mardi 24 octobre 2017

Actualités islamisme et politique 23.10.2017 (suite)

Kamel Daoud, prophète en France mais pas dans son pays (08.03.2016)
2084 : Boualem Sansal contre les barbares (30.09.2015)
Boualm Sansal, Lettre à un Français sur le monde qui vient (15.09.2015)
Renée Fregosi : « Osons défendre la civilisation occidentale! » (04.10.2017)
1962-2017 : quand la guerre d'Algérie nous poursuit (17.03.2017)
Malgré les obstacles, la presse syrienne se professionnalise (23.10.2017)
Nigeria: 14 morts dans 3 attentats-suicides (23.10.2017)
Nice: procès de 12 prévenus dans un trafic de cocaïne en Corse (23.10.2017)
Clermont-Ferrand: un étudiant poignardé (23.10.2017)
Bagdad et Erbil se délivrent des mandats d'arrêt (23.10.2017)
Syrie: l'EI a "exécuté" 116 personnes (OSDH)
À la barre, le double langage d'Abdelkader Merah sur sa pratique de l'islam (20.10.2017)
Procès Merah ou la désintégration française (20.10.2017)
Merah : l'interrogatoire stérile d'un accusé qui biaise et esquive (13.10.2017)
Abdelkader Merah, du «Jack Daniels» à l'islam intégriste (03.10.2017)
Procès Merah : «Abdelkader restera un danger», dit son frère (16.10.2017)
Al-Sissi : «Au-delà du monde arabe, les djihadistes s'attaquent au monde entier» (23.10.2017)


Kamel Daoud, prophète en France mais pas dans son pays (08.03.2016)


Par Adam Arroudj 

Mis à jour le 08/03/2016 à 19h33 | Publié le 08/03/2016 à 19h13

La justice algérienne a condamné à six mois de prison un prédicateur ayant demandé l'exécution de l'écrivain-journaliste pour «apostasie».

À Alger

Il en a été le premier surpris. Fatigué par les polémiques, assommé par les jugements, paralysé par les attentes, Kamel Daoud n'avait pas cru cela possible. Il n'avait pas imaginé que la justice algérienne - et à travers elle le pouvoir- trancherait en sa faveur. Mais pour la première fois depuis la dissolution du Front islamique du salut en 1992, l'État a formellement remis les islamistes à leur place en condamnant à six mois de prison, dont trois ferme, Abdelafatah Hamadache. En décembre 2014, le chef des salafistes algériens avait appelé le régime à condamner publiquement à mort le finaliste du prix Goncourt pour ses propos dans l'émission On n'est pas couché sur France 2. «On ne peut pas à la fois critiquer le monde parce qu'il nous rejette, alors que nous-mêmes nous rejetons le monde», avait déclaré Daoud au sujet de l'islam et des musulmans.

«Il est l'ennemi imaginaire dont une partie de l'élite, qui a fait de la France une obsession, a besoin pour masquer le désert de débats»
Son ami, le journaliste et auteur de polars Adlène Meddi

Ses positions critiques à l'égard de la religion et du pouvoir ne sont pourtant pas nouvelles. Une tribune intitulée «En quoi les musulmans sont-ils utiles à l'humanité?» avait il y a quatre ans suscité de violentes réactions de la part de ses détracteurs. Kamel Daoud, c'est d'abord le chroniqueur vedette du Quotidien d'Oran, journal francophone de l'Ouest algérien qui lui doit une grande partie de ses maigres ventes et n'a pourtant pas pris une seule fois sa défense depuis les polémiques qui ont suivi le succès littéraire de Meursault, contre-enquête. Il était jusqu'alors «surtout connu en Algérie comme journaliste», estime l'auteur arabophone et éditeur Bachir Mefti. «Mais autant critiquer l'Algérie, l'islam, la langue arabe, en Algérie même, est perçu comme l'engagement d'un intellectuel pour son pays, autant le faire dans des médias français ne peut être que le résultat d'une manipulation», souligne-t-il non sans ironie.

En particulier pour une certaine gauche algéroise (dont l'écrivain Rachid Boudjedra ou l'historien Daho Djerbal) qui a trouvé dans Kamel Daoud son nouveau «suppôt de l'Occident». «Daoud cristallise tous les malentendus entre les chapelles idéologiques algériennes: les souverainistes et les “traîtres à la nation”, les francophones et les arabophones, etc.», analyse son ami, le journaliste et auteur de polars Adlène Meddi. «Il est l'ennemi imaginaire dont une partie de l'élite, qui a fait de la France une obsession, a besoin pour masquer le désert de débats. Pour nourrir les procès d'intention qu'elle intente à chaque esprit libre, à ses yeux forcément suspect.»

Autant dire que la tribune de Manuel Valls publiée la semaine dernière pour «soutenir» de façon «nécessaire, impérieuse et urgente» Kamel Daoud n'a pas, en Algérie, servi la cause du journaliste. Sa chronique «Cologne, lieu de fantasmes» (sur les agressions collectives commises en Allemagne le 31 décembre dernier par des suspects essentiellement originaires du Maghreb) et la lettre d'un collectif d'universitaires accusant l'auteur d'«islamophobie», avaient eu peu d'écho dans les médias ou sur les réseaux sociaux. «Mais Daoud n'avait pas besoin de cette récupération politique», se désole un proche.

«Si en tant qu'auteur, je lui trouve des qualités indéniables, je lui tire aussi mon chapeau pour oser soulever les vrais problèmes des sociétés arabes»
Mohamed Sari, traducteur

Qu'il soit classé, par extension, écrivain des intellos laïco-francophones gêne un peu Sofiane Hadjadj, son éditeur en Algérie (éditions Barzakh): «J'ai accompagné Kamel un peu partout, comme à Mascara, petite ville de l'arrière-pays oranais, et il y avait des lecteurs de tous âges, et pas spécialement la bourgeoisie!» Mohamed Sari, qui traduit les livres de Boualem Sansal en arabe, confirme: «Il a tout de même été défendu par de nombreux intellectuels et par l'opinion publique via les réseaux sociaux. Si en tant qu'auteur, je lui trouve des qualités indéniables, je lui tire aussi mon chapeau pour oser soulever les vrais problèmes des sociétés arabes.»

Youcef Sayah, chroniqueur littéraire à la télévision et à la radio algérienne, tempère: «Le problème, c'est qu'à force, on ne voit plus l'écrivain mais la polémique. Demain, si j'invite Kamel Daoud, Boualem Sansal ou Yasmina Khadra, je fais salle comble. Non pas pour leurs qualités littéraires mais parce qu'ils sont controversés. En Algérie, nous avons perdu la culture du débat public. Depuis la décennie noire, la baisse de la qualité de l'enseignement aggravant les choses, les idées n'intéressent plus les gens. On le voit bien en politique.»

À Oran, sa ville natale, où les débats sont toujours moins politisés qu'à Alger, Kamel Daoud reste «l'enfant du pays qui a réussi», assure une journaliste qui le connaît bien. «Ses amis ne se limitent pas aux intellectuels francophones. Certains sont des gens simples des quartiers populaires, plutôt arabophones, d'autres des responsables des milieux institutionnels. Parce qu'il n'est pas perçu comme un opposant, mais comme un intellectuel. Lorsqu'il y a eu des manifestations de soutien à Gaza, il était au premier rang!»

«De mémoire, je ne crois pas qu'un écrivain algérien ait vendu autant de romans dans son pays»
Sofiane Hadjadj, son éditeur

L'auteur arabophone et éditeur Bachir Mefti le garantit: «Daoud n'est pas un ennemi du peuple ni de la religion. Il n'est pas contre l'islam en lui-même, mais contre la façon orthodoxe de voir l'islam. Kateb Yacine (auteur de Nedjma, référence dans la littérature algérienne, NDLR) en son temps avait aussi été taxé d'ennemi de l'islam et de la langue arabe parce que ce qu'il écrivait dérangeait, mais c'est le rôle de l'écrivain, de dire des vérités! On se focalise sur Daoud. Pourtant, de nombreux auteurs arabophones critiquent l'islam et il est bien plus subversif de le faire dans la langue sacrée du Coran.»
Pour juger de sa notoriété, son éditeur, Sofiane Hadjadj, préfère s'en tenir aux chiffres: 15000 exemplaires de Meursault, contre-enquête vendus en Algérie (155.000 en France), 6 rééditions, 30 traductions dans 28 pays. «De mémoire, je ne crois pas qu'un écrivain algérien ait vendu autant de romans dans son pays. À titre de comparaison, Amine Zaoui et Maïssa Bey en vendent entre 4000 et 5000, ce qui est déjà très bien pour le marché algérien.» Avant même la coédition chez Actes Sud et l'effet Goncourt, 4000 exemplaires avaient déjà été vendus en Algérie. Et, quelques années auparavant, Barzakh avait fait deux tirages de La Préface du nègre, son recueil de nouvelles pour lequel il a obtenu le prix Mohammed Dib en 2008.

«Il n'était peut-être pas connu du grand public mais il avait été repéré par le milieu littéraire. Aujourd'hui, des metteurs en scène en Allemagne, aux Pays-Bas et aux États-Unis veulent adapter le livre en pièce de théâtre. C'est bien la preuve que le livre est reconnu, au moins pour l'originalité de son sujet, au mieux pour le style de Kamel. On se dit la même chose quand le Japon ou l'Inde veulent une traduction. Ils sont tout de même bien loin des polémiques qui nous agitent…»

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Journaliste

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2084 : Boualem Sansal contre les barbares (30.09.2015)



Publié le 30/09/2015 à 12h55

PORTRAIT - Présent sur toutes les listes des grands prix avec son nouveau roman 2084, l'écrivain algérien engagé est l'homme de la rentrée littéraire 2015.

Le problème, avec les écrivains engagés, est de savoir s'il faut parler d'engagement ou de littérature. Boualem Sansal est aujourd'hui l'un des rares romanciers courageux, et c'est si peu dire. D'Algérie, où il vit, il combat inlassablement l'islamisme. On a beau préparer des questions sur son style, sa cuisine littéraire, ses auteurs préférés, son penchant le conduit à parler de sa révolte. «Je me suis mis à écrire comme on enfile une tenue de combat», explique-t-il. À force de tribunes et de plateaux, particulièrement à l'occasion de son nouveau roman, 2084, on en oublierait presque l'homme et l'auteur.

La première chose que l'on remarque, en cette fin de matinée dans les salons des Éditions Gallimard, ce sont ses longs cheveux gris rassemblés en catogan et ses petites lunettes rondes. Puis, c'est sa douceur. Sa voix est aussi douce, presque inaudible, que sa parole est forte. Il vit pourtant un véritable ouragan. Son livre est présent sur toutes les premières sélections des grands prix: GoncourtRenaudotInteralliéFéminaMédicisle Flore. Et, un bonheur n'arrivant jamais seul, 2084 figure dans les meilleures ventes. Michel Houellebecq n'a pas contribué à calmer le bruit médiatique. Lors de la première émission de Laurent Ruquier, l'auteur de Soumission a rendu un vibrant hommage à l'écrivain algérien.  «2084 est bien “pire” que Soumission,il décrit un vrai totalitarisme religieux. Boualem Sansal voit la victoire des extrémistes. Peut-être qu'il a raison, sa vision du futur est très plausible», a expliqué un Houellebecq admiratif. «J'étais chez moi, en Algérie, quand l'émission était diffusée. J'ai reçu un flot de messages. Comme cela m'arrive souvent, la moitié était des insultes, l'autre des félicitations», raconte en souriant Boualem Sansal.

Une blessure qui ne s'est jamais refermée

Pour comprendre cette incessante bagarre contre les intégristes, il faut chercher dans le passé d'un homme qui avait tout pour embrasser une belle carrière de haut fonctionnaire. Après l'École polytechnique à Alger, où, jeune scientifique doué, il choisit l'électromécanique, il devient, en quelques années, numéro deux du ministère de l'Industrie avec le titre de directeur général de l'industrie et de la restructuration. À vingt-cinq ans, il épouse, en premières noces, une Tchèque rencontrée lors d'un voyage organisé. Deux enfants naissent de cette union, Nanny et Sabine.

L'un des épisodes fondateurs de son combat est sans doute ce jour d'avril 1980 où il découvre, par hasard, sans être prévenu, que sa fille est forcée de suivre des cours d'instruction religieuse à la mosquée de Boumerdès, ville où il habite toujours. Il aura soixante-six ans le 15 octobre, et la blessure ne s'est pas refermée. Dès son premier titre, un magnifique roman, Le Serment des barbares, publié en 1999, il n'a jamais vraiment dévié de cette ligne. Quel que soit son texte, ses critiques acerbes et kafkaïennes n'épargnent ni la société algérienne, ni le pouvoir, ni les islamistes. On le lui a fait payer cher en le forçant à démissionner de son poste de directeur général dans des conditions rocambolesques que Sansal raconte encore avec ahurissement - il était officieusement licencié mais continuait d'évoluer statutairement dans la hiérarchie des hauts fonctionnaires!

Pire, si l'on ose dire: avec Le Village de l'Allemand, l'un de ses livres les plus percutants, où il établit un lien entre nazisme et islamisme, il est amené à voyager à Jérusalem. De retour en Algérie, il est comme banni - on refuse même de lui remettre le prix du roman arabe qu'il avait remporté, et sa seconde femme, qualifiée d'épouse de sioniste, est également poussée à quitter son poste de professeur de mathématiques.

«J'avais vingt ans quand j'ai découvert Orwell, et sa lecture m'a marqué pour la vie.»
Boualem Sansal

On peut dire que 2084 est l'illustration littéraire d'un court mais frappant essai publié en 2013, Gouverner au nom d'Allah (Gallimard). 2084 est une sorte de réécriture du célèbre roman de George Orwell. L'an passé, c'était un autre écrivain algérien francophone, Kamel Daoud, qui se faisait remarquer avec une réécriture de L'Étranger. Est-ce dans le Maghreb que la littérature française se revivifie?

Dans son nouveau roman, Sansal crée un vaste empire, l'Abistan, qui doit son nom du «prophète délégué» Abi. Tout le peuple est soumis à la religion du dieu Yölah. Il est interdit de douter. Ce système dictatorial est régi selon des règles et des rituels parfaitement codifiés. Seul Ati se met à douter…

À aucun moment, le mot «islam» n'est mentionné, mais le système visé semble omniprésent. D'où lui est venue cette idée? «J'avais vingt ans quand j'ai découvert Orwell, et sa lecture m'a marqué pour la vie. Je l'ai relu tous les trois ou quatre ans. Nous n'avions qu'une bibliothèque avec les mêmes livres durant des années et des années. Du coup, Don Quichotte, je l'ai relu mille fois, je n'exagère pas. Idem pour Germinal, Le Pavillon des cancéreux…Toutes ces relectures forment l'esprit et m'ont aidé à déconstruire ces grands romans», explique Boualem Sansal.

C'est l'un des rares moments où l'écrivain ne parle vraiment que de littérature. Son écriture, son style, c'est sans doute son éditeur, Jean-Marie Laclavetine, qui en parle le mieux. Il a d'ailleurs signé une très belle préface au «Quarto» qui rassemble six titres. Laclavetine se remémore les premières phrases du Serment des barbares : «Le cimetière n'a plus cette sérénité qui savait recevoir le respect, apaiser les douleurs, exhorter à une vie meilleure. Il est une plaie béante, un charivari irrémédiable; on excave à la pelle mécanique, on enferme à la chaîne, on s'agglutine à perte de vue. Les hommes meurent comme des mouches, la terre les gobe, rien n'a de sens.» Et de raconter son émotion: «Je me souviens précisément du jour où j'ai lu ces premières phrases, paquet de feuilles confié en 1999 par un inconnu à la poste algérienne pour arriver quelques jours plus tard entre mes mains. Je n'ai pas oublié ma surprise grandissante au fil des pages, ni l'enthousiasme qui m'a envahi au fur et à mesure que je me laissais emporter par le torrent de cette prose animée de remous vertigineux, de pétillements soudains, de grands ressacs de rage noire.»

Rage noire et pétillements stylistiques: voilà des mots qui pourraient bien résumer et l'homme et l'écrivain.

2084,de Boualem Sansal, Gallimard,274 p., 19,50 €.
Romans 1999-2011,de Boualem Sansal, «Quarto»/Gallimard, 1 248 p., 29 €.

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Lettre à un Français sur le monde qui vient (15.09.2015)



Mis à jour le 16/09/2015 à 10h57 | Publié le 15/09/2015 à 18h27

TRIBUNE- À l'occasion de la sortie de son roman 2084, le grand écrivain algérien nous fait part des inquiétudes qui le dévorent.

Cher ami français,

Je voudrais vous donner quelques nouvelles de la guerre qui fait rage dans le monde et qui ici et là est arrivée jusque sous vos fenêtres. J'en ai eu quelques échos. Les fenêtres de nos voisins ne vous concernent peut-être pas mais, quand même, quand un immeuble s'effondre dans le fracas c'est tout le quartier qui est ébranlé.

Je commence par mon pays, l'Algérie, je m'en excuse, j'y vis ainsi que mes chers miens, pour vous dire que je suis très inquiet à son sujet. En venant vous rendre visite, il y a deux semaines, je l'ai laissé dans un état réellement épouvantable, disloqué et sentant la douleur et la mort. Ceux qui le gouvernent au nom de leur seul nom ne se rendent compte de rien, ils font leurs affaires mollement, repus et distraits qu'ils sont, se croyant encore dans le vieux cadre, celui de 1984, qu'ils avaient inauguré dans la liesse de l'indépendance recouvrée et le bonheur de goûter sous peu de temps aux fruits fins de la rente pétrolière, alors que des fureurs s'annoncent de tous côtés.

C'est en prolongeant cette vision effrayante que j'ai écrit mon dernier ouvrage, 2084. J'ai plongé dans un monde à venir que je vois, que j'imagine, soumis à une dictature religieuse rigoureuse qui s'étend sur tout l'Abistan. Elle aurait quelque chose à voir avec l'islamisme mais celui-ci parvenu à son apogée, là où le Bien, le Vrai et le Juste n'épargnent personne, sauf deux gentils hurluberlus, Ati et Koa de leurs noms, les héros de cette histoire, qui se sont enhardis à croire qu'ils sauraient s'affranchir de ces choses parfaitement halal et rester en vie, et mieux, passer de l'autre côté de la Frontière, une limite mythique inventée par de pauvres fous décapités depuis longtemps, pour rejoindre un monde abstrait dont nos apprentis transfuges ne savaient rien sinon qu'il était voué au doute, au clinquant et à la dépravation, et qu'il serait, malgré cela ou pour cela, permis d'y vivre dans la liberté, l'égalité et la fraternité.

«Mourant et fou comme il est, mais encore intelligent et plus retors et vindicatif que jamais, il a miné le pays à l'instar les nazis qui avaient miné Paris pour le faire sauter à leur départ.»
Boualem Sansal, sur le président algérien.

Revenons en Algérie, aujourd'hui. Après avoir détruit une partie du peuple durant l'ère intermédiaire de 1990, les hordes barbares s'apprêtent à recommencer. Je ne suis sûrement pas le seul à les voir occuper les rues, remplir les mosquées, sillonner le pays de jour comme de nuit, reformer des hordes, organiser des réseaux, ouvrir des maquis, traverser et retraverser les frontières lourdement chargés. Pourquoi feraient-ils cela si ce n'est pour préparer la nouvelle guerre sainte, le grand djihad des temps derniers? Mais pour l'immédiat, le premier danger, c'est le président, alias Small Brother. Mourant et fou comme il est, mais encore intelligent et plus retors et vindicatif que jamais, il a miné le pays à l'instar les nazis qui avaient miné Paris pour le faire sauter à leur départ. Le jour de son trépas tout explosera, l'Algérie disparaîtra avec lui, c'est son plan, il ne veut la laisser ni aux généraux qu'il abhorre, ni au peuple qu'il méprise, ni aux islamistes qu'il trouve peu assurés dans leur démarche pour mériter de lui succéder. En vérité, seul le peuple est condamné, les gradés ont des pied-à-terre confortables dans toutes les belles capitales du monde et les islamistes ont des camps partout où brille le soleil d'Allah. L'avantage de la guerre sainte est qu'on peut la faire partout alors que l'argent sale ne s'héberge que dans les paradis fiscaux.

«Seul le peuple est condamné, les gradés ont des pied-à-terre confortables dans toutes les belles capitales du monde et les islamistes ont des camps partout où brille le soleil d'Allah.»
Boualem Sansal

J'espère qu'à ma prochaine venue en France, je n'aurai pas à vous annoncer la fin de mon pays. Rendez-vous compte qu'en s'effondrant ce pays immense entraînera tout le Maghreb et le Sahel au fond de l'abîme et le tsunami qui suivra arrivera jusqu'à la Manche. Aurez-vous seulement le temps, mes amis, de vous mettre à l'abri sur les montagnes? Je vous le dis franchement, je crains pour vous, vous me semblez si peu préparés, pour ne pas dire indolents. Je ne sais trop non plus si vous vous rendez compte que vos gouvernants qui sont d'une pusillanimité indescriptible vous poussent carrément dans le cauchemar.

Mais il n'y a pas que l'Algérie qui branle, il y a le reste du monde arabe, tout cassé et dispersé en morceaux par les printemps arabes et que les vents du saint djihad mondial poussent à se rejoindre pour former un nouveau et vaste continent. Il est le noyau de ce qui deviendra l'Abistan, ainsi que je l'ai appelé dans mon roman. Tout ce que vous avez connu au cours de votre longue histoire n'est rien au regard de ce que l'Abistan vous offrira. Enfin, je l'ai imaginé comme ça, quelque chose d'absurde, infiniment plus sinistre que le Daech, l'Afghanistan, Boco Haram, la Somalie et la Libye réunis, plus démoniaque que toutes les machinations de l'Arabie et du Qatar, plus fou que tous les rêves de puissance de ces anciens empires ressuscités que sont l'Iran et la Turquie. Où et comment diable ces pauvres islamistes ont-ils appris à planifier si bien et si loin? Lourdauds que nous sommes, nous ne voyons pas même l'ombre filante de leurs idées.

«Où et comment diable ces pauvres islamistes ont-ils appris à planifier si bien et si loin ?»
Boualem Sansal

Nous pouvons, et je le souhaite vivement, nous rencontrer quelque part pour discuter en détail de cette vision. S'il n'y a aucun danger à parler librement, à haute et intelligible voix, nous nous interrogerons aussi avec toute la rigueur nécessaire pour voir ce qu'il serait possible de faire afin que cela n'arrive jamais et que nous puissions continuer de vivre notre temps sur terre dans la paix et la joie, du moins d'en rêver tranquillement, sans nous restreindre d'aucune manière, avec cependant la prudence des gens avisés, nous ne connaissons pas tous les malheurs du monde et les rêves sont parfois la porte d'entrée des pires maladies.

2084, La fin du monde, Gallimard, 288 p., 19,50 €.

Vous serez en droit de me répondre que mon livre ne dit rien de ce qu'il conviendrait de faire pour que 2084 reste un simple conte noir. Vous aurez raison mais il faut se souvenir que tout ne se dit pas, les mots sont dangereux de nos jours, ils nous reviennent à la figure, les gens les entendent à l'envers, ils voient des amalgames et des phobies là où tout est simple et juste réalité. Le fait est que nous sommes tous, et vous en particulier, pris dans le piège de la taqiya. Ce fichu mot n'est pas traduisible, il est mystérieux comme la mort, sachez qu'il a à voir avec la ruse de guerre sainte et qu'il y a des siècles de malice et de magie derrière cette chose. Par un jeu subtil d'insinuations, d'accusations suggérées et de menaces voilées, de dénonciations vagues, d'incantations fiévreuses et de cris pleins d'un étrange silence, les champions de la taqiya nous inoculent le virus de la culpabilité et voilà qu'aussitôt montent en nous la honte de penser, la peur de dire et le refus d'agir. C'est le regard du serpent qui tue la souris, le venin et la constriction n'y ajoutent que la souffrance. Il est sûrement trop tard, l'Abistan est déjà dans vos rues, mais votre combat n'en aura que plus de mérite.

Renée Fregosi : « Osons défendre la civilisation occidentale! » (04.10.2017)



Publié le 04/10/2017 à 12h30

FIGAROVOX/TRIBUNE - Les revendications antiracistes sont le nouveau visage de la haine de l'Occident, analyse la philosophe Renée Fregosi. Face à l'islamisme et à ses «idiots utiles» de la gauche radicale, il s'agit de répliquer à voix haute et ne pas se replier dans une «société qui murmure».

Renée Fregosi est une philosophe et politologue française. Directrice de recherche en Science politique à l'Université Paris-Sorbonne-Nouvelle, elle a publié Les nouveaux autoritaires. Justiciers, censeurs et autocrates (éd. du Moment 2016)

Une fois encore, la récente enquête réalisée par Ipsos pour Fondapol sur les Européens face à l'immigration va faire polémique, comme l'ont faite les précédentes notamment celle sur «les juifs vus par les musulmans» parue en mai dernier qui faisait ressortir un antisémitisme de plus en plus largement exprimé par les musulmans.

Dans 22 pays européens et pour une grande majorité des personnes interrogées, l'islam représente un danger pour leur pays (57% en France, 63% en Allemagne, environ 70% en Europe de l'est).

Menée dans 22 pays européens, cette nouvelle étude montre notamment, que pour une grande majorité des personnes interrogées, l'islam représente un danger pour leur pays (57% en France, 63% en Allemagne, autour de 70% en Europe de l'est).

Quant à l'immigration, elle est jugée négative pour environ 60% des Européens, toutes catégories d'âges confondus et sans relation avec la situation économique particulière de chaque pays.

Mais face aux chiffres, les mécanismes de déni du réel et de retournement de la charge de la preuve joueront sans doute à nouveau dans les milieux du politiquement correct, comme c'est le cas depuis au moins une vingtaine d'années lorsqu'on aborde les questions de l'islamisme, de l'antisémitisme, de la culture française, européenne ou occidentale.

Déjà en 1997, à sa sortie en France, le livre de Samuel Huntington «Le choc des civilisations» a été conspué au prétexte qu'il aurait été un brûlot attisant la haine à l'égard de l'Occident, ou moqué au motif qu'il aurait été irréaliste d'imaginer une lutte des sociétés non-occidentales (islamiques et asiatiques tout particulièrement) contre l'Occident.

Selon l'adage évangélique «malheur à celui par qui le scandale arrive», on accusait de mettre le feu aux poudres, celui qui sonnait l'alarme.

L'illustration ambiguë de l'édition de poche de la traduction française, affichant en couverture de façon racoleuse, une bombe la mèche allumée, en témoigne. Pourtant, l'analyse était argumentée et mesurée.

Ainsi, pour Huntington, l'immigration n'est pas un danger en soi.

Les nouvelles générations issues de l'émigration maghrébine et subsaharienne en France manifestent davantage un rejet de la France qu'une volonté d'intégration.

A deux conditions: «premièrement, que la priorité soit donnée à des individus qualifiés, énergiques, dotés des talents et du savoir-faire nécessaires à la société d'accueil», or d'après l'OCDE, 65% des immigrés arrivant en France ont un niveau d'études inférieur au collège ; «deuxièmement, que les nouveaux immigrés et leurs enfants soient assimilés culturellement dans le pays d'accueil et plus globalement dans la civilisation occidentale».

Or les nouvelles générations issues de l'émigration maghrébine et subsaharienne en France manifestent davantage un rejet de la France qu'une volonté d'intégration.

Et Huntington de conclure: «Le déclin moral, le suicide culturel et la désunion politique constituent, pour l'Occident, des problèmes beaucoup plus lourds de sens que les questions économiques et démographiques».

Deux décennies plus tard, l'aveuglement et la haine de soi des Occidentaux sont érigés en étendard «antiraciste». Il est malvenu de chercher à comprendre des réalités contradictoires, faites de ruptures et de continuités.

On préfère réduire le réel à des dualités simplistes qui favorisent les pensées de l'orthodoxie et les pratiques d'imposition.

Les victimes ne pourraient être coupables, le multiculturalisme serait forcément une richesse, le peuple aurait toujours raison, l'islam n'aurait rien à voir avec l'islamisme, surtout «pas d'amalgame»!
On préfère réduire le réel à des dualités simplistes qui favorisent les pensées de l'orthodoxie et les pratiques d'imposition.

Et la perte de repères et de sens qui caractérise notre modernité globalisée est devenue un argument supplémentaire à tous ceux qui s'opposent à l'exercice de la libre-pensée: pas de complexité susceptible de troubler les esprits, pas de culture exigeante par souci d'égalitarisme.

Idiots utiles de l'islamisme et/ou apprentis sorciers pensant pouvoir instrumenter ce nouveau totalitarisme, les tenants de la gauche radicale sont alors repartis à l'offensive contre la démocratie représentative (taxée naguère de «bourgeoise»), le soi-disant «néocolonialisme» et le libéralisme.

Donneurs de leçon, justiciers et censeurs, ces autoritaires retors retrouvent de l'audience et mobilisent frustrations et rancœurs, tentant d'organiser «la convergence» des luttes islamo-gauchistes. Et toute critique du mouvement politico-religieux islamiste est taxée d'islamophobie.

Le choc des civilisations est alors patent: la pensée critique se heurte à la logique du blasphème et à la mauvaise foi «antiraciste» ; la notion d'individu libre est incompatible avec celle d'une communauté des croyants organisatrice de toutes les dimensions de la vie, comme avec la conception révolutionnaire populiste.

Le principe de l'égalité hommes/femmes est radicalement contredit au quotidien dans la séparation des sexes,

La libération des mœurs et partant, celle des femmes dans les sociétés modernes occidentales devient en effet un objet central de conflit avec l'islamisme contemporain.

le port de vêtements affirmant l'impureté et la soumission des femmes, tandis qu'un prétendu «féminisme islamiste contre le colonialisme blanc» retourne la violence faite aux femmes par le religieux, en signe de rébellion.

La libération des mœurs et partant, celle des femmes dans les sociétés modernes occidentales devient en effet un objet central de conflit avec l'islamisme contemporain, comme elle l'a été historiquement avec toutes les religions qui se sont laïcisées de gré ou de force à travers le monde.

L'Occident a été le premier à intégrer progressivement l'idée d'égalité entre les humains, entre les religions et entre les sexes ; cela, pour des raisons historiques complexes et différentes selon les Etat-nations, mais aussi parce que les religions chrétiennes comme la tradition talmudique ont évolué dans le sens de davantage de réflexivité critique et d'effort d'interprétation.

Malgré des tentatives d'ouvertures doctrinales, la religion musulmane quant à elle s'est refermée sur une position dogmatique résolue. Et la liberté des femmes n'a progressé en «terres d'islam» que par la domination coloniale, ou sous la pression de régimes autoritaires nationalistes.

Mais de l'Algérie des généraux du FLN à l'Egypte post-nassérienne, en passant par les partis Baas syrien et irakien décomposés, ou l'Autorité palestinienne, la laïcité de façade des pays arabes a cédé sous l'assaut des différents mouvements islamistes, et la timide liberté des femmes chèrement conquise y est désormais reléguée dans les poubelles de l'histoire.

Il s'agit donc bien d'une offensive globale menée contre l'Occident, pour l'imposition d'une autre civilisation. Les islamistes attisent le sentiment de persécution au sein des populations immigrées.

Il s'agit donc bien d'une offensive globale menée contre l'Occident, pour l'imposition d'une autre civilisation. Les islamistes attisent ainsi le sentiment de persécution au sein des populations immigrées de la seconde voire de la troisième génération afin de faire croître un sentiment antifrançais ou anti-occidental en général, parmi ces populations «d'origine musulmane».

Une autre appartenance leur sera proposée en substitution de cette France ou de cette Europe qui prétendument les rejette: l'islam conquérant et vengeur.

On obtiendra ainsi dans «les territoires perdus de la République» à la fois l'omerta nécessaire à toute action criminelle, un vivier d'exécuteurs potentiels pouvant aller jusqu'au massacre de masse et au sacrifice ultime de leur propre vie, et surtout une contre-société qui augmente sans cesse sa pression sur le mode de vie de l'ensemble des Français.

Face à l'islamisme et à ses idiots utiles de la gauche radicale, il s'agit de répliquer à voix haute, de ne pas se replier dans une «société qui murmure» comme le redoute lucidement Boualem Sansal, d'oser défendre la civilisation occidentale avec ses ambivalences et ses contradictions certes, mais avant tout pour sa promotion du principe du libre choix contre celui de l'imposition et de la soumission.
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1962-2017 : quand la guerre d'Algérie nous poursuit (17.03.2017)


Mis à jour le 17/03/2017 à 20h52 | Publié le 17/03/2017 à 20h36

FIGAROVOX/ANALYSE - Mohamed Merah a perpétré ses effroyables crimes, le 19 mars 2012, cinquante ans jour pour jour après le cessez-le-feu de la guerre d'Algérie. Pour Alexandre Devecchio la repentance coloniale a fabriqué une génération désintégrée qui fait sécession.


Alexandre Devecchio est journaliste au Figaro, en charge du FigaroVox, et cofondateur du Comité Orwell. Il vient de publier Les Nouveaux enfants du siècle, enquête sur une génération fracturée (éd. du Cerf, 2016) et est coauteur de Bienvenue dans le pire des mondes (éd. Plon, 2016).

Cétait il y a tout juste cinq ans. Le 19 mars. Celui que les journalistes surnommaient «le tueur au scooter» ouvrait le feu. À l'école Ozar Hatorah de Toulouse, Jonathan Sandler, rabbin et professeur, ses deux fils, Gabriel, et Aryeh, ainsi que Myriam, tous des enfants en bas âge, étaient abattus par Mohamed Merah. Cinquante ans jour pour jour après le cessez-le-feu de la guerre d'Algérie, le 19 mars 1962. Quelques jours plus tôt, à Toulouse, Merah avait assassiné, de sang-froid, le parachutiste Imad Ibn Ziaten, puis, à Montauban, deux autres militaires, Mohamed Farah Chamse-Dine Legouad et Abel Chennouf, parce qu'ils portaient l'uniforme de l'armée française. Nul ne sait si le djihadiste avait connaissance de cette date anniversaire lorsqu'il a perpétré ses effroyables crimes, mais la coïncidence est profondément troublante. Pour Gilles Kepel, «ce n'est pas un hasardLa famille de Merah haïssait la France, rappelle-t-il dans Terreur dans l'Hexagone(Gallimard, 2015). Merah est un enfant du mariage malheureux entre la France et l'Algérie». L'islamologue voit dans la tuerie de Toulouse un héritage de notre histoire coloniale et le symptôme du «retourdu refoulé nord-africain». Dans cette perspective, l'affaire Merah apparaît comme un nouveau chapitre sanglant d'une guerre sans fin: le «viol» d'un «cessez-le-feu cinquantenaire entre France et Algérie, entre France et islam». Et Kepel de conclure: «Le matériau postcolonial fournit un combustible important au djihadisme.»

À l'appui de sa thèse, la figure de Khaled Kelkal, premier djihadiste «made in France», bien avant Merah. L'auteur de l'attentat du métro Saint-Michel, qui fait huit morts et des centaines de blessés en juillet 1995, est un jeune homme de 24 ans. Né en Algérie, il arrive en France à l'âge de 2 ans et grandit dans une cité de Vaulx-en-Velin, au sein de la banlieue lyonnaise. Collégien sans histoire, il bascule peu à peu dans la délinquance puisle banditisme. C'est en prison qu'il découvre l'islam et se radicalise. Après son séjour en cellule, il gagne l'Algérie, alors en pleine guerre civile, et rejoint le maquis. Il s'y entraîne avant de revenir en France pour tuer et se faire tuer.Trois ans avant sa mort, un sociologue allemand, Dietmar Loch, avait interviewé Khaled Kelkal. «Moi, j'aimerais faire une chose: retourner chez moi, en Algérie. J'ai pas ma place ici», lui confie alors le jeune homme. Pour Kelkal, devenir un «soldat» de l'oumma a été un prétexte afin de régler ses comptes avec une France qu'il honnit. «Dans son esprit, combattre la France, c'était aussi se venger du passé colonial, explique David Vallat, qui a fréquenté Kelkal en Algérie. Il prend d'un coup sa revanche sur ses profs, ses juges, son histoire familiale. Tout s'emboîte.»Et même plus, tout se répète: Abdelkader Nefoussi, le grand-père maternel de Kelkal, est mort le 6 février 1962, tué par un soldat français en Algérie quelques semaines avant les accords d'Évian. Trente ans plus tard, son petit-fils, Khaled Kelkal, est abattu par un gendarme au terme d'une traquede 24 jours.

Un demi-siècle après la finde la guerre d'Algérie, le spectre du conflit hante encore les esprits...
Kelkal et Merah sontles visages d'un passé qui resurgit dans le présent. Un demi-siècle après la finde la guerre d'Algérie, le spectre du conflit hante encore les esprits: ceux des anciens combattants, mais aussi des enfants d'immigrés nord-africains qui sont pourtant nés en France et forment la troisième ou quatrième génération. Naturellement, ils ne sont qu'une infime minorité à basculer dans la violence djihadiste. Cependant, ce conflit, même réduit à quelques slogans, construit l'imaginaire d'une population bien plus large et qui s'étend au-delà des Algériens d'origine. Pour certains immigrés d'Afrique du Nord mais aussi d'Afrique subsaharienne en rupture avec la société française, la guerre d'Algérie est devenue le symbole de la lutte des «opprimés» contre les «dominants». En témoigne le match de football France-Algérie du 8 octobre 2001, quand La Marseillaise a été sifflée et la pelouse du Stade de France envahie. Ou encore l'emploi du mot «harki» dans certaines cités pour désigner les «mauvais musulmans», les «traîtres» qui ont intégré les codes culturels de la société française.

Dans ces quartiers, l'islam politique a remplacé la lutte des classes et le keffieh palestinien. «Des jeunes se tournent vers le salafisme par ressentiment, explique l'historien Pierre Vermeren, spécialiste du Maghreb. Il y a la honte que leurs parents aient eu besoin pour survivre de venir en France, pays qui les avait colonisés.» À Alger, comme le souligne l'écrivain Boualem Sansal, le FLN et Bouteflika ont fait du dénigrementde la France «une véritable religion d'État» pour masquer leur propre faillite. Une idéologie de la repentance qui fragmente en profondeur notre société. Elle nourrit chez «une partie des Français», disait l'historien Daniel Lefeuvre, l'idée «qu'ils seront à jamaisles indigènes d'une République irrémédiablement marquée du sceau de l'infamie coloniale». En qualifiant la colonisation de «crime contre l'humanité», Emmanuel Macron a malheureusement renforcé ce sentiment.

Malgré les obstacles, la presse syrienne se professionnalise (23.10.2017)


Par Sunniva Rose 

Mis à jour le 23/10/2017 à 18h32 | Publié le 22/10/2017 à 17h41

À Beyrouth, une étude met la lumière sur les transformations de la presse née sous la révolution syrienne.

Portés par des militants qui souhaitaient voir la fin du régime de Bachar al-Assad, le nombre de journaux syriens non officiels a explosé à partir de 2011 pour atteindre plusieurs centaines. On n'en compte plus que quelques dizaines aujourd'hui, exilés pour la plupart en Turquie dans des conditions difficiles. «Notre budget ne dépasse pas 3000 dollars par mois, alors que nous sommes quatre employés à Istanbul et travaillons avec des dizaines de reporters en Syrie», souffle Khalid Khalil, de l'hebdomadaire Souriatna(«Notre Syrie»).

Khalid Khalil a fait le voyage d'Istanbul à Beyrouth avec plusieurs autres journalistes syriens à l'occasion d'une conférence organisée vendredi par la fondation Samir Kassir, du nom du journaliste libanais assassiné en 2005, avec la fondation allemande Friedrich Naumann pour la liberté. L'occasion de présenter un rapport qui analyse le contenu des articles publiés pendant les six premiers mois de l'année par dix-sept sites d'information en ligne ou journaux imprimés, pour la plupart nés pendant la guerre et basés en Turquie.

La qualité des articles est mise en avant, notamment ceux qui utilisent des sources référencées, mais le rapport souligne l'utilisation occasionnelle de stéréotypes sur les chiites ou les alaouites, la famille religieuse de Bachar el-Assad.

«Nous communiquons avec nos journalistes par messagerie cryptée, comme Telegram ou Signal»
Jawad Sharbaji, rédacteur en chef de «Enab Baladi»

La presse officielle a été écartée. «Les médias de Damas se conçoivent de manière franche comme des porte-parole du gouvernement. C'est une perte de temps d'essayer de les convaincre de mieux travailler leurs sources ou de ne pas utiliser un langage à connotation confessionnelle», explique Ayman Mhanna, directeur de la fondation Samir Kassir.

Comme SouriatnaEnab Baladi, qui peut se traduire par «raisin de mon pays», ou «raisin local», fait partie des journaux inclus dans l'étude. Selon son rédacteur en chef, Jawad Sharbaji, la presse née sous la révolution fait l'effort de se dépolitiser en abordant des thématiques sociales comme la santé. «Bien sûr, j'étais contre le régime syrien quand j'ai rejoint Enab Baladi. Mais les positions personnelles doivent être différenciées de celles du journal, qui doit présenter une version équilibrée des faits.»

Une démarche qui «hausse le niveau du journalisme syrien», soutient-il, dans un pays où l'indépendance journalistique n'existait pas et où les journaux étaient peu lus. «Il y avait une blague avant la révolution qui disait que les Syriens achetaient la presse au kilo pour nettoyer les vitres», souligne Soazig Dollet, consultante indépendante sur les médias dans le monde arabe et responsable du bureau Moyen-Orient et Afrique du Nord à Reporters sans frontières de 2009 à 2014.

Reste que les conditions de travail difficiles dans un pays en guerre constituent un handicap majeur au développement du journalisme syrien, piloté par des rédacteurs en chef en exil.

Le seul journaliste professionnel d'Enab Baladi, Nabil Sharbaji, a été torturé à mort en prison. «Nous communiquons avec nos journalistes par messagerie cryptée, comme Telegram ou Signal», indique Jawad Sharbaji. «Nos sources, surtout dans les zones pro-régime, sont souvent anonymes, reconnaît-il, mais j'espère que cette mentalité changera petit à petit.»

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Nigeria: 14 morts dans 3 attentats-suicides (23.10.2017)


Mis à jour le 23/10/2017 à 16h04 | Publié le 23/10/2017 à 15h56

Trois femmes kamikazes se sont fait exploser hier soir à Maiduguri, capitale de l'Etat du Borno (Nigeria), faisant quatorze morts et dix-huit blessés, a-t-on appris de sources officielles lundi. "Pour l'instant nous avons recensé 14 personnes tuées et 18 blessés dans le triple attentat-suicide qui a eu lieu hier soir (dimanche)", a déclaré Ahmed Satomi, de l'Agence de gestion des urgences de l'Etat du Borno (SEMA).

"Le quartier de Muna Garage (un quartier où se sont déroulés les attentats) est vulnérable. Cette année, nous avons compté 13 attaques-suicides", a-t-il ajouté. "Je pense que nous devons renforcer la sécurité dans cette zone". Muna Garage se situe à la périphérie de la capitale du Borno. Sa gare routière est l'un des endroits les plus fréquentés de la ville et le camp de déplacés, où se sont réfugiés des milliers de personnes pour fuir les violences, n'ont ni portail ni protection.

Hier soir, "une première femme a déclenché sa ceinture explosive à 21H45 (20H45 GMT) devant un petit restaurant de rue", a rapporté une source militaire. "Quelques minutes plus tard, une autre femme a explosé dans le même quartier, juste devant l'entrée du camp de déplacés", a-t-il ajouté. La troisième femme, dont la ceinture n'a pas totalement fonctionné, n'a pas fait de victime.

Hier, une alerte avait été lancée à Maiduguri, après que de "nombreux membres du groupe Boko Haram eurent été aperçus rôdant autour de la ville", a expliqué la source militaire. Maiduguri, ville où a été fondé le groupe jihadiste nigérian, a retrouvé une paix relative, malgré des attentats sporadiques. Toutefois, la ville de Konduga, à 20 kilomètres de la capitale, est le théâtre de nombreuses attaques depuis quelques mois.

Nice: procès de 12 prévenus dans un trafic de cocaïne en Corse (23.10.2017)



Mis à jour le 23/10/2017 à 15h54 | Publié le 23/10/2017 à 15h16

Douze personnes suspectées d'être impliquées dans un trafic international de cocaïne qui alimentait les établissements de nuit et débits de boissons de la région de la Balagne en Corse, comparaissent depuis lundi devant le tribunal correctionnel de Nice où l'affaire a été dépaysée.

Le chef présumé du réseau, Anthony Barat, 33 ans, qui a grandi près de Calvi et a déjà été condamné à cinq ans d'emprisonnement en 2009 pour un braquage commis à Paris, est accusé d'avoir effectué plusieurs voyages aux Pays-Bas en 2014 pour se fournir en stupéfiants. Ils étaient ensuite écoulés sur l'Île-de-Beauté par ses deux lieutenants, Paul Leonardo et Tony Guichard. Les trois sont en détention provisoire, de même qu'un quatrième prévenu, François Guidoni. Les huit autres dont quatre femmes, sont placés sous contrôle judiciaire et comparaissent libres.

A la direction d'un trafic depuis la prison

Depuis la prison, Athony Barat aurait continué à diriger le trafic de stupéfiants, ses lieutenants, selon les enquêteurs, ayant poursuivi cette activité mais en s'approvisionnant cette fois dans les Bouches-du-Rhône. Tous nient leur implication dans ce dossier, à l'exception d'Anthony Barat qui a reconnu avoir à deux occasions ramené 250 g puis 160 g de cocaïne depuis Amsterdam, dans le premier cas pour dépanner un ami et dans le second pour sa consommation, et de François Guidoni qui admet la revente de stupéfiants.

Devant le tribunal, Anthony Barat, crâne rasé, veste chic et verbe facile, se décrit comme un "entrepreneur en débroussaillage et élagage", ayant toujours travaillé "au black", raison pour laquelle n'apparaît plus aucun mouvement sur ses comptes bancaires depuis 2010.

Des écoutes accablantes

Mis devant l'évidence de nombreuses écoutes téléphoniques accablantes et de témoignages à charge, Anthony Barat, auteur de violences volontaires en prison sur François Guidoni qui l'avait mis en cause avant de se rétracter, dit ne pas être "au courant". Le témoignage de son beau-frère, à qui il aurait confié être à la tête d'un réseau de trafic de drogue, s'expliquerait par "les problèmes psychologiques" et la "mythomanie" de ce dernier, selon lui.

Le trafic avait été mis au jour à l'occasion d'écoutes dans le cadre du dossier sur l'assassinat le 7 décembre 2012 en Corse de Jérémy Mattioni, dans lequel Barat a été mis en examen. Il est présenté comme un proche de Jean-Christophe Massiani, abattu en Balagne le 17 août 2014 au cours d'un guet-apens à la suite duquel Barat avait été amené à se mettre au vert chez sa soeur et son beau-frère en Haute-Savoie.

Lors de son interpellation, de nombreuses armes ont été trouvées à son domicile, dont plusieurs avec des balles déjà chambrées, ainsi qu'une cagoule et des talkie-walkie. Le procès est prévu jusqu'à vendredi. Les principaux prévenus encourent jusqu'à dix ans d'emprisonnement.

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Clermont-Ferrand: un étudiant poignardé (23.10.2017)


Par Le Figaro.fr 

Mis à jour le 23/10/2017 à 13h05 | Publié le 23/10/2017 à 12h15

Selon des informations de Var-matin un jeune étudiant a été retrouvé mort à Clermont-Ferrand, dans la nuit de samedi à dimanche. Deux autres personnes ont été blessées. Le drame s’est produit alors que deux soirées étudiantes se tenaient dans un immeuble de la ville. En tout, une trentaine de personnes étaient rassemblées. Ces deux groupes se sont retrouvées dans la rue aux alentours de 1h30 du matin.


C’est à cet instant que le jeune homme a été poignardé. D’après le vice-procureur de la République de Clermont-Ferrand "Il a reçu un ou plusieurs coups de couteau, mais personne n’a assisté à la scène". Gravement atteint, la victime a tenté d’alerter deux amis qui se sont interposés : l’un est blessé à l’œil, l’autre à la clavicule. L’agresseur se serait incrusté avec un ami dans l'une des deux soirées. Les deux individus sont recherchés par les services de police.
L’autopsie de la victime est prévue aujourd’hui.

Bagdad et Erbil se délivrent des mandats d'arrêt (23.10.2017)


Mis à jour le 23/10/2017 à 11h22 | Publié le 23/10/2017 à 11h11

Le Kurdistan irakien a délivré des mandats d'arrêt contre onze personnalités irakiennes, dont des dirigeants des unités paramilitaires du Hachd al-Chaabi, après que Bagdad a pris des mesures similaires à l'encontre de dirigeants kurdes. Le Parquet de la région autonome a indiqué aujourd'hui dans un communiqué avoir saisi un tribunal d'Erbil pour qu'il prenne des mesures judiciaires à l'encontre notamment de Qaïss al-Khazali, fondateur et leader d'une milice chiite souvent décrite comme patronnée par l'Iran.


Cette milice appelée Assaïb Ahl al-Haq (La Ligue des vertueux) fait partie du Hachd al-Chaabi et a participé aux côtés des troupes irakiennes à l'offensive pour repousser le groupe Etat islamique (EI) des territoires qu'il avait pris en Irak en 2014. Parmi les autres personnalités visées figurent notamment Rayane al-Chaldani, leader d'une milice chrétienne du Hachd présente notamment dans la province de Ninive (nord), ainsi que la députée chiite Hanane al-Fetlaoui.

Cette annonce intervient alors que plusieurs mandats d'arrêt ont dernièrement été émis par la justice à Bagdad contre des dirigeants kurdes, notamment le vice-président du Kurdistan irakien et dirigeant de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK), Kosrat Rassoul, visé pour des "propos provocateurs envers l'armée irakienne".

Une dizaine de jours auparavant, un tribunal de la capitale avait ordonné l'arrestation du président et des deux membres de la Commission ayant organisé le référendum d'indépendance du 25 septembre dans le Kurdistan irakien. Les relations entre Bagdad et Erbil sont devenues exécrables depuis ce référendum jugé illégal par le gouvernement irakien.

En réaction, les forces irakiennes viennent de reprendre aux Kurdes le contrôle de la province pétrolière de Kirkouk, qu'Erbil revendique, ainsi que d'autres zones dans le nord du pays où les combattants kurdes s'étaient déployés au fil des ans, de façon illégale selon Bagdad.

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Syrie: l'EI a "exécuté" 116 personnes (OSDH)


Mis à jour le 23/10/2017 à 10h28 | Publié le 23/10/2017 à 10h20

Le groupe Etat islamique (EI) a "exécuté au moins 116 civils" dans une ville du centre de la Syrie, avant d'en être chassé samedi par les troupes de Damas, a rapporté aujourd'hui l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

"Durant les 20 jours où il a contrôlé al-Qaryatayne, l'EI a exécuté au moins 116 civils en représailles, après les avoir accusés de collaboration avec les troupes du régime" de Bachar al-Assad, a indiqué à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de cette ONG qui dispose d'un vaste réseau de correspondants en Syrie.

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Toulouse: ils nomment leur enfant Jihad (23.10.2017)


Par Le Figaro.fr 

Mis à jour le 23/10/2017 à 14h14 | Publié le 23/10/2017 à 08h23

Des parents, habitant Léguevin (Haute-Garonne), ont décidé de nommer leur nouveau-né 'Jihad', selon les informations du site internet ActuToulouse. Mais dans le contexte actuel, un tel choix est-il accepté ?

La revue municipale indique que l'enfant est né le 2 août dernier. La mère a accouché à Toulouse, où l'état civil a été déclaré. Selon Actu Toulouse, la mairie a effectué un signalement au procureur de la République. Ce qui signifie qu'elle estime que le prénom 'Jihad' nuit à l'intérêt de l'enfant. Si le procureur le souhaite, il pourra saisir le juge des affaires familiales qui pourra demander la suppression du prénom sur les registres d'état civil. 

Abderrahmane Oumachar, cofondateur du Centre Toulousain de la Spiritualité Musulmane, confie à Actu Toulouse qu'au regard du climat actuel, on peut s'interroger pour le bien-être de l'enfant: «Ce prénom suscite des incompréhensions qui risquent de nuire à l’épanouissement de enfant, à son intégration».

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À la barre, le double langage d'Abdelkader Merah sur sa pratique de l'islam (20.10.2017)



Mis à jour le 20/10/2017 à 19h07 | Publié le 20/10/2017 à 18h49

Prosélyte mais pas djihadiste, «musulman orthodoxe» mais pas «musulman terroriste», il joue de subtilités et de biais.

Allah est venu à la rencontre d'Abdelkader Merah au volant d'un coupé Mercedes CLK, sous la forme humaine d'un dénommé Sabri Essid. À l'époque, le frère aîné de Mohamed Merah était un petit voyou des Izards, une cité de Toulouse. «Nous, les jeunes, on considérait l'islam comme moyenâgeux, raconte-t-il. Quand il est arrivé, Sabri Essid a mis une gifle au quartier. Il avait une barbe, des cheveux longs, des vêtements traditionnels, et nous a montré que les musulmans pouvaient aussi avoir des belles voitures comme la sienne, des belles femmes. Au bout de deux mois, la mosquée était bondée.»

En 2006, l'accusé, qui avait crié «vive Ben Laden!» le 11 septembre 2001, alors qu'il vivait loin des préceptes du Coran, est devenu un croyant prosélyte. Il arrangera le remariage de sa propre mère avec le père de Sabri Essid. Aux dernières nouvelles, celui-ci se trouve parmi ce qui reste de combattants de Daech en Syrie. L'histoire ne dit pas ce qu'il est advenu de son coupé Mercedes.


Il s'est converti car il n'avait pas «trouvé la paix intérieure» dans son précédent mode de vie, et pour soigner sa «tristesse de cœur»    

Accusé d'avoir été le complice de son frère Mohamed dans les tueries de mars 2012 revendiquées par al-Qaida, Abdelkader Merah est, enfin, questionné sur sa vision de l'islam. «Je suis un musulman orthodoxe, affirme-t-il. Je vis, je mange, je dors musulman.» Pendant toute l'audience de vendredi, il dévoile, plus encore que pendant les trois semaines écoulées, son don singulier pour le slalom coranique, évoluant sur le fil étroit qui marque la frontière entre l'orthodoxie religieuse et le terrorisme.

Il s'est converti car il n'avait pas «trouvé la paix intérieure» dans son précédent mode de vie, et pour soigner sa «tristesse de cœur». Auprès de Sabri Essid, lieutenant d'Olivier Corel et des frères Clain, considérés comme les principaux activistes salafistes de la région, il découvre que «l'islam n'est pas un costume qu'on enfile chez soi et qu'on retire en sortant. Il nous suit partout. Musulman, ça veut dire “soumis à son Créateur”. On utilise Internet, on ne vit pas dans des grottes. On interprète le Coran, il y a toujours des exégèses pour réactualiser les textes».

«Je ne reconnais pas les lois forgées par l'homme, je ne reconnais que celles d'Allah»
Abdelkader Merah

Le président: «La violence contre les “mécréants” est-elle autorisée?»

L'accusé biaise: «Il n'y a pas de haine de la personne, mais de la répulsion face à son idéologie.»
On en vient alors aux documents retrouvés chez lui en perquisition, dont plusieurs témoignent d'un intérêt certain pour l'islam guerrier. «Je ne reconnais pas les lois forgées par l'homme, je ne reconnais que celles d'Allah», énonce Abdelkader Merah sur le ton serein de l'évidence.

Le président: «Cela signifie-t-il que vous pourriez utiliser la violence?»

«Je souhaiterais mourir en musulman soumis à son Créateur»

L'accusé: «Aucunement.» Pour Abdelkader Merah, la démocratie est une religion parmi d'autres, avec laquelle il accepte de cohabiter, comme autrefois «le Prophète cohabitait avec les juifs et les chrétiens». Il précise que «ça ne nuit en rien à l'État français» et, pour illustrer sa conscience citoyenne, rappelle qu'il était «inscrit aux Assedic». Il poursuit: «L'islam ne nous appelle pas à renier nos origines. Je suis français musulman. Ma famille ne m'a jamais enseigné la haine des juifs, il y en avait dans le quartier, on jouait au foot avec eux. Jacob, Isaac, Ismaël… les grands prophètes étaient des Hébreux, on ne peut pas les dénigrer.»

Pour ce qui est du djihad, l'accusé le présente comme un sujet d'étude et de glose, nullement comme une pratique ou un idéal à mettre en œuvre. Il jure n'avoir fait allégeance à aucune organisation terroriste, se décrit comme un humble croyant, «niveau CP», certainement pas un maître à penser, concède que Mohamed Merah était un «musulman terroriste» et - jamais spontanément - «condamne» ses assassinats.

Me Laurence Cechman, partie civile, évoque les enregistrements de conversations au parloir entre Abdelkader Merah et sa mère. Échanges troublants, durant lesquels le détenu explique qu'il exige de voir les photos d'autopsie de son frère Mohamed, tué par le Raid, avant de parler au juge d'instruction. On se souvient de la déposition de son neveu, Théodore, que son oncle et une de ses tantes avaient tenté de convertir à un islam dur et morbide, lui proposant notamment de faire le «tour des morgues».

Abdelkader Merah slalome comme un beau diable pour ne pas dire qu'il considère son frère comme un martyr, car cela, seul Allah peut le dire.

Me Cechman: «Vous-même, souhaiteriez-vous mourir en martyr?»

L'accusé, toujours imperturbable: «Je souhaiterais mourir en musulman soumis à son Créateur.»
Reprise des débats lundi.

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Procès Merah ou la désintégration française (20.10.2017)

Par David Duquesne
Publié le 20/10/2017 à 16h06

FIGAROVOX/TRIBUNE - Le procès du frère de Mohamed Merah, Abdelkader Merah, entre dans sa 3ème semaine. Pour David Duquesne, ce procès met en lumière la faillite de l'Etat sur la question de l'immigration et de l'intégration.

David Duquesne est vice président de la France de Marianne, association citoyenne née à l'automne 2016.

Alors que se joue actuellement le procès d'Abdelkader Merah, frère du fameux faux «loup solitaire» de Toulouse et de Montauban, il faut saisir cette opportunité médiatique pour faire le bilan des cinq dernières années. C'est un doux euphémisme d'affirmer que ce procès bénéficie d'une couverture médiatique insuffisante.

Ce procès arrive après 5 ans de déni et de communication mensongère dans les médias par les politiques, mais aussi par les rédactions qui ont joué une propagande dangereuse en refusant de relater le réel de peur peut être de faire le jeu du FN.

Il y a une chaîne de production idéologique solidement installée sur notre territoire et tout est fait pour ne pas la remettre en cause.

Les attentats qui ont suivi ne sont que la suite logique d'un processus qui suit son cours et qui ira en s'aggravant puisque rien n'est fait pour s'attaquer aux causes de ces violences, qui sont le résultat d'un islam identitaire fort au sein de ce qu'on appelle, depuis 2002, les territoires perdus de la République.
Il y a une chaîne de production idéologique solidement installée sur notre territoire et tout est fait pour ne pas la remettre en cause, on assiste ainsi à des communications de diversions pour nous tenir à distance du réel qui fâche.

DÉNI COUPABLE DE LA CLASSE POLITIQUE ET MYTHOLOGIE DOUTEUSE

L'affaire Merah est symptomatique d'un déni coupable qui mine la classe médiatico-politique depuis près de 25 ans, sur une réalité désagréable, gênante et qui va à l'encontre d'un terrorisme intellectuel entretenu dès le milieu des années 80.

Depuis l'émergence du FN au début des années 80, s'est construite une mythologie douteuse qui a fait voler en éclat l'assimilation républicaine dans notre pays et cela concerne les dernières populations arrivées en France qui étaient issues du regroupement familial, ou de l'immigration en provenance des pays à majorité musulmane.

L'arabe, le nord africain, le musulman d'origine maghrébine était le nouveau juif, toute volonté de dénoncer les difficultés d'intégration et d'assimilation était interprétée comme une volonté cachée de commettre un holocauste!

La rhétorique haineuse du Front National à cette époque fut brandie en épouvantail face à tout questionnement légitime sur ce sujet épineux.

A partir du moment où le FN confisquait certaines thématiques, il n'était plus possible d'en parler sans être

A l'insécurité culturelle et physique s'est ajoutée l'insécurité intellectuelle de peur d'être assigné à la fachosphère qui peut entraîner une mort sociale.

accusé de faire le jeu du FN et de courir derrière lui pour défendre une France identitaire blanche et catholique intégriste.

A l'insécurité culturelle et physique s'est ajoutée l'insécurité intellectuelle de peur d'être assigné à la fachosphère qui peut entraîner une mort sociale.

Parallèlement à la mise en place de ce bouclier immunitaire s'est constitué le développement d'une contre société au sein du pays dans les banlieues communautarisées. Cela s'est traduit par la mise en place de valeurs culturelles normatives venant des pays d'origine, qui subissent depuis le début des années 80, une offensive idéologique des théocraties du golfe.

Cette offensive s'est illustrée par l'arrivée des paraboles qui transportaient dans leurs programmes un autre mode de vie, d'autres valeurs culturelles qu'on retrouve dans de nombreuses banlieues, mais aussi des conflits politiques.

La venue en nombre de prédicateurs de théocraties arabes permettait de prendre le contrôle des centres religieux des quartiers.

L'Algérie, par exemple fut confrontée à cette offensive, et après avoir vaincu par les armes l'islamisme, est en train de perdre la guerre idéologique en ayant cédé aux salafistes afin de préserver la paix sociale. C'est ainsi que nous avons vu débarquer en 1989, le fameux voile à Creil alors que le FIS avait pénétré le cœur de la population algérienne en partant des universités.

La nature des régimes arabes et nord africains a beaucoup aidé la propagation de l'islam politique, cet islam littéraliste qui veut appliquer les textes tels qu'ils étaient appliqués dans le monde musulman à l'époque des califes.

En effet dans ces pays, même si leurs leaders autoritaires combattaient les religieux trop ambitieux, ont été mis en place des programmes scolaires où le religieux identitaire, la haine des juifs et d'Israël ainsi que la rancœur contre les ex-colonisateurs se partageaient des parts de marché considérables très populaires dans l'opinion publique arabe et nord africaine.

Ces normes identitaires, revanchardes ont été importées chez nous par divers canaux, et il a été facile pour les islamistes d'en ramasser les fruits mûrs.

Ces normes identitaires furent non seulement des obstacles à l'intégration de nombreux enfants issus de cette immigration mais qui plus est, pouvaient les préparer mentalement à la radicalisation islamiste.

REFUS DE L'ALTÉRITÉ

L'islamisme est l'outil qui est utilisé pour résister à la modernité, voir détruire ce qui est peu toléré dans les pays musulmans, c'est-à-dire l'altérité.

L'islamisme flambe chez nous car il vient de la confrontation de notre mode de vie à une vision du monde importée de pays liberticides. L'islamisme est aussi une résistance dans les pays musulmans à une libéralisation de la pratique religieuse vue comme un danger pouvant menacer l'islam et détruire la cohésion des sociétés musulmanes traditionnelles.

L'islamisme est l'outil qui est utilisé pour résister à la modernité, voir détruire ce qui est peu toléré dans les pays musulmans, c'est-à-dire l'altérité.

Tant que l'altérité ne sera pas acceptée positivement dans les pays musulmans et que certains de nos musulmans, en Occident, entretiendront un rapport charnel avec ce refus de l'altérité issu des pays d'origine, nous aurons de l'islamisme.

Et tant qu'on ne sera pas fiers de ce que nous sommes et de notre pays, nous ne pourrons pas faire adhérer des gamins, qu'ils soient musulmans ou pas, au pacte social républicain en France, surtout si ces enfants sont sous l'influence de parents idéologisés ou de groupes de pressions communautaires dominateurs dans ce qu'on appelle les «territoires perdus de la République».

Les crimes de Merah, en pleine campagne présidentielle, ont jeté l'effroi dans l'opinion publique à l'époque, et tout le monde s'attendait à voir désigner comme meurtrier un identitaire proche du FN. Personnellement j'étais dans le doute car je ne voyais pas un identitaire blanc s'attaquer à des hommes en uniformes servant la France.

Je n'ai guère été étonné quand on a découvert l'identité du tueur au scooter, je me suis dit «voilà on y est», car fort de mes observations et vécus personnels, et alarmé par le travail du collectif autour de Georges Bensoussan avec les fameux «territoires perdus de la république», je m'attendais à une explosion des violences identitaires au travers de l'islam politique.

On perçoit toute l'horreur du contexte dans l'enregistrement de la mère en train d'affirmer que «le prophète autorise les musulmans à tuer les enfants des juifs!»

Ce qui va suivre les crimes de Merah sera beaucoup plus révélateur et les vraies causes seront minimisées , voire cachées par nos médias et nos politiques.

Alors qu'on nous vend l'hypothèse d'un loup solitaire, le frère aîné de Mohamed Merah, Abdelghani dénonce dans son livre, «Mon frère, ce terroriste», que toute sa famille, à part lui, est radicalisée, que son frère Abdelkader se fait appeler Ben Laden et que ce dernier a failli le tuer en le poignardant car il avait comme compagne une femme d'origine juive!

On perçoit toute l'horreur du contexte quand il enregistre sa mère en train d'affirmer que «le prophète autorise les musulmans à tuer les enfants des juifs!», on pourrait relativiser cela a une famille, mais Abdelghani donne un témoignage glaçant dans son livre, «Lorsque les médecins légistes ont ramené son corps à la maison, des gens sont venus, ils faisaient des youyous, ils disaient qu'il avait mis la France à genoux, qu'il avait bien fait, mais estimaient regrettable qu'il n'ait pas tué plus d'enfants juifs....»

Contexte qui rejoint cette scène surréaliste où Latifa Ben Ziaten, mère d'un des soldats tués, s'entend dire par de nombreux gamins du quartier que Mohamed Merah est un modèle, un Shaheed, un héros de l'islam!

À partir de cette séquence, et avec l'arrivée de François Hollande au pouvoir, le réel sera chassé de notre vue médiatique et politique, et ce sera Charlie, l'hypercasher, le Bataclan, Nice, Magnanville qui viendront percuter le déni collectif organisé auquel on opposera des bougies et des nounours pour affirmer un «vivrensemblisme» forcené!

«Vous n'aurez pas ma haine!». Voilà le slogan martelé!

Nul ne veut mettre en avant le fait que nous sommes confrontés à un substrat culturel haineux envers la France et tout ce qui n'est pas musulman, dont la haine du juif tient une place prépondérante.

Nul ne veut mettre en avant le fait que nous sommes confrontés à un substrat culturel haineux fort envers la France et tout ce qui n'est pas musulman, dont la haine du juif tient une place prépondérante.

On découvre donc au fur et à mesure des attentats des loups solitaires pas si solitaires que cela, qu'ils sont issus de familles radicalisées, et que souvent celles-ci sont complices ainsi que l'entourage proche.

Aucune analyse sérieuse ne sera faite sur cette réalité, bien au contraire l'historien Georges Bensoussan sera poursuivi devant la justice pour avoir décrit un antisémitisme culturel chez de nombreux Maghrébins.

Cet antisémitisme trouve deux sources qui se rejoignent, elles sont politiques et religieuses, le conflit israélo-palestinien fait flamber les passions et le rôle des chaînes arabes ont joué un rôle important dans cet antisémitisme nommé pudiquement antisionisme.

On peut aussi se poser des questions sur la propagande pro palestinienne organisée en France par une grande partie de la gauche, pour des raisons électorales évidentes, mais aussi par nos médias et notamment le service public, multipliant les reportages à charge contre l'État israélien.

Cette gauche pro palestinienne a été irresponsable et a contribué à armer mentalement les djihadistes et autres gangs des barbares et agresseurs isolés de juifs.

La source religieuse de cette animosité envers les juifs se trouve à la genèse du Djihad, lorsque selon les textes du corpus de l'islam, les juifs de La Mecque refusèrent l'allégeance au prophète, le texte du coran affirmant même que les juifs comme les chrétiens auraient falsifié la parole de Dieu, ceux-ci ne pouvant être tolérés qu'en tant que croyants de seconde zone derrière la Oumma qui serait la meilleure des communautés qu'Allah ait créée.

Comment peut-on tolérer que des juifs soient maîtres de leurs destins en intégrant comme vérité absolue de telles affirmations?

Ce tableau noir et inquiétant nous est caché depuis 15 ans par les médias et les politiques, et pire, rien n'est engagé contre cette contre société qui grandit au sein de notre nation et qui ressemble par bien des aspects à certaines populations antisémites et patriarcales anti-dreyfusardes du début du XXème siècle qui présageaient d'actions peu glorieuses durant l'occupation!

A cette dimension pré fasciste, on peut y ajouter une pensée bigote obscurantiste magique et médiévale qui se gargarise d'un manichéisme terrifiant. Bien évidemment tous les musulmans ne sont pas dans cette catégorisation identitaire, mais la partition culturelle et territoriale en cours de certains quartiers laisse à penser que ce processus est assez fort pour qu'on ne s'y oppose pas de peur de déclencher des violences cataclysmiques.

Que peut-on attendre du locataire actuel de l'Élysée qui ne voit que des électeurs, des consommateurs et de fervents croyants invités à vivre de façon intense leur foi au sein de la République!

La France aurait elle réagit de la même façon si les enfants tués n'avaient pas été juifs?

Si un identitaire blanc ou un juif avait massacré des enfants musulmans, que se serait-il passé?

Les meurtres gratuits de juifs mettent les Français face à une histoire difficile à porter, et que certains assument lâchement au travers de barbares de circonstances.

UN ISLAMISME HORS DE CONTRÔLE

Plus de cinq ans après les faits et après plusieurs centaines de morts, aucune analyse sérieuse n'est donnée, on temporise en cédant à l'islamisme dans toutes les strates de la société, espérant peut-être la clémence de nos ennemis.

Pire, une logique du djihadiste non responsable de ses actes, car produit de notre société qui, raciste et islamophobe, laisserait dans la misère les musulmans de notre pays, est diffusée dans nos médias, dans nos universités, dans les arts et spectacles («Moi la mort je l'aime comme vous aimez la vie» de Mohamed Kacimi, un colloque islamiste annulé avec regret par l'université de Lyon 2 alors que Jean Louis Bianco président de l'observatoire de la laïcité avait donné son accord, doctorantes en sociologie indigénistes et fréristes couvées par des universitaires de renom).

Affirmer que la France est raciste et discriminante c'est charger de revanche celui qui est confiné dans la position de victime, c'est lui refuser de s'émanciper de la rhétorique haineuse entretenue dans les pays d'origine.
Cette rhétorique fut tenue par Ramadan chez Taddeï le 3 octobre 2017 sur Europe 1 au sujet du meurtrier des deux jeunes filles de Marseille, et on la devine dans la pièce de Mohamed Kacimi où celui-ci présente le tueur au scooter comme un paumé victime d'une société violente qui décide d'aller tuer entre une partie de jeux vidéo et une pizza.

Mohamed Merah serait donc une victime d'un système politique et économique pensé pour opprimer les musulmans, un régime post colonial raciste et de discrimination systématique.

Mohamed Merah serait donc une victime d'un système politique et économique pensé pour opprimer les musulmans, un régime post colonial raciste qui maintient volontairement les musulmans dans des zones d'exclusions urbaines et les discriminerait systématiquement sur le marché de l'emploi et du logement.

Cette logique finit par rejoindre la logique des indigènes de la République qui promet d'éradiquer la «blanchit» au nom des luttes intersectionnelles qui agrègent autour de revanchards de la guerre d'Algérie, des «repentis» de l'Occident impérialiste et des communautaristes issus de nos anciennes colonies incapables de se projeter ailleurs que dans une logique de conflit permanent entre groupes ethnico-religieux.

Mais ne nous y trompons pas, l'objectif derrière cette cohorte hétéroclite demeure le suprématisme islamique: il choisit temporairement le vecteur marxiste qu'il racise à dessein par opportunisme stratégique.

L'islamisme peut, bien sûr, se servir de façon pragmatique du libéralisme via le djihad corrupteur des théocraties du golfe, il peut aussi se servir de l'alliance objective d'une partie de la gauche ne voyant que des damnés de la terre dans les immigrés musulmans en jouant de la victimisation à outrance, mais l'islamisme a son propre calendrier et ses objectifs sur le long terme.

Peu de gens sont capables de comprendre les problématiques et la dynamique de l'islamisme car trop occidento-centrés et prisonniers de grilles de lectures idéologiques qui aveuglent leurs visions.

Mais personne ne peut contester qu'une culture du «Nique la France» s'est développée au sein de notre pays dans certains quartiers, si des causes sociales et économiques sont souvent convoquées par réflexes idéologiques, on peut s'interroger sur le substrat culturel haineux importé par les islamistes et par les propagandes des théocraties arabes.

Quand on cultive dans certaines familles musulmanes nord africaines, dans des proportions difficiles à cerner, un ressentiment anti France ainsi que du mépris envers l'enseignement qui est proposé puisque venant de «mécréants racistes», pourquoi s'étonner d'autant d'échecs qui se traduiront par de grandes difficultés à trouver une place plus tard sur le marché du travail.

Un simple exemple, si dans une famille on ressasse que la femme occidentale, non voilée de surplus, est une pute non respectable et qu'à la maison, la mère et les sœurs sont cantonnées au rôle de bonniches, qu'on voit des cousines avec des mariages arrangés, que le discours machiste est généralisé dans le quartier, comment voulez vous que le petit garçon éduqué dans ce bain culturel, respecte son enseignante, et qu'il s'intéresse à ce qu'elle raconte?

Pourquoi voulez-vous qu'il tolère des femmes non voilées dans l'espace public? Pourquoi voulez-vous qu'il accepte de jouer le jeu de l'intégration républicaine? Fort de ses carences scolaires, quelles sont ses chances sur le marché du travail? Et s'il trouve un boulot avec peu de qualifications, va t il accepter d'être dirigé par un mécréant? Un juif? Une femme? Va-t-il être satisfait de gagner 1300 euros à temps plein quand certains grands frères dans le quartier roulent en voitures de luxes?

L'islam politique s'est répandu par le contrôle des femmes et l'infiltration des universités en Iran et en Algérie, nous sommes prévenus!

Quelle vision d'elle-même va développer une petite fille musulmane face à de tels tableaux domestiques et locaux? Choisira-t-elle l'émancipation par les études ou se servira-t-elle de ses études pour affirmer cette identité diminuée de sa féminité au nom d'une liberté dévoyée?

L'islam politique s'est répandu par le contrôle des femmes et l'infiltration des universités en Iran et en Algérie, nous sommes prévenus!

En France, l'islamisme est hors de contrôle dans les quartiers périphériques des grandes villes, il gagne les villes moyennes et le monde rural, et est «honoris causa» dans les enseignements universitaires en sociologie où les pensées fréristes et indigénistes sont choyées et encouragées.

Les meurtres de Montauban et Toulouse étaient l'occasion de retenir les leçons du déni de 2002 après la parution des «territoires perdus de la République» par un collectif autour de Georges Bensoussan, les travaux de Charles Rojzman dans les années 90 ont été tout autant ignorés.

Le déni et l'absence de débats sur ce sujet demeurent très inquiétants, il est temps que des analyses dignes de ce nom soient établies, ainsi qu'un état des lieux précis afin qu'une stratégie nationale soit mise en place pour reconquérir ces zones identitaires très déstabilisatrices pour notre pacte social républicain.

De nombreuses associations citoyennes et laïques se battent au local et sont ignorées par les politiques, il est impératif de les consulter et de tenir un langage de responsabilité devant la nation car il n'y a pas de raison qu'une mécanique infernale s'arrête en lui opposant des slogans de paix, de tolérance et d'amour pendant que des prêches haineux s'accompagnent de l'escroquerie d'une victimisation qui confine à la paranoïa communautaire.

UNE FUITE EN AVANT CRIMINELLE
Le procès qu'on refuse de faire est celui des politiques, tant au local qu'au national, qui ont refusé de voir le danger, qui l'ont potentialisé pour diverses raisons.

Le procès qu'on refuse de faire est celui des politiques, tant au local qu'au national, qui ont refusé de voir le danger, qui l'ont potentialisé pour diverses raisons.

Pour lutter contre la délinquance, ils ont laissé le champ libre aux religieux sponsorisés par les pétromonarchies et une fois la bête immonde installée, ils ont négocié le vote communautaire et sont devenus les obligés des islamistes!

Finalement ils ont eu à la fois la délinquance et l'islamisme avec des individus hybrides aguerris aux violences nés de l'impéritie de certains de nos édiles.

Le refus de l'évaluation des politiques de la ville et la volonté de ne pas lier territoires perdus de la République et djihad relève de cette fuite en avant criminelle vis-à-vis de ceux qui seront victimes de l'islam politique dans les mois et années à venir.

Il est plus que temps de revenir au réel et de tirer les conséquences de ces erreurs dramatiques qui hypothèquent notre bien commun, notre pacte social républicain mais aussi notre démocratie avec la poussée des populismes.

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Merah : l'interrogatoire stérile d'un accusé qui biaise et esquive (13.10.2017)



Mis à jour le 13/10/2017 à 20h32 | Publié le 13/10/2017 à 19h21

Aucune question ne déstabilise l'accusé qui joue d'intelligence pour se défausser.

Un procès est une machinerie complexe. Pour produire ce pourquoi il a été pensé - la manifestation d'une vérité judiciaire -, chaque rouage doit y jouer son rôle. Force est de constater que, depuis deux semaines, les engrenages tournent à vide aux assises de Paris. Et ce, sous le regard des proches des sept victimes de Mohammed Merah, qui doivent se demander à quoi riment ces escarmouches entre avocats des deux camps, que personne ne sait contenir, et ces questionnements filandreux dont il ne sort pour ainsi dire rien de nouveau.

Le planning absurde fixé par le magistrat renvoie au 20 octobre l'étude du parcours religieux de l'accusé

Le premier interrogatoire d'Abdelkader Merah sur le fond, vendredi, illustre parfaitement le sur-place duquel la cour est prisonnière. Pendant plus de deux heures, le président pose au frère du massacreur islamiste de Toulouse des questions sans qu'une seule soit de nature à le déstabiliser. Le planning absurde fixé par le magistrat renvoie au 20 octobre l'étude du parcours religieux de l'accusé: dans un procès de cette nature, il est curieux de lier les mains de l'accusation en lui interdisant d'explorer le terrain de la radicalisation d'un supposé complice de l'assassin. Il est tout aussi malhabile de donner un argument à la défense, qui soutiendra sans doute - elle a versé aux débats un arrêt du Conseil constitutionnel - qu'on veut faire d'un élément de personnalité un élément à charge, voire une bouée de secours faute de preuves solides. D'autant qu'Abdelkader Merah est un homme intelligent. Il sait très bien à quel moment «ouvrir une parenthèse» pour noyer un poisson potentiellement gênant, ou se retrancher derrière le planning pour repousser une réponse aux calendes grecques.

Asocial violent

Vendredi, donc, le président interroge l'accusé sur les jours qui ont précédé le premier crime de son frère (le 11 mars 2012), et notamment le vol par ce dernier d'un scooter, le 6 mars. Sans surprise, M. Merah ressert la thèse - non battue en brèche à ce jour par l'accusation - d'un forfait commis par opportunisme, lorsque son cadet aperçoit un puissant Yamaha T Max stationné avec les clés sur le contact. Pour le reste, il admet qu'il a pu être un modèle pour Mohamed Merah, mais «à l'époque de la délinquance», pas après sa «conversion à l'islam». Or, il n'est pas ici question de crimes de droit commun, et il se trouve qu'une branche d'al-Qaida a revendiqué la folie meurtrière d'«Abou Youssouf», surnom du djihadiste Mohamed Merah. Mais la religion, c'est pour le 20 octobre.

«Les gens de votre monde, de la bourgeoisie, ils voient ça, c'est sûr, ils courent appeler le 17, direct. Mais dans les quartiers, un vol de scooter, ce n'est pas quelque chose d'exceptionnel.»
Abdelkader Merah

Le président, toutefois, s'étonne que l'accusé, musulman pratiquant à l'époque des faits, non seulement ne s'offusque pas davantage quand il comprend que son frère vient de voler le bien d'autrui, mais encore qu'il l'accompagne dans la foulée acheter un blouson adapté à la conduite des deux-roues. Blouson que, généreux et peu rancunier, il finance en grande partie. Roué, M. Merah se place sur le terrain sociologique pour répliquer: «Les gens de votre monde, de la bourgeoisie, ils voient ça, c'est sûr, ils courent appeler le 17, direct. Mais dans les quartiers, un vol de scooter, ce n'est pas quelque chose d'exceptionnel. Disons que j'ai passé un moment désagréable.»

Abdelkader Merah affirme aussi qu'il a été longtemps brouillé avec son frère, dépeint par de nombreux témoins comme un asocial violent, et qu'ils se sont réconciliés «trois semaines ou un mois» avant son arrestation, soit fin février 2012 (l'aîné a été interpellé le 21 mars, le cadet, assiégé depuis le même jour, a été tué par la police le 22). «Le Coran appelle à la réconciliation», justifie l'accusé qui piétine le planning quand cela l'arrange. Il note aussi qu'il avait trouvé son frère «joyeux». Comme, peut-être, un djihadiste qui sait que son paradis est proche. Reste à savoir en quoi Abdelkader Merah a, en mars 2012, contribué à la joie sinistre d'«Abou Youssouf».

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Chroniqueur judiciaire, chroniqueur gastronomique, en alternance ou en simultané.

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Abdelkader Merah, du «Jack Daniels» à l'islam intégriste (03.10.2017)



Mis à jour le 03/10/2017 à 19h23 | Publié le 03/10/2017 à 19h12

Personnalité complexe, le frère aîné du « tueur au scooter » était un petit voleur buveur et cogneur avant de se «convertir».

Le 11 septembre 2001, Abdelkader Merah avait 19 ans. Il était descendu dans les rues de sa cité toulousaine aux cris de «Vive Ben Laden!», comme d'ailleurs beaucoup de ses copains de l'époque. Il avait peut-être semblé plus enthousiaste que d'autres, car il avait gagné le sobriquet de «grand Ben Ben» ou de «Ben Laden». Son frère cadet Mohamed, futur «tueur au scooter», était, lui, devenu le «petit Ben Ben». «On me surnommait aussi Jack», comme le bourbon Jack Daniels, précise opportunément Abdelkader Merah, qui n'a pas toujours été sobre.

Un interminable interrogatoire de personnalité

D'un calme olympien au terme d'un interminable interrogatoire de personnalité, l'accusé a, d'entrée de jeu, montré qu'il allait donner du fil à retordre à l'accusation. Car sa personnalité est complexe: d'abord petit voyou buveur, cogneur, voleur et fumeur de joints, il se «converti(t)» à l'islam intégriste - bien que né en 1982 dans une famille musulmane -, en 2008. Habilement, il navigue entre ces deux facettes de son identité, «Jack» quand cela l'arrange, mais jamais plus Ben Laden. «J'étais en perte de modèle identificateur, un enfant qui ne savait pas où il était», indique-t-il pour évoquer l'ère Jack. Sa «conversion» marque, à l'en croire, une rupture totale avec son passé: «L'islam permet à l'homme d'acquérir une certaine marge de sagesse», professe le grand barbu du box. Il se défend de tout prosélytisme - l'accusation estime qu'au contraire c'est lui qui a entraîné Mohamed sur le chemin du djihad -, parce que «l'islam ne s'impose pas, il se transmet».

Rejeton d'une famille nombreuse originaire d'Algérie, il la décrit comme «parfaite» jusqu'au divorce de ses parents

Rejeton d'une famille nombreuse originaire d'Algérie, il la décrit comme «parfaite» jusqu'au divorce de ses parents ; là, tout devient «chaotique». «Il ne faut pas comparer votre mode de vie et le nôtre», met en garde celui qui a la double nationalité française et algérienne. Il organise le remariage de sa mère, se brouille avec l'une de ses sœurs parce qu'elle s'est, elle, mariée sans son consentement, épouse religieusement sa compagne actuelle en dépit du refus de sa famille à elle. Un curieux mariage, célébré «par téléphone» faute de festivités, qui lui suffit amplement: «Au regard de notre Créateur, je suis marié.» Une fois revenu d'un voyage au Caire dont il sera question la semaine prochaine - le président, pour une raison obscure, a souhaité séparer la religion de la personnalité de l'accusé, ce qui nuit singulièrement à la fluidité des débats -, il s'installe en lisière de village pour, prétend-il, se soustraire aux si navrants «actes de turpitude et de débauche» citadins.

Le fantôme de «Jack» le poursuit-il? Voilà ce pieux lecteur du Coran, retiré de la ville corrompue, se contentant du portable de sa femme avec un abonnement à trois numéros gratuits, qui multiplie les crédits à la consommation sur la foi de faux bulletins de paye, et se ruine en Caméscope, moto, voiture, etc., pour un total de près de 50.000 €. «Un dérapage dans mon parcours religieux», admet-il. Finalement, ces turpitudes l'arrangent bien: moins il apparaîtra comme un bon musulman, plus il sera difficile de prouver qu'il était un djihadiste intraitable sur les principes. À cette nuance près qu'on sait aujourd'hui que Mohamed Merah, qu'on voyait plus souvent en boîte de nuit qu'à la mosquée, avait bien donné le change, avant ses massacres de mars 2012.

«J'aimerai toujours mon petit frère»

Que pense-t-il, justement, de ces actes? Une fois interpellé, Abdelkader Merah accumule les déclarations tonitruantes devant les policiers et les juges. Il se dit «fier de (son) petit frère» tombé les armes à la main, proclame que ceux qui n'aiment pas les armes sont «des homosexuels», affirme que la seule loi à laquelle il se soumet, c'est celle d'Allah. C'était sous le coup du chagrin, et pour «ne pas déshonorer» la mémoire du terroriste, qui n'en demeurait pas moins son frère de sang et de foi, justifie-t-il à présent. «C'était un musulman pécheur, un musulman tueur si vous voulez», concède-t-il sans résistance à ses contradicteurs. L'Abdelkader Merah de 2017 est «fier d'être français et fier d'être musulman». Le fantôme de «Ben Ben» veille-t-il au grain? Quand on lui demande s'il respecte les lois de la République, il glisse un énigmatique «oui, quand elles sont bonnes» et profite du planning biscornu du président pour remettre ses explications sur ce point troublant au 13 octobre, quand il sera officiellement autorisé de parler d'islam à la cour d'assises qui juge le complice présumé d'un assassin islamiste.

Un avocat partie civile tente de le piéger: «Est-il plus grave de tuer un juif qu'un musulman?» (Mohamed Merah a tué des juifs et des musulmans).

L'accusé: «L'islam interdit de tuer, que ce soit un juif, un musulman, un chrétien ou un bouddhiste.»

Un deuxième: «Avez-vous honte du surnom Ben Laden?»

L'accusé: «Certaines personnes disent que le 11 Septembre, c'est un complot…»

Un autre lui demande sa position sur les crimes de son frère.

L'accusé: «J'aimerai toujours mon petit frère. Mais bien sûr, je condamne ses actes.»

Un autre encore: «Selon vous, repose-t-il en enfer ou au paradis?»

L'accusé, du tac au tac: «Je ne suis pas Dieu.»

Ainsi se présente devant ses juges le frère de l'homme converti un an après lui et qui a tué de sang-froid sept personnes au nom de l'organisation du vrai Ben Laden. Abdelkader Merah le jure: «Depuis ma conversion à l'islam, je n'ai pas volé un bonbon.»

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Procès Merah : «Abdelkader restera un danger», dit son frère (16.10.2017)


Par Caroline Piquet et Julien LicourtMis à jour le 17/10/2017 à 06h08 | Publié le 16/10/2017 à 08h31
Abdelkader Merah est accusé d'avoir sciemment facilité "la préparation" des crimes de son frère Mohamed en l'aidant notamment à dérober le scooter utilisé lors des assassinats de sept personnes, dont trois enfants juifs, entre les 11 et 19 mars 2012 à Toulouse et Montauban.

TOUT LE LIVE LES ESSENTIELS

ORDRE DES POSTS

TERMINE : Fin du direct : 17/10/2017 à 06:08

16/10/2017 à 22:29

L'audience est lévée

Fin de ce live, qui a duré plus de 11 heures 30.

Demain, vous pourrez à nouveau suivre le procès en direct à partir de 9 heures.

A demain.

16/10/2017 à 22:12

Un numéro de téléphone d'Aïcha Merah trouvé en prison

L'avocate générale indique qu'un numéro de téléphone d'Aïcha Merah inscrit sur un papier a été trouvé sur Abdelkader Merah en prison. "Avez-vous eu Abdelkader Merah au téléphone depuis qu'il est en détention ?" demande l'avocate générale "Je me souviens d’un bout de mail (d'Abdelkader), répond-elle. Mais sincèrement je ne me souvient pas lui avoir téléphoné en détention."

16/10/2017 à 21:55

Aïcha Merah indique avoir coupé les ponts avec sa famille

"Je ne vois plus personne depuis 5 ans, mis à part ses neveux, explique Aïcha Merah. J'ai refusé de voir Théodore (l'un de ses neveux, fils d'Abdelghani Merah, NDLR), car je pensais que cela pouvait être un coup bas de son père."
16/10/2017 à 21:50

Au tour de l'avocate générale

L'avocate générale prend la parole, après quelques courtes questions des parties civiles. Naïma Rudloff explique qu'Aïcha Merah a dressé un "portrait, par petites touches, d’Abdelkader Merah, qui ne correspondent pas aux éléments du dossier".

16/10/2017 à 21:37

"Sois fier de ton fils, il est mort en moudjahidine"

Aïcha Merah affirme avoir vu son frère, Abdelghani - auditionné quelques minutes avant elle - dire à sa mère: "Sois fière de ton fils, il est mort en moudjahidine." Abdelghani Merah a pourtant déclaré ne pas s’intéresser à la religion et a fermement condamné les crimes de son frère Mohamed Merah. Cette phrase sème le trouble dans la salle et entraîne de nombreux murmures dans la salle.

16/10/2017 à 21:17

Le dernier dîner avec Mohamed Merah

Aïcha Merah évoque le dernier repas pris avec Mohamed Merah, en compagnie d'Abdelkader Merah, dans une pizzeria. C'était le 15 mars 2012, alors que Mohamed Merah avait tué deux militaires l'après-midi même à Montauban. Ils passent trois heures ensemble. "On a discuté de Mohamed, de la violence qu’il a vécue, explique-t-elle. On a beaucoup discuté de notre famille. Il m’a parlé de ses voyages, d’être allé au pied de l’Himalaya, du coucher de soleil du Sinaï."

"Je ne l'avais pas vu depuis deux ans, c'est donc difficile de dire si Mohamed Merah était normal ou pas ce soir-là."

16/10/2017 à 21:10

Aïcha Merah : "On a conclu un deal avec mon frère et ma soeur"

"Mohamed Merah était à la fois un ange et un démon, explique sa soeur, qui donne un exemple: c’était Noël, j’avais préparé une bouteille de vin pour Noël et le Nouvel An, mon père était là. Mohamed a pris la bouteille et l’a jetée." Cela à cause de sa radicalisation religieuse. 

Avec son frère Abdelkader et sa soeur Souad, elle explique avoir passé "un deal". "Moi je ne crois pas en Dieu. On a conclu une espèce de deal entre nous. On s’acceptait comme on était, on essayait de passer au-dessus de cela. Je ne critiquais pas le voile de ma sœur, elle ne me critiquait pas mes robes. C’était la même chose avec Abdelkader. Je n’allais pas avec lui dans les mosquées, il ne venait pas dans les bars ou les concerts."

16/10/2017 à 21:00

Aïcha Merah évoque à son tour la violence dans la famille

A son tour, Aïcha Merah évoque le climat de violence dans la famille. "Il y a eu deux périodes dans la famille, avant et après le divorce demandé par ma mère. Avant, on était une famille normale. A partir du divorce, cela a été la descente aux enfers. Mes oncles ont pris le pouvoir. Abdelghani était violent et il a entraîné Abdelkader dans cette violence." A la question de savoir s'il y avait des propos antisémites dans la famille, elle répond : "Moi je n’ai pas vécu dans un climat antisémite. Ma mère n'a eu que des médecins juifs."

Elle estime que sa mère n'avait d'yeux que pour ses trois fils, Abdelghani, Abdelkader et Mohamed. "Ma mère était incapable de nous élever, d'autant que nous habitions dans un quartier un peu chaud."

16/10/2017 à 20:47

Aïcha Merah se présente en pleurs à la barre

La sœur d'Abdelkader Merah et de Mohamed Merah, Aïcha Merah, cheveux longs et bouclés, veste noire et jean, se présente en pleurs à la barre, visiblement très émue, elle respire fortement. Le président lui explique qu'elle peut s'asseoir en cas de problème. Elle avait préparé un texte, mais le président lui explique qu'elle ne doit pas lire. Comme elle est dans l'impossibilité de parler toute seule, le président décide de passer directement à la phase de questions.

Abdelkader la regarde fixement.

16/10/2017 à 20:45

Audition du dernier témoin prévu aujourd'hui

L'audition de Nasser B. n'a duré qu'une vingtaine de minutes après les 3 heures d'audition d'Abdelghani Merah. 

16/10/2017 à 20:33

Le carrossier a vu les frères Merah, ensemble, peu avant les meurtres

Le carrossier dit avoir vu les frères Merah, ensemble, fin février, début mars.

Mohamed Merah voulait alors qu'il répare un pare-choc pour sa Clio.

Nasser B. : Je n'avais pas le temps. Je l'ai envoyé chier.

Le président : Que se passe-t-il alors ?

- Il revient avec son frère Abdelkader et redemande que l'on répare son pare-choc.

- Que faites-vous alors ?

- Je l'ai envoyé chier aussi.

16/10/2017 à 20:26

Mohamed Merah avait de "la force de travail"

De Mohamed Merah, le carrossier, un peu bourru, explique que c'est un "garçon des quartiers qui voulait sa chance". "Lui a raté le coche, d’autres s’en sont sortis. J'ai formé six jeunes qui n'avaient rien et qui sont aujourd'hui patron. Mohamed Merah avait la force de travail, c’était un garçon doué, intelligent."

16/10/2017 à 20:19

Reprise de l'audience

L'audience reprend avec Nasser B., carrossier, connu comme étant le dernier employeur de Mohamed Merah. Casquette grise dans la main, veste grise sur les épaules, il s'exprime de manière parfois difficilement audible. 

16/10/2017 à 20:02

L'audience est suspendue

Elle doit reprendre dans 5 minutes. L'audition d'Abdelghani Merah est terminée. Le président renonce à poser des questions à l'accusé en présence de son frère.

Il reste deux témoins à entendre aujourd'hui : Aïcha Merah, la soeur d'Abdelkader Merah et Nasser Bougherara, le dernier employeur de Mohamed Merah.

16/10/2017 à 20:00

Passe d'armes entre l'avocate générale et la défense

L'avocate générale Naïma Rudloff reprend plusieurs éléments énoncés par Eric Dupont-Moretti. Le ton monte entre les deux.

"Vous n’avez pas l’habitude de vous faire bousculer, tonne Eric Dupont-Moretti. J’étais intervenu sur un point, à savoir sur une scène, une scène qu’il était impossible qu’il ait vue. Alors respectez moi un peu !"

L'avocate générale crie "Ca suffit", les familles des victimes applaudissent. 

16/10/2017 à 19:47

Eric Dupont-Moretti met en cause plusieurs affirmations d'Abdelghani Merah

L'avocat de la défense remet en cause plusieurs déclarations d'Abdelghani Merah, notamment sur l'agression de Mohamed Merah par Abdelkader. "Vous dites avoir trouvé Mohamed pieds et poings liés sur le lit. Or, ce dernier, lorsqu'il a été entendu, a dit s'être détaché tout seul. Vous ne pouviez donc pas l'avoir vu attacher ainsi."

Face aux questions de l'avocat, Abdelghani Merah reste parfois sans voix. Puis répond quelque peu énervé à l'avocat.

Dans son box, Abdelkader Merah fixe son frère et sourit.

"Vous êtes la coqueluche de l'accusation de BFMTV", lance Eric Dupont-Moretti à Abdelghani Merah, en allant s'asseoir. 

16/10/2017 à 19:37

Au tour de la défense de poser des questions

Eric Dupont-Moretti se lève et commence à poser des questions à Abdelghani Merah, le frère de Mohamed et Abdelkader Merah. Cela fait 2 heures et demie que l'audition a commencé. Le ton de l'avocat est beaucoup moins sympathique que pour nombre de témoins qui ont défilé jusqu'ici à la barre.

16/10/2017 à 19:13

"Abdelkader Merah a vu en Mohamed un bon soldat pour servir son idéologie"

Les parties civiles enchaînent les questions, souhaitant obtenir des précisions sur l'audition d'Abdelghani Merah. Celui-ci livre son sentiment sur ses frères: "Lorsque Mohamed a vu Abdelkader Merah voler les gens, Mohamed Merah a voulu le dépasser. Lorsqu’il a vu Abdelkader Merah entrer dans le salafisme, il a voulu aussi le dépasser (...) C’était comme un concours, à qui était le meilleur. Abdelkader Merah a vu que Mohamed Merah pouvait être un bon soldat qui pouvait servir son idéologie."

On lui demande pourquoi il ne dit jamais "mes frères", ainsi que nous l'avons fait remarquer dans un post précédent. "Depuis qu’il y a eu des crimes des sang, ce n’est plus mes frères, ce n’est plus ma famille."

L'avocat d'Abdelkader Merah, Eric Dupont-Moretti, marque son désintérêt, voire son opposition à ce que dit le témoin. Il fait signe à son client, lui pose une question. Abdelkader Merah lui répond, un main devant la bouche, un petit sourire aux lèvres. 

16/10/2017 à 18:54

Abdelkader Merah "détestait la laïcité et la France"

C'est au tour des parties civiles de poser des questions au frère d'Abdelkader Merah, Abdelghani Merah. L'une d'entre elles commence : "Vous êtes un ancien délinquant, un ancien toxicomane, ancien dépendant à l’alcool, vous avez fait plusieurs tentatives de suicide. Il y a donc un mal-être chez vous. Pourtant, votre frère nous a indiqué que vous avez pu être un modèle pour lui..."

Abdelghnai Merah explique : "Je n’ai pas été le meilleur des modèles pour Abdelkader Merah. Mais j’ai payé ma part à la société et j’ai changé. Peut-être qu’il aurait aimé pouvoir s’échapper comme moi de la famille comme j’ai pu le faire avec ma compagne de l'époque. Il s’est ensuite construit en opposition par rapport à moi. J’aimais la laïcité et la France, lui il détestait la laïcité et la France. Il a trouvé un outil pour sa haine: l’islam radical. Souvent, je blasphémais devant lui pour lui montrer qu’en France c’était permis. Je me suis éloigné de lui. Il s’est senti abandonné."

De son box, Abdelkader Merah fixe son frère Abdelgahni, sans la moindre marque d'émotion sur le visage. 

16/10/2017 à 18:30

"Mohamed Merah se met en chasse comme un prédateur"

Abdelghani Merah décrit le "mode opératoire de Mohamed Merah", qui "se met en chasse comme un prédateur" lorsqu'il décide de voler quelque chose.  

Abdelghani Merah : Je n’ai jamais assisté à ce genre de procédure. Mais il n’a cessé de le répéter. Il m’en a parlé pour un vol de T-Max, notamment (le T-Max est le modèle de scooter volé par Mohamed Merah et utilisé pour ses tueries de mars 2012).

Le président : Il volait souvent des scooters ? 

Abdelghani Merah : C’était sa spécialité. Des motos aussi. Pour eux, le vol devient légal si l’on vole un mécréant, s’il sert la cause.

- Vous connaissez la sourate du Coran qui justifie ce type de vol ? Vous avez entendu Abdelkader Merah la citer ? 

- Vous savez, moi, la religion…

16/10/2017 à 18:17

Mohamed Merah se vantait de son Colt 45

Abdelgahni Merah explique que Mohamed Merah lui a affirmé avoir un Colt 45. Il lui a d'ailleurs montré la photo sur Internet, sur sa Playstation. Cette arme lui servira pour ses meurtres en mars 2012.

Le président : Il jouait aux jeux vidéo d'ailleurs. Il aimait quoi comme jeux ?

Abdelghani Merah : Il jouait à Call of Duty (un jeu de guerre). Il jouait énormément à cela. Son surnom c’était Ruskoff. 

16/10/2017 à 18:12

Abdelghani Merah affirme avoir filmé la complicité de ses frères

Abdelghani Merah affirme avoir filmé ses frères à l'aéroport de Toulouse, avant les printemps arabes, alors qu'ils attendaient leur père, qui venait se faire soigner en France. "On voyait bien la complicité de Mohamed et Abdelkader Merah", explique-t-il.

16/10/2017 à 18:07

Abdelghani Merah s'exprime clairement

Abdelghani Merah s'exprime de manière claire, avec assurance, d'une voix parfois un peu monocorde. Il répond du tac au tac à toutes les questions du président sans botter en touche. Jamais il ne dit "mon frère" ou "mes frères". Il en parle toujours comme "Abdelkader Merah" ou "Mohamed Merah".

Sur les bancs de la défense, Me Dupont-Moretti est effondré sur les bras depuis de longues minutes.

Dans le box des accusés, Abdelkader Merah est toujours aussi attentif. Son regard se balade du président à son frère, en fonction du dialogue entre les deux. 

16/10/2017 à 17:50

Échange entre Abdelghani Merah et Fettah Malki

Le président interroge Adbelghani Merah sur Fettah Malki, le second accusé du procès, aux côtés d'Abdelkader Merah.

Le président :  Vous le connaissiez ?

Abdelghani Merah : Je peux me retourner ? (La barre où se trouve Abdelghani Merah se trouve en avant par rapport à l'endroit du box des accusés où se trouve Fettah Malki. Il se retourne) Est-ce que c'est toi qu'Abdelkader surnommait Hamid ?

(Fettah Malki fait non de la tête, faisant claquer sa langue. Abdelkader Merah sourit, comme si l'on venait de lui raconter une blague)

- Est-ce que je peux lui poser une question, redemande Abdelghani Merah ? (Il n'attend pas la réponse et se retourne de nouveau) Est-ce que c'est toi qui as appris la technique pour cacher les médicaments dans la doublure du blouson ?

Le président interrompt l'échange.

16/10/2017 à 17:39

"Abdelkader Merah a façonné Mohamed (pour qu'il devienne) un terroriste"
Abdelghani Merah revient sur les questions du président, sur la radicalisation de sa famille. "Mes parents ne nous ont jamais forcés à prier, ou quoi que ce soit, explique-t-il. Ma mère me donnait à manger en cachette pendant le ramadan." Mais ses parents ne sont pas à dédouaner pour autant. "Il y avait cette folie, cet abandon des parents. Mon propre père nous disait que cela ne le dérangerait pas de se faire exploser pour les Palestiniens."

Selon lui, la radicalité "arrive avec Souad Merah", sa soeur, "lorsque son mari a été en prison, elle a trouvé la religion pour la sortir de sa tristesse". "Ensuite il y a eu Olivier Corel, ce chef, ce prédicateur, ce gourou. Mohamed Merah, lorsqu’il avait un doute sur des questions religieuses, appelait Olivier Corel. Par exemple, lorsqu'il s'est marié, il a appelé Olivier Corel pour savoir s’il pouvait divorcer au bout d’une semaine."

"J'ai vu ensuite, en 2009, Abdelkader Merah, habillé comme un taliban, un Coran à la main, prêcher dans les quartiers, appelant tout le monde à le rejoindre." Il disait :  «Tu es né musulman, il faut que tu meurs musulman». Abdelkader Merah a façonné Mohamed à devenir un terroriste."

16/10/2017 à 17:27

"J'ai retrouvé Mohamed Merah attaché"

"J'ai retrouvé Mohamed Merah attaché dans un lit en train de crier "regarde ce qu'il a fait ce salaud". Il l'avait frappé avec un balai. J'ai pris Mohamed Merah et je l'ai emmené à la police."

Cette fois aussi la plainte est retirée. "C'est à cause de ma mère", dit-il, car elle avait peur "qu'il retourne en prison". 

16/10/2017 à 17:24

"Abdelkader Merah m'a poignardé sept fois au coeur"

"Abdelkader Merah est venu, une nuit, casser le véhicule de la mère de mon fils, raconte Abdelghani Merah, le frère d'Abdelkader et de Mohamed Merah. J’ai voulu chercher vengeance. J’ai cassé son véhicule avec un club de golf. Je suis remonté en voiture, il m’a alors jeté des canettes de bière qui ont cassé la vite arrière. Je suis descendu pour m’expliquer avec lui. Mais les deux amis d'Abdelkader m’ont tenu. Abdelkader Merah m’a donné sept coups de couteau au cœur."

Selon lui, c'est l'origine juive de sa femme qui a rendu fou Abdelkader Merah. Il a retiré sa plainte car s'il "ne l'a pas pardonné, j'aimais mon frère." J'attendais des excuses. Mais bien au contraire, les fois où je l'ai revu il a réitéré ses propos conte les juifs car "Dieu lui a donné raison". 

Abdelkader Merah regarde fixement son frère avec intensité. 

16/10/2017 à 17:12

"Qu'Abdelkader Merah sorte ou reste en prison, il restera un danger"

"Je tiens à adresser mes condoléances aux victimes et aux blessés, commence Abdelgahni Merah, qui cite, de tête, les noms de toutes les victimes. 

"Depuis mars 2012, j'ai tenu à dire la vérité, aussi douloureuse qu'elle soit, je me suis mis au service de la vérité pour les familles des victimes. Je dénonce le radicalisme qui a détruit ma famille. Je dénonce les meurtres commis au nom de cette idéologie mortifère. Je dénonce l'antisémitisme qui a fait que mon frère m'a poignardé au cœur 7 fois car j'ai aimé une femme d'origine juive."

Il s'arrête plusieurs fois, visiblement ému, pour se concentrer sur son discours.

"La France, la République, l'Education nationale m'ont ouvert les yeux. Pour comprendre les attentats terroristes, il faut bien cerner mes parents, bien connaitre ma sœur Souad, bien connaitre Sabri Essid, qui a rejoint Daech, bien connaître Olivier Corel, qui était leur chef."

"Je dois faire connaitre mes convictions sur la dangerosité d'Abdelkader Merah. Qu'il sorte ou qu'il reste en prison, il restera un danger."

Abdelkader Merah regarde fixement son frère, quelques mètres devant lui. On ne l'a jamais senti aussi attentif à un témoin depuis le début du procès.

16/10/2017 à 17:01

Abdelghani Merah se présente à la barre

C'est le second témoin de la journée. Vêtu d'un tee-shirt rose, il s'avance, sans hésiter, jusqu'à la barre. Il regarde droit devant lui et ne jette pas un coup d'oeil à son frère Abdelkader. Lui, en revanche, le regarde avec attention. 

16/10/2017 à 16:55

Me Dupont-Moretti : "Mohamed Merah voyait des islamistes sans son frère"

C'est au tour de la défense de poser des questions au témoin. Me Dupont-Moretti l'interroge et lui demande s'il a constaté des réunions entre les deux frères Merah, les frères Clain et Sabri Essid. Le patron du renseignement toulousain à l'époque des faits répond que non, jamais avec les deux frères Merah, Mohamed et Abdelkader, ensemble. Il lui demande s'il possède des preuves contre Abdelkader Merah.

Me Dupont-Moretti : Donc les autres, Essid, Clain, etc. devraient être également sur le banc  ?

Le témoin : Pourquoi pas ?

(...)

- Mais il n'y pas de preuves formelles de la présence d'Abdelkader Merah avec son frère et les autres personnes citées ?

- Le renseignement est un ensemble de faits et d’indices. Mais il ne reste pas dans le culte du fait et doit faire appel à l’analyse. Comment voulez-vous que le renseignement travaille s’il n’enchaîne pas un certain nombre de faits avec logique ?

- En droit pénal français, ce n’est pas parce que l’on appartient à un groupe que l’on est forcément coupable. J’en reviens donc à ce qui est démontré et pas ce qui est fantasmé. Ce que je veux montrer c'est que Mohamed Merah se retrouve avec des personnes considérées comme des islamistes alors que son frère Abdelkader Merah n'est pas là.

16/10/2017 à 16:33

"La connaissance du Coran par Mohamed Merah n'est pas loin de la nullité"

"Mohamed Merah engageait des codes de sécurité systématiques", explique le témoin, expliquant ainsi qu'il se protège de la police."Mais lorsqu'il se rend aux Izards, on le voyait au contact de dealers. Il n'applique pas ses codes de sécurité pour une affaire de business. On est, avec Mohamed Merah, dans une ambivalence. Difficile de faire la part dans ses activités de business et son fanatisme religieux." 

Celui qui fut le patron du renseignement sur Toulouse résume : "Il y avait des indices sur sa fanatisation, mais il restait en même temps un délinquant." Il ajoute: "La connaissance du Coran par Mohamed Merah n'est pas loin de la nullité."

16/10/2017 à 16:19

L'avocate générale : "Il n'y a eu aucun scoop lors de l'audience de ce matin"

L'avocate générale prend la parole. Cette dernière affirme qu'"il n'y a eu aucun scoop lors de l'audience de ce matin". "Ce qui a été dit est déjà dans le dossier. Je rappelle que la déclassification n’est pas du fait de la justice mais du ministère de l’Intérieur."

Les avocats de la partie civile ont dénoncé l'absence de déclassification de notes qui auraient pu à l'époque, selon eux, permettre aux autorités d'empêcher Merah de commettre ses crimes. 

16/10/2017 à 16:14

L’ex-directeur du renseignement intérieur de Toulouse revient à la barre

L’audition du premier et seul témoin de la journée pour le moment, interrompu vers 14 heures, reprend. Ce dernier était directeur régional du renseignement intérieur de Toulouse, de 2008 à 2013. Contrairement à ce qui avait été annoncé, l'homme en costume noir témoigne à visage découvert.

16/10/2017 à 16:13

Reprise de l'audience

Les deux accusés sont arrivés dans leur box vers 14h50. Fettah Malki en premier, vêtu de noir. Abdelkader Merah ensuite, portant une chemise grise. Ce dernier est resté 10 minutes appuyé contre la rambarde de bois, la tête enfouie dans ses bras.

La salle d'audience est pleine à craquer, contrairement aux derniers jours. 

16/10/2017 à 15:46

Les avocats des parties civiles lancent un appel à Emmanuel Macron

Pendant la suspension de l'audience, plusieurs avocats des parties civiles viennent s'adresser à la presse. Ils répètent ce qu'ils ont dit à l'intérieur de la salle Voltaire, à savoir qu'il y a eu "un mensonge d'Etat" et que "les crimes auraient pu être évités si les informations contenues dans la note du 15 mars avaient été relayées". "Un certain nombre de notes n'ont jamais été déclassifiées. L'Etat cache des informations capitales à l'autorité judiciaire. Comment pouvons-nous donner du crédit à ceux qui nous disent que Mohamed Merah a agi comme un loup solitaire", dénoncent-ils, l'un d'eux mentionnant nommément Bernard Squarcini.

"Nous demandons au président de la République qu'il fasse toute la lumière sur ces notes" afin qu'elles soient transmises aux autorités judiciaires.

16/10/2017 à 15:11

L'audience est suspendue

Elle reprendra à 15 heures avec les questions de l'avocate générale. 

16/10/2017 à 15:05

Un avocat pointe encore du doigt la responsabilité de l'Etat

Avant de se rasseoir, un avocat de la partie civile pointe, pour la seconde fois ce matin, les manquements de l'Etat dans cette affaire. "Nous ne pouvons pas faire comme si de rien n'était", lance-t-il "solennellement" à la cour. Il reproche aux services de renseignement d'avoir eu des informations sur Mohamed Merah - informations données ce matin par le témoin - et de ne pas les avoir transmises à la justice. L'avocat s'agace que des documents n'aient pas été déclassifiés. "Manifestement, on a voulu mentir et nous cacher des responsabilités. Je le dis au nom de gens qui sont morts", clame-t-il.

En avril dernier, la cour administrative d'appel de Marseille avait jugé que l'État n'avait commis aucune "faute lourde (...) susceptible d'engager sa responsabilité" en n'anticipant pas l'un des crimes commis par Mohamed Merah en mars 2012 à Montauban.

16/10/2017 à 14:54

Mohamed Merah dans le collimateur des renseignements, via Abdelkader Merah

"Mohamed Merah apparaît dans nos radars en 2006 quand nous détectons Abdelkader Merah au contact des frères Clain", explique le témoin à la barre. Mohamed Merah, lui, gravitait davantage autour du groupe des Izards, ajoute l'ancien patron de la DCRI Toulousaine. 

16/10/2017 à 14:50

Abdelkader Merah était "le mentor" de son frère, affirme le témoin

Un autre avocat de la partie civile interroge le premier témoin de la journée. "Vous nous avez dit qu'Abdelkader Merah était 'un redoutable propagandiste', 'un émir'. Or, un émir a forcément des adeptes. Peut-on considérer qu'Abdelkader Merah a eu un rôle de mentor, d'idéologue sur son petit frère Mohamed Merah ?", demande l'avocat. "Oui je l'affirme", répond l'ancien patron du renseignement toulousain. 

16/10/2017 à 14:34

Abdelkader Merah, "l'homme de confiance de Jean-Michel Clain"

L'ancien patron de la DCRI toulousaine détaille les éléments concrets qui montraient qu'Abdelkader Merah était radicalisé. "En 2006, Abdelkader Merah est vu au contact du groupe Clain à la Reynerie, à la mosquée", explique-t-il "Ensuite, il s'est dit qu'une Mercedes appartenant à des 'islamo-délinquants' était utilisée par Abdelkader Merah et Sabri Essid. Mais cette dernière information n'a pas été recoupée", nuance-t-il. "Cette voiture était vue à la communauté d'Artigat", du nom d’un village en Ariège où vit Olivier Corel, mentor présumé des deux frères Merah.

L'avocate : Abdelkader Merah était dans l'entourage de la communauté d'Artigat ?

L'ancien patron de la DCRI toulousaine : Oui, bien sûr. Il vit en osmose avec ce groupe mais je ne peux pas affirmer qu'il s'est rendu physiquement à Artigat.

(...)

Répondant à une autre question d'un avocat, le témoin ajoute qu'Abdelkader Merah était "un homme de confiance de Jean-Michel Clain" et "un redoutable propagandiste". Pour rappel, Jean-Michel Clain est considéré comme le "coordinateur" du "groupe salafiste djihadiste" de Toulouse. Il est parti en Syrie avec femme et enfants pour rejoindre le groupe terroriste Etat islamique. C'est lui qui chantait sur l'enregistrement de revendication des attentats du 13 novembre 2015.

Retrouvez notre infographie : De Merah à Abdeslam, la nébuleuse du djihadisme français

16/10/2017 à 14:19

Reprise de l'audience

Les questions des parties civiles continuent. 

16/10/2017 à 14:15

La séance est suspendue

Elle reprend dans 5 minutes. 

16/10/2017 à 14:14

Abdelkader Merah vivait dans "ce groupe djihadiste salafiste", affirme le témoin

Une autre avocate des parties civiles interroge l'ancien patron de la DCRI de Toulouse. "Quels sont les éléments concrets qui vous permettent d'affirmer qu'Abdelkader Merah instrumentalisait des tiers ?", demande-t-elle. "Ce n'est pas exactement ce que j'ai dit", corrige le témoin.

Et de développer : "Olivier Corel a programmé Fabien et Jean-Michel Clain, et Sabri Essid", commence-t-il. Ensuite, "Abdelkader Merah, étant dans ce groupe, au contact de ces hommes, vise lui aussi à se perfectionner, à devenir un savant et avoir de l'aura. Il va dans cette école salafiste et il fait de longs séjours au Caire et il vit dans le cadre de ce groupe. Il est venu à cet islam dur et pur à travers ces chefs". 

16/10/2017 à 14:04

Un avocat accuse l'Etat de "fautes lourdes" : "Si on vous avait écouté, on n'en serait pas là aujourd'hui"

On en vient aux questions des parties civiles. A la barre, le patron de la DCRI toulousaine se tourne sur la gauche et regarde l'avocat. "Je tenais à vous remercier de ne pas avoir invoqué l'anonymat", commence d'une voix calme l'un des avocats de la partie civile. "Grace à votre témoignage, nous avons appris encore plus de choses".

L'avocat revient sur le fait que le témoin a cherché en vain à "judiciariser" les informations qu'il avait sur Mohamed Merah. Autrement dit, cet agent de la DCRI voulait que les informations qu'il détenait soient transmises au procureur de la République pour qu'il évalue et qualifie ces renseignements.

L'avocat : Pouvez-vous nous donner la date de cette première demande de judiciarisation ?

Le témoin : 15 juin 2011.

L'avocat : Et la seconde fois ?

Le témoin : Le 29 juin 2011.

"Si on vous avait écouté, on n'en serait pas là aujourd'hui", reprend l'avocat. "Le 15 mars 2012, vous transmettez des informations, vous transmettez 12 noms", dont celui de Mohamed Merah. "Voyez-vous, c'est très important parce que ça n’apparaît pas dans le dossier", s'agace l'avocat. "Et nous autres, de la partie civile, on a indiqué qu'on nous cachait des notes classifiées".

Plus tôt dans la matinée, le témoin a expliqué à demi-mot qu'il avait alerté en vain sur Mohamed Merah en 2011 et qu'il avait transmis, le 15 mars 2012, une note sur la piste salafiste, persuadé que cette attaque relevait d'un groupe salafiste djihadiste et non de l'extrême droite, piste privilégiée par sa hiérarchie et la police judiciaire.

'Il y a eu des fautes lourdes de l'Etat parce que l'Etat savait que Mohamed Merah était sur une fiche le 15 mars 2012", accuse l'avocat de la partie civile. "Je salue votre courage, monsieur mais je reste indigné" de l'attitude de l'Etat, conclut l'avocat. En avril dernier, la cour administrative d'appel de Marseille avait jugé que l'État n'avait commis aucune "faute lourde (...) susceptible d'engager sa responsabilité" en n'anticipant pas l'un des crimes commis par Mohamed Merah en mars 2012 à Montauban.

16/10/2017 à 13:37

Fettah Malki, jamais repéré par les services de renseignement

Le président interroge l'ancien patron de la DCRI toulousaine sur le second accusé Fettah Malki, poursuivi pour avoir fourni des armes à Mohamed Merah avant les tueries de Toulouse et Montauban. "L'avez-vous déjà repéré dans vos surveillances ? Non, jamais", répond le témoin. Il met en avant le manque de moyen pour mettre en place des surveillances. "Pour 72 heures de surveillance, il nous faut 24 hommes", veut-il rappeler. 

16/10/2017 à 13:34

Beaucoup de réponses sur Mohamed Merah, moins sur Abdelkader Merah

Interrogé par le président de la cour, l'ancien patron de la DCRI de Toulouse parle beaucoup de Mohamed Merah mais quand les questions portent sur Abdelkader Merah, principal accusé du procès, le témoin semble moins prolixe. Il lui arrive souvent de répondre qu'il ne sait pas ou qu'il n'a pas assez d'élément à ce sujet.  

16/10/2017 à 13:20

Au retour d'Abdelkader Merah du Caire, des contacts "réguliers" entre les deux frères

Au retour du Caire d'Abdelkader Merah, en février 2011, on détecte des contacts réguliers entre les deux frères, explique l'ex-patron du service des renseignements toulousain. Ils se voient, se téléphonent, mais l'agent ne connaît pas la teneur des échanges entre les deux hommes.

Ces affirmations vont à l'encontre de ce qu'affirme Abdelkader Merah. Ce dernier dit avoir été brouillé, à cette période-là, avec son frère cadet et ne s'être réconcilié avec lui que trois semaines, voire un mois, avant les tueries de Toulouse et Montauban, en mars 2012.

Un autre élément a retenu l'attention des services de renseignement : les contacts entre Mohamed Merah et Sabri Essid, le chef du groupe des Izards. D'après le témoin, ils se voient longuement tous les deux. 

16/10/2017 à 13:04

Abdelkader Merah écoute par intermittence l'ex-patron du service du renseignement toulousain

Alors que le président continue d'interroger l'ancien agent de la DCRI qui témoigne à la barre depuis plus de deux heures, Abdelkader Merah adopte tour à tour deux attitudes différentes : parfois on le voit écouter attentivement le témoin, parfois il semble absent, le regard fixé dans le vide.

A ses cotés, Fettah Malki, le second accusé, se fait oublier. Son nom n'a pas été prononcé une seule fois ce matin. On le voit regarder l'assistance, le plafond, ses mains. 

16/10/2017 à 12:51

"Comment savez-vous qu'Abdelkader Merah se livre au prosélytisme dans les quartiers ?"
Le président se met à poser des questions au premier témoin de la journée, l'ancien patron du service du renseignement toulousain.

Le président enchaîne : Comment vous savez techniquement qu'Abdelkader Merah se livre au prosélytisme dans les quartiers ?

Le témoin : Nous avons des sources humaines, pas des professionnels, qui nous donnent des renseignements sur les allées et venues de X, Y ou Z. Vous savez, les quartiers, ce sont des villages, il y a un contrôle social.

Il l'interroge aussi sur les séjours d'Abdelakder Merah en Egypte, dans des instituts de formation au Caire mais l'agent ne se dit "pas capable" de répondre, faute d'éléments précis à ce sujet. Le président continue son interrogatoire mais on ne sait pas toujours de qui il parle : de Mohamed ou d'Abdelkader Merah ? Il n'est pas toujours aisé de suivre le cheminement de ses questions. 

16/10/2017 à 12:32

Les critiques voilées du patron du renseignement toulousain envers "la centrale"

A la fin de sa déposition, l'ancien patron des services de renseignements toulousains explique à demi-mot qu'il n'a pas été entendu au moment des attentats de mars 2012, du moins au début.

Il explique d'abord que son service a eu du mal à avoir accès aux bandes de vidéosurveillance qui avaient filmé la seconde tuerie. Il souhaitait les visionner "pour reconnaître" peut-être un homme qui leur serait "familier". "Du côté de la police judiciaire, on me dit que les vidéos sont en cours d'exploitation mais qu'on ne manquera pas de revenir vers moi".

Puis, "je demande au procureur de la République de participer à une réunion", raconte-t-il. "J'appelle la direction centrale qui me répond que la piste salafiste n'est pas évidente". On lui dit que c'est peut être l'ultra-droite qui a agi, surtout au vu des cibles.

Pourtant, dès la première tuerie, le patron du renseignement toulousain pense que la piste djihadiste salafiste est "la bonne". "La fuite (en scooter) me fait penser aux délinquants", dit-il. "Je décide de rédiger deux documents car je sens que je suis confronté à une série d'attaques". "Donc il y a urgence". Un premier document sur l'ultra-droite et le profilage d'une dizaine d'individus et un second, avec la piste salafiste avec le profilage d'une quinzaine d'individus, dont Mohamed Merah.

Mais c'est la piste de l'ultra-droite qui, dans un premier temps, est privilégiée. Il explique alors comment il s'est heurté à la "Centrale", aux services parisiens. "Je préviens qu'il serait opportun de transmettre les deux listes à la police judiciaire". Mais la centrale lui répond que les investigations vont se concentrer sur l'ultra-droite. "Je rappelle pour insister sur la liste salafiste", explique-t-il, mais là encore "je me heurte à la priorité donnée à l'ultra-droite", déplore-t-il.

Finalement, Mohamed Merah sera identifié et abattu le 22 mars 2012 par le Raid. 

16/10/2017 à 12:01

Quand les services de renseignement ont tenté de recruter Mohamed Merah

Le patron du renseignement intérieur toulousain raconte maintenant le moment où les services de renseignements parisiens ont interrogé Mohamed Merah, à son retour du Pakistan, en novembre 2011. L'entretien dure près de 3 heures.

Le caractère dangereux de Mohamed Merah n'est "pas évident" à ce moment-là. On pouvait s'orienter vers un recrutement, vu son esprit "curieux" et "voyageur", pensent les agents parisiens. Pour le chef du renseignement toulousain, il est "hors de question" de partir sur "une approche de recrutement", sans avoir préalablement "judiciarisé Mohamed Merah".

"Plus tard, le 21 février 2012, je lis la note d'expertise des renseignements parisiens. Sur ce document, il est dit que Mohamed Merah n'entretient aucune relation avec une quelconque organisation terroriste, a un profil voyageur et donc serait intéressant à recruter. Les Parisiens demandent aux Toulousains de surveiller "la fiabilité" de Mohamed Merah. "Le refus est net, catégorique", dit-il. "J'en fais part à ma hiérarchie". "Mohamed Merah n'est pas fiable". 

16/10/2017 à 11:50

Des techniques d'endoctrinement qui reposent sur la théorie du complot

L'ancien patron du renseignement toulousain développe les techniques d'endoctrinement, utilisées par le groupe djihadiste salafiste de Toulouse.

Cette méthode repose d'abord sur "la théorie de complot". "On persuade le jeune adepte qu'il est entouré du diable : la mécréance, la luxure, etc (...) Ce projet diabolique, ce n'est que la destruction de l'islam et de la communauté musulmane", poursuit-il. Il s'incarne dans l'école laïque qui interdit de porter le voile. "Mais ce qui nous frappe le plus, dans nos services, ce sont les propos violents tenus (dans ces groupes djihadistes salafistes) à l'encontre des juifs et des Américains".

Vient ensuite la seconde phase. Le propagandiste persuade l'adepte que "le parti du diable" l'opprime mais que "l'ensemble des épreuves" qu'il vient de "subir" (la prison, l'exclusion...) sont "des signes envoyés par Dieu". On lui dit alors : "il t'a choisi toi, tu es élu".   

16/10/2017 à 11:42

Mohamed Merah était parfois difficile à pister, dit un patron du renseignement

L'ancien patron du renseignement toulousain, qui parle depuis plus d'une demi-heure, entame la dernière phase de sa déposition. Il veut parler de l'enquête menée par son service et en particulier de la surveillance technique et physique de Mohamed Merah.

"Elles donnent lieu à deux périodes très différentes", détaille-t-il. "De janvier à fin mars 2011, Mohamed Merah vit cloîtré dans son appartement. On remarque qu'il est dans une vigilance extrême, il inspecte la rue, descend sur le parking, observe les véhicules. A partir de mars, on le voit quitter son appartement pour se rendre la plupart du temps dans le quartiers des Izards". Il est difficile alors de le pister car il use de méthodes pour "casser les filatures", reconnaît l'ancien patron du renseignement toulousain.

L'agent se dit persuadé que Mohamed Merah s'est entraîné à déjouer les services de renseignements. Pour preuve, il se sert des lignes téléphoniques de sa mère. Par ailleurs, il privilégie les cabines publiques. 

16/10/2017 à 11:33

Abdelkader Merah, celui qui voulait devenir "un émir, un propagandiste"

Mohamed Merah est repéré par les services de renseignement en 2006. Il a un rôle de propagandiste auprès de Jean-Michel Clain. Quant à Abdelkader Merah, on découvre qu'il est en contact avec les chefs de ce groupe djihadiste salafiste en 2009.

Il veut lui aussi devenir "un émir, un propagandiste". Il veut un rôle de "théologien pour avoir une ascendance sur le groupe" car ce sont "les idéologues" qui "entraînent et manipulent". "Il y mettra beaucoup d’opiniâtreté". Il fera un long séjour au Caire de mars 2009 à février 2011. "On a le parcours traditionnel d'une radicalisation". Mais, tient-il à souligner, "on n'est pas le salafisme quiétiste". "On n'est pas dans le djihad du cœur, mais celui de l'épée".

"Mohamed Merah lui aura un parcours plus chaotique, séquentiel, pas moins radicalisé et d'une violence inouïe", continue l'agent. Il évoque aussi deux photos, une première sur laquelle on voit Mohamed Merah avec un couteau à la main et une seconde, sur laquelle on voit Abdelkader Merah le doigt levé. "Pour nous, c'est un signe d'allégeance au djihad armé", explique-t-il.

Tous deux suivront des cours d'endoctrinement dans l'école de Jean-Michel Clain. "Voilà comment nous avons observé ces deux hommes évoluer dans ce groupe, qui a basculé dans la lutte armée en 2011. "

16/10/2017 à 11:23

Le début des "islamo-délinquants" dans la région toulousaine

Le premier témoin de la journée, l'ancien patron du renseignement intérieur de Toulouse, poursuit son exposé sur les groupes djihadistes salafistes sur la région toulousaine. A la barre, il évoque le rôle particulier de Jean-Michel Clain, qu'il présente comme le coordinateur du groupe et son influence dans le recrutement de nombreux "adeptes".

"Cette intensification de l'activité de ce groupe fait croître le nombre d'adeptes", poursuit l'agent. Cette nouvelle "génération" présente deux particularités : on y trouve des convertis et des délinquants. On n'assiste à la naissance d'un nouveau profil dangereux, explique-t-il. "Cette hybridation entre banditisme et endoctrinement pose des problèmes, notamment à mon service. Il est difficile de discerner la part de banditisme et celle du fanatisme religieux", admet-il. On les appelle "les islamo-délinquants".

Pendant ce temps, Abdelkader Merah regarde le sol. 
16/10/2017 à 11:08

Un groupe "djihadiste salafiste" aux puissantes méthodes d'endoctrinement

L'ancien directeur régional du renseignement intérieur de Toulouse évoque "le groupe salafiste djihadiste", implanté à Toulouse. Il trouve, dit-il, "sa matrice" dans le milieu rural. Ce groupe est dirigé par l'émir blanc, Olivier Corel, qui s'est converti à un islam radical et qui confesse "un endoctrinement extrêmement violent". L'émir déploie un "grand charisme" et suscite "une fascination" chez ses fidèles. On y voit défiler très tôt, au début des années 2000, des imams modérés. On voit que l'émir commence à organiser des "stages d'endoctrinement" et d'entraînement physique. On constate dans cette société secrète la haine profonde de la mécréance mais aussi d'autres mouvements islamistes, comme les frères musulmans.

Ce groupe d'Artigat crée deux têtes de pont sur Toulouse, une à la Reynerie et une autre aux Izards. Il y a une sorte de partage des zones de propagande. La première zone est dirigée par les frères Clain. "Ce sont de remarquables propagandistes", affirme-t-il. Ils développent très tôt du militantisme de base, c'est-à-dire, du porte-à-porte. Ils nouent déjà des liens avec la mouvance djihadiste bruxelloise, londonienne et parisienne. Les voyages des frères Clain sont fréquents dans ces villes, y compris au Caire où ils rencontrent les mouvances internationales. Ce groupe Clain crée sa propre école à Toulouse. "Cette école d'endoctrinement" est conduite par Jean-Michel Clain lui-même. "Evidemment, ces cours sont donnés au domicile de Jean-Michel Clain", parfois chez un autre.

Le second groupe djihadiste et salafiste est situé aux Izards. Dirigé par Sabri Essid, il travaille sur les jeunes délinquants.

> LIRE AUSSI: Comment Olivier Corel, l'imam des djihadistes, est passé entre les mailles de la justice

16/10/2017 à 10:59

L'ex-directeur du renseignement intérieur de Toulouse à la barre

Le premier témoin à arriver à la barre était directeur régional du renseignement intérieur de Toulouse, de 2008 à 2013. Contrairement à ce qui avait été annoncé, l'homme en costume noir témoigne à visage découvert. Il annonce que sa déposition se déroulera en quatre points :

D'abord, il fera la présentation des forces islamistes implantées sur Toulouse, puis il parlera d'un "groupe djihadiste salafiste" toulousain, de "l'apparition et l'évolution d'Abdelkader et Mohamed Merah dans ce groupe" et terminera sur l'enquête menée par son service avant et après les attentats de mars 2012 à Toulouse et Montauban. 

16/10/2017 à 10:54

Reprise de l'audience

Le président appelle le premier témoin de la journée. 

16/10/2017 à 10:39

AMBIANCE - La presse est désormais face au box des accusés

En ce lundi matin, la cour s'installe dans le calme. Les avocats arrivent au compte goutte dans la salle d'audience Voltaire du Palais de justice de Paris. Les journalistes aussi. Ils ont pu rejoindre le box de la presse, jusqu'ici réservé à des étudiants et des avocats hors dossier. De ce box, on voit mieux les deux accusés, Abdelkader Merah et Fettah Malki, toujours encadrés par des policiers.

Dans le box des accusés, Abdelkader Merah, jugé pour complicité d'assassinats, s'appuie souvent sur la balustrade en bois devant lui, le regard parfois dans le vide. Comme à son habitude, il a les cheveux noués en queue de cheval et porte une chemise bleue. Tout juste arrivés, ses avocats s'entretiennent avec lui. A trois mètres de lui, vêtu de noir, Fettah Malki, accusé d'avoir fourni des armes au "tueur au scooter", parle avec son avocat, un sourire en coin. 

16/10/2017 à 09:48

Tout le procès dans notre dossier

Retrouvez nos précédents articles et directs dans notre dossier sur le procès Merah, le meilleur moyen pour retrouver, jour après jour, l’essentiel des audiences.

16/10/2017 à 09:47

Vendredi, Abdelkader Merah a tenté de s’expliquer sur les faits

C’était une audience très attendue, Abdelkader Merah a été interrogé vendredi dernier. Il a tenté de faire valoir ses positions. Pour le vol du scooter, il a été mis devant le fait accompli, son frère ayant décidé tout seul d’aller le voler lorsqu’il s’est rendu compte que les clés était sur le contact. Il dit avoir été “otage” de cet épisode. Sur l’affaire du tracker, Abdelkader affirme qu’il n’était pas avec son frère lorsque celui-ci s’est renseigné dans le magasin. Il dit avoir été un modèle pour son frère lorsqu’il était délinquant. Les deux s’étant brouillés ensuite, ils ne se seraient, selon lui, réconciliés uniquement trois semaines/un mois avant les meurtres.

Retrouvez l’intégralité de l’audience de vendredi en cliquant ici.

16/10/2017 à 09:46

Au programme aujourd’hui, interrogatoire de la famille Merah

Ce lundi matin c’est un témoin qui a souhaité rester anonyme qui doit être auditionné par la cour. Sur les 55 témoins prévus au total dans le procès, une dizaine ont souhaité garder l’anonymat. Pour le moment ce sont surtout des policiers qui ont choisi de ne pas divulguer leur nom. Certains choisissant même de dissimuler leur visage.

L’après-midi sera sans doute un moment fort: l’après-midi débutera avec l’audition de l’aîné de la fratrie Merah, Abdelghani. Ce dernier est devenu depuis les tueries de son frère un militant contre l’islam radical. Aïcha Merah sera ensuite entendue. Cette dernière a la particularité d’avoir dîné avec Mohamed et Abdelkader Merah le 15 mars, seconde journée de meurtres commis par son frère. Enfin, la journée se terminera par l’audition de Nasser B., gérant d’une société de carrosserie et dernier employeur connu de Mohamed Merah.

16/10/2017 à 09:45

Suivez la onzième journée d’audience en direct

Bienvenue dans notre nouveau live consacré au suivi du procès du frère de Mohamed Merah. Avec cette onzième journée d’audience, le procès entre dans sa troisième semaine. Lefigaro.fr revient ce matin sur les bancs de la presse, dans la salle Voltaire, à la cour d’assises spécialement composée.
Pour rappel, on y juge Abdelkader Merah, le frère du «tueur au scooter», pour complicité d’assassinat, et Fettah Malki, délinquant toulousain, poursuivi pour avoir fourni des armes à Mohamed Merah. Le premier dément toute implication, le second reconnaît ses torts mais nie avoir été au courant du dessein mortifère de son ami.

Al-Sissi : «Au-delà du monde arabe, les djihadistes s'attaquent au monde entier» (23.10.2017)



Mis à jour le 24/10/2017 à 07h49 | Publié le 23/10/2017 à 21h10

INTERVIEW - Avant sa rencontre à Paris avec Emmanuel Macron, le président égyptien a accordé un entretien au Figaro.

Le maréchal Abdel Fattah al-Sissi, 62 ans, est un militaire de carrière, né dans une famille modeste et pieuse de petits commerçants cairotes. Il fait son école de guerre aux États-Unis. La révolution anti-Moubarak de janvier 2011 le trouve directeur du renseignement militaire. Il est choisi par le président Mohammed Morsi (issu des Frères musulmans) pour devenir à l'été 2012 le commandant en chef des forces armées égyptiennes. Lesquelles déposent un an plus tard le président Morsi. En 2014, al-Sissi est élu président de l'Égypte au suffrage universel. Il est reçu ce mardi 24 octobre à déjeuner à l'Élysée par le président Macron.

LE FIGARO. - Que reste-t-il, en Égypte, du printemps arabe?

Abdel Fattah AL-SISSI. - Était-ce vraiment un «printemps»? Le Yémen, la Syrie, la Libye le perçoivent-ils comme tel? Si vous voulez dire que l'Égypte a vécu un printemps arabe, je vous répondrai simplement que les Égyptiens, en deux ans, ont mené deux révolutions et renversé deux présidents.

C'est l'armée qui a renversé le président Morsi le 3 juillet 2013…

«Pour empêcher l'État d'être noyauté par cette organisation terroriste que sont les Frères musulmans, plus de 30 millions d'Égyptiens sont descendus dans la rue en ce début d'été 2013»

Il ne faut jamais sous-estimer la force de la volonté des peuples. Chaque pays a ses particularités et ses spécificités. La situation de l'Égypte est unique. Le peuple égyptien est prêt à tous les sacrifices pour protéger la patrie et préserver son identité millénaire. Pour empêcher l'État d'être noyauté par cette organisation terroriste que sont les Frères musulmans, plus de 30 millions d'Égyptiens sont descendus dans la rue en ce début d'été 2013, réclamant la démission de Morsi. L'Égypte dispose d'institutions anciennes et fortes, structurées et autonomes dans leur fonctionnement. Notre État est solide, il est capable de traverser des révolutions qui sont l'expression de la volonté du peuple souverain. Notre armée nationale a pour seul objectif de défendre le peuple et le pays, au-delà de toutes considérations partisanes.

Les Frères musulmans sont des terroristes?

Leur idéologie, qui ne souffre pas la contradiction, est dangereuse. Ils n'ont pas la moindre tolérance religieuse ou politique. Ils invoquent l'islam pour accaparer l'entièreté du pouvoir politique et économique. Un djihadiste, c'est un Frère musulman en phase terminale. Ils se donnent des noms différents, Hasm, al-Qaida, Daech, Boko Haram, etc., mais ils obéissent tous à la même idéologie mortifère. Ils veulent détruire pas seulement le monde arabe, mais le monde entier!

Plusieurs dizaines de policiers égyptiens ont été tués le 20 octobre 2017 dans une embuscade tendue par des terroristes islamistes du groupe Hasm, dans les oasis du désert libyque. Vous vous préparez à une guerre longue?

Oui. Voici ce qui va se passer. Tous les djihadistes qui s'échapperont de Syrie et d'Irak vont tenter de passer en Libye, pour en faire un sanctuaire. De là, ils prépareront des coups de main, contre nous, contre les autres États d'Afrique, et contre les États européens de l'autre côté de la Méditerranée. Voici pourquoi tous les États du monde doivent coopérer davantage dans la lutte commune contre le djihadisme. J'ai une pensée émue pour nos 21 frères coptes qui ont été lâchement assassinés en Libye par des djihadistes en février 2015.

Les Frères musulmans ont comme slogan politique: «L'islam est la solution!» Un pays comme l'Égypte a-t-il intérêt à établir une séparation entre le politique et le religieux?

Comme les gens n'arrivent pas à bien lire les textes sacrés de l'islam, à bien les interpréter, à bien les adapter aux réalités du monde contemporain, je pense qu'il vaut mieux aujourd'hui séparer le religieux et le politique. Partout dans le monde musulman où ils n'ont pas été séparés, c'est l'échec: regardez l'Afghanistan ou la Somalie par exemple!

Vous êtes sévèrement critiqué par les ONG occidentales, qui vous reprochent des violations, systématiques et de grande ampleur, des droits de l'homme…

«L'Égypte souhaite atteindre l'équilibre nécessaire entre les droits et les devoirs des citoyens d'une part, et les défis sécuritaires de la lutte contre le terrorisme d'autre part»

Les droits de l'homme sont universels et leur respect est essentiel, car il permet aussi de mieux lutter contre le terrorisme. Ma priorité est que les Égyptiens vivent mieux. Les droits économiques et sociaux sont le fondement d'une vie digne, et mon objectif premier est de permettre aux citoyens d'accéder à un logement décent, d'être soigné et de bénéficier d'une éducation de qualité… Dans ces domaines, les progrès sont constants en Égypte malgré les défis sécuritaires et économiques du moment. L'Égypte souhaite atteindre l'équilibre nécessaire entre les droits et les devoirs des citoyens d'une part, et les défis sécuritaires de la lutte contre le terrorisme d'autre part. C'est une équation parfois difficile lorsque votre responsabilité est de sécuriser cent millions de citoyens.

Beaucoup d'abus ont été constatés contre des jeunes qui n'étaient en rien des Frères musulmans…

Lorsque des abus sont constatés, la justice a la charge et le devoir de poursuivre et de condamner les auteurs. Cela a été fait et continuera à se faire. Les Égyptiens sont tout à fait conscients des défis multiples auxquels leur pays doit faire face aujourd'hui, surtout au vu de la situation des pays voisins, tels que la Libye, la Syrie ou encore le Yémen. Mon rêve est de faire de mon pays, l'Égypte, avec l'aide du peuple et des amis fidèles parmi lesquels la France, un des pays où tous les citoyens vivent dignement. Je sais que les Égyptiens regardent désormais l'avenir avec confiance et optimisme.

Comment évaluez-vous les relations bilatérales entre l'Égypte et la France?

Les relations entre l'Égypte et la France sont anciennes et profondes. La France est un partenaire essentiel et privilégié de l'Égypte. Durant ces trois dernières années, nos relations bilatérales se sont renforcées sur tous les plans: politique, militaire et économique. Le savoir-faire des entreprises françaises est apprécié en Égypte et les règles relatives à leur implantation ont été assouplies. Les perspectives de coopération et de concertation pour les années à venir sont sans précédent. À mes yeux, la francophonie représente un atout pour l'Égypte.

Dans le cadre de la lutte contre la radicalisation, vous avez prôné le renouvellement du discours religieux. Avez-vous été entendu?

«Nous devons travailler ensemble et nous unir pour corriger les interprétations erronées des préceptes religieux érigés en prétextes idéologiques pour justifier la violence et le terrorisme»
J'ai insisté sur l'impérieuse nécessité de revisiter le discours religieux et de le renouveler, afin de mettre en avant les valeurs de paix et de tolérance, de compassion et de compréhension mutuelle intrinsèques à la religion musulmane.

Le Coran dit: «Point de contrainte en religion.» Chaque être humain est libre de croire ou de ne pas croire, de choisir sa religion et sa croyance. Nul ne peut subir de contrainte ou de discrimination du fait de sa religion. Nous devons travailler ensemble et nous unir pour corriger les interprétations erronées des préceptes religieux érigés en prétextes idéologiques pour justifier la violence et le terrorisme. Il faut abattre l'extrémisme. Les autorités religieuses, et en particulier l'université al-Azhar, institution phare de la pensée islamique, ont un rôle essentiel à jouer, dans le cadre d'une étroite coopération avec les différents organes de l'État, afin de diffuser le vrai message de l'islam, loin de tout fanatisme.

Quel rôle joue l'Égypte dans la réconciliation interpalestinienne? Est-il permis d'espérer un règlement définitif du conflit israélo-palestinien?

La question palestinienne demeure une priorité de la politique étrangère égyptienne. Nous intensifions nos actions pour parvenir à une solution définitive de deux États permettant de préserver les droits légitimes du peuple palestinien et assurer la sécurité d'Israël. L'objectif est d'instaurer la paix et la stabilité dans la région.

Les efforts déployés par l'Égypte au cours des quatre derniers mois ont permis la conclusion d'un accord entre le Fatah et le Hamas. Les deux parties palestiniennes s'engagent à constituer un gouvernement d'union nationale qui étendra ses compétences à la bande de Gaza à partir du 1er décembre. Nos efforts visent aussi à améliorer la situation humanitaire dans la bande de Gaza, dimension à laquelle nous attachons une grande importance. L'accord permettra rapidement au gouvernement de consensus national de prendre le contrôle de tous les postes frontières de la bande de Gaza.

Est-on proche d'un règlement du conflit en Syrie? L'Europe doit-elle porter seule le poids des réfugiés?

«Sur le plan intérieur, l'Égypte, malgré les contraintes économiques et les défis sécuritaires, a accueilli, durant les six dernières années, plus de 500.000 réfugiés syriens»

La seule voie pour régler la crise en Syrie est le règlement politique qui préserve l'unité de l'État et met fin aux souffrances endurées par le peuple syrien. De ce point de vue, l'Égypte soutient l'initiative française de création d'un groupe de contact associant les principaux acteurs engagés en Syrie. L'Égypte comme la France, par une approche réaliste et pragmatique, ne font pas du départ de Bachar al-Assad une condition préalable au début du processus politiquelibre et équitable qui conduira au règlement de la crise.

Le plus urgent est la situation du peuple syrien. Il n'est pas question de le laisser captif des groupes terroristes. Améliorer la situation humanitaire sur place est pour nous une priorité absolue. Nous avons élaboré sur le plan international, en tant que membre du Conseil de Sécurité, des résolutions pour protéger les populations civiles.

Sur le plan intérieur, l'Égypte, malgré les contraintes économiques et les défis sécuritaires, a accueilli, durant les six dernières années, plus de 500.000 réfugiés syriens. Ils ne sont pas relégués dans des camps ou des foyers d'accueil. Ils bénéficient des mêmes droits que les citoyens égyptiens en matière d'éducation et de santé et un grand nombre d'entre eux est intégré dans la vie économique et sociale égyptienne. Personne n'en parle dans les médias occidentaux.

L'Égypte est très active sur le dossier libyen. Quelles sont les chances que réussisse un règlement politique?

La question libyenne est centrale pour l'Égypte. Les profondes relations historiques, sociales et politiques entre les deux peuples frères, en Égypte et en Libye, font qu'il est possible d'avoir les membres d'une même famille des deux côtés de cette frontière, longue de 1200 km.

Aujourd'hui, un accord politique existe entre les parties libyennes. Il constitue le fondement acceptable d'un règlement global en Libye. D'autant plus que le déclin significatif de l'activité des organisations terroristes et les progrès réalisés par l'armée nationale libyenne sur le terrain offrent une belle occasion de rétablissement de la stabilité. La situation est donc favorable pour tourner cette page douloureuse de l'histoire du peuple libyen et entamer la phase de reconstruction. L'Égypte soutient la communauté internationale et les Nations unies pour parvenir à un règlement politique global avant le terme de la période de transition, fixé pour le 17 décembre.

La coordination avec la France, sur ce dossier, se situe à un niveau élevé et je suis convaincu que nos efforts concertés, sous les auspices des Nations unies, permettront d'établir le cadre politique global qui mettra fin à l'effusion de sang et offrira au peuple libyen la possibilité de reprendre le contrôle de ses ressources et de reconstruire un État fort et solide.

Quelles sont les réformes économiques que vous avez engagées et quel est leur impact réel sur les citoyens égyptiens?

«Les entreprises françaises participent activement à cette dynamique de développement. C'est le cas avec l'augmentation du nombre de lignes du métro du Caire, un marché gagné par des groupes français»

Nous voulons sortir d'une économie d'assistanat, avec toute une série de produits subventionnés par l'État, pour passer à une économie moderne, fondée sur les investissements productifs et le développement des infrastructures, routes, ports, électricité, écoles. La fiscalité des petites entreprises a été simplifiée afin de faire reculer l‘économie informelle et les activités non déclarées. La TVA instaurée en Égypte en 2016 a amélioré le processus de collecte des revenus et une décélération significative de l'inflation est prévue par les experts dans les prochains mois, pour parvenir à une inflation à un chiffre en 2019.

L'Égypte est un pays de 100 millions d'habitants. Les jeunes en âge de travailler sont majoritaires et l'État a lancé de grands projets nationaux, comme la zone économique du canal de Suez et la nouvelle capitale administrative, créateurs d'emplois et d'opportunités. Les entreprises françaises participent activement à cette dynamique de développement. C'est notamment le cas avec l'augmentation du nombre de lignes du métro du Caire, un marché gagné par des groupes français. Nous souhaitons les voir nombreux à venir investir et prospérer en Égypte.

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Chroniqueur chargé des questions internationales
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