Les réservistes, ce vivier devenu indispensable contre le terrorisme (12.10.2017)
Erdogan appelle à une décision sur l'adhésion turque à l'Union européenne (13.10.2017)
Tomy tué par un boxeur pour une histoire de cigarette (13.10.2017)
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Les réservistes, ce vivier devenu indispensable contre le
terrorisme (12.10.2017)
INFOGRAPHIE - La garde nationale,
créée il y a un an et en pleine croissance, regroupe 70.000 réservistes.
60 % sont salariés et 70% sont sans passé militaire.
Sur le parvis de la gare
Saint-Charles à Marseille, le 1er octobre dernier, quatre militaires de
«Sentinelle» interviennent contre un homme qui vient de poignarder
mortellement deux jeunes filles. Parmi eux, un réserviste de 24 ans,
caporal dans la 5e compagnie de réserve du 1er régiment étranger de génie
(REG), basé à Laudun (Gard). C'est lui qui fait usage de son arme et
«neutralise» l'individu. Trois autres militaires du groupe étaient aussi des
réservistes. Leur patrouille dépendait d'un état-major composé pour moitié de
réservistes avec à sa tête un colonel de réserve. Ce cas n'a rien
d'anecdotique. Formés efficacement et intégrés à des unités de militaires
d'active, les réservistes ont été en première ligne lors de chacune des
attaques terroristes qu'a connues la France ces derniers mois: le
3 février 2017 au Carrousel du Louvre, le 18 mars à Orly… Tout
récemment aussi, après Irma, une compagnie de réservistes de la gendarmerie a
été dépêchée
à Saint-Martin, pour porter secours à l'île dévastée par le cyclone.
Tous ces réservistes
appartiennent à la garde nationale, créée il y a tout juste un an, le
13 octobre 2016, par un décret soulignant qu'elle «concourt à la
défense de la nation et à la sécurité de nos concitoyens et de nos
territoires». Cet anniversaire sera marqué ce vendredi par des assises, à
l'École militaire, à Paris, en présence de la ministre des Armées, Florence
Parly. À cette occasion, la «Journée nationale du réserviste» (JNR) sera lancée
et se déroulera partout en France jusqu'au 11 novembre. La
garde nationale est un label regroupant actuellement 70.000
réservistes opérationnels dits de «premier niveau» (RO1), c'est-à-dire des
citoyens français d'au moins 17 ans signant un contrat de un à cinq ans. Ses
deux «piliers» sont le ministère des Armées (35.272 réservistes, issus à
60 % de l'armée de terre) et celui de l'Intérieur (29.104 réservistes de
la gendarmerie, 4973 de la police). S'ajoute un troisième vivier, la réserve
opérationnelle de disponibilité (RO2) qui, elle, n'appartient pas à la garde
nationale (tout comme la réserve dite «citoyenne», composée de 4000 personnes).
Elle regroupe d'anciens militaires (67.572) et gendarmes (26.289), rappelables
par décret en cas de besoin.
1800 euros par an
Le projet d'une garde nationale
est évoqué par François Hollande le 16 novembre 2015, quelques jours
après l'attaque du Bataclan. Mais c'est après celle de Nice et l'assassinat du
père Hamel, à l'été 2016, que la décision est formellement prise. L'objectif:
renforcer les armées, mises sous tension par leur suremploi. Mais il s'agit
aussi de catalyser la mobilisation citoyenne qui s'est fortement exprimée après
les attentats, en développant également le lien «armée-nation» à travers les
territoires et les entreprises. L'idée est de «bâtir sur l'existant» une garde
nationale intégrée à l'active. Armées, gendarmerie et police conservent ainsi
la tutelle sur leurs réservistes et en maîtrisent l'emploi. La garde nationale
n'a pas de mission spécifique. Aucun uniforme, ni insigne particulier ne la
distingue. Pas question de créer une armée de seconde catégorie…
«Nous sommes sur la
trajectoire, les objectifs sont en passe d'être atteints. La réserve va bien,
merci»
Le général Gaëtan Poncelin de
Raucourt
«Nous sommes sur la trajectoire,
les objectifs sont en passe d'être atteints. La réserve va bien, merci», se
félicite le général Gaëtan Poncelin de Raucourt, le secrétaire général de la
garde nationale. «Nous n'avons pas de problème de recrutement», précise-t-il,
en se réjouissant d'une «dynamique». Celle-ci a été dopée par des mesures
incitatives, par exemple mille euros pour passer son permis de conduire.
Quarante à cinquante candidats se font connaître quotidiennement. La cible
affichée ne suscite pas d'inquiétude: 85.000 réservistes en 2018, dont 9250
seront employés chaque jour (7300 actuellement, 5500 l'an dernier) et, pour
chaque réserviste, 37 jours d'activité par an en moyenne (contre 35 en 2017, 32
en 2016 et 24 en 2015). Chacun perçoit en moyenne 1800 euros par an. «On
observe une vraie mutation», relève le général de Raucourt. Pour lui, on est
passé d'un «réservoir à une communauté agile et reconnue». Plus d'un tiers des
réservistes ont moins de 30 ans (20 %
sont des femmes), 60 % sont des salariés et 70 % d'entre eux
n'ont pas de passé militaire.
Beaucoup reste à faire pour
permettre à la garde nationale de gagner en «incarnation», en visibilité et en représentativité.
Le lien avec l'entreprise, crucial, reste problématique, nombre de salariés
réservistes demeurant des «clandestins» dans leur milieu professionnel.
Pourtant, une récente étude, réalisée par le cabinet Goodwill-management,
souligne que le réserviste, «collaborateur de valeur, enrichissant, est un
atout pour l'entreprise». Certains grands groupes, comme Casino récemment, ont
augmenté la période légale accordée aux réservistes de 5 à 10 jours annuels,
avec maintien de salaire. Mais pour les PME, le réserviste reste un vrai
casse-tête. Et vis-à-vis des entreprises, «les mesures incitatives atteignent
leur limite», relève une bonne source.
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Erdogan appelle à une décision sur l'adhésion turque à
l'Union européenne (13.10.2017)
DPA Publié
le vendredi 13 octobre 2017 à 17h20 - Mis à jour le vendredi 13
octobre 2017 à 17h22
Le président turc Recep Tayyip
Erdogan veut que les chefs d'État et de gouvernement fassent la clarté, la
semaine prochaine lors de leur réunion à Bruxelles, sur l'adhésion de la
Turquie à l'Union européenne. "Faites votre déclaration et mettons un
terme à cette affaire. Nous n'avons pas besoin de vous", a-t-il affirmé
vendredi à un meeting de son parti, l'AKP. La semaine prochaine, les dirigeants
européens discuteront de leurs relations avec la Turquie lors du sommet de
jeudi et vendredi.
Les négociations d'adhésion du
pays sont de facto à l'arrêt depuis le coup d'Etat manqué contre Erdogan et la
vague de répression qui a suivi. Les relations avec l'Allemagne sont
particulièrement tendues. La chancelière Angela Merkel a promis durant la
dernière campagne électorale de discuter d'un arrêt des négociations avec ses
collègues européens.
"Eux qui font tout ce qui
est en leur pouvoir pour isoler la Turquie de l'Occident et, si possible, du
monde entier: ils travaillent pour rien. L'Union européenne nous avait promis
la libre circulation des personnes. Et alors? Est-ce que le ciel nous est tombé
sur la tête? ", a demandé le président turc, en référence à la suppression
de l'obligation de visas pour les ressortissants turcs. L'Union européenne
affirme cependant qu'Ankara ne satisfait toujours pas à toutes les conditions
pour obtenir cette suppression.
Pourquoi Erdogan ne retire-t-il
pas lui-même la prise des négociations? "Ils nous tiennent sans cesse en
haleine, mais nous sommes patients. Nous disons: ce n'est pas nous, mais vous
qui quitterez le ring."
Tomy tué par un boxeur pour une histoire de cigarette
(13.10.2017)
FRÉDÉRIC DUBOIS Publié
le vendredi 13 octobre 2017 à 06h54 - Mis à jour le vendredi 13
octobre 2017 à 08h26
Tomy Delmotte n’avait que 26 ans.
La nuit du 23 au 24 septembre, ce jeune homme fêtait son engagement récent dans
une société de gardiennage au sein de la discothèque The Room de Gosselies
entouré de quelques copains.
Selon les dernières informations,
l’un de ses camarades se serait légèrement accroché avec une personne, à propos
d’une cigarette. Tomy serait alors intervenu pour ramener le calme et séparer
les deux hommes. Aucun coup n’a été échangé au sein de la boîte mais,
visiblement, l’un des protagonistes a très mal pris l’algarade et a décidé de
se venger, une fois les portes du club franchies. Et c’est Tomy qui en a payé
de sa vie.
Sur un parking situé à deux pas,
un certain Anas A., âgé de 27 ans, l’a retrouvé pour régler ses comptes. Tomy
Delmotte n’étant pas un bagarreur, il a rapidement eu le dessous, d’autant que
son adversaire est un champion de Muay Thaï, la boxe thaïlandaise qui se
pratique tant avec les pieds qu’avec les poings.
Et manifestement , deux coups ont
suffi à venir à bout du jeune homme. Un lui a cassé deux dents, l’autre lui a
brisé un morceau d’os dans la gorge. Une fois son adversaire groggy, Anas A.
l’a abandonné dans le fossé pour prendre la fuite. À l’arrivée des secours,
Tomy avait cessé de vivre.
L’enquête, menée par la police
judiciaire fédérale de Charleroi, a finalement permis d’identifier le suspect
qui est passé aux aveux, ce mardi. Le boxeur a effectivement reconnu n’avoir
frappé qu’une seule fois la victime. Les constatations médicales semblent
attester qu’au moins deux coups ont été portés. Mais, à ce stade de l’enquête,
l’intention d’homicide n’a pas été retenue par le juge d’instruction qui a
inculpé Anas A. de coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans
intention de la donner.
Pour la famille de Tomy,
l’arrestation du suspect constitue une belle avancée. Reste l’impression que le
jeune homme a bel et bien été "exécuté" par
quelqu’un qui savait où il frappait.
Une cellule spéciale pour surveiller les policiers soupçonnés
de radicalisation (11.10.2017)
Par Le
figaro.fr
Mis à jour le 11/10/2017 à 15h33 | Publié le 11/10/2017 à 15h13
Une trentaine de policiers sont
actuellement dans le collimateur de la police des polices, selon plusieurs
médias. Une dizaine d'entre eux sont soupçonnés d'être en lien avec la mouvance
islamiste.
Militaires, surveillants
de prison, agents privés de sécurité... On
le sait, les métiers les plus sensibles n'échappent pas au risque de
radicalisation. Il en va de même pour les policiers. Selon le Canard
enchaîné, ils seraient «une trentaine» à faire l'objet d'une attention
particulière. Une «cellule spéciale» de l'IGPN (la police des polices), créée
en 2016, est chargée de les surveiller de près. Il s'agit aussi d'aider les
chefs de service à identifier «les pratiques religieuses des agents qui sont
incompatibles avec l'exercice de leur mission» ou qui «heurtent le principe de
neutralité et de laïcité du service public», tout en respectant le droit des
fonctionnaires d'exercer leur religion, expliquait
une source policière à 20
minutes fin
septembre.
Le profil des agents suivis est
varié: sur les trentes fonctionnaires suspectés, une vingtaine d'entre eux
présentent une «pratique religieuse un peu dérangeante» et une petite dizaine
se trouvent en contact avec des réseaux salafistes identifiés. Toujours
selon 20
Minutes , certains sont même fichés au FSPRT (Fichier des
signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère
terroriste), outil
créé en 2015 qui recense les individus radicalisés
religieusement. En
août dernier, ce fichier affichait 18.550 signalements. Mais aucun policier
ne fait l'objet d'une fiche «S» ou aurait «des contacts avec des groupes
terroristes», note 20 Minutes. Contactée par Le Figaro,
la Direction générale de la police nationale (DGPN) dont dépend l'IGPN n'a pas
souhaité répondre à nos questions, «compte tenu de la sensibilité du sujet».
Surveillé pour avoir mangé
halal
Ces surveillances doivent être
déclenchées sur la base de «signes avérés et manifeste de radicalisation». Pour
autant, dans la pratique, il n'est pas toujours aisé de cerner les profils
véritablement inquiétants. Comme le souligne Le Canard Enchaîné, certains
policiers ont peut-être été «un peu vite» catalogués, à l'image de cet agent
qui mangeait halal ou de cet élève gardien qui s'est amusé à crier «Allah
Akbar» devant ses camarades de classe...
Au gouvernement, le sujet est
pris très au sérieux. «Il faut pouvoir muter et radier un fonctionnaire
radicalisé», déclarait
le ministre de l'Intérieur dans une interview accordée début septembre au Parisien .
«Jusqu'ici, quand nous découvrons qu'un agent s'est radicalisé, nos marges de
manœuvre sont très faibles», justifiait-il. «On peut retirer l'accès à un site
nucléaire pour un salarié sur lequel pèsent de tels soupçons. Paradoxalement,
cela s'avère plus difficile avec les fonctionnaires et militaires les plus
engagés dans le domaine de la sécurité».
Une mesure dans le projet de
loi antiterroriste
Pour faciliter les prises de
sanction, le gouvernement a déposé début septembre un
amendement dans le cadre du projet de loi antiterroriste, qui doit de
nouveau être examiné à l'Assemblée nationale ce mercredi soir. Cette mesure
permet de muter, voire de radier les fonctionnaires chargés de missions de
sécurité, si une enquête administrative conclut à leur radicalisation. Seront
concernés les policiers, gendarmes, militaires, douaniers et le personnel
pénitentiaire. Cette disposition introduit un changement notable: «Auparavant,
l'enquête avait lieu en amont de la prise de poste. Avec cette mesure, en cas
de doute ou de soupçons sur un agent, l'enquête pourra avoir lieu au cours de
la carrière du fonctionnaire», nous dit une source au Palais Bourbon.
En cas de radiation ou de perte
d'emploi, l'intéressé pourra déposer un recours. Dès lors, «il appartiendra à
l'autorité de police qui a conduit l'enquête administrative d'apporter au juge
tous les éléments permettant de justifier du bien-fondé de la conclusion de
cette enquête», a précisé lundi,
en commission mixte paritiaire, le sénateur Philippe Bas, rapporteur au Sénat.
Le phénomène n'est pas nouveau.
Entre 2012 et 2015, 17 policiers radicalisés avaient été recencés dans les
rangs de la police de proximité de l'agglomération parisienne, rapportait Le
Parisien l'année
dernière. Il s'agissait généralement de «transgressions au principe de
laïcité». Ce sont souvent «des fonctionnaires assez jeunes, entrés en tant
qu'adjoints de sécurité à la fin des années 2000 et qui ont ensuite réussi le
concours interne. Ils sont désormais policiers à part entière, gardiens de la
paix ou brigadiers», expliquait l'article, tout en nuançant les faits: le
parquet antiterroriste n'a jamais été saisi d'aucune procédure impliquant des
policiers. Pour autant, certains ont été condamné pour des faits de droit
commun.
* Où sont passés nos
espions? Eric Pelletier et Christophe Dubois, aux éditions Albin
Michel.
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Le métier de professeur des
écoles attire de moins en moins d’étudiants (11.10.2017)
Par AFP agence • Publié
le 11/10/2017 à 15:47 • Mis à jour le 11/10/2017 à 15:59
Le nombre de candidats aux
concours de l’enseignement s’est écroulé ces dernières années. Crédits
photo: Syda Productions
La crise du recrutement se
poursuit. Les étudiants sont de moins en moins nombreux à se présenter au
concours de professeur des écoles. La situation est critique dans certaines
académies.
Le métier de «maître d’école» ne
fait plus rêver. Le premier syndicat dans le primaire, le Snuipp-FSU, a tiré
mercredi la sonnette d'alarme face à "une crise de recrutement qui
perdure" et conduit à un "recours massif" à des "contractuels
sans formation dans les écoles". À la veille de la clôture des
inscriptions aux concours 2018, le syndicat a dressé un tableau pessimiste de
la rentrée, avec près de 2.000 postes non pourvus.
»Lire aussi-Pôle
emploi recherche enseignants désespérément
En douze ans, le nombre de
candidats est passé de 55 700 à 29 000
Pour répondre aux besoins,
"pour la première fois de manière massive", les rectorats ont fait
appel à des contractuels, "embauchés pour quelques mois, sans perspective
de formation et titularisation", a déploré lors d'une conférence de presse
Francette Popineau, secrétaire générale du syndicat. "La précarité
s'installe dans nos écoles", a-t-elle alerté.
La campagne de recrutement n’a
pas suffi (ici sur le site devenirenseignement.gouv.fr)
En 2005, pour environ 11.700
postes, 94.000 candidats s'étaient inscrits aux concours et 55.700 s'y étaient
présentés. En 2017, pour quasiment le même nombre de postes, il y a eu 71.200
inscrits et seulement 29.000 candidats effectivement présents.
Le syndicat souhaite des
prérecrutements rémunérés dès le début de la licence
Selon le syndicat, plusieurs
raisons expliquent cette désaffection: la baisse du nombre de places
pendant le quinquennat Sarkozy, l'augmentation du niveau universitaire requis
pour le recrutement, ainsi que des conditions d'accès et d'exercice du métier
dégradées.
"On est dans une crise de
recrutement nationale, même si elle est exacerbée dans certaines régions",
a souligné Charlotte Bourgougnon, en charge du secteur débuts de carrière au
syndicat.
Au concours 2017 à Créteil, où la
situation est particulièrement critique, il y avait à peine plus d'un candidat
par poste, contre trois en moyenne au niveau national.
Les académies d'Amiens et de
Guyane sont également particulièrement touchées par la crise de recrutement.
Pour le Snuipp-FSU, il est urgent
de mettre en place des "prérecrutements" dès le début de la licence,
qui seraient "rémunérés et permettraient aux étudiants de se consacrer
entièrement à leurs études.
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Blanquer veut que les enfants lisent plus (12.10.2017)
Mis à jour le 12/10/2017 à 20h17 | Publié le 12/10/2017 à 20h14
Il entend mieux articuler le
travail des enseignants, des bibliothèques, des collectivités locales et des
associations.
«L'ensemble de la nation doit
s'engager pour développer la lecture chez les jeunes!» C'est le message
que le
ministre de l'Éducation nationale a voulu faire passer ce jeudi
après-midi sous les ors de la salle des séances de l'Institut, face à un
parterre de maires, d'écrivains, d'académiciens, à commencer par Hélène Carrère
d'Encausse qui a salué son programme lequel répond à ses yeux à une contradiction:
«La France est un pays d'écrivains, un pays littéraire. Pourtant toute une
génération a des difficultés avec la lecture.»
«À chacune des petites
vacances, je souhaite que les enseignants demandent à leurs élèves de lire un à
deux livres»
Jean-Michel Blanquer
L'objectif de cette opération qui
compte beaucoup sur les bénévoles? Mieux articuler le travail des enseignants,
des bibliothèques, des collectivités locales et des associations autour de la
lecture dans les écoles. «La grammaire, la syntaxe, les exercices d'écriture ne
sont pas des exercices conservateurs», insiste le ministre qui a aussi beaucoup
parlé de «lecture plaisir». À chaque fin d'année scolaire, des élèves
obtiendront un livre de la part du ministère comme cet été où certains ont reçu
les Fables de La Fontaine. «À chacune des petites vacances, je
souhaite que les enseignants demandent à leurs élèves de lire un à deux
livres», a indiqué le ministre, rappelant que selon une étude de l'OCDE «30
minutes de lecture quotidienne permettent des progrès significatifs en
français».
La qualité du «lien
intergénérationnel»
La cheville ouvrière de cette
opération symbolique intitulée «Ensemble pour un pays de lecteurs», c'est le
vibrionnant Alexandre Jardin, fondateur de l'association «Lire et faire lire»
en 1999. «L'influence de l'Académie, ce temple de la littérature est
considérable», estime-t-il. Ce dernier souhaite augmenter le nombre de
bénévoles qui acceptent de s'investir dans les écoles. «Nous atteignons 650.000
enfants par an grâce à nos 18.000 bénévoles. Nous souhaitons doubler ce nombre
et atteindre plus d'un million d'enfants», explique-t-il. L'association croît
chaque année mais de façon insuffisante par rapport à la demande des écoles. Si
elle touche 40 % des écoles parisiennes, «c'est très loin d'être le cas
dans le reste de la France».
«Nous atteignons 650.000
enfants par an grâce à nos 18.000 bénévoles. Nous souhaitons doubler ce nombre
et atteindre plus d'un million d'enfants»
Alexandre Jardin, fondateur de
l'association « Lire et faire lire »
Aussi une vingtaine d'écrivains
populaires, d'Irène Frain à Daniel Pennac en passant par Yann Queffélec,
doivent-ils communiquer vendredi dans la presse régionale pour «inciter les
gens à s'investir». Lire et faire lire, qui regroupe uniquement des bénévoles
de plus de 50 ans «car nous croyons à la qualité de ce lien
intergénérationnel», intervient de la crèche à l'école primaire et parfois même
dans des collèges. Alexandre Jardin souhaite qu'elle s'oriente «massivement en
maternelle, l'âge de la prélecture pour qu'ils s'imbibent de mots avant
d'entrer en CP. L'école ne peut pas régler toute seule le problème de ces
enfants qui y arrivent avec une déficience de vocabulaire. Une alliance entre
les anciens et les petits doit se faire». Un enjeu considérable aujourd'hui
alors que près de 10 % des jeunes âgés de 16 à 25 ans ont de «très faibles
capacités de lecture» voire sont en situation d'illettrisme selon les
évaluations effectuées lors de la Journée défense et citoyenneté.
Ces 18.000 bénévoles qui racontent
des histoires
«Il était une fois une petite
souris qui habitait dans un tout petit trou (...) Dans ce pays-là, il faisait
très froid», débute Marie-Laure Hautier en articulant. Les quatre paires d'yeux
qui lui font face, jusque-là un peu ensommeillés en ce mercredi matin,
s'éclairent. Les doigts pointent les images. «C'est quoi, ça c'est de la neige?
Et ça, c'est un tambour?» À 5 ans, Ylan, Fanta, Quentin et Maya, inscrits en
grande section de la maternelle publique Murat (XVIe arrondissement de Paris)
sont intarissables. Et rient de bon cœur lorsque le ventre de la petite souris
explose à force d'avoir mangé trop de gâteaux. Bénévole de l'association Lire
et faire lire, Marie-Laure Hautier a décidé de s'investir au moment de sa
retraite. Elle vient lire pendant une heure à des petits groupes d'élèves de
maternelle qui se succèdent tous les mercredis. Pour la directrice de l'école,
Sylvie Gourdon, ces lectures constituent un vrai plus: «Les enfants
s'imprègnent de vocabulaire, de syntaxe. L'intérêt c'est qu'ils sont en petits
groupes et peuvent interagir avec l'adulte. Lorsqu'ils sont à vingt-huit, il
faut faire taire l'un ou l'autre, l'enseignant ne peut pas être attentif à
chacun.»
Un effet à long terme
«Dans les écoles que nous
fréquentons, certains enfants de milieu populaire n'ont pas de livres chez eux»
Marc Bourguignat, coordonnateur
parisien de l'association Lire et faire lire,
La bénévole a peu à peu appris à
s'adapter à son public de très jeunes enfants: «La première année, je suis
venue avec les contes de Perrault avec le texte intégral. Il fallait que je
m'arrête presque à chaque phrase pour expliquer des mots… Les fois suivantes,
j'ai choisi des versions allégées. Et j'ai exploré la richesse de la
littérature jeunesse». Autre nécessité pour les bénévoles, explique l'un des
deux coordonnateurs parisiens, Marc Bourguignat, «respecter le texte mot à mot.
Il ne s'agit pas d'inventer comme certains sont parfois tentés de le faire car
les enfants doivent pouvoir reconnaître ces histoires qu'on leur lit et relit.
La syntaxe de ces textes est plus riche que les commentaires faits sur des
images.» À Paris qui compte 750 bénévoles, l'association propose plus de vingt
formations pendant l'année: comment animer un groupe, comment choisir des
livres selon l'âge ou encore un entraînement avec un acteur.
Marc Bourguignat s'occupe de la
partie ouest de la capitale. «Dans les écoles que nous fréquentons, certains
enfants de milieu populaire n'ont pas de livres chez eux. Personne ne leur lit
jamais d'histoire. Mais c'est le cas également dans des familles de cadres où
les parents reviennent tard du travail. Faute de temps, leurs enfants n'ont pas
d'histoire le soir. Sans compter la facilité qui consiste à les planter devant
un écran». Ils sont au total 18.000 à donner un peu de leur temps partout en
France, comme Jean-Claude Le Pluart à Auray (Morbihan): «L'effet de notre
action se mesure difficilement et se voit à long terme. Ce sont par exemple ces
enfants à qui je lis à l'école qui se mettent à fréquenter la médiathèque
municipale. J'ai alors le sentiment d'avoir réussi à transmettre quelque chose
de ce plaisir que je ressens lorsque je lis.»
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Éric Zemmour : «La haine, c'est mal, l'amour, c'est bien»
(11.10.2017)
Par Eric
Zemmour
Publié le 11/10/2017 à 15h40
CHRONIQUE - Contre la
haine est un plaidoyer antiraciste venu d'Allemagne, qui fait l'éloge
d'une société multiculturaliste. Un discours moralisateur qui ne se soucie
guère de la réalité.
Contre la haine, Carolin
Emcke, Seuil, 222 p., 17 €. - Crédits photo : Seuil
Ils ont des yeux mais ne voient
rien. Ils pensent mais ne comprennent rien. On croit communément qu'ils sont
surtout répandus au bas de l'échelle sociale. Ce livre prouve le contraire. Il
a pourtant reçu le prix des libraires pour la paix, à la Foire de Francfort de
2016 ; la presse allemande, puis française, lui a tressé des louanges.
L'auteur est présenté par son éditeur français comme «l'une des grandes figures
intellectuelles de notre temps».
Carolin Emcke fait partie de
cette cohorte intrépide de jeunes femmes qui se sont lancées dans le reportage
de guerre, pour s'affirmer avec éclat les égales de leurs glorieux devanciers
masculins. Elle a «couvert» les guerres du Kosovo, du Liban et d'Irak. Trois
exemples cruels de nations désagrégées, dans la fureur et le sang, par l'effet
conjugué de la pression démographique musulmane, des guerres de religions et
d'une insupportable hétérogénéité ethnique et confessionnelle.
Mais elle n'y a manifestement
rien appris ni rien compris. À son retour, la grande figure intellectuelle de
notre temps n'a eu qu'une urgence: dénoncer la haine. La haine des Allemands
pour les migrants, la haine des Européens pour les musulmans, des Blancs pour
les Noirs. Elle n'est plus alors journaliste, encore moins intellectuelle, mais
moraliste. À la lire, on découvre qu'un moraliste n'a pas forcément le style
élégant d'un La Bruyère, mais une prose sans cesse alourdie par les tics du
politiquement correct: chacun et chacune, citoyens et citoyennes, migrants et
migrantes, Afro-Américains et Afro-Américaines, musulmans et musulmanes…
Elle joue beaucoup sur la
corde sensible, les enfants en pleurs, les femmes terrorisées. Sur la raison,
plus rarement
L'événement fondateur de ce livre
est complaisamment décrit: un car de migrants agressé par une foule hostile
dans une petite ville de l'est de l'Allemagne, Clausnitz. On convoque
Shakespeare, Goethe, Foucault. Et même Hannah Arendt, qui n'en peut mais. On
joue de l'ironie lourdingue, qui n'est que le paravent du mépris de classe. Les
«citoyens inquiets» deviennent sous sa plume de simples racistes haineux. Elle
joue beaucoup sur la corde sensible, les enfants en pleurs, les femmes
terrorisées. Sur la raison, plus rarement. Cette «grande figure intellectuelle»
croit que l'intelligence est l'art de se poser des questions qui ne se posent
pas - «Comment certains êtres humains deviennent-ils invisibles pour les
autres?» - et pas les questions qui se posent.
«Mais que voient-ils? Que
voient-ils autrement que moi?», demande-t-elle avec une fausse ingénuité. On
peut lui répondre, pourtant. «Ils» voient les violences, les viols, les
meurtres, les ghettos ethniques et religieux, des diasporas étrangères de plus
en plus nombreuses, de plus en plus étendues, de plus en plus séparées des
indigènes, la charia de fait, les boutiques halal, les hommes en qamis, les
femmes voilées, etc. «Ils» voient leur avenir d'autant plus aisément qu'il
est le présent de leurs voisins, français, anglais ou suédois. Ils sont en
vérité beaucoup plus rationnels que notre «grande figure intellectuelle», qui
ne connaît que le seul registre de l'indignation, de l'émotion et de la
prédication. C'est une des grandes innovations du XXIe siècle: la
rationalité a changé de camp.
Carolin Emcke plaide pour un
«Nous universel», qui nie toutes les différences que l'Histoire et la
géographie ont façonnées au fil des siècles
Carolin Emcke reproche aux
«haineux» de construire ces «migrants» en un «Autre» irréductible, un
«non-Nous». Mais c'est exactement ce qu'ils sont! Ces migrants, venus
d'Afghanistan, d'Irak ou de Syrie, sont «autres» par les mœurs, la culture, la
religion, bref, représentent une autre civilisation.
Pour elle, il n'y a que des
individus ; pour les «haineux», ces individus, venus en groupe,
constituent un peuple en gestation, sur un territoire qui leur est étranger,
qu'ils ont «envahi» sans y avoir été invités. Qui est le plus réaliste?
Carolin Emcke plaide pour un
«Nous universel», qui nie toutes les différences que l'Histoire et la
géographie ont façonnées au fil des siècles. Les «haineux» ont d'instinct
retenu la leçon de Carl Schmitt et de Julien Freund, qui nous ont appris que la
politique est fondée sur l'opposition entre un «nous» et un «Autre», entre un
«ami» et un «ennemi», et qu'un peuple qui renonce à cette distinction n'abolit
pas les lois de la politique, mais annonce sa mort volontaire. Qui est le plus
politique?
Carolin Emcke ne se rend même
pas compte qu'elle ne fait que tendre le miroir inversé des anciens délires
racistes et nazis sur la race pure et supérieure
Carolin Emcke est «lesbienne». Ce
n'est pas un odieux macho homophobe et misogyne qui le révèle, mais elle-même
qui le précise et s'en glorifie. «En tant qu'homosexuelle et écrivain,
j'appartiens à deux groupes sociaux particulièrement haïs», écrit-elle, comme
si elle arborait sa Légion d'honneur. On comprend mieux alors le mécanisme
d'identification à l'œuvre avec les migrants. Comme une alliance des «minorités
haïes» contre le «peuple». L'homosexualité, retravaillée par ces militants
LGBT, n'est plus une pratique sexuelle, mais une idéologie, plus une minorité,
mais une machine de guerre à désintégrer la majorité. La «haine» n'est pas où
l'on croit. Pour mieux se prémunir contre le risque de dictature de la
majorité, dénoncé depuis Tocqueville, on a instauré la tyrannie des minorités.
Nous avons droit à un vibrant éloge des trans, dont le sort «rend tangible
l'interdépendance qui nous caractérise en tant qu'êtres humains… Les droits des
personnes trans sont aussi importants que les Droits de l'homme», qui serait
risible s'il ne portait pas une vision globale de la société.
Notre auteur dénonce les sociétés
«homogènes» pour mieux glorifier les sociétés «hétérogènes» ; elle voue
aux gémonies la prétendue quête de «pureté» dont elle accuse les «haineux»,
pour mieux exalter «l'impureté». Elle ne se rend même pas compte qu'elle ne
fait que tendre le miroir inversé des anciens délires racistes et nazis sur la
race pure et supérieure. Notre féministe engagée, qui vomit le «patriarcat»,
écrit «blanc avec une minuscule, noir avec une majuscule, pour inverser la
hiérarchisation sociale». Elle se refuse même d'écrire le mot noir en entier,
et se contente d'un N majuscule, comme pour mieux montrer son respect craintif
pour le maître qu'elle s'est donné, retrouvant ainsi d'instinct la révérence
des Juifs «craignant Dieu», qui n'ont pas le droit de prononcer ni d'écrire le
nom de Dieu autrement qu'avec une majuscule, D…
La djihadiste britannique Sally Jones serait morte dans un
raid en Syrie (12.10.2017)
Publié le 12/10/2017 à 16h30
Cette Anglaise considérée comme
une recruteuse de l'État islamique avait annoncé des attaques terroristes à
Londres l'an dernier. Son fils de 12 ans pourrait avoir été tué avec elle.
L'ancienne rockeuse devenue
djihadiste, Sally Jones, aurait été tuée en Syrie par un raid aérien américain,
en juin. Selon une source des services de renseignement britanniques, citée par
le journal The Sun , son fils de 12 ans aurait été tué avec
elle. Un haut responsable des renseignements américains estime toutefois qu'il
est difficile de confirmer à 100% cette information, les recherches d'ADN sur
place étant impossibles. La première ministre britannique Theresa May a refusé
de commenter cette information ce jeudi.
En 2013, Sally Jones quitte
l'Angleterre - avec son fils - pour la Syrie afin de rejoindre l'Anglais Junaid
Hussain, à la tête du «CyberCalifat». Il sera tué dans un raid de
la coalition internationale en 2015, ce qui vaudra à Jones le surnom de «White
widow», «veuve blanche». En Syrie, le couple est accusé d'avoir radicalisé de
nombreux Britanniques afin de commanditer un attentat en Angleterre depuis la
Syrie.
Ancienne amatrice de punk, Sally
Jones s'est radicalisée tardivement. Née à Greenwich, cette quinquagénaire à la
chevelure blonde était active sur les réseaux sociaux. Considérée comme l'une
des principales recruteuses de l'organisation État islamique, elle était
utilisée pour embrigader des jeunes femmes occidentales, selon le Major-General
Chip Chapman, ancien chef de la section antiterroriste du ministère de la
Défense britannique. Sur internet, elle menaçait d'attaquer l'Angleterre, incitait à faire des
attentats, postait des tutoriels pour fabriquer des bombes ainsi que des
clichés d'elle, posant avec des armes. Dans un de ses commentaires, elle écrit:
«Vous les chrétiens, vous méritez tous de vous faire décapiter avec un couteau
bien tranchant et d'être empalés aux grilles de Raqqa. Venez, je le ferai pour
vous».
Chip Chapman a confié à l'agence
de presse AP que le fils de Sally Jones, Jojo, «n'a pas l'âge requis pour être
considéré comme un soldat». Il n'était donc pas une cible. Pourtant, de
nombreuses images de lui vêtu d'un treillis, une arme à la main, circulent sur
internet, utilisées pour faire la propagande de l'État islamique. Il aurait
même abattu un otage. Pour ses liens avec Hussain et les nombreux projets
d'attentats, Sally Jones était sur la liste noire des États-Unis. Si sa mort
est confirmée, elle pourrait être considérée comme une grande perte pour l'État
islamique.
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Une étudiante mancelle "étranglée et poignardée" à
Liège : son voisin avoue le meurtre (11.10.2017)
Par Alexandre
Chassignon et Bertrand Hochet, France Bleu Maine et France BleuMercredi 11 octobre 2017 à
15:48 Mis à jour le mercredi 11 octobre 2017 à 16:44
La victime habitait le quartier
du Longdoz, tout près du centre de Liège, au bord de la Meuse. © Maxppp -
Michel Houet / Beneluxpix
Une étudiante de 24 ans,
originaire du Mans, a été retrouvée morte lundi soir à Liège. Elle venait
d'entrer en 4e année à la faculté vétérinaire de l'Université. L'autopsie
montre qu'elle a été tuée. Son voisin, un homme de 54 ans, a avoué le meurtre,
indique le parquet de Liège.
Une mancelle de 24 ans a été
retrouvée morte dans son logement étudiant, lundi soir à Liège.
Elle suivait des études de médecine vétérinaire à l'Université de cette ville
belge. L'autopsie indique une mort violente : la jeune femme a été étranglée
et poignardée au thorax. La police du Mans, contactée mardi matin par son homologue
belge, a prévenu la famille de la victime.
Son voisin, âgé de 54 ans,
reconnaît le meurtre
La police a interpellé un
uspsect, un homme de 54 ans, habitant du même immeuble que la victime. Après
avoir longuement nié les faits, il a fini par avouer avoir tué la
jeune femme. "Face à l'interrogatoire et aux incohérences pointées par
les enquêteurs, il a reconnu son geste", indique la porte-parole du
parquet de Liège.
Interrogée par nos confrères de
la RTBF, la porte-parole du parquet précise que des traces de sang ont
été retrouvées au domicile de cet homme. Condamné par le passé pour des viols,
il était sous surveillance électronique depuis deux ans.
Liège: une étudiante du
Mans retrouvée morte (11.10.2017)
Par Le Figaro.fr
Mis à jour le 11/10/2017 à 17h58
| Publié le 11/10/2017 à 17h43
Une étudiante de 24 ans,
originaire du Mans, a été retrouvée morte lundi soir dans son logement étudiant
à Liège, rapporte France Bleu. Elle suivait des études de médecine vétérinaire
en Belgique et venait d'entrer en 4e année.
L'autopsie a révélé qu'elle avait
été étranglée et poignardée au thorax. Un suspect a été arrêté par la police
belge. Après avoir nié les faits, cet homme âgé de 54 ans a fini par avouer. Il
serait le voisin de la victime. "Face à l'interrogatoire et aux
incohérences pointées par les enquêteurs, il a reconnu son geste", indique
la porte-parole du Parquet de Liège. Condamné par le passé pour des viols, il
était sous surveillance électronique depuis deux ans, a précisé le Parquet.
L'EI revendique le
triple attentat de Damas (11.10.2017)
Par Le Figaro.fr avec Reuters
Mis à jour le 11/10/2017 à 19h57
| Publié le 11/10/2017 à 19h26
Le groupe djihadiste Etat
islamique (EI) a revendiqué dans un communiqué le triple attentat suicide
perpétré aujourd'hui contre le quartier général de la police à Damas, qui a
fait au moins deux morts.
"Deux assaillants sont
entrés dans le quartier général de la police et y ont affronté ses occupants
(...) avant d'actionner leurs ceintures d'explosifs", a indiqué
l'organisation extrémiste dans un communiqué publié sur l'application de
messagerie Telegram. Un troisième combattant de l'EI s'est fait exploser à
l'extérieur du commissariat, selon le groupe ultraradical.
L'attentat a fait deux morts,
deux policiers, ainsi que six blessés parmi lesquels deux enfants, selon le
ministère de l'Intérieur. L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a
fait état pour sa part de "cinq morts, parmi lesquels des membres des
forces du régime".
Il s'agit de la seconde attaque
du genre dans la capitale syrienne à être revendiquée par l'EI en moins de deux
semaines. Le 2 octobre, des assaillants avaient ciblé un commissariat de police
dans le quartier de Midane, faisant 17 morts.
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Attaque à Marseille: deux hommes interpellés et placés en
garde à vue (11.10.2017)
Mis à jour le 11/10/2017 à 22h12 | Publié le 11/10/2017 à 22h07
Selon les informations de BFMTV mercredi soir, deux hommes ont été interpellés
et placés en garde à vue mardi à Toulon, après
l'attaque au couteau perpetrée le 1er octobre à la gare Saint-Charles de
Marseille, qui a fait deux morts. Les deux hommes interpellés sont âgés de
24 et 29 ans. Le premier serait un ressortissant tunisien, qui aurait hebergé
le terroriste, Ahmed Hanachi, le temps d'une nuit.
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Zones rurales : enquête chez les déshérités de l'Éducation
nationale (10.10.2017)
Par Caroline
Beyer
Mis à jour le 10/10/2017 à 20h57 | Publié le 10/10/2017 à 18h40
REPORTAGE - Depuis trois ans que
Laurent Delattre dirige le collège Charles-de-Gaulle de Montcornet (Aisne),
100 % des élèves poursuivent désormais leur scolarité à l'issue de la
troisième, malgré les difficultés sociales et économiques de ce département de
l'Aisne qui cumule les tristes records.
Envoyée spéciale dans l'Aisne
C'est une campagne verdoyante où
flottent des éoliennes. À 80 km de Charleville-Mézières, dans un paysage
qui laisse deviner, au loin, les Ardennes, se dresse le village de Montcornet,
en Thiérache, terre de désindustrialisation. Montcornet, ses 1200 habitants,
dont le nombre diminue, sa place de la Mairie, où subsistent tant bien que mal
les commerces, son école primaire, où une classe vient de fermer, son collège
Charles-de-Gaulle. Ici, il y a seulement trois ans, un quart des collégiens
disparaissaient tout simplement des radars de l'Éducation nationale à la fin de
leur année de troisième. Parfois même avant.
«Le jour de ses 16 ans,
un élève, fils d'artisan, absent en pointillé pendant l'année, est venu rendre
ses livres en catimini à la loge»
Laurent Delattre, principal du
collège
«Le jour de ses 16 ans, un
élève, fils d'artisan, absent en pointillé pendant l'année, est venu rendre ses
livres en catimini à la loge», se souvient, encore surpris, Laurent Delattre,
le principal de cet établissement de 200 élèves. Fin de la scolarité
obligatoire! Dans cette zone enclavée de l'Aisne (Picardie), où l'entrée au
lycée nécessite de faire au minimum 35 km pour se rendre à Laon, la
«grande» ville la plus proche (26.000 habitants), les mentalités ne poussent
pas à la poursuite d'études.
Montcornet n'échappe pas à ce
manque d'ambition, si souvent décrit dans les territoires ruraux. La faute à un
passé pas si lointain où, comme son grand-père ou son père, il n'était pas
besoin de faire d'études, mais aussi d'un présent qui ne pousse guère à
l'optimisme. Au collège de Montcornet, plus de 66 % des élèves sont issus
de milieux défavorisés, ouvriers ou inactifs. La moitié des parents n'a pas de
diplôme. Beaucoup de familles sont monoparentales ou recomposées. Et chaque
classe compte, en moyenne, un enfant placé en famille d'accueil.
Difficultés de lecture
Cour de français. - Crédits
photo : SEBASTIEN SORIANO/Le Figaro
En sixième, dans le cadre du
dispositif «réseau des
observatoires locaux de lecture» (Roll), 12 % des élèves ont été
diagnostiqués comme ayant des besoins en lecture. «Ils lisent sans comprendre»,
résume le principal. Mais Laurent Delattre n'est pas sur le registre de la
déploration et du misérabilisme. D'ailleurs, le taux de réussite au brevet a
progressé, atteignant cette année 95,3 %, au-dessus de la moyenne
départementale. Trois ans après son arrivée, 100 % des élèves poursuivent
désormais leur scolarité à l'issue de la troisième: les deux tiers vers la voie
générale et technologique, 20 % vers la filière professionnelle et
6 % en apprentissage.
«Il faut remonter ses manches,
casser les stéréotypes. Les élèves ne doivent pas se limiter au lycée le plus
proche, mais aller voir plus loin, à Soissons, à Saint-Quentin, où ils pourront
trouver les spécialités professionnelles qui leur conviennent», explique le
principal, qui travaille en lien étroit avec les familles sur l'orientation.
Reste l'incontournable question des transports. Pour aller à Laon, compter une
heure et demie en bus. Départ 6 h 30, retour 19 h 30…
Fatigant. Source de décrochage scolaire. Quant à la solution de l'internat,
elle ne séduit pas forcément les parents. Dans l'académie, 25% des places ne
sont pas pourvues dans ces structures. «Il est difficile de couper le cordon,
de part et d'autre», résume Laurent Delattre.
Atelier de quidditch,
voyage...
À 50 ans, ce Picard
d'adoption, originaire du Nord, en est à son quinzième poste. Du grand lycée
général de Soissons au petit collège de Montcornet, il a écumé le département
de l'Aisne avec le même optimisme pragmatique. Et le charisme du chef d'équipe.
Au collège de Montcornet, pour lutter contre l'enclavement culturel et la
sinistrose ambiante, un voyage annuel est organisé pour tous les élèves de la
sixième à la troisième, au bord de la mer, au ski, en Angleterre, en Italie…
Surfant sur le succès Harry Potter et l'humour des jeunes professeurs,
l'atelier interdisciplinaire de quidditch, lancé il y a trois ans, a remporté
un franc succès auprès des élèves. France 3 est même venu les filmer…
Ce lundi, Clément Rendu,
professeur d'histoire-géographie, travaille avec ses élèves sur la une duCanard
envoûté, en réalité augmentée. Il fait partie de ces jeunes professeurs qui
composent pour moitié l'équipe enseignante du collège, soumis à un fort
turnover. Une équipe où chantent des accents du sud de la France. Si l'académie de Picardie est peu attractive, elle
l'est toujours plus que celles de Créteil ou Versailles. Elle permet d'éviter
les banlieues et leur réputation de violence. Et plus si affinités… Professeur
documentaliste venu d'Arles, Emmanuel vient d'acheter une maison à Montcornet.
«Ici, les devoirs ne sont pas
beaucoup faits. Les parents sont souvent abîmés. Leur rapport avec l'école
n'est pas simple. Leur autorité fait clairement défaut»
Emmanuelle de Riberolles,
44 ans, professeur de lettres modernes au collège
«Ici, les devoirs ne sont pas
beaucoup faits. Les parents sont souvent abîmés. Leur rapport avec l'école
n'est pas simple. Leur autorité fait clairement défaut», raconte Emmanuelle de
Riberolles, 44 ans, professeur de lettres modernes au collège, syndiquée
au Snalc. Elle a suivi dans l'Aisne son mari militaire, affecté au camp de
Sissonne, à 17 km de Montcornet. «Les gamins sont gentils. Il n'y a pas de
problème de discipline. Il suffit de froncer les sourcils. Nous ne faisons pas
parler de nous comme l'académie de Lille.»
Atelier de quidditch au
CDI. - Crédits photo : SEBASTIEN SORIANO/Le Figaro
Pourtant, l'Aisne cumule les
tristes records. Terre d'origine de Claudel et La Fontaine, c'est le
département de France métropolitaine où les difficultés de lecture sont les
plus importantes, avec 17,71 % de la population concernée, contre une
moyenne nationale de 10,8 %. Sur ce sujet, l'Aisne est suivie de près par
la Somme (17,54 %), autre département picard… La région détient d'ailleurs
le record de l'illettrisme en France (7 %, contre 5,1% nationalement).
Maire de Montcornet depuis 2001,
élu municipal depuis 1989, Guy Le Provost est nostalgique. À l'entrée de
son village, un char rappelle le passé glorieux, celui de la bataille de
Montcornet, en mai 1940, dont le colonel de Gaulle aurait tiré d'inestimables
leçons, selon le mythe entretenu. «En vingt ans, nous avons perdu 400
habitants. Trois blocs HLM ont été rasés», raconte-t-il. L'école primaire, qui
accueille 193 enfants de Montcornet et de villages alentour, a fermé trois
classes en dix ans.
«Perdre son école, c'est le
début de la fin»
Rozoy-le-Serre, village voisin et
rival, connaît le même sort. «L'Éducation nationale voudrait que l'on se
regroupe. Mais perdre son école, c'est le début de la fin!» clame le maire.
«Loin des autoroutes, loin des TGV, nous sommes les grands oubliés», ressasse
l'élu, tandis que son adjointe aux affaires scolaires opine de la tête.
Ensemble, ils dressent la liste des entreprises qui ont fermé au fil des
années, la sucrerie dans les années 1990 et, bientôt, peut-être, la Matt, cette usine de manufacture textile
qui, en ses temps florissants, employait 5 000 personnes. Il reste
aujourd'hui 130 emplois, qui disparaîtront si le propriétaire, l'équipementier
automobile Trève, ne trouve pas de repreneur avant 2019.
«Ici, il ne reste que des
retraités et des inactifs. Certains enfants n'ont jamais vu leurs parents
travailler»
Guy Le Provost, maire de
Montcornet
«Ici, il ne reste que des
retraités et des inactifs. Certains enfants n'ont jamais vu leurs parents
travailler. Pour beaucoup, l'école ne sert à rien. On a mangé notre pain
blanc», poursuit Guy Le Provost. Le maire et son adjointe dressent aussi
la liste des commerces qui, autour de la place de la Mairie, sont restés
ouverts, quand d'autres ont mis la clef sous le paillasson. Ensemble, ils
regrettent le manque d'implication politique de la jeune génération.
Et c'est un peu désabusé que cet
élu de 73 ans, ancien professeur de biologie, évoque le score, à
Montcornet, de la candidate du Front national lors de la présidentielle 2017:
43 % au premier tour, 63 % au second. «Il n'y a pas d'immigrés ici.
Il n'y a pas de boulot», conclut-il. Président du conseil départemental de
l'Aisne, Nicolas Fricoteaux, professeur d'EPS au collège de Montcornet, a
d'ailleurs interpellé le président Macron sur ce résultat éloquent, lui
soumettant 25 propositions, parmi lesquelles un volet éducatif proposant
la mise en place d'une «prime ruralité enseignant» ou encore l'assouplissement
des critères de fermeture d'une classe en milieu rural.
L'exemple «Espérance
ruralités»
Arrivée au collège. -
Crédits photo : SEBASTIEN SORIANO/Le Figaro
À 50 km de là, dans l'Aisne
toujours, c'est une initiative privée, hors champ Éducation nationale, qui a
apporté un vent de nouveauté à La Fère. Une ville de 4000 habitants,
berceau de l'artillerie française, que le départ des militaires, dans les
années 1990, a précipitée dans le déclin. Sur le modèle
d'«Espérance banlieues» - un réseau d'établissements privés à
forte coloration catholique, lancé en 2012 -, un collège pilote, auréolé
du sceau «Espérance ruralités», a ouvert ses portes en septembre 2017, près de
la caserne des pompiers. Une structure financée par une fondation privée,
surfant sur une pédagogie à l'ancienne.
Sur sa façade, une grande affiche
explique: «petits effectifs, activités pratiques, pas de sélection sur le
niveau». Stupeur au collège public Marie-du-Luxembourg, non loin de là, classé
en éducation prioritaire, où les enseignants craignent de voir partir leurs
meilleurs profils. En cette rentrée, treize élèves ont finalement fait ce
choix. Et pendant ce temps, La Fère, ancienne place forte de Picardie, qui
inspira Dumas et ses Trois Mousquetaires, ressemble de plus en plus
à une ville fantôme. Dans la rue principale, on ne compte plus les restaurants,
bars-tabacs et autres boutiques cherchant repreneurs. Les pancartes «À vendre»
s'affichent aussi bien sur les grandes bâtisses de briques rouges que sur les
résidences modernes.
Journaliste
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Essonne : plongée au cœur de la Grande Borne, cité minée par
la violence (11.10.2017)
Par Etienne
Jacob
Mis à jour le 11/10/2017 à 18h55 | Publié le 11/10/2017 à 16h49
ENQUÊTE - Isolés ou descolarisés,
les jeunes de ce quartier populaire d'Ile-de-France, entre Grigny et
Viry-Châtillon, peinent à s'en sortir entre trafics, chômage et violence
quotidienne. Malgré la surveillance accrue des forces de l'ordre, deux hommes
ont été tués après un règlement de compte jeudi dernier.
Huit heures trente. Comme chaque
matin, les sonneries d'école retentissent dans la cité de la Grande Borne, à
Grigny (Essonne). Comme partout ailleurs, les élèves rigolent, se chamaillent,
puis rentrent dans le rang en silence. Pourtant, l'heure défilant, de nombreux
enfants et adolescents sortent dans les rues. Certains s'amusent, d'autres
errent sans but précis: 40% d'entre eux seraient déscolarisés, confie une
source policière au Figaro. La moitié des jeunes sortent du système scolaire
sans diplôme, selon un rapport de l'Inspection générale de l'éducation
nationale (IGEN).
La cité de la Grande Borne forme
un triangle. - Crédits photo : Capture d'écran Google Maps
Émile Aillaud aurait-il raté son
pari? En 1967, l'architecte a pensé, dessiné, puis construit la Grande Borne
afin que les plus jeunes en soient les rois. Conséquence, une topographie très
spécifique dans les rues de la cité. Exit les interminables HLM, place à de
petits immeubles de quatre étages, souvent disposés en arc de cercle. Le tout
forme de petites places, souvent pavées. Le piéton est roi, les voitures sont
rares.
Pour tenter d'aérer la Grande
Borne, la mairie a engagé depuis plusieurs années une politique de rénovation
urbaine. De nouveaux logements sont en construction en bordure du «triangle».
Dès janvier 2018, une ligne de bus traversera le quartier pour la première
fois. L'idée: «désenclaver le quartier et lui redonner de la dignité», souligne
le maire communiste, Philippe Rio. Et d'ajouter: «Parce qu'avant...c'était
Beyrouth».
Avant, c'est encore maintenant.
Aux rez-de-chaussée des bâtiments, de nombreux commerces. La plupart sont
fermés ou désaffectés. «Hormis les jours de marché, c'est carrément mort ici»,
commente Hicham*, 25 ans. Le jeune homme passe ses journées à tourner entre la
place aux Herbes et celle des Treilles, à 100 mètres l'une de l'autre. «On n'a
rien à faire. Et quand on cherche du travail, on nous recale direct à cause de
notre origine», déplore-t-il. Dans cette cité de 11.000 habitants - une des
plus jeunes et pauvres de France -, le chômage dépasse les 40% chez les 15-24
ans.
» Lire aussi - À
la Grande Borne, le poids du silence
Trafics
Sans travail, ni école, les
jeunes se tournent vers l'argent facile. Quelques minutes suffisent pour
apercevoir des sachets suspects se balader entre deux mains complices. «C'est
une ville pivot du trafic de drogue dans le département», assure Philippe
Steeve, délégué du Syndicat national de défense des policiers municipaux
(SDPM). Tout y passerait: armes, cocaïne, pièces automobiles. En septembre
dernier, plus de 30 kilos de cannabis ont été saisis et les autorités ont
démantelé un réseau complet de trafiquants. «L'économie souterraine gangrène
l'école. Les gamins préfèrent toucher 100 euros par jour pour faire le guetteur
plutôt que d'aller étudier», constate Claude Carillo, secrétaire du syndicat de
police Alliance dans l'Essonne. Abdelaziz Zemrani, président de l'association
«Les enfants des deux rives», s'emporte: «C'est pas le Mexique ici! Y'a de
petits vendeurs, oui. Mais le problème, c'est qu'on tape toujours sur les
petits, sans trouver les grands trafiquants.»
«L'économie souterraine
gangrène l'école. Les gamins préfèrent toucher 100 euros par jour pour faire le
guetteur plutôt que d'aller étudier»
Claude Carillo, secrétaire du
syndicat de police Alliance dans l'Essonne.
Hormis la drogue, la violence
n'est pas rare. Il
y a un an, une bande composée de dix-neuf personnes cagoulées jetait des
cocktails Molotov sur un véhicule de police. Deux personnes avaient été
grièvement brûlées. Le drame avait suscité un fort émoi et provoqué la
grogne des policiers, dénonçant leurs mauvaises conditions de travail.
Depuis, des brigades en tout genre (CRS, BAC, police nationale) soutenues par
un hélicoptère sillonnent régulièrement cette zone de sécurité prioritaire.
Fustigeant la baisse des dotations de l'État, la mairie de Grigny, déficitaire
à plus de 12 millions d'euros, a récemment reçu 800.000 euros pour financer la
vidéosurveillance et la création d'une police municipale. «Il faut que chacun
des habitants puisse vivre en sécurité dans cette cité, qui est aujourd'hui une
zone de sous-droit», clame Philippe Rio.
Les moyens supplémentaires mis en
place ont toutefois permis de faire baisser la délinquance de 30%, indique une
source policière. «C'est un calme éphémère», craint Fabien Lefèbvre, délégué
départemental de l'Union nationale des syndicats autonomes de la police (Unsa).
«Les forces de l'ordre ne pénètrent qu'en nombre à la Grande Borne», témoigne
un policier. «On vient ici avec la notion de guet-apens permanent. À tout
moment, on peut se faire caillasser notre véhicule», relève un autre. Le jeune
Enzo*, habitant du quartier «depuis toujours», ne conteste pas ces propos:
«Faut pas s'étonner. Quand ils viennent, c'est pour nous agresser, pour
réprimer». «Au lieu de surveiller et protéger, ils font les robocops avec leur
gilet par balle et leur casque», abonde Abdelaziz Zemrani. «Ne vous habillez
pas en flic. Ne prenez pas de photos. Sinon ils risquent de casser votre
téléphone».
Fragilités
Jeudi dernier, deux
frères âgés de 26 et 28 ans sont morts après un règlement
de comptequi a mal tourné. L'auteur présumé, âgé de 22 ans, a sorti une
arme à feu et abattu ses victimes d'une balle dans la tête. Il a été interpellé
et écroué samedi, après avoir fui dans l'Hérault. «Choquée» par ce fait divers,
Nazha Boulakhrif, présidente de l'association «Jeune Charity France», a
travaillé dans le domaine éducatif à la Grande Borne. Elle connaissait le
tireur présumé: «C'était un élève brillant. Je ne comprends pas. Sa mère, c'est
une musulmane pratiquante, une femme très carrée. Pour moi, après ce drame, on
a perdu trois enfants: les deux jeunes décédés, et le tireur qui ira en
prison». Abdelaziz Zemrani, lui, tente de comprendre: «Ce n'est pas de leur
faute. Ils quittent l'école dès le collège et n'ont aucun avenir. Mettez-vous à
leur place. Abandonnés dans une cité, les majeurs vont prendre les mineurs sous
leur aile et les inciter à faire des bêtises».
Aujourd'hui, «entre un et deux
tiers» des enfants de la cité n'ont pas le Français pour langue maternelle
Philippe Rio, maire communiste de
Grigny
Habitant de la Grande Borne
depuis 48 ans, Abdelaziz Zemrani se souvient: «Ça a toujours été une ville
cosmopolite. Mais avant, c'était bien, il y avait même de petits patrons! Puis
ça a commencé à se dégrader après l'élection de Mitterrand, en 1981. Les
Européens ont commencé à partir, les Algériens aussi.» Aujourd'hui, «entre un
et deux tiers» des enfants de la cité n'ont pas le Français pour langue
maternelle, affirme le maire Philippe Rio. Selon l'édile, les différentes
crises «sociales et économiques» ont accéléré les problèmes liés au quartier.
«Les populations qui trouvent les moyens financiers de partir sont remplacées
par des personnes encore plus fragiles. On doit recommencer tout notre travail
à chaque fois», raconte-t-il.
Et qui dit population fragile,
dit radicalisation potentielle. Amedy
Coulibaly, le terroriste de l'Hyper Cacher, a grandi à la Grande Borne, au
sein d'une famille de dix enfants. Selon plusieurs sources policières au Figaro,
Grigny serait un terreau favorable à l'islamisme radical. Pourtant,
aujourd'hui, les habitants refusent d'être «mis dans le même sac». «Ici il n'y
a pas de radicalisation. Il y a beaucoup de femmes de tous âges qui portent le
voile, mais ça n'a rien à voir. On est loin de Corbeil-Essonnes, où l'on peut
voir des personnes couvertes de la tête au pied», conteste Nazha Boulakhrif.
Abdelaziz Zemrani, lui, se souvient de prêcheurs il y a vingt ans, mais «plus
rien» maintenant.
Des logements sociaux sont en
construction en bordure de la Grande Borne. - Crédits photo : Etienne
Jacob / Le Figaro
Tissu associatif
Malgré la violence et les
carences du «triangle» de la Grande Borne, les associations tentent de se
mobiliser. Au rez-de-chaussée d'un des nombreux immeubles de la cité, on trouve
le local de l'association «C'est ma vie à Grigny». Sandrine Bellon, la
présidente, aide enfants, adolescents et adultes en difficulté via de nombreux
ateliers et activités d'apprentissage: «Ils ont besoin d'être entendus,
écoutés, respectés. C'est beau de les voir développer leurs compétences. Ils en
ont le droit, eux aussi», explique-t-elle. Mais l'association est confrontée à
des problèmes financiers et matériels: le local de 85 mètres carrés ne comporte
pas de fenêtres, l'électricité y a été coupée un temps, et le chauffage est
inexistant. «L'hiver dernier, il faisait 14 degrés, alors les enfants sont
partis progressivement», déplore la responsable.
Avec son association «Jeune
Charity France», Nazha Boulakhrif tente pour sa part de combattre la précarité.
«On récupère de la nourriture et des vêtements et on fait des distributions aux
familles dans le besoin. On accompagne les enfants en situation précaire vers
la scolarisation, on organise des fêtes, des activités sportives. On se doit
d'être solidaires», souligne-t-elle. L'association «Les enfants des deux
rives», elle aussi, tente d'épauler les plus désorientés. Au programme, de
l'aide en tout genre, des devoirs à la recherche d'emploi en passant par les
formalités administratives. Le maire Philippe Rio, abonde que 20 postes (en
équivalent temps plein) ont été créés à la rentrée dans les écoles de la ville.
Selon lui, «le droit à l'éducation est essentiel».
*Ces prénoms ont été changés
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Une cellule spéciale pour surveiller les policiers soupçonnés
de radicalisation (11.10.2017)
Par Le
figaro.fr
Mis à jour le 11/10/2017 à 15h33 | Publié le 11/10/2017 à 15h13
Une trentaine de policiers sont
actuellement dans le collimateur de la police des polices, selon plusieurs
médias. Une dizaine d'entre eux sont soupçonnés d'être en lien avec la mouvance
islamiste.
Militaires, surveillants
de prison, agents privés de sécurité... On
le sait, les métiers les plus sensibles n'échappent pas au risque de
radicalisation. Il en va de même pour les policiers. Selon le Canard
enchaîné, ils seraient «une trentaine» à faire l'objet d'une attention
particulière. Une «cellule spéciale» de l'IGPN (la police des polices), créée
en 2016, est chargée de les surveiller de près. Il s'agit aussi d'aider les
chefs de service à identifier «les pratiques religieuses des agents qui sont
incompatibles avec l'exercice de leur mission» ou qui «heurtent le principe de
neutralité et de laïcité du service public», tout en respectant le droit des
fonctionnaires d'exercer leur religion, expliquait
une source policière à 20
minutes fin
septembre.
Le profil des agents suivis est
varié: sur les trentes fonctionnaires suspectés, une vingtaine d'entre eux
présentent une «pratique religieuse un peu dérangeante» et une petite dizaine
se trouvent en contact avec des réseaux salafistes identifiés. Toujours
selon 20
Minutes , certains sont même fichés au FSPRT (Fichier des
signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère
terroriste), outil
créé en 2015 qui recense les individus radicalisés
religieusement. En
août dernier, ce fichier affichait 18.550 signalements. Mais aucun policier
ne fait l'objet d'une fiche «S» ou aurait «des contacts avec des groupes
terroristes», note 20 Minutes. Contactée par Le Figaro,
la Direction générale de la police nationale (DGPN) dont dépend l'IGPN n'a pas
souhaité répondre à nos questions, «compte tenu de la sensibilité du sujet».
Surveillé pour avoir mangé
halal
Ces surveillances doivent être
déclenchées sur la base de «signes avérés et manifeste de radicalisation». Pour
autant, dans la pratique, il n'est pas toujours aisé de cerner les profils
véritablement inquiétants. Comme le souligne Le Canard Enchaîné, certains
policiers ont peut-être été «un peu vite» catalogués, à l'image de cet agent
qui mangeait halal ou de cet élève gardien qui s'est amusé à crier «Allah
Akbar» devant ses camarades de classe...
Au gouvernement, le sujet est
pris très au sérieux. «Il faut pouvoir muter et radier un fonctionnaire
radicalisé», déclarait
le ministre de l'Intérieur dans une interview accordée début septembre au Parisien .
«Jusqu'ici, quand nous découvrons qu'un agent s'est radicalisé, nos marges de
manœuvre sont très faibles», justifiait-il. «On peut retirer l'accès à un site
nucléaire pour un salarié sur lequel pèsent de tels soupçons. Paradoxalement,
cela s'avère plus difficile avec les fonctionnaires et militaires les plus
engagés dans le domaine de la sécurité».
Une mesure dans le projet de
loi antiterroriste
Pour faciliter les prises de
sanction, le gouvernement a déposé début septembre un
amendement dans le cadre du projet de loi antiterroriste, qui doit de
nouveau être examiné à l'Assemblée nationale ce mercredi soir. Cette mesure
permet de muter, voire de radier les fonctionnaires chargés de missions de
sécurité, si une enquête administrative conclut à leur radicalisation. Seront
concernés les policiers, gendarmes, militaires, douaniers et le personnel
pénitentiaire. Cette disposition introduit un changement notable: «Auparavant,
l'enquête avait lieu en amont de la prise de poste. Avec cette mesure, en cas
de doute ou de soupçons sur un agent, l'enquête pourra avoir lieu au cours de
la carrière du fonctionnaire», nous dit une source au Palais Bourbon.
En cas de radiation ou de perte
d'emploi, l'intéressé pourra déposer un recours. Dès lors, «il appartiendra à
l'autorité de police qui a conduit l'enquête administrative d'apporter au juge
tous les éléments permettant de justifier du bien-fondé de la conclusion de
cette enquête», a précisé lundi,
en commission mixte paritiaire, le sénateur Philippe Bas, rapporteur au Sénat.
Le phénomène n'est pas nouveau.
Entre 2012 et 2015, 17 policiers radicalisés avaient été recencés dans les
rangs de la police de proximité de l'agglomération parisienne, rapportaitLe
Parisien l'année
dernière. Il s'agissait généralement de «transgressions au principe de
laïcité». Ce sont souvent «des fonctionnaires assez jeunes, entrés en tant
qu'adjoints de sécurité à la fin des années 2000 et qui ont ensuite réussi le
concours interne. Ils sont désormais policiers à part entière, gardiens de la
paix ou brigadiers», expliquait l'article, tout en nuançant les faits: le
parquet antiterroriste n'a jamais été saisi d'aucune procédure impliquant des
policiers. Pour autant, certains ont été condamné pour des faits de droit
commun.
* Où sont passés nos
espions? Eric Pelletier et Christophe Dubois, aux éditions Albin
Michel.
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Fixer un âge minimum pour le consentement sexuel (11.10.2017)
Par Stéphane
Kovacs
Mis à jour le 11/10/2017 à 20h57 | Publié le 11/10/2017 à 20h32
Après le cas de Sarah, violée à
11 ans mais présumée consentante, de nombreux parlementaires se mobilisent pour
changer la loi.
Quatre propositions de loi, et
autant de pétitions. L'histoire de la
petite Sarah, 11 ans, présumée consentante à une relation sexuelle avec un
homme de 28 ans, selon le parquet de Pontoise, a suscité énormément
d'émotion et d'indignation. Si l'audience a été renvoyée à février 2018,
la mobilisation s'organise: plusieurs parlementaires, de toutes tendances
politiques, réclament la fixation d'un âge minimum de présomption du consentement
sexuel. Le 24 avril dernier, à Montmagny, au nord de Paris, Sarah avait
suivi un homme jusqu'à son appartement, où ils avaient eu une relation
sexuelle. Mais alors que sa famille a porté plainte pour viol, décrivant une
enfant tétanisée, incapable de se défendre, les enquêteurs ont considéré que
cette relation était consentie car «il n'y a eu ni violence, ni contrainte, ni
menace, ni surprise» à l'encontre de la fillette. L'auteur des faits sera donc
seulement jugé pour «atteinte sexuelle», une qualification passible de
cinq ans d'emprisonnement. L'agression sexuelle ou le viol, s'il y a
pénétration, peuvent être punis de vingt ans de réclusion quand la victime est
mineure.
«Tout acte de pénétration
commis sur un mineur constitue une infraction si le mineur n'a pas atteint un
certain âge»
Bérengère Poletti, députée LR des
Ardennes
La députée LR des Ardennes
Bérengère Poletti vient de déposer une proposition de loi pour la protection
juridique des mineurs
victimes de viol. Elle suggère d'instaurer une présomption irréfragable de
viol en cas de pénétration sur un mineur de moins de 14 ans, ou de moins de 16
ans lorsque l'adulte entretient avec lui une relation d'autorité. Chez la
plupart de nos voisins, rappelle Bérengère Poletti, «tout acte de pénétration
commis sur un mineur constitue une infraction si le mineur n'a pas atteint un
certain âge». La limite est fixée à 12 ans en Espagne et aux États-Unis, à 14
ans en Allemagne, en Autriche et en Belgique, à 15 ans au Danemark et à 16 ans
en Angleterre, au pays de Galles et en Suisse. Son collègue du MoDem Patrick
Mignola propose, lui, de fixer cet âge minimum à 15 ans. Au Sénat, Laurence
Rossignol, ancienne ministre socialiste de l'Enfance, des Familles et des
Droits des femmes, ainsi que sa collègue communiste Laurence Cohen, ont aussi
annoncé qu'elles s'emparaient du sujet.
Instaurer un âge minimum pour le
consentement, c'est aussi ce qu'avait préconisé, dès octobre 2016, dans
son «Avis pour une juste condamnation sociétale et judiciaire du viol et autres
agressions sexuelles», le Haut
Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes(HCE). «Il est impensable
que l'on interroge encore le consentement de jeunes enfants dans le cas de
relations sexuelles avec des adultes!, s'émeut Danielle Bousquet, sa
présidente. Ces faits sont des viols et doivent être jugés comme tels.» Le HCE
recommande que soit retenu l'âge de 13 ans. Pour le juge des enfants Édouard
Durand, coprésident de la commission Violences du HCE, «on fonctionne
actuellement avec un système qui n'est pas assez clair». «On se pose la
question du consentement de l'enfant, souligne-t-il. Mais un enfant n'est pas
capable d'envisager les conséquences d'un tel acte! C'est sous l'angle de la
contrainte qu'il faut examiner ce problème. De manière générale, la contrainte
résulte de l'écart d'âge entre l'adulte et le mineur de 13 ans.»
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Valls dit avoir été traité de «nazi» par Mélenchon
(11.10.2017)
Publié le 11/10/2017 à 11h28
LE SCAN POLITIQUE - Selon
le Canard Enchaîné, une violente salve d'injures a précédé la
démission de Jean-Luc Mélenchon et de ses élus de la mission d'information parlementaire
sur la Nouvelle-Calédonie.
Jean-Luc Mélenchon l'a annoncé
publiquement vendredi, il a choisi de quitter
avec les élus de la France Insoumise la mission d'information parlementaire sur
la Nouvelle-Calédonie. Une décision motivée par la désignation de Manuel
Valls, élu pour présider la mission. Inacceptable pour Mélenchon, qui accuse
l'ancien premier ministre de proximité avec «les thèses ethnicistes de
l'extrême droite». Le Canard Enchaîné rapporte ce mercredi un
échange très tendu entre les deux hommes, qui vient éclairer les coulisses de
ce bras de fer.Invité sur RTL le 3 octobre au matin, Manuel Valls déclenche une
virulente charge contre les thèses «islamo-gauchistes» qu'il attribue à la
députée LFI Danielle Obono. Presque instantanément, Jean-Luc Mélenchon réplique
sur Twitter en qualifiant Valls «d'ignoble personnage», avant de s'interroger:
«ici, qui vient-il trahir?».
«Ordure, pauvre type, nazi»
La suite de l'esclandre se
poursuivra à l'Assemblée. Vers 17h, le chef de file des insoumis croise Manuel
Valls dans la salle de la commission des lois de l'Assemblée, un peu avant le
début d'une réunion sur la Nouvelle-Calédonie. «Moi, je ne m'assied pas à côté
de ce nazi», aurait lancé Jean-Luc Mélenchon, avant de gagner la partie opposée
de la salle et de poursuivre ses injures: «Tu n'es qu'une ordure! Un pauvre
type! Une merde!». «Mais tu es complètement fou, tu vas te calmer!», répond
Manuel Valls. Témoin de l'échange, le député PS David Habib intervient pour
interrompre Mélenchon: «Arrête ton numéro… tu n'es vraiment qu'un connard».
L'élu des Pyrénées-Atlantiques a confirmé au Lab avoir assisté à une partie de
l'échange. «Ils étaient assis aux deux extrémités de la salle. Valls m'a
rapporté que Mélenchon aurait commencé par dire ‘Je ne m'assois pas à côtés de
ce nazi'. J'arrive, je m'assieds à côté de mon ami Manuel. Je commence à
entendre le torrent d'insultes. Mélenchon était dans une folie.»
Le doyen d'âge de la commission a
ensuite désigné Manuel Valls, seul candidat, comme président de la mission sur
la Nouvelle-Calédonie. «Moi, je vote contre», lance tout de même Mélenchon, en
signe de bravade, avant de déserter la salle. La suite est connue: Jean-Luc Mélenchon s'est fendu d'un
courrier adressé à François de Rugy, président de l'Assemblée, pour
lui signifier à quel point cette décision lui semblait inappropriée. Au point
de quitter avec pertes et fracas la mission. Entre les deux responsables
politiques, l'escarmouche se poursuit, depuis, sur les réseaux sociaux. Alors que
Manuel Valls a jugé «ignoble et outrancier» le texte du député de Marseille. Ce
dernier a encore répliqué: «Dorénavant, la bande à Valls est totalement
intégrée à la fachosphère et à sa propagande».
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«France périphérique : passons du constat aux
propositions !» (11.10.2017)
Publié le 11/10/2017 à 19h58
TRIBUNE - Les emplois détruits
sont localisés pour l'essentiel dans la France des sous-préfectures. C'est ce
qu'il est urgent de corriger, plaide Thibault Baranger.
Thibault Baranger - Crédits
photo : Fabien Clairefond
Depuis une trentaine d'années, la
plupart des projets d'infrastructures publiques ne répondent qu'à un seul
objectif: désenclaver les territoires et réduire le temps de transport entre
Paris et les «métropoles d'équilibre». TGV, autoroutes, plans haut débit: les
investissements pharaoniques se succèdent, permettant de connecter toujours
plus vite les provinces aux réseaux de l'économie mondiale. Quoi de mieux pour
redynamiser les territoires que le développement du télétravail? Quelle ville
n'affiche pas sur son site Internet le temps nécessaire pour se rendre à Paris?
Dans l'esprit du décideur public, le développement économique passe par le
«désenclavement», autrement dit par l'intégration rapide de la totalité du
territoire à l'économie des métropoles.
Or ce choix de politique publique
ne permet plus d'irriguer l'ensemble des territoires. En dehors des grands axes
et loin des «hubs multimodaux» ou des «métropoles French Tech», la création de
richesses et d'emplois patine. Nous comprenons progressivement que la
«destruction créatrice» schumpétérienne, si chère aux libéraux, comporte une
dimension géographique longtemps ignorée: les emplois détruits sont localisés
pour l'essentiel dans cette France des sous-préfectures, où chaque fermeture
d'usine vire au psychodrame national ; les emplois créés, eux, se concentrent
en majorité dans l'anonymat des grandes villes.
La France est-elle condamnée à
faire se juxtaposer des campagnes résidentielles désindustrialisées, et une
poignée de métropoles connectées à grands frais et dominées par une économie de
service ?
Si ce nouveau phénomène a
fragilisé ces territoires en marge de notre économie, ce n'est pas à cause
d'une présence industrielle initiale plus forte, mais plutôt en raison de
l'incapacité de ces mêmes territoires à se réorienter vers les nouveaux leviers
de richesse, tant les besoins d'investissement et de formation de la
main-d'œuvre sont importants.
Une des pistes pour résoudre ce
problème résiderait certainement dans la mobilité de la main-d'œuvre,
c'est-à-dire une nouvelle sorte d'exode rural, quotidien ou définitif. Mais le
souhaitons-nous? Et avec le développement quasi exclusif des offres de train à
grande vitesse, le renchérissement continu des tarifs autoroutiers et
l'explosion du prix de l'immobilier dans les plus grandes villes, la mobilité
professionnelle est devenue censitaire, principalement réservée aux cadres
supérieurs et aux jeunes sans obligations familiales.
Dès lors, que faire? La France
est-elle condamnée à faire se juxtaposer des campagnes résidentielles
désindustrialisées, et une poignée de métropoles connectées à grands frais et
dominées par une économie de service?
Ces questions aiguisent de
nombreux appétits politiques. Réveillés par la dérangeante «France périphérique» analysée par le géographe
Christophe Guilluy, plusieurs leaders d'opinion ont pris conscience de
cette fracture territoriale, qui polarise les votes et les taux de chômage en
fonction du degré de connexion à l'économie-monde. Mais des constats
politiciens à la formulation de propositions concrètes et efficaces, le chemin
est encore long.
Il est nécessaire de repenser
notre politique de développement économique local pour redonner de l'oxygène à
nos territoires
Au-delà du renforcement des
réseaux de communication et des mesures d'urgence destinées à résoudre des
situations parfois dramatiques, il est nécessaire de repenser notre politique
de développement économique local pour redonner de l'oxygène à nos territoires.
Et les exemples vertueux ne manquent pas autour de nous.
En France, dans le bocage
vendéen, le taux de chômage est de 5 % et le poids de l'industrie est de
40 %, contre moins de 12 % au niveau national. Les entreprises,
majoritairement familiales et tournées vers le long terme, grandissent sur un
territoire historiquement libre et culturellement entreprenant. Elles
collaborent depuis longtemps entre elles et avec leurs élus locaux pour
favoriser le développement économique et la formation professionnelle.
A-t-on tout essayé pour
généraliser ce modèle culturel et pour garantir le développement et la
transmission des entreprises familiales? Outre-Rhin, le miracle économique du
«Mittelstand» reprend les mêmes recettes: décentralisation, apprentissage,
entreprises familiales, mais également une fiscalité locale qui ne pénalise pas
les facteurs de production et qui varie d'une région à l'autre.
Pourquoi ne pas donner plus de
liberté et de responsabilité aux régions en leur permettant de fixer en partie
leur propre fiscalité ? Pourquoi ne pas laisser l'entreprise produire de la
richesse avant de la taxer ?
Dans notre pays, la fiscalité
locale des entreprises - principalement la cotisation sur la valeur ajoutée des
entreprises (CVAE) et la contribution économique territoriale (CET) - est
largement fixée au niveau national et est assise sur les facteurs de
production. Les entreprises paient donc de manière quasi uniforme sur tout le
territoire avant même d'avoir dégagé le premier euro de résultat.
Pourquoi ne pas donner plus de
liberté et de responsabilité aux régions en leur permettant de fixer en partie
leur propre fiscalité? Pourquoi ne pas laisser l'entreprise produire de la
richesse avant de la taxer?
Il est urgent de sortir d'une
logique centralisatrice qui fonctionne très bien dans nos grandes villes, mais
qui fait des ravages dans nos provinces. Si nous souhaitons relever le défi du
maillage économique territorial, la responsabilité économique doit être davantage
partagée entre les acteurs: entrepreneurs et salariés, collectivités et État.
Il est urgent de changer notre raisonnement.
Les territoires n'ont pas
vocation à quémander les résidus économiques des grandes métropoles. Pour
grandir, ils ont besoin des outils de leur liberté.
* Responsable des
affaires publiques à CroissancePlus (think-tank d'entrepreneurs).
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