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Discordances
franco-maliennes après un raid français (06.11.2017)
Mis à jour le 06/11/2017 à 18h49 | Publié le 06/11/2017 à 18h39
INFOGRAPHIE - Un groupe de djihadistes accuse l'armée française
d'avoir tué onze militaires maliens qu'il détenait « prisonniers »,
fin octobre, dans le nord du pays.
Des militaires maliens figurent-ils parmi les individus «mis hors de
combat» lors d'un
raid antidjihadiste de l'armée française dans le nord du Mali, le
23 octobre? Un «groupe armé terroriste» (GAT) affilié à al-Qaida au
Maghreb islamique (Aqmi) l'affirme, dans un communiqué daté du 27 octobre.
Un comble, venant d'une organisation qui s'en prend très fréquemment aux
soldats maliens, insiste-t-on, côté français, en dénonçant «propagande» et
«manipulation».
Dans la nuit du 23 au 24 octobre, dans la région d'Abeibara,
proche de la frontière algérienne, des militaires de l'opération
«Barkhane» et des forces spéciales de «Sabre» lancent un raid contre
un camp djihadiste. Un campement «dûment caractérisé», souligne-t-on à
l'état-major des armées (EMA), c'est-à-dire ayant été l'objet d'un renseignement
de long terme recoupé avec des informations récentes ayant permis de déclencher
l'opération. Celle-ci donne lieu à une frappe de Mirage 2000, suivie d'une
intervention d'hélicoptère Tigre parachevée par un ratissage au sol. «Quinze
terroristes ont été mis hors de combat (tués ou capturés, NDLR)», annonce le
26 octobre l'EMA, qui précise que «du matériel, des armes et des munitions
ont été récupérés ou détruits» - dans un pick-up en flammes. Le lendemain,
27 octobre, un communiqué en français et en arabe, signé du «Groupe de
soutien à l'islam et aux musulmans» (JNIM), principal mouvement islamiste de la
région, dirigé par Iyad
Ag Ghali, accuse l'armée française «croisée injuste» d'avoir «entraîné la
mort de onze prisonniers de l'armée malienne (…) sous la surveillance de
moudjahidins», dont trois ont également été tués.
Des «otages», regroupés dans une région dénuée de présence militaire
malienne? Quelques jours plus tard, le groupe publie un nouveau communiqué pour
réclamer une «instance neutre» afin d'autopsier les corps. À Bamako, on a
indiqué dimanche au ministère de la Défense détenir des preuves qu'il
s'agissait bien de militaires maliens faits prisonniers. En matière de bavure,
le risque zéro n'existe pas. Mais en l'occurrence, «ceux qui ont été frappés
étaient bien des terroristes, même s'il est vrai qu'il y avait parmi eux
d'anciens soldats maliens qui œuvraient pour les GAT», plaide une source proche
du dossier. Une réalité peu avouable à Bamako. Dans un contexte politique pour
le moins complexe, d'aucuns au Mali ont pu aussi voir là un bon prétexte pour
s'en prendre à la France, analyse cette source. Les discussions avec le Mali se
poursuivent. Le chef de l'État, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), était à l'Élysée
la semaine dernière. «C'est aux autorités maliennes de déterminer l'identité
des personnes mises hors de combat», relève-t-on à l'EMA.
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Afrique, Daech se heurte à al-Qaida
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En Afrique, Daech
se heurte à al-Qaida (22.09.2016)
INFOGRAPHIE - En grande difficulté en Libye, l'État islamique ne
parvient pas à exercer une influence déterminante sur Boko Haram au Nigeria.
Son rival, al-Qaida, reste en revanche bien implanté dans le Sahel et dans la
Corne de l'Afrique.
Il y a dix jours, trois femmes s'infiltraient dans le commissariat central
dans Mombasa, le grand port du Kenya du Sud. Les militantes parvenaient à
poignarder un policier, à mettre le feu à une partie du bâtiment, avant d'être
abattues. Peu après, Amaq,
l'organe de communication de l'État islamique(EI), revendiquait cet
attentat, assurant que les djihadistes avaient obéi à leur ordre. Ce raid, s'il
reste très flou, est le premier jamais revendiqué par Daech au Kenya et l'un
des premiers en Afrique subsaharienne. Dans la foulée, un groupe baptisé Jahba
East Africa annonçait son affiliation au calife al-Baghdadi. Dans son
communiqué, la nouvelle organisation s'en prend directement à al-Qaida et à sa
filiale somalienne, al-Chebab, et se montre menaçante pour tous ceux qui ne
plieraient pas.
Cette offensive du mouvement irako-syrien vers l'Afrique était
attendue. Menacé dans ses fiefs irako-syriens, l'EI, qui se rêve en seul et
unique tenant du djihadisme mondial, cherche à étendre son emprise vers un
continent où la communauté musulmane est nombreuse et bien des États sont très
faibles. Mais la mouvance se heurte à sa sœur ennemie, al-Qaida, dont la
présence et l'emprise africaines sont anciennes. L'attractivité de l'EI, son
activisme sur les réseaux sociaux et ses films aussi ultraviolents que léchés
n'ont certes pas laissé indifférents les radicaux africains. Mais les
ralliements demeurent rares.
L'EI avait fondé des espoirs sur la Somalie,
terre de djihad depuis une décennie. Une opportunité avait semblé
s'ouvrir avec la mort de l'émir d'al-Chebab, Ahmed Abdi Godane, tué en 2014, et
les rivalités qu'elle avait engendrés. Mais son successeur, Muhammad abdu
Abdallah a vivement repoussé les avances, menaçant de mort toute personne
ralliant l'EI. Seul un Abdiqadir Munin, le responsable d'un groupe basé dans le
nord de la Somalie a osé braver l'interdit. Il demeurerait toutefois très
faible, ne disposant que d'une cinquantaine de combattants. L'attaque de
Mombasa, une ville conservatrice à majorité musulmane, semble être la réponse
de l'EI à cette intransigeance.
Plus à l'ouest, l'EI a aussi fait face à des difficultés pour
s'implanter. Au Mali, les groupes salafistes sont demeurés dans le giron
d'al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), très bien implanté tant
géographiquement qu'au sein des communautés. Mokhtar Belmokhtar, le chef d'al-Mourabitoune,
très actif au Sahel et un temps brouillé avec Aqmi, a réaffirmé son alliance au
groupe en juillet 2015. En Mauritanie, l'arrestation mercredi 21 septembre
de plusieurs jeunes ayant couvert les murs de la capitale Nouakchott de tags
favorables au calife semble démontrer que l'implantation locale de l'EI demeure
balbutiante.
L'Afrique du Nord, en Algérie, en Tunisie, en Égypte et surtout en
Libye, a certes montré une inclinaison pour la propagande de Daech. Des réseaux
se sont montés. Mais, en Libye, après avoir tenu une bande côtière de
250 km de long autour de Syrte, les hommes de Daech, enfoncés par une
offensive des combattants fidèles à Tripoli, ne contrôlent plus qu'un petit
quartier de la cité. «L'EI recule, mais plusieurs milliers de ses combattants
sont toujours présents en Libye», tempère-t-on au ministère de la Défense.
«Daech se rend compte qu'affilier Boko Haram, sur lequel il n'a
aucun contrôle, a été une erreur qui se retourne contre lui »
Antoine Pérouse de Montclos, chercheur spécialiste du Nigeria
La seule force de l'EI en Afrique sub-saharienne repose donc pour
l'instant sur le seul Boko
Haram. Le puissant groupe nigérian a fait allégeance en mars 2015, devenant
officiellement La province d'Afrique de l'Ouest de l'organisation de l'État
islamique. L'importance que revêt Boko Haram pour l'EI est sans doute la raison
pour laquelle, en août, al-Nabaa, une des publications du groupe, a annoncé une
réorganisation. La maison mère entendait imposer comme «Wali» Abu Musab
al-Barnawi en lieu et place du très fantasque Abubakar Shekau. Ce dernier a
très vite réagi. Dans un message audio, il exigeait du calife qu'il revoie sa
position. Depuis, la situation à la tête de Boko Haram est extrêmement confuse.
Abu Musab al-Barnawi serait le fils de Mohammed Yussuf, le fondateur
vénéré de Boko Haram, assassiné en 2009, ce qui en fait un rival sérieux. Mais,
dans ce mouvement, qui n'a jamais été très hiérarchisé, les scissions sont
courantes.
«Daech se rend compte qu'affilier Boko Haram, sur lequel il n'a aucun
contrôle, a été une erreur qui se retourne contre lui. L'effet en termes de
communication est désastreux en Afrique», souligne Antoine Pérouse de Montclos,
chercheur spécialiste du Nigeria. Dans plusieurs publications, l'EI a
effectivement reproché à ses «frères» nigérians un manque de stratégie globale
et des opérations nettement plus sanglantes pour les musulmans locaux que pour
les chrétiens ou les étrangers. L'EI encouragerait sa filiale à s'en prendre à
des intérêts occidentaux.
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La nouvelle
stratégie d'implantation locale d'al-Qaida (09.09.2016)
Contrairement à Daech, la mouvance terroriste ne veut pas s'aliéner
les populations pour établir des sanctuaires au Levant et en Afrique.
Il y a cinq ans, al-Qaida perdait son leader historique, Oussama
Ben Laden, et semblait être happée dans une spirale déclinante.
Aujourd'hui, la mouvance terroriste compte sur la défaite prochaine de sa
rivale Daech en Syrie et en Irak pour au contraire rebondir, grâce à une
stratégie d'implantation locale patiemment mise en place ces dernières années,
que ce soit au Yémen, en Syrie ou au Maghreb. Le tournant s'est produit en
2010-2011.
Au cours des années qui ont suivi les attaques du 11 septembre 2001,
al-Qaida fut soumis à d'intenses pressions qui forcèrent sa direction à fuir le
sanctuaire afghan pour se disperser sans autre stratégie que de sauver sa peau.
L'invasion américaine de l'Irak en 2003 et l'insurrection sunnite qui en
résulta vit la naissance en octobre 2004 de la première filiale d'al-Qaida hors
de la zone afghano-pakistanaise, en Irak, sous l'égide du Jordanien Abou
Moussab al-Zarqaoui, pourtant en opposition avec Ben Laden sur certains points
comme les relations avec les chiites. Puis, en 2007, une autre succursale vit
le jour au Maghreb (al-Qaida au Maghreb islamique Aqmi) et en 2009 au Yémen,
al-Qaida dans la péninsule arabique (Aqpa), résultat de la fusion des branches
saoudienne et yéménite. Chacune de ces filiales était responsable de son action
dans sa zone, et les branches d'al-Qaida étaient dirigées par un émir, souvent
proche de Ben Laden, auquel il avait prêté serment. Cette période d'essaimage
fut également mise à profit par la maison mère qui noua d'autres liens, mais
informels, avec des organisations djihadistes du nord du Caucase, d'Indonésie
ou des camps de réfugiés palestiniens du Liban.
Carence d'autorité
Mais de tous ces satellites, seule Aqpa se montra finalement capable
d'honorer le serment de Ben Laden: frapper d'abord «l'ennemi lointain»,
c'est-à-dire les États-Unis. En décembre 2009 puis en octobre 2010, deux avions
en partance du Yémen pour les États-Unis furent la cible d'attentats qui
échouèrent. Ce qui fit dire à la CIA qu'Aqpa est «la plus dangereuse des
succursales» d'al-Qaida à travers le monde. Mais, avec les révoltes arabes qui
allaient secouer à partir de 2011 de nombreux pays du Moyen-Orient, al-Qaida
trouva une occasion en or pour infléchir sa stratégie. «Sa nouvelle stratégie a
été fondée sur une plus grande maturité», souligne Charles Lister, chercheur au
Brookings Doha Center. «Les filiales locales firent alors le choix de
s'enraciner socialement auprès de mouvements insurrectionnels capables de mener
des batailles conventionnelles tout en établissant un contrôle plus durable sur
les populations et leurs territoires.» Encore une fois, l'exemple vint de la
terre ancestrale d'Oussama Ben Laden, le Yémen, où, à partir du printemps 2011,
un faux nez, Ansar al-Charia, prit le relais d'Aqpa pour s'étendre auprès des
toutes-puissantes tribus de ce pays, privé d'État central depuis de longues
années. Cette même carence d'autorité permit à Aqmi d'implanter ses bases à
partir de l'été 2012 à Tombouctou, avant l'arrivée de figures éminentes d'Aqmi
dans le nord du Mali, dont Mokhtar Belmokhtar et Abou Zeid…
Le Front al-Nosra prit soin d'appliquer cette stratégie du bon
voisinage avec la population
En Syrie, également, le Front al-Nosra prit soin d'appliquer cette
stratégie du bon voisinage avec la population, comme le demanda son chef,
Mohammed al-Joulani, à ses commandants en décembre 2012. «Jour après jour,
rapprochez-vous des gens, après avoir gagné leur cœur et leur confiance… Soyez
fermes avec eux sur les priorités de l'islam, mais flexibles sur les points de
détail de la religion.»
La branche syrienne d'al-Qaida ne renonce pas à établir son califat en
Syrie, mais cet objectif ne pourra être atteint qu'à long terme. D'où le clash
qui l'opposa à l'État islamique, partisan, au contraire, d'aller vite et de
soumettre la population par tous les moyens. C'était l'époque où certaines
belles âmes en Occident suggéraient que les partisans d'al-Nosra étaient «des
nationalistes syriens qui ne veulent pas s'en prendre aux intérêts
occidentaux», contrairement à Daech.
«Un combat à long terme»
Ayman
al-Zawahiri lui-même, successeur de Ben Laden, publie en 2013 Les
Principes généraux du djihad, dans lequel il prône une certaine mesure dans
l'action violente. Les djihadistes se voient demander de «ne pas combattre ceux
qui n'ont pas levé les armes contre eux et de ne pas s'en prendre aux civils
musulmans». Et le chef d'al-Qaida de révéler la vraie raison de cette manœuvre:
«Le djihad est un combat à long terme qui a besoin de sanctuaires.» Pour cela,
mieux vaut donc ne pas se mettre toutes les populations à dos. Qu'ils soient au
Yémen, en Libye ou ailleurs, ces sanctuaires pourraient accueillir les membres
de la diaspora terroriste qui est en train de se disperser à partir du califat
irako-syrien de Daech en contraction. Mais, comme le rappelle l'expert
britannique Charles Lister, l'objectif final d'al-Qaida et de ses filiales
reste de frapper l'Occident, comme l'a montré l'attaque contre Charlie
Hebdo, en janvier 2015, par les frères Kouachi, qui étaient allés se former
dans les maquis yéménites.
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Riss : «Charlie
Hebdo doit survivre à Daech» (06.11.2017)
INTERVIEW - Après avoir reçu de nouvelles menaces de mort, l'hebdomadaire
dépose plainte. Son directeur s'exprime aussi sur le procès Merah et la vie
depuis janvier 2015.
La dernière une de l'hebdomadaire satirique qui présente un Tariq
Ramadan au sexe hypertrophié, proclamant «Je suis le 6e pilier de
l'islam!», place à nouveau le journal au cœur d'une polémique. À la suite de menaces de mortdiffusées sur les réseaux sociaux,
l'hebdomadaire satirique a annoncé lundi un dépôt de plainte. Riss, son directeur, se veut debout
envers et contre tout. «Depuis janvier 2015, nous avons l'obligation de durer»,
estime-t-il.
Le dessinateur vient de publier, aux Éditions Les Échappés, un grand
format sur Charlie Hebdo, 1992-2017 et s'apprête à sortir, jeudi
9 novembre, un hors-série de 48 pages sur le procès Merah, qu'il a suivi
de bout en bout.
LE FIGARO. - Charlie Hebdo fait l'objet de menaces de mort, à la
suite de la une sur Tariq Ramadan, le prédicateur musulman. Est-ce, désormais,
le prix à payer pour votre liberté d'expression?
RISS. - Ce n'est pas la première fois, depuis janvier
2015, que nous recevons de nombreuses menaces de mort. Mais il semble que pour
cette couverture, leur nombre soit plus élevé que d'habitude. Depuis janvier
2015, la parole s'est libérée et l'appel au meurtre s'est banalisé, en
particulier sur les réseaux sociaux. Aujourd'hui, la violence terroriste peut
frapper n'importe qui, et pas seulement Charlie Hebdo. Le «prix à payer», s'il
doit y en avoir un, est désormais pour tout le monde.
Vous avez passé cinq semaines au palais de justice de Paris à
croquer le procès d'Abdelkader Merah. Pourquoi vous être mis, vous, au cœur
d'un tel événement?
Je suis journaliste avant tout, et j'y ai assisté en tant que
dessinateur. Ce
procès, même s'il parlait beaucoup de celui qui n'était pas là, Mohammed
Merah, avait une intensité palpable. Il a permis de comprendre des mécanismes
de la construction de l'extrémisme religieux. L'affaire Merah, c'est le début
de quelque chose, l'explication d'un type d'attentat inédit en France.
J'ai passé des semaines à écouter cette famille expliquer que
l'Amérique et Israël tuaient leurs frères arabes, et qu'il fallait les venger.
Ou que l'on devenait un élu de Dieu si on passait par la case prison. Assis à
l'étage, en face du prétoire, j'ai dessiné, rempli des grandes pages, qui
formeront un hors-série de planches commentées.
Ce procès, c'était une forme de mise en abîme pour vous…
En quelque sorte. S'il y a un procès en 2018 impliquant le réseau à
l'origine des attentats de janvier 2015, je serai forcément appelé en tant que
témoin. Le procès Merah m'aura préparé à cette confrontation qui, je le sais d'avance,
sera très difficile.
«Le 7 janvier, j'étais dans la salle de rédaction, et ce que j'ai
vécu - jusqu'au bruit, au ressenti ou aux odeurs - ne peut se
raconter dans le détail, sauf à deux ou trois personnes»
Riss
Depuis 2015, vous êtes entouré de gardes du corps. Comment vit-on
ainsi?
On fait avec. Aucun de nous, dans l'équipe, ne pourra plus jamais
avancer sans avoir cette journée à l'esprit. Elle plane au-dessus de nos têtes,
tout le monde y pense, sans jamais en parler.
Vu de l'extérieur, le
7 janvier a une unité de lieu et de temps. Mais pour ceux qui étaient
à l'intérieur des locaux de Charlie Hebdo, le temps et l'expérience n'ont pas
été les mêmes. Chacun d'entre nous a vécu quelque chose de différent, selon
l'endroit où il se trouvait. Pourtant, chacun s'est vu au centre du drame.
J'étais dans la salle de rédaction, et ce que j'ai vécu - jusqu'au bruit,
au ressenti ou aux odeurs - ne peut se raconter dans le détail, sauf à
deux ou trois personnes. Luz a
écrit un livre sur son expérience. Moi, je n'ai pas les mots pour, et, de toute
façon, je ne sais pas si mon récit serait compris des autres.
«Quinze ans après le premier numéro de Charlie, nous sommes
confrontés à l'obligation de durer. Nous avons le devoir de continuer, tout en
ayant les mêmes soucis que tous les autres journaux papier»
Riss
Vous employez les mêmes mots que les rescapés de la Shoah,
après-guerre.
C'est du même ordre. Certaines choses relèvent d'une langue inconnue
du commun des mortels. Pourquoi parler, au final? Je me le demande moi-même.
Tout ce que je sais c'est que je ne veux pas être enfermé dans un statut de
victime, d'autant que tout le monde se perçoit comme tel. L'avocat Dupond-Moretti a
même été jusqu'à affirmer que la mère de Mohamed Merah «était aussi la mère
d'un mort»…
Quel est l'avenir de Charlie Hebdo?
En janvier 2015, les gens ont compris que nous pourrions disparaître.
Ce qu'ils ne savent pas, c'est que c'est toujours le cas. Après le drame, nous
nous sommes retrouvés investis d'une mission, à notre corps défendant. Nous
essayons d'y répondre en nous centrant sur ce que nous aimons faire, le dessin
d'humour. Nous avons toujours été pessimistes, de toute façon!
Mais quinze ans après le premier numéro de Charlie, nous sommes
confrontés à l'obligation de durer. Nous avons le devoir de continuer, tout en
ayant les mêmes soucis que tous les autres journaux papier. En 1992, il y avait
36.000 points de vente pour la presse, il n'en reste plus que 20.000. Pour
nous, la gratuité sur Internet va de soi: nous ne pouvons pas être que
mercantiles, et la seconde génération de lecteurs lit largement sur le Web. Il
faudra toutefois trouver un juste équilibre entre le payant et le gratuit.
«Les “islamo-gauchistes” ne nous surprennent plus, et répondent à
des schémas idéologiques tellement démagogiques qu'ils en perdent toute
crédibilité»
Riss
On avait vu 4 millions de Français dans la rue, en janvier
2015, clamant qu'ils étaient Charlie. Aujourd'hui, qui sont vos soutiens?
L'existence même du journal conforte ceux qui nous avaient soutenus et
nous conforte, nous, dans notre détermination à continuer à le faire. Il y a un
intérêt réciproque, entre les lecteurs, les citoyens et les membres du journal,
à voir exister Charlie Hebdo, bientôt trois ans après l'attaque. Il faut tenir:
Charlie Hebdo doit survivre à Daech.
Les récentes manifestations des «islamo-gauchistes» vous
inquiètent-elles?
Les «islamo-gauchistes» font partie du paysage politique depuis déjà
longtemps. Ils ne nous surprennent plus, et répondent à des schémas
idéologiques tellement démagogiques qu'ils en perdent toute crédibilité. Comme
la gauche conventionnelle incarnée par le PS, les «islamo-gauchistes» sont eux
aussi en pleine décrépitude. La crise que traverse la gauche française frappe
aussi cette partie de la gauche. Les gauches dites «radicales» ou
«alternatives» sont elles aussi en train de toucher le fond. Le renouveau de la
gauche française, si renouveau un jour il y a, devra concerner toutes les
familles de la gauche, y compris les plus radicales.
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Joann Sfar
interpelle les autorités après les nouvelles menaces contre Charlie
Hebdo (06.11.2017)
- Par Le
figaro.fr AFP agence
- Mis à
jour le 06/11/2017 à 19:45
- Publié le
06/11/2017 à 18:52
L'auteur de bande dessinée est surpris par l'absence de «sanction
judiciaire immédiate» après la diffusion de menaces de mort sur les réseaux
sociaux visant l'hebdomadaire satirique. La semaine dernière, la une du journal
arborait une caricature de Tariq Ramadan, sous le coup de deux plaintes pour
viol en France.
L'hebdomadaire français Charlie Hebdo a annoncé le dépôt d'une plainte
contre la démultiplication des menaces de mort sur les réseaux sociaux depuis
la publication d'une caricature de l'islamologue Tariq Ramadan. Le parquet de
Paris a annoncé, ce lundi soir, l'ouverture d'une enquête préliminaire pour
«menaces de mort matérialisées par un écrit» et «apologie publique d'un acte de
terrorisme».
Dans sa dernière édition parue mercredi, l'hebdomadaire satirique
représente le théologien suisse, visé par deux plaintes pour viol, le pantalon
déformé par un énorme sexe en érection et proclamant: «Je suis le 6e pilier de
l'islam». «Viol: la défense de Tariq Ramadan», peut-on lire au-dessus du dessin
signé Juin. Depuis la parution de ce numéro, les critiques et les menaces se
sont multipliées à l'encontre de la rédaction de l'hebdomadaire, en 2015.
Interrogé sur les messages de haine et les menaces adressées à Charlie
Hebdo, le dessinateur Riss, directeur de la publication, a déclaré lundi
sur Europe 1 qu'ils n'avaient «jamais vraiment cessé».
«Parfois, il y a des pics où on reçoit sur les réseaux sociaux des menaces de
mort explicites: c'est le cas une fois de plus, a-t-il ajouté. C'est toujours
difficile de savoir si ce sont des menaces sérieuses ou pas, mais par principe,
on les prend au sérieux et on dépose plainte». Riss a jugé «étonnant qu'après
tout ce qui s'est passé depuis deux, trois, quatre ans, il y ait encore des
réactions aussi violentes, des appels au meurtre».
«J'ai toujours pensé que ceux qui “ne veulent pas mettre de l'huile
sur le feu” sont les plus sûrs alliés des assassins»
Joann Sfar
Ces menaces de mort ont été dénoncées par de nombreuses personnalités,
dont le dessinateur Joann Sfar. Dans un message publié sur les réseaux sociaux,
l'auteur du Chat du Rabbin dit ne pas comprendre que lesdites
menaces «n'autorisent pas une sanction judiciaire immédiate» de la part des
pouvoirs publics. «Ou bien il faut admettre que les usagers de Twitter ne sont
pas soumis aux mêmes lois que les autres, explique-t-il. Ou bien les massacres
d'il y a quelques années incitent les pouvoirs publics à “ne pas mettre de
l'huile sur le feu”. J'ai toujours pensé que ceux qui “ne veulent pas mettre de
l'huile sur le feu” sont les plus sûrs alliés des assassins.»
Interrogé sur le choix du dessin de Juin, Riss a rappelé que Tariq
Ramadan était présenté comme «un islamologue, comme un sachant» et que «le 6e
pilier de l'islam (....), c'est le jihad». «C'est ce par quoi il se présente
qu'on le dessine», a-t-il dit. Les cinq piliers de l'islam constituent le
fondement du mode de vie islamique: la profession de foi, la prière, la zakat
(l'aumône), le jeûne du mois de Ramadan et le pèlerinage à la Mecque une fois
dans la vie pour ceux qui en ont les moyens. Le jihad est considéré comme le
sixième pilier de l'islam par une minorité de sunnites bien qu'il n'en ait pas
le statut officiel.
«Menacer de mort quelqu'un, ce n'est ni autorisé dans la rue, ni dans
un journal, ni nulle part, c'est “poursuivable”», a ajouté le directeur de
publication de l'hebdomadaire. «Ce n'est pas simplement de la contestation ou
de la discussion, ce n'est même pas de l'injure, c'est au-delà de ça: c'est
que, maintenant, ça s'est banalisé d'appeler au meurtre», déclare-t-il. C'est
«assez inquiétant» et «révèle un climat assez lourd», estime-t-il.
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L'écrivaine Leïla
Slimani nommée représentante de Macron pour la Francophonie (06.11.2017)
- Mis à
jour le 06/11/2017 à 17:29
- Publié le
06/11/2017 à 11:00
LE SCAN POLITIQUE - L'écrivaine franco-marocaine, qui a obtenu le
prix Goncourt l'année dernière, a été nommée ce lundi «représentante personnelle»
du président.
Il y a un an, Leïla Slimani recevait le prestigieux prix Goncourt pour
son deuxième roman Chanson Douce. Ce lundi, alors que le
nom de son successeur sera connu, l'écrivaine a été nommée «représentante
personnelle» du président pour la Francophonie, confirmant des informations du Parisien . Leïla Slimani
«incarne le visage de la francophonie ouverte sur un monde pluriculturel. Et
c'est une femme engagée. Elle fait partie d'une nouvelle génération que le
président veut faire émerger», justifie un conseiller du président auprès du
quotidien.
«Le visage de la francophonie»
«Selon la lettre de mission qu'elle a reçue du Président de la
République, elle présentera la France au Conseil permanent de la Francophonie»,
indique l'Elysée. «Leïla Slimani portera au plus haut le rayonnement et la
promotion de la langue française et du plurilinguisme, ainsi que des valeurs
que les membres de la Francophonie ont en partage. Elle représentera une
politique francophone ouverte, en action, centrée sur des projets concrets liés
aux priorités du Président de la République telles que l'éducation, la culture,
l'égalité femmes-hommes, l'insertion professionnelle et la mobilité des jeunes,
la lutte contre le dérèglement climatique et le développement du numérique.»
L'écrivaine franco-marocaine de 36 ans avait déjà été sollicitée par
Emmanuel Macron. Séduit par son roman, le chef de l'État lui aurait même
proposé de devenir ministre de la Culture. Interrogée sur la question fin août,
Leïla Slimani n'avait pas démenti la proposition.
» LIRE AUSSI - Leïla Slimani: «Rebelle, je déteste le conformisme»
De «Charlie» à
l'Hyper Cacher, 72 heures qui ont ébranlé la France (06.01.2016)
Par Marie-Amélie
Lombard-Latune et Service
InfographieMis à jour le 07/01/2017 à 15h54 | Publié le 06/01/2016 à
21h07
RÉCIT - Le 7 janvier 2015, les terroristes frappent la rédaction
de Charlie Hebdo, les clients et employés de l'Hyper Cacher et des
policiers. Alors que les experts ne cessaient d'avertir sur l'imminence d'une
attaque djihadiste, la France subissait sur son sol la première d'une longue
série d'attaques meurtrières.
Deux ans après les attentats de janvier 2015, le terrorisme n'est plus
une lointaine chimère pour la société française. Voici le récit de ces trois
jours où la France a été confrontée pour la première fois sur son sol aux
attaques de Daech.
La France de janvier 2015, installée dans la morosité, prononce
le rituel «Bonne année» sans trop y croire. François
Hollande est au plus bas dans les sondages, le chômage bat des
records. La majorité est en capilotade, l'économie à fond de cale. Depuis des
mois, responsables politiques et experts de la sécurité répètent sur tous les
tons que «la question n'est pas de savoir s'il va y avoir une attaque
terroriste mais quand elle aura lieu». La France écoute d'une oreille distraite
ces Cassandre lui saper son maigre moral. Elle fait le dos rond. Il fait froid.
Le 13 novembre 2015 n'est encore qu'une date anodine sur les
calendriers
Les terroristes frappent le 7 janvier, peu avant midi. Si bien
peu de Français lisent encore Charlie, l'assassinat de Cabu,
Wolinski et de leurs camarades claque comme une déclaration de guerre. La
liberté d'expression est bafouée par deux énergumènes qui éructent des «Allah
Akbar» pour signer leur forfait. Plus tard, viendra le temps des polémiques.
Mais, cette semaine de janvier, le «Je suis Charlie» griffonné
par un graphiste, slogan en lettres blanches sur fond noir, est adopté par
les Français avant de faire le tour du monde. Plus tard, éclateront les
controverses sur les failles de l'antiterrorisme, les ambiguïtés, les
aveuglements…
Mercredi après-midi, la traque des tueurs de Charlie commence. Leur
nom, Kouachi,
sonne comme une rafale de kalach'. Jeudi, la trace des assassins se perd entre
l'Aisne et l'Oise tandis que, du monde entier, les messages de condoléances
affluent vers Paris. Vendredi, à l'heure du déjeuner, alors que les frères
terroristes sont localisés dans une imprimerie, nouveau coup de tonnerre. Une
prise d'otages dans un magasin de produits casher. Plus de vingt clients et
employés à la merci de Coulibaly.
Des Juifs pris pour cible.
La France retient son souffle. Elle scrute les images muettes de l'imprimerie
de Dammartin comme la façade aveugle de l'Hyper Cacher. Elle se fige. Avant
d'avancer, par millions, dans les rues, le dimanche 11 janvier. Le 13 novembre
2015 n'est encore qu'une date anodine sur les calendriers.
Retrouvez le récit de ces 72 heures sur Le Figaro.fr:
Paris, siège de Charlie Hebdo, le terrorisme islamiste fait irruption dans la capitale. Le bilan est lourd: 12 morts.
Montrouge, avenue Pierre-Brossolette, une fusillade retentit sur la voie publique. Une jeune policière municipale est abattue de plusieurs tirs.
Dammartin-en-Goële, les frères Kouachi se sont retranchés dans l'imprimerie CTD et ont pris son patron en otage. Dans le même temps, Lilian Lepère, employé, s'est caché sous un évier du bâtiment.
Paris, porte de Vincennes, Amedy Coulibaly prend en otage le personnel et les clients de l'Hyper Casher. Il abat quatre personnes.
● 9
janvier, 16h30: Hollande donne le feu vert aux forces d'élite pour les assauts
Paris, l'Élysée, alors que les frères Kouachi décident de sortir de l'imprimerie et de livrer leur dernier combat, le président de la République et ses ministres vont devoir prendre une grave décision: lancer ou pas l'assaut contre l'Hyper Casher.
Paris, l'Élysée, alors que les frères Kouachi décident de sortir de l'imprimerie et de livrer leur dernier combat, le président de la République et ses ministres vont devoir prendre une grave décision: lancer ou pas l'assaut contre l'Hyper Casher.
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De nouveaux projets
pour Charlie Hebdo (06.01.2017)
Depuis décembre, Charlie a traversé le Rhin, avec le
lancement d'une version allemande du journal tirée à 200.000 exemplaires.
N'en déplaise à ses détracteurs: deux
ans après la tuerie qui a décimé une grande partie de sa rédaction, Charlie
Hebdo est toujours debout. L'hebdomadaire satirique continue de
défendre son droit à rire de tout, en dépit de critiques provenant du monde
entier. Fin décembre, Moscou s'indignait d'une série de caricatures autour du
crash de l'avion militaire russe transportant les
Chœurs de l'Armée rouge. En septembre, la ville italienne d'Amatrice,
touchée par un séisme meurtrier, portait plainte contre le journal français. En
cause: un dessin comparant les victimes mortes écrasées à des lasagnes. «On
a l'impression que le monde entier surveille ce que l'on fait»,
déplore auprès de l'AFP Riss, le directeur de la publication. «Les gens
sont devenus encore plus intolérants à l'égard deCharlie.»
15 millions d'euros bloqués en banque
On se souvient de l'immense élan de solidarité des Français, qui
s'étaient déplacés en masse pour acheter le «numéro des survivants», écoulé à
plus de 7 millions d'exemplaires. Charlie Hebdo avait
alors atteint un chiffre record de 260.000 abonnés. Vertigineux
pour un journal en difficulté financière, qui ne vendait avant l'attaque
que 30.000 exemplaires par semaine, dont 10.000 par abonnement. En ce début
2017, les chiffres de vente de Charlie Hebdo demeurent
importants: 100.000 ventes par semaine, réparties à parité entre achats en
kiosque et abonnement. En Belgique, l'hebdomadaire reste un succès avec 8000
exemplaires vendus par semaine, contre 500 en 2014. Certes, deux tiers des
abonnés n'auront pas renouvelé leur engagement. Mais cette situation était
prévisible, ces abonnements étant plus motivés par l'émotion que par une réelle
adhésion à la ligne éditoriale, finalement peu connue du grand public.
Grâce aux ventes records du «numéro des survivants», Charlie
Hebdo a de quoi parer à d'éventuels soucis financiers. Près de
15 millions d'euros ont ainsi été bloqués en banque. Le journal a adopté
le nouveau statut d'entreprise solidaire de presse, qui l'oblige à réinvestir
70% de ses bénéfices. Une partie de cet argent a permis de lancer de nouveaux
projets. Début 2016, un site Internet a été mis en ligne, avec un article et un
dessin inédit par jour. L'édito de Riss y est traduit chaque semaine en
anglais. En décembre, Charliea traversé le Rhin, avec le lancement
d'une version allemande du journal. Deux cent mille exemplaires ont été tirés
pour le premier numéro, paru le 1er décembre. La direction dit ignorer
combien d'exemplaires ont été vendus, les remontées d'informations depuis les
points de vente étant plus lentes en Allemagne qu'en France.
De nouveaux dessinateurs
2016 aura également été marquée par la montée en puissance de nouveaux
dessinateurs. Après la tuerie, Riss et Coco ont assumé la quasi-totalité des
illustrations du journal. Ils ont depuis été épaulés par Juin, Foolz et
Vuillemin. Le journal compte aujourd'hui une vingtaine de permanents et autant
de collaborateurs externes, bravant la peur d'être pris pour cible. La
rédaction a déménagé depuis un an dans des locaux ultra-sécurisés, quelque part
dans Paris. Le dispositif de sécurité, comprenant une escorte permanente pour
certains salariés, coûte au titre un million d'euros par an.
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Céline Pina :
«Deux ans après Charlie Hebdo, toujours et encore le même déni» (07.01.2017)
FIGAROVOX/TRIBUNE - Il y a deux ans, les frères Kouachi attaquaient
Charlie Hebdo. Pour Céline Pina, une partie des élites trahit l'esprit d'unité
nationale en se refusant à condamner clairement les coupables, au point
d'oublier les victimes.
Ancienne conseillère régionale d'Ile-de-France, Céline Pina est
essayiste et militante. Elle avait dénoncé en 2015 le salon de «la femme
musulmane» de Pontoise et a récemment publié Silence Coupable (éditions
Kero, 2016). Avec Fatiha Boudjahlat, elle est la fondatrice de «Viv(r)e la République», mouvement laïque
féministe et républicain appelant à lutter contre tous les totalitarismes et
pour la promotion de l'indispensable universalité de nos valeurs républicaines.
Il y a des dates comme cela: nous nous souvenons tous où nous étions
et de ce que nous faisions ce 7 janvier 2015 quand nous avons appris le
massacre des journalistes de Charlie. Et il y a une raison à cela: jamais nous
n'aurions pensé que l'on puisse perpétrer dans notre pays une telle tuerie
collective pour des motifs politiques. Inconsciemment nous pensions être
délivrés du tragique de l'histoire et de la violence comme mode de résolution
des conflits politiques .
Là est la particularité du 7 janvier par rapport aux attentats qui ont
précédé (Merah) et ceux qui ont suivi. En investissant l'immeuble de la rue
Nicolas-Appert, les frères Kouachi savaient exactement qui ils allaient tuer et
avaient un objectif précis: faire régner l'autocensure par la peur, instaurer
un délit de blasphème par le sang versé, museler les consciences grâce au
traumatisme causé.
Des victimes mises en accusation
D'ailleurs seuls les victimes de cet attentat-là ont eu le triste
privilège d'être mises en accusation et jugées un peu responsables quand même
de ce qui leur arrivait. Par charité, épargnons-nous la liste complète de ces
Tartuffes qui, après le passage obligé des condoléances, expliquaient que quand
on s'en prend aux contenus d'une croyance, il ne faut pas s'étonner de la
réaction des fidèles. Pour eux, l'exercice de la dérision et de la liberté
d'expression est en soi un vecteur de violence. Le but de la manoeuvre: refuser
aux victimes la cause même de leur mort, leur dénier le fait d'être des
symboles de la liberté, nier la dimension politique des assassinats.
Rien d'étonnant à ce que la mouvance islamiste dans toutes ses
composantes justifie l'attaque, mais voir une partie de nos élites a alimenté
un sentiment de trahison dans la population.
Rien d'étonnant à ce que la mouvance islamiste dans toutes ses composantes
justifie l'attaque, mais voir une partie de nos élites, politiques, médiatiques
ou culturelles leur emboîter le pas a alimenté un sentiment de trahison dans la
population. Ainsi, alors que la barbarie nous éclatait au visage, nous avons eu
droit à un festival de déni. Et, force est de constater, à ma grande amertume,
que les leaders de la gauche, qui se croit morale, sont fortement représentés
dans le panel. On y retrouve Tariq Ramadan bien sûr et ses amis de l'UOIF et du
CCIF, Jean-Marie le Pen («je suis Charlie Martel»), Dieudonné («je suis Charlie
Coulibaly») mais aussi les Plenel, Todd, Badiou, Lancelin, Lordon, Plantu,
Geluck, Brauman, Gresh et j'en oublie. Pour un certain nombre, la bande à
Charlie est plus coupable d'«islamophobie» que victime de la liberté
d'expression et ce sont leurs bourreaux et ceux qui diffusent le totalitarisme
islamiste que l'on transforme en victimes de la société au nom d'un antiracisme
dévoyé.
Que dire aussi des analyses post 11 janvier...
Que dire aussi des analyses post 11 janvier. Passons sur ceux qui ne
supportent pas d'appartenir à un collectif et qui, pour se sentir exister et
prendre la lumière, choisissent systématiquement le contre-pied de tout élan
d'union nationale. Ils sont dans le fond assez rares. Mais comment comprendre
la violence des critiques qu'a essuyées Charlie à peine un mois après les
massacres? La tuerie avait démontré que le règlement de désaccords idéologiques
dans le sang et le choix de supprimer physiquement les adversaires plutôt que
de débattre même durement faisait un retour fracassant dans notre pays
civilisé. Ainsi donc, non seulement dans le pays de la liberté d'expression on
peut désormais être assassiné pour ses opinions, mais pire encore, on trouve
une bonne partie de l'élite pour mettre en cause la responsabilité des
victimes. Cela n'incite pas à se laisser pousser le courage, surtout quand on
sait que certains de ses contemporains qui font l'opinion sont prêts à jeter
l'opprobre sur vous, même après que vous ayez payé le prix du sang.
L'explosion des revendications séparatistes
Plus grave encore, certains se mettront au service de l'idéologie qui
a rendu un tel massacre pensable, possible et légitime pour évacuer les morts
réels au profit de victimes symboliques. C'est ainsi que très rapidement, au
lieu de s'interroger sur l'exercice réel des libertés constitutionnelles quand
une idéologie comme l'islamisme égrène morts et violences dans toute l'Europe,
certains se mobilisent pour fournir un discours victimaire prêt à penser aux
terroristes et aux idéologues qui les forment: c'est ainsi que les plus
cyniques de cette part d'élite dévoyée ont utilisé les morts de Charlie et les
attentats qui suivirent, pour vendre leurs concepts séparatistes. La notion
«d'islamophobie» visant à interdire toute critique de l'islam, est ainsi érigée
en ultime combat contre les discriminations. La revendication d'une loi sur le
blasphème, qui vise à museler une de nos libertés fondamentales, est présentée
comme une marque de respect et de tolérance à l'égard des minorités et la
mobilisation pour le port du voile (version uniforme des femmes de Daesch) est
définie comme l'apogée du combat pour la liberté des femmes…
Combien de journaux aujourd'hui oseraient publier une caricature de
Mahomet ?
Résultat, combien de journaux aujourd'hui oseraient publier une
caricature de Mahomet? En posant la question on a déjà la réponse.
Ainsi deux ans après le plus grand massacre politique que notre pays a
connu ces dernières années, on pourrait penser que les frères Kouachi sont
arrivés à leurs fins. La censure et l'autocensure se développent et la violence
contre les lanceurs d'alerte et les laïques, sommés de se taire à coups
d'accusation de racisme et de collusion avec le FN, est bien réelle.
Et tandis que les militants du séparatisme et de l'apartheid comme
Houria Bouteldja, porte-parole des indigènes de la république trustent les
émissions du service public, des militants de l'islamisme et de
l'islamogauchisme sont présentés comme «militants antiracistes» ou «doctorants»
alors qu'ils interviennent au nom de cette idéologie totalitaire qu'est
l'islamisme. Qu'eux avancent masqués s'entend, c'est dans leur intérêt. Mais
que ceux qui leur tendent des micros ne fassent pas leur travail en ne disant
pas d'où parlent ces personnes est plus difficile à comprendre. On en a encore
eu un exemple lors de l'émission politique de France 2 qui accueillait
Manuel Valls ce jeudi 5 janvier. On y a croisé en guise de représentants des
Français, des militants politiques expérimentés, débitant un argumentaire et
des éléments de langage qui font de la jeune femme voilée, une bonne
représentante de l'idéologie islamiste et de l'«agriculteur», qui maîtrisait
son discours gauchiste sur le bout des doigts, un activiste assumé. C'est leur
droit mais pourquoi ceux dont le métier est la rigueur de l'information nous
trompent-ils sur ce que sont réellement leurs invités? D'autant qu'en la
matière David Pujadas est un récidiviste .
Ces meurtres ne provoquent pas chez la majorité de nos consciences
intellectuelles la condamnation sans faille que l'on eût attendue.
Pendant ce temps, les lanceurs d'alerte et les laïques sont attaqués
par une partie de la classe politique dont ce devrait être au contraire
l'honneur et le devoir que de les soutenir dans ce combat difficile et
dangereux qui ne leur a échu que parce que ceux dont c'est la fonction ne le
mènent pas. Ainsi, l'après Charlie nous montre que, non seulement en France on
peut être assassiné pour ses idées, mais que ces meurtres ne provoquent pas
chez la majorité de nos représentants et de nos consciences intellectuelles la
condamnation sans faille que l'on eût attendue.
Préférer avoir raison avec Aron que tort avec Sartre
La liste de grands penseurs ayant cautionné les pires régimes de
l'histoire et les plus monstrueux tyrans donne le vertige.
Il faut lire le papier déchirant de Fabrice Nicolino dans le numéro
spécial de Charlie sorti le 4 janvier dernier, son titre est sans appel: «cette
gauche qui s'est toujours couchée devant les despostes», sa lecture est
désespérante mais éclairante. Elle montre le sort qu'une certaine
intelligentsia de la gauche a réservé à ceux qui sortaient de ces propres rangs
quand ils osaient refuser la soumission au totalitarisme. La liste de grands
penseurs ayant cautionné les pires régimes de l'histoire et les plus monstrueux
tyrans donne le vertige. Du soutien à la politique de Staline en passant par
Mao, Pol Pot, Fidel Castro, c'est toute une génération qui ferme les yeux sur
le totalitarisme, le meurtre de masse et la violence comme moyen de
gouvernement parce que l'idéologie qu'elle porte correspond à leur romantisme
révolutionnaire. Non seulement l'horrible réalité du meurtre comme instrument
de domination ne les trouble pas, mais ils font du refus du réel et de la
vérité, leur étendard et leur fierté. Il fallait quand même oser préférer à ces
époques-là «avoir tort avec Sartre que raison avec Aron», car
concrètement cette phrase signifie préférer être aux côtés des idéologies
totalitaires et meurtrières plutôt que du côté de la démocratie et de la
civilisation. C'était être du côté des bourreaux et nier les charniers, c'était
ajouter à la mort physique, la mort symbolique des victimes du totalitarisme.
La postérité de ces clercs sans conscience est nombreuse, bruyante
et tout aussi dangereuse intellectuellement qu'irresponsable politiquement.
Hélas, au lieu d'être ensevelis sous la honte qui aurait dû être la
leur, la postérité de ces clercs sans conscience est nombreuse, bruyante et
tout aussi dangereuse intellectuellement qu'irresponsable politiquement. Ils
sont minoritaires dans le pays, mais semblent majoritaires chez nos élites. En
tout cas ils donnent encore le ton.
Deux ans après la mort de Cabu, Charb, Wolinski, Tignous, Honoré,
Bernard Maris, Elsa Cayat, Franck Brinsolaro, Ahmed Merabat, Frédéric Boisseau,
Michel Renaud, Mustapha Ourrad, il est plus que jamais indispensable d'être
Charlie, de le rester et de le revendiquer. Pour que cette année 2017 ne soit
pas encore une année d'évitement, pour que les vrais enjeux qui pèsent sur
notre avenir soient abordés, pour que ceux de Charlie ne soient pas morts pour
rien, nous devons obliger nos politiques à être clairs sur leurs
responsabilités et leurs missions. Que le courage et la lucidité face à
l'idéologie islamiste nous permettent de jauger les esprits et les cœurs.
Pour finir, j'emprunte à Guy Konopnicky la citation qui clôt son beau
message d'hommage à ses amis de Charlie sur Facebook. «Imbéciles, c'est pour
vous que je meure» lança un résistant aux soldats allemands qui venaient le
fusiller .
C'est pour nous que sont morts ceux de Charlie. Voilà pourquoi je
préfère et préférerai toujours avoir raison avec Aron que tort avec Sartre.
Voilà pourquoi je suis Charlie.
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Céline Pina
Arabie
saoudite : l'extraordinaire purge (05.11.2017)
Mohammed Ben Salman a fait arrêter des princes milliardaires et plus
d'une trentaine de hautes personnalités.
A 32 ans, le prince héritier, Mohammed Ben Salman (MBS), se lance dans
un grand ménage qui frappe aussi bien les princes corrompus de la famille Saoud
que de potentiels adversaires politiques. Par un décret signé samedi soir par
son père, le roi Salman, créant une agence anticorruption, quatre
ministres et une trentaine d'anciens hauts responsables ont été arrêtés,
tandis que dans la grande ville portuaire de Djedda, des avions privés étaient
cloués au sol pour empêcher certaines personnalités de fuir le royaume. Du
jamais-vu à la cour des Saoud où l'on a toujours privilégié la transaction
plutôt que le bâton. Mais avec MBS, le nouvel homme fort de l'Arabie, cette
clémence est révolue.
«Pratiquement toutes les grandes fortunes du royaume sont touchées par
cette opération mains propres», relève, encore sous le choc, un homme
d'affaires français, familier de l'Arabie.
«Ben Salman fait du Poutine, il casse tous les oligarques qui
peuvent lui barrer la route.»
Un homme d'affaires
Ont été visés: le prince multimilliardaire Walid
Ben Talal, Saleh Kamel (à la tête de la chaîne satellitaire Arabsat), Bakr
Ben Laden, intermédiaire notamment de plusieurs sociétés françaises, mais aussi
l'ancien chambellan de feu le roi Abdallah, Khaled al-Twaijri, ainsi que son
fils, Turki. «Ce sont des hommes d'affaires qui se sont gavés pendant les
années de règne du précédent roi, Abdallah», analyse l'homme d'affaires français.
Ils seraient confinés à l'hôtel Ritz Carlton de Riyad, réquisitionné pour la
circonstance, selon nos informations.
Écarter certaines voix qui pourraient gêner son ascension
Au nom de la lutte anticorruption dans un royaume longtemps
immensément riche, le prince héritier en profite aussi pour écarter certaines
voix qui pourraient gêner son ascension vers le sommet du pouvoir. Des
électrons libres, comme Walid Ben Talal, fils du «prince rouge», exilé depuis
de nombreuses années au Caire. Des propriétaires de grands réseaux
audiovisuels, comme Walid al-Ibrahim qui détient la chaîne MBC. Mais aussi le
ministre de la Garde nationale, le prince Mutaïb, le fils de l'ex-roi Abdallah,
propriétaire de l'hôtel Crillon à Paris. Mutaïb était le dernier membre du clan
rival à pouvoir lui faire de l'ombre. Il a été remplacé par un fidèle de MBS à
la tête de la Garde, cette «armée des tribus», indispensable à la sécurité d'un
royaume fragile, que de nombreuses sociétés étrangères ont équipée des années
durant. Le ministre de l'Économie, Ibrahim al-Assaf, et le patron de la Marine
nationale ont également été démis de leurs fonctions et remplacés par des
proches de MBS. «Ben Salman fait du Poutine, il casse tous les oligarques qui
peuvent lui barrer la route», constate un autre homme d'affaires.
L'héritier du trône consolide ainsi son pouvoir. En trois ans à peine,
son ascension est fulgurante. Lors de la constitution du premier gouvernement
nommé par son père, qui venait de succéder à Abdallah en janvier 2015, MBS
devient tout à la fois ministre de la Défense, directeur du diwan (le cabinet
royal) et président du Comité pour les affaires économiques. Avant de mettre la
main sur Aramco, le géant pétrolier qu'il entend privatiser. Et d'écarter en
juin dernier lors d'une minirévolution de palais le prince héritier Mohammed
Ben Nayef, l'homme de la CIA et de l'antiterrorisme. Enfin, en septembre, il
fait embastiller des religieux et des intellectuels, souvent hostiles à sa
politique d'ouverture ou à la guerre qu'il a déclenchée contre son voisin du
Qatar. De quoi se faire beaucoup d'ennemis! Au sein de la famille régnante
d'abord, où contrairement à ce qui avait été annoncé officiellement, le Conseil
de l'allégeance - cet aréopage des princes de premier rang - ne s'est même pas
réuni pour avaliser sa nomination comme prince héritier. «À long terme, son
forcing peut être dangereux, met en garde un diplomate, car MBS aura besoin de
ces gens-là pour réussir son pari.»
«Nous n'allons pas passer trente ans de plus de notre vie à nous
accommoder d'idées extrémistes et nous allons les détruire maintenant.»
Mohammed Ben Salman
«Ce qui intéresse Mohammed Ben Salman, analyse François-Aïssa Touazi,
expert de l'Arabie, ce sont les classes moyennes et les jeunes qui forment
70 % de la société saoudienne». Or ces deux catégories vont, selon lui,
«applaudir» cette opération mains propres. Il s'agit de «préserver l'argent
public, punir les personnes corrompues et ceux qui profitent de leur position»,
justifiait samedi soir l'agence de presse officielle SPA.
Après des années de stagnation, alors que l'ennemi iranien est
redevenu une puissance régionale, le prince héritier veut faire émerger une
nouvelle Arabie. Pour réussir ce gigantesque pari, MBS
mise sur l'après-pétrole et veut remettre à sa place le puissant lobby
des religieux conservateurs.
«C'était très clair au sommet de Riyad qui a réuni la semaine dernière
le gratin de la finance mondiale», souligne François-Aïssa Touazi, qui y
participait. Devant 2.500 décideurs, Ben Salman a promis l'avènement d'une
Arabie «modérée», en rupture avec l'image d'un pays longtemps considéré comme
l'exportateur du wahhabisme, une version rigoriste de l'islam qui a nourri
nombre de djihadistes à travers le monde. «Nous n'allons pas passer trente ans
de plus de notre vie à nous accommoder d'idées extrémistes etnous
allons les détruire maintenant», a-t-il assuré sous les applaudissements
des participants à ce «Davos du désert».
«Il veut remettre en cause le pacte fondateur entre les Saoud et
les wahhabites, au terme duquel la famille régnante céda le contrôle du pouvoir
aux religieux en échange de leur allégeance.»
François-Aïssa Touazi, expert de l'Arabie
«MBS semble vouloir aller plus loin, poursuit François-Aïssa Touazi,
puisqu'il veut remettre en cause le pacte fondateur vieux de plus de deux
siècles entre les Saoud et les wahhabites, au terme duquel la famille régnante
céda le contrôle du pouvoir aux religieux en échange de l'allégeance des
wahhabites.»
Déjà, la police religieuse, vestige archaïque de cette alliance, a vu
ses pouvoirs rogner. MBS vient également d'autoriser les femmes à conduire et
l'ouverture de cinémas dans un pays où la jeunesse s'ennuie.
Peut-il mener de front tous ces chantiers, alors que son pays est
embourbé dans une guerre au Yémen contre des rebelles alliés de l'Iran, et que
Riyad ne parvient pas à ramener dans le rang le minuscule Qatar? «Il a une
énergie et une autorité débordante», assure François-Aïssa Touazi. Son coup de
balai est probablement le dernier acte avant sa prise de pouvoir. Depuis des
mois, des rumeurs insistantes laissent entendre que le
roi Salman, 81 ans et souffrant, pourrait abdiquer. Au profit de MBS, qui
deviendrait ainsi à moins de 35 ans le plus jeune monarque de l'Arabie moderne.
Et pour des décennies. Le temps d'essayer de transformer ce colosse aux pieds
d'argile.
Walid Ben Talal, un familier de l'Élysée
Arrêté lui aussi, Walid
Ben Talal est le plus francophile des princes saoudiens. Le
propriétaire du George V à Paris se targuait d'être l'ami des présidents
Nicolas Sarkozy et François Hollande, qui le recevaient à l'Élysée. L'an
dernier, WBT, à la tête d'un holding qui pèse plus de 17 milliards de dollars,
a signé un accord de partenariat avec la Caisse des dépôts. Et récemment,
il est venu au secours de la Banque Saudi-Fransi (ex-Crédit agricole
d'Arabie). Jean-Louis Borloo s'est également associé à lui pour lancer ses
opérations d'aide à l'Afrique. Ses prises de position, souvent iconoclastes,
agaçaient la cour à Riyad. Le jeudi soir, dans sa «ferme» du désert au sud
de Riyad, il recevait des cohortes de Bédouins venus lui embrasser
l'épaule, signe d'allégeance au prince, en échange d'un billet de
100 dollars. Une obole bédouine qui a pu finalement lui attirer des
ennuis…
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Pourquoi
l'arrestation d'un prince saoudien inquiète Twitter (06.11.2017)
- Par Elsa Trujillo
- Publié le
06/11/2017 à 19:31
Le prince Al-Walid, arrêté ce week-end sur ordre d'une commission
saoudienne anti-corruption, est l'un des investisseurs les plus importants de
Twitter.
L'arrestation de plusieurs princes, anciens membres du gouvernement et
ministres saoudiens secoue le monde des affaires. Kes autorités saoudiennes ont
effectué un spectaculaire coup de filet anti-corruption samedi 4
novembre. Parmi les personnes arrêtées figurerait le richissime prince Al-Walid
ben Talal. L'homme d'affaires, qui figure parmi les cinquante plus importantes
fortunes au monde, est l'une des personnalités saoudiennes les plus médiatisées
en Occident.
Le milliardaire a investi dans de grands noms des nouvelles
technologies, dont Apple, la société de transport Lyft ou encore Twitter. Le 23
octobre, lors d'une interview accordée à CNBC, le prince Al-Walid avait confirmé toujours détenir
des parts de la société californienne, se montrant optimiste au sujet de son
investissement. «Cela ne promet pas d'être facile car ils font face à quelques
difficultés, mais notre investissement initial a été très raisonnable, et nous
nous orientons vers un seuil de rentabilité», avait-il alors indiqué au sujet
de l'entreprise.
Le volume de parts actuellement détenu par l'homme d'affaires reste
opaque, en raison de la politique de confidentialité de Kingdom Holding
Company, sa société d'investissement. En décembre, le prince détenait 4,9% des
parts de l'entreprise, selon le site InsiderScore.com,
faisant de lui le cinquième investisseur le plus important de la société,
d'après Ben Silverman, directeur de recherche d'InsiderScore, mentionné
par CNBC. Fin 2015, al-Walid ben Talal avait annoncé être
devenu le deuxième actionnaire de Twitter, après une augmentation de
sa participation. Avec 5% de parts, il avait supplanté l'actuel PDG du groupe,
Jack Dorsey, qui n'en détient que 3.23%.
La crainte d'une chute en Bourse
L'impact de l'annonce semble être encore modéré sur l'entreprise. Le
cours de Twitter accusait une baisse de 1,35% en fin d'après-midi à la Bourse
de New York. Le cours de Citigroup, dont Kingdom Holding Company détient
également des parts, a, lui, baissé de 1%.
L'annonce de l'arrestation présumée d'Al-Walid a en revanche eu des
conséquences directes sur sa société d'investissement. Le milliardaire est le
principal actionnaire, à 95%, de Kingdom Holding, une société d'investissement
qui détient des participations dans nombre d'entreprises, dont Accor. Ce matin,
l'action du groupe hôtelier accusait une perte de 1,48% (à 42,07 euros) à la
Bourse de Paris, soit l'une des plus fortes baisses de l'indice CAC 40, avant
de retrouver son niveau d'origine. Le cours de Kingdom Holding a lui-même chuté
de 9,9% à l'ouverture de la bourse saoudienne dimanche, au lendemain de
l'arrestation présumée du prince. Le règlement de la bourse saoudienne plafonne
la baisse des actions à 10% lors d'une sessions. L'indice Tadawul All-Shares
(Tasi), la Bourse la plus importante des pays arabes, a également subi une
baisse de 1,6%, une minute seulement après son ouverture.
L'Arabie Saoudite doit désormais examiner aux investissements à
l'international des personnes arrêtées pour en évaluer les répercussions. Les
actionnaires des sociétés concernées, eux, sont dans l'attente des conséquences
réelles de cette arrestation présumée sur la valeur des actions du prince
Al-Walid, qui pourrait se séparer d'une partie de ses investissements.
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Les Saoudiens
arrêtés seront jugés (06.11.2017)
- Par Le
Figaro.fr avec AFP
- Mis à
jour le 06/11/2017 à 17:42
- Publié le
06/11/2017 à 17:21
Les dizaines de personnalités saoudiennes arrêtées dans le cadre
d'une purge anticorruption sans précédent dans le royaume vont
être jugées devant un tribunal, a indiqué aujourd'hui le procureur général.
Des princes, dont le célèbre milliardaire Al-Walid ben Talal, des
ministres ainsi que des hommes d'affaires ont été appréhendés samedi lors d'une
opération coup de poing qui fait suite à la mise en place d'une nouvelle
commission anticorruption présidée par le puissant prince héritier Mohammed
ben Salmane.
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saoudite
«Toutes les personnes suspectées auront pleinement accès à tous les
droits de la défense et les procès auront lieu de façon transparente», a
affirmé dans un communiqué le procureur général Cheikh Saoud Al Mojeb.
«D'importantes preuves ont déjà été recueillies et des interrogatoires
détaillés ont eu lieu», a-t-il ajouté.
Selon Cheikh Saoud Al Mojeb, qui fait lui-même partie de la nouvelle
commission anticorruption formée conformément à un décret royal, les autorités
ont dû mener leur enquête «dans la discrétion» afin que personne «ne
puisse échapper à la justice».
Selon la chaîne à capitaux saoudiens Al-Arabiya, 11 princes, 4
ministres et des dizaines d'ex-ministres ont été arrêtés, alors que la
commission anticorruption a ouvert des enquêtes sur plusieurs affaires, pour
certaines assez anciennes, dont une concerne les inondations meurtrières ayant
dévasté en 2009 Jeddah (ouest).
Un responsable gouvernemental a fourni à l'AFP une liste de 14 personnalités
de haut rang limogées ou arrêtées incluant
le prince Al-Walid, l'une des personnalités les plus riches au monde.
Parallèlement aux arrestations, le chef de la puissante Garde
nationale saoudienne, un temps considéré comme prétendant au trône, ainsi que
le chef de la Marine et le ministre de l'Economie ont été abruptement limogés.
Tous ces changements interviennent au moment où le prince héritier
Mohammed ben Salmane, 32 ans, tente de consolider son pouvoir et d'introduire
des réformes économiques et sociales inédites dans le royaume
ultraconservateur.
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Coca-Cola met en scène une
Saoudienne au volant d'une voiture (06.11.2017)
Par Stéphanie
O'Brien | Le 06 novembre 2017
En Arabie saoudite, les femmes ne pourront conduire qu'à partir de
juin 2018. Une avancée sociétale sur laquelle surfe déjà le géant américain
pour vanter les mérites de son célèbre soda.
En ce moment
Coca-Cola prend une longueur d’avance. Alors qu'en Arabie saoudite,
les femmes ne seront autorisées à conduire qu'à compter de juin 2018, le géant
américain met d'ores et déjà en scène une jeune femme au volant d'une voiture.
Dans sa publicité judicieusement intitulée «Change Has a Taste»
(«Le goût du changement»), la branche Coca-Cola
Moyen-Orient montre une jeune femme en âge de conduire et à ses côtés,
son père bienveillant. Ce dernier cède le volant à sa fille afin de lui
apprendre les rudiments de la conduite. Comme tous les apprentis chauffeurs,
elle a bien du mal à maîtriser le jeu de l’embrayage et de l’accélérateur.
Le goût du changement
Complice et patient, le père ouvre alors une bouteille de Coca-Cola et
la pose sur la tableau de bord. Objectif : rouler sans renverser le soda. La
fille échoue ; et son père de rattraper la bouteille au vol avant et de la lui
offrir. Après quelques gorgées, la pilote en herbe retrouve confiance et
redémarre sans caler. Reste à savoir si la société saoudienne recevra sans
à-coup cette vision «à l'américaine» des relations père-fille et de la
conduite.
En vidéo, la campagne "Change Has a Taste"
Coca-Cola : Change
Has A Taste
Cette nouvelle publicité de la branche Moyen-Orient du groupe
Coca-Cola salue les progrès récents vis-à-vis des femmes en Arabie Saoudite.
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Les médias
traditionnels, remparts contre les fake news (05.11.2017)
En France, six personnes sur dix estiment que les médias traditionnels
sont des sources fiables en matière d'information politique et électorale.
Dans un monde inondé par les fake
news, les médias traditionnels sont de véritables valeurs refuges. C'est
l'un des principaux enseignements de l'enquête sur la confiance dans les
médias, menée par l'institut Kantar auprès de 8000 personnes en France, aux
États-Unis, au Royaume-Uni et au Brésil.
Si ces fake news, ces publications qui se font passer pour de
l'information, font beaucoup de mal à la crédibilité
des réseaux sociaux (58 % des sondés ont moins confiance), elles
redonnent sa vraie valeur à la couverture de l'actualité en profondeur. Pour
72 % des personnes interrogées, les médias traditionnels représentent des
contenus de confiance ; en France, six personnes sur dix estiment qu'ils sont
des sources fiables en matière d'information politique et électorale. «On
pouvait craindre que le phénomène affecte plus globalement la confiance des lecteurs
dans les médias. Il n'en est rien. C'est un message fort de confiance
renouvelée dans la presse traditionnelle, magazine et quotidienne», analyse
Laurent Guillaume, directeur général de l'institut Kantar.
La presse écrite, une référence
«Notre étude montre qu'il y a un lien clair entre la confiance dans
les médias et la volonté de payer, notamment chez les plus jeunes»
Laurent Guillaume, directeur général de l'institut Kantar.
La presse écrite - que ce soit sur papier ou en digital -
demeure une référence: plus de trois quarts des personnes interrogées lui font
confiance. Cette prime à l'information de qualité est une véritable opportunité
pour les médias, qui travaillent sur leur stratégie de monétisation. «Notre
étude montre qu'il y a un lien clair entre la confiance dans les médias et la
volonté de payer, notamment chez les plus jeunes», ajoute Laurent Guillaume.
En France, 10 % des 18-34 ans sont prêts à payer pour accéder à
de l'information de qualité contre 6 % des 35-54 ans et 3 % des plus
de 55 ans. Le phénomène se vérifie dans les mêmes proportions dans les autres
pays. .
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«Paradise papers» :
face à l'évasion fiscale, la classe politique démunie (06.11.2017)
- Mis à jour le 06/11/2017 à 18:31
- Publié le
06/11/2017 à 17:24
LE SCAN POLITIQUE - Les récentes révélations ont mis en lumière des
mécanismes planétaires d'optimisation fiscale. Les politiques peinent à réagir
à ces scandales qui se multiplient, sur lesquels ils n'ont que peu de prise.
«Les paradis fiscaux, le secret bancaire, c'est terminé.» En 2009,
Nicolas Sarkozy, alors chef de l'État, le promettait. Les différentes affaires
autour de l'évasion fiscale qui se sont succédées ces dernières années ont
prouvé qu'il avait parlé un peu vite. Dernier scandale en date, les
«Paradise Papers». Réalisée par le Consortium international des
journalistes d'investigation (ICIJ) regroupant 96 médias de 67 pays, cette
enquête met en lumière des mécanismes d'optimisation fiscale dont jouissent
certaines multinationales et grandes fortunes mondiales.
Face à ces révélations qui se multiplient, les gouvernements
successifs peinent à trouver une réponse efficace. La première raison est
simple: bien qu'ils puissent paraître immoraux, ces montages financiers sont
souvent... légaux. Difficile alors de s'opposer à un système qui correspond à
la loi, à moins de la modifier. Mais là encore, la tâche s'avère complexe. Le
système qui permet l'évasion fiscale est avant tout planétaire. Compliqué
d'imaginer qu'un seul état puisse dicter ses règles au reste du monde.
Aucune réaction de l'exécutif
Pour l'instant, l'exécutif n'a pas encore réagi aux nouvelles
révélations des «Paradise Papers». Preuve de son impuissance? Les partis
d'opposition en ont quant à eux profité pour avancer certaines de leurs
propositions. Dans un communiqué, le Front national a notamment remis à jour un
engagement de la campagne de Marine Le Pen à la présidentielle. Celui-ci
consistait à «créer une taxe sur l'activité réalisée en France par les grands
groupes et les produits qui auraient été détournés, et en renforçant la
coopération fiscale internationale.»
«Il convient également de priver d'accès aux marchés publics les
multinationales qui pratiquent l'évitement fiscal et refusent de régulariser
leur situation», affirme aussi le communiqué tout en rejetant la faute sur
l'Union européenne: «La technostructure bruxelloise, toujours si prompte à
réglementer tout et n'importe quoi, est ici absolument absente.»
Le maintien du «verrou de Bercy» critiqué
Lors d'une conférence de presse à l'Assemblée nationale lundi,
Jean-Luc Mélenchon et les députés de la France Insoumis ont quant à eux tenu à
rappeler que tous leurs amendements contre la fraude fiscale avaient été
rejetés lors de l'examen du projet de loi de la moralisation de la vie publique
en juillet. Parmi eux: la suppression du «verrou de Bercy», cette mesure qui
oblige la justice à attendre l'accord du ministère des Finances pour pouvoir
enquêter lorsqu'il y a un soupçon de fraude fiscale.
L'amendement, soutenu par tous les groupes d'opposition, a finalement
été rejeté par la majorité présidentielle. «Ceci a été repoussé après débats en
séances. C'est donc en pleine connaissance de cause qu'on a mis là un frein de
lutte contre l'évasion et la fraude fiscale», a tonné Jean-Luc Mélenchon.
De son côté, le Parti socialiste a préféré se réjouir des avancées de
la lutte contre l'évasion fiscale de ces dernières années, vantant le bilan de
François Hollande. «C'est sous son quinquennat qu'une véritable politique de
lutte contre l'évasion fiscale a été mise en place. Grâce aux mesures prises
depuis 2012, tant au niveau international que national, 8 milliards d'euros ont
été recouvrés par les services fiscaux», affirme le communiqué, tout en
appelant Emmanuel Macron «à ne pas relâcher l'effort et à poursuivre, avec ses
partenaires internationaux et en France, la lutte menée avec efficacité depuis
2012.» Quant aux Républicains, ils n'ont pour l'instant pas réagi.
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Qui est Appleby, le
cabinet au coeur des «Paradise papers» ? (06.11.2017)
- Par Le figaro.fr
- Mis à jour le 06/11/2017 à 11:32
- Publié le 06/11/2017 à 09:50
VIDÉO - Basé aux Bermudes, ce cabinet d'avocats britannique réputé
est à l'origine de près de 7 millions de documents sur les 13,4 millions que
constituent les «Paradise papers».
La reine Elizabeth II, le secrétaire d'État au commerce Wilbur
Ross, le gendre de Vladimir Poutine... La liste des personnalités citées
dans les «Paradise papers» donne le tournis. Plus d'un an après les «Panama papers», cette enquête journalistique
internationale lève le voile sur des circuits d'optimisation fiscale. Pour
réaliser ce travail titanesque, le Consortium international des journalistes
d'investigation (ICIJ), regroupant 96 médias de 67 pays, s'est appuyé sur la
fuite de 13,4 millions de documents financiers, provenant notamment d'une
société, Appleby.
Dans le détail, 6,8 millions de fichiers proviennent de ce cabinet
d'avocats britannique basé aux Bermudes. Les fichiers restants viennent d'un
autre cabinet basé à Singapour, AsiaCity Trust, et «des registres commerciaux
de dix-neuf juridictions offshores», peut-on lire sur franceinfo, qui a participé à l'enquête. Sur son site internet, Appleby
se présente comme «l'un des plus grands fournisseurs de services offshore
légaux». La société dispose de bureaux sur l'île de Man, l'île Maurice et les
Seychelles, notamment.
Née à la fin du XIXe siècle, sous l'impulsion de Reginald Woodfield
Appleby - un avocat britannique -, l'entreprise s'est en effet implantée dans
dans dix pays au fil des âges. «En 1979, la firme a commencé son expansion pour
devenir une institution mondiale, avec plus de 700 employés», explique la chaîne de télévision australienne ABC. Objectif
affiché: bénéficier d'un droit fiscal particulièrement avantageux dans ces
territoires. Un principe qui est toujours d'actualité puisque, selon des
documents révélés par l'ICIJ datant de 2013, Appleby étudiait la possibilité
d'ouvrir de nouveaux bureaux aux îles Cook et au Vanuatu. À titre indicatif, le
dernier bureau a été ouvert à Shanghai, en 2012, si l'on se fie à la frise
chronologique disponible en ligne.
De nombreux clients domiciliés aux États-Unis
«À chaque bureau son expertise, en fonction des avantages fiscaux de
chaque territoire: à l'île de Man, on conseille les détenteurs d'avions privés
tandis que Jersey est le paradis des opérateurs de jeux en ligne», détaille
ainsi franceinfo. Le cabinet Appleby offre ainsi une large palette de services,
aussi bien pour les entreprises que les particuliers. Là encore, la liste est
longue: créations de sociétés-écrans pour échapper à la TVA, constitution de
«trusts familiaux pour gérer des fortunes ou des héritages» sans être imposé,
etc. «Les gens d'Appleby ont très bonne réputation, ils sont très pros, très
bons», abonde un avocat genevois dans les colonnes du journal suisse Le
Temps, dans un article datant de mercredi dernier. «Mais ce ne
sont pas de simples administrateurs de sociétés offshore, c'est plus
sophistiqué. Ils font du réglementaire, des produits dérivés pour les fonds,
des services pour entreprises, contrats d'actionnaires, holdings, fonds
irlandais…».
Dans les faits, le cabinet est divisé en deux branches depuis janvier
2016, dont l'une fiduciaire - baptisée «Estera» et revendue à des associés -
qui gère notamment les actifs de riches particuliers, explique Le Monde .
«Contactées par Le Monde et ses partenaires, les deux firmes
se sont d'ailleurs défendues de manière similaire en affirmant “respecter
toutes les régulations”, ne pas faire “de conseil fiscal”», détaille le
quotidien du soir.
Les clients? Les PEP, ou «politically exposed persons» - personnalités
politiques exposées - notamment, peut-on lire
sur le site de la BBC. Autrement dit, il s'agit des personnalités
politiques, des diplomates ou de personnes venant du milieu judiciaire. Au
total, 150 politiciens et chefs d'entreprise sont cités comme clients d'Appleby
dans les «Paradise papers». Parmi les entreprises clientes, on recense
notamment Credit Suisse, HSBC et le groupe Barclays, selon
le site The Lawyer. Dans les faits, les clients sont majoritairement
domiciliés aux États-Unis (31.180 adresses de clients, dixit la BBC). «Il y
avait 14.434 adresses britanniques et 12.017 aux Bermudes», détaille le média
anglais. «Ensuite, c'est aux îles Caïmans qu'on trouve le nombre le plus
important, puis Hong Kong, la Chine, le Canada, l'île de Man, la Suisse et les
îles Vierges».
Si Appleby est aujourd'hui sous le feu des projecteurs, ce n'est pas
la première fois que ces agissements sont dénoncés. En 2010, une association
britannique, Tax Justice Network, pointait déjà du doigt l'opacité des pays dans
lesquels le cabinet s'était installé, rappelle franceinfo. En 2013, ce sont les
autorités financières des Bermudes qui regrettaient le manque de rigueur dans
le contrôle sur la provenance des fonds. «De 2005 à 2015, plus d'une douzaine
d'audits ont relevé des manquements dans les contrôles internes du cabinet, sur
ses sites de l'île de Man, des îles Caïmans, des îles Vierges britanniques, aux
Bermudes et à Londres», renchérit Le Monde.
Sans plus attendre, et avant même que les «Paradise papers» ne soient
révélés, Appleby s'est empressé de publier un communiqué la semaine dernière,
démentant tout comportement illégal. «Nous prenons la confidentialité de nos
clients très au sérieux et nous sommes déçus que les médias aient choisi
d'utiliser des informations qui proviennent d'une source obtenue illégalement»,
indique l'entreprise. «Nous prenons toute allégation d'acte répréhensible,
implicite ou autre, très au sérieux. (...) Appleby a mené une enquête
minutieuse et approfondie sur les allégations et nous sommes convaincus qu'il
n'y a aucune preuve d'actes répréhensibles, que ce soit de notre part ou de la
part de nos clients».
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«Paradise papers»:
nouvelles révélations sur les milliards des paradis fiscaux (05.11.2017)
- Par Le figaro.fr
- Mis à jour le 06/11/2017 à 12:54
- Publié le
05/11/2017 à 22:08
VIDÉO - Le premier ministre canadien Justin Trudeau, la reine Elisabeth
II ou encore des proches du président américain Donald Trump font partie des
personnalités citées dans cette nouvelle enquête du Consortium international
des journalistes d'investigation (ICIJ), déjà à l'origine des «Panama Papers».
Dix-huit mois après les «Panama Papers», place aux «Paradise Papers». Quelques 381 journalistes, représentant
96 médias internationaux (dont Radio France et Le Mondeen
France, Süddeutsche Zeitung en Allemagne, le Guardianau
Royaume-Uni et le New York Times aux
États-Unis) ont épluché pendant plusieurs mois plus de 13 millions de documents
issus pour moitié du cabinet-conseil britannique Appleby, installé aux Bermudes
et dans dix autres paradis fiscaux, obtenus par le journal allemand Süddeutsche
Zeitung.
Leurs investigations mettent en lumière des schémas sophistiqués
d'optimisation fiscale, souvent légaux, mais grâce auxquels des milliards de
dollars d'impôts impayés échappent aux finances des États. Parmi les
personnalités mises en cause, des politiques (des proches du président
américain Donald Trump ou du premier ministre canadien Justin Trudeau, la reine
d'Angleterre...), des stars du show-business (Madonna, Bono, le chanteur de
U2...), ou des sociétés telles que Apple, Facebook ou Twitter...
Appleby, qui se présente comme «l'un des plus grands cabinets
d'avocats offshore», avait annoncé fin octobre s'attendre à voir publiées des
informations financières pouvant concerner certaines des personnes les plus
riches de la planète, après un «incident» informatique.
La reine Elisabeth II possèderait ainsi une société qui
gère ses biens, baptisée Duché de Lancaster, qui a investi 7,5 millions de
dollars dans un fonds aux îles Caïmans en 2005. Ce fonds aurait lui-même
investi dans un fonds qui contrôle une société baptisée «Brighthouse». Or,
cette dernière est sous le feu des critiques au Royaume-Uni pour vendre aux
ménages les plus défavoriés de l'électroménager, de l'ameublement et d'autres
biens de consommation adossés à des prêts aux taux usuriers de 99,9 %.
Le premier ministre canadien Justin Trudeau est également
cité. Et notamment un de ses amis proches, le milliardaire Stephen Bronfman,
qui avait levé plus de 27 millions de dollars pour sa campagne pour les
élections législatives de 2015. À travers sa société Claridge, l'homme
d'affaires aurait investi dans une structure financière opaque aux îles Caïman
qui est soupçonnée d'avoir soustrait des millions de dollars aux caisses de
l'État canadien. Cette révélation fait tache pour le premier ministre canadien
qui a fait de la lutte contre les paradis fiscaux l'une de ses priorités.
Le secrétaire américain au Trésor, Wilbur Ross, entretiendrait
toujours des liens d'affaires étroits avec des proches du président russe,
Vladimir Poutine, en dépit des sanctions qui frappent ce pays. Le ministre du
Commerce de Donald Trump aurait ainsi gardé des participations dans une société
de transport maritime de gaz liquéfié, Navigator Holdings, qui fait des
affaires avec un oligarque russe visé par des sanctions américaines, ainsi
qu'avec un gendre de Vladimir Poutine. Selon le New York Times,
Wilbur Ross aurait réduit sa participation personnelle dans cette société lors
de sa prise de fonctions en février, mais en contrôle toujours, via des entités
offshore, 31%.
Facebook et Twitter apparaissent également dans les
«Paradise Papers», car les deux sociétés auraient perçu des financements
substantiels en provenance d'institutions publiques russes ayant des liens avec
Vladimir Poutine, via un associé de Jared Kushner, le beau-fils de Donald
Trump. Yuri Milner, le magnat russe qui auraient fait les investissements
détiendrait également des actions dans une société co-détenue par Jared
Kushner, qui est également un conseiller du président américian. Ces
révélations sont de nature à alimenter le débat sur l‘immixtion de la Russie
dans l'élection présidentielle américaine de 2016, et le rôle des médias
sociaux.
Les premières réactions n'ont pas tardé ce lundi. Berlin a même salué
les révélations. «Pour le gouvernement allemand, j'aimerais dire que cette
publication et le travail effectué par les médias sont bienvenus car ils
jettent une lumière sur les structures, les acteurs et les bénéficiaires de
mondes fiscaux parallèles», a dit le porte-parole du gouvernement Steffen
Seibert. Un porte-parole du ministère allemand des Finances a déclaré qu'il
serait utile que ces Paradise Papers soient mis à disposition du fisc allemand.
Au Royaume-Uni, un porte-parole de Theresa May a indiqué que l'autorité fiscale
britannique avait demandé l'autorisation de consulter les documents. «Il est
important de signaler que les investissements offshore ne sont pas
automatiquement des actes répréhensibles, mais le HMRC (Her Majesty's Revenue
and Customs) a demandé à voir ces documents, en urgence», a-t-il spécifié. À
Bruxelles également, les «Paradise papers» n'ont pas tardé à faire réagir et se
sont même invités à l'ordre du jour. Selon les officiels de l'Union européenne,
cités par Reuters, les ministres de l'Économie et des finances devraient se
réunir mardi pour mettre en place une liste noire des paradis fiscaux dans le
monde. En théorie, celle-ci devrait être complétée d'ici la fin de l'année.
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l'étonnant montage de Lewis Hamilton pour contourner la TVA (06.11.2017)
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06/11/2017 à 18:34
Crédits photo : Sutton/Sutton / Panoramic
LE SCAN SPORT - Le néo-quadruple champion du monde de Formule 1 a
vu son nom apparaitre dans la liste de l'enquête des «Paradise Papers», pour
optimisation fiscale d'un montant de 3,7 millions d'euros autour de «son»
jet-privé.
Rapide au volant de sa monoplace grise ou à l'arrière de son jet-privé
rouge, Lewis Hamilton a été rattrapé par les «Paradise
Papers», nouvelle enquête du Consortium international des journalistes
d'investigation sur l'optimisation fiscale, déjà à l'origine des «Panama
Papers». En cause, un montage financier permettant au Britannique de
s'exonérer le paiement de la TVA de son jet-privé de 22 millions d'euros.
Puisque, selon l'émission de France 2, Cash Investigation, affiliée à
l'enquête, si le pilote Mercedes utilise à sa guise l'appareil, officiellement
l'aéronef ne lui appartient pas. Il est la propriété d'une société enregistrée
aux îles Vierges qui le loue à une entité basée sur l'île de Man, qui,
elle-même le loue à nouveau à une autre société avant que Lewis Hamilton ne
s'en serve.
Rien d'illégal pour les avocats d'Hamilton
Toujours selon des éléments de Cash Investigation, les sociétés
précitées appartiennent toutes au quadruple champion du monde de F1. Ainsi, un
tel montage permet à Lewis Hamilton d'économiser 3,7 millions d'euros de TVA,
puisque la législation fiscale exonère l'achat d'un avion par une entreprise
quand celle-ci souhaite en faire un usage commercial, alors que l'usage de
loisir est imposé. Désireux d'entendre le pilote sur ce tour de passe-passe,
l'émission a contacté ses avocats qui ont réfuté tout caractère illégal: «Il
est parfaitement légal pour une personne imposable de choisir la location
plutôt que l'achat pour réduire la TVA. Le but principal étant d'obtenir un
avantage fiscal».
VIDEO - Que sont les «Paradise Papers»?
Le monde des
paradis fiscaux en cinq questions (06.11.2017)
- Par Géraldine
Russell Le
figaro.fr
- Publié le
06/11/2017 à 10:05
LE SCAN ÉCO - Les paradis fiscaux sont de véritables repaires de la
«finance de l'ombre». Aussi décriés qu'ils sont protégés, ils cristallisent les
dérives du système bancaire.
• Qu'est-ce qu'un paradis fiscal?
Pas de définition juridique. Il n'existe pas de définition
juridique d'un paradis fiscal. Dans un document
datant de 1998, l'OCDE retient quatre critères majeurs pour identifier un
tel territoire: un taux d'imposition nul ou insignifiant, un manque de
coopération dans l'échange d'informations avec d'autres pays, un manque de
transparence législative, légale ou administrative et enfin des activités
autres que financières très limitées.
Des activités variées. Sur la base de ces critères, Esther
Jeffers et Dominique Plihon, respectivement maître de conférence à Paris 8 et
professeur à Paris 13, ont estimé à plus de cent le nombre de paradis fiscaux
dans le monde. «Ils ont des activités différentes, expliquent-ils. Certains
attirent les multinationales par un taux d'imposition sur les sociétés défiant
toute concurrence. D'autres sont des paradis réglementaires, où la création de
sociétés holdings opaques est aisée. Il y a aussi les paradis bancaires, où le
secret bancaire permet aux particuliers et aux entreprises d'échapper aux
contrôles fiscaux de leur pays d'origine.»
Offshore (adj. inv.) : se dit du secteur bancaire établi à
l'étranger et non soumis à la législation nationale
Larousse
Un paradis fiscal offre toute une batterie de services
financiers offshore. Cela signifie qu'il accorde des facilités
bancaires à des personnes non résidentes, qui peuvent y avoir accès depuis un
pays tiers. Les activités offshore ne sont pas forcément
illégales. Par exemple, en France, détenir un compte bancaire offshore,
c'est-à-dire à l'étranger, est parfaitement légal. Il
faut simplement le déclarer au fisc. En revanche, détenir un compte offshore pour
échapper à l'impôt est
illégal.
» LIRE AUSSI - La France, l'enfer fiscal en Europe pour les PME
Une forte collusion entre politique et finance. Un autre
marqueur, et non des moindres, des paradis fiscaux consiste en la collusion
entre intérêts financiers et pouvoir politique. Comme le rappelle le Guardiandans
un article sur la question, bien souvent, l'opposition politique au système
offshore n'existe pas ou plus. Ce qui aboutit souvent à un système d'imposition
à deux vitesses: un taux nul ou anecdotique pour les non résidents et un taux
bien plus élevé pour les résidents, qui constituent alors la principale voire
la seule source de revenus du pays.
• Où se trouvent les paradis fiscaux?
Parmi les États membres de l'Union Européenne, chacun a sa propre
liste des paradis fiscaux, en fonction des exigences de partage d'information,
mais aussi des contentieux avec les États à risques. L'Union Européenne publie
une carte actualisée des pays qualifiés de paradis fiscaux par ses membres.
Selon cette carte interactive disponible
ici, et actualisée au 31 décembre 2016, la France liste les pays suivants à
des fins fiscales: le Botswana, le sultanat de Brunei, le Guatemala, les Îles
Marshall, le Panama et deux des plus petits États du monde, la République de
Nauru, et Nioué.
De son côté, le Forum global sur la transparence et l'échange
d'informations fiscales -sous l'égide de l'OCDE- classe ses 127 pays membres
selon leur degré de coopération financière. Chaque pays membre remplit un
questionnaire sur la transparence dont font preuve les autres pays membres,
l'ensemble des réponses constituant une sorte d'audit. La dernière
mise à jour date de septembre 2017. Aujourd'hui, seul
Trinidad-et-Tobago est classé comme «non conforme», et six juridictions sont
considérées comme étant «partiellement conformes» (les îles d'Anguilla et de
Curaçao, l'Indonésie, les Îles Marshall, Saint-Martin et la Turquie).
• Sur quels critères sont établies ces listes?
La liste de la Commission européenne a été établie à partir des listes
de quinze pays (l'Allemagne, la Belgique, la Bulgarie, la Croatie, l'Espagne,
l'Estonie, la Finlande, la France, la Grèce, l'Italie, la Lettonie, la
Lituanie, la Pologne, le Portugal et la Slovénie). Chaque pays possède ses
propres critères, parmi la coopération en matière financière, l'absence d'un
taux d'imposition significatif ou d'autres critères divers.
Le Forum global sur la transparence retient lui une série de critères
précis mais uniquement dans le domaine de la coopération financière. Le taux
d'imposition n'entre par exemple pas en ligne de compte. Dix critères
différents permettent de déterminer si un pays est coopératif ou non, dans
trois catégories distinctes: la disponibilité des informations bancaires, leur
facilité d'accès et la possibilité de les échanger (voir
le détail des critères).
• Pourquoi les paradis fiscaux posent-ils problème?
Tout d'abord, l'opacité en vigueur dans ces juridictions cache bien
souvent le financement d'activités criminelles, allant du blanchiment d'argent
sale au trafic de drogue, voire au terrorisme.
Les paradis fiscaux représentent également un manque à gagner
conséquent pour les autres États. Ils n'intéressent pas seulement de riches
contribuables soucieux d'échapper à l'impôt. Ils drainent également -et
surtout- de nombreux fonds spéculatifs et de grandes entreprises, qui y
trouvent un moyen d'alléger leur fardeau fiscal dans leur pays d'origine, ou
dans certains pays où ils offrent leurs services. La
question de la taxation des géants américains de la haute technologie est donc
liée. Lorsque l'on sait que près de 50% des flux internationaux de capitaux
transitent selon le FMI par un paradis fiscal, on imagine mieux l'ampleur de
cette évasion fiscale.
• Où en est-on dans la lutte contre les paradis fiscaux?
L'OCDE coordonne au niveau mondial les politiques de lutte contre
l'évasion fiscale et le financement
Les listes de paradis fiscaux, des documents soumis aux lobbies
d'activités criminelles. Le Forum global sur la transparence et
l'échange d'informations fiscales tient ainsi plusieurs fois par an des
séminaires dans des pays souhaitant renforcer la lutte contre l'opacité
fiscale. Le dernier a eu lieu à Genève en juillet dernier. Le Forum poursuit en
parallèle son travail d'évaluation de la transparence de ses pays membres, les
accompagnant dans leurs démarches pour renforcer la coopération bancaire et
fiscale.
Néanmoins, la notion même de paradis fiscal reste soumise à de
puissants lobbies. Et les pays qui figurent sur l'une ou l'autre des «listes
noires» de la Commission ou de l'OCDE cherchent à tout prix à en sortir. Au
moment de la diffusion de la liste de la Commission, certains pays s'étaient
étonnés d'y être mentionnés, alors même qu'ils s'étaient engagés à échanger des
données sur les contribuables étrangers... comme l'exigeait l'OCDE. L'Irlande a
renoncé sous la pression de ses voisins à certains des avantages fiscaux
qu'elle octroyait aux grandes entreprises. La City de Londres, qu'Esther
Jeffers et Dominique Pilhon désignent comme «le plus grand paradis fiscal»
puiqu'elle abriterait à elle seule 55% des dépôts offshore, n'a jamais été
inquiétée. Un petit coin de paradis protégé par un puissant parapluie de
lobbies.
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Harvey Weinstein : Asia Argento
encourage Uma Thurman à prendre la parole (06.11.2017)
Par Chloé
Friedmann | Le 06 novembre 2017
«Chère Uma Thurman, (...) nous avons besoin de ta voix puissante», a
tweeté l'actrice italienne en faisant référence à la réaction, étonnante, de
l'interprète de Kill Bill à l'affaire Harvey Weinstein.
Asia Argento, déjà à l'origine de la publication de la liste
exhaustive des 93 victimes de Harvey Weinstein, espère-t-elle recueillir un
nouveau témoignage contre le producteur américain ? Sur Twitter, l'actrice
italienne a, en tout cas, encouragé Uma Thurman à parler.
«Chère Uma Thurman, que la paix soit avec toi et ton âme, écrit Asia
Argento le 4 novembre. Nous avons besoin de ta voix puissante», écrit-elle sur
son compte officiel
Dear #UmaThurman may
peace be with you and your soul. We need your strong voice, it truly is
commanding https://m.youtube.com/watch?v=Rs4gK8DuuWY&feature=youtu.be …
"J'attends de me sentir moins en colère"
Ce post fait référence à la réaction, pour le moins intriguante, de
Uma Thurman au scandale Weinstein. Interrogée sur cette affaire au retentissement mondial par une
journaliste de l’émission «Access Hollywood», le 18 octobre dernier,
l’interprète de Beatrix Kiddo dans Kill Billavait en effet préféré
éluder la question.
Venue assurer la promotion de la comédie musicale The Parisian
Woman, à New York, l’actrice américaine avait refusé de s’exprimer au
débotté sur les accusations de harcèlement et d’agression
sexuels qui secouent le monde du cinéma. «Je n'ai pas de déclaration
toute prête à vous faire, parce que je ne suis pas une enfant, et j'ai appris
que quand je parle sous le coup de la colère, je regrette généralement ma manière
de m'exprimer, a-t-elle expliqué froidement. Donc j'attends de me sentir moins
en colère. Et quand je serai prête, je dirai ce que j'ai à dire.»
Ses propos suggèrent que l’actrice a, elle aussi, un passif avec Harvey
Weinstein. Uma Thurmana
côtoyé à plusieurs reprises le producteur américain, notamment dans le cadre
des films réalisés par Quentin Tarantino, ami proche du magnat de Hollywood, et
dans lesquels elle joue.
Les femmes sexuellement harcelées par Harvey Weinstein
En images
En vidéo, la chute de Harvey Weinstein, magnat du cinéma
Harvey Weinstein : la chute d'un magnat du cinéma
Accusé d'attouchements, de harcèlement et de viol, le producteur
hollywoodien Harvey Weinstein a été licencié.
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sur Instagram
«Écriture
inclusive : l'idéologisation du langage fait déjà des ravages au Québec»
(06.11.2017)
Mis à jour le 06/11/2017 à 16h09 | Publié le 06/11/2017 à 16h03
TRIBUNE - Mathieu Bock-Côté, figure de la vie intellectuelle
québécoise*, explique pourquoi l'écriture inclusive se répand à la vitesse d'un
feu de forêt.
Au premier regard, la querelle de l'écriture inclusive peut sembler
loufoque. On veut croire qu'elle confirme le basculement d'un certain féminisme
dans un monde parallèle et on aime mieux s'en moquer en brocardant le féminisme
radicalisé, comme si l'humour pouvait en venir à bout. Mais nul besoin d'être
devin pour comprendre que cette mode va peu à peu s'étendre.
Le progressisme domine l'époque: les revendications militantes qui, la
veille encore, semblaient marginales, se normalisent très rapidement, surtout
lorsqu'elles bénéficient de la complaisance des médias et des sciences sociales
militantes. L'écriture inclusive progresse dans les manuels scolaires et trouve
un écho dans la langue de l'administration. Elle sera intégrée dans le prochain logiciel de traitements de
texte de Word. Demain ou après-demain, les grandes entreprises s'y
rallieront par souci de «modernité».
Les revendications militantes qui, la veille encore, semblaient
marginales, se normalisent très rapidement, surtout lorsqu'elles bénéficient de
la complaisance des médias et des sciences sociales militantes
Il suffit de traverser l'Atlantique et de jeter un œil au Québec pour
voir à quel rythme se répand l'écriture inclusive lorsqu'elle ne rencontre pas
d'obstacles à son déploiement, alors que la Belle Province sait pourtant
résister avec un certain panache et beaucoup de courage à l'impérialisme d'un
anglais mondialisé auquel plusieurs voudraient concéder un monopole sur la
«modernité». Il y a quelques mois encore, au Québec, cette manière de hachurer
les mots et d'enlaidir la langue était à peu près invisible publiquement, sinon
chez l'avant-garde autoproclamée du féminisme militant.
En quelques mois, pourtant, cette mode s'est répandue et personne
n'ose vraiment s'y opposer de peur de passer pour réactionnaire et
antiféministe, ce qui peut d'un coup détruire une réputation. Dans les milieux
qui se veulent de gauche, l'écriture inclusive se diffuse. On en trouve même
parmi les intellectuels et les journalistes pour en faire usage, comme s'ils
envoyaient un signe ostentatoire d'adhésion aux nouvelles exigences de la
respectabilité. Voyons-y un signe de soumission maquillé en faux bon sens.
C'est la grande force des doctrines radicales : elles misent sur
l'intimidation idéologique qui paralyse leurs adversaires et les pousse dans
une attitude de non-résistance
C'est la grande force des doctrines radicales: elles misent sur
l'intimidation idéologique qui paralyse leurs adversaires et les pousse dans
une attitude de non-résistance, comme s'ils étaient convaincus de leur défaite
inévitable. De ce point de vue, le rappel à l'ordre de l'Académie française était non
seulement méritoire mais vital. Toutefois il ne suffit pas de défendre le génie
de la langue française devant un féminisme prêt à soumettre l'intégralité du
réel à sa grille idéologique: partout, il y aurait la guerre des sexes.
Selon cette interprétation, il faudrait démonter systématiquement la
«domination masculine». La langue française serait fondamentalement sexiste et
relaierait un imaginaire qui justifierait l'infériorisation des femmes jusque
dans les plis les plus intimes du vocabulaire. Il faudrait donc déconstruire le
français pour mieux le reconstruire. À en croire ce féminisme radical, une
cause aussi noble justifierait une confusion temporaire dans le rapport à la
langue française, le temps qu'on s'habitue à la nouvelle graphie. Encore et
toujours, nous affirme-t-on, il faut tuer le vieux monde.
Sous la pression du politiquement correct, la langue n'a plus pour
vocation de décrire le plus finement possible le réel. Elle devient un pur lieu
de rapport de pouvoir où les minorités sont censées prendre leur revanche sur
l'histoire
La question de l'écriture inclusive nous invite, plus largement, à
méditer sur l'idéologisation du langage. Sous la pression du politiquement
correct, la langue n'a plus pour vocation de décrire le plus finement possible
le réel. Elle devient un pur lieu de rapport de pouvoir où les minorités sont
censées prendre leur revanche sur l'histoire.
Le souci pour la littérature et ce qu'elle peut représenter est
écrasé: la seule littérature admise, à terme, sera «pédagogique» et devra
véhiculer les bonnes valeurs, celles jugées conformes à l'idéal diversitaire.
Dans cet esprit, on ne lit plus les œuvres avec une forme de piété littéraire
mais avec le souci d'y déterrer les préjugés qu'elles relaieraient. La
psychologie du lecteur postmoderne n'est pas celle d'un admirateur mais d'un
inquisiteur méticuleux fier d'épingler les vieux maîtres pour des crimes
idéologiques dont ils ne soupçonnaient même pas l'existence.
On en revient inévitablement à Orwell qui, dans 1984, a
proposé une très fine réflexion sur la perversion du langage par le
totalitarisme. Si peu à peu, on parvient à proscrire certains mots, à les
effacer de la conscience, de l'usage ou du dictionnaire, on parviendra aussi à
rendre inexprimable la réalité qu'ils désignaient. La réalité deviendra tout
simplement impossible à conceptualiser, à nommer, à représenter. Cette police
du langage règne déjà avec la multiplication dans l'espace public des
surveillants qui nomment dérapage toute forme d'écart par rapport au politiquement
correct.
Des «jeunes» aux «incivilités» en passant par les «migrants»,
l'euphémisation du langage avec des termes visant à dissimuler le réel en
neutralisant sa représentation se sont multipliés au point de devenir la norme
Les mots proscrits se sont multipliés. Certains autres sont tombés en
désuétude, non parce qu'ils ne référaient plus à la réalité, mais parce que
mentionner cette réalité peut valoir l'ostracisme à celui qui s'y risque. Des
«jeunes» aux «incivilités» en passant par les «migrants», l'euphémisation du
langage avec des termes visant à dissimuler le réel en neutralisant sa
représentation se sont multipliés au point de devenir la norme.
L'écriture inclusive, pour sa part, entend moins assurer la visibilité
du féminin dans la langue française, ce qui va de soi et s'inscrit dans le
mouvement de son évolution naturelle, qu'elle n'entend prendre le contrôle du
langage idéologiquement en lui refusant sa part de mystère et son génie. Les
tenants du politiquement correct supposent que la langue est absolument
transparente, et qu'on peut la déconstruire et reconstruire au gré de nos
désirs politiques en suivant les consignes de l'ingénierie linguistique. La
maîtrise absolue du langage et de ses codes donne l'impression de la maîtrise
absolue de la pensée. C'est un fantasme de toute-puissance quasi totalitaire
qui s'exprime par-là et qui ne tolère aucunement la dissidence, dans laquelle
on ne veut voir qu'un résidu du passé. L'écriture inclusive veut vider la
langue française de ses charmes, de ses nuances et des mots qui ne se laissent
pas enrégimenter dans son combat. Faut-il être surpris? Il suffit aujourd'hui
de défendre la grammaire et le dictionnaire pour être classé parmi les
conservateurs. On devrait s'en faire un honneur.
* Sociologue et chargé de cours à HEC Montréal. Le récent
ouvrage de Mathieu Bock-Côté «Le Multiculturalisme comme religion politique»
(Éditions du Cerf, 2016) a été salué par la critique.
La rédaction vous conseille :
- Pour
l'Académie française, l'écriture inclusive est un «péril mortel»
- Féminisme:
les délires de l'écriture «inclusive»
- Frédéric
Vitoux: «Écriture inclusive, de la nécessité du neutre dans la
langue
Macron aux Émirats,
seul «partenaire de confiance» (06.11.2017)
- Mis à jour le 06/11/2017 à 17:55
- Publié le
06/11/2017 à 17:29
En choisissant Abou Dhabi pour son premier déplacement dans le
Golfe, le chef de l'État souligne une convergence antiterroriste.
Nicolas Sarkozy avait misé sur le Qatar. François Hollande, sur
l'Arabie saoudite. Emmanuel Macron, lui, semble parier sur les Émirats arabes
unis (EAU), mais avec moins d'enthousiasme. Le chef de l'État effectue sa
première visite mercredi et jeudi dans le Golfe à Abu Dhabi et Dubaï, où le
point fort sera l'inauguration
du Musée du Louvre.
«Sur la lutte antiterroriste, il y a en effet des échanges anciens
qui se sont approfondis avec les Émirats, des relations qui traduisent la
confiance dans ce partenariat avec eux»
L'Élysée
«Les Émirats sont un partenaire de confiance», explique-t-on à
l'Élysée. Pendant la campagne et après son élection, Macron
a critiqué l'Arabie saoudite et le Qatar, mais pas les EAU. Il a répété
vouloir être «sans complaisance» avec Riyad et Doha sur la question du
financement du terrorisme islamiste. Contrairement à ses prédécesseurs plutôt
discrets sur cette question, le chef de l'État demande, notamment au Qatar, de
montrer que l'argent qui finance des groupes terroristes vient d'«individus
privés» sans lien avec les autorités. Rien de tel avec Abu Dhabi. Devant des
diplomates, en marge de l'Assemblée générale de l'ONU à New York, Emmanuel
Macron a expliqué pourquoi les EAU étaient singuliers par rapport à leurs
voisins qatarien et saoudien. «On soutient les Émirats parce qu'ils sont, comme
nous et comme l'Égypte, engagés clairement dans la lutte anti-djihadiste», a
dit le président, qui a reçu il y a quinze jours le président Abdel Fattah
al-Sissi.
«Sur la lutte antiterroriste, il y a en effet des échanges anciens qui
se sont approfondis avec les Émirats, des relations qui traduisent la confiance
dans ce partenariat avec eux», insiste-t-on à l'Élysée. Au prince Mohammed Ben
Zayed, l'homme fort des EAU, qu'Emmanuel Macron a déjà reçu
à l'Élysée en juin, le président «reparlera» de son projet d'organiser l'an
prochain à Paris une conférence sur le financement du terrorisme. «Nous
comptons demander une contribution active aux Émirats», dit-on à l'Élysée. Si
les EAU combattent effectivement les islamistes, pendant longtemps, les banques
de Dubaï ont été, elles aussi, accusées d'abriter des financiers du terrorisme.
Emmanuel Macron n'a pas vraiment d'atomes crochus avec le Golfe. «Il
n'ignore pas que dans l'opinion l'image de ces pays n'est pas bonne», relève un
homme d'affaires, qui échoua à l'attirer à Abu Dhabi pendant sa campagne
électorale. L'ancien ministre de l'Économie n'ignore pas que la diplomatie
économique de Laurent Fabius, aux Affaires étrangères entre 2012 et 2016, a été
décevante en termes de contrats signés. Mais peut-il se désintéresser de cette
région qui abrite les seuls gisements de croissance au Moyen-Orient au moment
où l'Arabie est en pleine mutation? Probablement pas.
Paris souhaite que le dialogue reprenne
Mais les EAU, comme leur allié saoudien, sont très attentifs à son
positionnement par rapport à leur ennemi iranien. «Macron peut-il se rendre en
visite officielle en Iran avant d'aller en Arabie saoudite?», s'inquiétait une
journaliste d'un quotidien saoudien au briefing de l'Élysée précédant ce
voyage. Les EAU, comme l'Arabie, le prendraient mal. Régulièrement, le chef de
l'État rappelle que la France doit avoir une position équilibrée entre
Saoudiens et Iraniens, en guerre ouverte au Moyen-Orient. La crise du Golfe,
déclenchée par Riyad et Abu Dhabi, qui accusent Doha de soutenir l'Iran et le
terrorisme, sera également au menu de la visite.
Paris souhaite que le dialogue reprenne, mais Riyad refuse. Abu Dhabi
avait trouvé «très grave» l'appel lancé début septembre par Macron à lever les
sanctions que Riyad et Abu Dhabi imposent, depuis juin, au Qatar. «Mais un
message passé ensuite à Abu Dhabi insistant sur le volet humanitaire du geste
du président les a rassurés», confie un diplomate. À New York, Macron avait dit
espérer que les EAU se distancient de l'Arabie. Un vœu pieux. Face au poids
lourd saoudien, Abu Dhabi n'en a pas les moyens. Le chef de l'État le
constatera sur les rives du Golfe, où l'amitié émiro-saoudienne est au
contraire martelée.
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Abu Dhabi: la saga d'un musée sans pareil
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Egypte: un militant
des droits de l'Homme lance sa campagne présidentielle (06.11.2017)
- Par Le Figaro.fr avec AFP
- Mis à jour le 06/11/2017 à 20:00
- Publié le
06/11/2017 à 19:51
L'avocat défenseur des droits de l'Homme Khaled
Ali,célèbre pour avoir mené une bataille judiciaire contre le régime du
président Abdel Fattah al-Sissi, a lancé aujourd'hui sa campagne
pour l'élection présidentielle en Egypte, prévue au printemps 2018.
Candidat à la présidentielle de 2012, ce militant de gauche
de 45 ans, figure populaire de la révolution du 25 janvier 2011, s'était opposé
au transfert de deux îles à l'Arabie Saoudite.
«Nous nous préparons à ces élections sans illusion quant à l'intégrité
de l'adversaire ou l'équité du contexte dans lequel se déroulera le processus
électoral», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse.
» Lire aussi : Egypte: loi controversée sur les ONG
Khaled Ali a toutefois précisé qu'il annoncerait sa
décision finale au sujet de sa candidature après consultation de «toutes les
forces politiques égyptiennes». Il pourrait aussi bien présenter une
candidature collective ou se retrancher derrière un boycott général.
Plus tôt lundi, il avait annoncé sur Facebook que les
forces de sécurité avaient mené un raid dans l'imprimerie où se trouvaient les
tracts de sa campagne, et saisi une partie des documents.
Connu pour son engagement au sein d'ONG et de son parti
laïque Pain et Liberté, l'avocat s'est imposé comme la figure
principale de l'opposition au régime du président Sissi, qui dirige le
pays depuis 2014.
Grèce: tirs contre
le siège du Parti socialiste (06.11.2017)
- Par Le Figaro.fr avec AFP
- Mis à jour le 06/11/2017 à 20:05
- Publié le
06/11/2017 à 20:02
Un inconnu a tiré lundi soir contre les forces
anti-émeutes gardant le siège du parti socialiste grec d'opposition
Pasok, dans le centre d'Athènes, sans faire de blessés, a indiqué
une source policière.
L'enquête sur cette attaque, survenue à une heure animée, a été
confiée à la brigade antiterroriste grecque, alors que des actions
de ce type visent sporadiquement des cibles politiques ou économiques en Grèce,
imputées à la mouvance extrémiste locale anti-autoritaire.
Un policier a indiqué avoir vu un inconnu viser dans sa
direction, et avoir eu le temps de donner l'alarme et de se mettre à l'abri
avant les tirs. La police a bouclé la zone et retrouvé trois
douilles, tandis qu'un des tirs a brisé la vitre d'une boutique proche,
selon la même source.
L'attaque est intervenue alors que de nombreux cadres du
parti se trouvaient dans le bâtiment, avant le débat télévisé qui devait
opposer dans la soirée les candidats à la direction du Pasok,
en pleine procédure d'élections primaires.
Au pouvoir pendant des décennies en Grèce, ce parti est
désormais la troisième force parlementaire grecque, après avoir été
laminé après le déclenchement de la crise de la dette en 2010
Son siège, situé dans le quartier contestataire d'Exarchia a déja
été visé par le passé par des tirs, et est régulièrement la cible d'attaques
au cocktail molotov.