Qu'on arrête de nous bassiner avec le Bataclan car il y a bien pire ! Il s'agit des milliers de morts dus à l'alcool : c'est Pascal Boniface qui le dit.
Ce géopoliticien est un chercheur infatigable. Il cherche et trouve ce que d'autres ne cherchent pas et ne trouvent pas.
Publié le 14 Novembre 2017
Pascal Boniface ne va pas bien. Et s'il va mal, c'est parce que son compagnon sur la route de La Mecque, Tariq Ramadan, va très, très mal. Pour échapper à "la chasse aux sorcières" – ce sont ses propres termes – qui le vise lui et Edwy Plenel, il a été amené à "s'exiler" dans l'ile de Batz en Bretagne. Là-bas, dans sa retraite monacale, Boniface a adopté la règle du silence en vigueur dans certains ordres religieux. C'est pourquoi on ne l'a pas entendu à propos de l'anniversaire de la tuerie du Bataclan.
Il se tait. Et c'est une grande perte. Car ses amis de Médiapart ne sont pas à la hauteur.
Lui au moins avait fait des recherches très sérieuses sur l'affaire du Bataclan. Et il avait conclu qu'il n'y avait pas de quoi en faire un plat. Dans un texte publié par La Croix, journal chrétien et extrêmement charitable, il a délivré à propos du Bataclan des statistiques qu'on nous cache dans le but de stigmatiser l'Islam.
Il y a d'autres facteurs de mortalité qui ne suscitent pas la même mobilisation. Il y a 130 personnes par jour qui meurent à cause de l'alcool. L'an dernier, 1412 personnes sont mortes de froid dans la rue. Et 3500 autres ont été victimes de la route. Chaque année, 150 personnes meurent de violences conjugales. 2 enfants meurent chaque jour sous les coups de leurs parents. Ces morts ne suscitent pas la même mobilisation.
Des précisions chiffrées que Pascal Boniface complètera surement dès son retour de l'île de Batz. Il nous dira combien de bébés meurent chaque année de la mort subite du nourrisson. Combien de victimes dues aux AVC. Combien d'hommes et de femmes sont décédées suite à un cancer. Combien de morts consécutives aux accidents domestiques. Et ainsi triomphera sa thèse novatrice et lumineuse : le djihadisme islamique est juste un facteur de mortalité parmi d'autres !
Pascal Boniface dans son exil est sujet à de graves angoisses. Manuel Valls, qui a encore un peu de poids, a annoncé dans Marianne qu'il avait demandé au Quai d'Orsay et au Ministère des Armées de rompre le partenariat qui les lie à l'IRIS, l'institut qu'anime Boniface. "Un déni de démocratie" a-t-il protesté. "Veut-on mettre trente personnes (ses employés) sur la paille ?" a-t-il gémi. Nous espérons que cette plainte déchirante parviendra aux oreilles de l'émir du Qatar qui empêchera ce désastre humain.