mercredi 26 juillet 2017

Guerre en Syrie

Fadwa Suleimane, actrice et icône de la révolution syrienne, est morte (18.08.2017)
Alep : 5 morts dans un bombardement rebelle (15.08.2017)
Syrie : avion de l'armée abattu par le groupe Ahmad al-Abdo (15.08.2017)
« A Rakka, plus encore qu’à Mossoul, les civils sont laissés pour compte » (02.08.2017)
L'accès à la nourriture à Raqqa devient critique (31.07.2017)
Hezbollah et Al Nosra vont échanger les corps de combattants (30.07.2017)
Idlib: réouverture du principal poste-frontière (27.07.2017)
Syrie : les USA coupent les liens avec des rebelles (27.07.2017)
Syrie : au cœur de la province d'Idlib, un fragile îlot de résistance (27.07.2017)
La guerre de Syrie n’est pas finie (26.07.2017)
Opération du Hezbollah et de l'armée syrienne à la frontière (21.07.2017)
Syrie : Trump suspend un programme de soutien aux rebelles (20.07.2017)
Syrie : Donald Trump arrête le programme de soutien aux rebelles (20.07.2017)
Syrie : 30 civils tués dans des frappes anti-EI (19.07.2017)
Syrie: attentat suicide dans un secteur tenu par les Kurdes (18.07.2017)
Le Sud syrien, laboratoire de l'après-guerre (17.07.2017)
Syrie : à Sweida, le «royaume autonome» druze vit une paix armée (17.07.2017)
Syrie : la guerre a fait plus de 330.000 morts depuis 2011 (16.07.2017)
Syrie: l'envoyé de l'ONU salue des progrès (15.07.2017)
Syrie : cessez-le-feu "globalement respecté" (12.07.2017)
Syrie : de l'aide livrée par voie terrestre par l'ONU (12.07.2017)
La propagande et la guerre de l’information ont tenu une place essentielle dans la bataille d’Alep (07.07.2017)
Syrie: deux morts dans un attentat à Hama (06.07.2017)
Syrie: Damas met en garde Washington (03.07.2017)
Attentat-suicide dans le centre de Damas (02/07/2017)
La Syrie balaie les accusations de recours au gaz sarin (01/07/2017)
Syrie : l'OIAC confirme une attaque au gaz sarin (30/06/2017)
Syrie : 100 000 civils piégés à Raqqa (28/06/2017)
Washington menace Damas, accusé de préparer une autre attaque chimique (27/06/2017)
Les enjeux très politiques de la reconstruction en Syrie (15.03.2017)
Guerre en Syrie : qui sont les responsables de la tragédie ? (18/10/2016)
Acteurs, enjeux : les clés pour comprendre la guerre en Syrie (12/09/2016)
Voir aussi : 
Kurdistan syrien ou Rojava
    Fadwa Suleimane, actrice et icône de la révolution syrienne, est morte (18.08.2017)
    • Publié le 18/08/2017 à 12:35

    DISPARITION - La comédienne engagée de 47 ans est décédée dans la nuit de jeudi à vendredi à Paris, des suites d'un cancer. Réfugiée en France depuis 2012, elle avait participé au soulèvement contre le régime de Bachar al-Assad.

    L'actrice et militante syrienne Fadwa Suleimane, réfugiée en France après avoir participé au soulèvement contre le régime de Bachar el-Assad, est morte à l'âge de 47 ans. «Elle est décédée dans la nuit des suites d'un cancer» dans un hôpital de la banlieue parisienne, a déclaré à l'AFP ce vendredi 18 août l'acteur syrien Farès Al-Helou. Ce dernier, qui vit également en France, souligne qu'elle était restée active jusqu'au bout, participant à des manifestations culturelles. «Fadwa nous a quittés, elle a quitté ce monde laid», a écrit sur sa page Facebook son beau-frère, Hassane Taha.

    Actrice populaire, Fadwa Suleimane appartenait à la communauté alaouite, celle du président Assad. Elle avait participé aux manifestations pacifiques à Damas au début du soulèvement en 2011. Elle avait tenté de convaincre les villes alaouites de Lattaquié (nord-ouest) et Tartous (ouest) de rejoindre le mouvement. Elle était devenue une icône de la révolution syrienne lorsqu'elle avait appelé à visage découvert à résister au régime, lors d'une manifestation retransmise par les télévisions à Homs (ouest), bastion sunnite de l'insurrection, «pour empêcher la révolution de devenir une guerre confessionnelle».

    Une notoriété acquise au théâtre et dans des séries télévisées

    À Homs, puis à Damas où elle a vécu dans la clandestinité, Fadwa Suleimane avait mis au service du soulèvement une notoriété acquise au théâtre et dans des séries télévisées. Menacée, elle avait traversé clandestinement à pied la frontière avec la Jordanie avant de se réfugier en France, d'où elle s'était déclarée dans un entretien avec l'AFP en 2012 amère de voir «une révolution pacifique virer à la guerre civile».

    Déclenché en 2011 par la répression de manifestations prodémocratie et opposant initialement armée et rebelles, le conflit en Syrie s'est complexifié au fil des ans avec l'implication d'acteurs régionaux, de puissances étrangères et de groupes djihadistes, sur un territoire de plus en plus morcelé. Il a fait plus de 330.000 morts et des millions de déplacés et réfugiés.

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    Alep : 5 morts dans un bombardement rebelle (15.08.2017)

    • Par Le Figaro.fr avec AFP
    • Mis à jour le 15/08/2017 à 18:36
    • Publié le 15/08/2017 à 18:33
    Cinq civils ont péri ce mardi dans un des bombardements rebelles les plus meurtriers sur Alep depuis que les insurgés ont perdu en décembre le contrôle de la deuxième ville de Syrie, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).


    Des obus sont tombés sur plusieurs quartiers de la grande ville du nord de la Syrie, en provenance de la périphérie ouest, où des rebelles sont présents, selon le directeur de l'OSDH Rami Abdel Rahmane. "Cinq civils ont été tués et au moins dix autres ont été blessés. Il s'agit du bilan le plus lourd depuis cinq mois", a-t-il précisé à l'AFP.

    330.000 morts depuis le début du conflit

    Le gouvernement syrien a repris le contrôle total d'Alep en décembre 2016, après d'une offensive meurtrière de plusieurs mois qui s'est terminée par l'évacuation de milliers de rebelles et civils de la partie orientale de la ville, que les insurgés tenaient depuis 2012.


    Déclenché en 2011 par la répression de manifestations pacifiques par le régime de Bachar al-Assad, le conflit en Syrie s'est complexifié au fil des ans avec l'implication de pays étrangers (Nde : merci Hollande et Obama !) et de groupes jihadistes, sur un territoire de plus en plus morcelé. Il a fait plus de 330.000 morts et des millions de déplacés et réfugiés.

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    Syrie : avion de l'armée abattu par le groupe Ahmad al-Abdo (15.08.2017)

    [Nde : sûrement des adeptes de la musculation)
    • Par Le Figaro.fr avec AFP
    • Mis à jour le 15/08/2017 à 17:27
    • Publié le 15/08/2017 à 17:21
    Un groupe rebelle syrien a annoncé avoir abattu ce mardi un avion de l'armée et capturé son pilote dans le sud de la Syrie près d'une des "zones de désescalade" désignées à la suite d'un accord de trêve entre parrains du régime et des insurgés. Les "Forces d'Ahmad al-Abdo" ont abattu le MiG-21 près de Wadi Mahmoud dans la province de Soueida, a indiqué à l'AFP Fares al-Mounjed, porte-parole du groupe.


    "Nous détenons le pilote. Il est blessé et est soigné", a-t-il ajouté. L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a confirmé que le groupe rebelle avait abattu l'appareil et capturé son pilote blessé. Selon M. Mounjed, la secteur où l'avion a été abattu se trouve à l'extérieur d'une "zone de désescalade" où un cessez-le feu initié par les Etats-Unis, la Russie et la Jordanie est en vigueur depuis plus d'un mois.

    Accalmie relative

    Des parties des provinces de Soueida, Deraa et Qouneitra sont comprises dans cette zone, qui connaît une accalmie relative même si des violences ont été signalées. Quelques jours après l'entrée en vigueur de ce cessez-le-feu, le même groupe rebelle avait touché un avion de l'armée de l'air près d'une zone couverte par la trêve. Mais l'appareil avait pu atterrir en zone gouvernementale.


    M. Mounjed a dit que son groupe avait fait usage d'"un canon anti-aérien de 23 mm" pour abattre l'avion mardi. "Nous prendrons soin de traiter le pilote capturé conformément au droit international", a-t-il dit à l'AFP. Les dirigeants du groupe rebelle débattent encore pour savoir quel sort sera réservé au pilote après les soins, a-t-il ajouté.


    Déclenché en 2011 par la répression de manifestations pacifiques, le conflit en Syrie s'est complexifié au fil des ans avec l'implication de pays étrangers et de groupes jihadistes, sur un territoire de plus en plus morcelé. Il a fait plus de 330.000 morts et des millions de déplacés.
    Les multiples tentatives de faire cesser les hostilités, avec notamment des trêves déclarées à travers le pays, n'ont pas réussi à mettre un terme au conflit.

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    « A Rakka, plus encore qu’à Mossoul, les civils sont laissés pour compte » (02.08.2017)


    Le 6 juin, l’offensive était lancée contre Rakka, le fief de l’Etat islamique en Syrie. Mais rien n’a été fait pour l’évacuation des civils, déplore Hakim Khaldi de Médecins sans frontières, dans une tribune au « Monde ».

    LE MONDE | 01.08.2017 à 14h26 • Mis à jour le 02.08.2017 à 09h48 | Par Hakim Khaldi (Chargé de mission au desk Urgences (Irak, Syrie et Yémen))

    « L’opération “colère de l’Euphrate” lancée il y a huit mois n’a pas été improvisée. Les frappes aériennes, comme les combats au sol sont intensifs ; la population civile est prise au piège de Rakka, personne ne nie cette évidence ». (Photo : Rakka, en Syrie, le 31  juillet).

    [Le 6 juin, les Forces démocratiques syriennes (FDS), appuyées par la coalition internationale, lançaient leur offensive sur Rakka, fief de l’Etat islamique en Syrie. Les combats y sont d’une extrême violence, mais rien n’a été prévu pour évacuer les civils. Aujourd’hui, les blessés parviennent difficilement jusqu’aux rares structures de santé, comme en témoigne le coordinateur d’urgence de Médecin sans frontières (MSF), Hakim Khaldi, qui s’est rendu à Mossoul et à Rakka].

    TRIBUNE. Dans cette zone du nord de la Syrie se joue l’une des grandes batailles contre l’Etat islamique. L’opération « Colère de l’Euphrate », lancée il y a huit mois, n’a pas été improvisée. Les frappes aériennes, comme les combats au sol sont intensifs ; la population civile est prise au piège de Rakka, personne ne nie cette évidence.


    Le dispositif pour prendre en charge les civils est pourtant minimal : le principal camp officiel accueille environ 8 000 personnes, sur les 190 000 personnes aujourd’hui déplacées dans la province de Rakka. La grande majorité est livrée à elle-même, et doit trouver refuge chez l’habitant, dans des camps rudimentaires, ou camper dans la rue. L’hôpital général de Rakka repris début juillet par les FDS n’est plus en état de fonctionner. Les FDS qui sont les principales forces au sol, disposent certes d’une structure de soins à l’ouest de Rakka, mais elle est prioritairement réservée aux soldats.

    Equation strictement militaire

    Les structures de santé de Kobané et Tall Abyad sont situées à deux heures et demi de route de la ligne de front. Ces hôpitaux sont soutenus par MSF qui a également mis en place un centre de stabilisation des blessés au nord de Rakka ainsi qu’un réseau d’ambulances. Mais peu de blessés parviennent jusqu’à ces structures de soin.

    Depuis le début de l’offensive menée avec l’appui des bombardements intensifs de la coalition internationale, ce sont essentiellement des militaires qui sont visibles dans les centres de stabilisation aux sorties de Rakka. Ni l’administration kurde, ni leur soutiens occidentaux, ni les organisations internationales n’ont inscrit les civils dans cette équation strictement militaire.


    Combien de civils y a-t-il aujourd’hui à Rakka ? Les chiffres oscillent entre 30 000 et 50 000, selon l’ONU. Seule certitude, depuis que l’offensive a été lancée sur la ville, certains réussissent à sortir par petites vagues, mais il n’y a pas de flux massif. A mesure que les combattants de l’Etat islamique cèdent du terrain, ils se replient en entraînant les civils avec eux pour s’en servir de boucliers humains. Ceux qui restent sont donc essentiellement regroupés dans la vieille ville, là où se concentrent les bombardements et les combats.

    Intensité des bombardements

    Durant le mois de juin, l’hôpital de Kobané géré par MSF, a traité 64 personnes pour des blessures liées à la guerre. Ces patients venaient majoritairement des environs de Rakka et non de la ville, et ont été blessés surtout par des mines (90 %). Les blessés de Rakka, nous ne les voyons pas, à quelques exceptions près. Deux frères âgés de 3 et 7 ans, blessés par des snipers de l’EI en fuyant la ville, ont été hospitalisés début juillet. Ils sont toujours en état de choc. Ceux qui auront survécu aux bombardements et à la terreur de l’EI, devront, comme eux, surmonter le traumatisme du siège.

    L’OFFENSIVE CONTRE L’OUEST DE LA VILLE IRAKIENNE ÉTAIT D’UNE VIOLENCE TELLE QU’UN TIERS DE LA VIEILLE VILLE A ÉTÉ ENTIÈREMENT DÉTRUIT

    Ce contraste entre l’intensité des bombardements sur une petite zone de la ville hermétiquement fermée et le faible nombre de blessés soignés par nos équipes évoque la dernière phase de la bataille de Mossoul, dont l’armée irakienne vient de reprendre le contrôle. L’offensive contre l’ouest de la ville irakienne était d’une violence telle qu’un tiers de la vieille ville a été entièrement détruit et que le décompte de cadavres sous les décombres se poursuit encore.

    La comparaison entre Mossoul et Rakka a ses limites, du fait d’un environnement et d’un contexte différents. Mais, à Mossoul, des dispositifs pour les déplacés et des structures médicales ont été mises en place rapidement. Alors qu’à Rakka ils n’ont même pas été pensés. Et les déclarations du commandant de la coalition ne sont pas là pour nous rassurer, quand il explique par exemple que toute embarcation essayant de quitter la ville par l’Euphrate sera détruite.


    La réalité, c’est qu’aujourd’hui comme hier, en Syrie comme en Irak, le sort des civils présents dans les territoires contrôlés par l’Etat islamique ne compte pas.

    L'accès à la nourriture à Raqqa devient critique (31.07.2017)

    • Par Le Figaro.fr avec AFP
    • Mis à jour le 31/07/2017 à 16:43
    • Publié le 31/07/2017 à 16:36
    L'accès à la nourriture dans Raqqa, le bastion assiégé du groupe Etat islamique (EI) en Syrie, est arrivé à un "point critique", les habitants ne pouvant plus compter que sur leurs réserves, a indiqué aujourd'hui une ONG.

    Raqqa (nord) est le théâtre depuis près de deux mois de violents combats entre les jihadistes de l'EI et des combattants kurdes et arabes soutenus par les Etats-Unis. Selon REACH, un réseau d'ONG humanitaires opérant autour de la ville, la situation est dramatique.


    "La majorité des informateurs rapportent que les habitants ne peuvent plus compter que sur leurs propres stocks de nourriture", a indiqué REACH. "Les marchés et magasins d'alimentation sont dans l'ensemble fermés". Le pain est devenu difficile à trouver dans toute la ville, alors qu'il y a quelques semaines encore, on en trouvait régulièrement dans 15 des 24 quartiers de la ville, selon la même source.

    Le prix de denrées a par ailleurs explosé, forçant les résidents à moins manger ou à sauter des repas. Le collectif de militants locaux Raqqa is Being Slaughtered Silently ("Raqqa est massacrée en silence"), qui publie régulièrement des informations en provenance de la ville, a également fait part de problèmes d'accès aux produits d'alimentation.

    "Les boulangeries sont fermées car il n'y a plus de carburant et de farine, et les propriétaires de magasins ont fui.", a récemment indiqué à l'AFP un membre de ce collectif, Houssam Issa. "Les gens ne peuvent pas utiliser leurs réfrigérateurs car il n'y a plus d'électricité, ils ne peuvent plus cuisiner car il n'y a plus d'eau". Entre 20.000 et 50.000 civils sont pris au piège à Raqa, selon l'ONU.

    Mais REACH affirme que le chiffre pourrait en fait être de 10.000, le quartier le plus peuplé étant celui d'Al-Hurriya dans le nord de la ville, avec au maximum 5.000 habitants. En outre, 14 des 24 quartiers seraient complètement désertés ou quasiment abandonnés.

    Le réseau d'ONG assure qu'une seule aile de l'hôpital de Raqqa fonctionne encore, seulement pour des premiers soins. Selon Médecins sans frontières, les civils blessés n'ont quasiment plus accès aux soins.

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    Hezbollah et Al Nosra vont échanger les corps de combattants (30.07.2017)


    • Par Le Figaro.fr avec Reuters
    • Mis à jour le 30/07/2017 à 10:25
    • Publié le 30/07/2017 à 10:17
    Le Hezbollah et l'ex-Front al Nosra échangeront dimanche les corps de combattants dans le cadre de l'accord de trêve conclu entre les deux groupes armés après plusieurs jours de violents combats à la frontière syro-libanaise, annonce la chaîne Al Manar, contrôlée par la milice chiite libanaise alliée à Damas.

    La trêve est en vigueur depuis jeudi matin.

    Après l'échange de corps de combattants, le cessez-le-feu prévoit la libération de miliciens du Hezbollah capturés et le transfert, vers le nord de la Syrie, de combattants d'Al Nosra, ainsi que des civils qui souhaiteront les accompagner.


    L'ex-Front al Nosra, ancienne branche syrienne d'Al Qaïda, était présent depuis des années dans la zone montagneuse du Djroud Arsal, proche d'Arsal.

    Le Hezbollah a repris la quasi-totalité du secteur durant une brève offensive la semaine dernière qui a coûté la vie à quelque 150 combattants djihadistes et une vingtaine de miliciens chiites.

    La milice libanaise devrait lancer prochainement une autre offensive contre une plus petite enclave tenue par des membres de l'État islamique, toujours près d'Arsal.

    Idlib : réouverture du principal poste-frontière (27.07.2017)

    http://lefigaro.fr/flash-actu/2017/07/27/97001-20170727FILWWW00373-idlib-reouverture-du-principal-poste-frontiere.php 

    Par Le Figaro.fr avec AFP

    Résultats de recherche d'images pour « carte syrie »

    Mis à jour le 27/07/2017 à 20h45 | Publié le 27/07/2017 à 20h39

    La rébellion syrienne a rouvert le poste-frontière de Bab al Haoua, fermé depuis une semaine en raison de violents combats entre factions rivales. Situé à la frontière turque, ce point de passage est le principal canal d'approvisionnement de la province d'Idlib, seule région sous contrôle de l'opposition au régime de Bachar al Assad, dans le nord-ouest de la Syrie.

    Depuis sa réouverture mercredi, plus de 200 camions transportant des marchandises et de l'aide humanitaire ont franchi la frontière et pénétré en Syrie, ont déclaré des responsables de groupes rebelles opérant sous la bannière de l'Armée syrienne libre (ASL).

    Après trois jours d'affrontements, l'alliance islamiste Hayat Tahrir al Cham, dirigée par les djihadistes de l'ex-Front al Nosra, a encerclé vendredi dernier le poste-frontière contrôlé depuis trois ans par sa rivale Ahrar al Cham. Un cessez-le-feu a été conclu mardi, par lequel Ahrar al Cham s'est engagée à retirer ses forces du secteur et à remettre le contrôle du site entre les mains d'une autorité civile.

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    Syrie : les USA coupent les liens avec des rebelles (27.07.2017)

    http://lefigaro.fr/flash-actu/2017/07/27/97001-20170727FILWWW00376-syrie-les-usa-coupent-les-liens-avec-des-rebelles.php

    Par Le Figaro.fr avec AFP

    Mis à jour le 27/07/2017 à 20h54 | Publié le 27/07/2017 à 20h46

    Le Pentagone va couper les liens avec un groupe rebelle syrien après que ses combattants se sont attaqués aux forces du régime plutôt qu'au groupe Etat islamique (EI), ont annoncé aujourd'hui des responsables américains. Le groupe, connu sous le nom de Shuhada Al-Qaryatayn, avait reçu des formations et de l'armement, dans le cadre du soutien apporté par la coalition menée par les Etats-Unis, dans le sud de la Syrie.


    Ces rebelles de l'opposition syrienne ont "de manière unilatérale, sans autorisation ou coordination de l'armée américaine ou de la coalition", mené des patrouilles à l'extérieur d'une zone déterminée, et se sont engagés dans des "activités qui n'étaient pas dirigées contre l'EI (organisation Etat islamique)", a commenté le porte-parole de la coalition, le colonel Ryan Dillon.

    Le groupe a été "l'un des partenaires importants dans la lutte contre l'EI dans le sud de la Syrie. Cependant, la coalition ne soutiendra plus ses opérations", a ajouté le colonel Dillon. Shuhada Al-Qaryatayn est basé dans la région d'Al-Tanf, où des commandos membres de la coalition entraînent et conseillent les forces locales qui affrontent les jihadistes, près de la frontière jordanienne.


    Le porte-parole a ajouté que la coalition tenterait de récupérer l'équipement militaire fourni à Shuhada Al-Qaryatayn. Il n'a pas précisé combien de combattants compte le groupe.

    Syrie : au cœur de la province d'Idlib, un fragile îlot de résistance (27.07.2017)



    Mis à jour le 27/07/2017 à 18h11 | Publié le 27/07/2017 à 17h06


    Dans cette région du nord-ouest de la Syrie, où l'opposition modérée se fait dévorer par les djihadistes, la petite ville rebelle de Saraqeb lutte pour sa survie.

    «C'était comme une fête de mariage. Un mariage avec la démocratie!», exulte Abou Mohammed Saraqebi - un nom d'emprunt -, 32 ans, au bout d'une ligne Whatsapp encombrée de grésillements. Ce mardi 18 juillet 2017, la petite ville de Saraqeb, au cœur de la province rebelle syrienne d'Idlib, a vécu l'inimaginable : six ans après le début de l'insurrection anti-Assad, transformée en un déchirant conflit, la population s'est rendue pour la première fois aux urnes pour élire les nouveaux membres du conseil local. Les yeux pétillants d'espoir, quelque 2 500 habitants - dont un quart de femmes - ont déposé leur bulletin dans les urnes des écoles transformées en bureaux de vote. Selon la radio locale Alwan, le taux de participation a frôlé les 55 %.

    La fête a rapidement tourné court. Quand les résultats tombent, le lendemain, les djihadistes de Tahrir al-Cham, anciennement connus sous le nom de Front al-Nosra, l'ex-branche d'al-Qaida en Syrie pénètrent en ville à bord de leurs pick-up. Ils arrachent le drapeau vert, blanc et noir de l'opposition syrienne, prennent d'assaut le palais de justice et abattent un journaliste. «En l'espace d'une heure, le mariage a viré aux funérailles», se désole l'ex-membre du conseil. Mais loin de capituler, des milliers de personnes sortent dans la rue. Les mains nues face à leurs envahisseurs armés, ils hurlent à tue-tête: «Nosra, dehors ! Joulani, dehors !» (du nom du leader de Tahrir al-Cham).

    Les habitants de Saraqeb n'en sont pas à leur premier épisode de résistance

    Au-dessus des têtes, les panneaux préviennent: «Arrêtez de tuer des civils.» Deux jours plus tard, au terme d'un violent bras de fer, les djihadistes battent en retraite : ils quittent le tribunal, puis l'intégralité de la ville. «On a réussi à s'en débarrasser!», souffle Abou Mohammed Saraqebi. Une vraie leçon de survie, même si, concède-t-il, «l'avenir demeure incertain».

    Les habitants de Saraqeb n'en sont pas à leur premier épisode de résistance. La petite ville insoumise, qui s'est affranchie de l'armée syrienne en 2015, a déjà tout vécu : la répression des premières manifestations pacifiques de 2011, l'attaque chimique de 2013, la brève incursion des soldats de Daech puis, ces deux dernières années, les bombardements russo-syriens - avant qu'ils ne soient récemment suspendus, sous pression internationale, après l'attaque de Khan Cheikhoun au gaz sarin -. «On a subi la dictature du clan Assad pendant plus de quarante ans. Ce ne sont pas de nouveaux tyrans, cette fois-ci islamistes, qui vont nous faire renoncer à notre combat», avertit l'opposant.

    Un verrou stratégique

    Il y a six mois, une première incursion de Tahrir al-Cham a déjà servi de mise en garde aux militants démocrates. Abou Mohammed Saraqebi raconte : «Nous venions de créer un nouveau groupe politique, appelé le Mouvement révolutionnaire. L'idée consistait à organiser des manifestations, à dessiner des graffitis, bref à maintenir éveillée la flamme de la révolution. Quelques jours plus tard, un émir de Tahrir al-Cham me convoque dans son QG, à deux kilomètres de la ville en m'ordonnant de cesser immédiatement nos activités, non conformes avec leur vision radicale de l'islam. Le lendemain, un autre émir frappe à ma porte et me prévient : “Certains de nos éléments extrémistes sont incontrôlables. Il serait regrettable qu'ils soient tentés d'exécuter un mécréant”. Le message était clair».

    «Si vous contrôlez Saraqeb, vous contrôlez le nord de la Syrie»

    Au printemps 2017, les djihadistes passent de nouveau à l'offensive en faisant retirer une première fois le drapeau de l'opposition syrienne de l'antenne radio de la ville. L'attaque de la semaine passée, suivie, dimanche, par la prise d'Idlib, le chef-lieu de la province du même nom, démontre leur obstination à vouloir contrôler une des dernières portions du territoire qui échappe à Bachar el-Assad. «Saraqeb est un verrou stratégique de la province d'Idlib. Elle relie Alep à Damas et à Lattaquié, un des bastions du régime. C'est également un point de passage vers le poste frontière turc de Bab al-Hawa. Si vous contrôlez Saraqeb, vous contrôlez le nord de la Syrie», explique l'activiste Mohammed al-Khaled, joint par téléphone.


    Cette ambition géographique s'inscrit, aussi, dans une féroce lutte de pouvoir avec les combattants salafistes d'Ahrar al-Cham. En 2015, les deux groupes avaient fait alliance, aux côtés de factions plus modérées, pour forcer les troupes syriennes à se retirer d'Idlib. «C'est pour chasser Ahrar al-Cham, implanté dans le nord de la Syrie et soutenus par la Turquie et le Qatar, que Tahrir al-Cham a cherché à s'emparer de Saraqeb», explique le jeune homme.

    Une timide expérience démocratique

    Dans ce contexte d'accalmie, le tribunal a rouvert ses portes
    Encore secoués par leurs mésaventures, les militants démocrates savourent ironiquement un répit inédit : débarrassés de Tahrir al-Cham, ils le sont aussi des combattants d'Ahrar al-Cham, qui se sont enfuis dès le premier jour de l'offensive djihadiste, avant que ces derniers ne soient à leur tour délogés par la population. «Pour l'heure, c'est le Front des révolutionnaires, composés d'habitants de la ville, qui assure la sécurité de Saraqeb, aux côtés de la police locale», précise Mohammed al-Khaled.

    Dans ce contexte d'accalmie, le tribunal a rouvert ses portes. Les membres du nouveau conseil local ont, eux, pris leurs fonctions. Inspirée par cette unique expérience électorale, la ville rebelle voisine de Kafranbel songe, à son tour, à organiser un scrutin. Mais cette timide expérience démocratique demeure fragile. La menace de Tahrir al-Cham, qui a pris le contrôle d'une trentaine d'autres localités d'Idlib en l'espace de 48 heures, continue à planer sur la ville. Tout comme celle de Daech, qui pourrait profiter du chaos pour organiser des attentats. Dans ce contexte volatile, des rumeurs persistantes évoquent la possibilité d'une offensive transfrontalière turque. À moins que le régime de Damas, appuyé par la Russie, ne décide de reprendre ses bombardements. «À ce stade, rien n'est clair. Mais ce qui s'est passé à Mossoul, en Irak, à Raqqa, ou encore à Alep n'augure rien de bon. J'ose seulement espérer que la voix de la sagesse, et pas seulement l'écho des armes, finira par être entendue», avance Mohammed al-Khaled.

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    La guerre de Syrie n’est pas finie (26.07.2017)

    Editorial. Une nouvelle phase s’ouvre en Syrie, qui voit Bachar Al-Assad consolider son emprise sur le pays. De quoi entretenir la colère de la majorité sunnite syrienne.

    LE MONDE | 26.07.2017 à 11h54

    Editorial du « Monde ». Il n’y aura pas de changement de régime en Syrie. Pour le moment. Tel est le sens de la décision des Etats-Unis, prise le mois dernier et annoncée la semaine dernière, d’interrompre, progressivement, leur aide à ceux des rebelles syriens qu’ils soutiennent encore. S’il est trop tôt pour déclarer la fin de la guerre civile syrienne, celle-ci n’en entre pas moins dans une nouvelle phase marquée par cette réalité : Bachar Al-Assad consolide son emprise sur le pays.

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    La suspension de l’assistance américaine – armes, entraînement, financement – à l’Armée syrienne libre (ASL), la branche « modérée » de l’opposition syrienne, est dans la logique de la politique suivie par les Etats-Unis depuis quelques années. Comme Barack Obama, Donald Trump n’a pas pour priorité d’en finir avec la tyrannie du régime Al-Assad. L’objectif principal des Etats-Unis est de casser l’organisation dite « Etat Islamique » (EI). Il est en voie d’être assuré, avec la chute, déjà en partie acquise, de Rakka, la « capitale » de l’EI en Syrie – là, Washington maintient son soutien actif aux forces kurdes et arabes syriennes engagées dans la reprise de la ville.

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    Ailleurs, Trump, plus encore que son prédécesseur, aimerait se désengager de Syrie, autant que faire se peut. Çà et là, il est prêt à appuyer la Russie, l’un des parrains du régime syrien, dans ses efforts pour obtenir des cessez-le-feu locaux entre l’opposition et les forces de Damas, ou des zones de « désescalade » du conflit. C’est le cas dans le sud et le sud-ouest du pays. Cela pourrait concerner demain la région dite « de la Ghouta », à l’est de Damas.

    Ailleurs, grâce au soutien massif de la Russie, de l’Iran et des affidés arabes de la République islamique – milices chiites libanaises et irakiennes –, le régime de Bachar Al-Assad est redevenu maître du pays – de tout l’ouest, notamment des grandes villes, ce qu’on appelle « la Syrie utile ». L’élément-clé de cette situation est connu : l’alliance conclue entre Moscou et Téhéran pour perpétuer le régime syrien.

    Un choix difficile pour les Etats-Unis

    C’est là que l’affaire se complique pour les Etats-Unis de Donald Trump. Dans la grande bataille opposant l’Iran à l’Arabie saoudite pour la prépondérance régionale, le président américain a choisi le camp opposé à celui de Moscou. M. Trump est à fond derrière Riyad, le chef de file du monde arabe sunnite, « l’adversaire » stratégique de Téhéran.

    Les Etats-Unis sont confrontés à cette question : peuvent-ils laisser l’Iran s’implanter militairement en Syrie, là où le terrain est reconquis sur la rébellion syrienne et sur les djihadistes ? Pas question, répondent en chœur les capitales arabes tout comme Israël. La présence de la Russie en Syrie est une vieille tradition. Celle de l’Iran, par milices chiites interposées, ne sera pas tolérée. A un moment, M. Trump pourrait avoir à faire un choix difficile : défendre la cause de ses alliés arabes, saoudiens notamment, ou accepter la mainmise iranienne sur la Syrie.

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    Deuxième question : « le cas Bachar ». Si personne ne pose plus son départ comme une précondition à une éventuelle discussion sur l’avenir politique de la Syrie, personne ne se fait d’illusion non plus. Américains et Russes savent que, si le dictateur dispose du soutien incontestable d’une partie de la population, son maintien à terme entretiendra la colère de la majorité sunnite du pays – source d’un perpétuel renouveau djihadiste. La guerre de Syrie n’est pas finie.

    Opération du Hezbollah et de l'armée syrienne à la frontière (21.07.2017)


    Par Le Figaro.fr avec Reuters Mis à jour le 21/07/2017 à 07:54 Publié le 21/07/2017 à 07:44 

    Le Hezbollah libanais et l'armée syrienne ont lancé aujourd'hui une opération contre des rebelles dans la zone frontalière entre les deux pays, a annoncé un commandant de l'alliance militaire. L'opération vise des insurgés dans la région du nord-est du Liban de Jaroud Arsal et dans la zone montagneuse de l'ouest syrien de Qalamoun, a précisé ce commandant.

    La région de Jaroud Arsal a également servi de base aux djihadistes de l'Etat islamique. Plusieurs milliers de réfugiés syriens y vivent dans des camps. Selon la chaîne de télévision du Hezbollah al Manar TV, des membres de l'ex-Front Al Nosra ont été pris pour cible autour de Jaroud Arsal et à proximité de la ville syrienne de Fleita dans la région de Qalamoun.

    L'armée libanaise, anticipant cette opération, a déployé des renforts en bordure de la ville d'Arsal afin d'éviter une fuite des rebelles islamistes vers le Liban, a-t-on appris cette semaine de source sécuritaire libanaise.

    De source proche de la sécurité libanaise, on déclarait aujourd'hui que l'armée libanaise était en position défensive. "Si nos positions ne sont pas attaquées, nous n'ouvrirons pas le feu", a-t-on ajouté de même source. Selon le commandant de l'alliance armée syrienne-Hezbollah, l'armée libanaise ne participait pas à l'offensive de ce jour.

    Le premier ministre libanais Saad al Hariri a annoncé mardi une opération dans le même secteur, sans coordination avec l'armée syrienne.

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    Syrie: Trump suspend un programme de soutien aux rebelles (20.07.2017)

    Mis à jour le 20/07/2017 à 10:48

    Le président Donald Trump a pris cette décision il y a près d'un mois, après un entretien avec le patron de la CIA et son conseiller à la Sécurité nationale, selon le Washington Post. Crédits photo : 

    La CIA a décidé de mettre fin à son programme de soutien aux rebelles syriens qui combattent le président syrien Bachar al-Assad, a annoncé aujourd'hui le Washington Post.


    Ce programme de soutien initié il y a quatre ans n'a eu qu'un impact limité, particulièrement depuis l'entrée dans le conflit des forces armées russes aux côtés de Bachar al-Assad en 2015, ont confié des responsables américains au quotidien, sous couvert d'anonymat.

    Le président Donald Trump a pris cette décision il y a près d'un mois, après un entretien avec le patron de la CIA, Mike Pompeo et le conseiller à la Sécurité nationale, le général H.R. McMaster, ajoute le Washington Post. La Maison Blanche et la CIA se sont refusées à tout commentaire.

    Le Washington Post estime que l'élimination de ce programme de soutien aux rebelles syriens reflète l'intérêt du président américain "pour trouver des moyens de travailler avec la Russie" ainsi qu'une "reconnaissance des limites de l'influence de Washington et de la volonté de chasser Assad du pouvoir".

    Cette décision intervient alors que les Etats-Unis et la Russie ont négocié un cessez-le-feu dans le sud-ouest de la Syrie, couvrant une partie de la zone où les rebelles opèrent.

    Le cessez-le-feu a été annoncé le 7 juillet lors du Sommet du G20 à Hambourg, en Allemagne, où Donald Trump et le président russe Vladimir Poutine se sont rencontrés pour la première fois.

    L'ancien président Barack Obama avait approuvé ce programme d'aide en 2013 au moment où divers groupes rebelles cherchaient un soutien extérieur dans le cadre d'un soulèvement général contre le régime syrien. Des milliers de combattants rebelles ont ainsi été formés et armés.

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    Syrie : Donald Trump arrête le programme de soutien aux rebelles (20.07.2017)

    Publié le 20/07/2017 à 17h20

    Depuis 2013, la CIA entraînait certains insurgés et leur livrait des armes. Mais sans grand résultat sur le terrain.

    C'est un nouveau coup dur pour les rebelles modérés syriens. Sur ordre de Donald Trump, la CIA a mis un terme au programme «Train and equip» au profit des insurgés qui luttent contre Bachar el-Assad. Cette décision ne peut que satisfaire la Russie, avec laquelle les États-Unis veulent travailler pour trouver une issue à six ans d'un conflit qui a coûté la vie à quelque 400.000 personnes.
    Ce programme, entamé en 2013 par Barack Obama, n'a eu qu'un impact limité sur le conflit, ont reconnu plusieurs sources officielles américaines. Donald Trump a pris cette décision, il y a près d'un mois, après un entretien avec le patron de la CIA, Mike Pompeo, et le conseiller à la Sécurité nationale, le général H. R. McMaster, a rapporté le Washington Post, qui révèle l'affaire.

    «C'est un signal adressé à Vladimir Poutine que l'Administration veut améliorer ses relations avec la Russie»
    Un officiel américain, cité par le journal britannique The Guardian

    «C'est un signal adressé à Vladimir Poutine que l'Administration veut améliorer ses relations avec la Russie», affirme un autre officiel américain, cité par le journal britannique The GuardianMoscou, avec lequel Washington vient de conclure un accord de cessez-le-feu dans le sud de la Syrie, réclamait, depuis longtemps, l'arrêt de «Train and equip». Pour le Washington Post, il s'agit d'une «reconnaissance des limites de l'influence de Washington et de la volonté de chasser Assad du pouvoir».

    Des milliers de combattants rebelles ont été formés et armés, le plus souvent en Jordanie, par la CIA. Mais à plusieurs reprises, des armes ainsi livrées à des actions, pourtant minutieusement contrôlées au préalable, ont fini entre les mains d'islamistes, voire de djihadistes. Ce qui a renforcé le scepticisme de tous ceux qui mettaient en garde contre ce genre de soutien logistique. L'intérêt pour ce programme s'est encore érodé l'année dernière avec la perte par les insurgés des quartiers d'Alep qu'ils contrôlaient, au profit du régime syrien et de son allié russe.

    «Piège tendu par la Russie»
    «C'est une victoire pour Assad, Poutine et l'Iran», estime Joshua Landis, spécialiste de la Syrie au centre des études moyen-orientales de l'université d'Oklahoma. Selon lui, «il était devenu évident que les rebelles ne parviendraient pas à renverser Assad et une bonne partie des armes livrées sont allées aux extrémistes», ajoute Joshua Landis, qui rappelle que Barack Obama était sur le point de prendre une décision semblable, avant de quitter la Maison-Blanche.

     «On tombe dans le piège tendu par la Russie. Ainsi nous allons rendre de plus en plus vulnérable la résistance modérée, nous les abandonnons»
    Charles Lister, chercheur proche de l'insurrection au Middle East Institute
    Pour d'autres, au contraire, cette décision est une grave erreur. «On tombe dans le piège tendu par la Russie, s'insurge Charles Lister, chercheur proche de l'insurrection au Middle East Institute. Ainsi nous allons rendre de plus en plus vulnérable la résistance modérée, nous les abandonnons.» Après l'accord de cessez-le-feu dans le Sud conclu le 7 juillet à l'issue de la rencontre Poutine-Trump en marge du G20 à Hambourg, Russes et Américains cherchent à mettre en place quatre «zones de désescalade» de la violence à travers le territoire syrien: au sud, au centre près de Homs, dans la banlieue de Damas, et enfin au nord-ouest, dans la province d'Idleb, où depuis quelques jours des luttes fratricides opposent les djihadistes du Front Fatah al-Sham aux salafistes d'Ahrar el-Sham.
    Après six ans d'une guerre civile qui a détruit le pays, Donald Trump semble faire une croix sur ce qu'il reste de l'insurrection dite modérée, marginalisée par Daech et la branche locale d'al-Qaida. Même s'il a ordonné pour la première fois, en mai, des frappes en Syrie après des bombardements chimiques imputés à Damas, sa dernière décision montre que les États-Unis n'ont pas envie de s'impliquer plus avant dans le conflit. Certes, dans le nord-est du pays, Washington appuie les Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance arabo-kurde qui veut expulser l'État islamique de son bastion de Raqqa. À eux aussi, des armes ont été livrées, et des conseillers militaires américains sont actuellement au côté des FDS à Raqqa contre Daech. Mais, là encore, rien ne dit que cet appui logistique se prolongera, une fois la «capitale» syrienne de Daech tombée.

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    Syrie : 30 civils tués dans des frappes anti-EI (19.07.2017)

    Mis à jour le 19/07/2017 à 16:48 Publié le 19/07/2017 à 16:42


    Au moins 30 civils ont été tués aujourd'hui dans des frappes aériennes menées séparément par la coalition conduite par Washington et l'aviation du régime syrien contre des territoires tenus par les jihadistes en Syrie, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

    Quinze d'entre eux, dont trois enfants et quatre femmes, ont été tués dans des raids de la coalition contre un village situé près du bastion du groupe Etat islamique (EI) Raqa, a indiqué l'OSDH.

    "Ce matin, les frappes ont visé le village de Zur Shammar, à environ 30 km de Raqa", a précisé le directeur de l'OSDH Rami Abdel Rahmane.

    La coalition anti-EI soutient depuis les airs l'offensive des combattants kurdes et arabes qui tentent de déloger les jihadistes de Raqa et de sa province du même nom.

    Plus au sud, les forces du régime syrien, appuyées par leur allié russe, combattent l'EI dans la province riche en pétrole de Deir Ezzor. Des frappes présumées russes y ont causé mercredi la mort de 15 autres civils -principalement des enfants- dans un village tenu par l'EI, toujours selon l'OSDH.

    Il s'agit de deux familles, selon M. Abdel Rahmane, "un homme, ses deux femmes et leurs sept enfants, puis une seconde famille composée des deux parents et de leurs trois enfants."

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    Syrie: attentat suicide dans un secteur tenu par les Kurdes (18.07.2017)


    Par Le Figaro.fr avec ReutersMis à jour le 18/07/2017 à 10:40 Publié le 18/07/2017 à 10:16

    Un attentat suicide à la voiture piégée a fait quatre morts aujourd'hui à un barrage dans un secteur contrôlé par les Kurdes dans le nord-ouest de la Syrie, a annoncé l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

    L'attaque a eu lieu près du village de Tel Tamr, à une trentaine de kilomètres de la frontière turco-syrienne, précise l'ONG basée à Londres qui tient la chronique quotidienne de la guerre en Syrie grâce à un réseau d'informateurs sur le terrain.


    La télévision publique syrienne a également fait état de quatre morts, mais situe l'attentat suicide dans la localité voisine de Ras al Aïn. (Tom Perry; Danielle Rouquié pour le service français)

    Le Sud syrien, laboratoire de l'après-guerre (17.07.2017)
     Par Georges Malbrunot  Publié le 17/07/2017 à 19:30

    Des forces du gouvernement syrien dans une ville au nord de Deraa, en 2015.

    INFOGRAPHIE - Parrainé par Moscou et Washington, un cessez-le-feu a été conclu, avant la création d'une zone de désescalade.

    Berceau de la révolte contre Bachar el-Assad, le sud de la Syrie doit être le laboratoire de l'après-guerre civile. Depuis le 9 juillet, un fragile cessez-le-feu tient dans les provinces de Deraa, Sweida et Qunaytra. L'arrêt des hostilités a été conclu entre Russes et Américains, avec l'appui de la Jordanie, riveraine, qui cherche à éviter le débordement du conflit sur son territoire. Ce recul de la violence prélude à  la  mise en place d'une zone de désescalade, décidée en mai lors des négociations d'Astana entre ...

    Syrie : à Sweida, le «royaume autonome» druze vit une paix armée (17.07.2017)

    Par Georges Malbrunot  Publié le 17/07/2017 à 19:45


    Des civils druzes, appuyés par l'armée syrienne, prennent les armes en juin 2015 pour défendre Sweida, leur ville attaquée par des anti-Assad.

    REPORTAGE - Cette région au sud de la Syrie, poussée dans les bras de Bachar el-Assad, est devenue une zone de repli pour des Syriens chassés par les insurgés.

    Envoyé spécial à Sweida (Syrie)

    Cliquez ici pour agrandir l'infographie

    Sur la place centrale de Sweida trône toujours le buste de Sultan Pacha al-Atrach, le héros de la résistance druze de 1925 contre le mandat français en Syrie. En revanche, dans les rues, les portraits de Bachar el-Assad se font plutôt rares. Druze d'abord, Syrien ensuite, mais surtout antirebelles.


    «Les Druzes sont unis contre leurs adversaires. Personne ne peut venir chez nous imposer ses vues», jure Socrate, un jeune activiste d'une ONG, dans un café de Sweida, au cœur du «royaume druze» du sud de Syrie. On y accède par une autoroute de plaine venant de Damas, distante d'une centaine de kilomètres. Jusqu'en 2014, les rebelles l'avaient coupée, isolant le sud du pays de la capitale. Parfois encore, les djihadistes y font des incursions. Ils tiennent des ...

    Syrie : la guerre a fait plus de 330.000 morts depuis 2011 (16.07.2017)


    Mis à jour le 16/07/2017 à 16:57

    Plus de 330.000 personnes, dont quelque 100.000 civils, ont été tuées depuis le début de la guerre en Syrie en 2011, selon un nouveau bilan fourni par l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

    "L'Observatoire a pu documenter la mort de 331.765 personnes sur le territoire syrien, dont 99.617 civils, sur la période allant du 15 mars 2011 au 15 juillet 2017", a déclaré son directeur Rami Abdel Rahmane. Parmi les civils tués figurent "18.243 enfants et 11.427 femmes".


    Selon la même source, 116.774 membres ou soutiens des forces du régime syrien ont été tués, dont 61.808 soldats syriens et 1.480 membres du Hezbollah libanais.

    Par ailleurs, environ 57.000 combattants des factions rebelles et des Forces démocratiques syriennes (FDS) --une alliance arabo-kurde soutenue par Washington-- ont été tués.

    Parmi les morts, figurent également plus de 58.000 combattants de l'ex-branche d'Al-Qaïda, du groupe jihadiste Etat islamique (EI) et combattants étrangers d'autres groupes.



    Déclenché en mars 2011 avec des manifestations pacifiques contre le régime du président syrien Bachar al-Assad, le conflit syrien s'est mué en une guerre sanglante qui a aussi provoqué des destructions massives et le déplacement de plus de la moitié de la population.

    Syrie : l'envoyé de l'ONU salue des progrès (15.07.2017)

    Par Le Figaro.fr avec AFPMis à jour le 15/07/2017 à 11:54 Publié le 15/07/2017 à 09:02


    L'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie a déclaré vendredi, à l'issue du 7e round des pourparlers de paix, que quelques progrès avaient été réalisés et a laissé espérer des discussions directes entre Damas et les rebelles.


    L'émissaire de l'ONU, Staffan de Mistura, a déclaré à la presse à Genève qu'il comptait convoquer une huitième session début septembre et qu'il avait demandé à toutes les parties, y compris le gouvernement syrien, de se préparer à discuter de la question cruciale de la transition politique.
    Il a ajouté qu'il pousserait pour des pourparlers directs entre le régime et l'opposition en septembre.

    Le Haut Comité des Négociations (HCN), principal acteur de l'opposition, estime qu'une transition politique signifie le départ du pouvoir du président syrien Bachar al-Assad. Mais la délégation gouvernementale syrienne, menée par l'ambassadeur de la Syrie à l'ONU Bachar al-Jaafari, exclut que le sort du président puisse être l'objet de discussions.


    M. de Mistura a déclaré qu'il n'avait vu aucune indication que le régime soit disposé à discuter de la formation d'un nouveau gouvernement, mais il a espéré que des pressions internationales pourraient influer en ce sens.

    Mais les délégations du gouvernement et de l'opposition ne sont pas parvenues à rapprocher substantiellement leurs positions sur la lutte contre le terrorisme et sur la transition politique.


    La France a sur ce point modifié récemment sa position en déclarant qu'elle ne faisait plus du départ du président syrien un préalable à une solution au conflit.

    Le président français Emmanuel Macron a affirmé jeudi vouloir bâtir "un groupe de contact" pour préparer l'après-conflit en Syrie. "Nous avons un objectif principal : l'éradication des terroristes, de tous les groupes terroristes, quelle que soit leur sensibilité", a souligné M. Macron, lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue américain Donald Trump au palais présidentiel de l'Elysée.

    "Dans ce contexte-là, je ne fais pas du départ et de la destitution de Bachar al-Assad une condition préalable" à un règlement du conflit, a-t-il souligné. Interrogé sur ce changement de ligne, M. Jaafari a affirmé que "tout réveil au sein de toute capitale d'un pays occidental était le bienvenu".

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    Syrie : cessez-le-feu "globalement respecté" (12.07.2017)

    Par Le Figaro.fr avec AFP
    Mis à jour le 12/07/2017 à 16h04 | Publié le 12/07/2017 à 15h19

    Le cessez-le-feu en vigueur depuis dimanche dans le sud de la Syrie, sous l'égide de la Russie, des Etats-Unis et de la Jordanie, est "globalement respecté", a estimé mercredi à Bruxelles le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov.

    "La zone sud-ouest (de désescalade) est déjà formée avec la participation de militaires et de diplomates russes, américains et jordaniens", a déclaré Lavrov au cours d'une conférence de presse avec son homologue belge Didier Reynders retransmise à la télévision russe.

    Cette zone "a déjà permis une baisse rapide du niveau de violences", a ajouté le responsable russe, soulignant que le cessez-le-feu est "globalement respecté" et que la Russie "espère que cette tendance va se consolider".

    Le ministre russe des Affaires étrangères a dit "espérer" qu'au prochain cycle de négociations sur la Syrie à Astana en août un accord similaire soit trouvé sur la mise en place de trois autres zones de "désescalade" dans la région d'Idleb (nord-ouest), la province de Homs (centre) et l'enclave rebelle de la Ghouta orientale (banlieue est de Damas).

    Un cessez-le-feu est entré en vigueur dimanche dans les provinces méridionales de Deraa, Qouneitra et Soueida à l'initiative de la Russie, de la Jordanie et des Etats-Unis.

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    Syrie : de l'aide livrée par voie terrestre par l'ONU (12.07.2017)

    http://lefigaro.fr/flash-actu/2017/07/12/97001-20170712FILWWW00299-syrie-de-l-aide-livree-par-voie-terrestre-onu.php

    Par Le Figaro.fr avec AFP
    Mis à jour le 12/07/2017 à 20h12 | Publié le 12/07/2017 à 20h05

    Le Programme alimentaire mondial des Nations unies (PAM) a annoncé aujourd'hui pouvoir désormais livrer par voie terrestre de l'aide dans la province de Raqa, dans le nord de la Syrie, pour la première fois en trois ans.

    Ces livraisons interviennent alors que des milliers de civils ont été déplacés par une offensive des Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance arabo-kurde soutenue par les Etats-Unis, pour bouter les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) hors de Raqqa, la capitale de la province.

    Les livraisons d'aide aux habitants de cette province sont rendues difficiles en raison de l'éloignement de cette région et des différentes factions armées qui en contrôlent les routes d'accès.

    Jusqu'au mois dernier, le PAM avait recours à un acheminement aérien depuis Damas jusqu'à la province voisine de Hassaké, d'où l'organisme distribuait les aides aux régions proches. Désormais, l'acheminement peut se faire par une route qui relie la province d'Alep à celle de Raqqa, indique l'agence de l'ONU.

    Cela a permis l'accès "pour la première fois en trois ans" à Al-Mansoura, une ville située à l'ouest de Raqa qui a été reprise à l'EI en juin par les FDS, et à "d'autres secteurs ruraux au nord de Raqqa."

    "Le PAM livre désormais de la nourriture tous les mois à quelque 200.000 personnes déplacées dans huit secteurs difficiles d'accès dans la province de Raqqa, ainsi que dans d'autres zones dans des provinces voisines", a indiqué l'agence de l'ONU.

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    La propagande et la guerre de l’information ont tenu une place essentielle dans la bataille d’Alep (07.07.2017)
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    LE MONDE IDEES | 07.07.2017 à 08h00 • Mis à jour le 07.07.2017 à 13h50 | Par Christophe Ayad

    Un soldat du gouvernement syrien fait le V de la victoire sous le drapeau national, à Alep, le 28 novembre 2016 (image fournie par Sana, l’agence de presse officielle de la Syrie)
    Un soldat du gouvernement syrien fait le V de la victoire sous le drapeau national, à Alep, le 28 novembre 2016 (image fournie par Sana, l’agence de presse officielle de la Syrie)

    La bataille d’Alep, qui s’est achevée, le 16 décembre 2016, par la chute du principal bastion de la rébellion syrienne, sera, à n’en pas douter, largement étudiée dans les écoles de guerre. L’aviation russe et l’armée ­syrienne, assistée au sol par diverses milices chiites (libanaises comme le Hezbollah, mais aussi ­irakiennes et afghanes), sont venues à bout, au terme de six mois de siège, de 10 000 rebelles bien équipés et retranchés dans les quartiers orientaux de la grande métropole syrienne. Mais la stratégie militaire ne peut seule expliquer cette défaite, qui a viré à la débâcle dans les dernières semaines. Certes, le pilonnage incessant par l’aviation et l’artillerie ont joué un rôle essentiel, au prix de milliers de morts civils. Mais la propagande et la guerre de l’information ont tenu une place tout aussi essentielle dans cette bataille.

    Jamais comme à Alep on n’a assisté à une telle transformation des victimes en bourreaux, des sauveteurs en terroristes, et des massacreurs en libérateurs

    Chute, reconquête ou libération : le vocabulaire n’est jamais neutre du moment qu’il s’agit d’un conflit. Mais, si les guerres ont toujours mis en branle l’affrontement de deux narrations, jamais comme à Alep on n’a assisté à une telle transformation des victimes en bourreaux, des sauveteurs en terroristes, et des massacreurs en libérateurs. Autre spécificité de la bataille d’Alep : alors qu’en général, dans l’histoire de la guerre, le camp du vainqueur sur le champ de bataille impose a posteriori son récit, la propagande du camp des forces pro-régime, dans le cas d’Alep, s’est imposée avant même leur victoire sur le terrain.

    A ce titre, la bataille d’Alep peut être assimilée à un nouvel épisode de la « guerre hybride », théorisée par les stratèges russes depuis le milieu des années 2000 et mise en œuvre en Crimée et dans l’est de l’Ukraine. Elle consiste, entre autres, à brouiller la perception du camp adverse avec un bombardement d’informations...



    Syrie: deux morts dans un attentat à Hama (06.07.2017)
    Par Le Figaro.fr avec AFPMis à jour le 06/07/2017 à 13:21 Publié le 06/07/2017 à 13:14


    Au moins deux personnes ont été tuées et neuf blessées aujourd'hui dans un attentat suicide dans une station de bus à Hama, dans le centre de la Syrie ravagée par la guerre, selon les médias officiels. "Un terroriste a fait exploser sa ceinture explosive" à la station de bus de la ville, a indiqué la télévision d'Etat.

    L'agence officielle Sana a fait état de deux morts et neuf blessés dans l'explosion. La ville de Hama, chef-lieu de la province du même nom, est sous contrôle du régime syrien en guerre contre les rebelles et les jihadistes dans le pays meurtri par un conflit dévastateur depuis mars 2011.

    Le mois dernier, le président Bachar al-Assad avait fait à Hama une rare apparition publique, pour la prière de l'Aïd el-Fitr, qui marquait la fin du mois sacré musulman du ramadan. Même si des violences y ont eu lieu, Hama a dans l'ensemble été épargnée par les destructions ayant touché d'autres grandes villes du pays depuis le déclenchement du conflit qui a fait plus de 320.000 morts.

    En octobre 2016, au moins deux personnes ont péri à Hama dans des attentats suicide revendiqués par le groupe jihadiste Etat islamique (EI) qui occupent plusieurs régions en Syrie.

    Ailleurs dans la province de Hama, les forces progouvernementales soutenues par la Russie affrontent des jihadistes rivaux de l'EI, alliés à des rebelles. Elles ont lancé en juin une offensive d'envergure dans des zones rurales de cette province d'une importance stratégique pour l'armée.

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    Syrie: Damas met en garde Washington (03.07.2017)
    Par Le Figaro.fr avec AFPMis à jour le 03/07/2017 à 16:14 Publié le 03/07/2017 à 16:08

    Le régime syrien a mis en garde aujourd'hui les Etats-Unis contre toute nouvelle attaque américaine contre ses positions, affirmant que Washington provoquerait une "riposte" de Damas et de ses alliés.
    "Nous ne serons pas surpris si les Etats-Unis mènent de nouvelles agressions en Syrie", a affirmé lors d'une conférence de presse à Damas Fayçal Moqdad, vice-ministre syrien des Affaires étrangères.

    "Mais ils doivent tenir compte des possibilités de riposte et doivent savoir que la réponse de la Syrie et de ses alliés sera différente de celle après la première attaque", a-t-il indiqué.


    Il y a une semaine, les Etats-Unis ont accusé Damas de préparer une nouvelle attaque chimique après celle en avril dernier à Khan Cheikhoun, dans le nord-ouest de la Syrie imputée par Washington au régime Assad. Washington, qui dit se baser sur une activité suspecte sur la base aérienne syrienne d'où était partie la précédente attaque, a menacé Damas de représailles.

    L'avertissement a été "pris au sérieux" par le régime d'Assad selon le secrétaire à la Défense, Jim Mattis.

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    Attaques chimiques en Syrie : le récit édifiant du docteur Morad (02.07.2017)
    Par Hala Kodmani — 2 juillet 2017 à 15:32

    Des habitants de Khan Cheikhoun manifestent, le 7 avril, pour dénoncer l'usage d'armes chimiques dans l'attaque qui a eu lieu trois jours plus tôt.Des habitants de Khan Cheikhoun manifestent, le 7 avril, pour dénoncer l'usage d'armes chimiques dans l'attaque qui a eu lieu trois jours plus tôt. Photo Omar Haj Kadour. AFP 

      Attaques chimiques en Syrie : le récit édifiant du docteur Morad


    Le Dr Morad n’avait pas besoin des conclusions des experts de l’Organisation internationale pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), révélées vendredi 30 juin, pour confirmer que du gaz sarin avait bien été utilisé dans l’attaque du 4 avril sur Khan Cheikhoun. Le directeur de l’hôpital de cette ville du nord-ouest de la Syrie a traité des centaines de victimes du gaz innervant pendant les vingt-quatre heures qui ont suivi la frappe par l’aviation du régime. De passage à Paris il y a quelques jours, le médecin d’une cinquantaine d’années, à la carrure imposante, parle avec l’assurance de celui qui cumule cinq années de pratique en terrain de guerre. «On n’arrive d’ailleurs plus à vivre sans les obus et les raids aériens», dit-il, avant de reconnaître son incrédulité et sa stupeur ce matin-là quand il entend tonner dans son talkie-walkie : «C’est du chimique !»

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    Situé dans l’une des dernières zones contrôlées par la rébellion syrienne, Khan Cheikhoun, à mi-chemin entre Hama et Idlib, est une position stratégique sur l’autoroute Damas-Alep. La ville de 50 000 habitants est donc régulièrement visée par les raids aériens. Tellement que son nouvel hôpital a été aménagé et équipé dans des grottes, nombreuses dans la région. Il est 6h40, ce 4 avril, quand un bombardier lance deux premiers missiles sur le quartier nord de la ville. Le médecin roule alors en voiture en direction de l’hôpital d’une bourgade voisine. Il entend les appareils voler puis les voit tirer dans le ciel avant de recevoir l’appel urgent. «Du chimique ? Ce n’est pas possible !» Il croit d’abord qu’il s’agit de missiles traditionnels ou à vide, et n’imagine pas qu’ils puissent porter des têtes chimiques. «D’habitude, ce sont les hélicoptères qui lancent des barils contenant des produits chimiques, du chlore généralement. Or là, il s’agissait de chasseurs Soukhoï, de fabrication russe. D’ailleurs, on a retrouvé par la suite les carcasses des missiles avec des inscriptions en lettres cyrilliques», raconte-t-il.

    Atropine
    Sur la place centrale de Khan Cheikhoun, le Dr Morad découvre un spectacle d’horreur. «Les gens, souffrant d’arrêt respiratoire, étaient allongés par terre dans les rues, au centre de la ville. Il devait y avoir au moins des dizaines de morts et des centaines de personnes étaient touchées.» Il parle de ces familles qui ont péri chez elles dans leur sommeil. «Nous les avons découvertes vingt-quatre heures plus tard…» Il raconte surtout la course contre la montre entre les frappes et la mi-journée, pour tenter de secourir près de 400 civils, hommes, femmes, enfants, malgré le peu de moyens disponibles. «On a dû faire avec les moyens du bord : aucun centre médical dans la région n’était équipé pour faire face à une attaque chimique. Nous n’avions même pas de masques.» Pas d’outil non plus pour doucher les blessés. «On a dû utiliser les voitures des pompiers. Moi-même, j’ai été légèrement blessé par cette attaque.» Les médicaments, surtout, font défaut. «Nous n’avions même pas suffisamment d’atropine, qui sert d’antidote contre les gaz chimiques. Il y en avait environ 1 500 ampoules alors que certains blessés en requièrent 300 ou 400.»

    Le chiffre de 87 morts, dont de nombreux enfants, avait été retenu comme bilan de cette frappe. L’ONG Human Rights Watch, qui a publié le 1er mai un rapport sur l’usage des armes chimiques en Syrie, «compte 92 morts, dont 30 enfants, qui auraient péri d’un gaz innervant le 4 avril à Khan Cheikhoun». Une attaque menée par «un avion du gouvernement syrien», dénonce l’association de droits de l’homme, qui rappelle que «c’est le bilan le plus lourd depuis l’attaque chimique qui avait tué des centaines de civils dans la Ghouta, près de Damas en août 2013». Le franchissement alors de «la ligne rouge» tracée par Obama face au régime de Bachar al-Assad, le menaçant de représailles en cas d’usage d’armes chimiques, avait finalement abouti à un accord international initié par la Russie. Le démantèlement de l’arsenal chimique syrien prévoyait notamment la livraison des stocks de gaz sarin.

    Horreur
    Il n’a apparemment pas été respecté, selon le nouveau rapport confidentiel de l’OIAC. Ses conclusions, révélées par les agences de presse, ont été communiquées aux pays membres de l’organisation. Londres, Washington puis Paris ont réagi successivement vendredi à ces preuves «sans équivoque» d’usage de sarin, selon les termes du Quai d’Orsay. Les trois capitales avaient rappelé la semaine dernière «la ligne rouge» que constituerait une nouvelle attaque chimique par l’armée syrienne. Moscou a estimé en revanche que le rapport de l’OIAC était fondé sur «des données très douteuses». Les jours qui ont suivi l’attaque au sarin, l’aviation a multiplié les raids sur la zone visée pour empêcher la collecte des preuves. «Ils nous bombardaient pour éliminer les traces de chimique et empêcher tout prélèvement. Au premier jour, trente raids. Deuxième jour, trente raids. Troisième jour, trente raids. Ils ont démoli la quasi-totalité de l’infrastructure de l’hôpital», témoigne le Dr Morad.

    Le résultat du rapport sur l’attaque de Khan Cheikhoun va maintenant servir de base à une commission conjointe entre l’ONU et l’OIAC, qui devrait dire si les forces du régime syrien sont responsables de ce bombardement chimique. Reste à savoir pourquoi dans ce contexte l’aviation de Bachar al-Assad aurait à nouveau utilisé ces armes prohibées ? L’explication est claire pour le Dr Morad. Parce qu’au-delà de l’horreur des frappes qui ont fait des centaines de morts, elles sont une arme de dispersion massive : «Dès qu’ils entendent parler d’attaque chimique, les gens se mettent à fuir en masse. Le déplacement des populations qui s’opposent à lui est la nouvelle politique du régime dans les zones qu’il cherche à contrôler.» Khan Cheikhoun comptait plus de 50 000 habitants avant le 4 avril. Il en reste aujourd’hui à peine 10 000.


    Hala Kodmani

    Attentat suicide dans le centre de Damas (02/07/2017)
    Par Le Figaro.fr avec ReutersMis à jour le 02/07/2017 à 09:11 Publié le 02/07/2017 à 09:09

    Un attentat suicide à la voiture piégée a fait plusieurs morts et blessés ce matin sur la place Tahrir, dans le centre de Damas, rapporte la télévision d'Etat syrienne.

    Le kamikaze s'est fait exploser après avoir été encerclé par les forces de sécurité. Deux autres voitures piégées ont été détruites par les autorités dans l'ouest de la capitale.

    Selon la télévision, les services de sécurité ont empêché "les terroristes d'atteindre leurs objectifs", des quartiers animés en ce jour de reprise du travail après la fête de l'Aïd el Fitr, qui marque la fin du mois de jeûne de ramadan.


    La Syrie balaie les accusations de recours au gaz sarin (01/07/2017)
    Par Le Figaro.fr avec ReutersMis à jour le 01/07/2017 à 19:48 Publié le 01/07/2017 à 19:47

    Le gouvernement syrien a dénué samedi "toute crédibilité" à un rapport de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) faisant état de l'usage de gaz sarin lors d'une attaque contre un village du nord de la Syrie en avril.

    Cette attaque a fait des dizaines de morts à Khan Cheikhoune, dans la province d'Idlib, le 4 avril. Imputée aux forces du régime de Bachar al Assad par les Occidentaux, elle a conduit en représailles à des frappes de missiles américains contre une base aérienne syrienne.

    Dans un communiqué, le ministère syrien des Affaires étrangères estime que le rapport de l'OIAC repose sur "les témoignages de terroristes en Turquie", ce qui lui ôte "toute crédibilité".

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    Syrie : l'OIAC confirme une attaque au gaz sarin (30/06/2017)
    Par Le Figaro.fr avec ReutersMis à jour le 30/06/2017 à 07:28 Publié le 30/06/2017 à 07:06

    L'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) a confirmé que du gaz sarin avait servi dans l'attaque contre un village du nord de la Syrie en avril dernier, d'après les conclusions d'une équipe d'experts. Plusieurs dizaines de personnes ont péri dans le bombardement de Khan Cheikhoune, dans la province d'Idlib, le 4 avril. L'attaque, imputée aux forces du régime de Bachar al Assad par les Occidentaux, a conduit à des frappes de missiles américains contre une base aérienne syrienne.

    Dans leur rapport, les experts de la Mission d'établissement des faits (FFM) de l'OIAC soulignent, après avoir interrogé des témoins et examiné des échantillons, qu'"un grand nombre de victimes, dont certaines ont succombé, ont été exposées au gaz sarin ou à une substance similaire au sarin". Aux Nations unies, l'ambassadrice des Etats-Unis, Nikki Haley, a réclamé qu'une commission d'enquête établisse à présent les responsabilités de cette attaque chimique. "Maintenant que nous connaissons la vérité irréfutable, nous voulons qu'une commission indépendante confirme avec exactitude qui est responsable de ces attaques brutales afin que nous puissions rendre justice aux victimes", écrit-elle dans un communiqué.

    Elle demande notamment que le Mécanisme commun d'enquête de l'OIAC et de l'Onu (JIM), un organisme indépendant créé par le Conseil de sécurité en 2015, se saisisse des conclusions des experts pour identifier les auteurs de l'attaque contre Khan Cheikhoune.


    Par le passé, le JIM a déterminé que les forces gouvernementales syriennes s'étaient rendues coupables de trois attaques au chlore en 2014 et 2015 et que les djihadistes de l'organisation Etat islamique avaient eu recours à du gaz moutarde. Fin avril, le ministère français des Affaires étrangères a déclaré que la responsabilité du régime syrien dans l'attaque contre Khan Cheikhoune ne faisait aucun doute compte tenu du procédé de fabrication du gaz sarin utilisé.



    Syrie: 100.000 civils piégés à Raqqa (28.06.2017)


    Par Le Figaro.fr avec AFPMis à jour le 28/06/2017 à 17:00 Publié le 28/06/2017 à 16:57

    L'ONU a estimé aujourd'hui que près de 100.000 civils étaient encore "pris au piège" à Raqqa, principal bastion du groupe Etat islamique (EI) en Syrie, que les Forces démocratiques syriennes (FDS, antidjihadistes) tentent de reprendre.


    "Avec l'intensification des frappes aériennes et des combats au sol, le nombre de victimes civiles augmente et les voies de fuite se ferment les unes après les autres", fait valoir le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme dans un communiqué.

    Selon des données recueillies par le Haut-Commissariat, "près de 100.000 civils sont actuellement pris au piège" à Raqa et "au moins 173 civils - il s'agit ici d'une estimation prudente, et le nombre réel pourrait être bien plus élevé - ont été tués dans les combats depuis le 1er juin".

    "Les bombardements de ces trois dernières semaines sur Raqqa ont laissé les civils dans un état de terreur et de confusion quant aux possibilités de trouver refuge entre les atrocités commises par les soldats de Daech (acronyme en arabe de l'EI) et la lutte acharnée pour les défaire, a relevé le Haut-Commissaire, Zeid Ra'ad Al Hussein, cité dans le communiqué. Le grand nombre de victimes civiles montre que les parties en présence doivent en faire beaucoup plus pour assurer la protection de la population civile."

    M. Zeid exhorte les parties au conflit à mettre en place des mesures qui permettent aux civils qui souhaitent fuir les combats de le faire en toute sécurité. Il appelle aussi toutes les forces, y compris les troupes soutenues par la coalition internationale, à veiller à ce que leurs opérations soient pleinement conformes au droit international et à enquêter de façon "rapide et efficace" lorsqu'il y a des "rumeurs" faisant état de victimes civiles.

    Selon le Haut-Commissariat, les FDS, qui sont formées de combattants kurdes et arabes, "se seraient elles-mêmes rendues coupables de violations des droits de l'Homme et d'abus de ces droits dans les zones qu'elles contrôlent, notamment dans la ville de Tabqa". Le communiqué cite ainsi "des actes de pillage, d'enlèvements, de détentions arbitraires dans le cadre des opérations de filtrage, ainsi que de recrutement d'enfants".

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    Washington menace Damas, accusé de préparer une autre attaque chimique (27/06/2017)



    Par lefigaro.fr Mis à jour le 27/06/2017 à 11:29 Publié le 27/06/2017 à 08:51

    Le régime syrien de Bachar el-Assad préparerait une nouvelle attaque chimique, avancent les États-Unis, qui se disent prêts à riposter comme ils l'avaient fait après l'attaque du 4 avril à Idleb.

    La tension va croissante entre les États-Unis et la Syrie. Dans la nuit de lundi à mardi, Washington a accusé Damas de préparer une nouvelle attaque chimique similaire à celle attribuée au régime qui avait fait88 morts le 4 avril dernier dans la province d'Idleb. «Les États-Unis ont identifié de potentiels préparatifs d'une autre attaque chimique par le régime syrien d'Assad qui pourrait provoquer le massacre de civils, y compris des enfants innocents», écrit le porte-parole de la Maison-Blanche Sean Spicer dans un communiqué. Ces activités «sont similaires aux préparatifs du régime avant son attaque à l'arme chimique du 4 avril», ajoute-t-il.

    Cette attaque avait provoqué une riposte militaire des États-Unis, qui avaient tiré 59 missiles contre une base aérienne en Syrie, marquant la première intervention armée de Washington contre le régime de Damas. Si le président syrien lançait une autre attaque à l'arme chimique «lui et son armée paieraient le prix fort», a prévenu Sean Spicer.

    «Toute nouvelle attaque lancée à l'encontre de la population syrienne sera attribuée à Assad, mais également à la Russie et à l'Iran qui l'ont aidé à tuer son propre peuple», a pour sa part prévenu, lundi soir, dans un tweet, Nikki Haley, l'ambassadrice américaine à l'ONU.

    L'attaque chimique présumée du 4 avril à Khan Cheikhoun, dans la province rebelle d'Idleb (au nord-ouest du pays) avait fait 88 morts, dont 31 enfants, provoquant l'indignation de nombreuses capitales qui avaient mis en cause le régime de Bachar el-Assad. Ce raid était, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), la deuxième «attaque chimique» la plus meurtrière depuis le début du conflit en 2011 après celle au gaz sarin quiavait fait plus de 1400 morts dans la banlieue de Damas en 2013.

    Damas et Moscou réfutent les accusations occidentales. Le président américain Donald Trump avait fait part de son émotion après l'attaque du 4 avril notamment en raison du nombre élevé d'enfants tués. Les États-Unis avaient riposté dans la nuit du 6 au 7 avril, en tirant 59 missiles de croisière Tomahawk depuis deux navires américains en Méditerranée vers la base aérienne d'Al-Chaayrate, près de Homs.

    Un Sukhoï-22 abattu par l'US Navy

    Sean Spicer a tenu a rappeler dans son communiqué lundi que l'objectif des États-Unis en Syrie est uniquement de lutter contre le groupe Etat islamique et pas de lancer une guerre contre le régime d'Assad. Les États-Unis sont officiellement présents en Syrie pour conseiller et pour armer les Forces démocratiques syriennes (FDS) qui luttent contre le groupe EI.

    Mais cette mise en garde a lieu dans un contexte de poussée de fièvre entre le régime syrien et les forces soutenues par les États-Unis dans le pays, qui fait planer le spectre d'une confrontation militaire avec le régime de Damas. Les États-Unis ont ainsi abattu le 18 juin un avion syrien dans l'est de la Syrie, expliquant que l'appareil menaçait des FDS alliées de la coalition.

    Et à trois reprises au moins depuis le début mai dans la région d'Al-Tanaf, près de la frontière avec l'Irak et la Jordanie, les forces américaines ont bombardé des forces pro-régime qui menaçaient des soldats de la coalition. Ces tensions ont par ricochet détérioré les relations avec la Russie, alliée du régime syrien, qui avait dénoncé comme un «acte d'agression» la destruction de l'avion syrien, reprochant à Washington de ne pas l'avoir prévenue.


    Les enjeux très politiques de la reconstruction en Syrie (15.03.2017)

    Un garçon à vélo circule au milieu des ruines de la vieille ville de Homs, en 2016 en Syrie. - Crédits photo : Hassan Ammar/AP

    Mis à jour le 15/03/2017 à 19h45

    VIDÉO - Après six ans de guerre, le pays est dévasté. Mais les bailleurs de fonds refusent de financer Bachar el-Assad.

    300 milliards de dollars: c'est le montant colossal de la reconstruction estimée de la Syrie, dévastée par six ans d'une guerre civile qui a fait plus de 350.000 morts. Qui va payer? Qui veut payer? Financer une Syrie unitaire, quitte à renforcer Bachar el-Assad? Ou attendre la mise en place d'une transition à Damas?

    Alors que chacun s'accorde à reconnaître qu'après la défaite des rebelles à Alep, fin décembre, le niveau de violences devrait quelque peu diminuer au cours des prochains mois, les enjeux de cette reconstruction divisent les protagonistes d'un conflit transformé en une guerre régionale et internationale aux multiples acteurs. Mercredi, six ans jour pour jour après le lancement des premières manifestations pacifiques contre le pouvoir, deux attentats ont causé la mort de plus de trente personnes à Damas.

    Un premier kamikaze s'est fait exploser à une heure de grande affluence dans un bâtiment du palais de justice, causant la mort de 31 personnes au centre de la capitale. Moins de deux heures après, un second kamikaze a fait sauter sa ceinture d'explosifs dans un restaurant à Raboué, dans l'ouest de Damas. Une trentaine de personnes ont été blessées dans cette attaque qui intervient moins d'une semaine après un attentat particulièrement meurtrier (74 morts) contre des pèlerins chiites irakiens venus se recueillir dans un mausolée chiite de Damas.

    «Levier économique»

    «L'argent des contribuables européens ne doit pas financer les projets de reconstruction du régime syrien tant qu'une transition inclusive et durable n'est pas en cours», affirmait une coalition internationale de plus de 80 ONG, à l'approche du sixième anniversaire de la révolution. Un appel lancé à deux semaines d'une conférence internationale, les 4 et 5 avril à Bruxelles sous l'égide de l'Union européenne (UE), sur un éventuel financement européen de cette reconstruction.

    «C'est un piège qui nous est tendu. Cet argent permettra non seulement à Assad de se renforcer, mais le régime profitera de ce levier pour exercer un chantage permanent au terrorisme et aux réfugiés»
    Un diplomate français

    «Pas question de verser de l'argent à Bachar el-Assad», insiste-t-on à Paris où certains soupçonnent la haute représentante de l'UE, Federica Mogherini, de vouloir aller dans ce sens. Réagissant à la demande du ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, d'établir «un plan Marshall pour la Syrie», le 29 octobre depuis Téhéran, Mme Mogherini annonçait l'intention des Européens «d'interagir avec les puissances régionales» en vue de la reconstruction de la Syrie. Selon ses partisans, cette stratégie procure «un levier économique» sur le pouvoir syrien, qui n'a pas les moyens, non plus que ses alliés iraniens et russes, de financer une telle reconstruction.

    «C'est un piège qui nous est tendu», répond un diplomate français. «Cet argent permettra non seulement à Assad de se renforcer, ajoute-t-il, mais le régime profitera de ce levier pour exercer un chantage permanent au terrorisme et aux réfugiés.» En substance, le président syrien dira que «si nous ne permettons pas de financer la reconstruction d'une Syrie unitaire sous sa botte, je continuerai d'expulser des réfugiés vers la Turquie qui grossiront le flot des migrants en Europe». «Le régime aura beau jeu d'agiter la menace que son pays devienne l'Érythrée du Proche-Orient», renchérit le chercheur Thomas Pierret.

    Dossier pharaonique
    À travers cet argent versé à Damas, certains y décèlent même «un moyen de financer l'occupation iranienne» de la Syrie, allusion au soutien vital apporté à Assad par Téhéran et ses alliés, les miliciens chiites libanais du Hezbollah. Depuis 2013, un homme travaille en coulisses sur ce dossier pharaonique de la reconstruction: Abdallah Dardari, ancien vice-premier ministre d'Assad, avant d'entrer dans une semi-dissidence depuis Beyrouth où il dirigeait un bureau des Nations unies, jusqu'à sa récente promotion comme vice-président de la Banque mondiale à Washington. Son équipe - experts, opposants - vient de mettre la dernière main sur un volumineux rapport intitulé «National agenda for Syria». Mais tant qu'Assad sera au pouvoir, les riches monarchies du Golfe, habituels bailleurs de fonds des pays à reconstruire, devraient refuser de mettre la main au pot.

    Damas, de son côté, compte sur l'Iran, la Russie et les autres «Brics» (Brésil, Inde et Chine), voire sur certains milliardaires de la diaspora syrienne, pour financer la remise en état du pays
    Damas, de son côté, compte sur l'Iran, la Russie et les autres «Brics» (Brésil, Inde et Chine), voire sur certains milliardaires de la diaspora syrienne, pour financer la remise en état du pays. Dans une récente interview, Assad a aussi fait de l'œil aux investisseurs chinois. Début février, Pékin a signé deux accords économiques avec Damas, dont le montant s'élèverait à 16 millions de dollars. Au Liban voisin, certains industriels lorgnent déjà le marché syrien. Mais à Bruxelles, on rappelle qu'il n'est pas question que l'UE verse de l'argent avant qu'une «solution politique» soit trouvée en Syrie. Mais on ne s'interdit pas de réfléchir au chantier de la reconstruction.

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    Guerre en Syrie : qui sont les responsables de la tragédie ? (18/10/2016)
    Par Alexis Feertchak Mis à jour le 18/10/2016 à 15:08 Publié le 18/10/2016 à 10:48

    FIGAROVOX/ENTRETIEN - Moscou et Damas ont annoncé avoir arrêté leurs raids aériens au-dessus d'Alep. Mais, pour le politologue franco-libanais Ziad Majed, il demeure que le régime de Damas et la Russie mènent un «lent génocide» dans les zones rebelles.

    Ziad Majed est un politologue franco-libanais. Docteur en Science politique, il est professeur d'Études du Moyen-Orient et de Relations internationales à l'Université Américaine de Paris. Il a publié Syrie, larévolution orpheline (éd. L'Orient des Livres/Actes Sud, 2014).

    FIGAROVOX. - Dans une interview au journal Le Monde, vous évoquiez des «presque crimes contre l'humanité» pour parler de la situation à Alep. Qui sont les responsables d'un tel crime ?

    Ziad MAJED. - Il y a de manière certaine des crimes de guerre à Alep. Les Nations-Unies le reconnaissent, tout comme la plupart des capitales et des organisations de droits de l'homme (Amnesty International ou Human Rights Watch). J'ai parlé de «presque crimes contre l'humanité» en sachant précisément que la définition est différente entre ces deux catégories juridiques. Ce qui se passe à Alep depuis plus de deux ans, c'est un génocide lent. Nous avons une situation de blocage des convois humanitaires, de bombardement systématique des hôpitaux, des centres médicaux, des boulangeries, des écoles et des unités résidentielles. A tout cela s'ajoute aujourd'hui le siège. Ce ne sont donc pas des «dommages collatéraux», ou des «faits de guerre», mais bien le fruit d'une volonté systématique de l'aviation russe et de celle de Damas qui bombardent les quartiers Est de la ville. Les soldats du régime écrivaient sur les murs dans les localités autour d'Alep (comme dans les faubourgs de Damas) : «La faim ou la soumission». C'est la politique de la famine, de l'étranglement, de la terre brûlée afin de soumettre la population et les rebelles.

    La population d'Alep-Est contrôlée par les rebelles est passée de plus d'un million d'habitants en 2011 à 200 000 aujourd'hui selon l'ONU. Les civils peuvent-ils quitter cette portion du territoire alépin et rejoindre l'Ouest de la ville, contrôlé par le régime, où vivent 800 000 personnes ?

    Il y a dans l'Est d'Alep et ses périphéries entre 250 000 et 300 000 personnes. On ne peut pas connaître exactement les chiffres car il y a eu énormément de mouvements dans les deux sens avant le siège. Certaines personnes partaient vers la campagne, mais comme ils y étaient aussi bombardés, revenaient parfois vers la ville. D'autres se déplacent à l'intérieur même des quartiers Est. On a ainsi connu l'année dernière un mouvement vers les lignes de démarcation parce que celles-ci sont moins bombardées par l'aviation. Les chasseurs-bombardiers ne veulent pas prendre le risque de toucher les troupes du régime et ses alliés… En revanche, sur les lignes de démarcation, le grand danger pour les civils vient des snipers et des tirs directs.

    Peuvent-il se déplacer dans les territoires contrôlés par le régime ?

    Mais ils ne doivent pas quitter leurs maisons et leurs quartiers ! Ils doivent pouvoir rester chez eux. L'idée élémentaire, c'est que les gens ont le droit humain de ne pas être bombardés. Ils ne doivent pas être obligés de quitter leurs maisons pour devenir des réfugiés. Toute la politique du régime et des russes consiste justement à aggraver la crise migratoire. Il faut arrêter les bombardements et non pas créer 250 000 ou 300 000 nouveaux déplacés et réfugiés syriens.

    Par ailleurs, même s'ils le souhaitaient, ils ne pourraient pas passer à l'Ouest d'Alep. Premièrement les accès entre les deux parties de la ville sont fermés. Deuxièmement, la majorité des civils ont peur de passer : ils ne veulent pas risquer d'avoir le sort des 17 000 prisonniers déjà torturés à mort dans les geôles du régime. Les hommes notamment ne veulent pas passer parce qu'ils sont arrêtés, humiliés, parfois emprisonnés ou même envoyés dans un service militaire obligatoire.

    En décembre 2015, auditionné au Sénat, le Général Didier Castres s'est ainsi exprimé : « Les forces combattantes de Daech sont estimées à un effectif de 30 000 en Syrie et en Irak (…) En outre, il existe en Syrie une constellation de combattants très divers de l'ordre de 100 000 personnes, dont la France estime que 80 000 d'entre eux appartiennent soit à des groupes terroristes désignés comme tels par les Nations unies, soit à des groupes salafistes extrémistes ». Qui sont les rebelles qui se battent aujourd'hui en Syrie ?

    La vision de la scène militaire syrienne dans ce genre de discours est très partielle. Elle ne couvre pas notamment un autre cas de djihadisme. En effet, en matière de groupes djihadistes en Syrie, on évoque toujours Daech et le front Al-Nosra, mais on oublie que, du côté du régime el-Assad, il y a un chiffre bien supérieur de combattants qui sont des djihadistes chiites étrangers et des formations locales paramilitaires. Il y a aujourd'hui 8000 à 10 000 combattants du Hezbollah libanais, le même nombre de combattants chiites irakiens des mouvements «Al-Noujaba» et «Asaeb Ahl Al-Haq» et autres. Il y a encore la brigade hazara afghane «Fatemiyoun» directement contrôlée par les Gardiens de la Révolution iraniens. Tous ces djihadistes-là ne sont pas concernés par la territorialité et la temporalité du conflit. Comme les djihadistes sunnites, ils sont animés par une cause régionale, voire confessionnelle et historique. Le fait de ne pas les mentionner comme étant les vrais sauveurs du régime de Bachar el-Assad sur le terrain est déjà un problème de l'analyse.

    Quid des islamistes sunnites ?

    Par rapport aux chiffres que vous citez, je dirais qu'il y a beaucoup de raccourcis. C'est un logiciel très occidental qui ne tient pas compte des mutations de la société en question. Dans les guerres à caractéristiques civiles qui durent, on ne peut pas toujours compter sur des milices disciplinées disposant de positions idéologiques claires. Il y a des métamorphoses et les milices sont souvent hétérogènes. Ainsi il y a dans leurs rangs des gens qui sont conservateurs et pieux, mais qui ne sont pas idéologiquement islamistes ; il y en a qui viennent pour obtenir un bon salaire ; il y en a évidemment qui sont dans une lutte idéologique qu'ils soient salafistes ou frères musulmans et il y en a ceux qui ne souhaitent que tourner la page du régime el-Assad et sa répression. Qualifier un groupe de «modéré» ou d' «extrémiste», sans dire par rapport à quoi n'a pas vraiment de sens à la lumière de la réalité syrienne.

    Concrètement, on peut être plus clair par rapport au front Al-Nosra ou à Daech, et ce même si Al-Nosra est beaucoup plus hétérogène idéologiquement et politiquement que Daech aujourd'hui. Mais c'est plus complexe pour les groupes rebelles, notamment pour les grandes formations que les Russes qualifient également de terroristes, comme Ahrar al-Sham et Jaïch al-Islam par exemple. Jaïch al-Islam est une formation salafiste qui peut aller d'un extrémisme au regard du contrôle social, envers les femmes, jusqu'à un certain opportunisme utilitaire, notamment envers le régime, la bourgeoisie de Damas et l'occident. Le deuxième groupe que je citais, Ahrar al-Sham, est très hétérogène : il y a des salafistes et des frères musulmans, et il y a aussi de jeunes ruraux non idéologiques, très attirés par la seule cause du combat contre le régime. Le groupe a des moyens, est bien armé et a attiré beaucoup de jeunes qui combattaient au départ au sein de l'Armée Syrienne Libre (ASL). Encore une fois, comment les qualifier d'extrémistes ou de modérés, et par rapport à quoi ?

    Et sur les chiffres proprement dit ?

    Il n'est pas vrai qu'il n'y aurait que 20 000 combattants qui n'appartiendraient pas aux grandes formations islamistes. Par exemple, il y a aujourd'hui le «Front du Sud» qui comprend 20 000 combattants qui sont tous sous le drapeau et sous le commandement de l'ASL et qui ne sont pas «islamistes». Il y a aussi à Alep comme à Hama et à Homs des milliers de combattants dans des brigades locales appartenant toujours à l'ASL. Récemment, dans la région d'Idleb, une nouvelle formation regroupe trois grandes brigades, encore une fois sous le drapeau de l'ASL. On parle là de 5000 combattants. Au total, en Syrie, on peut parler de 30 à 35 mille combattants qui ne sont pas dans des formations «islamistes».

    Par ailleurs, il faut dire que dans le contexte syrien, être islamiste n'a rien de «choquant». La sociologie politique est plus importante que les catégorisations artificielles entre extrémistes et modérés. Il ne faut pas oublier de voir comment les combattants ont évolué dans leur discours, dans les noms de leurs brigades, dans leur rapport à la mort, comment les populations civiles ont le sentiment d'être abandonnées. Pour eux, il ne reste que Dieu pour les sauver! Plus il y a des morts quotidiennes, plus ils sont bombardés par les russes et par le régime et ses alliés (iraniens et djihadistes chiites) plus on verra de signes religieux qui peuvent aller d'un islam social (traditionnel) à un discours idéologique, voire nihiliste dans certains cas extrêmes.

    Vous avez bien distingué les positionnements idéologiques très divers des différents rebelles, mais il y a des coalitions régionales au niveau des différents gouvernorats syriens. Quand on observe ces coalitions régionales, on y trouve presque systématiquement, notamment à Alep, l'ex-Front Al-Nosra, ancienne branche syrienne d'Al-Qaïda. C'est une alliance objective entre des groupes qui ne sont pas forcément islamistes et les djihadistes. Comment expliquez-vous cela ?

    Pour les coalitions régionales, dans le Sud, ce n'est pas le cas. Il y a même des tensions fortes entre le Front du Sud et Al-Nosra. Les deux groupes se battent uniquement ensemble dans deux localités contre deux mouvements qui ont fait récemment fusion et qui portent allégeance à Daech.

    Effectivement, dans la région d'Idleb, la coalition Jaïch al-Fatah (L'Armée de la conquête) est une alliance entre Ahrar Al-Sham, les groupes issus de l'ASL et le front Al-Nosra. La raison est d'ordre pragmatique. Al-Nosra est très puissant à Idleb. Pour se protéger du régime et des russes, les rebelles n'ont pas d'autre choix. Tant qu'ils sont abandonnés et qu'il n'y a pas suffisamment d'aide qui arrive, les rebelles, pour survivre, sont obligés de faire alliance avec Al-Nosra dans cette région. Les combattants sont parfois des frères, des cousins, des voisins du village, des jeunes qui avaient 15 ans quand la révolution a commencé et qui ont 20 ans aujourd'hui, qui n'ont pas de travail, qui sont bombardés, qui sentent que la seule solution, c'est de prendre les armes. Pour eux, tant que ce n'est pas Daech, il n'y a pas de tabou. Ils sont d'ailleurs soulagés maintenant qu'Al-Nosra a officiellement annoncé sa rupture d'avec Al-Qaïda.

    C'est une rupture officielle, mais dans quelle mesure cette rupture est véritablement effective ?

    Au niveau de la base d'Al-Nosra, je ne pense pas qu'il y ait vraiment des liaisons avec Al-Qaïda. C'est plutôt au niveau des chefs d'Al-Nosra que la liaison existe. 

    Al-Julani, l'«émir» d'Al-Nosra, entretenait des contacts qui sont devenus plus forts après la création de Daech afin d'éviter le contrôle d'Al-Nosra par al-Bagdadi, le «calife» de l'Etat islamique. C'est à ce moment-là qu'il est devenu encore plus fidèle à Ayman al-Zawahiri, le leader d'Al-Qaïda. 

    Mais pour la base militante d'Al-Nosra, c'est surtout un choix politique. Ils se sont séparés d'Al-Qaïda pour tenter d'éviter les possibles frappes américaines évoquées lors des négociations entre Kerry et Lavrov, pour avoir une mobilité politique dans l'espace syrien plus importante et pour disposer plus facilement d'alliances. La séparation d'Al-Nosra et d'Al-Qaïda a aussi soulagé certains acteurs régionaux comme l'Arabie Saoudite, la Turquie et le Qatar. Cela les aide maintenant à justifier leur soutien aux composants de l'Armée de la conquête sans qu'on les accuse de coopérer avec Al-Qaïda. 

    Pour reparler d'Alep, Al-Nosra est arrivé avec la coalition Fatah Halab (La conquête d'Alep) lors de l'offensive pour briser le siège début août dernier. L'émissaire onusien Stéphane De Mistura a bien reconnu récemment qu'il n'y a sur les milliers de rebelles à Alep que 900 membres d'Al-Nosra qu'il a appelés à quitter la ville et à «retourner» à Idleb. Cela montre que leur présence dans la ville martyre n'est que marginale.

    Comprenez-vous néanmoins que des Etats occidentaux puissent soutenir des rebelles qui, sur le terrain, coopèrent avec des djihadistes membres d'une organisation comme Al-Qaïda ? On se souvient des propos de Laurent Fabius en 2012 : « Al-Nosra fait du bon boulot »…

    Une des raisons pour laquelle Al-Nosra est devenu un groupe très fort en Syrie est l'absence de soutien efficace et décisif des Occidentaux à l'Armée syrienne libre, quand elle était presque le seul acteur de l'opposition sur le terrain entre fin 2011 et fin 2012. Après, c'est vrai que la situation est devenue plus délicate : on ne peut pas concevoir une aide par des acteurs occidentaux à Al-Nosra, qu'elle soit directe ou indirecte… Mais le problème est ailleurs : moins les Occidentaux soutiendront les forces qu'ils peuvent eux-mêmes qualifier de «modérées», plus Al-Nosra sera puissant. N'oublions pas que les monarchies du Golfe et certains réseaux islamistes non gouvernementaux ont soutenu des groupes islamistes dès 2012. Ceci montre que ce changement sur le champ militaire syrien est une responsabilité occidentale comme arabe, celle de ne pas avoir aidé dès le début les rebelles qui se battaient pour une Syrie démocratique. Et il y en avait, et il y en a toujours ! 

    A mon avis, ce qui est important de comprendre, c'est qu'une très grande partie de la société syrienne ne veut pas un modèle du type que celui proposé par le Front al-Nosra, mais qu'en revanche, il ne faut pas oublier que certains rebelles islamistes ont soutenu l'ASL dans les combats contre Daech et l'ont aidé à chasser ses membres de plusieurs régions de Syrie, notamment d'Alep et d'Idlib en décembre 2013 et en janvier 2014. Pour battre Daech, il faut donc une «légitimité islamiste sunnite». Il faut comprendre aussi qu'en Syrie, comme dans tout le Moyen-Orient, il y aura toujours des forces se revendiquant politiquement de l'islam, et que la question «extrémistes» et «modérés» doit se poser de manière «réaliste» et par rapport à des questions politiques et sociétales spécifiques.

    Dans le cadre du processus de paix de Genève, l'opposition syrienne au régime de Bachar el-Assad est représentée par le Haut comité des négociations. Qui en sont les membres ?

    Deux générations de Syriens n'ont d'expérience politique que depuis 2011, date du début de la révolution. Le champ politique syrien a été réduit en ruine après le coup d'Etat militaire du parti Baath le 8 mars 1963, et surtout après la prise du pouvoir par Hafez el-Assad, le père de Bachar, en 1970. Les opposants étaient soit en exil, soit dans les prisons, soit dans la clandestinité. L'opposition politique est aujourd'hui une large coalition. Il y a des personnalités, des notables syriens. On y trouve un ancien Premier ministre de Bachar el-Assad qui a fait défection et qui est le chef de la délégation, mais aussi des anciens généraux, des technocrates, des intellectuels, des représentants de mouvances politiques islamistes et laïques ou de petites formations qui ont émergé ces cinq dernières années.

    Quels sont les liens entre cette opposition politique et les forces militaires de la rébellion ?

    Ce qui est nouveau depuis quelques mois, c'est qu'il y a un comité militaire qui, théoriquement, doit être le lien avec les groupes rebelles sur le terrain. Mais tous les groupes combattants ne reconnaissent pas la légitimité de cette coalition. Al-Nosra par exemple n'en reconnaît pas la légitimité. Ahrar al-Sham était d'accord au départ pour participer avant de s'en retirer, sans couper les liens. Jaïch al-Islam est représenté. D'ailleurs, un des porte-parole du Haut comité des négociations était Mohammed Allouche, un membre de ce groupe rebelle. Quant aux formations de l'Armée syrienne libre (ASL), elles sont théoriquement sous l'autorité de cette coalition.

    Ce haut comité dispose-t-il d'un vrai pouvoir de négociation ?

    Je ne pense pas que cette coalition maîtrise les décisions sur le terrain, ni ne maîtrise le sort des négociations. En cela, elle est en rien différente du régime de Bachar el-Assad qui a beaucoup moins d'autonomie et d'indépendance par rapport aux Russes et aux Iraniens qu'on ne le dit. C'est Moscou et Téhéran qui décident pour le régime ce qui est acceptable et ce qui ne l'est pas. Un des problèmes des négociations (qui agonisent) autour de la Syrie, c'est qu'elles deviennent de plus en plus l'affaire des forces régionales et internationales. Les Syriens des deux camps ne sont pas les maîtres du jeu.

    La Turquie a lancé une opération au Nord de la Syrie baptisée «Bouclier de l'Euphrate» et très certainement autorisée par les Russes depuis le récent rapprochement entre Moscou et Ankara. Quel est l'objectif de la Turquie ?

    Comme vous l'avez dit, la réconciliation avec les Russes a facilité la tâche des Turcs pour cette opération. Ont aussi joué leurs sentiments d'amertume voire leur colère face à la position ambiguë des Etats-Unis après le coup d'Etat manqué de juillet. Avec cette réconciliation russe, Ankara peut mener cette opération avec trois objectifs en tête, liés aux Kurdes et à Daech. 

    La Turquie veut empêcher les Kurdes de créer une continuité territoriale entre leurs trois cantons pour former ce que ces derniers appellent le « Rojava ». Sachant que, dans ces territoires, les Kurdes sont une majorité, mais ils ne sont pas les seuls : il y a aussi beaucoup de villages arabes dont les populations ont été déplacées. Les propriétés et les terres de certains ont parfois été confisquées. L'opération turque a rendu la continuité territoriale kurde entre Afrin et Kobané quasi-impossible. 

    Le deuxième objectif turc consiste à éloigner Daech de la frontière. Cela fait suite à la série d'attentats que l'État islamique a commis en Turquie. C'est aussi un moyen de répondre aux pressions internationales relatives au passage des djihadistes à la frontière turque. Pour la Turquie, Daech est donc à la fois une menace sécuritaire et un embarras politique. 

    Enfin, Ankara veut créer de facto au Nord de la Syrie une zone tampon, protégée par l'Armée turque et les rebelles de l'Armée syrienne libre. On parle aujourd'hui de 1500 à 2000 combattants de l'ASL qui accompagnent les forces turques, mais le chiffre peut augmenter avec le temps. Si cette opération continue de s'élargir, les Turcs pourront se placer en position de force avec les rebelles de l'ASL dans la course à Raqqa (la capitale de l'Etat islamique en Syrie, ndlr). Ankara veut gagner avec l'ASL cette future bataille décisive. Les Américains commencent à comprendre que les Kurdes auront beaucoup de difficultés à reprendre Raqqa qui est une ville arabe. Dans l'hypothèse d'une course à Raqqa, les Turcs pourraient donc montrer qu'ils sont devenus l'acteur le plus important de la lutte contre Daech en Syrie et que les rebelles de l'ASL peuvent remporter des victoires tant militaires que politiques.

    Mais il y a un autre acteur, c'est Moscou ! Est-ce que vous pensez que Vladimir Poutine acceptera que l'Armée turque et les rebelles aillent jusqu'à Raqqa ?

    Il se peut que les Russes créent des problèmes. C'est en partie ce qui ralentit l'opération militaire turque qui reste pour l'instant cantonnée autour de l'Euphrate. Avec les rebelles de l'ASL, les turcs sont en train d'élargir cette zone tampon au-delà de Jarabulus. Mais ils avancent lentement. La course à Raqqa fera de toute façon l'objet de négociations avec les Russes et les Américains. Après, je ne vois pas comment les Russes pourraient se justifier encore s'ils venaient à bombarder avec leur aviation ou celle du régime les rebelles de l'ASL accompagnés par les Turcs qui se dirigeraient vers Raqqa pour chasser Daech…

    Est-ce que vous voyez aujourd'hui un début de commencement d'issue au conflit syrien ?

    Il faut déjà remarquer la succession d'erreurs commises depuis cinq ans… En 2011, il y a eu trop d'hésitations par rapport à une révolution qui était encore pacifique. En 2012, avec la militarisation du conflit, on a vu entrer en action l'aviation du régime. Les américains ont interdit la fourniture de missiles sol-air aux rebelles de l'ASL. Cela a été une grave erreur. En 2013, ce fut encore une erreur terrible après le massacre chimique de la Ghouta. Les Occidentaux n'ont pas tenu leur engagement par rapports à la seule ligne rouge qu'ils ont eux-mêmes établie. Il a suffi à Bachar el-Assad de rendre «l'arme du crime» (900 tonnes du gaz Sarin dont il niait auparavant la possession) comme si rien n'avait eu lieu ! En 2014, quand les Américains sont intervenus contre Daech, ils pouvaient imposer pendant leur intervention une «no fly zone» pour empêcher l'usage de l'aviation par l'Armée de l'air du régime. Ils ne l'ont pas fait. En 2015, l'intervention russe a changé la donne. Elle rend concrètement toute solution encore plus difficile. En plus, pendant toute cette période, les Américains ont donné la priorité aux négociations sur le nucléaire avec les Iraniens. Ils considéraient qu'ils ne pouvaient pas se confronter aux Iraniens en Syrie tout en négociant avec eux à Vienne. A la fin, ceci a donné tous les moyens aux Iraniens chiites pour avoir le deal nucléaire, maintenir leur mainmise sur l'Irak et combattre en Syrie. Ce qui a aggravé les tensions confessionnelles et le malaise arabe sunnite.

    Vous ne voyez donc pas de début de solution…

    Je pense que non. Même si les Russes et le régime arrivent à récupérer plus de terrain dans les prochains mois, cela ne mènera pas à la fin du conflit. Le régime d'el-Assad dépend de plus en plus militairement, politiquement et financièrement de l'aide de l'Iran et de la Russie. Cette guerre se transforme de plus en plus donc en une occupation étrangère pour maintenir el-Assad qui, jusqu'à maintenant, ne contrôle que 25% du territoire syrien. L'espace syrien est fragmenté et 55 % des syriens sont aujourd'hui des déplacés internes ou des réfugiés à l'extérieur d'un pays dont plusieurs régions sont détruites. Daech peut être battu militairement mais sans solution politique cela ne réglera aucunement le problème. Un autre phénomène lui ressemblant pourrait émerger (comme ce fut en Iraq où Daech a émergé trois ans après la défaite d'Al-Qaida car il n'y a pas eu un changement et un règlement politique à Bagdad). Sans penser à une nouvelle majorité politique syrienne, sans un consensus politique qui passe par le dépassement du faux choix entre Daech et Assad, il n'y aura pas de solution. Il faut parvenir à faire comprendre que, pour combattre Daech de manière efficace, il faut tourner la page des Assad en Syrie. La lutte contre Daech et tout groupe qui lui ressemble doit être une lutte nationale, et cela ne serait possible tant qu'Assad est au pouvoir. Car pour beaucoup de Syriens, il est le premier responsable des crimes de guerre, des destructions et du pourrissement de la situation qui a permis à Daech et au djihadistes sunnites comme chiites de s'installer dans le pays.

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    Un homme au milieu des ruines dans le quartier de Salaheddin, près d'Alep.
    Un homme au milieu des ruines dans le quartier de Salaheddin, près d'Alep

    ENQUÊTE - Le conflit syrien, commencé en 2011 comme une guerre civile entre le régime de Bachar el-Assad et les rebelles, est devenu depuis une guerre aux nombreux intervenants.

    Régime syrien contre rebelles, islamistes chiites contre islamistes sunnites, Iraniens contre Saoudiens, Turcs contre Kurdes, Kurdes et Turcs contre djihadistes, Russes contre rebelles, Américains soutenant à la fois les Turcs et leurs ennemis kurdes, combattant ou soutenant diverses factions rebelles : le conflit syrien est devenu un champ de bataille à entrées multiples, où s'affrontent forces armées régulières et milices, acteurs locaux et puissances étrangères. 

    En plus de cinq ans de guerre et un demi-million de morts, essentiellement civils, la Syrie est devenue un patchwork de fiefs ennemis qui se combattent ou s'allient dans un jeu compliqué qui défie jusqu'à présent toute solution diplomatique.

    Le conflit syrien dépasse ...



    [Décryptage] Syrie, une guerre aux multiples visages (25.08.2016)
    Par Bruno Rieth
    Publié le 25/08/2016 à 11:20

    En Syrie, à la guerre contre Daech se superposent d'autres guerres où les alliés d'hier dont devenus les ennemis d'aujourd'hui. Et inversement.

    Il n'y a pas une guerre mais des guerres en Syrie. Celle contre Daech, celle contre Bachar al-Assad et celle entre groupes rebelles. Au bout de cinq longues années de guerre civile, le pays est devenu une véritable mosaïque de factions armées. Forces Kurdes, islamistes ou rebelles "modérés", les alliances se font et se défont au gré des agendas politiques et militaires des uns et des autres, du rapport de force en présence ou des enjeux locaux. Les ennemis d'hier peuvent se retrouver les amis du jour et inversement. A cela s'ajoute les stratégies des puissances régionales et occidentales qui s'activent sur le terrain pour atteindre leurs objectifs parfois contradictoires : asseoir son hégémonisme régional ou lutter contre l'expansionnisme de Daech. Les deux pouvant s'entrechoquer. Décryptage.

    Bachar al-Assad contre l'opposition (et Daech)

    Influencée par la vague des printemps arabes, la Syrie, à partir de 2011, voit l'apparition d'un mouvement d'ampleur de contestation du régime en place. Mais face aux manifestations pacifistes, Bachar al-Assad fait le choix de la force, dans un premier temps, en réprimant par les armes cette opposition politique qui se constitue. Après avoir tenté de calmer le jeu en proposant un certain nombre de réformes, Assad se retrouve face à un mouvement qui se militarise peu à peu. C'est le début d'une guerre civile dont le nombre de morts est particulièrement dur à évaluer. Mais depuis cinq ans, on estime au bas mot que plus de 400 000 personnes ont péri sur le territoire syrien.


    Bachar al-Assad porte une lourde responsabilité dans la situation actuelle. Notamment lorsqu'en mai 2011, il décide de libérer des centaines d'islamistes de ses geôles pour qu'ils viennent grossir les rangs de l'opposition. La formation de Katibas (bataillons) islamistes puis djihadistes, aux côtés des autres groupes rebelles, lui permet de désigner à l'Occident un autre ennemi que sa simple personne. La Russie saute sur l'occasion et lui apporte tout son soutien.

    Et grâce à l'appui indéféctible de l'Iran, du Hezbollah libanais et de l'entrée en jeu récente de l'aviation Russe, Bachar al-Assad a repris du terrain. Contre l'opposition surtout, et contre les forces de l'EI un peu. Dernier exemple en date, la reprise de Palmyre aux mains de Daech depuis 2015. Mais pour l'universitaire Jean-Pierre Filiu, homme de terrain et ancien diplomate, Bachar al-Assad "est absolument incapable de reprendre des territoires stratégiques à Daech" car "95% de la violence d'Assad, de la Russie et de l'Iran, est concentrée contre l'opposition syrienne et une part marginale contre Daech."

    L'Armée Syrienne Libre sur tous les fronts

    A Alep, dans le nord-ouest du pays, ce n'est pas une guerre contre Daech qui se déroule. Mais celle qui voit s'affronter les forces armées de Bachar al-Assad aux différentes factions de l'opposition. Le groupe Etat islamique, lui, se tient pour le moment à l'écart et compte les points.

    On retrouve l'Armée Syrienne libre (ASL), créée en 2011, qui, au fil des années, faute de moyens, a rapidement était détrônée par des groupes djihadistes et salafistes financés par l'Arabie Saoudite, le Qatar ou la Turquie. Encore bien présente dans le sud du pays, l'ASL se retrouve sur trois fronts. Contre les forces loyales à Assad, contre Daech et contre les groupes islamistes de l'opposition. Alors que dans le sud, l'ASL peut se retrouver aux côtés du Front Fatah al Cham - anciennement Front al Nosra - dans le nord, les deux groupes s'accrochent régulièrement. Dans un entretien accordé au Monde, Jamal Maarouf, ancien commandant du Front des révolutionnaires syriens, réfugié en Turquie, affirme même qu'" aujourd’hui, l’ASL est sous la coupe de Nosra (…) Les principaux chefs de l’ASL (…) sont obligés de se faire tout petits".

    L'ex-Front al Nosra rival de Daech

    Le Front Fatah al-Cham, qui a récemment rompu (sur le papier en tout cas) avec la maison mère Al Qaïda, est la force djihadiste, après Daech, la plus importante de Syrie. Eux aussi multiplient les fronts, principalement contre les troupes d'Assad, mais aussi contre celles de l'ASL et contre Daech.

    Le groupe a bénéficié longtemps de la mansuétude des chancelleries occidentales. Laurent Fabius, en décembre 2012, alors ministre des Affaires étrangères, avait ainsi estimé que le groupe "faisait du bon boulot sur le terrain" contre Daech. Le Canard enchaîné affirmait même en 2015 que "les pilotes américains et alliés ont, voilà plus d’un an, reçu l’ordre de ne jamais balancer le moindre missile sur ces héritiers de Ben Laden. Une interdiction encore valable aujourd’hui". Mais depuis cet été, un accord de coopération militaire en Syrie entre les Etats-Unis et Vladimir Poutine contre les groupes djihadistes, Etat islamique et Front Fatah al-Cham compris, est sur la table. Un projet qui explique en grande partie le changement de nom du groupe.

    Aux côtés des anciens du Front al Nosra, gravitent plusieurs groupes. Parmi eux, le groupe salafiste Ahar al-Cham ou les combattants de Jaich al-Islam.

    Le 29 janvier dernier, des représentants de ces deux groupes s'étaient retrouvés à Genève, lors de très officiels pourparlers organisés par l'ONU sur la Syrie. Pourtant, ces factions ont été impliquées à plusieurs reprises dans des affrontements avec les Kurdes des YPG comme à Alep, pour le contrôle d'un quartier du nord de la ville. Autre groupe, le mouvement Nour al-Din al-Zenki s'est lui récemment illustré en décapitant au couteau, à l'arrière d'un pick-up, un jeune palestinien de 13 ans soupçonné de renseigner les forces loyalistes au régime. Des groupes soutenus par l'Arabie Saoudite, le Qatar et la Turquie. Soit financièrement, soit militairement.

    Les Kurdes contre Daech et pour l'établissement d'un Kurdistan syrien

    Dans le nord de la Syrie, les Forces de protection du peuple (YPG) du Parti de l'union démocratique (PYD), proche du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) turc, dominent le terrain. Depuis octobre 2015, les YPG font partie des Forces Démocratiques Syriennes (FDS), à dominante kurde, qui rassemble Kurdes, combattants arabes, Yézidis ou milices chrétiennes. Les FDS sont soutenus par Washington et Paris qui leur apportent l'appui de leurs aviations, du matériel (missiles, munitions) et formateurs sur le terrain dans leur guerre contre Daech. Particulièrement aguerris au combat, les Kurdes des YPG et des YPJ (les sections féminines Kurdes) apparaissent dans le radar médiatique des pays occidentaux fin 2014 lorsqu'ils réussissent l'exploit de tenir tête aux tentatives de Daech de prendre la ville de Kobané, dans le nord du pays. Assiégés par les soldats d'Abou Bakr al-Baghdadi, le "calife" autoproclamé de l'Etat islamique, les Kurdes finissent par les déloger de la ville fin janvier 2015.

    Les YPG se sont aussi distingués lors de la bataille de Sinjar, dans le nord-ouest de l'Irak, en réussissant à ouvrir un corridor humanitaire aux Yézidis qui s'étaient réfugiés sur le mont Sinjar après la débandade des peshmergas, les forces armées du président du Kurdistan irakien Massoud Barzani, face aux troupes de l'Etat islamique. Naîtront les unités de résistance de Sinjar (YBS), milice yézidie formée et alliée par les YPG. Dans un récent entretien à Marianne, le Général Dominique Trinquand les qualifiait "d'alliés fiables". Ils viennent ainsi de libérer Manbij, ville de la province d'Alep dans le nord-ouest de la Syrie, des griffes de l'EI. Les YPG se sont donnés pour objectif la création d'un Kurdistan Syrien (Rojava) réunissant les trois cantons de Djézireh, Kobané et Afrin actuellement séparés des territoires kurdes par une zone de 65 km toujours aux mains de l'EI. Une réalisation que Recep Erdogan, le président Turc, ne veut voir aboutir pour rien au monde.


    L'opération lancée le 24 août par l'armée turque sur le territoire syrien, sous couvert de frapper des positions de Daech, n'a pour objectif que de stopper l'avancée des YPG  vers le canton d'Afrin, au nord-ouest de la Syrie. Afin d'éviter tout possibilité de constitution de ce Rojava.







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