15 novembre 2017 : Riss condamne la fatwa d'Edwy Plenel sur Charlie Hebdo
ccbern : Ce petit monsieur n'est qu'un triste sire, un pauvre type incapable de reconnaître ses erreurs. Au contraire, il s'entête et s'enferre dans le déni de réalité, le mensonge, l'hypocrisie et l'invective, comme l'ont fait les gauchistes de l'époque de l'URSS, véritables thuriféraires et zélateurs du moustachu de Moscou, l'un des pires dictateurs criminels de son temps avec son homologue Hitler. De plus, comme les thuriféraires de Staline, il est incapable de se remettre en cause. Il n'a même pas l'honnêteté d'un Montand qui, égaré un temps par de "bons sentiments", a su dénoncer les crimes de Staline et reconnaître ses erreurs. Ça au moins c'était avoir de la classe. Ce tout petit monsieur, lui, n'est qu'un minable. Je pense même qu'il ne mérite pas le qualificatif de monsieur. Le pire c'est de voir qu'il a des soutiens de poids, 130 au total, comme vous pouvez le voir dans la liste qui suit. Quelle honte pour la France !
LISTE DES 130 SOUTIENS DU TROTSKYSTE ISLAMO-COMPATIBLE EDWY PLENEL CONTRE CHARLIE HEBDO
Nadia Aissaoui, sociologue, féministe,
Paul Alliès, juriste,
Claude Alphandéry,
Pouria Amirshahi, citoyen,
Salah Amokrane, militant associatif,
Louis Astre,
Lucien Attoun, homme de théâtre,
Micheline Attoun, femme de théâtre,
Régis Aubry, professeur de médecine, membre du CCNE,
Gabrielle Babin Gugenheim,
Andrew Bampfield, scénariste,
Christian Baudelot, sociologue,
Jean-Philippe Béja, Directeur de Recherche émérite,
Jay Bernfeld, musicien,
Olivier Besancenot, membre du NPA,
Jean-Paul Besset, ex-député européen,
Pascal Boniface, géopolitologue,
Nicolas Bordas,
Sophie Bouchet-Petersen, conseiller d'Etat retraitée et féministe,
Abdelkrim Branine, journaliste
Jean-Louis Brochen, avocat,
Julie Brochen, actrice et metteur en scène,
Ian Brossat, adjoint (PCF) à la Maire de Paris, élu du 18e,
Michel Broué, président de la Société des amis de Mediapart,
Dorothée Browaeys, journaliste scientifique et auteur,
Louise Bruit Zaidman, historienne,
André Burguière, historien, EHESS,
Alain Cabos,
Claude Calame, anthopologue, EHESS,
Michel Calvo,
Jean-Claude Carrière, écrivain, dramaturge,
Carmen Castillo, écrivaine et cinéaste,
Patrick Chamoiseau, écrivain,
Suzanne Citron, historienne,
Rémi Cochard, militant associatif (LDH),
Laurence de Cock, historienne,
Philippe Corcuff, ancien chroniqueur de Charlie Hebdo,
Marie Cosnay, écrivaine,
Constantin Costa-Gavras, réalisateur,
Michèle Costa-Gavras, productrice,
Thomas Coutrot, économiste,
Sylvain Cypel, journaliste
Pierre Dardot, philosophe,
Caroline De Haas, militante féministe,
André Deledicq, prix Erdös 2004,
Marc-François Deligne, vidéaste
Manthia Diawara,
Ian Dufour, militant syndical,
Françoise Dumas, productrice et réalisatrice,
Éric Fassin, sociologue,
Michel Feher, philosophe,
Sylvie Fennec, comédienne,
Lydia Flem, psychanalyste, photographe, écrivain,
Dan Franck, écrivain,
René Gallissot, historien,
François Gemenne, chercheur à Sciences-Po,
Alain Genestar, journaliste,
Denis Gheerbrant, cinéaste,
Sylvie Glissant, Institut du Tout-Monde,
Caroline Glorion, productrice et réalisatrice,
Anouk Grinberg, comédienne,
Caroline Gruson, mathématicienne,
Christophe Hadri,
Claire Hocquet, avocat
Pascale Iltis,
Erich Inciyan, journaliste,
Hugues Jallon, écrivain et éditeur,
Samy Johsua, professeur émérite des universités,
Geneviève Joutard, historienne,
Philippe Joutard, historien,
Leslie Kaplan, écrivain,
Naruna Kaplan de Macedo, cinéaste,
Pierre Khalfa,
Christiane Klapisch-Zuber, historienne,
Thierry Kuhn, militant associatif,
Jean Labib, producteur,
Mehdi Lallaoui, président de Au Nom de la Mémoire,
Nicole Lapierre, socio-anthropologue,
Mathilde Larrère, historienne,
Céline Larrière, attachée culturelle,
Sylvain Larrière, sculpteur,
Bernard Latarjet,
Patricia Lavail, musicienne,
Olivier Le Cour Grandmaison, universitaire,
Catherine Legalery, cadre de santé
Jean-Louis Legalery, universitaire
Séverine Leidwanger, universitaire,
Michael Lowy, directeur de recherche émérite au CNRS,
Dominique Lurcel, metteur en scène,
Emmanuel Maheu, médecin,
Ziad Majed, politologue, professeur universitaire,
Noël Mamère, ex-député,
Gilles Manceron, historien,
Philippe Mangeot, militant associatif,
Farouk Mardam Bey, éditeur,
Philippe Marlière, politiste,
Roger Martelli, historien, co-directeur de Regards,
François Marthouret, comédien,
Muhammad Marwan, auteur, statisticien,
Francine Mazière, linguiste,
Muriel Mesguich,
Jean-Pierre Mignard, avocat,
Véronique Nahoum-Grappe, anthropologue,
Océanerosemarie, auteure et comédienne,
Heitor O'Dwyer de Macedo, psychanalyste,
Maurice Olender, historien (EHESS), éditeur (Seuil),
Paul Otchakovsky-Laurens, éditeur,
Gilbert Pago, historien,
Bernard Paillard, chercheur à la retraite,
Marc Paquien, metteur en scène,
Christian Paul, ancien ministre,
Willy Pelletier, sociologue, Fondation Copernic,
Nicole Phelouzat, sociologue à la retraite, membre de la LDH,
Alfredo Pena-Vega, sociologue (EHESS),
Martyne Perrot, sociologue CNRS,
Thomas Piketty, directeur d'études à l'EHESS,
Manuel Piolat Soleymat, écrivain et critique dramatique,
Vincent Présumey, professeur d'Histoire et syndicaliste,
Jérôme Prieur, réalisateur et historien,
Salvatore Puglia, photographe,
Lydie Rappaport, directeur de recherche au CNRS, retraitée,
Sylvain Rappaport,
Marie Raymond,
Michel Ricard,
Carol Rio,
Régine Robin, historienne,
Barbara Romagnan, militante politique,
Dominique Rousseau, professeur à l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne,
Isabelle Saint-Saens, militante associative,
Christian Salmon, écrivain,
Elias Sanbar, écrivain,
Jane-Lise Samuel, biologiste,
Shlomo Sand, historien,
Sarkis, artiste-sculpteur,
Eva Sas, ex-députée EELV,
Denis Sieffert, journaliste,
Jean-Pierre Siméon, poète et dramaturge,
Béatrice Soulé, directrice artistique, militante,
Xavier Soule, architecte,
Bernard Stéphan, éditeur,
Enzo Traverso, historien, Cornell University,
Aurélie Trouvé, militante altermondialiste,
Francoise Vibert-Guigue,
Christine Vitrani,
François Vitrani, président de l’Institut du Tout-Monde,
Patrick Viveret, philosophe,
Eleni Vrikas, maître de conférences émérite, Paris 8,
Michelle Zancarini-Fournel, historienne.
Nadia Aissaoui, sociologue, féministe,
Paul Alliès, juriste,
Claude Alphandéry,
Pouria Amirshahi, citoyen,
Salah Amokrane, militant associatif,
Louis Astre,
Lucien Attoun, homme de théâtre,
Micheline Attoun, femme de théâtre,
Régis Aubry, professeur de médecine, membre du CCNE,
Gabrielle Babin Gugenheim,
Andrew Bampfield, scénariste,
Christian Baudelot, sociologue,
Jean-Philippe Béja, Directeur de Recherche émérite,
Jay Bernfeld, musicien,
Olivier Besancenot, membre du NPA,
Jean-Paul Besset, ex-député européen,
Pascal Boniface, géopolitologue,
Nicolas Bordas,
Sophie Bouchet-Petersen, conseiller d'Etat retraitée et féministe,
Abdelkrim Branine, journaliste
Jean-Louis Brochen, avocat,
Julie Brochen, actrice et metteur en scène,
Ian Brossat, adjoint (PCF) à la Maire de Paris, élu du 18e,
Michel Broué, président de la Société des amis de Mediapart,
Dorothée Browaeys, journaliste scientifique et auteur,
Louise Bruit Zaidman, historienne,
André Burguière, historien, EHESS,
Alain Cabos,
Claude Calame, anthopologue, EHESS,
Michel Calvo,
Jean-Claude Carrière, écrivain, dramaturge,
Carmen Castillo, écrivaine et cinéaste,
Patrick Chamoiseau, écrivain,
Suzanne Citron, historienne,
Rémi Cochard, militant associatif (LDH),
Laurence de Cock, historienne,
Philippe Corcuff, ancien chroniqueur de Charlie Hebdo,
Marie Cosnay, écrivaine,
Constantin Costa-Gavras, réalisateur,
Michèle Costa-Gavras, productrice,
Thomas Coutrot, économiste,
Sylvain Cypel, journaliste
Pierre Dardot, philosophe,
Caroline De Haas, militante féministe,
André Deledicq, prix Erdös 2004,
Marc-François Deligne, vidéaste
Manthia Diawara,
Ian Dufour, militant syndical,
Françoise Dumas, productrice et réalisatrice,
Éric Fassin, sociologue,
Michel Feher, philosophe,
Sylvie Fennec, comédienne,
Lydia Flem, psychanalyste, photographe, écrivain,
Dan Franck, écrivain,
René Gallissot, historien,
François Gemenne, chercheur à Sciences-Po,
Alain Genestar, journaliste,
Denis Gheerbrant, cinéaste,
Sylvie Glissant, Institut du Tout-Monde,
Caroline Glorion, productrice et réalisatrice,
Anouk Grinberg, comédienne,
Caroline Gruson, mathématicienne,
Christophe Hadri,
Claire Hocquet, avocat
Pascale Iltis,
Erich Inciyan, journaliste,
Hugues Jallon, écrivain et éditeur,
Samy Johsua, professeur émérite des universités,
Geneviève Joutard, historienne,
Philippe Joutard, historien,
Leslie Kaplan, écrivain,
Naruna Kaplan de Macedo, cinéaste,
Pierre Khalfa,
Christiane Klapisch-Zuber, historienne,
Thierry Kuhn, militant associatif,
Jean Labib, producteur,
Mehdi Lallaoui, président de Au Nom de la Mémoire,
Nicole Lapierre, socio-anthropologue,
Mathilde Larrère, historienne,
Céline Larrière, attachée culturelle,
Sylvain Larrière, sculpteur,
Bernard Latarjet,
Patricia Lavail, musicienne,
Olivier Le Cour Grandmaison, universitaire,
Catherine Legalery, cadre de santé
Jean-Louis Legalery, universitaire
Séverine Leidwanger, universitaire,
Michael Lowy, directeur de recherche émérite au CNRS,
Dominique Lurcel, metteur en scène,
Emmanuel Maheu, médecin,
Ziad Majed, politologue, professeur universitaire,
Noël Mamère, ex-député,
Gilles Manceron, historien,
Philippe Mangeot, militant associatif,
Farouk Mardam Bey, éditeur,
Philippe Marlière, politiste,
Roger Martelli, historien, co-directeur de Regards,
François Marthouret, comédien,
Muhammad Marwan, auteur, statisticien,
Francine Mazière, linguiste,
Muriel Mesguich,
Jean-Pierre Mignard, avocat,
Véronique Nahoum-Grappe, anthropologue,
Océanerosemarie, auteure et comédienne,
Heitor O'Dwyer de Macedo, psychanalyste,
Maurice Olender, historien (EHESS), éditeur (Seuil),
Paul Otchakovsky-Laurens, éditeur,
Gilbert Pago, historien,
Bernard Paillard, chercheur à la retraite,
Marc Paquien, metteur en scène,
Christian Paul, ancien ministre,
Willy Pelletier, sociologue, Fondation Copernic,
Nicole Phelouzat, sociologue à la retraite, membre de la LDH,
Alfredo Pena-Vega, sociologue (EHESS),
Martyne Perrot, sociologue CNRS,
Thomas Piketty, directeur d'études à l'EHESS,
Manuel Piolat Soleymat, écrivain et critique dramatique,
Vincent Présumey, professeur d'Histoire et syndicaliste,
Jérôme Prieur, réalisateur et historien,
Salvatore Puglia, photographe,
Lydie Rappaport, directeur de recherche au CNRS, retraitée,
Sylvain Rappaport,
Marie Raymond,
Michel Ricard,
Carol Rio,
Régine Robin, historienne,
Barbara Romagnan, militante politique,
Dominique Rousseau, professeur à l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne,
Isabelle Saint-Saens, militante associative,
Christian Salmon, écrivain,
Elias Sanbar, écrivain,
Jane-Lise Samuel, biologiste,
Shlomo Sand, historien,
Sarkis, artiste-sculpteur,
Eva Sas, ex-députée EELV,
Denis Sieffert, journaliste,
Jean-Pierre Siméon, poète et dramaturge,
Béatrice Soulé, directrice artistique, militante,
Xavier Soule, architecte,
Bernard Stéphan, éditeur,
Enzo Traverso, historien, Cornell University,
Aurélie Trouvé, militante altermondialiste,
Francoise Vibert-Guigue,
Christine Vitrani,
François Vitrani, président de l’Institut du Tout-Monde,
Patrick Viveret, philosophe,
Eleni Vrikas, maître de conférences émérite, Paris 8,
Michelle Zancarini-Fournel, historienne.
Roanluis : L'idéologie c'est tout ou rien. Soutien inconditionnel dit bien son nom. On vote communiste parce que l'idée est belle ou que le capitalisme est laid. Que Staline soit derriere, on ne le sait que 30 ans après si on nous le dit...Les liens des Brigades Rouges avec l'islam et l'antisémitisme qui s'en est soucié parmi les gauchistes à l'époque. Il faut avoir discuté sur Médiapart pour comprendre que les sympathisants de Plenel ne veulent pas discuter.
Plenel contre Charlie : j’ai choisi mon camp (14.11.2017)
Un grave danger menace la liberté
de la presse en France. Ce danger s’appelle Charlie Hebdo. C’est
(résumé avec un micro-zeste de mauvaise foi), ce qu’affirment les 130
signataires d’un texte intitulé « En défense d’Edwy Plenel et de Mediapart » –
et publié sur Mediapart. Alors que la France honore les
130 victimes du 13 novembre 2015 – et avec elles, toutes celles
tombées sous les coups du terrorisme islamiste –, il y avait en effet urgence à
faire cesser « la campagne inique » et
« dangereuse » menée contre « le symbole d’une
presse libre, indépendante des pouvoirs quels qu’ils soient, au service du
droit de savoir des citoyennes et des citoyens.» Rappelons, pour ceux
qui auraient manqué cet événement planétaire, que ce mauvais coup contre la
démocratie est une « Une » de Charlie Hebdo dessinée par Coco, où on
voit Edwy Plenel se prendre, si l’on peut dire, les pieds dans sa célèbre
moustache, celle-ci lui servant à ne rien voir, ne rien entendre et ne rien
dire au sujet de Tariq Ramadan.
À Mediapart, on a le
sens du symbole. Le fait que cette prétendue « campagne » ait été
menée par une rédaction qui a payé un lourd tribut à cette liberté de la presse
si chère à Plenel aurait pu conduire celui-ci à tempérer ou à reporter ses
protestations. Mais non, rien ne vaut à côté de l’honneur blessé de notre
éminent confrère qui ne prend pas tant de gants avec celui des autres.
L’occasion de jouer la vertu outragée, un rôle qu’affectionne le patron
de Mediapart, était trop belle. Depuis mercredi dernier, c’est
Voltaire qu’on assassine et même Manouchian : notre redresseur de torts
n’a pas hésité à
comparer la « Une » scélérate à l’affiche rouge, ce qui fait de
lui l’égal du chef de la MOI (Main d’œuvre immigrée, la résistance juive), et
qui fait de Coco…, mieux vaut ne pas chercher. La décence, il y a des maisons
pour ça ?
Irresponsable et ridicule
Il nous a ensuite expliqué que
cette caricature de Plenel s’inscrivait dans une « guerre contre
tous les musulmans » menée par une « gauche égarée ».
Passe encore qu’il s’auto-accorde ainsi un statut d’icône des musulmans – il
est vrai qu’il y a une place de maître-à-penser à prendre. Mais accuser Charlie de
mener une guerre contre tous les musulmans, avec le risque que ces propos
soient repris en boucle sur les réseaux sociaux, est carrément irresponsable.
Enfin, à la veille du 13
novembre, il a donc rameuté le ban et l’arrière-ban du gauchisme universitaire
pour accuser Charlie Hebdo d’être derrière une « campagne
politique qui, loin de défendre la cause des femmes, la manipule pour imposer à
notre pays un agenda délétère, fait de haine et de peur ». Rien que
ça. Les copains, il faut arrêter l’herbe bio d’urgence. Ce genre de diatribe,
déjà passablement ridicule quand il s’adresse aux « méchants »,
« fachos », « réacs » et assimilés, devient un brin
scandaleux quand on parle à Charlie Hebdo, à Coco, qui est là par
miracle, à Riss qui vit entre six policiers, alors faudrait redescendre sur
terre. Vous avez été vexés par une « Une » ? Répondez par une
blague, vous savez ce truc qui fait rire et qui, il est vrai, n’est pas votre
spécialité. Mais ces trépignements et pleurnicheries sans fin parce que vous
êtes vexés, c’est un peu démesuré, non ?
Je reste Charlie
Puisque nous sommes sommés de
choisir notre camp, entre deux journaux de gauche irréconciliables, je choisis
sans hésiter un journal et une rédaction qui, en dépit du danger, en dépit des menaces, en dépit de la solitude, continuent à
défendre ce que nous défendions tous le 11 janvier : l’esprit voltairien,
le droit de se moquer des croyances des uns et des autres, la laïcité. On n’a
pas entendu Mediapart, cet été, après l’attentat de Barcelone,
quand la « Une » de Charlie sur « l’islam religion de paix éternelle » a
suscité la salve habituelle d’imprécations, ni d’ailleurs toutes les autres
fois. Sans doute étaient-ils occupés à traquer le racisme d’Etat et
l’islamophobie répandue par quelques esprits malfaisants.
Et pourtant, il faut reconnaître
que, dans un premier temps, la « Une » par laquelle le scandale est arrivé m’a
quelque peu embarrassée. Il est difficile de ne pas se réjouir de la chute de
l’ex-idole des jeunes musulmans : le scandale Ramadan fera peut-être plus
reculer l’islam radical que toutes les « Unes » de Causeur ou
de Charlie. Et on ne peut pas feindre de ne pas avoir entendu les
témoignages atroces formulés à son encontre. Reste que Tariq Ramadan a le droit à la présomption d’innocence et, en tout cas,
à un procès en bonne et due forme. Or, il est désormais presque impossible de
ne pas le voir comme l’ignoble prédateur que décrivent ses victimes présumées.
On ne peut pas y faire grand-chose mais cela doit être souligné.
« L’islamisme n’est
pas un grave problème » (Jade Lingaard, journaliste à Mediapart)
Par ailleurs, rien ne permet
d’affirmer que la complicité idéologique entre Plenel et Ramadan ait conduit le
premier à couvrir les turpitudes sexuelles du second. Aussi a-t-il fallu toute
l’outrecuidance et la prétention grotesque de la défense de Mediapart pour
venir à bout de mes réticences. Une petite phrase prononcée par Jade Lingaard,
présidente de la société des journalistes, a achevé de me convaincre. « L’islamisme
n’est pas un grave problème », a-t-elle déclaré lors d’une
émission à laquelle je participais.
"L'islamisme n'est pas un
phénomène 'grave'."
Quel aveu : ce n’est pas sur
la vie sexuelle de Ramadan que Plenel a fermé les yeux, mais sur son influence
déplorable sur une partie de la jeunesse musulmane, sur son combat contre notre
société libérale. Et, au-delà de Ramadan, sur la sécession en cours dans les
territoires perdus. Alors, on ne va pas se plaindre si, dans l’affaire, il perd
un peu de son aura de chevalier blanc. Depuis trois ans, il nous serine, de
livres en articles, que le principal problème de la France n’est pas
l’islamisme, mais l’islamophobie – qui a en effet fait un nombre considérable
de victimes – et que tout le mal vient de Zemmour et Finkielkraut.
A voir aussi: Alain Finkielkraut : « Edwy Plenel a été un compagnon de
route, sourd et aveugle, de l’islamisme »
Le 16 janvier 2015, Mediapart publiait
un long article intitulé « L’enfance misérable des frères Kouachi » où
on apprenait que les assassins de Cabu, Charb et des autres avaient eu un père
absent et une mère prostituée. Bref, pour Plenel, l’immigré musulman est la
nouvelle figure du damné de la terre de sa jeunesse. C’est la définition
précise de l’islamo-gauchisme. Et tant pis si cette vérité froisse sa
susceptibilité exacerbée.
Pour Riss, "Plenel
condamne à mort Charlie Hebdo" (14.11.2017)
Paris Match| Publié
le 14/11/2017 à 19h01
La
Rédaction, avec AFP
Laurent Sourisseau, dit RissJOEL
SAGET / AFP
Le torchon brûle de plus en
plus entre Charlie Hebdo et Mediapart. Dans un édito à paraître mercredi,
le directeur de Charlie Hebdo, Riss, accuse nommément Edwy Plenel d'appel
au meurtre.
Le directeur de Charlie Hebdo,
Riss, a accusé le directeur du site d'information Mediapart, Edwy Plenel, de
"condamner à mort une deuxième fois" sa rédaction en disant que le
journal satirique prenait part à une campagne "générale" de
"guerre aux musulmans".
"Charlie Hebdo n'a nulle
envie de faire la guerre à quiconque", souligne Riss. "Cette
phrase, "La Une de Charlie Hebdo fait partie d'une campagne générale de
guerre aux musulmans", nous ne la pardonnerons jamais. En la prononçant,
Plenel condamne à mort une deuxième fois Charlie Hebdo. Cette phrase n'est plus
une opinion, c'est un appel au meurtre", accuse le directeur de Charlie
Hebdo dans un édito à paraître mercredi, aux côtés d'un longue "mise au
point" sur Edwy Plenel.
Une tribune en soutien à
Mediapart
"La phrase que me prête
l’édito de Charlie n’a jamais existé", a réagi mardi Edwy Plenel sur
Twitter, dénonçant une "pure manipulation" de la part de Charlie
Hebdo. Le journal satirique avait publié en Une, le mercredi 8 novembre,
un dessin se moquant du site d'information et de son directeur, avec pour titre
"Affaire Ramadan, Mediapart révèle : on ne savait pas", en référence
à l'islamologue Tariq Ramadan, objet de deux plaintes pour viol.
Edwy Plenel avait réagi en
déclarant: "La Une de Charlie Hebdo fait partie d'une campagne plus
générale que l'actuelle direction de Charlie Hebdo épouse. M. Valls et
d'autres, parmi lesquels ceux qui suivent M. Valls, une gauche égarée, une
gauche qui ne sait plus où elle est, alliée à une droite voire une extrême-droite
identitaire, trouvent n'importe quel prétexte, n'importe quelle calomnie, pour
en revenir à leur obsession : la guerre aux musulmans, la diabolisation de tout
ce qui concerne l'islam et les musulmans". Une interview diffusée
notamment sur le site de franceinfo.
Selon Riss, le propos d'Edwy
Plenel, "qui désigne Charlie Hebdo comme un agresseur supposé des
musulmans, adoube ceux qui demain voudront finir le travail des frères
Kouachi", qui avaient abattu le 7 janvier 2015 huit collaborateurs de
l'hebdomadaire dont cinq dessinateurs, un invité du journal, un agent
d'entretien et deux policiers.
"Si demain on nous liquide
tous, si demain nous ne sommes plus là, espérons qu'il subsistera quelques
courageux qui demanderont justice contre ceux qui nous auront frappés, mais
aussi contre ceux qui les auront armés", conclut Riss, qui vit encore sous
protection policière, comme une partie de l'équipe du journal.
Charlie Hebdo avait déjà consacré
la Une de son numéro précédent à Tariq Ramadan, représentant le théologien le
pantalon déformé par un énorme sexe en érection et proclamant : "Je suis
le 6e pilier de l'islam". Le titre "VIOL La défense de Tariq
Ramadan" accompagnait ce dessin, qui a valu à l'hebdomadaire des menaces
de mort. Le journal a porté plainte et une enquête a été ouverte.
Dimanche, cent trente
personnalités ont signé une tribune en soutien à Mediapart, dénonçant "une
campagne politique qui, loin de défendre la cause des femmes, la manipule pour
imposer à notre pays un agenda délétère, fait de haine et de peur. »
Le vrai problème que pose la Une de Charlie Hebdo sur Plenel
(13.11.2017)
Didier Hanne — 13.11.2017 - 14 h 03, mis à jour le
13.11.2017 à 14 h 11
Le débat autour de la
caricature symbolise parfaitement l'état délétère de l'opinion publique.
Charlie, avec ses défauts et ses
qualités, est entré, un sale matin de janvier 2015, puis par l’effet d’une immense manifestation sans précédent, dans le
patrimoine national et républicain. Depuis, Charlie n’appartient pas seulement
à toutes les personnes qui y travaillent: il est à nous, peut-être est-il
devenu nous. Désormais, si on touche à Charlie, on touche à la France et aux
Françaises et Français. Et voici qu’à nouveau cet indispensable journal reçoit
de terrifiantes menaces. On a décidément toutes les raisons de rester «je
suis Charlie».
Pourtant, la dernière Une, celle
consacrée à Mediapart et à son directeur de la publication, Edwy Plenel, pose
un sérieux problème. Que dit-elle, que fait-elle, cette caricature?
Publiée après les plaintes de femmes contre Tariq Ramadan, elle
«représente» Edwy Plenel, et lui reproche, par dessins et sous titres
dénués d'ambiguïté:
-de ne pas avoir entendu les
victimes des crimes sexuels reprochés à Tariq Ramadan (Plenel oreilles
bouchées).
-de ne pas avoir vu que
c'était un prédateur sexuel (Plenel fermant les yeux).
-de ne pas avoir révélé dans
Mediapart ce qu'il savait (Plenel bouche close).
Bref, nous voici sommés de nous
gondoler à la vue d’une caricature insinuant qu’Edwy Plenel aurait
odieusement dissimulé l'existence de graves infractions dont il aurait été en
quelque sorte le témoin, et par son silence ignoble le complice indirect...
Basée sur quoi, au fait,
l’insinuation? Aucun fait précis, aucune information vérifiable. Sur rien.
Parce que, et puis c’est tout.
Voici qu’aussitôt une armada
s’est levée, applaudissant, jubilant: ah, l’aubaine! On le tient, ce sale
bonhomme! Et, comme il ne faut pas se gêner, Edwy Plenel, qui comme tous les
criminels porte sur son physique les traces de son ignominie, est affublé du
surnom de «moustachu», qui tourne en boucle sur Twitter et Facebook…
De la complicité criminelle
par extension
Que se passe-t-il? Au yeux de
certains, Plenel n’est plus un journaliste critiquable, un homme aux
engagements discutables, qui a parfois eu raison, mais qui s’est aussi trompé.
Non, Plenel, par la grâce de cette Une d’une violence remarquable, est enfin devenu
ceci: un type dégoûtant. Comment? Par rapprochement avec un être répugnant,
possiblement auteur de crimes sexuels: Tariq Ramadan. Pas encore jugé, certes,
même pas encore mis en examen, mais évidemment coupable, et tous ses
«complices» avec lui. Plenel? Déjà complice du P.I.R., le parti des Indigènes de la République, et maintenant
complice du pire.
Il m’est arrivé de critiquer
publiquement ses positions, et je demeure en désaccord assez profond avec ses
analyses et sa vision de la société française. N'empêche. Ce dessin revenait,
c'était là sa fonction assumée, à l’accuser, sans aucune preuve ou élément
factuel versé au débat, si l’on peut dire débat, d'avoir su, et délibérément
celé les crimes sexuels reprochés à Tariq Ramadan.
Les tentatives de faire croire
que cette caricature, après tout, ne visait que les accointances idéologiques
de Plenel et Ramadan relèvent d’une mauvaise foi carabinée: fin octobre des
plaintes sont déposées contre Tariq Ramadan –Mediapart les signale dès le 28 octobre. Début novembre,
Charlie livre cette caricature sous le bandeau: «Affaire Ramadan,
Médiapart révèle: on ne savait pas». Question: «l’affaire Ramadan», dans le
contexte actuel, qu’est-ce que c’est d’autre que la révélation des crimes
sexuels de Tariq Ramadan?
Quant à se réfugier derrière
l'immunité que confère la caricature pour jubiler du sort fait ainsi à Edwy
Plenel, c'est, d'une part, oublier qu'une caricature peut être ignoble (cf. les
dessins antisémites avant guerre et sous l'Occupation), et que, d'autre part,
si cette quasi immunité existe en droit, elle bénéficie au caricaturiste et
absolument pas aux hordes qui s'en vont partout désormais pour proclamer
qu'Edwy Plenel est l’ignoble complice des crimes sexuels reprochés à Tariq
Ramadan.
La vérité est que
cette caricature mobilise une définition de la complicité par proximité
idéologique. Vous êtes, ou plutôt, vous avez été proche d’un tel (1).
Un tel, on vient de l’apprendre, se serait livré à des avanies, voire à des
crimes? Vous en êtes automatiquement le complice rétroactif. Oh, certes, ce
n’est pas nouveau. C'est aussi comme cela que Finkielkraut s’est vu assimilé
aux nazis, interdit de séjour dans certains lieux, mis au ban et, par certains
fanatiques «antifa», carrément menacé.
Démolir, disent-ils
Cette complicité par extension,
contamination idéologique, subreptice et rétroactive, semble bel et bien
renvoyer à un trait de l’époque.
On peut pourtant être en
désaccord avec quelqu'un, sans s'efforcer de le détruire, de le transformer en
salaud définitif, en s'aidant d'amalgames expéditifs. Mais il faut constater
que cela est perdu de vue. Même si je suis encore «Charlie», et que je ne suis
toujours pas «Plenel», les procédés utilisés pour «tuer» ce dernier, pour
le bannir, et ainsi s'épargner la corvée d'avoir à réfuter ce qu'il dit et
écrit vraiment, me semblent inquiétants.
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France peut-elle redevenir Charlie?
Nous sommes en train de changer
d’époque. Le régime du débat politique se modifie sous nos yeux. Voici (re)venu
le temps de la véhémence, celle qui ne s'interdit plus rien. Dans certains
courants de pensée, on ne discute pas, on ne réfute plus: on disserte à coups
de marteaux, ad personam, ad nauseam. Défaite de la
«pensée Camus» ou de la pensée «Merleau-Ponty». Haro sur le sens de la mesure,
les scrupules de la vérification et de la pondération. On a planté –puissamment
aidé par le triomphe des réseaux sociaux (immédiateté + impunité à peu près
garantie + oubli rapide des énormités proférées)– le décor d’un nouveau style
de «discussion». Il s’agit de substituer, aux affrontements politiques
traditionnels, une sorte de tournoi opposant d'un côté des gens biens et de
l'autre des salauds.
Qu’est-il permis contre un
salaud? Tout. Sans retenue, sans précaution, sans limite. N’ayez plus
d’adversaires à critiquer, à réfuter, à combattre: ayez des salauds en face de
vous, et tout sera plus simple. La dénonciation calomnieuse? Un nouveau devoir
national.
La démocratie sacrifiée?
Bon. Des salauds, il y en a: les
faiseurs d’attentats, les camionneurs de la mort, les criminels de toutes
espèce. Le destin de ceux-là: la justice, puis la prison, autant que faire se
peut. Sur un autre registre, la bataille contre l'intégrisme islamiste est
certainement une tâche de l’heure: il mine les fondements de la République. Il
est également légitime de critiquer ceux qui sous-estiment ce danger. Mais
cette lutte a-t-elle besoin d'approximations scabreuses, de télescopages
violents, et d'accusations ineptes étendues à quiconque ne partage pas ce
jugement, ou exprime des désaccords avec la façon dont vous pensez qu’il
faut mener ce combat?
Hélas, on dirait bien que les
démolisseurs sont au travail. Pour ruiner les principes, même les plus
élémentaires (présomption d’innocence, refus de la disqualification
systématique des personnes, refus de toute attaque sur le physique, etc.), ils
sont infatigables. Venant de tous côtés, ils infectent tout, même les causes
les plus honorables.
Doit-on laisser faire? Est-il
prudent de s’accommoder de la rhétorique brutaliste qui se répand comme un
venin? Faut-il que la déraison ait le dernier mot?
11 novembre 2017
1 — Dés 2016,
Médiapart publiait une enquête assez fouillée sur Tariq Ramadan, laquelle
déplut souverainement à ce dernier. Edwy Plenel n’a jamais eu aucune relation
personnelle et assidue avec lui. Il n’a participé qu’à deux débats publics, en
tout et pour tout, avec Tariq Ramadan. Il l’affirme. Personne ne le réfute. Ça
ne fait rien: il ment forcément, vu ce qu’il est, n’est-ce-pas ? Retourner à l'article
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Ramadan, Plenel, Charlie Hebdo : la polémique en quatre actes
(14.11.2017)
- Par Etienne Jacob
- Mis à jour le 14/11/2017 à 20:32
- Publié le 14/11/2017 à 19:39
Le directeur de Mediapart a
été récemment épinglé par Charlie Hebdo dans une couverture
satirique. Il est accusé d'avoir protégé l'islamologue suisse Tariq Ramadan,
objet de deux plaintes pour viol, ce que contestent le journaliste et plusieurs
de ses soutiens.
Quels sont les liens entre le
directeur de Mediapart, Edwy Plenel, et le théologien suisse Tariq Ramadan, récemment
accusé de viol et d'agressions sexuelles? Après avoir titré «Affaire
Ramadan, Médiapart révèle: “on ne savait pas”» dans son édition du 8
novembre, Charlie Hebdorevient à la charge. Dans un édito à
paraître mercredi, son directeur, Riss, accuse le journaliste de «condamner à
mort une deuxième fois» sa rédaction, après avoir affirmé que le journal
satirique prenait part à une «campagne générale» de «guerre aux musulmans».
Lundi, une journaliste de Mediapart, Jade Lindgaard, avait
déclaré: «L'islamisme, en tant que tel, n'est pas, en soi, une chose grave.
L'islamisme est un phénomène qu'il faut comprendre et expliquer». De l'affaire
Tariq Ramadan aux accusations de Charlie Hebdo, en passant par
Manuel Valls... Le Figaro revient sur cette polémique
politico-médiatique.
» LIRE AUSSI - Riss: «Les “islamo-gauchistes” sont tellement
démagogiques qu'ils en perdent toute crédibilité»
● Conférences communes
Régulièrement taxé d'«islamo-gauchisme»,
Edwy Plenel est aussi accusé de collusion avec Tariq Ramadan. Les deux hommes
ont en effet participé à plusieurs conférences communes. Notamment à l'Institut
du monde arabe, en septembre 2014, en janvier 2015, peu après les attentats
de Charlie Hebdo, puis en vidéoconférence pour un colloque à
Bruxelles, en mars de la même année. Après cette deuxième conférence
postattentats début 2015, Plenel confiait au Petit Journal que Ramadan était un
«intellectuel respectable». En 2016, il publiait un billet dans
lequel il expliquait que ne pas priver le théologien de parole publique est
«une question de principe». Ces propos sont aujourd'hui reprochés au
journaliste. Car Tariq Ramadan, petit-fils du fondateur de la confrérie
égyptienne des Frères musulmans, est un intellectuel contesté par les laïques,
qui voient en lui le tenant d'un islam politisé.
Fin octobre et début novembre,
Ramadan a été successivement visé par deux plaintes pour viol et agressions
sexuelles. Depuis ces plaintes, les critiques se sont faites d'autant plus
vives à l'encontre d'Edwy Plenel. Ses détracteurs lui reprochent d'avoir gardé
ces faits sous silence et d'avoir débattu avec l'islamologue. L'un des premiers
à allumer la mèche est Manuel Valls, le 5 novembre. Dans l'émission le «Grand
rendez-vous Europe 1/CNEWS/Les Echos», l'ex-premier ministre dénonce des
«complicités» entre Edwy Plenel et Tariq Ramadan. Le soir même, le journaliste
lui répond, sur BFMTV: «Personne d'entre nous à Mediapart ne savait»,
assure-t-il, évoquant une enquête sur l'intellectuel suisse, publiée en avril 2016.
• Affiche rouge
Après avoir publié une première
Une sur Tariq Ramadan le 1er novembre,Charlie Hebdo titre une
nouvelle fois sur l'islamologue, le 8 du même mois: «Affaire Ramadan, Mediapart
révèle: on ne savait pas». Sur le dessin de couverture, signé Coco, on voit
plusieurs versions du visage d'Edwy Plenel. Sa célèbre moustache lui masque les
yeux, les oreilles puis la bouche, une référence au symbole asiatique des trois
singes de la sagesse.
Dans un tweet incendiaire, Plenel
ne tarde pas à réagir, dénonçant «l'affiche rouge» de Charlie Hebdo contre
Mediapart. Fabrice Arfi, chef du pôle enquête du site, y va de son commentaire:
«Soutien absolu à Charlie quand ils sont menacés ; les combattre avec les mots,
les idées et les faits face à une Une aussi abjecte». La société des
journalistes de Mediapart également: «La liberté de la presse et la liberté
d'expression par les caricatures ne sont pas négociables» mais cette liberté ne
«donne pas licence pour désinformer et calomnier».
«L'islamisme, en tant que tel,
n'est pas, en soi, une chose grave. L'islamisme est un phénomène qu'il faut
comprendre et expliquer»
Jade Lindgaard, journaliste à
Mediapart
Au lendemain de cette Une, le
bras de fer se poursuit entre Mediapart et Charlie Hebdo. Le
journaliste Fabrice Nicolino attaque Edwy Plenel dans un billet diffusé sur Facebook: «Il renverse les
rôles, se prend pour Manouchian et désigne Charlie comme - on
reste mesuré, hein? - malfaisant. Au passage, n'oublierait-il pas que c'est
l'équipe de Charliequi a été pulvérisée au matin du 7 janvier 2015,
et pas lui?». «La satire, il y a un message derrière. Un dessin qui sous-entend
une complicité de Mediapart avec Tariq Ramadan, c'est faux», lui répond Fabrice
Arfi sur France 5, quelques jours plus tard. «L'islamisme, en tant que tel,
n'est pas, en soi, une chose grave. L'islamisme est un phénomène qu'il faut
comprendre et expliquer», juge pour sa part la journaliste de Mediapart, Jade
Lindgaard.
• Mediapart versus Charlie
«Dire que dénoncer les
islamistes, dénoncer Tariq Ramadan, c'est porter atteinte aux musulmans, c'est
une assimilation préjudiciable à tous les musulmans qui vivent en France
Laurence Rossignol, ex-ministre
des Droits des femmes
Se rendant coup pour coup, les
deux camps ont chacun reçu des soutiens divers. Côté Mediapart, cent
trente personnalités ont signé une tribune en soutien au site
d'information. «Il semble bien que nous soyons confrontés ici à une campagne
politique qui, loin de défendre la cause des femmes, la manipule pour imposer à
notre pays un agenda délétère, fait de haine et de peur», souligne le texte.
Parmi les signataires, on compte les écrivains Patrick Chamoiseau et
Jean-Claude Carrière, l'économiste Thomas Piketty, la militante féministe
Caroline De Haas, l'ex-député Christian Paul (PS) ou encore l'artiste Sarkis.
Côté Charlie, Renaud
Dély, directeur du journal Marianne, a assuré dans un édito que «Charlie peut
tout se permettre». Laurence Rossignol, ex-ministre des Droits des femmes, a
chargé Edwy Plenel. Il «confond les musulmans et les islamistes», a-t-elle
fustigé. «Dire que dénoncer les islamistes, dénoncer Tariq Ramadan, c'est
porter atteinte aux musulmans, c'est une assimilation préjudiciable à tous les
musulmans qui vivent en France».
• Guerre aux musulmans
Dans un édito à paraître
mercredi, Riss, le directeur de Charlie Hebdo en remet une
couche. Il accuse Edwy Plenel de «condamner à mort une deuxième fois» sa
rédaction, en disant que le journal satirique prenait part à une campagne
«générale» de «guerre aux musulmans». «Cette phrase n'est plus une opinion,
c'est un appel au meurtre», dénonce-t-il.
Riss fait référence aux propos
tenus par l'ex-journaliste du Monde sur franceinfo: «La Une de Charlie
Hebdo fait partie d'une campagne plus générale que l'actuelle
direction de Charlie Hebdo épouse. M. Valls et d'autres, parmi
lesquels ceux qui suivent M. Valls, une gauche égarée, une gauche qui ne sait
plus où elle est, alliée à une droite voire une extrême droite identitaire,
trouvent n'importe quel prétexte, n'importe quelle calomnie, pour en revenir à
leur obsession: la guerre aux musulmans, la diabolisation de tout ce qui
concerne l'islam et les musulmans», avait-il déclaré. Réagissant sur Twitter, Edwy
Plenel a affirmé que cette phrase n'avait «jamais existé».
Riss : «Les “islamo-gauchistes” sont tellement
démagogiques qu'ils en perdent toute crédibilité» (06.11.2017)
Par Claire
Bommelaer
Mis à jour le 15/11/2017 à 12h16 | Publié le 06/11/2017 à 18h45
INTERVIEW - Le directeur de Charlie
Hebdo, qui vient de sortir un ouvrage, estime que «la crise que traverse la
gauche française frappe aussi» la gauche radicale. Il s'exprime également sur
Tariq Ramadan, le procès Merah et l'avenir de l'hebdomadaire.
La dernière une de l'hebdomadaire
satirique qui présente un Tariq Ramadan au sexe hypertrophié, proclamant «Je
suis le 6e pilier de l'islam!», a placé à nouveau le journal au cœur d'une
polémique. Riss, son directeur, se veut debout envers et contre tout. «Depuis
janvier 2015, nous avons l'obligation de durer», estime-t-il.
Le dessinateur vient de publier,
aux Éditions Les Échappés, un grand format sur Charlie Hebdo,
1992-2017, et un hors-série de 48 pages sur le procès Merah, qu'il a suivi de
bout en bout.
LE FIGARO. - Charlie Hebdo
fait l'objet de menaces de mort, à la suite de la une sur Tariq Ramadan, le
prédicateur musulman. Est-ce, désormais, le prix à payer pour votre liberté
d'expression?
RISS. - Ce n'est pas
la première fois, depuis janvier 2015, que nous recevons de nombreuses menaces
de mort. Mais il semble que pour cette couverture, leur nombre soit plus élevé
que d'habitude. Depuis janvier 2015, la parole s'est libérée et l'appel au
meurtre s'est banalisé, en particulier sur les réseaux sociaux. Aujourd'hui, la
violence terroriste peut frapper n'importe qui, et pas seulement Charlie Hebdo.
Le «prix à payer», s'il doit y en avoir un, est désormais pour tout le monde.
Vous avez passé cinq semaines
au palais de justice de Paris à croquer le procès d'Abdelkader Merah. Pourquoi
vous être mis, vous, au cœur d'un tel événement?
Je suis journaliste avant tout,
et j'y ai assisté en tant que dessinateur. Ce
procès, même s'il parlait beaucoup de celui qui n'était pas là, Mohammed
Merah, avait une intensité palpable. Il a permis de comprendre des mécanismes
de la construction de l'extrémisme religieux. L'affaire Merah, c'est le début
de quelque chose, l'explication d'un type d'attentat inédit en France.
J'ai passé des semaines à écouter
cette famille expliquer que l'Amérique et Israël tuaient leurs frères arabes,
et qu'il fallait les venger. Ou que l'on devenait un élu de Dieu si on passait
par la case prison. Assis à l'étage, en face du prétoire, j'ai dessiné, rempli
des grandes pages, qui formeront un hors-série de planches commentées.
Ce procès, c'était une forme
de mise en abîme pour vous…
En quelque sorte. S'il y a un
procès en 2018 impliquant le réseau à l'origine des attentats de janvier 2015,
je serai forcément appelé en tant que témoin. Le procès Merah m'aura préparé à
cette confrontation qui, je le sais d'avance, sera très difficile.
«Le 7 janvier, j'étais dans la
salle de rédaction, et ce que j'ai vécu - jusqu'au bruit, au ressenti ou
aux odeurs - ne peut se raconter dans le détail, sauf à deux ou trois
personnes»
Riss
Depuis 2015, vous êtes entouré
de gardes du corps. Comment vit-on ainsi?
On fait avec. Aucun de nous, dans
l'équipe, ne pourra plus jamais avancer sans avoir cette journée à l'esprit.
Elle plane au-dessus de nos têtes, tout le monde y pense, sans jamais en
parler.
Vu de l'extérieur, le
7 janvier a une unité de lieu et de temps. Mais pour ceux qui étaient
à l'intérieur des locaux de Charlie Hebdo, le temps et l'expérience n'ont pas
été les mêmes. Chacun d'entre nous a vécu quelque chose de différent, selon
l'endroit où il se trouvait. Pourtant, chacun s'est vu au centre du drame.
J'étais dans la salle de rédaction, et ce que j'ai vécu - jusqu'au bruit,
au ressenti ou aux odeurs - ne peut se raconter dans le détail, sauf à
deux ou trois personnes. Luz a
écrit un livre sur son expérience. Moi, je n'ai pas les mots pour, et, de toute
façon, je ne sais pas si mon récit serait compris des autres.
«Quinze ans après le premier
numéro de Charlie, nous sommes confrontés à l'obligation de durer. Nous avons
le devoir de continuer, tout en ayant les mêmes soucis que tous les autres
journaux papier»
Riss
Vous employez les mêmes mots
que les rescapés de la Shoah, après-guerre.
C'est du même ordre. Certaines
choses relèvent d'une langue inconnue du commun des mortels. Pourquoi parler,
au final? Je me le demande moi-même. Tout ce que je sais c'est que je ne veux
pas être enfermé dans un statut de victime, d'autant que tout le monde se
perçoit comme tel. L'avocat Dupond-Moretti a
même été jusqu'à affirmer que la mère de Mohamed Merah «était aussi la mère
d'un mort»…
Quel est l'avenir de Charlie
Hebdo?
En janvier 2015, les gens ont
compris que nous pourrions disparaître. Ce qu'ils ne savent pas, c'est que
c'est toujours le cas. Après le drame, nous nous sommes retrouvés investis
d'une mission, à notre corps défendant. Nous essayons d'y répondre en nous
centrant sur ce que nous aimons faire, le dessin d'humour. Nous avons toujours
été pessimistes, de toute façon!
Mais quinze ans après le premier
numéro de Charlie, nous sommes confrontés à l'obligation de durer. Nous avons
le devoir de continuer, tout en ayant les mêmes soucis que tous les autres
journaux papier. En 1992, il y avait 36.000 points de vente pour la
presse, il n'en reste plus que 20.000. Pour nous, la gratuité sur Internet va
de soi: nous ne pouvons pas être que mercantiles, et la seconde génération de
lecteurs lit largement sur le Web. Il faudra toutefois trouver un juste
équilibre entre le payant et le gratuit.
«Les “islamo-gauchistes” ne
nous surprennent plus, et répondent à des schémas idéologiques tellement
démagogiques qu'ils en perdent toute crédibilité»
Riss
On avait vu 4 millions de
Français dans la rue, en janvier 2015, clamant qu'ils étaient Charlie.
Aujourd'hui, qui sont vos soutiens?
L'existence même du journal
conforte ceux qui nous avaient soutenus et nous conforte, nous, dans notre
détermination à continuer à le faire. Il y a un intérêt réciproque, entre les
lecteurs, les citoyens et les membres du journal, à voir exister Charlie Hebdo,
bientôt trois ans après l'attaque. Il faut tenir: Charlie Hebdo doit survivre à
Daech.
Les récentes manifestations
des «islamo-gauchistes» vous inquiètent-elles?
Les «islamo-gauchistes» font
partie du paysage politique depuis déjà longtemps. Ils ne nous surprennent
plus, et répondent à des schémas idéologiques tellement démagogiques qu'ils en
perdent toute crédibilité. Comme la gauche conventionnelle incarnée par le PS,
les «islamo-gauchistes» sont eux aussi en pleine décrépitude. La crise que
traverse la gauche française frappe aussi cette partie de la gauche. Les
gauches dites «radicales» ou «alternatives» sont elles aussi en train de
toucher le fond. Le renouveau de la gauche française, si renouveau un jour il y
a, devra concerner toutes les familles de la gauche, y compris les plus
radicales.
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