L’argument ad hominem est probablement le sophisme le plus courant. Il consiste à discréditer un argument en s’attaquant à la personne émettant cet argument plutôt qu’à l’argument en lui-même. Cela n’ajoute donc rien à la discussion.
Voici un exemple d’argument ad hominem :
Julie explique que la terre tourne autour du soleil puisque le soleil se lève toujours à l’ouest et se couche toujours à l’est. Patrick rétorque que Julie n’est pas astronome, et donc son raisonnement est faux.
Reconnaître un argument ad hominem
Un argument ad hominem est utilisé pour discréditer des arguments. Dans sa forme la plus évidente, comme dans l’exemple ci-dessus, on le reconnait tout de suite par sa volonté de discréditer sans même accorder d’importance aux propos de l’interlocuteur. C’est un argument qui n’apporte rien à la conversation et n’as rien à voir avec le sujet traité.
Dans l’exemple donné ci-dessus, Patrick ne tient même pas compte des arguments de Julie et discrédite d’emblée sa conclusion (que la terre tourne autour du soleil) sans même parler des prémisses de son argumentaire (le soleil se lève et se couche toujours du même côté).
L’argument ad hominem peut viser à couper court à la conversation. Dans l’exemple Patrick ne souhaite peut-être plus argumenter avec Julie et décide de discréditer totalement son opinion pour ne pas continuer à argumenter. Patrick veut simplement avoir raison sans faire l’effort d’analyser l’argument de Julie. Il émet donc l’hypothèse que Julie n’y connait rien car elle n’est pas astronome.
L’argument ad hominem est l’un des sophismes les plus courants, il est donc régulièrement utilisé conjointement avec d’autres sophismes. Connaitre l’argument ad hominem est également un excellent moyen de détecter d’autres sophismes sur lesquels il se base.
Utilisation légitime de l’argument ad hominem
Par définition il n’y a aucune utilisation légitime d’un sophisme, et donc l’argument ad hominem n’est pas utilisable pour tirer des conclusions logiques. En revanche on peut très bien remettre en question l’autorité de la personne émettant l’argument. Cela ne veut pas dire qu’il faille cependant mettre de côté ses arguments.
Dans l’exemple, Patrick n’accorde aucune importance à l’argument de Julie. Il aurait cependant pu évoquer, sans attaquer Julie, que son argumentaire se base sur des connaissances apprises toute seule sans formation professionnelle d’astronome. Pour autant, serait-ce une raison pour ne pas croire l’argument de Julie ?
Variantes de ce sophisme
L’argument ad hominem vise à discréditer l’adversaire, et il existe des dizaines de sous-arguments différents. L’argument ad hominem est donc à l’origine de nombreux autres sophismes. Voici quelques-une de ses variantes.
Argument ad personam : ce sophisme consiste à discréditer la personne sans aucun lien entre le fond de l’argumentaire et l’attaque sur la personne. C’est un argument ad hominem plus facile à repérer car il est moins camouflé. (voir ci-dessous)
Argument ad hominem circumstantiae : ce sophisme discrédite la personne en se basant sur son passé et ses convictions, c’est à dire les « circonstances » qui amènent la personne à raisonner ainsi. C’est un argument ad hominem plus subtil, qui n’en reste pas moins une attaque personnelle.
Argument ad hominem tu quoque : ce sophisme discrédite la personne en cherchant à la confronter à des actions ou propos antérieurs. C’est un argument ad hominem qui prône la cohérence sans accorder d’importance à l’argument en lui-même.