Mulhouse: l'incendie "très
probablement d'origine criminelle"
Yémen: des migrants africains
enlevés et torturés
Manuel Valls : «Le terrorisme n'est
pas lié au chômage ou à la misère» (03.10.2017)
Les perturbateurs endocriniens
affecteraient le comportement des petits garçons (02.10.2017)
Vesoul: violences après la création
d'une brigade de police nocturne
Crise anglophone au Cameroun: au
moins 17 morts (02.10.2017)
Michel Onfray: « Michel Houellebecq
a diagnostiqué l'effondrement spirituel de notre époque » (29.09.2017)
Jeannette Bougrab : «Malgré
l'attentat islamiste de Marseille, le déni continue» (02.10.2017)
Tuerie/mosquée de Québec: l'auteur
présumé inculpé (02.10.2017)
Huit membres du Hezbollah tués par
un drone (02.10.2017)
Russie: un groupe lié à l'EI
démantelé
«Terrorisme islamique, basque ou
corse» : un dangereux amalgame (03.10.2017)
L'assaillant de Marseille signalé à
sept reprises sous sept identités différentes (02.10.2017)
Le roi Salmane attendu jeudi en Russie
(02.10.2017)
Attentat de Marseille : un texte
déposé mardi pour «systématiser l'expulsion des étrangers délinquants»
(02.10.2017)
Kurdistan: l'Irak déploie des chars
à la frontière (02.10.2017)
Huit membres du Hezbollah tués par
un drone (02.10.2017)
Clandestin et multi-récidiviste :
le parcours sidérant du terroriste islamiste de Marseille (02.10.2017)
Un restaurateur impose la détox
digitale à ses clients (02.10.2017)
Le chef de la diplomatie iranienne
à Oman (02.10.2017)
Le Front national votera contre le
projet de loi antiterroriste (03.10.2017)
Tension sourde au procès d'Abdelkader
Merah (02.10.2017)
Robert Redeker : «La défaite
médiatique de Rajoy est aussi une défaite de la raison» (03.10.2017)
L'auteur de l'attaque de Marseille
était un SDF en situation irrégulière (02.10.2017)
Les partisans de l'Espagne unie
font entendre leur voix (02.10.2017)
La droite divisée sur son attitude
face au projet de loi antiterroriste (02.10.2017)
Mohamed Merah, un «loup» qui était
bien loin d'être solitaire (02.10.2017)
Jacques Julliard : «Face à
l'islamisme, la volonté de ne pas savoir» (02.10.2017)
Mulhouse: l'incendie "très probablement d'origine
criminelle"
- Par Le Figaro.fr avec AFP
- Mis à jour le 02/10/2017 à 19:09
- Publié le 02/10/2017 à 17:01
Un incendie s'est déclaré la nuit
dernière dans un immeuble HLM du quartier de Bourtzwiller à Mulhouse (Haut-Rhin),
faisant au moins cinq morts et huit blessés.Le procureur a indiqué aujourd'hui
que l'incendie était "très probablement d'origine criminelle. Tout le
laisse à croire".
Au cours d'une conférence de
presse, Dominique Alzeari a également ajouté: "Une personne a été
mise en garde à vue lundi à 2h40. Un homme âgé de 28 ans qui a des antécédents
pour des faits de dégradations par incendie".
LIRE AUSSI :
Yémen: des migrants africains enlevés et torturés (02.10.2017)
- Par Le Figaro.fr avec AFP
- Mis à jour le 02/10/2017 à 15:02
- Publié le 02/10/2017 à 14:54
Des migrants arrivant au Yémen de
la Corne de l'Afrique sont souvent enlevés et torturés par des "gangs de
criminels" qui cherchent à obtenir le versement de rançons, a affirmé
aujourd'hui l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). Malgré une
guerre qui a tué des milliers de personnes et poussé le Yémen au bord de la
famine, quelque 6.000 migrants continuent d'entrer dans le pays chaque mois, a
indiqué l'OIM qui fait partie du système des Nations unies.
Ils viennent souvent d'Ethiopie
ou de Somalie et espèrent se rendre par voie terrestre dans les pays riches du
Golfe pour trouver du travail. Selon l'OIM, nombre d'entre eux sont enlevés par
des bandes de criminels à leur arrivée au Yémen et torturés pour obtenir le
versement de rançons. "Une technique courante consiste à appeler la
famille du migrant, tout en laissant le plastique brûlant d'une bouteille d'eau
vide couler sur la peau du migrant, causant des brûlures et des douleurs
atroces", a déclaré William Lacy Swing, directeur général de l'OIM.
"En général, les familles
payent rapidement et les migrants continuent souvent leur voyage pour être
extorqués à plusieurs reprises par différents gangs avant d'atteindre leur
destination". Des dizaines de migrants sont morts lors du voyage au Yémen
cette année. En août, au moins 50 migrants somaliens et éthiopiens ont été
délibérément noyés sur la côte du Yémen par des passeurs qui semblaient avoir
repéré des gardes-côtes stationnés le long de la côte de Chabwa, dans la mer
d'Oman, selon les Nations unies.
En mars, un hélicoptère a ouvert
le feu sur un bateau transportant plus de 140 passagers au large des côtes de
la mer Rouge, tuant 42 civils et en blessant 34 autres. Selon des rapports non
confirmés, la majorité des passagers étaient des migrants. Les Nations unies
ont déclaré que l'attaque avait presque certainement été perpétrée par la
coalition dirigée par les Saoudiens au Yémen, dans le cadre d'une opération
qu'elles ont qualifiée de violation du droit humanitaire international.
La semaine dernière, le Conseil
des droits de l'Homme de l'ONU a décidé d'envoyer des enquêteurs au Yémen où
plus de 8.500 personnes ont été tuées et près de 49.000 blessées depuis mars
2015, date à laquelle la coalition arabe sous commandement saoudien est intervenue
en soutien au gouvernement luttant contre des rebelles soutenus par l'Iran.
Manuel Valls : «Le terrorisme n'est pas lié au chômage ou à
la misère» (03.10.2017)
- Par Arthur Berdah
- Mis à jour le 03/10/2017 à 11:09
- Publié le 03/10/2017 à 10:21
LE SCAN POLITIQUE - Invité de
RTL ce mardi matin, l'ancien premier ministre a dénoncé le «discours
islamo-gauchiste» de la France Insoumise, et accusé la députée Danièle Obono de
«complicité avec l'islam politique».
Il a conservé sa préférence pour
les question régaliennes. Invité de RTL ce mardi matin pour commenter le projet de loi
antiterroriste présenté par le gouvernement, Manuel Valls s'est longuement
exprimé sur le péril islamiste qui meurtrit la France depuis plusieurs années.
Ainsi, l'ancien premier ministre a notamment affirmé que «le terrorisme,
aujourd'hui, n'est pas issu d'un terreau, et n'est pas lié au chômage ou à la
misère», mais qu'il s'agit d'une «idéologie totalitaire» puisant «sa source
dans l'islam politique».
Avec cette sortie, le député
apparenté LREM de l'Essonne prend le contre-pied total du chef de l'État. En
effet, lorsqu'il était à Bercy, Emmanuel Macron, avait dénoncé un «terreau (qui est) de notre
responsabilité». «Nous avons une part de responsabilité, parce que ce
totalitarisme se nourrit de la défiance que nous avons laissée s'installer dans
la société», jugeait-il encore. De même, lors de sa campagne présidentielle, le
fondateur d'En marche! a regretté qu'une partie de la population ait été
«assignée à résidence».
«Une partie de la gauche a
failli sur ces questions-là»
Le propos de Manuel Valls
rappelle toutefois ce qu'il martelait lorsqu'il était à Matignon. Au lendemain
des attentats du 13 novembre, il disait en avoir «assez» de «ceux qui cherchent
en permanence des excuses ou des explications sociologiques» au djihadisme. «Il
ne peut y avoir aucune explication qui vaille. Car expliquer, c'est déjà
vouloir un peu excuser», ajoutait-il. Face à la «polémique», il était toutefois revenu en arrière,
assurant qu'il «faut bien sûr chercher à comprendre», mais pas «chercher je ne
sais quelle explication».
Selon Manuel Valls, «une partie
de la gauche a failli sur ces questions-là»... À commencer par la France Insoumise, dont il dénonce le «discours
islamo-gauchiste». «Ils sont irresponsables. Dans leurs pratiques
concernant l'islam radical, il y a de la complaisance, il y a de l'ambiguïté»,
assène-t-il. Avec, dans son viseur, la députée de Paris, Danièle Obono, selon
qui un homme qui refuse de conduire un bus après une femme n'est pas forcément
radicalisé. «C'est de la complicité avec l'islam politique», juge-t-il.
Les perturbateurs endocriniens affecteraient le comportement
des petits garçons (02.10.2017)
- Par Le
figaro.fr AFP agence
- Mis à jour le 02/10/2017 à 12:03
- Publié le 02/10/2017 à 11:41
Selon l’Inserm, l’exposition
de femmes enceintes entre 2003 et 2006 au bisphénol A, au triclosan et à
certains phtalates est associée à des troubles du comportement.
Une étude épidémiologique menée
en France montre que l’exposition des femmes enceintes au bisphénol A, au
triclosan et à certains phtalates, est associée à des troubles du comportement
chez leurs petits garçons.
» Lire aussi - Perturbateurs
endocriniens: de quoi s’agit-il?
» Lire aussi - Quels
sont les effets sur la santé?
Hyperactivité, repli sur soi,
anxiété, crainte devant les situations nouvelles: l’effet sur les enfants
diffère selon les substances chimiques auxquelles la mère a été exposée pendant
sa grossesse.
Pour
l’Inserm, l’Institut français de la santé et de la recherche médicale,
parmi la quinzaine de substances chimiques testées, les composés «les plus
préoccupants à cet égard» sont le bisphénol A et le triclosan (qui sont des
phénols) et le DBP (di-n-butyl phtalate) qui est un phtalate.
» Lire aussi - Phtalates:
Qu’est-ce que c’est?
Les résultats de l’étude de
l’Inserm viennent d’être publiés dans la revue Environmental Health
Perspective. «C’est une preuve de plus de l’effet de ces perturbateurs
endocriniens», déclare à l’AFP Rémy Slama, épidémiologiste à l’Institut pour
l’avancée des biosciences à Grenoble.
Des recherches in vitro et sur
les animaux ont mis en évidence que toutes ces substances chimiques étaient des
perturbateurs endocriniens suspectés. Ils sont susceptibles d’interagir avec le
système hormonal qui contrôle le développement du cerveau de l’enfant.
Le bisphénol A a été interdit de
tous les contenants alimentaires en France en janvier 2015, soit après la
réalisation de cette étude. Mais on le trouve encore dans les lunettes, les CD
etc.
Une étude sur 529 garçons
Le triclosan est un agent
antibactérien présent dans certains dentifrices et savons. Il est autorisé
jusqu’à certaines valeurs limites dans les cosmétiques et est interdit dans les
textiles au niveau de l’Union européenne. Le DBP est utilisé dans les colles,
vernis à ongles et laques pour les cheveux et pour assouplir des matières
plastiques comme le PVC. Lui aussi est réglementé selon une logique de valeur
limite et il est interdit dans les cosmétiques.
L’étude, réalisée par Claire
Philippat et pilotée par Rémy Slama, a porté sur 529 petits garçons de la
cohorte mère-enfant Eden, mise en place par l’Inserm. Les femmes enceintes
avaient été recrutées entre 2003 et 2006. Pendant leur grossesse, ces femmes
ont vu leur urine analysée pour doser les biomarqueurs caractéristiques de
l’exposition aux phénols et aux phtalates. Il est apparu que 70 à 100% des
femmes de la cohorte Eden étaient alors exposées à des niveaux détectables de
ces substances.
Aux troisième et cinquième
anniversaires de leur enfant, elles ont rempli un questionnaire évaluant
certains aspects de leur comportement comme l’hyperactivité, les troubles
émotionnels et relationnels.
» Lire aussi - Perturbateurs
endocriniens: l’Europe avance timidement
L’étude montre que l’exposition
au bisphénol A était associée à une augmentation des troubles relationnels à 3
ans et des comportements de type hyperactif à 5 ans. «Ce travail confirme que
les effets du bisphénol A sur le comportement, observés chez l’animal de
laboratoire, se retrouvent chez l’humain à des expositions faibles,
probablement inférieures à celles préconisées par l’autorité européenne de
sécurité alimentaire», indique l’Inserm.
Étudier le cas des petites
filles
Le DBP était lui associé à
davantage de troubles émotionnels et relationnels, incluant les comportements
de repli, à 3 ans, mais pas à 5 en ce qui concerne les troubles émotionnels.
Les associations entre le DBP et le comportement avaient déjà été mis en
évidence dans des études précédentes chez de jeunes garçons et chez l’animal.
«L’étau se resserre aussi autour de cette substance», commente Rémy Slama.
L’étude a aussi montré une
association entre le triclosan et une augmentation des troubles émotionnels à 3
et 5 ans. «Il s’agit de la première étude évaluant les effets de ce composé sur
le comportement humain», relève l’épidémiologiste. Son équipe avait déjà mis en
évidence une diminution du périmètre crânien à la naissance chez les petits
garçons exposés in utero au triclosan.
Une des limites de l’étude réside
dans le fait que les femmes enceintes ont fait l’objet d’un seul prélèvement
d’urine. Les équipes de Grenoble vont s’attacher à affiner les résultats en
suivant une nouvelle cohorte mère-enfant (Sepages) de l’Inserm.
De nombreux échantillons d’urine
par participant (mère mais aussi enfant) seront recueillis durant la grossesse
et les premières années de l’enfant, pour mieux mesurer l’exposition aux
substances. L’étude sera élargie aux petites filles car l’effet des
perturbateurs endocriniens est susceptible d’être différent sur elles.
Vesoul: violences après la création d'une brigade de police
nocturne
- Par Le Figaro.fr avec AFP
- Mis à jour le 02/10/2017 à 19:16
- Publié le 02/10/2017 à 19:14
Incendies volontaires, pompiers
et policiers pris dans un "guet-apens": des violences urbaines ont
éclaté ce week-end à Vesoul (Haute-Saône) après la création d'une brigade de
police nocturne, et deux suspects ont été interpellés aujourd'hui, a indiqué le
parquet. Dans la nuit de vendredi à samedi, une voiture et six poubelles ont
été volontairement incendiées dans le quartier sensible du Montmarin, a indiqué
à l'AFP le procureur de Vesoul, Emmanuel Dupic.
Les pompiers arrivés pour
éteindre les incendies, ainsi que les policiers qui les accompagnaient, ont
ensuite été la cible de jets de tessons de bouteilles et de pavés. Un
fonctionnaire de police a été légèrement blessé au genou, et plusieurs
véhicules touchés par des projectiles, a-t-il précisé. "Les départs
d'incendies ont été organisés. C'est une situation de guet-apens qui a été
tendue aux policiers et aux pompiers", a estimé le procureur.
"Le mouvement de violences
urbaines est probablement lié à la récente création d'un groupe de sécurité et
de protection de la police - l'équivalent d'une brigade anticriminalité (Bac) -
qui patrouille et intervient la nuit à Vesoul et notamment dans le quartier du
Montmarin", selon M. Dupic. Cette nouvelle formation perturbe le trafic de
drogue dans la quartier, où deux dealers présumés ont été interpellés la
semaine dernière.
Aujourd'hui, ce sont deux
Vésuliens de 17 et 44 ans, connus de la justice pour des faits de violences,
qui ont été interpellés et placés en garde à vue dans le cadre de l'enquête
ouverte pour "violences aggravées sur dépositaires de l'ordre public, en
réunion et avec armes", ainsi que pour "destruction" par
incendie.
Devant les enquêteurs, ils
auraient reconnu leur présence sur les lieux, mais pas leur participation aux
faits. "D'autres identifications sont en cours", a noté M. Dupic,
parmi la dizaine de personnes ayant selon lui participé aux violences.
Crise anglophone au Cameroun: au moins 17 morts (02.10.2017)
- Par Le Figaro.fr avec AFP
- Mis à jour le 02/10/2017 à 20:16
- Publié le 02/10/2017 à 20:14
Au moins 17 personnes ont été
tuées hier dans les deux régions anglophones du Cameroun en marge d'une
proclamation symbolique d'"indépendance" par des séparatistes
vis-à-vis de la majorité francophone, selon un bilan établi lundi par Amnesty
International et des sources officielles consultées par l'AFP.
"Amnesty International peut
confirmer qu'au moins 17 personnes ont été tuées par les forces de sécurité
lors des manifestations d'hier (dimanche) dans plusieurs villes des régions
anglophones du Cameroun", a indiqué l'ONG dans un communiqué.
» Lire aussi - Les anglophones camerounais veulent leur
indépendance
Au moins dix-sept civils, dont
deux Nigérians, ont été tués, a-t-on confirmé de sources officielles. Le
gouverneur du Nord-Ouest, une des deux provinces anglophones, a compté onze
morts dans sa seule région, dont cinq dans une tentative d'évasion dans une
prison. "Nous avons globalement sur l'ensemble de la région six décès qui
ont été enregistrés", a déclaré à la CRTV le gouverneur, Adolphe Lele
Lafrique.
A ce chiffre s'ajoute la mort de
cinq détenus dans une prison de Kumbo, a-t-il ajouté. Les prisonniers "ont
décidé de mettre le feu à leur prison pour faciliter leur évasion. Sur le coup
de cette évasion, les gardiens de prison ont atteint quatre d'entre eux qui ont
rendu l'âme sur place. L'un d'entre eux, évacué, a rendu l'âme à l'hôpital.
Trois autres sont sous soins médicaux", a dit le gouverneur.
Six personnes ont en outre été
tuées hier dans la seconde région anglophone, le Sud-Ouest, selon un
premier comptage des autorités régionales. Au moins un gendarme et plusieurs
civils y ont aussi été blessées.
Aujourd'hui, l'AFP a eu
connaissance de deux autres morts au cours des violences du week-end. Un jeune
habitant de Kumba, dans la région du Sud-Ouest, a été "tué samedi par les
forces de sécurité", a déclaré à l'AFP un infirmier de la ville. Le maire
de la ville de Kumbo, Donatus Njong, a affirmé que les forces de l'ordre
avaient"tué un citoyen" hier.
Michel Onfray: « Michel Houellebecq a diagnostiqué
l'effondrement spirituel de notre époque » (29.09.2017)
- Par Alexandre Devecchio
- Mis à jour le 30/09/2017 à 19:07
- Publié le 29/09/2017 à 20:33
FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN - A
l'occasion de la parution de son dernier livre, Miroir du nihilisme, Houellebecq
éducateur, Michel Onfray a accordé un entretien fleuve au FigaroVox. Il y
décrypte la philosophie de l'auteur de Soumission.
Michel Onfray philosophe et
essayiste. En septembre, il publie deux livres consacrés à des auteurs qu'il
admire: Vivre une vie philosophique: Thoreau le sauvage et Miroir du nihilisme. Houellebecq éducateur.
FIGAROVOX.- Vous publiez aux éditions Galilée, Miroir du nihilisme, un essai
consacré à Soumission de Michel Houellebecq. Vous êtes longtemps passé à côté
de l'œuvre de ce dernier. Pourquoi son dernier roman vous a-t-il fait changé de
point de vue?
Michel ONFRAY.- J'avais
aimé la performance littéraire d'Extensiondu domaine de la lutte qui
était vif et bref, rapide et percutant. Les autres romans m'avaient paru
techniquement moins rapides. J'aime les stylistes et les textes qui vont vite.
Voilà pour la forme.
J'avais commis l'erreur de
croire que le diagnosticien du nihilisme consentait au nihilisme, s'en
réjouissait même, voire, s'y complaisait… C'était une erreur.
Pour le fond, j'avais commis
l'erreur de croire que le diagnosticien du nihilisme consentait au nihilisme,
s'en réjouissait même, voire, s'y complaisait… C'était une erreur. C'est
confondre le cancérologue qui diagnostique la pathologie avec le cancer, la
pathologie qu'il a diagnostiquée. J'étais, selon l'image bien connue,
l'imbécile qui regarde le doigt quand le sage lui montre la lune!
Soumission m'a plu
parce qu'il renoue avec la vitesse d'Extension. Il m'a éloigné du doigt
et ramené à la lune quand j'ai constaté chez Michel Houellebecq la grande
souffrance qui était la sienne à se savoir, se voir, se constater,
s'expérimenter corporellement et spirituellement tel un sismographe de notre
époque en cours d'effondrement.
En termes hégéliens, il est le
grand homme choisi par l'Histoire pour qu'il en fasse la narration. Il est au
cœur nucléaire du processus de Ruse de la raison. Le savoir, ce qui est son
cas, car il est d'une redoutable lucidité, c'est affronter les plus grands
tourments.
En quoi Houellebecq est-il le
romancier du nihilisme?
En tant que sismographe, il
enregistre toutes les secousses en rapport avec la tectonique des plaques
civilisationnelles: il a diagnostiqué l'effondrement spirituels des générations
produites par des parents soixante-huitards, l'écœurement d'une sexualité
indexée sur la seule performance, la marchandisation des corps et des âmes, des
carrières et des pensées, la contamination de l'art contemporain par le
snobisme et le marché, la tyrannie de l'argent en régime libéral, la fin de la
France depuis l'abandon de sa souveraineté lors du Traité de Maastricht.
Mais aussi la veulerie du tourisme
sexuel en Asie, le caractère inéluctable de l'engagement de nos civilisations occidentales vers
le projet transhumaniste, l'effondrement de la religion judéo-chrétienne et des
valeurs qui l'accompagnaient, et, avec Soumission, le processus de
collaboration des élites avec les idéologies liberticides - ici un islam
francisé.
Depuis 1994, Michel Houellebecq
dépèce minutieusement le Veau d'or - c'est en cela qu'il est le grand romancier
du nihilisme occidental.
Houellebecq s'inscrit
volontiers dans la filiation d'Auguste Comte qui était positiviste…
Mais aussi de Schopenhauer - ou
de Huysmans. Il n'est pas homme à s'enfermer dans des cases, à aimer l'un, donc
pas l'autre, à choisir celui-ci, donc à écarter celui-là… Il est un homme
authentiquement libre.
Ce qu'il aime chez Auguste Comte,
c'est sa réflexion sur la place de la religion dans la société, sur la
possibilité d'une liaison d'un certain type de sacré avec le social. Qui dira
qu'il ne s'agit pas d'une question essentielle si l'on veut aujourd'hui penser
la question politique?
Le positivisme n'est pas la
philosophe un peu bêtasse de Monsieur Homais, mais la pensée mal connue d'un
homme qui estimait que la religion sociologique des Hommes pouvait remplacer la
religion théologique de Dieu.
La question de la religion est un
leitmotiv dans la pensée de Michel Houellebecq: que faire dans un monde vidé de
toute transcendance? Lui qui décrit dans le détail le désespoir qu'il y a à
vivre dans un monde de pure immanence (ce qui n'est pas mon cas: je crois que
la sagesse tragique permet de vivre dans la seule immanence sans désespoir…) ,
il est normal qu'Auguste Comte lui parle.
Votre livre est sous-titré
Houellebecq éducateur. Comment peut-on être à la fois nihiliste et éducateur?
En enseignant la nature tragique
du monde, autrement dit, en évitant deux choses: la lecture optimiste du monde
et… la lecture pessimiste! L'optimiste voit le meilleur partout et ne veut pas
entendre parler du pire ; le pessimiste voit le pire partout et ne veut pas
entendre parler du meilleur.
Le tragique quant à lui sait
qu'il y a du pire et du meilleur partout… Michel Houellebecq nous enseigne où
est le pire, ce qui n'a pas besoin d'être démontré, mais aussi le meilleur.
Le tragique quant à lui sait
qu'il y a du pire et du meilleur partout… Michel Houellebecq nous enseigne où
est le pire, ce qui n'a pas besoin d'être démontré, mais aussi le meilleur -
qui provient chez lui, paradoxalement, de Schopenhauer pour qui il existe des
solutions à ce monde sombre dans la pitié et la contemplation esthétique.
N'oublions pas que Schopenhauer a
aussi écrit un Art d'être heureux… On connaît sa vision du monde
animal, elle est d'une grande compassion. Il y a dans sa conversation en tête à
tête la même présence attentive à l'autre. On n'ignore pas non plus qu'il
trouve dans l'art un sens à sa vie: il a produit des romans, des essais, des
poèmes, des films, des photographies, des performances d'art contemporain…
En tant qu'il dit le monde tel
qu'il est, sans faux-semblants, et qu'il vit une vie poétique sans l'imposer ou
la conseiller à qui que ce soit, il invite chacun à construire sa propre
existence dans un temps de détresse.
Beaucoup ont vu dans
‘Soumission' une critique de l'islam radical. Vous y voyez plutôt un grand
roman de la collaboration. Qui sont les «collabos» d'aujourd'hui?
Les «collabos» sont ceux qui
estiment que l'Islam est une religion de paix, de tolérance et d'amour et ne
veulent pas entendre parler d'un Islam de guerre, d'intolérance et de haine.
Ceux qui estiment que l'Islam est
une religion de paix, de tolérance et d'amour et ne veulent pas entendre parler
d'un Islam de guerre, d'intolérance et de haine.
Certes, il existe un islam
pratiqué par des gens qui voient en cette religion une coutume familiale ou un
signe d'appartenance dans laquelle dominent effectivement la tolérance, la paix
et l'amour.
Mais il y a aussi, dans le Coran
et dans l'histoire de l'islam, terrorismes inclus, une autre voie qui est celle
de la misogynie, de la phallocratie, de l'homophobie, de l'antisémitisme, du
bellicisme, de la guerre qui constituent des valeurs à exporter par le djihad
guerrier.
Le collaborateur ne veut voir que
le premier islam en estimant que le second n'a rien à voir avec l'islam. Le
Coran est un livre dont les sourates justifient aussi bien le premier que le
second islam.
Concrètement, ces collaborateurs
sont les islamo-gauchistes qu'on trouve ici ou là au NPA, dans la France Insoumise, dans l'aile gauche du
PS, au PCF, ou à EELV. Il y en a également dans l'aile gauche des Républicains
- chez les juppéistes par exemple.
C'est aussi une critique
acerbe du monde universitaire. Un monde avec lequel vous avez toujours pris vos
distances …
Michel Houellebecq se contente de
décrire cette institution qui fonctionne à la cooptation, au piston, donc au
phénomène de cour ; avec retard, elle suit les modes qu'elle ne crée jamais ;
elle se prétend du côté de la science alors qu'elle est le lieu de l'idéologie
; elle est un lieu de rituels d'écriture scrupuleux et de reproduction
institutionnelle - comme l'a bien vu Bourdieu ; elle dit être un lieu de
recherche mais on y cherche ceux qui y trouveraient -précisons que je parle des
seuls secteurs littéraires, sociologiques, philosophiques…
C'est pour ma part un monde
contre lequel je n'ai rien puisque j'ai refusé de l'intégrer après ma
soutenance alors que ma directrice de thèse me proposait d'y faire carrière et
que j'ai préféré rester professeur de philosophie dans un lycée technique.
Mais, en effet, l'Université est
une institution et, en tant que telle, elle est un lieu où la liberté,
l'autonomie et l'indépendance soufflent peu! Ni Montaigne ni La Boétie, ni
Descartes ni Voltaire, ni Nietzche ni Proudhon, ni Alain ni Camus n'ont eu besoin
de l'université pour penser - et leurs pensées furent vraiment libres…
Presque aussi intéressant que
le livre lui-même a été son accueil au moment même où la réalité rejoignait la
fiction avec les attentats de janvier 2015. Comment analysez-vous son rejet par
une partie des médias?
J'ai repris le dossier de presse
de l'accueil de ce livre pour essayer de voir comment on avait lynché l'homme
sans avoir lu l'œuvre pour ne pas avoir à la lire et à la commenter - parce
qu'elle mettait le doigt dans la plaie…
Il est intéressant de
constater combien les instruments et les personnes de la pensée dominante dans
les médias de l'islamo-gauchisme ont sali Michel Houellebecq afin de
discréditer l'œuvre.
Il est intéressant de constater
combien les instruments et les personnes de la pensée dominante dans les médias
de l'islamo-gauchisme ont sali l'homme Michel Houellebecq en lançant une
polémique comme ils savent le faire pour souiller l'homme afin de discréditer
l'œuvre.
Il est également intéressant de
mettre en perspective ceux qui ont écrit ou parlé en faveur de Mehdi Meklat
(blogueur islamophile, antisémite, phallocrate, misogyne, antisémite,
belliciste) dans Libération, Le Monde , Les Inrockuptibles ou France-Inter et
de rappeler ce que les mêmes ont écrit contre Houellebecq.
Ce travail a été riche
d'enseignements pour moi sur le fonctionnement du dispositif collaborationniste
français… Je vous renvoie au détail de l'analyse (noms, lieux, citations,
analyse de tweets, etc) dans mon livre…
C'est aussi un livre sur la
perte de sens dans notre civilisation occidentale. Le christianisme et
l'idéologie totalitaires ont laissé la place à la religion du marché et à
l'islam conquérant. En tant qu'athée et matérialiste, que cela vous
inspire-t-il? Pourquoi la raison a-t-elle échoué à être le ciment d'une
nouvelle civilisation?
L'Histoire témoigne qu'il n'y
eut pas de civilisation construite sur l'athéisme et le matérialisme qui , l'un
et l'autre, sont des signes, voire des symptômes, de la décomposition d'une
civilisation.
Une civilisation n'est possible
qu'avec une spiritualité qui la soutient et qui, elle-même, découle d'une
religion. Depuis que le monde est monde, c'est ainsi. L'Histoire témoigne.
Elle témoigne également qu'il n'y
eut pas de civilisation construite sur l'athéisme et le matérialisme qui , l'un
et l'autre, sont des signes, voire des symptômes, de la décomposition d'une
civilisation - je le sais au premier chef puisque je suis athée et
matérialiste… On ne lie pas les hommes sans le secours du sacré.
J'en profite pour m'opposer à
cette scie musicale chantée par un certain nombre de philosophes pour lesquels
la religion serait ce qui relierait les hommes entre eux - sur le principe du
religare, relier… C'est une vision étroite de… matérialiste, voire… d'athée!
Car, si la religion relie bien,
elle ne relie pas les hommes entre eux, sur le terrain de l'immanence, mais
avec le sacré, sur le terrain de la transcendance. Elle n'est pas un lien des
hommes entre eux, mais des hommes avec ce qui les dépasse. Or nous sommes dans
une civilisation qui a congédié toute transcendance.
Vous publiez également,
Thoreau le sauvage, un livre sur Henry-David Thoreau. Qui était ce «penseur de champs»?
C'est un homme qui montre qu'il
existe une philosophie américaine loin de la philosophie européenne - et qui,
ostensiblement, lui tourne le dos… L'Europe philosophique aime les Idées
éthérées et les Concepts purs, elle chérit plus que tout le beau raisonnement
même s'il est faux, elle aime les cathédrales utopiques même si elles sont inhabitables.
Thoreau se moque des concepts et
des idées, des beaux raisonnements et des cathédrales utopiques: il veut que la
philosophie soit l'art de parvenir à une sagesse qui est connaissance de la
nature et invitation à y trouver sa place.
Thoreau est un marcheur, un
herboriste, un géologue, un nageur, un chasseur, un pécheur, un jardinier qui
mène une vie philosophique. Il n'imagine pas une seule seconde une idée
découplée de ce qu'elle doit produire: une action concrète, un comportement,
une pratique. C'est un penseur existentiel comme je les aime…
Sa philosophie ne peut-elle
être une alternative au nihilisme que vous décrivez?
C'est une solution, oui. Pas
forcément la seule.
Il faudrait ajouter que ce
sympathique naturaliste invitant à se plier aux lois du cosmos pour y trouver
une place qui génère la sérénité fut également le militant engagé contre
l'esclavagisme et qu'on lui doit un fameux De la désobéissance
civile qui, certes, a inspiré Tolstoï, Gandhi, Martin Luther King, et
qui connaît un succès formidable dans l'Amérique trumpienne, mais qui a
également dit qu'il fallait prendre les armes pour faire triompher les idées
auxquelles on croit - comme l'abolition de l'esclavage.
C'est donc un penseur plus
complexe que ce qu'en disent les habituelles cartes postales sur son compte…
Vous vous décrivez comme un
tragique qui observe le bateau couler. Pourtant vous consacrez une énergie
prodigieuse à transmettre à travers vos nombreuses publications, votre télé ou
encore l'Université populaire de Caen. Cela ne témoigne-t-il pas finalement
d'une certaine foi en l'avenir malgré tout?
Certes, nous allons mourir,
notre civilisation aussi, mais, en attendant, « vivons droit » comme disait
Marc-Aurèle.Il n'y a aucune raison pour s'avachir !
Vous avez raison de pointer cette
apparente contradiction!
Mais, de la même manière qu'une
civilisation obéit à son tropisme, j'obéis au mien qui me conduit à faire ce
que je ne peux pas ne pas faire: autrement dit: rendre ce que j'ai restitué
quand mon vieux maître Lucien Jerphagnon me faisait découvrir à dix-sept ans
que la philosophie antique, Lucrèce en particulier, peut sauver celui qui
cherche un sens à sa vie sans avoir besoin du sacré, de la transcendance, du
divin ou de Dieu.
Nietzsche fait du terme médical
d'idiosyncrasie une idée philosophique majeure: elle lui permet de dire que
chacun obéit à un tempérament contre lequel il ne peut pas lutter et que la
grande liberté c'est d'accepter, voire de vouloir et d'aimer, ce qu'on ne peut
éviter. Nietzsche propose une version moderne du stoïcisme - j'y souscris.
Certes, nous allons mourir, notre
civilisation aussi, mais, en attendant, «vivons droit» comme disait
Marc-Aurèle… Donc vous ne trouverez pas chez moi une foi en l'avenir mais un
pari dans le présent: il n'y a aucune raison pour s'avachir!
Comme Houellebecq êtes-vous
«un éducateur»?
Je fais ma part…
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Jeannette Bougrab : «Malgré l'attentat islamiste de
Marseille, le déni continue» (02.10.2017)
Mis à jour le 03/10/2017 à 18h25 | Publié le 02/10/2017 à 19h14
FIGAROVOX/ENTRETIEN - Le modus
operandi du terroriste présumé qui a tué deux jeunes femmes à Marseille est
particulièrement inquiétant, juge l'essayiste*.
LE FIGARO. - Un attentat a eu lieu, dimanche, à la gare
Saint-Charles à Marseille. Deux femmes ont été tuées…
Jeannette BOUGRAB. - L'horreur
à l'état brut! Viser les femmes par égorgement et éventration, comme dans les
montagnes de Blida, en Algérie, dans les années 1990, n'est pas anodin. Cela a
une signification politique. Selon Ali Harb, un philosophe libanais, la
violence dans l'islam est démultipliée parce que sa doxa religieuse se
structure autour de deux notions: la pureté et la souillure. Dans l'islam, les
femmes sont considérées comme impures. S'attaquer aux femmes, c'est répondre à
une lecture littérale du Coran. Lorsque la communauté internationale s'est indignée
des viols commis par l'État islamique, leurs dirigeants ont objecté qu'ils
répondaient à une prescription: «Chacun doit se rappeler que réduire en
esclavage les familles kuffars et prendre leurs femmes comme concubines est un
aspect fermement établi par la charia. Et qu'en le niant ou le moquant, on
nierait ou on moquerait les versets du Coran.» Même une femme musulmane
n'existe pas seule. Mariée, on la soupçonne d'exciter les instincts masculins.
Aussi doit-elle se cacher sous des voiles plus ou moins intégraux. Quant à
l'égalité à laquelle le droit français nous a habitués, elle n'existe pas dans
les pays musulmans. La femme est par nature inférieure. Le plus inouï, c'est
qu'il y a des féministes françaises pour le justifier. Comment leur prose peut-elle
être publiée dans des journaux qui hissent la cause des femmes comme étendard?
On mesure le degré de
civilisation d'un pays à son respect des femmes. Or, on assiste en France à une
escalade: des femmes sont chassées des rues et des cafés et désormais égorgées
et éventrées. Ce qui me glace le sang au lendemain de cette boucherie de
Marseille, c'est le tournant symbolique très important que cela amorce. On
pensait que cette barbarie s'arrêterait aux frontières de l'Algérie, de l'Irak
ou de la Syrie. Aujourd'hui, elle touche la France. Demain d'autres femmes se
feront assassiner dans des conditions atroces. Il faudrait descendre dans la
rue pour crier que meurtrir les femmes, c'est meurtrier le corps même de la
France.
«Ce qui me glace le sang au
lendemain de cette boucherie de Marseille, c'est le tournant symbolique très
important que cela amorce»
Jeannette Bougrab
Depuis 2015, on ne compte plus
ce type d'attentats. Assiste-t-on à une banalisation? Une résignation?
Il suffisait de regarder dimanche
les chaînes d'information: cette barbarie inouïe était reléguée au second plan
par rapport à la Catalogne. Plus que de la résignation ou de la banalisation,
il faut parler de déni. On n'ose pas nommer le mal de peur d'être accusé de
racisme ou d'«islamophobie». L'égorgement et l'éventration de ces femmes me
rappelle le début des violences du FIS en Algérie à la fin des années 1980 et
le discours de François Mitterrand qui expliquait ces violences par l'absence
de processus démocratique dans ce pays. À l'époque, les élites françaises n'ont
pas voulu voir la réalité dans sa monstruosité. Cela s'est soldé par 300.000
morts en 10 ans. De même, après les émeutes de banlieue en 2005, on expliquait
qu'à Marseille, il y avait un modèle d'intégration qui fonctionnait, un vouloir
vivre ensemble à travers l'identité marseillaise. Et on se rend compte
aujourd'hui qu'aucune partie du territoire national n'est protégée de la
barbarie islamiste.
Dans votre nouveau livre, vous
faites un parallèle avec la guerre d'Algérie. Pourquoi?
La guerre d'Algérie a représenté
un tournant car la terreur a été semée délibérément dans la population civile.
Les combattants du FLN s'attaquaient aussi bien aux soldats qu'aux enfants et
même aux femmes enceintes. Le terrorisme contemporain puise pour partie ses
origines dans la guerre d'Algérie, plus précisément dans la dimension
religieuse de la lutte pour l'indépendance - dimension longtemps occultée au
profit de la seule dimension nationaliste à laquelle elle ne se réduisait
pourtant pas. En 2016, dans un livre courageux, Jean Birnbaum, homme de gauche,
a critiqué sa propre famille politique pour ce qu'il appelle son «silence
religieux». À ses yeux, la gauche refuse d'admettre le fondement religieux des
attentats frappant la France de peur de susciter un amalgame entre islam et
terrorisme qui pourrait faire le jeu du Front national. Selon lui, ce réflexe
quasi pavlovien trouve son explication dans les non-dits de la guerre d'Algérie
dont, en particulier, l'occultation de la nature réelle du FLN, à savoir
l'enracinement de ce mouvement dans la foi islamique. «La révolution algérienne
est fondée et bâtie sur le respect des principes de l'islam», proclamait à
l'époque le FLN. Ce mouvement imposait à ses combattants un rigorisme
religieux: interdiction du tabac, de l'alcool, des jeux d'argent et nez coupé à
ceux qui étaient surpris en train de fumer pendant le ramadan! De crainte de
disqualifier ce mouvement politico-militaire indépendantiste, la gauche a
préféré taire la dimension religieuse du nationalisme algérien. Pourtant une
violence qui s'exerce au nom de Dieu n'est pas n'importe quelle violence. Elle
est loin d'être anodine. Nous sommes les héritiers de ce non-dit.
Que faire alors pour éviter
que l'histoire ne se répète?
Il y a des choses très concrètes
à faire au-delà des incantations. Comment se fait-il qu'un jeune délinquant,
qui a tenté à plusieurs reprises d'aller en Syrie, soit remis en liberté avec
un bracelet électronique et qu'il puisse, sans être inquiété, aller égorger le
père Hamel dans une église? Que faisait sur le territoire le Tunisien qui a
assassiné ces deux jeunes femmes à Marseille? Non seulement il était en
situation irrégulière, mais également connu des services de police! Ce genre de
cas ne devrait pas exister. Il faut, au nom du principe de précaution, pouvoir
priver de liberté toute personne liée de près ou de loin à une organisation
terroriste. Nous devons réduire le pouvoir d'appréciation des juges qui sont
susceptibles de remettre en liberté des individus radicalisés. Cela demande un
changement de mentalité de la part des magistrats. Par ailleurs, comme le juge
Trévidic lui-même le dit très bien, les textes juridiques ne sont plus adaptés
à la situation. Et ce qui est dramatique en France, c'est qu'il y a toujours
une explication pour justifier et dédouaner les auteurs d'attentats ou les
islamistes qui nourrissent le terrorisme. Lorsque Danièle Obono, députée de
Paris (Les Insoumis), explique qu'un chauffeur RATP qui refuse de conduire un
bus après une femme n'est pas nécessairement radicalisé, mais peut être
simplement «sexiste», elle se fait l'idiote utile, pour ne pas dire la
complice, des islamistes. De même que les dix-neuf intellectuels supposés qui,
dans Le Monde, ont mené la charge contre Kamel Daoud, coupable d'avoir dénoncé
la misère sexuelle du monde musulman - intellectuels qui excusaient les
auteurs des agressions sexuelles de Cologne. Depuis Sartre, cette «complicité»
est propre à l'intellectuel de gauche de Saint-Germain-des-Prés ou d'ailleurs.
Jadis, Alain Badiou a salué l'arrivée des Khmers rouges à Phnom Penh, qui ont
causé la mort de deux millions de personnes. Aujourd'hui, les intellectuels
français devraient s'instruire auprès des intellectuels de culture musulmane
qui ont subi l'horreur de la guerre civile en Algérie: Kamel
Daoud, mais aussi Boualem
Sansal, qui malgré les menaces sur sa vie ne se laisse impressionner ni par
les imams qui appellent au meurtre, ni par les meneurs d'une certaine gauche
française qui a corrompu le mouvement antiraciste pour en faire un outil
d'oppression.
* Vient de publier «Lettre
d'exil: la barbarie et nous» (Editions du Cerf, 2017, 224 p., 18 €).
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Tuerie/mosquée de Québec: l'auteur présumé inculpé
(02.10.2017)
- Par Le Figaro.fr avec AFP
- Mis à jour le 02/10/2017 à 19:47
- Publié le 02/10/2017 à 19:38
L'auteur présumé de la tuerie qui
a fait six morts dans une mosquée de Québec fin janvier a été formellement
inculpé aujourd'hui d'homicide et de tentative de meurtre. Pour la
première fois depuis la fusillade du 29 janvier, un homme grièvement blessé
lors du drame ainsi que quatre veuves de victimes ont assisté à la comparution
d'Alexandre Bissonnette, qui est demeuré impassible lors de cette courte
audition chargée d'émotion.
L'homme de 27 ans a été inculpé
pour le meurtre de six personnes et de tentative de meurtre concernant les 35
autres fidèles qui se trouvaient dans la mosquée, selon le procureur aux
poursuites criminelles et pénales. "C'est un progrès énorme", a dit
Boufeldja Benabdallah, cofondateur du Centre culturel islamique de Québec, tout
en déplorant que l'ancien étudiant aux idées proches de l'extrême droite n'ait
pas été accusé de "terrorisme".
Les 35 fidèles survivants, dont
quatre enfants de 8 à 12 ans, "ne doivent pas être laissés pour
compte", a-t-il dit. "Ils étaient sur place, ils ont été blessés dans
leur corps, leur moral, leur psychique. La justice est en train de jouer un
rôle fondamental pour soigner ces blessures". La date du procès, "qui
aura lieu devant un juge et un jury de la Cour supérieure du Québec", sera
fixée le 11 décembre, a indiqué le procureur.
Le 29 janvier, pendant la prière
du dimanche soir, un tireur avait fait irruption dans la mosquée du quartier
résidentiel de Sainte-Foy à Québec et ouvert le feu sur les fidèles rassemblés
avec une arme de poing, faisant six morts, soit l'une des pires tueries contre
des musulmans en Occident. Les jours suivants, des milliers de personnes dont
le Premier ministre du Canada Justin Trudeau s'étaient rassemblées à Québec
pour exprimer leur soutien à la communauté musulmane.
LIRE AUSSI :
Huit membres du Hezbollah tués par un drone (02.10.2017)
- Par Le Figaro.fr avec AFP
- Mis à jour le 02/10/2017 à 13:51
- Publié le 02/10/2017 à 13:46
Au moins huit combattants du
Hezbollah libanais, allié du régime de Damas, ont péri aujourd'hui dans
une attaque aérienne menée par un drone dans le centre de la Syrie, a rapporté
l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
L'OSDH, qui n'était pas en mesure
d'identifier le drone, a indiqué que le raid avait visé une position du
mouvement armé chiite près de la ville d'al-Soukhna dans le désert syrien,
tuant huit de ses combattants et en blessant plus de 20 autres.
Russie: un groupe lié à l'EI démantelé (02.10.2017)
- Par Le Figaro.fr avec AFP
- Mis à jour le 02/10/2017 à 15:50
- Publié le 02/10/2017 à 15:30
Les services spéciaux russes
(FSB) ont annoncé aujourd'hui le démantèlement dans la région de Moscou d'une
"cellule" liée à l'organisation Etat islamique (EI) qui préparait des
attentats en Russie.
Deux appareils explosifs
improvisés, de haute puissance et prêts à l'emploi, des armes et des grenades
ont également été saisis au cours de l'opération, a indiqué le FSB.
"Les membres de la cellule
prévoyaient de commettre des actes terroristes de grande ampleur en visant les
lieux de rassemblement de masse et les infrastructures de transport", ont
ajouté les services russes dans un communiqué.
Selon le FSB, les membres du
groupe sont originaires des républiques russes du Caucase, à majorité
musulmane, et prenaient leurs ordres d'"émissaires étrangers". Un
responsable du FSB, cité par les médias russes, a affirmé que deux des
personnes arrêtées étaient des frères originaires du Daguestan. "L'un a 22
ans, l'autre en a 19", a-t-il précisé.
Depuis le début de son
intervention militaire en Syrie le 30 septembre, la Russie, alliée du régime de
Damas, a été menacée de représailles par l'EI et par la branche syrienne
d'Al-Qaïda, l'ancien Front Al-Nosra et actuel Front Fateh al-Cham.
LIRE AUSSI :
«Terrorisme islamique, basque ou corse» : un dangereux
amalgame (03.10.2017)
- Par Le
figaro.fr
- Publié le 03/10/2017 à 11:20
FIGAROVOX/TRIBUNE - « Il n'y a
pas lieu de faire de distinction entre le terrorisme islamique, basque ou
corse», a déclaré le rapporteur de la loi antiterrorisme à l'Assemblée
nationale. Des propos jugés scandaleux par les députés Pè A Corsica.
Jean-Félix ACQUAVIVA, Michel
CASTELLANI et Paul-André COLOMBANI sont députés Pè A Corsica
Le Gouvernement présente au vote
de l'Assemblée nationale un projet de loi relatif à la sécurité intérieure et à
la lutte contre le terrorisme.
Les victimes du djihadisme sont
la raison d'être de ce texte. Depuis 2015, on le sait, ce sont près de trente
attaques islamistes qui ont visé le sol français. Les noms de Charlie Hebdo, du
Bataclan, de la promenade des Anglais, de Saint-Étienne-du-Rouvray, résonneront
encore longtemps comme des lieux où la terreur et la mort ont frappé. Encore ce
dimanche 1e octobre, Marseille fut frappé en son cœur à la gare saint Charles
avec l'assassinat lâche de deux jeunes femmes. Leur mémoire doit être saluée et
le combat contre le terrorisme lié à l'islamisme radical doit être total. La
méfiance et la revendication communautariste suppléent l'amitié et la confiance
qui devraient présider à toute vie démocratique.
Toutefois, nous, députés Pè A
Corsica, voteront contre ce texte car il réunit 3 écueils. D'une part, il ne
définit pas sa cible principale, le djihadisme, ce qui a pour conséquence
directe de faire entrer dans le droit commun des mesures d'exception. Sous le
vocable large «d'atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation», il applique
à toutes formes de violence des mesures exceptionnelles conçues pour répondre à
une menace singulière qui n'est pas nommée en tant que telle. La problématique
est toujours la même: veiller à un juste équilibre entre la lutte menée contre
ce qui doit être combattu, c'est-à-dire la menace que représente l'islamisme
radical, et ce bien précieux que constitue la protection de la liberté des
personnes. Plus les dispositions légales seront précises, moins il y aura de
risque d'amalgames, d'erreurs ou de dérapages, tels qu'on a pu en relever.
En mettant sur un même plan la
« violence » corse et la terreur aveugle et lâche des djihadistes, le
Gouvernement ne fait pas que comparer des actes, il commet une faute politique.
D'autre part, ce texte accorde
des pouvoirs de contrôle, de surveillance, d'intrusion et de privation de
liberté, tout en tenant largement à l'écart l'autorité judiciaire laquelle est
pourtant, selon la Constitution française, la garante des libertés
individuelles. Ce projet de loi pose le problème de l'équilibre entre la
nécessité de lutter contre le terrorisme et celle, tout aussi importante, de
protéger les libertés fondamentales. En l'état, et malgré plusieurs amendements
déposés par différentes tendances politiques, il contient des mesures
attentatoires à ces libertés et constitue une menace à l'état de droit.
Enfin, les propos scandaleux du
rapporteur de la loi durant les débats, à l'égard de la Corse et du Pays
Basque, reflètent une tendance à l'amalgame qui ne semble pas saisir la volonté
d'apaisement de la société corse. «A notre sens il n'y a pas lieu de faire de
distinction entre le terrorisme islamique, basque ou corse et d'ailleurs le
droit français antiterroriste ne fait pas cette distinction.» C'est là une
considération juridique fondamentale que de distinguer les formes de violence.
On ne peut pas séparer des actes de l'idéologie qui les motive. En mettant sur
un même plan la «violence» corse et la terreur aveugle et lâche des
djihadistes, le Gouvernement ne fait pas que comparer des actes, il commet une
faute politique. Tout un chacun fait la distinction morale évidente entre le
caillassage d'un bâtiment public vide et l'attentat sordide du Bataclan. Or, le
texte aggrave le droit qui les enferme dans une seule et même qualification.
Trois ans après le dépôt des
armes par le FLNC et alors que la paix tend à s'enraciner sur notre île nous ne
pouvons par notre vote laisser le Gouvernement amalgamer des formes de violence
radicalement différentes.
La dérive sécuritaire de l'Etat
est dangereuse. Nous trouvons déplacé que la lutte contre le djihadisme serve
de prétexte à durcir la répression de combats politiques qui n'ont jamais
nécessité de telles mesures exorbitantes. C'est instrumentaliser le sang des
victimes et le deuil des familles.
Nous, députés Pè A Corsica,
seront là pour défendre les libertés individuelles et assurer une lutte contre
le terrorisme tout en protégeant le droit des personnes à vivre libre.
L'intégration de mesures d'exception dans le droit commun tend à faire de la
France, un Etat policier dans lequel la vidéo-surveillance, le contrôle et le
fichage deviennent loi. Il y a là un pas vers le «meilleur des mondes», que
nous rejetons car il ne correspond pas à notre projet de société, basé sur la
liberté, la démocratie et le dialogue.
L'assaillant de Marseille signalé à sept reprises sous sept
identités différentes (02.10.2017)
- Par Le Figaro.fr avec Reuters
- Mis à jour le 02/10/2017 à 12:38
L'homme qui a tué à l'arme
blanche deux jeunes femmes hier à Marseille ,
avant d'être abattu par des militaires de Sentinelle, avait eu affaire à la
police française à sept reprises depuis 2005 mais n'avait jamais été condamné
et n'était pas connu des services antiterroristes, a déclaré lundi le procureur
de la République de Paris.
L'agresseur avait été interpellé
pour la dernière à Lyon le 29 septembre dernier pour un vol à l'étalage et
avait présenté à cette occasion un passeport tunisien. Les forces de sécurité
françaises lui connaissent sept identités, a précisé François Molins lors d'une
conférence de presse.
"L'agresseur (...) avait été
signalisé à sept reprises depuis 2005 sous sept identités différentes. La
dernière signalisation, en date du 29 septembre 2017, correspond à une
interpellation à Lyon pour des faits de vol à l'étalage", a-t-il dit. Il
avait été placé en garde à vue jusqu'à l'après-midi du 30 septembre.
L'homme avait présenté aux
policiers lyonnais "un passeport tunisien délivré le 18 novembre 2014 au
nom de Ahmed H. né le 9 novembre 1987 à Bizerte", a indiqué le procureur.
"Cette identité ainsi que les différents alias utilisés sont inconnus des
services spécialisés antiterroristes, aucune condamnation ne figure à ce jour
sur son casier judiciaire", a ajouté le magistrat.
LIRE AUSSI :
Le roi Salmane attendu jeudi en Russie (02.10.2017)
- Par Le Figaro.fr avec AFP
- Mis à jour le 02/10/2017 à 14:18
Le roi Salmane d'Arabie saoudite
est attendu en Russie aujourd'hui pour la première visite d'un souverain
saoudien dans ce pays, a déclaré aujourd'hui le conseiller du Kremlin, Iouri
Ouchakov, cité par l'agence officielle TASS. "Nous attendons le roi en
visite le 5 octobre", a indiqué M. Ouchakov, sans donner plus de détails.
La Russie et l'Arabie ont aplani leurs désaccords ces derniers mois quant à la
chute des prix des hydrocarbures, dont leurs économies sont très dépendantes.
» Lire aussi - Renaud Girard : «L'Iran et la Russie, les deux
urgences diplomatiques du président Macron»
La visite du roi Salmane
intervient à un mois d'une nouvelle réunion de l'Organisation des pays exportateurs
de pétrole (Opep), dont l'Arabie saoudite est le chef de file, et où doit être
discutée la prolongation des réductions de production, ayant stimulé les prix
de l'or noir. Les principaux producteurs de pétrole membres ou non de l'Opep se
sont mis d'accord fin 2016 pour réduire leur production d'environ 1,8 million
de barils par jour pendant six mois. L'entente a été prolongée de neuf mois
supplémentaires.
Cet accord avait fait grimper les
prix, qui tournent actuellement autour de 55 dollars le baril. L'économie de
l'Arabie saoudite, tout comme celle de la Russie, dont la production de pétrole
est quasiment au coude à coude avec Ryad, ont été durement frappées par la
baisse des prix de l'or noir commencée à la mi-2014.
Alors que l'activité économique
saoudienne s'est contractée pour le deuxième trimestre consécutif,
principalement en raison de la faiblesse des prix du brut, le roi Salmane
chercherait à s'assurer du soutien de la Russie pour faire prolonger la
réduction de production jusqu'à ce que les prix de pétrole se stabilisent,
selon des experts.
Pour financer ces déficits, Ryad
a déjà réduit ses subventions publiques, eu recours à des emprunts sur les
marchés international et intérieur et retiré environ 245 milliards de dollars
de ses réserves. A partir du 1er janvier, l'Arabie saoudite doit également
introduire, pour la première fois, la TVA.
Attentat de Marseille : un texte déposé mardi pour
«systématiser l'expulsion des étrangers délinquants» (02.10.2017)
Guillaume Larrivé: «Le
gouvernement se paye de mots avec des demi-mesures. Il fallait renforcer au
contraire les mesures existantes de l'État d'urgence.» - Crédits photo :
François Bouchon/LE FIGARO
France | Par Paule
Gonzalès
Mis à jour le 02/10/2017 à 19h58
VIDÉO - Alors que la future loi
antiterroriste doit être votée mardi, l'attentat de Marseille renforce la
défiance des députés Les Républicains, Éric Ciotti et Guillaume Larrivé, qui
font une proposition de loi de 12 articles.
Vent debout. L'opposition de
droite ne décolère pas. Alors que doit être votée, mardi, la
future loi antiterroriste, le
nouvel attentat de Marseille renforce la
défiance des députés Les Républicains de l'Yonne et des
Alpes-Maritimes, Guillaume Larrivé et Éric Ciotti, les deux experts des
questions de sécurité et de justice pour la droite. «Le terrorisme islamiste
intensifie ses frappes et ses menaces contre les Français. Les assassinats de
Marseille sont dans la continuité de ce que nous connaissons depuis maintenant
plusieurs années», rappelle Guillaume Larrivé, qui affirme qu'il ne pourra pas
«voter en conscience le texte qui doit prendre le relais de l'état d'urgence le
1er novembre». Selon lui, «le gouvernement se paye de mots avec des
demi-mesures. Il fallait renforcer au contraire les mesures existantes de
l'État d'urgence».
Même état d'esprit pour Éric
Ciotti, qui, à la lumière des événements de dimanche à Marseille, continue de
s'interroger sur «l'opportunité d'en finir avec l'état d'urgence, alors que le
ministre de l'Intérieur lui-même affirme que jamais la menace n'a été aussi
forte, comme le prouvent les attentats de Barcelone, Londres et maintenant
Marseille». «Nous avions là des outils administratifs qui étaient efficaces,
souligne-t-il. Nous sommes certains que les mesures qui seront votées mardi ne
seront pas appliquées, car elles sont inapplicables.» Les deux députés LR
déposeront mardi une proposition de loi de 12 articles qui «systématise l'expulsion
des étrangers délinquants». «Actuellement, ils sont 2800 inscrits au fichier
des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère
terroriste», rappellent-ils. Ils proposent «de créer un parquet national
antiterroriste, une cour de sûreté du terrorisme et d'augmenter le temps de la
garde à vue à 30 jours, comme au Royaume-Uni».
«Menace terroriste endogène»
Du côté de La République en
marche, on fait valoir qu'«aucune réponse ne couvrira jamais tous les risques
terroristes». Sacha Houlié, député de la Vienne, affirme que «la majorité et le
gouvernement construisent pas à pas une politique de sécurité et de défense
cohérente». «Il y a le texte qui vient d'être discuté qui permet de mettre en
place des dispositifs très ciblés, depuis la surveillance individuelle jusqu'à
la visite domiciliaire, rappelle-t-il. Mais il y aura aussi ce texte sur
l'immigration illégale. De même le redéploiement de “Sentinelle” a prouvé la
pertinence du dispositif, puisqu'ils ont été les premiers à intervenir.»
«Il ne faut pas être
caricatural. Il n'y a pas de rupture, mais une continuité avec l'état
d'urgence»
Raphaël Gauvain, député de
Saône-et-Loire
De son côté, Raphaël Gauvain,
député de Saône-et-Loire, reconnaît qu'«il y a eu sans doute un
dysfonctionnement, puisque
le meurtrier de Marseille est un illégal qui n'a fait l'objet d'aucune
reconduite à la frontière». Mais le député souligne que «la menace terroriste
principalement endogène émane du bas du spectre étudié par le renseignement. Il
ne faut pas être caricatural. Il n'y a pas de rupture, mais une continuité avec
l'état d'urgence». Enfin l'ancien député PS Sébastien Pietrasanta, rapporteur
PS de la commission d'enquête sur les attentats de 2015, estime que «la lutte
contre le terrorisme exige de ne pas être caricatural. Il faudra une génération
pour venir à bout du terrorisme. Lutter contre doit être le fait des pouvoirs
publics, mais aussi de chaque citoyen».
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Kurdistan: l'Irak déploie des
chars à la frontière (02.10.2017)
- Par Le Figaro.fr avec Reuters
- Mis à jour le 02/10/2017 à 14:24
L'armée irakienne a positionné
une dizaine de chars et des pièces d'artillerie le long de la frontière avec la
région autonome du Kurdistan irakien, a déclaré aujourd'hui un responsable
kurde à Reuters.
» Lire aussi - Indépendance du Kurdistan irakien : déjà la fin du
rêve ?
Ce déploiement s'inscrirait dans
le cadre de manoeuvres militaires que l'Irak et l'Iran ont décidé d'organiser
pour faire pression sur le gouvernement régional kurde (GRK) après la tenue du
référendum d'indépendance il y a une semaine. "Les chars sont visibles
depuis le côté kurde de la frontière", a dit le responsable du GRK à
Erbil.
La télévision d'Etat iranienne,
citant un porte-parole de l'armée, a rapporté samedi que Téhéran et Bagdad
s'étaient entendus sur "des mesures pour sécuriser la frontière et pour
accueillir (du côté iranien) des soldats irakiens qui seront positionnés aux
postes-frontières".
LIRE AUSSI :
Huit membres du Hezbollah tués par un drone (02.10.2017)
- Par Le Figaro.fr avec AFP
- Mis à jour le 02/10/2017 à 13:51
Au moins huit combattants du
Hezbollah libanais, allié du régime de Damas, ont péri aujourd'hui dans
une attaque aérienne menée par un drone dans le centre de la Syrie, a rapporté
l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
L'OSDH, qui n'était pas en mesure
d'identifier le drone, a indiqué que le raid avait visé une position du
mouvement armé chiite près de la ville d'al-Soukhna dans le désert syrien,
tuant huit de ses combattants et en blessant plus de 20 autres.
Clandestin et multi-récidiviste : le parcours sidérant du
terroriste islamiste de Marseille (02.10.2017)
- Mis à jour le 02/10/2017 à 20:03
Des gendarmes mobiles
patrouillent devant la gare Saint-Charles, lundi à Marseille. SPEICH
Frédéric/PHOTOPQR/LA PROVENCE/MAXPPP
Placé en garde à vue vendredi
dernier pour vol, il a été relâché, sans faire l'objet de mesure d'éloignement.
Considérée avec retenue aux
premières heures de l'enquête, la piste du terrorisme islamiste a pris corps au
lendemain de la
tragédie de la gare Saint-Charles à Marseille qui a coûté la vie à
deux jeunes femmes de vingt ans et à leur tueur. Tout, dans le mode opératoire,
y concourt aux yeux du procureur de la République de Paris, François Molins.
«L'attaque au couteau dans une gare correspond aux mots d'ordre permanents de
l'organisation terroriste Daech», a observé lundi le haut magistrat qui a
précisé en outre que l'agresseur a commis l'indicible aux cris d'«Allah Akbar!»
et que les cibles visées étaient des «victimes indéterminées ainsi que des
militaires de l'opération Sentinelle».
«L'attaque au couteau dans une
gare correspond aux mots d'ordre permanents de l'organisation terroriste Daech»
François Molins, procureur de la
République de Paris
Bien avant que l'État islamique
ne revendique, dans la soirée de dimanche, cette équipée sanglante via son
organe de propagande Amaq, le parquet antiterroriste s'est donc naturellement
emparé du dossier et a cosaisi la Direction centrale de la police judiciaire
(DCPJ) et la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Les deux
victimes, Laura
et Mauranne, âgées de 20 ans, étaient respectivement élève infirmière en
deuxième année à Lyon et étudiante en troisième année de médecine à Marseille.
Cousines, elles s'étaient donné rendez-vous dans la Cité phocéenne pour fêter,
avec quelques jours d'avance, l'anniversaire de Laura, par ailleurs cheftaine
chez les scouts et guides de France. L'exploitation de la vidéosurveillance a
permis de retracer les circonstances de leur assassinat, perpétré à
13 h 45.
Improvisation totale
Arrivé en gare à
13 h 32, l'agresseur grimpe l'escalier monumental et paraît sur le
parvis à 13 h 38. Il y reste assis sur un banc pendant sept minutes
avant de se lever soudain et de passer à l'action. Armé d'une lame longue de 20
centimètres et d'un second petit couteau de cuisine en Inox, il bondit sur sa
première victime et la frappe mortellement à plusieurs reprises. L'homme agit
ensuite de manière assez déconcertante et dans la plus totale improvisation.
Confirmant le fait «étrange» évoqué la veille par le ministre de l'Intérieur,
François Molins a noté que l'agresseur est d'abord «parti en courant» après son
premier crime, avant de «tourner en rond et revenir sur ses pas» pour larder de
coups la seconde étudiante. Une passante courageuse a tenté, en vain, de
stopper la séquence en s'interposant à l'aide d'un porte-drapeau.
À la vue de la patrouille Sentinelle,
le fanatique s'est lancé en direction des militaires en invoquant une ultime
fois «Allah». Après les sommations verbales d'usage, les soldats l'ont
neutralisé de deux balles de fusil d'assaut. Outre ses armes blanches
retrouvées à une dizaine de mètres, l'examen de son téléphone mobile pourrait
éclairer les policiers sur ses possibles liens avec l'organisation d'Abou Bakr
al-Baghdadi, sorti du silence la semaine dernière pour appeler ses fidèles à la
«poursuite de la guerre partout».
Inconnu des services
antiterroristes
Pour l'heure, rien dans le
parcours du tueur ne laissait augurer un tel passage à l'acte, ni un quelconque
lien avec l'islam radical. Jamais condamné, ce
vagabond est un parfait inconnu des services spécialisés
antiterroristes. Ses relevés d'empreintes ont établi qu'il
a été signalisé à sept reprises et sous sept alias qui lui donnent
entre 30 et 37 ans. Son ultime affaire remonte à vendredi dernier quand, selon
nos informations, il a été interpellé pour le vol d'une veste valant
39,90 euros dans un magasin de vêtements du quartier de La Part-Dieu à
Lyon. En garde à vue, il a fourni un passeport tunisien délivré le 18 novembre
2014 au nom d'Ahmed H., né le 9 novembre 1987 à Bizerte. Toujours selon nos
informations, l'homme s'est aussi fait appeler «Bachir H.», «Yanis H.» ou
encore «Salahdine H.» quand il a été surpris en situation illégale et en
possession de stupéfiants à Toulon ou Menton dès 2005. Ou lorsqu'il a été
appréhendé pour port d'arme prohibé en 2014 à Chalons. Devant les enquêteurs
lyonnais, il s'est présenté comme SDF et chômeur, bricolant parfois comme
«peintre non déclaré», «divorcé» et «consommateur de drogues dures».
«Sa garde à vue a été levée
par le parquet de Lyon après que la procédure diligentée contre lui a été
classée sans suite pour cause d'infraction insuffisamment caractérisée»
François Molins, procureur de la
République de Paris
À l'issue de son audition,
samedi, les policiers lui ont rendu son passeport non sans en avoir fait une
photocopie, dont ils n'imaginaient à quel point elle serait précieuse. «Sa
garde à vue a été levée par le parquet de Lyon après que la procédure
diligentée contre lui a été classée sans suite pour cause d'infraction
insuffisamment caractérisée», a expliqué le procureur François Molins.
Mais Gérard Collomb a annoncé,
lundi, avoir saisi l'Inspection générale de l'administration (IGA) pour
déterminer dans quelles circonstances le meurtrier a été remis en liberté.
Alors qu'une amorce de polémique s'est fait jour à propos de son maintien sur
le sol français, François Molins a ajouté que «les autorités préfectorales
locales n'ont pas été en mesure de prendre une décision d'éloignement à son
encontre». De fait, une source précise que «la personne de permanence à la
préfecture du Rhône, ayant autorité pour signer l'obligation de quitter le
territoire (OQTF) et le placement en centre de rétention de l'assaillant de
Marseille, était absente», ce qui a empêché la procédure d'arriver à son terme.
Pour ne rien arranger, ajoute une autre source, «il y avait aussi un problème
de disponibilité de place en rétention le samedi matin».
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l'attentat de Marseille, la loi antiterroriste en question
Un restaurateur impose la détox digitale à ses clients
(02.10.2017)
- Par Mathilde Golla
- Mis à jour le 02/10/2017 à 14:17
FIGARO DEMAIN - Au Petit
Jardin installé à Saint-Guilhem-le-Désert dans l'Hérault, les téléphones et
autres tablettes sont interdits d'une manière peu banale... L'établissement
souhaite ainsi restaurer la convivialité à ses tables où les produits locaux
sont à l'honneur.
Hugues Marchal
A l'heure où tout le monde parle
de la déconnexion mais peu de gens passent à l'acte, un restaurateur a décidé
d'interdire les téléphones aux tables de son restaurant. Les clients sont prévenus
dès l'entrée de son établissement. Une pancarte intitulée «engagements et
convivialité» indique à ceux qui souhaitent s'attabler que les écrans sont
interdits dans l'antre du «Petit jardin» situé à Saint-Guilhem-le-Désert. Le
Coca-cola, la mayonnaise ou le ketchup figurent également sur la liste des
produits interdits.
Hugues Marchal
Jean-Noël Fleury, propriétaire
des lieux, estime que son établissement au cadre paradisiaque est propice aux
échanges familiaux et intergénérationnels. Mais la consultation permanente d'un
téléphone pendant un repas brise cette convivialité. Or
les Français sont de plus en plus nombreux à le faire puisque 8 sur 10 disent
utiliser leur smartphone pendant les repas pris en famille ou en compagnie
d'amis, selon une étude de Deloitte.
Au «Petit Jardin», il a ainsi
décidé de lutter contre cette connexion permanente avec humour. Et gare à ceux
qui contreviendraient aux règles de l'établissement: les serveurs ou le
propriétaire adressent des cartons jaune puis rouge! «Nous nous sommes inspirés
des codes du football et, de façon humoristique, nous décernons des cartons aux
clients qui enfreignent les règles, indique Jean-Noël Fleury. Les cartons et
coups de sifflets font toujours effet», ajoute le restaurateur. Le ramdam
attire volontairement l'attention des autres clients amusés et la plupart du
temps, la personne visée éloigne son portable dans la seconde!
Les portables consultés 30
fois par jour
«Notre système permet d'impliquer
tout le restaurant et de créer des dialogues entre les tables», précise le
restaurateur avant d'ajouter: C'est une tradition en France de parler pendant
les repas». La gastronomie française a même été inscrite au patrimoine de
l'Unesco, un moyen de souligner l'importance du repas dans la culture
hexagonale.
Mais cette déconnexion forcée
n'est pas toujours appréciée des adolescents! De fait, ce sont souvent eux qui
restent accrochés à leurs téléphones et sont les plus difficiles à
«désintoxiquer». «Sur le compte Facebook du restaurant, nous avons reçu
quelques commentaires désagréables de jeunes qui n'ont pas apprécié
l'interdiction du téléphone portable et les cartons reçus publiquement. Nous
laissons volontairement ces messages qui sont en fait une bonne publicité pour
l'établissement!», s'amuse Jean-Noël Fleury. Au fait des pratiques de ce
restaurateur, certains parents se rendent même dans son établissement pour
pouvoir passer des repas sans téléphone avec leur adolescent.
La brève cure de désintox
digitale imposée par le Petit Jardin permet ainsi aux familles de
communiquer…le temps d'un repas. L'usage excessif du téléphone serait en effet
une cause de conflits intergénérationnels pour 43% des jeunes, selon l'étude de
Deloitte. Il faut dire que les Français sont ultra connectés avec une vaste
majorité - 77% - qui possèdent un smartphone. Nous mangeons, dormons vivons
avec nos portables et les consultons près de 30 fois par jour, un chiffre qui
s'élève même à 50 fois pour les jeunes (18-24 ans)!
Et même si les méthodes de
Jean-Noël Fleury sont peu banales, les incitations au «break numérique» sont de
plus en plus nombreuses. Des applications pour aider les Français à décrocher
de leur portable le temps d'un repas ont même été créés à
l'image de Dinner Mode qui interdit l'utilisation du portable à table. La
plateforme dissuade ses utilisateurs de consulter leur téléphone lors des
repas…sous peine de les humilier! La startup française Certideal propose même
de vous confisquer votre smartphone le temps de vos vacances. En échange, elle
s'engage à vous fournir un mobile de première génération, et donc sans accès à
l'Internet mobile. Des
agences de voyages en ont fait leur spécialité et des centres de
thalasso et hôtels spa ont également ajouté le «jeûne numérique» à leurs menus.
Au fait, vous avez lu cet article depuis votre portable?!
Le chef de la diplomatie iranienne à Oman (02.10.2017)
- Par Le Figaro.fr avec AFP
- Mis à jour le 02/10/2017 à 14:04
- Publié le 02/10/2017 à 13:52
Le ministre iranien des Affaires
étrangères Mohammad Javad Zarif a eu des entretiens aujourd'hui à Oman
avant de se rendre à Doha pour des discussions sur les relations Iran-Qatar, en
pleine crise diplomatique dans le Golfe, a-t-on appris de sources officielles.
A Mascate, Zarif a évoqué avec ses interlocuteurs omanais les relations dans
"les domaines de l'énergie, du commerce et du transport", a indiqué
l'agence officielle omanaise ONA.
» Lire aussi - Le Qatar et l'Iran se réconcilient
Le sultanat d'Oman, qui fait
traditionnellement preuve de neutralité dans les affaires régionales, garde de
bonnes relations avec l'Iran malgré son appartenance au Conseil de coopération
du Golfe (Arabie saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis, Koweït, Oman, Qatar),
qui connaît une grave crise en raison d'un quasi-divorce entre le Qatar et
trois pays du CCG. Zarif est ensuite attendu dans l'après-midi à Doha, a
déclaré à l'AFP le porte-parole de la diplomatie iranienne, Bahram Ghassemi.
Il s'agit de sa première visite
au Qatar depuis le début de la crise en juin entre cet émirat et trois de ses
voisins arabes du Golfe, a indiqué M. Ghassemi. A Doha, le chef de la
diplomatie iranienne "doit rencontrer son homologue qatari (Mohamed ben
Abderrahmane Al-Thani) et l'émir du Qatar (cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani)
pour parler de la coopération économique, des derniers événements en Syrie, en
Irak et au Yémen et de l'ensemble des questions" régionales, a-t-il
ajouté.
L'Arabie saoudite, les Émirats
arabes unis et Bahreïn --ainsi que l'Égypte-- ont rompu leurs relations
diplomatiques avec le Qatar en lui reprochant de soutenir des groupes
extrémistes et de se rapprocher de Téhéran, grand rival régional de Ryad. Le
ministre des Affaires étrangères qatari a déclaré le 25 septembre à Paris que
ce "blocus" imposé à son pays le poussait de facto vers l'Iran.
"Ils accusent le Qatar
d'être proche de l'Iran mais avec leurs mesures (..) il poussent le Qatar vers
l'Iran. Ils donnent le Qatar tel un cadeau à l'Iran", a-t-il dit.
LIRE AUSSI :
Le Front national votera contre le projet de loi
antiterroriste (03.10.2017)
- Par Marc de Boni
- Publié le 03/10/2017 à 12:55
LE SCAN POLITIQUE - Les élus
du parti de Marine Le Pen, qui parlent du texte comme d'une «escroquerie»,
exigent de lier terrorisme et immigration.
Le Front national entendait
reprendre de la voix à l'occasion du vote sur le projet de loi antiterroriste,
l'actualité vient servir son dessein. Deux jours après l'attaque de Marseille et au
lendemain de l'attaque meurtrière de Las Vegas, l'Assemblée nationale doit
étudier le projet de loi antiterroriste qui vise à maintenir un niveau de
sécurité élevé tout en sortant de l'état d'urgence. Inacceptable pour Marine Le
Pen et les députés FN qui confirment ce mardi matin lorsqu'une conférence de
presse à l'Assemblée qu'ils voteront contre le projet de loi antiterroriste, en
estimant que la protection du pays en serait amoindrie.
«Cette loi est une escroquerie,
c'est un sous-état d'urgence, nous ne voterons pas ce texte nuisible», a
décrété Marine Le Pen. Ce texte «sera encore moins efficace que l'état
d'urgence car moins applicable», a encore jugé la députée du Pas-de-Calais,
arguant qu'il «ne s'attaque ni à la dimension spécifique du terrorisme, ni à
l'idéologie islamiste qui nous fait la guerre». Les élus FN ont également
exposé les options qu'ils voudraient voir mises en œuvre. Selon Marine Le Pen
une bonne loi antiterroriste doit inclure «l'expulsion systématique des
délinquants étrangers» et «la sortie de la France de l'espace Schengen». Elle
plaide pour l'instauration «de juridictions d'exception», a même de traiter les
crimes et délits liés aux terrorisme comme «un acte de guerre».
Le FN a également tenu à se
distinguer par sa virulence sur les réseaux sociaux et dans les médias. Alors
que Marine Le Pen a jugé que le ministre de l'Intérieur «devrait avoir honte»,
Steeve Briois, nouveau secrétaire général du FN, a quant à lui jugé sur les
réseaux sociaux: «Défaillances lourdes des services de l'État concernant
Marseille: Gérard Collomb doit s'expliquer, assumer sa responsabilité et
démissionner». Un propos repris par de nombreux responsables frontistes. «Le FN
aux manettes, les deux jeunes femmes tuées au nom d'Allah par un clandestin
hier à Marseille seraient encore en vie», s'est également indignée l'eurodéputée Christel Lechevalier, provoquant
assez rapidement un tollé. Ce genre de sortie rappelle celle de Marine Le Pen
le 18 avril dernier: la candidate à la présidentielle avait assuré «avec moi,
il n'y aurait pas eu de Mohamed Merah, ni les terroristes migrants du Bataclan
et du Stade de France».
Le FN veut également se
montrer sur le terrain
La présidente du FN s'est par
ailleurs également exprimée lundi sur l'attentat de Las Vegas, pour exprimer sa
«solidarité avec le peuple américain, endeuillé lui aussi par le fléau mondial
du terrorisme islamiste». Un message qui ne semble pas prendre pas en comptes les doutes
exprimés par le FBI sur la validité de la revendication de l'attentat
par Daech ni le profil singulier du tueur.
Le FN entend aussi creuser le
sillon sur le terrain, et la découverte d'un dispositif explosif dans le XVIe
arrondissement de Paris donne matière à des actions de terrain, menées par la
fédération FN de Paris. «Plusieurs suspects ont été arrêtés, l'un d'eux fiché S pour radicalisation, laissant peu
de doute sur la motivation islamiste de cette nouvelle tentative d'attentat sur
le sol parisien», tranche un communiqué. «Expulsion des fichés S étrangers et
mise hors d'état de nuire des nationaux, lutte contre l'islam politique et
maîtrise de nos frontières sont les seules solutions», peut-on encore lire.
Contre l'avis du FN,
Emmanuelle Ménard votera pour le projet de loi
Élue avec les voix du FN, mais
sans affiliation au parti, la députée Emmanuelle Ménard répète régulièrement
qu'elle «ne prend pas ses ordres à Nanterre». Elle le pouve à nouveau ce mardi
en affichant un avis divergeant de celui de Marine Le Pen sur le projet de loi
antiterroriste. Bien qu'elle n'adhère pas aux options retenues par le projet de
loi, elle confie au Figaro que «par esprit de responsabilité»,
elle envisageait de voter pour le texte. «La sortie de l'état d'urgence n'est
pas en débat elle a été actée. Donc si le vote contre était majoritaire ce
mardi après-midi, ça voudrait dire que la France sort de l'état d'urgence le
1er novembre pour revenir aux dispositions du droit commun, inadapté au niveau
de la menace actuel. Au lendemain du drame de Marseille, ce n'est pas possible
de prendre ce risque de voir le pays dépouillé face à la menace», a fait valoir
l'élue de l'Hérault.
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Tension sourde au procès d'Abdelkader Merah (02.10.2017)
VIDÉO - Le frère du terroriste
qui a tué sept personnes en 2012 ainsi qu'un petit délinquant algérien sont
accusés d'avoir été ses complices.
On ne l'imaginait pas ainsi,
Abdelkader Merah. Le
frère du terroriste toulousain entre dans le box des assises de Paris
tout de blanc vêtu, tenue qui fait ressortir le noir jais de sa longue barbe,
celui du catogan touffu qui lui bat la nuque, et une carrure de déménageur. À
ses côtés, Fettah Malki est un gringalet en polo noir, le regard furtif, rasé
de près. Les deux hommes, nés en 1982 à Toulouse pour le grand, en Algérie pour
le petit, sont accusés d'avoir été les complices de Mohamed Merah, qui a
assassiné sept personnes en mars 2012.
Face au box, les parties civiles
sont nombreuses. La tension est sourde. Lorsque la mère de M. Merah quitte la
barre après avoir noté le jour et l'heure de sa prochaine déposition en tant
que témoin, elle échange avec son fils un geste affectueux. Après quoi, alors
qu'elle passe à côté des proches des victimes, l'un d'eux lui lance à voix
basse: «Grosse merde, grosse merde» - le président n'entend pas.
Abdelkader Merah et Fettah Malki
devant le tribunal. - Crédits photo : BENOIT PEYRUCQ/AFP
Trous de mémoire
Le
premier interrogatoire porte sur la personnalité de Fettah Malki. Celui-ci
offre le profil type navrant du petit voyou de cité. Naissance en Algérie,
arrivée en France à 11 ans, scolarité pourtant prometteuse en rapide
décrochage, petite délinquance, absentéisme chronique, échec au bac «parce que
je ne me suis pas réveillé pour une épreuve, j'ai été disqualifié», union avec
une femme plus âgée qui se termine par une série de comparutions pour des
violences diverses et des menaces du genre «je vais te saigner comme un
gibier»…
M. Malki parle comme on marche
pieds nus sur du verre pilé: il se méfie de chaque mot. Il est, comme il se
doit, affecté de trous de mémoire, surtout quand il s'agit d'évoquer les faits
qui lui ont valu huit condamnations. Des amis? Il en a, mais il ne souhaite pas
donner leur nom, car «c'est une histoire médiatique». Des complices? Il en a
eu. Il décline leur patronyme, cite un Mehdi et un Larbi qui, hélas, sont tous
deux décédés. Dans l'arrêt de renvoi, il est dépeint comme «le commercial du
quartier», fournissant un peu de tout - shit, voitures, téléphones, bijoux - à
des gens qui n'ont pas de nom. À Mohamed Merah, qu'al-Qaida appelait «Youssouf
le Français» dans son communiqué de revendication, il a cédé un gilet
pare-balles, un pistolet-mitrailleur et ses munitions. Durant l'enquête, M.
Malki a prétendu que le tueur au scooter devait simplement, pour lui rendre
service, nettoyer l'arme qui a servi lors du carnage de l'école Ozar Hatorah.
Mais Fettah Malki s'est toujours
défendu d'avoir épousé les idées radicales prêtées aux frères Merah. Selon
l'accusation, Abdelkader a formé Mohamed à la cause djihadiste, le convaincant,
entre autres, que les Juifs sont «des sous-hommes, des singes, des porcs». Le
président rappelle qu'à l'instruction, l'accusé en polo noir a pris soin de
préciser: «Je ne suis pas un religieux, je n'ai rien contre les Juifs, je ne
suis ni un meurtrier ni un djihadiste. Je voulais me faire de l'argent, c'est
tout.» Debout face aux magistrats professionnels qui le jugent, l'accusé évoque
sa détention à Fleury-Mérogis, qu'aucun incident n'a émaillé: «Au début ils
m'ont mis dans l'unité dédiée (aux islamistes écroués), mais au bout de deux
mois ils m'ont sorti, j'ai rien à faire là.» Fataliste, il conclut: «Ma vie a
été un peu chaotique, mais bon, c'est ma vie.»
Qui est vraiment Fettah Malki: le
complice qui a armé le bras de l'un des pires assassins islamistes qui ont sévi
en France ou un «commercial» pas assez regardant sur sa clientèle? La cour
s'est donné un mois pour trancher. Mardi matin, elle se penche sur la
personnalité d'Abdelkader Merah.
La rédaction vous
conseille :
Robert Redeker : «La défaite médiatique de Rajoy est aussi
une défaite de la raison» (03.10.2017)
Par Robert
Redeker
Mis à jour le 02/10/2017 à 19h45 | Publié le 02/10/2017 à 18h03
TRIBUNE - Le chef du gouvernement
espagnol Mariano Rajoy a pour lui le droit et le sens du devoir, mais il a
perdu la guerre des images, argumente le philosophe.
.
Les
échauffourées causées par le référendum sur l'indépendance de la Catalogne le
rappellent: il
arrive que l'on perde la bataille de l'image tout en ayant raison politiquement.
Ce sort injuste vient de s'abattre sur le premier ministre espagnol, Mariano
Rajoy. Les images télévisées tournant en boucle s'adressent à l'émotion plutôt
qu'à l'intelligence. Du coup déferlent sur les réseaux sociaux, dans les
médias, dans les commentaires de la rue, des condamnations appuyées sur de
graves confusions historiques, assimilant Rajoy à Franco, et l'Espagne actuelle
à une dictature impitoyable. Ces amalgames expriment une pathologie politique:
l'oubli, par une partie de l'opinion publique, de la légitimité démocratique et
du droit.
«Sous Franco, la répression se
serait soldée par un spectaculaire bain de sang»
La Guardia Civil - la police
d'État espagnole - s'est au cours de ces événements signalée par son
professionnalisme et sa retenue. Avides de sensationnel, nombre de médias
omettent cette vérité élémentaire: il n'y a pas eu un seul mort. Cette
mortalité zéro dans la répression est pourtant le fait majeur de cette journée
très tendue outre-Pyrénées. Elle manifeste une retenue des forces de l'ordre
qui fait écho à celle des CRS français lors des émeutes de Mai 68, quand d'arrogants
écervelés hurlaient du haut de leurs barricades d'opérette
«CRS=SS». Malgré leur fausseté, la portée symbolique des deux slogans,
«CRS=SS» et «Rajoy=Franco», est la même, le régime de Franco s'étant révélé
particulièrement criminel. Dans les deux situations, Mai 68 et le référendum
catalan, le doigté policier dans le maintien de l'ordre fut comparable. Ce
résultat atteste que, contrairement à ce qui est tonitrué ici et là, et aux
critiques et insultes qui s'abattent sur elle, la Guardia Civil a atteint la
maturité qu'on est en droit d'attendre dans un régime démocratique. Sous
Franco, la répression se serait soldée par un spectaculaire bain de sang.
Dans le domaine du maintien de
l'ordre, l'office de la police est de garantir le respect de la Constitution de
1978 et de l'État de droit. Cette Constitution lie entre eux tous les
Espagnols. La Cour constitutionnelle a jugé sur le fond: le gouvernement
catalan n'était pas fondé à procéder à ce référendum. La Cour constitutionnelle
a énoncé le droit de manière non ambiguë. Une fois prononcé, le droit doit
s'appliquer ; c'est la raison d'être de l'État. Au demeurant, ce droit
entre en accord avec l'opinion de l'immense majorité des Espagnols, opposés à
la tenue de ce référendum, convergence qui renforçait la légitimité de la
décision de la Cour constitutionnelle. Plus: ce référendum sur la sécession des
Catalans, pour être crédible, aurait dû être proposé à tous les Espagnols,
puisque tous, des Basques aux Andalous, des Asturiens aux Castillans, Catalans
compris, sont liés entre eux par la Constitution qui permit ce qu'on appelle
«la transition démocratique», c'est-à-dire la sortie en douceur du franquisme à
la fin des années 1970.
Illégale,
l'organisation du référendum fut une violence originaire, blessant tous les
Espagnols. Comment un gouvernement doit-il réagir lorsque la légalité est ainsi
violée, la Constitution offensée, ainsi publiquement et à grand fracas
déchirée? S'il laisse faire, il ouvre une boîte de Pandore et détruit
implicitement la notion même de droit, source de sa légitimité. S'il baisse les
bras, il abandonne son autorité dans cette affaire, de telle sorte qu'il sera
contraint de l'abandonner toujours, à l'avenir. Il lui deviendra alors
difficile de s'opposer à d'autres formes d'illégalité. Même juridiquement
fondée, même indispensable, chacune de ses tentatives pour mettre fin à des
actions illégales sera paralysée. À la fin de ces renoncements, le droit ne
sera plus qu'un vain mot, la liberté un pâle souvenir.
«Rajoy a perdu la
guerre de la communication parce qu'il n'a pas su présenter l'unité
espagnole comme victime de la violence symbolique du séparatisme catalan»
L'esprit
hébété par les images vues à la télévision, les propagateurs de l'amalgame
entre Rajoy et Franco devraient méditer l'histoire: Franco a organisé un
soulèvement militaire après les élections de 1936, alors que Rajoy a gagné les
élections législatives en toute légalité ; ce sont les indépendantistes
catalans qui sont entrés dans l'illégalité avec ce référendum. Certains ont osé
des rapprochements entre l'Algérie française et la Catalogne ; or, ce
qu'occulte cette grotesque comparaison, c'est qu'à la différence des Français
musulmans d'alors, les Catalans sont des Espagnols comme les autres. La
Catalogne n'est pas une colonie espagnole, les Catalans ne sont pas des
colonisés. Procédé involontairement comique, l'amalgame entre Rajoy et Franco
est la version espagnole de la reductio ad hitlerum. Rajoy a perdu
la guerre de la communication parce qu'il n'a pas su présenter l'unité
espagnole comme victime de la violence symbolique du séparatisme catalan. Le
choc des images impose une loi à tout acteur politique: être perçu par
l'opinion téléspectatrice comme une victime injustement fauchée dans l'exercice
de ses justes droits. Dans un monde organisé selon un imaginaire compassionnel,
l'émotion s'élève comme un obstacle à la réflexion et à la connaissance de la
vérité, et le statut de victime fonde la légitimité politique. La défaite de
Rajoy dans l'univers des images est aussi la défaite de la raison.
* Dernier ouvrage paru:
«L'Éclipse de la mort» (Desclée de Brouwer, 2017, 224 p., 18 €).
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L'auteur de l'attaque de
Marseille était un SDF en situation irrégulière (02.10.2017)
- Par Christophe
Cornevin Arthur Berdah
- Mis à jour le 02/10/2017 à 14:19
VIDÉO - Deux jeunes femmes ont
été tuées dimanche à l'arme blanche devant la gare Saint-Charles par un homme
qui a ensuite été abattu par des militaires. L'État islamique a revendiqué
l'attaque dans la soirée.
Deux femmes assassinées à l'arme
blanche en pleine journée devant l'une des gares les plus fréquentées de France
et un assaillant abattu par une patrouille de «Sentinelle» lors d'une fusillade
qui a semé un vent de panique dans la foule. Jusque-là
épargnée comme par miracle, Marseille vient à son tour de basculer dans la
terreur.
Au lendemain des faits, le
procureur de Paris, François Molins a décrit brièvement l'attitude du tueur. Ce
dernier est arrivé à la gare Saint-Charles à 13h32. Il s'est alors dirigé vers
le parvis avant de s'assoir sur un banc à 13h38. À 13h45, il s'est levé et a
porté plusieurs coups de couteau à une première jeune femme au niveau des
reins. Il se met ensuite à tourner en rond et revient frapper une seconde jeune
femme, au niveau du cou. Une passante, munie d'un porte-drapeau, tente
d'intervenir et met à terre l'agresseur.
Alertés par les cris, des
militaires qui patrouillaient non loin sont rapidement arrivés sur place. À la
vue du soldat qui a fait un tir de sommation, l'agresseur, qui s'est relevé, a
alors tenté de se ruer dans leur direction. Il a été abattu par deux tirs de
riposte, en état de légitime défense et avec beaucoup de «sang-froid» selon le
ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb. Le tout a été filmé par les caméras de
surveillance de la gare. Pendant tout ces méfaits, l'individu a crié «Allah
Akbar», il était armé d'un couteau d'une vingtaine de centimètres ainsi que
d'un plus petit couteau de cuisine en inox.
Sept identités différentes
Ses victimes sont deux cousines
âgées de 20 ans. Une première, étudiante en médecine, venait passer le week-end
chez la seconde, afin de fêter son anniversaire.
L'agresseur était défavorablement
connu des services de police. Il avait été arrêté à sept reprises depuis 2005
et avait donné sept fois des identités différentes. Il était inconnu des
services antiterroristes. Sa dernière arrestation remonte à vendredi dernier à
Lyon, où il avait été mis en garde à vue pour un vol à l'étalage. Il a alors
fourni un passeport tunisien aux forces de l'ordre, ce dernier indiquant qu'il
s'appelait Ahmed H, et serait né le 9 novembre 1987. Il avait déclaré vivre à
Lyon, en tant que sans domicile fixe, réalisant des missions de peintre de
temps à autres. Des investigations sont «en cours pour s'assurer de
l'authenticité» du passeport, qu'il n'avait pas sur lui au moment de l'attaque
à Marseille. En situation irrégulière sur le territoire, il était également
«consommateur de drogues dures» et «divorcé», a poursuivi Molins. Au terme de
sa garde à vue, il se trouvait encore à Lyon samedi après-midi.
Panique
Épouvanté par la violence de la
scène et le claquement des balles, le public s'est mis à courir en tous sens.
«J'ai entendu crier et une personne s'est effondrée», raconte Mélanie, une
étudiante de 18 ans qui a décrit «un homme vêtu tout en noir.» «Tout le monde
est sorti en hurlant. Et c'est là que j'ai entendu deux coups de feu», raconte
au Figaro Lionel, un interne en médecine de 23 ans qui
s'apprêtait à regagner Lyon avec le TGV de 14 h 14. «En moins de cinq
minutes, des dizaines de policiers sont arrivées de tous les côtés», poursuit
l'étudiant. Dans la panique, de nombreuses valises ont été abandonnées sur
place, obligeant le service de sécurité à toutes les vérifier.
Juste après l'attaque, la
confusion à propos d'un éventuel second assaillant a été entretenue par la
présence d'un homme armé aperçu par des voyageurs. Vérifications faites, il
s'agissait d'un des policiers en civil dont le ministre de l'Intérieur Gérard
Collomb a salué la réactivité. «L'auteur est passé seul à l'action», confirme
une source. Avant de procéder à de premières vérifications, les forces de
l'ordre se sont assurées que l'agresseur n'était pas porteur d'une ceinture
explosive.
Les autorités prudentes sur
les motivations de l'agresseur
Le parquet antiterroriste a
ouvert une enquête pour «assassinats en relation avec une entreprise
terroriste» et «tentative d'assassinat sur personne dépositaire de l'autorité
publique». La Sous-direction antiterroriste (Sdat) et la Direction générale de
la sécurité intérieure (DGSI) a été saisie d'une enquête. En fin de journée
dimanche, les enquêteurs affichaient une certaine prudence sur les motivations
de l'assaillant dont le mode opératoire, rudimentaire, porte la marque d'un
terrorisme islamiste de type low-cost. L'hypothèse du passage à l'acte d'un
«frustré du djihad», aiguillonné par la propagande djihadiste et sévissant en
France faute de partir dans les zones de combats, ne peut être exclue au
premier stade des investigations. L'attaque a été revendiquée dans la soirée
par l'État islamique, a annoncé Amak, l'organe de propagande du mouvement
djihadiste. Cependant, lundi, une source proche de l'enquête indiquait qu'aucun
lien ne permettait à ce stade de relier l'assaillant à l'Etat islamique.
La dernière attaque meurtrière
qui a endeuillé le pays remonte au 20 avril dernier, avec l'assassinat
au nom de Daech du policier Xavier Jugelé sur les Champs-Élysées par
Karim Cheurfi, lui aussi repris de justice aussitôt abattu par la police. La
tragédie de Marseille intervient alors que l'Assemblée doit voter ce
mardi le
projet de loi antiterroriste mettant fin à l'état d'urgence le 1er
novembre prochain. Il survient aussi à la veille de l'ouverture
sous haute sécurité du procès du frère de Mohamed Merah qui, au nom du
djihad, avait assassiné en mars 2012, trois militaires, un enseignant et trois
enfants d'une école juive avant d'être tué par la police.
Plus de 200 policiers sont
mobilisés selon la Sécurité publique, tandis que la Police judiciaire
effectuait les premières constatations. JEAN-PAUL PELISSIER/REUTERS
Les partisans de l'Espagne unie font entendre leur voix
(02.10.2017)
Un millier de personnes ont
manifesté contre l'indépendance de la Catalogne, dimanche, à Madrid. -
Crédits photo : RAFAEL MARCHANTE/REUTERS
International | Par Julie
Connan
Mis à jour le 02/10/2017 à 09h21
REPORTAGE - Ce week-end, à
L'Hospitalet de Llobregat, dans la ceinture industrielle de Barcelone, l'élan
en faveur de l'indépendance était peu palpable. Les partisans de l'unité
espagnole ont, quant à eux, défilé dans le cœur de la capitale catalane.
De notre envoyée spéciale à
Barcelone
Eusebio affiche une mine
renfrognée. Assis, son mégot à la main, à l'abri de la pluie sur le seuil d'une
«Loteria» fermée, il devise avec deux camarades, le long de la Rambla Just
Oliveras. Une routine semble-t-il contrariée par
le vote qui se tient à quelques centaines de mètres de là, à
l'Institut Can Vilumara, un collège du centre historique de L'Hospitalet de
Llobregat, dans la ceinture industrielle de Barcelone. «Je ne vois pas ça d'un
bon œil du tout, confie à voix basse cet ancien ouvrier automobile chez Seat,
aujourd'hui âgé de 75 ans. La Catalogne est une région d'Espagne, et cela doit
rester ainsi. Je ne veux pas de l'indépendance.» Ses compagnons, taiseux,
opinent du chef. «Ce serait pire politiquement et économiquement, et cela
m'inquiète beaucoup pour ma retraite», ajoute-t-il. Une préoccupation partagée
par les personnes les moins favorisées: à en croire une récente enquête du
Centre catalan d'études d'opinion (CEO), seuls 32 % des Catalans ayant des
revenus inférieurs à 900 euros soutiennent l'indépendance.
Ces dernières semaines, la ville
de quelque 250.000 habitants a été le théâtre de tensions entre les partisans
du vote et l'édile socialiste Nuria Marin, qui a refusé d'impliquer directement
la mairie dans l'organisation du scrutin, à l'instar de Barcelone et de huit
autres grandes villes catalanes. Reste que dans la commune, la deuxième de
Catalogne, l'élan en faveur du référendum d'autodétermination, illégal au
regard de la Constitution espagnole, est moins palpable que dans le centre de
Barcelone, distant seulement d'une dizaine de stations de métro.
Les fanions, drapeaux et autres
autocollants en faveur du «si» ou du droit à voter démocratiquement sont
beaucoup plus discrets et le nombre de bureaux de vote informels plus limité. À
l'inverse, le drapeau espagnol s'arbore plus volontiers aux balcons et la
langue catalane se fait moins entendre dans les conversations. En 2015, lors du
dernier scrutin, à peine un quart des habitants de L'Hospitalet de Llobregat
avaient voté pour des partis indépendantistes, contre près de 50 % dans
toute la Catalogne.
«Il faut une consultation
légale»
«Cette ville est très mélangée,
constate Clemente, une habitante originaire des Asturies. On y trouve beaucoup
d'immigrés (23 %) et aussi d'Espagnols originaires d'autres régions
(36 %), précise-t-elle à la sortie d'un bureau de vote. C'est beaucoup
plus mixte que Barcelone.» Contrairement à son ami Ivan, qui refuse de
participer à cette «consultation illégale», la trentenaire, commerciale, a voté
mais a opté pour le «no». «Je trouvais important d'exercer mon droit
démocratique, mais je suis contre la distinction entre les Espagnols et les
Catalans ; nous sommes tous unis, ajoute-t-elle. J'ai toujours voté et je
voterai toujours contre l'indépendance. Le seul argument que je partage avec
les indépendantistes, c'est celui sur l'argent: nous sommes un
des moteurs économiques de l'Espagne et nous donnons beaucoup trop au
reste du pays. Il faut une meilleure répartition.»
À l'intérieur d'un centre
commercial moribond en ce dimanche après-midi, Arsenio tue le temps et promène
sa petite-fille en poussette devant les devantures de boutiques fermées. Cet
avocat à la retraite de 69 ans bute également sur l'illégalité du référendum.
«Je serais d'accord pour voter s'il y avait un consensus pour organiser une
consultation légale. Nous avons une Constitution pour encadrer cela, sinon, il
faut commencer par la changer.»
«Viva Espana»
À l'extérieur, deux douzaines de
membres casqués des forces d'intervention tentent au même moment d'évacuer le
bureau de vote informel. La tension monte et les insultes fusent. «Dehors les
forces d'occupation!», lancent les quelques personnes résolues à voter. Deux
visions de la «question catalane» s'opposent à quelques pas de distance. «Toute
cette histoire de référendum découle d'une manipulation de la vérité. Ces
manifestants et ces gens qui occupent le Parlement sont des groupes
anticapitalistes qui disent n'importe quoi. Moi, je suis catalan, je suis
espagnol et européen. Je suis citoyen du monde, insiste Arsenio. Si j'avais pu
hier (samedi), je serais allé manifester à Barcelone pour l'unité de l'Espagne
et contre le référendum pour défendre ces idées. Même si, là aussi, quelques
groupes proches du Parti populaire et de Ciudadanos (principal parti
d'opposition aux séparatistes dans la région, NDLR) étaient à la manœuvre, croit-il
savoir. Il faudrait une troisième voie, mais les politiques racontent de toute
façon n'importe quoi.»
«L'exécutif catalan profère
toute une série de mensonges économiques et sociaux, si bien que le peuple est
fracturé !»
Roman, étudiant en kiné.
Samedi, à la veille du «1-O» nom
de code du référendum, plusieurs centaines de défenseurs de l'unité nationale
ont défilé dans le cœur de Barcelone, le long de la Via Laietana, parée des
couleurs du drapeau national rouge-jaune-rouge et parfois de la bannière étoilée
européenne. «Viva Espana!» «Puigdemont démission!» (en référence au président
indépendantiste de l'exécutif catalan) ont régulièrement crié les participants,
venus entre amis ou en famille, avec une évidente détermination, commune aux
deux camps. «La solution à cette crise, c'est de dire aux Catalans la vérité.
L'exécutif catalan profère toute une série de mensonges économiques et sociaux,
si bien que le peuple est fracturé! Le dialogue doit reprendre entre les
Catalans et le reste de l'Espagne!», s'emporte Roman, étudiant en kiné.
Réfugiée à la hâte dans un
commerce pour s'acheter un parapluie, Mercedes est venue manifester avec sa
fille adolescente. «Macron et Merkel ont raison: les familles ne doivent pas se
séparer. Nous ne pouvons pas voter puisque le vote est illégal. Nous sommes la
majorité silencieuse.» Pour cette professeure et mère de trois enfants de 52
ans, l'indépendance nuirait en priorité à l'éducation. Un argument brandi en
miroir par les partisans… du oui.
Samedi, Mercedes se félicitait de
la gestion du premier ministre de droite, Mariano Rajoy (Parti populaire). «Il
s'en sort bien pour l'instant et s'en tient à l'argument de la légalité, sans
utiliser la force.» Eusebio, triturant son briquet, trouvait dimanche que le
chef du gouvernement n'était clairement pas assez ferme. «Qu'il revienne à sa
place et fasse enfin ce qu'il a promis, puisqu'il n'a pas réussi à vraiment
interdire ce référendum!»
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Journaliste au service Etranger
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La droite divisée sur son attitude face au projet de loi
antiterroriste (02.10.2017)
- Par Marc de Boni
- Mis à jour le 02/10/2017 à 15:40
LE SCAN POLITIQUE/VIDÉOS - Au
lendemain de l'attaque de la gare Saint-Charles à Marseille, les députés de
droite devraient faire des choix divergents lors du vote du projet de loi
antiterroriste à l'Assemblée prévu ce mardi.
Quelle position adopter au sujet
du projet de loi antiterroriste, qui doit être soumis au vote des députés ce
mardi? À droite, des débats animés ont marqué la semaine d'examen du texte dans
l'hémicycle. Plusieurs écoles s'affrontent, une perspective délicate au lendemain de l'attentat terroriste de la gare
Saint-Charles à Marseille.
Les plus offensifs, avec à leur
tête les députés Éric Ciotti et Guillaume Larrivé, jugent le texte trop laxiste
et entendent le combattre. «Je demande le retrait de projet de loi
antiterroriste», confirme Éric Ciotti sur France inter ce lundi. «Le
postulat du texte repose sur un fait très clair: c'est la sortie de l'état
d'urgence (…) et on va en transposer certaines dispositions dans le droit
commun. Mais ces transpositions ne sont pas à la hauteur des dispositions de
l'état d'urgence», explique-t-il. «Ce n'est pas le moment de sortir de l'état
d'urgence quand la menace est maximale, nous avons proposé six mois de plus. Et
ce n'est pas le moment de rétablir des frontières totalement ouvertes», tranche
le député des Alpes-Maritimes. Avec Guillaume Larrivé, Eric Ciotti déposera son
propre projet de loi, avec le soutien du patron des députés LR Christian Jacob.
Cette ligne, validée en amont
avec Laurent Wauquiez, ne fait pas l'unanimité rue de Vaugirard. Ainsi,
certains élus témoignent-ils de divergences de vues: «Je ne parlerai pas de
malaise, mais c'est vrai que la ligne Ciotti-Larrivé gêne certains d'entre
nous. Elle ne représente pas le groupe dans son homogénéité la plus complète.
Je ne suis pas sûr que le grand public comprenne que l'on vote contre», s'inquiète
Philippe Gosselin interrogé dans l'Opinion ce lundi. L'élu, qui
avait soutenu Alain Juppé lors de la campagne de la primaire à droite, songe à
s'abstenir.
Des postures jugées
«excessives»
D'autres pourraient carrément
soutenir le texte, comme l'élu LR Julien Dive. Aurélien Pradié, élu du Lot, est
sur la même ligne. «Dans notre famille, on approche de la caricature. Même si
Gérard Collomb est gêné car il a cédé trop de terrain sur certains sujets,
comme l'assignation à résidence, je ne me vois pas m'opposer à un texte de loi
sécuritaire pour notre pays. Notre famille politique se trompe en pensant que
sur ces sujets, les Français nous seraient reconnaissants d'être excessifs. Nos
électeurs attendent que l'on soit sérieux et crédible. Pas excessif», s'alarme
l'élu.
Au FN aussi, l'incertitude
règne
L'attentat de Marseille
changera-t-il la donne en mobilisant l'unité nationale des élus de la nation?
Au sein du parti de Marine Le Pen aussi, on ne sait plus trop sur quel pied
danser. Invité
ce lundi matin sur France Info, le nouveau responsable de la communication
frontiste David Rachline a eu du mal à expliquer que les députés de
son parti allaient voter contre le texte sécuritaire. Interrogé sur l'intention
de «voter contre» le texte, Rachline a hésité: «Sans doute allons nous voter
contre». «Vous ne savez pas», embraye le journaliste. «Nous verrons, ce sont
les députés du Front national qui vous diront ça», a éludé l'élu de Fréjus, qui
a quitté le Sénat pour respecter les règles sur le non-cumul.
À VOIR AUSSI - Projet de loi
antiterroriste: texte naïf ou état d'urgence permanent?
Mohamed Merah, un «loup» qui était bien loin d'être solitaire
(02.10.2017)
Sabri Essid (à gauche sur
l'image) devient le demi-frère de Mohamed Merah en 2010. - Crédits photo :
AL-FURQAN MEDIA / AFP /Capture France 2
France | Par Jean
Chichizola
Mis à jour le 02/10/2017 à 10h15
Dès la fin des années 2000, à
peine majeur, le futur terroriste est repéré comme un islamiste toulousain. Et
il est en contact avec des «personnalités» déjà en vue.
Mohamed Merah était-il un «loup
solitaire»? Après les attentats de mars 2012, la thèse, largement reprise
par les médias, fut notamment défendue par le patron de la Direction centrale
du renseignement intérieur (DCRI) d'alors, Bernard Squarcini.
À l'heure où s'ouvre le
procès des complices présumés du «tueur au scooter», l'affirmation
pose en fait deux problèmes. Première interrogation: le «loup solitaire»
Mohamed Merah a-t-il préparé seul les assassinats de Montauban et de Toulouse?
Il appartient à la Cour d'assises spéciale de trancher cette question, qui sera
bien sûr au cœur des débats.
Du vivant du «tueur au
scooter», ses contacts avec Sabri Essid et Fabien Clain étaient déjà très
inquiétants
Seconde interrogation: Mohamed
Merah était-il identifié comme membre de la «mouvance islamiste radicale» et
aspirant au djihad? Sur ce second point, le simple examen des faits démontre
que, s'il était bien un «loup», le jeune Toulousain était bien loin d'être
solitaire. Ce qui le distingue bien sûr des «primo-terroristes» d'aujourd'hui
perpétrant des attaques sans lien opérationnel avec des groupes terroristes et
parfois sans même de contact avec des extrémistes identifiés.
Dès la fin des années 2000, il
est à peine majeur, Mohamed Merah est repéré comme un islamiste toulousain. Et
il est en contact avec des «personnalités» déjà en vue. Sabri
Essid, qui devient son demi-frère en 2010 quand le père d'Essid épouse la
mère de Merah, est l'une de ces figures «montantes». Comme un autre
individu, Fabien
Clain. Les deux, ayant quitté la France en 2014 et 2015, seraient
aujourd'hui quelque part dans le territoire encore contrôlé par l'État
islamique. Essid a été vu sur une vidéo où son beau-fils de 12 ans tuait un
prisonnier. Clain a revendiqué les attentats du 13 novembre 2015.
S'il faut se garder d'un
quelconque anachronisme, Mohamed Merah étant mort et enterré au moment de ces
deux faits, il convient de souligner que, du vivant du «tueur au scooter», ses
contacts avec Essid et Clain étaient déjà très inquiétants. Les deux islamistes
toulousains ont été en effet condamnés en 2009 dans le cadre de la filière dite
d'Artigat (du nom d'un village de l'Ariège) qui envoyait des djihadistes en
Irak. Mohamed Merah connaissait d'ailleurs aussi le mentor du groupe
d'Artigat, le
Français d'origine syrienne Olivier Corel, alias «l'émir blanc».
Les «nouvelles filières
pakistano-afghanes»
Clairement identifié comme
islamiste radical, Merah était aussi un djihadiste. Il est issu de ce que les
spécialistes du terrorisme appelaient, à la fin des années 2000 et au début des
années 2010, les «nouvelles filières pakistano-afghanes». À la différence des
premières «filières afghanes», celles des années 1990 et des camps de Ben Laden
en Afghanistan, les djihadistes y étaient pris en charge plus discrètement.
Accueillis au Waziristan du Nord, au cœur des régions tribales pakistanaises,
ils suivaient une formation, souvent assez sommaire, parfois dans de simples
maisons transformées en mini-camp d'entraînement. C'est là que Mohamed Merah a
séjourné très brièvement en octobre 2011, ce qu'il parviendra à cacher aux
services français.
À l'époque, les djihadistes
étrangers, notamment ceux venant d'Europe, étaient pris en charge par Moez
Garsallaoui, époux de la «veuve noire» Malika el-Aroud, dont le premier mari
fut l'un des terroristes ayant
tué le commandant Massoud, adversaire des talibans et d'al-Qaida, le 9
septembre 2001. À noter que le séjour au Pakistan de Mohamed Merah en 2011 a
été facilité par deux organisations terroristes pakistanaises, le
Lashkar-e-Taiba (LeT) et le Tehrik-e-Taliban (TTP). La première de ces
organisations est une vieille connaissance de l'antiterrorisme français puisque
le LeT a aidé un autre islamiste français, Willie Brigitte, arrêté en 2003 pour
un projet d'attentat en Australie.
Quand Mohamed Merah revient en
France en octobre 2011, c'est donc bien un islamiste et un djihadiste qui
fait son entrée sur le territoire national. Un homme aux contacts nombreux et
inquiétants en France comme à l'étranger.
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y a quatre ans, Mohamed Merah faisait basculer la France dans le
terrorisme
Jacques Julliard : «Face à l'islamisme, la volonté de ne pas
savoir» (02.10.2017)
Jacques Julliard. - Crédits
photo : François BOUCHON/Le Figaro
Mis à jour le 02/10/2017 à 13h26
LES CARNETS DE JACQUES JULLIARD -
Le chef de l'État et le leader des Insoumis, si opposés par ailleurs, ont en
commun l'exercice solitaire du pouvoir, argumente l'historien et essayiste*.
L'intellectuel examine ensuite le concept de totalitarisme et sa pertinence
pour analyser l'islamisme, à la fois idéologie et régime politique.
MACRON-MÉLENCHON: LE
CÔTE-À-CÔTE
Tandis que le paysage politique
français continue de se morceler - c'est désormais le bocage plutôt que
l'openfield -, ils
ne sont pourtant que deux sur la scène à capter la lumière: Emmanuel Macron et
Jean-Luc Mélenchon. L'effet de loupe produit par les médias est à la fois
simplificateur et obsessionnel. Nous avons vu en moins d'un an Sarkozy, Fillon,
Juppé, Bayrou, à droite, Hollande, Valls, Duflot, Laurent, Besancenot, à
gauche, disparaître des écrans radar. Le grossissement médiatique finit par abolir
les données les plus élémentaires: car enfin les deux ténors ont réuni ensemble
le 23 avril dernier moins de 44 % des suffrages exprimés. Quant au
groupe parlementaire des Insoumis, il est deux fois moins important que celui
des socialistes. Il est vrai qu'il fait deux fois plus de tapage, au point de
maquiller son échec en retraite aux flambeaux. Quant à Macron, il est devenu
président de la République: à cheval donné on ne regarde pas la bride.
Il est vrai que tout aujourd'hui,
chez les stars de la politique, s'apparente aux techniques autrefois réservées
aux acteurs: le vêtement, la coupe de cheveux, le maquillage, le geste, la
voix. Que de chemin parcouru depuis Jaurès, toujours fagoté comme l'as de
pique, Briand, dont les costumes semblaient sortir d'une longue sieste sous les
arbres, ou encore Mendès France, dont le visage mal rasé relevait plutôt de la
fiche anthropométrique que du Studio Harcourt!
«Macron n'est pas un chef
d'équipe. C'est un homme seul, qui se veut seul, entouré d'exécutants. Son premier
ministre est à peine son collaborateur, c'est son hologramme»
Jacques Julliard
On aurait tort de ne voir là que
les effets des exigences de la télévision. La personnalisation du pouvoir, que
l'on impute d'ordinaire aux institutions, est une tendance profonde de
l'époque, et le despotisme de l'image change de fond en comble la nature du
lien entre gouvernants et gouvernés. Ne croyez surtout ni Macron ni Mélenchon,
quand ils prétendent vouloir redonner du pouvoir au Parlement. Mieux vaut en
juger par leur comportement, qu'ils organisent tout entier autour de leur
personne. Ainsi, la velléité, à laquelle Emmanuel Macron a dû renoncer, de
donner un statut officiel à la «première dame de France», expression ridicule,
relevait de l'esprit de l'Ancien Régime, non de celui de la République.
Lorsqu'il affuble Jean-Yves Le Drian du titre étrange de «ministre de l'Europe
et des Affaires étrangères», que suggère-t-il, sinon que le véritable chef de
la diplomatie c'est lui? Quand il nomme «ministre des Armées» la directrice de
«SNCF voyageurs», que dit-il d'autre, sinon que le vrai patron de la défense,
c'est lui? Un tel président n'est pas un chef d'équipe. C'est un homme seul,
qui se veut seul, entouré d'exécutants. Son premier ministre est à peine son
collaborateur, c'est son hologramme. Dommage, parce qu'Édouard Philippe est une
personnalité attachante.
Quant à Jean-Luc Mélenchon, il
n'est pas en reste. C'est le seul insoumis de sa bande. Sa désignation à la
tête de son mouvement ne relève pas de l'élection, mais de l'acclamation, comme
dans les tribus franques ou les mouvements populistes. Sa fascination pour le
Venezuela de Chavez et Maduro, un pays qui n'avait encore jamais servi de Terre
promise, en dit long sur son système politique implicite: le caudillisme. Un
système où «le chef politique dispose d'un pouvoir dictatorial fondé sur le
prestige personnel et l'appui de ses fidèles»(Le Grand Larousse).
Ne rêvons pas: on ne reviendra
pas en arrière. Il y faudrait, pour ce faire, changer de fond en comble le système
politique, et d'abord électoral. Dieu nous garde de la proportionnelle
intégrale, qui est avec le réchauffement climatique et les méthodes
pédagogiques modernes, une des calamités majeures qui menacent la France!
Alors que faire?
La moindre des choses, si le
Parlement, les partis, et peut-être même les syndicats, ne sont plus les
intermédiaires nécessaires entre le peuple et le chef, serait que celui-ci
s'explique clairement devant celui-là. De Gaulle savait le faire à merveille,
ses référendums, ses conférences de presse, ses allocutions télévisées étaient
la base d'un véritable dialogue avec la population.
«Mélenchon s'écoute parler
plus qu'il n'écoute les autres»
Jacques Julliard
Aujourd'hui, rien de semblable.
Emmanuel Macron parle beaucoup, prononce de grands discours devant des décors
grandioses, de la Pyramide du Louvre au Parthénon en passant par Versailles (il
n'a pas encore osé les pyramides d'Égypte), mais il ne parle pas directement
aux Français. Il ne les prend pas à témoin. Il ne les associe pas à son action.
Il est retombé à cet égard dans le même travers, la même figure de style que
François Hollande: le discours indirect.
Quant à Mélenchon, il s'écoute
parler plus qu'il n'écoute les autres. C'est un grand art que celui d'écouter
en parlant, comme savaient le faire Périclès, Roosevelt, Churchill ou Gandhi.
Encore n'ai-je voulu citer ni Socrate ni le Christ. S'il veut devenir un vrai
chef démocratique au lieu de tourner au démagogue, Mélenchon devra changer de
méthode, et peut-être même d'ego.
L'autre responsabilité, puisqu'il
s'agit pour la France de réinventer son modèle politique et social, incombe, au
sens le plus large du terme, aux intellectuels. Une partie des intellectuels de
gauche, désespérés par la médiocrité de leur camp, se consacre essentiellement
à la critique de celui-ci. L'autre partie passe son temps à stigmatiser les
premiers, qu'elle accuse du péché suprême, de «glisser à droite». Entre les
deux camps, aucun dialogue n'est devenu possible, car il n'est, hélas, nul
besoin d'avoir conservé la foi pour excommunier ceux qui avouent l'avoir
perdue. Tout cela est désespérément classique, narcissique et stérile. Penser,
c'est prendre des risques. Ni la gauche lucide ni la gauche fidèle n'en
prennent beaucoup. Il faut, pour renouveler notre système politique, remettre
l'intelligence française en marche.
L'ISLAMISME EST-IL UN
TOTALITARISME?
Le temps n'est pas si éloigné, où
au seul mot de «totalitarisme», les partisans de l'extrême gauche communiste
montaient au créneau, avec pour arme ce mélange d'indignation et d'intimidation
qui est devenu aujourd'hui monnaie courante dans le monde intellectuel. Certes,
il y avait bien quelques analogies, concédaient-ils, mais comment oser
rapprocher le pur idéal des communistes, certes dévoyé, avec la noirceur
intrinsèque du nazisme? La remarque était juste ; mais il était tout de
même cocasse d'entendre des marxistes s'en remettre à une morale de
l'intention, que l'auteur de L'Idéologie allemande avait,
comme mystification bourgeoise, mille fois criblée de ses flèches! Le même tir
d'intimidation est en train de se produire à propos de l'islamisme. Le seul souci
de savoir si l'islamisme peut être considéré comme une forme de totalitarisme
suffit à vous faire regarder de travers. Derrière les dénégations a priori se
cache la fameuse injonction du président Delegorgue au procès de Zola, à propos
de Dreyfus: «La question ne sera pas posée!»
Il importe pourtant de la poser,
cette question: car selon que l'on considère l'islamisme, soit comme l'œuvre
d'une poignée de déséquilibrés, soit comme un courant extrême de l'islam, soit
comme la forme religieuse des doctrines totalitaires propres au monde moderne,
la riposte devra être de nature différente.
«Selon que l'on considère
l'islamisme, soit comme l'œuvre d'une poignée de déséquilibrés, soit comme un
courant extrême de l'islam, soit comme la forme religieuse des doctrines
totalitaires propres au monde moderne, la riposte devra être de nature
différente»
Jacques Julliard
Le totalitarisme se distingue des
formes classiques de la dictature ou du despotisme par sa dimension idéologique
intrinsèque. La dictature, c'est l'affirmation sans détours du primat de la
force ; le totalitarisme, c'est le primat de la force justifié par une
idéologie teintée de moralisme. Ajoutons: une idéologie qui prétend à un
monopole absolu sur la population, grâce à l'éradication de toutes les formes
de pensées concurrentes. Ce n'est pas pour rien que Raymond Aron ou Jules
Monnerot ont parlé des totalitarismes modernes comme de «religions séculières»,
c'est-à-dire l'adhésion à un corps de doctrine considéré comme la pure et
unique vérité, sans recours à la transcendance. L'objection qui prétend dénier
tout usage du mot «totalitarisme» à propos d'une foi religieuse, alors qu'il
s'applique d'ordinaire à des doctrines politiques, est donc sans fondement.
C'est au contraire le caractère religieux de la doctrine qui caractérise toutes
les formes du totalitarisme.
En revanche, alors que nazisme et
communisme peuvent être tenus, comme l'a montré Hannah Arendt, comme une des
formes dégénérées de la démocratie, c'est-à-dire, en principe, du pouvoir du
peuple, l'islamisme proclame au contraire la toute-puissance de Dieu: c'est en
théorie une différence essentielle. Islam signifie soumission, alors que
démocratie implique indépendance, pour ne pas dire insoumission. Mais
l'islamisme, comme d'ailleurs l'islam sunnite, insiste sur la robe sans couture
que constitue l'oumma, c'est-à-dire la communauté des croyants, faisant de
celle-ci l'expression même de la volonté divine. À défaut de démocratie, au
sens occidental, l'oumma, c'est le peuple tout entier réuni autour d'une seule
et unique religion. D'où la condition inférieure qui est faite aux «infidèles»
dans les régimes musulmans (dhimmi) et, chez les islamistes les plus radicaux,
la volonté de les exterminer.
Le totalitarisme, c'est la
concentration du pouvoir temporel et du pouvoir spirituel dans les mêmes mains.
Ou, si l'on préfère, du pouvoir politique et du pouvoir religieux,
accessoirement du pouvoir économique. C'est pourquoi Simone Weil n'hésite pas,
dans plusieurs de ses écrits, à dénoncer le christianisme des origines, sous
l'influence, à ses yeux détestable, de Rome, comme la matrice du totalitarisme,
parce qu'il a la prétention de réunir le temporel et le spirituel dans les
mêmes mains. À l'inverse de Rousseau, qui, au chapitre du Contrat social
consacré à la religion civile, voit au contraire dans le christianisme
l'origine de la séparation du spirituel et du temporel, et l'en critique
violemment: «La loi chrétienne est au fond plus nuisible qu'utile à la forte
constitution de l'État.» Et de lui préférer Mahomet, qui «eut des vues très
saines» en confondant les deux pouvoirs. Simone Weil critique le christianisme
pour être potentiellement totalitaire, tandis que Rousseau le critique pour ne
pas l'être! Rien de tel que l'histoire des idées pour nous débarrasser des
idées toutes faites!
Ajoutons que dans son dernier
livre (Brève apologie pour un moment catholique, Grasset), Jean-Luc
Marion considère, comme Rousseau, que le christianisme est une religion de
«séparation» entre le temporel et le spirituel, mais pour s'en réjouir,
évidemment. Ne craignant pas de voir dans le monothéisme absolu une matrice
possible du totalitarisme, il se réjouit que la dimension trinitaire du
christianisme, c'est-à-dire la séparation au sein même de l'unité, remette en
cause cette pente totalitaire du monothéisme.
Redescendons de ces hauteurs
conceptuelles à la réalité historique. Il y a deux formes du totalitarisme: le
premier comme idéologie, le second comme régime politique. Dans le cas de
l'islamisme, c'est le premier qui est dominant, le second, sous la forme de
l'État islamique, est en train de disparaître. Mais il a assez vécu pour
démontrer qu'il est non seulement un système de despotisme absolu sur les
consciences, mais aussi l'expression d'une sauvagerie primitive sans limites.
Quant au premier, il exerce une influence de plus en plus forte sur les pays
musulmans: domination absolue de l'islam, éradication des autres religions
comme en sont victimes les chrétiens d'Orient et les yazidis, discriminations de
toute sorte, asservissement des femmes, législation intolérante et tyrannique.
Cette idéologie est en constant
progrès chez les musulmans des pays occidentaux, notamment chez les jeunes. À
telle enseigne qu'après les résultats inquiétants d'une enquête de l'Institut
Montaigne, on se garde bien de mesurer régulièrement un phénomène que l'on
redoute, ou bien dont on nie l'existence. La volonté de ne pas savoir est
devenue, dans une partie des élites, la doxa dominante au pays de Voltaire.
Décidément, la race des idiots utiles n'est pas morte avec le stalinisme.
L'AIR DU TEMPS
La force du symbole en
démocratie, Emmanuel Macron la connaît bien. Il aura beau plaider l'efficacité
financière, l'exonération de l'impôt sur la fortune pour les possesseurs de
yachts ou d'avions privés, mais non pour un père de famille qui aurait acheté
un appartement pour sa fille, cela ne passe pas, cela ne saurait passer. C'est
Noël pour les possédants et le Jour des morts pour la classe moyenne.
Décidément, il devrait y avoir une épreuve de bon sens à l'entrée de l'ENA.
* Éditorialiste de
l'hebdomadaire «Marianne».
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