RSF dénonce la détention d'un correspondant de RFI au Cameroun (28.07.2017)
Cameroun : Amnesty International dénonce la banalisation de la torture dans la lutte contre Boko Haram (20.07.2017)
Cameroun : 2 gendarmes tués par Boko Haram (26.07.2017)
RSF dénonce la détention d'un correspondant de RFI au
Cameroun (28.07.2017)
Le correspondant de RFI au Cameroun, Ahmed Abba, condamné à
dix ans de prison en avril par un tribunal militaire, aura passé dimanche deux
ans en prison «pour rien», a dénoncé ce vendredi l'ONG Reporters Sans
Frontières (RSF). «Ce dimanche, cela fera deux ans que le correspondant de RFI
au Cameroun, Ahmed Abba, est détenu, accusé d'avoir collaboré avec le groupe
djihadiste Boko Haram, alors qu'il n'a fait que son travail d'information», a
déclaré RSF dans un communiqué.
Correspondant en langue haoussa pour RFI dans le nord du
Cameroun, cible d'attentats du groupe djihadiste nigérian Boko Haram, le
journaliste avait été arrêté le 30 juillet 2015 à Maroua. Il a été condamné le
24 avril dernier à dix ans de prison ferme par le tribunal militaire de Yaoundé
pour «non-dénonciation d'actes de terrorisme et blanchiment d'actes de
terrorisme». «Ahmed Abba n'a rien à faire derrière les barreaux, son dossier
est vide», a ajouté dans le communiqué Christophe Deloire, secrétaire général
de RSF. L'ONG a dénoncé une «parodie de justice» et demandé la libération du
journaliste. Après sa condamnation, les avocats d'Ahmed Abba ont fait appel.
RFI a condamné le jugement prononcé contre «un journaliste qui n'a fait
qu'exercer son métier».
Cameroun : 2
gendarmes tués par Boko Haram (26.07.2017)
http://lefigaro.fr/flash-actu/2017/07/26/97001-20170726FILWWW00334-cameroun-2-gendarmes-tues-par-boko-haram.php
Par Le Figaro.fr avec AFP
Mis à jour le 26/07/2017 à 20h17 | Publié le 26/07/2017 à
20h07
Deux gendarmes camerounais ont été tués aujourd'hui dans une
attaque perpétrée dans l'extrême-nord du Cameroun par des jihadistes nigérians
de Boko Haram, a appris l'AFP de sources sécuritaires.
"Boko Haram a attaqué ce matin une position de la
gendarmerie à Sagmé", une localité de l'extrême-nord située à 20 kms de
Fotokol, ville frontalière du Nigéria, a rapporté aujourd'hui sous couvert
d'anonymat une source sécuritaire jointe dans la zone.
» Lire aussi - L'État islamique reprend en main Boko Haram
"Les gendarmes présents lors de l'attaque ont répliqué,
mais deux d'entre eux ont été tués", a-t-elle ajouté. L'attaque et le
bilan ont été confirmés à l'AFP par une source proche des services de sécurité
camerounais.
La région de l'Extrême-Nord du Cameroun est confrontée à de
fréquentes attaques, dont des attentats-suicides, attribuées au groupe
jihadiste nigérian Boko Haram. Cette menace sécuritaire dans le nord du
Cameroun contribue à enclaver la région.
Cameroun : Amnesty International dénonce la banalisation de la torture dans la lutte contre Boko Haram (20.07.2017)
Au moins 130 hommes et jeunes hommes sont portés disparus
depuis 2014 et au moins une centaine ont été tenus au secret et torturés en
toute impunité.
Par Cyril Bensimon
LE MONDE Le 20.07.2017 à 00h15
Capture d’écran d’une vidéo de soldats du Bataillon
d’intervention rapide (BIR) maltraîtant un prisonnier (Amnesty International).
Boko Haram n’est pas vaincu. Que ce soit dans le nord du
Nigeria, leur fief historique, ou dans les pays voisins qui leur ont déclaré la
guerre, les djihadistes, qui ont prêté allégeance à l’organisation Etat islamique
(EI), continuent de semer la mort, le plus souvent en envoyant des bombes
humaines se faire exploser dans des lieux publics. Au Cameroun, dans la région
de l’Extrême-Nord, au moins 23 attaques-suicides ont été comptabilisées depuis
avril. Lors des quatre dernières années, Boko Haram porte la responsabilité de
la mort d’au moins 1 500 civils dans cette région, selon Amnesty International
(AI).
Lire aussi : Un
double attentat fait au moins 12 morts au Cameroun
Immanquablement, semble-t-il, la lutte antiterroriste
s’accompagne de crimes et d’abus qui ne font qu’augmenter à mesure que le
combat se prolonge. Après avoir déjà pointé en 2015 puis 2016 « les fréquents
manquements des autorités et des forces de sécurité camerounaises au regard de
ces obligations », l’organisation de défense des droits de l’homme démontre,
dans un rapport publié jeudi 20 juillet et intitulé « Chambres de torture
secrètes au Cameroun », que « le recours à la torture par des agents de l’Etat
dans le cadre de la lutte contre Boko Haram est aujourd’hui (…) banalisé, et ce
en toute impunité ».
« Exploitation approfondie »
« Nous avons une multitude de preuves irréfutables, des
témoignages, des vidéos, qui montrent que des crimes de guerre ont été commis
», affirme Ilaria Allegrozzi, l’auteure de ce rapport qui s’appuie sur les cas
de 101 personnes détenues au secret, torturées et, pour certaines d’entre
elles, tuées par les forces de sécurité camerounaises entre mars 2013 et mars
2017, dans des centres gérés par l’armée et les services de renseignement.
Lire aussi : Boko
Haram, une bombe à fragmentation qui menace toute l’Afrique de l’Ouest
« Ce ne sont pas des combattants arrêtés les armes à la
main, mais ce sont pour l’essentiel des personnes qui ont eu la malchance de se
trouver au mauvais endroit au mauvais moment, interpellées sans mandat
officiel, ciblées parce qu’elles sont originaires du nord du Cameroun,
musulmanes, d’ethnie Kanouri, réfugiées ou faisant des affaires au Nigeria »,
détaille la chercheuse. Si la majorité des victimes, « souvent dénoncées par
des voisins qui cherchaient à régler des contentieux personnels », sont essentiellement
des hommes âgés de 18 à 45 ans, des femmes, des mineurs et des handicapés ont
également été soumis à des violences destinées à leur extirper des aveux, «
mais également pour les punir, les terroriser ou les intimider ». Vingt-quatre
méthodes de torture différentes ont été recensées par l’ONG mais, pour Yaoundé,
ces pratiques ne relèvent que d’une « exploitation approfondie ».
Lire aussi :
Survivre entre Boko Haram et les rives asséchées du lac Tchad
Ces sévices peuvent cependant être mortels. « Sur les 101
victimes interrogées, 32 déclarent avoir vu des individus mourir des suites des
actes de torture qui leur avaient été infligés », note AI. Au moins 130 hommes
et jeunes garçons sont toujours portés disparus après avoir été raflés par les
forces de sécurité camerounaises dans les villages de Madame et de Double, le
28 décembre 2014.
Dessin d’un ancien prisonnier de la base de Salak montrant
l’une des techniques de torture utilisées par les forces de police
camerounaises.
« En comparant plusieurs témoignages, corroborés par des
images prises par satellite et d’autres éléments vidéo et photographiques », l’ONG
a identifié vingt sites où des détenus ont été maltraités. Deux centres, « où
80 cas de torture et de détention au secret » ont été relevés, retiennent
davantage l’attention : l’un connu sous le nom de DGRE « Lac », situé près de
l’Assemblée nationale à Yaoundé et administré par la Direction générale de la
recherche extérieure (DGRE), l’autre étant le quartier général du Bataillon
d’intervention rapide (BIR) à Salak, dans l’Extrême-Nord.
Planche à clou
« A Salak, j’étais enchaîné en permanence, raconte un ancien
détenu. Je ne recevais qu’un repas par jour et j’ai été torturé à au moins
trois reprises. Les deux premières fois, des hommes en civil m’ont brutalement
frappé sur tout le corps à l’aide de câbles électriques, en me demandant en
français d’avouer mon appartenance à Boko Haram. La troisième fois, ils ont
essayé de me forcer à manger du porc. Comme je suis musulman, j’ai refusé. J’ai
alors été torturé. A l’aide d’une chaîne et d’une planche de laquelle dépassait
un clou, ils m’ont frappé à plusieurs reprises sur tout le corps, et en
particulier sur les jambes et les chevilles. Les coups étaient si nombreux que
je me suis évanoui. »
Photo mise en ligne sur Facebook en mai 2017 par un soldat
de la 9e escadre de reconnaissance de l’aviation américaine, montrant des
soldats américains lors d’un entraînement de membres du Centre anti-terroriste
sur la base de Salak (image obtenue par Forensic Architecture pour Amnesty
International).
Des soldats américains ou français ont-ils entendu les cris
des suppliciés ? Des militaires dépêchés par Washington et Paris, pour appuyer
l’effort de guerre camerounais, ont été aperçus sur cette base par des
chercheurs d’AI ou par des détenus à travers « les trous qui servaient de
fenêtres » à leur cellule. Face à ces allégations, l’ambassade des Etats-Unis à
Yaoundé a répondu à l’ONG que certaines unités du BIR, sur lesquelles existent
« des informations crédibles de violations massives des droits de l’homme », ne
bénéficient plus de l’assistance américaine. L’ambassade de France n’a pas
encore donné suite.
L’ambassade de France n’a pas encore donné suite. « Dès
qu’il est question de Boko Haram, les chancelleries occidentales et les Nations
unies sont très timides sur les principes fondamentaux », constate Ilaria
Allegrozzi. Les autorités camerounaises, après s’être montrées dans un premier
temps ouvertes aux échanges avec l’organisation de défense des droits de
l’homme, semblent désormais rétives à la critique. Fin mai, les délégués
d’Amnesty International n’ont pu rencontrer aucun représentant du gouvernement
à Yaoundé et leur conférence de presse a été interdite à la dernière minute.