Procès Merah : la défense plaide l'acquittement (01.11.2017)
Un directeur d'école égorgé par Boko Haram (31.10.2017)
New York : une attaque à la camionnette-bélier fait huit morts (31.10.2017)
GB: rencontrés sur un site, ils sont poursuivis pour préparation d'attentat (30.10.2017)
Nantes: elle refuse d'acheter son tapis, il vole son chien (31.10.2017)
Marseille : 100 Roms expulsés d'un squat (31.10.2017)
Turquie: reprise du procès des journalistes du Cumhuriyet (31.10.2017)
L'armée irakienne prend le contrôle de la frontière entre la Turquie et le Kurdistan (31.10.2017)
Collomb recevra les familles des victimes de l'attaque de Marseille (31.10.2017)
Aisne: 5 membres d'une famille tués par balle dans leur maison (31.10.2017)
La Russie lance une invitation aux kurdes pour un " congrès des peuples de Syrie" (31.10.2017)
Portugal: saisie de 1,3 tonne de cocaïne (31.10.2017)
Kaboul: forte explosion dans le quartier diplomatique (31.10.2017)
Kenya: Odinga promet de ne pas en rester là avec cette "parodie d'élection" (31.10.2017)
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Procès Merah : la défense plaide l'acquittement (01.11.2017)
«Si vous condamnez Abdelkader
Merah, vous n'aurez pas rendu justice», a asséné son avocat, Me Dupond-Moretti,
lors des plaidoiries mardi.
«On ne condamne pas sur un
faisceau d'indices, sur la preuve par le vide.» Après plus de quatre semaines
d'échanges, la défense, en l'occurrence Me Antoine Vey, n'a pas perdu de
sa pugnacité pour les dernières heures du procès Merah. Une pugnacité il est
vrai plus que nécessaire pour les deux accusés, car lundi, l'avocate générale a
requis le maximum des peines: la perpétuité contre Abdelkader, frère de Mohamed. Et
vingt ans pour le fournisseur des armes, Fettah Malki.
«L'accumulation de non-preuves
ne peut constituer une preuve.»
Me Antoine Vey
Concernant l'accusé principal,
les trois avocats d'Abdelkader Merah se sont partagé les rôles. Le premier, Me
Archibald Celeyron, qui à l'occasion s'appuie sur des cartes qu'il montre à la
cour, aborde les rencontres entre les deux frères et l'assistance logistique
imputée à l'accusé. Il soutient que la brouille entre Mohamed et son frère,
mise en doute par l'accusation, a bien duré pendant une bonne partie de 2011 et
que, de ce fait, «Mohamed Merah a engagé les préparatifs à une époque où il
n'avait aucun contact avec son frère». Sur l'aide logistique, Me Celeyron
rappelle quelques données: quatre ans d'enquête, un dossier de 117 tomes,
plus de 250 fonctionnaires de police mobilisés et plus de
5000 procès-verbaux dans les neuf premiers mois.
Toutes les pistes de complicité
matérielle explorées pour en arriver à deux éléments: le vol du scooter utilisé
par le terroriste et l'achat d'un blouson par Abdelkader Merah pour son «petit
frère» (blouson qui n'a même pas fait l'objet de recherches de traces de
poudre, remarquera Me Dupond-Moretti). Sur le scooter, Me Celeyron
rappelle que sans les déclarations de l'accusé nul n'aurait su qu'il était
présent lors du vol, le 6 mars 2012. Un vol d'opportunité, qu'il ne
pouvait voir de là où il était. Sur le blouson noir comme élément de complicité,
l'avocat note qu'Abdelkader Merah, accusé de dissimulation par
l'accusation, achète le vêtement «à son nom pour pouvoir bénéficier des points
de fidélité de la boutique de moto dont il est un client régulier».
«Le terroriste le plus
con de la planète»
Me Antoine Vey s'est ensuite
attaqué à l'association de malfaiteurs terroriste criminelle qui pèse sur son
client. «L'accumulation de non-preuves ne peut constituer une preuve», a-t-il
lancé à la cour en dénonçant un «fourre-tout», une «infraction poubelle», renchérira
Me Dupond-Moretti. Maître Vey a contesté en bloc l'adhésion de son client
aux thèses d'al-Qaida, ses «préconisations» supposées à son «petit frère» et la
proximité des deux hommes, présentant un Mohamed Merah faisant ses choix de
manière autonome. En conclusion, Me Vey a demandé à la cour d'«acquitter
Abdelkader Merah, même si je conçois que pour l'opinion et les parties civiles,
ce soit insupportable».
«Si vous condamnez Merah, vous
aurez jugé, mais vous n'aurez pas rendu justice»
Me Dupond-Moretti
Me Éric Dupond-Moretti est
le dernier à prendre la parole. Dans la même veine que la conclusion de
Me Vey, il dit savoir que sa parole «sera une blessure supplémentaire
infligée aux victimes» à qui on a dit «impudemment depuis cinq ans que, par défaut,
l'artisan de leur malheur est Abdelkader Merah»… Puis, à sa façon caractéristique,
alliant humour et coups de griffes, il a asséné, provocateur: «Abdelkader Merah
est le terroriste le plus con de la planète.»
Et de reprendre les éléments
développés par ses confrères et collaborateurs: le grand dissimulateur
Abdelkader Merah, ainsi présenté par l'accusation, parle spontanément aux
policiers de sa présence lors du vol de scooter, garde des ordinateurs et des
fichiers plutôt que de s'en débarrasser, organise des réunions conspiratives
pendant une partie de foot ou au restaurant avec sa sœur… Rappelant les
acquittements obtenus dans l'affaire
Érignac ou dans le dossier Chalabi, l'avocat interpelle la cour: «Les
terroristes veulent changer notre mode de vie, de penser et aussi de juger.
Votre responsabilité aujourd'hui est écrasante (…). Si vous condamnez Merah,
vous aurez jugé, mais vous n'aurez pas rendu justice.» Le verdict est attendu
jeudi.
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vous condamnez Merah, vous aurez jugé, mais vous n'aurez pas rendu
justice», plaide la défense
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Un directeur d'école égorgé par Boko Haram (31.10.2017)
- Par Le Figaro.fr avec AFP
- Mis à jour le 31/10/2017 à 17:08
- Publié le 31/10/2017 à 17:04
Le directeur d'une école primaire
a été "égorgé" par des éléments de Boko Haram, à Gueskérou, une
bourgade de la région de Diffa, dans le sud-est du Niger proche du Nigeria, a
annoncé aujourd'hui le ministre de l'Enseignement.
"C'est avec une profonde
indignation que j'ai appris l'assassinat par Boko Haram d'un enseignant et
directeur d'école à Gueskérou", a précisé Daouda Mamadou Marthé, le
ministre de l'Enseignement primaire, sur sa page Facebook.
La victime, Bilal Mamadou, a été
"égorgé froidement samedi dernier vers 5 heures", a déploré Mamadou
Marthé, qui "condamne" cette "effroyable tragédie" avec
"la plus grande fermeté".
A Diffa, "les écoles et les
professeurs" sont "très ciblés" par les attaques de Boko Haram
dans le but "de tenter d'enlever la possibilité aux enfants de cette
région d'apprendre", a déclaré Marie-Pierre Poirier, directrice régionale
de l'Unicef pour l'Afrique de l'Ouest et l'Afrique centrale, qui s'est rendue
en juin à Diffa.
Après les premiers raids du
groupe islamiste nigérian Boko Haram en 2015, enseignants et élèves avaient
déserté 166 écoles dans cette zone, avant que l'Unicef et le Niger ne
réinstallent 99 d'entre elles en 2016 dans des endroits à l'abri des attaques
islamistes.
En revanche, une trentaine sont
toujours fermées dans la région de Diffa, selon l'ONU, dans des zones
difficilement contrôlables. Des écoles ont été "mises à sac ou
brûlées" par Boko Haram et "des enseignants ont reçu des menaces de
morts", ce qui les a "poussés à fuir", avait expliqué à l'AFP un
élu local.
LIRE AUSSI :
New York : une attaque à la camionnette-bélier fait huit
morts (31.10.2017)
- Par Philippe
Gélie Valérie
Samson
- Mis à jour le 01/11/2017 à 00:12
- Publié le 31/10/2017 à 21:12
VIDÉOS - Mardi, un homme à
bord d'un pick-up a remonté une piste cyclable à contresens, fauchant plusieurs
personnes, avant de percuter un bus scolaire. Le conducteur armé a été
interpellé et placé en garde à vue. Le maire de New York, Bill de Blasio, a
dénoncé un « acte de terrorisme lâche ».
Les cadres disloqués de plusieurs
bicyclettes gisent sur la chaussée. Une camionnette de location exhibe sa
calandre enfoncée au coin de Chambers Street et West Street, au sud de
Manhattan, entre la rivière Hudson et le Mémorial du World Trade Center.
Sous un beau soleil d'automne, en
ce jour d'Halloween, New York a été à son tour frappée par une attaque au
camion bélier mardi après-midi.
Peu après 15 heures locales, le
chauffeur d'un pick-up de location Home Depot s'est engagé délibérément sur une
piste cyclable à contresens, la remontant sur près d'un kilomètre et fauchant
plusieurs promeneurs sur son passage. Après avoir percuté un car scolaire sur
Chambers Street, l'assaillant serait sorti du véhicule avec deux armes à la
main - un pistolet de paintball et une carabine à plomb - selon le
récit livré mardi soir par le préfet de police James O'Neill. Un officier de
police aurait alors fait feu, blessant l'individu qui a aussitôt été interpellé
et transféré vers un hôpital. L'homme aurait été rapidement identifié par les
enquêteurs, mais ceux-ci n'ont pas immédiatement révélé son identité.
Le bilan était mardi soir de huit
morts et d'une dizaine de blessés, dont deux enfants et deux adultes qui se
trouvaient à l'intérieur du bus scolaire. Ces derniers présenteraient des
blessures graves mais leurs jours ne seraient pas en danger.
EN DIRECT - New York: une attaque «terroriste» au camion-bélier fait 8 morts
EN DIRECT - New York: une attaque «terroriste» au camion-bélier fait 8 morts
Le caractère terroriste de
l'attaque a rapidement été évoqué par les forces de l'ordre. Des témoins sur
place ont affirmé avoir entendu les cris de «Allah Akbar» (Dieu est le plus
grand, ndlr). S'exprimant lors d'une conférence de presse avec James O'Neill et
le gouverneur de New York Andrew Cuomo, le maire Bill de Blasio l'a confirmé:
«Ceci est un acte terroriste particulièrement lâche», a-t-il déclaré. Au moment
de quitter sa camionnette, l'assaillant aurait fait une déclaration qui
confirme que son geste est une attaque terroriste, a précisé le préfet.
«C'est une journée très difficile
pour New York», a ajouté Bill de Blasio, en demandant aux New-Yorkais d'être
plus vigilants que d'habitude et de signaler toute anomalie. Donald Trump a
réagi dans la soirée sur Twitter, qualifiant l'assaillant de «personne malade
et déséquilibrée». «Les forces de l'ordre suivent cela de près. PAS AUX USA!»,
a ajouté le président américain, dont la résidence principale se trouve à
Manhattan.
Un mode opératoire de plus en
plus utilisé
Un déploiement massif de forces
de sécurité et d'ambulances a très rapidement bouclé le quartier huppé de
TriBeCa, à la pointe sud de Manhattan. Le drame s'est déroulé à deux pas du
lycée Stuyvesant, d'où les élèves sortaient à cette heure. Sur la grande artère
de Houston Street, beaucoup de passants se pressaient en cette journée
ensoleillée, et s'apprêtaient à fêter Halloween.
Avec 34.000 hommes en uniforme,
la police de New York est de loin la plus importante du pays. Le FBI et sa
Terrorist Task Force ont pris le commandement de l'enquête.
Après des attaques
similaires à
Nice, Londres et Barcelone, des
parpaings de bétonont été disposés sur les trottoirs de certaines avenues
de New York, notamment Broadway, mais toutes ne peuvent en être pourvues. La
dernière alerte de ce type remonte au 22 mai dernier, lorsqu'un ancien
militaire avait lancé sa voiture à toute allure sur le trottoir à Times Square,
tuant une jeune femme et blessant 22 autres personnes. Quant à la dernière
attaque djihadiste, elle remonte au 17 septembre 2016, lorsqu'un jeune
Américain d'origine afghane, Ahmad Rahimi, avait posé deux bombes dans le quartier
huppé de Chelsea. Une seule avait explosé, faisant une trentaine de blessés
légers.
Le pick-up du terroriste a fini
sa course contre un bus scolaire sur Chambers Street, dans le sud de Manhattan,
où un périmètre de sécurité a rapidement été déployé.
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attaques low-cost n'éclipsent pas la menace d'une action terroriste de
grande
GB: rencontrés sur un site, ils sont poursuivis pour
préparation d'attentat (30.10.2017)
- Par Le Figaro.fr avec AFP
- Mis à jour le 30/10/2017 à 21:34
- Publié le 30/10/2017 à 21:32
Un couple qui s'était formé via
un site de rencontres pour musulmans a comparu aujourd'hui devant le tribunal
de l'Old Bailey à Londres, accusé d'avoir préparé un attentat, inspiré par le
groupe Etat islamique (EI). Munir Mohammed, 36 ans, avait rencontré Rowaida
El-Hassan, une pharmacienne de 33 ans, par l'intermediaire du site internet
singlemuslim.com (litteralement musulman célibataire), où elle disait chercher
un homme " très simple, honnête et direct, craignant Allah avant toute
chose".
"Cette affaire est le reflet
de l'époque dans laquelle nous vivons", a estimé la procureure, Anne
Whyte. "Elle montre la relative facilité avec laquelle des actes de
terrorisme peuvent être préparés, grâce à internet". D'après l'accusation,
"Munir Mohammed était résolu à procéder à une attaque en loup solitaire,
et Rowaida El-Hassan était au courant de son implication dans un tel
projet". Les deux accusés, eux, nient les faits.
"De par ses qualifications,
Rowaida El-Hassan avait une connaissance professionnelle des produits
chimiques", a affirmé Mme White. "Elle a aidé M. Mohammed en lui
fournissant des informations sur les composants nécessaires à la fabrication d'une
bombe, la façon de se les procurer, et l'a assisté dans ses recherches".
Au moment de son arrestation, en
décembre dernier, Munir Mohammed était en possession de deux des trois
composants requis pour fabriquer du TATP, ou peroxyde d'acétone, souvent utilisé
par l'EI lors de ses attentats. Il disposait également de manuels sur la
fabrication d'explosifs, de détonateurs fabriqués à partir de téléphones
mobiles, et de ricin, dont la graine contient une toxine toxique.
Selon la procureure, Munir
Mohammed était en contact, via Facebook, avec un homme qu'il pensait appartenir
à l'EI, et s'était porté volontaire pour "un nouvel boulot au
Royaume-Uni", censé désigner un attentat. Il avait prêté allégeance au
groupe jihadiste en août 2016.
Nantes: elle refuse d'acheter son tapis, il vole son chien
(31.10.2017)
- Par Le Figaro.fr
- Mis à jour le 31/10/2017 à 09:17
- Publié le 31/10/2017 à 09:09
Hier matin, une habitante d'un
quartier au nord de Nantes ouvre la porte de son domicile à un commerçant
ambulant. L'homme offre à la nonagénaire d'acheter un tapis. Mais la vieille
dame refuse. D'après 20 Minutes , le commerçant, vexé sans
doute, décide alors d'attraper le chihuahua de la propriétaire des lieux et de
s'enfuir dans son véhicule.
La victime a donc contacté la
police pour lui signaler la disparition de son chien. "De couleur marron,
tatoué et porteur d'un collier avec une clochette" comme l'indique la
police, le chihuahua n'a toujours pas été retrouvé.
Marseille : 100 Roms expulsés d'un squat (31.10.2017)
- Par Le Figaro.fr avec Reuters
- Mis à jour le 31/10/2017 à 11:49
- Publié le 31/10/2017 à 10:43
Une centaine de Roms, dont 52
enfants, ont été expulsés aujourd'hui d'un campement sauvage à Marseille,
à la veille de la trêve hivernale qui empêchera les expulsions jusqu'au 31
mars, a-t-on appris auprès des associations caritatives.
Plusieurs dizaines d'occupants
avaient quitté les lieux dans la nuit en raison des rumeurs d'évacuation. Les
autres seront relogés provisoirement dans des hôtels sociaux."On est
indignés face à cette expulsion qui intervient la veille de la trêve hivernale
dans un bâtiment dont le propriétaire, lié en grande partie à la mairie de
Marseille, reconnaît n'avoir aucun besoin à court ou moyen terme", a dit à
Reuters la coordinatrice technique de la mission bidonville de Médecins du
Monde, Laurie Bertrand.
Les militants associatifs
estiment que les évacuations réduisent à néant les efforts d'intégration des
familles avec des expulsions qui aggravent les "situations d’extrême
précarité d’enfants et de leurs familles, contraints à l’errance".La
préfecture a mis en avant deux décisions de justice pour justifier l'évacuation
de ce local appartenant à la Soleam, une société d'aménagement dont la mairie
de Marseille est le principal actionnaire.
» Lire aussi - Le campement de Roms du nord de Paris a été évacué
Turquie: reprise du procès des journalistes du Cumhuriyet
(31.10.2017)
- Par Le Figaro.fr avec AFP
- Mis à jour le 31/10/2017 à 11:52
- Publié le 31/10/2017 à 10:34
Le procès pour "activités
terroristes" de collaborateurs du journal d'opposition Cumhuriyet,
emblématique de l'érosion de la liberté de la presse en Turquie, a repris
aujourd'hui à Istanbul, peu avant celui de la romancière Asli Erdogan
accusée de "propagande".
Au total, 17 dirigeants,
journalistes et autres employés actuels ou passés de Cumhuriyet, dont quatre
sont en détention préventive, sont accusés d'avoir aidé trois
"organisations terroristes armées". Ils risquent jusqu'à 43 ans de
prison.
Peu avant le début de l'audience,
des soutiens de Cumhuriyet, un journal farouchement critique du président Recep
Tayyip Erdogan, s'étaient rassemblés devant le tribunal de Caglayan pour
réclamer "justice", selon une journaliste de l'AFP."Stop à la chasse
aux opposants, à l'arrestation de journalistes", ont-ils également scandé.
Cette nouvelle audience du
procès, symbolique des atteintes à la liberté de la presse depuis la tentative
de coup d'Etat du 15 juillet 2016, se déroule un an jour pour jour après une
première vague d'arrestations visant des collaborateurs de Cumhuriyet.
» Lire aussi - En Turquie, la presse en procès
L'armée irakienne prend le contrôle de la frontière entre la
Turquie et le Kurdistan (31.10.2017)
- Par Le Figaro.fr avec AFP
- Mis à jour le 31/10/2017 à 10:34
- Publié le 31/10/2017 à 10:27
Des soldats irakiens ont pris
aujourd'hui le contrôle de l'unique point de passage entre la Turquie et
le Kurdistan irakien, cinq semaines après un référendum d'indépendance dans
cette région rejeté par Bagdad et Ankara, ont indiqué des médias turcs.
Les forces irakiennes,
accompagnées de soldats turcs, sont arrivées au point de passage Ibrahim
al-Khalil depuis le territoire turc où ils avaient participé ces dernières
semaines à des exercices militaires conjoints avec l'armée turcs, selon les
agences de presse Anadolu et Dogan.
» Lire aussi - Le Kurdistan seul au monde après son
référendum
Collomb recevra les familles des victimes de l'attaque de
Marseille (31.10.2017)
- Par Le Figaro.fr avec AFP
- Mis à jour le 31/10/2017 à 11:31
- Publié le 31/10/2017 à 11:25
Le ministre de l'Intérieur Gérard
Collomb a annoncé aujourd'hui qu'il recevrait "dans quelques
jours" les familles des deux victimes de l'attentat de Marseille, une
attaque qui avait déclenché une vive polémique et conduit au limogeage du
préfet du Rhône.Cette rencontre avec les familles permettra de "leur dire
où en est l'enquête précisément, parce qu'elles ont le droit à la vérité sur la
mort de leurs filles", a-t-il expliqué sur RTL.
» Lire aussi - Attaque au couteau à Marseille : la classe politique
en émoi
"Ces deux jeunes filles
mortes à Marseille, cela montre que la menace continue à exister et donc qu'il
faut pouvoir protéger les Français", a-t-il poursuivi. Il a ainsi justifié
l'adoption de la nouvelle loi antiterroriste, signée lundi par le président Emmanuel
Macron pour prendre le relais de l'état d'urgence en vigueur depuis fin 2015,
période durant laquelle "32 attentats" ont été "déjoués".
Le 1er octobre, un Tunisien de 29
ans, Ahmed Hanachi, avait tué au couteau deux cousines à la gare Saint-Charles de
Marseille, avant d'être abattu par la police.
Aisne: 5 membres d'une famille tués par balle dans leur
maison (31.10.2017)
- Par Le Figaro.fr avec AFP
- Mis à jour le 31/10/2017 à 13:03
- Publié le 31/10/2017 à 12:10
Cinq personnes, un couple
d'exploitants agricoles et leurs trois enfants, ont été trouvées tuées par arme
à feu dans une ferme ce matin à Nouvion-et-Catillon au sud de Saint-Quentin
(Aisne), a indiqué le parquet de Laon.
Il s'agirait d'"un drame
familial", le père aurait tué sa femme et ses enfants "avant de
retourner l'arme contre lui", a déclaré à l'AFP le parquet. "On
ignore la cause du drame, on n'a pas retrouvé de lettre d'adieu", a dit la
source.
C'est un employé de
l'exploitation agricole qui a découvert les corps vers 8h15 ce matin, selon une
autre source, proche du dossier.
Les parents étaient âgés de 47
ans. Parmi les trois enfants figure un majeur âgé de 20 ans, selon des sources
concordantes. Les deux autres étaient des adolescents âgés de 18 et 12 ans,
selon le parquet de Laon.
Une enquête a été ouverte pour
"homicides volontaires" et confiée à la brigade de recherches de la
gendarmerie de Laon ainsi qu'à la section de recherches d'Amiens.
La Russie lance une invitation aux kurdes pour un "
congrès des peuples de Syrie" (31.10.2017)
- Par Le Figaro.fr avec Reuters
- Mis à jour le 31/10/2017 à 12:40
- Publié le 31/10/2017 à 12:31
Les autorités kurdes du nord de
la Syrie ont été invitées à participer à une conférence de paix qui doit réunir
les représentants des différents groupes ethniques en Russie, a annoncé
aujourd'hui un de leurs conseillers.
L'idée de ce "congrès des
peuples de Syrie", qui pourrait se dérouler à la mi-novembre à Sotchi, a
été récemment évoquée par Vladimir Poutine lors d'un forum d'universitaires
étrangers.
Selon Alexandre Lavrentiev, chef
de la délégation russe aux discussions d'Astana sur la Syrie, il portera sur la
recherche "de solutions de compromis en vue d'un règlement politique"
du conflit.
» Lire aussi - En Syrie, la périlleuse troisième voie kurde
Portugal: saisie de 1,3 tonne de cocaïne (31.10.2017)
- Par Le Figaro.fr avec AFP
- Mis à jour le 31/10/2017 à 13:34
- Publié le 31/10/2017 à 13:29
Les autorités portugaises ont
saisi près de 1,3 tonne de cocaïne à bord d'un porte-conteneurs au large de
l'océan Atlantique et arrêté 17 personnes, a annoncé mardi la police
judiciaire. La drogue saisie à bord du navire en provenance "d'Amérique latine
était destinée au continent européen où elle devait être distribuée ensuite
dans différents pays", précise le communiqué de la police.
Au cours de cette opération, 17
personnes de nationalité étrangère, ayant entre 24 et 63 ans, ont été arrêtées.
Les autorités portugaises les soupçonnent d'appartenir "à une organisation
criminelle de dimension transnationale", a indiqué la police portugaise,
ajoutant que l'enquête va se poursuivre en coopération notamment avec les
autorités françaises et britanniques.
Kaboul: forte explosion dans le quartier diplomatique
(31.10.2017)
- Par Le Figaro.fr avec AFP
- Mis à jour le 31/10/2017 à 13:16
- Publié le 31/10/2017 à 13:13
Une forte explosion a secoué le
quartier diplomatique de Kaboul mardi à 13h30, à l'heure de sortie des bureaux,
ont rapporté des témoins faisant état de nombreuses victimes.
» Lire aussi - Afghanistan : le bilan des deux attentats revu à la
hausse
La déflagration ainsi que de très
nombreuses sirènes d'ambulances se dirigeant sur les lieux ont été nettement entendues
depuis les bureaux de l'AFP qui sont proches.
LIRE AUSSI :
Kenya: Odinga promet de ne pas en rester là avec cette
"parodie d'élection" (31.10.2017)
- Par Le Figaro.fr avec AFP
- Mis à jour le 31/10/2017 à 14:50
- Publié le 31/10/2017 à 14:46
Le leader de l'opposition
kényane, Raila Odinga, a promis aujourd'hui de ne pas en rester là avec la
"parodie d'élection" du 26 octobre, qu'il avait boycottée et qui a
débouché sur la victoire du président sortant Uhuru Kenyatta, avec 98% des
voix.
» Lire aussi - Élection au Kenya : échauffourées entre police et
opposition
"On ne peut pas en rester là
avec cette parodie d'élection", a déclaré Odinga lors d'une conférence de
presse, au cours de laquelle il a redit son intention d'organiser une campagne
de résistance nationale, avec toutes les "formes légitimes de protestation".
LIRE AUSSI :
Chrétiens du Levant :
60.000 kilomètres en 4L pour rencontrer et témoigner (31.10.2017)
- Publié le 31/10/2017 à 06:00
REPORTAGE - Quel est l'état du
patrimoine culturel des chrétiens du Levant ? Dans le cadre de l'exposition sur
l'histoire de ces communautés qui a lieu à l'Institut du monde arabe, à Paris,
jusqu'au 14 janvier, retrouvez notre carnet de route. Aujourd'hui, rencontre au
Liban avec Vincent Gelot. Ce jeune nantais est allé, deux ans durant, seul à la
rencontre de toutes les églises d'Orient. De la Turquie à l'Éthiopie, de
l'Égypte au Kirghizistan.
La Renault 4L de Vincent Gelot
doit arriver cette semaine sur le parvis de l'Institut du monde arabe (IMA), à
Paris. Convoyé depuis Beyrouth, ce véhicule antédiluvien, cabossé, couvert de
symboles et de graffitis, sera installé-là jusqu'à la fin de l'exposition que
le lieu consacre à l'histoire des différentes communautés chrétiennes du
Levant.
Vincent Gelot, les connaît bien,
et pas seulement elles mais toutes celles d'Orient. De la Turquie à l'Éthiopie,
de l'Égypte au Kirghizistan. En août 2012, alors qu'il avait 23 ans, il est en
effet parti seul à leur rencontre avec sa voiture-roulotte baptisée
Habibimobile. Ses 60.000 kilomètres parcourus dans 22 pays l'ont profondément
marqué. Témoin: cette croix copte qu'il a tatouée au poignet. «C'était déjà,
dès le IIIe siècle, un signe de résistance face aux persécutions. La marque
servait à identifier les croyants à l'entrée des lieux clandestins de culte. On
passait la main à travers le guichet de la porte... Aujourd'hui c'est un
honneur et une fierté de la porter.»
L'aventure était prévue huit
mois, elle a duré plus de deux ans. Caché sous son siège Vincent Gelot a
promené un grand livre d'or sur lequel il a recueilli d'innombrables
témoignages, souvent des appels à l'aide des chrétiens rencontrés mais aussi
des dessins, des collages, des messages d'espoir... Le livre a été remis au
pape François à l'issue de l'odyssée, alors qu'il voyageait en Terre Sainte. Il
est actuellement visible dans la dernière salle de l'exposition de l'IMA. On y
lit, après des poèmes et des petits mots en arabe, en farsi, en russe, en
pachto, en araméen ou encore en amharique, ce mot du Pontifex romanus: «Je
rends grâce pour ces témoignages de l'Église en Orient, une Église qui a donné
tant de saints, et qui souffre aujourd'hui».
La voiture d'amour
La Habibilimobile (qui peut se
traduire par «voiture d'amour») affiche déjà 151.000 km au compteur quand le
jeune homme, ancien scout nantais, diplômé de Science Po et en master de droit
humanitaire, l'acquiert. «J'étais nul en mécanique, je ne savais même
pas changer une roue», dit-il. Son idée est de gagner Beyrouth rejoindre
Benoît XVI. Le pape venait alors au Liban pour remettre aux Églises d'Orient
une feuille de route concernant les prochaines décennies.
Vincent Gelot prend la route avec
15.000 euros d'économies qui seront complétées au cours du projet par une levée
de fonds sur Internet. Il découvre alors l'Orient compliqué. Celui des Coptes,
Maronites, Syriaques, Arméniens, Chaldéens... Un monde complexe avec des
dizaines de rites différents mais qui est d'abord - il ne cesse de le rappeler
- le berceau de la chrétienté.
L'aventurier y plonge résolument,
sillonnant déserts et mégalopoles, steppes et montagnes, pour entrer en contact
avec ces communautés, certaines persécutées, d'autres interdites, ou encore
menacées de s'éteindre. Ceux qui l'accueillent lui parlent de leur vie
difficile et aussi de leur foi. Il enregistre leurs voix, leurs musiques, prend
des photos, rédige son journal de bord...
De -25°C certaines nuits à
60°C à l'ombre
Ce voyage le change profondément.
«J'ai eu une expérience presque monastique, confie-t-il. Ces communautés
multiséculaires vivent souvent dans leur bulle, chacune a son histoire, sa
langue, ses pratiques.» En Iran où il est hospitalisé parce que des chiens
l'ont mordu à la jambe, on manque de vaccin contre la rage pour cause d'embargo
occidental. Heureusement, il tient bon. Il estime à 65 000 les chrétiens sur
place. Aucun ne peut accéder à un poste élevé dans la société. Quant aux
conversions, elles sont punies de mort. Finalement ses blessures n'étaient pas
si terribles...
Vincent Gelot conserve d'autres
souvenirs pénibles. Comme lorsqu'il a croupi deux jours durant dans une aire
aéroportuaire pour s'entendre dire que son passage au Yémen lui était refusé.
En Éthiopie, un camion a percuté sa 4L. L'Arménie, la Géorgie et l'Azerbaïdjan
ont manqué de lui coûter quelques doigts de pieds car ils ont été traversés par
des températures chutant jusqu'à - 25°C la nuit. À l'inverse, dans les
embouteillages des villes du Golfe persique par 60°C à l'ombre, il a frit dans
sa carlingue.
En Ouzbékistan un homme l'a
particulièrement rendu heureux. Ce père, prêtre de gitans, était un Polonais
grandi en Russie sous le régime soviétique, quand l'Église était interdite. Il
avait officié dans les steppes de Sibérie, en avait été expulsé en 2002 et se
retrouvait à la tête d'un petit groupe de croyants clandestins. Pourtant tout
rassemblement était interdit. Peu de temps après leur rencontre, ce père a de
nouveau été expulsé. Aux dernières nouvelles il serait missionnaire en
Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Au Yémen, il s'est lié d'amitié
avec un autre religieux. Lui s'était fait kidnapper par les islamistes et était
demeuré tel pendant 18 mois. «Discrimination, guerres, crises économique et
même querelles de clochers: le XXe siècle aura été pour tous ces chrétiens
d'Orient, extrêmement rude», résume-t-il.
Et de rappeler qu'en Syrie au
début de l'insurrection, au printemps 2011, la communauté chrétienne comptait
bien deux millions d'âmes. En 2014, après avoir bouclé son voyage à Jérusalem
alors que le pape François arrivait lui aussi en Israël, EI déferle sur Mossoul
et la plaine de Ninive. Alors, fort de son expérience et fidèle à ses amitiés,
Vincent Gelot retourne dans le Kurdistan irakien. Il participe à la création
d'une radio basée à Ainkawa, le quartier chrétien d'Erbil. Elle porte la voix
des réfugiés.
Basé aujourd'hui au Liban, marié
et père d'un petit Joachim (qui signifie en hébreu ancien «Dieu met debout»),
le voilà devenu responsable des programmes de l'Œuvre d'Orient pour les
réfugiés en Syrie, Liban et Jordanie. Il précise que l'Œuvre d'Orient est une
association française au service des chrétiens d'Orient depuis plus de 160 ans.
Elle l'a aidé dans son périple. Aujourd'hui les droits d'auteur d'un livre qui
résume ses deux années exceptionnelles lui sont reversés et vont intégralement
à l'effort d'entraide.
Chrétiens d'Orient - Périple au
cœur d'un monde menacé, Vincent Gelot, préface de Mgr Pascal Gollnisch,
Albin Michel, 272 p., 49 €.
Europe : une pénurie de douaniers en vue avec le Brexit
(30.10.2017)
Si la Grande-Bretagne opte pour
une séparation complète, les déclarations en douane exploseront.
Faut-il craindre, à partir de
mars 2019, de longues files de camions devant les ports de la Manche et
des kilomètres de poids lourds bloqués à l'entrée du tunnel? Peut-on imaginer
des pénuries de denrées périssables en Grande-Bretagne?
Les Britanniques commencent à le
redouter, en cas de Brexit
dur - c'est-à-dire faute d'accord sur futures relations commerciales
entre le Royaume-Uni et l'Union européenne (UE). «La sortie de l'Union fera
exploser, d'environ 50.000 aujourd'hui à 130.000 en 2019, le nombre
d'importateurs de marchandises dans le royaume. Simultanément, le nombre de
déclarations en douane sera multiplié par cinq, à près de 255 millions»,
pointent Bob Jones et Olivier Sorgniard, du cabinet KPMG.
«L'Union européenne devra
homologuer près de 130.000 importateurs en cas de Brexit dur. En France, pas
loin de 25.000 nouveaux opérateurs devraient être ainsi référencés»
Selon les spécialistes de KPMG
Cette perspective inquiète les
services des douanes britanniques. «Il nous faudra cinq à sept ans et
800 millions de livres» pour mettre en place les nouvelles règles
douanières, expliquait en septembre devant le Parlement, John Thompson,
directeur général du HMRC, le service des taxes et des douanes du royaume. «Il
faudra des milliers de nouveaux douaniers», ont insisté les dirigeants du HMRC.
Ils réclament des avancées rapides, avant six mois, dans les négociations avec
Bruxelles afin d'adapter leurs services aux nouveaux besoins.
Il n'y a pas qu'en
Grande-Bretagne, dont l'UE est le premier partenaire économique, que les
services douaniers s'inquiètent. Le Royaume-Uni pèse lourd également dans
l'économie continentale, d'autant plus que des biens provenant d'autres pays,
en particulier du Commonwealth, y sont aujourd'hui dédouanés avant d'arriver de
ce côté-ci de la Manche.
L'Union européenne devra
homologuer près de 130.000 importateurs en cas de Brexit dur, prévoient les
spécialistes de KPMG. En France, pas loin de 25.000 nouveaux opérateurs
devraient être ainsi référencés.
Les nouvelles règles
d'import-export entre la Grande-Bretagne et les pays de l'UE entraîneront une
explosion des charges administratives. Elles généreront aussi une recrudescence
des contrôles. Ceux-ci visent 0,4 % à 0,5 % des containers, à la
recherche de marchandises illégales ou non déclarées à leur prix.
350 agents à Calais
Cela représentera une charge
significative. En France, 4 à 5 millions de passages de marchandises ont
lieu chaque année entre Douvres et Calais, soulignent les experts de KPMG. Or,
les services douaniers du tunnel sous la Manche et de Calais Littoral ne mobilisent
que 350 agents environ.
Évitant sans doute le pari
pessimiste d'une séparation totale, ni la France ni les autres pays de l'Union
n'ont mis en place de politique de formation de nouveaux douaniers
En cas de Brexit dur, de nombreux
pays de l'Union se retrouveront donc à cours de douaniers, pointe le quotidien
britannique Financial Times. Pourtant, évitant sans doute le pari
pessimiste d'une séparation totale, ni la France ni les autres pays de l'Union
n'ont mis en place de politique de formation de nouveaux douaniers.
Et il paraît désormais impossible
qu'ils renforcent leurs effectifs dans les délais. Il faut en effet trois ans
pour former un douanier en Allemagne ou aux Pays-Bas. Dans l'Hexagone, même en
décidant de recruter maintenant de nouveaux douaniers, ce serait difficile
d'être opérationnel au printemps 2019, souligne Pascal Huet, secrétaire général
adjoint de FO-douanes.
Sur le plan de la circulation des
personnes, quelle que soit la forme finale du Brexit, rien ne devrait, en
revanche, changer. La Grande-Bretagne étant en dehors de l'espace Schengen, les
contrôles douaniers sont déjà en place. Ils ne devraient pas évoluer. Sauf
évidemment si les Britanniques ou les pays de l'Union décidaient d'imposer un
visa aux citoyens d'en face.
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Sept Palestiniens tués dans l'explosion d'un tunnel à la
lisière de Gaza (30.10.2017)
- Par Cyrille Louis
- Publié le 30/10/2017 à 22:39
L'armée israélienne indique
avoir employé «une technologie nouvelle» pour détruire cet ouvrage détecté aux
abords du kibboutz Kissoufim.
Correspondant à Jérusalem
Au moins sept Palestiniens ont
été tués et douze autres blessés lundi en milieu de journée lors de la
destruction à l'explosif d'un tunnel par l'armée israélienne aux abords du
kibboutz Kissoufim, non loin de la frontière avec la bande de Gaza. «Nous avions
détecté cet ouvrage, qui s'étend de Khan Younès jusqu'à l'intérieur du
territoire israélien, il y a déjà quelques temps», a indiqué le
lieutenant-colonel Jonathan Conricus, porte-parole militaire, qui a dénoncé
«une violation grave de notre souveraineté». Le mouvement islamiste Hamas, qui
contrôle la bande de Gaza depuis l'été 2007, a dénoncé «une escalade contre
[notre] peuple et contre la résistance, qui vise à briser notre résilience et
notre unité».
Selon des informations
communiquées par les factions palestiniennes, cinq des victimes étaient membres
de la branche armée du Djihad islamique. L'une d'entre elles, Arafat Abdullah
Abou Morshed, est présentée comme un officier de haut rang qui dirigeait les
activités du groupe dans le centre de la bande de Gaza. Les deux autres tués
étaient affiliés aux brigades Ezzeddine al-Qassam, la branche armée du Hamas.
«L'ennemi sera tenu pour responsable de cette escalade», a prévenu un
communiqué diffusé en fin de journée par l'organisation. «Nous ne souhaitons
pas que la situation s'envenime mais sommes prêts à toutes les configurations»,
a rétorqué Jonathan Conricus. Des batteries anti-missiles «Dôme de fer» ont été
déployées par l'armée israélienne à proximité de l'enclave côtière.
Selon plusieurs médias israéliens
et palestiniens, les services de renseignements égyptiens ont exercé tout
l'après-midi de fortes pressions pour dissuader les groupes armés de répondre à
cet incident d'une gravité sans précédent depuis la guerre de l'été 2014.
Ceux-ci veulent sans doute éviter que le
processus de réconciliation engagé le 17 septembre dernier, sous leur
patronage, entre le Hamas et le Fatah du président Mahmoud Abbas, ne soit
torpillé par ce regain de tension. Le mouvement islamiste doit en principe
confier d'ici mercredi le contrôle des trois points de passage vers Israël et
l'Egypte au gouvernement de l'Autorité palestinienne. Celui-ci doit par la
suite prendre le plein contrôle de la bande de Gaza au plus tard le 1er
décembre.
Le Hamas, dont le nouveau chef
dans l'enclave côtière, Yahya Sinwar, a décidé d'avancer à marche forcée sur la
voie de la réconciliation, traverse actuellement une zone de fortes
turbulences.
Le Hamas, dont le nouveau chef
dans l'enclave côtière, Yahya Sinwar, a décidé d'avancer à marche forcée sur la
voie de la réconciliation, traverse actuellement une zone de fortes
turbulences. Le chef de ses services de sécurité intérieure, Tawfik
Abou Naïm, a été blessé vendredi dernier par un engin explosif de moyenne
puissance placée sur son véhicule. Le mouvement islamiste, pour une fois, n'a
pas d'emblée accusé Israël de cette tentative d'assassinat. Abou Naïm, un
ancien prisonnier libéré par l'Etat hébreu en 2011, est l'un des artisans
visibles du rapprochement entre le Hamas et l'Egypte, que de nombreux militants
salafistes djihadistes dénoncent comme une trahison. Le 17 août dernier, un
membre de la branche militaire du Hamas a été tué par la ceinture d'explosifs
que portait l'un d'entre eux à Rafah, dans le sud de l'enclave, alors que
celui-ci tentait de s'infiltrer clandestinement vers l'Egypte.
Visiblement désireux de ne pas
laisser la situation s'envenimer
Visiblement désireux de ne pas
laisser la situation s'envenimer, le Hamas a affirmé lundi soir que ses hommes
ont été tués alors qu'ils s'étaient engagés dans le tunnel pour porter secours
aux disparus après la première explosion. Cette déclaration vise manifestement
à accréditer l'idée que le mouvement n'a pas participé à la construction de cet
ouvrage offensif - alors même qu'il a par le passé décrit ces galeries comme
l'une des pièces maîtresses de son arsenal. L'armée israélienne, qui affirme
avoir utilisé «une technologie nouvelle» pour neutraliser le tunnel, a pour sa
part indiqué que les victimes ont été tuées par une explosion secondaire. Une
façon de laisser entendre qu'elle n'a pas recherché un aussi lourd bilan.
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Il y a cent ans, la déclaration Balfour ouvrait la porte à la
création d'Israël (30.10.2017)
ENQUÊTE - Le 2 novembre
1917, lord Arthur Balfour, alors ministre des Affaires étrangères de Sa
Majesté, s'engagea à ce que la puissance mandataire appuie de «tous ses
efforts» la création d'un foyer national juif en Palestine. Cette lettre est
considérée comme la pierre fondatrice sur laquelle l'État d'Israël fut édifié
trente et un ans plus tard.
Correspondant à Jérusalem
Le lieu de la cérémonie devrait
être tenu secret jusqu'au dernier moment pour compliquer la tâche d'éventuels
trouble-fête. Quelque 150 convives triés sur le volet, dont les premiers
ministres Theresa May et Benyamin Nétanyahou, seront réunis ce jeudi à Londres
pour célébrer le 100e anniversaire de la déclaration par laquelle lord Arthur
Balfour, alors ministre des Affaires étrangères de Sa Majesté, s'engagea à ce
que son pays appuie de «tous ses efforts» la création d'un foyer national juif
en Palestine. Cette lettre, adressée le 2 novembre 1917 au député
conservateur Lionel Walter Rothschild, est considérée comme la pierre fondatrice
sur laquelle l'État d'Israël fut édifié trente et un ans plus tard.
«Notre pays n'aurait certes pas
vu le jour sans les implantations, les sacrifices et la volonté de se battre
pour lui, mais la déclaration Balfour lui a incontestablement donné un élan sur
le plan international», a résumé dimanche le chef du gouvernement israélien. De
nombreux dirigeants palestiniens, à l'image du premier ministre Rami Hamdallah,
somment au contraire le gouvernement britannique de présenter des excuses pour «une
injustice historique». «La déclaration Balfour est le legs d'un
colonialisme paternaliste et raciste, dénonce Hanan Ashrawi, membre du comité
exécutif de l'OLP, et il est grand temps que la Grande-Bretagne répare ses
torts en reconnaissant enfin les droits des Palestiniens.»
Réflexion sinueuse
Ce court message, dont l'original
tapé à la machine sur un papier jauni est conservé à la British Library, fut
l'aboutissement d'une réflexion sinueuse engagée au début du premier conflit
mondial. L'entrée en guerre de la Turquie aux côtés de l'Allemagne et de
l'Empire austro-hongrois avait d'emblée aiguisé les convoitises de la
Grande-Bretagne et de la France au Moyen-Orient. Redoutant que les Turcs
n'invoquent l'obligation du djihad pour susciter un soulèvement des populations
musulmanes dans leurs colonies d'Égypte et d'Afrique du Nord, les deux pays
s'empressèrent de nouer contact avec les dirigeants arabes de la Syrie et du
Hedjaz. Mais la Grande-Bretagne fut, à ce jeu, la plus entreprenante.
En 1915, le haut-commissaire
britannique au Caire, Henry McMahon, approuva dans une correspondance secrète
avec le chérif de La Mecque, Hussein Ben Ali, la création, sur les
décombres de l'Empire ottoman, d'un califat sous influence britannique. La
France, de son côté, entendait bien préserver ses intérêts en Syrie. Des
négociations confidentielles furent engagées par l'intermédiaire de l'ancien
consul général de France à Beyrouth, François Georges-Picot, et d'un jeune
parlementaire familier de l'Empire ottoman, sir Mark Sykes. L'accord portant
leur nom, signé en mai 1916 avec l'aval de la Russie, prévoyait le partage de
la région en deux zones d'influence - l'une, française, au nord ;
l'autre, britannique, au sud. La Palestine et ses lieux saints, précise le
document, seraient soumis à un contrôle international. Quant aux revendications
sionistes, elles ne furent abordées qu'en marge des négociations.
«L'intuition politique
primordiale de Weizmann - elle sera le moteur de sa réussite - fut de
faire des revendications sionistes un instrument totalement et exclusivement au
service des exigences de la situation britannique dans le monde»
Henry Laurens, historien
Les partisans d'un retour du
peuple juif sur la terre de ses lointains ancêtres, pourtant, n'étaient pas
restés les bras croisés. Tandis que l'armée du chérif, commandée par le prince
Fayçal et conseillée par T. E. Lawrence, se lançait à l'assaut des
Ottomans, l'homme politique Herbert Samuel transmit au gouvernement de Sa
Majesté un mémorandum sur «le futur de la Palestine». Rejetant tout projet
d'internationalisation, il proposait d'y installer 12 millions de Juifs
sous protection de la Couronne. Le chimiste et futur premier président de
l'État d'Israël Chaïm Weizmann, qui dirigeait à l'époque l'Organisation
sioniste mondiale, obtint pour sa part d'être reçu par l'ancien premier
ministre Arthur Balfour. «Son intuition politique primordiale - elle sera
le moteur de sa réussite - fut de faire des revendications sionistes un
instrument totalement et exclusivement au service des exigences de la situation
britannique dans le monde», écrit l'historien Henry Laurens (1).
À court terme, plaident les
dirigeants sionistes, le soutien de la Couronne à leurs projets ne manquera pas
d'éveiller un puissant courant de sympathie parmi les Juifs du monde entier.
Une telle démarche, ajoutent-ils, incitera mécaniquement la communauté juive
américaine à appuyer l'entrée en guerre des États-Unis. Sir Mark Sykes,
architecte d'un partage négocié du Moyen-Orient, se laisse séduire par leur
vision. Le gouvernement britannique, sur le point de lancer l'offensive
militaire contre la Palestine, décide d'en prendre le contrôle. Les Français,
fait-on observer, auront bien de quoi se consoler avec la Syrie. Quant aux
Arabes, ils pourront exercer leur souveraineté sur d'immenses étendues
désertiques…
Premières violences en 1920
Chaïm Weizmann, cependant,
affronte une rébellion au sein même de la communauté juive britannique.
L'entreprise sioniste, dénonce le Conjoint Committee, menace de jeter un doute
sur la loyauté des Juifs vivant dans la diaspora et donc de remettre en cause
leur assimilation. La Palestine, ajoutent ces détracteurs, est à la fois trop
petite et trop pauvre pour accueillir une immigration de masse sans que
celle-ci ne suscite des tensions avec la population arabe locale. L'argument
pousse les sionistes à modérer leurs prétentions.
Plutôt que d'approuver
explicitement la création d'un État juif, la déclaration Balfour indique que
«le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l'établissement en
Palestine d'un foyer national pour le peuple juif et emploiera tous ses efforts
pour faciliter la réalisation de cet objectif». Il précise que «rien ne sera
fait qui puisse porter atteinte soit aux droits civils et religieux des
collectivités non juives existant en Palestine, soit aux droits et au statut
politiques dont les Juifs disposent dans tout autre pays». L'essentiel, aux
yeux de Weizmann, est acquis. Vingt ans après la tenue du premier congrès
sioniste à Bâle, le projet imaginé par Theodor Herzl peut se prévaloir du
soutien d'une grande puissance.
Des aspirations
«irréconciliables»
Les inquiétudes arabes, d'abord
étouffées par les combats en cours, se débrident dès que l'armée britannique
prend le contrôle de Jérusalem. La déclaration Balfour, aussitôt publiée par la
presse britannique, suscite l'incompréhension des intellectuels qui animent
alors un nationalisme balbutiant. On réclame un moratoire sur les ventes de
terres, on proteste contre un projet d'achat par les sionistes du mur des
Lamentations - que les musulmans voient comme une partie intégrante de
l'esplanade des Mosquées. Les premières violences éclatent en 1920.
L'inscription, deux ans plus tard, de la déclaration Balfour dans la charte du
Mandat britannique renforce les craintes des Arabes.
En 1929, l'installation d'un panneau
en bois destiné à séparer hommes et femmes au pied du mur des Lamentations
fournit le prétexte au déclenchement de violentes émeutes à Jérusalem, et
surtout à Hébron, où 67 Juifs sont tués par la foule. L'intensification,
dans les années suivantes, de l'immigration juive, accroît encore la défiance.
Les aspirations des sionistes et des Arabes de Palestine sont
«irréconciliables», admet en 1937 la commission chargée de faire la lumière sur
la violente révolte qui a éclaté l'année précédente. Mais il faudra encore
attendre dix ans avant que l'ONU ne vote le «plan de partage» de la Palestine
en deux États, et que n'éclate une guerre au cours de laquelle 700.000
Palestiniens seront contraints à l'exil.
«Le fait que les Palestiniens
aient reconnu Israël ne leur suffit pas. Ils voudraient que nous devenions
sionistes et ne supportent pas d'entendre que la création de leur État fut
notre tragédie»
Hanan Ashrawi. membre du comité
exécutif de l'OLP
Un siècle après la signature de
la déclaration Balfour, les historiens n'ont pas fini de débattre sur les
ambiguïtés de sa formulation. Le texte constitue-t-il une trahison flagrante
des engagements pris en 1915 vis-à-vis du chérif Hussein? Portait-il en germe
une injustice historique et condamnait-il Juifs et Arabes à un interminable
conflit, comme le soutiennent ses contempteurs? «Cette terre comptait alors
700.000 Palestiniens pour seulement 60.000 Juifs, rappelle Hanan Ashrawi.
Pourtant, la lettre de lord Balfour ne nous mentionne que de façon négative et
ne nous reconnaît aucun droit politique.» En Grande-Bretagne, une campagne
appelant le gouvernement à présenter ses excuses pour cet acte fondateur a
récemment recueilli plus de 13.000 signatures.
«Nous sommes fiers de notre rôle
dans la création de l'État d'Israël», a cependant balayé un communiqué
officiel, précisant que «l'établissement d'un foyer pour le peuple juif sur la
terre avec laquelle ils ont des liens historiques et religieux d'une telle
force était une chose juste». Lundi soir, le ministre des Affaires étrangères,
Boris Johnson, s'est montré plus nuancé, en admettant que «le projet vital de
la déclaration Balfour, qui consistait à préserver les autres communautés, n'a
pas été pleinement mis en œuvre». En Israël, plusieurs voix ont dénoncé la
tonalité «antisémite» de la campagne palestinienne contre le texte. «Le fait
que les Palestiniens aient reconnu Israël ne leur suffit pas, sourit tristement
Hanan Ashrawi. Ils voudraient que nous devenions sionistes et ne supportent pas
d'entendre que la création de leur État fut notre grande tragédie.»
(1) «La Question de
Palestine», tome I, Fayard.
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En Syrie, la famine ronge la région de la Ghouta (30.10.2017)
VIDÉO - Frappée en 2013 par un
bombardement au gaz sarin, cette zone rebelle située près de Damas est toujours
assiégée par le régime syrien. Ce lundi, un convoi d'aide humanitaire a pu
pénétrer dans le secteur.
Correspondante à Istanbul
- Crédits photo : LE FIGARO
Un épais nuage de poussière. Le
staccato des armes. Puis, ces regards affolés d'enfants fuyant les tirs de
mortier s'abattant sur leur école. Encore une vidéo de désolation, extirpée des
entrailles de la guerre syrienne. Sauf que la scène se déroule ce dimanche à
Kafr Batna, village rebelle de la Ghouta orientale assiégée depuis 2013 par le
régime de Damas, un jour avant la reprise, ce lundi, des
pourparlers de paix sur la Syrie dans la ville d'Astana, la capitale
du Kazakhstan. “C'est une tactique délibérée du régime syrien pour dire aux
derniers opposants: si vous n'acceptez pas nos conditions, vous êtes morts”, se
désole un opposant, réfugié en Turquie, sous couvert de l'anonymat. Le septième
round de ces négociations, parrainées par la Russie et l'Iran (alliés de Damas)
ainsi que la Turquie (soutien des rebelles), qui ont abouti à la mise en place
de zones de désescalade dans plusieurs régions du pays, vise - en marge des
discussions de Genève - à mettre fin à un conflit qui a fait plus de 330.000
morts et des millions de déplacés et réfugiés en six ans. “En réalité, ces
prétendues discussions ne font qu'ensanglanter encore plus le pays, en imposant
de force de nouvelles règles du jeu, tout en fermant les yeux sur la crise
humanitaire qu'elles sont censées résoudre”, poursuit le dissident.
«La privation délibérée de
nourriture comme méthode de guerre constitue une violation claire du droit
humanitaire internationale»
Zeid Ra'ad Zeid Al-Hussein, Haut
Commissaire aux Droits de l'homme
Nourrissons squelettiques
Selon Sarraj Mahmoud, le
porte-parole des Casques Blancs, la défense civile syrienne, dans la banlieue
damascène, “les forces prorégime ont délibérément visé des zones civiles de la
Ghouta, ce dimanche, en menant des tirs d'artillerie sur les localités de Hamouriya,
Sabka et Kafr Batna”. Joint via WhatsApp, il ajoute que “le bilan s'élève à
douze morts, dont deux femmes et un enfant”. Cette nouvelle tragédie se greffe
à une autre forme de violence, moins visible, mais encore plus sournoise: celle
de la pression par la faim, comme l'ont déjà connu les anciennes villes
assiégées de Madaya ou encore Daraya. Faute d'accès à l'aide humanitaire
constamment bloquée par les forces prorégime, les quelque 400.000 habitants de
la Ghouta, déjà frappée en août 2013 par un bombardement chimique, au gaz
sarin, manquent de vivres et de médicaments. Selon l'Unicef, les cas de
malnutrition ont drastiquement augmenté ces trois derniers mois, mettant en
danger la vie de nombreux nourrissons comme cette petite syrienne squelettique
de quelques jours, décédée la semaine passée, et dont la photo a inondé les
réseaux sociaux. “La privation délibérée de nourriture comme méthode de guerre
constitue une violation claire du droit humanitaire internationale”, a réagi
vendredi le Haut Commissaire aux Droits de l'homme, Zeid Ra'ad Zeid Al-Hussein.
Mais pour l'opposant syrien précité, “les mots ne suffisent pas. Nous attendons
des actes”. “Tant qu'Assad continuera à avoir l'impression d'agir en toute
impunité, avec l'entier soutien de Téhéran et de Moscou, et face à l'apathie
occidentale, la liste des morts de la Ghouta ne fera que s'allonger dans la
plus grande indifférence”, dit-il.
Ce lundi, 49
camions transportant de l'aide humanitaire ont pu enfin entrer dans la Ghouta
orientale. L'ONU et le Croissant rouge ont affirmé que ce convoi de
nourriture et des médicaments est destiné à 40.000 personnes .Le précédent
acheminement remonte à la fin septembre.
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Enquête russe : selon Facebook, un Américain sur 3 exposé à
un contenu de propagande (31.10.2017)
- Par Le
figaro.fr
- Publié le 31/10/2017 à 12:19
Le réseau social reconnaît
qu'il a sous-estimé l'ampleur de l'exposition des Américains aux publications
de messages politiques par des acteurs russes afin d'influencer le débat
politique aux États-Unis.
Au début du mois, Facebook
estimait à 10 millions le nombre d'Américains exposés aux publicités à
caractère politique achetées en Russie dans les mois qui ont précédé et suivi
l'élection présidentielle de novembre 2016.
Dans un dossier remis au Congrès,
à quelques jours de son audition devant la commission parlementaire du Sénat le
1er novembre, le réseau social affirme désormais que près de 80.000 messages
politiques ont été publiés sur Facebook entre juin 2015 et août dernier par des
acteurs russes afin d'influencer le débat. Par le jeu des partages, des
commentaires et des mentions «j'aime» , ces messages auraient été vus par
quelque 126 millions d'Américains. C'est donc la moitié de la population
électorale qui a pu être exposée. Début
octobre, il avait remis au Congrès les copies de 3000 publicités russes.
Selon Facebook, ces contenus
sponsorisés («ads») étaient financés par près de 500 comptes liés à des acteurs
russes et en particulier par une entité appelée «Internet Research Agency» ,
destinée à diffuser des messages sur les réseaux sociaux via de faux comptes
d'utilisateurs. Ces messages auraient servi à manipuler l'opinion,
principalement en attisant les clivages idéologiques au sein de la société
américaine.
«Preuves de tentatives de
détournement de nos plateformes»
Outre les «ads», Facebook a
relevé que cet organisme, basé à Saint-Pétersbourg, avait également diffusé des
contenus non-payants -des «posts» traditionnels- qui ont atteint un nombre
beaucoup plus important d'utilisateurs, selon le témoignage écrit préparé par
Facebook en vue de ses auditions au Congrès, et cité par le Wall Street Journal
et le Washington Post lundi.
Sur
son blog , Google a reconnu lundi, pour la première fois
officiellement, avoir également détecté des dépenses publicitaires liées à
Moscou de l'ordre de 4.700 dollars pendant le cycle électoral 2016. «Nous avons
trouvé des preuves de tentatives de détournement de nos plateformes pendant
l'élection américaine de 2016 par des acteurs liés à l'Internet Research Agency
en Russie», écrit Google, qui parle «d'activité limitée» sur le moteur de
recherche et sa plateforme vidéo YouTube. Il a annoncé la construction d'une
base de données sur les publicités liées à l'élection.
Dans la ligne de mire du
Congrès américain
De son côté, selon une source
proche du dossier, Twitter a identifié 36.746 comptes (soit 0,012% du nombre
total de ses comptes ) apparemment liés à un compte russe et ayant «généré de
façon automatisée des contenus liés à l'élection» dans les trois mois précédant
le scrutin. Ces comptes ont diffusé environ 1,4 million de tweets liés à
l'élection, qui ont produit 288 millions d'interactions sur le réseau
(réponses, etc...).
Facebook, Twitter et Google sont
dans la ligne de mire du Congrès américain, qui enquête sur une possible
ingérence russe dans la campagne qui a mené à la victoire de Donald Trump et
qui considère que les réseaux sociaux ont servi de plateformes pour de la
propagande venue de Russie.
Cette question de l'ingérence de
la Russie dans la campagne américaine donne lieu à diverses enquêtes au Congrès
et par un procureur spécial, Robert Mueller. Ce dernier a mis en cause lundi
pour la première fois trois personnes, dont l'ancien
directeur de campagne de Donald Trump Paul Manafort.
(Avec Reuters)
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Cette nouvelle vague populiste qui secoue la Vieille Europe
(30.10.2017)
INFOGRAPHIE - Les législatives
allemandes, autrichiennes et tchèques ont été marquées par la progression des
partis hostiles à l'immigration et aux ordres de Bruxelles. Partout la colère
gronde contre les élites.
La vague de rébellions populaires
anti-immigration, anti-élites et antiglobalisation qui souffle sur l'Occident
n'est pas près de s'arrêter, si l'on en juge par les résultats des scrutins qui
se sont tenus en Europe ces dernières semaines, successivement en Allemagne,
Autriche et République tchèque. Après la sidération suscitée par le Brexit en
Grande-Bretagne en juin 2016, puis l'élection fracassante de Donald Trump
à la présidence des États-Unis, les élites occidentales, avides de «bonnes
nouvelles», s'étaient hâtées, au printemps, de lire dans la victoire d'Emmanuel
Macron face à Marine Le Pen le signe d'un «reflux de la vague populiste».
Elles avaient envie d'oublier le
fait que les scores cumulés de Le Pen et de Mélenchon avaient donné plus de
43 % des voix à des candidats antisystème, réalité chiffrée têtue qui
montrait bien qu'Emmanuel Macron, lui-même représentant de l'élite, mais décidé
à révolutionner tout le système politique, n'avait fait que détourner la
révolte. Le score plus modeste qu'attendu du mouvement anti-immigration
de Geert Wilders aux Pays-Bas, arrivé en deuxième position, fut également
perçu comme un signal du reflux, de même que l'échec - pourtant de justesse!
- du candidat de l'extrême droite autrichienne, Norbert Hofer, à
arracher la présidence en Autriche. Du coup, beaucoup de journaux
multiplièrent les titres sur «le coup d'arrêt» porté au «populisme» européen,
terme vague et fourre-tout désormais utilisé pour qualifier la colère
populaire.
«La réalité est que la vague
qui traverse l'Occident, loin d'être une fièvre, est le signe d'un changement
de monde»
Joshua Mitchell , professeur de
théorie politique
Loin d'insister sur la révolte
identitaire profonde qui se manifestait, le Brexit fut interprété comme un nouveau
coup de traître de la perfide Albion qui, au fond, n'avait jamais voulu de
l'Europe. Le même prisme nourrit les analyses de l'élection de 2016 chez les
démocrates américains, qui persistent à voir dans «l'ouragan Donald» le coup de
force illégitime d'un seul homme ; sans réaliser que l'arbre Trump cache
la forêt d'une rébellion trumpienne toujours bien vivante. «La réalité est que
la vague qui traverse l'Occident, loin d'être une fièvre, est le signe d'un
changement de monde», confiait le professeur de théorie politique Joshua
Mitchell cet été, préoccupé par la dérive potentielle de cette rébellion vers
une «forme de nationalisme ethnique» en Europe, si elle n'appelle pas de
réponse concrète. Mais laquelle? C'est la question qui mine le continent.
En s'imposant comme la troisième
force du Bundestag avec un score de 13 %, l'Alliance pour la démocratie (AfD) allemande a fait exploser
en septembre les espoirs d'un reflux. Même l'Allemagne, si longtemps
«sanctuarisée», en raison du passé nazi, n'échappe plus à la rébellion
identitaire. La vague migratoire de 2015, et le choix imprudent d'Angela Merkel
de laisser les frontières grandes ouvertes ont pesé lourd. En Autriche, début
octobre, c'est le jeune leader du parti conservateur Sébastian Kurz qui a raflé la mise, essentiellement parce
qu'il a su aller chercher des électeurs sur les terres du FPÖ, situé à
l'extrême droite, en reprenant l'essentiel de ses slogans anti-immigration. Le
FPÖ engrange lui-même un score de 26 % des voix et pourrait rejoindre la
coalition gouvernementale. En République tchèque, le milliardaire Andrej Babis a gagné les législatives en
se présentant comme un entrepreneur hors système capable de lutter contre la
corruption et les «ordres» de Bruxelles sur la question des réfugiés.
«La vague populiste est loin
d'être arrêtée, l'agenda de l'extrême droite est en réalité repris par les
partis traditionnels»
Ruth Wodak, professeure à
l'université de Vienne
Dans des pays traditionnellement
accueillants, comme la Suède ou le Danemark, la mouvance anti-immigration se
porte aussi très bien. «La vague populiste est loin d'être arrêtée, l'agenda de
l'extrême droite est en réalité repris par les partis traditionnels», constate
Ruth Wodak, professeure à l'université de Vienne.
Les observateurs occidentaux ont
tous souligné les similarités du récent coup de sang populiste tchèque avec les
cas hongrois et polonais. De la Hongrie de Viktor Orban, à la Pologne du parti
Droit et justice (PiS), une «révolte» des pays du groupe de Visegrad, monte
sourdement contre Bruxelles. Elle est dopée par la peur du multiculturalisme et
une forme de désaffection de la démocratie. Ce n'est pas surprenant, dit Wodak:
«Dans ces pays et l'ex-RDA, qui a voté massivement pour le parti
anti-immigration AfD, il n'y a pas eu de travail de mémoire sur le
totalitarisme nazi, les peuples sont donc plus enclins au nationalisme.»
Partout, les classes
populaires «en insécurité culturelle », expriment leur peur de perdre leur
identité et exigent des frontières renforcées
Il serait trompeur d'en déduire
toutefois que le nouveau schisme sera un schisme Est-Ouest, reconnaît-elle. Car
la vague de colère transcende les divisions géographiques. À l'Est comme à
l'Ouest, c'est une division verticale opposant élites libérales et classes
populaires et moyennes qui se creuse. Le thème des «deux pays», celui des
centres urbains inscrits dans la globalisation et des «pays périphériques» -
qui a dominé l'élection américaine - est omniprésent. Partout, les classes
populaires «en insécurité culturelle», pour reprendre la formule du géographe
Christophe Guilluy, expriment leur peur de perdre leur identité et exigent des
frontières renforcées. Partout, elles dénoncent «l'impuissance» du pouvoir.
La politique de Macron «pas
sans risque»
Jusqu'ici, la réaction des élites
européennes avait surtout consisté à diaboliser les «populistes» et à présenter
toute remise en cause du principe des frontières ouvertes comme l'expression
d'une «dérive nativiste» dangereuse, position qui a fait le miel de l'extrême
droite, lui laissant un quasi-monopole sur les thématiques d'identité
nationale. Mais la nouvelle tendance semble être de prendre ces questions au
sérieux. «L'Europe, constate l'intellectuel Benjamin Haddad, dans The
American Interest, est devenue un laboratoire des réponses à apporter à la
vague populiste.» Emmanuel Macron, poursuit-il, a décidé de formuler une
politique libérale et proeuropéenne, approche «qui n'est pas sans risque» car
«en rapprochant le centre droit et le centre gauche, il consacre les extrêmes
comme la seule vraie opposition». Le président français a aussi durci son
discours sur les questions d'immigration et de sécurité.
En cette période de division
extrême, la recherche de nuances et de positions pragmatiques intermédiaires
devient un impératif politique
Mais une autre approche, incarnée
par l'Autrichien Sebastian Kurz, cherche à répondre plus directement aux
préoccupations de l‘extrême droite tout en refusant le racisme et
l'euroscepticisme ouvert, note Haddad, qui se demande si «la route étroite» que
le nouveau leader de l'Autriche veut dessiner, «en s'insurgeant contre la
politique de l'UE sur les réfugiés sans pour autant abandonner Schengen»,
pourrait fonctionner. Kurz a appelé à la mise sur pied de bataillons européens
chargés de sécuriser la frontière extérieure. Benjamin Haddad évoque sa
stratégie d'intégration des réfugiés et son rôle dans la mise en place d'une
loi qui a imposé un cadre à la fois protecteur et contraignant pour l'islam
autrichien.
La démarche ne rassure pas Ruth
Wodak, qui voit chez Kurz un alignement sur l'extrême droite «dangereux».
Haddad reconnaît que le jeune chancelier «a une marge de manœuvre étroite» et
que les risques sont réels, comme l'a, écrit-il, expérimenté David Cameron, qui
en voulant marginaliser le parti antieuropéen et anti-immigration Ukip, a de
fait précipité le Brexit. Mais il apparaît désormais impossible de ne laisser
au peuple qu'un choix binaire entre le camp des frontières ouvertes et celui de
l'extrême droite, semble plaider Haddad. En cette période de division extrême,
la recherche de nuances et de positions pragmatiques intermédiaires devient un
impératif politique.
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Un algorithme est parvenu à identifier des personnes aux
idées suicidaires (31.10.2017)
- Par Cécile Thibert
- Publié le 31/10/2017 à 09:02
L’ordinateur a également
réussi à distinguer du groupe les personnes ayant tenté de mettre fin à leurs
jours.
Cela ressemble à un scénario de
science-fiction. Des chercheurs du département de psychologie de l’Université
Carnegie Mellon à Pittsburgh (Etats-Unis) ont mis au point un algorithme
capable d’identifier, dans 90% des cas, les personnes ayant des idées
suicidaires. Et ce n’est pas tout. La machine a également réussi à repérer, au
sein du groupe, celles ayant déjà fait une tentative de suicide. Ces résultats déconcertants ont été publiés le 30
octobre dans la revue Nature Human Behavior.
En pratique, les chercheurs ont
enrôlé 17 jeunes adultes âgés de 18 à 30 ans, ayant récemment fait part de
leurs idées suicidaires à leur psychologue. Dans le même temps, ils ont proposé
à 17 autres personnes en bonne santé mentale («neurotypiques») de participer à
l’étude. Ils ont ensuite fait passer à chacun des 34 participants une IRMfonctionnelle (imagerie par résonance magnétique). Cet
examen - qui ne présente aucun danger car il n’utilise pas de rayons X — permet
d’explorer en direct l’activité cérébrale, par le biais de l’observation de
l’afflux de sang oxygéné.
Une fois dans l’appareil d’IRM -
sorte de tube de deux mètres de long - les participants ont vu s’afficher sur
un écran 30 mots les uns à la suite des autres. Certains mots étaient positifs
(«insouciance», «vitalité», «gentillesse»,...), d’autres négatifs («cruauté»,
«inquiet», «obscurité»,...) et 10 mots étaient spécifiquement associés au
suicide et à la mort («sans espoir», «funèbre», «désespéré»). Les chercheurs
ont alors demandé aux participants de réfléchir à chaque mot tandis que, dans
le même temps, ils observaient les parties du cerveau en action.
Repérer les passages à l'acte
Toutes les images obtenues par
IRM fonctionnelle ont ensuite été fournies à un algorithme. Pour chaque mot,
les chercheurs ont indiqué à l’ordinateur si les images appartenaient aux
personnes ayant des idées suicidaires ou à celles en bonne santé. Ils lui ont
ensuite soumis des images qu’il ne connaissait pas et lui ont demandé de
«classer» les personnes. Dans 91% des cas, l’algorithme ne s’est pas trompé.
Les scientifiques ont alors voulu mettre la machine à l’épreuve en lui
présentant les images des cerveaux de 21 personnes ayant des idées suicidaires,
qui avaient été exclues de l’analyse en raison de leur mauvaise qualité. Là
encore, l’algorithme a réussi à détecter ces personnes dans 87% des cas.
Les chercheurs se sont ensuite
uniquement intéressés aux patients suicidaires, qu’ils ont séparés en deux
groupes: ceux ayant tenté de se suicider (9 patients) et ceux qui ne l’avaient
pas fait (8 patients). Dans 94% des cas, l’algorithme a réussi à reconnaître
ceux qui avaient tenté de mettre fin à leurs jours.
En 2016, des chercheurs de
l’université de Cincinnati avaient développé un algorithme capable de détecter les idées suicidaires à
partir de l’analyse conjuguée des données verbales et acoustiques.
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Signature de la loi antiterroriste : l'absence de Belloubet
fait polémique (31.10.2017)
- Par Arthur Berdah
- Mis à jour le 31/10/2017 à 13:06
- Publié le 31/10/2017 à 11:48
LE SCAN POLITIQUE - Selon
l'ex-garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas, «l'Histoire retiendra qu'une loi
modifiant le Code de procédure pénale» a été lancée sans l'actuelle ministre de
la Justice qui, en retour, dénonce une «polémique politique».
La sortie de l'état d'urgence
signe-t-elle le retour de l'État de droit? À entendre l'aile gauche de
l'opposition, la réponse est non. En effet, la fin de ce dispositif
exceptionnel - qui sera effective mercredi à minuit -, et son remplacement par la nouvelle loi antiterroriste -
qui modifie le droit commun -, inquiète plusieurs élus écologistes,
socialistes, ou de La France Insoumise. Tous dénoncent une restriction des
libertés publiques et préviennent contre les risques d'une dérive sécuritaire.
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perquisitions, 625 armes saisies: le bilan de l'état d'urgence
D'autres, comme l'ancien Garde
des Sceaux Jean-Jacques Urvoas, préfèrent s'attarder sur la manière dont a été
promulguée la nouvelle loi... Et notamment l'absence de la ministre de la
Justice, Nicole Belloubet, qui n'a pas assisté à la très médiatique signature
du texte, mise en scène par Emmanuel Macron lundi après-midi. «L'Histoire
retiendra qu'une loi modifiant le Code de procédure pénale fut signée par le
chef de l'État en présence que du ministre de l'Intérieur», a asséné Urvoas
sur Twitter.
Même réprobation de la part de la
sénatrice PS de Paris, Marie-Pierre de la Gontrie, qui s'est elle aussi
insurgée de cette absence. «La garde des Sceaux s'excuse, il n'y avait plus de
place à la table, c'est ballot», a-t-elle ironisé sur le réseau social. «Signature d'une loi de procédure pénale
sans la ministre de la justice...», a quant à lui relevé l'ancien député écologiste des Français de
l'étranger, Sergio Coronado, joignant le hashtag («mot-dièse»,
ndlr) «#justiceécartée» à son message.
Invitée de Public Sénat ce mardi matin, Nicole Belloubet a tenu à
répondre aux critiques. «Là, nous sommes dans l'ordre de la polémique
politique», a-t-elle regretté. «Je le respecte et j'ai beaucoup d'amitié pour
mon anté-prédécesseur (Jean-Jacques Urvoas, ndlr) mais je crois que ce n'est
pas tout à fait la réalité. Je le dis ici clairement: lorsqu'il y a besoin du juge, le juge a été introduit. Et
j'en serai vraiment la garante et j'en garantis le respect», a-t-elle promis
sur la chaîne parlementaire.
Lundi, le double-symbole de
l'absence de Nicole Belloubet (Justice) et de la présence de Gérard Collomb
(Intérieur) lors de la signature de la loi antiterroriste a renvoyé aux traditionnelles
oppositions et frictions entre la police et la justice. Sous le quinquennat de
François Hollande, cette opposition s'était par exemple cristallisée autour de
l'affrontement entre le ministre de l'Intérieur Manuel Valls, jugé
ultra-sécuritaire, et la ministre de la Justice, Christiane Taubira, étrillée
par ses adversaires pour son laxisme supposé.
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Joggeuse disparue : un corps «brûlé» a été retrouvé
(30.10.2017)
- Par Esther
Paolini AFP, Reuters Agences
- Mis à jour le 31/10/2017 à 13:10
- Publié le 30/10/2017 à 08:51
VIDÉO - Alexia Daval a disparu
samedi matin alors qu'elle faisait son jogging sur les rives de la Saône.
Lundi, un corps «volontairement brûlé» a été découvert à proximité. Une enquête
pour assassinat a été ouverte. L'autopsie aura lieu jeudi.
Un corps brûlé a été découvert
lundi après-midi dans un bois isolé, à plusieurs kilomètres du parcours de
footing habituel d'Alexia Daval, 29 ans, disparue samedi à Gray (Haute-Saône).
Seule une autopsie permettra son identification: «Il est trop tôt pour affirmer
qu'il s'(agit) bien d'Alexia» Daval, a précisé le procureur de Vesoul, Emmanuel
Dupic, alors qu'une
enquête a été ouverte pour assassinat.
Depuis, la scène de crime est
«gelée». Les enquêteurs de la gendarmerie et les techniciens en investigation
criminelle s'affairent dans le bois de Velet, aidés de trois drones. Les
appareils ont été mobilisés «pour permettre, vu du ciel, d'identifier des
éléments qui seraient lointains et peu visibles pour un observateur au niveau
du sol», a expliqué le commandant de gendarmerie de Haute-Saône, Jean-Michel
Blaudez.
«Le corps découvert est celui
d'un individu plutôt jeune (...) L'identification sera certaine avec l'autopsie
jeudi», a souligné le magistrat, qui a reçu les parents de la jeune femme en
début de soirée lundi, avant de confirmer la macabre découverte. «Il n'y a
aucun suspect à ce stade de l'enquête. Elle va être compliquée et longue»,
a-t-il estimé.
Velet, commune limitrophe de
Gray-la-Ville où vivait Alexia, est située à «plusieurs kilomètres de
l'itinéraire habituel» de course de la joggeuse, a précisé Jean-Michel Blaudez.
Le corps retrouvé grâce à un «ratissage méthodique (...) a été brûlé sur
place», expliquant le choix du bois, «assez isolé», selon le magistrat.
«On n'est jamais à l'abri d'un
acte isolé»
Depuis lundi, la piste d'un
enlèvement était privilégiée et une issue fatale était redoutée. «Les investigations,
très minutieuses, n'accréditent pas du tout la thèse de l'accident, donc on est
obligé de penser à quelque chose de plus grave», avait reconnu le procureur,
ouvrant une information judiciaire pour «enlèvement et séquestration», avant la
découverte du corps.
Alexia Daval avait quitté son
domicile de Gray-la-Ville samedi vers 9 heures pour aller courir. N'ayant pas
vu revenir son épouse, partie sans son téléphone, son mari avait prévenu vers
midi les gendarmes. Au moment de sa disparition, la jeune femme blonde portait
des lunettes rouges. Elle était vêtue d'une tenue de sport composée d'un short
noir, d'un gilet rouge et de baskets roses.
» LIRE AUSSI - Franche-Comté: appel à témoins pour retrouver une
joggeuse
La mère de la jeune femme,
Isabelle Fouillot, espérait que sa fille soit retrouvée vivante, tout en
avouant redouter le pire. «Je pense qu'elle a été enlevée. Quelqu'un la retient
ou s'est débarrassé d'elle et on va retrouver son corps», avait-elle confié lundi
à la mi-journée. Employée de banque et mariée depuis deux ans, Alexia Daval
n'avait «aucun problème particulier», selon le procureur. Ses parents sont très
connus dans le secteur de Gray où ils tiennent un café PMU et où sa mère est
conseillère municipale.
Parents, amis, riverains, près de
400 personnes ont bravé le vent froid dimanche et lundi, pendant plusieurs
heures pour pratiquer des battues sur les différents chemins empruntés
habituellement par la jeune femme lors de ses jogging. «Le parcours qu'empruntait
Alexia est très fréquenté. Beaucoup de gens marchent et courent à cet endroit
et il n'y a jamais eu de problèmes. Alexia ne s'est pas mise en danger. Mais on
n'est jamais à l'abri d'un acte isolé», a reconnu Christophe Laurençot, maire
de Gray, commune de 5000 habitants.
Harcelée par téléphone?
Tout en souhaitant éviter la
psychose, l'édile s'est dit «très inquiet» à l'idée qu'«un criminel en cavale»
puisse se trouver dans les environs de sa commune. Et les rumeurs se
multiplient depuis la disparition. L'une fait état d'une fourgonnette blanche
dont le conducteur aurait abordé de manière agressive des jeunes filles dans le
secteur de Gray. «Il y a énormément de rumeurs publiques comme c'est le cas
dans ce genre de dossiers», met en garde le procureur. «Tout sera vérifié». De
son côté, la mère de la disparue a indiqué lundi à l'Agence France-Presse
qu'Alexia Duval était «harcelée» téléphoniquement depuis plusieurs mois par un
jeune homme. Un élément en cours de vérification par les enquêteurs.
Un numéro a été mis en place:
03.84.65.11.45. Le procureur rappelle que les enquêteurs ont «besoin de
tous les témoignages». «Même quelque chose qui peut paraître insignifiant à
Gray», a-t-il souligné.
À la Cinémathèque, Polanski dénonce les «zinzins» qui voudraient
détruire son œuvre (30.10.2017)
- Par Titouan
Gourlin
- Mis à jour le 31/10/2017 à 07:46
- Publié le 30/10/2017 à 20:57
NOUS Y ÉTIONS - Quelques
dizaines de manifestants ont protesté lundi contre l'hommage que l'institution
parisienne consacre au cinéaste franco-polonais, accusé de viol sur mineurs.
Des activistes que le réalisateur a comparés aux nazis qui détruisaient les
livres dans les années 1930.
Une quarantaine de personnes a
répondu à l'appel des collectifs de féministes qui entendent protester, lundi
soir, contre la programmation d'une rétrospective consacrée à Roman Polanski à
la Cinémathèque de Paris. Scandant «extradition pour Polanski», les
manifestants se sont retrouvés sous des drapeaux Osez le féminisme, nom de
l'association à l'origine du rassemblement.
Quelques pancartes précisent leurs
griefs. «Si violer est un art, donnez à Polanski tous les César», indique l'une
d'elle. Une autre est brandie par Voltuan, une figure connue des
manifestations. Sur son panneau blanc aux grandes lettres colorées, on peut
lire «stop sexual assault against women»: «arrêtez le harcèlement sexuel contre
les femmes». L'activiste a ajouté un «girls» en surimpression de «women», pour
les jeunes filles. Le tout est accompagné du hashtag #Wetootogether.
À l'intérieur de la Cinémathèque,
où la soirée d'inauguration de la rétrospective se prépare, les invités sont
parfois interloqués, souvent indifférents. Le directeur de l'institution,
Frédéric Bonnaud est lui manifestement tendu et crispé. Il se glisse dans le
hall en coup de vent pour accueillir Anne Sinclair, avant de filer en coulisse.
Roman Polanski est bien là.
«Merci ce soir d'être ici», lance-t-il simplement à l'assistance où l'on
reconnaît son scénariste Olivier Assayas, le compositeur Alexandre Desplat et
la comédienne Emmanuelle Seigner. Polanski souligne à dessein le travail de
conservation «de tous les films» de la Cinémathèque. Puis se lance dans un
parallèle entre la situation actuelle et les destructions les livres organisées
par les nazis. «Avant on pouvait brûler les livres, comme Hitler», lance-t-il
en évoquant les «pellicules en nitrate» hautement inflammable. Le réalisateur
s'estime heureux qu'«aujourd'hui avec le tout numérique, on passe d'un support
à l'autre en dépit de certains zinzins».
Olivier Assayas prend à son tour
la parole. «Admirateur depuis l'adolescence» du travail de Roman Polanski, il
explique avoir été très heureux de travailler avec lui. Puis, le film est
projeté sans autre forme de procès.
Dehors, autre ambiance. «À ceux
qui veulent protéger les agresseurs, les femmes leur disent résistance»,
lancent les militants et militantes, encouragés par un mégaphone. Autour d'eux,
les journalistes sont presque aussi nombreux. «Un procès pour Polanski
maintenant», entend-on encore. Quand des invités sortent de la Cinémathèque,
ils sont hués au cri de «public complice». Mais le calme retombe toujours très
vite.
Malgré les appels des collectifs,
la Cinémathèque avait annoncé la semaine dernière qu'elle maintiendrait la
manifestation et notamment sa soirée de lancement à l'occasion de laquelle
Roman Polanski était attendu pour présenter son dernier film, D'après
une histoire vraie, avec Emmanuelle Seigner et Eva Green. La rétrospective
est prévue pour durer jusqu'au 25 novembre. Et ce qu'importent les appels à manifester et les protestations des
collectifs de défense des droits des femmes comme Osez le Féminisme qui
invoquent les accusations d'agressions sexuelles à l'encontre du cinéaste pour
tenter de faire annuler l'événement.
Les premières accusations datent
de 1977. Roman Polanski avait plaidé coupable «pour attouchements sexuels sur
une mineure de 13 ans». Après une incarcération de 47 jours suivie d'une
libération sous caution, le réalisateur avait fui les États-Unis en découvrant
qu'il risquait une peine de prison de cinquante ans. Le cinéaste, aujourd'hui
âgé de 84 ans, ne remettra plus les pieds sur le territoire américain. En 2009,
après la sortie du documentaire Roman Polanski: Wanted and Desired, l'affaire
rebondit. Les autorités suisses placent Roman Polanski en résidence surveillée
pendant 10 mois, mais finissent par refuser de l'extrader vers les
États-Unis.
En 2010, l'actrice britannique
Charlotte Lewis avait déclaré que le réalisateur l'avait forcée à avoir une
relation sexuelle lorsqu'elle avait 16 ans. Une troisième femme a accusé en
août dernier le réalisateur d'agression sexuelle lorsqu'elle avait tout juste
16 ans, en 1973. Des accusations portées au nombre de quatre, début octobre,
alors que le cinéaste a été à nouveau accusé d'un viol sur mineure datant des
années 1970 par une artiste californienne.
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l'indignatio
32 attentats déjoués, 4457 perquisitions, 625 armes saisies :
le bilan de l'état d'urgence (31.10.2017)
- Par Alicia Paulet
- Publié le 31/10/2017 à 11:43
Mis en place au lendemain des
attentats du 13 novembre 2015, le dispositif de sécurité prend fin ce mercredi
pour être remplacé par une loi antiterroriste. Le ministre de l'Intérieur,
Gérard Collomb, détaille les deux années où la France a vécu au rythme de
l'état d'urgence dans un entretien accordé à L'Express.
Instauré au soir des attentats du
13 novembre 2015 à Paris, l'état d'urgence, renouvelé à six reprises, prend fin
ce mercredi pour être remplacé par une loi antiterroriste qui doit assurer
«pleinement la sécurité» des Français selon les propos d'Emmanuel Macron. À
cette occasion, le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, dévoile mardi
dans les
colonnes de L'Express le
bilan chiffré de ce dispositif de sécurité.
● 32 attaques terroristes
déjouées
Depuis novembre 2015, «les
services de sécurité ont réussi à déjouer pas moins d'une trentaine d'attentats
dont 13 cette année soit grâce à des renseignements venus de
l'étranger, soit grâce à des mesures spécifiques liées à l'état d'urgence», a
annoncé Gérard Collomb. Certains suspects arrêtés envisageaient par exemple de
commettre une action terroriste durant un meeting politique lors du premier
tour des présidentielles. D'autres préparaient l'attaque d'une salle de
concert, d'un centre commercial à Parisou encore de s'en prendre à une centrale
nucléaire.
● 4457 perquisitions
administratives et 625 armes à feu saisies
Sur simple décision du préfet,
près de 4457 perquisitions administratives ont permis aux services de sécurité
d'intervenir chez des particuliers suspectés d'entretenir des liens étroits
avec la mouvance djihadiste. Lors de ces interventions, près 625 armes
à feu ont été saisies. Parmi elles, 78 sont considérées comme des armes de
guerretelles que des kalachnikovs, des fusils d'assaut et un
lance-roquettes.Des suites judiciaires ont été données dans près d'un quart des
cas: 998 enquêtes judiciaires ont ainsi été ouvertes, donnant lieu à 646 gardes
à vue.
● 752 individus assignés à
résidence
En deux ans, 752 individus ont
été assignés à leur domicile. En temps normal, les assignations à résidence
doivent être prononcées par un juge d'instruction ou un juge des libertés et
des détentions. Dans les deux cas, il s'agit de proposer une alternative à
l'emprisonnement d'une personne. Cependant, en période d'état d'urgence, la
décision d'assigner à résidence peut être prise par le ministre de l'Intérieur
et des préfets à l'encontre de toute personne «dont l'activité est dangereuse
pour la sécurité et l'ordre publics». Sur les 752 suspects, seuls 41
d'entre eux sont encore assignés chez eux dont huit l'ont été sans interruption
durant les 23 mois du régime d'exception. La personne assignée à
résidence doit impérativement rester à son domicile pour un laps de temps
défini par l'autorité qui prononce l'assignation. Dans le cas des dernières
mesures prises depuis les attentats, certaines personnes visées sont obligées
de rester à leur domicile entre 20 heures et 6 heures du matin, doivent pointer
entre deux et trois fois par jour auprès de la gendarmerie ou de la police et ont
interdiction de quitter la commune, sauf avec l'autorisation du préfet.
» LIRE AUSSI -Ce qu'implique l'assignation à résidence
● 19 lieux de culte
fermés en deux ans
En deux ans, 19 lieux de cultes,
soupçonnés d'abriter en leur sein des prédicateurs incitant à la haine ou à la
violence, ont été interdits d'accès sur décision administrative. Actuellement,
onze mosquées ou salles de prières sont encore fermées au public. Deux
d'entre elles l'ont été ces quinze derniers jours. «Avec la fin de ce régime
d'exception, certaines vont pouvoir rouvrir», a confié Gérard Collomb car «les
choses ont évolué». Néanmoins, le ministre de l'Intérieur reste vigilant et
précise que «le sort de d'autres mosquées sera toutefois examiné».
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Catalogne : Carles Puigdemont s'exfiltre chez les Belges
(30.10.2017)
- Par Mathieu de Taillac
- Mis à jour le 30/10/2017 à 20:50
- Publié le 30/10/2017 à 20:24
VIDÉO - Les deux grands partis
indépendantistes dont celui du président catalan destitué participeront aux
élections régionales convoquées par Madrid.
À Madrid
Accusé de sédition, de rébellion
et de malversation par le parquet, le président catalan, destitué samedi
dernier par Madrid, est
apparu par surprise ce lundi… à Bruxelles. Accompagné de cinq des membres
de son gouvernement régional, lui aussi révoqué, Carles
Puigdemont compterait, selon la presse catalane, demander l'asile
politique à la Belgique. Selon le récit d'El Periódico de Catalunya, les
six compères se seraient rendus en voiture à Marseille, d'où ils auraient pris
un avion pour Bruxelles. Faute d'avoir encore été notifiés de leur probable
inculpation, dont doivent encore décider les juges, les ex-dirigeants ne sont
soumis à aucune restriction de mouvement ni en Espagne ni à l'étranger. Il n'en
a guère fallu davantage au député indépendantiste Lluis Llach pour saluer sur
Twitter «le président de la République en exil».
Lundi, le secrétaire d'État belge
à l'Asile et à la Migration, membre du parti indépendantiste Nouvelle Alliance
flamande (N-VA), avait jugé «pas irréaliste» d'accorder l'asile à Puigdemont,
avant d'être corrigé par son premier ministre, Charles Michel. Sans aller
jusqu'au droit d'asile, la Belgique offre, en cas de mandat d'arrêt européen,
des garanties dont ne bénéficieraient pas Puigdemont et ses collaborateurs dans
d'autres pays communautaires. Dans le cas d'un mandat d'arrêt pour rébellion,
la justice belge devrait se prononcer sur le fond du dossier avant de décider
de livrer les accusés à l'Espagne.
Les sécessionnistes face à la
réalité légale
Carles Puigdemont, son
gouvernement régional, ainsi que le Bureau du Parlement autonome ont été
formellement accusés ce lundi par le procureur général, José Manuel Maza. Le
délit de rébellion est défini par le Code pénal espagnol comme un soulèvement
«public et violent» assorti d'un objectif politique déterminé, et la
déclaration d'indépendance est spécifiquement mentionnée. Il est passible
de quinze à vingt-cinq ans de prison. Celui de sédition, qui exige un
soulèvement «tumultueux» destiné à «empêcher l'application des lois» ou
«l'exercice légitime des fonctions d'une autorité ou d'un fonctionnaire», peut
être sanctionné par des peines maximales de quinze ans de prison.
Maza a évité d'indiquer s'il
assortirait ses poursuites d'une demande de détention préventive, réservant
cette annonce pour les jours des auditions. Il réclame toutefois aux juges
d'imposer à chaque accusé une caution d'un peu plus de 300.000 euros, soit
plus de 6,2 millions pour le total des 20 responsables concernés. Les
membres déchus de l'exécutif seront convoqués par l'Audience nationale, le plus
haut tribunal pénal espagnol, tandis que les représentants de la Chambre
régionale, couverts par leur immunité parlementaire, devront se défendre devant
le Tribunal suprême.
La particulière «fuite de
Varennes» des six membres de l'ex-gouvernement catalan et les accusations
contre les principaux artisans de la déclaration de sécession ont rythmé ce qui
devait être, pour les indépendantistes, le premier jour ouvré de leur
République catalane, proclamée vendredi dernier. Pour le gouvernement espagnol
et pour la légalité en vigueur, il
s'agissait au contraire du premier jour de la mise sous tutelle de la région.
Les membres du gouvernement déchu avaient l'interdiction de se rendre à leur
poste de travail, sous peine d'être accusés d'un délit d'usurpation de
fonctions.
«Au bureau, en train d'exercer
les responsabilités que nous a confiées le peuple de Catalogne. On continue»
Josep Rull , conseiller au
Territoire et au Développement durable, sur Twitter
Seul un ministre régional, le
conseiller au Territoire et au Développement durable, s'est risqué à entrer
dans son bureau, profitant sans doute de la tolérance de la police régionale,
qui avait accepté que les ex-responsables passent récupérer leurs affaires.
Josep Rull est resté une heure, le temps de se faire prendre en photo assis à
sa table de travail et de poster l'image sur Twitter. Avec ce message: «Au
bureau, en train d'exercer les responsabilités que nous a confiées le peuple de
Catalogne. On continue.»
En fait de continuation, les
indépendantistes se sont surtout pliés de facto à la réalité légale du Bulletin
officiel de l'État, où ont été publiés samedi les décrets de destitution du
gouvernement catalan et de dissolution du Parlement régional. La présidente de
la Chambre, la très souverainiste Carme Forcadell, a renoncé à réunir le Bureau
de l'Assemblée, qu'elle avait convoqué pour ce mardi avant de retirer cette
prévision de l'agenda. Surtout, les deux grands partis de l'indépendantisme se
sont rangés de manière spectaculaire derrière la légalité espagnole, en
annonçant dès la mi-journée qu'ils participeraient aux élections
régionales convoquées par Mariano Rajoy le 21 décembre.
Un porte-parole d'ERC (centre
gauche indépendantiste), un parti à qui toutes les enquêtes d'opinion
promettent la première place, a assuré que les élections étaient «un piège
tendu» par Madrid, mais qu'il faudrait «être présent» pour «consolider la
fragile République». Le PDeCAT (centre droit indépendantiste), dont est issu
Puigdemont, a lancé un «Rendez-vous dans les urnes, monsieur Rajoy!». Relégué à
la quatrième place dans les sondages s'il se présente en solitaire, le PDeCAT
cherche à rééditer sa coalition avec ERC qui avait dissimulé sa chute lors des
dernières élections, en 2015. Un sondage réalisé par le quotidien El
Mundo à la veille de la déclaration d'indépendance donnait les deux
blocs indépendantiste et unioniste au coude-à-coude: 42,5 % pour les
premiers, 43,4 % pour les seconds. Entre les deux, avec 11 %
d'intentions de vote, la gauche radicale proche de Podemos défend un référendum
d'autodétermination mais refuse de se prononcer sur le fond de la question.
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les entrepreneurs prennent le large en catimini
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Catalogne: les entrepreneurs prennent le large en catimini
(31.10.2017)
Ils sont plus de
1700 patrons à avoir, début octobre, déménagé hors de Catalogne le siège
social de leur entreprise par crainte d'une déclaration d'indépendance.
Envoyé spécial à Barcelone
«J'étais à New York quand,
vendredi, l'indépendance a été prononcée… Sur une heure de rendez-vous avec un
fonds d'investissement, j'ai dû expliquer la situation
politique en Catalogne au lieu de parler de notre activité. Ce n'est
pas une situation confortable pour un chef d'entreprise.» De retour des
États-Unis, Carlos Buesa, dirigeant-fondateur de la société de biotechnologies
Orizon, s'exprime depuis ses bureaux de la banlieue sud de Barcelone. Il est
parmi les premiers entrepreneurs à avoir, début octobre, déménagé hors de
Catalogne le siège social de son entreprise par crainte d'une déclaration
d'indépendance. Dans son sillage, ils sont plus de 1.700 patrons à
avoir fait de même. Un
mouvement massif. «Ces 1.700 entreprises représentent à elles seules
30 % du PIB de Catalogne. Banco Sabadell, CaixaBank ou encore le gazier
Gas Natural, pour ne citer qu'eux, sont les fers de lance de l'économie
catalane. C'est donc le symbole même de la réussite vantée par les
indépendantistes qui quitte son berceau. Il est à redouter que ce mouvement
soit pour beaucoup définitif à l'instar de ce qu'il s'est passé à la fin des
années 1970 au Québec», analyse Daniel Lacalle, professeur d'économie à
l'Instituto de Empresa de Madrid, une des principales écoles de commerce du
pays.
La crainte d'une instabilité
prolongée
«Il ne s'agit pas d'un chantage
politique mais d'une nécessité pour la pérennité de notre activité», assure
pour sa part Carlos Buesa. «Nous faisons valider nos productions dans le cadre
d'essais cliniques soumis aux normes de l'Agence européenne du médicament. Nous
ne pouvons pas nous permettre d'évoluer dans une sorte de vide juridique où ces
essais pourraient être invalidés pour des raisons réglementaires», détaille le
dirigeant avant de préciser que la mesure a également pour vocation de rassurer
les fonds d'investissement étrangers et investisseurs boursiers déjà présents à
son tour de table. Conséquence: Orizon réalise donc ses conseils
d'administration à Madrid et y tiendra également ses réunions de direction.
Autre déménagement de poids
programmé dans les jours à venir: celui de Freixenet, le roi du vin
effervescent catalan appelé cava. Pour ce producteur réalisant quelque
540 millions d'euros de chiffre d'affaires, il ne s'agit évidemment pas de
délocaliser ses vignes ou sa production, régies par une appellation d'origine
contrôlée, mais de manifester une crainte réelle de devoir quitter l'Union
européenne.
«L'indépendance de la Catalogne
entraînerait de fait une sortie de l'Union. Ce serait, pour nous qui réalisons
80 % de notre chiffre d'affaires à l'export, une catastrophe. J'ai du
respect pour les opinions de chacun. Nous sommes dans un pays libre. Mais d'un
point de vue économique, une indépendance n'a aucun sens», analyse José Luis
Bonet, président de Freixenet et de la chambre de commerce d'Espagne.
«Il est tout à fait légitime
d'aspirer à plus d'indépendance politique mais que vaut-elle si cette dernière
nous appauvrit sur le plan économique?»
Carlos Buesa, dirigeant-fondateur
de la société de biotechnologies Orizon
Massif, l'exil des sièges sociaux
hors de Catalogne se fait dans le silence. Rares sont en effet les patrons à
prendre publiquement la parole en dehors des communiqués de presse laconiques
publiés par leurs sociétés. Impossible même d'obtenir un commentaire de la
chambre de commerce de Barcelone sur la situation actuelle… «Les chefs
d'entreprise ont peur de donner un avis qui apparaisse contraire à la majorité
médiatique qui s'exprime. C'est bien dommage car cela a entraîné une absence de
débat autour des conséquences
économiques d'une éventuelle indépendance», affirme Carlos Buesa qui compte
sur les deux mois restant avant les prochaines élections pour apaiser les
esprits et aider la population à faire son choix.
Pour davantage de certitudes, le
chef d'entreprise espère qu'une majorité claire se dégagera. «Faut-il qu'elle
soit à 60 %? À 75 %? Je ne sais pas. Mais à 50,1 % dans un
sens ou dans l'autre, on risque de repartir pour une période indéterminée
d'incertitude et d'instabilité. Nous referons alors un audit de la situation en
agissant au mieux pour l'intérêt de notre activité et de nos salariés.» Comme
si son propos n'était pas assez clair, Carlos Buesa interroge: «Il est tout à
fait légitime d'aspirer à plus d'indépendance politique mais que vaut-elle si
cette dernière nous appauvrit sur le plan économique?»
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La croix de Ploërmel ou la décomposition française
(30.10.2017)
ANALYSE - Les réactions à la
décision du Conseil d'État d'imposer le retrait de la croix de la statue de
Jean-Paul II dans cette commune bretonne illustrent les fractures quant à la
question religieuse en France, où tout acte de déchristianisation est perçu
comme une propédeutique à l'islamisation.
#MontreTaCroix. Après
la décision du Conseil d'État de confirmer le retrait d'une croix
d'une statue de Jean-Paul II installée depuis 2006 sur la place de la
petite commune de Ploërmel, dans le Morbihan, des internautes se sont emparés de ce mot dièse pour
manifester leur colère. De Varsovie à Maaloula, de la Provence
à la Bretagne, des images innombrables de crucifix, calvaires et églises
ont envahi les réseaux sociaux. Cette exhibition était bien plus qu'une
«Catho-Pride»: des non-chrétiens affichaient aussi leur attachement viscéral
à un héritage commun.
C'est qu'en France, la croix est
plus qu'un symbole religieux, elle est patrimoine et paysage. On la rencontre
au détour d'un chemin creux sur un calvaire (rien que dans le département du
Finistère, il y en a 3000), jusque sur le dôme du temple laïc du Panthéon.
L'histoire de Ploërmel prend
des allures de parabole tant elle est révélatrice des fractures françaises
On pourrait juger cette affaire
comme l'énième épisode d'une longue litanie: de la RATP censurant la mention «pour les chrétiens d'Orient» d'une
affiche de bonnes œuvres à l'interdiction de crèches dans certaines
mairies, en passant par la curieuse aphasie frappant le dernier président de la
République lorsqu'il fallait prononcer le mot «chrétien» après un attentat en
Égypte ou en Irak, ce n'est pas la première fois qu'une laïcité tatillonne nie
le legs de la «fille aînée de l'Église».
Pourtant, l'histoire de Ploërmel prend des allures de parabole
tant elle est révélatrice des fractures françaises. Ce n'est pas
un hasard si elle se passe en Bretagne, champ de bataille particulier de
la laïcité. La devise de la ville «tenax in fide» («tenace dans la foi») en
témoigne: pendant la Révolution française, les chouans y coupèrent les arbres
de la Liberté, lors de la loi de séparation de l'Église et de l'État en 1905,
on y manifesta au son du tocsin contre les soldats venus déloger les frères des
écoles.
Dans son œuvre majeure Composition
française, l'historienne Mona Ozouf raconte merveilleusement son enfance
bretonne passée entre le calvaire, l'école républicaine et ses parents
militants régionalistes, «les trois lots de croyances avec lesquelles il me
fallait vivre: la foi chrétienne de nos ancêtres, la foi bretonne de la maison,
la foi de l'école dans la raison républicaine». Cette concurrence n'était pas
sans heurts, mais les relations, même tissées de méfiance, existaient sous le
sentiment d'appartenance à une nation commune. Chacun faisait des concessions.
Elle évoque par exemple le pragmatisme de Jules Ferry et de Ferdinand Buisson
lors du retrait des crucifix à l'école. «Fallait-il décrocher les crucifix tout
de suite, et partout? À ces questions épineuses ils avaient apporté une réponse
nuancée, l'œil sur une constante boussole, le “vœu” des populations. Ils
recommandaient de profiter des vacances, ou d'une campagne de réfection des
locaux scolaires, pour décrocher le crucifix, et oublier de l'y remettre,
quitte à lui rendre sa place si l'entourage s'en émeut», écrit-elle.
Cet équilibre délicat, trouvé
par tâtonnements après beaucoup de sang et de larmes, entre les racines
chrétiennes, les identités régionales et l'universalisme républicain est
aujourd'hui fragilisé par l'irruption d'un quatrième facteur : l'islam
Cet équilibre délicat, trouvé par
tâtonnements après beaucoup de sang et de larmes, entre les racines
chrétiennes, les identités régionales et l'universalisme républicain est
aujourd'hui fragilisé par l'irruption d'un quatrième facteur: l'islam. La place
grandissante d'un islam visibilisé par le voile et les mosquées rend brûlant le
sentiment d'une dépossession. «Ce qui choque, c'est de voir l'État retirer une
croix, comme les islamistes, et de les laisser se développer en France #MontreTaCroix»,
écrivait un twittos. Aussi, la décision concernant Ploërmel est jugée
incompréhensible au regard du blanc-seing donné par ce même Conseil d'État au «burkini» (et ce
indifféremment du cadre juridique évidemment différent).
Nous ne sommes plus dans la
vieille querelle européenne entre Peppone et Don Camillo, le curé et le «libre-penseur».
L'«insécurité culturelle» est désormais telle que tout acte de
déchristianisation est perçu comme une propédeutique à l'islamisation. Dans
cette «décomposition» française à l'œuvre, la laïcité aveugle des «intégristes
républicains» (Mona Ozouf) n'est pas un ciment efficace, mais au contraire un
catalyseur. En 1906, l'écrivain catholique Charles Péguy - qui plaidait
pourtant pour «la séparation de la métaphysique et de l'État» - pressentait
déjà les ravages auxquels conduirait une conception étriquée de la laïcité. Il
citait avec stupeur Viviani, ministre du Travail sous la III e République, qui
se vantait à la tribune de l'Assemblée: «Nous avons éteint dans le Ciel
des Lumières que l'on ne rallumera plus», et qui célébrait l'avènement
de «l'homme à qui nous avons fait le Ciel vide». Dans Situation de
la France, le philosophe Pierre Manent faisait
de la conservation de la «marque chrétienne» de la France la
condition d'une bonne intégration des musulmans. «Ils n'entrent pas dans un
lieu vide, ils ont à trouver leur place dans un monde plein», écrivait-il.
L'angoisse de Ploërmel, c'est l'angoisse d'un ciel vide que viendraient remplir
d'autres dieux.
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La France en a-t-elle fini avec la désindustrialisation ?
(30.10.2017)
INFOGRAPHIE - Après des décennies
de baisse, l'industrie crée de nouveau des emplois et les ouvertures d'usines
sont supérieures aux fermetures. La France doit se mobiliser pour se
réindustrialiser. Un immense défi.
L'espoir renaît pour l'industrie
française. Certes, les géants européens sont toujours à la peine, et des
usines ferment encore, comme celle de Caterpillar - pourtant rentable -
dans le Pas-de-Calais ou celle de Tupperware à
Joué-lès-Tours. Mais les statistiques le montrent, ce
secteur si longtemps malmené connaît un retour à meilleure fortune
depuis quelques trimestres. Est-ce l'ébauche de cette réindustrialisation
qu'ont appelée de leurs vœux les gouvernements successifs? Plus compétitive
qu'autrefois sur le coût du travail, grâce notamment au CICE, la France
peut-elle redresser la barre et retenir ses industries? C'est ce que certains
espèrent, grâce à la révolution digitale.
Une embellie tirée par la
croissance
Le
constat était sans appel. La part de l'industrie dans l'emploi est passée
de plus de 16 % il y a quinze ans à 12,5 % aujourd'hui, alors qu'elle
atteint 23 % en Allemagne. Mais depuis peu, les embauches repartent:
13.000 créations d'emplois nettes ont été comptabilisées dans l'industrie sur
la période 2016-2017, selon l'Observatoire du cabinet Trendeo. Sur les deux
années précédentes (2014-2015), 20.600 postes avaient disparu. Une inflexion
décisive? «Dans les statistiques de l'Insee et de la Dares, l'emploi
industriel se redresse grâce aux emplois intérimaires. Sans eux, il
commence en réalité tout juste à se stabiliser», tempère Denis Ferrand,
directeur général de COE Rexecode, qui met en garde contre les conclusions trop
optimistes.
De nombreux emplois industriels
ont disparu en France parce que les entreprises du secteur ont externalisé
certaines fonctions (comptabilité…). Les hommes et les femmes qui les réalisent
ont donc quitté les statistiques de l'industrie pour réapparaître dans celles
des services. «Or, ce mouvement touche à sa fin, et cela contribue à la
stabilisation des effectifs dans le secteur», précise l'institut de
conjoncture.
Le moral des industriels,
remonte en flèche. Il est à son plus haut niveau depuis dix ans, selon l'Insee
Mais l'emploi n'est pas le seul
indicateur à virer au vert. Les usines qui ferment leurs portes sont de moins
en moins nombreuses. La France crée plus de nouveaux sites industriels qu'elle
n'en perd (87 créations d'usines employant plus de 10 personnes, contre 61
fermetures, selon Trendeo). Même la production industrielle - encore inférieure
de 10 % à celle de 2007 - se redresse. Si le premier trimestre 2017 avait
montré une simple consolidation (+ 0,1), le deuxième a été plus fructueux, avec
une hausse de 1,3 %, tiré, selon l'Insee, par la production de biens de
consommation.
Le moral des industriels, remonte
en flèche. Il est à son plus haut niveau depuis dix ans, selon l'Insee. Les
chefs d'entreprise envisagent d'accroître leurs investissements de 7 % cette
année. Ce serait la plus forte progression depuis vingt ans. «Ils voient la
demande intérieure et extérieure progresser depuis quelques années. Cela les
incite à investir», relève Frédéric Saint-Geours, vice-président du Conseil
national de l'industrie (CNI).
Ils y sont d'autant plus enclins
que l'appareil de production en France, trop ancien, risque d'être bientôt
saturé. «Il a 19 ans d'âge en moyenne, soit le double de l'Allemagne», rappelle
cette figure du patronat français. Le taux d'utilisation des moyens de
production, après avoir progressé régulièrement ces dernières années, est
repassé au-dessus de sa moyenne historique. L'an dernier, les achats de robots
et autres machines ont bondi de 16 % dans l'Hexagone. Pourtant, malgré ces
signes encourageants, personne ne crie victoire. Car ce redressement est en
bonne partie conjoncturel, tiré par le retour de croissance en Europe et dans
le monde. «Le rebond de l'industrie est même plus marqué encore dans d'autres
pays de la zone euro, notamment en Allemagne, que chez nous», observe Denis
Ferrand.
- Crédits photo : Insee, Douanes
et Trendeo
De lourds handicaps
Les faiblesses de l'industrie
tricolore se font d'ailleurs plus criantes à mesure que l'investissement et la
consommation se reprennent. Tant d'entreprises ont disparu ou produisent à
l'étranger désormais qu'il «n'y a souvent plus d'offre en France à mettre en
face de cette demande qui repart», analyse Louis Gallois, auteur en 2012 du
«Pacte pour la compétitivité de l'industrie française». Ce sont donc les
importations qui explosent. Si le gouvernement prévoit un déficit commercial de
62,7 milliards d'euros cette année - presque 15 milliards d'euros de
plus qu'en 2016 -, c'est en partie parce que les entreprises, justement,
investissent. Et que les nouvelles machines-outils et le matériel informatique
qu'elles commandent proviennent de l'étranger. «Un point de demande
supplémentaire dans le pays fait progresser de 0,3 % la production
industrielle française… et de trois points les importations» chiffre Frédéric
Saint-Geours.
Sur le front de l'emploi aussi,
les années de désindustrialisation pèsent lourd. «Les jeunes se sont détournés
de nos métiers, ils ne sont plus formés pour nos industries», constate David
Soulard, le directeur général des Meubles Gautier, qui peine à recruter 40
personnes dans son entreprise vendéenne. «Avec le redémarrage de l'économie, cela
devient un réel problème. Trouver des techniciens de maintenance par exemple
est difficile», avance-t-il. Mais le secteur a pris conscience de cette
faiblesse et veut redresser la barre. Cet automne, industriels, organismes de
formation et services de l'emploi cogitent pour tenter de gagner la bataille de
la formation.
«Faute de pouvoir remplacer
les entreprises disparues ou les fleurons industriels passés sous pavillon
étranger, les industriels et l'État misent sur les PME»
Recréer un écosystème
Faute de pouvoir remplacer les
entreprises disparues ou les fleurons industriels passés sous pavillon
étranger, les industriels et l'État, bien décidés à réindustrialiser le pays,
misent sur les PME. «Il faut les inciter à investir, pour moderniser l'outil de
production», plaide Frédéric Saint-Geours. Leur taux d'investissement est,
selon les années, de 5 à 10 points inférieur à la moyenne des entreprises
françaises.
La politique industrielle de la
France, à laquelle le gouvernement Macron veut donner un nouvel élan, entend
aussi les aider à grandir, car la France a besoin des ETI (entreprises de
taille intermédiaire). Plus grosses, elles exportent davantage que les PME. Or,
avec seulement 4600 ETI, la France est loin derrière l'Italie (8000) ou
l'Allemagne, qui en compte 12.000. Est-ce pour cette raison que l'Hexagone
compte trois fois moins d'entreprises exportatrices que ses voisins?
La France n'est pas assez
compétitive
C'est aussi que la
France, malgré ses progrès, n'est toujours pas assez compétitive. Les
marges des industriels tricolores sont plus faibles que celles de leurs
homologues allemandes. Mais accuser le coût du travail du pays n'est plus de
mise. «Il est désormais inférieur à celui de l'Allemagne grâce aux efforts qui
ont été faits, notamment
avec le CICE (crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi)»,
relève Frédéric Saint-Geours.
La qualité, en revanche, n'est
pas toujours au rendez-vous. Aujourd'hui, à prix égal, le made in France est
jugé de moindre qualité que le made in Germany, constate COE Rexecode. «Nous
aurons gagné quand nous serons plus compétitifs, ce qui ne veut pas dire
seulement les moins chers, mais aussi les plus rapides à produire et à livrer
des produits de bonne qualité» résume Moundir Rachidi, directeur au Boston
Consulting Group (BCG).
Le numérique rebat les cartes
La
révolution digitale pourrait offrir cette chance à l'industrie française. À
l'image des imprimantes 3D, qui permettent de fabriquer vite et sur mesure, les
industriels parient sur un
nouveau modèle économique, où s'adapter rapidement à la demande du client
pour lui livrer tout aussi vite des produits personnalisés deviendrait plus
important que d'afficher le prix le plus faible. De quoi laminer la concurrence
des pays à bas coûts, comme la Chine, dont la production, pour afficher des
prix compétitifs, voyage par bateau. Lentement. «Cette production plus
personnalisée oblige à plus de proximité avec le client et est donc favorable
aux pays qui ont la zone de chalandise, c'est-à-dire les consommateurs», assure
Louis Gallois, également président du think-tank La Fabrique de l'industrie.
S'agit-il d'une piste pour
relocaliser les usines dans la Vieille Europe? Avec la gestion des données et
le «digital twin» (le jumeau digital de tout objet connecté), il sera possible
d'en mesurer à tout moment l'usure, ou d'organiser une «maintenance prédictive»
(arrêter les chaînes de production avant que l'incident ne se produise). «Cette
industrie 4.0 est synonyme de gains de productivité, avec une amélioration de
15 % à 20 % de la performance», explique le spécialiste du BCG, qui y
voit aussi une façon d'offrir d'autres services et de nouveaux produits. La France
commence à prendre conscience de l'enjeu, mais elle a déjà pris du retard par
rapport à l'Allemagne, au Japon, au Royaume-Uni, «qui envisagent ces
technologies de façon beaucoup plus pragmatique, comme un levier pour produire
mieux», assure le spécialiste du BCG.
Ainsi, l'Allemagne, déroule un plan
national Industrie 4.0. La France, elle, part avec un handicap. Dotée de
moins d'industries, elle voit aussi naître moins de start-up industrielles que
sa voisine. «D'où l'urgence d'aider celles que nous avons, qui vont soutenir
les grands groupes dans ce virage technologique et qui sauront exporter», insiste
Moundir Rachidi. Un premier pas en ce sens a été fait par le
gouvernement et Bpifrance qui ont lancé la
French Fab, un dispositif d'accompagnement pour les jeunes pousses
industrielles. Mais tout n'est pas gagné.
Bpifrance vient de publier une
étude montrant que près de la moitié des dirigeants de PME et d'ETI estiment
que l'impact du digital ne sera pas majeur pour leur activité dans les cinq
années à venir. La banque publique, pourtant, est précisément convaincue du
contraire.
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