Damien Le Guay: «Que nous le
voulions ou non, nous sommes en état de “ guerre civile”» (02.10.2017)
Après une vive polémique, un colloque
«contre l’islamophobie» annulé (04.10.2017)
Une étudiante se prend en selfie
avec les hommes qui la harcèlent dans la rue (04.10.2017)
Danièle Obono, chiffon rouge de
l'Assemblée (04.10.2017)
Députée de la majorité et
ex-policière, elle n'a pas voté la loi antiterroriste (04.10.2017)
La néo-sénatrice FN qui compare les
migrants aux envahisseurs nazis suspendue (04.10.2017)
Après les attaques de Marseille et
Las Vegas, les revendications de Daech en question (04.10.2017)
Attentat de Marseille : «Qui a armé
le bras d'Ahmed Hanachi ?» (04.10.2017)
Las Vegas : un arsenal dans la
chambre du tireur, sa compagne de retour aux États-Unis (04.10.2017)
Philippe Bilger: «Marseille: une
négligence professionnelle de la préfecture du Rhône » (04.10.2017)
Éric Zemmour : «Les racines
religieuses de la gauche et de la droite»
Attaque à Marseille: les enquêteurs
s'intéressent à l'entourage du terroriste (04.10.2017)
Facebook, Google et la culture de
l'excuse permanente (05.10.2017)
Damien Le Guay: «Que nous le
voulions ou non, nous sommes en état de “ guerre civile”»
- Par Alexandre Devecchio
- Mis à jour le 03/10/2017 à 08:00
- Publié le 02/10/2017 à 15:06
FIGAROVOX/ENTRETIEN
- Pour Damien Le Guay, il est vain de parler de «folie meurtrière» ou d'
«acte barbare» pour qualifier les actes terroristes survenus sur notre sol. Il
est temps de nommer clairement le réel sans avoir peur de «faire le jeu» du
Front national.
Damien Le Guay est philosophe,
essayiste, critique littéraire, conférencier. Il a publié La guerre
civile qui vient est déjà là (éditions du Cerf).
FIGAROVOX.- Une attaque au
couteau a eu lieu hier, dimanche, à la gare Saint-Charles à Marseille. Deux
femmes ont été tuées. L'assaillant, qui a crié «Allah Akbar» a été abattu.
Votre dernier livre s'intitule, La guerre civile qui vient est déjà là.
Est-ce à dire que nous sommes dans cette guerre civile - du moins sur certains
territoires?
Lorsque deux jeunes femmes
innocentes (de 17 et 21 ans) sont égorgées au couteau, par-derrière, gare
Saint-Charles et qu'un cri de guerre islamiste est répété par l'assassin,
n'est-on pas en droit de constater qu'un climat de terreur est entretenu de
mois en mois, attaques après attaques! Quand on constate que des attentats de
ce type se répètent régulièrement sur notre territoire et qu'ils sont perpétrés
par des nationaux, ne sommes-nous en droit de nous reconnaître dans une sorte
de guerre civile qui ne dit pas son nom! Quand les victimes sont trucidées au
hasard et que tous les meurtriers agissent au nom de l'Islam, ne sommes-nous
pas en situation de guerre sur notre territoire! Ajoutons que le ministre de
l'intérieur nous dit que des dizaines d'attentats ont été déjoués depuis le
début de l'année et que 17.400 «fichés S» sont répertoriés, sans parler de tous
ceux qui reviennent de Syrie et qu'il va falloir surveiller.
De toute évidence quand des
assassinats se répètent, régulièrement, avec toujours les mêmes revendications,
quand la menace est désormais partout et que nous sommes tous des victimes en
puissance, quand les mesures de sécurité augmentent dans tous les lieux
publics, quand les spécialistes vous disent que nous en avons pour plus de
vingt ans, est-il encore possible de considérer qu'il s'agit là de simples
«faits divers» à répétition qu'il faut, à chaque fois, minimiser? Non. Et
pourtant, à chaque fois (comme hier pour Marseille) nos autorités «déplorent»
ces attentats, montrent leur «compassion» à l'égard des victimes, indiquent
leur «indignation»
Non, Monsieur le premier
ministre, il n'y a pas de « folie » dans un terrorisme politique qui vise, au
nom d'une idéologie islamiste, à lutter contre l'Occident, contre les «
infidèles »
et dénoncent (comme hier le
ministre de l'intérieur) «une attaque odieuse». À chaque fois nos autorités
éludent la situation, relativisent l'acte et considèrent l'assassin comme un
«fou». Ainsi, hier, le premier ministre, dans un communiqué, s'est-il empressé,
de dénoncer le «criminel» et de s'en prendre à «sa folie meurtrière». Non,
Monsieur le premier ministre, il n'y a pas de «folie» dans un terrorisme
politique qui vise, au nom d'une idéologie islamiste, à lutter contre
l'Occident, contre les «infidèles», contre les «impurs», les kouffars que nous
sommes tous. Non, Monsieur le premier ministre, à chaque fois on découvre que
ces terroristes suivent, d'une manière ou d'une autre, les mots d'ordre de
l'Etat islamique avec, souvent, des «cellules-souches» animées par un imam
salafiste qui prêche la haine et finit par convaincre certains de ses fidèles
qu'il faut tuer «des mécréants». Et comme on pouvait s'en douter, dimanche
soir, l'Etat islamique a revendiqué l'attentat. Tout cela renforce l'évidence:
certains, ici, nous détestent et feront tout pour détruire ce tissu national
qui tient ensemble tout le monde et défend une certaine manière de vivre «à la
française».
Or, il nous faut considérer que
des attentats répétés depuis au moins 2015, tous commis en invoquant le nom
d'Allah, revendiqués par l'État islamique, ne relèvent pas de la folie
d'individus isolés mais d'une action d'envergure et convergente, visant à
lutter contre la France et ses valeurs pour imposer un climat de terreur et de
défiance tous azimuts. De toute évidence, ces attentats sont liés les uns aux
autres. Ils sont politiques avant d'être psychiatriques. Ils instaurent une
«guerre civile larvée», selon l'expression de Gilles Kepel. Ne pas reconnaître
cette «guerre civile» contre nous, entre nous, plutôt que d'améliorer la
situation, l'aggrave. L'euphémisme tue, lui aussi. Nos politiques, par naïveté,
manque de courage ou défaut de lucidité, refusent l'évidence. Dès lors, pour ne
pas prendre la mesure de la situation, ils tergiversent. Plutôt que de soigner
notre tissu national, ils laissent les problèmes s'envenimer. Prenons deux
éléments. Le rejet de l'Islam ne cesse d'augmenter en Europe. En France
l'enquête de Fondapol indiquait, il y a peu, que ce rejet est pratiqué par 60 %
de nos concitoyens qui, dans les mêmes proportions, considèrent que l'Islam est
une menace contre la République. D'autre part, les indices de radicalisation
des Français musulmans augmentent. Un tiers d'entre eux, selon le rapport Montaigne
d'il y a un an, font prévaloir les lois de l'Islam sur celles de la République.
Et une enquête du CNRS indiquait, en mars dernier, que 15 % des lycéens
musulmans de France pensent acceptable de lutter «les armes à la main pour sa
religion».
Si les indices sont graves et
convergents pour laisser penser que nous sommes, que nous le voulions ou non,
en «guerre civile», pourquoi nos politiques ne le reconnaissent pas?
Une triple peur existe et
paralyse nos politiques. D'une part, celle de «faire le jeu du Front national»
en reconnaissant qu'est intervenu dans les années 2000 un raidissement de la
communauté musulmane, sous l'influence de prêcheurs venus d'ailleurs, au point
de promouvoir, ici ou là, une indifférente de rejet culturel ou une animosité à
l'égard de nos manières de vivre et l'apparition de terroristes musulmans
nationaux. L'immigration ne serait pas, contrairement au leitmotiv proclamé par
tout le monde, seulement «une chance pour la France» et générerait une
«insécurité culturelle», mise en évidence par Laurent Bouvet, grandement
ressentie par la «France périphérique». D'autre part, la peur d'être suspecté
«d'islamophobie» - concept extensif, protéiforme, manié sans discernement et
rendant impossible toute discussion relative à l'Islam ou aux musulmans. Cette
arme de destruction massive, sorte de «racisme imaginaire» dénoncé par Pascal
Bruckner, étouffe tous les débats intellectuels et range assez vite ceux qui,
comme Alain Finkielkraut, osent discuter franchement de la situation, dans la
«fachosphère». Ainsi, entre Marine Le Pen et le CCIF (le Collectif contre
l'Islamophobie en France), la ligne de crête est étroite, la parole contrôlée,
la lucidité faible. Donner raison à l'extrême droite est une faute politique -
au point de dissimuler certaines évidences. Quand au CCIF, il traîne devant les
tribunaux ceux qui remettent en cause certaines dérives de la communauté
musulmane - comme ce fut le cas pour Georges Bensoussan ou Pascal Bruckner. À
cela s'ajoute une troisième peur: celle de s'en prendre «à la religion des
pauvres» (ce qu'est l'Islam nous dit Emmanuel Todd), aux «damnés de la terre»,
aux victimes de la colonisation. Un gauchisme culturel, avec des kyrielles
d'associations et des relais médiatiques et universitaires puissants, finit par
considérer les victimes d'aujourd'hui comme des coupables historiques et les
coupables d'aujourd'hui comme des victimes de ségrégations anciennes.
L'histoire réglerait ses comptes sur le dos des innocents d'aujourd'hui avec
des excuses raciales d'un côté et des culpabilités de blancheur de l'autre.
Ces trois peurs se conjuguent
pour éviter des remises en cause idéologique, pour promouvoir de la confusion
intellectuelle, pour restreindre l'analyse. Quand les ennemis ne sont pas des
ennemis, quand il ne faut rien dire de mal contre l'Islam et que toute
l'insécurité culturelle ressentie par les électeurs du Front national est
forcément exagérée, pour ne pas dire inventer, nos politiques sont presque
aphones. Ils ne savent pas quoi dire. «Toute élite qui n'est pas prête à livrer
bataille pour défendre ses positions est en pleine décadence» nous dit Pareto.
Alors, faute de mieux, reste, avec emphase, une immense compassion pour les
victimes et la dénonciation creuse de la «folie meurtrière» des assassins.
Hier, le président de la République évoquait un «acte barbare». Reste la
réponse sécuritaire qui prolongera indéfiniment «l'état d'urgence» que nous
connaissons. Reste des bouquets de fleurs et des nounours déposés sur les lieux
des attaques. Reste des mots d'ordre automatiques: «pas d'amalgame», «non à
l'islamophobie». Chantal Delsol s'était
étonnée, à juste titre, que lors des manifestations de Barcelone, la foule
ne refusait pas «l'occidentalophobie» mais «l'islamophobie» comme si les
terroristes s'en étaient pris à l'Islam alors même qu'ils s'en réclamaient. Ce
paradoxe serait généreux s'il n'était pas tragique!
Quel serait alors l'avantage,
selon vous, après l'attentat de Marseille, de nous reconnaître en guerre?
Les musulmans français ne sont
pas des ennemis, c'est une évidence mais certains d'entre eux pratiquent une
guerre contre cette Nation qu'ils haïssent et que nous n'aimons pas assez.
N'oublions pas que François Hollande reconnaissait qu'une «partition du
territoire» était en train de se produire quand son ministre de la ville
constatait qu'existaient «cent Molenbeek» en France. Si nous voulons lutter
contre ces dérives et ces spasmes terroristes
Pour désarmer les terroristes
encore faut-il désarmer les consciences. La guerre civile est d'abord dans les
têtes.
qui agitent régulièrement la
France (comme ce fut le cas hier à Marseille) encore faut-il lutter contre les
terreaux idéologiques qui arment les consciences des terroristes. Pour désarmer
les terroristes encore faut-il désarmer les consciences. La guerre civile est
d'abord dans les têtes. Comment agir? En désamorçant les trois peurs évoquées
plus haut. En réformant «l'islam de France» - contre l'islam consulaire et ceux
des imams qui, sans contrôle, prêchent la haine - à la suite du rapport des
sénatrices Féret et Goulet de juillet 2016. Or, ces réformes n'avancent pas
alors que le temps est compté. En demandant aux Français musulmans, comme le
fait Ghaled Bencheikh, de choisir entre les solidarités musulmanes et l'amour
de la France. Or, des rapports parlementaires montrent que «la lutte contre la
radicalisation», nouvel euphémisme inventé par nos politiques, est un échec.
Elle coûte cher, s'appuie sur des analyses tronquées et des associations peu
fiables. Ce sursaut n'est possible qu'à la condition de se hisser à hauteur de
l'événement - et de l'attentat de Marseille, pour ne parler que de lui. Encore
faut-il condamner l'angélisme multiculturel de certains et œuvrer (comme mon
livre le propose) à une «déradicalisation de l'antiracisme». Que nous le
voulions ou non, nous sommes en état de «guerre civile». Considérons-la pour
mieux l'éviter. Une guerre, dit Lévinas, revient à «se saisir de la substance
de l'autre» et à rechercher son «talon d'Achille». Les terroristes français,
soldats de l'Etat islamique et de l'islamisme culturel, cultivent nos peurs et
réussissent à se saisir de notre «substance». Ils nous poussant vers toujours
plus de multiculturalisme, toujours plus de mutisme, toujours plus de
détestation de nous-mêmes.
Depuis 2015, on ne compte plus
ce type d'attentats. Assiste-t-on à une forme de banalisation et de résignation?
On est en mesure de le craindre.
Que va-t-il se passer après Marseille? On aimerait penser à un sursaut. Mais,
l'étouffement sous les ours en peluche et les larmes de crocodile est plus
probable. Nous allons attendre une nouvelle manifestation de «folie meurtrière»
sans tout mettre sur la table et s'en prendre aux complicités idéologiques
musulmanes. Il ne faudrait pas nous exposer à passer pour un islomophobe
primaire! Ainsi, sans le vouloir mais sans rien pouvoir faire pour l'éviter,
nous irons de petites défaites en grands renoncements, d'attentats terroristes
en habitudes résignées, de lassitudes angoissées en soumissions volontaires.
Nous nous en prendrons alors, dans une sorte de passivité complice, à la
défaillance de nos politiques, à cette grande défaite de l'intelligence et à
notre manque de courage. Ce constat douloureux devrait suffir à provoquer un
sursaut d'orgueil. Mais même l'orgueil est interdit à cette Europe qui a tant à
expier, tant à se faire pardonner!
Après une vive polémique, un colloque «contre l’islamophobie»
annulé (04.10.2017)
Par Louis Heidsieck •
Publié le 04/10/2017 à 16:58 • Mis à jour le 04/10/2017 à 17:42
Un texte de Jean-Louis Bianco,
président de l’observatoire de la laïcité, devait être lu en ouverture du
colloque.Crédits photo: Copie d'écran
Alors qu’il devait avoir lieu
samedi 14 octobre, le colloque a finalement été annulé par la direction de
l’université Lyon 2. La liste des participants, dont une personne fichée S,
avait suscité la controverse ces derniers jours.
«Les conditions n’étant pas
réunies pour garantir la sérénité des échanges et le bon déroulement des débats
autour de la question de l’islamophobie, [...] la Présidence de l’université
Lumière Lyon 2 a pris la décision d’annuler la tenue du colloque». Alors qu’il
devait être organisé par l’Institut Supérieur d’Étude des Religions et de la
Laïcité (ISERL) de la faculté le 14 octobre prochain, le débat qui suscitait
une controverse depuis quelques jours a donc finalement été annulé. Les raisons
avancées dans ce communiqué de presse de l’établissement tiennent donc de la
sécurité autour de l’événement.
Mais le débat avait largement
fait polémique au moment où en avaient été dévoilés les participants. Le site d’extrême droite Fdesouche avait condamné la
tenue de ce «colloque islamiste» (avant de s’auto-féliciter de sa propre
«vigilance citoyenne» qui en aurait entraîné l’annulation). Tout est parti d’un
tweet de Laurent Bouvet, un politologue engagé et co-fondateur du Printemps républicain, qui avait invectivé
dès le 22 septembre l’Observatoire national de la laïcité et l’université de
Lyon 2. Selon lui, il s’agissait d’un «colloque plein d’intervenants islamistes
sous couvert académique». Une injonction largement reprise, à dessein, par le
site Fdesouche. Un communiqué de la Ligue Internationale Contre le Racisme et
l’Antisémitisme (Licra) avait dénoncé, lui, un «colloque laïcophobe».
Un colloque plein d'intervenants
islamistes sous couvert académique à @universitelyon2 ? cc @ObservLaicite
Sur le site de débats et d’opinions du FigaroVox, l’essayiste
Céline Pina avait listé le 29 septembre dernier les intervenants au débat, dont
Abdelaziz Chaambi, un fiché S, comme le confirme le site de la coordination contre le racisme et l’islamophobie (CRI), qui
défend ses positions. On peut aussi citer Jamilah Farah, qui s’était présentée
aux législatives sous les couleurs du parti égalité justice (PEJ), un parti ne
masque pas sa proximité au régime turc de Recep Tayyip Erdoğan.
» Lire aussi - Des imams veulent donner une
meilleure image de l’islam
«Un immense travail partout
sur le terrain»
Jean-Louis Bianco, le président
de l’Observatoire de la laïcité dont un texte devait être lu en incipit de
l’événement, a lui fustigé ces accusations dans un tweet, jugeant ces attaques
«mensongères et ridicules». Il a aussi affirmé qu’elles mettaient à mal «un
immense travail partout sur le terrain». Une source proche de l’affaire affirme
que M. Bianco faisait confiance en l’ISERL, qui organisait de l’événement, mais
qu’il n’était peut-être pas au courant de tous les intervenants au débat. Selon
elle, l’Observatoire pour la laïcité n’avait été convié que pour écrire un
texte sur «La laïcité dans notre République».
Selon cette source, «l’ISERL est
une institution sérieuse, sûre, dont il est impossible de suspecter la moindre
proximité avec le milieu rigoriste islamiste», d’où la confiance accordée par
M. Bianco. Et d’ajouter que le président de l’observatoire de la laïcité avait
fait savoir par tous les moyens qu’il était contre l’idée de la table ronde
«Peut-on parler d’islamophobie d’Etat?» (qui avait été très largement raillée
par les détracteurs cités plus haut, ndlr).
Une étudiante se prend en
selfie avec les hommes qui la harcèlent dans la rue (04.10.2017)
Par Mylène
Bertaux | Le 04 octobre 2017
Aux Pays-Bas, une étudiante de 20
ans a immortalisé pendant un mois ses harceleurs de rue. Les clichés sont
compilés sur Instagram.
«Je sais ce que je te ferais, bébé», «hmmmm tu
veux un baiser ?», «Hey fille sexy, où est-ce que tu vas comme ça ?». Ces
phrases, Noa Jansma les a toutes entendues alors qu'elle était dans la rue.
L'éudiante à la Design Academy de Eindhoven, au sud des Pays-Bas, excédée de se
faire siffler, klaxonner et/ou importuner dans l'espace public, a décidé
d'immortaliser tous les
cas de harcèlement dont elle a été victime. Pour ce faire, durant un
mois, elle a fait des selfies avec ses harceleurs de rue. Ledits clichés sont
diffusés lecompte
Instagram «dearcatcallers», autrement dit «chers harceleurs».
Lepremier post date du 29 août
2017 et résume la démarche de la jeune femme. «Ce compte a pour but de
sensibiliser sur l'objetisation de la femme dans la vie quotidienne. Puisque
beaucoup de personnes ne savent toujours pas avec quelle fréquence et comment
arrive le harcèlement, je montrerai mes harceleurs sur une période d'un mois.»
"Je voulais faire quelque
chose qui me donne du pouvoir sur eux"
«Souvent, les femmes ne savent
pas répondre à un commentaire sexiste», explique-t-elle au site Redpers et traduit par le Huffington Post. «Poursuivre sa route
semble être la seule solution, mais cela n'a aucune conséquence pour les
harceleurs. Parfois, je leur faisais un doigt d'honneur, mais je me sentais
bête après. Je voulais faire quelque chose qui me donne du pouvoir sur eux.»
Alors à chaque commentaire
déplacé, Noa Jansma pose neutre, au premier plan avec son harceleur, souvent
souriant, derrière elle.
Comment expliquer la facilité
avec laquelle la jeune femme a pu prendre les photos ? «Ils ne sont pas du tout
méfiants, détaille la jeune femme, parce qu'ils trouvent ce qu'ils font tout à
fait normal.» Seul l'un d'entre eux a demandé le but de sa photo, avant de
décliner sa demande.
Un mois, vingt-quatre clichés et
20.000 abonnés plus tard, que va devenir son compte Instagram ? Noa Jansma
compte laisser la main à d’autres femmes victimes de harcèlement de rue. Dans
le monde entier.
Danièle Obono, chiffon rouge de l'Assemblée (04.10.2017)
- Par Charles Sapin
- Mis à jour le 04/10/2017 à 18:17
- Publié le 04/10/2017 à 16:44
LE SCAN POLITIQUE - Polémique
après polémique, la députée France insoumise de 37 ans est devenue la cible
favorite d'une partie de la classe politique, qui l'accuse de complaisance avec
l'islam radical.
Elle ne s'attendait pas à ça.
«Camaradobono», comme elle est surnommée depuis ses 20 ans, était loin
d'imaginer devenir en quelques mois une cible de choix. À 37 ans, cette
bibliothécaire de profession, élue députée sur l'ancienne circonscription du PS
Daniel Vaillant, à cheval entre le 18 et le 19e arrondissement de Paris, est
dans le viseur de bon nombre de ses collègues parlementaires, des bancs de
l'extrême droite jusqu'à ceux de la majorité où siège l'ancien premier ministre
Manuel Valls.
Fille d'un opposant politique au
président gabonais Omar Bongo, candidat à la présidentielle de 1998, Danièle
Obono n'a jamais eu peur de l'affrontement idéologique. Durant ses années de
militante à la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), elle traîne de longues
heures au sous-sol de la librairie la Brèche, dans le 12ème arrondissement de
Paris. Les réunions politiques de l'ultra-gauche s'y succèdent. «Elle avait une
bonne image même chez ses rivaux, se souvient un de ses condisciples de
l'époque. C'était une figure sérieuse, elle faisait partie des moins
sectaires.» Raison pour laquelle elle quittera la LCR, puis le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) pour le Front
de gauche de Jean-Luc Mélenchon en 2011.
Une proximité avec les
Indigènes de la République
Encore inconnue du grand public
cet été, l'ancienne porte-parole de Jean-Luc Mélenchon s'est taillée une
notoriété sur un plateau télévisé quelques jours seulement après son arrivée à
l'Assemblée. La Franco-gabonaise est interrogée par les Grandes gueules de
RMC sur une pétition signée en 2012 en soutien au chanteur rap Saïdou,
mis en examen au côté du sociologue Saïd Bouamana, pour sa chanson Nique
la France. «La liberté d'expression», justifie une Danièle Obono étranglée
par la question qui suit. Désormais élu de la nation, peut-elle dire «vive la
France»?: «Vous voulez que je me mette au garde-à-vous et que je chante la
Marseillaise?» Un refus faisant le miel des réseaux sociaux, notamment sa
frange la plus droitière, qui exhume ses années passées à la Ligue communiste
révolutionnaire comme sa proximité avec les controversés Indigènes de la
République. «Hallucinant! La députée France Insoumise défend ceux qui chantent
‘nique la France' mais hésite à dire ‘vive la France'», s'indignait ainsi sur
twitter le député LR sortant, Thierry Mariani.
Moins de quatre mois plus tard,
l'histoire se répète. Dimanche dernier, la députée remet en cause sur le
plateau de BFM-TV le lien entre un chauffeur de bus RATP refusant de prendre le
volant après une femme, et le radicalisme religieux sous-tendu par son acte:
«Ca veut dire qu'il a un préjudice contre les femmes. (...) Qu'est ce que ça a
à voir avec la question du radicalisme?», s'interroge-t-elle. Son discours
dissociant sexisme et radicalisation est rapidement jugé «complaisant» à
l'égard de l'islam radical, notamment par l'ancien premier ministre Manuel Valls : «Je
pense que c'est un discours islamo-gauchiste […] C'est plus que la
complaisance, c'est une complicité avec un islam politique», a-t-il lâché mardi
au micro de RTL.
Une critique que la jeune femme a
déjà essuyée à plusieurs reprise dans l'hémicycle. «C'est assez dingue ce qu'il
se passe autour de Danièle, témoigne le député insoumis Ugo Bernalicis. Quand
Adrien Quatennens (député LFI du Nord, ndlr) ou moi défendons un amendement,
rien ne se passe. Si en revanche, Danièle défend le même, elle se fait conspuer
par Marine Le Pen, Guillaume Larrivé et maintenant Valls… Il faut dire que
c'est une femme, de gauche et noire par dessus le marché. Pour les abrutis en
face, elle ne devrait même pas exister».
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Députée de la majorité et
ex-policière, elle n'a pas voté la loi antiterroriste (04.10.2017)
- Par Mathilde Siraud
- Publié le 04/10/2017 à 15:05
LE SCAN POLITIQUE - Laurence
Vanceunebrock-Mialon, élue LREM de l'Allier qui a passé 25 ans dans la police
nationale, se dit «en profond désaccord» sur plusieurs articles de la loi
adoptée mardi et voulue par le gouvernement.
La députée prévient tout de
suite: elle ne veut surtout pas être présentée comme une «frondeuse». Si elle
s'est abstenue mardi
dans l'hémicycle lors du vote sur le projet de loi antiterroriste, c'est
parce qu'elle se sent «en profond désaccord» avec plusieurs dispositions du
texte. Après 25 ans passés dans la police nationale, «autant sur le terrain que
dans la procédure judiciaire», le regard de Laurence Vanceunebrock-Mialon sur
cette réforme qui prévoit la fin de l'état d'urgence est forcément particulier.
La députée souhaitait par exemple
réduire la durée maximale de fermeture d'un lieu de culte à quatre mois, contre
six prévus dans la loi. «C'était d'ailleurs préconisé par le Conseil d'État,
rappelle l'élue, j'estime que c'était suffisant pour les enquêteurs». La
macroniste souhaitait que le texte s'appuie davantage sur le pouvoir
judiciaire, et avait demandé par un amendement à faire supprimer l'article
controversé qui autorise les contrôles d'identité sans justification ni aval de
la justice (article 10). Toutes ses propositions ont été refusées, malgré des
discussions.
Cinq abstentions dans les
rangs de LREM
«Par certains côtés, la loi ne va
pas assez loin, par d'autres elle va trop loin», estime Laurence
Vanceunebrock-Mialon. «J'ai peur que par certains aspects, cette loi accentue
les tensions dans la société.» Alors qu'elle souhaitait profiter de cette
occasion pour élargir les pouvoirs des agents de police judiciaire, la députée
de l'Allier promet qu'elle «apportera [sa] pierre à l'édifice» lors de la
réforme de la police judiciaire.
L'ancienne policière n'est pas la
seule députée à s'être abstenue sur ce texte. Dans les rangs LREM, le député
Paul Molac, issu des rangs de la gauche conteste lui aussi la loi. «Cette loi
ne donnera pas plus de sécurité. Et si demain, elle était utilisée par un pouvoir
autoritaire, cela pourrait aboutir à brimer les libertés des Français», a-t-il expliqué, interrogé par l'Obs . Les députés Albane Gaillot et Bénédicte Peyrol se
sont également abstenues.
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La néo-sénatrice FN qui
compare les migrants aux envahisseurs nazis suspendue (04.10.2017)
- Par Marc de Boni
- Mis à jour le 04/10/2017 à 16:15
- Publié le 04/10/2017 à 14:54
LE SCAN POLITIQUE - Claudine
Kauffmann, qui succède à David Rachline au Sénat, fait déjà parler d'elle par
des comparatifs outranciers, bien loin de la ligne «dédiabolisée» que souhaite
encore afficher la direction du FN.
«La
dédiabolisation, c'est piège à cons»: cette sortie polémique du député
Gilbert Collard du 11 septembre dernier semble trouver un écho certain au sein
du FN. Si le parti de Marine Le Pen n'a pas obtenu de siège supplémentaire à
l'occasion des sénatoriales, cela ne l'a pas empêché de voir arriver une
nouvelle élue au sein de la Haute Assemblée. Claudine Kauffmann a en effet pris
la suite de David Rachline, qui a préféré conserver son siège de maire de
Fréjus que de rester sénateur. Et elle illustre sa prise de fonction par des
prises de positions bien tranchées, visibles sur son profil Facebook. Comme
relevé par le site Buzzfeed, en mai dernier, elle comparait par exemple
l'arrivée de migrants et réfugiés en région parisienne à l'occupation nazie,
par un montage photo montrant Hitler face à la Tour Eiffel, et assorti de la
mention «ceci me fait penser à cela».
«Quand nous étions en guerre,
nous nous battions pour nous en sortir et rendre la France libre, mais
aujourd'hui personne ne lutte contre cette invasion», insiste-t-elle dans les
commentaires, en arguant, au sujet des réfugiés: «Si ça ne s'appelle pas de
l'occupation, dites-moi comment ça s'appelle». Ce genre de prise de position
publique renvoie l'élue FN à la théorie du grand remplacement condamnée par
Marine Le Pen, et s'inscrit à rebours de la volonté de la direction du parti de
se défaire de son image d'extrême droite. Claudine Kauffmann a donc rapidement
supprimé cette publication, comme le souligne l'AFP, mais elle est coutumière
des comparaisons sulfureuses, qualifiant volontiers par ailleurs les migrants de
«vermine» ou «d'envahisseurs»
«On a espoir qu'elle revienne
sur le droit chemin»
Claudine Kauffmann s'est fendue
d'une citation attribuée à Léon Zitrone, fort prisée de Jean-Marie Le Pen,
fondateur du FN: «Qu'on parle de moi en bien ou en mal, peu importe,
l'essentiel, c'est qu'on parle de moi!». Et l'élue d'adresser cette mention «à
l'attention de tous les tontons flingueurs!». Au FN cette entrée en matière ne
passe évidemment pas très bien: «On a espoir qu'elle revienne sur le droit
chemin. Si ce n'était pas le cas, sans doute allons-nous en tirer un certain
nombre de conclusions», déplore un membre de la direction frontiste.
Marine Le Pen elle-même a été
poursuivie pour «incitation à la haine raciale» après avoir comparé en 2010 les
prières de rues à l'occupation nazie, avant d'être relaxée en décembre 2015 par
le tribunal correctionnel de Lyon.
» Mise à jour du 04
octobre 2017:
Selon l'AFP, Claudine Kauffmann a
été suspendue provisoirement du parti d'extrême droite ce mercredi, en début
d'après-midi. «Elle est suspendue dans l'attente d'explications et de
clarifications sur ses propos», a annoncé David Rachline, directeur de la
communication du parti d'extrême droite. Une mesure «conservatoire» a précisé
celui qui était candidat sur la même liste qu'elle aux dernières élections
sénatoriales.
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Attaques mensongères et ridicules
de Céline Pina, visiblement en mal de notoriété Cc. @FigaroVox @AlexDevecchio #Laïcité :
Ces intervenants manifestement
controversés ont-ils poussé l’université à annuler le colloque, ou s’agit-il
simplement d’une question de sécurité? «Nous avions prévu de donner un
complément d’information sur les raisons de cette annulation mercredi prochain,
déclare-t-on au service de presse de l’université Lyon 2 Lumière. Mais au vu de
la tournure des événements, nous risquons de devoir revoir notre position.» Et
d’ajouter, qu’il y aura probablement des informations d’ici à la fin de la
journée. Pour l’instant l’université n’a «aucun commentaire à ajouter sur cette
annulation.»
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Après les attaques de Marseille et Las Vegas, les
revendications de Daech en question (04.10.2017)
- Par Blandine Le Cain
- Mis à jour le 04/10/2017 à 10:34
- Publié le 04/10/2017 à 08:19
VIDÉOS - L'organisation
djihadiste a rapidement revendiqué ces deux attaques mais, pour le moment, rien
dans le parcours des assaillants ne les relie à l'État islamique. De quoi
susciter le doute, alors que de précédentes revendications se sont révélées
fausses. Sans que cela n'altère l'effet de tels communiqués.
Les revendications de Daech après
un attentat sont-elles fiables? Cette question prend de l'ampleur après
l'assassinat de deux femmes à la gare Saint-Charles de Marseille et la pire
fusillade de l'histoire des États-Unis, deux attaques survenues dimanche.
Quelques heures après, l'État islamique les a revendiquées par le biais
de son
organe de propagande, Amaq, affirmant que les auteurs avaient agi au nom de
l'organisation. Mais cette double revendication laisse les autorités et les
spécialistes sceptiques.
Pourquoi ces revendications
suscitent-elles le doute?
• Pas de lien entre les
assaillants et l'EI
Dans le cas de Marseille, cette
revendication «pose vraiment question car aucun élément ne relie l'assaillant à
l'organisation», a confié une source proche du dossier à l'AFP. Pour ce qui est
de Las Vegas, l'attaque a été minutieusement préparée mais le FBI a déclaré n'avoir
établi «aucun lien à ce stade avec un groupe terroriste international».
La CIA a également mis en garde contre «des conclusions hâtives», en renvoyant
à l'enquête en cours. Le shérif de Las Vegas a évoqué un «loup solitaire» et un
«psychopathe», se refusant lui aussi à évoquer la piste terroriste. Les
enquêtes restent cependant en cours et de nouveaux éléments pourraient
apparaître.
Plusieurs spécialistes ont
également relevé des éléments imprécis ou inhabituels pour des attaques
terroristes revendiquées par Daech. «De toutes les revendications de
l'EI, celle de Las Vegas est la plus étrange», souligne ainsi Rita Katz,
directrice du
site SITE spécialisé dans la couverture des informations issues des
réseaux djihadistes. «De tels assaillants laissent généralement des
indicateurs» de leur radicalisation «en ligne, dans leurs voyages,
dans leur histoire». La spécialiste souligne également que l'EI ne prouve pas
sa connexion avec l'assaillant, ce que l'organisation prend pourtant
généralement soin de faire.
• Le suicide du tireur de
Las Vegas
Autre fait particulier: l'auteur
de l'attaque de Las Vegas s'est suicidé, selon la police américaine. «Ce
qui dénote complètement avec le mode opératoire d'un djihadiste vouant
allégeance à l'État islamique», a souligné sur France 5 Wassim Nasr,
journaliste pour la chaîne France 24 et spécialiste des mouvements djihadistes.
Un avis partagé par Paul
Cruickshank, rédacteur en chef de CTC
Sentinel , journal
américain spécialisé dans les questions de terrorisme. «Les
djihadistes font la distinction entre le suicide, qu'ils considèrent interdit
pas l'islam, et la mort en tant que martyr dans une attaque», souligne-t-il
sur Twitter. Les seuls cas où la notion de suicide a pu potentiellement être
envisagée dans des organisations djihadistes concernaient des personnalités
détentrices d'informations cruciales. Ce qui apparaît peu probable dans le cas
d'un sexagénaire sans connexion établie avec l'EI.
La revendication très rapide
après ces deux événements dénote également avec la plupart des autres
attentats, revendiqués plus tardivement.
De précédents exemples de
revendications mensongères
Les revendications transmises par
l'agence Amaq, ou directement endossées par Daech, sont généralement
considérées comme fiables: elles énoncent des preuves du lien avec
l'organisation ou bien elles interviennent alors que l'auteur a ouvertement
déclaré agir au nom de Daech. Cette fiabilité n'a pas empêché des exagérations
ou imprécisions, mais celles-ci concernaient les détails de l'opération, pas
son inspiration.
» Lire aussi - Comment l'État islamique revendique ses attentats
Plus récemment, pourtant, la
véracité de certaines revendications a été remise en cause. «Au cours
des derniers mois, l'EI a diffusé un certain nombre de revendications dont on a
pu démontrer qu'elles étaient fausses, pour des attaques qui n'avaient pas de
connexion avec le terrorisme djihadiste», affirme Paul Cruickshank. Le
spécialiste cite notamment l'attaque
dans un casino de Manille, aux Philippines, en juin. Elle a été attribuée à l'EI après une revendication. La police a
pourtant réaffirmé par la suite qu'il ne s'agissait «pas d'un acte de
terrorisme». L'assaillant était lourdement endetté en raison de son addiction
aux casinos, ce qui expliquait son geste. Il s'était suicidé après l'attaque.
De même, le spécialiste précise
que l'organisation djihadiste avait affirmé être derrière l'alerte
de sécurité survenue à l'aéroport de Paris Charles-de-Gaulle, en septembre.
Il s'agissait en réalité d'une fausse alerte à la bombe après des propos tenus
par une quinquagénaire qui n'était pas autorisée à voyager.
Lors de l'épisode philippin,
Daech avait diffusé deux communiqués. Le premier mentionnait
plusieurs assaillants, tandis que le second parlait d'un seul, dont le nom de
combattant était énoncé. Le procédé rappelle justement celui consécutif à
l'attaque de Las Vegas: absent du premier document, un nom de combattant a été
diffusé lors d'un deuxième communiqué.
Autant d'éléments qui poussent
plusieurs analystes à mettre en doute ces revendications. «Je me
demande s'il ne s'agit pas de l'un de leurs premiers ratés majeurs», interroge
Rukmini Callimachi, spécialiste de Daech au sein du New York Times.
La plupart rappellent cependant que la prudence reste de mise face à de telles
conclusions, alors que les enquêtes restent en cours.
Des revendications qui
deviendraient sans effet?
En réalité, cette question de
fiabilité ne change pas grand-chose à l'effet de ces communications dans
l'opinion publique. «L'EI bénéficiera de sa revendication, peu importe
son degré de véracité», estime ainsi Rita Katz de SITE. Si sa
responsabilité est avérée, l'organisation djihadiste «aura réussi ce que ses
soutiens et les autres mouvances djihadistes verront comme un exploit
monumental», détaille la spécialiste. Dans le cas contraire, l'EI
«perdra seulement sa crédibilité auprès de ceux qui ne lui font déjà pas
confiance». Les soutiens inconditionnels, eux, garderont foi en
l'organisation.
Au final, l'impact de telles
communications de la part de l'organisation reste important. «Gardez en
tête que les premiers relais d'information, bien que faux, sont ceux qui durent
pour toujours», résume Patrick Skinner, ancien membre de la CIA au service
contre-terrorisme. Ainsi, le site d'informations américain Vox juge que «la
couverture des médias qui met en avant» ces revendications, ce «malgré le
manque de preuves, aide au succès de la stratégie de l'EI».
Ce constat n'est pas tout à fait
neuf: Ouest-France rappelle qu'après
l'attentat de Nice, Jean-Pierre Filiu, professeur à Sciences Po Paris et
spécialiste de l'islam, affirmait que «toutes les revendications de Daech sont
opportunistes» étant donné que l'organisation «profite des opportunités». Outre
les attaques coordonnées, l'EI invite en effet régulièrement ses soutiens à
agir au nom de l'organisation et avec une logistique simple. La possibilité de
revendications mensongères ravive toutefois la question de leur impact, autant
qu'elle révèle potentiellement les difficultés de l'organisation, qui
a perdu une large partie de son territoire.
(Avec AFP)
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Attentat de Marseille : «Qui a armé le bras d'Ahmed Hanachi
?» (04.10.2017)
Mis à jour le 04/10/2017 à 22h13 | Publié le 04/10/2017 à 18h41
TRIBUNE - Les causes
du laxisme de l'État en matière d'expulsion des clandestins sont clairement
identifiées, explique Guillaume Larrivé, député LR de l'Yonne, spécialiste des
questions d'immigration.
Guillaume Larrivé est l'auteur
d'Insoumission. Pour que vive la nation (Plon, 2017).
L'assassin qui
a poignardé deux jeunes femmes au cri d'«Allah
akbar!» est, par définition, le coupable. Rien ni personne ne peut excuser
l'acte meurtrier qui est le sien. Mais nous serions bien lâches d'en rester là,
sans chercher les causes qui n'ont pas permis d'éviter l'horreur terroriste.
Pourquoi le tueur était-il libre
de ses mouvements à la gare Saint-Charles dimanche alors qu'il avait été
interpellé vendredi à Lyon? Pourquoi cet individu, ressortissant étranger en
situation illégale, connu à de multiples reprises par les services de police
pour des faits de délinquance depuis plus de dix ans, n'avait-il toujours pas
été expulsé vers son pays d'origine? L'enquête judiciaire et celle de
l'inspection générale de l'administration préciseront l'enchaînement des faits
qui ont été rendus publics, jusqu'alors, par la presse.
Si l'assassin a frappé à
Marseille, c'est parce que l'immigrationnisme l'a permis
Mais pour l'essentiel, déjà, la
vérité se dévoile. Si l'assassin a frappé à Marseille, c'est parce que
l'immigrationnisme l'a permis. C'est un scandale d'État. Jamais la tragédie
n'aurait dû surgir si la funeste idéologie de l'ouverture totale n'avait été à
l'œuvre. Cette doctrine considère que l'immigration est, en soi, une chance
absolue pour la France ; puisque l'immigration est regardée comme toujours
positive, non seulement inéluctable mais surtout souhaitable, vouloir
l'organiser, la réguler, la maîtriser serait déjà un mal ; vouloir la
réduire serait un mal absolu, renvoyé devant le tribunal des «passions tristes»
et des pensées interdites. Les immigrationnistes considèrent, dès lors, que la
politique doit reculer, car il n'y a pas de place pour le choix: il faut et il
suffit d'applaudir au spectacle de la Providence, qui peu à peu gomme la
frontière, efface la distinction du national et de l'étranger, et va même
jusqu'à nier la différence entre l'illégal et le légal, puisqu'on régularise
celui-là pour qu'il devienne celui-ci.
Depuis de trop longues années,
cette idéologie imprègne les règles juridiques et les pratiques bureaucratiques
relatives à l'entrée et au séjour des étrangers en France. Sous l'influence de
jurisprudences européennes, de surcroît souvent surinterprétées à Paris, le
législateur a consciencieusement empilé les procédures, jusqu'à être à peu près
sûr que l'État se trouve bien incapable de lutter vraiment contre l'immigration
illégale.
Les derniers exemples de ce
fléau, sous le quinquennat de François Hollande, sont la loi du
31 décembre 2012 supprimant le délit de séjour irrégulier et celle du
14 mars 2016 systématisant l'intervention du juge des libertés et de la
détention au début d'une procédure d'éloignement.
Aujourd'hui, en France, on
compte sans doute un demi-million de clandestins
Accablés par un tombereau de
contraintes administratives et juridictionnelles, les policiers et les agents
des préfectures font ce qu'il leur est possible de faire - c'est-à-dire,
hélas, pas grand-chose. Ils sont un peu comme le garçon de café, chez Sartre,
qui joue à être un garçon de café: ils s'efforcent d'exister mais ils ne
parviennent pas vraiment à être.
Aujourd'hui, en France, on compte
sans doute un demi-million de clandestins. Le ministère de l'Intérieur refuse
d'avancer un chiffre mais, il y a une dizaine d'années, il l'estimait entre
200.000 et 400.000. Le volume s'est nécessairement accentué. Car la machine à
fabriquer des clandestins tourne à plein: le système de l'asile a créé, en cinq
ans, 276.281 déboutés, dont 90 % continuent à rester en France. S'y
ajoutent, par milliers, des étrangers qui entrent en France avec un visa
Schengen régulier mais s'y maintiennent illégalement. Sur la même période, la
régularisation de 151.113 étrangers contribue paradoxalement à augmenter
le nombre de clandestins, puisqu'elle alimente le marché des passeurs qui
vendent à leurs victimes la perspective, aléatoire mais non nulle, de
transformer l'illégal en légal.
L'État ne se donne même plus
les moyens d'éloigner ceux qui, parmi les étrangers, commettent des actes de
délinquance
Pendant ce temps, les préfets
sont parvenus à éloigner 71.069 clandestins hors d'Europe. Ce chiffre
diminue (moins 16 % en 2016). Surtout, les éloignements effectués ne
représentent qu'une très faible proportion des décisions prononcées: dans
85 % des cas, la procédure d'expulsion échoue, soit empêchée par un juge
(tribunal administratif ou juge des libertés et de la détention), soit
abandonnée en raison d'une organisation déficiente (les centres de rétention
administrative ne comptent qu'environ 1 800 places), soit obstruée
par la mauvaise volonté des pays d'origine (refusant de délivrer un laissez-passer
consulaire). Pire encore: les expulsions pour motifs d'ordre public sont faites
au compte-gouttes. Car l'État ne se donne même plus les moyens d'éloigner ceux
qui, parmi les étrangers, commettent des actes de délinquance.
Ainsi va l'idéologie immigrationniste,
qui domine les faiseurs de mauvaises lois, entrave l'État et le prive de sa
pleine souveraineté. Là est le scandale, dans la résignation bureaucratique à
accepter, au fond, que l'assassin de Marseille ait pu continuer à séjourner si
longtemps sur notre territoire. La Marseillaise nous en a avertis: «Ils
viennent, jusque dans nos bras, égorger nos fils et nos compagnes.»
Libérons-nous de cette emprise, vite. Restaurons l'autorité de la République et
de la loi. Pour que vive la France. Et pour sauver des vies.
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Las Vegas : un arsenal dans la
chambre du tireur, sa compagne de retour aux États-Unis (04.10.2017)
- Par Edouard de Mareschal AFP, Reuters Agences
- Mis à jour le 04/10/2017 à 15:29
- Publié le 04/10/2017 à 12:11
VIDÉO - Des images publiées
dans les médias montrent plusieurs fusils semi-automatiques modifiés pour tirer
en rafale et des dizaines de cartouches répandues sur le sol. Le FBI poursuit
son enquête, notamment sur les motivations du meurtrier, et devait entendre
mercredi sa petite amie revenue des Philippines.
Deux
jours après la tuerie de masse de Las Vegas, les motivations du tireur ne
sont toujours pas clairement établies. Mais les éléments de l'enquête, ainsi
que des photos publiées par plusieurs médias, montrent que Stephen Paddock
disposait d'un arsenal impressionnant, et qu'il avait soigneusement préparé son
crime.
● Une vingtaine d'armes
retrouvées dans la chambre d'hôtel
Les policiers ont retrouvé une
vingtaine d'armes cachées dans la chambre d'hôtel du retraité. Parmi elles, 12
fusils semi-automatiques avaient été modifiés pour tirer plusieurs centaines de
cartouches à la minute par une pression continue sur la détente. Sur des photos
prises dans la chambre d'hôtel de Stephen Paddock et diffusées
par plusieurs médias, il apparaît que certaines de ses armes avaient en
effet été équipées d'un «bump stock».
» Lire aussi - L'Amérique face aux armes de guerre
Ce mécanisme, homologué par
l'agence fédérale ATF (Bureau of Alcohol, Tobacco and Firearms), utilise le
recul de l'arme semi-automatique pour obtenir une cadence de tir similaire à
celle d'un fusil d'assaut, dont la vente est interdite depuis les années 1980.
Le fusil ainsi modifié produit des rafales très imprécises, mais extrêmement
meurtrières sur une foule comme celle qui participait au festival de country
«Route 91 Harvest».
L'une des photos montre le corps
sans vie du tireur allongé près de deux fusils d'assaut, équipés d'une lunette
de visée. Près de son pied, sur une table, se trouve ce qui semble être une lettre
écrite à la main. D'autres photos montrent des armes longues posées sur des
fauteuils, des piles de chargeurs et le sol jonché de douilles. Une image
montre aussi la porte de la suite criblée de balles, probablement celles tirées
par Stephen Paddock qui ont blessé un vigile.
Le shérif de Las Vegas, Joseph
Lombardo, a précisé mardi que Stephen Paddock avait installé des caméras et des
appareils photo, à l'intérieur comme à l'extérieur de sa chambre située au 32e
étage du Mandalay Bay. L'un de ces appareils était installé sur un chariot
repas dans le couloir, vraisemblablement pour surveiller l'arrivée des forces
de l'ordre.
● Le mystère persiste sur
ses motivations
Pourquoi Stephen
Paddock, un retraité aisé de 62 ans, a tiré pendant près de neuf minutes
sur une foule de 22.000 personnes? «Nous progressons, mais je n'ai pas encore
toutes les réponses», a admis le shérif de Las Vegas, Joseph Lombardo, lors
d'une conférence de presse. Une chose est certaine: l'attaque, qui
a fait 59 morts (le tireur fait partie de ces victimes) et plus de 500 blessés,
était «évidemment préméditée». «C'était planifié. Je suis sûr qu'il avait
anticipé tout ce qu'il a fait», a dit le shérif Lombardo.
Le groupe État islamique a
revendiqué l'attaque, affirmant que le tireur s'était récemment converti à
l'islam. Mais
le FBI a dit lundi n'avoir absolument rien trouvé liant Stephen Paddock au
groupe djihadiste.
Paddock a accumulé dans la plus
grande discrétion un arsenal de 49 fusils et armes de poing, des explosifs et
des milliers de munitions. En plus de celles retrouvées dans sa chambre
d'hôtel, les policiers ont découvert 19 armes à feu à son domicile à Mesquite,
ainsi que des explosifs et des milliers de balles. Dans son véhicule, ils ont
trouvé du nitrate d'ammonium, un engrais qui peut servir à fabriquer des
explosifs.
Agé de 64 ans, Stephen Paddock,
comptable et gérant d'appartements à la retraite, était un joueur invétéré,
habitué des hôtels-casinos où il pariait des sommes très importantes et où il
pouvait vivre pendant des mois consécutifs, selon son frère Eric. Etrange et
reclus, selon ses voisins, il était devenu millionnaire grâce à des
investissements immobiliers, a dit son frère. Il a vécu en Californie, au Texas
et en Floride avant de s'installer dans le Nevada il y a deux ans.
Il s'est suicidé dans sa chambre
d'hôtel, à l'arrivée des forces de l'ordre. Les conclusions des investigations
sur la personnalité et le mobile du tueur auront des conséquences très
politiques.
● Sa petite amie de
retour aux Etats-Unis
Australienne de 62 ans originaire
des Philippines, ancienne employée de casinos, Marilou Danley était en couple
avec Stephen Paddock. La police a annoncé mardi qu'elle se trouvait aux
Philippines, après avoir dit la veille qu'elle était à Tokyo, au Japon.
Elle a
embarqué mardi soir sur un vol à destination de Los Angeles, a déclaré
à l'AFP une porte-parole des services philippins de l'immigration. Des sites
spécialisés ont montré que l'avion avait atterri aux États-Unis mardi soir à
Los Angeles. Elle a été accueillie à son arrivée par des agents du FBI, selon
la presse américaine. Les enquêteurs la considèrent comme une «personne»
présentant un «intérêt» mais elle est libre d'aller où elle veut.
Les autorités australiennes ont
indiqué que Marilou Danley est une de leurs ressortissantes qui a émigré aux
États-Unis il y a 20 ans pour travailler dans les casinos. «Il y a des
informations selon lesquelles ses papiers d'identité ont servi à réserver
l'hôtel ou des détails comme ça», a déclaré mardi la ministre australienne des
Affaires étrangères, Julia Bishop.
NBC News a révélé, citant des
sources policières, que Stephen Paddock avait viré 100.000 dollars sur un
compte bancaire aux Philippines la semaine précédant son crime, et qu'il avait
parié un total de 160.000 dollars dans des casinos ces dernières semaines.
● Donald Trump se rendra
sur place aujourd'hui
Le président américain était
attendu mercredi à Las Vegas pour y rencontrer des blessés ainsi que les forces
de l'ordre. Il a qualifié le tueur de «malade» et de «dément». «Nous allons
voir des gens convalescents, certains des survivants. C'est vraiment horrible
rien que d'y penser, vraiment horrible», avait déclaré Donald Trump mardi soir.
Philippe Bilger: «Marseille:
une négligence professionnelle de la préfecture du Rhône » (04.10.2017)
- Par Philippe Bilger
- Publié le 04/10/2017 à 12:31
FIGAROVOX/TRIBUNE - L‘attentat
de dimanche aurait pu être évité si le tueur n'avait été relâché par la
préfecture du Rhône, estime Philippe Bilger. Il plaide pour un renforcement des
contrôles professionnels et arrêter de croire que les lois nouvelles
remplaceront les actes.
Magistrat honoraire, président
de l'Institut de la parole, Philippe Bilger a été plus de vingt ans avocat
général à la Cour d'Assises de Paris. Auteur de très nombreux ouvrages, il
tient le blog Justice au singulier et a dernièrement publié Moi, Emmanuel
Macron, je me dis... (éd. du Cerf, 2017).
Sentinelle a heureusement évité à
Marseille, en tuant l'assassin, d'autres victimes que les deux malheureuses
jeunes femmes. Qui pourrait discuter l'utilité de cette force de surveillance,
de vigilance et de riposte?
Qui pourrait douter de la
nécessité de voter au plus vite le projet de loi antiterroriste qui ajoute des
armes à l'état de droit en maintenant celui-ci à la pointe extrême de ce qu'une
démocratie peut se permettre d'accepter?
Si je confirme mon adhésion à
cette présence militaire si efficace en l'occurrence et aux futures
dispositions législatives qui sont attendues par le peuple français - son
approbation vaut bien la contestation des universitaires et des juristes qui
les récusent -, cela tient à un sentiment que j'ai éprouvé régulièrement face
aux crimes terroristes.
Depuis l'affaire Merah jusqu'à
toutes celles qui ont endeuillé, au fil du temps, la France, l'Etat s'est
immédiatement et spontanément projeté, après chaque désastre, dans des
inventions législatives.
Depuis l'affaire Merah jusqu'à
toutes celles qui ont endeuillé, au fil du temps, la France, l'Etat s'est
immédiatement et spontanément projeté, après chaque désastre, dans des
inventions législatives.
Parce qu'il y croit et qu'il
espère d'elles une plus grande sûreté et une répression plus rigoureuse contre
les assassins. Et qu'il éprouve le besoin légitime de répondre à l'attente
explicite des citoyens.
On n'a pas à se moquer de ce
prurit venant poser sur le chagrin collectif comme une consolation vigoureuse
et mieux armée pour demain.
Il n'empêche que la France abuse
de la pratique législative qui vise à faire croire en certaines circonstances
qu'on agit, que la loi peut devenir un substitut au véritable accomplissement.
En amont de chaque processus
criminel, si on voulait bien analyser dans le détail en n'ayant pas peur de
pointer les responsabilités et les défaillances, on s'apercevrait qu'à chaque
fois des comportements humains, professionnels, techniques n'ont pas été à la
hauteur de ce qu'ils auraient dû inscrire dans la quotidienneté. Dans la chaîne
de l'excellence, un maillon a sauté et tout s'est délité. Et, en définitive, le
paroxysme de l'horreur est atteint.
Il n'est pas une de ces
terrifiantes affaires où à sa source on n'ait pas été confronté à une incurie,
une négligence, une coordination lacunaire ou absente.
Le pouvoir politique a moins
peur en France de faire voter des lois que d'exercer un redoutable contrôle
professionnel sur tous ceux qui à un moment ou à un autre ont failli.
Pour le double crime de
Marseille, la police pourrait à Lyon être questionnée sur ce plan mais surtout
la préfecture du Rhône qui n'a pas permis que la rétention du tueur puisse être
édictée le samedi 30 septembre. Ce qui aurait empêché la double monstruosité
sur laquelle on verse des larmes et des torrents d'indignation.
Mais au risque de choquer, le
pouvoir politique a moins peur en France de faire voter des lois que d'exercer
un redoutable contrôle professionnel sur tous ceux qui à un moment ou à un
autre ont failli et donc, sans le savoir, fait surgir le pire.
Il convient de perdre l'habitude
de pourfendre des abstractions pour n'être pas obligé de sanctionner des
coupables. Adopter une telle démarche reviendrait à changer d'esprit, de
méthode et de courage.
Les massacres ne sont pas
forcément facilités par de mauvaises lois. Mais, le plus souvent, par des
hommes ou des femmes qui ont fait dévier, par insuffisance, incompétence,
légèreté, le cours de notre destin collectif vers l'innommable.
Rien de ce qui est proprement
humain n'est étranger à la sauvagerie, à cette saleté du terrorisme.
Il faudrait être doublement sans
faiblesse.
Pas dans le même registre
évidemment.
La rédaction vous conseille
Éric Zemmour : «Les
racines religieuses de la gauche et de la droite»
Par Eric
Zemmour
Publié le 04/10/2017 à 16h29
CHRONIQUE - Le clivage
droite-gauche ne peut pas être dépassé, car il est indépassable. Jean-Louis
Harouel, grand connaisseur de l'histoire de la religion chrétienne, en fait la
démonstration brillante dans son livre Droite-gauche. Ce n'est pas fini.
Droite-gauche. Ce n'est pas
fini. Jean-Louis Harouel. DDB. 275 p. 18,90 €. - Crédits
photo : DDB
Connaissez-vous Marcion? Non, pas
Macron! Cette presque homonymie est mieux qu'un hasard. Ce livre aurait pu
s'intituler De Marcion à Macron. Ou encore: Macron par Marcion. Mais qui est ce
Marcion? Un prédicateur religieux du IIe siècle qui entreprit de
débarrasser le christianisme de ses racines juives et de substituer au «Dieu
juste» de l'Ancien Testament un «Dieu bon», seulement incarné en Jésus. Pour
lui, les hommes sont tous des Dieux et n'ont que faire des interdits du
Décalogue: ne pas tuer, ne pas voler… Il fut condamné par l'Église et cette
hérésie s'appelle la gnose.
Mais quel rapport avec Macron? Un
peu de patience. Les gnostiques rejettent tout ce qui entrave leurs
hommes-Dieux: famille, mariage, procréation, patrie ; ils ont une passion
pour le criminel, l'ennemi, la prostituée, l'homosexuel, tous ceux qui
paraissent en marge ou en rupture de la société. Vous commencez à comprendre:
les gnostiques sont les ancêtres du libéralisme sociétal qui fait de l'individu
un roi et de ses caprices une règle d'or.
Clair, lumineux même, notre
professeur nous emmène aux sources religieuses de la pensée de gauche en nous
décrivant ses deux branches principales, le libertarisme sociétal et le communisme,
comme deux hérésies du christianisme
On peut aisément récapituler la
descendance de Marcion et de ses gnostiques: avortement, divorce, mariage
homosexuel, PMA et GPA pour tous, mais aussi laxisme pénal ou encore
internationalisme militant. Même si cette révélation afflige l'orgueil de notre
Jupiter tonnant, les sociétés occidentales vivent dans l'ombre, non de Macron,
mais de Marcion. Et ce n'est pas fini: une autre hérésie chrétienne, le
millénarisme, version prosaïque du messianisme religieux, promet le bonheur sur
terre ; un bonheur collectif, au nom de l'égalité. Ce millénarisme est
bien sûr l'ancêtre de Marx et des mouvements communistes. Le millénarisme et la
glose sont les deux branches de la gauche, les deux gauches, l'autoritaire et
la libérale, la collectiviste et la libertaire, la gauche-caserne et la
gauche-phalanstère. Elles s'allient et se combattent alternativement.
On a coutume de dire après
Chesterton que les utopies de la gauche sont «des idées chrétiennes devenues
folles». Notre auteur précise: pas folles, hérétiques. Jean-Louis Harouel est
un professeur de droit éminent qui, depuis plusieurs ouvrages déjà, tourne sa
réflexion autour de l'influence du facteur religieux sur les comportements
idéologiques et politiques. Il a enfin trouvé un éditeur qui ne gâche pas son
travail. Ce dernier livre est l'aboutissement de sa réflexion: clair, lumineux
même, notre professeur nous emmène aux sources religieuses de la pensée de
gauche en nous décrivant ses deux branches principales, le libertarisme
sociétal et le communisme, comme deux hérésies du christianisme.
Hérésie, car, comme nous
l'explique Paul Veyne, le christianisme est une religion du salut dans
l'au-delà et non un projet social ou politique pour ce bas monde. Hérésie car
«c'est un contresens que de construire un droit sur la base des préceptes
évangéliques alors que Jésus n'a pas voulu être créateur de droit, qu'il n'a
aucunement judiciarisé la vie quotidienne». Avis aux chrétiens de gauche qui
ont fait de l'accueil des migrants une religion qui se moque des patries, avis
aux droit-de-l'hommistes, qui ont pris la place des communistes comme les
nouveaux millénaristes: ils sont tous des enfants de Marcion. Tous hérétiques.
Seconde leçon que notre auteur
ne tire pas explicitement : la droite n'existe plus. Elle n'est qu'une autre
gauche d'une société déchristianisée
Et la droite dans tout ça? Elle
est tout ce que la gauche n'est pas. Elle est le christianisme. Elle est le
contraire de l'utopie, ce qui la protège de la violence révolutionnaire. Elle
ne coupe pas l'universalisme chrétien du nationalisme du peuple juif de la
Bible. Elle respecte l'individu, maître de son destin, car le christianisme est
une religion du salut individuel. Elle pense que le mal est en l'homme et non à
l'extérieur, dans la société ; qu'il faut d'abord punir le criminel, et
non le rééduquer. Elle est au fond indifférente envers l'organisation politique
et sociale de la cité terrestre, car l'objectif du christianisme est de changer
les âmes, pas la société. Elle est libérale mais pas libertaire, car le
libéralisme sociétal est contre la société et contre la liberté. Pas
libre-échangiste non plus si cela va à l'encontre des intérêts de son pays.
Elle fait passer, à la manière d'un Burke ou d'un Joseph de Maistre, les droits
des Anglais ou des Français avant les «droits humains».
On tire ainsi une double leçon de
ce livre remarquable. La première donne le titre à l'ouvrage: le clivage
droite-gauche ne peut être dépassé car il est indépassable, puisque ses racines
religieuses millénaires ne peuvent être arrachées. L'actuelle fracture entre
populisme et progressisme, entre homme enraciné et hors-sol, ressuscite la
traditionnelle opposition entre la gauche et la droite. Les partis politiques
qui incarnaient ce clivage depuis plusieurs décennies meurent sous nos yeux,
mais le clivage droite-gauche renaît.
Ce livre est un bréviaire pour
une droite en quête de programme. Mais on ne voit personne capable de l'assumer
Seconde leçon que notre auteur ne
tire pas explicitement: la droite n'existe plus. Elle n'est qu'une autre gauche
d'une société déchristianisée. Elle est, elle aussi, une hérésie, une utopie,
se veut le parti de demain, comme la gauche, libérale et libre-échangiste,
mondialiste et droit-de-l'hommiste, faisant de l'individu roi un terrible
bélier enfonçant les structures traditionnelles.
La conclusion de notre professeur
se veut peut-être incantation optimiste alors qu'elle est d'un pessimisme qui
fait froid dans le dos: «Parce qu'elle a hérité du christianisme le refus de
l'utopie et les valeurs qui font durer les sociétés humaines, la droite peut
prendre le relais de la religion pour continuer à fonder et guider notre
civilisation. Parce qu'elle a seule les moyens d'empêcher la mort de la France
et des autres pays européens post-chrétiens, la droite est notre dernière
chance.» Ce livre est un bréviaire pour une droite en quête de programme. Mais
on ne voit personne capable de l'assumer.
Et Macron dans tout cela? Il est
bien le lointain héritier de son quasi-homonyme, Marcion. Il est de gauche. On
comprend après avoir lu cet ouvrage qu'il n'est qu'un hérétique du
christianisme de plus. Mais il n'a pas d'opposition de droite. Il n'est pas le
meilleur, il est le seul.
Attaque à Marseille: les
enquêteurs s'intéressent à l'entourage du terroriste (04.10.2017)
- Par Etienne
Jacob AFP, Reuters Agences
- Mis à jour le 04/10/2017 à 16:30
- Publié le 03/10/2017 à 19:07
VIDÉO - Trois jours après
l'assassinat de deux jeunes filles dans la cité phocéenne, cinq personnes,
interpellées et placées en garde à vue mardi pour «association de malfaiteurs
terroriste criminelle», sont entendues ce mercredi par la police.
L'enquête progresse,
soixante-douze heures après
l'assassinat de deux cousines de 20 ans sur le parvis de la gare Saint-Charles
à Marseille. Quatre hommes, âgés de 32 à 56 ans, et une femme de 35 ans ont
été interpellés mardi dans la cité phocéenne. Tous sont inconnus des services
de renseignement. Mercredi en début d'après-midi, ils étaient toujours
interrogés à l'Évêché, le quartier général de la police marseillaise, selon une
source proche du dossier. «Il ne s'agit pas de suspects qui l'auraient
simplement hébergé, nous sommes dans des problématiques plus sérieuses», a
précisé une source proche de l'enquête.
La police a notamment mené des
perquisitions mardi dans le populaire 3e arrondissement de Marseille, ou Ahmed
Hanachi louait un studio, dans lequel il a passé la nuit de samedi à dimanche.
Un sac, aperçu sur les images de vidéosurveillance de la gare Saint-Charles
lorsque l'homme de 29 ans était arrivé samedi en provenance de Lyon, a été
retrouvé dans le logement. Mais il ne contenait que des effets personnels.
Mardi, Le Parisien révélait
que «plusieurs mandats» avaient été envoyés au terroriste «pour un montant
total d'environ 2000 euros». Mais les enquêteurs ne font à ce stade «aucun
lien» entre cet argent, «perçu plusieurs mois avant la tuerie» et l'attaque, a
précisé une source proche des investigations.
La famille du terroriste sous
le choc
Pour l'heure, rien ne relie
l'assaillant - qui aurait perpétré son crime au cri d'«Allah Akbar» - à
l'État islamique. Domicilié près de Zarzouna, en Tunisie, le père estime
«impossible» que son fils soit lié à l'organisation djihadiste. «Peut être
qu'il était sous l'effet de la drogue», avance-t-il.
Les proches du terroriste
décrivent Ahmed Hanachi comme un jeune homme «paumé» mais pas radicalisé.
Quelques amis d'enfance se rappellent d'un fêtard, avec qui ils disent avoir
essayé «toutes les drogues» fumées ou injectées, cocaïne, Subutex, etc. «Nous
sommes sous le choc. Cette histoire de Daech, c'est impossible», assure son
frère Anouar, 29 ans. «On allait en discothèque avec lui l'été, je ne l'ai
jamais entendu dire “Allah Akbar”». Pour autant, une source de sécurité
iaffirme qu'Ahmed et son frère seraient classés comme «extrémistes».
» Lire aussi - Après les attaques de Marseille et Las Vegas, les
revendications de Daech en question
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Facebook, Google et la culture de l'excuse permanente
(05.10.2017)
Par Benjamin
Ferran
Mis à jour le 05/10/2017 à 15h53 | Publié le 05/10/2017 à 11h38
CHRONIQUE/NOS FUTURS - Google et
Facebook se sont confondus en excuses après avoir avoir fait ressortir des
informations mensongères sur l'attentat de Las Vegas. Une mauvaise habitude
chez ces plateformes Web.
Benjamin Ferran est
journaliste au Figaro. Chaque semaine dans la chronique «Nos futurs», il
revient sur les évolutions technologiques qui façonnent nos vies.
C'est leur refrain préféré. Le
petit air qu'ils savent si bien entonner. Cette semaine encore, Google et
Facebook se sont confondus en excuses après avoir fait ressortir
sur leurs pages des informations mensongères sur l'attentat de Las Vegas.
«Cela n'aurait jamais dû se passer ainsi, et nous allons continuer à améliorer
nos algorithmes pour que cela ne se répète plus à l'avenir», a dit l'un. «Nous
sommes à pied d'œuvre pour résoudre ce problème et regrettons profondément
d'avoir pu causer une confusion», a lancé l'autre.
Chez ces géants de la tech,
d'aussi loin que l'on se souvienne, règne une culture de l'excuse permanente.
Désolé d'avoir placé
de la publicité à côté de vidéos YouTube extrêmes, d'avoir tagué des
Noirs comme
des «gorilles»dans une application de photos (ou sept ans plus tôt Michelle
Obama dans les recherches), d'avoir complètement raté
une blague pour le 1er avril, d'avoir censuré une
mère Chrétienne et la
photo de la petite fille au Napalm. Désolé, bien sûr, d'avoir gonflé
les chiffres d'affichages de publicités vidéos et d'avoir permis
de cibler
les «personnes qui détestent les Juifs». Des exemples parmi tant d'autres.
Prise indépendamment, chacune de
ces excuses est louable et nécessaire. Combinées, elles font naître des doutes
sur la bonne foi de ces entreprises voire, de manière plus inquiétante, sur
leur capacité à résoudre une bonne fois pour toutes ces problèmes. Car c'est
bien leur cœur de métier qui est en cause.
L'excuse des algorithmes
Google et Facebook fonctionnent
sur la promesse de classer intelligemment des informations qui leur sont chaque
jour déversées, sur des sites Internet ou dans des messages partagés sur les
réseaux. Ils ont mis au point des mécaniques sophistiquées et inégalables pour
absorber et traiter nos données, répondre et même devancer nos désirs,
développant pour cela des logiciels et du matériel incomparables. Malgré tout,
une poignée de personnes malveillantes et déterminées continuent de pouvoir
propager sur leurs pages des mensonges éhontés.
À chaque polémique, la réponse
est la même: la faute en revient aux «algorithmes», qu'il faut continuer de
perfectionner, comme s'ils étaient dotés d'une vie propre et échappaient au
contrôle de leurs créateurs. Jamais le débat ne porte sur les biais des
développeurs, des managers, qui ont conduit à la mise en ligne de ces codes. Ce
serait admettre une forme de responsabilité.
Google et Facebook se permettent
pareilles libertés, car ils bénéficient, comme tout hébergeur, d'un régime de
responsabilité limitée, fondement de l'économie du Web. Ils ne sont pas
comptables de leurs erreurs, dès lors qu'ils corrigent le tir promptement. Pour
obtenir mieux d'elles, il faut s'engager dans un rapport de force. En Europe,
la pression s'accroît pour que les contenus incitant à la violence et à la
haine en ligne ne réapparaissent plus de sitôt. Il en va «de la confiance du
public dans l'environnement numérique», écrit justement Bruxelles.
Un devoir moral
Par leur emprise, ces plateformes
ont un devoir moral particulier. Plus d'un milliard de personnes prennent des
décisions et s'y informent chaque jour, davantage que sur n'importe quel autre
média. Une telle domination devrait les conduire à se plier à des audits
réguliers, et à prendre des mesures plus radicales. Dans de rares cas, ils
consentent à l'embauche de batteries de modérateurs pour valider, en dernière
étape, les décisions automatiques. Mais jamais, ô grand jamais, ces sociétés
ont accepté de laisser analyser leurs codes.
Ces géants de la tech, lorsqu'ils
y trouvent un intérêt, savent pourtant s'y prendre. Bientôt, des voitures
autonomes conçues dans les laboratoires de Google seront lancées dans les rues.
Des algorithmes seront chargés de calculer la bonne vitesse, l'espacement entre
les véhicules, de détecter un animal sur la voie et de freiner. Google ne
pourra plus, avec légèreté, affirmer après un accident que «cela n'aurait
jamais dû se passer ainsi» et promettre «d'améliorer les algorithmes pour que
cela ne se répète plus à l'avenir». Car alors il sera responsable et toute
erreur sera inacceptable.
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Journaliste au Figaro • Adjoint
du service Médias et Technologies • Responsable du FigaroTech
Sur Twitter: @benjaminferran
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