Syrie : Daech a totalement perdu Raqqa (17.10.2017)
«120 millions d'euros débloqués pour protéger les villes du
terrorisme» (17.10.2017)
Terrorisme: en matière de renseignement, les échanges
d'informations progressent en Europe (17.10.2017)
Terrorisme : l'Europe se mobilise contre les attaques «low-cost»
(17.10.2017)
Centrafrique: au moins 133
civils tués (17.10.2017)
Irak : une milice yazidie reprend Sindjar (17.10.2017)
Philippines: Duterte assure que Marawi est "libérée"
(17.10.2017)
Afghanistan: bilan de l'attaque d'un camp de police en hausse
(17.10.2017)
Aix-en-Provence: un homme blessé par balles aux deux jambes
(17.10.2017)
Le Koweït renonce à la loi sur les tests ADN obligatoires
(17.10.2017)
Libye: 20.500 migrants détenus à Sabratha (17.10.2017)
Comment fonctionne Russia Today (16.10.2017)
La chaîne d'information Russia Today débarque en France
(16.10.2017)
Quelle est la ville du monde la plus dangereuse pour les femmes ?
(17.10.2017)
Coup de filet de l'antiterrorisme dans les milieux de l’extrême droite
(17.10.2017)
Les milices chiites et les pechmergas se disputent aussi le pays
yazidi (16.10.2017)
L'Irak reprend Kirkouk aux Kurdes (16.10.2017)
Mélenchon : le but de La France insoumise «n'est pas d'être
démocratique mais collectif» (17.10.2017)
Des dizaines de policiers des «Stups» déposent les armes pour dire
leur colère (17.10.2017)
Quand le Renseignement voulait recruter Mohamed Merah (17.10.2017)
Expulsion des clandestins : Collomb dégaine sa circulaire
(17.10.2017)
Voir aussi :
Syrie : Daech a
totalement perdu Raqqa (17.10.2017)
Mis à jour le 17/10/2017 à 19h56 | Publié le 17/10/2017 à 14h31
VIDÉO - Les dernières poches de la ville de l'est syrien sont tombées ce
mardi matin aux mains des combattants arabo-kurdes, appuyés par les États-Unis.
L'ex-«capitale» syrienne de l'État islamique (EI) est tombée totalement mardi matin
aux mains de forces arabo-kurdes (FDS) soutenues par les États-Unis. «Les
opérations militaires à Raqqa ont pris fin», a
indiqué à l'AFP Talal Selo, un porte-parole des FDS.
Des opérations de ratissage pour éliminer des cellules dormantes sont
cependant encore en cours. Mardi, les FDS ont conquis les deux dernières
positions de Daech: l'hôpital et le stade
municipal de Raqqa, dans lesquels étaient retranchées plusieurs dizaines de
djihadistes. Ces derniers jours, on estimait entre 200 et 300 le nombre de
djihadistes encore à Raqqa, parmi lesquels quelques Français.
Lundi soir, les FDS avaient repris le tristement célèbre rond-point
d'Al-Naïm, où l'EI menait ses exécutions, qui avait été abandonné depuis deux
semaines par Daech, mais était resté complètement miné.
Que sont devenus les derniers djihadistes étrangers? Tués pour certains.
Peut-être en fuite pour d'autres. Ces derniers jours, en vertu d'un accord
négocié par des responsables locaux et des représentants des tribus, les
derniers civils pris au piège ont pu être évacués et les djihadistes syriens -
quelque 275 - ont été autorisés à rejoindre d'autres régions plus à l'est,
toujours aux mains de l'EI.
La bataille de Raqqa avait été lancée le 6 juin par les FDS, appuyées par
la coalition internationale anti-Daech, conduite par les États-Unis. Elle a
causé la mort de 3250 personnes, dont 1130 civils. L'aviation américaine a été
accusée par des ONG et l'ONU d'avoir provoqué la mort de nombreux civils au
cours des bombardements.
L'administration de
la ville ne sera pas aisée
Raqqa a été la première grande ville syrienne à passer au début de
l'année 2014 sous le contrôle des djihadistes de Daech. De nombreuses atrocités
y ont été commises: décapitations, exécutions massives, viols et rapts. C'est
de Raqqa qu'ont été commandités certains des attentats qui ont ensanglanté la
France et la Belgique depuis deux ans. Sa chute était devenue un enjeu de
sécurité nationale pour Paris. La France ne voulait pas voir des djihadistes
français sortir vivants et libres de Raqqa.
Raqqa est une ville arabe. Son administration par la coalition
arabo-kurde ne sera pas aisée. Les Kurdes ne peuvent pas y imposer leur
domination, comme ils le font dans le reste du nord syrien, administré par le
PYD, l'antenne locale du PPK, (le parti des travailleurs kurdes), considéré par
une organisation terroriste par les États-Unis et l'Union européenne. Quant au
régime syrien qui avance plus à l'est dans sa guerre contre Daech, il n'a pas
renoncé à y rejouer un rôle, via notamment des tribus locales, aisément
«retournables» quand leurs intérêts sont en jeu.
C'est une nouvelle défaite pour Daech, après celles de Mossoul, Tall Afar
en Hawija en Irak, ainsi plus récemment à Al-Mayadine en Syrie, qui avait
supplanté Raqqa, ces derniers mois, comme «capitale» de l'EI.
Des djihadistes de Raqqa ont probablement fui à Der Ezzor ou Al Boukamal,
les deux dernières poches contrôlées par Daech en Syrie. Mais à Der Ezzor, les
forces syriennes, appuyées par l'aviation russe, et au sol, le Hezbollah chiite
libanais, avancent dans la ville. Au grand dam des FDS, qui vont chercher
maintenant à prendre leur part dans la bataille pour libérer Der Ezzor.
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Grand reporter, spécialiste du Moyen-Orient
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«120 millions
d'euros débloqués pour protéger les villes du terrorisme» (17.10.2017)
Par Jean
Chichizola
Mis à jour le 17/10/2017 à 20h57 | Publié le 17/10/2017 à 18h31
INTERVIEW - Le britannique Julian King est le commissaire européen à
la Sécurité, chargé notamment de la lutte contre le terrorisme. Pour lui,
« l'Europe ne doit pas remplacer les États membres, mais mieux les
soutenir et les aider ».
LE FIGARO. - Pourquoi proposer ces nouvelles mesures
antiterroristes?
Julian KING. - D'abord pour tirer les leçons de la série
d'attaques terroristes que nous venons de vivre, de ce terrorisme «low-cost» où
agissent des groupes organisés, comme celui de
Barcelone, mais aussi de
simples individus. Daech sera probablement
défait. Cela signifiera la fin du califat, mais pas celle de l'État
islamique, ou quel que soit son nom demain. Son idéologie progresse, car il a
créé une «franchise terroriste» plus efficace qu'al-Qaida. Face à cette
propagande, à ce terrorisme
low-cost et individuel, il nous faut penser autrement.
Comment lutter contre cette «franchise»?
«L'idéologie de Daech progresse, car il a créé une “franchise terroriste”
plus efficace qu'al-Qaida.»
En renforçant d'abord la lutte contre la propagande, la radicalisation
en ligne. L'Europe a un vrai rôle à jouer. Il
faut coopérer avec les grands opérateurs, les Gafa (Google, Apple,
Facebook, Amazon), mais aussi avec les «petits». Nous sommes en relation avec
une cinquantaine de plateformes, et il faut encore élargir cette coopération.
On stoppe des dizaines de milliers de contenus, supprimés la plupart du temps.
C'est trop peu et trop long. Il faudrait traiter des centaines de milliers de
contenus, et les premières heures après la mise en ligne sont les plus
importantes. Nous demandons aux opérateurs de supprimer les contenus de façon
automatique. Si les discussions n'ont pas avancé fin 2017, nous pourrions
légiférer en 2018. Sur un principe très simple: ces contenus sont illégaux sur
le plan européen et sur le plan national. Aux
opérateurs de faire leur devoir et de les supprimer sous peine de
sanction.
Après Nice, Berlin, Barcelone, vous insistez sur la protection des
espaces publics…
La première des réponses à ces terroristes qui foncent dans la foule
est de renforcer la protection des espaces publics. L'Europe y contribue, en
relation avec les États membres, mais aussi avec les autorités régionales et municipales.
Nous avons débloqué 20 millions d'euros d'ici à fin 2017 pour financer des
équipements de protection (plots, barrières…) et 100 millions d'euros
supplémentaires pour 2018. Nous pouvons aussi aider à la réalisation d'études,
à l'échange des expériences de villes comme Londres ou Paris, à la création de réseaux
d'experts. La lutte contre le terrorisme islamiste sera longue et il faut nous
y préparer.
«Nous savons que l'organisation transfère actuellement des fonds à
l'extérieur du califat pour financer le terrorisme»
Comment gêner l'État islamique dans sa préparation de l'«après
Daech»?
En visant les financements. Nous savons que l'organisation transfère
actuellement des fonds à l'extérieur du califat pour financer le terrorisme.
Pas uniquement en Europe, mais aussi pour continuer la lutte ailleurs. La lutte
contre le microfinancement est donc vitale. Les cellules de renseignement
financier fonctionnent bien et la coopération entre les autorités nationales
peut nous aider à mieux localiser les informations financières sur les
individus suspects, où qu'ils se trouvent. Nous ferons des propositions
supplémentaires d'ici à la fin 2017.
L'après-Daech, c'est aussi la question des «revenants»…
Les États membres de l'Union ont signalé à Europol 8000
«revenants» potentiels, hommes, femmes et enfants, avec un lien en Europe.
Les États membres de l'Union ont signalé à Europol 8000
«revenants» potentiels, hommes, femmes et enfants, avec un lien en Europe
(famille, amis, contacts). Au passage, la communication de ces données à
Europol est un succès et aide à renforcer nos frontières extérieures. Cela dit,
et je ne néglige pas la menace, il n'y aura probablement pas des milliers de
revenants. Il y a des morts, des individus partent vers d'autres terres de
djihad (Afghanistan, Asie du Sud-Est, Maghreb…), ce qui pose un autre problème.
Mais l'Europe fera face au retour des «non-combattants», comme les femmes ou
les enfants.
Qu'en est-il du Passenger Name Record, le fichier sur les passagers
aériens dont on parle depuis tant d'années?
Sept États sont prêts. D'autres presque prêts. Dix sont en revanche un
peu en retard, et nous les encourageons, quasi quotidiennement, à mettre en
place les lois et les dispositifs pratiques, coûteux mais nécessaires. L'aide
apportée par les États les plus avancés aux États les moins avancés peut être
extrêmement utile. Les États membres doivent
avoir transposé le textedans leur législation nationale d'ici à mai 2018.
Que pensez-vous des récentes propositions du président Macron sur
l'Europe du terrorisme?
Sur le parquet européen, c'est une excellente proposition. Il
faut d'abord renforcer le parquet tel qu'il existe. Mais je suis
favorable à ce qu'il puisse aussi jouer un rôle contre le terrorisme.
Sur l'Académie européenne du renseignement, c'est aussi une bonne
idée. Nous avons déjà un collège européen de police (Cepol), installé à
Budapest. Les services de police disent que c'est très utile d'avoir un lieu de
partage, où on peut échanger les savoir-faire, les méthodes. Si c'est la même
idée sur le renseignement, il faut le faire.
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Rédacteur en chef adjoint, service Société
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Terrorisme: en
matière de renseignement, les échanges d'informations progressent en Europe
(17.10.2017)
Par Jean
Chichizola
Mis à jour le 17/10/2017 à 19h33 | Publié le 17/10/2017 à 18h48
Dans son discours sur l'état de l'Union, en septembre, Jean-Claude
Juncker a plaidé pour la création d'une cellule européenne de renseignement.
«La Commission œuvre à une future cellule européenne de
renseignement.» La formule, qui conclut les mesures proposées mercredi, ne
passera pas inaperçue.
Dans son discours
sur l'état de l'Union, en septembre, le président de la Commission
européenne, Jean-Claude Juncker, ne s'était pas contenté de souhaiter qu'en
matière judiciaire le nouveau parquet européen soit chargé «de poursuivre les
auteurs d'infractions terroristes transfrontalières» (projet qu'il partage avec
Emmanuel Macron). Il plaidait «pour la création d'une cellule européenne de
renseignement chargée de veiller à ce que les données relatives aux terroristes
et aux combattants étrangers soient automatiquement échangées entre les
services de renseignement et la police». Or une lutte «communautaire» contre
des djihadistes se jouant des frontières se heurte à un obstacle: la lutte
antiterroriste et le renseignement sont au cœur de la souveraineté nationale
pour nombre de responsables politiques et d'experts de l'antiterrorisme. Une
réticence que les efforts conjugués du coordinateur européen pour la lutte
contre le terrorisme, Gilles de Kerchove, et des commissaires européens tentent
d'atténuer depuis des années.
Les choses changent pourtant progressivement. Premier constat:
l'Europe du renseignement existe, mais hors des institutions européennes. Aussi
discret que ses membres, le groupe antiterroriste (GAT) a été créé après le
11 septembre 2001. Il réunit les services de renseignement des
28 membres de l'Union avec la Suisse et la Norvège. Le GAT, qui dispose
d'une base près de La Haye, se veut opérationnel. En 2014, une dizaine de
pays membres du groupe (dont la France) ont créé une unité dédiée aux
djihadistes du Levant. «Le GAT existe et il est efficace», salue un ancien
responsable antiterroriste français. Et il poursuit son rapprochement avec
l'UE. Au-delà de projets comme celui d'un «FBI européen», qui nécessiterait une
révision des traités, Bruxelles plaide en effet pour une coopération renforcée
entre le GAT, où la Commission européenne est représentée depuis peu, et
Europol, l'office européen de police.
«Europol, cela ne sert à rien, ou à presque rien, peut-on ainsi
entendre à Paris, cela peut aider sur le plan technique avec l'analyse de
données»
Le 13 octobre, le président en titre du GAT a fait un exposé sur
ce thème devant les
ministres de la Justice et des Affaires intérieures de l'UE. Les
oppositions ne disparaîtront pas comme par enchantement. «Europol, cela ne sert
à rien, ou à presque rien, peut-on ainsi entendre à Paris, cela peut aider sur
le plan technique avec l'analyse de données.» La méfiance du «renseignement» envers
un office «policier» persiste, avec la crainte de menacer des sources et des
méthodes marquées du sceau du secret.
Les échanges d'informations progressent pourtant. À Bruxelles, on note
que, sous sa casquette judiciaire, la DGSI est le service qui donne le plus
d'informations à Europol. À noter que, quand l'office a rentré les 5000 noms
d'Européens partis en Syrie et en Irak dans ses banques de données, 800 étaient
déjà connus pour des crimes ou délits. Le FBI a livré une base de 25.000 noms
de suspects à Europol, et ce dernier va engager des négociations avec les pays
du pourtour méditerranéen. Pour sa part, le système d'information Schengen a
connu une hausse de 40 % de son utilisation entre 2015 et 2016. Face à la
menace terroriste, l'Europe fait de plus en plus le pari de l'«intelligence» au
sens britannique d'«échange d'informations».
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Rédacteur en chef adjoint, service Société
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Terrorisme :
l'Europe se mobilise contre les attaques «low-cost» (17.10.2017)
Par Jean
Chichizola
Mis à jour le 17/10/2017 à 19h10 | Publié le 17/10/2017 à 18h55
Confection d'explosifs, micro-financement, chiffrement… La Commission
européenne présente ce mercredi diverses mesures pour contrer les djihadistes
qui ont ensanglanté le continent à dix-sept reprises depuis un an.
Berlin, Paris, Barcelone, Marseille… Si
Daech est défait en Syrie et en Irak, le terrorisme islamiste frappe en
Europe. Depuis octobre 2016, 17 attaques ont été perpétrées dans l'Union
européenne (7 en France, 4 au Royaume-Uni, 2 en Allemagne, un en Espagne,
Belgique, Suède et Finlande). Dans ce contexte, la Commission européenne
propose mercredi des mesures pour répondre à
des attaques souvent «low-cost». L'idée de son président, Jean-Claude
Juncker, est de promouvoir une «Europe qui protège», formule faisant écho à la
volonté exprimée par Emmanuel Macron.
Au-delà de la protection des sites, Bruxelles veut contribuer à
«perturber» les terroristes dans leurs projets.
À Nice, Barcelone ou Manchester, les terroristes ont visé des foules
dans des espaces publics. Bruxelles propose donc d'abord un «plan d'action»
pour réduire la vulnérabilité de ces derniers. C'était
le thème d'un sommet international organisé en septembre à Nice à l'initiative
de Christian Estrosi. Le plan intègre un
soutien financier pour des projets transnationaux.Sera
aussi favorisé l'échange d'expériences et l'aide à l'organisation
d'entraînements et d'exercices communs, de tests de matériel. Les États, les
autorités locales (régions, mairies) et les opérateurs privés (centres
commerciaux, organisateurs de concerts, loueurs de voitures) seront étroitement
associés à la réflexion.
Au-delà de la protection des sites, Bruxelles veut contribuer à
«perturber» les terroristes dans leurs projets. Face à l'utilisation (ou au
projet d'utilisation) de TATP lors de récents attentats, les contrôles pour
l'accès aux «précurseurs» d'explosifs (comme le peroxyde d'hydrogène ou
l'acétone) seraient renforcés, une interdiction étant recommandée pour l'achat
par des particuliers de produits à très forte concentration à usage
professionnel.
Échanges de données personnelles
La Commission aborde aussi la question du chiffrement. Tentant
d'échapper au blocage actuel (entre impératifs de sécurité et protection des
libertés), Bruxelles veut commencer par mettre à disposition de l'ensemble des
pays de l'UE l'expertise et les moyens techniques de certains États, pour
récupérer par exemple l'information chiffrée d'un téléphone saisi dans le cadre
d'une enquête judiciaire. Europol (l'Office européen de police, créé en 1999)
pourrait devenir un centre d'expertise pour aider les pays «moins avancés».
Après les explosifs et le chiffrement, Bruxelles veut aussi
accentuer la lutte contre le financement, et notamment le microfinancement.
Début 2018, la Commission proposera par ailleurs des mesures visant à
obliger les opérateurs (on songe à Telegram) et les États concernés à livrer
rapidement à des enquêteurs d'un pays de l'UE une preuve en ligne n'étant pas
sur le territoire européen ou se trouvant sur le territoire d'un autre État
membre ; que cette preuve soit chiffrée ou pas (car l'exploitation d'une
preuve même chiffrée peut donner aux enquêteurs de précieuses indications).
Après les explosifs et le chiffrement, Bruxelles veut aussi accentuer
la lutte contre le financement, et notamment le microfinancement, en insistant
sur la détection de flux impliquant plusieurs États membres. Enfin, sur le plan
international, Bruxelles prévoit l'ouverture de négociations entre Europol et
une série de pays (Algérie, Égypte, Israël, Jordanie, Liban, Maroc, Tunisie et
Turquie) sur les échanges de données personnelles en matière criminelle. Des
négociations rendues encore plus vitales par la fin annoncée du «califat»et
l'éparpillement probable des djihadistes de Daech.
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Centrafrique: au moins 133 civils tués (17.10.2017)
Par Le Figaro.fr avec AFP
Mis à jour le 17/10/2017 à 22h31 | Publié le 17/10/2017 à 22h28
Au moins 133 civils ont été tués par des groupes armés dans deux
provinces de la Centrafrique entre novembre 2016 et février 2017, a établi la
Mission de l'Onu dans ce pays (Minusca) dans un nouveau rapport publié mardi,
qui dénonce ces mêmes groupes "ciblant des civils" et "agissant
en toute impunité".
Ce rapport, établi par la division des Droits de l'homme de la
Minusca, revient sur les affrontements entre deux factions rivales, le Front
Populaire pour la Renaissance de la Centrafrique (FPRC) et l'Unité pour la Paix
en Centrafrique (UPC), pendant quatre mois dans les régions de Bria (est) et
Bakala (centre), violences qui ont marqué "le début d'une nouvelle spirale
de violence intercommunautaire qui se poursuit encore aujourd'hui".
Selon les enquêteurs de la Minusca, ces groupes armés "ont tué au
moins 133 civils ou autres personnes protégées (82 hommes, 16 femmes, 10
enfants et 25 personnes d'âge et de sexe inconnus)" pendant cette période.
La mission onusienne "est en mesure d'attribuer 111 de ces meurtres à
l'UPC, et 22 à la coalition FPRC".
La Minusca dit par ailleurs avoir des "allégations
crédibles" concernant la mort de "293 autres civils", tués par
ces mêmes groupes armés durant la même période (167 par l'UPC et 126 par le
FPRC).
Les violations et abus documentés "incluent des meurtres, des
blessures, des enlèvements, des viols, le déni de soins médicaux et de secours
humanitaire, l'appropriation de biens ou la destruction de propriétés et des
restrictions à la liberté de mouvement", énumère le rapport.
Ces événements "démontrent la haute volatilité de la situation
sécuritaire et la fragilité du processus de paix en RCA ainsi que la
vulnérabilité des civils ciblés par les groupes armés qui agissent en toute
impunité", s'alarme la Minusca.
Irak : une milice
yazidie reprend Sindjar (17.10.2017)
Mis à jour le 17/10/2017 à 10h00 | Publié le 17/10/2017 à 09h56
Une milice yazidie a pris mardi le contrôle total de Sindjar dans le
nord de l'Irak après
le retrait des forces kurdes de la ville, rapportent des habitants.
La milice, baptisée Lalesh, est affiliée aux Unités de mobilisation
populaire qui regroupent principalement des milices chiites irakiennes mais
aussi des groupes armés sunnites, chrétiens ou yazidis. Ces milices sont
officiellement placées sous l'autorité du Premier ministre irakien Haïdar al
Abadi.
Les forces kurdes encore présentes à Sindjar se sont retirées lundi
soir.
"Il n'y a eu aucune violence. Le groupe Lalesh s'est déployé
après le départ des Kurdes", a expliqué un habitant joint par téléphone.
Sindjar avait été prise par l'Etat islamique pendant l'été 2014. Les
djihadistes avaient tué ou capturé des milliers de Yazidis, une minorité
religieuse issue de l'Antiquité jugée impie par l'EI.
La ville a été reconquise en novembre 2015 par les forces kurdes et
yazidies.
Haïdar al Abadi a ordonné la reconquête des "zones
disputées" du nord de l'Irak que revendiquent à la fois Bagdad et le
Gouvernement régional du Kurdistan (GRK), en réponse au référendum
d'autodétermination organisé le 25 septembre par le GRK.
Les forces irakiennes ont repris lundi aux Kurdes le contrôle de la
ville de Kirkouk à l'issue d'une opération surprise menée en moins d'une
journée.
Philippines:
Duterte assure que Marawi est "libérée" (17.10.2017)
Le président philippin, Rodrigo Duterte, a annoncé aujourd'hui la
libération de la ville de Marawi, occupée partiellement depuis mai dernier par
des combattants islamistes. Le général Restituto Padilla, porte-parole de
l'armée philippine, a toutefois déclaré qu'une trentaine d'insurgés restaient
retranchés dans Marawi avec une vingtaine d'otages et que les opérations
militaires se poursuivaient.
» Lire aussi - Daech veut créer un califat aux Philippines
Rodrigo Duterte s'est rendu dans cette ville de près de 200.000
habitants située sur l'île de Mindanao (sud) au lendemain de la mort de deux
chefs de la rébellion. Il a proclamé la victoire de l'armée devant un groupe de
soldats, rapportent CNN Philippines et ABS-CBN. "Je déclare par conséquent
la ville de Marawi libérée de l'influence terroriste, ce qui marque le début de
la réhabilitation."
Marawi a été en partie occupée par les islamistes pendant 148 jours.
Plus de 800 rebelles, 47 civils et 162 soldats ont été tués depuis mai dans les
affrontements. Isnilon Hapilon, "émir" autoproclamé de l'Etat
islamique pour l'Asie du Sud-Est et chef d'une faction extrémiste du groupe Abu
Sayyaf, et Omarkhayam Maute, l'un des deux "califes" à la tête de l'alliance
islamiste Dawla Islamiya, ont été tués au cours d'une opération ciblée lundi.
Leurs corps ont été retrouvés et identifiés, selon les autorités.
» Lire aussi - Philippines : les djihadistes perdent du terrain à
Marawi
Même si les combats ne sont pas tout à fait terminés, les derniers
rebelles sont des "traînards" qui ne représentent plus une menace, a
déclaré le général Padilla. "Il n'y a aucun moyen pour eux de sortir, il
n'y a aucun moyen pour quiconque d'entrer", a-t-il dit.
Les militaires supposent que Mahmud Ahmad, un dirigeant islamiste
malaisien, se trouve toujours dans la ville, mais ne le considèrent pas comme
menaçant. "C'est un intellectuel, pas un combattant", a déclaré
Restituto Padilla. Certains spécialistes des questions de sécurité estiment que
Mahmud Ahmad, qui est connu comme un recruteur et financier aguerri du
mouvement islamiste, aspire à remplacer Hapilon comme représentant de l'Etat
islamique en Asie du Sud-Est. Agé de 39 ans, il est passé par un camp
d'entraînement d'Al Qaïda en Afghanistan.
LIRE AUSSI :
Afghanistan: bilan
de l'attaque d'un camp de police en hausse (17.10.2017)
L'attaque en cours aujourd'hui contre un complexe de la police afghane
à Gardez (sud-est) a fait au moins 32 morts et plus de 200 blessés selon un
nouveau bilan des services hospitaliers.
"Nous avons jusqu'à présent reçu 160 blessés et 26 corps, dont
celui d'une femme, dans le principal hôpital de Gardez (...) et nous avons
aussi 52 blessés et six morts dans l'hôpital militaire" a indiqué à l'AFP
le dr Shir Mohammad Karimi, directeur-adjoint de la santé pour la province de
Paktiya.
LIRE AUSSI :
Aix-en-Provence: un
homme blessé par balles aux deux jambes (17.10.2017)
Par Le
Figaro.fr
Mis à jour le 17/10/2017 à 12h03 | Publié le 17/10/2017 à 11h50
La victime était déjà connue des services de police. Une dizaine de
coups de feu auraient été tirés.
Un homme de 28 ans a été blessé par balles hier soir à
Aix-en-Provence, rapporte le journal La Provence. Les faits
se sont produits dans le quartier du Jas-de-Bouffan, à l'ouest de la ville. La
victime aurait reçu deux balles de calibre 9 mm, une dans chaque jambe, et a
été transportée à l'hôpital, selon une source proche de l'enquête mentionnée par le quotidien régional. Une dizaine de coups
de feu auraient été tirés.
Cet homme serait connu des services des services de police, "mais
uniquement pour des délits mineurs". Une enquête de police a été ouverte
et confiée à la police judiciaire. L'auteur des coups de feu était situé à
l'arrière d'une moto conduite par un complice.
Le Koweït renonce à
la loi sur les tests ADN obligatoires (17.10.2017)
Mis à jour le 17/10/2017 à 13h23 | Publié le 17/10/2017 à 13h21
Le Koweït a renoncé à une loi controversée qui imposait des tests
d'ADN à tous les citoyens, résidents et visiteurs, a indiqué aujourd'hui
l'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW).
Cette loi, qui faisait du Koweït le seul pays du monde à imposer des
tests généralisés d'ADN, avait été adoptée à la suite d'un attentat suicide
perpétré en 2015 contre une mosquée chiite de la capitale. L'attaque
revendiquée par la branche saoudienne du groupe Etat islamique (EI) fait 26
morts et 227 blessés.
"La décision d'annuler la loi sur les tests ADN est une mesure
très positive qui met fin à une décision hâtivement prise et qui a porté
atteinte à la vie privée" des personnes vivant au Koweït, a déclaré la
directrice de HRW pour le Moyen-Orient Sarah Leah Whitson.
La Cour constitutionnelle de Koweït a annulé le 5 octobre cette loi au
motif qu'elle contrevenait aux principes de la liberté individuelle. Les
résultats des tests ADN étaient stockés dans une base de données du ministère
de l'Intérieur. Ceux qui refusaient de se soumettre à ces tests s'exposaient à
des peines de prison et à une amende de 33.000 dollars (29.700 euros).
Libye: 20.500
migrants détenus à Sabratha (17.10.2017)
Mis à jour le 17/10/2017 à 14h19 | Publié le 17/10/2017 à 14h15
Quelque 20.500 réfugiés et migrants sont retenus dans des centres de
détention ou prisonniers de trafiquants à Sabratha, ville de l'ouest de la
Libye devenue la plate-forme de départs des migrants vers l'Europe, a rapporté
aujourd'hui l'ONU. Le Haut-Commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR) a indiqué
que les autorités libyenne détenaient plus de 14.500 migrants et réfugiés qui
étaient auparavant aux mains des trafiquants dans et autour de Sabratha.
» Lire aussi - À Sabratha, en Libye, l'argent lié au trafic des
migrants a rallumé la guerre des gangs
Les migrants ont été retrouvés dans des fermes, des maisons et des
entrepôts lorsqu'une force de sécurité loyale au gouvernement libyen d'union
nationale a chassé une milice rivale de la ville début octobre. Ils sont en
cours de transfert vers des centres de détention où des organisations
caritatives peuvent apporter leur assistance, a déclaré le porte-parole du HCR,
Andrej Mahecic, lors d'un point de presse à Genève.
Les autorités estiment par ailleurs à quelque 6000 le nombre de
personnes encore détenues par des trafiquants. Depuis la chute en 2011 du
régime de Mouammar Kadhafi, Sabratha est devenue le principal point de départ
de l'immigration clandestine, les passeurs y profitant du vide sécuritaire et
d'une impunité totale.
Les employés du HCR au contact de ces migrants et réfugiés ont décrit
"des souffrances et des abus d'une ampleur choquante". "Parmi
ceux qui ont souffert d'abus aux mains des trafiquants, il y a des femmes
enceintes et des nouveaux-nés", a souligné M. Mahecic, ajoutant que des
centaines de personnes ont été retrouvées sans vêtements, ni chaussures, et des
centaines d'autres ont confié ne pas avoir mangé depuis plusieurs jours.
Le HCR a également relevé la présence d'un "nombre inquiétant
d'enfants non accompagnés et séparés, beaucoup âgés de mois de six ans",
qui ont perdu leurs parents au cours du voyage vers la Libye ou des récents
combats à Sabratha. L'agence a réitéré son appel à une action urgente au niveau
international pour répondre à la crise en Libye et à l'accueil d'un plus grand
nombre de migrants.
Comment fonctionne
Russia Today (16.10.2017)
Par Pierre
Avril
Mis à jour le 16/10/2017 à 20h39 | Publié le 16/10/2017 à 19h44
La chaîne globale d'informations en continu, financée par le Kremlin,
va s'implanter en France à la fin de l'année. Elle se vante d'offrir un regard
« alternatif » sur l'actualité.
Correspondant à Moscou
Des membres des forces de l'ordre dispersant brutalement des
manifestants: ces images des rassemblements organisés le 7 octobre à
Saint-Pétersbourg par les opposants à Vladimir Poutine sont passées largement
inaperçues sur
Russia Today. En revanche, une semaine plus tôt, sous le titre L'Espagne
retourne-t-elle à la dictature de l'ère Franco?, la chaîne fédérale
financée par le Kremlin s'attardait longtemps sur les violences policières
ayant émaillé la journée du référendum en faveur de l'indépendance catalane.
Son site, RT.com, publiait une interview d'un député européen de la gauche
radicale, Matt Carthy. Ce parlementaire, membre du parti indépendantiste
irlandais Sinn Féin, dénonçait le caractère «pathétique» de la réponse de
l'Union européenne face aux débordements policiers.
Telle est la marque de fabrique éditoriale de Russia Today, la chaîne
globale d'informations en continu. Celle qui se vante d'offrir un regard
«alternatif» sur l'actualité, dans cent pays, en anglais, espagnol, arabe et
français, renvoie volontiers l'image d'une Europe à feu et à sang, miroir
inversé de la «stabilité» régnant en Russie. Pour décrypter l'actualité,
celle-ci fait appel à des experts, considérés dans leurs propres pays comme des
figures politiques marginales. Un choix parfaitement assumé par la chaîne. «Ce
jugement est celui des médias mainstream. On peut aussi reprocher au Figaro et
à d'autres d'accorder beaucoup d'importance à des gens comme l'opposant
Navalny, également susceptibles d'être classés parmi les marginaux», rétorque
Anna Belkina, directrice du marketing de la chaîne.
Russia Today a été l'une des premières chaînes à utiliser YouTube
au début de la décennie.
Lancée en 2005 sous la direction éditoriale de Margarita Simonian, une
ancienne journaliste décorée par le ministère de la Défense, Russia Today doit
une partie de sa notoriété - malgré elle - à ses tentatives d'ingérence dans la
campagne électorale américaine. En retour, RT accuse aujourd'hui les autorités
américaines de harcèlement administratif. Outre le fait d'avoir couvert la
candidature de Hillary Clinton d'une manière «constamment négative», selon la
CIA, RT se voit reprocher d'avoir financé en 2016, via Facebook et Twitter, des
messages publicitaires susceptibles d'influencer les électeurs des États clés,
comme la Floride ou le New Hampshire.
«C'est justement sur la popularité des réseaux sociaux que s'appuie
leur stratégie», explique Ilya Kiriya, professeur de communication à la Haute
École d'économie. Cet expert rappelle que Russia Today a été l'une des
premières chaînes à utiliser massivement YouTube au début de la décennie,
servant d'exemple à ses concurrents. Elle revendique aujourd'hui
5 milliards de vues sur ce support, loin devant la BBC ou CNN. «La clé de
notre succès repose sur le développement de nos plateformes digitales», renchérit
Margarita Simonian. À l'inverse, l'audience de la chaîne telle que mesurée par
les instituts traditionnels est sujette à caution. En guise de statistiques, RT
se contente de brandir une étude Ipsos de la fin 2015 et évaluant à
8 millions son audience hebdomadaire américaine. «Les chiffres qu'elle
présente sont souvent truqués et ne représentent qu'une partie de la réalité»,
nuance Ilya Kiriya. Pour l'expert, l'addiction de la chaîne aux réseaux sociaux
l'expose à propager des fausses nouvelles. Le 7 octobre, la filiale de
production de RT, Ruptly, a affirmé, dans un sujet consacré aux 65 ans de
Vladimir Poutine, qu'un restaurant américain de Manhattan servait des
hamburgers géants à l'occasion de l'anniversaire présidentiel: un reportage
fabriqué de toutes pièces que la maison mère a complaisamment relayé, jusqu'à
ce qu'un blogueur ne dénonce la supercherie. Le sujet, découvert comme non
adapté «aux standards de la chaîne», a été effacé, a annoncé RT. Sans vraiment
s'excuser.
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Correspondant à Moscou
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La chaîne
d'information Russia Today débarque en France (16.10.2017)
Par Caroline
Sallé et Enguérand
RenaultMis à jour le 17/10/2017 à 16h30 | Publié le 16/10/2017 à 20h18
Le lancement est prévu pour décembre. La chaîne compte embaucher une
cinquantaine de journalistes.
Après l'anglais, l'arabe et l'espagnol, Russia
Today s'apprête à parler en français. Déjà disponible dans une centaine de
pays auprès de 700 millions de personnes la chaîne russe prévoit de
s'implanter cette fois dans l'Hexagone en décembre. «Le français permet de
toucher un grand bassin d'audience, si l'on y inclut l'Afrique et le Canada»,
justifie Xenia Fedorova, la présidente de RT France. À vrai dire, le groupe de
média née en 2005 à Moscou a tenté une première fois de s'installer en France.
C'était en 2015. Mais le projet avait avorté en raison de l'effondrement du
rouble. Seul un site Internet, alimenté par une quinzaine de personnes, avait
finalement vu le jour.
Russia Today dispose d'un budget de 20 millions d'euros au
moment du lancement.
Russia Today sera installé à Boulogne, à deux pas de Canal +. Près de
1.800 m² de bureau ont été loués. Ils abriteront deux studios, l'un de
100 m² dédié aux news et l'autre, plus modeste, réservé aux débats, aux
talk-shows et à la postproduction. «RT sera diffusée 24 heures sur 24. Nous
produirons plus de 10 heures de direct par jour en France», promet sa
présidente. Un JT viendra rythmer l'antenne toutes les heures. Au final, la
grille de programmes alternera entre 30 minutes de news et 30 minutes de
débats, d'interviews, de documentaires. Une équipe de 150 salariés, dont une
cinquantaine de journalistes, est en cours de recrutement. «À termes, les
effectifs compteront un maximum de 200 personnes», détaille Xenia Fedorova.
Jean-Maurice Pottier, ancien de LCI et de France 3, a été nommé directeur
adjoint de l'information. Mais, pour l'heure, pas de tête d'affiche à l'écran.
«Cela coûte très cher et n'est pas forcément nécessaire», balaye la présidente
de RT. Concernant la ligne éditoriale, la chaîne privilégiera les sujets
internationaux ainsi que la politique française, mais avec un traitement
différent. «Les gens recherchent aujourd'hui d'autres points de vue. RT
s'attachera à parler de ce qui reste habituellement dans les angles morts. Plus
il y a de diversité d'opinion, mieux c'est», estime Xenia Fedorova.
Xenia Fedorova, la présidente de RT France. - Crédits photo : RT
France
Pressions politiques
La chaîne a bien l'intention de se faire une place durable au sein du
paysage audiovisuel français. La preuve, le bail de location des bureaux a été
signé pour 9 ans. Pour y parvenir, Russia Today dispose d'un budget de
20 millions d'euros au moment du lancement et «un peu moins en vitesse de
croisière». Dans un premier temps, l'intégralité du financement proviendra du
gouvernement russe. Par la suite, le modèle économique devrait inclure «10 à
15 % de revenus liés à la pub». Le point clé du projet est la distribution
de cette chaîne auprès des foyers. «Nous sommes en discussion avec les
opérateurs télécoms, dont Orange. Mais nous n'avons pas encore signé d'accord»,
assure Xenia Fedorova. Orange confirme être en négociation avec la chaîne pour
«l'intégrer à la vingtaine de chaînes d'information déjà distribuées par
Orange». De leurs côtés, SFR, Free et Bouygues Telecom n'ont pas encore commencé
les discussions.
«Il y a des pressions politiques sur nos fournisseurs»
Xenia Fedorova
Xenia Fedorova ne cache pas que l'installation de la chaîne russe en
France est difficile. «Il y a des pressions politiques sur nos fournisseurs»,
explique-t-elle. Le président Emmanuel Macron
n'a jamais caché sa méfiance à l'égard des médias russes, surtout depuis
les «Macron leaks» entre les deux tours de la présidentielle. «Quand des
organes de presse répandent des contre-vérités infamantes, ce ne sont plus des
journalistes, ce sont des organes d'influence», déclarait-il en mai. Dans une
interview au Monde, Olivier Schrameck assurait que le CSA resterait
«extrêmement attentif». «Nous avons inscrit dans la convention de RT des
stipulations particulières sur l'honnêteté de l'information», avait-il ajouté.
Xenia Fedorova se défend et estime que la chaîne est victime de rumeurs sur la
propagation de fake news en France. «La couverture de l'élection présidentielle
française a été équilibrée et nous n'avons jamais fait de sujets négatifs sur
Emmanuel Macron. S'il s'agissait de la chaîne CNN, cela ne ferait pas autant
de bruit, fait-elle valoir. La meilleure façon de vérifier notre honnêteté,
c'est de regarder la chaîne.»
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Quelle est la ville du monde la
plus dangereuse pour les femmes ? (17.10.2017)
Aude Bariéty | Le 17 octobre 2017
Selon une étude de la fondation Thomson Reuters portant sur 19 grandes
villes mondiales, les femmes sont particulièrement défavorisées au Caire, à
Karachi et à Kinshasa.
Il ne fait pas bon être une femme au Caire, à
Karachi ou à Kinshasa. Ces mégapoles égyptienne, pakistanaise et congolaise
remportent une triste palme : celle des villes de plus de 10 millions
d’habitants les plus dangereuses pour les femmes en 2017, à en croire une étude réalisée par la
fondation Thomson-Reuters entre le 1er juin et le 28 juillet derniers.
Quatre critères ont été sélectionnés : les violences
sexuelles, l’accès à la santé,
les pratiques culturelles et les opportunités économiques. Sur la base de ces
quatre grands domaines, l’équipe à l’origine du classement a interrogé 355
experts. «Nous avons cherché à savoir quelles villes sont sûres pour les
femmes, et lesquelles doivent en faire davantage pour veiller à ce que les
femmes ne courent pas de risque de violence sexuelle, d’harcèlement et de
pratiques culturelles néfastes, et qu’elles aient accès aux soins et à
l’éducation», explique la fondation.
Une ville par pays
19 mégapoles ont été choisies parmi les 31 listées par les Nations
unies : Buenos Aires, Dhaka, Istanbul, Jakarta, Karachi, Kinshasa, Lagos, Le
Caire, Lima, Londres, Manille, Mexico, Moscou, New Delhi, New York, Paris, Sao
Paulo, Shanghai et Tokyo. En revanche, Bombay, Calcutta, Chennai et Bangalore
(Inde), Pékin, Chongqing, Canton, Tianjin, Shenzhen (Chine), Osaka (Japon), Rio
de Janeiro (Brésil) et Los Angeles (États-Unis) ont toutes été écartées, car la
fondation souhaitait ne faire figurer qu’une ville par pays dans son étude.
1. Le Caire (Egypte) – mégapole la plus dangereuse pour les femmes
2. Karachi (Pakistan) et Kinshasa (République démocratique du Congo) (ex-aequo)
4. New Delhi (Inde)
5. Lima (Pérou)
6. Mexico (Mexique)
7. Dhaka (Bangladesh)
8. Lagos (Nigéria)
9. Jakarta (Indonésie)
10. Istanbul (Turquie)
11. São Paulo (Brésil)
12. Buenos Aires (Argentine)
13. New York (États-Unis)
14. Manille (Philippines)
15. Shanghai (Chine)
16. Moscou (Russie)
17. Paris (France)
18. Tokyo (Japon)
19. Londres (Royaume-Uni) – mégapole la moins dangereuse pour les femmes
2. Karachi (Pakistan) et Kinshasa (République démocratique du Congo) (ex-aequo)
4. New Delhi (Inde)
5. Lima (Pérou)
6. Mexico (Mexique)
7. Dhaka (Bangladesh)
8. Lagos (Nigéria)
9. Jakarta (Indonésie)
10. Istanbul (Turquie)
11. São Paulo (Brésil)
12. Buenos Aires (Argentine)
13. New York (États-Unis)
14. Manille (Philippines)
15. Shanghai (Chine)
16. Moscou (Russie)
17. Paris (France)
18. Tokyo (Japon)
19. Londres (Royaume-Uni) – mégapole la moins dangereuse pour les femmes
L’Asie à la peine
Selon la fondation Thomson Reuters, la capitale égyptienne a tout
faux. Sur les quatre critères, elle est toujours classée dans les trois moins
bonnes places. Elle est même dernière en matière de pratiques culturelles. Ses
«dauphines», Karachi et Kinshasa, sont également dans le rouge dans tous les
critères. Derrière, New Delhi décroche une terrible dernière place sur les
questions de violences sexuelles, et Lima est en queue de classement quant à
l’accès à la santé.
Dans le reste du «top 10», on retrouve une ville sud-américaine,
Mexico, deux asiatiques, Dhaka et Jakarta, une africaine, Lagos, et une
proche-orientale, Istanbul. New York est 13e, avec un point fort autour des
opportunités économiques mais un point faible en matière d’accès à la santé.
Moscou, 16e, se distingue en décrochant la meilleure place dans le critère
«pratiques culturelles».
Paris s’en sort bien
Du côté des villes les mieux classées, la fondation Thomson Reuters
nomme Londres meilleure mégapole pour les femmes. La capitale du Royaume-Uni
est première sur deux critères, l’accès à la santé et les opportunités
économiques. Deuxième au classement général des villes les plus sûres, Tokyo,
la mégapole la plus peuplée du monde avec 38 millions d’habitants, tire son
épingle du jeu en grande partie grâce à son premier rang en matière de sécurité
face aux violences sexuelles et au harcèlement.
Un motif de satisfaction côté français : Paris est classée troisième
meilleure mégapole pour les femmes. La capitale de l’Hexagone se distingue
particulièrement dans le domaine de l’accès à la santé. Néanmoins, il reste
d’importants progrès à faire en termes de pratiques culturelles. Quant aux
violences sexuelles et au harcèlement, la France a
beau se classer quatrième meilleure en la matière, le chemin est encore très
long… comme le succès du hashtag
#BalanceTonPorc l’a malheureusement prouvé ce week-end.
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Coup de filet de
l'antiterrorisme dans les milieux de l’extrême droite (17.10.2017)
Mis à jour le 18/10/2017 à 15h20 | Publié le 17/10/2017 à 18h02
La Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) et la sous-direction
antiterroriste (Sdat) ont mené mardi un coup de filet dans le milieu de
l’extrême droite en Seine-Saint-Denis et dans les environs de Marseille.
Au total, une dizaine de suspects, âgés de 17 à 25 ans, ont été
interpellés sur commission rogatoire d’un juge dans le sillage de Logan
Nisin, jeune Vitrollais de 21 ans arrêté pour apologie le 28 juin à Tarascon,
dans les Bouches-du-Rhône. Admirateur d’Anders Breivik, tueur norvégien qui a
massacré 77 personnes, en 2011, sur l’île d’Utoya (Norvège), connu
comme étant un ex-membre du groupuscule royaliste Action française,
il avait été mis en examen pour association de malfaiteurs en relation
avec une entreprise terroriste. Une information judiciaire a été ouverte
le 1er juillet.
Logan Nisin, ex-membre de l'Action française, avait été mis
en examen pour avoir exprimé sur Internet sa volonté de passer à l'action
contre les "blacks", "racailles", "jihadistes" et
"migrants". L'affaire avait d'abord été traitée localement par le
parquet d'Aix-en-Provence et la gendarmerie à la suite d'un signalement en
ligne, avant d'être confiée à la Sous-direction antiterroriste. Très
idéologisé, Nisin possédait des armes et avait pratiqué le tir. Les enquêteurs
avaient relevé sa "volonté d'organisation et d'association" en vue de
parvenir à ses fins, avait précisé en juillet l'une des sources proches de
l'enquête.
Des «pieds nickelés»
Une source informée précise au Figaro qu'il avait
effectué des «repérages» sans qu’il ait arrêté son choix sur une cible. Ses
projets d’action violente, aux contours imprécis, auraient pu viser des migrants,
des mosquées, une gendarmerie ou un commissariat, des trafiquants de drogue ou
d’armes, une armurerie voire des meetings politiques. Considérés à ce stade
comme des « pieds nickelés », les comparses de Logan sont entendus par les
policiers qui tentent de faire le jour sur la « nature des relations au sein
de leur groupe » et leur degré de connaissance du projet.
Dès le 24 mai 2016, l’ex patron de la DGSI Patrick Calvar s’était dit
« inquiet de la radicalisation de la société et du mouvement de fond qui
l’entraine ». Entendu à huis clos devant la commission parlementaire
présidée alors par Georges Fenech sur les moyens de l’Etat face au terrorisme,
l’ex-chef de l’antiterrorisme français disait craindre une confrontation
violente entre « l’ultra droite et le monde musulman - pas les islamistes
mais le monde musulman ».
« Nous gagnerons la guerre contre le terrorisme » avait
déclaré Patrick Calvar, avant de rajouter : « nous devons (…) dégager
des ressources pour nous occuper d’autres groupes extrémistes parce que la
confrontation est inéluctable ». Le 10 mai devant la Commission de la
défense nationale, le patron de la DGSI ne disait pas autre chose:
«L'Europe est en grand danger, prévenait-il alors. Les extrémismes montent
partout et nous sommes, nous, services intérieurs, en train de déplacer des
ressources pour nous intéresser à l'ultradroite, qui n'attend que la
confrontation.»
La dernière action violente majeure commise par l’ex-droite
remonte à la tentative
d'assassinat perpétrée par Maxime Brunerie sur Jacques Chirac, le 14
juillet 2002, sur les Champs-Elysées. Militant nationaliste de 27 ans, il
avait été condamné à dix années de réclusion criminelle.
Rédacteur en chef adjoint, spécialiste sécurité et renseignement
Ses derniers articles
Les milices chiites
et les pechmergas se disputent aussi le pays yazidi (16.10.2017)
Mis à jour le 16/10/2017 à 19h05 | Publié le 16/10/2017 à 18h36
REPORTAGE - Le 3 août 2014, au Sinjar, les djihadistes de
l'État islamique ont perpétré une tentative de génocide. Libérée en
novembre 2015, la ville est toujours en reconstruction. Mais malgré
l'insouciance apparente, tous les chefs militaires de la région s'accordent à
penser que Sinjar est avant tout une zone disputée.
Sinjar
À la cime d'une crête abrupte du mont Sinjar, le temple yazidi Chil
Mêran, - les quarante hommes - domine la plaine grise parsemée de taches
vertes. Une brise fraîche se heurte à la pointe de ce lieu sacré qui se dresse
vers le soleil depuis des siècles. La vue vertigineuse donne à voir les
mujammaa, villages fondés sous Saddam Hussein en 1975 pour regrouper et
contrôler les populations rurales de la région tout en les dépossédant de leur
terre. Au nord, on voit Borek, Sinoni, Duhula, Gubal, le territoire kurde
contrôlé par les pechmergas. Au Sud, Tall Qasap, Tall Banat, Gerzere et le
district irakien d'al-Baaj aux mains des milices chiites al-Hachd al-Chaabi,
rattachées au gouvernement fédéral irakien. «Nous contrôlerons l'ensemble de la
montagne dans les six mois à venir», lance Khal Ali, commandant du bataillon
Lalish, milice yazidie affiliée à l'organisation paramilitaire chiite soutenue
par l'Iran. Il poursuit avec une autorité naturelle: «Sinjar, ce n'est pas la
Syrie, ce n'est pas le Kurdistan, c'est l'Irak.» La veille, Qaïs al-Khazali,
fondateur et commandant d'Assaïb Ahl al-Haq, autre milice chiite déclarait:
«Nous sommes prêts à combattre à Kirkouk, à Sinjar et dans toute la plaine de
Ninive.»
Pour le moment, les miliciens du bataillon Lalish se tiennent face aux
autorités fidèles au Kurdistan. «Nous entretenons de bonnes relations», prétend
un pechmerga yazidi posté à quelques dizaines de mètres du check point irakien
de Tall Qasap. «Nous sommes tous yazidis. Il n'y aura pas de combats entre
nous. Ils quitteraient les Hachd s'ils avaient l'ordre de nous attaquer»,
ajoute-t-il. Khal Ali, vêtu d'un treillis militaire dans sa maison à Khanassor,
au nord de la montagne, raconte qu'il a été le premier Yazidi à rejoindre les
milices chiites. Aujourd'hui, il est aux commandes d'une unité de 400
combattants et considère le gouvernement kurde et les Yazidis qui ont voté en
faveur de l'indépendance du Kurdistan comme ses adversaires. «J'appartiens au
gouvernement central maintenant. Et ce camp revendique un territoire»,
explique-t-il d'un ton impassible. De son côté, Qassim Shesho, commandant en
chef des pechmergas du Sinjar, s'inquiète: «Le référendum a accentué les
tensions avec al-Hachd al-Chaabi. Ils ne veulent pas d'un Kurdistan
indépendant, c'est évident. Mais pour l'instant, ce ne sont que des menaces.»
«Je ne fais plus confiance, ni aux Kurdes, ni aux Irakiens. Mais à
choisir je préfère que Sinjar soit rattaché au gouvernement central.»
Un agriculteur
Le 25 septembre dernier, 92 % des Yazidis, au Sinjar et dans
les camps de déplacés, ont voté «oui» au référendum pour l'indépendance du
Kurdistan. Un score qui reflète peu les craintes qui subsistent dans l'esprit
des habitants de la région. «Je ne fais plus confiance, ni aux Kurdes, ni aux
Irakiens. Mais à choisir je préfère que Sinjar soit rattaché au gouvernement
central. En 2014, j'ai vu les pechmergas fuir et laisser des Yazidis sur le
bord de la route», raconte un agriculteur, en montrant le chemin emprunté qui
traverse les montagnes devant ses terres.
Au Sinjar, les événements du 3 août 2014 sont omniprésents.
Ce jour où les djihadistes de l'État islamique (EI) ont perpétré une tentative
de génocide, tuant entre 1500 et 3000 Yazidis et
enlevant des milliers de femmes et d'enfants, est gravé sur les murs
dans les villages, les carcasses de voitures et les citernes vides. Un
sentiment d'abandon réside à l'encontre des pechmergas qui avaient alors quitté
les lieux précipitamment laissant, à la merci des djihadistes, la population
qui se réfugia en un gigantesque exode dans les montagnes puis dans les camps
de déplacés du Kurdistan.
Aujourd'hui quelques familles rentrent peu à peu. Certaines attendent
toujours que les villages du sud, contrôlés par les al-Hachd al-Chaabi, soient
déminés. «Nous ne pouvons pas encore rentrer chez nous. Ils (al-Hachd
al-Chaabi, NDLR) nous ont dit que notre village, Gerzere, n'était pas encore
sécurisé», s'impatiente un ancien peintre en bâtiment au chômage. En attendant
l'homme raconte qu'il loge dans une maison dont le propriétaire est resté au
Kurdistan.
«Le peu d'infrastructure d'adduction d'eau a été endommagé par les
récents combats»
Juliette Duclos-Valois, doctorante en anthropologie à l'EHESS,
spécialiste du Sinjar
La reconstruction de la ville est au point mort. Il y a moins d'une
dizaine de générateurs, chacun pouvant alimenter en électricité une centaine de
familles. «Celui-ci, peut produire 500 ampères en continu», raconte un habitant
de Sinjar chargé de récolter l'argent des bénéficiaires, acheter du fuel et
s'assurer du bon fonctionnement des machines. «Nous en sommes à 472 et des
familles demandent à se brancher quotidiennement. Bagdad et Erbil se renvoient
mutuellement la responsabilité et personne n'agit», s'indigne-t-il.
Ni les écoles, ni les dispensaires n'ont été reconstruits dans
la ville
de Sinjar, libérée en novembre 2015. En attendant, les enfants
assistent à deux heures de leçons d'anglais par jour dans des centres
d'éducation gérés par des Organisations non gouvernementales (ONG). Les
habitants de Sinjar doivent retourner au Kurdistan pour recevoir des soins dans
des hôpitaux. Et l'eau manque toujours terriblement. «Le peu d'infrastructure
d'adduction d'eau a été endommagé par les récents combats. Le Sinjar a toujours
été en marge des plans d'aménagement du territoire. Son statut de territoire
disputé à longtemps bloqué les réalisations comme l'interruption du projet d'irrigation
du nord de la plaine de l'al-Jazira aux frontières du district», explique
Juliette Duclos-Valois, doctorante en anthropologie à l'EHESS, spécialiste du
Sinjar.
«Nous ne laisserons personnes empiéter sur notre territoire»
Sarhat, combattant PKK
S'ajoute à ce tableau, la territorialisation des combattants du Parti
des travailleurs du Kurdistan de Turquie (PKK). Après avoir ouvert un corridor
pour permettre l'échappée de la population en 2014, puis, avoir
participé à la libération de Sinjar en 2015, les combattants ont fondé une
milice yazidie, les YBS, qu'ils entraînent toujours tout en recrutant d'autres
combattants. Celle-ci contrôle le village de Khanassor, un accès direct au
Rojava, le Kurdistan syrien, contrôlé par une autre branche du PKK, les YPG. La
Turquie a bombardé déjà plusieurs fois le secteur et la proximité entre les
check points accentue le risque d'affrontements. Deux combattants d'al-Hachd
al-Chaabi sont morts après avoir tenté de franchir un poste de contrôle
PKK-YBS, il y a quelques semaines. «Nous ne laisserons personnes empiéter sur
notre territoire», dit Sarhat, combattant PKK posté devant un mémorial érigé en
hommage aux martyrs: une base de l'organisation pilonnée par la Turquie en
avril dernier. Une détonation de TNT retentit plus haut dans la montagne. Des
talus de pierre blanche trahissent les activités de l'organisation kurde qui creuse
de nouveaux tunnels.
Au crépuscule, des enfants jouent au football au bord d'une route
endommagée au pied de la montagne et à deux pas des postes de contrôle des
différentes forces occupantes. Malgré l'insouciance apparente, tous les chefs
militaires de la région s'accordent à penser que Sinjar est avant tout une zone
disputée et que le sort de la population n'est pas la priorité. «Un terrain de
bataille» selon Qassim Shesho ou un «jeu politique» décrit Khal Ali, dont les
Yazidis sont les grands perdants.
La rédaction vous conseille :
L'Irak reprend
Kirkouk aux Kurdes (16.10.2017)
http://lefigaro.fr/international/2017/10/16/01003-20171016ARTFIG00284-l-irak-reprend-kirkouk-aux-kurdes.php
Par Thierry
Oberlé
Mis à jour le 16/10/2017 à 19h05 | Publié le 16/10/2017 à 18h56
VIDÉO - L'armée irakienne a progressé rapidement dans la ville
pétrolière occupée depuis trois ans par les pechmergas.
Un an jour pour jour après le déclenchement de la bataille
pour la libération de Mossoul et de Ninive, les deux alliés de la guerre
contre l'État islamique s'entre-déchirent. La fragile alliance, sorte de
mariage entre la carpe et le lapin encadré par les puissances occidentales, a
volé en éclats peu après la perte par Daech de Hawija, la dernière poche de
résistance des djihadistes dans la région. Les hostilités entre les forces
irakiennes et les pechmergas kurdes ont débuté lundi au lendemain de la fin de
l'ultimatum lancé par Bagdad, après la tenue le 25 septembre du
référendum sur l'indépendance du Kurdistan irakien.
Les
troupes irakiennes sont entrées en mouvement avant le lever du jour
pour reprendre d'importants gisements de pétrole et une base militaire occupés
par les Kurdes. Elles ont poursuivi leur rapide progression à l'intérieur de la
ville sans rencontrer de résistance, en dépit des appels à la mobilisation
générale lancés par les autorités kurdes. Le litige portait sur la ville de
Kirkouk et ses environs, un territoire riche en hydrocarbures revendiqué par
deux camps dont les forces sont en partie équipées et formées par la coalition
internationale conduite par les États-Unis.
Les pechmergas avaient pris le contrôle de ces zones en 2014 à la
faveur de la débandade de l'armée irakienne devant la percée foudroyante de
Daech. Ils avaient humilié les soldats irakiens en les forçant à retirer leur
uniforme et en confisquant leurs armes sous les sarcasmes. L'assistance
occidentale avait permis aux uns comme aux autres de redevenir opérationnels.
Voici trois ans, l'armée irakienne était en pleine déconfiture tandis que les
pechmergas mal armés et mal entraînés avaient reculé devant les djihadistes
durant l'offensive contre les minorités yazidies et chrétiennes. Ils devaient
être prêts aujourd'hui à en découdre, mais la guerre pour Kirkouk, une cité
considérée par les nationalistes kurdes comme leur Jérusalem n'a pas vraiment
eu lieu.
Des vidéos ont montré des convois de pechmergas abandonnant leurs
positions tandis que les habitants non kurdes des zones où vivent des Turkmènes
et des Arabes leur crachaient dessus
La fameuse Golden Division, l'unité d'élite des services de contre-terrorisme
(CTS) a repris sans combats la base militaire K1, la plus importante de la
province. Les CTS ont ensuite pris le contrôle de l'entrée sud de la ville sur
la route qui relie Kirkouk à Bagdad. Simultanément, l'aéroport militaire, le
siège de la North Oil Compagny (NOC), l'établissement public en charge de
l'exploitation des puits de pétrole, ainsi qu'un champ pétrolier ont changé de
propriétaire. Puis, c'était au tour du parlement de Kirkouk, déserté par le
gouverneur et les députés, de recouvrer le drapeau irakien.
À l'exception d'échanges de tirs d'artillerie, les affrontements sont
restés localisés avec plus d'une dizaine de morts kurdes dans les premiers
accrochages nocturnes. Des vidéos ont montré des convois de pechmergas
abandonnant leurs positions tandis que les habitants non kurdes des zones
multicommunautaires où vivent des Turkmènes et des Arabes leur crachaient
dessus et leur jetaient des pierres.
L'absence de combativité des pechmergas s'expliquerait par les
divisions entre Kurdes. Kirkouk est une riche cité où l'UPK, le mouvement
politico-militaire de l'ex-président
irakien Jalal Talabani, décédé voici quelques jours, prédomine. Favorable
au dialogue avec Bagdad et ouvert aux influences iraniennes, l'UPK avait émis
des réserves sur l'organisation en septembre du référendum d'indépendance du
Kurdistan par le président kurde Massoud Barzani. Il avait fini par le soutenir
du bout des lèvres. Ses combattants, qui ont leurs propres unités de
pechmergas, ont reflué devant l'avancée des forces irakiennes. Du côté des
troupes affiliées au PDK, le parti de Massoud Barzani, l'enthousiasme guerrier
ne semblait pas non plus de mise. Cette retenue a en tout cas permis d'éviter
un bain de sang. Dans les quartiers kurdes de Kirkouk, l'heure était à l'exode
en famille. Des milliers d'habitants ont fui entassés dans des voitures vers le
Kurdistan irakien.
À Bagdad, le premier ministre irakien Haïdar al-Abadi, qui avait
multiplié les mises en garde, a justifié l'intervention en rappelant que le
référendum kurde était «contraire à la Constitution», et avait créé un «risque
de partition» de l'Irak. La crainte de la communauté internationale est de le
voir poursuivre sa marche militaire dans les autres territoires disputés entre
l'Irak et le Kurdistan. La coalition internationale a exhorté le pouvoir
central irakien et les autorités kurdes «à éviter une escalade».
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Journaliste
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Mélenchon : le but
de La France insoumise «n'est pas d'être démocratique mais collectif»
(17.10.2017)
LE SCAN POLITIQUE - Dans un long entretien à l'hebdomadaire «Le 1», le
député des Bouches-du-Rhône revient sur les objectifs de La France insoumise,
un «mouvement» «transversal» et «gazeux».
«Mélenchon dit tout»: la «Une» du 1, à paraître mercredi lui est consacrée.
Il y évoque ses modèles, sa stratégie, son ambition. Le leader de La France
insoumise y reconnaît aussi ses forces et accepte, pour une fois de se confier
sur ses faiblesses. Pour lui, «La France insoumise est un mouvement, pas un
parti. Son but n'est pas d'être démocratique mais collectif». Le parti, dit-il,
«c'est l'outil de classe. Le mouvement c'est la forme organisée du peuple. Et
pour le reste, le mouvement ne fait que des campagnes. Donc quand on nous
demande où est la direction, ça peut vous paraître étrange, mais il n'y en a
pas», poursuit le chef de file de LFI.
«Un mouvement gazeux»
Il faut être un peu féru de management voire de physique pour le
suivre... Car Mélenchon estime que son mouvement n'est «ni vertical, ni
horizontal, il est gazeux, c'est-à-dire que les points se connectent de façon
transversale: on peut avoir un bout de sommet, un bout de base, un bout de base
qui devient un sommet...». Heureusement, le député des Bouches-du-Rhône sait
aussi illustrer sa pensée de façon plus concrète. Pour lui, «La France
insoumise doit être être un organe utile», où «les copains distribuent de la
nourriture» ou «aident les gens à demander les prestations sociales auxquelles
ils ont droit».
Mélenchon se définit naturellement comme «la clé de voûte du
mouvement». Mais il laisse, confie-t-il, «beaucoup les choses se faire toutes
seules». Revers de la médaille pour ses proches: la difficulté de travailler à
ses côtés. «C'est très anxiogène de bosser avec moi. Il n'y a pas de consigne,
on ne sait pas ce que je veux. Moi je sais. Parfois, mais pas toujours. J'ai
une foi totale dans la capacité auto-organisatrice de notre peuple. Ce n'est
plus le même peuple que dans ma jeunesse, les gens sont très éduqués, ils ont
moins de lectures communes, mais ils ont une ample culture partagée de vidéos,
de films, de musiques».
Une convention nationale en novembre
Interrogé sur ce qui différencie LFI et LREM, il répond qu'En Marche!
ne construit pas «un mouvement de masse transversal ni une contre-société». Et
il dit aux Français «de ne pas sous-estimer Macron quand il parle de
“fainéants” car il ne fait que reprendre le vocabulaire de la droite ras du
bonnet. C'est un signal de ralliement».
Il évoque bien sûr le
Média, ce projet audiovisuel grand public antilibéral et altermondialiste
porté par Sophia Chikirou, sa proche collaboratrice qu'évoquait LeFigaro le
1er octobre. «Il s'agit, insiste-t-il, d'un espace culturel, ce qui signifie
qu'il ne sera jamais “le” média du mouvement. Ça ne servirait à rien. J'ai déjà
ma chaîne YouTube».
Après le Grand Jury RTL-Le Figaro dimanche, le journal télévisé de TF1
lundi et cet entretien au «1», Mélenchon tente surtout de s'expliquer voire de
reprendre la main. Car il ne mobilisera, comme il le pensait, un million de
Français contre les ordonnances. Il a même abandonné l'idée d'une manifestation
de grande ampleur sur les Champs-Elysées. Il n'a pas réussi non plus dès la
rentrée à rassembler aussi massivement fonctionnaires, salariés et étudiants
qu'il le souhaitait aux côtés des syndicats. Déminant les critiques, il a
affirmé sur TF1 que «le mouvement syndical est très divisé. Si ça continue
comme ça, en dépit des efforts de certains syndicats qui ont tout porté sur
leur dos, nous pourrions aboutir à la plus grosse défaite du mouvement ouvrier
qu'on a jamais vue depuis les trente dernières années».
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Rédactrice en chef du Figaro.fr, spécialisée dans les questions de
société, d'éducation et de politique
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Des dizaines de
policiers des «Stups» déposent les armes pour dire leur colère (17.10.2017)
Entre 60 et 70 fonctionnaires de l'Office central pour la répression
du trafic illicite des stupéfiants (Ocrtis) laissent éclater leur grogne après
la mise en examen de deux de collègues.
Le torchon brûle entre les policiers de l'Office central pour la
répression du trafic illicite de stupéfiants (Ocrtis) et le parquet ainsi que
quelques magistrats de la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de
Paris. Lundi soir, entre 60 et 70 policiers, soit la quasi-totalité des
personnels actifs du service, ont déposé leurs armes de service et «décidé de
ne plus acter dans les procédures conduites par la JIRS, ne souhaitant plus
être traités comme de vulgaires délinquants». Motif? Dénoncer la mise en examen
de deux de leurs collègues, un commissaire depuis parti à Bayonne et un chef de
groupe, soupçonnés de «complicité de trafic en bande organisée». Les magistrats
leur reprochent l'utilisation d'un informateur pour faciliter l'entrée en
France de stupéfiants dans le cadre d'une «livraison surveillée» et de ne pas
avoir évoqué l'existence d'un téléphone utilisé par un de leurs «indics» pour
contacter le réseau criminel. Selon nos informations, l'OCRTIS enquêtait sur
une filière en lien avec la Guyane. «On ne peut plus travailler sur des
procédures qui ont été validées il y a quatre ou cinq ans et pour lesquels nous
nous retrouvons inquiétés pénalement», s'insurge un policier de l'OCRTIS qui
affirme que ses collègues ne supportent plus de vivre dans l'«insécurité
juridique».
Les policiers rejettent en bloc l'accusation de «manque de loyauté»
formulée à leur encontre.
Dans une lettre ouverte que Le Figaro s'est procurée,
les policiers de l'OCRTIS dénoncent le «climat délétère» qui s'est instauré
avec une partie de la JIRS qui, selon eux, «décortique tous les dossiers
initiés par l'OCRTIS et remet en cause les constructions procédurales, pourtant
avalisées par les magistrats d'autres tribunaux». «Cette tourmente judiciaire
pourrait toucher à terme d'autres services chargés de la lutte contre les
stupéfiants».
François Thierry a quitté lundi la PJ
«Ces magistrats, dans des instructions menées uniquement à charge, ont
décidé de remettre en cause une pratique policière éprouvée depuis des années
par les enquêteurs».
Cette affaire intervient juste après la lourde sanction qui a visé
l'ex-patron de la lutte antidrogue François Thierry, ancien chef tutélaire de
l'OCRTIS mis en examen pour «complicité d'importation de stupéfiants en bande
organisée». Son habilitation d'officier de police judiciaire a été retiré par
la procureure générale de Paris en raison de «manquements» aux obligations de
loyauté. Catherine Champrenault, «après avoir recueilli les observations» de
l'ancien patron de l'office de lutte antidrogue (Ocrtis), «a décidé de procéder
au retrait de l'habilitation d'officier de police judiciaire» du commissaire
divisionnaire.
Selon nos informations, le superflic, qui était muté à la
sous-direction antiterroriste (SDAT), a quitté lundi la police judiciaire pour
rejoindre une délégation spécialisée dans la cybersécurité.
Un précédent historique en 2002
François Thierry a été mis en cause après la découverte de 7,1 tonnes
de cannabis, réparties dans plusieurs camionnettes et découvertes à Paris le 17
octobre 2015 par la Direction nationale du renseignement et des enquêtes
douanières (DNRED).
La grogne qui gagne les policiers de l'Ocrtis n'est pas sans
précédent. En effet, un mouvement d'ampleur avait été déclenché par la mise en
examen en 2002 de trois policiers des Hauts-de-Seine pour complicité dans un
trafic de drogue alors qu'ils avaient fourni neuf kilos de résine de cannabis à
un indic pour faire tomber un caïd. Ce dossier avait déclenché l'ire des
syndicats. Et la paralysie des services spécialisés. Cet électrochoc avait été
à l'origine du fameux article 3 voté dans la loi Perben 2 légalisant le statut
de l'informateur et mettant fin à des siècles de clandestinité.
Le texte sera adopté en mars 2004 au prix de passes d'armes homériques
au Palais-Bourbon où les communistes ont déploré que l'on «fonctionnarise les
voyous». Et il faudra attendre encore 22 mois et le retour de Nicolas Sarkozy
Place Beauvau pour que soit enfin signé le décret d'application.
Rédacteur en chef adjoint, spécialiste sécurité et renseignement
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Quand le
Renseignement voulait recruter Mohamed Merah (17.10.2017)
Mis à jour le 17/10/2017 à 10h28 | Publié le 16/10/2017 à 19h39
VIDÉO - Lors du procès du frère du «tueur au scooter», un ancien
responsable régional des services a raconté ce lundi que sa direction avait
envisagé de recruter le djihadiste un mois avant qu'il ne tue sept personnes en
2012.
Lorsqu'elle entreprend d'interroger le témoin, l'avocate générale
prend le soin de préciser qu'il n'y a «aucun scoop» dans la longue déposition
qu'il a livrée. Si elle se donne la peine de banaliser ainsi le propos d'un
ancien directeur régional du renseignement, c'est évidemment parce que ce qu'il
dit la gêne, même si l'accusation qu'elle représente peut en tirer du grain à
moudre. Le témoignage de Christian B. résume parfaitement la situation: le
principal accusé du procès, Abdelkader Merah, a une tête de coupable. Mais qui
prouvera qu'il l'est?
Christian B. explique à la cour d'assises comment l'islamisme radical
s'est propagé dans la région de Toulouse bien avant mars 2012 et les
tueries de Mohamed Merah, frère de l'impassible barbu du box. Sur fond de
quartiers livrés à eux-mêmes, gangrenés par la délinquance, une poignée de
prédicateurs redoutables recrutent depuis des années. À leur tête: les deux
frères Clain et Olivier
Corel, alias l'«Émir blanc» d'Artigat (Ariège), ainsi qu'un dénommé
Sabri Essid. Tous sont des fanatiques de la plus belle eau, adeptes non pas du
«djihad du cœur» mais de celui «de l'épée» qui les a d'ailleurs appelés en
Syrie (sauf Olivier Corel). Ils professent un islam de combat, la haine des
juifs, des Américains, des mécréants au sens large.
« Abdelkader Merah se pense élu d'Allah et veut devenir un sachant,
un théologien, pour avoir une ascendance déterminante »
Un policier
Dès 2006, Abdelkader Merah est repéré: il sera fiché «S» jusqu'en
2010. Selon le témoin, c'est un sujet zélé, qu'on voit, passé minuit, en
vêtements traditionnels, tenter de convertir des dealers à la lutte armée. «Il
se pense élu d'Allah et veut devenir un sachant, un théologien, pour avoir une ascendance
déterminante», raconte le policier. En 2009 et 2011, il séjourne longuement au
Caire, pour parfaire son enseignement coranique. Son frère Mohamed, lui, pousse
jusqu'au Pakistan et à l'Afghanistan.
En octobre 2011, les services de renseignement souhaitent
l'entendre à son retour d'Asie. Le futur assassin est convoqué, il tergiverse,
tente d'éviter le rendez-vous, finit par s'y rendre. Le 14 novembre, «deux
hommes de Paris» sont envoyés par «la centrale» pour un «debriefing».
Conclusion de la «note d'expertise»: Mohamed Merah est «ouvert d'esprit», il a
«un profil de voyageur», et pourrait donc être recruté pour espionner les
salafistes… La direction de la DGSI (devenue DCRI), alias «la centrale»,
demande à Christian B. de «vérifier sa fiabilité, pas sa dangerosité». «J'étais
en désaccord complet, mon refus a été net, net», réagit le patron de terrain.
Lui, il voulait dès juin 2011 «judiciariser» le dossier Merah (Mohamed),
transmettre ce qu'il sait au procureur. Refus de «la centrale».
« J'ai l'intime conviction qu'il appartenait à un groupe
djihadiste, qu'il a été un mentor pour Mohamed Merah »
Christian B.
11 mars 2012. Un
inconnu tue le soldat Ibn Ziaten en pleine rue. La police s'oriente
vers une affaire de droit commun. Le 15, deux militaires sont assassinés à
Montauban. «La centrale» pense à un coup de l'ultra-droite, bien que sa branche
locale pressente qu'il s'agit d'«une série terroriste» et fournisse une liste
d'une douzaine de suspects potentiels, toujours classée défense ; le nom
de Mohamed Merah y figure, le témoin n'a pas le droit d'en dire davantage. Mais
l'accès aux éléments de l'enquête lui est refusé par la PJ. Le 19 mars,
quatre personnes dont trois enfants tombent sous les balles d'un individu
casqué à l'école Ozar Hatorah de Toulouse. Le témoin: «Mon chef de groupe est
alors autorisé à visionner les vidéos. Il reconnaît Mohamed Merah à 80 %.»
À cet instant, l'accablement parcourt les assises. Si ce fonctionnaire avait pu
examiner ces bandes tirées des vidéosurveillances urbaines, l'ultime massacre
des innocents aurait pu ne pas avoir lieu.
Interrogé par les parties civiles, Christian B. - qui a surtout parlé
de Mohamed Merah - estime que, selon lui, «son frère Abdelkader était en
osmose» avec les structures islamistes les plus dures dont il côtoyait les
chefs de près. «J'ai l'intime conviction qu'il appartenait à un groupe
djihadiste, qu'il a été un mentor pour Mohamed Merah», conclut-il. Avant
d'ajouter: «Je n'en ai pas la preuve. C'est mon intime conviction.»
Le témoignage est embarrassant pour l'accusé, présenté comme gravitant
dans un univers d'enragés dont il partage les idées - il est aussi poursuivi
pour association de malfaiteurs terroriste, passible de vingt ans de réclusion.
Son frère, tout le monde le sait, est passé à l'acte. Au premier jour de la
troisième semaine du procès d'Abdelkader Merah, la question fondamentale de
leur complicité - passible de la perpétuité - reste posée, car le ministère
public n'a pas encore démontré qu'elle était effective. Cela non plus, ce n'est
pas un scoop.
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Expulsion des
clandestins : Collomb dégaine sa circulaire (17.10.2017)
Mis à jour le 17/10/2017 à 21h01 | Publié le 17/10/2017 à 13h34
Le ministre de l'Intérieur invite ses préfets à expulser des
clandestins pour motif d'ordre public. Idem pour les détenus étrangers qui
représentent une menace et ce dès leur sortie de prison.
Le Figaro a décortiqué la circulaire de Gérard Collomb aux
préfets pour répondre aux dysfonctionnements constatés à l'occasion
du double assassinat de Marseille, le 1er octobre dernier. Un drame qui
aurait pu être évité si la préfecture et la justice du Rhône avaient expulsé
comme il se doit le clandestin tunisien auteur de cet attentat barbare. Le
document, daté du 16 octobre, se focalise donc sur «l'éloignement des personnes
représentant une menace pour l'ordre public et des sortants de prison» .
» LIRE AUSSI: Attentat de Marseille: Collomb limoge le
préfet du Rhône
Le ministre rappelle que «l'existence d'une menace à l'ordre public
permet de refuser (à un clandestin) le bénéfice du délai de départ volontaire».
Cette menace à l'ordre public s'apprécie, selon Gérard Collomb, en évaluant
notamment «la dangerosité de l'intéressé dans l'avenir». En clair: «Cette appréciation
(...) demeure, en droit, indépendante des condamnations pénales» qui ont pu
être prononcées à l'encontre de l'étranger en situation illégale.
Anticiper au mieux les éloignements
Pour ce qui est des détenus, l'hôte de Beauvau se veut tout aussi
«intraitable» qu'Emmanuel Macron. «L'éloignement des étrangers en fin d'une
peine d'emprisonnement doit être une priorité, qu'ils soient en situation
irrégulière ou qu'ils représentent une menace pour l'ordre public»,
écrit-il. Il recommande ainsi aux préfets d' «anticiper au mieux les
éloignements durant la phase d'incarcération.»
Selon lui, «les décisions d'éloignement peuvent être notifiées aux
détenus en détention. Il n'est donc pas nécessaire d'attendre pour cela leur
élargissement ou leur placement en rétention.» Il faudra notamment «procéder à
l'identification des intéressés en vue d'obtenir, avant l'issue de
l'incarcération, des laissez-passer consulaires permettant l'exécution des
mesures d'éloignement.» Il est même rappelé que «la mise en oeuvre de ces diligences
vise à éviter, dans toute la mesure du possible, un placement en rétention à
l'issue de l'incarcération».
Par ailleurs, le ministre affirme que «les procédures d'expulsion
pourront être utilisées à l'encontre des ressortissants étrangers, incarcérés
ou non, qui représentent une menace grave pour l'ordre et la sécurité publics.»
Pour lui, «l'expulsion constitue la procédure la mieux adaptée s'agissant des
ressortissants étrangers qui représentent une menace grave pour l'ordre et la
sécurité publics, qu'il s'agisse d'individus liés au terrorisme ou à des
courants idéologiques extrémistes, ou impliqués dans des faits de droit commun,
qui peuvent également revêtir une particulière gravité.»
Manque de places en centre de rétention
Un fin connaisseur de la matière à Beauvau le dit: «C'est une bonne
circulaire de commentaire et de rappel du droit existant. Elle va donner un
coup de fouet aux préfets, qui vont se sentir couverts politiquement.» Sa
portée opérationnelle? «Elle est en particulier très intéressante sur les
Obligations de quitter le territoire français (OQTF) signifiées pour des
raisons d'ordre public, car celles-ci sont peu utilisées. Elles devraient donc
connaître un légitime renouveau», assure un haut fonctionnaire rompu aux
procédures d'expulsion.
Mais une circulaire, aussi claire soit-elle, ne peut faire le
printemps des préfets si les moyens matériels font défaut pour la mettre en
œuvre dans toute sa rigueur. «Les Centres de rétention administrative sont
bourrés à craquer partout en France», rappelle un haut gradé de la Police aux
frontières (PAF). Il y a donc un frein logistique à ces consignes venues du
sommet. De toute urgence, le ministère de l'Intérieur devra présenter un plan
de construction de places en CRA, s'il veut être pleinement crédible. En
achetant des bâtiments. Pour l'heure, la France compte 26 CRA pour un total de
1.755 places. Et tous les gouvernements sont responsables de ce manque de
moyens.
» LIRE AUSSI: Le gouvernement veut porter à 90 jours la
rétention des étrangers en attente d'expulsion
Par ailleurs, rien n'empêche les Juges de la liberté et de la
détention (JLD) de faire obstacle aux placements en rétention. Leur
intervention à caractère judiciaire est l'une des causes principales de l'échec
des éloignements engagés par les préfets. Cette opposition entre le judiciaire
et l'administratif en matière migratoire perdure depuis des décennies.
La rédaction vous conseille :
Rédacteur en chef adjoint (sécurité intérieure, affaires judiciaires,
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