jeudi 19 octobre 2017

Islamisme et politique 15.10.2017

Kurz, le jeune loup de la droite autrichienne en route pour la Chancellerie (15.10.2017)
L'ombre de Kadhafi plane toujours sur le chaos libyen (15.10.2017)
Daech s'apprête à perdre Raqqa (15.10.2017)
Somalie : la stratégie de déstabilisation d'al-Chebab (16.10.2017)
Somalie : près de 300 morts après un attentat d'une ampleur sans précédent (16.10.2017)
Un an après, la salle de shoot de Paris divise encore (15.10.2017)
«Chasse aux DRH» : quatre militants d'extrême gauche devant la justice (15.10.2017)
Des incendies font plus de trente morts au Portugal et en Espagne (16.10.2017)
Les forces irakiennes prennent des sites aux Kurdes à Kirkouk (16.10.2017)
93: professeure giflée, Blanquer "scandalisé" (16.10.2017)
"Malta Files": enquête sur "les coulisses d'un paradis fiscal" (19.05.2017)
«Malta files»: un pétrolier offert au clan Erdogan, selon des médias (26.05.2017)
Malte: assassinat d'une blogueuse ayant accusé le gouvernement de corruption (16.10.2017)
Liège: un policier suspendu après la mort de l'étudiante française (16.10.2017)
Expulsion des clandestins: ce que peut (vraiment) faire Emmanuel Macron (16.10.2017)
La France accueillera 10.000 réfugiés d'ici 2 ans (09.10.2017)
2 détenus soupçonnés de projeter un attentat mis en examen (09.10.2017)
Catalogne : ces associations qui labourent le terrain indépendantiste (09.10.2017)
Le frère du tueur de Marseille a combattu en Syrie (09.10.2017)
Chine : la rénovation stratégique et militaire (09.10.2017)
La France insoumise de Mélenchon serait-elle une gauche soumise ? (09.10.2017)


Kurz, le jeune loup de la droite autrichienne en route pour la Chancellerie (15.10.2017)
Mis à jour le 15/10/2017 à 20h40 | Publié le 15/10/2017 à 18h10

PORTRAIT - Le leader conservateur de 31 ans a remporté les élections législatives de dimanche, selon les projections, à l'issue d'une campagne centrée sur la lutte contre l'immigration.
À Vienne

Il apparaît le plus souvent en col de chemise ouvert, y compris lors d'une investiture, et peut organiser une conférence de presse dans une brasserie pour présenter son programme électoral. Sebastian Kurz, 31 ans, a depuis ses débuts renvoyé les conventions, comme ses cravates, au placard. La rupture de style a fait mouche dans un pays gouverné depuis l'après-guerre par deux partis, les sociaux-démocrates et les chrétiens conservateurs, dont la patine a rendu illisible leur politique aux yeux des électeurs. «Avec sa jeunesse, ses choix stratégiques et sa manière de communiquer, il a surpris tout le monde, commente Patrick Moreau, qui mène des recherches au CNRS sur les pays de langue allemande. C'est le même phénomène qu'Emmanuel Macron, mais inscrit dans l'histoire autrichienne.»

«En laissant leurs prébendes aux fédérations régionales, tout en promettant de changer le pays, il a réalisé un deal qui a mis tout le monde d'accord dans sa famille politique»
Patrick Moreau, chercheur au CNRS

Les deux hommes partagent l'atout contemporain de leur âge, ainsi qu'un talent à saisir le moment opportun, des ambitions affichées, des ambivalences tactiques et une vision pragmatique de la politique. Mais l'actuel ministre autrichien des Affaires étrangères n'a pas le même parcours que le président français. Fils d'une enseignante et d'un ingénieur, il a déjà passé la moitié de sa vie en politique. Engagé dès 16 ans dans les rangs de l'ÖVP, le grand parti conservateur, il en devient rapidement l'étoile montante, au détriment de ses études de droit, qu'il finit par abandonner. En 2011, le président de la formation, alors vice-chancelier, le nomme secrétaire d'État à l'Intégration. Il a à l'époque 24 ans. Deux ans et demi plus tard, il devient ministre des Affaires étrangères. Perçu comme un élixir de jouvence par un parti en perte de vitesse, il prend la tête de l'ÖVP en mai dernier et, sentant le vent en poupe, demande des législatives anticipées afin d'écourter le mandat de la coalition gauche-droite. «En laissant leurs prébendes aux fédérations régionales, tout en promettant de changer le pays, il a réalisé un deal qui a mis tout le monde d'accord dans sa famille politique», explique Patrick Moreau.

Il semble loin, le temps où le jeune Viennois paradait dans la capitale au volant d'un 4 × 4 de luxe avec des filles en tenue moulante pour promouvoir l'ÖVP en distribuant des préservatifs. Pour atteindre la Chancellerie, il a constitué son propre mouvement, sobrement baptisé «Liste Kurz». Seuls une minorité de candidats sont issus du parti originel. La traditionnelle couleur noire a cédé la place au bleu turquoise sur les affiches de campagne. Et lors des débats télévisés, il met régulièrement en avant ce qu'il estime être un de ses plus grands succès jusqu'à présent: la fermeture de la route migratoire des Balkans, en mars 2016, décidée avec des pays de la région, sans que l'Allemagne soit invitée à la table des négociations.

Prises de position contre l'immigration

La chancelière Angela Merkel s'est alors sentie dépassée par l'enfant prodige, qui n'a pas cherché à arranger les choses. Dans les interviews que lui accordent volontiers les médias allemands, il ne cesse de condamner la politique migratoire de la dirigeante. Ce n'est pas leur seul point de discorde, comme le précise Patrick Moreau. «Il est très critique de la Commission européenne, des perspectives dŽélargissement de l'Union, de la politique de l'euro et du rôle économique de la Banque centrale européenne. Enfin, il a des sympathies pour le groupe de Visegrad, un club de pays critiques de la politique migratoire de la Commission européenne, en particulier la répartition des réfugiés, qui réunit la Pologne, la Hongrie, la République tchèque et la Slovaquie.»

Ses prises de position contre l'immigration, suivies par ses critiques de l'islam, ont tendance à occulter le reste de son programme électoral, dont l'imprécision lui est reprochée. «Kurz a de la chance qu'on n'aborde pas la politique des transports, car il pourrait toujours argumenter que le problème est lié aux femmes qui portent la burqa et se garent en double file devant les jardins d'enfants islamiques», a ironisé le médiatique politologue Peter Filzmaier, à la suite d'un débat télévisé, faisant référence à la loi anti-burqa entrée en vigueur le 1er octobre et à la proposition du ministre de fermer les 150 jardins d'enfants viennois encadrés par des musulmans, qui constituent pour lui un frein à l'intégration.

Ces thèmes ne sont pas nouveaux pour lui, qui, arrivé au secrétariat d'État pour l'Intégration, demandait déjà que les prêches dans les mosquées se fassent en allemand. «Il a toujours affiché cette ambivalence dans ce domaine, souligne Farid Hafez, chercheur en science politique à l'université de Salzbourg. Il tient un discours dans lequel il indique que les musulmans font partie intégrante de la société autrichienne et veut un islam à caractère européen. Or les lois sur l'islam et l'intégration montrent qu'il s'agit d'une politique islamophobe.» Qui fait les yeux doux à l'extrême droite.

La rédaction vous conseille :
Journaliste

Ses derniers articles

L'ombre de Kadhafi plane toujours sur le chaos libyen (15.10.2017)

Mis à jour le 15/10/2017 à 18h07 | Publié le 15/10/2017 à 17h50

ENQUÊTE - Avec l'annonce de la libération de Seïf al-Islam, le fils invisible de l'ex-Guide libyen, les partisans de Mouammar Kadhafi sont convaincus que leur retour est inévitable. Qu'ils soient hors ou à l'intérieur du pays, ils rêvent, à la faveur du chaos, d'une restauration de l'ancien régime.
Le Caire

La cérémonie s'est tenue dans un hôtel cossu du Caire fin juin. Plusieurs figures de l'ancien régime, des militaires et des partisans en exil de Mouammar Kadhafi s'étaient réunis. «On a fêté ça dignement», se gargarise un ancien proche du défunt colonel. Le 9 juin dernier, la brigade Abou Bakr al-Sadiq a publié un communiqué affirmant avoir «relâché Seïf al-Islam Kadhafi conformément à une nouvelle loi d'amnistie». Cette grâce édictée par le gouvernement de l'Est libyen est un signal d'ouverture supplémentaire de la part du maréchal Khalifa Haftar, qui a aussi permis récemment le retour en Libye de milliers de kadhafistes et même désigné Mabrouk Sahban - l'un des commandants les plus fidèles de Kadhafi - chef du centre d'opérations attaché à Syrte pour lutter contre les différents groupes d'insurgés.

Après cette annonce, nombreux sont les partisans de l'ancien régime, jusqu'alors divisés sur la légitimité du fils Kadhafi, à lui avoir exprimé leur soutien. Ces six dernières années, ils s'étaient scindés en trois groupes distincts s'accusant les uns les autres d'être des traîtres pour leur pays: les partisans de Seïf al-Islam ; les soutiens de Haftar et ceux voulant le retour quasi à l'identique de la Djamahiriyya libyenne. Des tensions qui sont désormais de l'ordre du passé, assurent-ils: «Seïf met tout le monde d'accord.» Pourtant, Seïf al-Islam n'a toujours pas donné signe de vie. Si certains observateurs soupçonnent un coup de communication de ses anciens geôliers qui le sauraient mort, d'autres, qui le pensent bien en vie, doutent néanmoins de sa capacité à remonter sur la scène politique libyenne.

«L'existence de centres d'entraînement de kadhafistes est avérée notamment dans la région de Derna»
Claudia Gazzini, analyste pour Libya International Crisis Group

«Le peuple libyen ne va pas lui laisser le choix», lâche pourtant Taher Dahech - ancien pilier du régime Khadafi -, à la tête du Comité révolutionnaire international (CRI). Le groupe rassemble les partisans du Guide et fait office de jugulaire de l'idéologie kadhafiste. Ses membres opèrent pour le retour de l'ancien régime depuis 2012 et revendiquent 30.000 militants. «Cela comprend les anciens restés fidèles à Kadhafi, les comités révolutionnaires et les cellules dormantes», précise-t-il, avec «la majorité des effectifs dans les populations tribales». Ils se targuent par exemple d'avoir dans leur camp les tribus des Warchefanas, des Warfallas, des Tahounas, des Awfiyas et des Thawargas, soit près de 400.000 fidèles discrets. En septembre 2015, le Conseil suprême des tribus libyennes (CST) - rassemblant essentiellement les tribus restées fidèles à Kadhafi - a d'ailleurs choisi Seïf al-Islam comme le représentant légitime du pays. Si le conseil n'a pas de réel poids institutionnel, il possède néanmoins un pouvoir symbolique fort sur une portion importante de la population notamment dans le Fezzan et la Tripolitaine.

Hors Libye, les partisans «verts» sont aussi entre 15.000 et 20.000, prêts à rentrer au moindre frémissement en leur faveur. Plusieurs milliers d'hommes ont également été recrutés dans l'optique de disposer d'une armée qualifiée prête à reprendre le pouvoir au moment opportun. «L'existence de centres d'entraînement de kadhafistes est avérée notamment dans la région de Derna», confirme Claudia Gazzini, analyste pour Libya International Crisis Group, «ils sont aussi entraînés en Égypte et certains déjà de retour en Libye. Ces soldats ont par exemple pris part à la bataille de Syrte avant de se rediriger vers le croissant pétrolier.»

«Ils prennent leurs rêves pour des réalités ! Ils ne sont pas crédibles. Ce sont des jeux du passé»
Un diplomate familier du terrain

«On fait de l'entrisme», concède Franck Pucciarelli, porte-parole du CRI. Du lobbying qui se joue aussi en dehors des frontières libyennes via des réseaux officieux de politiques autrefois proches du Guide, des partisans fortunés qui financent des actions et des médias qui diffusent des campagnes de réhabilitation. Mais ce dont les kadhafistes sont les plus fiers, c'est l'ouverture d'un nouveau front en Afrique de l'Ouest: au Sénégal, au Tchad, au Bénin, 16 pays au total qu'ils veulent investir dans l'espoir de raviver des populations nostalgiques du Guide qui ont longtemps profité de ses largesses financières.

«L'objectif, c'est de montrer aux dirigeants occidentaux la légitimité de Kadhafi. Il a toujours une image forte. Et il y a un terrain favorable pour nous en Afrique à la dénonciation des pratiques de la CPI (qui poursuit actuellement Seïf al-Islam pour crimes contre l'humanité, NDLR)», rappelle Pucciarelli. Un noyautage qui s'illustre sur le terrain par l'émergence de rassemblements «verts». Ils sont certes peu fournis, quelques dizaines de personnes seulement, mais «ne cessent de s'accroître», tente de convaincre le coordinateur régional Oscar Zoumenou, basé au Bénin. «Je ne saurais dire combien nous sommes mais le réservoir de soutien est énorme. Nous recevons des demandes d'adhésion tous les jours.»

«Ces antennes africaines existent depuis longtemps, ce n'est pas difficile de les réactiver», confirme un observateur présent en Libye. Mais une politique de reprise du pouvoir ne peut se faire seulement avec des réseaux en Afrique, affirme-t-il. «Ils prennent leurs rêves pour des réalités!», assure aussi un diplomate familier du terrain, «ils ne sont pas crédibles. Ce sont des jeux du passé.»

«Les figures familières d'avant 2011 comme Seïf al-Islam paraissent attrayantes car “les nouvelles têtes” ont été incapables de livrer un mode de gouvernance ou une vie économique acceptables» 
Jalal Harchaoui, spécialiste de l'impact international de la crise libyenne

La nostalgie, c'est pourtant le fonds de commerce des kadhafistes, qui se pourlèchent des échecs répétés des différents pouvoirs mis en place depuis 2011. Des débâcles auxquelles ils avouent ne pas être étrangers, se prévalant d'être responsables de sabotages et déstabilisations locales. Un chaos libyen, dont ils se posent juge et partie, leur ayant permis de récupérer des soutiens récents de Libyens qui regrettent la vie sous le colonel. «Sans l'exagérer ou la surestimer, il ne fait aucun doute que la mouvance kadhafiste est plus importante aujourd'hui qu'il y a un ou deux ans», confirme Jalal Harchaoui, spécialiste de l'impact international de la crise libyenne. «Les Libyens sont fatigués de la guerre civile et surtout du refus chronique de leurs diverses élites d'envisager la moindre compromission. La Libye est tendue et profondément divisée. Dans un tel contexte, les figures familières d'avant 2011 comme Seïf al-Islam paraissent attrayantes car “les nouvelles têtes” qui ont dominé la scène politique depuis 2011 ont été incapables de livrer un mode de gouvernance ou une vie économique acceptables», note le chercheur.

Nombreux brandissent d'ailleurs avec fierté les vidéos des marches exaltées qui ont éclaté à l'annonce de la libération de Seïf al-Islam. On y voit des hommes agiter des drapeaux à la couleur du Guide en scandant «Kadhafi! Soutien à Seïf al-Islam!» à Ghât, Awbari ou Bani Walid. Des zones traditionnellement acquises au colonel mais où, jusqu'à il y a encore peu, ses partisans se terraient par peur des représailles. Un engouement nouveau mais limité - quelques centaines de personnes tout au plus - revendiqué par Abd el-Baset, exilé en Égypte, qui a gardé des très fortes connexions avec les supporteurs de l'ancien régime dans le pays. Il était l'une des courroies de transmission du projet politique de Seïf al-Islam avant 2011, son conseiller média et l'un de ses porte-parole. L'un de ceux aussi qui l'ont accompagné jusqu'aux derniers instants avant sa capture lors sa fuite de Tripoli le 19 novembre 2011. «Quelques jours plus tôt, Seïf nous a réunis et nous a dit qu'il fallait réfléchir à des solutions en urgence pour la Libye. Tripoli était sur le point de tomber», se remémore-t-il.

«Si des élections ont lieu, avec une figure comme Seïf al-Islam, les kadhafistes sont en mesure de les remporter»
Mustafa Fetouri, professeur en sciences politiques

Seïf le pondéré, prêt à jouer le jeu de la transition démocratique et à prendre la suite de son père «ne s'imaginait pas qu'il se ferait arrêter». Une information appuyée par le rapport parlementaire du député conservateur Crispin Blunt publié l'année dernière affirmant que Seïf al-Islam aurait «peut-être pu permettre la mise en œuvre de réformes en Libye». «Seïf a une légitimité de par son identité mais aussi par les sept dernières années de chaos en Libye. Sa popularité est restée importante, c'est la communauté internationale qui impose aujourd'hui son retrait. Si la nation veut son retour, on ne pourra pas nous imposer le contraire», insiste el-Baset. Une capacité nuancée mais pas totalement écartée par les observateurs sur le terrain.

«Les hauts responsables sont certainement finis, ils ne pourront pas revenir sur le devant de la scène avant plusieurs années , affirme Mustafa Fetouri, professeur en sciences politiques basé à Tripoli.  En revanche, si les partisans lambda parviennent à s'organiser, ils peuvent faire quelque chose. Les soutiens locaux à l'intérieur du pays sont encore nombreux, il suffit juste de les réactiver avec une proposition politique. Si des élections ont lieu, avec une figure comme Seïf al-Islam, les kadhafistes sont en mesure de les remporter.». Ils seraient aussi en mesure de «faire monter les enchères», assurent les spécialistes, notamment grâce à leur emprise sur le sud du pays qui échappe aux deux pouvoirs concurrents à Tobrouk et Tripoli, sans toutefois apparaître comme une réelle troisième force. Il y a quelques jours, le représentant spécial de l'ONU en Libye, Ghassan Salamé, a assuré que le processus politique en cours devait être «ouvert à tous, y compris aux anciens partisans de Kadhafi». Reste à savoir si les kadhafistes sont capables de saisir l'opportunité.

La rédaction vous conseille :

Daech s'apprête à perdre Raqqa (15.10.2017)

Publié le 15/10/2017 à 18h17

Les djihadistes ne seraient plus que 200 à 300 dans la ville. D'autres l'ont quittée, aux termes d'un accord contesté par la coalition internationale.

Raqqa, l'ex-«capitale» de l'État islamique (EI) en Syrie, est sur le point de tomber entre les mains des Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance de combattants arabo-kurdes, soutenus par l'aviation de la coalition internationale, conduite par les États-Unis.

Dans la nuit de samedi à dimanche, 275 djihadistes syriens ont quitté Raqqa accompagnés de civils, aux termes d'un accord négocié par les tribus locales. Selon le porte-parole des FDS, Talal Selo, il ne resterait plus que «200 à 300 djihadistes étrangers» dans la ville. Ils ont refusé de partir et seraient entourés de membres de leurs familles. Selon cet accord, 3.000 civils ont pu ainsi quitter l'enfer des combats, et une poignée seulement y resterait encore, prisonniers des affrontements. Le convoi djihadiste devrait les emmener plus à l'est dans les dernières poches du territoire syrien toujours sous le contrôle de Daech.

Un enjeu de sécurité nationale pour la France

Les FDS contrôlent désormais plus de 90 % de Raqqa. Ces derniers jours, les combats se sont concentrés dans le quartier d'al-Nahda, à l'ouest de Raqqa, finalement repris samedi à Daech.

La veille, les djihadistes avaient tenté de reprendre l'offensive en attaquant près de l'hôpital, un de leurs derniers bastions fortifiés dans Raqqa. Les responsables de la coalition internationale s'attendent encore à des jours difficiles avant une libération complète de Raqqa, la première grande ville syrienne à passer sous le contrôle de l'EI en 2014, d'où ont été commandités des attentats commis en France. Pour Paris, la chute de Raqqa représente un enjeu de sécurité nationale.

Le dernier carré de djihadistes est composé de kamikazes étrangers qui, depuis leur réduit, n'ont plus accès à leur dépôt d'armes lourdes ou à leurs voitures piégées. «Nous sommes dans l'ultime bataille, affirme Mostapha Bali, un autre porte-parole des FDS, mais nous ne savons pas si c'est une question d'heures, de jours ou de semaines», a-t-il reconnu.

De telles évacuations consenties de djihadistes pour éviter de lourdes pertes parmi les civils assiégés ont déjà eu lieu à Faloudja (Irak) ou Jarablous en Syrie

Une certaine confusion règne autour des civils qui ont quitté Raqqa avec les djihadistes. Talal Selo a affirmé qu'il s'agissait de boucliers humains que l'EI avait refusé de relâcher une fois sorti de Raqqa, comme l'accord le réclamait pourtant. Les terroristes entendent ainsi se protéger d'une éventuelle attaque aérienne de la coalition, comme cela a pu se passer dans le passé en Irak ou en Syrie. De telles évacuations consenties de djihadistes pour éviter de lourdes pertes parmi les civils assiégés ont en effet déjà eu lieu à Faloudja (Irak) ou Jarablous en Syrie.

À Raqqa, l'accord a été négocié entre le Conseil local de la ville et des représentants de tribus qui avaient gardé le contact avec Daech. Mais une telle décision de hâter la fin des combats en permettant le départ de djihadistes pour sauver des civils n'a pas été du goût des responsables de la coalition internationale anti-Daech. L'un d'entre eux a affirmé que la coalition n'a pas été impliquée dans ces pourparlers. «Nous pouvons avoir des divergences avec nos partenaires, mais nous devons respecter leurs solutions», a reconnu le colonel Ryan Dillon, porte-parole de la coalition. En août déjà, cette dernière tenta pendant des semaines d'empêcher un convoi de djihadistes évacués de la frontière syro-libanaise de rallier l'ultime réduit de Daech dans l'Est syrien.

La course contre la montre s'accélère entre forces prorusses et proaméricaines pour tenir les positions que Daech est contraint de céder

Lancée le 6 juin, la bataille de Raqqa a entraîné la destruction d'une grande partie de la ville. La coalition internationale a été accusée d'avoir intensivement bombardé la ville, causant d'importantes pertes civiles. Des milliers de ses habitants sont désormais réfugiés dans des camps, tandis que des centaines d'autres sont morts, victimes des combats de rue.

Avec la perte prochaine de Raqqa, qui s'ajoute aux défaites de Mossoul, Tall Afar et Hawija en Irak, Daech subit un nouveau revers. En Syrie également, le territoire contrôlé par l'EI se réduit comme peau de chagrin.

À 200 km plus à l'est, l'EI a perdu durant le week-end une autre de ses places fortes, la ville de Mayadine, reprise ou sur le point de l'être, mais cette fois par les forces syriennes, épaulées par leurs alliés russes, iraniens et miliciens chiites du Hezbollah libanais. Dans l'Est syrien, la course contre la montre s'accélère entre forces prorusses et proaméricaines pour tenir les positions que Daech est contraint de céder.

Les cadres de Daech ayant fui Raqqa ces derniers mois, Mayadine était devenue la nouvelle «capitale» de l'EI en Syrie. C'est désormais encore plus à l'est, vers la ville de Boukamal, frontalière avec l'Irak, que les djihadistes reculent. En attendant d'autres revers.


La rédaction vous conseille :

Somalie : la stratégie de déstabilisation d'al-Chebab (16.10.2017)

Mis à jour le 16/10/2017 à 12h55 | Publié le 15/10/2017 à 15h00

DÉCRYPTAGE - Depuis 2016, le groupe islamiste lié à al-Qaida multiplie les attentats à la bombe dans Mogadiscio. Délogés de la capitale et de plusieurs grandes villes en 2011, les djihadistes contrôlent toujours de nombreuses zones rurales.

À Mogadiscio

Al-Chebab est de nouveau passé à l'offensive. En mai 2016, à quelques mois d'importantes élections, le groupe terroriste somalien a opéré une résurgence inattendue qui inquiète les autorités et souligne la fragilité des progrès militaires réalisés ces dernières années. L'apparition d'une faction alliée à Daech dans la province semi-autonome du Puntland a fait monter les enjeux pour le groupe armé qui cherche à réaffirmer sa dominance idéologique dans cette région de la Corne de l'Afrique.

Organisées en février, les élections présidentielle et parlementairesdevaient marquer la fin de la transition démocratique et la stabilisation politique du pays. De toute évidence, le chemin risque d'être encore long. Depuis le début de l'année 2016, al-Chebab a multiplié les attentats à la bombe dans Mogadiscio ainsi que les attaques contre les positions de l'armée somalienne et de l'Amisom (la mission de l'Union africaine en Somalie), leur infligeant de sérieuses pertes.

Des officiers somaliens facilement corruptibles

Délogé de la capitale et de plusieurs grandes villes en 2011, al-Chebab contrôle toujours de nombreuses zones rurales, et maintient une force évaluée à environ 8000 combattants. Selon les autorités somaliennes, après avoir initialement gagné du terrain, les forces de l'Amisom sont surtout restées confinées dans leurs casernes. Autour des campements militaires, al-Chebab en a profité pour se mêler à la population, s'assurant une base arrière pour le lancement de ses attaques.

«Derrière les lignes de l'Amisom, al-Chebab a une totale liberté d'opération. Ils peuvent taxer les gens, mobiliser des ressources, recruter… Dans ces espaces non contrôlés, al-Chebab a très efficacement établi des réseaux répondant à un commandement centralisé malgré leur territoire fragmenté», explique Abdihakim Ainte, un expert indépendant sur la Somalie. «Ces réseaux sont restés relativement dormants ces dernières années, je pense qu'ils se renforçaient. Maintenant al-Chebab veut montrer qu'il va falloir compter avec lui et que le gouvernement à Mogadiscio ne détient pas toutes les cartes.»

Manquant de moyens et mal secondé par l'armée somalienne, elle-même sous-équipée et insuffisamment financée, la mission d'Amisom stagne. Les officiers somaliens en charge des opérations de contre-terrorisme ne recevant que 100 dollars par mois sont des proies facilement corruptibles.

L'attaque à el-Adde en janvier 2016 de la base des troupes kényanes de l'Amisom, prise d'assaut à l'aube par 150 militants alors que les soldats dormaient, en a été la parfaite illustration. Les assaillants ont pu gagner le contrôle du camp en moins d'une heure, forçant les Kényans à prendre la fuite à pied à travers la campagne. Aucun bilan officiel n'a été diffusé par l'armée, mais on estime qu'au moins 50 soldats ont été tués.

La création d'une faction alliée à Daech au Puntland

«La cellule locale d'al-Chebab avait sans doute bénéficié d'informations quant à la disposition du camp, qui était mal défendu», analyse Ainte. Un cas d'école qui a scandalisé l'opinion publique au Kenya et relancé le débat sur un possible retrait des troupes.

L'apparition d'une faction alliée à Daech au Puntland a elle aussi ravivé les inquiétudes des autorités. Il s'agit pour l'instant d'une cellule dissidente créée en octobre 2015, puisque, depuis 2012, al-Chebab est allié à al-Qaida et a déclaré que «toute personne disant qu'elle appartient à un autre mouvement islamique doit être tuée immédiatement. Nous égorgerons quiconque mais en péril notre unité».

Jusqu'à présent, seul deux hauts commandants ont fait défection pour prêter allégeance à Daech, parmi lesquels Abd al-Qadir Mumin, un prédicateur influant parti avec un groupe de 50 jeunes combattants. Selon plusieurs sources au sein des services de sécurité du Puntland, la faction aurait depuis triplé son effectif. Elle recevrait des fonds et des armes par le biais de la branche de Daech au Yémen, a déclaré Abdi Hassan Hussein, l'ancien directeur des services de renseignement du Puntland s'exprimant à l'antenne de la Voix de l'Amérique. «Ils ont aussi obtenu l'accès à des puits d'eau, aux routes et à des planques», a-t-il ajouté. Selon Abdullahi Boru, analyste à Amnesty International, la faction pro-Daech n'est pas une menace pour al-Chebab, «qui a survécu à d'autres divisions. Le risque est plutôt qu'ils finissent par s'allier».

Fin avril 2016, Daech revendiquait sa première attaque en Somalie, un engin explosif improvisé visant un véhicule militaire appartenant à l'Amisom.

La rédaction vous conseille :

Somalie : près de 300 morts après un attentat d'une ampleur sans précédent (16.10.2017)

Par Le figaro.fr et AFP, Reuters AgencesMis à jour le 16/10/2017 à 12h14 | Publié le 15/10/2017 à 11h39

EN IMAGES - Le gouvernement somalien poursuivait ses efforts lundi pour aider les familles des victimes de l'attentat de samedi à Mogadiscio, le plus meurtrier de l'histoire de la Somalie avec au moins 276 morts et 300 blessés, à retrouver la trace de leurs proches disparus.

«C'est une attaque horrible menée par les Chebab sur des civils innocents, qui ne visait pas des responsables gouvernementaux somaliens spécifiques. Cela montre combien ces éléments violents sont sans pitié, pour viser sans distinction des gens innocents qui ne faisaient que s'occuper de leurs affaires», a déclaré dimanche le président somalien Mohamed Abdullahi Mohamed.

Dans le quartier de Hodan - Crédits photo : FEISAL OMAR/REUTERS

Samedi, deux explosions ont frappé Mogadiscio dont l'une a été particulièrement meurtrière. Selon le dernier bilan annoncé par le ministère somalien de l'Information dans la nuit de dimanche à lundi, 276 personnes ont été tuées et 300 blessées. Ces dernières ont été admises dans les différents hôpitaux de Mogadiscio. D'autres sources évoquent au moins 300 morts confirmés.

- Crédits photo : MOHAMED ABDIWAHAB/AFP

Le gouvernement a mis en place un «comité d'urgence», pour «aider les familles à chercher leurs proches disparus et contribuer financièrement auprès de ceux dont les propriétés ont été détruites dans l'explosion». Dès dimanche, les habitants de la capitale avaient commencé à partager des noms et des photos sur Facebook pour tenter de retrouver des proches disparus.

C'est l'explosion d'un camion garé devant un hôtel dans un quartier fréquenté de la capitale - au carrefour PK5 du quartier Hodan - qui abrite bâtiments officiels, hôtels et restaurants, qui a fait des dizaines de morts. La déflagration a endommagé plusieurs édifices et mis le feu à des dizaines de véhicules. Les images envoyées par les agences montrent un paysage de destruction effroyable. Plusieurs experts interrogés par l'AFP ont estimé que la charge était au minimum de 500 kg.

Deux heures plus tard environ, un second véhicule a explosé dans le quartier de Medina.


Le carrefour PK5, situé dans le quartier de Hodan, est un quartier commercial très animé de la capitale avec ses magasins et ses hôtels. - Crédits photo : MOHAMED ABDIWAHAB/AFP

Le président Farmajo a décrété un deuil national de trois jours, après cet attentat considéré par les Somaliens comme le pire de l'histoire de leur pays. Il a visité dimanche matin l'hôpital Erdogan, où les médecins lui ont dit avoir admis 205 patients, dont plus de 100 avec des blessures graves. Emmanuel Macron a assuré la Somalie et l'Union africaine de la «solidarité» et du «soutien» de la France face aux «groupes terroristes islamistes». «Solidarité avec la Somalie. Soutien à l'Union africaine contre les groupes terroristes islamistes. La France se tient à vos côtés», a écrit le chef de l'État sur Twitter.

Boris Johnson, ministre britannique des Affaires étrangères, condamne «fortement le lâche attentat de Mogadiscio» dans un communiqué. «Le Royaume Uni continuera à soutenir la Somalie dans sa lutte contre le terrorisme (...) Mes pensées vont aux familles de victimes, au gouvernement et aux Somaliens dans ces moments difficiles».

«Les Etats-Unis condamnent dans les termes les plus forts l'attaque terroriste qui a tué et blessé des centaines (de personnes) à Mogadiscio le 14 octobre», selon un communiqué du Département d'Etat. «Face à cet acte insensé et lâche, les Etats-Unis continueront de se tenir aux côtés du gouvernement somalien, de son peuple et de nos alliés pour combattre le terrorisme et soutenir leurs efforts pour parvenir à la paix, à la sécurité et à la prospérité».

De son côté la Turquie a annoncé envoyer de l'aide médicale à Mogadiscio et va prendre en charge des personnes blessées par l'attentat, selon le porte-parole du président Erdogan. «Sur instruction de notre président, un avion ambulance militaire est en route aujourd'hui (dimanche) pour apporter de l'aide médicale et emmener les blessés en Turquie», a tweeté dans l'après-midi Ibrahim Kalin, porte-parole du président turc Recep Tayyip Erdogan, après un premier tweet condamnant l'attentat de samedi.

Au carrefour PK5, là où le camion piégé a explosé. - Crédits photo : MOHAMED ABDIWAHAB/AFP

Les attentats n'ont pas été revendiqués mais portent la marque des islamistes du groupe al-Chebab, qui multiplient ce genre d'attaques depuis des mois à Mogadiscio. Les djihadistes, liés à al-Qaida, cherchent depuis dix ans à renverser le gouvernement soutenu par les pays occidentaux et à imposer en Somalie une version stricte de l'islam.

Des centaines de personnes sont descendues dimanche après-midi dans les rues de Mogadiscio pour exprimer leur colère après l'attentat. Les manifestants ont scandé des slogans antiviolence, et brandi des portraits du président et du Premier ministre. Certains portaient des tresses de couleur rouge et blanche dans les cheveux en signe de deuil. «Nous avons vu ce que les terroristes peuvent faire sans merci en répandant le sang de civils innocents. Nous devons nous dresser unis devant eux», a déclaré à la foule le maire de Mogadiscio, Tabid Abdi Mohamed, à la fin de la marche dans le sud de la capitale. «Les gens ont en assez et maintenant il est temps de se lever ensemble et de dire non à la violence. Nous combattrons quiconque est engagé dans la violence, quelles que soient les conséquences. Les gens meurent sans raison de toute manière», a déclaré l'un des manifestants, Abdihakim Ise.



Un an après, la salle de shoot de Paris divise encore (15.10.2017)

Mis à jour le 15/10/2017 à 19h25 | Publié le 15/10/2017 à 19h19

Si son expérimentation est « positive »pour la Ville, les riverains, eux, dénoncent un quotidien de nuisances.

Huit cents toxicomanes inscrits, 53.582 consommations, 123 dépistages de maladies infectieuses. Un an après l'ouverture de la première «salle de consommation à moindre risque» (SCMR) de France, dans le Xe arrondissement de Paris, la municipalité comme l'association Gaïa, qui gère la salle, se targuent d'une «première année positive». Mais aux alentours, si les banderoles et les panneaux «Non à la salle de shoot» ont presque tous disparu, certains riverains se disent «à bout».

«Le bilan est positif, et par le nombre d'usagers et par le travail que ça permet de faire auprès d'eux en termes de santé publique et d'accompagnement social»
Rémi Féraud, sénateur PS

Quelque 165 actes de consommation sont comptabilisés chaque jour, principalement des injections. C'est «autant qui n'ont pas eu lieu dans la rue», se félicite la directrice de Gaïa-Paris, Élisabeth Avril. La fréquentation de la salle a permis de réaliser 827 consultations sanitaires, et 324 usagers ont été reçus pour des entretiens sociaux. Aucune donnée, en revanche, sur le nombre de toxicomanes qui auraient réussi un éventuel sevrage. À l'extérieur de la salle, ouverte sept jours sur sept, l'équipe de Gaïa a mené 200 maraudes depuis un an. Le comité de voisinage, mis en place pour répondre aux préoccupations des riverains, s'est réuni sept fois. Selon Rémi Féraud, sénateur PS et, pour quelques jours encore, maire du Xe arrondissement, «le bilan est positif, et par le nombre d'usagers et par le travail que ça permet de faire auprès d'eux en termes de santé publique et d'accompagnement social». Reste que «l'insertion de la salle dans son environnement immédiat n'est pas encore réussie», admet l'élu, qui constate «une situation dégradée depuis cet été».

 «Il est 3 h 49 et trois toxicomanes viennent de défoncer la porte à coups de pied pour entrer dormir dans le hall»

Une riveraine

C'est un quotidien ponctué de cris tard dans la nuit, de halls d'immeubles occupés, de bagarres sur le trottoir et d'attroupements autour de la salle que racontent les membres du collectif Stop à la salle de shoot. Fin février, une «bataille rangée d'une extrême violence entre deux bandes rivales de toxicomanes et de dealers», a eu lieu rue Ambroise-Paré. Sur son compte Twitter, l'association poste de nombreux témoignages. «Il est 3 h 49 et trois toxicomanes viennent de défoncer la porte à coups de pied pour entrer dormir dans le hall», dénonce ainsi une riveraine le 5 octobre. Un voisin «a dû enjamber 4 tox ce matin avec sa fille de 3 ans et demi». Sur une photo, on voit «des Autolib' transformées en “salles de shoot” individuelles». Cette station est désormais fermée, «comme d'autres dans Paris, qui ne sont pas proches d'une SCMR», fait remarquer Rémi Féraud.

Portes cochères forcées

Habitante du quartier depuis 1975, une retraitée décrit «une espèce de spirale infernale» : «Il n'y a jamais eu autant de toxicomanes, affirme-t-elle. Début octobre, je me suis retrouvée un soir face à deux Lituaniens dans le hall de mon immeuble. Ils avaient défoncé la porte et bloqué la serrure avec un jeton de kit à injection. Que faire? Sortir mon iPhone devant eux pour appeler le 17?» Trois portes cochères ont été forcées la semaine dernière, selon le collectif. «Le devis pour refaire la serrure, c'est 1 500 euros!, s'indigne la retraitée. C'est la mairie qui va nous le payer?» Au café Le Magenta, face à l'entrée de la salle, «les gens ne veulent plus être en terrasse, avec ce spectacle!, soupire un serveur. Une fois, un drogué s'est perdu, il voulait se shooter en plein milieu des clients! Et samedi vers 14 h 30, il y a encore eu une grosse baston. Alors, les résultats positifs, on les voit pas trop…» Rémi Féraud reconnaît que «c'est un défi pour les mois qui viennent». «L'État a renforcé les moyens de Gaïa et j'ai demandé une présence policière plus intense, assure-t-il. Mais le mieux serait d'ouvrir d'autres salles dans Paris pour ne pas concentrer cette population d'usagers dans un seul quartier! J'attends une expression du gouvernement sur le sujet: pour l'instant, il n'a rien dit de sa politique en matière de toxicomanie.»

La rédaction vous conseille :
Grand reporter, chargée des questions de société

Ses derniers articles


«Chasse aux DRH» : quatre militants d'extrême gauche devant la justice (15.10.2017)

Mis à jour le 15/10/2017 à 16h24 | Publié le 15/10/2017 à 15h59

À la suite d'un rassemblement jeudi visant à «faire la fête» aux participants d'un congrès de directeurs des ressources humaines, 40 militants d'extrême gauche avaient été interpellés. Quatre d'entre eux seront finalement présentés à un juge.

Ces militants d'extrême gauche voulaient «chasser» les directeurs et directrices des ressources humaines... Quatre d'entre eux seront finalement poursuivis par la justice. Retour sur les faits. Le jeudi 12 octobre, le 34e Congrès des décideurs en ressources humaines se tient au Pré Catelan, un restaurant chic situé dans le bois de Boulogne (XVIe arrondissement de Paris).

Une réunion sous tension en raison notamment de la publication fin septembre d'une tribune dans Médiapart intitulée «Pénicaud au Pré Catelan, le bois de Boulogne aux fainéants!» et appelant à «faire la fête» aux DRH ce jour-là. Explicitement visée, la ministre du Travail Muriel Pénicaud, elle-même ancienne DRH de Danone et invitée pour intervenir «en exclusivité» sur la réforme du Code du travail, annule finalement sa venue. Son cabinet évoque néanmoins un «impératif d'agenda» non lié à la manifestation.

Trois voitures incendiées

Le congrès se tient finalement sous haute surveillance policière et dégénère lorsqu'«environ 80 individus de la mouvance contestaire» dégradent et incendient plusieurs véhicules en stationnement devant le Pré Catelan. «41 individus ont été interpellés pour jets de projectiles sur agents de la force publique, port d'arme prohibé et participation à un attroupement en étant porteur d'une arme», précise la préfecture de police de Paris.

Cinq personnes sont finalement placées en garde à vue pour «attroupement armé», «violence sur personnes dépositaires de l'autorité publique» et «dégradation par substances incendiaires». Dimanche, l'AFP apprend d'une source judiciaire que quatre d'entre eux ont été présentés à un juge. Ces derniers devaient être jugés samedi en comparution immédiate, mais le procès de deux d'entre eux a été reporté au 21 novembre et, pour les deux autres, une information judiciaire a été ouverte afin de procéder à des investigations supplémentaires.

«Rien ne justifie la violence vis-à-vis des DRH»

Dans un communiqué datant du 13 octobre, l'Union Syndicales Solidaires, qui «a participé et appelé au rassemblement Chasse aux DRH», évoque de son côté un «rassemblement joyeux, calme et pacifique de bout en bout» d'environ 150 personnes, et assure que les voitures «ont brûlé à plusieurs centaines de mètres» de l'attroupement.

L'Association nationale des DRH (ANDRH) s'est quant à elle indignée de cette «chasse», estimant que «rien ne justifie la violence vis-à-vis des DRH». «S'attaquer avec violence à des citoyens en raison de leur activité professionnelle est inacceptable dans un Etat de droit. Les professionnels RH sont au quotidien confrontés à l'exigence de concilier l'économique et le social. Cet équilibre à réinventer chaque jour se concrétise dans le dialogue social», a écrit l'association sur son site Internet le 12 octobre.

La rédaction vous conseille :
Journaliste

Ses derniers articles


Des incendies font plus de trente morts au Portugal et en Espagne (16.10.2017)

Par Le figaro.fr et AFP agenceMis à jour le 16/10/2017 à 19h38 | Publié le 16/10/2017 à 08h39
VIDÉO - Portés par des vents violents et une vague de forte chaleur, de violents feux de forêt touchent depuis dimanche la péninsule ibérique. Au moins trente-deux personnes sont mortes au Portugal, et trois dans le nord-ouest de l'Espagne. «Il s'agit d'incendies volontaires, prémédités», accuse le premier ministre Mariano Rajoy.

La Californie n'est pas la seule région de la planète dévastée ces derniers jours par les flammes. Au moins trente-deux personnes sont mortes dans des incendies qui ravagent depuis dimanche des zones forestières du Portugal, selon la Protection civile. Egalement frappées par des mois de sécheresse et des températures élevées pour la saison, le nord-ouest de l'Espagne est également touché et dénombre trois victimes.

Au Portugal, face aux 524 incendies ou départs de feux enregistrés à travers le pays au cours des 24 heures de dimanche, un record depuis 2006, le premier ministre Antonio Costa a déclaré «l'état de catastrophe publique». Une vingtaine de feux considérés «importants» continuaient de faire rage ce lundi matin dans le centre et le nord du pays. Quelque 3000 pompiers tentaient lundi, en fin d'après-midi, de venir à bout d'une soixantaine de foyers encore actifs.

Au Portugal comme en Galice, la météo était plus clémente lundi que la veille, avec des températures en baisse et parfois même de la pluie, mais les pompiers avaient encore beaucoup à faire. Lundi en fin d'après-midi, les autorités galiciennes, qui ont décrété trois jours de deuil régional, recensaient toujours une quinzaine de foyers actifs pouvant représenter un risque pour les populations et les habitations. Lisbonne a sollicité des renforts à ses partenaires de l'Union européenne et au Maroc, auquel l'Italie a répondu en acceptant de prêter deux avions bombardiers d'eau. «Lorsqu'il s'agit d'affronter une calamité de cette ampleur, il faut mobiliser tous les moyens et toute la solidarité européenne», a déclaré au Luxembourg le ministre des Affaires étrangères, Augusto Santos Silva. «L'Espagne, la France et le Maroc sont eux aussi confrontés à des incendies préoccupants» et n'ont pas encore répondu aux appels à l'aide.

Le 17 juin dernier, l'incendie le plus meurtrier de l'histoire du Portugalavait fait 64 morts et plus de 250 blessés près de Pedrogao Grande (centre).

Quatre personnes sont mortes notamment dans deux incendies différents dans le district de Coïmbra (centre), dont une dans un accident de voiture en essayant de fuir les flammes. Une a succombé dans la région de Castelo Branco (centre) et une autre a péri dans le district de Viseu (centre), où une personne était portée disparue. «On a vécu un véritable enfer, c'était horrible. Le feu est venu de partout et les flammes sont passées juste au dessus des maisons», a témoigné à la télévision publique RTP une habitante de la commune de Penacova, où deux frères d'une quarantaine d'années sont morts alors qu'ils tentaient de combattre les flammes.

Une personne est décédée dans un accident de voiture en tentant d'échapper aux flammes. - Crédits photo : MIGUEL RIOPA/AFP

Cette vague d'incendies est due à «des températures nettement au-dessus de la moyenne pour la saison et à l'effet accumulé de la sécheresse qui se fait sentir quasiment depuis le début de l'année», a expliqué la porte-parole de l'Autorité nationale de protection civile portugaise, Patricia Gaspar. Près de 216.000 hectares de végétation étaient déjà partis en fumée au Portugal entre début janvier et fin septembre, selon une estimation de l'Institut de la conservation de la nature et des forêts.

Les civils viennent en aide aux pompiers pour lutter contre les incendies. Crédits Photo: MIGUEL RIOPA/AFP - Crédits photo : MIGUEL RIOPA/AFP

«Il s'agit d'incendies volontaires, prémédités, déclenchés par des personnes qui savaient ce qu'elles faisaient»
Mariano Rajoy, premier ministre espagnol

Du côté espagnol, le chef du gouvernement régional de Galice, Alberto Nunez Feijoo, a confirmé un bilan provisoire de trois personnes tuées. Deux personnes ont péri piégées dans leur véhicule près de Nigran, alors qu'elles essayaient de fuir, a annoncé le maire de cette ville à la télévision: «Cela a été très soudain, c'était fou», a-t-il commenté. Un homme âgé a aussi été trouvé mort dans un hangar derrière sa maison, à Carballeda de Avia. Le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy a accusé lundi des incendiaires d'avoir provoqué la majeure partie de ces feux meurtriers. «Ce que nous vivons ici c'est quelque chose qui ne se produit pas par hasard, ça a été provoqué», a-t-il dit lors d'une visite en Galice, sa région natale. «Il s'agit d'incendies volontaires, prémédités, déclenchés par des personnes qui savaient ce qu'elles faisaient», confirmait plus tôt le chef du gouvernement régional de Galice.

La rédaction vous conseille :


Les forces irakiennes prennent des sites aux Kurdes à Kirkouk (16.10.2017)

Par Mickaël Deneux, AFP, Reuters Agences et Pauline DumonteilMis à jour le 16/10/2017 à 16h40 | Publié le 16/10/2017 à 13h18

Le territoire repris par l'armée comprend notamment une base aérienne, une centrale électrique et la zone industrielle, a précisé l'armée. Des milliers d'habitants ont fui la ville.

Les forces irakiennes ont pris lundi aux combattants kurdes le contrôle de plusieurs secteurs situés dans la région de Kirkouk, a affirmé l'armée de Bagdad. Les forces armées irakiennes assurent qu'elles «continuent de progresser», elles annoncent également avoir repris sous son contrôle l'aéroport de la ville et le siège du gouvernorat.

A l'exception d'échanges de tirs d'artillerie dans la nuit, la progression des forces irakiennes a dans l'ensemble été facilitée par le retrait des combattants kurdes (peshmergas) de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK) de leurs positions au sud de Kirkouk. En certaines régions limitrophes, on annonce toutefois des combattants kurdes tués ou disparus.

Des milliers d'habitants ont quitté ce lundi les quartiers kurdes de Kirkouk pour se diriger vers Erbil et Souleimaniyeh, les deux principales villes de la région autonome kurde. Les embouteillages étaient considérables aux sorties de la ville.

L'armée s'approprie les environs de la ville

Deux officiers supérieurs irakiens ont déclaré que l'armée de Bagdad n'avait pas pour mission de pénétrer dans Kirkouk même et que son objectif était de s'approprier les environs de la ville. Ces faits semblent être contredits alors que les évènements évoluent rapidement. Le premier ministre irakien, Haïdar al Abadi, a appelé lundi en fin de matinée les combattants kurdes à passer sous le contrôle de l'autorité fédérale.

Les soldats irakiens lundi aux abords de Kirkouk. - Crédits photo : AHMAD AL-RUBAYE/AFP

Au terme d'un ultimatum, les troupes irakiennes ont fait mouvement dans la nuit de dimanche à lundi, affirmant avoir repris des routes et des infrastructures aux combattants kurdes. Elles contrôlent également la zone industrielle qui se trouve au sud-ouest de la ville de Kirkouk, a affirmé le Commandement conjoint des opérations (JOC). À cela s'ajoute, selon le JOC, «une infrastructure gazière de la Northern gas company, un poste de police, une centrale électrique de Kirkouk et la raffinerie qui la jouxte».

Les forces irakiennes ont affirmé s'être emparées d'un des six champs pétroliers de la région. Dans les deux principaux champs, le pompage a cessé lundi après-midi. Le Kurdistan, qui traverse la plus grave crise économique de son histoire, pourrait lourdement pâtir de la perte de ces champs qui assurent 40% de ses exportations pétrolières.

Des enfants saluent l'arrivée des soldats irakiens lundi à Kirkouk. - Crédits photo : STRINGER/REUTERS

Les forces gouvernementales ont également pris lundi la principale base militaire de la province pétrolière de la ville, dans une région disputée du nord de l'Irak d'où elles avaient été chassées il y a trois ans au profit des peshmergas. En juin 2014, profitant de l'offensive éclair du groupe djihadiste État islamique, les peshmergas avaient pris la base en humiliant les soldats irakiens, les obligeant à retirer leurs uniformes en leur jetant des dishdashas (une robe masculine) et en confisquant leurs armes.

Un contexte explosif après le référendum kurde

Sous tensions depuis la tenue le 25 septembre d'un référendum d'indépendance au Kurdistan irakien, Bagdad et la région autonome ne sont pas parvenus à s'entendre sur une désescalade au cours des derniers jours s'agissant des territoires qu'ils se disputent.

Le gouvernement turc a également vivement critiqué le référendum d'indépendance kurde. Ankara critique tout particulièrement l'inclusion de Kirkouk dans le scrutin d'indépendance, soulignant le caractère multiethnique de la province, où vivent des Kurdes, des Arabes et des Turkmènes. La Turquie a proposé de collaborer avec l'Irak.

L'Irak affirme que des membres du PKK, qui livre depuis 1984 une sanglante guérilla en Turquie, se trouvent à Kirkouk. Ce mouvement a été classé «terroriste» par Ankara et ses alliés occidentaux. La coopération entre ces deux pays est inédite. Ils s'étaient vivement accrochés l'an dernier au sujet de la présence d'une base militaire turque dans la région de Mossoul en Irak.

La coalition internationale emmenée par les Etats-Unis a exhorté lundi, par un communiqué, les autorités kurdes et le pouvoir central irakien «à éviter une escalade».

- Crédits photo : STRINGER/REUTERS

La rédaction vous conseille :

93: professeure giflée, Blanquer "scandalisé" (16.10.2017)

Mis à jour le 16/10/2017 à 17h23 | Publié le 16/10/2017 à 15h04

Le ministre de l'Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, s'est dit "scandalisé" aujourd'hui après l'agression d'une professeure d'un lycée de Gagny (Seine-Saint-Denis), giflée par un élève pendant qu'un autre filmait la scène. "Je lui ai parlé au téléphone, c'est une femme très digne et elle a eu la réaction la plus remarquable qui soit", a dit le ministre sur BFMTV. "J'ai vu tout cela et j'en ai été profondément scandalisé", a-t-il ajouté.



Les faits ont eu lieu le 4 octobre au lycée professionnel Jean-Baptiste Clément. Selon les premiers éléments, un élève de 16 ans a giflé la professeure au motif qu'elle avait fait tomber son téléphone portable qu'elle venait de lui confisquer, a expliqué à l'AFP une source proche de l'affaire. Un autre élève, âgé de 18 ans, a filmé la scène et a diffusé la vidéo sur les réseaux sociaux, selon cette source.

"On a vu la vidéo apparaître sur les réseaux sociaux en milieu, fin de semaine dernière", a précisé à l'AFP le rectorat de Créteil. Depuis, "tout a été fait pour qu'elle soit retirée", a ajouté le rectorat. Les deux élèves ont été interpellés vendredi. Le mineur a été convoqué le 30 novembre devant le juge des enfants, et le majeur le 6 février 2018 devant le tribunal correctionnel, a précisé la source proche. Ils ont tous deux été exclus de l'établissement temporairement, dans l'attente de leur passage en conseil de discipline, a précisé le rectorat.



"Quand des faits aussi graves ont lieu il doit y avoir une immense solidarité vis-à-vis des victimes et il doit y avoir de l'intransigeance vis-à-vis de ceux qui sont auteurs de cela", a encore dit  Blanquer.

"Malta Files": enquête sur "les coulisses d'un paradis fiscal" (19.05.2017)

Mis à jour le 19/05/2017 à 19h46 | Publié le 19/05/2017 à 19h41

Treize journaux regroupés au sein du réseau de médias European Investigative Collaborations (EIC), publient à partir de ce vendredi et pendant deux semaines les "Malta Files", plus de 150.000 documents confidentiels révélant les "coulisses de ce paradis fiscal méconnu", annonce Mediapart. Le site promet une "plongée dans les coulisses de ce paradis fiscal méconnu, qui préside jusqu'au 30 juin l'Union européenne", affirmant que la petite île de 430.000 habitants "prive les autres pays de 2 milliards d'euros de recettes fiscales par an".

Selon Mediapart, l'enquête porte sur de "l'optimisation et de l'évasion fiscales, du blanchiment et de la corruption", et se base sur "la liste complète des personnes et entités impliquées dans les 53.247 sociétés immatriculées à Malte". Parmi ces sociétés immatriculées dans l'île, figurent "de grands chefs d'entreprise", des multinationales telles que les groupes "Bouygues, Total, BASF, Ikea", des banques comme "Reyl et JP Morgan", affirme Mediapart.

Selon le site, de grands patrons français auraient acquis des yachts et les auraient immatriculés à Malte afin de bénéficier d'une "fiscalité attractive", et de "charges sociales très basses qui réduisent le coût de l'équipage". Il cite Jean-François Decaux (JC Decaux), Maurice Ricci (Akka Technologies), Xavier Niel (Iliad-Free), Hubert Martigny (cofondateur d'Altran), Olivier Bertrand (groupe Bertrand) ou Stéphane Courbit (Lov Group)- dont "aucun n'a souhaité répondre" à ses questions, dit-il.

Outre Mediapart, l'hebdomadaire allemand Der Spiegel, et les journaux portugais Expresso, espagnol El Mundo (Espagne), italien L'Espresso, belge Le Soir, danois Politiken, maltais Malta Today et le média en ligne roumain The Black Sea, notamment, figurent parmi ces médias.

Selon le Spiegel, plusieurs groupes allemands détiendraient des sociétés immatriculées à Malte, comme BMW, BASF, Deutsche Bank, Puma, Merck, Bosch ou Rheinmetall. Le géant de l'aérien Lufthansa possède "18 filiales à Malte", selon l'hebdomadaire allemand, qui écrit que l'entreprise y a installé sa "caisse de retraite". Contactés par Der Spiegel, les entreprises concernées ont assuré que leur présence à Malte était "légale" et déclarée au fisc maltais.

Par ailleurs, le ministre des Finances de l'Etat régional de Rhénanie du Nord-Westphalie, Norbert Walter-Borjans, avait déclaré le 10 mai que son administration enquêtait sur quelque 2.000 sociétés fantômes enregistrées dans l'île, parfois liées à de grands groupes allemands et suspectées de fraude, après avoir reçu des informations anonymes en ce sens.

Selon L'Espresso, l'Italie est "de très loin" le pays le plus représenté dans les "Malta Files", avec près de 8.000 sociétés maltaises contrôlées par des actionnaires italiens.

L'enquête a mobilisé 49 journalistes basés dans 16 pays pendant quatre mois, dont les "révélations" paraîtront sur "deux semaines".

Lire aussi :

«Malta files»: un pétrolier offert au clan Erdogan, selon des médias (26.05.2017)

Mis à jour le 26/05/2017 à 23h34 | Publié le 26/05/2017 à 23h32

La famille du président turc Recep Tayyip Erdogan, recourant à des sociétés écrans immatriculées à Malte et sur l'île de Man, est propriétaire d'un pétrolier de près de 26,5 millions d'euros, affirment vendredi soir des médias européens. Ces journaux, dont le français Mediapart, le belge Le Soir, l'espagnol el Mundo et l'italien L'Espresso, sont tous membres du réseau European Investigative Collaborations (EIC). Ils ont commencé le 19 mai à publier les "Malta Files", une enquête sur "les coulisses du paradis fiscal" maltais, que le gouvernement de La Valette avait aussitôt rejetée en bloc.
Selon ces journaux, les Erdogan sont les propriétaires d'un pétrolier baptisé Agdash grâce à un montage mis en place par l'homme d'affaires turc et ami de la famille, Sitki Ayan, ainsi que par le milliardaire turco-azeri Mübariz Mansimov, propriétaire du groupe de transport Palmali, dont le siège est à Istanbul. Des documents, selon le Soir, démontrent que le premier a contribué à hauteur d'un quart et le second pour les trois quarts à un accord secret de leasing, dont la famille Erdogan serait la première bénéficiaire.

Les premières lignes de cet accord ont été écrites en 2008, alors que celui qui était alors Premier ministre de la Turquie était considéré par les pays occidentaux comme un réformateur, pro-démocrate. Mübariz Mansimov, qui a versé les trois quarts de l'argent, est un milliardaire azéri naturalisé turc par M. Erdogan, note Mediapart. Et de s'interroger: "son cadeau était-il le prix de sa naturalisation ? A-t-il obtenu d'autres contreparties ?". La raison pour laquelle Sitki Ayan a payé le quart restant est inconnue, selon Le Soir. Il note toutefois que "les Ayan sont d'indéfectibles alliés de la famille Erdogan."

Et il ajoute: "En 2013, des conversations entre Erdogan et son fils Bilal ont filtré, elles font fortement allusion au versement de pots-de-vin des Ayan en échange de faveurs de l'État". Contactés par l'EIC, ni la présidence turque, ni Mansimov, ni Sitki Ayan, ni les membres de la famille Erdogan impliqués dans le montage n'ont répondu.

Malte: assassinat d'une blogueuse ayant accusé le gouvernement de corruption (16.10.2017)

Mis à jour le 16/10/2017 à 19h22 | Publié le 16/10/2017 à 17h00

Une blogueuse maltaise, Daphne Caruana Galizia, à l'origine d'accusations de corruption qui avaient provoqué des élections anticipées en juin, a été tuée aujourd'hui par une bombe placée sous sa voiture, a annoncé le premier ministre maltais, Joseph Muscat.

"Ce qui s'est passé aujourd'hui est inacceptable à de nombreux niveaux. Aujourd'hui est une journée noire pour notre démocratie et notre liberté d'expression", a déclaré M. Muscat (centre-gauche), dont l'entourage proche a été la cible de violentes attaques de Mme Caruana Galizia, lors d'un point presse. "Je n'aurai de cesse que justice soit faite".

Agée de 53 ans, Mme Caruana Galizia a travaillé comme chroniqueuse dans plusieurs médias maltais mais était surtout connue pour le blog dans lequel elle a révélé plusieurs affaires de corruption.
Début juin, M. Muscat avait remporté une large victoire lors d'élections législatives anticipées convoquées à la suite d'une série de scandales impliquant plusieurs de ses proches, dans la révélation desquels Mme Caruana Galizia avait joué un rôle central. Son épouse, Michelle Muscat, est ainsi accusée d'avoir ouvert un compte au Panama pour y abriter, entre autres, des pots-de-vin versés par l'Azerbaïdjan en échange de l'autorisation donnée à une banque azérie de travailler à Malte.

"Le plus gros mensonge de l'histoire politique maltaise", avait réagi M. Muscat, tout en promettant de démissionner si les faits étaient avérés à la suite d'une enquête qu'il a lui-même réclamée.

Jospeh Muscat, 43 ans, ancien journaliste, est arrivé au pouvoir en 2013 sur un programme de centre-gauche. A son actif, une économie en plein boom qui lui a valu sa réélection selon les observateurs, et l'adoption du mariage gay en juillet dans ce pays très catholique de 430.000 habitants, où le divorce n'a été autorisé qu'en 2011.

Dans son dernier texte de blog, publié une heure avant sa mort, Mme Caruana Galizia a répété ses accusations contre M. Schembri, le qualifiant d'"escroc" qui use de son influence au gouvernement pour s'enrichir.

LIRE AUSSI :

Liège: un policier suspendu après la mort de l'étudiante française (16.10.2017)

Mis à jour le 16/10/2017 à 19h44 | Publié le 16/10/2017 à 19h40

Un policier belge a été suspendu aujourd'hui après la mort d'une étudiante française à Liège (est de la Belgique), a annoncé la police de cette ville dans un communiqué. Les autorités locales et la police ont reconnu une erreur de traitement d'une plainte déposée par la victime deux ans avant sa mort, dans laquelle elle avait fait état d'avances sexuelles déplacées de la part de son futur meurtrier.

Louise Lavergne, 24 ans, originaire du Mans (ouest de la France), étudiante à la faculté vétérinaire de Liège, avait été retrouvée morte poignardée dans son logement le 9 octobre.

Un de ses voisins d'immeuble, un homme de 54 ans déjà condamné pour des faits de viol en 2004 et 2006, selon les médias, a été interpellé dès le lendemain, en raison notamment de la présence d'une chaussette tachée de sang dans une poubelle lui appartenant. Il a été inculpé et écroué mercredi dernier.

Aujourd'hui, au bout du délai de cinq jours prévu par la loi belge, s'est tenue la première audience sur la prolongation de sa détention devant une juridiction d'instruction. A cette occasion, le meurtrier présumé "est sorti de son mutisme et de son impassibilité (...) en articulant d'amers regrets mais également en formulant des excuses, officiellement, à l'endroit de la famille de la victime", a expliqué son avocat à la chaîne publique RTBF. "Il résume toujours son forfait, ses actes, en disant qu'il a agi (...) sous l'emprise d'une sorte de coup de folie", a poursuivi Me Dessy.

Le meurtrier présumé, qui au moment des faits était en liberté conditionnelle sous surveillance électronique, avait tenté il y a trois ans de séduire sa jeune voisine en lui faisant parvenir une lettre enflammée et en s'exhibant nu devant elle, selon plusieurs journaux. Elle avait fait état de ce comportement déplacé en février 2015 devant un policier de Liège qui avait alors rempli "une fiche d'information, alors que les faits justifiaient de rédiger un procès-verbal".

A cause de cette faute, le signalement n'est pas remonté au niveau judiciaire. A l'époque le parquet aurait pu avoir accès aux antécédents de l'homme.

LIRE AUSSI :

Expulsion des clandestins: ce que peut (vraiment) faire Emmanuel Macron (16.10.2017)

Par Jean-Marc Leclerc et Paule Gonzalès
Mis à jour le 16/10/2017 à 19h14 | Publié le 16/10/2017 à 19h00

Après l'attentat de Marseille, Emmanuel Macron se veut «intraitable» avec les immigrés illégaux, mais la France a-t-elle les moyens de ses ambitions ?

Sur TF1, dimanche soir, le président de la République a tenu des positions fermes sur la lutte contre l'immigration illégale. Voici les points clés sur lesquels il entend faire porter les efforts pour rendre plus efficace la politique de reconduite des clandestins. «Cela ne se fera pas du jour au lendemain», a-t-il prévenu. De fait, sa marge de manœuvre paraît extrêmement réduite.

● Une circulaire pour mieux réguler les éloignements

Une circulaire a été signée à Beauvau ce lundi. Elle fait suite au double assassinat de Marseille, le 1er octobre, commis par un clandestin qui aurait dû être expulsé avant le drame. On y trouve les réponses à des problèmes pointés par l'Inspection générale de l'administration (IGA) qui a enquêté sur ces dysfonctionnements. Il sera demandé aux préfets de s'impliquer personnellement dans le suivi des éloignements en s'assurant en temps réel du nombre de places disponibles dans les centres de rétention administrative (CRA). Un système d'information partagé entre les préfectures et ces centres va voir le jour. Les données doivent aussi mieux circuler entre départements pour optimiser l'occupation des CRA sur tout le territoire.

● Davantage de places en centre de rétention administrative

Gérard Collomb a également annoncé le recrutement de 150 agents de plus dans les services des étrangers en préfecture pour 2018.

«Aujourd'hui en France, on compte sans doute un demi-million de clandestins»
Guillaume Larrivé, député LR de l'Yonne

Et il a promis 200 places supplémentaires dans les CRA d'ici la fin de l'année. Mais l'administration part de très loin: elle dispose au total de moins de 1800 places dans les CRA, pour plus de 90.000 clandestins interpellés annuellement et 31.000 illégaux à qui les préfets parviennent à délivrer une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Le député LR de l'Yonne, Guillaume Larrivé, assure qu'«aujourd'hui en France, on compte sans doute un demi-million de clandestins». Selon lui, «le ministère de l'Intérieur refuse d'avancer un chiffre, mais, il y a une dizaine d'années, il l'estimait entre 200.000 et 400.000». Depuis, le seul système de l'asile a créé 276.000 déboutés en cinq ans, dont 90 % ne repartent pas. S'y ajoutent les milliers d'étrangers qui entrent en France avec des visas Schengen et qui s'y maintiennent, comme le tueur de Marseille, de nationalité tunisienne. Le rapport de l'IGA a révélé que, au-delà du cas de cet islamiste, l'échec aux éloignements est quasiment la règle et que la justice y contribue largement. «Le taux de reconduite des gens assignés à résidence est de 2 %, celui des gens en CRA de 10 %», déplore le sénateur LR du Rhône, François-Noël Buffet. Selon lui, «il faudrait bien plus qu'une circulaire pour régler les problèmes».

● Expulsion systématique des illégaux auteurs de délits

Cette annonce d'Emmanuel Macron, dimanche soir, va faire débat. D'abord, parce qu'il est difficile d'évaluer le nombre de clandestins concernés. On sait seulement que le nombre d'étrangers mis en cause par la police pour des délits est passé de 107.000 en 2008 à plus de 160.000 en 2016. La proportion d'étrangers auteurs de délits a donc largement augmenté, mais, parmi eux, combien se trouvent en situation illégale? La promesse présidentielle est-elle réaliste ou s'agit-il d'un simple coup de com'? «L'intention est louable mais le principe veut que tout clandestin, délinquant ou non, soit renvoyé», estime, pour sa part, le député LR des Alpes-Maritimes, Éric Ciotti. Cet élu considère d'ailleurs qu'il ne faut pas se limiter aux expulsions des illégaux mais que des étrangers en règle doivent aussi pouvoir être éloignés s'ils représentent une menace pour la sécurité nationale. Selon lui, 15 % des 18.500 individus inscrits dans le fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT) seraient des étrangers, soit près de 3000 personnes.

«Il faut abroger la réforme de la double peine, prévue par la loi Sarkozy de 2003, car elle empêche d'expulser les étrangers lorsqu'ils sont depuis longtemps en France»
Guillaume Larrivé, député LR de l'Yonne

De son côté, Guillaume Larrivé assure que, concernant les illégaux auteurs de délits, «il faut abroger la réforme de la double peine, prévue par la loi Sarkozy de 2003, car elle empêche d'expulser les étrangers lorsqu'ils sont depuis longtemps en France». Pour un tribunal judiciaire, l'obligation de quitter le territoire français «peut être une peine complémentaire pour les infractions les plus graves», souligne Céline Parisot de l'Union syndicale des magistrats (USM). «Encore faut-il qu'elles soient prononcées et exécutées», rappelle Béatrice Brugère de FO Magistrats. «Mais il ne peut y avoir d'automaticité de la peine. Ce serait contraire à la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l'homme et au droit de l'Union européenne. Car il faut toujours proportionner la situation personnelle à la gravité de l'infraction», estime Serge Slama, professeur de droit public à l'université de Grenoble. Et même, «pour expulser, encore faut-il être sûr de la nationalité et de l'identité de la personne», conclut Céline Parisot.

● Sceller des accords bilatéraux avec les pays sources

Pour le sénateur Buffet, cette action poussée par l'Élysée est «impérative». Selon lui, «il faut sceller des accords de réadmission avec les pays d'origine, à commencer par ceux de l'Afrique subsaharienne». Un ambassadeur a été spécialement nommé pour négocier ces accords. Mais à Beauvau, le cabinet de Gérard Collomb précise: «Il n'y aura pas que des accords de réadmission. L'objectif est d'améliorer et de faciliter l'obtention des laissez-passer consulaires» sans lesquels rien n'est possible. Ce taux d'obtention varie de «5 % à 90 % selon les pays», dit-on à Beauvau. Qui ne communique pas les taux par pays… Il faudra du temps pour connaître les effets réels de cette politique.

La rédaction vous conseille :

La France accueillera 10.000 réfugiés d'ici 2 ans (09.10.2017)

Mis à jour le 09/10/2017 à 23h10 | Publié le 09/10/2017 à 22h05

La France va démarrer "dans les prochaines semaines" des missions au Niger et au Tchad pour identifier des personnes pouvant bénéficier du droit d'asile, sur des listes proposées par le Haut Commissariat de l'ONU pour les Réfugiés (HCR), a annoncé Emmanuel Macron lundi.

Ces missions menées par l'Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides) visent aussi à "mieux prévenir la situation depuis le Niger et le Tchad pour prévenir un afflux de migrants économiques" non éligibles au droit d'asile, a expliqué le président, après avoir reçu à l'Elysée le président du HCR Filippo Grandi.

Au total, la France "ouvrira sur les deux prochaines années 10.000 places" pour ces réfugiés "réinstallés" depuis le Niger, le Tchad, mais aussi de Turquie, du Liban et de Jordanie, a annoncé le président.

Parmi ces 10.000 réfugiés, 3.000 seront issus des "missions de protection avancées" de l'Ofpra au Niger et au Tchad qui débuteront "dans les prochaines semaines", a précisé le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb dans un communiqué.

📌Protection et intégration des réfugiés en 🇫🇷@gerardcollomb a reçu Filippo Grandi, le Haut-Commissaire des Nations Unies pr les #réfugiéspic.twitter.com/nIFrWn3wDi
Paris estime par ailleurs impossible pour l'instant d'installer en Libye des centres d'accueil en raison de l'insécurité sur place.
2 détenus soupçonnés de projeter un attentat mis en examen (09.10.2017)

Mis à jour le 09/10/2017 à 22h12 | Publié le 09/10/2017 à 21h50

Un Camerounais de 28 ans et un Français de 22 ans soupçonnés d'avoir fomenté un projet d'attentat depuis leur cellule de la prison de Fresnes, où ils étaient incarcérés, ont été mis en examen vendredi par un juge antiterroriste, d'après des sources proches de l'enquête.

"Ces deux islamistes radicaux voulaient monter un groupe de combattants avec la volonté de monter en puissance par le biais de diverses actions, à l'extérieur de la prison, ciblant entre autres des policiers et des surveillants de prison", a expliqué une source proche de l'enquête, confirmant une information de LCI. Extraits le 2 octobre de leur cellule, ces deux hommes connus pour leur radicalisation en prison, ont été mis en examen pour "association de malfaiteurs terroriste criminelle" et de nouveau placés en détention provisoire, a précisé une source judiciaire.

Catalogne : ces associations qui labourent le terrain indépendantiste (09.10.2017)

Mis à jour le 09/10/2017 à 20h55 | Publié le 09/10/2017 à 20h00

La visibilité de la cause indépendantiste catalane provient en partie de deux associations puissantes : Omnium et l'Assemblée nationale catalane.

De notre envoyé spécial à Barcelone

Les avancées de la cause indépendantiste catalane ne sont pas de la seule responsabilité du président actuel de la Généralité, Carles Puigdemont. Elles ne sont pas le résultat du travail de la coalition hétéroclite qui le soutient: le PUC, un parti indépendantiste d'extrême gauche, l'ERC un parti de centre gauche nostalgique de la République et le Parti démocrate européen catalan (PDeCAT), libéral en économie et conservateur sur les sujets de société. Les progrès de la visibilité de la cause indépendantiste catalane proviennent de deux associations puissantes: Omnium et l'Assemblée nationale catalane (ANC).

Omnium est une association créée par cinq entrepreneurs en 1961 sous la dictature de Franco. Leur objectif était de promouvoir la culture et la langue catalanes, malmenées depuis la chute de la seconde république en 1939. Rapidement, le pouvoir réagit et en 1963, Omnium doit entrer dans la clandestinité. Elle en sortira en 1967 en mettant en avant ses objectifs uniquement culturels.

Omnium revendique 73.000 membres, «la plus importante association après le Barça»

Aujourd'hui, Omnium revendique 73.000 membres, «la plus importante association après le Barça (le club de football de la capitale catalane, NDLR)». Elle dispose de sièges décentralisés dans 40 villes et villages de Catalogne. Omnium affirme vivre grâce aux seules cotisations de ses adhérents. Elle compte quelques dizaines de salariés, le travail étant assuré essentiellement par des bénévoles.

Pour le référendum du premier octobre, Omnium a été très active dans l'occupation des lieux de vote. À leur siège central de Barcelone, les tentes et tapis de sol qui ont permis ces occupations sont encore là, sous le portrait des cinq entrepreneurs créateurs du mouvement en 1961.

«Nous sommes une organisation transversale qui recrute dans toutes les couches de la société», explique Elena Jimenez, membre de la junta directiva chargée des relations internationales. «Il y a des membres de tous les partis, de droite, du centre ou de gauche, sauf peut-être du Parti populaire (rires). Ce mélange est notre richesse.»

Pour Elena Jimenez, «le 15 septembre 2015 (élections du Parlement régional), les Catalans ont confié un mandat clair à Carles Puigdemont: l'indépendance. Le départ des banques fait partie de la stratégie de la peur mais ce n'est qu'un déménagement fiscal. Les bureaux et les emplois resteront ici. C'est symbolique.»

Elena Jimenez n'a pas été surprise par la réaction de la France qui a renvoyé la crise catalane à un problème interne à l'Espagne. Mais la réaction de Bruxelles l'a déçue. «En même temps c'est logique: c'est un club de nations et l'État espagnol en est membre. Ils reviendront nous chercher si nous sommes exclus de l'Europe. Et cela voudra dire que l'Union européenne, donc l'Espagne, reconnaît l'État catalan!»

Les «œufs d'or» de la «poule» catalane

L'Assemblée nationale catalane a été créée en 2012. «Notre mouvement est né de la situation politique particulière de la fin des années 2010 avec la crise économique et le rejet du statut de 2006, explique Montse Daban, responsable de la commission internationale de l'ANC. Nous n'avons qu'un objectif: forcer les politiques à faire ce qu'ils ont dit qu'ils feraient, c'est-à-dire mener la Catalogne à l'indépendance, comme s'y est engagée la coalition réunie autour de Puigdemont.»

«Alors que nous sommes le troisième contributeur au budget espagnol, nous ne sommes qu'en dixième position pour les dépenses de l'État dans notre région»
Montse Daban, responsable de la commission internationale de l'ANC

Comme pour Omnium, l'ANC revendique son indépendance et dit vivre des seules cotisations des 40.000 adhérents. Ici aussi les responsables sont bénévoles. «L'Espagne est la monarchie la plus corrompue et la plus autoritaire d'Europe. Le roi a demandé la préservation de l'unité du pays à tout prix. Même au prix de la répression violente du 1er octobre».

Pour elle, l'appartenance à l'Espagne empêche la Catalogne d'adopter des législations progressistes. Elle rappelle la loi sur la précarité énergétique censée défendre les plus pauvres, la loi sur l'égalité homme-femme ou encore sur l'interdiction de la corrida. Toutes rejetées par le Tribunal constitutionnel.

«Nous sommes depuis des années la poule aux œufs d'or de l'Espagne, poursuit Montse Daban. Alors que nous sommes le troisième contributeur au budget espagnol, nous ne sommes qu'en dixième position pour les dépenses de l'État dans notre région.»

La responsable de l'ANC est très remontée contre la réaction de l'Union européenne: «Faut-il qu'il y ait la guerre et des morts pour que l'UE considère que ce n'est pas seulement un problème interne à l'Espagne? Ils ne reconnaissent pas notre demande parce que nous le faisons de façon pacifique. C'est un très mauvais message adressé aux peuples européens.»

La rédaction vous conseille :

Le frère du tueur de Marseille a combattu en Syrie (09.10.2017)

Mis à jour le 10/10/2017 à 10h01 | Publié le 09/10/2017 à 20h21

Anis Hanachi, le frère d'Ahmed qui a tué deux femmes le 1er octobre devant la gare Saint-Charles, a été arrêté samedi en Italie. Il devrait être extradé rapidement.

Correspondant à Rome

Anis Hanachi, le frère d'Ahmed Hanachi, le terroriste qui a poignardé deux jeunes femmes dimanche 1er octobre à la gare Saint-Charles à Marseille, a «fait le djihad en territoire syro-irakien, avec une expérience de caractère militaire», selon Lamberto Giannini, chef de l'antiterrorisme italien. Arrêté samedi soir en Italie, il est aussi suspecté d'avoir «endoctriné son frère Ahmed et provoqué sa radicalisation».

- Crédits photo : -/AFP

Sans passeport ni domicile fixe, ce Tunisien de 25 ans a été appréhendé à Ferrare (Émilie-Romagne) sur signalisation des services français, en vertu d'un mandat d'arrêt international émis par la France. Il circulait de nuit à vélo dans le centre-ville et a tenté de donner un faux nom en assurant qu'il était algérien. Mais l'analyse de ses empreintes digitales, enregistrées lors de son arrivée sur l'île de Favignana, au large de la Sicile en 2014 sur une embarcation de migrants, a confirmé qu'il était bien le jeune homme recherché. Les enquêteurs français le soupçonnent de complicité dans l'assassinat des deux jeunes femmes à Marseille. Il devrait être extradé «très rapidement» vers la France.

Un autre frère qualifié d'extrêmement dangereux

Lors de son arrivée en Italie en 2014, il avait été arrêté une première fois et renvoyé dans son pays. Selon l'antiterrorisme français, il serait alors parti en Syrie où il se serait entraîné pendant deux ans, de 2014 à 2016, dans les rangs de Daech. Un autre frère, Anouar, ayant longtemps résidé en France, aurait aussi séjourné en Italie avant que l'on perde sa trace. Selon les services de renseignements tunisiens, ce serait le plus dangereux de la famille, qui compterait un quatrième frère et une sœur, elle aussi radicalisée. Comme quelque 800 combattants tunisiens de Daech, Anis serait rentré de Syrie en Tunisie avant de passer en Italie, à l'aide de faux papiers.

L'enquête se poursuit sur son frère Ahmed, le terroriste de Marseille qu'il aurait endoctriné cet été. Ahmed, qui vivait alors en France, était revenu en Italie pour faire renouveler le permis de séjour échu après son divorce d'une Italienne, Ramona, avec qui il avait vécu six ans. De Bizerte où elle vit avec un nouveau conjoint, Ramona a affirmé à la police tunisienne qu'Ahmed n'avait jamais milité pour la cause islamique et «ne s'intéressait qu'à l'alcool et aux drogues». Témoignage corroboré par ses parents qui vivent toujours à Aprilia, un gros bourg à une soixantaine de kilomètres au sud de Rome, où Ahmed a séjourné jusqu'à sa séparation.

La même route que celle des migrants

Pour le procureur Franco Roberti, nombreux seraient les signalements de passage par l'Italie de «sujets proches de Daech», mais «il n'existe aucune matrice commune ni aucun comportement de nature à faire penser qu'ils utilisent l'Italie comme base arrière pour préparer des attentats». Ces sujets radicalisés utilisent les mêmes routes maritimes que les migrants dont 2700 sont arrivés cette année de Tunisie - trois fois plus qu'en 2016 - et 1463 d'Algérie, une nouvelle route.

L'Italie vient de renvoyer dans son pays un Algérien de 36 ans, Hadjadj Bechir, signalé comme extrêmement dangereux par la police belge et déjà inculpé pour terrorisme. Il avait été arrêté près de la gare Termini à Rome après avoir débarqué d'un ferry-boat en provenance de Sardaigne où il était arrivé le 22 septembre avec des migrants, à bord d'une barque de pêche partie d'Algérie.

La rédaction vous conseille :
Journaliste

Ses derniers articles

Chine : la rénovation stratégique et militaire (09.10.2017)

Publié le 09/10/2017 à 19h57

LA CHRONIQUE DE RENAUD GIRARD - Le 19e congrès du Parti communiste chinois consacrera le pouvoir sans partage du président Xi Jinping sur toutes les institutions, notamment l'armée.

Le mercredi 18 octobre 2017, s'ouvrira à Pékin le 19e congrès du Parti communiste chinois. C'est l'événement phare de la politique dans l'empire du Milieu. Ce Congrès consacrera le pouvoir sans partage du président Xi Jinping sur toutes les institutions chinoises et lui offrira la perspective d'un mandat supplémentaire de cinq ans à la tête du pays, voire de deux s'il parvient à faire changer les règles.

Une fois n'est pas coutume, un grand nombre de nominations et de décisions stratégiques, qu'on ne connaît pas encore, seront avalisées par ce congrès. Il réunit 2270 délégués, élus par les structures du parti, provinciales, municipales ou au sein des forces armées.

Dès son arrivée au poste suprême de président de la Chine en 2012, Xi Jinping, qui redoutait les contre-pouvoirs, a pris le contrôle direct de l'armée, en se faisant nommer président de la Commission militaire centrale du Parti. Il s'est montré au front des troupes, seul debout dans son command car, pour bien signifier qu'il n'y avait qu'un seul commandant en chef et que c'était lui. Il a cassé le vieux système de commandement soviétique et son cloisonnement entre les différents services, pour édifier un commandement moderne interarmes à l'occidentale. Il s'est lancé dans une vaste campagne anticorruption - il y avait même des généraux qui furent pris la main dans le sac en vendant des titres militaires… Cela lui a permis de rajeunir les cadres et de mettre aux positions clés des hommes à lui, qu'il avait connus lorsqu'il gouvernait la province de Fujian (face à l'île de Taïwan) ou celle encore plus importante et plus riche du Zhejiang (juste au nord de Fujian). Les effets de la lutte anticorruption et du rajeunissement des cadres dirigeants de l'armée sont spectaculaires: 90 % des 300 délégués militaires qui participeront au 19e congrès seront de nouvelles têtes.

Leur stratégie à long terme est de déployer calmement la puissance de leurs armées rénovées.

Cette mise au pas de l'armée chinoise par Xi Jinping s'est accompagnée d'une nouvelle orientation stratégique, en faveur de la marine. Sur les 3 millions de militaires, Xi Jinping a supprimé 600.000 postes ; mais la rationalisation des effectifs n'a pas touché les marins. Le président a lancé la construction d'un troisième porte-avions. L'idée est bien sûr d'imposer une hégémonie chinoise sur les mers de Chine méridionale et orientale. Cependant, Xi Jinping est aussi un chef prudent, qui a su écarter de la direction de ses armées les têtes brûlées: depuis trois mois ont disparu les incidents en mer avec les bâtiments de l'US Navy ou ceux des marines du Japon, du Vietnam, des Philippines. La Chine promeut désormais l'idée d'un «Code of Conduct» dans la mer de Chine méridionale, qu'elle va proposer à tous ses voisins. La manœuvre vise à faire oublier son déni de la décision de la Cour arbitral de La Haye de juillet 2016.

L'affaire de Corée du Nord est beaucoup trop importante pour que la Chine puisse se permettre de jeter une poignée de poil à gratter supplémentaire sur le dos du grand rival yankee. Il y a des géopoliticiens qui pensent que, sous la pression économique de l'Amérique, les Chinois vont finir par amener le régime de Kim Jong-un à résipiscence. Je ne le crois pas. Ils l'auraient déjà fait, depuis vingt ans que Washington le leur demande. La montée en puissance, au cours des douze derniers mois, des programmes nucléaire et balistique nord-coréens a été trop rapide pour qu'on ne soit pas tenté d'y voir le signe d'un petit coup de patte technologique secret de Pékin. D'où sont venus les moteurs superpuissants des nouveaux missiles intercontinentaux nord-coréens? Du bureau d'études Ioujnoïe et des usines Ioujmach de Dniepropetrovsk (Ukraine), ou d'ailleurs?

Les Chinois font semblant de tout essayer pour raisonner le régime de Pyongyang. Mais la réalité est qu'ils supportent très bien l'idée que leur petite voisine stalinienne devienne une puissance nucléaire à part entière. Certes, ils réprouvent en principe la prolifération nucléaire. Mais ils ont déjà fait une exception, en faveur du Pakistan. Dans l'affaire coréenne, ils savent qu'à la longue ils peuvent gagner très gros. Leur calcul est que le président américain Donald Trump hurlera et tweetera beaucoup mais qu'il n'entreprendra jamais d'action militaire préventive contre Pyongyang. Leur stratégie à long terme est de déployer calmement la puissance de leurs armées rénovées et de montrer à tous les pays asiatiques que l'Amérique n'est qu'un faux dur, qu'un tigre de papier, prêt à les abandonner à tout moment, commeil l'avait fait pour le Vietnam du Sud en 1975. Pour Sun Tzu, le premier stratège chinois de l'histoire, il n'est jamais utile de livrer bataille: mieux vaut que les rivaux, saisis d'effroi, se soumettent d'eux-mêmes…

La rédaction vous conseille :

La France insoumise de Mélenchon serait-elle une gauche soumise ? (09.10.2017)

Mis à jour le 09/10/2017 à 22h24 | Publié le 09/10/2017 à 20h16

ANALYSE - Alexandre Devecchio revient sur la passe d'armes entre Jean-Luc Mélenchon et Manuel Valls. Pour lui, celle-ci est révélatrice de la dérive islamo-gauchiste de la France insoumise.
Manuel Valls avait lui-même théorisé l'existence de deux gauches irréconciliables. Entre l'ancien premier ministre et Jean-Luc Mélenchon, le divorce semble en effet total. Les deux hommes ont passé le week-end à s'échanger des «mots doux». Tout a commencé le vendredi 6 octobre. Dans une lettre au président de l'Assemblée nationale, Jean-Luc Mélenchon, le leader des Insoumis, démissionne de la mission parlementaire sur l'avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie. Le motif? Mélenchon refuse de travailler avec Valls qui préside la mission. Pour justifier son retrait, il pointe la supposée «proximité» du député de l'Essonne «avec les thèses ethnicistes de l'extrême droite» ainsi qu'avec «l'extrême droite israélienne». Sur Twitter, il en rajoute. «Dorénavant, la bande à Valls est totalement intégrée à la fachosphère et à sa propagande.» Les partisans de l'ancien premier ministre répliquent avec le hashtag «#JeSuisLaBandeDeValls», tandis que Valls lui-même dénonce un texte «ignoble et outrancier».

Les députés Insoumis voient dans l'islamisme une nouvelle «utopie révolutionnaire»

On est d'abord tenté de renvoyer les deux protagonistes dos à dos. De ne voir là qu'un duel entre deux matamores de la politique qui aiment jouer les gros bras et prononcer des oukases. En réalité, l'échange un peu dérisoire ne doit pas dissimuler un processus beaucoup plus inquiétant: la dérive communautariste de Mélenchon et de son mouvement. La France insoumise serait-elle une gauche soumise? Valls, dans Le Figaro magazine ce week-end, a répondu d'une certaine manière à cette question. Il n'a pas hésité à dénoncer «l'islamo-gauchisme» de ce mouvement. Si l'ancien maire d'Évry, qui avait dénoncé «l'apartheid» dans les banlieues, n'est pas lui-même exempt de reproches en matière de clientélisme, il a raison de pointer les ambiguïtés de Mélenchon et surtout de ses amis.
Petit florilège non exhaustif.

Clémentine Autain, impitoyable avec les «mâles blancs» des beaux quartiers, refuse de voir le patriarcat venu d'ailleurs qui s'installe dans sa commune de Sevran. Danièle Obono, députée de Paris, défend le droit de proclamer «nique la France» mais rechigne à dire «vive la France». La même, à la tribune de l'Assemblée, met sur le même plan des écrits de l'Ancien Testament et des prêches d'imams salafistes. Pour elle, un chauffeur RATP qui refuse de conduire un bus après une femme n'est pas nécessairement radicalisé, mais peut-être simplement «sexiste». Elle sous-entend, enfin, qu'il y a équivalence entre les cortèges de la Manif pour tous et les soldats de Daech. On pourrait aussi évoquer Adrien Quatennens, député du Nord, qui à la question: «Au nom de quoi les djihadistes tuent?» a répondu «Je ne sais pas» ou la suppléante de François Ruffin qui n'est pas émue que l'on qualifie de «martyr» l'assassin de Marseille.

Ces députés Insoumis participent de fait à la nébuleuse que Pascal Bruckner qualifie d'«islamosphère». Cette gauche rouge-verte, qui se revendique du«postcolonialisme» et va d'Edwy Plenel à Rokhaya Diallo, en passant par le Bondy blog et les Indigènes de la République. Orphelins du communisme, ils voient dans l'islamisme une nouvelle «utopie révolutionnaire» et dans le «musulman» ou l'«immigré» un «nouveau prolétariat» à mobiliser aussi bien dans «la lutte des classes» que dans «la lutte des races»: «Après Guevara, Ben Laden. Après Marx, Allah» (Régis Debray).

Jean-Luc Mélenchon refuse mordicus de faire le lien entre le terrorisme et l'islamisme conquérant

A priori, Jean-Luc Mélenchon, qui se rêve en héritier des Jacobins de 1793 et qui a fait une campagne présidentielle aux couleurs bleu-blanc-rouge, est lui-même peu soupçonnable de complaisance avec l'islam radical. Mais l'admirateur de Robespierre refuse mordicus de faire le lien entre le terrorisme et l'islamisme conquérant et son projet de construction d'un peuple ne trouve rien à redire à l'islamisation de certains quartiers. Au-delà des concepts, on peut s'interroger sur le cynisme électoral d'un parti qui a fait ses meilleurs scores en banlieue. Comment expliquer la complaisance de La France insoumise pour les soutiens de Dieudonné qui ont envahi la mairie d'Évry au soir du second tour des législatives? Pire, lorsqu'il invoque l'argument commode de «l'extrême droite israélienne» pour justifier son refus de siéger avec Valls, Mélenchon ne surfe-t-il pas en réalité sans scrupule sur l'antisionisme des territoires perdus de la République? Une haine d'Israël qui se confond de plus en plus souvent avec un antisémitisme assumé. Celui-là même qui provoque depuis des années l'exode des juifs de banlieue car ceux-ci, du meurtre d'Ilan Halimi à l'attentat de l'Hyper Cacher, craignent désormais pour leur vie…

Tout laisse à penser que le leader de La France insoumise poursuit une stratégie de «convergence des luttes». Il espère réunir dans les urnes (ou dans la rue?) «ouvriers» et «immigrés», «petits Blancs» et «minorités». Une équation qui est loin d'être évidente. Si les classes populaires apprécient le discours «antimondialiste» de Mélenchon, elles lui préfèrent Marine Le Pen carelles sont aussi les premières à souffrir de l'insécurité physique et culturelle. En s'opposant à Mélenchon sur ce point, Valls a rappelé l'importance d'un clivage fondé sur la République et de la laïcité. Reste à savoir si Macron et sa majorité marcheront avec lui dans ce combat.

La rédaction vous conseille :


Articles riposte laïque à faire

- reprendre une à une les règles de soumission de l'islam (faire un chapitre pour chacune) - invasion islamique de l'inde à reman...