dans les pays scandinaves et anglo-saxons.
«Comme le peuple des paysans
français pendant la Terreur, le peuple russe est attaché au régime qu'il subit,
parce qu'il a gardé l'horreur du régime
que le bolchévisme a renversé, et il considère comme ses
ennemis ceux qui prétendent le délivrer.» Cette appréciation stupéfiante
sur l'URSS de Staline n'émane pas d'un communiste français, mais d'un
socialiste, Léon Blum, dans À l'échelle humaine, rédigé en captivité et publié
en 1945. Le propos de l'ancien président du Conseil du
Front populaire dit assez la puissance d'intimidation du communisme
en France, même en faisant la part, à l'époque, du prestige justifié
du soldat soviétique face à l'Allemagne nazie.
Le communisme trouva en France
un terreau favorable et la marqua d'une empreinte sans équivalent dans les
pays scandinaves et anglo-saxons. Ce trait national s'explique par plusieurs
causes.
Comme la plupart des démocraties
libérales où un parti communiste puissant s'enracina, la France est un pays de
culture catholique.
Comme la plupart des démocraties
libérales où un parti communiste puissant s'enracina, la France est un pays de
culture catholique. Le catholicisme en lui-même a été, bien sûr,
une puissante force d'opposition au PCF. Mais, paradoxalement, une
certaine sensibilité collective héritée du catholicisme - méfiance et mauvaise
conscience envers l'argent et la réussite sociale, aversion pour la bourgeoisie
qu'éprouvent jusqu'à certains de ses fils, primat du groupe sur l'individu,
préférence pour l'égalité plutôt que la liberté, acceptation du principe
hiérarchique, une certaine réserve envers le libre-arbitre - a aussi influencé
des pans de la société qui avaient rompu avec la religion. Et cette sensibilité
collective a pu contribuer à légitimer le PCF à partir de sa fondation en
1920, en dépit de l'athéisme militant de ce parti.
Le legs de la Révolution
française joua son rôle. La décennie révolutionnaire (1789-1799) fut marquée
par le refus de tout compromis avec le passé national, considéré alors comme
une entière corruption. Ce goût de la radicalité assurait à ses partisans le
prestige de la position la plus révolutionnaire et assimilait
les modérés à des traîtres. Pendant la Terreur, le club des Jacobins était «une
fabrique d'orthodoxie» qui forgeait «un unanimisme imposé d'en haut et répété
par les sociétés affiliées», suivant la formule de Mona Ozouf. Ce legs ne
signifie pas que les Jacobins de 1793 étaient nécessairement des
proto-communistes (Robespierre était un bourgeois respectueux de la propriété
privée et déiste), mais cette culture politique (justification de la Terreur
par les circonstances, conception de la vie publique comme une
lutte à mort) offrait bien des caractères susceptibles d'enraciner plus
tard le communisme français du XXe siècle dans des souvenirs et un
imaginaire plus anciens que lui et qui le légitimaient.
Victoire du Front
populaire en 1936
Dans le domaine des élections,
le discours soutenant que tous les républicains doivent s'unir au second
tour pour barrer la route à un ennemi accusé de vouloir renverser le régime -
thèse qui s'exprime dès les années 1870 - a aussi bénéficié au PCF à
partir de 1935. En 1934, le Parti communiste, à l'époque inféodé à
Staline, et la SFIO, jusqu'alors ennemis jurés, manifestent pour la première
fois ensemble au nom de l'antifascisme. Dès les municipales de 1935, la
«discipline républicaine» ne s'applique plus seulement entre radicaux et
socialistes, mais aussi entre ces derniers et les communistes. Le PCF,
jusqu'alors un parti subversif hostile à la gauche de gouvernement,
obtient le label «républicain», qu'on lui déniait auparavant et que
lui-même refusait. Cette dynamique aboutit à la victoire du Front
populaire en 1936 et à l'essor du PCF, qui obtient alors 15 % des
voix.
De l'après-guerre à la fin des
années 1970, le parti, ses satellites et ses compagnons de route ont constitué
une véritable contre-société. Aux législatives de 1978, le PCF atteignait
encore 20 % au premier tour. Près d'un quart de siècle plus tard, à la
présidentielle de 2002, Marie-George Buffet a recueilli 1,9 %
des suffrages. Depuis, le PCF n'ose plus présenter de candidat à l'Élysée
et soutient alors, bon gré mal gré, Jean-Luc Mélenchon. Le chaînon manquant
entre le PCF et le Front de gauche fut Pierre Juquin. Après avoir vanté en 1973
«la liberté d'expression qui règne en URSS», Juquin quitta la direction du PCF
en 1985 et se présenta à l'Élysée en 1988 avec un programme qui privilégiait
les questions de société sur la question sociale. Il fut le premier candidat à
la présidentielle qui réclama une loi sur la parité en politique.
Le succès de Mélenchon
illustre la plasticité de l'imaginaire qui sous-tendait auparavant le PCF
et sa capacité à ratisser large par rejet du capitalisme.
On ne saurait pas déduire de
l'effondrement du PCF que les racines du communisme en France qu'on a
évoquées sont mortes. Le succès de Mélenchon illustre au contraire
la plasticité de l'imaginaire qui sous-tendait auparavant le PCF et sa
capacité à ratisser large par rejet du capitalisme. Délivré de toute
obligation de solidarité envers le bilan désastreux des régimes communistes
d'antan, cet imaginaire bénéficie dans notre pays d'une inépuisable mansuétude.
Son destin est inextricablement lié à celui de l'exception française.
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1917: Lénine invente le premier régime totalitaire de l'histoire
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Courtois: «C'est bien Lénine qui a inventé le totalitarisme»
7 novembre 1917 : Lénine invente le premier régime
totalitaire de l'histoire (07.11.2017)
TRIBUNE - Pour l'historien
Stéphane Courtois, Lénine, par sa théorisation du parti bolchevique
unique, peut être considéré comme le fondateur du totalitarisme.
Dans la nuit du 6 novembre
1917, quelques milliers d'hommes en armes s'emparaient de lieux stratégiques à
Saint-Pétersbourg et, le 7 au matin, un certain Lénine annonçait avoir renversé
le gouvernement en place et instauré un Conseil des commissaires du peuple
formé des seuls bolcheviks. Ainsi s'établit le pouvoir d'un parti unique qui
s'autodéfinit comme la «dictature du prolétariat» et qui, dès le
20 décembre, créa la Tchéka, un organe chargé de le défendre par
tous les moyens de violence, depuis le fichage de la population et la
délation généralisée jusqu'à la terreur de masse utilisée comme moyen de
gouvernement.
» LIRE NOTRE DOSSIER - Le train de la révolution
russe
Cet événement stupéfiant ne
manqua pas de donner rapidement des idées à d'autres aventuriers
politiques dans une Europe bouleversée par la Première Guerre mondiale ;
c'est ainsi que Mussolini le premier en 1922 et avec succès, puis Hitler en
1923 - d'abord sans succès - s'inspirèrent des méthodes bolcheviques pour imposer
un pouvoir révolutionnaire qui, comme celui de Lénine, prétendait refaçonner
toute la société selon une idéologie spécifique, voire créer «l'homme nouveau».
Mise à mort de la démocratie
Adepte d'une doctrine marxiste
radicale qui exigeait la suppression de la propriété privée, Lénine alla
plus loin. Le 18 janvier 1918, devant l'Assemblée constituante qui venait
d'être élue au suffrage universel des hommes et des femmes, il
réclama le vote d'une «Déclaration des droits du peuple travailleur»
- singerie de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de
1789 - où il revendiquait pour le Parti bolchevique, devenu le maître de
l'État, le monopole de tous les moyens de production et de distribution
des biens matériels. C'était s'arroger un droit de vie et de mort sur
l'ensemble de la population. L'Assemblée, où les bolcheviks étaient
très minoritaires, refusa ce diktat et Lénine réagit en la dispersant par la
force.
En 1917, Lénine estimait
qu'une révolution sans guerre civile ne lui permettrait pas d'atteindre
son objectif : instaurer une société communiste en écrasant si nécessaire
et sans pitié la bourgeoisie
Cette mise à mort de la
démocratie russe accéléra le déclenchement d'une guerre civile à laquelle
Lénine ne cessait de penser depuis qu'en 1905 le régime tsariste avait été
ébranlé par une suite de révoltes ouvrières et paysannes
et de mutineries - dont celle du cuirassé Potemkine rendue célèbre
par le film éponyme de Sergueï Eisenstein. Au point qu'en 1917, il
estimait qu'une révolution sans guerre civile ne lui permettrait pas
d'atteindre son objectif: instaurer une société communiste en écrasant si
nécessaire et sans pitié «la bourgeoisie», c'est-à-dire toute dissidence
et toute résistance.
» LIRE AUSSI - Il était une fois la
Révolution d'Octobre
Ainsi, de novembre 1917 à la
fin 1922 - quand frappé par plusieurs AVC il ne fut plus en état de diriger
-, Lénine s'employa à instaurer un communisme totalitaire reposant sur quatre
piliers: le monopole politique du parti unique devenu parti-État, à
l'exclusion de toute autre force politique ; l'idéologie unique basée sur
un marxisme réduit à son expression la plus radicale - la lutte sans merci du
«prolétariat» (le parti unique) contre la «bourgeoisie» (tous les autres) -,
qui devait commander tous les domaines de la pensée et de la création, jusqu'à
l'instauration du Glavlit (la censure préalable dans tous
les domaines) et l'imposition d'un «réalisme socialiste»
hideux ; le monopole économique et social du parti-État
détenteur de toutes les richesses et de tous les emplois, et donc des salaires.
S'y ajoutait la terreur de masse
comme moyen de gouvernement, sans laquelle ce type de régime n'aurait pas tenu
longtemps, comme l'a montré en 1989-1991 son effondrement soudain lorsque
Gorbatchev décida d'y renoncer ; cette terreur, initiée et légitimée par
Lénine, fut longuement décrite par Nicolas Werth dans son chapitre du Livre
noir du communismede 1997, consacré à la période léniniste du pouvoir
entre 1917 et 1922.
Une radicalisation
révolutionnaire
Si la radicalisation initiale du
jeune Vladimir Ilitch Oulianov dans les années 1880 trouva sa première source
auprès de révolutionnaires russes, antidémocrates et partisans
de la violence, comme Nikolas Tchernychevski ou Serge Netchaïev
- qui inspira à Dostoïevski son célèbre roman Les Possédés -,
elle s'accéléra fortement sous l'influence des idées de Marx qui commençaient
à pénétrer en Russie. Au point que dès 1902, Lénine revendiquait haut et fort
la «dictature du prolétariat» et qu'en 1905, il adopta la critique que Marx
adressait en 1871 aux Communards pour n'avoir pas porté la guerre civile
contre le gouvernement de Thiers.
Cependant, un trait distingue
radicalement Lénine de Marx. Autant ce dernier était un idéologue en
chambre qui après 1849 abandonna l'action politique active, autant Lénine était
depuis 1900 un idéologue d'action, qui s'imaginait une mission révolutionnaire
russe puis mondiale, et qui était bien décidé à passer à l'acte. À cet effet,
il imagina en 1902, dans son ouvrage Que faire?, l'outil indispensable,
le parti de révolutionnaires professionnels qui allait se révéler la condition
sine qua non de son succès. Ce type de parti était l'exact contraire des autres
partis apparus avec la formidable montée en puissance de la démocratie
parlementaire dans toute l'Europe dans le dernier quart du
XIXe siècle ; ceux-ci portaient les intérêts de fractions de la
population: partis ouvriers, paysans, catholiques, bourgeois,
régionaux, etc. À l'inverse, le parti bolchevique fut constitué sur
un mode totalitaire, formé d'affidés choisis par leur leader charismatique et
dévoués en tout à sa personne.
Ce parti ne combattait
que pour ses propres intérêts, contre le reste de la société. C'est ce qui
fonde le totalitarisme dans sa volonté de domination totale du pouvoir, de
la société et même de l'individu
C'est ainsi que, dès 1906, Lénine
sélectionna les hommes d'action qui avaient émergé des événements de 1905 et
dont il savait avoir besoin pour s'emparer du pouvoir par la force,
à commencer par Staline qui fut l'un de ses plus proches lieutenants
et qu'il nomma secrétaire général du parti en 1922.
Ce parti ne combattait que pour ses propres intérêts, contre le reste de
la société. C'est ce qui fonde le totalitarisme dans sa volonté
de domination totale du pouvoir, de la société et même de l'individu. Marx
aurait-il approuvé un tel dispositif devenu système? Mystère. Mais il est clair
que le maître idéologique fut largement dépassé par son élève activiste.
Qu'après Robespierre et son
Comité de salut public adeptes de «la Vertu et la Terreur», les idées de
Marx aient joué un rôle capital dans la radicalisation de Lénine,
c'est incontestable. Il n'en reste pas moins que le leader bolchevique est
celui qui a conçu et mis concrètement en œuvre le premier régime totalitaire de
l'histoire, qui a marqué tout le XXe siècle avec son cortège
de tragédies, et qui laisse encore de profondes traces au
XXIe siècle.
*Stéphane Courtois est
directeur de recherche honoraire au CNRS, enseigne à l'ICES et dirige
la revue universitaire «Communisme». Il vient de publier
«Lénine, l'invention du totalitarisme» (Perrin) et sous sa direction
«Communisme: 1917, la révolution bolchevique» (Vendémiaire).
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Intégration : Collomb se penche sur l'exemple allemand
(07.11.2017)
Le ministre français de
l'Intérieur était mardi à Berlin pour inaugurer avec son homologue allemand,
Thomas de Maizière, la première séance du Conseil franco-allemand sur
l'intégration.
Correspondant à Berlin
Gérard Collomb est venu pour
apprendre. Le ministre de l'Intérieur était mardi à Berlin pour inaugurer avec son
homologue Thomas de Maizière la première séance du Conseil franco-allemand sur
l'intégration. Composé de personnalités diverses, ce conseil doit permettre aux
deux pays d'échanger «leurs expériences» en matière de politique d'intégration,
que ce soit pour les nouveaux arrivants ou les personnes d'origine étrangère
vivant déjà dans le pays. «L'Allemagne a un temps d'avance», a commenté Gérard
Collomb en rappelant implicitement que le pays avait accueilli environ un
million de réfugiés entre 2015 et 2016. L'an passé, la
France n'a enregistré qu'environ 85.000 demandes d'asile.
Rapidité d'enregistrement
De l'exemple allemand, Gérard
Collomb veut notamment retenir la rapidité d'enregistrement ou la délivrance de
cours de langues. Le conseil s'est d'ailleurs penché sur cette dimension. «Le
taux d'échec est assez élevé», a regretté Thomas de Maizière. L'accès à l'emploi,
la culture ou la religion sont aussi à prendre en compte dans l'intégration,
a-t-il souligné.
De ces discussions, le député
LREM Aurélien Taché veut faire son miel. Présent mardi à Berlin, le jeune élu a
été chargé d'une mission sur les politiques d'intégration. Son rapport, prévu
pour le début de l'année prochaine, accompagnera la
loi sur l'asile prévue pour la fin 2017. Le
Contrat d'intégration républicaine créé en 2016 s'est révélé «assez
insuffisant», regrette Aurélien Taché. Pour lui, les 100 à 200 heures de
Français accordées aux nouveaux arrivants ne
leur permettent pas de maîtriser la langue. En Allemagne, les personnes
d'origine étrangère ont droit à 600 heures de cours d'intégration.
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reconduits»
L'Arabie saoudite accuse l'Iran d'«agression militaire directe»
(07.11.2017)
Le prince héritier Mohammed ben
Salmane a estimé mardi que le tir d'un missile samedi sur l'aéroport de Riyad
en provenance du Yémen voisin «pourrait être considéré comme un acte de guerre
contre le royaume». Les tensions croissantes entre les deux puissances rivales
au Moyen-Orient inquiètent les experts.
Le
prince héritier d'Arabie saoudite, déjà occupé sur de nombreux fronts
dont une
purge anticorruption inédite, s'est brusquement immiscé mardi dans la
guerre des mots avec l'Iran, qu'il a accusé «d'agression directe» dans le cadre
du conflit au Yémen.
«L'implication de l'Iran dans la fourniture de missiles aux (rebelles
yéménites) Houthis est une agression militaire directe par le régime iranien et
pourrait être considéré comme un acte de guerre contre le royaume», a déclaré
Mohammed ben Salmane (MBS), cité par l'agence officielle saoudienne SPA.
Lundi, déjà, l'Arabie saoudite sunnite
et l'Iran chiite - les deux grands rivaux du Moyen-Orient - avaient
échangé de violentes accusations à propos du Yémen, pays en guerre où ils
soutiennent des camps opposés. La tension est montée d'un cran après
l'interception, samedi soir, au-dessus de la capitale saoudienne, d'un missile
balistique tiré par les rebelles chiites houthis soutenus par l'Iran. Des
débris de l'engin sont tombés dans le périmètre de l'aéroport international de
Riyad, une première, soulignant les risques pour le trafic aérien civil.
«Il faut ramener le calme»
L'Arabie saoudite a directement
accusé l'Iran d'avoir fourni ce type de missiles aux rebelles. Téhéran,
qui nie toute aide militaire aux Houthis, a démenti, accusant à son tour
Riyad de «crimes de guerre» au Yémen. Depuis mars 2015, Riyad est à la tête
d'une coalition de pays sunnites qui aident les forces gouvernementales
yéménites dans leur guerre contre les Houthis et leurs alliés, maîtres de la
capitale Sanaa depuis septembre 2014. MBS, qui est également ministre de la
Défense, est à l'origine de l'intervention militaire de son pays au Yémen. Le
conflit a déjà fait plus de 8.650 morts et quelque 58.600 blessés, dont de
nombreux civils.
La polémique autour du tir de
missile risque d'exacerber les tensions et de donner lieu à une escalade
régionale, ont prévenu des experts. Lundi, la coalition menée par l'Arabie
saoudite a souligné qu'elle se réservait le droit de riposter «de manière
appropriée et au moment opportun». Les tensions actuelles «peuvent avoir des
répercussions extrêmement dangereuses», a prévenu mardi lors d'une conférence
de presse à Washington la cheffe de la diplomatie de l'Union européenne,
Federica Mogherini , qui était interrogée sur les tensions entre l'Arabie
saoudite et l'Iran. «Il faut ramener le calme», a-t-elle insisté.
L'organisation Human Rights Watch (HRW), souvent critique à l'égard de
l'intervention saoudienne au Yémen, n'en a pas moins considéré mardi le tir de
missile sur Ryad comme un «crime de guerre apparent» des rebelles.
Sept millions de personnes au
bord de la famine
En représailles, la coalition
menée par l'Arabie Saoudite, qui impose déjà un embargo aérien à l'aéroport de
Sanaa et inspecte les cargaisons maritimes destinées au pays, a
décidé d'infliger un blocus total au Yémen pour empêcher d'éventuelles
livraisons d'armes aux rebelles. Le renforcement du blocus a été dénoncé
mardi par les Nations unies, qui se sont alarmées de l'impossibilité
d'acheminer de l'aide au Yémen. «Les opérations humanitaires sont bloquées à la
suite de la fermeture ordonnée par la coalition dirigée par l'Arabie saoudite»,
a déploré le porte-parole du Bureau des Affaires humanitaires de l'ONU à
Genève, Jens Laerke. Rupert Colville, porte-parole du Haut-Commissariat aux
droits de l'Homme, a précisé que l'organisation allait étudier si le blocus
constitue une «punition collective», interdite par les lois internationales, au
moment où le pays connaît «la
pire crise humanitaire au monde», selon l'ONU, avec 900.000 personnes
victimes d'une
épidémie de choléra et sept millions de personnes au bord de la
famine.
Les rebelles chiites houthis ont
jeté de l'huile sur le feu, mardi, en menaçant de riposter au durcissement du
blocus contre le Yémen par des tirs de missiles contre les «ports, les
aéroports, les postes frontaliers et les installations vitales» en Arabie
saoudite et aux Émirats arabes. «Nous ne resterons pas les bras croisés et
étudierons des options plus importantes et plus radicales pour empêcher le
renforcement du blocus contre le peuple yéménite et (les mesures) visant à
l'affamer et à l'humilier», ont souligné les rebelles. Ils affirment n'avoir
reçu aucun missile iranien et disent avoir développé ces engins par leur
propres moyens.
Purge sans précédent
La tension entre Ryad et Téhéran
coïncide avec une
purge sans précédentmenée en Arabie saoudite contre des princes, des
ministres, d'anciens responsables et des hommes d'affaires accusés de
corruption. Elle a été lancée par une commission de lutte contre la corruption
dirigée par le prince héritier, MBS, 32 ans, et vise notamment à renforcer son
pouvoir au moment où il est engagé dans un vaste programme de réformes
économiques et sociétales, et poursuit sa marche vers le trône.
Le président américain Donald
Trump avait apporté lundi un soutien appuyé à l'action du roi Salmane et de son
fils, MBS. «J'ai entière confiance dans le roi Salmane et le prince héritier
d'Arabie saoudite, ils savent exactement ce qu'ils font», a-t-il écrit sur
Twitter. «Certains de ceux qu'ils traitent durement ‘saignent' leur pays depuis
des années!», a-t-il ajouté.
L'ambassadrice américaine à
l'ONU, Nikki Haley, a abondé dans le sens de l'allié saoudien en accusant
l'Iran de fournir des missiles aux Houthis en violation des résolutions de
l'ONU. Selon elle, un missile tiré par les rebelles en territoire saoudien en
juillet avait été fourni par l'Iran et celui utilisé samedi sur Riyad «était
peut-être également d'origine iranienne». Dans un communiqué, Nikki Haley a
«encouragé» les Nations unies «à prendre les mesures nécessaires pour tenir le
régime iranien responsable de ces violations». «Les États-Unis sont engagés à
tout faire pour s'opposer aux actions déstabilisatrices de l'Iran et ne
fermeront pas les yeux face aux violations graves du droit international par le
régime iranien», a-t-elle insisté.
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L'argent azéri corrompt l'Allemagne et l'UE (07.11.2017)
Deux députés de la CDU sont accusés
d'avoir touché des pots-de-vin de l'Azerbaïdjan, une dictature qui tente, grâce
à l'argent du pétrole, de corriger son image en « arrosant » élus et
décideurs en Europe.
À Berlin
Karin Strenz se fait porter pâle.
Son site Internet la présente comme malade, ce qui ne l'empêche pas dans un
long post de se défendre de toute activité frauduleuse. La députée
démocrate-chrétienne (CDU) de Schwerin (nord-est) est au cœur de la tourmente
consécutive à la confirmation des liens troubles entre l'Azerbaïdjan et certains
responsables politiques européens. Depuis début septembre, date des révélations
issues d'une enquête d'une dizaine de journaux avec l'aide de l'Organized Crime
and Corruption Reporting Project (OCCRP), elle est ouvertement accusée par des
responsables de l'opposition d'être «corrompue» et de «rouler pour un
dictateur».
«Une faille juridique permet
au parti fédéral de ne pas être poursuivi pour les agissements d'une section
locale»
Martin Reyher de l'association
Abgeordnetenwatch qui traque les abus des députés
Karin Strenz siège également au
Parlement européen, où ses prises de positions ont été jugées suspectes. À
Strasbourg, elle est la seule députée allemande à avoir voté contre une
résolution en faveur de la libération des prisonniers politiques azéris. En
compagnie de son collègue Axel Fischer (CDU), ils ont eu l'audace de saluer une
«élection transparente et libre» en 2013 dans ce pays. Pourtant, les résultats
avaient été brièvement rendus publics la veille du scrutin, probablement en
raison d'une panne technique.
Les liens financiers de Karin
Strenz avec ce pays d'Asie centrale, comme conseillère d'une société de
lobbying azérie, sont désormais de notoriété publique. Tout comme la manière
dont l'Azerbaïdjan, dont la corruption active et les violations répétées des
Droits de l'homme sont régulièrement dénoncées, tente de polir son image par
des prébendes. Dans la république caucasienne dirigée d'une main de fer par le
clan Aliyev, 160 opposants et journalistes sont incarcérés, quand ils ne disparaissent
pas brutalement. Grand comme le Portugal, l'Azerbaïdjan développe sa stratégie
d'infiltration des institutions européennes, grâce à l'argent du pétrole et du
gaz dont regorgent ses sols. D'ici
2020, le gazoduc TAP-TANAP devrait alimenter le sud de l'Europe depuis
les gisements de la mer Caspienne. Une décision actée par Günther Oettinger,
figure connue de la CDU, à l'époque où il était commissaire européen à
l'Énergie.
Sponsoring de l'Euro 2016
La mise à jour des liens entre ce
pays et ses députés fait mauvais genre au sein de la démocratie-chrétienne
allemande. À tel point que son parti aurait, selon Der Spiegel, retiré
sa délégation à Karin Strenz pour le représenter au Conseil de l'Europe.
D'après un autre média, la CDU lui aurait plutôt demandé de ne pas se
représenter. La députée n'est pas la seule à ne pas répondre aux questions des
journalistes. La section locale de Francfort se trouve également aux abonnés
absents. Personne pour justifier les 28.000 euros atterris dans ses
caisses, selon les révélations de la Süddeutsche Zeitung. Un virement réalisé
par la SOCAR (compagnie pétrolière d'État de la République d'Azerbaïdjan) dont
une des deux filiales européennes se situe précisément à Francfort. Un
versement illicite selon l'enquête menée par le parlement allemand mais sans
conséquence. «Une faille juridique permet au parti fédéral de ne pas être
poursuivi pour les agissements d'une section locale», explique Martin Reyher de
l'association Abgeordnetenwatch qui traque les abus des députés. Selon lui,
«cela crée un précédent», pour ne pas dire l'ouverture d'une brèche.
«Partout où il y a une affaire
crasseuse en Europe, vous pouvez être sûr que l'Azerbaïdjan n'est pas loin !»
Frank Engel, député européen
Ces deux affaires, qui entachent
l'image de probité du parti incarné par Angela Merkel, ne sont d'ailleurs que
la partie émergée de l'iceberg. Dans une réponse à Abgeordnetenwatch, le
dirigeant de SOCAR Allemagne se targue de ses activités de «mécénat», «par
souci de responsabilité sociale», via le financement d'organisations
«étudiantes, culturelles ou sportives». L'argent
azéri se déverse, à hauteur de 94 millions d'euros annuels, sur l'Europe
entière. Pour inviter des députés à assister au Grand Prix de formule 1 de
Bakou, ou pour orner l'ancien maillot de l'Atlético Madrid. C'est encore la
SOCAR qui a sponsorisé l'organisation, sous l'égide de l'UEFA, du championnat
d'Europe de Football en France.
À l'Assemblée nationale
française, la question de la création d'une commission d'enquête sur l'argent
en provenance de la république caucasienne est toujours en suspens. Pourtant,
cet argent sent le soufre. Sous couvert de «soft power», la «diplomatie du
caviar» compromet et achète. «Partout où il y a une affaire crasseuse en
Europe, vous pouvez être sûr que l'Azerbaïdjan n'est pas loin!», affirme au
Spiegel un autre député européen, Frank Engel, qui pointe du doigt le récent
assassinat d'une journaliste d'investigation maltaise. Daphne Galizia venait
d'exhumer un pot-de-vin présumé perçu par l'épouse du premier ministre maltais,
précisément en provenance d'Azerbaïdjan.
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À Saint-Martin, une reconstruction placée sous haute
surveillance (07.11.2017)
Mis à jour le 07/11/2017 à 20h14 | Publié le 07/11/2017 à 20h06
L'État, qui a consenti des aides
financières pour relever l'île après l'ouragan Irma, n'entend pas faire un
chèque en blanc. Par un protocole, il attend en retour des engagements et la
fin de certaines dérives.
Deux
mois après le passage dévastateur de l'ouragan Irma, l'heure est désormais
à la reconstruction de Saint-Martin. Les élus insulaires doivent désormais
prendre des engagements auprès de l'État qui, consentant des aides, attend en
échange que l'île mette un terme à certaines dérives. Ces engagements vont se
faire en deux temps.
Lors
de la visite de trois jours, jusqu'à lundi, du premier ministre, Édouard
Philippe, dans les Antilles, le président de la collectivité, Daniel Gibbs,
a déjà signé un premier accord. Il s'agit d'un protocole dans lequel l'État
apporte son soutien financier au budget de fonctionnement de la collectivité,
en échange d'efforts consentis par cette dernière pour améliorer sa gestion.
Ainsi au lieu d'un simple chèque
en blanc, le gouvernement et l'homme fort de Saint-Martin sont convenus d'une
étroite collaboration entre tous les services pour redresser la situation. Il
s'agit tout d'abord de faire face à l'urgence, en débloquant des fonds
exceptionnels en faveur de la collectivité pour compenser l'absence prolongée
de recettes fiscales dans une économie exsangue. Mais il s'agit aussi d'aller
plus loin et d'aider Saint-Martin à tourner la page d'années marquées par un
certain laisser-aller. À l'avenir, la collectivité va devoir se donner les
moyens d'avoir les capacités financières suffisantes pour fonctionner.
Une date-butoir déjà fixée
Ainsi, dans ce protocole
que Le Figaro a consulté, il est indiqué qu'elle devra
notamment améliorer la collecte de ses recettes fiscales. Il est également
écrit que la collectivité «s'engage à communiquer à l'État l'ensemble de ses
documents budgétaires et à l'informer régulièrement de l'avancement des
résultats de sa démarche de performance».
La collectivité «s'engage à
communiquer à l'État l'ensemble de ses documents budgétaires et à l'informer
régulièrement de l'avancement des résultats de sa démarche de performance»
Chaque mois, des réunions vont se
tenir entre tous les acteurs concernés: le délégué interministériel chargé de
la reconstruction de Saint-Martin, mais aussi le préfet délégué, Daniel Gibbs
et l'administrateur des finances publiques de Saint-Martin.
À la fin de cette semaine, un
autre volet va être abordé. Les propositions du délégué interministériel pour
rebâtir l'île dans la durée vont être dévoilées. Rassemblées dans un rapport,
elles vont être soumises aux équipes de Daniel Gibbs. En échange d'une adhésion
à ces préconisations, celles-ci pourraient se voir attribuer d'autres fonds,
destinés, cette fois, au redémarrage de Saint-Martin. Une date butoir à ces
discussions est déjà fixée. Celles-ci doivent aboutir à un deuxième accord
avant le 22 décembre prochain.
En parallèle, l'État va déposer
un dossier auprès de la Commission européenne, avant le 29 novembre
prochain, pour obtenir des fonds auprès de cette dernière.
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Philippe Gustin : «La collectivité territoriale de
Saint-Martin doit faire des efforts considérables» (07.11.2017)
INTERVIEW - Le délégué
interministériel à la reconstruction de Saint-Martin et de Saint-Barthélemy
estime que la collectivité saint-martinoise doit assainir sa situation.
LE FIGARO. - Que vise ce
protocole dans lequel l'État apporte son soutien financier au budget de la
collectivité, en échange d'efforts consentis par cette dernière?
Philippe GUSTIN. - Il
n'a pas vocation à mettre sous tutelle la collectivité, mais à lui donner les
moyens de fonctionner en lui accordant une aide financière exceptionnelle. En
contrepartie, cette même collectivité s'engage à améliorer sa gestion et sa
fiscalité. La
reconstruction de Saint-Martin n'est pas qu'une remise en état de
pierres et de tôles. Elle passe par un assainissement de la situation. Il faut
s'assurer que la collectivité fonctionne bien.
«On ignore le nombre exact
d'habitants à Saint-Martin. On parle de 35.000 personnes y résidant, mais c'est
une donnée totalement approximative»
Philippe Gustin
Quelle est la situation de
cette collectivité?
Avant Irma, la collectivité était
déjà très fragile. À la fin de cette année, elle s'acheminait vers une dette de
60 millions d'euros accumulée sur plusieurs années au titre du revenu de
solidarité active (RSA). Par ailleurs, elle ne perçoit pas toutes les rentrées
fiscales auxquelles elle a droit, pour la bonne raison que beaucoup de
personnes sur l'île ne s'acquittent pas de l'impôt, sans risque particulier de poursuites.
Beaucoup d'entreprises, qui font travailler au noir leur personnel, ne paient
pas ainsi leurs charges fiscales et sociales. Les dérives sont multiples:
d'autres personnes encore vont travailler sur la partie néerlandaise de l'île
et perçoivent le RSA sur la partie française du territoire. À cette économie
grise importante s'ajoute aussi un déficit de données fiables. Ainsi, il n'y a
pas de collectes d'informations, comme peut le faire l'Institut national de la
statistique et des études économiques (Insee) en métropole. Si bien que l'on
ignore le nombre exact d'habitants à Saint-Martin. On parle de 35.000 personnes
y résidant, mais c'est une donnée totalement approximative.
«En 2018, les recettes seront
quasi inexistantes. L'État a donc prévu une aide de 50 millions d'euros
débloqués par tranches trimestrielles»
Cette description n'est guère
flatteuse pour ceux qui président aux destinées de Saint-Martin…
Je ne suis pas le seul à le dire.
Conscient de ces dérives, Daniel Gibbs, qui a été élu président de la
collectivité en avril dernier, avait d'ailleurs commencé à redresser la
situation. Il est certain que la collectivité doit consentir à des efforts
considérables pour y parvenir. Un important travail de normalisation doit être
réalisé.
Quelles sont les conséquences
d'Irma pour la collectivité?
Déjà fragile, elle est désormais
confrontée à la perte de l'ensemble de ses recettes. En soutien à sa
population, elle a décidé de ne pas percevoir les taxes foncières jusqu'à la
fin de cette année. Pour compenser cette perte, il a été décidé d'un versement
par l'État de 12 millions d'euros. Un autre versement de 10 millions
d'euros par anticipation avait déjà eu lieu fin septembre. En 2018, les
recettes seront quasi inexistantes. L'État a donc prévu une aide de
50 millions d'euros débloqués par tranches trimestrielles. En échange, les
élus locaux se sont engagés à produire un plan de trésorerie pour la fin de
l'année et l'année 2018. Ils doivent tout mettre en œuvre pour qu'à l'avenir
cette structure dispose des capacités financières suffisantes pour son
fonctionnement.
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Délinquance : chute vertigineuse du nombre de braquages en
France (08.11.2017)
Comme le révèle une étude de
l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales, le nombre de
vols commis au moyen d'une arme à feu, notamment contre le secteur marchand,
s'est effondré de près de 60% depuis 2009.
Le paysage du banditisme
traditionnel est en pleine recomposition. Comme en témoigne une étude de
l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP), le
nombre des hold-up est en effet en chute libre en France. Reprenant les
chiffres fournis de l'Office central de lutte contre le crime organisé (OCLCO)
ainsi que ceux transmis par le service statistique ministériel de la sécurité
intérieure (SSM-SI), le document dévoilé ce mercredi révèle que le nombre de
vols commis au moyen d'une arme à feu, notamment contre le secteur marchand,
s'est effondré de près de 60% depuis 2009, «soit l'équivalent d'environ 4 000
victimes de moins». Ainsi, en sept ans, le nombre des braquages de toutes
natures relevés par les spécialistes de la Direction centrale de la police
judiciaire est passé de 6050 à 2149 l'année dernière. «En trois ans leur
nombre a presque été divisé par deux (- 48 %), ce qui représente
environ 2 500 vols à main armée de moins, précise le rapport de l'Observatoire
national de la délinquance. Si les vols à main armée contre les particuliers
ont diminué, le secteur marchand reste le principal bénéficiaire de cette
tendance à la baisse.»
L'analyse des attaques par type
de cible est édifiant. Ainsi, toujours d'après les chiffres détaillés fournis
par l'OCLCO, le nombre des vols à main armée contre les banques, y compris les
agences bancaires du groupe «La Poste», a été divisé par six en sept ans,
passant de plus de 300 en 2009 à 52 en 2016. Outre le fait qu'il y a moins
d'argent en liquide en caisses, les experts évoquent le renforcement de
la protection des succursales et des centres-forts pour expliquer ce
spectaculaire repli. «Cette évolution est la conséquence de la priorité
accordée par les banques à la sécurité, de leur personnel, et de leurs clients,
confirme Valérie Ohannessian, Directrice Générale Adjointe de la Fédération
bancaire française (FBF), citée dans le rapport. Elles ont investi dans les
technologies, dans les automates de dépôt, pour les particuliers comme pour les
commerçants, dans les services en ligne, qui ont permis de diminuer la présence
et la manipulation d'espèces dans les agences».
Bureaux de tabac, bijouteries
et stations-services moins ciblés
Sur le front des braquages du
quotidien, les criminologues observent par ailleurs une baisse générale de
régime. «Entre 2013 et 2016, le nombre de vols à main armée à l'encontre des
commerçants a diminué de 68 % alors que, sur la même période, les vols à main
armée contre les particuliers ont diminué de 31 %», note le rapport de l'ONDRP
qui observe en outre que «les tabacs, les bijouteries ou encore les
stations-services sont les premiers à tirer parti de la baisse» avant d'ajouter
que «les hyper et supermarchés, les restaurants, les taxis et les transports de
fonds» sont également nettement moins visés.
Pour expliquer la chute des vols
dans commerces, les analystes de l'Onrdp évoquent notamment «l'impact de l'accroissement
du nombre de paiements par carte bancaire due à une augmentation du
parc des terminaux de paiement électronique, un essor important du
e-commerceou plus récemment, le développement du paiement sans contact» .
«Autrement dit, résume le rapport, la diminution de la circulation de l'argent
liquide a sûrement participé à la baisse des vols à main armée contre les
commerces». À croire que le crime ne paierait vraiment plus comme avant.
Un sérieux répit pour les
bijoutiers
Longtemps au cœur de toutes les
préoccupations, le secteur des bijouteries-horlogeries-joailleries-orfèvreries
est celui qui semble avoir le mieux tiré son épingle du jeu. Ainsi, le nombre
des vols à main armée est passé de 359 en 2011, annus horribilis, à 45 l'année
dernière.
Au plus fort de la tourmente, les
boutiques avaient modernisé leur sécurité passive avec l'emploi de
«sas» et de vidéosurveillance plus modernesnotamment, de vigiles ou encore
de voituriers mieux formés pour les enseignes de luxe. Face à une délinquance
conjuguant audace et rapidité, les professionnels ont aussi mis en place
diverses parades, dont des chaînes d'alerte par SMS et des systèmes de
«marquage» de la marchandise en cas d'agression. Ces dispositifs
n'interdisent pas des attaques spectaculaires, comme en témoignent celles
qui ont
visé Kim Kardashian en janvier 2016(300 000 euros de préjudice) ou, plus
récemment, l'attaque à la hache d'une boutique de luxe de la rue de la Paix à
Paris, pour un butin de 5 millions d'euros.
Rédacteur en chef adjoint,
spécialiste sécurité et renseignement
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de Meylan : l'étrange revendication
Dijon : le «commando au marteau» demande la libération de
militants d'ultradroite (07.11.2017)
Le groupuscule d'extrême droite,
qui a revendiqué plusieurs attaques au marteau à Dijon et Chalon-sur-Saône
ayant eu lieu ces dernières semaines, menace de frapper lors du match de
football de Ligue 1 Dijon-Troyes le 18 novembre.
Le mystérieux «commando de
défense du peuple et de la patrie française», qui
a revendiqué des attaques au marteau à Dijon et Chalon-sur-Saône, refait
parler de lui. Le groupuscule a réclamé ce mardi auprès du quotidien Le Bien Public la
libération de huit «collègues» de la mouvance d'ultradroite arrêtés en octobre.
Leur objectif serait de lutter «contre l'islamisation» de la France. Le
«commando» mentionne aussi la libération du «chef» Logan Alexandre Nisin et
«l'abandon des poursuites à leur encontre», «sans quoi nous frapperons» le
match de première division Dijon-Troyes qui doit avoir lieu le 18 novembre.
Huit personnes, dont trois
mineurs, avaient été mises en examen en octobre à Paris dans l'enquête sur une
organisation fondée par le militant d'ultradroite Logan Alexandre Nisin, qui
projetait des «actions violentes», mais «aux contours imprécis», contre des
politiques ou des mosquées. L'homme, un ancien militant de l'Action française
Provence, organisation royaliste qui avait multiplié les provocations musclées
autour de Marseille et d'Aix-en-Provence avant l'été, avait été interpellé
quatre mois plus tôt.
À Dijon, les enquêteurs cherchent
encore à déterminer l'authenticité des revendications du commando, qui
contiennent «des éléments précis, dont certains sont conformes à la réalité», a
indiqué le procureur de la République de Dijon, Éric Mathais. Il a toutefois
précisé que le parquet antiterroriste, informé de la situation, n'était pas
pour l'heure saisi.
Un groupe «ni connu
localement, ni nationalement»
Baptisé «commando de défense du
peuple et de la patrie française», le groupe avait revendiqué jeudi auprès
du Bien Public, des attaques ayant blessé légèrement trois
personnes à Dijon fin septembre «sur le site de l'université de Bourgogne (...)
au cœur de l'un des symboles du multiculturalisme». Deux autres attaques au
marteau avaient eu lieu le 15 septembre à Chalon-sur-Saône dans le département
voisin de Saône-et-Loire, dont l'une au cri d'«Allah Akbar», causant là aussi
des blessures légères.
Le «commando» a d'abord contesté
les avoir commises auprès du Journal de Saône-et-Loire, lui aussi
destinataire de certains mails depuis jeudi, avant finalement de les
revendiquer, expliquant le cri de l'agresseur par la nécessité «d'aiguiller les
enquêteurs sur une fausse piste». Toujours par voie électronique, le groupe a
revendiqué une autre agression à Dijon, menacé violemment l'association SOS
Racisme qui avait annoncé son intention de saisir le procureur de la République
et déclaré «son admiration pour Anders
Behring Breivik», l'auteur d'une tuerie qui a fait 77 morts en Norvège en 2011.
«Ce groupuscule n'est ni connu
localement, ni nationalement», avait indiqué vendredi Éric Mathais, ajoutant
que les courriers électroniques étaient étudiés «très sérieusement».
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Accusations de viols contre Tariq Ramadan : comment l‘affaire
a éclaté (07.11.2017)
Le théologien suisse aussi
populaire que controversé est visé par deux plaintes pour viol, tandis que
d'autres témoignages de femmes dénonçant des agressions similaires émergent.
L'affaire, mise à jour par la prise de parole d'une des victimes, a conduit
mardi soir à la mise en congé de l'islamologue par l'université d'Oxford.
En l'espace de deux semaines,
l'islamologue suisse aussi populaire que controversé s'est retrouvé sous le
coup de deux plaintes pour viol, tandis que d'autres voix féminines s'élèvent
pour dénoncer à leur tour des agressions sexuelles dont elles auraient été
victimes. Le petit-fils du fondateur des Frères musulmans en Égypte, accusé de
tenir un double-discours sur l'islam, se dit victime d'une calomnie. Mais
l'ampleur de l'affaire dépasse aujourd'hui les frontières. En Suisse, plusieurs
femmes ont formulé des accusations similaires. Au Royaume-Uni, Ramadan a été
écarté mardi soir d'Oxford où il disposait d'une chaire d'enseignement en
islamologie. Retour sur les principales étapes de l'affaires:
● Zoubeyr, l'intellectuel
musulman accusé de viol par une ex-salafiste
Tout commence par la publication
du livre d'une ex-salafiste, Henda Ayari. Dans «J'ai choisi d'être libre», paru
en novembre 2016 chez Flammarion, elle
explique comment elle s'est libérée de dix années d'obscurantisme. Cloîtrée
chez elle en Normandie, elle vit avec un mari rigoriste et violent. Le déclic
intervient après les
attentats de 2015. Elle tire un trait sur son passé salafiste, retire son
djilbab et parvient à s'affranchir des milieux islamistes.
Dans son livre, un épisode
particulièrement grave passera dans un premier temps inaperçu: Henda Ayari
raconte ce jour où un intellectuel musulman, qu'elle nomme Zoubeyr, lui donne
rendez-vous dans sa chambre d'hôtel à Paris où il vient de donner une
conférence. «Par pudeur, je ne donnerai pas ici de détails précis sur les actes
qu'il m'a fait subir. Il suffit de savoir qu'il a très largement profité de ma
faiblesse», écrit-elle, assurant que quand elle s'est «rebellée», qu'elle lui a
«crié d'arrêter», il l'a «insultée», «giflée» et «violentée».
● «Le fameux Zoubeyr,
c'est bien Tariq Ramadan»
Alors que les prises de paroles
se multiplient chez les femmes victimes de harcèlement dans
le sillage de l'affaire Weinstein, Henda Ayari se fend d'un message public
le 20 octobre dans lequel elle accuse Tariq Ramadan d'être «le fameux Zoubeyr».
«Je n'ai jamais voulu donner son
nom, car j'ai reçu des menaces de sa part si jamais je le balançais»,
écrit-elle sur Facebook. «Je le confirme aujourd'hui, le fameux Zoubeyr, c'est
bien Tariq Ramadan.» Sur le plateau de BFM TV, elle raconte l'agression dont
elle accuse Ramadan d'être l'auteur: «Il s'est littéralement jeté sur moi comme
une bête sauvage», dit-elle. «Je me suis retrouvé sous lui. (...) Plus je
disais non et plus il se mettait en colère», poursuit-elle, l'accusant de
l'avoir «frappée très violemment», «giflée», «étranglée», et «violée». «J'étais
certaine que ce soir-là, si je continuais à le repousser, il me tuerait.»
Par la suite, Ramadan lui aurait
imposé le silence par la menace, sans faire montre d'aucun regret. «Il m'a dit
que de toute façon je n'avais que ce que je méritais puisque le fait de ne pas
porter le voile, que je sois habillée à l'occidentale, c'était une manière de
provoquer le désir», rapporte-t-elle. «Pour lui, soit on est voilée, soit on
est violée.»
La jeune femme porte plainte
auprès du parquet de Rouen le jour même pour «des faits criminels de viol,
agressions sexuelles, violences volontaires, harcèlement, intimidation». La
semaine suivante, le parquet de Paris ouvre une enquête et Henda Ayari est
entendue pendant six heures par la police à Rouen. Les menaces des partisans du
prêcheur affluent contre la plaignante, fondatrice de l'association
Libératrices, qui tient bon.
● Dépôt d'une nouvelle
plainte, d'autres accusations remontent
Le 26 octobre, une nouvelle plainte
pour viol est déposée à Paris par une femme qui prononce des accusations
similaires contre l'islamologue. «Elle attend sereinement de répondre aux
enquêteurs et ne parlera plus», indique son avocat Me Eric Morain. Il ajoute
qu'il a reçu d'autres témoignages de femmes qui réfléchissent à porter plainte
à leur tour contre l'intellectuel pour des faits de harcèlement ou d'agressions
sexuelles. Selon Le Parisien ,
la nouvelle plaignante est une «femme de 42 ans, convertie à l'islam et
souffrant d'un handicap aux jambes». Elle dénonce «des scènes de violence
sexuelle d'une grande brutalité». Dans ses déclarations, cette femme fait part
de «gifles au visage», de «coups de poing dans le ventre» et de «plusieurs
viols» commis selon un mode opératoire comparable à celui rapporté par Henda
Ayari.
D'autres témoignages sont publiés
dans la presse suisse. Dans une longue
enquête de la Tribune de Genève , sur quatre femmes interrogées,
trois d'entre elles racontent avoir «cédé à l'emprise psychologique» de leur
professeur. Elles affirment avoir eu des relations sexuelles avec lui, l'une à
15 ans et les deux autres à 18 ans. Les faits sont aujourd'hui prescrits.
● Le silence de l'UOIF
Depuis le début des révélations,
les différentes structures représentatives de l'islam de France restent
silencieuses. Parmi elles, on compte l'influente Union des organisations
islamiques de France (UOIF), récemment renommée «Musulmans de France». Cette
organisation proche des Frères musulmans s'affichait très régulièrement aux
côtés de l'islamologue. Mais elle reste muette sur l'affaire. «Ils sont
emmerdés», commente auprès de l'AFP sous le couvert de l'anonymat un ancien
responsable de l'UOIF, qui ne sait «pas trop comment ils vont se dépatouiller
de l'avoir mis sur un piédestal».
D'autres personnalités
médiatiques se retrouvent également en porte-à-faux. Accusé de sous-traiter
l'affaire après s'être affiché aux côtés de l'intellectuel controversé, le
fondateur de Mediapart Edwy Plenel est accusé par Charlie Hebdo d'une
forme de complicité. «On ne savait pas», fait dire l'hebdomadaire satirique au
directeur de Mediapart. En couverture, la moustache de Plenel lui cache
successivement la bouche, les oreilles et les yeux. Fabrice Arfi dénonce une
Une «abjecte». Plenel parle de «l'affiche rouge de Charlie», et la SDJ de
Médiapart dénonce une «calomnie».
● Tariq Ramadan porte
plainte pour dénonciation calomnieuse
La réplique de l'islamologue ne
tarde pas. Dès le lendemain de la première plainte, son avocat Me Yassine
Bouzrou oppose «un démenti formel à ces allégations» et dépose plainte pour
«dénonciation calomnieuse» contre Henda Ayari. De son côté, Tariq Ramadan
réagit pour la première fois depuis le déclenchement de la polémique et dénonce
«une campagne de calomnie».
Capture d'écran du message publié
le 30 octobre 2017 sur Facebook par Tariq Ramadan. - Crédits photo :
Capture d'écran Facebook
«Je suis depuis plusieurs jours
la cible d'une campagne de calomnie qui fédère assez limpidement mes ennemis de
toujours», explique l'islamologue sur son compte Facebook. Il annonce par
ailleurs le dépôt «dans les prochains jours» de nouvelles plaintes contre les
autres accusations qui le visent.
● Les soutiens de Ramadan
crient au complot sioniste
La levée de bouclier pour
défendre Tariq Ramadan est à la hauteur de sa popularité dans les milieux
musulmans. Henda Ayari essuie un déluge d'insultes misogynes, tandis que
d'autres commentaires évoquent un supposé complot sioniste. Une thèse
échafaudée par l'Union française des consommateurs musulmans (UFCM), et un
temps relayée par Tariq Ramadan lui-même sur son compte Facebook.
Dans un long texte intitulé:
«Tariq Ramadan face au sionisme international», l'association croit savoir que
Henda Ayari entretiendrait «des liens étroits» avec «les lobbies sionistes» qui
auraient orchestré l'affaire. Pour preuve, l'UFCM avance que «le site en ligne
pro-sioniste» Europe-Israël recevrait 5 % de commission sur les ventes de
l'ouvrage de Henda Ayari, ce que l'éditeur dément catégoriquement. Il s'agit en
fait d'un simple partenariat entre Amazon et le site France-Israël, qui perçoit
effectivement 5% du montant de l'ouvrage s'il est commandé via leur site. «Mais
c'est le cas pour n'importe quel autre livre que nous mettons en avant»,
explique l'association.
● Menaces de mort contre
Charlie Hebdo
L'affaire Ramadan connaît un
nouveau volet mercredi 1er novembre, lorsque Charlie Hebdo fait
sa Une sur le sujet. Le journal caricature Tariq Ramadan le sexe en érection
qui proclame: «Je suis le 6e pilier de l'Islam». Sur les réseaux sociaux, le
journal subit un déferlement de messages haineux, dont certains font clairement
référence aux attentats du 7 janvier 2015 où onze personnes avaient été tuées
dans la rédaction par deux terroristes islamistes. Sur Europe 1, le directeur
de la publication Riss rappelle que Tariq Ramadan était présenté comme «un
islamologue, comme un sachant» et que «le 6e pilier de l'islam, c'est le
djihad».
Charlie Hebdo dépose
plainte, et une enquête est ouverte dans la soirée du lundi suivant par le
parquet de Paris pour «menaces de mort matérialisée par un écrit» et «apologie
du terrorisme commise au moyen d'un service de communication au public en
ligne». L'enquête est confiée à la Brigade de répression de la délinquance
contre la personne (BRDP) de la préfecture de police de Paris. Interpellé sur
le sujet par le chef des députés de la République en marche (LREM) Richard
Ferrand, le premier ministre Edouard Philippe estime que «Twitter n'est pas en
dehors de la République», et souhaite «des poursuites», «afin que des sanctions
puissent être prononcées» à l'encontre des auteurs de menaces anonymes sur
Twitter.
● Tariq Ramadan écarté
d'Oxford
Interpellée à plusieurs reprises
sur les plaintes qui visent Ramadan, membre associé de la faculté de théologie,
l'Université d'Oxford se montre assez gênée. «Nous sommes au courant de ces
accusations et les prenons extrêmement au sérieux. À ce stade, nous ne sommes
pas en position d'ajouter d'autres commentaires», fait savoir l'université dans
un premier communiqué succinct publié fin octobre, par la suite supprimé du
site internet. Après une mobilisation des étudiants du département où il
enseigne, l'université finit par organiser une réunion confidentielle,
rapporte Libération. Embarrassé, l'encadrement explique ce silence
de dix jours depuis le début de l'affaire par le fait que «les allégations
avaient été soulevées dans un pays étranger doté d'un système légal
différent», explique le journal.
La décision tombe finalement
mardi en fin d'après-midi: Oxford
annonce que l'islamologue suisse est mis en congés. «D'un commun accord et
avec effet immédiat, Tariq Ramadan, professeur d'études islamiques
contemporaines, a pris un congé de l'université d'Oxford», indique l'université
dans un communiqué.
Calais : un migrant érythréen mis en examen pour viol aggravé
(03.11.2017)
Mis à jour le 03/11/2017 à 19h35 | Publié le 03/11/2017 à 18h05
Un Erythréen de 22 ans a agressé
et violé une jeune femme employée dans un hôtel, alors qu'elle rentrait chez
elle dans la nuit de lundi à mardi à Calais. Le parquet de Boulogne-sur-Mer a
placé l'homme en détention provisoire.
Un migrant érythréen de 22 ans a
été mis en examen jeudi soir pour viol aggravé par le parquet de
Boulogne-sur-Mer. Les faits se sont déroulés dans la nuit de lundi à
mardi. L'homme
a violé une jeune employée d'un hôtel de Calais qui rentrait chez elle,
après l'avoir traînée dans un bosquet sous la menace d'un couteau. Il a reconnu
les faits mardi en garde à vue, et a été placé en détention provisoire à la
maison d'arrêt de Longuenesse par le parquet de Boulogne-sur-Mer. La police
municipale avait pu l'interpeller mardi en fin d'après-midi grâce aux images de
caméras de surveillance.
«Nous sommes arrivés aujourd'hui
à un point de non-retour», a déclaré jeudi la maire LR de Calais Natacha
Bouchart. Dans la matinée, elle s'est rendue au chevet de la victime qu'elle a
trouvé «très perturbée», ayant «beaucoup de mal à faire face». Lors d'un point
presse, elle a rappelé qu'elle avait «à de nombreuses reprises» alerté les
services de l'Etat sur la situation à Calais. Dans une série de courriers,
envoyés notamment au ministère de l'Intérieur, l'édile décrivait une population
calaisienne «à bout de nerf», et disait craindre «qu'un drame arrive». «Ce
drame est arrivé, et une étape a été franchie», a-t-elle déclaré.
Demande de renforts policiers
Natacha Bouchart a demandé «une
décision forte du ministère de l'Intérieur et du président de la République»
pour renforcer la sécurité à Calais. «Nous avons six compagnies sur Calais, ce
qui fait 400 à 450 forces de l'ordre, mais pour protéger quoi? Le tunnel, le
port, la rocade d'accès au port... Mais pas la population calaisienne»,
a-t-elle estimé.
L'élue a demandé l'affectation de
forces pérennes sur Calais dédiées à la sécurité des personnes. Elle a
également demandé la mise en place pour les migrants d'une «prise d'empreinte
obligatoire sur le territoire national», ainsi que la création de «centres
fermés» pour ceux qui refusent d'aller volontairement vers
les Centres d'accueil et d'examen des situations (CAES) ouverts par le
gouvernement. «On en a marre d'avoir des migrants qui agissent en toute
impunité, qui ont tous les droits, qui sont enregistrés nulle part. Nous avons
beaucoup de compassion pour eux, mais ils ont aussi des devoirs», a estimé
Natacha Bouchart.
Dans la même journée, Marine
Le Pen a accusé le gouvernement «d'exiger du parquet d'étouffer» l'affaire.
La présidente du Front national, qui était en déplacement à Calais pour visiter
les forces de l'ordre, entendait «dénoncer les violences dont les femmes font
l'objet de la part d'un certain nombre de migrants». Et la députée du
Pas-de-Calais d'ajouter: «J'ai l'impression qu'il y a une gêne quand il s'agit
d'un crime commis par un migrant, on ne veut pas trop le dire. On a peur de
quoi? On a peur de la vérité?»
Il y a un an, quelques semaines
avant le démantèlement de la jungle, une information judiciaire avait été
ouverte pour des faits similaires. Une interprète en pachtoune et le
journaliste indépendant qui l'employait avaient été pris à partie par trois
migrants afghans. L'un
d'entre eux l'avait violée sous la menace d'un couteau pendant que les
deux autres, également armés de couteaux, tenaient à distance le journaliste.
Une autre information judiciaire a également été ouverte l'été dernier pour un
viol aggravé reproché à deux mineurs érythréens, contre une victime elle-même
érythréenne.
Journaliste Web.
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La croissance en Russie, Europe de l'Est et ex-URSS rebondit
(07.11.2017)
Le PIB des 36 pays couverts par
la Berd (Banque européenne pour la reconstruction et le développement)
augmentera de 3,3 % cette année. La hausse du pétrole profite à la zone.
De Vladivostok aux montagnes du
Caucase, des rives de la Baltique aux Balkans, la croissance accélère. La
Banque européenne de reconstruction et de développement (Berd), créée après la
chute du mur de Berlin pour accompagner la transition économique de l'ex-bloc
soviétique, vient de réviser à la hausse ses prévisions. Dans son rapport
d'automne publié mardi, elle table sur une croissance de 3,3 % en 2017 et
3 % en 2018, soit respectivement 0,9 et 0,2 point de plus par rapport à
ses estimations publiées en mai. Les missions de la Berd se sont élargies au fil
des ans, son territoire d'intervention aussi. En plus du «bloc de l'Est» au
sens large, elle couvre cinq pays méditerranéens: l'Égypte, la Jordanie, le
Liban, le Maroc et la Tunisie.
Le rebond moyen des 36 pays
suivis par la Berd, plus vigoureux que prévu, le sera cependant moins que la
croissance mondiale annoncée par le FMI cette année: 3,6 %. Un aussi vaste
ensemble recouvre bien entendu des disparités. Au premier semestre, deux pays
de la zone, la Macédoine et l'Azerbaïdjan, ont vu leur PIB se contracter quand la
Roumanie et la Turquie renouent avec un rythme de croissance connu avant la
crise de 2008.
La remontée des prix du
pétrole depuis un an bénéficie au poids lourd régional, la Russie, ainsi qu'aux
puissances pétrolières et gazières d'Asie centrale.
La
remontée des prix du pétroledepuis un an bénéficie au poids lourd régional,
la Russie, ainsi qu'aux puissances pétrolières et gazières d'Asie centrale.
S'agissant de la Russie, le PIB cette année devrait rebondir de 1,8 %
après deux années de récession, de 2,8 % et 0,2 % successivement. La
consommation est favorisée par une inflation maîtrisée (3 % en septembre).
L'investissement reste toutefois limité dans le pays par «l'incertitude
économique», note le rapport. Et «des signes de tension dans le secteur
financier sont apparus avec le sauvetage et la nationalisation de facto de deux
grandes banques privées». En septembre 2017, précise la Berd, 574 banques
opéraient en Russie. C'est 380 de moins que quatre ans plus tôt!
5,1 % de hausse en
Turquie
La meilleure santé russe irrigue
la région. Plusieurs millions d'émigrés du Caucase et d'Asie centrale
travaillent en Russie. Au premier semestre de cette année, leurs envois de
fonds vers leur pays d'origine ont augmenté de 21 % sur un an. Mais ils
restent moitié moindre qu'il y a quatre ans, avant la récession qui a frappé la
Russie, et par contagion, une partie de l'Asie centrale.
Parmi les poids lourds de la
région suivie par la Berd, la Turquie a bénéficié d'une croissance
spectaculaire au premier semestre, de 5,1 %, qui devrait se maintenir sur
l'ensemble de 2017. Le gouvernement turc a adopté un plan de relance budgétaire
et baissé la TVA. La livre qui s'était effondrée de 27 % après la
tentative de coup d'État de l'été 2016 s'est en partie redressée. La faiblesse
de la devise a certes stimulé les exportations mais a introduit une inflation à
deux chiffres, une première depuis cinq ans. La Berd met en garde contre le
risque géopolitique en Turquie, qui peut affecter une bonne partie des pays de
sa zone.
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L'Afrique de plus en plus dépendante de la Chine (07.11.2017)
Un rapport de la Coface alerte
sur la vulnérabilité des pays du continent producteur de matières premières.
L'année 2000, date du premier
forum Chine-Afrique qui s'est tenu à Pékin, marque le décollage de la
coopération économique entre les deux régions. La
locomotive chinoise s'est abreuvée des nombreuses ressources naturelles
africaines - pétrole, gaz, minerais… - pour faire tourner ses usines à
plein régime. Les échanges ont explosé - de 40 milliards de dollars en
2006 à 200 milliards en 2014 -, créant un
lien de dépendance très fort du continent africain vis-à-vis de son
client chinois qui n'a cessé d'augmenter ces dernières années.
«En dépit des volumes
importants exportés, l'Afrique affiche désormais un déficit commercial»
L'effondrement des prix du
pétrole, à partir de mi-2014, a créé un choc, entraînant une forte baisse des
exportations africaines vers la Chine, en particulier de l'Afrique centrale et
australe. Pour réduire les déséquilibres des balances courantes, les États
africains ont dû en retour réduire les achats en provenance de Chine. Ils
importent surtout des produits manufacturés - les articles chinois bon marché
ont inondé leurs marchés, ainsi que des machines et matériels de transport,
liés aux besoins en infrastructures. Résultat, en dépit des volumes importants
exportés, l'Afrique affiche désormais un déficit commercial, souligne la Coface
dans une étude. L'assureur crédit alerte sur la très grande vulnérabilité des
producteurs de matières premières. En croisant trois variables - la
concentration des exportations d'un pays autour d'un produit, le poids du
client pour ce produit et sa puissance en tant qu'acheteur -, Coface établit
une cartographie de cette vulnérabilité. «Pour la plupart des pays, le degré de
dépendance a augmenté en dix ans et se concentre sur le pétrole», note
l'économiste de la Coface Ruben Nizard.
Entre 2006 et 2016, le nombre de
pays répertoriés dans une dépendance très élevée à extrême est passé de 8 à 15.
Dans le top 5, trois pays sont producteurs de pétrole: le Soudan du Sud,
l'Angola et la République du Congo. À noter l'exception du Nigeria, qui exporte
surtout son or noir vers les pays anglo-saxons.
«L'Afrique ressort comme la
région du monde la plus dépendante à la Chine, devant l'Amérique latine et
l'Asie du Sud-Est»
Les producteurs de minerais
figurent aussi parmi les plus vulnérables, notamment l'Érythrée pour le cuivre,
la Guinée pour l'aluminium ainsi que la Mauritanie pour le fer. Seuls trois
pays - Bénin, Burkina Faso et Mali - spécialisés dans le coton, ont réduit leur
dépendance. L'Afrique ressort aussi comme la région du monde la plus dépendante
à la Chine, devant l'Amérique latine, riche aussi en ressources naturelles, et
l'Asie du Sud-Est, en dépit de sa proximité géographique.
Déficit commercial
La Coface note cependant ces
dernières années une diversification des exportations africaines vers la Chine,
qui provient notamment du changement de modèle de croissance, plus axé sur la
consommation et l'émergence des classes moyennes. Une illustration est
l'appétit croissant pour l'or d'Afrique du Sud, devenue par ailleurs son
premier fournisseur d'oranges. Autre produit très prisé en Chine, le bois de
rose, pour fabriquer des meubles. Un signal encourageant, note Ruben Nizard,
«en 2014, le volume d'export de métaux et minerais sous forme transformée a
devancé celui des produits bruts». Cela permet d'augmenter la valeur ajoutée et
peut avoir un impact positif sur les créations d'emplois. Les pays africains,
dans leurs plans de développement, poussent ces industries de transformation,
imposant du contenu local aux investisseurs étrangers. Le Gabon, par exemple,
interdit l'exportation de bois brut, la Tanzanie fait de même sur le minerai
d'or et de cuivre non traité.
Une autre source de
diversification porte sur les exportations de produits manufacturés. L'exemple
souvent cité est celui de l'industrie textile en Éthiopie. «Les volumes restent
encore anecdotiques, nuance l'expert, l'Afrique est encore loin d'être l'usine
du monde, ni celle de la Chine.» L'industrialisation se heurte à de nombreuses
contraintes, notamment les coûts de transport et d'énergie.
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Made in France: les chefs étoilés lancent l'offensive
(07.11.2017)
Les chefs étoilés lancent
l'offensive. Leur exigence de qualité redonne vie
à des savoir-faire et des productions locales.
Pour lui, cela ne fait aucun
doute. «À chaque fois qu'un chef s'investit dans la qualité, il contribue
au “made in France”, lance le
chef étoilé Thierry Marx. Car il entraîne un tas de producteurs et artisans
locaux dans sa démarche.» C'est presque devenu une affaire d'État. La
gastronomie française, inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco, est certainement
le meilleur ambassadeur du «made in France» dans le monde. Les restaurants des
grands chefs à l'étranger (Pierre Gagnaire et Joël Robuchon à Shanghaï, par
exemple) en sont la vitrine. La gastronomie française est aussi l'une des
premières motivations des touristes étrangers. «Le
“made in France”, c'est l'économie de la qualité. C'est l'anti
low-cost qui a flingué l'artisanat français pendant trente ans! estime Thierry
Marx. Comme en boxe, le low-cost est un coup bas, qui n'a jamais profité aux
pauvres, car il a détruit une grande partie de nos PME. Le low-cost est une
insulte à la qualité: le prix n'est pas une valeur. Pourquoi n'est-il plus
possible de faire une veste de cuisine de qualité en France?»
Alors qu'il était ministre des
Affaires étrangères en charge du Tourisme, Laurent Fabius avait fait de la
«gastrono-diplomatie» une nouvelle arme pour «vendre» la destination. Il a
lancé le projet «Goût de France/Good France», qui réunit, une fois par an
depuis 2015, et sur les cinq continents, plus de mille chefs autour d'un dîner
à la française. La dernière édition a attiré plus de 2 100 restaurants
dans 150 pays, 8 000 personnes ont été reçues dans 156 ambassades.
En septembre, les époux Macron
ont pris le relais, en invitant à l'Élysée 180 chefs étoilés. Huître
Gillardeau, langoustines du Guilvinec… Le déjeuner avait été imaginé par Guy
Savoy, Yannick Alléno, Anne-Sophie Pic et Dominique Crenn. «Les pouvoirs
publics prennent conscience de l'atout considérable que représente la cuisine
dans la promotion de la France», se réjouit Alain Ducasse. Le chef est présent
dans neuf pays avec 25 restaurants et 4 écoles. Il conseille, élabore
et produit depuis 1986 plus de 20 recettes mises à disposition des
astronautes internationaux à destination de l'ISS, la station spatiale
internationale. Alain
Ducasse a aussi fait partie de la délégation officielle du CIO
présente à Lima pour l'annonce de Paris comme ville olympique en 2024.
«Les consommateurs
plébiscitent le “made in France”. Pourtant, seuls 25.000 restaurants sur
160.000 sont capables de sortir des assiettes 100 % “made in France” et “fait
maison”»
Hubert Jan, président du syndicat
professionnel Umih Restauration
«Les consommateurs plébiscitent
le “made in France”. Pourtant, seuls 25.000 restaurants sur 160.000 sont
capables de sortir des assiettes 100 % “made in France” et “fait maison”,
déplore Hubert Jan, président du syndicat professionnel Umih Restauration.
Beaucoup de cuisiniers ne sont pas suffisamment formés pour maîtriser le métier
de A à Z. Ils utilisent des produits industriels transformés.» Les
grands chefs les bousculent en ne se cantonnant plus à leurs seules
restaurations étoilés - il y en a 616 en France, dont 27 en ont trois
(Yannick Alléno, Georges Blanc, Guy Savoy…). Ils sont de plus en plus à ouvrir
des adresses plus abordables, sans rogner sur la qualité. Avec sa boulangerie
parisienne, Thierry Marx, qui est aussi aux commandes de la restauration du
palace Mandarin Oriental à Paris, a contribué à relancer la culture de certains
blés anciens. Le chef soutient des producteurs de pommes dans le Limousin, de
fromage pérail dans l'Aveyron aussi, en les mettant en contact avec des
distributeurs.
En novembre, il a ouvert une
brasserie gare du Nord, qui manque sacrément de lustre. L'œuf-mayonnaise (de
Marans) coûte 5,50 euros. «Le “made in France” ne doit pas être un logo
cosmétique, ajoute Thierry Marx. Aux politiques de faire en sorte que
l'appellation devienne une unité de valeur, qui permette d'établir une échelle
de mesure incitant les entrepreneurs à devenir 100 % “made en France”, en
prenant leur temps. Cela ramènera de l'emploi et de la formation.» Avant lui,
Éric Frechon avait ouvert la voie en s'installant gare Saint-Lazare fin 2013. À
son tour, Alain Ducasse inaugurera en 2019 une brasserie à Montparnasse. L'an
prochain, Rostand sera au Train Bleu, gare de Lyon, et Jacques Maximim à la
gare de Nice. Michel Roth ouvrira, lui, le 6 décembre, à la gare de Metz.
En s'associant aux meilleurs
chefs français, la SNCF veut réinventer les buffets de gare, qui ont été
pendant des années des lieux emblématiques de la restauration en France, avec
de larges horaires d'ouverture, mais qui se sont perdus. «Thierry Marx à la
gare du Nord, c'est comme mettre un drapeau bleu-blanc-rouge sur la gare,
explique Patrick Ropert, directeur général de SNCF Gares & Connexions.C'est
le même symbole pour la chocolaterie d'Alain Ducasse, dans le terminal
Eurostar. Les chefs redonnent vie à l'artisanat local, qu'il faut remettre en
gare. Ils sont les ambassadeurs du “made in terroir”. Michel Roth avec ses
recettes lorraines. Quand Marx travaille l'endive, il fait revivre les produits
du nord de la France.»En octobre, pour la cinquième année consécutive, huit
chefs étoilés ont cuisiné en gare, en faisant découvrir aux voyageurs leurs
recettes.
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Les puces, nouvel or noir de l'électronique (07.11.2017)
Les industriels grandissent à
marche forcée, entre rachats géants et investissements colossaux.
Les puces ont le vent en poupe.
Les industriels qui les produisent profitent de cette conjoncture
particulièrement favorable pour fusionner - Broadcom
vient de proposer de racheter Qualcomm pour 130 milliards de
dollars - et investir dans de nouvelles usines.
Jamais la demande mondiale en
semi-conducteurs n'a été aussi élevée. Le marché devrait atteindre
377 milliards de dollars en 2017, selon l'association des industriels du
secteur (SIA), soit un triplement en quinze ans. Et cela n'est pas près de
s'arrêter. Une des principales raisons de cette explosion de la demande se
trouve d'abord dans nos poches: les
smartphones. Alors qu'il y a encore dix ans, les principaux consommateurs
de microprocesseurs étaient les ordinateurs, la téléphonie mobile les a
largement supplantés, avec un double phénomène. Le nombre de terminaux vendus
ne cesse de grimper, avec près de 1,2 milliard de smartphones écoulés en
douze mois dans le monde, et l'augmentation du nombre de processeurs par
appareil: mémoire, carte graphique, modem télécoms, Wi-Fi, Bluetooth, capteurs
photo ou de mouvements, GPS, NFC (notamment pour le paiement sans contact)…
«À court terme, le coût des
semi-conducteurs présents dans une voiture va atteindre en moyenne
800 dollars, contre 300 actuellement.»
Carlo Bozotti, PDG de
STMicroelectronics
Un mouvement appelé à encore
s'intensifier avec l'apparition de nouveaux processeurs dédiés à l'intelligence
artificielle, sans même parler de la 5G, prochaine génération de téléphonie
mobile, ou de l'augmentation des besoins en serveurs pour répondre à
l'explosion des services cloud. Si l'industrie parie sur un palier en 2019, la
croissance devrait repartir de plus belle dès l'année suivante. Tous les
secteurs sont désormais ses clients, à commencer par l'automobile. «À court
terme, le coût des semi-conducteurs présents dans une voiture va atteindre en
moyenne 800 dollars, contre 300 actuellement», explique au Figaro Carlo
Bozotti, le PDG de STMicroelectronics. L'américain Nvidia, qui s'est positionné
il y a une dizaine d'années sur ce créneau, en tire aujourd'hui les bénéfices.
Plus l'automobile se dirige vers la conduite autonome, plus elle embarque des
composants électroniques. Jusqu'au bout des phares, qui sont des LED (diodes
électroluminescentes), autrement dit des composants électroniques dont la
première fonction est de créer de la lumière, voire de changer d'intensité et
de couleur. Les LED sont d'ailleurs un reflet de l'intégration des processeurs
au quotidien. Il y en a partout. Le développement des objets connectés, avec
les usines 2.0, les villes intelligentes («smart cities»), la santé connectée,
la gestion dynamique de l'énergie ou l'électroménager sont autant de débouchés.
Une course folle
Face au dynamisme de leurs
différents marchés, les fabricants de semi-conducteurs se sont lancés dans une
course folle à la taille. Ils cherchent à répondre le mieux possible aux
demandes de leurs clients qui, eux, cherchent des fournisseurs capables de leur
proposer des réponses intégrées. En grossissant, les fabricants veillent à
mieux rentabiliser les énormes investissements consentis en recherche et
développement. À l'image de ce que fait Samsung, l'heure est aux méga-usines.
Par ailleurs, les phases de
croissance d'un secteur sont traditionnellement plus propices aux
concentrations. Broadcom vient ainsi de lancer la plus grosse opération de
rachat jamais effectuée dans l'électronique, en offrant 130 milliards de
dollars (reprise de 25 milliards de dette comprise) pour Qualcomm. Ce
dernier est lui-même en passe de racheter NXP pour 47 milliards… Et
NXP avait avalé Freescale (11,8 milliards) en 2015. Pour l'heure, le
conseil d'administration de Qualcomm ne s'est pas encore prononcé, laissant la
porte ouverte à toutes les hypothèses. Broadcom a de son côté fusionné avec
Avago l'année dernière, dans une opération à 37 milliards.
Les mouvements dans le secteur
ont repris de plus belle ces deux dernières années, après avoir marqué le pas.
Intel a racheté Altera pour 16,7 milliards de dollars, Toshiba s'apprête à
céder sa filiale de semi-conducteurs à un consortium pour 18 milliards de
dollars. De
son côté, ARM a été racheté par Softbank (32 milliards), SanDisk
par Western Digital (19 milliards). Dans ce vaste jeu dominé par les
américains et les asiatiques, un seul européen tire son épingle du jeu, le
franco-italien STMicroelectronics. Mais pour le moment, il reste à l'écart de
ces grands mouvements.
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Journaliste, spécialiste des
grandes tendances économiques et marketing de l’Électronique grand public et
des Télécoms
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