Le patron de la
DGSI au Figaro : «La volonté de Daech de nous attaquer est
intacte» (12.11.2017)
Schiappa : l'âge
minimal du consentement sexuel à "13 ou 15 ans" (12.11.2017)
Nîmes: un homme
soupçonné d'avoir incendié 60 véhicules (13.11.2017)
La DGSI se
métamorphose et monte en puissance (12.11.2017)
Hollande défend le
secrétariat d'État à l'aide aux victimes supprimé par Macron (13.11.2017)
Les conditions de
détention de Salah Abdeslam ont été légèrement assouplies (13.11.2017)
Attentats du 13
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Le patron de la DGSI au Figaro : «La volonté
de Daech de nous attaquer est intacte» (12.11.2017)
Par Jean
Chichizola et Christophe
CornevinMis à jour le 13/11/2017 à 09h23 | Publié le 12/11/2017 à
18h01
EXCLUSIF - Laurent Nuñez, nommé
en juin 2017, livre son premier grand entretien. Il souligne que la propagande
de l'État islamique fait toujours de la France un objectif majeur.
Le 13 novembre 2015, des
commandos terroristes envoyés par l'État islamique tuaient 130 personnes et en
blessaient des centaines d'autres, à Paris et à Saint-Denis. Ce lundi, le chef
de l'État, Emmanuel Macron, se rend sur les lieux des attentats. Son
prédécesseur, François Hollande, sera également présent. À l'heure où la France
se souvient, le directeur général de la sécurité intérieure (DGSI), Laurent
Nuñez, nommé en juin 2017, livre son premier grand entretien en exclusivité
pour Le Figaro. Chef de file de la lutte antiterroriste en France,
il s'inquiète notamment d'une menace interne à l'Hexagone utilisant des moyens
de plus en plus sophistiqués. Sans écarter le risque d'un commando aguerri
projeté depuis la zone syro-irakienne.
LE FIGARO. - Au printemps
2016, votre prédécesseur, Patrick Calvar, avait considéré devant la commission
de la défense de l'Assemblée nationale que «la France est aujourd'hui,
clairement, le pays le plus menacé». Est-ce toujours le cas aujourd'hui?
Laurent NUÑEZ. - La
menace visant la France reste en effet très forte, comme en témoigne la
propagande de Daech. Le bruit de fond de cette menace est permanent. Ce qui
nous préoccupe, ce sont toujours des projets d'attaques terroristes préparées
par des équipes encore implantées dans les zones de combats, en Syrie et en
Irak. Cette menace exogène, sur laquelle nous consacrons beaucoup de moyens,
reste à nos yeux très sérieuse. Au cœur de nos préoccupations, elle se trouve
liée à la capacité qu'a encore l'État islamique - mais aussi al-Qaida,
qu'il ne s'agit pas d'oublier - de projeter un commando sur le territoire
français pour commettre un attentat.
Nous savons que la volonté des
djihadistes de passer à l'action est intacte. Toute la question est de savoir
s'ils ont encore la capacité de le faire. Daech
est en train de se déliter et nombre de ses combattants ont été tués
sur zone, parmi lesquels figurent 281 Français répertoriés comme «présumés
morts». Selon un dernier état des lieux, 686 hommes et femmes de
nationalité française ou ayant résidé sur le territoire sont recensés sur zone,
à laquelle il convient d'ajouter 500 enfants.
Plus récemment, le
18 octobre dernier, dans son discours sur la sécurité intérieure, Emmanuel
Macron déclarait que le niveau de la menace terroriste est «durablement élevé»,
«de plus en plus endogène». Les attaques de type «low-cost» vont-elles
continuer à se multiplier?
Le risque d'un passage à l'acte
endogène est effectivement notre deuxième sujet de préoccupation. Il demeure
élevé. Comme il n'y a quasiment plus de départs sur zone, la tentation est en
effet forte chez certains qui adhèrent à l'idéologie de Daech, voire qui
prêtent allégeance, de passer à l'acte avec des moyens rudimentaires, une arme
blanche avec un effet très traumatisant comme
à Marseille ou une voiture bélier pour faire le maximum de
victimes, comme
à Nice. La propagande de Daech est très active pour inciter ces individus à
frapper là où ils vivent. Cette montée en puissance est constatée à travers
toute l'Europe. Par rapport à 2015, nous assistons en outre à une certaine
forme de professionnalisation de cette mouvance.
C'est-à-dire?
«Tout ce qui se passe sur les
théâtres d'opérations est transposable sur notre territoire»
Laurent Nuñez
Au cours de l'année écoulée, nous
avons mis au jour des tentatives d'attentats avec du TATP (explosif
très utilisé par les terroristes islamistes, NDLR). Ces méthodes ont été
employées lors de l'attentat
de Manchester en mai dernier ou lors des attaques
de Barcelone, où les terroristes voulaient confectionner plusieurs
centaines de kilos d'explosifs. À l'occasion des démantèlements de laboratoires
à Marseille ou encore à Villejuif, nous avons par ailleurs découvert des
tutoriels téléchargés sur des sites de l'État islamique.
Désormais, les engins découverts
sont assez sophistiqués, à l'image de la bombe artisanale reliée à des
téléphones portables et retrouvée au pied d'un immeuble de la rue Chanez, à
Paris. À ce stade, l'hypothèse d'une attaque à la voiture piégée ou d'un
attentat kamikaze ne peut être exclue, même si nous n'avons pas encore détecté
de tels projets. Tout ce qui se passe sur les théâtres d'opérations est
transposable sur notre territoire. Nous pouvons enfin craindre l'envoi de
tutoriels très aboutis permettant à des «novices» de suivre une formation accélérée
à la fabrication et l'usage d'explosif. Ce type de mode opératoire, exportable
n'importe où, suscite toute notre attention.
Avec les déboires que
rencontre Daech dans les zones de combat, doit-on toujours craindre un retour
de «revenants»?
«Actuellement, le scénario
privilégié n'est pas celui d'un retour massif»
Laurent Nuñez
À ce jour, 244 hommes et
femmes sont revenus, ainsi que 58 enfants. Les adultes, pour la plupart
placés sous main de justice, sont tous suivis par la Direction générale de la
sécurité intérieure. Les mineurs sont pris en charge par un dispositif
d'assistance éducative mis en place après bilan psychologique. Actuellement, le
scénario privilégié n'est pas celui d'un retour massif. Le robinet s'est tari:
depuis janvier, 9 cas de retour ont été répertoriés, dont les deux tiers
sont des femmes accompagnées d'un ou plusieurs enfants. Nous sommes désormais
face à des combattants assez déterminés à rester sur les zones de repli de
l'État islamique, dans l'hypothèse d'être projetés en Malaisie, en Indonésie ou
en Afghanistan.
Mais il faut pour autant échanger
en permanence entre les services pour éviter tout angle mort. C'est tout
l'intérêt de la cellule Allat, spécialisée dans la lutte antiterroriste, qui
réunit à la DGSI l'ensemble des représentants des services du premier cercle
(Direction générale de la sécurité extérieure, Direction du renseignement
militaire, Direction du renseignement et de la sécurité de la défense,
Direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières, Tracfin) mais
aussi du deuxième cercle tel que le Renseignement territorial ou pénitentiaire.
Chacun a accès à ses bases de données et les informations sont croisées en
temps réel. Nous nous coordonnons aussi avec tous les services de renseignement
intérieur des pays étrangers. La DGSI compte près de 160 liaisons qui
permettent notamment de «tracer» les passages des «returnees» de chaque pays.
Nous ciblons des Français et des étrangers pouvant être projetés chez nous.
Les femmes et les enfants,
volontiers comparés à des «bombes humaines», représentent-ils une menace?
Un certain nombre de Françaises
ont épousé l'idéologie de l'État islamique. Certaines femmes ont participé aux
combats ou à des actions suicides sur zone. Une propagande assez récente de
Daech invite les femmes à participer aux actions. Sur notre territoire, nous
avons déjoué des attentats conçus, voire mis en œuvre par des jeunes femmes,
comme aux abords de Notre-Dame de Paris en septembre 2016. Pour les mineurs,
nous savons que des adolescents ont participé aux combats tandis que les plus
jeunes présentent d'inquiétants traumatismes qu'il sera impératif de traiter
pour éviter tout passage à l'acte ultérieur. Des dispositifs interministériels
sont mis en place en ce sens.
«Le risque zéro n'existe pas.
Si on ne pourra jamais écarter l'hypothèse d'un attentat, par exemple celle
d'un individu isolé répondant à la propagande de Daech et passant à l'action
avec des moyens rudimentaires, nous faisons tout pour réduire la menace»
Laurent Nuñez
Les attentats du
13 novembre 2015 ont montré que les terroristes se jouaient des frontières
européennes. Qu'est-ce qui a changé depuis?
Ce qui a changé, c'est une
coopération très renforcée des services de renseignement intérieur dans un
cadre intergouvernemental, bilatéral et multilatéral. Au sein du «groupe
antiterroriste» (réunissant les services des pays de l'UE, la Suisse et la
Norvège), nous échangeons des renseignements en permanence. Ce groupe dispose
d'une plate-forme opérationnelle à La Haye depuis 2016 et il a une base de
données avec tous les individus suspects. C'est informel et cela fonctionne
très bien. C'est la même chose avec les autres grands partenaires étrangers. Il
y a quinze jours, nous avons échangé avec un État du nord de l'Afrique des
informations sur des objectifs communs, ce qui a permis d'interpeller des
individus ayant des projets terroristes dans ce pays et dont l'un voulait venir
en France pour commettre un attentat.
En juillet dernier, la DGSI
suivait environ 2000 suspects liés au contentieux syrien. Le nombre et la
nature des «cibles» ont-ils depuis lors évolué?
Il s'agit des «velléitaires», qui
voulaient ou veulent partir, et des individus présents dans la zone
syro-irakienne. Les 4 000 objectifs que nous suivons et qui sont intégrés
dans le fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à
caractère terroriste, incluent bien sûr ceux-là. Quant aux profils, ils vont de
l'enfant de 13 ans voulant commettre un attentat à des quinquagénaires,
«vétérans» déjà condamnés par la justice française…
Treize attentats ont été
déjoués depuis janvier, certains avec beaucoup de chance. Peut-on garantir une
sanctuarisation du pays?
Le risque zéro n'existe pas. Si
on ne pourra jamais écarter l'hypothèse d'un attentat, par exemple celle d'un
individu isolé répondant à la propagande de Daech et passant à l'action avec
des moyens rudimentaires,
nous faisons tout pour réduire la menace.
Quel est le bilan opérationnel
de la DGSI?
Depuis le début des filières
syro-irakiennes, en 2013, 46 attentats ont été déjoués, 17 ont échoué
et 10 ont eu lieu. La DGSI a procédé à 798 gardes à vue dans
581 dossiers judiciaires. 357 personnes ont été écrouées et
115 placées sous contrôle judiciaire.
Comment relever les défis
technologiques, en particulier ceux du chiffrement et du big data?
«La sécurité des Français ne
supportera aucune guerre d'ego»
Laurent Nuñez
Le premier défi, pensé par mon
prédécesseur Patrick Calvar et que je reprends à mon compte, est de
créer un outil d'exploitation unique des données au sein de la DGSI, qui nous
permettra de les croiser totalement et beaucoup plus rapidement. Savoir, par
exemple, très vite; à partir d'un numéro de téléphone, dans quel dossier il
apparaît et le relationnel de son possesseur. Deuxième défi: maintenir une
capacité pour aller chercher le renseignement, développer nos techniques
autorisées par la loi de juillet 2015 (la sonorisation, la captation de données
informatiques, les Imsi-catchers…). Nous y travaillons avec les autres services
français sous l'égide de la coordination nationale du renseignement.
Le président de la République a
voulu cette coordination totale et confiante entre nous tous. C'est aujourd'hui
une réalité. Au-delà des contacts quotidiens avec le ministre de l'Intérieur et
son cabinet, je m'entretiens plusieurs fois par jour avec le directeur de la
DGSE, Bernard Émié, ou avec le coordonnateur national, Pierre de Bousquet de
Florian. Ils sont devenus des partenaires quotidiens et, au-delà, des amis. La
sécurité des Français ne supportera aucune guerre d'ego. Le troisième défi,
c'est l'action impulsée par le chef de l'État et le gouvernement auprès des
grands opérateurs pour obtenir leur totale coopération, dans des conditions juridiques
bien précises et dans un cadre judiciaire. Il nous faut mieux travailler avec
les opérateurs.
Êtes-vous inquiet de la
radicalisation des extrémistes de gauche et de droite?
Dans le contexte de montée en
puissance de l'islam radical, des groupuscules d'extrême droite peuvent se
structurer pour constituer des milices, passer à l'action, notamment contre des
musulmans. Un groupe récemment démantelé dans le Sud-Est ciblait des mosquées
ou des lieux festifs. Ces mouvances sont divisées et éclatées, mais il faut les
suivre et se garder de «loups solitaires» comme le Norvégien Breivik. Pour
l'ultragauche, on constate une montée en puissance s'appuyant sur les
mouvements de rue.
Diverses mouvances
- anarcho-autonomes, antifas… - se sont structurées et commettent des
exactions, s'en prennent aux policiers de manière systématique et théorisée
(rejet des institutions, volonté d'en découdre avec l'État). Il y a aussi des
incendies de véhicules, de gendarmeries, ou visant de grands groupes publics et
parapublics. Sans oublier les connexions avec des groupes étrangers, comme
on l'a vu pendant le G20 à Hambourg, où des Français ont été interpellés
lors des attaques de Black Blocs. Comme sur tous les autres sujets, mes
collaborateurs veillent. Je veux saluer leur engagement, leur dévouement sans
faille pour la sécurité de nos concitoyens qui fait ma fierté d'être leur chef.
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du 13 novembre 2015: deux ans après, des zones d'ombres demeurent
Schiappa : l'âge minimal du consentement sexuel à "13 ou
15 ans" (12.11.2017)
- Par Le Figaro.fr avec AFP
- Mis à jour le 13/11/2017 à 12:29
- Publié le 12/11/2017 à 18:48
L'âge de présomption de
non-consentement des mineurs, seuil en dessous duquel un enfant ne pourrait
être considéré comme sexuellement consentant, est "en train d'être
débattu" et se situera entre "13 et 15 ans", a indiqué dimanche
la secrétaire d'Etat à l'Egalité entre les femmes et les hommes, Marlène
Schiappa.
>> Lire aussi - Fixer un âge minimum pour le
consentement sexuel
Interrogée sur BFMTV sur
l'acquittement récent par une cour d'assises d'un homme jugé pour le viol d'une
jeune fille de 11 ans, Marlène Schiappa a répondu qu'"en tant que membre
du gouvernement", elle ne pouvait "pas réagir à des décisions de
justice".
>> Lire aussi - Un homme, accusé d'avoir violé
une fille de 11 ans, acquitté
"Néanmoins dans la loi
contre les violences sexistes et sexuelles (que le gouvernement veut proposer
en 2018, ndlr), nous avons identifié trois volets, dont celui de la création
d'un seuil de présomption de non-consentement irréfragable", a-t-elle
ajouté.
Cela consistera à inscrire dans
la loi le fait "qu'en dessous d'un certain âge, on considèrerait qu'il ne
peut pas y avoir débat, jamais, sur le consentement sexuel d'un enfant, et que
tout enfant en dessous d'un certain âge serait d'office considéré comme violé
ou agressé sexuellement". "L'âge est un sujet qu'on est en train de
débattre. Le Haut conseil à l'égalité préconise 13 ans, des parlementaires 15
ans, des experts aussi. Il faut regarder l'âge médian européen, l'âge de la
maturité affective. Cela se jouera entre 13 et 15 ans", a-t-elle précisé.
Interrogée sur la question sur
RTL ce lundi, la ministre de la Justice Nicole Belloubet a aussi jugé
"envisageable" d'établir à 13 ans l'âge en deçà duquel le
consentement du mineur n'est pas censé exister. "Il me semble que l'âge de
13 ans est quelque chose que l'on pourrait tout à fait retenir", a-t-elle
dit.
Un rassemblement prévu mardi
Plusieurs décisions de justice
récentes ont rouvert le sujet de la mise en place d'un âge en dessous duquel le
consentement d'un enfant ne peut être présumé, ce qui n'existe pas en France
contrairement à d'autres pays européens. Des parlementaires ont également
déposé des propositions de loi en ce sens.
Dans un communiqué, l'association
féministe Les Effronté-e-s regrette dimanche que "la justice (ait) tranché
qu'une enfant de 11 ans a pu consentir à un rapport sexuel désiré avec un
inconnu qui l'a abordée et entrainée vers un parc" et demande la fixation
d'"un âge minimal à 15 ans". Avec d'autres associations, elle appelle
à un rassemblement "mardi à 18H30 devant le ministère de la Justice".
Les deux autres volets du projet
de loi annoncé par le gouvernement comprendront un allongement du délai de
prescription des crimes sexuels sur les mineurs, qui pourraient déposer plainte
jusqu'à 30 ans après leur majorité contre 20 ans actuellement, et une
verbalisation du harcèlement de rue. Une concertation a été lancée auprès des
acteurs du secteur (policiers, magistrats...) et des citoyens.
LIRE AUSSI:
Nîmes: un homme soupçonné d'avoir incendié 60 véhicules
(13.11.2017)
- Par Le Figaro.fr avec AFP
- Mis à jour le 13/11/2017 à 16:52
- Publié le 13/11/2017 à 16:38
Un homme a été interpellé hier et
placé en garde à vue dans le cadre d'une enquête ouverte après la dégradation
d'une soixantaine de véhicules, incendiés ou endommagés, au cours de la nuit
précédente, a-t-on appris de source policière.
Au total, 34 véhicules ont été
incendiés et 26 autres ont eu, soit des vitres brisées, soit des pneus crevés
dans la nuit de samedi à dimanche dans le quartier nîmois de Gambetta, a
précisé la direction départementale de la sécurité publique du Gard.
Un homme a été arrêté et placé en
garde à vue dimanche après-midi, a-t-on indiqué de même source, sans plus de
précision. Sa garde à vue était toujours en cours lundi.
La DGSI se métamorphose et monte en puissance (12.11.2017)
Par Jean
Chichizola et Christophe
CornevinMis à jour le 12/11/2017 à 19h54 | Publié le 12/11/2017 à
19h24
Le ministre de l'Intérieur,
Gérard Collomb, accorde une importance toute particulière au développement des
moyens humains et matériels de cette structure stratégique.
Depuis sa création en 2014, la
DGSI (Direction générale de la sécurité intérieure), installée sur un site
ultrasécurisé à Levallois-Perret, dans les Hauts-de-Seine, est montée en
puissance en recrutant près de 1200 personnes pour atteindre un effectif total
de 4368 agents à la fin 2018. Soit un bond remarquable de + 36% en cinq ans!
L'effort, qui devrait se poursuivre à compter de 2019, montre toute
l'importance accordée au sommet de l'exécutif et en particulier par le ministre
de l'Intérieur, Gérard Collomb, à cette structure stratégique.
Une population de plus en plus
diverse
Face
à la complexité des problèmes et des menaces traités, un subtil
rééquilibrage a été amorcé en son sein pour renforcer le contingent des
contractuels non issus de la police nationale. Aux côtés de 70% des policiers
qui ont vocation à rester majoritaires, les contractuels constituent désormais
14 % des effectifs tandis que le personnel administratif et technique
forme les 16 % restant notamment pour muscler les fonctions «supports».
«Diplômés des facultés,
d'écoles scientifiques ou encore de Sciences Po, les impétrants montrent un
fort attrait pour les outils parfois peu ordinaires mis à la disposition du
service»
La DGSI
Pour gérer cette crise de
croissance, la DGSI entend développer des extensions immobilières et veiller à
la cohésion d'une population de plus en plus diverse où se mêlent des
enquêteurs chevronnés, des techniciens et informaticiens triés sur le volet,
des analystes, des jeunes «geeks» ou encore des linguistes. Confrontée à
certaines difficultés d'habilitations, notamment pour les «arabisants» très
recherchés, la DGSI applique des protocoles de sécurités très stricts.
Objectif? Détecter d'éventuelles vulnérabilités et s'assurer de la parfaite
loyauté de ses collaborateurs.
Si la sélection est forte, les
candidats ne manquent pas. «Diplômés des facultés, d'écoles scientifiques ou
encore de Sciences Po, les impétrants montrent un fort attrait pour les outils
parfois peu ordinaires mis à la disposition du service. Ils sont aussi motivés
par l'idée de participer à la protection de l'intérêt général en luttant contre
tout ce qui nuit aux intérêts fondamentaux de la nation», précise-t-on à la
DGSI dont le logo - le symbole de la France entourée par des cercles
protecteurs - résume à lui seul son essence et ses desseins. Enfin, les
parcours de carrières permettent d'évoluer au sein de la communauté du
renseignement, où des passerelles sont notamment tendues avec la DGSE. Enfin,
la DGSI a formé plusieurs centaines d'agents en interne pour répondre au défi
juridique lié à l'instauration de la loi renseignement qui légalise l'emploi
d'indispensables outils intrusifs, notamment pour piéger les domiciles et
capter des données. La métamorphose du renseignement intérieur ne fait que
commencer.
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Hollande défend le secrétariat d'État à l'aide aux victimes
supprimé par Macron (13.11.2017)
- Par Pierre
Lepelletier
- Publié le 13/11/2017 à 12:27
LE SCAN POLITIQUE - L'ancien
président de la République a vanté la création du secrétariat d'État chargé de
l'aide aux victimes mis en place après les attentats de 2015. Sa suppression
annoncée par Emmanuel Macron l'été dernier suscite toujours des critiques.
La création d'un secrétariat
d'État chargé de l'aide aux victimes moins de trois mois après les attentats de
Paris du 13 novembre 2015 avait été perçue comme un geste fort de François
Hollande. Finalement, le dispositif aura eu une courte vie. Arrivé à l'Elysée,
Emmanuel Macron a
fait le choix de ne pas le reconduire. Invité sur France 2 dimanche,
l'ancien chef d'État a tenu à défendre la création de ce portefeuille
gouvernemental. «Il fallait qu'on puisse coordonner, accueillir, informer et
puis aussi faire changer un certain nombre de procédures», a-t-il affirmé dans
l'émission Vivement Dimanche où il était invité pour
promouvoir le livre de la journaliste et rescapée du Bataclan, Caroline
Langlade, dont il a signé la préface.
Pour François Hollande, le
secrétariat d'État chargé de l'aide aux victimes a aussi permis de mettre en
place «des soins physiques quand c'était nécessaire et des soins
psychologiques. Même quand on n'a pas été blessé dans sa chair, on l'est dans
son cerveau, dans son esprit. Il était donc légitime que l'on puisse
accompagner ces personnes et assez longtemps.» Sa suppression moins de deux ans
plus tard par Emmanuel Macron arrive-t-elle donc trop vite? «Dans les
compositions du gouvernement, ça peut changer, moi je voulais traiter
l'urgence», a balayé François Hollande, prenant le soin d'éviter toute
polémique.
Une déléguée
interministérielle a remplacé la secrétaire d'État
En revanche, la disparition du
secrétariat d'État passe mal du côté des victimes. Beaucoup regrettent
désormais un manque d'accompagnement de l'État. «On avait au moins un
interlocuteur avec le secrétariat d'État aux victimes. Là, on n'en a plus.
(...) Deux ans après, si on ne relance pas, on est oubliés», regrettait amer un
rescapé du Bataclan lundi sur France Info. Présent lundi matin devant la salle de
spectacle parisienne pour un moment de recueillement en présence d'Emmanuel
Macron, il a expliqué ne pas vouloir saluer le chef de l'État: 0«Je n'ai pas
envie de lui serrer la main».
En actant la suppression du
secrétariat d'État lors de la cérémonie d'hommage aux victimes de l'attentat de
Nice le 14 juillet dernier, Emmanuel Macron avait toutefois assuré que «tout
serait maintenu» dans l'aide aux victimes. Le chef de l'État avait alors nommé
Élisabeth Pelsez, ancienne conseillère au ministère de la justice, comme
déléguée interministérielle en charge de ces questions. Pas suffisant à en
croire les victimes du 13 novembre.
La rédaction vous conseille
Les conditions de détention de Salah Abdeslam ont été légèrement
assouplies (13.11.2017)
- Par Pauline
Dumonteil Jean Chichizola
- Mis à jour le 13/11/2017 à 15:49
- Publié le 13/11/2017 à 05:00
INFOGRAPHIE - Le dernier
membre encore en vie du commando djihadiste du 13 novembre 2015 est incarcéré à
Fleury-Mérogis depuis plus d'un an. Détenu le plus surveillé de France, il ne
parle pas.
Salah
Abdeslam est incarcéré à Fleury-Mérogis depuis le 27 avril 2016. Le
seul membre encore en vie du commando du 13 novembre 2015 est
surveillé vingt-quatre heures sur vingt-quatre et maintenu à l'isolement.
Depuis le début de son incarcération, Salah Abdeslam est muré dans le silence.
À tel point que ses avocats, le Français Frank Berton et le Belge Sven
Mary, avaient
finalement renoncé à le défendre, convaincus «qu'il ne s'exprimerait pas».
Selon nos informations, le terroriste de 28 ans reste prostré pendant des
heures et ne parle plus à personne. Il passe ses journées à récurer sa cellule
et à nettoyer ses aliments. Il serait en train de se forger un personnage de
«héros noir», selon un avocat des parties civiles. Au point de recevoir en
prison des courriers de la part d'anonymes, certains louant ses actions,
auxquels il lui est arrivé de répondre.
Les conditions de détention de
Salah Abdeslam ont été légèrement assouplies en raison de la dégradation de son
état psychologique. La crainte d'un suicide est grande. «Notre obsession, c'est
qu'il puisse être présenté à son procès», avait expliqué sur LCI le 8 novembre
Nicole Belloubet, ministre de la Justice. Aucune date n'est pour l'heure
connue, mais vraisemblablement pas avant fin 2019 ou 2020.
Auparavant, Salah Abdeslam était
placé dans un isolement strict, sans aucun contact sonore ou visuel avec
l'extérieur. Depuis, le plexiglas qui obstruait l'unique fenêtre de sa cellule
de 10m2 a été ôté. La vitre qui le séparait de ses visiteurs au parloir a
également été retirée avec, en contrepartie, une fouille systématique avant son
retour en cellule.
Aucun contact avec les autres
détenus
Les mesures de surveillance sont
restées inchangées. Jour et nuit, Salah Abdeslam est filmé par des caméras de
surveillance et six agents de l'administration pénitentiaire. Il est le seul
prisonnier de France à faire l'objet d'une telle mesure. En tout, quatre
cellules lui sont consacrées. La sienne, une de rechange en cas de
dégradations, une avec un rameur pour faire de l'exercice et un poste de
surveillance. Au sein de la plus grande prison d'Europe, le terroriste n'a
toujours aucun contact avec les autres détenus. Un espace a même été aménagé
pour ses promenades solitaires. Comme tous les autres prisonniers, il peut
pratiquer sa religion et dispose d'un tapis de prière ainsi que d'un exemplaire
du Coran.
Salah
Abdeslam sera jugé à partir du 18 décembre à Bruxelles pour des tirs
sur des policiers en mars 2016. Cette fusillade avait précipité la fin
des quatre
mois de cavale du terroriste. Le
détenu français a souhaité assister à son procès en Belgique, Bruxelles
ayant officiellement demandé à la France qu'il lui soit remis pour être jugé.
La réponse de la cour d'appel de Paris est attendue sous peu et il faudra
ensuite, le cas échéant, fixer les conditions et les modalités exactes de ce
transfèrement. Il pourrait être transporté tous les jours de Fleury-Mérogis à
Bruxelles par hélicoptère.
Rien ne dit cependant que Salah
Abdeslam coopèrera davantage en Belgique
Salah Abdeslam est l'un des
rouages essentiels de la logistique des attentats de Paris. «Il y a toujours
des zones d'ombre dans les dossiers. (...) On peut toujours espérer que
l'arrestation de certaines personnes, si elles acceptent de coopérer et de
parler, puisse apporter des éléments positifs et des clés de lecture
supplémentaires pour comprendre tout ce qu'il s'est passé», a déclaré vendredi
sur France info François Molins, à la tête du parquet antiterroriste.
L'homme de 28 ans est mis en
examen (inculpé) notamment pour assassinats terroristes.
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Attentats du 13 novembre : les victimes hantées par leur
mémoire (11.11.2017)
- Par Alexis
Feertchak
- Mis à jour le 13/11/2017 à 11:16
- Publié le 11/11/2017 à 05:00
VIDÉO - Deux ans après les
attentats qui ont ensanglanté la capitale, de nombreuses victimes souffrent
encore d'une mémoire traumatique qui transforme leur vie quotidienne en enfer.
Des thérapies existent pour que les rescapés puissent se reconstruire.
Sophie Parra est l'une des 413 personnes blessées lors des attentats du 13 novembre 2015 à
Saint-Denis et Paris. Il y a deux ans, cette jeune femme de 33 ans se
trouvait dans la fosse du Bataclan. Elle a reçu deux balles dans le corps après
que le commando djihadiste a ouvert le feu. Un traumatisme dont elle souffre
encore aujourd'hui dans son quotidien. «J'ai eu un parcours chaotique. J'en
suis à mon huitième psy», annonce-t-elle. «Les deux premiers psychiatres m'ont
mise sous calmants et sous antidépresseurs, mais cela n'aide pas pour la
reconstruction», poursuit la jeune femme.
» LIRE AUSSI - Aristide Barraud: au bout de la souffrance, la renaissance
«Je subis ma mémoire»
«Il faut vivre avec ce qu'on a
vu. J'ai encore des flashs. Deux ans après, ce sont davantage des détails qui
ressortent. C'est une douleur et un cri. Ou l'odeur du sang et la voix des
djihadistes quand ils nous ont dit qu'ils faisaient ça pour l'Irak et la Syrie.
Leurs visages sont plus flous. Ce sont des ombres», raconte-t-elle, avant de
conclure: «Je subis ma mémoire».
» LIRE AUSSI - Attentats: «C'est un long
travail de redevenir heureux»
Ces résurgences des attentats
vécues au quotidien par de nombreuses victimes sont le signe d'une mémoire que les scientifiques nomment «traumatique». Le
stress post-traumatique est un calvaire pour ceux qui en souffrent, obligés de
trouver des conduites d'évitement pour ne pas subir cette mémoire infernale. «Je
ne peux pas prendre le métro ou le RER, je ne vais plus au cinéma ou dans des
salles de spectacle. Je me place en fonction des sorties de secours. Je suis
aux aguets tout le temps. J'envisage en permanence une attaque», énumère la
jeune femme.
«Un passé qui vous envahit»
«Le stress post-traumatique,
c'est comme une présence permanente du passé, qui vous envahit», décrypte
l'historien Denis Peschanski, directeur de recherche au CNRS, qui a lancé avec
le neuropsychologue Francis Eustache, le «programme 13 Novembre» au
sein de l'Observatoire B2V des Mémoires. Grâce à cette enquête
pluridisciplinaire, qui va durer douze ans, ces chercheurs vont étudier à
l'aide de témoignages la manière dont la mémoire se construit après des
événements historiques marquants. «Nous avons déjà mené 934 captations vidéos,
ce qui représente 1450 heures d'entretiens», précise l'historien.
Un projet scientifique de grande
ampleur pour mieux comprendre un trouble qui trouve son explication dans le
fonctionnement cérébral. «Normalement, dans notre cerveau, la zone de la
rationalité contrôle celle de l'émotion située dans l'amygdale [à ne pas
confondre avec les amygdales, dans la gorge, ndlr] et entourée par les deux
hippocampes, qui sont les zones de la mémoire», explique Denis Peschanski. «Mais
chez les personnes qui souffrent d'un choc traumatique, ce contrôle est
inexistant, comme si l'amygdale pédalait sur elle-même et que la zone de
l'émotion nous dominait», ajoute-t-il.
«L'idée n'est pas d'oublier
l'événement, mais de lui retirer son excès de charge émotionnelle»
Denis Peschanski, directeur de
recherche au CNRS
C'est précisément ce qui se passe
lorsque les victimes des attentats sont confrontées à des lieux ou des
sensations qui leur rappellent le drame vécu. Leur mémoire est alors insoutenable.
«Si je pouvais prendre cette partie-là de ma vie et l'effacer, je le ferais»,
explique Sophie Parra. «L'idée n'est pas d'oublier l'événement, mais de lui
retirer son excès de charge émotionnelle», précise Denis Peschanski, qui
ajoute: «Il faut pouvoir regarder l'événement, réussir à le renvoyer dans le
passé au lieu de l'avoir dans le présent».
Sortir d'une torture sans fin
Les psychotraumatologues mettent
en œuvre des thérapies à cet effet. «Au début, nous essayons de canaliser la
mémoire traumatique», explique la psychiatre Muriel Salmona, présidente de
l'association «Mémoire
traumatique et Victimologie». La personne traumatisée doit arriver à
comprendre le fonctionnement de sa «mémoire infernale», qui agit «comme une
torture sans fin» pour «prendre le pouvoir sur elle». Un effort qui permet
aussi de déculpabiliser la victime. Ce qui lui arrive n'est pas de sa faute, le
traumatisme n'est pas une punition, mais découle directement du fonctionnement
de son cerveau. Un effort qui permet aussi de comprendre que ce
dysfonctionnement peut se traiter. «Quand on comprend que l'enfer ne va pas
durer toute la vie, on a déjà beaucoup plus de forces», raconte Muriel Salmona.
En pratique, le psychologue
accompagne son patient pour décrypter chaque situation où «sa mémoire
traumatique s'allume». Quand l'attentat revient à sa mémoire, celui-ci peut
alors ne plus le subir. «Un psychologue nous aide à trouver des petits trucs
dans la vie quotidienne pour continuer à avancer», confirme Sophie Parra. Pour
ceux qui ne parviennent pas à mettre en œuvre ces «dispositifs d'évitement»,
les conduites addictives comme l'alcool ou la drogue sont souvent un dangereux
palliatif, met en garde Muriel Salmona.
Reconstruire une mémoire
La personne traumatisée peut
ensuite aborder avec son thérapeute la seconde étape qui s'approche davantage
d'une véritable guérison. «Nous essayons de transformer la mémoire traumatique
en mémoire autobiographique», explique la psychiatre, qui aide ses patients à
«recontextualiser» leur traumatisme. «Les personnes traumatisées ont leur
histoire, mais c'est un vécu extrêmement partiel par rapport à l'ensemble de
l'événement. Vous êtes sur une terrasse, on vient vous tirer dessus. Ça a duré
deux minutes, il y a des morts partout, mais vous n'avez aucune clé d'analyse.
Vous en avez pourtant besoin pour que votre histoire ait un sens», ajoute
l'historien Denis Peschanski.
Pour le chercheur du CNRS, la
mémoire collective est essentielle pour apporter du sens aux différentes
mémoires individuelles. «Un aspect essentiel de notre enquête concerne
l'interaction entre ces deux niveaux de la mémoire, qui permet justement aux
victimes de construire ce sens dont elles ont besoin».
Cette tâche n'est pas évidente
car la reconstruction est lente et ne suit pas le rythme politique ou
médiatique. Les victimes sont certes écoutées au moment de l'événement et lors
des commémorations, mais au-delà, elles se sentent souvent démunies,
confrontées parfois à une actualité qui ravive leur douleur. «Je suis en colère
quand les médias évoquent celui qui est en prison [Salah Abdeslam, seul suspect des attaques arrêté],
qui se plaint de ses conditions de détention», lance Sophie
Parra qui ajoute: «Le psychologue nous permet de déverser ce qu'on a à dire en
nous écoutant, de façon neutre». «C'est une vraie difficulté. Il faut que la
mémoire collective aille au jour le jour dans le sens d'une meilleure
reconnaissance de ce que les victimes ont vécu. Il ne faut pas qu'elles tombent
dans l'oubli», conclut la psychiatre Muriel Salmona.
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Un paysan sauve ses cultures d'un virus dévastateur… grâce à
la musique ! (13.11.2017)
- Par Mathilde Golla
- Mis à jour le 13/11/2017 à 16:48
- Publié le 13/11/2017 à 07:00
FIGARO DEMAIN - Contaminées
par une maladie incurable, les courgettes d'un agriculteur des Bouches-du-Rhône
ont été sauvées par des mélodies diffusées tous les soirs. Cette technique qui
permet d'éviter les pesticides a fait ses preuves pour d'autres cultures.
La musique adoucit les mœurs et
peut aussi soigner les plantes! Certaines mélodies méticuleusement
sélectionnées ont en effet la capacité d'inhiber virus et champignons ou de
stimuler la pousse des plantes. C'est en tout cas le constat fait par Gilles
Josuan, agriculteur dans les Bouches-du-Rhône.
» Lire aussi - Revenu des agriculteurs: les chiffres restent
inquiétants
Le producteur fait de la
monoculture de courgette. Il y a dix ans, toutes ses cucurbitacées sont
contaminées par le virus de la Mosaïque. «Aucune méthode de lutte contre ce
fléau n'existe», indique l'agriculteur qui dit avoir tout essayé. Ce
dernier ne se résignait pas à arracher tous ses plants, seule solution
préconisée par l'agriculture conventionnelle. «Je suis tombé sur le site de
l'entreprise Genodics qui proposait de soigner les plantes avec les protéines
de musique! Je n'avais rien à perdre, j'ai donc voulu essayer», confie le
paysan qui cultive 40 hectares sous serre et 50 en plein champs. «Dès que j'ai
commencé à diffuser la musique dans mes serres, j'ai vu la différence. Mais le
plus difficile était de propager de la musique dans une serre avec un taux
d'hygrométrie élevé», précise le producteur. Pour cela, la société Genodics
conçoit alors des appareils autoalimentés par des panneaux solaires et adaptés
aux conditions des tunnels. «Après quelques ajustements de départ, nous sommes
parvenus à sauver mes plants de courgettes. Aujourd'hui, le virus est toujours
présent mais il est inhibé par la musique et mes légumes n'en portent aucune
trace. Je peux donc de nouveau les commercialiser», se réjouit l'agriculteur.
» Lire aussi - L'Europe invente l'agriculture de demain
Pour atteindre ce résultat
spectaculaire, le producteur applique à la lettre le protocole établi par la
société. Il diffuse toutes les nuits entre 5 et 7 minutes d'une musique ciblée,
«mais pas plus, sinon cela fatigue les plantes», précise l'agriculteur qui
récolte 600 à 700 tonnes de légumes par an. Des rendements qui font des
envieux. Si ses voisins étaient, au départ, amusés par la méthode de Gilles
Josuan, ils s'y intéressent désormais de très près. «Certains voisins me posent
des questions sur mes méthodes de production et réfléchissent à faire de même»,
indique l'agriculteur convaincu. À condition toutefois de trouver la musique
adaptée à leurs cultures.
De fait, Genodics explique qu'il
faut trouver des mélodies adaptées à chaque pathologie. «Concernant le problème
de Gilles Josuan, au départ, nous avions identifié un seul virus alors qu'il y
en avait un deuxième. Après cette découverte, nous avons adapté la mélodie et
avons pu inhiber les deux virus, qui fatiguaient la plante mais restent
inoffensifs pour l'homme», indique Pedro Ferrandiz, cofontateur de Genodics qui
utilise les vibrations de la musique pour lutter contre les maladies de
certaines plantes (champignons, virus, bactéries...), limitant ainsi l'usage des
pesticides.
La protéodie serait à l'origine
de ces résultats confondants. «Pour faire simple, lors du processus de synthèse
des protéines, les acides aminés produisent des notes. Une mélodie spécifique à
chaque protéine est ainsi émise», explique l'ingénieur à la tête de Genodics.
«Il faut connaître les protéines pertinentes de la pathologie que l'on veut
combattre puis l'isoler et trouver le chant de la protéine pour en stimuler ou
inhiber sa synthèse», précise celui qui a mis en application les théories de
Joël Sternheimer, physicien et mélomane.
130 agriculteurs utilisent
cette solution
Le rôle de Genodics est ainsi
d'identifier puis de déchiffrer la partition de la protéine. Avec ses
techniques, la société a aidé plus de 130 agriculteurs à lutter contre des
pathologies qui menaçaient leur production.
Ainsi, un arboriculteur de
Saint-Féliu-d'Avall, dans les Pyrénées-Orientales, a pu lutter contre le virus
de la sharka, à raison de la diffusion de deux séquences musicales par jour.
Les séquences musicales aux vertus thérapeutiques ont permis de réduire la
mortalité des pêchers. Le procédé a également soigné des plants de tomates
atteintes de botrytis - un champignon responsable de la moisissure grise, ou
des pommiers touchés par la tavelure. Les principaux clients de Genodics sont
des viticulteurs. Les mélodies thérapeutiques sont parvenues à lutter contre le
mildiou, un champignon, ou l'esca, qui décime les vignes notamment en France.
«En moyenne, le taux de
réussite est de 70%»
Pedro Ferrandiz, cofondateur de
Genodics
Le protocole est le même:
diffuser de la musique de manière harmonieuse pour que chaque pied de vigne
puisse «entendre» les notes. Les résultats sont à chaque fois au rendez-vous.
«Ça marche systématiquement mais avec des taux de réussite variables de 25% à
95%. Par exemple, sur les cépages de Cabernet, les résultats sont
spectaculaires et ils le sont un peu moins sur les vins d'Alsace . En moyenne,
le taux de réussite est de 70%», se réjouit Pedro Ferrandiz.
» Lire aussi - Agriculture: le bio pourra-t-il un jour nourrir la
planète?
De très bons résultats
expérimentaux qui forcent l'intérêt de la communauté scientifique. Ainsi,
Genodics a noué un partenariat avec l'université de Cergy, en région
parisienne, afin de faire des essais et de mieux comprendre le fonctionnement
scientifique de ses solutions. De son côté, l'Inra reconnaît que «les plantes sont
sensibles aux sons et qu'elles réagissent à certains bruits, comme celui du
vent ou le craquement d'une plante voisine qui se dessèche et provoque une
réaction. Toutefois, aujourd'hui nous n'avons pas prouvé scientifiquement ces
liens», souligne Bruno Moulia, directeur de recherches à l'Inra. Concernant la
théorie de Genodics, «je ne peux pas dire que ça ne marche pas, mais nous
n'avons pas, non plus, démontré scientifiquement l'efficacité de ces
traitements», souligne le membre de l'organisme français de recherche en
agronomie. Pour le savoir, il faudrait que l'institut mène des
expérimentations, une hypothèse aujourd'hui envisagée par l'Inra. Les résultats
de Genodics constituent son meilleur argument!
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Trump se rapproche de Duterte (12.11.2017)
Le président philippin a tempéré
son anti-américanisme mais reste proche de Pékin.
Shanghaï
Donald Trump rencontre son double
asiatique. Le volcanique président Rodrigo Duterte, surnommé le
«Trump philippin», accueille son homologue américain à Manille, affichant
le réchauffement des relations avec Washington, sous l'ombre grandissante de la
Chine en Asie du Sud-Est. À l'occasion de l'ultime étape de sa première tournée
asiatique, Trump rencontre lundi le dirigeant «populiste» à l'anti-américanisme
viscéral qui avait insulté vertement Barack Obama comme
le pape François, avec l'espoir de tempérer son tropisme chinois. Dès son
arrivée à Manille, le président des États-Unis a loué ses bonnes relations avec
son homologue philippin. «Nous avons de très bonnes relations», a-t-il souligné
au début de leur premier tête-à-tête. À cette occasion, la question des droits
de l'homme, posée par un journaliste, a vertement été eludée.
Duterte qui s'est vanté ce
week-end d'avoir «tué» un homme lorsqu'il était adolescent, peut compter sur
l'appui tacite de Trump en faveur de sa controversée guerre contre la drogue,
qui a déjà tué plus de 6000 personnes dans l'archipel. «Tu sais, tu gères cela
très bien» lui a glissé l'hôte de la Maison-Blanche, lors d'une première
poignée de mains au sommet de l'Apec, à Da Nang au Vietnam, vendredi, a
rapporté le dirigeant philippin. En avril, Trump avait félicité au téléphone
son homologue pour sa stratégie musclée ayant recours aux exécutions
extrajudiciaires. «Digong», qui a menacé de «gifler» Agnès Callamard, la
rapporteure de l'ONU en charge d'une enquête sur ces exécutions illégales s'est
dit persuadé que son hôte américain se gardera de toute critique lors de sa
visite de deux jours dans la capitale Philippines. «Duterte va bénéficier du
cadeau du silence tacite des dirigeants d'Asie de l'Est lors du sommet», a
déploré Phelim Kine, directrice adjointe pour l'Asie de Human Rights Watch.
«Les similitudes sont
frappantes. Ils utilisent tous les deux les réseaux sociaux à outrance pour
mener une guerre contre les médias et les élites en place et désigner des boucs
émissaires.»
Richard Hederyan, enseignant à
l'Université de La Salle
En dépit de leurs origines
sociales et géographiques éloignées, les deux trublions populistes sont faits
pour s'entendre. «Les similitudes sont frappantes. Ils utilisent tous les deux
les réseaux sociaux à outrance pour mener une guerre contre les médias et les
élites en place et désigner des boucs émissaires. Trump pointe du doigt les
immigrés illégaux, Duterte, les drogués», analyse Richard Hederyan, enseignant
à l'Université de La Salle, à Manille. Avant même le Brexit, la vague populiste
qui a ébranlé la planète en 2016, conduisant à l'élection surprise du «Donald»,
a démarré dans la capitale philippine, en mai. L'élection surprise et haut la
main de ce matamore au verbe haut, originaire de l'île méridionale de Mindanao
annonce déjà celle du magnat de l'immobilier par ses méthodes. Alors que Trump
a su instrumentaliser la colère des «Blancs» déclassés contre les élites de
Washington, Duterte mobilise celle des nouvelles classes moyennes jalouses des
prébendes de la vieille oligarchie des grandes familles de l'ère coloniale
espagnole à Manille. Une révolution qui s'ancre dans le miracle de l'économie
philippine, la plus dynamique du monde, quand celle de Trump prospère sur les
ratés de la mondialisation.
Trump mise sur cette connivence
pour ramener dans l'orbite américaine cet allié ancien, désormais dans le giron
chinois. À grand fracas, Duterte avait annoncé en 2016 son «divorce» avec
l'Amérique, lors d'une visite à Pékin, aux allures d'allégeance à Xi Jinping.
Depuis, la deuxième économie mondiale avance ses pions dans l'archipel, à coups
de financement, notamment via la nouvelle route de la soie du leader chinois.
Depuis l'élection de Trump, Duterte
a mis son antiaméricanisme en sourdine, et n'a pas rompu la
coopération militaire avec le Pentagone, qui a soutenu discrètement, mais
activement les forces philippines dans leur
reconquête face à l'État islamique, à Marawi.
«Il vaut mieux ne pas traiter
la mer de Chine du Sud, car personne ne peut se permettre une guerre»
Rodrigo Duterte
Mais sur le dossier brûlant de la
mer de Chine du Sud, il a bien basculé dans le camp de Pékin, comme il l'a
rappelé à la veille des sommets de l'Asean et de l'Asie de l'Est, qu'il
préside. Tous les protagonistes de ce casse-tête territorial, seront présents
autour de la table, hormis Taïwan, mais le leader Philippin ne compte pas
bousculer son nouvel allié, et sa politique du fait accompli, visant à affirmer
ses revendications maritimes à coups de construction d'îles artificielles.
«Nous devons être amis, les excités veulent que nous nous confrontions à la
Chine», a déclaré le dirigeant de 72 ans. «Il vaut mieux ne pas traiter la mer
de Chine du Sud, car personne ne peut se permettre une guerre», a ajouté l'hôte
du sommet, entérinant le statu quo favorable à Pékin. Une position qui ne fait
pas les affaires de Washington, et de ses alliés, le Vietnam ou Singapour qui
dénoncent l'expansion chinoise sur ces eaux par où transitent 40 % du commerce
mondial. À Hanoï, les louanges de Trump à l'égard de Xi, sur le dossier
nord-coréen, n'ont guère rassuré. «Je suis un très bon arbitre et négociateur.
Si vous avez besoin de moi, faites-le-moi savoir», a déclaré Trump sur dossier
de la mer de Chine, se démarquant des critiques frontales de son prédécesseur à
l'encontre de la stratégie chinoise.
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Le Liban fragilisé par le jeu de Riyad (12.11.2017)
VIDÉO - Téléguidée par l'Arabie
saoudite, la démission de Saad Hariri n'est pas acceptée par le président
libanais Michel Aoun.
À Beyrouth
Neuf jours après sa démission surprise à partir de Riyad, Saad Hariri est
réapparu dimanche soir à la télévision, dans une interview accordée à une
journaliste vedette de sa propre chaîne, invitée à le rencontrer en Arabie
saoudite. «Il y a un parti libanais qui cherche à déstabiliser le royaume (une
référence au tir d'un missile yéménite contre Riyad, NDLR) et qui expose le
Liban à des sanctions non seulement américaines mais aussi arabes. Mon devoir
est de protéger le Liban. Je reviendrai lorsque les conditions de sécurité le
permettront», a-t-il dit, confortant les craintes des Libanais face à la
nouvelle stratégie saoudienne de confrontation avec l'Iran et le Hezbollah, son
allié et bras armé libanais. «L'impression générale est que MBS (surnom de Mohammed Ben Salman, le nouvel homme fort du royaume,
NDLR) est déterminé à aller jusqu'au bout, mais on ne sait pas jusqu'où
exactement», résume un haut responsable libanais sous couvert d'anonymat.
La visite éclair à Riyad d'Emmanuel Macron, qui se pose en
ami du Liban, n'a pas dissipé les inquiétudes, le président français ayant
préféré ne faire aucune déclaration officielle à l'issue de sa rencontre avec
le prince héritier saoudien. Un communiqué de l'Élysée publié plus tard à la
suite d'un échange téléphonique avec son homologue libanais a toutefois été
bien accueilli à Beyrouth: le président français y réitère son «appel à ce que
les dirigeants politiques libanais soient libres de leurs mouvements» et
insiste sur la nécessaire «continuité des institutions étatiques» pour
préserver la «stabilité» du pays du Cèdre.
Parapluie international
Des mots qui confortent la
stratégie adoptée jusque-là par Beyrouth: le chef de l'État refuse d'accepter
la démission de Saad Hariri tant qu'il ne revient pas la lui remettre en
personne. Michel Aoun a aussi fait savoir qu'il n'accordait pas de crédit à
l'interview de Saad Hariri dimanche soir en raison des «circonstances
douteuses» dans lesquelles elle a été organisée. Plusieurs chaînes libanaises
ont été priées de ne pas retransmettre l'entretien. Son idée est d'une part de
faire valoir le droit international - notamment l'immunité d'un premier
ministre - ce qui pourrait potentiellement se traduire par un recours au
Conseil de sécurité de l'ONU ; et, de l'autre, de jouer sur l'entente
tacite prévalant depuis le début de la guerre en Syrie qui consiste à faire de
la déstabilisation du Liban une «ligne rouge».
Seule l'Arabie saoudite semble
pour l'instant vouloir remettre en cause ce statu quo dont l'Iran est le plus
grand bénéficiaire. La seule présence du Hezbollah au sein du gouvernement
libanais équivaut à une «déclaration de guerre à l'Arabie saoudite», a martelé
le ministre saoudien Thamer al-Sabhan.
«Une revendication bien futile
au regard de l'ampleur de la crise dont cette démission est un symptôme plutôt
qu'une cause»
Un observateur anonyme, à propos
du marathon de Beyrouth qui s'est transformé dimanche en manifestation géante
pour le retour de Saad Hariri.
Le directeur libanais de la
Sûreté générale Abbas Ibrahim a entamé une série de contacts internationaux,
notamment avec le chef de la DGSE, Bernard Emié, ancien ambassadeur de France
au Liban. Et le chef de la diplomate libanaise Gebran Bassil entreprend une
tournée européenne - une rencontre est prévue mardi avec Emmanuel Macron - pour
compter ses soutiens. Tandis que la position de Washington reste ambiguë:
Donald Trump est en apparence sur la même ligne dure contre l'Iran et le
Hezbollah que Mohammed Ben Salman, mais son secrétaire d'État Rex Tillerson met
en garde contre toute «utilisation du Liban comme un théâtre de conflits par
procuration».
C'est à ce parapluie
international que se raccrochent les Libanais étonnamment unis dans cette
épreuve vécue comme une humiliation nationale, y compris dans les rangs de la
communauté sunnite, du parti et de la famille de Saad Hariri. Le marathon de
Beyrouth s'est ainsi transformé dimanche en manifestation géante pour le retour
de Saad Hariri. «Une revendication bien futile au regard de l'ampleur de la
crise dont cette démission est un symptôme plutôt qu'une cause», commente
cependant un observateur qui a souhaité l'anonymat.
Pour Sami Atallah, directeur du
centre de recherche LCPS, ce moment d'unité dans l'émotion ne peut pas durer.
«Nous assistons probablement à la fin du “haririsme” et à un affaiblissement
paradoxal de la communauté sunnite sur laquelle l'Arabie saoudite pensait
s'appuyer», analyse-t-il. «Mais MBS trouvera certainement de nouveaux alliés
pour alimenter sa confrontation ouverte avec le Hezbollah et l'Iran dont la
vocation est surtout interne: l'objectif est de resserrer les rangs dans la
monarchie face à un ennemi commun, sans préoccupation pour les conséquences sur
le Liban lui-même. Or, dans ce jeu, le Liban est très fragile. Tout le monde
sait à quel point il est difficile d'affronter le Hezbollah, solidement ancré
dans la société et la structure politique du Liban.»
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Michel Onfray : «Dégageons les Robespierrots et lançons la
révolution girondine !» (12.11.2017)
TRIBUNE - Le philosophe* réagit à
une tribune de Guillaume Peltier parue dans Le Figaro et
plaide à son tour pour une décentralisation assumée et réelle.
La lecture d'un article de Guillaume
Peltier intitulé «Nos provinces, une chance pour la France!» m'a ravi.
Je sais que le trajet et la sensibilité politique de son auteur sont à mes
antipodes, mais en touchant au mécanisme politique français jacobin, il fait
mouche et me réjouit. Il écrit en effet des choses proprement révolutionnaires
parce qu'elles vont à rebours de ce qu'affirment tous les partis récemment
présents aux présidentielles, dont le sien, et qui sont tous centralisateurs,
étatistes, jacobins, pour tout dire: parisiens.
Que dit ce jeune député de
Loir-et-Cher? Que «les habitants de la France des provinces» sont regardés de
haut par la technocratie parisienne car elle estime que le seul modèle viable
est urbain, cosmopolite, individualiste, inculte, consumériste, mondialiste, déraciné,
anhistorique. Il précise qu'on ne dit jamais que «la majorité des Français vit
aujourd'hui dans une commune de moins de 10.000 habitants». Il ajoute que
l'État verse des sommes considérables pour rendre les villes plus tentaculaires
encore avec leur cortège de maux: déshumanisation, hyperconcentration,
atomisation sociale, anonymisation, à quoi il aurait pu ajouter: pollutions,
aussi bien des corps que des âmes. Il renvoie aux paysages façonnés par les
hommes depuis des siècles, aux parfums des marchés, au sublime de la nature
qu'il oppose aux vies souterraines des usagers du métro. Je souscris.
Il y a en province bien des
talents que la technocratie centralisée tient sous son talon.
Je souscris également à son idée
selon laquelle une sortie de cette religion des villes doit viser l'invention
d'une vie des territoires, avec les enracinements qui, seuls, rendent possible
l'universalité.
Le cosmopolitisme est devenu un
nationalisme qui méprise les provinces, de la même manière que les Jacobins de
1793 méprisaient les Girondins, qu'ils ont fait raccourcir parce qu'ils
souhaitaient, entre autres, que Paris ne pèse que 1/83de la représentation
nationale - il y avait alors 83 départements.
Les Robespierrots, pour parler
comme Olympe de Gouges, elle aussi raccourcie par le prétendu Incorruptible, ne
se trouvent pas que chez les actuels dévots bien connus de Robespierre: ils
sont chez tous ceux qui estiment que Paris doit faire la loi aux provinces -
d'autant que Paris n'est plus que la chambre d'enregistrement de Bruxelles…
Je partage ce désir de révolution
par le retour du pouvoir des provinces. Et, pour ce faire, je cosigne cette
idée qu'«il est temps, au nom de l'équilibre et de la justice, que la France
des provinces bénéficie en priorité des politiques publiques». Il y a en effet
en province bien des talents que la technocratie centralisée tient sous son
talon.
De Marine Le Pen à Philippe
Poutou en passant par Macron et Mélenchon, Hamon ou Fillon, tous communiaient
dans une même religion jacobine.
Il y a peu, dans un livre
intitulé Décoloniser les provinces et sous-titré Contribution
aux présidentielles, je défendais cette idée que seule une révolution
girondine pourrait donner de l'air à cette France jacobine qui a échoué. De
Marine Le Pen à Philippe Poutou en passant par Macron et Mélenchon, Hamon ou
Fillon, tous communiaient dans une même religion jacobine. C'est ce logiciel
qu'il faut jeter à la poubelle. L'ampleur de l'abstentionnisme puis du vote
blanc et nul témoigne que ce vieux modèle a fait son temps.
Dans ce livre, je renvoyais aux
analyses du penseur anarchiste Pierre-Joseph Proudhon et à son communalisme
libertaire, aux parlements provinciaux, aux autogestions départementales, aux
fédérations de communautés, aux mandats impératifs, à la nécessité de maisons
du peuple comme de forums citoyens qui activeraient une véritable démocratie
directe (en rupture avec les actuels dispositifs démocratiques qui singent le
modèle jacobin avec féodalités locales, départementales, régionales…), à la
restitution du pouvoir aux entités viables, à l'extension de monnaies locales,
à la création d'écoles expérimentales, et à de nombreuses autres pistes.
La capitale se décharge de
l'intendance sur les provinces sans jamais leur donner de pouvoir authentique.
La plupart du temps, la
régionalisation consiste à transférer des pouvoirs secondaires aux régions
pendant que les régaliens sont conservés par Paris. La capitale se décharge de
l'intendance sur les provinces sans jamais leur donner de pouvoir authentique.
La gestion et l'administration des écoles, des déchets, des transports, du
patrimoine et de la qualité de l'air, qui relèvent de la région, sont de
pitoyables hochets alors que les régions devraient disposer d'une véritable
autonomie dont il faut désormais penser la nature.
C'est le seul projet qui puisse
mobiliser à nouveau les citoyens lassés par le jeu médiatique et politique, qui
a pris le pas sur ce que devrait être la démocratie: le pouvoir du peuple par
le peuple pour le peuple. Ce devrait être une évidence, c'est devenu un
programme révolutionnaire.
Que pour ce faire soient rédigés
d'authentiques cahiers de doléances régionaux et que se tiennent de véritables
états généraux des provinces aux fins de création d'une Constituante girondine
qui économiserait les professionnels de la politique. C'était tout le sens du
projet proudhonien.
Je ne sais si Guillaume Peltier,
qui en appelle «à tous les Français de gauche, de droite et d'ailleurs» y
souscrirait, mais son appel ouvre d'immenses perspectives pour la France d'en
bas qui est bien lasse des frasques de la France d'en haut.
*Auteur de «Décoloniser les
provinces. Contribution aux présidentielles»,Éditions de l'Observatoire, 2017.
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Angoulême : vol du trésor de la cathédrale, dont
une couronne en or de la Vierge (13.11.2017)
- Par AFP agence Le
figaro.fr
- Publié le 13/11/2017 à 11:56
VIDÉO - Après la disparition
de huit toiles à Dieppe, le 6 novembre, dans l'église Saint-Jacques, des
malfaiteurs ont dérobé des joyaux de Notre-Dame d'Obezine, dans la cathédrale
Saint-Pierre. Un forfait qui s'est déroulé dans la nuit du samedi 11 au
dimanche 12 novembre.
Plusieurs joyaux, dont une
couronne, du Trésor d'art sacré de la cathédrale Saint-Pierre d'Angoulême, ont
été volés dans la nuit de samedi à dimanche, a indiqué à l'AFP le parquet
d'Angoulême, confirmant une information du site de La Charente Libre.
Le vol à la cathédrale
Saint-Pierre a été constaté dimanche matin à l'ouverture de la sacristie. Et
des enquêteurs de police judiciaire étaient sur place dimanche après-midi pour
les constatations et les premières auditions.
Selon les propos de Vincent You,
adjoint au maire d'Angoulême, publiés dans Sud Ouest , qui assistait à la messe dimanche, le père
Michel Manguy a annoncé le vol aux fidèles. Il a expliqué que le ou les voleurs
«sont entrés par le jardin de la cathédrale et ont cassé un vitrail», pour
entrer dans la cathédrale puis dans la salle du Trésor. Les voleurs, des
professionnels selon lui, ont choisi les pièces, emportant notamment une
couronne de la vierge en or sertie de diamants.
«Le préjudice de ce vol
s'élèverait dans une fourchette entre 40.000 et 60.000 euros»
Curé de Saint-Pierre d'Angoulême
Le «Trésor»de la cathédrale
d'Angoulême est composé d'une collection unique de cent cinquante objets d'art
sacré datés de la seconde moitié du XIXe siècle. On y trouve des statues, de
l'orfèvrerie, des reliquaires et des ostensoirs. Une nouvelle mise en scène,
sur trois niveaux, imaginée par l'artiste Jean-Michel
Othoniel, mêlant l'esprit de l'art contemporain et l'art sacré, en verre,
en aluminium et en or, avait été inaugurée en septembre 2016.
Selon le parquet, l'estimation du
préjudice est encore prématurée. Le curé de la paroisse a lui même confirmé la
difficulté d'évaluer le trésor dérobé, tout en déclarant qu'il pourrait se
situer dans une fourchette entre «40.000 à 60.000 euros».
Est-ce un hasard? Dans la nuit du
6 au 7 novembre, l'église Saint-Jacques à Dieppe en Seine-Maritime a
été elle aussi victime d'un cambriolage «minutieux et professionnel». Huit
œuvres d'art de valeur ont été dérobées, pour un préjudice qui avoisinerait les
100.000 euros. La police, prudente, n'a pas voulu établir de lien entre ces
deux affaires.
● Les trésors de la
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Californie: fusillade dans une école, 5 morts (14.11.2017)
- Par Le Figaro.fr avec AFP
- Mis à jour le 14/11/2017 à 22:41
- Publié le 14/11/2017 à 20:05
Au moins cinq personnes ont été
tuées, selon l'agence de presse AP, et trois enfants blessés
par balle aujourd'hui au cours d'une fusillade dans une école élémentaire du
nord de la Californie, ont affirmé les autorités, précisant que le tireur avait
été abattu.
Selon le shérif adjoint du comté
de Tehama, Phil Johnston, les coups de feu ont éclaté mardi vers 8 heures du
matin (16 heures temps universel) dans une maison et se sont poursuivis jusque
dans l'école élémentaire Rancho Tehama, avant que l'assaillant ne soit abattu
par la police.
"Je sais qu'on a évacué par
les airs un certain nombre d'écoliers. Je sais que l'école a été sécurisée, que
les enfants qui étaient en classe ont été placés en lieu sûr", a affirmé
Phil Johnston sur KCRA, un média local de San Francisco.
Trois armes ont été retrouvées
sur la scène du crime, qui a mobilisé cent membres des forces de l'ordre,
a-t-il souligné: un fusil semi-automatique et deux armes de poing.
Toujours sur KCRA, Brian Flint,
un riverain, a assuré que son colocataire avait été abattu par le tireur,
décrit comme un ancien prisonnier. Ce dernier était un voisin "fou"
qui les "menaçait", a expliqué le témoin. Il "tirait beaucoup de
balles ces derniers temps", a-t-il ajouté.
Casey Burnett, un autre témoin de
la fusillade cité par le journaliste local Jim Schultz, a pour sa part affirmé
avoir vu le tireur "conduire et tirer au hasard depuis sa voiture".
Ce nouveau drame survient moins
de dix jours après qu'un homme eut perpétré la pire tuerie de l'histoire
du Texas, en abattant 26 personnes dans une église baptiste de Sutherland
Springs.
Les fusillades, y compris dans
les établissements scolaires, endeuillent régulièrement les Etats-Unis, un pays
où environ 90 personnes meurent par balle chaque jour et où le débat sur la
réglementation des armes à feu ne s'éteint jamais vraiment.
LIRE AUSSI :
Affaire Hariri : le chef de la diplomatie libanaise en
appelle à la France (14.11.2017)
INTERVIEW - Dans un entretien
au Figaro, Gebran Bassil, le ministre libanais des Affaires
étrangères, dénonce l'ingérence de Riyad, où est retenu le premier ministre,
Saad Hariri.
Le ministre libanais des Affaires
étrangères a entamé à Paris une tournée européenne, pour mobiliser la
communauté internationale afin d'obtenir le retour au Liban de Saad Hariri.
LE FIGARO.- Saad Hariri
est-il, comme il l'a affirmé, libre de ses mouvements ou est-il retenu contre
son gré à Riyad?
Gebran BASSIL. - Seul son
retour au Liban peut confirmer s'il est vraiment libre ou non. Dimanche, il a annoncé qu'il y retournerait dans deux à trois
jours. Nous l'attendons toujours. Le premier ministre a admis que sa
démission n'est pas actée tant qu'il ne rentre pas au Liban pour la remettre au
président Aoun. Il doit expliquer les raisons de cette décision, qui restent
ambiguës à ce jour.
Le président libanais ou des
membres du gouvernement ont-ils été en contact avec le premier ministre depuis
le 4 novembre? Étiez-vous informés de son voyage?
«Plus qu'une surprise, cette
situation a été un choc»
Gebran Bassil
Plus qu'une surprise, cette
situation a été un choc. Nous travaillons ensemble de façon régulière, dans une
entente politique exceptionnelle au sein d'un gouvernement d'union nationale.
Nous étions en train de réaliser des projets sans précédent au Liban. Ce
gouvernement jouit d'une très grande représentativité. Nous avons adopté une
loi électorale fondée, pour la première fois, sur la proportionnelle. Nous
avons voté le budget, ce qui n'avait pas été fait depuis douze ans. Nous avons
lancé de nombreux projets économiques. Quelques jours avant le départ de Saad
Hariri, nous avons accordé des contrats pour l'exploitation du gaz et du
pétrole dans les eaux territoriales libanaises pour des entreprises étrangères,
notamment françaises. Alors oui, c'était une surprise, y compris pour lui-même.
Il nous a quittés pendant une
réunion ministérielle, au cours de laquelle il avait exposé ses contacts très
positifs avec des responsables saoudiens. Il a été convoqué par le roi d'Arabie
saoudite et nous a dit qu'il reviendrait deux jours plus tard, pour poursuivre
les nombreux projets en cours. Depuis, nous avons perdu le contact. Ce n'est
pas normal alors que nous entretenons des relations politiques et personnelles
très étroites. Il a dit qu'il pourrait revenir sur sa démission et a exprimé
son besoin de parler au président pour consolider l'accord de gouvernement, qui
a amené le général Aoun à la présidence de la République et lui-même au poste
de premier ministre. Les ambiguïtés seront levées à son retour.
» LIRE AUSSI - Comment Saad Hariri a été
piégé chez les Saoud
Quelle est la marge de
manœuvre des sunnites au Liban et du pays en général vis-à-vis de Riyad?
«Tous les Libanais veulent
avoir des relations fraternelles et privilégiées avec l'Arabie saoudite»
Gebran Bassil
Tous les Libanais veulent avoir
des relations fraternelles et privilégiées avec l'Arabie saoudite. Nous sommes
tous attachés à préserver et à consolider ces relations. À l'occasion de cette crise se manifeste une unanimité
exceptionnelle autour de l'indépendance du Liban, de sa souveraineté et de sa
dignité. Ce sont des principes immuables. Les sunnites, comme les chiites, les
chrétiens ou les Druzes veulent préserver cette dignité et avoir un premier
ministre qui représente toutes les confessions.
Selon certaines rumeurs, Riyad
tente de rallier les sunnites autour de Bahaa Hariri, le frère aîné du premier
ministre, cela vous semble-t-il acceptable?
Au Liban, le ralliement autour
d'une personnalité politique s'exprime lors des élections. C'est la volonté
démocratique du peuple qui amène les gens au pouvoir. Nous n'avons pas
l'intention de changer de régime. Saad Hariri jouit d'un élan populaire en
faveur de son retour. Des élections auront lieu en mai 2018. Nous verrons
alors s'il en tire profit.
«Je ne pense pas qu'il puisse
y avoir d'assassinat politique au Liban dans le climat actuel»
Gebran Bassil
La vie de Saad Hariri est-elle
menacée au Liban?
Les services de renseignement ont
déclaré lors de sa démission, après une enquête, que le niveau de sécurité est
très élevé et qu'il n'existe pas de menaces sur sa personne. Lui-même se dit
prêt à rentrer. Il existe des moyens d'assurer sa sécurité. Sa plus grande
protection est le soutien du peuple dont il bénéficie. Le Liban a consolidé sa
stabilité en dépit des conflits qui agitent ses voisins. Je ne pense pas qu'il
puisse y avoir d'assassinat politique au Liban dans le climat actuel, en raison
de la grande entente nationale et des projets économiques qui donnent espoir en
l'avenir. Apparemment certains étaient gênés de cette situation.
Le premier ministre a dénoncé
l'ingérence du Hezbollah dans un certain nombre de conflits au Moyen-Orient.
Redoutez-vous que cette implication finisse par déstabiliser à nouveau le
Liban?
La position du gouvernement
Hariri est très claire. Il n'a jamais accepté d'ingérences dans les pays arabes
voisins et amis. De la même façon, nous sommes opposés aux ingérences dans
notre pays. Pour appliquer cela, il faut construire un État fort. C'est ce que
nous étions en train de faire: une armée forte, des institutions fortes qui
garantissent l'équilibre et l'indépendance du Liban.
«Nous voulons de bonnes
relations avec l'Arabie saoudite et l'Iran. C'est possible tant que personne ne
cherche à nous imposer une politique extérieure, qui n'est pas indépendante»
Gebran Bassil
Le président Aoun est accusé
de faire le jeu de l'axe entre l'Iran
et le Hezbollah…
Le président est connu pour son
indépendance. Le courant qu'il a formé a toujours brandi seul la souveraineté
du Liban contre les occupants du pays, quels qu'ils soient. Il a été évincé pour
cela et a passé quinze ans en exil en France. Il n'a jamais été affilié à une
force extérieure. Nous cherchons une seule chose: préserver l'union nationale
et la stabilité de notre pays.
Le Liban est-il le théâtre
d'un conflit indirect entre l'Arabie saoudite et l'Iran?
Apparemment, on cherche à mettre
le Liban au milieu du conflit entre ces deux pays. Nous le refusons. Nous
voulons être libres. Nous voulons de bonnes relations avec l'Arabie saoudite et
l'Iran. C'est possible tant que personne ne cherche à nous imposer une
politique extérieure, qui n'est pas indépendante. Il est inacceptable de faire
primer les intérêts d'une puissance étrangère sur ceux du Liban. Lorsqu'un
problème pouvant être fatal à notre unité nationale et à notre stabilité surgit
avec l'un de ces pays, nous nous mettons en retrait. Des divergences
politiques, que nous sommes en train de régler par le dialogue, existent au
Liban. Nous avons des problèmes avec plusieurs pays avec lesquels des partis
politiques libanais sont en accord ou en désaccord. La politique du Liban est
de se distancier de ces problèmes lorsqu'ils surgissent, pour mettre le pays du
Cèdre à l'abri du feu qui le menace.
Vous êtes venu rencontrer le
président Macron. Qu'attendez-vous de la France?
«Nous espérons que le
président Macron nous aidera à défendre l'indépendance du Liban»
Gebran Bassil
La France est la plus grande amie
du Liban. Elle a toujours œuvré pour préserver la stabilité du pays. Nous
saluons les efforts du président Macron, qui a pris l'initiative lors de son
déplacement à Riyad. Nous espérons qu'il nous aidera à défendre
l'indépendance du Liban. Le grand flambeau de la liberté est ici en France. Et
je pense que le président Macron est en train de le tenir. Nous sommes des
voisins de l'Europe. Un million et demi de Syriens et 500.000 Palestiniens sont
réfugiés au Liban. C'est beaucoup pour un petit pays comme le nôtre. Ces gens
peuvent devenir les vecteurs d'un chaos à travers des flux migratoires
incontrôlés ou en rejoignant des groupes terroristes. Les possibles
conséquences de ce chaos peuvent toucher l'Europe à tout moment. Emmanuel
Macron est très conscient de cela et cherche à nous aider à faire prévaloir le
dialogue sur la confrontation.
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ayant peur d'être assassiné, le premier ministre Saad Hariri démissionn
Comment le premier ministre libanais Saad Hariri a été piégé
chez les Saoud (13.11.2017)
RÉCIT - Depuis dix jours, le
dirigeant libanais démissionnaire est retenu en Arabie saoudite, par les
puissants parrains du monde sunnite.
À Beyrouth
«Une interview télévisée
particulièrement étrange»… Ce commentaire sur Twitter, accompagnant l'entretien accordé dimanche soir par Saad Hariri,neuf
jours après sa démission surprise, résume le caractère totalement inédit de la
crise dans laquelle est plongé le Liban. L'histoire pourrait être tout autant
celle d'un épisode de téléréalité que celle d'un film d'espionnage. Dimanche,
comme rarement en pareil exercice, le déroulement de l'entrevue était analysé
au même titre, si ce n'est davantage, que les propos du premier ministre. Il
s'agissait de jauger l'incroyable scénario d'une démission imposée de force à Saad Hariri par
le nouvel homme fort de Riyad, Mohammed
Ben Salman, alias MBS.
Lorsqu'il apparaît à la
télévision saoudienne, il est évident pour ceux qui le connaissent, qu'il n'est
pas l'auteur de la déclaration de démission lue d'une voix blanche
Selon divers témoignages
recueillis au Liban et diverses sources citées par des médias libanais ou
étrangers, il est établi que le premier ministre a brutalement coupé tout
contact avec ses conseillers les plus proches et qu'il n'avait averti personne
de son intention de démissionner, au moment où il a été convoqué à Riyad, le
2 novembre. Dès son arrivée, Saad Hariri aurait été privé de son
téléphone, de sa montre intelligente, et traité sans les égards dus à son rang.
Lorsqu'il apparaît à la télévision saoudienne, à 14 heures le
4 novembre, sans sa montre, il est évident pour ceux qui le connaissent,
qu'il n'est pas l'auteur de la déclaration de démission lue d'une voix blanche.
Le dirigeant libanais aurait
ensuite passé une à deux nuits à l'hôtel Ritz-Carlton, où sont retenus les princes saoudiens
accusés de corruption par MBS, avant de revenir dans sa villa, sous haute
surveillance, et de donner des «signes de vie» épars, par médias sociaux
interposés. Une photo de lui, reçu par le roi, avec sa montre à nouveau au
poignet, est alors largement utilisée pour attester l'hypothèse de plus en plus
plausible d'un premier ministre contraint dans ses mouvements. Le chef du
Hezbollah, Hassan Nasrallah, est l'un des premiers à y donner publiquement du
crédit. Avant que ne s'y rangent aussi le parti de Saad Hariri et sa famille,
révoltés que Riyad leur demande même d'accepter son remplacement au pied levé
par son frère aîné, Bahaa.
Étrange moment télévisuel
C'est désormais aussi la version
officielle des autorités libanaises. Au point que le président de la
République, Michel Aoun, a fait savoir avant même la diffusion de l'entretien,
qu'il s'interrogeait par avance sur la fiabilité de propos n'étant pas
exprimés, selon lui, en totale liberté. C'est pourquoi Paula Yaacoubian, la
journaliste de la Future TV, la chaîne appartenant à la famille Hariri, a, dès
le départ, dû s'atteler à prouver l'authenticité du direct. Tout au long de
l'entrevue, elle a rendu compte d'informations venues de l'extérieur, comme le séisme qui a secoué l'Irak dimanche soir. «Le
climat est tel qu'on me soupçonne de participer moi-même à une mise en scène»,
a-t-elle dit d'emblée, avant de chercher à confronter son interlocuteur au film
des événements.
«Avez-vous écrit vous-même
votre lettre de démission ? Portez-vous votre montre aujourd'hui ? Êtes-vous
libre de retourner au Liban?»
Paula Yaacoubian, journaliste de
la Future TV
«Avez-vous écrit vous-même votre
lettre de démission? Portez-vous votre montre aujourd'hui? Êtes-vous libre de
retourner au Liban? Avez-vous été emmené au Ritz-Carlton? Pourquoi avoir coupé
tout contact, y compris avec vos proches?»… À toutes ces «interrogations, Saad
Hariri a eu des réponses destinées à démentir la thèse d'une contrainte
quelconque exercée sur lui. Mais, au-delà de ses mots, tout, dans son attitude,
paraissait contredire son propos. De même que l'extrême sollicitude manifestée
par Paula Yaacoubian à l'égard de son interlocuteur, à un moment au bord des
larmes - «prenez mon verre d'eau je n'y ai pas touché» - totalement abattu,
incapable de la moindre esquisse de sourire - «vous êtes fatigué, vous avez
envie d'arrêter, donnez-moi encore quelques minutes».
Un épisode résume à lui seul cet
étrange moment télévisuel, décrit comme humainement pénible par beaucoup de
Libanais, qu'ils approuvent ou pas le personnage politique: la caméra capte,
par inadvertance, l'image d'un homme debout derrière l'intervieweuse, un papier
blanc entre les mains ; puis le regard noir de Saad Hariri, les yeux
tournés vers lui. Des messages diffusés en direct sur Twitter croient lire de
la terreur sur son visage et échafaudent toutes sortes de scénarios sur des
pressions saoudiennes exercées en direct sur le dirigeant libanais. Après une
pause publicitaire, ce dernier s'est senti obligé d'y apporter un démenti.
Saad Hariri a affirmé qu'il
rentrerait à Beyrouth «dans les prochains jours». Il n'a, pour autant, pas fixé
de date précise. Pas plus qu'il n'a véritablement justifié sa démission
Au final, la prestation télévisée
du premier ministre démissionnaire n'a pas contredit le récit des événements
tel qu'il s'est progressivement imposé au fil des jours, et son intervention
n'a pas, non plus, totalement clarifié la situation sur le plan politique. Saad
Hariri a affirmé qu'il rentrerait à Beyrouth «dans les prochains jours». Il
n'a, pour autant, pas fixé de date précise. Pas plus qu'il n'a véritablement
justifié sa démission, quand il a expliqué avoir voulu créer un «choc positif,
dans l'intérêt du Liban».
Le leader sunnite a même évoqué
la possibilité de revenir sur sa démission, si le Liban se résout à appliquer
une véritable politique de «distanciation», et de neutralité dans les conflits
régionaux. Un message qui vise explicitement le Hezbollah, allié et bras armé
de l'Iran dans la région, qui intervient ouvertement en Syrie depuis des mois
au côté du président Bachar el-Assad et que l'Arabie saoudite rend responsable
du tir de missile lancé par les houthistes yéménites contre Riyad le 4 novembre.
Un acte de guerre selon les autorités du royaume saoudien.
Volonté de désescalade
Ces propos ont été diversement
interprétés à Beyrouth, dans l'attente de nouveaux messages émanant d'Arabie
saoudite, où s'est rendu lundi le patriarche maronite, Boutros Raï. Pour les
uns, le ton nettement plus modéré de Saad Hariri envers le Hezbollah, comparé à
celui qui fut le sien lors de sa déclaration de démission, est le signe d'une
volonté saoudienne de désescalade, voire une porte ouverte à des négociations.
Pour les autres, même si le ton du premier ministre libanais démissionnaire a
changé, sur le fond l'équation qu'il pose reste insoluble, étant donné l'état
actuel du rapport de force politique au Liban.
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Prières de rue à Clichy : bataille judiciaire avant la
médiation de jeudi (14.11.2017)
- Par Stéphane Kovacs
- Mis à jour le 14/11/2017 à 21:52
- Publié le 14/11/2017 à 18:35
L'Union des associations
musulmanes de Clichy-la-Garenne a déposé deux plaintes mardi : l'une contre X
pour «violence aggravée» et l'autre contre le maire, pour «diffamation et
incitation à la haine raciale».
«À deux jours d'une réunion de
médiation sous l'égide du préfet, ils essaient de faire pression!», assure
l'avocat de la mairie de Clichy (Hauts-de-Seine). Après
le rassemblement d'élus contre les prières de rue, vendredi dernier,
l'Union des associations musulmanes de Clichy-la-Garenne (UAMC) a déposé deux
plaintes distinctes, ce mardi, auprès du parquet de Nanterre: l'une contre X
pour «violence aggravée», «participation à un groupement formé en vue de la
préparation d'actes de violences», «manifestation illicite» et l'autre contre
le maire, Rémi Muzeau (LR), pour «diffamation et incitation à la haine
raciale». «Il y a une totale sérénité du côté de la ville de Clichy et de ses
élus, réplique Me Rémi-Pierre Drai. Toute plainte abusive sera poursuivie comme
telle». Si les deux parties viendront bien, jeudi après-midi, à la réunion
convoquée par le préfet des Hauts-de-Seine, ce sera accompagnées de leurs
avocats.
«Il est patent que les élus
(...) ont commis des actes de violence à l'encontre des personnes de confession
musulmane»
Me Arié Alimi, conseil de l'UAMC
Si, à l'appel de l'UAMC, des
centaines de fidèles prient chaque vendredi depuis huit mois aux abords de
l'hôtel de ville, c'est parce qu'ils ont été expulsés de leur ancien lieu de
culte. Un autre centre culturel et cultuel leur a été proposé, mais l'UAMC le
juge «trop excentré, trop exigu et pas aux normes de sécurité», ce qui est
démenti par le maire.
Vendredi dernier, s'avançant
derrière une banderole «Stop aux prières de rues illégales», une soixantaine
d'élus en écharpe tricolore ont tenté, en reprenant en chœur La
Marseillaise, de les empêcher de prier. «Il est patent que les élus (...)
ont commis des actes de violence à l'encontre des personnes de confession
musulmane, avec pour unique raison leur appartenance vraie ou supposée à cette
religion», peut-on lire dans la plainte déposée par Me Arié Alimi, conseil de
l'UAMC. «Si les gendarmes mobiles n'étaient pas intervenus, des personnes
auraient fini écrasées contre les murs, assure-t-il au Figaro. Nous
en avons la preuve sur des vidéos inédites. Sur un des films, il y a une
personne au sol; nous essayons de l'identifier». Des accusations de violences
balayées par Me Drai: «Cela ne dépassait pas une agitation liée la tension
palpable ce jour-là», affirme-t-il.
«La police l'a emmené»
«Ce qui s'est passé n'est pas
admissible en République!, s'insurge Me Alimi. Il y a une instrumentalisation
de cette revendication normale (d'avoir un nouveau lieu de culte) par la droite
et l'extrême droite». L'association musulmane reproche également à Rémi Muzeau
d'avoir porté «des accusations graves» à leur encontre. «Il y a eu des prêches
en arabe, avec des appels au meurtre», avait-il indiqué à la télévision. «Il y
a eu aussi des documents qui ont été mis dans la rue, qu'on a récupérés, avec
des phrases terribles où on disait ‘si vous rencontrez un juif, tuez-le'. J'ai
les documents», avait-il poursuivi. «Si on en parle comme ça, on insinue que ce
sont les gens qui prient qui ont laissé ces documents..., s'émeut Me Alimi. Par
ces propos, M. Muzeau a éveillé un sentiment de haine et de crainte envers la
communauté musulmane».
La distribution de tracts
«crée un trouble à l'ordre public, une incitation à la haine raciale dans un
sens ou dans l'autre, et une exacerbation des tensions»
Me Rémi-Pierre Drai, avocat de la
mairie de Clichy
Au Figaro, Rémi
Muzeau avait précisé, avant la manifestation de vendredi, qu'un «tract» avait
été retrouvé, le 13 octobre, sur les lieux où les musulmans venaient de prier.
On pouvait y lire notamment, sous le sous-titre «Mécréants»: «vous les mettrez
à mort ou vous leur ferez subir le supplice de la croix (...) Vous les
chasserez de leur pays».
A l'évocation de ces phrases,
Hamid Kazed, président de l'UAMC, se souvient d'un «document assez artisanal de
quatre pages» qui avait été distribué pendant la prière par «un sexagénaire
portant une barbe blanche». «Il est venu deux fois, dont l'une il y a un mois à
peu près: tout le monde l'a vu!, s'exclame Hamid Kazed. Il a donné ses tracts
aux gens qui priaient, sans parler. La police l'a emmené». Au commissariat de
Clichy, l'adjoint au chef de service n'en pas le souvenir. «A priori, ça ne me
dit rien, indique-t-il. Il y a toujours des énergumènes qu'on évince, mais ils
ne sont pas forcément conduits au commissariat...».
Un mystérieux correspondant
Joint par Le Figaro,
via le mail figurant au bas du tract, un correspondant - anonyme - évoque «une
activité militante antifasciste» et indique vouloir «dénoncer le caractère
multicriminel du Coran». Mais ne répond plus lorsqu'on lui propose une
conversation téléphonique ou une rencontre. «La rédaction et la distribution de
ces tracts n'ont jamais été imputées à l'association musulmane!, s'exclame Me
Drai. Mais que ce soit un islamiste ou un extrémiste anti-musulman qui les ait
distribués, cela crée un trouble à l'ordre public, une incitation à la haine
raciale dans un sens ou dans l'autre, et une exacerbation des tensions. Tout
cela justifie que le préfet mette un terme à ces prières de rue et trouve une
alternative». Quant à la ville de Clichy, conclut-il, elle «saisit sans tarder
le parquet de Nanterre de ce tract, pour qu'on en retrouve l'auteur».
Le patron de la
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par le jeu de Riyad (12.11.2017)
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(12.11.2017)
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